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Magazine Intégr'Action 1

Published by LARRY AGENCY EDITION, 2016-06-16 20:23:50

Description: Magazine Intégr'Action 1

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SOMMAIRE04 ..............................MESSAGE DE LA MINISTRE KATHLEEN WEIL05 ...................................................MOT DU PRESIDENT MHN06 ...................................ORIGINE DU MOIS HISTOIRE DES NOIRS08 ...............................................................LAURÉATS 201520 ........................................VIGIE DE LA COMMUNAUTÉ NOIRE22 ...................HISTOIRE DE LA COMMUNAUTE NOIRE A MONTRÉAL24 .........................................................MUTUALITÉ QUÉBEC26 ........LES COMMUNAUTÉS NOIRES NOUS PARLENT DE LA VIOLENCE32 .....................................................QUI SERAS-TU DEMAIN?34 ......................................................................CONTACT

Kathleen Weil Ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’InclusionLe Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de rappeler la contribution majeure des personnesdes communautés noires au développement du Québec et de mettre en lumière leurs réalisations.L’événement permet aussi de réaffirmer auprès des Québécois et Québécoises de toutes originesl’importance de vivre au sein d’une société diversifiée, libre et inclusive. Aussi, je salue l’initiativedu magazine Intégr’Action de consacrer un numéro spécial au Mois de l’histoire des Noirs, ainsi qu’auxenjeux et aux défis que doivent relever les personnes immigrantes de la communauté noire.À titre de ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, je tiens à souligner l’engagementdes organismes communautaires et de médias tels que le magazine Intégr’Action qui, par leur dynamismeet leurs nombreuses initiatives, œuvrent à faciliter l’intégration des personnes immigrantes, à luttercontre toutes formes de racisme et de discrimination et à promouvoir la pleine participation de toutes etde tous à la société québécoise.Je souhaite au magazine Intégr’Action, de même qu’à la 24e édition du Mois de l’histoire des Noirs,un franc succès.www.immigration-quebec.gouv.qc.ca

MOT DU PRÉSIDENT « Un homme qui ne se lève pour aucune cause, est un homme qui tombera au premier com- bat, alors levez-vous » - Malcolm XRappelons-nous qu’il y a à peine 50 ans, les femmes et les hommes noirs ne pouvaient pas accéder àplusieurs postes et devaient vivre sous une pluie d’injustices et d’inégalités qui les conféraient au derni-er rang de la chaîne humaine. Grâce à des leaders comme Malcolm X, nous avons pu nous élever. Lavie et l’expérience de Malcolm X se révèlent de force biblique, dans différents aspects : sa vie de jeune homme brillant d’un milieu rural et pauvre, sa vie criminelle dans les quartiers malfamés et enfin, sa prise de conscience en prison où il s’est servi de son charisme inné pour éveiller la conscience de la population noire. Lors de son ascension au côté de l’honorable Elijah Muhammad, fondateur du mouvement Nation of Islam, il devint l’emblème de ce groupe socio-politique. Il permit à cet or- ganisme d’obtenir une reconnaissance mondiale grâce à son implication, son intelligence et l’affir- mation de ses convictions. Après sa prise de con- science, Malcolm X devint un symbole fort, si fort qu’il fut contesté et jalousé au sein même de son mouve- ment, dont il se distancera tout en continuant à appeler les Noirs à s’entraider et à s’affirmer. C’est pour tout son parcours et sa vie qui prit tragique- ment fin le 21 février 1965 alors qu’il n’avait que 39 ans que nous lui rendons aujourd’hui hom- mage. Dans le combat pour le droit à la justice et l’égalité, certains donnent leur vie pour nous faire avancer, éveiller les consciences et faire évol- uer les esprits vers la tolérance et l’acceptation de l’autre. Au fil des années, ces personnes ont aidé à changer les choses pour mieux inclure les Noirs dans la société. Crédit photo: Kevin Calixte Nos lauréats 2015 représentent également cet engagement pour le bien commun. Ils ont ap-Michael P. Farkas porté des contributions marquantes à la sociétéPrésident québécoise. Rallions-nous autour du thème de cette année qui nous est inspiré par Malcolm X. Il a dit : A man who stands for nothing will fall for anything, so,stand for something (Un homme qui ne se lève pour aucune cause, est un homme qui tombera au pre-mier combat, alors levez-vous). Notre thématique cette année se résume en une phrase : «Défends tesconvictions». Notre cuvée de lauréats, ces citoyens de la société civile, sont l’illustration d’une vérité :notre engagement est nécessaire, précieux et salutaire. La Table Ronde du Mois de l’Histoire des Noirs lesremercie du fond du coeur.

HISTORIQUE MOIS HISTOIRE DES NOIRSNé aux États-Unis en 1875 et décédé en 1950, Dr Carter G. Woodson fut l’instigateur de laSemaine des Noirs en février 1926 (la Negro History Week). Le mois de février fut choisi parcequ’il correspondait au mois d’anniversaire de naissance de deux grands abolitionnistes del’esclavage, Frederick Douglas et Abraham Lincoln.Cet historien a révélé à travers sa carrière et ses œuvres Depuis plus de 300 ans les générations successives deune autre version de l’histoire. Il fut le créateur d’un cou- Québécoises et de Québécois des communautés noiresrant d’analyse plus scientifique des contributions des font profiter le Québec de leur savoir-faire, de leurs talentsNoirs à l’histoire universelle. Il combattit, par la recherche et de leurs visions dans toutes les sphères d’activités. Cetteet l’éducation, le racisme et les préjugés de la société. loi permet à l’ensemble de la société québécoise d’exprim- er officiellement sa volonté de mettre en lumière la contri-Son plus grand rêve était d’intégrer l’histoire africaine bution essentielle des personnes des communautés noiresdans les programmes d’études des écoles. Pour lui, il ne au développement du Québec.suffisait pas que l’histoire africaine fasse l’objet d’un en-seignement scolaire, mais il fallait aussi que l’instruction Rappelons que le Mois de l’histoire des Noirs est déjàsoit faite dans le respect et de manière plus sensible à la souligné annuellement au Québec et dans plusieurs ré-diversité. gions du monde par diverses institutions publiques, privées et communautaires. Au Québec, la Table ronde du MoisLa Semaine des Noirs devint le Mois de l’histoire des Noirs de l’histoire des Noirs organise depuis 24 ans des activitésen 1976, dans le cadre des festivités du bicentenaire qui permettent à la population québécoise de découvriraméricain. Cet événement visait à commémorer d’une la richesse et la diversité des communautés noires et demanière plus fidèle et plus objective l’histoire des Noirs. rendre hommage aux personnes qui se sont illustrées dansIl est aujourd’hui célébré dans les plus grands centres ur- différents domaines.bains en Amérique du Nord, en Afrique, en France, auxCaraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Source : Ministère de l’Immigration et des Communautés culturellesLe Mois de l’Histoire des Noirs au QuébecLe 23 novembre 2006, l’Assemblée nationale a adopté leprojet de loi visant à faire du mois de février le Mois del’histoire des Noirs, afin de souligner la contribution his-torique des communautés noires à la société québécoise.Cette loi est entrée en vigueur le 1er février 2007.Par l’adoption de la loi proclamant le Mois de l’histoiredes Noirs, le gouvernement du Québec entend nonseulement ajouter sa voix au mouvement nord-améric-ain soulignant l’apport des citoyennes et des citoyens descommunautés noires, mais désire reconnaître officielle-ment l’importance de cet événement annuel pour l’en-semble de la société québécoise.L’adoption de cette loi est aussi pour le gouvernement duQuébec l’occasion de concrétiser une des recommanda-tions du rapport du groupe de travail chargé de conduire,à l’automne 2005, une consultation sur la participation àla société québécoise des communautés noires. Au coursde cette consultation, bon nombre de citoyens des com-munautés noires ont souligné l’importance de prendre encompte l’apport des Noirs dans la mémoire collective ainsique d’améliorer leur image au sein de la société.

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LES LAURÉATS 2015Steve Jecrois et Anna DomondSteve Jecrois et sa sœur Anna Domond sont lesfondateurs du carrefour culturel et commercial dela rue Bélanger à Montréal, connu de tous com-me « le marché Steve-Anna ». Issus d’une famillede commerçants bien établie en Haïti, Steve etAnna ont une complicité aussi grande que leurambition. Leur commerce « des Antilles » est l’undes premiers du genre au Québec. Ils apporterontencore un concept innovant sur le marché enouvrant le premier casse-croûte haïtien, passageobligé pour de nombreux compatriotes, mais sur-tout lieu de découverte de l’art culinaire haïtienpour la communauté québécoise. C’est d’abord Crédit photo : Kevin CalixteAnna qui, dès son arrivée au Québec, fait toutpour réunir auprès d’elle les membres de sa famille. Steve la rejointbientôt et trouve rapidement ses repères : sur les ondes de CKVL, ildevient, avec son coanimateur Fred Williams, le premier Haïtien à sevoir confier sa propre émission sur une antenne commerciale. Peu degens dans la communauté haïtienne montréalaise n’ont pas goûtéles plats du casse-croûte tenu par Anna, ou dansé lors des concertsorganisés par Steve. Profondément impliqués dans leur communauté,Steve et Anna ont marqué plus d’une génération.Ricardo Daley (alias Rickey D)Ricardo Daley illustre totalement les principesde persévérance et de travail archarné. En 30ans de carrière, il est devenu un des plus grandspromoteurs de concerts indépendants. Rickey D(comme on l’appelle dans son milieu profession-nel) a produit son premier concert en1986, pourle légendaire groupe de rap Run DMC. Il a tra-vaillé avec de nombreux artistes connus à traversle monde comme les Fugees, le Wu-Tang Clan,A Tribe Called Quest et Eminem, pour n’en citerque quelques-uns. Rickey D n’a pas d’égal quand Crédit photo : Kevin Calixteil s’agit de transformer un concept marketing enréalité. Aujourd’hui, Ricardo Daley utilise toute son énergie et sestalents pour offrir aux Montréalais les meilleurs spectacles. On peutégalement l’entendre tous les dimanches soirs sur les ondes radiopho-niques, à l’antenne de CKUT, la radio de l’Université McGill, pour sonémission The Sound of Soul. Depuis 1988, il n’a cessé de s’adonner àses deux passions, le DJing et l’animation.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteSkipper DeanNatif de la Nouvelle-Écosse, Skipper Dean a commencé sa carrière dechanteur avec le groupe The Fabulous Fascinations, en se produisantdans différents lieux à Montréal. Au fil de sa carrière, il a partagé lascène avec des artistes tels que The Young Rascals, Herman’s Hermits,Ben E. King et Garry U.S. Bonds. Par la suite, il se joint au groupeaméricain The Avalons et chante avec Charles Aznavour, Johnny Fara-go, Ginette Reno,et Claude Valade.Il a aussi fait partiedu groupe The Plat-ters et a voyagé auxÉtats-Unis, au Can-ada, en Australie,dans le Pacifique-sud et à Hawaii.Un des momentsphares de sa car-rière est d’avoirchanté avec le lé-gendaire Don Ho. Crédit photo : Kevin CalixteMais ce n’est pasla seule collaboration marquant de Skipper puisqu’il a collaboré ouchanté avec Quincy Jones, Oliver Jones, Michael Bolton, Paul Anka,The Temptations, Martha Reeves and The Vandellas, The MontrealJubilation Gospel Choir et l’Orchestre Symphonique de Montréal. Sonrépertoire est très éclectique : passant du jazz au country, au rock, àla chanson populaire de crooner ou au r’n’b et à soul des années 60avec aisance, Skipper Dean excelle dans tous les genres. Il a toujourssu se renouveler et se moderniser, même quand il a s’agit de s’adapt-er au r’n’b moderne. Sur scène, Skipper Dean épate par sa présenceet sa connexion avec le public, fier de partager son expérience uniquequi le démarque de ses pairs.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteMadwa-Nika CadetMadwa-Nika Cadet est une passionnée d’engagement collectif, d’af-firmation de la jeunesse et de questions sociales. Diplômée du pro-gramme conjoint de baccalauréat en droit (LL.B.) et de maîtrise enadministration des affaires (M.B.A.) de l’Université de Sherbrooke,elle a été représentante régionale de Montréal-Nord chez les jeuneslibéraux du Québec et conseillère de l’association de la circonscriptionde l’ancienne vice-première ministre Line Beauchamp, avant de siégersur l’exécutif national duParti libéral du Québec,à titre de vice-présidentepuis comme présidenteet porte-parole officiellede la Commission-Jeu-nesse du PLQ, pendantdeux ans.À ce titre, elle a eu leprivilège de pouvoirs’exprimer sur plusieurstribunes médiatiquessur des enjeux touchant Crédit photo : Kevin Calixtesa génération. En 2012,à l’âge de 22 ans, son leadership l’a menée à faire campagne auxélections provinciales contre Jean-François Lisée dans la circonscrip-tion de Rosemont. Remarquée pour son engagement citoyen, elle afait partie de la délégation québécoise 2013 de la mission politiqueen France du Comité d’action politique franco-québécois et a été dela délégation canadienne 2014 de l’International Visitor LeadershipProgram.Madwa-Nika a reçu plusieurs prix liés à son implication sociale, dontla Bourse d’excellence du Millénaire, le prix Coup de Coeur de laJeune chambre de commerce de Montréal ainsi que le Harry JeromeLeadership Award de la Black Business and Professional Association,groupement récompensant des personnalités noires s’illustrant dansleurs milieux respectifs à travers le Canada.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteLawrence Kitoko-LubulaOriginaire de la République Démocratique du Congo, LawrenceKitoko-Lubula réside au Canada depuis 2008, après avoir vécu enBelgique. Il a obtenu un baccalauréat en physio-thérapie et une maîtrise en santé publique. Depuis2010, il est directeur de la Résidence la Porte d’Ordes Îles. Cette résidence est un projet du Conseildes personnes âgées de la communauté noire deMontréal qui a pour but de répondre aux besoinsde personnes âgées de différentes origines. Law-rence Kitoko-Lubula est l’initiateur de la Chambrede commerce congolaise du Canada et du con-cours entrepreneurial Ébène INC. Il est aussi pro-priétaire de deux magazines, Congo business etIntegr’Action Canada. Depuis 2009, Lawrence Ki-toko-Lubula s’implique au sein des communautésentrepreneuriales noires par le biais de la Cham- Crédit photo : Kevin Calixtebre de Commerce congolaise et de Larry Consult-ing, convaincu que l’entrepreneuriat est un vecteur majeur d’intégra-tion socio-économique. Il est également membre du comité de vigiedes communautés noires au sein du Service de la Police de la Ville deMontréal.Édouard RousseauÉdouard Rousseau est un modèle de courage et d’implication social.Devenu aveugle en 1977 après des décollements de la rétine, il choisitde se réadapter socialement en entreprenant desétudes à l’Université de Montréal, où il obtientavec succès deux maîtrises, en Sociologie et enSciences politiques. Altruiste, il s’implique dans lafondation de l’Association des Aveugles et Am-blyopes Haïtiens du Québec (AAAHQ) en 1989,guidé par Michel Péan, directeur de la Société Haï-tienne d’Aide aux Aveugles (SHAA) et avec JeanSorel, Harry Pierre-Étienne et bien d’autres. Il oc-cupe depuis de hautes fonctions à la présidence dela fondation. Très impliqué dans la communauté,Édouard Rousseau fait partie des personnalités quisoutiennent chaque année le grand Gala Intercul-turel d’Excellence qui a pour objectif de valoriser Crédit photo : Kevin Calixteles contributions des immigrants de toutes origi-nes au Québec/Canada.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteBen Marc DiendéréBen Marc Diendéré est vice-président Communications et affairespubliques de La Coop fédérée, la plus importante entreprise agroal-imentaire au Québec. Ben Marc Diendéré a également travaillé à laSociété de développement des entreprises culturelles du Québec et àPartenariat International, successivement.Avant de rejoindre LaCoop fédérée, il a nota-mment occupé de 2005à 2011 le poste de di-recteur principal chargédes relations institution-nelles, des affaires pub-liques et corporativesde Québecor Media Inc.Ben Marc Diendéré estdiplômé de 2e cycle deHEC Montréal.Il est aussi détenteur Crédit photo : Kevin Calixted’une maîtrise en ges-tion et en marketing de l’Université de la Sorbonne Assas Paris 2 (Insti-tut français de la presse) et d’une maîtrise de sociologie de l’informa-tion et de communication de l’Université de Ouagadougou. Ben MarcDiendéré est connu au sein de la diaspora burkinabé et africaine pourson soutien à différentes initiatives en faveur des jeunes immigrantsau Québec et dans le reste du Canada. En 2011, Ben Marc Diendéré areçu le prix du Professionnel de l’année du Réseau des entrepreneurset professionnels africains (REPAF). En plus de siéger au conseil d’ad-ministration de l’Université de Montréal, Ben-Marc Diendéré siègeaux conseils d’administration de nombreuses entreprises, fondationset organismes non gouvernementaux du Canada.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteBebeto Ulrich LonsiliBebeto Ulrich Lonsili est originaire du Burkina Faso, en Afrique del’Ouest. Il arrive au Québec en 2007 après avoir été invité par différentsfestivals. En 2009, il crée la Troupe Lamogoya avec un ami. Cettetroupe propose des spectacles de danse, musique et contes tradition-nels. La Troupe Lamoyoga participe à divers événements et festivalsde contes et de musiqueafin de promouvoir laculture africaine et plusparticulièrement celledu Burkina Faso.En 2011, il fonde l’or- Crédit photo : Kevin Calixteganisme à but non lu-cratif La Fête au Village/ La Rencontre des Cul-tures qui a pour mandatde diffuser et promou-voir la culture africaineafin de contribuer ac-tivement à la diversitéartistique et culturelle.Ce grand projet est présenté dans 6 villes du Québec et notammentà la Tohu à Montréal. Bebeto Lonsili décide également de produirel’événement Hommage aux Femmes qui aura lieu lors de la prochaineJournée internationale de la femme. Depuis son arrivée au Qué-bec, Bebeto Lonsili a participé à la direction artistique de beaucoupd’événements et festivals interculturels, mais sa démarche ne s’arrêtepas là puisqu’il intervient également dans les écoles et bibliothèquesdu Québec avec le projet À l’Ombre du Baobab et s’implique dans denombreux évènements à caractère social.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteAlix ReyQuébécois d’origine haïtienne, Alix Rey commence son parcours desensibilisation aux causes des minorités visibles à l’Université Auto-nome du Mexique en devenant représentant général des étudiantsétrangers durant sa première année à l’école de médecine. Parti auxÉtats-Unis où il pratique pendant 35 ans, il observe la ténacité dela communauté noireaméricaine qui continueà lutter pour l’égalité. Ilest encouragé à ouvrirdes portes d’intégrationen milieux de recherchemédicale et académiqueen travaillant à l’InstitutNational de la SantéMentale et à l’Universitédu Maryland. Il devientmembre de plusieursassociations médicalesnoires comme la Na-tional Medical Associa- Crédit photo : Kevin Calixtetion ou encore l’associa-tion Black Psychiatrists of America dont il deviendra vice-président. Ilenseigne la psychopharmacologie, et publie de nombreux articles. Sacarrière se conclut en médecine, alors qu’il est directeur médical de laPresley Ridge School. À sa retraite en 2004, l’association MedChi duMaryland lui donne le titre de professeur émérite.Il démarre une seconde carrière dans les arts visuels à son arrivée auQuébec. Amateur de peinture, il s’intéresse de plus près à la peinturehaïtienne et collectionne des oeuvres avant de prendre lui-même lepinceau, guidé par des artistes confirmés Khalil Antoniades ou Hou-mano Eustache. Il réalise rapidement le besoin d’une association pourpromouvoir la peinture haïtienne dans la diaspora. Il fonde alors etpréside l’association Artistes des Réminiscences/Reminiscences Artists,et exprime ainsi son attachement à sa culture et à tous les artistes quil’enrichissent.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteAdelle BlackettLa professeure Adelle Blackett est titulaire de la chaire William Daw-son et directrice du Laboratoire de recherche sur le droit du travail etle développement de la Faculté de droit de l’Université McGill. Elle aeu un doctorat en droit à l’Université Columbia et a été publié plusde 40 fois dans trois langues différentes. Elle a dévoué sa rechercheà la justice sociale pourles communautés his-toriquement exclues auCanada et à travers lemonde.En 2009, elle est nom-mée à l’unanimité àl’Assemblée nationaledu Québec à la Commis-sion des droits de la per-sonne et des droits dela jeunesse (CDPDJ), oùelle travaille sur de nou-velles réglementations Crédit photo : Kevin Calixterelatives au profilage ra-cial, à l’égalité de l’emploi et au droit des travailleurs immigrés. Avantd’arriver à McGill en 2000, elle a travaillé aux Nations Unies à l’Organ-isation Internationale du Travail (OIT) à Genève. Au titre d’experte,elle a participé à la mise en place de nouveaux standards de travailinternationaux historiques pour les travailleurs domestiques (2008-2011). Elle a également initié, avec l’appui de l’OIT, une révision duCode du travail haïtien (2011-2014). Elle a reçu en 2010-11 la boursenationale Bora Laskin pour la recherche sur les droits de la personne,une médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012), et leMérite Christine Tourigny du Barreau du Québec (2014).

LES LAURÉATS 2015 ...suiteLydie Olga NtapOriginaire du Sénégal, Lydie Olga Ntap est une avocate et muséo-logue engagée pour de la cause des femmes depuis 20 ans. En 2007,elle fonde le 1er Musée de la Femme au Canada qui ouvre ses portesau public en 2008, à Longueuil. 8e musée de la Femme sur plus de45 à travers le monde,ce lieu a pour missionde faire la promotion dela condition féminine etde l’émancipation desfemmes.Après plus d’une dizained’expositions dont elleassure le commissar-iat, Lydie Olga Ntapdéveloppe une formespécifique de médiationqui distingue le Muséede la Femme avec une Crédit photo : Kevin Calixteapproche unique surl’histoire des femmes. Candidate au doctorat en muséologie à l’Uni-versité du Québec à Montréal (UQAM), son sujet de réflexion portesur le développement des signatures muséales et aborde les questionsde la gestion de la créativité, du droit et de la muséologie.Impliquée dans différents conseils d’administration, dont la prési-dence d’Action-services aux proches aidants de Longueuil (ASAPAL),Lydie Olga Ntap a été chroniqueuse à l’émission Rythmes d’Afriquesur CIBL pendant 3 ans (2006 – 2009), et membre permanente duConseil des Nations Unies, durant 2 années entre 2010 et 2012. C’està ce titre qu’elle s’exprime dans l’émission « L’après-midi porte conseil» de Radio-Canada.

LES LAURÉATS 2015 ...suiteDominique AngladeDominique Anglade est présidente-directrice générale de Montréalinternational, l’organisation oeuvrant pour attirer des investissementsétrangers, des organisations internationales et des talents stratégiquesdans le Grand Montréal.Dominique Angla-de démarre sa car-rière d’ingénieure chezprocter & Gamble en1996. De 2000 à 2003,elle travaille chez nor-tel networks et se spé-cialise dans la gestionstratégique de la chaîned’approvisionnement etdes prévisions globalesde marché. En 2004,elle est promue direc-trice des affaires ex- Crédit photo : Kevin Calixteternes et gouvernemen-tales pour nortel networks au Québec.De 2005 à 2012, elle se joint à la prestigieuse firme McKinsey & Com-pany où elle conseille les dirigeants de grandes sociétés. En 2014, leForum économique mondial annonce la nomination de DominiqueAnglade parmi les Jeunes Leaders Mondiaux Young Global Leaders.





EntrevueEntrevue Monsieur Bernard Lamothe, assistant-directeur au Service de police de la Ville deMontréal (SPVM) et responsable du Comité de vigie des communautés noiresQuestion 1 Question 2Monsieur Lamothe, pouvez-vous nous expli- Pour le bénéfice de nos lecteurs, pouvez-vousquer les raisons qui ont mené le SPVM à créer nous dire ce qu’apporte ce comité à nos com-des «comités de vigie»? munautés?En 2003, le Service de police de la Ville de Montréal a La plus-value d’un tel comité est multiple tant pourmis sur pied une structure de vigilance afin de main- les communautés noires que pour le SPVM. Le di-tenir une communication efficace avec différentes alogue établi au sein du comité améliore la con-communautés ethnoculturelles présentes sur no- naissance et la compréhension entre les citoyens,tre territoire. Par cette structure, nous souhaitions les partenaires et le personnel du Service. Il permetmieux connaître leurs préoccupations et besoins en également de favoriser une réponse rapide auxmatière de sécurité mais aussi orienter nos actions besoins de sécurité des partenaires et d’agir plusdans une même direction. En plus de contribuer à adéquatement sur certaines problématiques queguider adéquatement nos efforts, cette plate-forme vivent les communautés. Mais aussi, il nous per-d’échangesvisait égale- met de bénéficier de l’expertise dement à tra- l’ensemble des partenaires dans lavailler et à agir planification stratégique de nos ac-avec ces com- tions.munautésde façon Pour nous, l’établissement de telscohérente et liens, dans le respect de chacun etconcertée. dans un désir réel de compréhen-C’est dans ce sion mutuelle, est important noncontexte, que seulement parce que cela favorisenous avons les relations humaines de façoncréé, nota- générale, mais aussi parce que no-mment, le tre organisation policière, fondéeComité de vigie des communautés noires. sur la police de quartier, vise le rap- prochement avec les citoyens et la communauté.La structure de vigilance est composée de six comi- Les partenariats que nous créons avec la popula-tés de vigie : jeunesse, aînés, noire, arabe, asiatique tion, qui émergent de ce rapprochement, sontet latino. Le SPVM a également créé un comité ex- également au cœur de l’approche citoyen mise enpert sur le profilage racial et social et peut aussi, place au SPVM en 2013. Cette approche mise surpour des besoins ponctuels, mettre temporaire- les relations police-citoyens, sur la participation desment sur pied tout autre comité de vigie si néces- policiers à la vie des communautés et sur une meil-saire. leure compréhension des dynamiques locales pour bien servir la population.

Question 3 Question 4Qui compose le Comité de vigie des commu- Pouvez-vous nous donner des exemples d’ac-nautés noires et quel est son rôle? tivités menées par le comité?Qui compose le Comité de vigie des communautés Au cours des derniers mois, par exemple, les mem-noires et quel est son rôle? bres du comité ont été conviés à une visite de l’École nationale de police du Québec. Ce fut l’occasionLe Comité de vigie des communautés noires, com- pour les membres de non seulement faire une vis-me tous les comités de vigie, réunit des personnes ite des lieux de cette grande école mais égalementayant une connaissance des enjeux de leur com- d’assister à une cérémonie de graduation et de semunauté et qui portent un intérêt marqué en ce familiariser au cheminement académique des fu-qui a trait aux questions concernant les relations turs policiers.entre les citoyens et la police. Plus récemment encore, le comité a tenu une activ-Les membres du Comité de vigie des commu- ité de reconnaissance pour 50 jeunes mères issuesnautés noires proviennent de l’ensemble du ter- des communautés noires pour souligner leur impli-ritoire. Ils sont issus des communautés haïtienne, cation dans leur communauté et la persévéranceafricaine et caraibéenne et oeuvrent au sein de dont elles ont fait preuve dans leurs démarches demilieux diversifiés tant communautaires, qu’insti- réinsertion sociale. Le comité a remis à ces jeunestutionnels ou parapublics. Ceux-ci jouent un rôle femmes un cadeau ainsi qu’un certificat de recon-consultatif auprès de notre organisation et nous naissance pour témoigner de leur courage et deconseillent dans l’amélioration des relations avec leur ténacité.leur communauté. Le Comité se réunit de trois àquatre fois par année. Nos actions sont très variables mais ont toutes comme objectif de fa- voriser le rapprochement entre no- tre organisation et la communauté, et de mieux connaître nos besoins et réalités. Il est important pour moi de préserver ces liens que nous avons tissés au cours des années et de continuer à nourrir ce dialogue qui nous unit.Assis de gauche à droite: Debout de gauche à droite: Absents au moment de la photo:Guerline Rigaud (Maison SAM X) Pierreson Vaval (Équipe RDP) Pathé GueyeBernard Lamothe (SPVM) Lyonel Anglade (SPVM) (Centre communautaire Bon courage de Place Benoit)Jocelyne Simon (Équipe RDP) Lawrence Kitoko-Lubula Myrlande Myrand (Carrefour jeunesse-emploi, Ahun- (Maison Porte d’Or des Îles) tsic-Bordeaux-Cartierville) Mélanie Vachon (SPVM) Dave Mckensie (Université Concordia) Sylvain Scott (SPVM) Martial Mallette (SPVM)

HISTOIRE DE LA COMMUNAUTE NOIRE À MONTRÉALL’histoire des Noirs à Montréal s’étend sur plus de 360 ans et commence dès les débuts de Ville-Marie. Les Noirs ont con-tribué à l’essor et au dynamisme de Montréal, ajoutant au caractère exceptionnel de la ville. Ils ont aidé de différentesfaçons à faire connaître la métropole québécoise, notamment en participant à la création et au soutien de l’infrastructuredes transports de la ville, puis en faisant de Montréal un carrefour du jazz de premier plan en Amérique du Nord et, enfin,en réalisant de grandes découvertes scientifiques et médicales d’une portée considérable.Mais les Noirs se sont-ils établis au départ surl’ensemble du territoire de l’île de Montréal?Quelle a été l’évolution de leur répartition dans dans les secteurs de la fabrication et des services et leur rev-l’espace urbain montréalais? enu moyen n’atteignait que la moitié de celui de l’ensem- ble des Québécois. Comme chez les Noirs anglophones desAu fil des décennies et jusqu’au XXe siècle, les Afro-Can- générations précédentes, cet écart entre le niveau d’éduca-adiens, les Afro-Américains et ultérieurement les Antillais tion et les possibilités d’emploi se traduisait notamment parquittèrent le Vieux-Montréal en suivant le mouvement mi- un choix restreint en matière de logement pour les Haïtiens.gratoire résidentiel vers l’ouest, le long de la rue Saint-An- Ceux-ci s’établirent principalement dans les quartiers dutoine. Les Noirs occupèrent les espaces résidentiels des rues centre, du nord et du nord-est de Montréal: Mile-End, Mon-Saint-Antoine, Saint-Jacques et, à un xmoindre degré, No- tréal-Nord, Saint-Michel, Parc-Extension, Rivières-des-Prai-tre-Dame, toutes dans l’axe est-ouest. Ils privilégiaient ces ries, Villeray, etc.artères, car, à cause de pratiques racistes, l’accès aux artèresnord-sud du quartier Saint-Antoine leur était refusé.Dès le milieu des années 1960, toutefois, la Petite-Bourgogne Des années 1970 au milieu des années 1980, de nouveauxn’était plus le quartier de choix, conséquence d’un vaste résidants, les Noirs d’Afrique, commencèrent à s’établir àréaménagement urbain qui avait évincé des centaines de fa- Montréal. Ils venaient de pays de langue anglaise: l’Afriquemilles de leurs logements insalubres. Les immigrants noirs du Sud, le Kenya, la Tanzanie, le Nigeria et l’Égypte. Desanglophones tirèrent parti des nouvelles possibilités de loge- Africains francophones arrivaient également du Cameroun,ment qui s’ouvraient du côté de Notre-Dame-de-Grâce et de de la Côte d’Ivoire, du Congo et du Zaïre. Dans les annéesCôte-des-Neiges et furent plus nombreux encore à s’établir 1990, les statistiques révélaient que 23, 8% des Africainsà Verdun et dans le centre-ville. Un modèle démographique entrés au Canada s’étaient installés au Québec.similaire apparut dans la communauté haïtienne, même sicelle-ci se distinguait sur les plans linguistique et culturel. Les La communauté noire montréalaise, contrairement à cellesHaïtiens avaient au départ un statut socioéconomique plus d’autres centres urbains, n’a jamais vécu dans un »ghettoélevé que la majorité des Noirs anglophones. De la première » ni dans une enclave. Les Noirs ont plutôt toujours été unevague d’Haïtiens francophones arrivés dans les années 1960, composante peu nombreuse, mais visible, des communautés93% étaient des cols blancs en 1965. En 1972, ce noyau où ils se sont installés.comptait 3539 membres de professions libérales bien nantis.Un deuxième groupe d’immigrants haïtiens fit son entrée Le 23 novembre 2006, l’Assemblée nationale adopte le pro-lentement à Montréal à partir de 1968. Composé major- jet de loi visant à faire du mois de février le Mois de l’histoireitairement d’ouvriers et de cols bleus, ce groupe devint ma- des Noirs, afin de souligner la contribution historique desjoritaire au sein de la communauté haïtienne. Encore peu communautés noires à la société québécoise. Cette loi entrenombreuse à cette époque, celle-ci vivait en dehors des en vigueur le 1er février 2007.quartiers centraux où habitaient les Noirs de langue anglaise.En 1977, on estimait à 17 000 personnes officiellement la par Dorothy Williamspopulation haïtienne dans la région de Montréal. En 1981,25 850 Haïtiens y habitaient et, en 1986, leur nombre passa SOURCE :à 38 000. Malgré un niveau d’instruction relativement élevé, http://mzoishistoiredesnoirs.com/histoire-communaute-noire/25% de ces Haïtiens étaient au chômage. Ils étaient confinés



MUTUALITÉ QUÉBECAider les aînés ethnoculturels à prendre leur placeS’organiser et prendre sa place! Tel est le slogan que la Mutualité des Immigrant(e)s du Québec (Mi-Québec) lancerégulièrement pour interpeller ses membres, en majorité, des aînés d’origine africaine.« Ils sont arrivés jeunes au Québec, certains ont C’est en ces termes que M. Jean Nkita décrit lepu s’intégrer professionnellement, d’autres ont contexte d’intervention de l’organisme Mi-Qué-été créatifs et ont mis sur pied des activités lucra- bec dont il est le directeur depuis 2010.tives dont ils dépendent encore, d’autres se sontcontentés des emplois précaires en raison de leurfaible niveau de formation. Il y en a même quiont immigré seuls à l’âge de la retraite. Mais toussont maintenant concernés par un défi communà relever : bien vivre comme aînés de leurs com-munautés. Cela signifie qu’ils doivent avant touts’organiser puisqu’aucune structure n’a existé quipuisse s’occuper des problèmes spécifiques desaînés d’origine africaine ». Grâce à une campagne assidue, Mi-Québec ne cesse de rappeler à ses membres qu’ils doivent se prendre en main puisqu’ils ne retourneront prob- ablement pas vivre dans leurs pays d’origine. L’organisme anime ainsi plusieurs projets dont les objectifs sont de promouvoir l’intégration; pro- mouvoir le bien-vivre et le bien-vieillir au Québec; défendre les droits et les intérêts des ainé(e)s im- migrant(e)s; faire valoir les besoins des ainés (e), immigrant(e) de façon à leur permettre de s’épa- nouir pleinement dans leur spécificité. Mi-Québec est un organisme communautaire sans but lucratif qui travaille avec les familles, les jeunes et les ainés de cultures diverses notamment ceux des minorités visibles venants d’Afrique centrale en leur fournissant des outils pouvant les aider dans leur recherche d’épanouissement.

À Mi-Québec, les jeunes et les aînés interagissent tergénérationnelles, notamment quand ils accom-dans une dynamique de complémentarité in- pagnent les aînés dans l’apprentissage des outilstergénérationnelle. informatiques, comme ce fut le cas en 2014 dansOn sait que la plupart du temps, des personnes un projet conjoint mené avec la collaboration duâgées sont restées confinées dans leur apparte- Forum Des Citoyens aînés de Montréal.ment et frustrées de ne pouvoir trouver de cad-re pour s’épanouir et concourir à l’enrichisse- Mi-Québec encourage les aînés et aînées à bâtirment culturel dans leur nouveau milieu de vie. un mode de vie qui assure leur pleine participationMi-Québec leur offre l’opportunité de faire con- à diverses activités familiales et communautaires,naître leurs aptitudes et expériences, de partag- avec leurs connaissances et leur sagesse pour leer avec des jeunes sur les méthodes connues de bien collectif. Il lutte également pour faire con-prévention de la violence, sur les valeurs sociales naître auprès des acteurs sociaux et politiques lade leurs cultures. Les jeunes en apprennent sans situation particulière de ses membres, personnesdoute beaucoup. Ils sont eux-mêmes enthousias- âgées. C’est ainsi qu’il a pu initier en 2013 un fo-tes quand ils sont sollicités pour des activités in- rum mettant ensemble des députés du secteur Sud-Ouest, la mairie de Montréal, des représen- tants ministériels (en particulier Revenu Canada), des travailleurs sociaux et certains professionnels de métiers. SK.

LES COMMUNAUTÉS NOIRES NOUS PARLENT DE LA VIOLENCEJean Marie Mousenga, directeur fondateur du Réseau de Communication pour la Prévention des Actes CriminelsEntre « surmédiatisation » et réalité, il demeure néanmoins que les communautés noiresparticulièrement les jeunes sont souvent associés à des incidents de violence. À travers cetarticle, nous avons voulu comprendre le phénomène de la violence au quotidien en donnantla parole aux acteurs (jeunes, parents, intervenants et institutions).Jean Marie Mousenga, directeur fondateur du Ré-seau de Communication pour la Prévention desActes Criminels en sigle RÉCOPAC, qui a pour mis-sion de proposer de nouvelles pistes d’interventionafin de prévenir la délinquance chez les jeunes issusdes minorités visibles et aussi de sensibiliser les par-ents sur leurs obligations et responsabilités devantles risques de voir les jeunes adopter des compor-tements déviants, nous résume le contenu d’uneétude menée en 2009 par les trois communautésnoires de Montréal. À savoir la communauté jamaï-caine, la communauté haïtienne et la communautéafricaine dont le RECOPAC était fiduciaire du pro-jet.Mise en contexte et problématique jours, les Noirs ont toujours fait partie de l’expéri- ence québécoise ». Et « bien que faible sur le planLes populations noires représenteraient actuelle- numérique, une communauté noire distincte s’estment en nombre, le troisième groupe des minorités développée au cours du dernier siècle à Montréalvisibles au Canada, après les Sud-Asiatiques et les », portant avec elle son hétérogénéité ethnodémo-Chinois, et le premier au Québec. Les difficultés graphique et historique qui n’est pas réductible auxet les problématiques liées au recensement sur la trajectoires migratoires d’un seul groupe, mais debase de l’origine étant complexes, il est préférable plusieurs.de parler de tendances démographiques. Au Qué-bec, les populations noires sont essentiellement Depuis bon nombre d’années déjà, le Canada et leprésentes à Montréal et dans les villes avoisinantes. gouvernement québécois n’ont eu cesse de mettreIl s’agit principalement de personnes originaires en place des remparts législatifs, des consultationsd’Haïti et de l’Afrique subsaharienne, ainsi que des publiques et des politiques destinés à garantir lesNoirs anglophones. Au recensement de 2006, la principes d’un traitement égal et de respect de lapopulation noire formait la minorité visible la plus diversité. Toutefois, les études statistiques et lesimportante au Québec; 188 100 personnes ont dé- recherches centrées sur la question « raciale » declarées appartenir à la minorité visible noire, ce quireprésente 2,5 % de la population du Québec. Sel-on les travaux des historiens et démographes qui sesont penchés sur la question, dont D.W. Williams,« depuis les premières explorations jusqu’au tempsde l’esclavage, de la Confédération jusqu’à nos

l’évolution sociale des personnes noires dans la so-ciété québécoise depuis les années 70, convergentencore aujourd’hui malgré des problèmes de méth-ode et d’échantillon, vers un constat récurrent,à savoir que ces populations éprouvent de plusgrandes difficultés structurelles, tenant tant à leurinsertion dans le milieu du travail qu’à leur accès aulogement, qu’à leurs conditions de vie, plus prob-lématiques que le reste de la population (Milan, A.,Tran, K., 2004, Torczyner, J.L., 20017).Quant à la thématique de la violence et des mi-norités visibles, dont les populations noires, ellea été traitée selon plusieurs pôles comme: le rac-isme institutionnel (Labelle, M., Salée, D., 2001,McAndrew, M., Potvin, M., 1996, Chicha-Pontbri-and, M.T., 19898), les crimes haineux (Fournier, F.,19929), et les relations des minorités visibles avec lapolice (Chalom, M. 2002, Douyon, E., 1993, Cor-bo, C., 1992, Bellemare, J., 198810).Dans le contexte montréalais, depuis quelques an- état des lieux de la violence ressentie et le plannées, la violence s'est aussi beaucoup cristallisée d’intervention en découlant. Et même si le sujetautour de la « dangerosité » de la jeunesse, illus- de la violence n’est pas nouveau, il s’agissait detrée principalement par la figure des gangs de rue. faire le point sur cette question, après plusieursDès lors, régulièrement, des actes de délinquance décennies d’études, de productions statistiques etet de violence, médiatisés et imputés à des jeunes d’actions gouvernementales ou communautaires.constitués en gangs de rue reviennent sur le devant Considérant le caractère multidimensionnel de lade la scène publique de la criminalité juvénile. Et violence, nos questions de recherche ont été lesd’une façon tout aussi récurrente, la dimension « suivantes: Comment des personnes des commu-ethnique », voire raciale, de ces groupes est inter- nautés noires montréalaises définissent-elles leurrogée. Cependant, « la délinquance dite ethnique violence perçue et vécue? Selon quelles typolo-est un symptôme social qu'il ne faut surtout pas gies? De quelles façons en sont-elles touchées?confondre avec un malaise interculturel dont elle Dans quelles sphères se manifeste-t-elle? Selonne représente parfois qu'un sous-produit » (Douy- quels mécanismes? Quel en est le sens, de leuron, E., 199511). point de vue? Quelles en sont les retombées sur leur vie quotidienne? Qu’en disent des jeunes,Aussi, si cette recherche et ce groupe de travail des filles, des garçons, des adultes? Quels sont lesn'échappent pas à la construction de cette ethn- vécus à cet égard de nouveaux arrivants, de per-icisation, ils visent à témoigner par le récit d'ex- sonnes établies depuis plus longtemps et de jeunespériences de vie et d'émotions, de ses traces et nés au pays? Peut-on parler ici de « communalisa-de ses conséquences au quotidien. C’est ici que tion » des communautés noires montréalaises à ceprend sens ce groupe de travail d’organismesdes communautés noires de Montréal, avec cet

propos, c’est-à-dire de sentiment d’appartenance groupes de parents ont été organisés. Un groupeà une expérience commune? Selon quelles dimen- de mères a réuni des personnes établies au Québecsions? depuis six à dix-huit ans. Elles occupent des postes en milieu hospitalier, une est aux études, deuxLes personnes de la communauté africaine rencon- sont prestataires de la sécurité du revenu et unetrées vivent dans plusieurs quartiers de Montréal et est sans emploi. Un groupe de pères a réuni desvilles avoisinantes. Une grande diversité du lieu de personnes établies au Québec depuis sept à vingtrésidence est ainsi observée: Centre-ville, Hochela- ans pour l'un d'entre eux. Ils occupent des emploisga-Maisonneuve, Côte-des-Neiges, Jeanne-Mance, dans l'informatique, les finances, le génie-conseil,Rosemont, La Petite-Patrie, Pointe-Saint-Charles, les communications et une personne est sans em-Petite-Bourgogne, Saint-Léonard, Anjou, Saint-Lau- ploi. Notons que plusieurs des adolescents et desrent, Dollard-des-Ormeaux et Laval. Les partici- jeunes adultes sont très récemment établis aupants sont majoritairement d'origine congolaise, Québec, à l'inverse d'un bon nombre d'adultes.les autres étant d’origine rwandaise, camerounaise,sénégalaise, malienne, nigériane, angolaise, gabo- C'est partant de la difficulté première du caractèrenaise et centrafricaine. Ils ne se connaissaient pas multidimensionnel de la violence que le guideforcément avant les rencontres. Les plus jeunes d'entretien16 de groupe a été conçu de façon àsont scolarisés, deux travaillent dans une agence de débuter par ce nécessaire travail de définition deplacement et un est en administration. Les jeunes la violence avec les participants. Ils ont ainsi eu laadultes sont étudiants, cumulent des emplois ou possibilité d'orienter eux-mêmes le débat et deont des activités non stables en comptabilité, dans privilégier un ou des modes d'entrée sur cettela musique ou dans le commerce. Ils vivent en ma- thématique de la violence au sein des commu-jorité au sein d’une famille monoparentale et deux nautés noires, comme autant de reflets de leursdes plus jeunes sont en famille d'accueil. Deux priorités et préoccupations. À l'aide de questions ouvertes, ce guide d’entretien s'est articulé autour de quatre grandes thématiques approfondies avec les participants à l'aide de relances, de demandes d'explicitation et de contextualisation et d’exem- ples d'expériences vécues. Il s'agissait: • De définir la violence en termes de typologies, de fréquences et de contextes; • De parler d'expériences vécues; • D’énoncer des causes et des facteurs explicatifs à cette violence; • D'évaluer les impacts et les ef- fets perçus et vécus de la violence au sein des communautés noires; • D'envisager des pistes de solution. Ces thèmes ont tour à tour été proposés aux groupes en tentant de voir également, sur quelles dimensions de la vie des participants, apparais- saient des possibles points d'émergence voire de

• Axe 1: Agir sur la violence (verbale, psy- chologique ou physique) des jeunes à l’école; • Axe 2: Agir sur la violence au sein des familles des communautés noires; • Axe 3: Agir sur la violence de la police envers les jeunes Noirs; • Axe 4: Agir sur le racisme; • Axe 5: Agir sur la crise identitaire des jeunes Noirs. AXE 1: AGIR SUR LA VIOLENCE (VERBALE, PSYCHOLOGIQUE OU PHYSIQUE) DES JEUNES A L’ECOLEcristallisation de la violence. Il pouvait s'agir: Diminuer l’incidence des problèmes suivants iden- tifiés dans les groupes de paroles: l’intimidation,• Des rapports entre pairs (y compris les rapports l’impact des gangs de rue, les insultes, le déni,de genre); le manque de respect, la pression des pairs, les• Des rapports des jeunes et des adultes aux insti- drogues, l’accès facile aux armes, la reproductiontutions ou à d'autres acteurs sociaux; des modèles déviants, le taxage, les bagarres, la• Des rapports entre jeunes et parents; brutalité.• Des rapports amoureux et de couples. • Ne pas accepter que la violencePrévenir la violence: un plan d’intervention soit utilisée comme mode d’inter- action entre les jeunes à l’école:L’élaboration du plan d’intervention a également • Recenser les initiatives portant sur la violence àfait partie du processus de recherche. Elle s’est faite l’école et les adolescents;à partir des résultats de l’étude et des probléma- • Organiser des rencontres avec des jeunes et letiques soulevées dans les groupes de parole. Pour personnel scolaire;tenter d’y répondre, nous avons listé les thèmes et • Finaliser et promouvoir une Charte à tra-leurs enjeux un à un, comme autant de projets po- vers les réseaux scolaires de quartiers cibléstentiels. Il est question ici de propositions. Par la et mobiliser des jeunes autour du projet.suite, le groupe de travail sur la violence au sein • Offrir un soutien aux victimes de violence:des communautés noires s’attachera à développer • Proposer des formations lors des journées péd-un plan d’action avec un ou deux projets en liaison agogiques;avec de nouveaux partenaires. Cinq axes d’inter- • Élaborer un kit d'information;vention possibles ont été définis: • Former des jeunes médiateurs et im- planter le programme dans les écoles secondaires de quartiers ciblés. • Conscientiser les jeunes sur les conséquences de la violence sous ses multiples dimensions: • Organiser des sessions de sensibilisa- tion animées par des jeunes dans les

écoles secondaires en langage et avec un • Renforcer la connaissance des jeunes quantcontenu accessible (études de cas, témoi- à leurs droits et devoirs et les recours possiblesgnages de victimes, jeu de rôles, etc.). en cas de situation conflictuelle avec la police:• Prévenir l’adhésion des jeunes aux gangs de rue: • Développer des outils d’information en util-• Recruter d'ex-membres de gangs de rue; isant de multiples médias (spots radio, télé/vidéo,• Organiser des tournées dans les écoles, lors annonces dans des journaux communautaires,d'événements publics et dans les églises. pièces de théâtre développées et interprétées par des jeunes, etc.) à diffuser auprès des jeunes;AXE 2: AGIR SUR LA VIOLENCE AU • Organiser des formations à destination desSEIN DES FAMILLES DES COMMU- intervenants;NAUTÉS NOIRES • Organiser des sessions de sensibilisation en lan- gage et avec un contenu accessible, animées parDiminuer l’incidence des problèmes suivants iden- des jeunes dans les écoles secondaires (présenta-tifiés dans les groupes de paroles: l’impact des tion d’études de cas, jeu de rôles, etc.).violences familiales, le manque de dialogue in- • Faciliter et renforcer le recours auxtergénérationnel, les inquiétudes parentales quant processus de plaintes lors de situ-à la délinquance juvénile. ations conflictuelles avec la police: • Recenser et analyser les projets existants;• Sensibiliser les familles aux conséquences de la • Adapter et implanter ces programmes dans desviolence et leur offrir un soutien adéquat: quartiers ciblés;• Développer des outils d'information avec un • Mettre en place des pro-contenu accessible et les diffuser lors d’événe- jets de médiation citoyenne;ments communautaires et dans les églises; • Créer des cliniques juridiques itinérantes;• Organiser des formations à destination des inter- • Recenser, développer et distribuer des outilsvenants; de vulgarisation des lois.• Organiser des groupes d’entraide familiaux;• Rendre disponible l’information sur la violence etles autres aspects de la vie familiale.AXE 3: AGIR SUR LA VIOLENCE DE LAPOLICE ENVERS LES JEUNES NOIRSDiminuer l’incidence des problèmes suivants identi-fiés dans les groupes de paroles: l’intimidation, lesinsultes, le déni, le manque de respect, le profilageracial.• Améliorer les relations entre la police et lesjeunes des communautés noires:• Organiser des ateliers d’échange avec médiation;• Organiser des activités de sensibilisation avecles communautés noires et les corps policiers;• Sensibiliser et former les corps policiers sur leprofilage racial.

AXE 4: AGIR SUR LE RACISME • Recenser, développer et distribuer des outils de vulgarisation des lois.Diminuer l’incidence des problèmes suivants iden- • Favoriser une solidarité entre les différentestifiés dans les groupes de paroles: les diverses bar- communautés noires:rières, l’exclusion, le rejet, le non-respect, la stigma- • Organiser des forums avec un calendriertisation, la discrimination, la non-reconnaissance thématique (racines communes, racisme et dis-des compétences, le harcèlement. persion/diaspora, racisme intériorisé, conflits culturels, etc.).• Conscientiser la population québécoise sur lesimpacts du racisme et de la discrimination: AXE 5: AGIR SUR LA CRISE• Organiser des débats thématiques entre des IDENTITAIRE DES JEUNES NOIRSacteurs clés et les diffuser sur les radios commu-nautaires; Diminuer l’incidence des problèmes suivants iden-• Organiser des émissions spéciales de radio « tifiés dans les groupes de paroles: l’absence deChroniques sur le racisme » autour de témoignag- modèles positifs, les conflits de culture (culturees de la vie quotidienne portant sur la discrimina- dominante versus culture minoritaire), la stigma-tion, les stéréotypes, les préjugés, etc.; tisation des jeunes, la victimisation, l’exclusion• Recenser les actions citoyennes et communau- symbolique et concrète, le manque de communi- cation. • Apprendre aux jeunes des communautés noires le sens d’être citoyen et à prendre leur place dans la société québécoise. • Sensibiliser la société d’accueil à reconnaître le statut des jeunes des communautés noires: • Implanter un programme « d’agents de changement » pour les adolescents et les jeunes adultes des communautés noires; • Mettre en place un groupe de travail réunissant les trois principales communautés noires, anglo- phones, haïtiennes et africaines; • Organiser des forums portant sur la réalité des jeunes Noirs au Québec. http://books.google.ca/books/about/Les_communaut%C3%A9s_noires_ nous_parlent_de.html?id=EC5DtwAACAAJ&redir_esc=y SOURCE : Réseau de Communication pour la Prévention des Actes Criminelstaires contre le racisme;• Recenser les initiatives gouvernementales et lesprotections légales.• Soutenir les victimes de racisme et les accom-pagner dans leurs démarches:• Créer des cliniques juridiques itinérantes;

QUI SERAS-TU DEMAIN? « Qui seras-tu demain? » demandait mon père. Cette question banale, posée par nombre de parents sans qu’aucune dynamique ethnoculturelle n’y soit en apparence incidente, trouve résonance parmi les enjeux auxquels font tous les jours face les membres de populations immigrantes au Québec et au Canada. Car sous son aspect trivial, on y retrouve les rêves, les aspirations et les craintes de parents débarqués d’ailleurs pour offrir en Occident les espoirs d’une vie meil- leure à leur progéniture. Chez nos voisins du Sud, cette opportunité de se réaliser peu importe son milieu d’origine porte l’appellation mythique de « rêve américain », rêve s’il en est un. Chez les sociologues, les économistes et autres analystes de politiques publiques, ce phénomène désigne les perspectives de mobilité sociale et économique intergénérationnelle. Au Canada, quand la diversité colore notre parcours, peut-on véritablement dépasser les échelons jalonnés par papa et maman?En premier lieu, bonne nouvelle dans l’ensemble :selon le dernier rapport de l’Association d’étudescanadiennes sur les expériences des Canadiens dela deuxième génération, les profils du rendementscolaire ou professionnel de la deuxième généra-tion, âgée de 20 à 29 ans, permettent de constaterque les jeunes de cette génération réussissent defaçon exceptionnelle comparativement à ceux de latroisième génération et des générations suivantesqui appartiennent à des minorités non visibles. Ilrevient donc à dire que, de façon quantifiable, lesparents peuvent être rassurés quant à la portée deleurs sacrifices, car ils portent statistiquement fruit.Leurs enfants parlant couramment le français, sou-vent même l’anglais, étant le fruit du système d’éd-ucation nord-américain et connaissant intrinsèque-ment les coutumes et pratiques du marché dutravail d’ici, il n’est pas surprenant que les étudesempiriques parviennent à de telles conclusions.En outre, fait singulier, alors que l’on pourrait croire de la troisième génération et des générations suiv-que toute génération subséquente rencontrerait un antes. À titre d’exemple, selon les données du Re-succès supérieur ou à tout le moins équivalent à censement de la population du Canada de 2006,celui de la seconde génération, les enquêtes socia- 36 % des enfants d’immigrants étaient titulairesles générales (ESG) menées par Statistique Cana- d’un diplôme, comparativement à 24 % des immi-da sur le sujet permettent d’observer que la réus- grants de troisième génération et des générationssite scolaire et professionnelle des immigrants de subséquentes, variation particulièrement signifi-deuxième génération, en particulier des adultes cative chez les membres de deuxième générationdont les deux parents sont nés à l’étranger, s’avère d’un groupe de minorité visible.en moyenne plus importante que celle des autresgroupes générationnels, et leur niveau de mobil- Surprenant? En creusant la question, pas tant queité intergénérationnelle se révèle également plus ça. En fait, conformément à ce que les économistesimportant, comparativement aux Canadiens issus appellent le modèle d’orientation vers le succès,de la première génération d’immigrants, que celui c’est-à-dire le modèle de changement des groupes

d’immigrants de même origine au fil des généra- Canada datant de 2011 sur les déterminants destions, il survient un certain processus de normalisa- résultats sur le marché du travail des enfants d’im-tion identitaire qui modifie les attentes quant à la migrants, le taux de chômage des immigrants degénération subséquente. Le parent qui abandonne deuxième génération s’identifiant comme Noirssa vie, sa culture, son histoire afin de se rebâtir ail- demeurait au moment de l’étude le plus élevé deleurs mise tout sur l’éducation de ses enfants, car tous avec un taux avoisinant 9,2% ; or, la moyenneil s’agit du pari de sa vie. Cet enfant devenu adulte du taux de chômage chez les immigrants de deux-à son tour, n’ayant pas traversé le même parcours ième génération au total ne s’élevait qu’à 4,4% àet étant dorénavant acculturé aux normes occiden- la même période.tales, ne sera généralement pas aux prises avec lemême type de sentiment de nécessité par rapport à Ainsi, malgré des statistiques globalement intéres-la « réussite ». Ces enquêtes et études permettent santes dont le Canada peut s’enorgueillir vu sade conclure que la phase-clé afin de déterminer le situation nettement avantageuse par rapport auxsuccès d’une intégration à long terme se situe au États-Unis et à l’ensemble des sociétés occidentalesniveau de la seconde génération et, jusque-là, peu considérées comme terres d’accueil quant aux per-importe la province d’appartenance, les immigrants spectives de mobilité sociale intergénérationnellecanadiens font bonne figure. qu’il offre à son immigration, force est d’admettre que certains déterminismes allant au-delà du niveauOr, ces mêmes études nous apprennent qu’il ex- de scolarisation des parents et du revenu familial vi-iste des variations au sein de la population des mi- ennent affaiblir le seuil de mobilité des populationsnorités visibles, certains groupes réussissant mieux issues d’une immigration afro-caribéenne et d’Af-que d’autres. C’est ici que le bât blesse. Le rapport rique subsaharienne.de l’Association d’études canadiennes sur les ex-périences des Canadiens de la deuxième généra- En ce Mois de l’Histoire des Noirs, il importe donction révèle que le pourcentage d’immigrants de de soulever cette problématique afin que celle-deuxième génération âgés de 20 à 29 ans, apparte- ci trouve écho auprès des décideurs. D’une partnant à une minorité visible, vivant dans une région parce que ces jeunes constituent sans contreditmétropolitaine de recensement et ayant obtenu des agents économiques dont la pleine participa-leur diplôme secondaire s’élevait, selon les derniers tion est nécessaire afin que le Canada prospèrechiffres disponibles, à 93% pour les Chinois, contre au bénéfice de ses citoyens. Après tout, le tiers83% pour les minorités non visibles et 81% pour de la population canadienne est composée d’im-les Noirs. Constat encore plus manifeste quant à migrants ou d’enfants d’immigrants ; en 2006, unceux ayant obtenu un baccalauréat ou un diplôme habitant sur cinq était un immigrant et 15 % dede deuxième ou de troisième cycle : dans ce rap- la population étaient des Canadiens de deuxièmeport, ce pourcentage se hisse à 40% pour les Chi- génération. Cette tendance n’est pas prête de senois, contre 24% pour les minorités non visibles et renverser. Toutefois, d’autre part, cet enjeu doit re-15% pour les Noirs. De tous les groupes recensés tentir fort parce qu’il s’agit tout simplement d’unepar cette étude, les Noirs et les Latinos sont les question de dignité. Nous sommes tous Québécois.seuls groupes ethnoculturels à se retrouver sous la Nous sommes tous Canadiens. Il est grand tempsmoyenne des minorités non visibles. que les chiffres reflètent cette réalité. Au nom de la cohésion sociale. Au nom de l’égalité des chances.En ce qui a trait au marché du travail, le défi de- Et au nom de notre identité plurielle à tous.meure également de taille : selon une étude dela Direction des études analytiques de Statistique par Madwa-Nika Cadet

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