Important Announcement
PubHTML5 Scheduled Server Maintenance on (GMT) Sunday, June 26th, 2:00 am - 8:00 am.
PubHTML5 site will be inoperative during the times indicated!

Home Explore Mag CCI Guyane N°113 v4

Mag CCI Guyane N°113 v4

Published by edith.cochet973, 2016-06-01 15:28:14

Description: Mag CCI Guyane N°113 v4

Search

Read the Text Version

Dle éveloppement Juin 2016 // N°113 Le magazine trimestriel d’Information économique et consulaire de la Guyane



Une recette gagnante éditonommée Made in GuyanePour réaliser le dossier de ce numéro de notre magazine, nous Guyane et la surpopulation des très petites entreprises, le terreausommes allés à la rencontre des artisans et des entreprises des entreprises de taille moyenne ressemble à un désert ? Rienayant réussi ce pari que certains pensent perdu d’avance, celui d’anormal à ce que nos jeunes entreprises subissent un taux dedu Made in Guyane. Ce tour de la Guyane du littoral nous a mortalité infantile élevé : le constat est le même dans l’Hexagonepermis de mesurer à quel point notre pays regorge de talents. et aux Antilles. La spécificité guyanaise, c’est l’empêchement àCes femmes et ces hommes, courage et détermination chevillés passer le cap de la maturité. Les causes du mal ? Une législationau corps, sont dépositaires d’un savoir-faire exceptionnel, qui sociale et fiscale étouffante, pour le moins inadaptée. Faces’appuie parfois sur une vieille et belle histoire riche d’influences aux rouleaux compresseurs surinamais, demain brésilien, quivenues d’horizons très divers. submergent nos marchés, et ne tarderont pas à remplir nos caddies, il faut bien plus que des mesures incitatives pourCertains d’entre eux, en effet, sont des héritiers d’une tradition inverser le courant. Le produit fabriqué en Guyane est souventd’excellence, qui font la fierté de notre territoire, participent hors de prix, bien plus cher que celui de des pays frontaliers,aussi à son rayonnement à l’étranger. Nous ne sommes pas parfois même plus cher que celui en provenance des Antilles etpeu fiers d’avoir tendu le micro aux porte-parole de ce « label de l’Hexagone. Ce sont donc des pans entiers de notre systèmeguyanais » ancestral certes, mais bien vivant ! De plus, tous ces fiscal et social qu’il faut remettre en ordre de bataille, car c’estacteurs qui font vivre le Made in Guyane ne rechignent pas à bien de cela qu’il s’agit. La législation actuellement en vigueurinnover, pour toujours s’inscrire dans la modernité. Ici et là, ils s’avère être un véritable encouragement à l’importation. Uneretravaillent leurs offres et changent leurs façons de faire. Ils subvention à l’envers pour nos usines et ateliers.ne cherchent pas à répondre à tels ou tels idéologie ou courantde pensée. Ils ont compris que la fabrication guyanaise ne se La question du Made in Guyane et, plus généralement, celle derésume pas à un amas de contraintes (taxes, impôts, coût du la compétitivité des produits guyanais, est au cœur de tous lestravail, formalisme administratif…). En installant des usines à problèmes que nous connaissons : chômage, déficits, comptesCayenne ou à Sinnamary, on sauvegarde certes des emplois, sociaux, délinquance, balance commerciale, pouvoir d’achat,ceux des salariés-consommateurs. Mais surtout, on garantit environnement. Ce n’est pas un sujet de circonstance parmiune qualité, une sécurité sanitaire, une traçabilité, des délais d’autres, c’est LE sujet principal et vital d’où tout découle et pard’approvisionnement. Et pour cause. Le made in Guyane ne peut lequel tout passe ! Les chefs d’entreprises le savent bien, quipas être imposé. Il doit être un choix voulu et assumé par tant les quotidiennement sont confrontés aux affres de la concurrence,industriels et les distributeurs que par les consommateurs. au poids des charges, aux contraintes des 35 heures, à la précarité de la sous-traitance, à la nécessité de l’innovation ouEtre entrepreneur est sans doute plus facile - et valorisant - aux aléas de la recherche des moyens de financement.aujourd’hui qu’il y a dix ans. La clef : l’émergence d’un écosystèmeà la guyanaise, qui commence à susciter autant l’envie Pour autant, nous ne faisons pas du «Produit en Guyane» und’entreprendre que d’investir, la consolidation du logo Produit mantra. L’expérience nous instruit que l’avenir de notre industriede Guyane, la mise en place de séances de formation adaptées passe par l’international, que le Made in Guyane doit se mariercomme 5 jours pour entreprendre, le début de la construction au Made in monde, en l’occurrence à la coopération régionale,de vrais soubassements, à l’image de Guyane Développement à condition toutefois que nous acceptions de nous décaler versInnovation. Et nos collectivités majeures commencent à faire le le haut, en nous concentrant sur ce que nous pouvons réaliserjob. La Collectivité Territoriale de Guyane peut être remerciée mieux que nos voisins, des produits plus performants, attractifs,de s’employer à réfléchir à une nouvelle économie mixte, agile à plus forte marge ou réalisés selon des process plus efficients.et efficace.Mais ce frémissement que l’on pressent, et que pourrait amplifierle Made in Guyane, suffira-t-il à dépeupler la « vallée de la mort »qui veut, qu’entre les filiales de grands groupes implantées en Le Développement // Juin 2016 // N°113 1



sommaireEdito 1 Actualités Pays Guyane 9• Une recette 4à7 gagnante • Interview de Délices Olguine nommée • L a Collectivité Territoriale de jeune chef d’entreprise à la Made in Guyane Guyane - pages 4 et 5 tête de deux établissements de Services à la personne - page 9 • Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) - pages 6 et 7Initiatives Eclairage10 à 13 8à9• Interview de Enzo Carasso • Entreprises innovantes - Le jeune guyanais a créé ce qu’il appelle The Startup pages 14 et 17 Bus Montréal - pages 10 et 11 • L e Made in Guyane  ?• Centre de ressources - pages 12 et 13 par Nestor Radjou - pages 18 et 19Evènement 22 à 33Dossier : Made in Guyane• Le logo qui distingue les produits guyanais- pages 22 et 23• Témoignage de Yves Simoneau sur le trophée. - page 24• La Marque Parc, le label que vient de créer le Parc Naturel Régional de la Guyane - pages 25 à 27• Interview de Jean-Robert Lucret, créateur d’une entreprise de télépilote de drones - pages 28 et 29• Entretien avec Olivier Dummett, artisan-chocolatier - page 31• Entretien avec Jacques Gry, apiculteur - pages 32 et 33Le Développement N° 113 / Juin 2016 / Magazine consulaire d’information économique / [email protected] /Chambre de Commerce et d’Industrie de Région Guyane / Place de l’Esplanade B.P49 - 97321 Cayenne Cédex/ Tél : 0594 29 96 00 / Fax : 0594 29 96 34 / www.guyane.cci.fr / Directeur de la Publication : Richard Gabriel (Président dela CCIG) Directeur de la Rédaction : René Ladouceur (Chargé de Mission-Communication) / Coordination : E-Com(0694 21 90 94) / Ont collaboré à ce numéro : Services consulaires / Photos : E-Com / Crédit photos : E-Com / Création,conception, impression et régie publicitaire : Editions BUCEREP 54 bis, rue Alsace Lorraine / BP 41435 / 31014 ToulouseCédex 6 / Diffusion CCI Guyane / ISSN 0761 5957 / CPPAP : 2000 ADEP / Tirage : 3 000 exemplaires / Dépôt légal à parution Le Développement // Juin 2016 // N°113 3

actualitésLa CollectivitéTerritoriale de GuyaneLe partenaire clef du développement économique*Le développement économique constitue une des priorités pour l’équipe aux commandes de la première mandature dela Collectivité Territoriale de Guyane. Résolument, pour les années à venir, l’objectif principal est de doter la Guyane d’unvéritable Schéma de développement économique endogène, qui soit à même, notamment, d’absorber les besoins liés àla forte croissance démographique du territoire.Optimiser l’action publique en faveur des filières économiques, La gestion des Fonds européens :mieux coordonner les outils de conseil et d’accompagnement des un réservoir de 550 millions d’eurosentreprises, contribuer à la relance et avancer des solutions pourtenter de répondre aux urgences en matière d’emploi… telles sont les Incontestablement, ce schéma de développement économiqueorientations prioritaires que la CTG entend poursuivre dans sa quête devra s’articuler avec les fonds européens, qui constituent l’und’aboutir à la création d’un nouveau modèle de développement des principaux leviers dont disposent la Guyane pour soutenir son dynamisme économique.Dans un contexte marqué par une grande précarité, la programmationd’une commande publique, fiable et conséquente, échelonnée en Les fonds européens, c’est 550 millions d’euros d’aide àfonction des priorités, s’avère être l’une des pierres angulaires de ce l’investissement pour la période 2014-2020.schéma. Singulièrement, il est fondamental de mettre à la dispositiondes entreprises du BTP toutes les conditions envisageables, qui 550 millions d’euros, et sans doute davantage, au service dupourraient leur permettre de se projeter, de recruter, et donc d’investir rééquilibrage territorial, de l’emploi, de la formation professionnelle, dedans un avenir meilleur. l’insertion, de l’agriculture, de l’agro-transformation, de la valorisation des ressources naturelles de la pêche, et de l’aquaculture.Un tel schéma de développement est devenu indispensable. Il s’inscritdans la continuité de la révision du schéma d’aménagement régional, La gestion des fonds européens a été rendue possible par l’acte 3le SAR, ce grand schéma de projection qui a été voulu et pensé au de la décentralisation et le vote de la loi du 27 janvier 2014. Il s’agitservice d’une urbanisation cohérente de la Guyane. Ce document d’une opportunité proposée par le Gouvernement, et qui apporte lastratégique et évolutif, qui prend en compte les besoins locaux en preuve de la capacité des équipes aux manettes d’assumer cettetermes de logement, de préservation des espaces remarquables, prérogative, avec la validation par la Commission européenne descherche à établir les paramètres d’un développement économique 3 principaux programmes européens du FEDER-FSE, du FEADER,sectorisé, déterminé par rapport aux atouts et aux potentialités des et de la coopération transfrontalière et transnationale, ainsi que lesdifférentes parties du territoire. mesures régionalisées du FEAMP.L’exploitation des ressources minières (or et pétrole) et de la biodiversitéParmi les filières à haute importance stratégique, qui figureront en bonne place au sein du schéma de développement économique, il y a, bien sûr,le minier ; qu’il s’agisse du minier terrestre, c’est-à-dire, l’or, le plus souvent ; ou du minier maritime, à savoir, le pétrole.En application de la loi d’orientation pour l’Outre-mer, pour laquelle les décrets d’application n’avaient jamais été publiés, la CTG dispose désormaisde la compétence en matière de délivrance des permis miniers maritimes, suite au recours qui a été déposé devant le Conseil d’Etat, et pour lequell’ancienne Région avait obtenu gain de cause.L’ambition, vous l’aurez compris, désormais, c’est d’obtenir l’extension de cette disposition aux permis miniers terrestres. Il s’agira alors de réaliserun pas supplémentaire vers une reprise en main au niveau territorial de la filière aurifère guyanaise, et vers un meilleur accompagnement desopérateurs miniers locaux.La CTG entend approfondir les pistes de développement d’une exploitation « industrielle » de la biodiversité guyanaise.A ce titre, plusieurs actions majeures, comme la valorisation du programme d’étude scientifique Guyamazon entre la Guyane et le Brésil, dansle cadre du P.O Amazonie, sont menées de front. Cette démarche, qui prévoit l’évaluation des principes actifs des pharmacopées amazoniennes,entend accompagner la création d’entreprises de valorisation de la biodiversité guyanaise dans les domaines de la cosmétique, l’agrochimie etla pharmacologie. Le développement du secteur de la recherche et la rentabilisation financière des savoirs traditionnels demeure un challengeimportant dans la négociation menée avec l’Etat.4 Le Développement // Juin 2016 // N°113 *Le titre est de la rédaction

Les alternatives du bois, de la brique, de l’industrie de la transformation et du tourismeOutre l’or et le pétrole, le bois fait partie des ressources naturelles extractibles et valorisables qui offre de fortes perspectives d’emplois. Encoreune fois, l’objectif, c’est d’accompagner la filière, de façon à ce que la production puisse passer de 70.000 à 200.000 m3 par an.Mais plus que la production de bois brut, il est nécessaire, comme cela a toujours été fait, grâce à l’octroi de mer, et avec les fonds européens,de continuer à soutenir les entreprises de transformation qui valorisent la matière première, et qui offrent de nouveaux débouchés, sur le marchédomestique comme à l’export.La CTG entend également accompagner les porteurs de projets afin de parvenir à l’amélioration de l’offre touristique et renforcer l’attractivité. Cevaste chantier se base sur la mise en œuvre, dans les bassins de vie, des contrats territoriaux de développement touristiques, et la valorisation del’image du pays à travers la déclinaison d’outils comme « le voyage en Guyane », les « Pass » touristiques, un tourisme « pays » avec les résidents…Aujourd’hui, la Guyane dispose enfin de sa Collectivité territoriale unique. Depuis le 18 décembre, date d’installation du nouvel Exécutif, laresponsabilité des équipes placées sous la présidence et donc l’impulsion de Rodolphe Alexandre est grande. Le partenariat avec l’Etat, lescommunes et les privés représente une donne fondamentale pour la construction d’une société multiculturellecomposée d’un peuple qui se doit d’être uni dans sa diversité.En dépit de difficultés spécifiques et d’un déficit inquiétant, chiffré de façon réaliste par un récent rapport CONTACT :présenté par l’ancien sénateur Georges Othily et étudiant les budgets des anciens Département et Région, DAVID TECHELla Guyane dispose désormais d’une feuille de route, unique et cohérente, destinée à inscrire sa populationsur la voie d’un développement économique et social, de manière durable et solidaire. David Techel Tèl : 0594 27 58 36Aides aux entreprises Les régions piloteront le plan de formation des demandeursLes secteurs prioritaires d’intervention de la d’emploiCollectivité Territoriale et qui traduisent la volontéde mettre en place les conditions d’un véritable Le coup d’envoi du plan 500 000 formations auxdéveloppement économique : demandeurs d’emploi, annoncé par le Président de la République, François Hollande, a été donné. Les microcrédits Une réunion quadripartite réunissant la ministre du Travail, Myriam El Khomri, la secrétaire d’Etat à Les prêts d’honneur la Formation Professionnelle, Clotilde Valter, des présidents de Région et des partenaires sociaux, s’est Les outils d’ingénierie financière déroulée le 29 février. A cette occasion, le Gouvernement a confirmé sa le Fonds d’avances remboursables, destiné à répondre volonté de confier aux régions – à la CTG, en ce qui aux besoins en préfinancement des entrepreneurs pour concerne la Guyane - le pilotage de ce plan de près les filières agriculture, pêche, aquaculture, et mine ; d’un milliard d’euros qui vise à doubler l’effort de formation des chômeurs d’ici à la fin de l’année 2016. le prêt de développement territorial, créé en partenariat Le plan a été officiellement lancé mardi 1er mars 2016. avec la Banque publique d’investissement ; Le Développement // Juin 2016 // N°113 5 la pépinière des entreprises innovantes, portée par Guyane Développement Innovation ; la mise en place d’une stratégie de l’innovation pour le développement de la recherche dans la biodiversité et les technologies du spatial.

actualitésProgrammationPluriannuelle del’Energie (PPE)Prévoir les besoins en énergieLa Collectivité Territoriale de Guyane et l’État, en concertation avec les acteurs locaux rassemblés en groupe de travaildepuis mai 2015, ont travaillé à l’élaboration de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE).Cette programmation opérationnelle évalue les besoins du territoire biomasse...), s’inscrivant ainsi dans les objectifs de la loi de transitionen énergie, aux horizons 2018 et 2023, et détermine les moyens énergétique pour une croissance verte, et exploitant durablement lesnécessaires pour y répondre en termes de moyens de production potentialités de la Guyane.d’énergie et d’extension des réseaux électriques. Elle doit permettre notamment d’engager dès 2016 d’importantsLa PPE fixe ainsi les grandes orientations pour garantir la sécurité chantiers de centrales biomasse et hydraulique.d’approvisionnement énergétique du territoire et faire face aux enjeuxdémographiques sans équivalent de la Guyane ainsi qu’à l’émergence Elle intègre également la mise en place de la relève de la centrale dede projets industriels majeurs. Dégrad-des-Cannes, dont l’arrêt est programmé en 2023.Ceci se traduit par des perspectives de croissance de la demande La PPE prévoit la conduite des études nécessaires à la priseénergétique et notamment par l’apparition de nouvelles zones de de décisions d’ici 2018 en matière, notamment, de faisabilité deconsommation à l’est et à l’ouest. réalisation d’un second grand barrage, d’extension de réseaux de transport et distribution d’électricité ainsi que d’énergie dans lesConcernant l’énergie électrique, la PPE intègre le développement projets miniers.des énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire photovoltaïque,6 Le Développement // Juin 2016 // N°113

Objectif 2023 Système électrique actuelPlus de 90 % de l’électricité Un réseau électrique de taille réduite, non interconnecté :consommée sur le littoral guyanais U ne frange littorale développée, pas de réseau dansest produite par le barrage de Petit l’est,Saut et la Centrale au fuel de Dégrad- L es communes de l’intérieur isolées non raccordées,des-Cannes. Cette centrale sera D es moyens de production d’électricité diversifiés enfermée en 2023 en raison de rejets zone littorale /thermiques pour l’essentiel dans l’intérieur.non conformes. La ProgrammationPluriannuelle de l’Energie prévoit Projections de la demande en électricitéla construction d’une nouvellecentrale, de même puissance. 2014 / 2018 : +106 GWh (+12%)Pour faire face à la croissance des 2014 / 2023 : + 257 GWh (+30%)besoins guyanais, l’Etat et la région 2014 / 2030 : + 417 GWh (+48%)tablent sur le développement desénergies renouvelables. L’objectif Les objectifs de production à Les communes ded’ici 2023 est un quasi doublement partir d’énergie renouvelable l’intérieurde la production d’électricité à partird’énergies renouvelables. Projections de la demande en électricité 49 % des logements ne sont pas électrifiésLes différentes solutions deproduction d’énergies renouvelables 2014 / 2018 : +2,6 GWh (+16%)Il y a d’abord la biomasse, c’est- 2014 / 2023 : + 7 GWh (+43%)à-dire produire du courant enbrûlant du bois, comme à Kourou 2014 / 2030 : + 14 GWh (+85%)par exemple. La PPE prévoit aussile développement de l’énergie Le conflit qui a fait mouchesolaire. On passerait de 39 à72 Méga Watt, avec surtout des Septembre 2015. Une partie des salariés d’EDF mène une grève sans précédent. Se trouvent aucentrales équipées de batteries cœur de ces tensions la question des emplois supplémentaires réclamés par l’UTG, les critiquespour alimenter le réseau même le sur le processus d’élaboration de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie – la PPE –, maissoir ou en cas d’intempéries. Autre aussi et surtout de fortes inquiétudes quant à l’avenir énergétique de la Guyane. Et pour cause. Lagisement possible, l’éolien, encore vétusté et le sous-dimensionnement de l’appareil productif ne permettent plus de répondre à lainexploité en Guyane. la PPE table demande énergétique de la population, dont la courbe de croissance est exponentielle.sur 20 Méga Watt d’ici 8 ans. Etcomme dernier axe, la construction Le Développement // Juin 2016 // N°113 7de petits barrages au fil de l’eau,avec un peu plus de 20 Méga Wattprévus d’ici 2023.Les spécificités pourla GuyaneLa loi prévoit que la PPE : s oit co-élaborée par le représentant de l’État (le Préfet) et le Président de la Collectivité (la PPE locale adoptée se substituera à la PPI nationale), s ’appuie sur le bilan pluriannuel d’EDF sur la production et la consommation électriques, d oit permettre d’atteindre des objectifs chiffrés fixés par la loi, c omporte un plan de développement de la biomasse, fixe des mesures pour donner l’accès à l’électricité aux habitations non raccordées à un réseau public.

O OdeuIlmeàsatgdinGeesz…ulyiamneites un Territoire de 40 945 km2 composé de 8 communes :Apatou,Awala-Yalimapo, Grand-Santi, Mana, Maripasoula, Papaïchton, Saint-Laurent du Maroni et Saül.16 fois la Réunion, 24 fois la Guadeloupe,37 fois la Martinique, 109 fois MayotteImaginez… un territoire qui connait une croissance démographique hors du commun, (83 412 habitants en Janvier 2016 qui selon des estimations sera de 120 000 habitants en 2020, l’Ouest comptera plus de 230 000 habitants.Imaginez… Selon l’INSEE en 2030) un Territoire dont la population se compose de Créoles, Amérindiens,Imaginez… Bushinengués, Hmong, Chinois, Haïtiens, Européens, Surinamiens… un territoire dont 60% de la population à - de 20 ans.Un territoire FORT de son immensité,Fort de sa jeunesse, fort de sa population multi-ethniqueFort de sa dimension transfrontalière avec le SurinameLa Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais est un acteur incontournable dans l’aménagementdu territoire et son développement économique durable.Cependant, une des particularités du territoire c’est également l’inégalité de l’accès au service publicpuisque 30% de sa population n’a pas accès à l’eau et à l’électricité.FACE AUX ENJEUX MAJEURS LIÉS À L’EMPLOI, LA COHÉSION SOCIALE, L’ENVIRONNEMENT,LA CCOG S’INSCRIT PLEINEMENT DANS UNE POLITIQUE VOLONTARISTE POUR :• Favoriser l’accès à la population aux commodités de base et les dimensionner par rapport à la croissance démographique• Développer des outils d’accompagnement de l’initiative privée et des formations adaptées• Améliorer le territoire pour assurer son développement économique et son désenclavement• Assurer une cohésion socialeCOMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’OUEST GUYANAIS OUEST GUYANE

pays guyaneINTERVIEW : « Les entreprises de Service à la personne ont encore de beaux jours devant elle. »Délices Olguine,jeune chef d’entreprise à la tête dedeux établissements de Services àla personneDélices Olguine est aujourd’hui à la tête de deux établissements de Services à la personne. Le premier a été crée en 2010et le second, en 2012. En 2014, la jeune chef d’entreprise a abandonné le statut d’auto entrepreneur pour enfiler celuid’une EURL, un chef d’entreprise à part entière. Le Développement : Pourquoi avez-vous choisi, pour vous Le Développement : Quelles sont les principales difficultéslancer dans la création d’entreprise, le secteur d’activité des auxquelles vous êtes actuellement confrontée ?Services à la personne ? Délices Olguine : Par ordre d’importance, je dirai d’abord les Délices Olguine : Pour faire face aux problèmes de chômage impayés car c’est ce qui tue beaucoup d’entreprises, malheureusement.dont j’ai fait l’objet. J’étais constamment en quête de nouvelles idées Le manque de qualifications des intervenant(e) (s) car il a fallu mettrequi pourraient me sortir sur la liste des demandeurs d’emploi. J’ai en place des formations (qui dit mise en place de formation dit aussipassé beaucoup de temps à chercher des idées sur internet. J’ai trouver les financements !…) et enfin pouvoir concilier vie de famillefait des tentatives qui ont échoué (e-commerce, VDI, …). Quand on et vie professionnelle.cherche sur internet, on ne trouve pas que des bonnes choses… maisj’ai eu raison d’essayer car j’ai beaucoup appris de mes erreurs. Le Développement : Qu’avez-vous envie de dire aux jeunes de votre âge pour les inciter à créer leur propre entreprise ?En 2010, j’ai commencé une activité d’aide aux démarchesadministratives, destinée aux particuliers. Cette activité m’a permis Délices Olguine : Ce que je dirai aux jeunes, c’est : « Vas-y » !d’être plus proche des gens, de faire face aux problèmes que cespersonnes rencontrent au quotidien mais ce qui revenait sans Le Développement : Comment voyez-vous l’avenir de lacesse c’était le chômage également. J’ai eu donc l’idée de créer un Guyane du point de vue de son développement ?organisme qui ferait travailler beaucoup de personnes. En creusant,en cherchant toujours sur internet des activités génératrices d’emploi, Délices Olguine : C’est une très bonne question et embarrassanteje suis tombée sur le concept « services à la personnes » et là j’ai crié mais je vais être sincère dans mon raisonnement. Nous avons laEUREKA ! Je ne l’ai pas inventé mais dans ma tête c’était une idée chance de vivre sur un beau territoire ; nous sommes à l’abri denouvelle et j’étais surexcitée à l’idée de pouvoir mettre ça en place beaucoup de catastrophes naturelles ! Mais la Guyane est dans une! C’est de là que la machine a été lancée, avec des heures et des phase très compliquée par rapport à son développement. La populationheures de travail. et le chômage suivent la même courbe et vont dans le même sens. Je ne sais pas si tout le monde s’en rend compte mais nous avons Le Développement : Vous êtes aujourd’hui à la tête de un réel problème. Nous devons mettre en avant la production locale,deux entreprises. Comment voyez-vous l’avenir du secteur encourager et développer l’agriculture, créer plus d’emplois…des Services à la personne en Guyane et à Kourou enparticulier ? Propos recueillis par René Ladouceur Délices Olguine : Je dirai que les activités de SAP ont encore debeaux jours devant elles, que ce soit à Kourou ou sur toute la Guyane.CONTACT : Nos horaires d’ouverture :ADOMI’serv- groupe Guyane PrestationsTél : 0594 32 43 46 - Fax : 0594 10 28 58 - Port : 0694 93 51 33 Du lundi au vendredi de 08h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30.Mail:[email protected], rue Edjide Duchesne / 97310 Kourou Le Développement // Juin 2016 // N°113 9http://www.adomiserv.com

initiativesINTERVIEW : « C’est cet esprit rebelle que je souhaiterais voir se développer et se normaliserchez moi, en Guyane » Enzo Carasso, revisite pour nous son parcours…Enzo Carasso, un ancien étudiant de l’EGC Guyane, poursuit actuellement ses études à l’Université de Montréal. Le jeuneguyanais a créé ce qu’il appelle The Startup Bus Montréal, un voyage, du 25 juillet au 5 août prochain, à travers tout lecontinent américain, de Montréal à San Francisco, au cours duquel des étudiants triés sur le volet sont invités à proposerdes startups qu’ils auront créées de toute pièce. Cinq étudiants de l’EGC Guyane seront de la partie. Enzo Carasso revisitepour nous son parcours et nous livre ses motivations. Passionnant.A la demande de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guyane, je me livre La découverte d’un ailleursici à un exercice qui ne m’est pas encore familier, à savoir parler de mon parcours. Je stimulantn’ai pas encore eu de réalisation majeure dont je puisse partager les enseignements,je suis simplement un jeune Guyanais qui souhaite contribuer humblement à J’ai eu la chance d’avoir des parents très ouverts sur lerendre son pays meilleur à travers le merveilleux chemin qu’est l’entrepreneuriat. monde et convaincus de l’importance du voyage dansCar je suis intimement convaincu que ma génération doit s’investir pleinement dans le processus de construction d’un jeune. Ainsi, aprèsl’entrepreneuriat, qui permet de libérer sa créativité et sa capacité d’initiative, de mon baccalauréat littéraire au lycée Felix Éboué, j’airepousser ses limites par la prise de risques et de contribuer à bâtir quelque chose eu le choix entre poursuivre mes études à l’universitéd’exceptionnel. L’enjeu est de taille, il s’agit de développer la Guyane et d’en faire une ou partir faire une année de césure. N’étant pas sûrsociété prospère. Si ces lignes résonnent dans l’esprit d’un jeune et lui font songer de ce que je voulais faire de ma vie à 18 ans, ce quil’instant d’une seconde à se lancer en entrepreneuriat, alors j’aurai commencé à faire est le cas de nombreux jeunes de cet âge, je suisun petit peu ma part. parti en Allemagne Pendant un an, j’ai vécu dans un village américain où j’ai pu perfectionner mon anglaisJe suis né à Kourou au début des années 1990 et j’ai grandi entre Macouria, Matoury tout en m’initiant à l’allemand, et j’en ai profité pouret Cayenne. voyager en Europe, ce qui m’a beaucoup ouvert sur le monde et les autres. A mon retour en Guyane, j’aiJ’ai très tôt préféré la lecture à notre sport le plus populaire qu’est le football. En fait, intégré l’École de Gestion et de Commerce (EGC)je lisais tout ce qui me tombait sous la main. J’ai vite perdu tout intérêt pour mes livres de la Guyane, où j’ai découvert avec passion l’universd’école, que j’ai échangés pour les romans de ma mère. Ce qui comptait pour moi, des entreprises. A l’issue de ma première année àc’était de pouvoir me plonger dans un livre au point où l’histoire me semblait réelle, de l’EGC, l’opportunité de partir poursuivre mes étudesme laisser pleinement absorber, pour pouvoir rêver. Arrivé à l’adolescence, la lecture au Québec s’est présentée et, toujours avide dene me suffisait plus car je ressentais le besoin de trouver mon équilibre, quelque découverte d’un ailleurs, j’ai foncé.chose à quoi me raccrocher, quelque chose qui puisse m’inspirer, un chemin à suivre,une ligne de conduite... Bref, une foi en quelque chose de plus grand que moi. “ ”huunsmojjeebuuplsheanuamyeiistseGesnmuictmyoeàinaplrntlleereauminbirdseurqneeutrsionC’est cette quête de sens et d’inspiration qui m’a permis de rencontrer YannickThéolade dit «Gran Dôkô Sawani Makan», fondateur du Djokan, art martial amazonien.Avec ce recul, je considère que j’ai été élevé d’abord par mes parents et ensuite parle Djokan, parce qu’à partir du moment où j’ai fait mon entrée dans le Djokaz, les artsmartiaux sont devenus toute ma vie pendant 10 ans. Ces années ont été parmi lesplus belles et intenses que j’ai vécues et elles m’ont permis de me connecter et deconnaitre ma terre mieux que je ne l’aurais jamais imaginé. Par tout ce qu’il enseigne,le Djokan peut assurément servir de boussole à tout jeune Guyanais et je pense quechacun de nous devrait en connaitre les fondamentaux, tout comme il est normalpour nous d’apprendre à connaitre nos forêts et nos rivières.10 Le Développement // Juin 2016 // N°113

Le Québec et la découverte de l’univers des startupsA mon arrivée au Québec, je prends très vite conscience de Tesla Motors, Google, Founder Institute, Techstars, des entrepreneursl’importance accordée à l’innovation et à l’entrepreneuriat. Je découvre passionnés dont les activités contribuent à avoir un impact sur desainsi un écosystème de startups qui rivalisent de dynamisme et milliers, voire des centaines de milliers de personnes.d’ingéniosité et dont certaines sont des références internationales.Je découvre également des jeunes qui osent, qui n’ont pas peur de Les startups sont différentes des entreprises classiques. Pour lal’échec, qui aspirent à détruire le statu quo, qui défient et dépassent plupart, elles ne développent pas des produits ou des services pourles attentes de tout le monde. En d’autres termes, je découvre de faire de l’argent, elles font de l’argent pour bâtir de meilleurs produitsjeunes entrepreneurs. et services qui aient la capacité de changer le monde et d’avoir un maximum d’impact sur un maximum de personnes. Dans le monde desFasciné par cet univers, je me mets alors à participer à des compétitions startups, on distingue majoritairement deux types d’innovations, soitde startups appelées « Startup Weekend », qui sont les compétitions l’innovation incrémentale qui correspond à l’amélioration d’un produitde startup les plus populaires au monde. existant – Ex : un nouvel iPhone chaque année est une innovation incrémentale – et l’innovation disruptive, ce qui représente souventDe plus en plus passionné, je m’investis pleinement dans les activités l’émergence d’un produit ou d’une technologie qui révolutionne unentrepreneuriales de mon université et me vois confier la présidence secteur –Uber et AirBnB ont respectivement bouleversé les secteursdu Club d’entrepreneuriat étudiant de l’Université de Trois-Rivières. Je du taxi et de l’hôtellerie. Pour une startup, l’ambition est souvent lacontinue à participer à des Startup Weekend, cette fois accompagné quête d’une innovation disruptive, ce qui ne peut être que le fait dedes autres membres de mon Club, ce qui me permet de développer personnalités rebelles et rêveuses. C’est d’ailleurs ainsi que je voismon sens du travail en équipe. Ces compétitions me permettent l’entrepreneuriat, comme une révolution, une révolution personnelled’échanger avec des personnes brillantes et, en faisant équipe avec et économique, une rébellion constructive de personnes qui refusentelles pour travailler pendant 54 heures sur un projet viable, d’être d’accepter le monde tel qu’il est. C’est cet esprit rebelle que jeexposé à une diversité impressionnante de compétences et de savoir- souhaiterais voir se développer et se normaliser chez moi, en Guyane.faire. J’ai notamment rencontré des personnes travaillant chez Intel,M’investir chez moi, être une passerelle entre ici et ailleursVoir des rebelles émerger, qui refusent le statu quo et la seule aspiration à une vie normale, qui souhaitent contribuer à quelque chose de grand,voilà mon rêve pour la Guyane, une Guyane d’entrepreneurs audacieux.Et pour conclure, j’aimerais m’adresser à ma génération et celle qui suit, celle de mon petit frère et de ma petite sœur. Vous êtes jeunes etinsouciants, toujours rêveurs, parfois insensés parait-il, vous prenez des risques, vous échouez… Surtout, continuez. Parce que c’est justementvotre capacité à rêver éveillés et à entretenir votre passion, même quand tout le monde vous dit que vous avez tort, qui vous fera réaliser deschoses exceptionnelles. Et quand l’échec cogne à votre porte, accueillez-le, étreignez-le, car il n’y a rien de plus puissant que l’échec commemoteur de réussite. Notre éducation française nous conduit souvent à voir l’échec comme quelque chose d’absolument négatif et à bannir, or rienn’est plus faux.Je n’ai jamais autant échoué de toute ma vie que pendant les 8 derniers mois et je n’ai jamais autant appris de choses que pendant cette mêmepériode. Si vous apprenez à apprendre d’un échec, vous n’échouerez plus jamais de votre vie. Jamais. Enzo Carasso Le Développement // Juin 2016 // N°113 11

initiativesCentre de ressourcesLa réforme de la formation professionnelleDe nouveaux outils pour la formation de base en milieu de travailLa réforme de la formation professionnelle a pour objectif affiché d’utiliser la formation comme levier pour sécuriserl’emploi et favoriser la compétitivité des entreprises. Quels sont les impacts pour les entreprises ? En quoi cette réformedynamise la lutte contre l’illettrisme en entreprise ?Ce que la réforme change pour l’entreprise ? Le Compte Personnel de Formation, un levier pour la formation des plus fragilesA l’obligation de cotiser succède l’obligation de former. La loi supprimele 0,9% minimum obligatoire pour le plan de formation mais prévoit En remplacement du DIF (Droit Individuel à la Formation), le CPFune obligation de financement direct de la formation des salariés. est un outil permettant le développement des compétences de vos salariés. Désormais attaché à la personne et non plus au statut, leDe plus, l’employeur doit désormais réaliser tous les 2 ans un entretien CPF s’alimente dès le début de la vie professionnelle et se conserveprofessionnel consacré aux perspectives d’évolutions professionnelles d’une entreprise à une autre. C’est à chaque salarié d’activer sondu salarié, notamment en termes de qualifications et d’emploi. CPF sur le site Internet www.moncompteformation.gouv.fr . Pour un salarié à temps plein, le compte est alimenté de 24h/an pendant lesL’illettrisme en Guyane 5 premières années, puis 12h/an durant 2 an et demi (soit un plafond de 150 heures).L’enquête IVQ menée par l’INSEE en 2012 auprès de personnesde 16 à 65 ans, résidant en Guyane et ayant été scolarisées dans Le CPF peut être utilisé par chaque titulaire, en mobilisant lesle système scolaire françai, permet d’évaluer les compétences en heures en dehors du temps de travail mais il peut également venirlecture, en écriture, en calcul et en compréhension orale dans des en complément d’une action de formation ou en adossement d’unsituations de vie courante. L’enquête met en évidence que: dispositif de formation que votre entreprise a mis en place.20% des personnes interrogées ont de grandes difficultés Si votre salarié souhaite mobiliser son CPF, la formation doit êtredans au moins un des quatre domaines qualifiante et inscrite sur la liste élaborée par la ou les branches dont relève votre entreprise, et une liste interprofessionnelle.27% des personnes en situation d’illettrisme sont en emploi Enfin, tous les 6 ans, un état des lieux récapitulatif du parcours L’Etat reconnait la légitimité des partenaires sociaux en matière professionnel des salariés doit être réalisé afin de vérifier s’ils ont de formation professionnelle en leur confiant le Comité Paritaire bien bénéficié d’actions de formation, d’éléments de certification ou Interprofessionnel National pour l’Emploi et la Formation (COPANEF), de progression salariale ou professionnelle. qui définit les orientations en matière de formation et d’emploi. Au niveau régional, ce sont les COPAREF qui y travaillent. La réforme s’attache donc à faciliter l’entrée en formation des salariés les plus fragiles car les moins qualifiés, notamment ceux en situation d’illettrisme. Pour cela, la réforme apporte plusieurs nouveautés.12 Le Développement // Juin 2016 // N°113

La certification CléA C’EST QUOI LE CENTRE DE RESSOURCES ?Il est devenu de plus en plus évident que la population salariée la plus Le Centre de Ressources Illettrisme a pour missionfragile est celle à qui il manque trop souvent les bases nécessaires d’informer le grand public et les professionnelspour accéder à certaines qualifications ou formations professionnelles. des actions de formation existantes en matièreLa grande nouveauté de la réforme réside donc dans la mise en place d’alphabétisation et de lutte contre l’illettrisme. Notrede la première certification inter-branches et interprofessionnelle qui équipe est à disposition pour vous conseiller et vousvalide l’ensemble des connaissances et compétences qu’il est utile accompagner!de maitriser dans un environnement professionnel. CléA attesteque le salarié possède une maîtrise suffisante, dans sept domaines Centre Ressources Kaledade compétences, pour évoluer dans son emploi, accéder à d’autres 05.94.31.83.68formations, monter en qualification. [email protected] au CPF, cette certification s’adresse aux salariés peu qualifiés.Si vous souhaitez former un salarié ou si un de vos agents veut CONTACT :progresser, il sera au préalable évalué. Lors de cette évaluation, il peut AURÉLIE MICHAUTvalider un certain nombre de compétences. La formation porte ensuite Chargée de projetsur les compétences non acquises. Pour obtenir la certification, le Centre de ressources Kaleda - PREFOB Guyanesalarié a 5 ans pour valider les 7 domaines. http://icipasailleurs-guyane.info/ Tèl : 05.94.31.83.68 Aurélie Michaut Le Développement // Juin 2016 // N°113 13

éclairageEntreprises innovantes« 50% des porteurs qui nous sollicitent sont des femmes »La Pépinière d’Entreprises Innovantes, en charge de Guyane Développement Innovation, accueille des entreprisesinnovantes, en activité depuis moins de 5 ans. Dans quel but ? De créer les conditions favorables au développementd’entreprises dans des secteurs à forte valeur ajoutée mais qui nécessitent la mise en place au démarrage de moyensimportants avec un retour sur investissement relativement long. Le Développement : La Pépinière d’Entreprises Innovantes, Le Développement : Les statistiques que vous publiezqui est gérée par Guyane Développement Innovation, est en semblent démontrer que le taux d’occupation de la PEI aprèsservice depuis plus d’un an. Quel bilan tirez-vous aujourd’hui un an d’ouverture se situe plutôt au-dessus de la moyennede votre activité ? nationale. Faut-il en déduire que les Guyanais ont acquis la culture de l’entreprenariat ? Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : Le bilan estpositif depuis l’entrée dans la pépinière des premiers entrepreneurs, Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : Effectivementque nous baptisons les « pépins ». Nous continuons à travailler pour plus de 50% des locaux que nous proposons sont occupés, contreaméliorer le service que nous proposons au sein de cette structure 30% en moyenne à l’ouverture au niveau national. Les ateliers enmoteur du développement de l’innovation sur le territoire. particulier sont très convoités par les candidats. Ce qui est un bon signe pour nous dans le sens où cela tend à démontrer que l’innovationAu 1er mars 2016, 12 entreprises innovantes étaient hébergées. en Guyane ne concerne pas simplement le secteur des services.Toutes les actions de communication qui ont été mises en place ontpermis d’augmenter la notoriété de la pépinière. Nous recevons de Ces bons chiffres témoignent bien du fait qu’il y avait une réelleplus en plus de candidatures de la part d’entrepreneurs attirés par attente pour ce type d’outil qui n’existait pas encore sur le territoire.l’hébergement, les services et l’accompagnement de qualité que nous Cela vient aussi récompenser la qualité des services proposés et leproposons. dynamisme de l’équipe. Le Développement : Peut-on dessiner d’ores et déjà le Le prochain objectif de GDI est d’atteindre 80 % de taux d’occupationportrait robot du porteur de projets qui sollicite le plus votre d’ici la fin de l’année 2016. C’est le challenge que nous nous sommesstructure ? Quelle est sa formation et que vise-t-il ? fixés. Nous sommes confiants, car l’entrepreneuriat se présente aujourd’hui comme une véritable alternative à l’emploi salarié face Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : Avant tout, nous au taux de chômage qui touche une grande partie de la populationsouhaitons préciser que la pépinière n’est pas uniquement réservée guyanaiseaux jeunes, même si c’est un des publics cibles, compte tenu du forttaux de chômage qui touche cette tranche d’âge. En effet dès lors que Le Développement : Quels sont les projets à moyen termel’activité du porteur de projet ou du chef d’entreprise est caractérisée de la Pépinière d’Entreprises Innovantes ?comme étant innovante, notre structure peut l’accueillir. Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : A moyen terme,Aujourd’hui, le porteur de projet qui nous sollicite a en moyenne entre nous voulons augmenter le nombre de projets à teneur scientifique.35 et 40 ans et a suivi des études supérieures. Cependant, ce n’est Pour cela, nous développerons l’incubateur de type Allègre qui estni une condition, ni une caractéristique essentielle pour entreprendre dédié aux porteurs de projets issus de la recherche publique ou auxdans l’innovation. projets nécessitant une collaboration avec un laboratoire public.Une majorité des projets qui nous sont présentés relève du secteur Cet outil sera complété d’une cellule de valorisation dont le rôledes services. L’action sociale, le conseil et la formation en particulier. sera de dénicher des projets dans les laboratoires. Nous allons travailler à créer des liens plus forts et plus étroits avec les différentsEnfin nous tenons à souligner que 50% des porteurs qui nous organismes de recherche et avec l’université autour de cet incubateursollicitent sont des femmes. afin d’assurer une montée en puissance des entreprises à forte valeur ajoutée. Enfin, nous continuerons à déployer notre politique de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat afin que la culture de la création d’entreprises soit ancrée dans les mentalités. Nous nous appuierons notamment sur le Pôle Etudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat (PEPITE) et sur les challenges que nous mettons en place à destination des collégiens, lycéens et étudiants : European Business Game et les Cadettes Entreprises.14 Le Développement // Juin 2016 // N°113

Le Développement : Que reste-t-il à améliorer dans les Les prestations proposéesprestations que vous proposez actuellement pour créer les par la Pépinière :conditions susceptibles de favoriser la naissance d’un SteveJobs, d’un Jack Dorsey ou d’un Mark Zuckerberg ? • L’hébergement : bureaux de 15 à 20m2 et ateliers de 40 à 80m2. Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : Nous devons Locaux équipés et télésurveillés.encore améliorer la prise en charge en amont des projets innovants Accès garanti 24h/24 et 7j/7.en réalisant sans doute une meilleure détection des projets.L’accompagnement sur le business plan, notamment sur la partie • L es services :étude de marché et sur la propriété intellectuelle, est à structurer. Reprographie, édition de documents ; services deL’incubateur de type Allègre, dont on a parlé précédemment, devrait secrétariat ; réception du courrier, affranchissement ;pouvoir nous aider à peaufiner cet aspect au profit des porteurs de location de salles de réunions équipées...projets. • L’accompagnement :Mais pour qu’une start-up comme Apple, Twitter ou Facebook émerge, entretiens de suivi réguliers ; conseils pour le montageil faudrait aussi que la culture de l’investissement dans les start-ups de dossiers (business plan, demandes de subventions...) ;se développe au plan régional et national. En effet, ces entreprises mise en relation avec les collectivités, les organismes deà succès n’auraient sans doute jamais vu le jour sans la culture financement, l’université....américaine de la prise de risques d’investissement. Qu’est-ce que l’innovation ?Une alternative à creuser : le crowdfunding, ou financementparticipatif, qui se développe aujourd’hui sur des plate-formes en ligne L’innovation est entendue ici au sens territorial du terme : toutet qui permet de faire financer un projet par achat par anticipation ou ce qui est nouveau sur le territoire de la Guyane est considéréinvestissement au capital. comme innovant. De plus, l’innovation n’est pas que technologique. Elle peut donc Le Développement : Qu’espère concrètement Guyane porter tant sur un produit que sur un service, un procédé, unDéveloppement Innovation de la Pépinière d’Entreprises modèle d’affaires...Innovantes ? Le Développement // Juin 2016 // N°113 15 Pépinières d’Entreprises Innovantes (PEI) : Nous espéronsque la PEI devienne un moteur incontournable de la créationd’entreprises innovantes sur le territoire. Nous voulons contribueractivement à renverser la donne quant au taux de chômage enGuyane. Propos recueillis par René Ladouceur CONTACT 05 94 39 24 60 [email protected]



éclairage Témoignage de Cédric VEVAUD, dirigeant d’Aéroprod Amazonie AEROPROD AMAZONIE est une société de production de films audiovisuels spécialisée depuis deux ans dans la prise de vue aérienne par drone. Elle propose ses prestations tant pour la télévision que pour des projets de documentaires, de fictions ou pour sociétésprivés (architecte, promoteur immobilier, etc.). Aéroprod Amazonie développe actuellement son activité vers de nouvelles techniques comme lacartographie, la modélisation 3D et l’expertise aérienne d’ouvrage (contrôle de pylônes pour EDF, par exemple).« J’ai choisi d’intégrer la P.E.I. afin d’accéder à un local et à des services pour un coût modéré, le tout dans un environnement agréable et convivial.Il est évident qu’un espace de travail professionnel comme celui-ci a favorisé le démarrage de ma société et le fait de se sentir soutenu par cettestructure est rassurant et bénéfique pour développer au mieux une activité naissante.Au bout d’un an, le bilan est positif dans la mesure où les différents intervenants de la pépinière sont à notre écoute pour nous proposer desservices adaptés à nos besoins de plus en plus importants (ateliers thématiques, changement de local pour un plus grand en ce début d’année,etc.).En faisant partie des premiers incubés, nous avons été confrontés au tout début à quelques problèmes liés à la mise en place du site maisaujourd’hui tout est parfaitement opérationnel ! » Les autres outils de GDI Outre la pépinière, GDI gère aussi le NumLab, un « atelier de fabrication » mettant les outils de production numériques à la portée de tous (entrepreneurs, designers, artistes, étudiants ou passionnés) et la Naturothèque, qui réunit une base de données associée à une collection de plantes séchées broyées dans le but de valoriser économiquement les ressources du territoire. L’ensemble de ces outils étant, bien sûr, à la disposition des entreprises accompagnées par GDI. Le Développement // Juin 2016 // N°113 17

éclairageLe Made in Guyane  ?Nestor Radjou, économiste spécialisé dans la politique de développement, nous apporte ici son éclairage sur le Made inGuyane, le sujet de notre dossier.Le « Made in … » est un vieux slogan symptôme de la déficience du tissu productif notamment une insécurité omniprésente,commercial qui voit le jour au XIXème et des mentalités. Aussi, sans s’attaquer aux un chômage supérieur à 20% , un tauxsiècle en Angleterre, qui cherchait alors à véritables causes de cette déficience, il est de couverture des importations par lessusciter un certain patriotisme économique futile de proclamer le « Made in … » dans exportations qui oscille autour de 15 %… Ilafin de contenir l’importation des produits le but de restreindre les importations et de n’est donc pas concevable, qu’en possédantallemands. Depuis, ce slogan est devenu stimuler les exportations afin de résoudre un aussi important potentiel de productionun leitmotiv pour certains pays en retard de les problèmes d’industrialisation, de locale, que l’appareil productif guyanaisdéveloppement et réapparait généralement compétitivité, d’emploi …. Par conséquent, la reste essentiellement cantonné au secteuren période de crise dans le secteur productif pertinence du « Made in … » ne se décrète tertiaire et que perdurent les déficitset dans la sphère politique française, où pas ; elle doit se justifier par une analyse commerciaux, que d’ailleurs compensentl’argument de la préférence nationale de la structure économique et sociale du chaque année les transferts publics. Pour« produire et acheter français » est avancé pays, et notamment de la production en s’en sortir, la restructuration du tissupour favoriser la production nationale ce qui concerne sa dépendance vis-à-vis entrepreneurial guyanais et la réorientationet lutter contre le chômage, les déficits de l’étranger et de la consommation en ce du dynamisme de création d’entreprises,commerciaux, les importations… Toutefois, qui concerne l’alternative du choix entre pérennes, vers les secteurs primaire etc’est un point de vue qui repose trop souvent produits locaux et produits étrangers, dans secondaire sont aujourd’hui, plus que jamais,sur des interprétations erronées d’une des la mesure où bien sûr existent les moyens des impératifs qu’on ne saurait réaliserégalités fondamentales de l‘économie, de les différencier. Il va donc de soi que, sans remettre en cause non seulement les« Ressource = Emploi » : dans une perspective de développement, le conditions actuelles de la production locale, « Made in … » s’incorpore dans une stratégie mais aussi le civisme de la population, PIB + M = C + G + I + X d’industrialisation et de compétitivité. acteurs et consommateurs locaux. Sans débouché et compétitivité, la production ou encore Dans le cas de la Guyane, qui ne sait pas locale est sans issue ! globalement financer ses activités, ni PIB = C + G + I + X – M produire par elle-même les biens qu’elle Les origines des difficultés et des consomme, et qui de plus vit principalement handicaps sont pourtant bien identifiées.Autrement dit, le produit intérieur brut de transferts publics et d’importation, le Les contraintes naturelles comme la(PIB) augmenté des importations (M) « Made in Guyane » ne peut qu’être, en l’état géographie et l’étroitesse du marché local,est égal à la somme de la consommation actuel, qu’un simple slogan commercial. Alors qui sont bien évidemment des facteursfinale (C), des dépenses publiques (G), même que produire et consommer local pénalisants, n’expliquent pas à elles seulesdes investissements (I) et des exportations constituent un véritable levier stratégique de le non développement de la Guyane.(X). Une égalité qui pourrait laisser penser, développement. Pire, la Guyane semble se La société guyanaise souffre de multiplesà tort, qu’en réduisant les importations complaire dans une situation économique autres défections bien plus pénalisantes,(M) on augmente le PIB et par suite la et sociale des plus catastrophiques avec telles que ses discontinuités territoriales,consommation (C), les investissementset l’emploi. Malheureusement, la réalitéest toute autre, car tous les termes decette égalité sont interdépendants et lavariation de l’un impacte la variation desautres. Concrètement, une augmentationen volume des importations se traduitmécaniquement par l’augmentation de laconsommation, des investissements oude la production, parce qu’il s’agit soit deproduits finis, soit de facteurs de productionen vue de produire davantage. Inversement,à défaut de l’existence de produits locaux desubstitution, la réduction des importationsentraine également une diminution de laconsommation, des investissements ou de laproduction. Ce qui est donc en cause, ce n’estpas l’importation en soi, ni les exportations,mais un déficit commercial (= X - M)structurel, lequel n’est pas autre chose qu’un18 Le Développement // Juin 2016 // N°113

ses activités illicites et informelles, ses Certes, divers instruments existent et appartient aux autorités locales de favorisercoûts exorbitants de production, la faible tentent, en vain, de surmonter toutes ces l’élargissement d’un « capitalisme guyanais »,productivité de ses entreprises, ses déficits entraves et permettre la substitution des ainsi que d’inciter la grande distribution àd’infrastructures, ses réglementations produits importés par les produits locaux. En plus de solidarité et d’engagement en faveursouvent inadaptées aux réalités locales, particulier l’octroi de mer vise à garantir un de la consommation des produits locaux.l’insuffisance de culture économique de ses niveau de protectionnisme, la défiscalisation Mais, faut-il encore que la population fassedirigeants, le pillage de ses ressources… et les exonérations des charges cherchent preuve de plus de civisme.Bref, les racines de ces maux se situent à faciliter les investissements et à diminuerdans les carences de l’organisation et de les coûts de production. Mais, ces dispositifs Quant à la consommation des produits locaux,la gouvernance économiques et sociales restent jusqu’ici nettement insuffisants lorsqu’ils existent, les conditions ne sont pasde ce territoire. Comment sinon expliquer, à rendre compétitif la production locale. remplies pour l’adhésion de la population àmalgré leurs atouts et l’existence de cet achat préférentiel. En effet, de par sesdébouchés indéniables, la léthargie des “ le « Made in… » origines, la population est très hétérogène,activités minières, agricoles, forestières et clanique et peu motivée à consommerde la pêche ? Avec un si vaste territoire s’incorpore dans local, faute probablement de l’absencepour une si faible population, moins de d’un processus efficace d’intégration300 000 habitants, il paraît évident que une stratégie et d’une vision d’un avenir commun. Dece ne sont pas les contraintes naturelles plus, outre les Français qui viennent dequi font que l’agriculture guyanaise ne d’industrialisation et l’extérieur (Métropole, Antilles…), selonsoit pas en mesure de satisfaire les l’Insee (Panorama de la population immigréebesoins alimentaires de cette population. ”de compétitivité en Guyane -2012), pour une populationEn outre, il faut savoir qu’avec une superficie en 2009 de 224 469 habitants, 90 923de l’ordre de 84 000 km2, dont plus de Ils n’arrivent pas notamment à compenser la (soit 40,5%) sont d’origine étrangère dont7 000 km2 relèvent de la propriété privée, la faible productivité du capital et du travail, ni 81 929 de nationalité étrangère (36,5 %).surface agricole utilisée (SAU) n’est que de les niveaux élevés des salaires, lesquels sont C’est dire la difficulté ou le peu d’intérêt28 686 ha (0,3 % du territoire), alors qu’elle parmi les plus élevés de France (exceptés qu’ont ces étrangers à être Français. Enest en Guadeloupe de 31 401 ha pour un de ceux des ouvriers). Aussi, après tant général ce ne sont pas élites et tous, lesterritoire 50 fois plus petit ! De même, alors de décennies de mise en œuvre, il faut étrangers comme les Français, viennent leque la Guyane possède un vaste potentiel finalement le reconnaitre que cette stratégie plus souvent pour tirer profit des avantagesminier qui ne manque pas de débouché, d’industrialisation par la substitution des qu’offrent les conditions de vie de la Guyane.seul l’or est exploité, trop souvent de façon importations est manifestement un échec, Malheureusement, ils restent attachés à leurclandestine, et sans pouvoir être un levier de sans doute pour n’avoir pas su s’attaquer culture d’origine et notamment à leur modedéveloppement local. aussi aux vraies problématiques du de consommation. Aussi, sans une politique développement de la Guyane, d’autant appropriée d’intégration et de cohésion que le développement de la production sociale, ainsi qu’une valorisation des locale guyanaise passe également par produits locaux, comment peut-on attendre un certain engagement de solidarité des de la population une démarche de solidarité consommateurs et des grandes enseignes et de préférence à l’égard de la production commerciales. Or, cette solidarité n’est pas locale ? acquise, les obstacles sont nombreux. Pourtant, dans tous les secteurs, la Guyane D’abord, les « grandes entreprises » présentes dispose d’une large variété de possibilités en Guyane sont pour la plupart des antennes d’industrialisation et de productions locales d’entreprises extérieures. De sorte qu’elles qui attendent que les autorités en fassent participent à la fuite des capitaux (transferts un enjeu régional, où le « Made in Guyane » de revenus), au détriment de l’accumulation pourra trouver toute sa pertinence. du capital indispensable au développement de la Guyane, et, de plus, elles sont plus Cayenne le 23 février 2016 préoccupées à réaliser des bénéfices, dans une logique d’import, que de soutenir la Nestor Radjou production locale. Dans ces circonstances, il Le Développement // Juin 2016 // N°113 19

LE PARC AMAZONIENACTEUR DU DEVELOPPE

N DE GUYANE Rémire - Montjoly EMENT LOCAL Saint-Elie Papaïchton Saül Carte des territoires Maripa-Soula Camopi concernés par le Parc national Twenke - Taluen Trois-Sauts Zone de coeur Antecume Pata Zone d’adhésion Bureaux du PAG Créé le 27 février 2007, le Parc amazonien de Guyane a pour mission de préserver les richesses naturelles du Sud de la Guyane, et participe à la connaissance de la biodiversité en soutenant la recherche scientifique, la valorisation des cultures est également au cœur de ses préoccupations. Le développement local adapté, une priorité Un des enjeux du Parc amazonien de Guyane est de favoriser le développement d’activités économiques locales, adaptées et durables, en concertation avec la population et dans le respect des modes de vie. Il s’agit de contribuer à la structure de micro-filières, d’accompagner les porteurs de projets dans les domaines de l’agriculture, de l’artisanat ou du tourisme équitable, mais aussi de soutenir les communes signataires de la charte dans leurs projets alliant développement local et protection de l’environnement. LEADER Sud : des fonds européens au service des territoires Depuis 2009, le Parc amazonien de Guyane anime le groupe d’action local Sud (Gal Sud) qui porte le programme européen LEADER Sud doté de fonds européens FEADER, du CNES, de l’ex-Région Guyane et ex-Conseil général aujourd’hui remplacés par la nouvelle Collectivité Territoriale de Guyane (CTG). La première programmation de LEADER Sud 2009-2015 qui a permis de financer et d’accompagner des projets publics et privés de développement local, a livré son bilan. Durant ces 6 premières années : 51 projets ont été soutenus pour un total de 1,8 millions d’euros de financements dans les domaines de l’entreprenariat, la culture, l’agriculture, le tourisme, la formation… Le programme LEADER sud 2014-2020 est lancé ! Dispositif Microprojets Le Parc amazonien de Guyane a lancé un dispositif de professionnalisation entrepreneurial « Micro-projets » pour accompagner les porteurs de projets au travers de formations / actions adaptées à chaque contexte local, leur permettant de mûrir leurs projets et de formaliser des activités professionnelles. Transformer les idées en entreprise, c’est le crédo du dispositif Microprojets. Koloé, agricultrice de Maripa-Soula © K. Joseph

événement DOSSIER Made in GuyaneLe logo qui distingueles produits guyanaisA la date d’aujourd’hui, 60 entreprises ont obtenu le droit d’utiliser le logo Produit de Guyane et depuis 2006 plus d’unecentaine ont demandé à être visitées pour décrocher le précieux trophée. TOUTE LA Peuvent prétendre au droit d’utilisation du logotype : RÉGION Y GAGNE Les producteurs, individuels ou réunis en organisations ou groupements ainsi que les Les acteurs de la vie économique sont fabricants de produits et/ou transformés en Guyane. les producteurs, les distributeurs et les consommateurs. Autant dire que toute la L’usage de ce symbole graphique est réservé aux produits fabriqués et/ou transformés et population guyanaise est concernée par la obtenus dans le département de la Guyane. Pour des produits transformés pour lesquels la Production Locale. caractéristique principale est le mode de production ou de fabrication, il sera pris en compte la spécificité dudit processus par le Comité. La communication sur la valorisation des produits étant relativement faible dans le Le simple conditionnement de produits ou matières premières non obtenus dans le département, il est difficile d’entendre parler Département n’entre pas dans le champ du présent logotype. Ces produits doivent présenter de tous les produits guyanais existants. des caractéristiques qui leur sont propres, en tant que produit guyanais, qui pourront concerner leurs conditions, modes et techniques de culture, de production ou de fabrication. Comment attirer les Guyanais à consommer local s’ils ne sont pas renseignés sur les Ces produits doivent respecter les dispositions règlementaires en vigueur. Le Demandeur produits de leur terroir ? qui désire se voir attribuer le logotype doit en outre s’engager à respecter ses conditions d’utilisation, ainsi que la charte graphique du logotype. Si en Guyane il n’y a pas grand-chose de mis en place pour valoriser les produits, comment L’attribution et l’usage du logotype sont gratuits. seront-ils perçus à l’export, vers les Antilles et l’Hexagone ? Dans le cadre de ses actions en faveur de la production guyanaise, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région Guyane et ses partenaires ont décidé de créer un logotype destiné à L’Utilisation du logo produit de Guyane est donner une identité visuelle aux biens produits ou transformés dans notre région. une des réponses à ces questions. Ce logotype, composé d’une représentation graphique et de la signature « Toute la région y L’attribution du logo produit de Guyane vise à gagne » a une double vocation : favoriser la production et la commercialisation des produits locaux afin de pérenniser Valoriser le savoir-faire industriel, artisanal et traditionnel des producteurs de Guyane, en l’activité économique des entreprises défendant les intérêts des entreprises productives ainsi que leurs produits. productives implantées en Guyane. Déclencher un acte « civique » d’achat de la part des consommateurs et valoriser le22 Le Développement // Juin 2016 // N°113 patrimoine local et les atouts économiques des entreprises de Guyane. L’utilisation du logotype, par tout producteur en ayant fait la demande, répond à des critères définis dans la Charte d’Attribution. Le Comité d’Attribution se tient à la disposition de tout producteur pour l’aider et l’assister dans sa démarche d’utilisation du logotype sur des supports personnalisés.

DOSSIERAvec le logotype Produit de Guyane, toute la Région y gagne ! Une ou deux fois dans l’année, les Membres du Comité se réunissent en présence des techniciens afin d’attribuer ou non le logo ProduitLes entreprises rencontrent souvent des difficultés liées au niveau de de Guyane.la prospection commerciale et la compétitivité des prix pratiqués sur Des rapports, illustrés de photos ou de films, sont présentés etle marché local. Le Logo permet ainsi de visualiser la provenance du commentés par les techniciens. A l’issue de ces échanges un vote àproduit. main levée est effectué.L’exportation vient généralement compléter l’activité globale de L’attribution est confirmée par écrit au chef d’entreprise, à qui estl’entreprise. Compte tenu de l’étroitesse du marché local, les remise la charte technique du logotype sur support CD afin qu’il utiliseentreprises qui souhaitent se développer et/ou faire des profits à sa guise sur ses supports de communication, ou sur ses papierssupplémentaires et qui en ont la possibilité (activité qui s’y prête, administratifs (facturier, devis, papier en tête) ou au mieux sur samoyens financiers…) entament une démarche de commercialisation production ou son emballage.à l’extérieur de la Guyane. A ce jour 60 entreprises sont attributaires du logo produit de Guyane.Depuis 2006, plus d’une centaine d’Entreprises locales ont étévisitées (à leur demande).Le Comité d’Attribution est composé de 5 Membres (3 Chambres Ariel Andréconsulaires, MPI, Collectivité de Guyane).Les visites techniques se font par les techniciens des instances CONTACTconcernées, généralement à 2 ou 3, sur le terrain et permettent ainsi Ariel Andréd’apprécier l’aspect local de la production ou de la transformation. Les Pole Entreprises et Territoiresunités de production, la matière première, le matériel de transformation, 0594 29 96 23le procédé de fabrication, sont passés en revue en présence du chef [email protected]’entreprise qui ponctue sa visite de commentaires et d’explications. La prochaine réunion d’attribution du logo Produit de Guyane est prévue à la fin du mois de mai, à l’occasion de la Journée commerce. Ci-après, quelques-unes des entreprises concernées : P rofil Guyane (Tôle), M. Gaucher (Apiculteur), Délices marines (Transformation de poissons), Guyanagricom(Transformation agro alimentaire), S AGIP (Piscine), S OPRODIG (Papier sanitaire et domestique), M .G.A. (Menuiserie aluminium). Le Développement // Juin 2016 // N°113 23

événement“ Affichonspartout lelabel Produitde Guyane ”Yves Simoneau, qui tient actuellement un Snack-Bar du côté dela place des amandiers, a obtenu le logo Produit de Guyane en2013. Il nous livre ici un intéressant témoignage sur le trophée.Il a été créé un label «PRODUIT DE l’avion, ainsi le touriste sera informé. C’est Guyane. Mais au moins, il y aurait un visuelGUYANE» afin de valoriser la production une manière de valoriser dès l’arrivée notre identifiable à l’extérieur également.locale, tout secteur confondu. capacité à produire guyanais, et c’est bien cela que recherche les visiteurs. Concernant l’extérieur, il n’est pas admissibleQui dit label, dit visuel. Qui dit visuel, dit être que nous laissions des articles estampillésvu. La CCI Guyane devrait également mettre en «Produit local» fleurir sur les emballages de place une page internet avec les sociétés produits fabriqués en réalité en GuadeloupeC’est à partir de là qu’il faut construire une bénéficiaires, avec des liens en direction des ou en Martinique via la chaîne de magasinstratégie de communication. sites des entreprises concernées. LEADER PRICE, qui contribuent à semer le trouble auprès des chalands.Or, lors de la remise du trophée -en 2013 Il faudrait s’unir autour d’un Label caren qui me concerne-, le package remis nous pouvons voir ici et là divers articles Combien de fois des clients pensant quene comprend même pas un échantillon estampillés» Produit de Guyane» ou l’article venait de Guyane en lisant «Produitd’autocollant avec les coordonnées «Fabriqué en Guyane». local» ont été déçus par la suite.d’imprimeurs spécialisés, afin d’utiliser toutde suite ledit label. Nous n’avons nullement intérêt à nous Nous devons travailler tous ensemble dans disperser. Quitte à avoir un LABEL déclinable une seule direction : le développementDe plus, la CCI Guyane est l’opérateur de en fonction des secteurs d’activité et/ou cohérent de la Guyane.l’aérogare Cayenne-Félix Eboué, et nous des degrés de production/assemblage endevrions voir ce label dès la sortie deRepère En janvier 2013, Yves SimoneauEn janvier 2012, Yves Simoneau a CONTACT Chez EDYSYves Simoneau s’est distingué à l’occasion obtenu le logo Produit 6, bis rue Justin Catayéede l’Audi Business Competition. Le deuxième Téléphone : 0694 99 85 54prix, le Prix Espoir, lui a été décerné. L’Audi de Guyane. Adresse courriel :Business Competition est un concours de talents [email protected]’entrepreunariat et de projets innovants. TOUTE LA RÉGION Y GAGNE24 Le Développement // Juin 2016 // N°113

DOSSIERLe label qui distinguele produit naturel duterroir**La Marque Parc, c’est le label que vient de créer le Parc Naturel Régional de la Guyane. Outil de valorisation du territoire,elle est entièrement destinée aux producteurs ruraux et s’articule autour de ce slogan : Une autre vie s’invente ici.Créé en mars 2001, le Parc Naturel Régional de la Guyane (PNRG) est un outil de développement local au service des communes et de seshabitants. Il a pour objectif le développement économique, culturel et social du territoire dans le respect de l’environnement.Six communes forment son territoire : Iracoubo, Mana, Ouanary, Roura, Saint-Georges de l’Oyapock, Sinnamary. Auxquelles il faut ajouter troisvilles-portes : Cayenne, Kourou et Saint-Laurent. Ces dernières constituent pour les visiteurs des portes d’entrée sur le territoire du Parc. Enfin,le Maire de la commune de Montsinéry-Tonnégrande, Patrick Lecante, a signé une convention de partenariat pour participer à l’action du Parccomme commune associée dans le but de bénéficier de l’image positive véhiculée par le Parc en matière de développement durable sans pourautant être rattachée à son territoire.*Le titre et l’introduction sont de la rédaction. Le Développement // Juin 2016 // N°113 25

événement Le territoire du Parc est riche tant par ses patrimoines naturel, culturel que par la diversité de ses paysages et en lien avec sa mission de développement économique. Il aide à la valorisation et à la promotion des acteurs du territoire en favorisant la proximité et la solidarité. Ainsi il existe un dispositif adossé à un cahier des charges co-construit destiné aux acteurs inscrits dans une démarche patrimoniale et environnementale afin qu’ils puissent bénéficier de «  la marque Parc ». Celle- ci se décline à travers un logo qui reprend quelques éléments de l’emblème figuratif propre à chacun des PNR : l’ovale, l’étoile, et un code couleur (vert et rouge).Valeurs parc naturel régional : la marque des parcs naturels régionaux de France Cette marque est reconnue au niveau national et est associée Quelle plus-value ?à un slogan : En recevant la distinction « Valeurs Parc naturel régional », d’une« Engagés ensemble pour le respect de la nature, les part, le produit  (hébergement, restaurant…)  offre aux clients etParcs naturels régionaux s’engagent. aux visiteurs la certitude d’être fabriqué sur un territoire préservé etNos valeurs sont vos valeurs ». valorisé et, d’autre part, le service proposé est gage d’authenticité : c’est la promesse que se font tous les Parcs naturels régionaux.Les 51 Parcs naturels régionaux de France ont la possibilitéde s’engager dans cette démarche de valorisation basée Produit et Accueil dans le Parc Naturel Régional de la Guyanesur un développement territorial au centre duquel figurentl’humain, l’économique solidaire et l’environnement. Afin d’amorcer la procédure de la marque Parc avec les acteurs du territoire, le PNR de la Guyane a établi un label simplifié « ProduitQu’est-ce que la marque Parc ? dans le Parc naturel de la Guyane ». Les acteurs engagés dans la démarche répondent à des critères et des conditions d’attribution« La nature ne peut se concevoir sans les femmes et semblables à ceux de la marque Valeurs Parcs naturels régionaux.les hommes qui y vivent » Acteurs labélisés en 2010 et 2011 :La marque Parc favorise l’ancrage local des savoirs et savoir-faire :couac d’Iracoubo, les cassaves appétitives de Sinnamary,… Elle met Exotic Chips (fabrication de chips Mana), Eden vert (randonnée,en valeur le territoire, contribue à faire connaître ses richesses, son Mana), Javouhey randonnée (Mana), Goutte d’or (miel produit dansarchitecture, ses paysages, ses produits du terroir, ses modes de vie l’Est de la Guyane).dans un environnement préservé, et contribue à l’emploi… de façon àfavoriser un développement harmonieux. Vers une déclinaison localePour qui ? Cela dit, la démarche simplifiée mise en place au niveau local par le PNR de la Guyane rejoint celle élaborée en début d’année 2016 par leTous les acteurs économiques du territoire (artisans, acteurs du Ministère en charge de l’écologie. Il s’agit de la Marque Valeurs Parcstourisme, agriculteurs, maraichers, apiculteurs, hôtes, éleveurs…) naturels régionaux que les 51 Parcs naturels régionaux de Francepeuvent bénéficier de la marque en s’engageant librement aux côtés doivent mettre en place sur leur territoire respectif. Si vous habitezdes Parcs naturels régionaux. une commune du PNR de la Guyane, si vous estimez que vos produits issus de l’agriculture, de l’artisanat ou les services que vous proposez sont authentiques ou emblématiques, en tout cas porteurs des valeurs des Parcs, faites-vous connaître et adhérez à  la démarche Valeurs Parc naturel régional de la Guyane. Cynthia Jean-Charles Pascal Giffard En 2010/2011, le PNRG CONTACT avait mis en en place, CYNTHIA JEAN-CHARLES, à l’attention de ses Chargée de développement, PNR de la Guyane prestataires, un label simplifié intitulé : Produit PASCAL GIFFARD, dans le Parc Naturel Directeur-Adjoint, PNR de la Guyane Régional de la Guyane. Parc Naturel Régional de la Guyane : 0594 28 92 7026 Le Développement // Juin 2016 // N°113

DOSSIERLe Développement // Juin 2016 // N°113 27

Jean-Robert Lucret28 Le Développement // Juin 2016 // N°113

événementINTERVIEW : «Cette activité a un bel avenir en Guyane »Jean-Robert Lucret,créateur d’une entreprise detélépilote de dronesJean-Robert Lucret a créé, en octobre 2015, une entreprise de télépilote de drones, au service des professionnels del’inspection d’ouvrage, du relevé aérien, de la photographie et du reportage vidéo, de la thermographie. Le Développement : Vous avez créé une entreprise de Le Développement : Selon vous, quelles initiativestélépilote de drones. Comment vous est venue cette idée et faudrait-il prendre pour donner envie aux jeunes de créerquel est l’objet de l’entreprise ? leur propre entreprise ? Jean-Robert Lucret : J’ai toujours été attiré par le modélisme Jean-Robert Lucret : Que les chefs d’entreprises proposent ou(avion) et les nouvelles technologies. Lors de l’arrivée des drones de participent à des rencontres ou séminaires avec les jeunes au coursloisirs sur le marché du grand public, c’est tout naturellement –c’était desquels ils présenteraient leurs parcours, et à l’issue desquels ilsen 2011- que j’ai débuté la pratique du drone de loisir. Dès lors, ma s’inscriraient dans une démarche d’accompagnement à la créationpassion s’est transformée en profession. Pour cela, j’ai, en premier, d’entreprise.fait le choix de la qualité en choisissant «PIXIEL » et son centrede formation agréé, afin de bénéficier de l’excellence en matière de Le Développement : Comment voyez-vous l’avenir de laformation de « télépilote de drone civil professionnel ». Guyane du point de vue de son développement ?Le second choix a été celui d’un matériel de pointe proposant un large Jean-Robert Lucret : De mon point de vue, la Guyane est l’aveniréventail de prestations. de l’Europe. Cependant, les Guyanais doivent pour cela se fédérer afin d’avoir une stratégie commune de développement. Le Développement : Votre entreprise a moins d’un an.Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes Propos recueillis paractuellement confronté ? René Ladouceur Jean-Robert Lucret : La méconnaissance de l’activité du dronede la part des professionnels susceptibles de faire appel à desservices de télépilote. Cela nécessite un grand travail d’appropriationdu recours à ce type de service. Le Développement : Comment voyez-vous l’avenir du CONTACTsecteur de votre activité en Guyane et sur le littoral enparticulier ? Tél. : 0694 23 11 79 Tél. : 0594 38 98 26 Jean-Robert Lucret : J’ai la conviction que cette nouvelle activité www.aepg.guyane.comde « télépilote de drone civile professionnel » peut faire la différence.Effectivement, l’utilisation du drone se révèle indispensable dansdifférents domaines d’activités tels que : l’inspection d’ouvrage, lerelevé aérien, la photographie et le reportage vidéo, la thermographie,le film broadcast, la surveillance et la sécurité.Dans une collectivité comme la nôtre, en plein développementéconomique et urbanisation, le drone est La réponse adaptée. Le Développement // Juin 2016 // N°113 29

emplacement réservé LOCADIV 973 57, les champs Virgile 97358 MONTSINERY – TONNEGRANDE Tél : 06 94 90 75 89 ou 06 94 44 93 25DéveloppementleLe consulaire Juin 2016 // N°113 de la Guyane économique etmagazine trimestriel d’InformationPour paraître dans leprochain Magazine CCI Guyane Editions BUCEREP Tél. 05 61 21 15 72 Fax 05 61 23 02 41 e.mail : [email protected] http://www.bucerep.com

DOSSIER“ Nous produisonsune gammedcheotcaobllaetttaeusxde5 saveurs ”Olivier Dummett est un artisan-chocolatier qui se revendique « agriculteur ». A Régina, son atelier de transformationattire autant que l’Ecomusée. C’est que sa passion du cacao, il la tient des Amérindiens de la *Uaça avec lesquels il a vécupendant deux ans et grâce auxquels il a découvert le cacao du bas Approuague. Le Développement : Comment vous est venue cette idée Le Développement : Quelles sont les principales difficultésde produire du chocolat ? auxquelles vous êtes confronté actuellement ? Olivier Dummett : Avant le chocolat, j’ai toujours été passionné Olivier Dummett : Aux aléas de la ressource… Mais les difficultéset fasciné par la nature. Même si j’étais un enfant de « la ville », de ne le sont que si on les considère comme telles… Pour moi, il n’y aCayenne, j’ai toujours voulu vivre en forêt dès mon plus jeune âge, pas de difficultés en tant que telles, il n’y a que des circonstances, desce que j’ai fait à l’âge de 20 ans. Ma passion du cacao est née du jeux pour lesquels il faut toujours avoir un plan B… !« hasard » des rencontres, grâce à des Amérindiens de la *Uaça avecqui j’ai vécu 2 ans et qui m’ont aussi fait découvrir le cacao du bas Le Développement : Qu’avez-vous envie de dire auxApprouague. Lorsque je suis revenu à Régina, voulant vivre en forêt, jeunes, et aux autres, pour les inciter à devenir comme vousc’est tout naturellement que je me suis intéressé au cacao. En 2005, un artisan-chocolatier ?j’ai suivi une formation de chocolatier en Allemagne, pour apprendre lestechniques « modernes », et les mixer avec la torréfaction ancestrale. Olivier Dummett : Je n’inciterai aucun jeune, ni personne, àDepuis, je continue à développer ma passion, avec un même objectif, devenir artisan-chocolatier. J’inciterai par contre tout le monde àvaloriser ce que la nature nous offre à l’endroit où nous sommes. découvrir et suivre sa passion. Le Développement : Vous avez commencé le travail, à la Le Développement : Comment voyez-vous, du point demain, de ramassage des cabosses de Forastero en 2003 et vue économique, l’avenir de cette région de l’Est guyanais ?vos bâtons de cacao sont aujourd’hui certifiés biologiques.Avec le recul, quel regard jetez-vous sur votre parcours ? Olivier Dummett : Avec espoir ! Certes, dans l’Est, il n’y a pas d’industrie ni développement économique d’ampleur, mais c’est ce qui Olivier Dummett : Avec le recul, je dirais qu’il est avant paradoxalement préserve son trésor.tout important d’aimer ce que l’on fait, et que la persévérance estessentielle. CONTACT Propos recueillis par René Ladouceur Le Développement : En 2009, vous produisiez 300 kg de OLIVIER DUMMETTpâte de cacao. Quelle est aujourd’hui votre perspective ? 0694 42 29 22 - [email protected] Olivier Dummett : La perspective est de continuer à développer« Cacao d’Amazonie », poursuivre le travail… Au-delà des bâtons, * L’ensemble territorial de l’Uaçá, situé à l’extrême nord de l’Amapá (cantonnous produisons aujourd’hui une gamme de tablettes de chocolat aux d’Oiapoque), recouvre 5 500 km2. Il est bordé à l’est par le Parc national du Cap5 saveurs (brut, gingembre, piment, noix d’Amazonie, fleur de sel), des orange, à l’ouest par le fleuve Oyapock et la Guyane française, et est traversé, aubonbons « amazoniens » (cupuaçu, palmier bâche, noix d’Amazonie, sud, par la route BR 156. Cet ensemble comprend trois territoires amérindiensetc.), et nous sommes toujours en pleine création. L’objectif reste le (Uaçá 1 et 2, Juminã et Galibi Kaliña) que se partagent quatre ethnies : Palikur,goût et la qualité, bien plus que la quantité et l’export. Galibi Marworno, Karipuna et Galibi Kaliña. Le Développement // Juin 2016 // N°113 31

événement“ Dans ce secteur,les débouchéssont nombreux ”Naguère enseignant à Saint-Georges et mécanicien sur Le Redoutable, le célèbre sous-marin nucléaire, Jacques Gry estactuellement apiculteur. Président de l’Association des Apiculteurs de Guyane, il est aussi membre de l’Association desApiculteurs de la Vallée Oiapoquoise. Son produit a de l’avenir. En Guyane, les importations de miel sont sept fois plusimportantes que la production locale. Le Développement : Pourquoi avez-vous choisi de vous Le Développement : Qu’avez-vous envie de dire auxlancer dans la fabrication de miel ? jeunes, et aux autres, pour les inciter à faire comme vous, la fabrication de miel ? Jacques Gry : il y a une quinzaine d’années que j’ai commencél’apiculture. C’est un ami apiculteur qui m’a initié. Pour mon Jacques Gry : On peut exercer l’apiculture en professionnel, pouranniversaire, il m’a remis une ruche et c’est comme ça que je me suis ceux qui veulent en faire leur métier. Grâce à lui, on peut gagnermis à l’apiculture. J’ai découvert un métier passionnant : la vie d’une sa vie et fonder une famille. Ce métier est en adéquation avec uneruche; sa colonie, la conduite d’un rucher, l’environnement, la pollution; production, le problème climatique et la pollution.etc.... On peut également exercer l’apiculture en amateur, pour connaitre le Le Développement : Comment voyez-vous l’avenir dans métier ou pour avoir un complément de revenu.ce secteur d’activité, et dans la région de l’est guyanais enparticulier ? L’apiculteur est inscrit à la DSV.et est tenu de rentre compte des problèmes sanitaires liés à la ruche, donc à l’environnement. Jacques Gry : Les produits de la ruche, comme vous le savez,sont le miel. La Guyane en importe 50 tonnes par an alors qu’elle en Le Développement : Comment voyez-vous l’avenir de laproduit actuellement environ 6 à 8 tonnes. Si nous pouvions satisfaire Guyane du point de vue de son développement ?le marché local, nous serions heureux. De plus, en métropole laproduction a fortement chuté. En 2003, l’Europe des 15 produisait Jacques Gry : je pense que nous pouvons envisager l’avenir en43,6% de sa consommation et la production a sensiblement baissé toute sérénité et que l’apiculture en Guyane en est à ses premiersdepuis. S’agissant du pollen, je pense être le seul à en fabriquer et balbutiements. Oui, nous avons de beaux jours devant nous, voirela demande ici est très forte. Il importe de savoir que les abeilles une première au Salon de l’agriculture et deux médailles, donc unont aussi des vertus thérapeutiques. Avec l’apicuponture, on soigne avenir plutôt prometteur. Pour ma part, je m’essaye à l’innovation.des rhumatismes et la propolis, cette matière végétale produite J’ai commencé avec la confiserie, chocolat/ miel ; la cuisine, gibier/par les abeilles pour garantir l’asepsie de leur ruche, est réputée miel ; la pâtisserie, gâteau-fruit/miel. Les débouchés, on le voit, sontdepuis l’Antiquité pour ses effets bénéfiques dans le traitement et nombreux et dans divers secteurs.la prévention des affections respiratoires. Excellent immunostimulant,elle se révèle même un antibiotique et un cicatrisant très actifs. Propos recueillis par René Ladouceur Le Développement : Quelles sont les principales difficultés CONTACTauxquelles vous êtes actuellement confronté ? Jacques Gry : 0694 22 22 99 Jacques Gry : L’implantation des ruchers et le foncier : voilà Goutte d’or (Miel produitles deux problèmes que nous avons beaucoup de mal à résoudre. dans l’Est de la Guyane)L’exercice de notre métier implique que nous ayons un peu d’espace32 Le Développement // Juin 2016 // N°113

DOSSIERLe Développement // Juin 2016 // N°113 33





Le site internet de votre entreprise Votre activité change de dimension Une première version en 72H RENSEIGNEMENTS : Groupe des Éditions BUCEREP 54, bis rue Alsace-Lorraine BP 41435 31014 TOULOUSE Cedex 6 - FRANCETél : 05 61 21 15 72 Fax : 05 61 23 02 41 [email protected] www.bucerep.com




Like this book? You can publish your book online for free in a few minutes!
Create your own flipbook