Concours National 2014 - 2015 « Défense et Illustration de la Langue Française »La défense et la promotion de la langue et de la culture françaises en France et à l’étrangersont au cœur de la mission de l’AMOPA, de son action.C’est pourquoi tous les ans l’AMOPA encourage écoliers, élèves, étudiants à participer auconcours « Défense et illustration de la langue française » pour découvrir de jeunes talentslittéraires et les distinguer lors de solennelles distributions de prix. /…/Je veux remercier tous ceux qui contribuent à l’organisation et à la réussite de ces différentsconcours : - les ambassades, les consulats, les instituts français, les rectorats, les directions académiques des services de l’Education Nationale, les sections départementales de l’Amopa qui diffusent l’information ; - les chefs d’établissement, les professeurs documentalistes et les professeurs qui organisent les concours ; - les sections départementales de France et les sections à l’étranger qui organisent les jurys, la correction et le classement des copies et attribuent des récompenses départementales ou régionales ; - les jurys nationaux qui établissent le palmarès national.Félicitations à tous les lauréats des concours AMOPA et à leurs maîtres. Nous avons pudécouvrir dans les copies une bonne, voire une excellente maîtrise de la langue, et la créationd’univers qui ont su faire rêver, questionner, étonner les lecteurs.J’espère que ces lauréats continueront de prendre du plaisir à bien lire et à bien écrire. Michel BERTHET Président de l’AMOPA
Palmarès du Concours« Défense et Illustration de la Langue Française »• Prix Maupassant de « la Jeune Nouvelle » Les sujets sont laissés au libre choix des élèves. La nouvelle est un court récit faisant intervenir un petit nombre de personnages évoluant dans un milieu caractérisé, s’achevant par une chute inattendue. Les travaux ne devront pas dépasser 6 pages. La présentation « traitement de texte » sera appréciée.1er prix décerné à une élève de 2nde 1 du Lycée Albert IerIman JOURABCHI Professeur Madame PELLEGRINO1er accessit décerné à une élève de 2nde 1 du Lycée Albert IerCamille FOGTDAL Professeur Madame PELLEGRINO• Prix Maupassant de « la Jeune Nouvelle » -Classes de Collège 1er prix décerné à une élève de 4ème 7 du Collège Charles IIISerena DU SAULT pour « Le parfum suranné de la villa Menesni» Professeur Madame AMMENDOLA1er accessit décerné à une élève de 4ème 4 du Collège Charles IIITara DORFMANN Professeur Madame PIERSON
DU SAULTSERENA4ème 7Collège Charles IIIAvenue de l’AnnonciadeMC 98000 MONACOCode établissement : 138 000 3D Concours AMOPA 2014 - 2015 Prix Maupassant de la jeune nouvelle Sujet : écrire une nouvelle fantastiqueProfesseur : Mme AmmendolaSignature :
Le parfum suranné de la Villa Menesni (D’après une histoire vraie...) Une de mes amies me parlait fréquemment d’événements étranges et insolites survenant dans sonappartement mais j’avoue que je peinais à la croire pensant la plupart du temps qu’elle racontait tout celaafin d’attirer l’attention sur elle et d’être le centre d’intérêt de notre groupe d’amies... Ses contes à dormirdebout commençaient sérieusement à m’exaspérer... Fantômes, revenants, objets animés... et puis quoiencore ? Alors, lorsqu’un jour, elle me proposa de dormir deux nuits chez elle, je décidai de mettre unterme à ses élucubrations en acceptant son invitation. Elle vivait depuis quelques mois dans un vieil immeuble un peu délabré, proche d’un boulevardtrès fréquenté et ce quartier aux anciennes façades de la fin du XIXème siècle avait fait les beaux joursdes années folles de notre ville. Elle vivait là avec sa mère, son beau-père, son jeune frère âgé de deux anset un chien récemment acquis. C’était un appartement plutôt classique, typique de l’époque de saconstruction, les années 1880, avec de nombreuses petites pièces aux plafonds très hauts, peu éclairéespar d’étroites fenêtres, réparties tout autour d’un interminable couloir ; de nombreux recoins, placards etpetites alcôves surchargeaient l’espace. L’ensemble était plutôt étouffant et peu accueillant. Nous étions dans sa chambre lorsqu’elle évoqua de nouveau les événements étranges survenusdans cet appartement au cours des derniers mois, particulièrement dans le couloir. Elle prétendait que depetits objets comme des crayons, des clés, des livres disparaissaient pour réapparaître quelques jours plustard dans des endroits totalement incongrus. Des bruits étranges (grincements de portes, pas traînant,musique ancienne et gémissements) provenaient de l’étage du dessus alors que personne n’y demeurait.On retrouvait des fenêtres ouvertes alors qu’elles avaient été soigneusement fermées… Et régulièrement,un entêtant parfum de rose surchargeait l’atmosphère… Selon ses dires, elle aurait même découvert unjour une grande flaque d’eau en plein milieu du couloir, eau apparue de nulle part ! Comment pouvais-jela croire ? Tout cela était certainement le fruit de son imagination stimulée par un lieu propice auxspéculations de par son lugubre décor ! Je décidai alors d’examiner le fameux couloir… Tout semblait normal, si ce n’est une drôle d’impression… J’avais la sensation que le couloirrétrécissait au fur et à mesure que je le parcourais… Quelques jours auparavant, son jeune frère avait fêtéson anniversaire et quelques ballons gonflables avaient été entreposés le long de ce couloir. Soudain, lechien se mit à aboyer après un des ballons. Son aboiement strident se prolongea en un long gémissementdéchirant puis le chien s’enfuit, se réfugiant sous un lit. Au même instant, le jeune frère de mon amiepoussa un terrible hurlement et se mit à pleurer de manière saccadée et ininterrompue, fixant un point ducouloir de manière apeurée. Pourtant, j’avais beau regarder de tous côtés, rien ne me semblait anormal et
je commençai à me dire que toute cette famille était folle, lorsque brusquement, un des ballons se déplaçaseul dans l’air, montant et descendant à plusieurs reprises comme s’il avait été lancé par un invisiblejoueur… Je compris alors, avec effroi, que cette soirée allait être bien longue… Nous prîmes un dîner léger au cours duquel je tentais de réchauffer l’atmosphère en abordantdivers sujets anodins, priant pour que mon amie ne revienne pas encore une fois sur les mystérieuxévénements de l’après-midi. J’étais pratiquement convaincue que j’avais été influencée et que monimagination avait été contaminée par cette famille un peu hors norme. C’est donc en toute confiance quej’allai me coucher dans la chambre de mon amie. Aux alentours de minuit, le bruit de quelqu’un cognant à la fenêtre me réveilla en sursaut. Monamie était assise dans son lit, terriblement raide, comme paralysée, son visage était d’une effroyablepâleur. Elle fixait avec angoisse un angle du plafond mais j’avais beau scruter ce coin, je ne remarquairien. Tout à coup, un courant d’air froid me submergea, mes dents se mirent à claquer sans que je puisseles contrôler. Une odeur écœurante de fleurs fanées imprégna l’atmosphère. Puis, cet étrange climat cessanet. Mon amie s’enfouit sous les couvertures et j’avoue, à ma grande honte, que j’en fis autant, essayantde me rendormir. Je me sentais de plus en plus ébranlée et interloquée. Le lendemain, au réveil, tout semblait de nouveau parfaitement normal jusqu’à ce que le chien semette à trembler en geignant, regardant fixement le papier peint du salon. Pendant un bref instant j’eusl’impression de voir des taches rouges apparaissant et disparaissant le long du mur. J’avais vraimentbesoin d’une bonne douche afin de purifier mon esprit ! En pénétrant dans la salle de bain je me mis à frissonner, éprouvant une désagréable sensationsans comprendre pourquoi. Je me sentais oppressée. Je n’avais jamais vu une salle de bain aussi antiqueet démodée que celle-ci. Le lavabo et la baignoire étaient en véritable porcelaine d’une blancheur passée.Toute la tuyauterie était en laiton et les pieds de la baignoire avaient la forme de pattes de lion assortisaux têtes de lion des robinets. Le temps semblait s’être arrêté aux années 1900. Mon entrée dans labaignoire fut immédiatement suivie d’une étrange impression et quand j’ouvris les robinets, un soninsolite s’échappa des tuyaux comme si l’eau se mettait à crier. Lorsque je sortis du bain, je me dirigeaivers le miroir afin d’achever ma toilette. Une épaisse condensation s’était formée, embuant le miroir,alors, je pris une serviette afin d’essuyer cette buée ; pendant une fraction de seconde j’eus la vision dequelqu’un d’autre que moi dans le reflet du miroir ! C’était une ombre grisâtre ! Un fantôme ? Paniquée,je sortis en courant de la salle de bain, convaincue que j’étais en train de devenir folle, n’osant révéler àmon amie cette surprenante vision ! Après cela, nous passâmes la journée dehors pour nous changer les idées mais tout me ramenait àcette troublante apparition. Mon esprit était comme englué et prisonnier Je ne voulais vraiment pas
passer une nouvelle nuit dans cette maison mais je n’avais pas le choix. Alors, lorsque ce soir-là, j’entraidans mon lit, je jure que j’aurais aimé pouvoir m’envoler loin de ce lieu car j’étais envahie par unincontrôlable pressentiment. Cette nuit serait certainement la plus éprouvante de toute ma vie ! Vers trois heures du matin, le chien se mit à aboyer, nous réveillant brutalement. Nous nousregardâmes sans prononcer la moindre parole et allâmes vers la chambre parentale pour chercher un peude réconfort. Le chien continuait à gémir intensément mais bizarrement ses cris ne réveillèrent pas lesparents de mon amie qui étaient si profondément endormis qu’ils semblaient sous l’effet d’un sortilège.Nous nous regardâmes de nouveau sans un mot, nous traversâmes le couloir serrées l’une contre l’autre,nous dirigeant vers le salon d’où provenaient les plaintes de l’animal. Il était en train de gratter lamoquette frénétiquement comme si quelque chose était caché en dessous. Il avait déjà arraché un morceauassez large du revêtement. Mon amie souleva vigoureusement le morceau décollé et à travers une latte duparquet en bois que recouvrait la moquette, nous aperçûmes une cavité. Nous soulevâmes la latte etdécouvrîmes, à notre grande stupeur, une petite boîte argentée. Elle s’ouvrit très facilement laissants’échapper le son mélancolique d’une vieille mélodie. Nous découvrîmes alors, avec stupéfaction, desbijoux anciens : collier de perles, bracelets ornés de ce qui ressemblait à des rubis, boucles d’oreillesclinquantes, bagues en or… Bien dissimulée sous ces bijoux, se trouvait une vieille photographie en noiret blanc représentant un couple en tenue typique du début du siècle. Brusquement, je ressentis un courantd’air glacé le long de mon dos. Je me retournai et mon cœur s’arrêta instantanément de battre ! Je jure quec’est l’entière vérité ! Je vis un fantôme ! Un vrai fantôme ! C’était une dame âgée d’une cinquantained’années avec un chignon haut, un chemisier blanc avec un col montant en dentelle comme en portaientles élégantes du siècle dernier. Seul son buste nous apparaissait et son image était floue mais nousn’eûmes pas le moindre doute : c’était bien la femme sur la photographie ! Elle tendait ses longs doigtsdiaphanes vers la boîte en argent ! Ce spectre me pétrifia, mon cœur battait la chamade et tentait des’échapper de ma cage thoracique, mes oreilles bourdonnaient et ma langue épaisse et sèche semblait surle point de m’étouffer ! Le visage de mon amie était blême de frayeur mais elle eut alors un réflexesalvateur, elle reposa précipitamment la boîte dans sa cachette, replaça la latte puis la moquette.L’apparition s’estompa lentement, remplacée par un parfum suranné de rose. Nous courûmes vers notre chambre, traversant le couloir où les lumières se mirent à chancelerpuis s’éteignirent dans un souffle. Nous nous jetâmes dans le même lit et nous cachâmes sous lescouvertures, nous serrant l’une contre l’autre sans parvenir à prononcer le moindre mot, grelottantes,mortellement effrayées par la morbide apparition ! Je tendais l’oreille aux moindres bruits, espérantsurtout que les parents de mon amie finiraient par se réveiller et qu’ils viendraient nous rassurer. Maisnon, rien, la maison semblait avoir sombré dans un silence d’outre-tombe. Epuisée, je finis parm’endormir, rêvant de brume, de pattes de lion, de perles me tombant dessus et de vieux couples valsant àl’infini.
Le lendemain, dès l’aube, je m’excusai auprès de mon amie, regrettant d’avoir mis en doute saparole. Nous décidâmes de raconter notre folle nuit à ses parents. Bien évidemment, ils ne nous crurentpas ! Jusqu’à ce que nous leur montrions la fameuse boîte en argent ! Ils étaient assommés ! Nousparvînmes à les convaincre de faire des recherches afin de découvrir ce qui avait bien pu se passer danscet épouvantable appartement. Je n’oublierai jamais, absolument jamais, ce que nous découvrîmes dans de vieux journaux ! LePetit Journal et Les faits-divers illustrés nous apprirent que le 4 août 1907, un horrible crime avait étéperpétré dans ce même appartement ! Une suédoise du nom d’Emma Levin avait été assassinée là par uncouple d’Anglais, Vere et Violette Goolds, pour lui dérober son argent et ses bijoux ! Mais ce n’était riencomparativement aux révélations qui suivirent ! Ce crime était démoniaque car les assassins avaientessayé de masquer leur forfait de la façon la plus atroce : ils avaient tenté de faire disparaître le corps enle découpant en plusieurs morceaux afin de l’éparpiller ! Cet abominable assassinat avait fait la une desjournaux de l’époque et avait fait sensation dans toute la région. La victime était la veuve d’un très riche homme d’affaires et pour son plus grand malheur elleadorait arborer de magnifiques bijoux. Elle en était littéralement recouverte. Elle séjournait très souventdans la région, s’installant dans les plus grands palaces. Elle était extrêmement connue car elle fréquentaitassidûment le Casino de notre ville où tout le Gotha de ce début de siècle se précipitait afin de jouer etd’être remarqué. C’est là que, de manière inéluctablement fatale, son destin croiserait celui des Goolds.Ce couple d’aventuriers anglais avait loué pour la saison l’appartement de la Villa Menesni qu’occupaitdésormais mon amie. C’est là qu’ils invitèrent la pauvre Emma sous un faux prétexte afin de ladépouiller. Après l’avoir assommée, ils la poignardèrent à mort dans le salon. Puis, ils tranchèrent sa têteet ses membres dans la salle de bain. Enfin, ils placèrent son tronc dans une malle qu’ils stockèrent dansle couloir en attendant de pouvoir s’en débarrasser… Une partie de leur butin ne fut jamais retrouvée… Suite à cette découverte, je fus totalement bouleversée et dévastée ! La pauvre femme avait étépoignardée dans le salon de mon amie ! Mes hallucinations sanglantes étaient donc bien réelles ! Soncorps avait été découpé dans la même baignoire où je m’étais sentie si mal à l’aise ! Son tronc avait hantéce même couloir à l’atmosphère si perturbante ! Une irrépressible nausée m’envahit. Il me fallait fuir auplus vite ce lieu maudit ! Mon amie et sa famille déménagèrent très rapidement veillant à bien laisser derrière eux lamystérieuse boîte et son brillant contenu. Quant à moi, lorsque je dois me rendre dans ce quartier, je faistoujours de grands détours afin de ne pas passer par le boulevard de la Villa Menesni. Depuis, personnen’occupe plus cet appartement, pourtant, parfois, au mois d’août, une faible lueur apparaît à l’une desfenêtres et les voisins se plaignent d’une étrange mélodie et d’un insistant parfum de rose… S’il-te-plaitEmma, repose en paix !
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