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SOMMAIRE 05.....................................................................Éditorial Doudou SOW 06............................................................Rencontre Christine BLACK 14..........................................................................SJEI Kathia KLUVAC 17......................................................Le monsieur SANS FACON DNB 16................................Chronique Finance TSHIBOLA KAPANGA 28...................................................... L ittérature Vincent DIRAKA 30.......................................................................Culture & Médias 30.................................................................................................Contact3 JUIL - AOÛT - SEPT 2016
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Éditorialiste invité Doudou SOWAccélérer l’intégration professionnelle des immigrantsLe sous-emploi des nouveaux arrivants est une réalité vé- précédentes, les personnes immigrantes ont toujourscue dans le processus d’intégration du marché du travail. eu des difficultés à s’intégrer sur le plan professionnel.La question du sous-emploi se pose quand un immigrant En général, la qualification ou la formation des immi-occupe un poste qui exige un niveau de scolarité infé- grants sont souvent supérieures, dans certains postes, àrieur à celui qu’il détient. L’immigrant qui est en emploi celles de la population québécoise. Par contre, il seraitpour un poste en deçà de ses compétences est une perte déconseillé à un immigrant de déclarer, à ses tout débuts,économique et humaine pour l’ensemble de la société qu’il n’acceptera jamais des postes d’entrée sous prétexted’accueil (frustration de l’immigrant se reflétant de ma- qu’il est compétent. Le système accordera du mérite auxnière négative dans le vivre-ensemble harmonieux, peu personnes compétentes une fois que ces dernières aurontde motivation de l’immigrant à travailler dans les manu- eu la chance de prouver à l’employeur qu’elles livreront lafactures, sous-utilisation du potentiel économique, etc.). marchandise en tout temps. Il faut être capable de faire les preuves de ses compétences à l’intérieur de l’entreprise.Les personnes immigrantes acceptent, la mort dans Différentes initiatives ont été mises sur pied pour fa-l’âme, le déclassement professionnel. La déqualification ciliter l’intégration des immigrants- (Programmeprofessionnelle, ou le déclassement professionnel, n’est d’aide à l’intégration des immigrants et des minori-rien d’autre que le fait d’occuper un emploi en deçà de ses tés visibles en emploi (PRIIME), Intégration en em-compétences. La frustration des immigrants ne se ressent ploi de personnes formées à l'étranger référées parpas et ne se mesure pas de la même façon, d’un immi- un ordre professionnel (IPOP), Défi Montréal, Pas-grant qualifié possédant plusieurs années d’expérience serelle pour l’emploi en région, Mentorat)-, mais cesà un immigrant fraîchement diplômé des universités. mesures devraient être accompagnées des moyens financiers proportionnels au nombre d’immigrantsLa surqualification des travailleurs immigrants par rap- reçus annuellement, ce qui est loin d'être le cas.port à des postes a fait l’objet d’études pancanadiennes L’auteur est sociologue-blogueur, conférencier etdont, notamment « Les immigrants sur le marché du tra- consultant. Il a publié en avril 2014 deux livresvail canadien en 2008 : analyse de la qualité de l'emploi ». sur la question de l’intégration professionnelle desSélectionnés pour leur capacité à occuper des emplois personnes immigrantes et l’identité québécoise.qualifiés, les nouveaux arrivants se retrouvent, dans unpremier temps, à occuper des emplois non-qualifiés. Doudou Sow est consultant-formateur en intégrationLa présence ou surreprésentation des personnes immi- professionnelle et gestion de la diversité. Il possèdegrantes dans les programmes d'assistance sociale, les dif- plus de quinze années d’expérience dans le domaineficultés des médecins étrangers, surtout d’origine noire de l'emploi et de l’action communautaire. Monsieurafricaine et maghrébine, sont des baromètres révélateurs Sow a publié en avril 2014 deux livres sur la questiondes inégalités et des difficultés d’insertion d’une catégorie de l’intégration professionnelle des personnes im-de la population. La surreprésentation des femmes im- migrantes et l’identité québécoise. Il a accordé plu-migrantes dans des emplois précaires ainsi que leur taux sieurs entrevues à la société d’État ICI Radio-Canadade chômage révèlent également de sérieux problèmes. sur les questions touchant l’employabilité des immi-Le taux de chômage atteint parfois plus de 30 % chez grants. Ce sociologue-blogueur fait également partiecertaines communautés culturelles. Dans tous les du collectif d’auteurs qui ont proposé des solutionspays d’immigration, les immigrants sont les premiers pour Montréal dans un livre, Rêver Montréal - 101à écoper en période de crise économique. Même si le idées pour relancer la métropole. Il détient une maî-Québec s’en est mieux tiré que les autres provinces ca- trise en sociologie, option Travail et Organisations.nadiennes, les immigrants continuent à occuper lesemplois atypiques, deviennent de plus en plus flexibles JUIL - AOÛT - SEPT 2016et touchent les salaires les plus bas. En 2008 2009 (dé-but de la crise économique), comme dans les années5
A la rencontre deCBhLrAisCtinKe Mairesse de la ville de Montréal Nord M LKL embre de l’Équipe Coderre, la mairesse Christine Black est originaire de Saint-Rémi, Christine Black était directrice depuis 10 ans du centre de jeunes L’Escale, un organisme qui aide les 15-25 ans situé dans l’ar- rondissement Montréal-Nord. La mairesse a été élue avec 68,56 % des votes. INMAG : Qui est Christine Black? Christine Black est une femme dynamique, très impliquée et très engagée à MTL nord. Ça faisait déjà 14 ans que j’étais impliquée à MTL Nord quand l’appel de la politique est venue. Dans les dernières années, j’ai vraiment choisi Montréal Nord parce que je suis arrivée ici par hasard en 2002 et je ne connaissais pas du tout Montréal Nord. Moi, je suis une femme qui vient de la banlieue la campagne même parce que Saint-Rémi-de-Napierville c’est petit. Je suis arrivée à Montréal Nord à la fin de mes études comme animatrice au centre de jeunesse escale. Je suis restée et j’ai gravi les échelons comme coordonnatrice ensuite comme directrice en 2006. Donc Ça faisant déjà un certain temps que j’étais dans le quartier et j’étais impliquée au niveau de la table de concertation jeunesse, au niveau de la table de quartier et je connaissais déjà beaucoup les personnes qui composent notre communauté donc au fil de ma carrière, j’avais eues des opportunités de choisir d’autres emplois car, des fois, on souhaite aller ailleurs de mon côté à Montréal Nord, je trouvais que je faisais une différence auprès de jeunes à l’époque auprès de 15 ans à 25 ans avec qui je travaillais. 6
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INMAG : Pourquoi avoir choisi Montréal Nord pourvous lancer dans la politique ?J’ai choisi Montréal Nord parce que le maire m’avait de-mandé d’être sa candidate.par un message sur Facebook en me demandant d’al-ler prendre un café et il me demandera si je souhaitaisêtre candidate pour son parti pour le poste de maire. Etj’ai eu vingt-quatre heures pour y penser. La vie va vitedans ce temps-là et ce vingt-quatre heures qui changentla vie et en même temps, je ne regrette pas car, au posteque j’étais, j’étais rendu un peu à la limite en tant quedirectrice de l’escale dans ce que je pouvais faire. Alorsqu’ici en tant que mairesse, je peux aller plus loin, jepeux interpeller plus d’interlocuteurs je peux avoir uneinfluence plus grande finalement dans les changementsque l’on peut faire à Montréal Nord.Mais aussi parce que j’avais une grande connaissance deMontréal Nord, Dans certains quartiers, on peut tra-vailler, mais les gens ont déjà une longueur d’avance.Alors, ici, lorsqu’on fait un projet ou on met une initia-tive en place, tout de suite, les gens réagissent. Les genssont heureux de recevoir, très reconnaissants alors pourmoi de choisir Montréal Nord c’est de me permettre defaire la différence dans la vie de gens.INMAG : Pouvez-vous nous parler des défis que vous on parle de 3500 élèves plus l’école Lester B. Pearson qui est anglophone.avez en tant que mairesse de Montréal Nord? Ensuite, il y a tout le bassin des écoles primaires alors çaEn fait, on a des défis à Montréal Nord, je vous dirais fait beaucoup de jeunes en autre dans le secteur Nord-nous en avons ici comme il y en a ailleurs. Montréal Est il y a une affluence de jeunes dans ce secteur-là trèsest devenu une grande métropole avec une influence au importante. Alors, les jeunes sont une priorité car, ilsniveau de l’immigration très importante. C’est sûre que sont notre présent et notre futur à la fois.cela amène son lot des défis et en même temps je dirais Il y a quand même beaucoup de travail que l’on fait à ceici nous avons deux couches de population qui sont très niveau-là.présentes en autre au niveau de jeunes. En autre dernièrement, nous avons eu deux grands ren-Alors, de jeunes on fait partie des arrondissements où il dez-vous jeuneuse « PRIORITÉ JEUNESSE » ça nousy a un grand nombre de jeunes, on parle autour de huit a permis de réunion dans le premier rendez-vous quimille jeunes à Montréal Nord. avait une grande ampleur tous les acteurs autant duOn a deux grandes écoles secondaires francophones niveau communautaire, niveau institutionnel et éga-École secondaire Calixa-LavalléeÉcole secondaire Henri-Bourassa juste pour ces écoles8
ce soit. Ça limite aussi les choses, vous savez comme moi que certains aînés surtout les femmes n’ont pas nécessairement travaillé dans leurs vies parce que les aînés qu’on a aujourd’hui, les femmes travaillaient peu éventuellement on aura une autre réalité mais actuel- lement ça fait en sorte que nous avons une population des aînées qui peuvent vivre beaucoup de difficultés en ce moment Et bien sûr, nous avons toutes nos communautés, nos nouveaux immigrants qui arrivent ici et qui choisissent vraiment de s’installer à Montréal Nord veut veut pas s’amener son lot de défi au niveau de Montréal Nord principalement dans le milieu de l’emploi. Le parcours migratoire n’est pas toujours simple, c’est un travail d’action qui va dans les deux sens et comme institution, on peut faciliter les choses pour que le par- cours soit plus simple. Ça fait partie entre autres de trois gros enjeux et il y a sûrement d’autres mais actuellement, on travaille sur ces enjeux-là.lement des fondations du milieu privé pour qu’on puisse INMAG : Comment gérez-vous cette richesse de di-échanger ensemble sur quelles sont les priorités etcomment on fait pour aider notre population jeune ici versité culturelle au sein de votre arrondissement quiet c’amène vraiment une transformation et donc la jeu-nesse est un défi pour nous mais également nos aînés. s’accompagne souvent des exclusions sociales. Éco-Parce que nous avons une présente très forte des aînésà Montréal Nord qui est liée par les résidences de per- nomiques, problèmes d’intégrations, le chômage, lesonnes âgées sur le boulevard Gouin, nous avons plusde vingt résidences. décrochage scolaire…?C’est certain que dans chaque résidence, il peut y avoir Ça fait quatorze ans que je suis ici, donc j’ai déjà uneentre cent à mille personnes voire plus dans certaines bonne connaissance du terrain, moi je suis convain-résidences qui ont plusieurs tours. cue c’est en mettant des initiatives, des projets en placeEt les personnes âgées ont de revenus fixes n’ont pas ça nous permet d’aider les gens. En réunissant aussi, Monsieur Coderre m’appelle souvent la rassembleuse,9de possibilité d’avancement de carrières ou quoi que il y a eu beaucoup d’articles durant la campagne à ce niveau-là. Pour moi, travailler en sillon ça ne fait pas partie de bonne pratique pour justement pour aider notre po- pulation alors je vais être enclin à réunir les différents partenaires autour d’une même table et justement pour voir comment on peut travailler et aller plus loin. Parce que chaque à son champs de compétence alors JUIL - AOÛT - SEPT 2016
ça fait partie de pratiques que j’ai commencé à inculquer ici.J’ai déjà plusieurs rencontres avec les différents acteurs la commission scolaire, le service de police et d’autres par-tenaires au niveau de la ville.Alors, c’est de se réunir ensemble et de travailler et en mettant des initiatives, de projets en place pour pouvoir lesaider.Pour moi, ce n’est pas une fatalité que nous avons de problématiques dans un quartier comme ici Montréal Nordau contraire, c’est une situation actuelle qui peut s’améliorer.Alors, ça fait vraiment partie de ma manière de travailler et l’arrondissement a aussi des leviers au niveau du finan-cement de projets, de nos organismes mais aussi au niveau des réalisations de projets que ça soit dans le cadre del’amélioration des rues , l’amélioration du cadre bâtit, d’ajouter du mobilier urbain.Tout cela améliore notre quartier et c’est comme une roue, cela encourage des entrepreneurs à venir s’installer ici,si il y a plus d’entrepreneurs, l’économie va mieux car, plus d’emplois. Et c’est une roue qui tourne et c’est un systèmequi est là pour aiderEt nous comme arrondissement nous sommes comme un morceau dans le système.10
AIDE AUX DES SERVICES GRATUITS COLLECTIFSIMMIGRANTS ET INDIVIDUELS DE QUALITÉ EN MATIÈRE D’ACCUEILACCUEIL ET D’ÉTABLISSEMENT AINSI QUE D’EMPLOYABILITÉINTÉGRATION ET D’INSERTION EN EMPLOI POUR IMMIGRANTS.EMPLOI NOS SERVICESSuivez-nous pour nos ateliersd’emploi et autres activités Accueil et intégration11d’accueil et d’intégration · Information et orientation dans le processus d’immigration, d’installation et sur les démarches à entreprendre auprès des instances de l’immigration · Écoute et soutien · Information sur la recherche de logement · Information sur les cours de langues offerts · Lutte à la discrimination · Défense des droits · Aide alimentaire · Groupes d’achats et informations sur la saine alimentation · Déclarations de revenus · Assermentations · Bénévolat, activités socioculturelles · Autres services en lien à l’immigration et l’intégration Employabilité · Immersion professionnelle – Services d’aide à l’emploi (SAE) spécialisés · Rencontres individuelles – Évaluation des besoins et orientation professionnelle · Ateliers de recherche d’emploi · Information sur le marché du travail et traitement des offres d’emploi · Préparation de CV par compétences, par potentiel et par cible · Simulation, mise en situation et préparation aux entrevues d’embauche · Choix de carrière et de formation professionnelle · Accompagnement professionnel en entreprise · Rencontres avec les employeurs, sessions d’information et réseautage professionnel · Visites d’exploration et d’observation dans les industries et les entreprises · Placement en emploi et maintien durable en emploi · Cours d’informatique de base (Word, Excel, Outlook et Internet) PLUS DE 35 ANNÉES D’EXPÉRIENCE EN MATIÈRE D’IMMIGRATION NOUS ACCUEILLONS PLUS DE 10 000 PERSONNES CHAQUE ANNÉE 6865 Av. Christophe-Colomb Montréal, Qc. H2S 2H3 T 514 271.3533 F 514 271.1910 [email protected] Métro Beaubien ou Jean-Talon www.lamaisonnee.org | www.fJaUceILbo-oAkO.cÛomT/-laSmEPaiTso2nn0e1e6org
MOT DE LA PRÉSIDENTE du Salon des Jeunes Entrepreneurs International C’est avec le plus grand des plaisirs que je vous invite, en mon nom et en celui de notre comité organisateur, auSalon des Jeunes Entrepreneurs International, qui aura lieu le samedi 29 octobre 2016, de 10h-17h30, à la PlaceBonaventure. Nous sommes fiers de concrétiser pour une troisième année, ce magnifique projet qui contribue àl’enrichissement d’une relève dynamique et compétente pour l’avenir des communautés culturelles, immigrantes etinternational du Grand Montréal.Une fois de plus, je suis fière, à titre de présidente du Salon de vous accueillir sous le thème : les couleurs de l’en-trepreneuriat! Dans quelques mois, des entrepreneurs innovants, issus de différentes communautés culturelleset immigrantes, se mettront en lumière! Ces jeunes, remplis de courage, de détermination et d’ambitions, ont sucroire en leur projet et seront exposants à notre 3e édition pour vous présenter leur entreprise, vous proposer leursservices et vous vendre leurs produits. Il y aura aussi sur place des professionnels et acteurs de l’entrepreneuriatpour vous conseiller, vous orienter dans le démarrage de votre entreprise et vous renseigner quant aux servicesofferts par leur entreprise ou organisation.Quel bonheur ce sera pour tous ces jeunes d’échanger avec vous et de bénéficier de vos encouragements et de votresoutien. Sans aucun doute, vous serez bien servis voir agréablement surpris de constater le talent et les compé-tences de nos chers exposants.Ne manquez pas d’être présents à nos 7 conférences, aux ateliers interactifs, de participer aux nombreux concours,tirages et bourse ou de prendre rendez-vous avec l’un des mentors du Réseau M, de la fondation de l’entrepre-neurship. Ensemble, contribuons à faire de cette troisième édition du salon des Jeunes Entrepreneurs Internationalune réussite!Le SJEI, c’est TOUT un rendez-vous!Mme Kathia St-VictorPrésidente du Salon des Jeunes Entrepreneurs InternationalFondatrice et directrice de Kluva Chic12
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LE MONSIEUR SANS FACON INMAG : Parlez nous un peu de vous. Quelle est l’histoire qui se cache derrière le visionnaire qui a créé Sans Façon? SF : Je suis citoyen canadien mais je suis né et j’ai grandi au Congo Zaire où à l’âge de 8 ans, j’ai eu l’idée de commencer un petit com- merce durant les grandes vacances. Issu d’une famille relativement aisée, mon père était terriblement choqué mais vu mes demandes incessantes et croyant avoir à faire aux caprices d’un enfant, il finit par consentir. Après un premier investissement qui porta ses fruits, il continua d’investir dans ma petite entreprise. Après 2 mois de grandes vacances à jouer au petit commerçant, j’étais accro. Et je commençais déjà à réfléchir en termes en termes d’expansion. Quand le moment était venu de rentrer à l’école, je fis part à mon père de mon projet de me consacrer aux affaires à temps plein et à abandonner l’école. Bien entendu, il s’y opposa farouchement. Un refus catégorique. Et cette fois ci plus question d’affaires pour moi même à temps partiel. Ma grand-mère qui avait eu vent de cet incident ne dit rien. Ce- pendant presque chaque fois qu’elle me voyait elle me demandait de venir l’aider à faire passer un fil dans le trou d’une aiguille. A l’époque ça m’embêtait beaucoup. Mais avec le temps je me rends compte qu’à travers ces petits exercices elle a démontré qu’avec jus- tesse elle avait vu l’avenir dont je ne percevais que le bout. Je savais que j’étais né pour les affaires mais je ne savais pas exactement pour quel genre d’affaires. Aujourd’hui chaque fois que j’ai une aiguille entre les mains, je pense à elle et je souris. Comme vous le voyez ma grand-mère est celle qui a validé mes am- bitions avant tout le monde. Elle leur a donné une certaine légitimi- té sans chercher à créer ou exacerber une crise au sein de la famille. Dix ans plus tard, je termine mes études au Collège Boboto puis je m’envole vers l’Europe avant de me retrouver au Canada. Et dix ans après mon arrivée au Canada l’idée me vint soudan de me lancer dans la mode et de créer Sans Façon.162/ Donc votre père vous a d’abord soutenu puis s’est opposé à
17 INMAG : Donc votre père vous a d’abord soutenu puis s’est oppo- sé à votre ambition ? Quels sont vos rapport avec votre père au- jourd’hui? SF : Nos rapports sont excellents. C’est un grand fan de Sans Fa- çon qu’il porte d’ailleurs avec panache. En fait mon père est un sa- peur-pompier qui m’a protégé du feu qui aurait peut être brûlé mes ailes et provoqué une chute irréversible. J’avais tout de même 8 ans quand je suis allé lui annoncer que je voulais abandonner l’école pour me consacrer aux affaires à temps plein. Il a réagi comme tout excellent père devrait réagir. Avant cette annonce, il avait accepté que je fasse des affaires à temps partiel et uniquement pendant les grandes vacances. Mais de là à accepter d’en faire une occupation à temps plein c’était trop et ne cadrait pas avec l’image de la famille. Quand mon père a dit non à ce que je percevais comme ma vocation c’était pour me protéger et non m’empêcher de voler vers le soleil. Et plus tard il me l’a même très bien expliqué: « Tout le monde peut faire de l’argent. Mais tout le monde peut aussi le perdre. L’éducation elle n’est pas réservée à tout le monde. Et ceux qui l’ont ne peuvent jamais la perdre. » Aujourd’hui, mon père est très fier de moi. Il est mon coach qui ne cesse de dire : « Fonce. Ne t’arrête plus même si tu as l’impression de ne pas savoir où tu vas. » INMAG : propos comment vous est venue l’idée de créer Sans Fa- çon au Canada? SF : Je suis et j’ai toujours été un rebelle. Je n aime pas suivre les autres. J’aime tracer mon propre sentier. A mon arrivée au Canada, je me suis vite lancé dans la vie active. Trois ans après mon arri- vée, je me suis fait embaucher par une compagnie de la place où j’ai très vite commencé à gravir les échelons. Quand 9 ans plus tard je me suis fait virer de cette boîte, dans ma rage j ai voulu créer mon propre monde et relancer mon avenir selon mes propres termes. Non sans façon n’était pas seulement une manière de réclamer mon indépendance non pas seulement par rapport a une vie d employé de carrière mais aussi contre tout système qui chercherait a imposer un mode de pensée unique. Et au-delà de tout ça, non sans façon c était ma manière de signaler aussi que dans même les milieux de la mode je ne venais pas pour copier qui que ce soit ou courber l’échine mais plutôt pour créer un monde à part. 4/ Et « Sans Façon», ça veuJtUdiIrLe q-uAoOi eÛxaTct-emSEenPtT? Q2ue0l1se6ns lui
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INMAG : Et « Sans Façon», ça veut dire quoi exacte- INMAG : A propos, qu’est-ce qu’un ascot ?ment? Quel sens lui accordez-vous ? SF : L’ascot est accessoire vestimentaire qui dans saSF : Le nom «Sans Façon» veut tout simplement dire : fonction ressemble beaucoup au foulard (Car les deux« non merci. » Ceci n’est pas une erreur commise par se nouent autour du cou) mais qui se distingue de par laquelqu’un qui aurait perdu la maîtrise du français mais structure: Le foulard est rectangulaire tandis que l’ascotune interprétation artistique de l’épisode où Abraham a une forme rétrécie au milieu et est large vers les deuxdevait sacrifier Isaac. Quand il était sur le point de tuer bouts.son fils, la voix de Dieu s’éleva pour dire de manièreferme néanmoins polie: «non, sans façon» et de ce fait INMAG : En quoi exactement se différencie-t-il d’unesignifier à Abraham que pour lui plaire un tel extré- écharpe par exemple ?misme n’était pas nécessaire...La marque Sans Façon se veut donc de rappeler que SF : Votre question traduit l’incompréhension qu’ilpour attirer l’attention de Dieu ou des hommes, on n’a y a au niveau des termes. Car, un ascot n’a rien à voirpas besoin d’être un extrémiste. Il faut juste être et non avec une écharpe. Les deux sont des accessoires qui sepas chercher à paraître. Car, en fait quand on «se tue» portent près du cou. Mais à la différence fondamentaledans la chair pour paraître, du haut de son trône Dieu que l’écharpe se porte au dehors et l’ascot lui est beau-dit simplement: «Sans Façon!» coup plus « intime » car il se porte autour du cou ou tout près de votre chair.INMAG : Pourquoi avoir choisi de commencer par unecollection d’ascots? INMAG : Où sont confectionnés vos articles ?SF : En 2006, un homme très respectable me voyait tou- SF : Ils sont pour la plupart confectionnés ici au Cana-jours porter un ascot autour du cou me demanda où da. Ceci dit, à l’avenir nous pourrions penser à diviser leil pourrait acheter des ascots. Chose étrange : Au lieu travail en deux parties : Le design va continuerde lui dire où acheter ces ascots, je promis d’aller moi- d’être ici au Canada et la productionmême lui en acheter quelques uns. Mais quand j’ai vu le pourrait alors être exécutée ailleurs.service offert par la boutique qui vendait ces produits Il ne s’agira pas simplement d’exporterj’étais soudain révolté et me décidai que j’allais moi aussi la production vers une usine qui pourracommencer à créer des ascots et offrir un service ex- offrir des prix compétitifs mais plutôtceptionnel aux hommes et femmes respectables qui en vers une autre maison qui comprendraitauraient besoin. J’eus l’idée au mois d’avril 2005. J’ai hé- les vertus de notre art.sité avant de me lancer dans cette voie. Mais quand monemployeur de l’époque me mit à la porte je me sentis INMAG : Quelle est votre approcheobligé de me lancer dans cette nouvelle voie. Alors le par rapport à votre travail dans17 octobre 2006, sous une pluie battante je me rendis cet univers ultra compétitifaux bureaux du gouvernement canadien pour faire en- qu’est celui de la mode ?registrer ma nouvelle compagnie. Les gens m’ont dit queça ne marcherait pas car je n’avais pas l’expérience et20les moyens nécessaires, dix ans plus tard nous sommestoujours ici.
SF : En tant que Directeur Artistique, je ne regarde ja- SF : En tant que Directeur Artistique, je ne regarde ja-mais nos réalisations comme des œuvres commerciales. mais nos réalisations comme des œuvres commerciales.Nous ne sommes pas des artisans qui conçoivent des Nous ne sommes pas des artisans qui conçoivent desproduits afin d’aller les vendre au premier venu. Nous produits afin d’aller les vendre au premier venu. Nousne vendons pas. Nous créons. Ma grand-mère ne m’a ne vendons pas. Nous créons. Ma grand-mère ne m’apas appris à être un vendeur. Elle m’a appris à être un pas appris à être un vendeur. Elle m’a appris à être uncréateur et à aimer ce que je fais comme une partie de créateur et à aimer ce que je fais comme une partie demoi-même. Chaque création est donc un enfant de moi-même. Chaque création est donc un enfant denotre esprit au sein de la compagnie Sans Façon. Et en notre esprit au sein de la compagnie Sans Façon. Et entant que parents nous leur donnons des noms bien pré- tant que parents nous leur donnons des noms bien pré-cis pour lui reconnaître une personnalité à part entière cis pour lui reconnaître une personnalité à part entièreet un unique avenir. C’est cette approche qui nous a per- et un unique avenir. C’est cette approche qui nous a per-mis de survivre après tant d’années et de continuer de mis de survivre après tant d’années et de continuer demériter la confiance de ceux qui aiment notre art. mériter la confiance de ceux qui aiment notre art.INMAG : Perspectives d’avenir? Sans Façon dans les INMAG : Perspectives d’avenir? Sans Façon dans lesgrandes surfaces en Europe et en Amérique ? grandes surfaces en Europe et en Amérique ?Personnellement je ne suis pas encore très chaud SF : Personnellement je ne suis pas encore très chaud quant à une commercialisation à grande échelle de nos21 produits pour la simple raison que nous ne faisons pas des œuvres commerciales. Nous produisons de l’art. Une œuvre d’art ne s’étale pas sur les tables d’un marché. Une œuvre d’art a besoin d’un cadre approprié pour sa présentation. Sinon on salit sa propre création et les gens qui sont censés venir apprécier vos œuvres d’art. Car, en dehors de nos ascots, nous produisons aussi des écharpes uniques qui sont basés sur le modèle de kizoba zoba. Ces écharpes sont produites comme des œuvres d’art qui peuvent soit être portées autour du cou ou accrochées comme des tableaux sur les murs d’une maison. Nos écharpes se veulent d’être belles comme des tissus Kente qui sont aujourd’hui utilisés comme décorations dans beaucoup de maisons en Occident. Il y a aussi d’autres créations que je vous invite à venir dé- couvrir sur notre site www.sansfacon.ca Ceci dit, si demain le Conseil d’Administration décide qu’il est temps de changer de stratégie alors je vais me plier à leur volonté. JUIL - AOÛT - SEPT 2016
INMAG : Comment voyez-vous le développement de votre entreprise dans l’avenir ?SF : Après 10 ans à peaufiner notre art, nous sommes maintenant prêts à passer à l’autre volet qui est le partenariatavec un petit groupe exclusif de distributeurs pour pouvoir amener nos œuvres dans tous les continents où desamateurs ne cessent de se manifester. Tout cela se fait bien entendu dans le respect absolu de ce côté exclusif quenous voulons maintenir.Merci pour cette excellente opportunité de parler de ce que nous faisons chez Sans Façon. Je souhaite à toutel’équipe du magazine Intégraction ainsi que vos familles respectives un avenir radieux.22
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CHRONIQUE FINANCETSHIBOLA KAPANGARéprésente en sécurité financiere514 282 32431866 665 0500 Ext. 2343Catégories de placement vous dites ? vous le rembourser à la pleine valeur au moment de l’échéance - dans un, trois, cinq, dix, vingt ou trenteLes marchés financiers sont complexes. Il est très facile ans - et de vous verser des intérêts dans l’intervalle.d’y perdre son latin. Quelles sont les principales « caté- Mais, dans cet intervalle, la valeur sur le marché degories de placement » et en quoi est-ce important pour votre obligation fluctuera, au gré des taux d’intérêt.moi? Elle prendra de la valeur si les taux d’intérêt sur le marché baissent, parce que la vôtre est plus payanteQuand on parle placement, la toute première chose à en intérêts que celles qui sont nouvellement émises.faire est de distinguer deux grandes catégories : les pla- L’inverse est aussi vrai.cements garantis et les placements non garantis. Cesont deux mondes. Voici par ailleurs la liste exhaustive Leur valeur est donc garantie à l’échéance, mais elledes placements garantis que l’on retrouve au Canada : fluctuera assurément en cours de route. Et la soliditéles Certificats de placement garantis, les Obligations de la garantie à l’échéance est proportionnelle à celled’épargne et les Bons du trésor. Point. Ce sont les seuls de l’émetteur, qui pourrait être devenue insolvableplacements où l’argent que vous investissez est garan- entre-temps, surtout si c’est une compagnie. Il pour-ti en tout temps. Le capital est garanti. Le rendement, rait donc arriver que votre obligation négociable nequant à lui, est tantôt garanti, tantôt pas. Tous les autres vaille plus un pesos à la fin!placements comportent donc une forme de risque. Les Actions sont un tout autre type de placement.Entrons donc dans l’univers des placements non garan- Elles sont des titres de propriété. En les achetant, latis. Il existe fondamentalement deux grandes catégories plupart du temps via les marchés boursiers, vous de-ici : les Obligations négociables (attention, pas les obli- venez un petit peu propriétaire de la compagnie quigations d’épargne) et les Actions. Autour de ces deux-là, les a émises. Elles comportent un risque plus grandtourne toute une panoplie de produits, parfois simples, que les obligations négociables, parce que leur valeurcomme les fonds d’investissement, parfois compliqués, est directement reliée à celle de la compagnie elle-comme les produits dérivés. Mais ne nous égarons pas… même, ainsi qu’à leur demande sur le marché. PlusQuand vous les achetez, vous devenez créancier de elles sont populaires, plus leur valeur augmente, etl’entité qui les a émises, soit le gouvernement ou la vice versa. Il arrive parfois que des titres très bien co- tés perdent la presque totalité de leur valeur (Bre-X,26compagnie. Celle-ci vous doit de l’argent et promet de Nortel, etc.). Votre profit ou votre perte correspond
à la différence entre le prix payé pour les acquérir et celui encaissé au moment de la revente. Malheureuse-ment, avec les actions, vous n’êtes jamais totalement à l’abri d’une mauvaise nouvelle concernant la compagnieémettrice.Le secret d’un bon portefeuille de placements est de contenir la juste proportion de l’un et de l’autre ? place-ments garantis, obligations négociables et actions. C’est simple. Parlez-en à votre conseiller en sécurité finan-cière, votre meilleur allié vers une stratégie gagnante!27 JUIL - AOÛT - SEPT 2016
LITTÉRATUREPOEME : LE TRAIN de Vincent DIRAKALe matin d’un jour illuminé de mes vacances an- savourais chaque instant loin du stress quotidien dunuelles titubant je montais l’escalier à deux étages qui travail.menait au quai d’embarquement du train de banlieue CHEF D’ŒUVRE DE LA TECHNOLOGIE MO-de la gare intermodale X à côté de la quelle j’habitais. DERNE LE TRAIN MERVEILLE DE NOTRE CIVI-Devant la machine qui attribuait des billets pour LISATION S’AVANCAIT RUTILANT VERS SONMars moyennant quelques écus je prenais mon bil- BUT ULTIME REJOINDRE SA DESTINATION FI-let et là commençait mon escapade ferroviaire vers la NALE LA GARE DU CENTRE VILLE EN UN TEMPSgare centrale Y du train de ma ville . ACCEPTABLEAssis sur le banc je regardais les cailloux qui tapis- NOUS DÉBARQUONS A LA GARE LE BUT FINALsaient le sol ainsi que le rail cloué aux traverses de EST ATTEIND FIN DE L’ESCAPADE DU RÊVE ETbois qui gisaient à quelques pas de moi sur un sol lu- DE LA RÊVERIE ET DUR RETOUR À LA RÉALITÉnaire noir couleur du schiste. D’UN PASSAGER INSPIRÉ PARAIT IL.Le sizerin chantait dans les arbres proches du voisi-nage de la voie ferrée. Vincent DIRAKALe phare du train scintillait à l’horizon La sirène dutrain retentit au lointain puis le train se rapprocha.Monsieur le train a de grosses roues qui le poussaienten avant en frottant contre le métal du rail et qui fai-saient des étincelles blanches.La sirène du train retentit de nouveau le départ dutrain est imminent Je monte dans le wagon et je m’as-sieds près d’une fenêtre vitrée ouverte sur le mondele train démarra les arbres et les poteaux métalliquesqui servent à alimenter le train par l’électricité se suc-cédaient et déferlaient en une suite mathématique in-calculable dont le chiffre exact échappait à mon esprit.Le géant de fer gagna en vitesse.Le rêve commença. Inconsciemment je m’adonnaisau vagabondage de l’esprit durant le trajet. Je scru-tais et j’admirais le paysage qui s’offrait à moi le longde la voie ferrée Je voyageais librement loin de toutescontraintes car l’urgence d’arriver à une heure fixen’existait plus pour une fois j’étais en vacances et je28
CULTURE ET MÉDIASSUGGESTIONS DE LECTURE29 JUIL - AOÛT - SEPT 2016
CONTACT ÉDITEUR Lawrence Kitoko L. DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Nathan Bolundu DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Anne Emmanuelle Fohony COORDONNATRICE DE LA RÉDACTION Judith milolo SECRETAIRE DE LA RÉDACTION Ashanti Kitoko RÉDACTION Doudou Sow Lawrence Kitoko Sophie Mangado Tshibola Kapanga MARKETING ET VENTES Larry Agency GRAPHISME ET ILLUSTRATION Larry Agency ADMINISTRATEUR WEB Larry AgencyMagazine Intégr’Action DISTRIBUTION4890, Arthur, DDO H9G 2M8, Larry AgencyQc, Canada CREDITS PHOTOSTél. : +1 514-546-5643 photo Kevin Calixte, Zoomimages, IStockphotoFax : +1 514-664-1485 ISSN : [email protected]
31 JUIL - AOÛT - SEPT 2016
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