Est-ce un cri de douleur sorti de la poitrine de l’Ours hurlant dese savoir emprisonné, nul ne le saura jamais. Pourtant ce quetout le monde sait dans cette partie des montagnes pyrénéennesc’est par où l’histoire a commencé. Le berger sourit àl’imagination fertile des anciens, à une réalité qu’ils firent leuret à toutes les heures passées à écouter, attentif à ces histoiresd’antan. La vallée d’Ossau où il est né est pleine de ces énigmesque les pâtres et les pastoureaux à leur tour colportent deshauteurs aux plaines, lorsque gardant leur troupeau en solitaire,ils sont confrontés aux longs soupirs de l’Ours.Alors le berger se souvient !Dans un millénaire où les hommes étaient peu nombreux surcette précieuse terre ossaloise, il faisait bon y vivre. Parfoismême, certains hommes comme quelques animaux,entretenaient un échange bien particulier, celui de setransformer … en ours pour les uns ou en humain pour lespremiers !Tout comme aujourd’hui, les bergers faisaient paître leurstroupeaux naguère lors des pâturages d’été ou d’hiver. L’und’eux, accompagné de son fils aîné à qui il apprenait son métier,ne s’inquiétait nullement de la brise montagnarde qui sévitquelques fois au sommet. Une brise annoncée par une Lunegrossie, parée d’un halo lumineux si opaque qu’il faisait malaux yeux.Et pendant que l’astre vénéré veillait à la bonne tenue de la nuit,les hommes se reposaient avant de prendre le chemin de la hautemontagne. 46
Durant ces nuitées chargées de mystères où la Lune observait laterre de bizarre manière, la scrutant disait-on d’un œil sévère ;les bergers se méfiaient car la montagne pouvait alors devenirinhospitalière. Mais cela ne suffit pas à impressionner levaleureux berger ne tenant pas compte de la Lune et de seshumeurs, des oracles édictés par la rumeur de certains humains.Il se préparait donc à prendre les sentiers le conduisant vers sontroupeau de bovins afin de le rassembler aux premières heuresde la journée. Ne connaissait-il pas la montagne comme sapoche pour l’avoir maintes fois escaladée ? Il savait aussi qu’iltrouverait de quoi se réfugier dans l’une des nombreuses grotteslentement formées par la pluie et le temps. L’heure était venuede prendre le chemin du pâturage. Il réveilla son fils pour le longpériple de trois bonnes heures de marche au moins pour cevoyage. La Lune ayant disparue faisait place à quelques nuagesténus, l’homme jugea qu’il ne fallait pas perdre de temps.Chacun son bâton à la main, ils prirent le sentier. Au fur et àmesure qu’ils faisaient leur ascension, l’air de plus en plusfrisquet leur donnait le frisson. Puis après ce qu’il nommait unebrise, ce fut au vent de prendre la relève jusqu’à devenirbourrasque, si violente qu’elle entraînait avec elle tout sur sonpassage ainsi que les quelques arbres jeunes ou pauvrementenracinés. Le sol à son tour se mit à trembler sous l’impétueusetempête et ses mugissements. Puis à son tour, la pluie frappa lesol et cogna sa colère en creusant de larges sillons.Leurs pelisses en peaux de moutons protégeaient les bergers dufroid et de ses rigueurs printanières mais il arrivait parfois quel’averse se transforme en grêlons en cette période de transition. 47
La nature toute entière prit soudain une allure grimaçante et desplus inquiétantes pour qui osait la défier. Le berger prenant soinde son fils le tenait fort serré contre lui, avançant péniblementcontre la tempête et ses tourments jusqu’à ce qu’il décide detrouver un abri en attendant l’accalmie. Les falaises lissées, lessentiers abrupts ne lui laissant guère le choix, il lui falluts’arrêter, trouver un refuge au plus près de l’endroit car ledanger prenait toutes les formes quand la nature imposait sa loi !Sa main en suivant la paroi surprit une faille assez large pourles contenir tous les deux. L’homme poussa l’enfant le premiermais lorsqu’il voulut s’engouffrer à son tour il entendit un râle,ou était-ce un sanglot ? Son garçon à l’abri de la montagne il sedirigea péniblement vers l’endroit d’où la plainte venait. Il n’eutpas à faire un long parcours dans la tourmente, en effet,quelques pas et il se retrouva nez à nez avec un ourson quigeignait, apeuré. Celui-ci était seul et braillait, criant sa détressevers le ciel. Sans réfléchir, le berger se saisit de l’animal qu’ilentraîna avec lui et, malgré quelques réticences, parvint à lemettre à l’abri. Tous trois demeurèrent ainsi durant ce qui leurparût une éternité, jusqu’à ce qu’enfin le ciel se montrât plusclément. Ils allaient sortir lorsqu’un hurlement les saisitd’effroi, sauf l’Ourson, reconnaissant l’appel de l’un des siens! Il ne se fit pas prier pour rejoindre le plantigrade, debout,menaçant sur ses deux pattes. En partant, le petit animal seretourna vers les humains, émit une sorte de grognementcomme pour les remercier.Puis, il rejoignit l’Ours qui le sentit de la tête aux piedsl’enjoignant de le suivre sur le champ. Les animaux partis, lepastoureau et son père firent de même … 48
Dans les chaumières on raconte que le jeune pâtre, sans son pèrecette fois, se trouva en difficulté pour les mêmes raisons quecelles relatées plus avant ; l’histoire rapporte qu’un granddanger le menaçait avec l’éboulement de la grotte dans laquelleil s’était réfugié quelques années auparavant … c’est alors quel’Ours arriva puis le précipita au-dehors lui sauvant la viecomme avant son père le fit avec l’ourson. Hélas, ne pouvants’échapper lui-même de cet enfermement, l’Ours demeuraprisonnier de la montagne.C’est à cet emplacement que s’élève vers l’empyrée le Pic duMidi d’Ossau, honorant la mémoire de l’Ours qui a fait preuvede générosité et don de soi envers l’homme … et si nousl’observons bien, selon où nous sommes placés, nous le voyons,la gueule ouverte. Il nous évoque l’essentiel, que les légendessont éternelles et les histoires d’amour entre l’homme etl’animal, providentielles ! 49
Petit Loup et LapinouSur les conseils avisés de Grand Loup craignant les rigueurs del’hiver et parce que ses enfants sont trop petits pour suivre leschemins de montagnes où séjourne la nuit même lorsque lesoleil luit ; dans les épaisses forêts de Mélèzes et de pinslourdement enneigés ; là où elle est sûre que nul être humain nevient jamais, la famille Loup s’est réunie ; dans une tanière àl’abri de la menace hivernale et de tout danger venu del’Homme, cet autre animal. Dans ce coin isolé et rudementprotégé, où seuls les Loups et d’autres espèces que l’on ditsauvages comme eux se réfugient ; tout là-haut, dans les hautesaltitudes, sur les cimes où chaque ombre en multitude devientténébreuse, la meute est rassemblée en attendant des cieuxqu’ils deviennent prospères à leurs errances volontaires qui vontdu printemps à l’hiver. Comme il le fait chaque jour depuis leurarrivée en ce lieu, Grand Loup quitte le repaire familial afin desatisfaire aux besoins alimentaires de ses proches. C’est cemoment que choisit Petit Loup le plus hardi des louveteaux pourmettre son museau dehors et humer l’air froid s’engouffrantdans le contrefort servant à leur réconfort. Echappant à lasurveillance de sa mère trop occupée à préparer la nouvellelitière, Petit loup met une patte à l’extérieur, puis une autrejusqu’à sauter tout entier et promptement au-dehors. Surpris parla grande froideur qu’il trouve en sortant, le loupiot mécontentretrousse ses babines, gonfle son pelage encore laineux tout enagitant sa queue ; puis il secoue vivement son petit corps déjàrecouvert de flocons neigeux et se faisant, vacille sous l’effort. 50
Le derrière par terre, il demeure ainsi, assis, le museau pointésur l’horizon, les oreilles dressées vers le lointain, il écoutechaque bruit que le vent porte avec lui. Ses yeux lumineux, auxprunelles parées d’ors et de feu scintillent dans la pénombre oùil est installé. Il voudrait s’avancer, approcher l’inconnu mais iln’ose pas s’aventurer préférant demeurer aux aguets, attentifaux moindres bruits surgissant ça et là des futaies emprisonnéestout comme lui par l’obscurité et le froid. La neige molles’enfonce sous ses pattes trop larges pour son âge lui faisantperdre l’équilibre. Il faut dire que c’est sa première neige et PetitLoup n’est pas du tout habitué à cette nature majestueuse maissi capricieuse en cette saison. Quelques pas auront suffit à ledissuader d’avancer dans la tourmente ; seule difficulté, s’il nepeut plus avancer, il ne peut pas reculer non plus et bien qu’ilne soit pas effrayé de cette situation peu confortable, il se rendà l’évidence ; il est pris au piège de la neige, aussi choisit-il dene pas se risquer sur les traces de son père dont les pas ont troptôt disparus. Attendre patiemment le retour de celui-ci est cequ’il a de mieux à faire et s’il tarde trop, chanter la complaintedu Loup comme il a appris tout petit pour se faire entendre desa mère qui doit sûrement s’inquiéter … Peu importe pensePetit Loup résigné, décidant de rester sur place pour goûter ensolitaire au joie de cette nouvelle atmosphère qui, si pesantequ’elle soit lui permet de s’imprégner des rumeurs de l’Hiver.A ce propos, le vent bruissant de tous côtés agite les longuesbranches des sapins croulant sous le poids de la neigeaccumulée qui en tombant l’enferme un peu plus et de touscôtés. Petit Loup réagit à cet envahissement qui l’importunedémesurément en s’ébrouant de toutes ses forces. Il grogne etmontre ses petites dents à la nature qui ose ainsi le défier. 51
Puis réunissant ses forces, il tire sur son corps afin de se libérerde ce fardeau l’empêchant de bouger. A le voir ainsi désemparé,il est si pataud et il a l’air un rien nigaud le petit loup pris dansla tourmente du guêpier dans lequel il s’est fourré. Entre latempête de neige et le vent sifflant à ses oreilles les grandstourments embarrassant ses mouvements et dont il se passeraitbien, Petit loup n’entend rien, pas même le ricanement del’étrange animal qui tout près, se moque de lui. - Alors lui dit la voix fluette en faisant des bonds si hauts sur ses pattes allongées, qu’ils entraînent dans la foulée ses grandes oreilles un peu trop remuantes au goût de Petit Loup qui aperçoit enfin cet énergumène surgi d’on ne sait où.Des belles mirettes cerclées de rose et assez larges pourdistinguer ce qu’il se passe autour et loin dans le paysage,posées sur une tête ronde où s’agitent les longues oreilles, letout disposé sur un corps si petit que Petit Loup en ferait unebouchée. Une fourrure à faire pâlir la neige tant elle est blancheet soyeuse et cette voix qui est tout sauf belle électrisant lelouveteau qui aboie alors à tue-tête pour faire taire la petite bête. - Tu es nouveau ici demande la voix grêle en remuantson corps tout frêle ? - T’es qui toi d’abord répond Petit Loup à celui qui osese moquer de lui ! - Mon nom est Lapinou s’écrie le lapin blanc et je ne vispas très loin de ce qui te sert de logis. 52
Et si je saute ainsi, c’est pour ne pas rester coincé tout commetoi dans l’épaisseur de neige qui t’a enveloppé… Et si je ris,c’est bien la première fois… et il y a de quoi ne crois-tu pas. - Tu ne pourrais pas m’aider plutôt à me sortir de làdemande le loupiot au nouveau venu … - Houlà houlà répond le lapin au petit loup qu’il devineen appétit ! Tu ne voudrais pas me manger par hasard ? - Mais non que vas-tu chercher là…. j’ai juste envie debouger et parler un peu afin de ne pas mourir de froid… Je suisjeune encore et ma mère comme mon père sont là pour nousnourrir mes frères mes sœurs et moi. Ne vois-tu pas le froid surmoi et combien je tremble de tous mes membres, jusqu’à neplus pouvoir parler ni même hurler. - Oh que si je le vois … depuis un grand moment déjà jet’observe te démener et pester après cette nature qui n’en a rienà faire des petits loups inquiets comme toi, si obstinés qu’ils sesentent perdus à la moindre déconvenue…. Et tout ça pour nepas écouter les conseils de parents avisés.Sur ces mots que Lapinou lui balance au museau, Petit Loupplonge sa truffe toute entière dans la neige afin d’éviter la colèrequi le ronge et oublier ses instincts de chasseur l’invitant àavaler tout cru ce petit malotru si plein de moqueries. - Tu as bien de la chance lance-t-il à Lapinou en tremblant du corps et de la voix, que je sois coincé dans ce trou car je te montrerai alors combien un loup peut- être retors si il le veut. 53
- Je le savais…. crie Lapinou ... je m’en doutais que tu n’avais que cette idée en tête et qui est celle de me croquer … tu peux me supplier à présent… je te laisse à tes inconvénients et m’en retourne chez moi retrouver les miens qui savent bien eux combien je suis malin. - Non, non, ne t’en va pas Lapinou, je t’en prie parles- moi… je ne veux pas être seul dans cette forêt qui, telle un linceul m’effraie et me fait perdre mon sang-froid. - Ok…ok… répond Lapinou, mais tu promets de ne plus jacasser et dire n’importe quoi me menaçant de faire de moi une proie. - Je te promets dit Petit Loup enfin rassuré. - Bon, je veux bien te tenir compagnie … et que nous parlions de nous ou de ce qu’il te plaira.Les deux petits êtres se mettent alors à raconter… En donnantla parole en premier à Petit Loup, Lapinou sait que cela luipermettra d’oublier ces instants passés seul, abandonné, aussi lelaisse-t-il se raconter. C’est ainsi que Petit Loup explique à sonnouvel ami ce qu’il a appris de ses parents et un peu de sa jeunevie. Les nombreuses légendes propagées çà et là à travers lesâges, des histoires horribles racontées aux enfants pour leurfaire peur quand ils ne sont pas sages. D’autres plus joliesprovenant de la mythologie de peuples respectueux des Loupset de leur compagnie. Tout plein d’histoires rapportées par samère à ses sœurs et ses frères pour qu’ils n’oublient jamaiscombien le Loup est fait pour vivre en paix. 54
Puis c’est au tour de Lapinou de parler de lui et raconter sa vieelle aussi puisée dans les anciennes histoires du passé. Leslongues errances à travers de nombreux pays, où tous les lapinsse différencient…Il y en a d’ailleurs de toutes sortes des lapins… des grands, desnains, des blancs, des noirs, et tous sont malins comme lui…mais hélas trop petits pour échapper aux prédateurs. D’ailleurs,c’est un mot courant dans les familles des Lapins… échapper…toujours s’échapper afin de pouvoir vivre eux aussi en paix etloin de toute sorte de chasseurs. Mais à lui aussi sa mère lui adit et même promis, qu’il y avait des étoiles tout là-haut dans leciel représentant leurs familles devenues immortelles.Le temps passe entre les deux jeunes animaux jusqu’à ce qu’unsouffle se fasse entendre au loin, un souffle si puissant qu’il faittrembler le sol et bouger les branches de pins. Lapinou sursauteet saute plus haut mais ne voyant rien commence à prendre peurà son tour … Ce souffle n’a rien du vent qui balaie tout sur sonchemin, lance-t-il à Petit Loup, il n’a rien non plus d’une ondesouterraine se faufilant entre gorges et veines, car je les connais.Non ce souffle là crie Lapinou est un souffle bestial que détectetoute sorte d’animal dont je suis. Petit Loup lui donne raison etpense aussitôt à son père…. dont il repère les yeux fascinants etlumineux s’avançant vers eux. - Sauve-toi … sauve-toi crie Petit Loup à son ami… sauve-toi car c’est mon père qui s’élance sur toi …. - Oui, c’est bien ce que je vois s’écrie Lapinou en roulant sur lui-même pour se confondre avec la neige dont il a 55
les privilèges. Mais je sens bien qu’il est trop tard et que ton père va faire une bouchée de moi !!! - C’est alors que Petit Loup crie si fort que Grand Loup stoppe son élan et aperçoit son enfant….C’est le moment que choisit Lapinou pour s’enfuir au loin etlaisser les deux Lupins se congratuler enfin. Petit Loup jappetout ce qu’il sait en présence de son père qui l’aide à sortir ducreuset où il est enfermé. Laissant tomber sa proie chassée dansle bois, il se saisit de son enfant qu’il tient serré entre ses dents.Petit Loup est heureux, il peut rentrer chez lui et raconter sonaventure même si il sait qu’il va se faire gronder. Pourtant il nepeut s’empêcher de crier au loin… au revoir Lapinou… àbientôt ... Au printemps prochain…. Générations Loups,Assise sous l’Arbre millénaire, au bord du ruisseau paré d’orset de lumières, j’écoute avec attention le souffle du vent. Ilchante et résonne sur moi jusqu’à m’enchanter. Inspirée par sonlangage, je me laisse porter doucement jusque dans le feuillageoù, sagement il s’agite m’invitant pour une visite à son sommet.Soulevée par son mystère, mon âme passagère effleure une àune les feuilles légères, frissonnantes de la plante hospitalièrem’entraînant au plus haut. Sous la divine sensation, j’épouse satendre émotion, chacune des verdures ou moisissures poséesdepuis la nuit des temps sur ce géant de la Nature. Saisie parcette saine agitation, aspirée par de doux frissons, je goûte àl’ivresse de ces tressaillements qui me parent d’effluvesodorants et de sacrés, me soulevant allègrement vers lefirmament. 56
Lancée à belle allure, telle une bouffée d’air pur hors del’ancêtre des forêts souriant à ma droiture, je peux alors mefondre et me confondre, contempler le ciel et son immensité. 57
La Louve blancheSur la lande couverte de bruyère, de l’horizon où naît la lumièrepour s’épandre dans les chaumières, à son zénith où, déclinanteelle s’obscurcit, j’erre. Sur les monts à l’appel de mescongénères, sur les chemins de l’un à l’autre de ces espaces quem’offre de suivre la Terre ; sur les sentiers bordés de clairièresoù abondent les ombres crépusculaires, j’erre. Créature pousséepar les voix malicieuses de ces petits êtres légendairesenvahissant mon imaginaire croissant sous ces troublantesatmosphères, j’erre. Et ce faisant, tout en promenant mon âmesolitaire, solidaire de toutes les meutes et des miens, je me livreainsi aidé par le murmure du vent, à provoquer l’enchantement.Des nuits de pleine Lune appesantie par la froidure sous un cielassombri de sombres ramures tandis que je l’observedoucement se glisser dans vos rêves souvent noircis d’élansfunèbres, que des mornes éclaircies vous suggèrent en soulevantle voile de vos chimères, j’erre. A l’affût de vos insomnies ettandis que vous vous sentez trahis dans ce monde de misère, lesuaire pauvrement posé sur vos corps délabrés tremblant desmembres à vos flancs, je veille sur vos réveils afin de libérervos esprits de la hantise de quelques maîtres furieux faisant fide vos souhaits de vivre heureux sur une Terre-Mère oùabondent hélas un trop plein d’ossuaires. Se croyant divins etsupérieurs, des sources où vous avez éclos aux ornières creuséesafin d’y déposer vos augustes chairs, ces êtres parés d’ors auxallures guerrières embrasent vos regards d’aveuglanteslumières, empèsent vos mains d’armes meurtrières faisant devous des boucs émissaires. 58
Des diaphanes ombrées aux lointaines abysses où ces voleursd’âmes vous invitent à séjourner à l’azur morne que vous êtesen droit d’espérer, vous gisez à présent en attendant de lalumière et de l’insigne souffle du vent qu’il vous transportejusqu’à mon chant. 59
La forêt enchantéeA mon oreille, collée au tronc de l’ancêtre des forêts desrumeurs parviennent. De ses ramures élancées fièrementdressées vers le ciel à ses épaisses nervures profondémentenracinées dans la terre, j’entends les murmures. De longshurlements venus de l’Antan résonnent dans sa poitrine,ridulent ma figure de nombreux émois tandis que s’exhalent deson être vers moi nombre d’effluves d’où émanent ses auras.Vestiges anciens, soudains effrois, des voix surgis du lointainnéant auréolent son buste rugueux de matières astralesprodiguant à mon être confus une torpeur importune tant cesdernières sont soutenues ; à leur tour des chants m’abordentlancinants telles des volutes musicales couronnant lesbranchages nus de voilages de brume faisant osciller mollementles fils graciles de la frêle araignée docile. Des mugissementsépars bruissent à présent autour de la chênaie sacrée. Je lesressens vibrer jusque sous la paume des pieds tandis que saisiepar eux, apeurée, mes deux bras enserrent l’arbre vigoureux mefaisant la grâce de se confier. Dépendante de ces célébrationsque je pense farfelues, tenue fortement de les subir, je me laisseconduire à mon corps défendant vers les troublantsenvoûtements. Influencée par les diverses énergies m’entourantde leurs précieux halos, sublimée par ces forces invisibles,j’entr’ouvre enfin les yeux sur ces glorieuses essences peuplantla digne forêt en me raccrochant éperdument au vieux sage pourne point vaciller. Transportée par ces illuminations, touteentière à leurs éléments dans un univers dont j’ignoraisl’existence, je demeurai comme en catalepsie face à ce que jedécouvris. 60
Farfadets, gnomes, Elfes et autres élémentaux, visiblesuniquement aux yeux clairvoyants, entouraient une Fée des plusjolies m’invitant à partager son humble logis. Elle me proposaalors de visiter son jardin secret où s’activaient une multitudede petites mains. Les unes s’affairaient à creuser la Terre,protégeant les racines et leurs précieuses origines. Ces petitsêtres, fervents obligés de la Fée semblaient vieillis par leurnervosité, ridés et barbus ils allaient de l’un à l’autre des fourrés,creusant le sol et suant grandement sous leurs bonnets. Ilssemblaient épuisés auprès d’autres gracieux sylphes élancésinsufflant sur les farfadets des élans inspirés de leur soufflesubtil et des plus lumineux, un émerveillement. La Fée,accompagnée d’une belle égérie, toutes deux entourées de leursauras et moi-même n’en croyant pas mes yeux nous promenionsà travers ce bois de chênes précieux en saluant ici et là tous cesêtres divins résidant en ces lieux. Dans cette ambiance defructueuse luminescence hantée par ces doux spectres,j’échappais peu à peu à mon monde, me fondant parmi eux,auprès d’eux vivre la simplicité dans laquelle ils évoluaient. Ilme semblait rayonner à mon tour en présence de ces fées, parmices petits êtres d’éminentes apparences qu’il me plaisait desuivre dans leurs envolées. Que d’ensoleillements dans ceremue-ménage entre ciel et terre et dans cette atmosphère oùtous se mouvaient avec grâce, souplesse et rapidité, tant quecela me déconcertait. Je folâtrais à mon tour, papillonnant d’untaillis à l’autre, peu importait qu’il soit roncier, je me faufilaisaussi vivement que la lumière me le permettait. J’étaisévanescence, disparaissant pour réapparaître auprès des féesdont la compagnie décidément me plaisait. 61
A ma grande surprise, elles m’apparurent soudainaccompagnées de quelques loups, également nimbés deprécieuses auras. Leurs ailes brassaient l’air pour les rejoindrefaisant voltiger les quelques gnomes dont la hardiesse atteignaitl’effronterie. Elles caressaient ces merveilleux animauxm’invitant à faire de même. L’une d’elle ne me surprit pas enm’apprenant que ce peuple animal était le gardien du sommeilde tous les êtres invisibles et que leurs chants étaient divins pourqui savait écouter la mélodie que leur inspirait la vie. Ils étaienttout aussi protecteur de Dame Nature tandis que les intrus horsde leur vue la malmenait, se gaussant de ses lois, comme de sesvertus. Soudain une biche traversa mes vœux, sans doute sousl’influence d’une fée celle-ci répondit à mon souhait derassembler autour d’elle nombre d’animaux, dont les loups, afinde partager ensemble nos rêves les plus doux. J’étais doucementtransportée par ce songe harmonieux lorsque soudain, ouvrantprestement les yeux, je me retrouvais dans la chênaie, fortementserrée contre mon ami l’arbre sacré. Mon être s’éveilla aux douxfrémissements de la bise soulevée par le vent d’un hiverimpatient. J’ébrouais mon corps comme le ferait un animal,recollant mon oreille au tronc du vieil arbre, mais rien, rien neme parvenait plus si ce n’est cette sensation me donnantl’illusion d’être plus légère, vaporeuse au milieu de la forêt où,en solitaire j’errais. J’emportais chez moi ces précieuxsouvenirs … ils demeurent en moi depuis qu’un jour sur monchemin je rencontrais les Fées sur ces « Champs du Monde » oùla poésie naît. 62
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BelleAucune plaie n’apparaissait sous sa pelisse hirsute vieillie ettristement appauvrie comme si la gale était passée par là ! Lamaigreur lui rongeait le corps qu’elle déplaçait avec peine et aubout de nombreux efforts, cependant qu’elle trouva la force des’enfuir à mon approche. Ô, elle n’alla pas bien loin, quelquesmètres seulement qu’elle franchît, enhardie certainement par lapeur qui l’étreignait. Son regard plongé dans les ténèbresrésistait, refusant de s’y enfermer pour se fermer sur l’éternité.Elle le détournait face à moi, soumise malgré elle de se trouverdans un tel désarroi, tandis que je remarquais au fond de sesyeux ravivés par le soleil d’été, une petite flamme que je voulaisd’amitié. En réalité, elle était terrorisée. Pauvre petit être simalingre, perdu au milieu du vaste pré où, telle les herbescramoisies par la rudesse d’un été caniculaire, elle se laissaittomber ou battre par ses humeurs folâtres. Je n’osai bouger tantelle titubait sous le poids de la souffrance qu’elle devait endurer,cherchant dans mes gestes, un peu de reconnaissance. Jem’asseyais, cherchant à ne pas la brusquer. Quelques instants… puis je me levais alors qu’elle se posait péniblement à sontour. Quand j’allais vers elle, elle fuyait … lorsque jem’éloignais, elle se rapprochait de moi doucement. Dans ceballet incessant d’allures émouvantes, nous faisions un brin deconnaissance. Elle était majestueuse malgré son apparence degueuse ; sentait-elle que je l’étreignais du regard cette rencontrede hasard, pauvre solitude errante, affamée, prise au piège del’hostile ignorance ou de l’imbécilité des hommes. 64
Je m’en souviens toujours douze ans après, les parois de sonventre se touchaient presque faisant ressortir sa maigreurpesante sous laquelle elle ployait de crainte et d’attente. Sescôtes s’alignaient une à une lorsqu’elle gonflait son poitrailpéniblement sous la poussée d’un misérable souffle quel’instinct de vie lui dictait. Sa truffe craquelée n’avait plus rienà sentir si ce n’est la troublante inquiétude dans laquelle elle setrouvait. J’étais subjuguée par son regard qui n’avait rien decelui d’un chien de compagnie … il était pénétrant, habité de sadouce présence, de cette sorte d’élégance innée que l’on doitaux âmes bien nées. Si elle fut pantelante, ne se tenant pas oupeu sur ses pattes joliment effilées, elle montrait néanmoins unebelle assurance, de la prestance je dirais. J’étais frappée parl’incroyable atrophie de son corps infesté de tiques et autresbestioles qui n’avaient rien de domestiques, sa fragilitédémesurée qu’elle traînait tel un boulet … était-elleabandonnée, sûrement ! Et depuis trop longtemps soumise auxrigueurs du temps … sûrement ! Une fois sur trois ou quatre, àmon approche, elle souriait, du moins je le croyais. Ellesoulevait ses babines sur le devant qu’elle rehaussait memontrant ses blanches incisives à peine rognées par le temps.En vérité, elle grognait intérieurement, sans doute pour ne pasm’effrayer ou m’inspirer le respect qu’elle aurait aimé que l’oneut pour elle, petit être délabré. Ses oreilles dressées sepenchaient vers l’arrière lorsque je l’invitais d’une maincaressante à rassurer la tourmente et cette hantise qui ladévorait. Quatre heures n’ont pas suffi à apprivoiser ses sourireset ses rumeurs haletantes, imprégnées de tendresse et qu’elle medestinait. 65
Nous discourions sans voix elle et moi, seulement par gestes oumimiques interposés ; elle dans son langage d’animal, moi danscelui d’une humaine émue en face d’elle. Nous étions enprésence l’une de l’autre au bout de quelques heures commedans une danse où nous nous faisions la révérence, nouscraignant et nous respectant dans le même temps. Il nous fallutpas moins de sept heures de patience et d’assidue constance àl’une comme à l’autre pour unir nos soupirs, nous rejoindre etcommunier enfin, nous unissant sans nous asservir … et pourmoi, tendre la main sans fuir ses instincts quand de son côté elleacceptait de s’allonger humblement face à moi. Quel honneur,quel bonheur de pouvoir enfin caresser son museau, suivre lesformes de son crâne squelettique et bossué … tenir dans mamain son oreille apprivoisée par le son de ma voix ne cherchantplus à se dérober. J’étais conquise par cette nouvelle amitié. Jene pensais plus qu’à une seule chose, voir entrer la Belle toutefaite d’ecchymoses chez moi et la réconforter, la soigner de toutmon cœur et de toutes mes forces. Lui redonner cette confiancequ’elle avait perdue dans de troublantes circonstances qui mesont inconnues jusqu’à ce jour mais dont je ne douteaucunement de leur provenance. Sa confiance me fut offertedurant les heures qui suivirent cette rencontre inopinée. Elle mesuivit dans la demeure qui allait devenir jour après jour, annéeaprès année la sienne, et c’est proche de moi et moi en sacompagnie que nous avons appris à communiquer peu à peu, ànous connaître jusqu’à nous aimer. Je craignais tant les touspremiers jours qu’elle ne faiblisse pour partir à tout jamais …elle était si faible, si affamée, n’ayant avalé de réelle nourrituredepuis tant de mois ou si peu qu’elle avait l’estomac fermé àtoute alimentation, même la plus menue. 66
Il aura fallu des semaines et des larmes contenues avant queBelle ne tienne vraiment sur ses pattes ce corps affaibli par demalsaines énergies, de mauvais traitements dont elle garda lesséquelles durant trop longtemps et encore aujourd’hui de tempsen temps. Sa formidable résistance conjuguée à ma tendrepatience ont permis au miracle de se produire. Avec l’aide d’unvétérinaire maître en la matière, nous avons permis à cemagnifique animal de se rétablir et de convenir de son avenir. Ilfaut dire qu’elle est tout à fait spéciale cette précieuse amie dontje ne cesse depuis son arrivée à mes côtés de vanter les mériteset les diverses qualités. Il n’y a rien d’étrange à cela si ce n’estqu’elle est Louve et de belle naissance. De ces êtres de la nuit,que la Lune bleuie dans sa fluorescence entraîne deconcupiscence et de désirs enfouis en nous … mais aussid’ignorance à leur égard et de revers que nous leur faisons subir,de psychoses au long cours qui durent depuis la nuit des temps.Nous n’avons de cesse elle et moi de parfaire, d’entretenir cetteamitié entamée voilà douze ans lorsque penaude je l’admiraisde sa tête à son flanc, de ses pattes à sa queue qu’elle tientdésormais de manière souveraine, telle la mystérieuse Louvequ’elle est tandis qu’elle chante ou pleure certains soirs d’étévers l’astre de la nuit lorsqu’elle est dorée ou enfouie, appelantla meute afin que jamais elle ne l’oublie. 67
Tir au LoupOn me disait croque-mitaine et terrifiante, j’avais bien de lapeine à chasser dans les plaines ou sur les monts lorsque jecroisais le mouton pour un repas qui somme toute était frugal,pour moi et ma joyeuse bande de crocs mignons. Pourtant jesuis un animal intelligent, ami de l’homme qui me persécutaavec acharnement, et ce, depuis si longtemps que l’on medécrivit partout de sinistre réputation, hélas que je ne pouvaispas démentir, n’étant pas moi-même un sire. J’avais beau mecacher, épier dans la haute végétation l’instant propice qui mepermettrait de nourrir ma famille et mon clan, rien n’y faisait…ils étaient là aux aguets quand j’étais moi-même aux abois, ilsépiaient mes moindres pas, pour me chasser jusqu’à vouloirnotre extermination tant ils étaient certains de voir en nousd’ignobles assassins. On nous fit la guerre à grand coup detonnerre, on nous brisa l’échine, tout était bon pour nous couperle souffle que nous avons pourtant si puissant mais pour fuirseulement et nous éloigner de ces individus armés qui sesignaient avant de nous tuer, nos louves et nos louveteaux avecnous.L’homme écrivit quelques comptines pour prouver à ses enfantscombien nous sommes indignes, de chausse-trappes entraquenard, il amena à croire de nombreuses populations qu’iln’y avait en nous que du mauvais, tantôt loups, tantôt diables,pervers et vicieux, allant même jusqu’à nous traiter de sorcièresen des temps de vaines prières… enfin, ils inventaient un peun’importe quoi pourvu que nous leur débarrassions le plancheroù les troupeaux paissaient. 68
Ils nous intimidaient tant et tant que nous ne savions pas oùaller, vivant cachés vers les plus hauts sommets, pour ne pasoublier que nous avions une origine et qu’il fallait la préserver.A présent nous vivons, quelques-uns d’entre nous sont rescapés,ils ont fait le choix de vivre en toute liberté, ils vagabondent oùles entraînent la ronde de leurs amours et de la famille qu’ils ontfondée, comme font les hommes qui veulent nous en priver ; lesautres ont réussi à s’adapter ayant choisi la semi-liberté, elle estdélimitée et ils sont cloisonnés, retranchés comme desprisonniers, la plupart d’entre eux s’essoufflent. D’autresencore n’ont pas oublié, ils sont rebelles à tout et sillonnent lesmontagnes et les forêts, ils sont de pauvres hères délaissés, maisfiers de n’être pas des prédateurs de l’homme, l’homme quichasse le loup comme il chasse l’homme. Ils demeurent desloups que rien ni personne ne peut empêcher d’exister, sauf leshommes, encore eux, qui les traquent aujourd’hui en les tirantdu bout de leurs fusils. Nous ne sommes plus beaucoup, nousles Loups, et il est permit de tuer six d’entre nous chaqueannée…. Dans neuf départements du Sud-Est de la France. 69
LupaLorsque la Lune drapée de son aura apparaît, ronde, sourianteaux étoiles enluminées par sa vaste clarté ; sous la voûte célestegagnée par la nuitée, des ombres se glissent, graciles dans lapénombre. Aux portes du temple, frôlant les hautes colonnes oùles divinités prônent, veillant sur les sommeils, des silhouettesoccultes gagnent doucement les rues que la vie quitta pour unrepos bien mérité. Une à une, chacune d’elles se profilent sur laterre piétinée par des êtres dociles dont les visages burinés, lescorps brunis par l’ensoleillement, épuisés par le labeur, sereposent à présent. Le silence apaisant ayant gagné la cité,toutes ces ombres furtives se rejoignent en son cœur, hurlantvers le ciel et sa douce torpeur une tendre ritournelle invitant lesamants aux amours éternelles.Des palmiers assemblés qu’une oasis garde au frais, aux ruellesassombries par l’obscurité, ces cérémoniales présences surgiesdès la nuit tombée, chantent, dansent avec volupté le sacred’une séduisante destinée. Dans cet antre où la légende naît, lecharme allié à la vénusté rend hommage à la fécondité appelantles jeunes hommes aux rites orgastiques, glorifiant ainsi laféconde virginité de ces vestales déesses visitées par les mâlesvenus les retrouver. Ferventes prêtresses, philanthropes del’amour, incitant à la liesse, toutes ces femmes, nimbées dudésir d’aimer s’abandonnent alors, laissant là leurs effetsombrageux pour l’ardente lumière … offrant à leurs amoureuxdans des gestes gracieux, le rite glorieux et néanmoinséphémère des amours passagères. 70
A croire que les humains, parce qu’ils se disent douésd’intelligence et de raison, ne peuvent s’imaginer un seul instantque nous pouvons l’être aussi …. Ne sommes-nous pas lesenfants de la Lune quand ils demeurent terriens, bassementattachés aux seuls liens de quelques anciens leur dictant leursmaintiens, délaissant ainsi l’instinct dont tous les êtres sontpourvus dès la naissance. Certes, nous aussi avons des règlesparfois strictes et que nous suivons à la lettre mais tout demême, les valeurs héréditaires légués par nos ancêtresdemeurant les seules richesses édictant nos lois, nous lesgardons en nous précieusement. Et parce que nous n’avonsguère de frontières où s’installent de vains préjugés, nous allonsoù vogue la galère, en meute ou solitaires mais heureux de nousretrouver même si parfois nous sommes quelque peu affamés.Nous sommes souvent solidaires tenant cela de notre Mère nousayant appris que la discrimination est mauvaise conseillère.Ainsi, en s’abstenant de grandir autrement qu’en suivant lenaturel qui n’a rien d’artificiel, l’humain dut choisir entre lespontané et le contraint qui lui fut soumis en des tempslointains. 71
MoralitéAujourd'hui je vais me montrer moins comment dire, incisive,en effet, je suis dans les nuages, à rêvasser encore à un mondemeilleur : faut pas croire mais malgré mon apparence j'ai dessentiments comme tout mammifère qui se respecte, et si parfoisje ne sais exprimer dans mon regard autre chose que de lasollicitude, j'aime à penser que dans les yeux de chaquepersonne que je vais croiser sur mon chemin ce jour, je vais ytrouver une flamme, non pas celle qui va me brûler mais plutôtcelle qui me réchauffera le coeur !!!J'ai une pensée pour les Loups ce matin, ceux que l'on désigneaussi comme des êtres malfaisants, obligés de se retrancher pourfuir l'être humain. Pourchassé depuis des lustres, massacréparce que l'on se borne à voir en cet animal un ennemiredoutable. Croyance aveugle ou anesthésie profonde ducerveau humain qui se donne le droit, le pouvoir de décider,d'aiguiser les esprits afin de montrer du doigt puis l'abattre peuimporte la manière, qui de nous parmi l'homme ou l'animal estnuisible à une société ! J'en bave de colère ! Mais comme à monhabitude, il me prend à rêver d’un monde meilleur cependantque nous avons encore du chemin à faire avant d'atteindre leseuil à ne pas franchir, donner la mort sans pitié ! 72
Mise en page et édition Take Your ChanceAchevé d’imprimer par : Books on Demand GmbH,Norderstedt, AllemagneDépôt légal : Septembre 2015ISBN 978-2-37351-012-6
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