Jardot BastienLaece Ryef Tome 1 Take Your Chance
© Take Your Chance – Pau 2015 – ISBN 978-2-37351-002-7Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tousprocédés en tous pays, faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait lecontrevenant à des poursuites judiciaires. Réf. : loi du 11 mars 1957, alinéas 2 et 3 del’article 41.Une représentation ou reproduction sans autorisation de l’éditeur ou duCentre français d’exploitation du droit de copie (20 rue des Grands-Augustins, 75006Paris) constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Codepénal.
Prélude : Les originesIl faisait beau. Comme souvent, ici, sur Muchonie. Muchonie…Première colonie extraterrestre de la planète Terre. Mais mêmesi nous étions des extraterrestres, nous présentions un physiqueabsolument similaire. Les corps de Terriens et de Muchoniensétaient les mêmes… Mais ils ne recelaient pas les mêmeschoses. Les Terriens avaient pris le contrôle de Muchonie par laforce, bien avant ma naissance, en se servant d’une technologiede pointe qui nous était bien inconnue. À l’époque, la vies’organisait autour de tribus, vivant dans des tentes… Et ilsarrivèrent. Avec leurs vaisseaux, leurs ressources futuristes,leurs armes. Nous n’étions pas des sauvages, loin de là. Maispersonne n’avait tenté d’offrir mieux à ses confrères qu’un boutde tissu. Leur intervention à ce niveau fut énorme ! Ilstransformèrent réellement la planète, et ce en moins de deuxsiècles. Au commencement, les Terriens réunirent toutes lestribus dans la paix, unifiant le peuple. Ils se basèrent dans leplus grand village tribal qui existait alors, Chagauris – quisignifie la grande cité en muchonien. Mes ancêtres, surpris,laissèrent faire ces étrangers si ressemblants. Ainsi, Chagaurisdevint Alpha Chagauris, des tours s’y élevèrent, un plan s’yforma : elle devint une capitale planétaire. Nous passâmes de ceque les hommes appelaient le Moyen-Âge à ce qu’ilsqualifiaient d’ère nouvelle. Les voyages ne se faisaient plus àdos de fearions, que les Terriens appelaient des tigres géants,mais dans des assemblages métalliques flottants dans l’air,nommés voitures anti gravité. Les guerriers passèrent des lancesaux fusils d’assaut plasma, aux grenades ; ils passèrent du tissu 1
aux armures de métal. Bien sûr, les Muchoniens étaientenchantés. Ils remercièrent à de nombreuses reprises lesTerriens… Jusqu’au jour où ils découvrirent que ces derniersvoulaient faire de cette planète leur première colonie. À partirde cet instant, un génocide se déclencha. La Première Guerreterrienne, qui ne dura pas et s’acheva en 2978 du calendrierterrien, par la quasi-disparition des Muchoniens. Les Terriensen avaient gardé… Car ils voulaient les étudier. Ils voulaientcomprendre comment chacun d’eux naissait avec un don,diffèrent selon la personne, mais toujours autour du contrôle deséléments. L’un pouvait créer, manier l’eau ; un autre le feu, etainsi pour les cinq éléments : eau, feu, foudre, vent, et terre.Certains avaient rejoint volontairement les envahisseurs, poursurvivre, pour sauver leurs familles. Qui n’aurait pas vouluprendre cette planète ? Un énorme pourcentage d’eau, unefertilité inimaginable, et ce malgré sa position dans un systèmepossédant trois étoiles. Les Terriens réussirent cependant àl’expliquer, en analysant notre atmosphère qui s’avéramiraculeusement bien servie et ne laissant passer que ce qu’ilfallait pour préserver ce cadre idyllique.Je vis le jour le treize février 2996 ; le calendrier terrien étaitdevenu officiel. Je faisais partie d’une des rares famillesd’origine muchonienne, qui avait réussi à se maintenir tant bienque mal. Mon frère jumeau et moi fûmes des petits miracles…Nous étions uniques. Nous contrôlions tous les éléments. Nosparents, Errogh et Pauline, nous apprîmes à les maîtriser. Ilsnous apprirent des tas de choses ! Ils nous firent faire duFreeFoot, des sports de combat, et nous donnâmes l’habitude denous affronter dans des duels épiques. Armés de bouts de bois. 2
C’est d’ailleurs un de ces jours où nous jouions à nouscombattre que nous fîmes une douloureuse découverte.Muchonie était une ville immense, et la maison Ryef était enbordure de ville, près d’une grande plaine où nous étions. Cettenouvelle nous frappa littéralement… Une révolte deMuchoniens avait eu lieu, et les Terriens frappaient en retour.Devant moi, Alex s’écroula sans que je ne puisse voir pourquoi.Je compris quand je fus encerclé par quelques soldats…Enragés, inhumains, ils ne purent m’abattre. Les flammes dontj’étais le créateur les réduisirent à l’état de cendres. Longtemps,je restais près du corps pâle et inerte de mon jumeau. Avant deréaliser que si nous avions été attaqués, nos parents… Je n’avaisjamais couru aussi vite que pour retourner chez moi à cetinstant. Et, sans vraie surprise, mes géniteurs baignaient aumilieu d’une mare de sang, ma seule famille… J’aurais miségalement fin à mes jours si un soldat ne m’avait pas mis enjoue, en descendant l’escalier. Avant de se voir sa chair, se fairetraverser par un éclair. Chose que je ne vis pas moi-même,perdant connaissance après avoir subi tant de chocs. 3
Chapitre 1« Ryef, Laece : troisième trois »Ce début d’année était comme tous les autres… Ennuyant,répétitif, sans intérêt. Tous les ans, je regrettais de perdre unejournée aussi bêtement. Mais pas autant que je les regrettais…Je n’avais que treize ans, et pourtant je gardais en moi descicatrices que certains ne connaissaient pas en une vie entière.J’avais perdu mon innocence en 3008. Cela faisait presque deuxans que je vivais, seul, dans une routine mortellementennuyeuse. Je ne sortais plus ; je vivais au rythme scolaire.Profitant de la richesse de ma famille et des aides mensuellesque je recevais du fait de ma position difficile – les Terrienss’étaient calmés, excusés, et me payaient surtout pour monsilence – j’avais acheté plusieurs armes. Des tas de couteaux,trois lots de cinquante, ainsi que deux épées. Deux magnifiqueskatanas, un dont la lame était noire et le manche blanc, l’autredont la lame était blanche et le manche noir. Et en guised’activité extrascolaire, je m’entraînais. Je ne savais paspourquoi, mais j’avais besoin de sentir le pouvoir de la mort enmoi. Depuis que j’avais tué tous ces soldats, je m’étais renducompte que je n’en éprouvais aucune gêne, voire même plutôtun plaisir sadique assez morbide. Je n’avais plus réellement devie, donc… Mais ce jour-là, les cours reprenaient. Quel intérêt ?Je ne travaillais pas ; arrivé chez moi, je prenais mes lames et jeme vidais l’esprit. Ceci ne m’empêchant pas d’avoir desrésultats meilleurs qu’excellents : j’avais retenu ça de mesparents, l’instruction est la base de tout. Tout… Tout étaitinintéressant, monotone. Je voulais avoir une vie remplie, unevie d’action, quelque chose ! Je n’allais pas être déçu… 4
Un jour, comme un autre, j’allais donc au collège, retrouvantmes quelques connaissances, et mon amie Lucia Eblot. Unmètre soixante-cinq, longs cheveux bruns, yeux assortis, desformes fines qui ne faisaient vibrer personne, sauf moi. Nous nenous connaissions que depuis une année, mais nous étionsétroitement liés, par une relation privilégiée unique. Nous nousfîmes la bise, parlâmes un petit peu, puis la sonnerie retentit, etnous étions partis pour une matinée de cours. Les matièresélémentaires me semblaient terriblement faciles, peut-être était-ce la raison pour laquelle mes notes étaient si hautes… Àl’heure du déjeuner, midi, les cours prenaient fin et je rentraischez moi. Je faisais donc à manger, lorsque des coups à la porteme surprirent. Je m’arrêtais alors dans ma besogne et medéplaçais pour ouvrir. Personne… Je baissai les yeux ; unegrande enveloppe était posée par terre, sur le tapis d’entrée. Laramenant, puis la déballant, je découvris son contenu avecébahissement. Les usines Laboratrix, travaillant pour legouvernement à la recherche d’anciens membres de lacivilisation Muchonienne, m’avaient repéré. Leur but médiatiséétait de permettre à tous d’obtenir les caractéristiques spécialesqui rendaient les Muchoniens si intrigants. Leur capacité ànaître avec un don unique ou presque fascinait – et ça pouvaitse comprendre – le gouvernement terrien. C’est sûrement pourm’étudier que ce courrier m’avait été envoyé. Décidant delaisser cette affaire de côté pour l’instant, je finis de préparermon repas et l’avalai rapidement avant de retourner au collège.Mais cette lettre m’avait marquée. Dans cet enchaînement simachinal, un élément venait bousculer le quotidien. Je suivis lescours d’une oreille distraite, trop occupé à réfléchir à cette 5
missive. Lorsque je fus libre, je me hâtais de rentrer pouranalyser les informations données. On me proposait un séjourd’une durée indéterminée dans un complexe scientifique isolé,juste après la sortie de la ville… Mais il n’était mentionné nullepart le fait que je serais un cobaye. Au contraire, il était écritque « dans le cadre de l’exploitation des capacitésmuchoniennes, les scientifiques de Laboratrix voulaient offrirune formation de combat ». Une formation de combat, ce pourquoi je m’entraînais tous les soirs depuis deux ans ! Ilspromettaient force, vitesse, réflexes, résistance, et tout cecigrâce à une greffe de cellules muchoniennes… Et pour cela, jen’avais qu’à me présenter, le lendemain matin, devant lecomplexe. Mon choix était fait.Le lendemain matin, après avoir avalé de quoi tenir en cas detests, je rassemblai mes quelques habits et de quoi garder unehygiène, puis je sortis, et entamai la marche vers Laboratrix.Plusieurs fois, lors du trajet, je me demandais si je faisais le bonchoix, cependant, il était fait et définitif. Les écouteurs sur lesoreilles, le trajet me parut relativement court. Un grand portailargenté me faisait alors face, laissant voir derrière lui d’énormesbâtiments aux peintures neutres et sans la moindre décoration.Pas un parterre de fleurs, pas une couleur frivole ou conviviale.À la gauche du portail, un petit poteau comportait uninterphone. Je sonnai donc me présentai, et le chemin me futouvert. Baluchon sur l’épaule, je pénétrais dans l’antre àl’atmosphère pesante. Rapidement, un scientifique, que jereconnus comme tel grâce à une blouse blanche légèrementjaunie par le temps, vint me montrer le chemin et m’expliqueren quoi consistait mon séjour. Il commença par me parler d’unentraînement intensif ; pour les besoins de l’expérience que 6
j’appelais greffe, il fallait que je développe ma massemusculaire et mes capacités au combat. Je devais aussiapprendre à maîtriser toutes sortes d’armes, aussi bien pour letir que pour le combat au corps à corps. En résumé, il conclutcette partie de son discours par me dire qu’on allait faire de moiun guerrier surentraîné, de façon implicite, bien sûr. Jesupposais que le gouvernement avait besoin d’un justicier auxpouvoirs impressionnant la foule, une icône que les jeunesprendraient pour exemple. En aucun cas je n’aurais refusé, ceciétant toujours mieux qu’une vie sans action, morne, monotone.Il continua en me parlant de la fameuse opération. Plusieursheures au bloc, les meilleurs chirurgiens terriens, des conditionsoptimales. Le principe était la greffe de divers gènes, venantd’individus morts – des Muchoniens – et qui avaient chacunleurs spécificités. Force surhumaine, réflexe d’une rapiditéinouïe, vitesse décuplée, temps de vie doublé, et autres – desdons qui n’existaient plus, désormais. Bonne nouvelle, pensais-je. Hélas, et comme pour chacune de ces pratiques, l’opérationétait risquée. Pas un problème, je ne renoncerais pas. Et, nousarrivâmes devant ma future « chambre », ressemblant plus à unecellule de prison. Me laissant seul et m’enfermant à l’intérieur,le scientifique reparti je ne sais où, et peu importait. Jem’installai, remplissant l’armoire et les étagères improviséesavec des affaires de toilettes et mes vêtements. Ainsicommençait une nouvelle période de ma vie, qui allait modifiertout le reste de celle-ci… 7
Mise en page et édition Take Your ChanceAchevé d’imprimer par : I.C.N SARL, Orthez – FranceDépôt légal : mars 2015ISBN 978-2-37351-002-7
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