la revue de la Maison des PotentielsL’apprentissage syntropique Mars 2015
EditorialNous avons envie de vous convier à un voyage au travers de divers sujets qui touchent au potentiel* de chacun, pe-tits et grands, afin de vous faire découvrir de nouveaux horizons ou de vous faire envisager le monde sous un autrepoint de vue.C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons préparé cette revue sur le thème del’apprentissage syntropique*.Ce sujet nous interpelle vivement car il nous touche par rapport à notre vécu: notre propre façon d’apprendre et d’ap-pliquer ce que nous avons appris, l’acceptation du processus d’apprentissage (on aimerait tellement souvent que celaaille plus vite), nos contentieux vis à vis du système scolaire, nos limites et nos résistances face à la nouveauté maisaussi la satisfaction de se voir évoluer et grandir, le bonheur de voir nos enfants apprendre avec facilité ce qu’ils ai-ment et se dire qu’on a tout compris, etc... Apprendre mobilise en chacun de nous tant de facteurs et met en oeuvretant de nos besoins fondamentaux* que nous n’arriverons probablement pas à épuiser le sujet dans ce dossier, maistentons néanmoins d’explorer un peu ce qui est en jeu...Nous vous souhaitons un bon voyage au coeur de vous-même... L’équipe de la Maison des PotentielsNotre équipe Notre philosophie (de gauche à droite) La Maison des Potentiels est un espace - réel et vir- Anne Pirnay tuel - de découverte, d’expérimentation et d’expres- sion libre, de développement personnel pour petits et Mariette Locus grands. Thérèse Roelandt Muriel Delfosse Nous accompagnons les enfants et les adultes dansMarie-Christine Lefebvre l’épanouissement de leurs potentiels*. Florence Thibaut Laurence Legrand Lorsque nous étions enfants, nos besoins* n’étaient pas souvent respectés et nous avons grandi, tant bien que mal, en arrivant à les satisfaire avec plus ou moins de succès. Devenant parent, enseignant, parrain, marraine, éducateur,... en un mot des «éducants»*, nous sommes confrontés à nos manques et nos blessures bien souvent révélés par l’attitude et le comportement des enfants avec lesquels nous sommes liés. L’enfant apprend beaucoup en regardant vivre l’adulte. Comment alors l’accompagner vers le bonheur si nous-mêmes en avons perdu le chemin? Ce qui nous guide, à la Maison des Potentiels, c’est d’accompagner chacun dans son parcours et, ce faisant, contribuer à ce que les en- fants et les adultes puissent s’épanouir dans un environnement har- monieux. 1 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
L’apprentissage syntropique C'EST QUOI APPRENDRE? POURQUOI APPRENDRE?est celui qui permet de réaliser nos poten-tiels* notamment via la satisfaction de nos Du latin «apprehendere» prendre, saisir, attraper.7 Besoins Fondamentaux*. Nous apprenons ce dont nous avons besoin pour manifester notre po- tentiel* dans l'environnement dans lequel nous naissons. Cela veutL’apprentissage syntropique* offre un cadre dire que l’enfant va apprendre spontanément ce dont il a besoin pourlarge qui prend en compte tous les as- vivre dans l’environnement dans lequel il est baigné, ce qui fait senspects de l’être humain (voir le tableau des be- pour lui, ce qui lui est nécessaire pour y survivre, s’y épanouir, etc. Ni plus ni moins.soins fondamentaux en page 6). Il s’agit de reconnaître l’environnement dans lequel l’enfant grandit etDans ce cadre, on peut intégrer la notion évolue et considérer que tous les succès et les difficultés d’apprentis-d‘apprentissages autonomes qui recon- sage sont en fait une réponse de l’enfant à son environnement.naît le besoin fondamental de liberté de l’in- Et dans son environnement, l’enfant trouve qui ou quoi ? ses parents,dividu qui apprend à partir de lui-même. ses amis, la structure sociale, les croyances*, l’école, les loisirs, les médias, etc..* une étoile vous renvoie au petit lexique en avant-der-nière page de ce numéroPersonne n’est plus heureux qu’un enfant qui apprend. COMMENT FAVORISER UN APPRENTISSAGE SYNTROPIQUE ? au fil des pages, des idées, des points d’attention, des partages d’expérience★ Faire confiance à la Syntropie* (une force qui nous pousse à manifester notre potentiel, appelez-la la Vie qui cher-che à se manifester sous toutes les formes..)Il n'y a rien à faire ou à forcer pour qu'un enfant apprenne. Sous l'effet de la Syntropie*, le potentiel* ne demande qu'às'exprimer. Il suffit d'accompagner ce mouvement naturel chez l'enfant et de ne pas interférer. Comme le dit très bienAndré Stern**, il s'agit de suivre le prochain pas que l'enfant fait spontanément.L’information, les connaissances, les savoirs dont nous avons besoin nous parviennent en temps et en heure.★ Créer un environnement affectif sécurisant pour que l'enfant ne soit pas englouti par l'autre ou par lui-même. Ilne devra pas ainsi dédier une grande partie de son énergie et de son attention à se protéger ou à se faire accepter.★ Respecter les rythmes et les besoins physiologiques (sommeil et alimentation notamment). On est moins récep-tif à apprendre quand on est fatigué, quand on a faim ou quand a trop mangé.★ Permettre à l’enfant de développer ses différentes portes d'entrée perceptives:Lors de l'émergence du besoin de repères, l'enfant développe ses sens qui sont autant de portes d'entrée de l'informa-tion: la vue, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. C'est au travers de ceux-ci qu'il emmagasine les informations danssa base de données. Elles constitueront ses critères internes. C'est sur base de ces critères qu'il prendra ses déci-sions.* voir «le petit lexique» en avant-dernière page 2 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Respecter la motivation de l'enfantCe qui nous motive à apprendre nous est personnel et ne peut être induit par l’extérieur.On n’est pas nécessairement toujours conscient qu’on est en train d’apprendre et celase fait sans qu’on l’ait décidé, à moins qu’on aille suivre une formation ouqu’on désire apprendre quelque chose de spécifique.La motivation est essentielle dans tout processus d'apprentissage et à ce titre se doitd’être préservée. N’interférons pas! Si un enfant se sent juste invité à avoir des bonspoints pour avoir la paix, être bien vu des professeurs, avoir un nouveau vélo, etc... ilrisque fort de ne plus trouver aucun sens à apprendre, il n'arrivera alors plus à étudiercar il perdra sa motivation profonde. «L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit mais un feu qu’on allume.» Rabelais ou qu’on évite d’éteindre... Rencontre avec Deirdre Bergeron Le dimanche 29 novembre 2014, la Maison des Potentiels, en collabora- tion avec le cercle de réflexion sur l’éducation authentique (www.education-authentique.org) a organisé la venue de Déirdre Berge- ron à Louvain-la- Neuve, fille de Léandre Bergeron, auteur du livre «comme des invités de marque» qui a décidé de ne pas éduquer ses 3 filles. Au cours de sa tournée dans le Benelux, Déirdre a témoigné avec beaucoup de simplicité et de coeur à propos de son expérience de «non- é d u c a t i o n » . Anne, membre de l’équipe de la Maison des Potentiels, nous relate ce que Deirdre a partagé avec nous et ce que cela a éveillé en elle... La venue de Deirdre m'a interpellée dans le sens où je m'attendais à unerencontre exceptionnelle, un peu haute en couleurs, du style de celle de l'année dernière avec André Stern. Et bien,non! Deux personnages, deux styles tout à fait différents! Et cependant, pas moins intéressant! Et effet, pour moi, lepersonnage d'André est comme chatoyant de couleurs brillantes et celui de Deirdre rayonne une lumière douce etpuissante. Elle nous a parlé de sa vie et de son enfance de façon très simple et naturelle. Décider soi-mêmeCe qui a attiré mon attention chez Déirdre,et dans la manière dont elle a vécu les choses, c'est la sensation qu'ellepouvait être elle-même en tant qu'enfant et que ses parents étaient, comme dirait André, dans une attitude d'acquies-cement. Elle a eu envie d'aller à l'école: elle est allée à l'école. Elle a eu envie de quitter l'école: elle a quitté l'école. Ila fallu, à cause de cela, passer des tests pour l'inspection scolaire: ses parents l'ont aidée à \"rassurer\" l'inspecteur enlui donnant cours, alors qu'au départ, ce n'était pas dans leurs valeurs. Ensuite, elle a voulu partir vivre chez sa tantependant un an pour aller à l'école Steiner, à 600km de chez elle....et bien, ils l'ont laissée partir. Et ainsi de suite... >>> 3 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
(suite de la page 3 - Rencontre avec Deirdre Bergeron) que ce soit à propos de l'éventuelle incapacité de l'en- fant à gérer son bien-être et sa sécurité. Devinez com-quoiqu'elle fasse et quoiqu'elle ait envie, ses parents la ment il développe la confiance en lui quand on agit ainsilaissaient vivre sa vie en lui offrant leur soutien mais, à avec lui?mes yeux et de ce qui est ressorti de la conférence, sur-tout sans directivité. La logique du milieu Deirdre parle beaucoup de \"la logique du milieu\". Elle etFaire face au regard de la société sa famille vivaient dans une ferme, où ils produisaientEt puis, les anecdotes truculentes comme celle de tout pour leur subsistance en plus de produire pour lal'aventure de la gérance du magasin de boulangerie boulangerie. Des tables d'hôte avec 30 personnes ryth-familial...les clients qui se demandaient comment il se maient les semaines; ainsi, entre la vie de fermier, culti-faisait que des enfants s'occupent d'un magasin...cela vateur, restaurateur et boulanger, le travail ne manquaitm'a rappelé mon fils, qui quand il a eu 8 ans, a commen- pas! Et bien, il semble que Deirdre et ses sœurs trou-cé à se lever tôt le matin pour mettre en place le maga- vaient leur place là-dedans, et aidaient leurs parents desin que je tenais à l'époque avec son papa: les crois- manière assez naturelle. Je ne peux m'empêcher desants, les pains, les éclairs, les gaufres, les miches, les faire un lien avec le concept des \"critères\" internes (c’estbaguettes, les sandwiches...tout était aligné dans les le fameux Besoin de Repères). En effet, cela paraissaitbons plateaux, sur les bonnes étagères quand j'arrivais très clair pour les parents (c’était leurs critères) que lesà 6h45...Évidemment, quand j'ouvrais à 7h, il avait dispa- enfants devaient mettre la main à la pâte, et du coup,ru et les clients ne se rendaient pas compte que j'avais les enfants avaient comme Repère que participer à laeu une aide clandestine... vie de la ferme était normal et l’ont intégré comme un critère interne propre. Et visiblement, les enfants se sen-Laisser l’enfant faire sa propre expérience taient respectés.Une autre évidence: son père ne voulait pas \"filtrer\" lesexpériences de ses enfants. Pour éviter qu'ils se brûlent Capable d’aborder toutes les opportunités de la viesur le four chaud, il leur expliquait simplement: voilà, ici, Ce qui m'a également très fortement impressionnée,c'est le four, il est chaud, très chaud. Alors, Deirdre et c'est l'attitude de Deirdre face aux défis comme celui deses sœurs approchaient, sentaient la chaleur, et recu- créer un site internet par exemple. Lorsque son père luilaient, et continuaient à vivre leur vie...Ce qui me touche a dit que ce serait bien d'en créer un, elle lui a répondula dedans, c'est la confiance et le lâcher prise de Léan- qu'elle allait le faire. Surpris, il lui a demandé si elle sa-dre: il les laissait libre, les considérait comme capable vait comment faire. Elle n'en savait rien, mais a répondud'être responsable de leur propre sécurité. Alors, cette qu'avec de la patience, elle pourrait y arriver.question de \"filtrer les expériences\", pour moi cela veut Et...devinez ce qui s'est passé? La preuve:ici:dire qu'il ne voulait pas mettre dans le filtre de ses en- www.leandrebergeron.com.fants - c'est à dire dans la façon dont il perçoivent la réa-lité - une induction de quoi que ce soit, comme la possibi- Pour moi, cela veut dire que des enfants que l'on laisselité qu'ils puissent se brûler. libres, qui sont élevés sans directivité, et qu'on encou- rage à être en contact avec leurs critères, (en étant soiC'est ainsi que lors de la visite d'amis avec leur garçon même en tant qu'adulte, en contact avec les siens et ende 2 ans, celui ci s'empare d'une pomme et d'un cou- les transformant en actions), sont capables d'aller puiserteau effilé sur la table. Les parents,prêts à intervenir, se dans leurs ressources et de se débrouiller pour fairerappellent qu'ils sont chez Léandre, et donc se retien- face à l'inconnu et à toutes sortes de défis.nent dans leur élan..et Deirdre d'expliquer tout naturellement que le petit gar- En guise de conclusion, merci à Deirdre pour son inter-çon a piqué plusieurs fois le couteau à travers la pomme vention, pour les perspectives qu’elle offre et pour sonjusqu'à se piquer la main, et il a dit\" ça pique\" avant de invitation implicite à me reconnecter à cet espace sidéposer le tout sur la table! vaste à l’intérieur de moi, où aucune croyance* dishar-Et ainsi, personne n'a induit, ou mis dans son filtre quoi monieuse ne vient troubler la satisfaction de nos Be- soins Fondamentaux* respectifs, les miens en tant que En savoir plus? Lisez le témoignage de Déirdre: personne et en tant que mère et ceux de mes filles.http://www.education-authentique.org/uploads/PDF_DIV/Trans Anne cription%20D%C3%A9irdreB.pdf 4 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Apprendre se fait partout, à chaque instant et pas seulement à l’école !Lorsqu’on parle apprentissage, on pense généralement à l’école. Or apprendre se fait partout et à chaque instant.Qu’un enfant aime apprendre ou non, qu’il ait des difficultés d'apprentissage ou non, ne peut donc dépendre unique-ment du contexte scolaire.Un enfant va trouver dans son environnement - la maison, la famille, les amis, l’école, la société - de quoi l’intéresser,l’enthousiasmer, l’émerveiller, et les attitudes et comportements des adultes avec lesquels il est en contact (édu-cants*) vont aussi influencer son rapport à l’apprentissage.On peut critiquer l’école. J’ose dire que le fait d’organiser de manière formelle les apprentissages pour quelqu’un d’au-tre est déjà en soi quelque chose qui n’est pas naturel, puisqu’apprendre se fait partout et en tout temps.Mais, en dehors de l’école, comment nous comportons-nous face à l’apprentissage:★ sommes-nous totalement autonomes?★ sommes-nous conscients de notre façon d’apprendre ce qui nous est utile?★ avons-nous un sujet qui nous enthousiasme?★ acceptons-nous le processus d’apprentissage?★ quelles sont nos croyances* limitatives quand il s’agit d'apprendre? (par ex: je ne suis pas doué de mes mains, jen’ai jamais été très intelligent, les langues c’est pas pour moi, etc...)A chaque instant, partout, nos enfants vont capter notre fonctionnement d’éducant*, ils vont s’en inspirer, ils vont nousimiter… Quel modèle leur offrez-vous ? Comment apprenez-vous vous-même à vivre votre vie ? Laurence Avoir confiance dans l’être humain. «Si je n’ai pas confiance dans l’être humain, je suis alors bien obligé de le gaver d’informations, choisies par moi, pour l’écarter du mauvais chemin qu’il prend. Mais si, au contraire, j’ai foi dans la capacité de l’homme de développer ses propres potentialités, alors je puis lui permettre de choisir sa propre voie et de se diriger lui-même dans sa formation; je puis alors aussi lui en fournir de nombreuses occasions.» Carl Rogers in Liberté pour apprendre 5 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
L'apprentissage touche au développement même de la vie et c'est pour cela que tant de besoins fondamentaux sont concernés. Tableau des Besoins Fondamentaux - selon l’Approche de l’Alignement - Chaque Besoin Fondamental (Sécurité, Repères, Liberté, Amour, Cohérence, Sens et Réalisation) émerge à un moment donné dans la conscience de l’enfant, année après année. Tout au long de sa vie, l’être humain apprend afin de réaliser le potentiel (Incarnation, Intégrité, Subjectivité, Relation, Place, Mission et Unité) lié à chaque besoin. En savoir plus? Vous trouverez dans le lexique sur le site www.approche-alignement.info comment les 7 Besoins Fondamentaux émergent année après année chez l’être humain. 6 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Accepter de se tromper, de faire des erreursOn ne peut attendre des enfants, ni même de soi-même, d'apprendre tout très bien et tout de suite. Essais et erreurssont des étapes normales dans un processus d'apprentissage et doivent être acceptées comme faisant partie de ceprocessus. C'est également en expérimentant que l’on intègre le mieux les compétences (savoir, savoir-faire et sa-voir-être). Traduction: Essaie quelque chose et échoue > n’essaie rien et réussis Il est normal de ne pas comprendre et quand j’accepte de ne pas avoir compris, je réagis et je m’implique pour comprendre. Et j’accepte aussi que parfois il n’y a rien à comprendre ! Accepter le processus d'apprentissage★ La persévérance est nécessaire. Apprendre demande du temps et de la constance. Si j’aime ce que je fais, je vais persévérer.★ Le processus se fait naturellement comme lorsqu'enfant nous apprenions en imitant, en copiant (apprendre à par- ler sa langue maternelle par exemple). Il n'en est plus de même lorsque cet apprentissage est imposé ou n'a pas de sens (apprendre une langue étrangère est plus difficile à l'école qu'en immersion dans le pays d'origine).★ Croire que c'est facile rendra l'apprentissage… facile. Ne pas savoir que quelque chose est difficile change tout quand on aborde un problème, une nouvelle matière. Evitons le mot \"difficile\" et si ça l'est, découpons en étapes faciles. «Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait!» Mark Twain 7 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Créer un environnement syntropique:L'environnement joue un rôle important dans tout apprentissage:★ physique: l'enfant est-il libre de mouvement? l'enfant n'est-il pas trop sollicité au niveau des sens? quel est le niveau sonore?★ émotionnel: l'ambiance est-elle apaisante et bienveillante?★ social: l’enfant a-t-il accès à des personnes-ressources ?★ mental: quels sont les sujets de discussion, l'ouverture d'esprit des éducants*?★ logistique: environnement matériel, expliquer le pourquoi, quelles sont les sources d'apprentissage à disposition(livres, ordinateurs, matériel artistique, etc..), dans quelle mesure l'accès aux ressources est-il facile et libre?Accepter de s'ennuyer permet de faire émerger de nouvelles idées, de faire mûrir un apprentissage, de l'intégrer. Soyons attentif à distinguer le bon et le mauvais ennui.«D’un point de vue scientifique et Le jeu - le jouetneurobiologique, nous venons au L’enfant ne joue pas, il ne fait pas quelque chose monde équipé avec pour s’amuser. En fait, le jeu pour lui, est une ma- le dispositif d’apprentissage nière d’apprendre dans la légèreté. Tout apprentis- sage pour lui est naturel et sérieux. le plus génial qui soit: le JEU!» L’enfant n'a donc, en principe, pas besoin de jouets pour apprendre puisqu’il est censé trouvé dans son André Stern environnement ce qui va lui permettre de compren- dre le monde qui l’entoure et y prendre sa place. Les jouets - dont sont remplis les magasins - éloignent l’enfant de la réalité et en lui proposant es- sentiellement de se divertir. Développer un équilibre global dans toutes les dimensionsC'est ce que nous sommes venus apprendre et nous aide dansnos apprentissages-mêmes:★ droite/gauche: aspect masculin/féminin, homme/femme, cer-veau gauche/cerveau droit: pensée linaire - pensée globale, pen-sée verbale - pensée en image (voir article à la page suivante)★ haut/bas: aspect esprit/matière, ciel/terre★ avant/arrière: futur/passé dans une perspective de continuum Harmoniser toutes les dimensions 8 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Nous avons deux façons de penser !- la pensée verbale, qui se développe après avoir acquis la maîtrise du langage;- la pensée non-verbale ou pensée en image, plus fondamentale à la nature humaine - présente dès la naissanceEn général, on combine les deux façons de penser, avec une prépondérance soit cerveau gauche (pensée verbale)soit cerveau droit (pensée en image). Les apprentissages scolaires sont principalement axés sur la pensée verbale,ce qui peut susciter des difficultés pour ceux qui pensent plutôt de manière globale, en image. Mais la plupart des en-fants s’adaptent et finissent par développer aussi la pensée verbale. Cependant, et c’est ça la richesse de l’être hu-main, certains développent principalement la pensée en images.. mais ne sont pas compris.. et cela crée des troublesde l’apprentissage alors qu’il suffirait probablement et tout simplement de tenir compte de leur mode de pensée. Enattendant, on peut les aider.. c’est ce que Ron Davis, lui-même souffrant de dyslexie, a découvert et il expose sa «mé-thode Davis» dans son ouvrage «le Don d’Apprendre»:«Tous les dyslexiques (et les autres enfants dys- également ) pensent de façon prépondérante en images : ils pen-sent avec le support d'images mentales ou sensorielles plutôt qu'avec le support de mots, de phrases ou de dialogueinterne. Ce mode de pensée est subliminal, c'est à dire trop rapide pour que la personne puisse en être consciente, etde ce fait la plupart des dyslexiques ne savent pas que c'est ainsi qu'ils pensent. Ils ont dès lors tendance à utiliserdes stratégies de raisonnement et de logique globales, prêtant attention à l'image générale pour comprendre lemonde autour d'eux. Ils sont généralement particulièrement à l'aise avec les activités impliquant la stratégie, la créati-vité, le manuel, de même que la résolution de problèmes pratiques. Par contre, ils ne sont pas performants pour leraisonnement séquentiel, linéaire, basé sur le langage. Lorsque vous regardez la photo d'un chien, vous ne déplacezpas votre attention de la queue, à la croupe, aux pattes, aux épaules, à la tête, aux oreilles et au nez pour reconnaîtreque c'est un chien. Vous voyez toutes les parties de l'animal en même temps et arrivez à la conclusion « chien ». Sivotre mode de pensée est de façon prépondérante en images, vous avez pris l'habitude de reconnaître les choses oules situations en les englobant d'un seul regard.Avec ce mode de pensée, les dyslexiques (et autres dys-) ont généralement développé une forte imagination et utili-sent, pour résoudre les problèmes, un mode de raisonnement basé sur les images et le ressenti plutôt qu'une logiqueverbale. S'ils se trouvent initialement dans l'incertitude ou la confusion, ils feront tourner mentalement l'objet dans leurtête afin de le voir sous différents angles et différentes perspectives. Grâce à cette façon de penser, ils ont pu dévelop-per de nombreuses capacités et de nombreux talents particuliers.» Laurence En savoir plus? Visitez le site www.penseurenimage.be 9 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Soutenir l’enfant dans qui il estL’enfant ou l’adulte apprend naturellement, par nécessité ou envie, et n’a donc pas besoin d’être «éduqué», dans lesens où quelqu’un d’extérieur vient lui dire et lui montrer ce qu’il faut apprendre et comment.C’est l’apprenant par lui-même qui met en oeuvre le processus d’apprentissage, même s’il y a des interactions avecl’extérieur. On ne peut donc pas «faire apprendre» ; tout au mieux peut-on accompagner l’apprenant à acquérir desconnaissances, un savoir-faire, en permettant des conditions favorables à cet apprentissage naturel. Apprendre estun acte inné, tout comme respirer ; il est inévitable ; apprendre c’est vivre comme le dit Jean-Pierre Lepri*, et vivrec’est apprendre. Puisque ce processus se fonde sur l’apprenant, il s’agit donc aussi d’apprendre à se connaître, dansce qui nous caractérise, nos goûts et nos intérêts, nos talents, nos modes d’apprentissage, tout cela qui fait notre spé-cificité et notre potentiel unique. Permettre l’apprentissage naturel de l’enfant, c’est le soutenir dans qui il est et qui il aenvie de devenir. Florence* Jean-Pierre Lepri, auteur de «Le fin de l’éducation?», initiateur du Cercle de Réflexion sur l’Éducation Authentique «Plus le maître enseigne, moins l’élève apprend.» Confucius Les apprentissages non-sollicités.. une vraie catastrophe«Non seulement la leçon non sollicitée ne conduit pas à un apprentissage mais pour l’essentiel un tel enseignementempêche l’apprentissage. Et ça c’est une vraie catastrophe. 90 % du temps d’un enseignement qui n’a pas été solliciténe résultera pas un apprentissage, mais en découlera au contraire un obstacle à l’apprentissage. Les parents l’obser-vent très souvent. Dans les lettres et des conversations, des parents ont raconté maintes fois la même histoire : « monpetit de deux ans (ou 3 ou 4) a rencontré un problème avec quelque chose l’autre jour, j’ai voulu l’aider et l’enfance estretourné en colère contre moi, et m’a dit : « laisse-moi tranquille. Arrête. Laisse-moi faire ! » Il est devenu complète-ment furieux. Qu’a-t-il bien pu se passer ? » Ces pauvres mères et pères, serviables et bien intentionnés, reculent enchancelant devant cet assaut et disent : « pourquoi mon enfant s’est-il mis dans une telle colère contre moi alors quetout ce que je voulais c’était l’aider ? » Eh bien, il y a une raison, une raison tout à fait sensée.A chaque fois que, sans y avoir été invité, sans qu’on l’ait vraiment demandé, nous essayons d’apprendre quelquechose à quelqu’un d’autre, à chaque fois, nous communiquons à cette personne un double message. La première par-tie de ce message, c’est: «je vous enseigne quelque chose d’important mais vous n’êtes pas assez intelligent pour voirà quel point c’est important. Si je ne vous l’avais pas appris, vous ne vous seriez probablement jamais donné la peinede vous renseigner.» Le second message que communique un enseignement non sollicité à celui qui le reçoit, c’est :«ce que je vous enseigne est si difficile que, si je ne vous l’enseigne pas, vous ne serez pas capable de l’apprendre».Ce double message de manque de confiance et de mépris est clairement compris par les enfants, parce qu’ils excel-lent à recevoir les messages émotionnels. Cela les rend furieux. Et pourquoi en serait-il autrement ? Tous les enseigne-ments non sollicités contiennent ce message de manque de confiance et de mépris. Une fois que je l’ai réalisé, je mesuis rendu compte que je devais tout le temps me retenir. Je dois retenir les mots que j’ai au bout de la langue. Le pro-blème c’est que les êtres humains aiment enseigner. Nous sommes des animaux enseignants, autant que des ani-maux apprenants. Nous devons réfréner cette impulsion, cette habitude, ce besoin d’expliquer les choses à tout lemonde… À moins qu’on nous l’ait demandé.»Extrait de «Learning all the time» (traduit en français par «les apprentissages autonomes») de John Holt (pp 16-17, Edi-tions de l’Instant Présent) 10 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015c
Quand la vue se brouille… Et redevient normale naturellement - essai de décodage des troubles visuels -C’est à l’école, en deuxième maternelle, que Luckas a eu son premier test de la vue. Le résultat qui m’a été communi-qué était de 7/10 à l’oeil droit et il m’était conseillé d’aller voir un ophtalmologue.À l’époque, j’avais organisé un groupe de travail sur la vue. Myope depuis l’âge de 17 ans environ, je voulais com-prendre pourquoi ma vue s'était brouillée et comment je pouvais à nouveau voir clair et tenter de comprendre de ma-nière plus générale pourquoi on devient myope.Au sein de ce groupe de travail, nous avons notamment lu le livre de William Bates «Une vue parfaite sans lunettes nitraitement ou intervention». Bates expliquait , entre autres, que le fait de demander à quelqu’un de fixer un objet à dis-tance, afin de tester sa vue, créait parfois chez la personne testée une distorsion. En effet, l’œil bouge en perma-nence et ce, naturellement. L’obliger à fixer pendant un certain temps un objet crée des troubles au niveau de la vi-sion. Dans son livre, il déconseille fortement le port de lunettes car l’œil est maintenu dans une certaine position etfinit par se figer et ne plus pouvoir bouger de manière naturelle en fonction de l’environnement (vue de près et deloin). Les lunettes, selon lui, ne font que renforcer le trouble visuel qu’elles sont censées corriger.Le témoignage d’une amie qui, enfant, avait retrouvé naturellement sa vue en ne portant pas les lunettes conseillées,m’a conforté dans ma décision de ne pas aller voir un spécialiste de la vue avec Luckas. suite page suivante >>> L'enfant aime poser des questions. Il n'est pas nécessaire - ni même possible - d'y répondre toujours. En lui montrant que nous ne savons pas tout, nous permettons à son envie et sa curiosité de s'épanouir. Si cela nous intéresse, nous pouvons l'accompagner dans la recherche des réponses.J’ai appris à cuisiner en regardant ma mère préparer le repas. Je me Pouvoir utiliser les savoirs, connaissancessouviens du plaisir qu’elle avait en le faisant, le soin qu’elle apportait à que l'on a appris, de pouvoir les mettre enla présentation, la minutie dont elle faisait preuve lorsqu’il s’agissait de pratique va nous permettre de les intégrercuisson, le respect de chaque étape, le bruit, les odeurs, l’ambianceparticulière dans la cuisine, sa concentration,…mélanger, goûter, ap- dans notre vie.porter sa touche personnelle…et avoir la joie de servir.Moi aussi je voulais vivre ça ! Question:Alors ma mère m’a appris les bases…ses bases…et nous avons cuisi- De quelle manière laissez-vous vos en-né ensemble. Très vite, elle m’a fait confiance et m’a laissée expérimenter. Portée fants faire leur propres expériences ?par mon enthousiasme grandissant, j’ai lu beaucoup, j’ai imité, j’ai de-mandé (parfois même harcelé :-)) et en sortant certains gâteaux dufour, j’ai également appris à accepter que les erreurs font partie du pro-cessus d’apprentissage. Aujourd’hui encore, j’aime essayer de nouvel-les recettes, partager mes découvertes et faire plaisir à ceux quej’aime.J’apprends parce que j’aime cuisiner…et j’aime cuisiner, parce-quej’apprends. Nous apprenons tous, tous les jours. Mariette11 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
(suite de la page 11«Quand la vue se brouille...») • La notion de temps intervient car les yeux font partieNotre groupe de travail s’est principalement attelé à iden- du visage qui est en lien avec le sixième chakra, le troi-tifier les causes psychologiques des troubles visuels sième oeil, qui correspond au Besoin Fondamental de(myopie surtout) en retrouvant pour chacune d’entre Sens. Le Besoin de Sens nous parle du sens que l'onnous les circonstances dans lesquelles notre vue avait donne à sa vie, à comment on passe le temps de sacommencé à se brouiller. Nos discussions et nos tentati- vie et donc de la manière dont on vit le temps. Nousves de compréhension se basent sur la grille de déco- souffrons donc d’un problème en relation avec ledage du Corps-Métaphore© (selon l’Ap-proche de l’Alignement). temps. Ayant été perturbé dans notre processus d’évolution (notion de temps), nous voulons désormais réa-Voici ce que nous en avons compris et Je me ferme à ce monde qui liser des choses sans tenir comptece que ces expériences faites dans l’en- ne respecte pas mon rythme du temps.fance ont créé chez nous et quelles d’apprentissage, •#Les troubles de la vue comme lacroyances* nous avons mises en je le repousse loin de moi en myopie et l’hypermétropie nous par-place: lent aussi de difficultés par rapport à# ne voulant plus le voir• L’émotion qui se cache derrière les l’action car les muscles (qui permet- problèmes de vue est la peur : nous tent à notre corps de se mettre enavons subi une pression extérieure ou nous avons per- mouvement et de faire, d’agir) des yeux sont tendus deç u u n d a n g e r , u n e m e n a c e ; manière permanente et ne s’adaptent plus en fonction de ce qu’il y a à regarder. Nous avons appris à « surfai-• Nous avons développé une méfiance à l’égard du sys- re », c’est-à-dire qu’on en fait plus que l’on ne devrait tème (l’école par exemple), et par extension à l’égard faire, pour répondre aux attentes (intérieures ou exté- du monde, qui - selon nous - ne respecte pas notre rieures). On est plus focalisé sur ce que l’on attend de rythme et en particulier, notre rythme de croissance, nous et on ne fait pas ce qui est juste pour nous. Ou d’apprentissage (soit trop rapide, soit trop lent); alors nous attendons de nous plus que ce que nous ne sommes en mesure de donner. Nous sommes en ten-• Nous avons perdu la confiance dans notre façon d’ap- sion intérieure permanente en quelque sorte...préhender le monde et nous nous sommes coupés de En conclusion, nous avons cru qu'il fallait se conformern o t r e i n t u i t i o n , d e n o t r e p e t i t e v o i x ; à ce que le système (familial, scolaire, social, etc..) at-• Il y a une distorsion, un décalage entre qui je suis et ce tend de nous. La conséquence, c’est que nous conti- que je crois qu’il faut ou qu’on attend que je sois. nuons à FAIRE pour arriver à répondre aux attentes et avoir ainsi moins peur. Et nous en avons oublié d’ÊTRE. Tout un programme, n’est-ce-pas !* voir «le petit lexique» en avant-dernière page # >>> 12 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
<<< Reprendre le pouvoir sur le temps de sa vie Un enfant quand il fait des raturesDans le cas de la myopie (difficulté à voir au loin), la per- C'est déjà qu'il sait faire quelque chosesonne croit aussi que ce changement pour être con- Un enfant qui vole des confituresforme aux attentes arrivera toujours plus tard (plus loin). C'est un gosse qui a besoin de glucoseElle croit aussi que cela prend du temps et a dès lors le Un enfant qui a brisé une soucoupesentiment qu’elle n’y arrivera jamais, qu’elle n’est sou- Ça prouve qu'il sait tenir un marteauvent pas à la hauteur, qu’elle ne trouvera jamais sa Un enfant qui ne mange pas sa soupeplace au sein du système. Son temps est pris par cette C'est son droit s'il préfère les gâteauxpression de devoir être conforme aux attentes (intérieu-res ou extérieures) et elle doit réapprendre à gérer son (Refrain)temps pour elle-même, afin de prendre sa place avec Les enfants foutez-leur la paixqui elle EST et pas avec ce qu’elle croit qu’elle doit Croyez-moi laissez-leur faire tout ce qui leur plaitFAIRE. Les enfants moi je les aime bienÊtre attentive aux causes Quand ils n'écoutent rienPour en revenir à Luckas, consciente qu'il ne s’agissait Et qu'ils mettent la panique chez les voisinsque d’un test de la vue ponctuel et que le test lui-mêmepouvait avoir créé chez lui ce résultat, j’ai aussi décidé Un enfant c'est beau c'est merveilleuxd’être attentive aux causes éventuelles de ses difficultés C'est gentil et c'est si naturelvisuelles. Dans quelle mesure pouvait-il se sentir souspression par rapport à des attentes? De quelle manière Quand il a des nouilles dans les cheveuxson rythme de croissance, d'apprentissage n’était-il pas C'est qu'il a descendu la poubellerespecté? Je me suis aussi questionnée par rapport aux Un enfant qui sait pas l'alphabetattentes inconscientes que j’avais vis-à-vis de lui.Une année plus tard, Luckas a changé d’école et inté- C'est un gosse qui a besoin de vacancesgrait une école alternative où aucun apprentissage for- Un enfant qui avale un porte-monnaiemel n’est prévu avant la première primaire (par exemple,l’apprentissage des lettres, alors que dans l’école précé- C'est parce qu'y fait une crise de croissancedente, les institutrices préparaient déjà à l’entrée en pri-maire). (Refrain) Les enfants foutez-leur la paixUn résultat positif Croyez-moi laissez-leur faire tout ce qui leur plait Les enfants moi je les aime bienPlusieurs semaines après son démarrage dans cette Quand ils n'écoutent riennouvelle école, un test de la vue a été fait. Et qu'ils mettent la panique chez les voisinsLe résultat : 10/10 pour chaque œil. Un enfant qui chope la varicelle C'est à cause du triangle isocèleJ’en ai compris que, dans cette école, mais aussi de ma- Un enfant qui n'aime pas les radisnière générale à la maison, Luckas pouvait s’adonner à En voudra si ça lui est interdit Un enfant qui met le coude sur la tablece qu’il aime faire et apprendre à son rythme ce qui l’inté- Ça vaut mieux que dans l'oeil d'sa mamanresse spontanément. Par exemple (il a 6 ans à l’heure Un enfant qui a des notes minables C'est parce qu'il s'est trompé en copiantd’écrire cet article), il est très attiré par les chiffres et a (Refrain)appris à calculer presque tout seul, tandis que pour les Les enfants foutez-leur la paix Croyez-moi laissez-leur faire tout ce qui leur plaitlettres, il semble refuser pour l’instant d’y porter plus d’at- Les enfants moi je les aime bientention, comme s’il les rejetait un peu (mais là c’est Quand ils n'écoutent rien Et qu'ils mettent la panique chez les voisinspeut-être moi qui imagine..). En tout cas, j’essaie autantque possible de respecter ses centres d‘intérêt et sonrythme, sans forcer, sans pression pour ne pas le confor-mer à mes attentes éventuelles. >>> Retrouvez-nous également Pierre Perret sur le blog de la Maison des Potentiels :http://www.lamaisondespotentiels.be/blog/ La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015 13
<<< J’apprends par l’expérienceEn ConclusionJe pense qu’il ne faut pas directement aller voir un méde- J’apprends en faisant moi-même, en découvrant l’objetcin ou un spécialiste mais dans un premier temps se de- de mon apprentissage à mon rythme, de la manière quimander ce que l’enfant veut nous dire au travers de son me correspond. En effet, nous n’avons pas tous lasymptôme physique (sauf en cas d’urgence bien évidem- même façon d’appréhender les choses.ment). Il suffit parfois d’un réajustement dans son envi- Au lycée, je n’avais pas de bonnes notes en maths. Cer-ronnement pour que les choses reviennent en équilibre. tes, je n’étais probablement pas une flèche mais la fa-Etant donné que nous en faisons partie, nous avons, en çon de les enseigner semblait ne pas parler suffisam-examinant nos comportements, nos attitudes et les ment clairement à mon esprit qui, visiblement, réfléchis-choix que nous faisons pour lui, un rôle à jouer. Il est en- sait autrement. J’en avais alors développé la croyancetendu que tout ne dépend pas de nous non plus, que ‘je suis nulle en maths’. Et la croyance créant l’expé-l’enfant vient déjà avec un bagage et que certaines cho- rience, je continuais à la faire, année après année. Lorsses nous échappent. Cependant, il me semble important de ma dernière année en secondaire, devant toute lade respecter la façon dont l’enfant apprend, ses centres classe, debout devant le tableau vert, j’ai fait l’expé-d’intérêt et garder confiance en son potentiel. Il trouvera rience de n’avoir aucune réponse à apporter à un pro-sa voie, c’est certain,... quelle qu’elle soit ! blème de maths qui nous était posé. La professeure for- mula alors en mots ma croyance* devant toute la clas- Laurence se : ‘tu n’es vraiment pas douée pour les maths’. Lors de ma première année d’université, il y avait un Source: Domitille De Fays, cours de statistiques au programme. Aïe, aïe, aïe me http://dom-travart.wifeo.com/domitille-de-fays.php suis-je dit ; je n’ai vraiment pas envie de rater mon an- née à cause de ce cours de stats, tant tout le reste des cours me plaisait. J’ai suivi alors le cours de stats attenti- vement mais j’avais du mal à en comprendre plus de la moitié, cela allait trop vite pour moi. Déterminée, j’ai déci- dé de ‘prendre le taureau par les cornes’, de m’armer du livre de statistiques du programme et de m’y mettre moi- même, avec mes propres moyens, à ma façon. Après tout, me disais-je, il n’y a pas de raison pour que je n’y arrive pas, j’ai un cerveau et je peux l’utiliser. J’ai avan- cé pas à pas dans le manuel, à mon rythme; je faisais les exercices ; j’ai pris des leçons particulières avec un étudiant de licence qui jonglait avec cette matière. J’ai même pris du plaisir à comprendre les choses petit à pe- tit par mes propres moyens. Et j’ai réussi l’examen de façon correcte. Surtout, j’avais gagné en confiance en moi et en ma capacité à apprendre. Parce que je l’avais décidé et avais respecté mon propre rythme et ma façon d’apprendre. Florence « Aide-moi à faire seul », Maria Montessori«Le seul apprentissage qui influence réellement le comportement d’un individu est celui qu’il découvre lui-même et qu’il s’approprie.» Carl Rogers in Liberté pour apprendre 14 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
La Maison des Potentiels, une belle une totale confiance, en leur facilitant l’expérimenta- histoire de confiance avant tout tion de leurs futurs ateliers.Quand j’ai préparé la formation en Éducation Syntropi- Et je suis heureuse de constater que j’avais raison:que*, ce qui est très vite apparu c’est que pour en en faisant confiance à quelqu’un, en le laissant avan-transmettre les principes, il fallait que cela soit vivant cer sur son chemin, tout en étant présente et disponi-et concret. Le cadre théorique était posé et je sentais ble, il avance dans son processus, il apprend, et réa-bien que si je restais dans des explications théori- lise ce dont il ne se croyait pas capable...ques et d’ordre plutôt mental, j’allais passer à côté demon objectif. L'expérimentation et la mise en pratique Laurencedevait être la colonne vertébrale de cette formation.Cela signifiait pour moi avant tout revoir ma positionde formatrice car on était dans l’apprentissage. Si jeme positionnais comme « celle qui sait », je continue-rais à transmettre le modèle éducateur – éduqué, àl’opposé de mon propos qui est de favoriser un ap-prentissage syntropique*.J'ai donc décidé, d’une certaine manière, de bouscu- A la Maison des Potentiels...ler les codes habituels des formations que j'avaismoi-même suivies. Je l'ai fait de manière intuitive, par ...en tant qu’équipe, nous faisons cette expérienceessais et erreurs au fil des modules de la formation. d’apprendre en faisant, de devenir chacune compé-Les réactions étaient positives dans l'ensemble mais tente dans les spécificités qui nous caractérisent etje sentais l’inconfort parfois, les résistances. Je che- nous enthousiasment, de construire notre projet enminais avec elles et elles avec moi. Finalement, un avançant. Nous vivons la liberté de faire les chosesgroupe de six femmes s’est formé et s’est soudé au- parce que nous en avons envie, qu’elles nous moti-tour de nos rituels de gratitude, de nos balades dans vent et de la façon dont elles nous plaisent. En cela,les bois, de nos exercices de consultation fictive, de pas à pas nous manifestons chacune notre potentiel,nos jeux de rôle, de nos créations personnelles, de et le découvrons progressivement. Nous respectonsnotre rituel de certification, sans oublier nos fous rires et honorons nos différences. Nous faisons confianceet nos larmes. que le processus que nous avons enclenché fait son chemin d’une façon juste. Et c’est cela que nousC’est un véritable voyage que j'ai parcouru avec el- avons envie de partager avec les personnes qui ontles, un voyage où j’ai moi-même appris à lâcher mon envie de nous lire ou de participer à nos activités, aumental, mon besoin de contrôler, ma croyance que je service de la manifestation du potentiel* de chacun,devais tout savoir, mon habitude de chercher à l’exté- enfant et adulte.rieur la réponse. J’ai appris à me faire confiance, àfaire confiance en la Vie et surtout en elles, en ses 6 Florencefemmes, toutes différentes, et si talentueuses... Dèsavant la fin de la formation, elles ont décidé de s’en-gager dans le projet de la Maison des Potentiels etaujourd’hui, je continue à les soutenir dans leur enviede développer leurs activités, en leur faisant«Rêver seul ne reste qu’un rêve. Rêver ensemble devient la réalité.»John Lennon 15 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
Le petit lexiqueBesoins Fondamentaux PotentielDans le cadre de l’Approche de l’Alignement, un besoin L’ensemble des possibles qu’un être humain est sus-fondamental est un besoin qui, lorsqu’il est satisfait, per- ceptible de pouvoir manifester. A chaque besoin fonda-met à la personne de faire de plus en plus l’expérience mental, correspond un niveau de potentiel, valabled’être alignée (alignement entre le corps, le mental et pour tout être humain (voir tableau des 7 Besoins Fonda-l’esprit/l’âme de la personne). Il y a 7 besoins fondamen- mentaux page 6). Chacun développe également son pro-taux à satisfaire pour être totalement aligné et faire l’ex- pre potentiel en lien avec son histoire, son expérience,périence de la réalisation: sécurité, repères, liberté, ses intérêts.amour, cohérence, sens et réalisation (voir tableaupage 6). SyntropieCroyance C’est la tendance à réaliser le potentiel. C’est une force neutre qui agit sur tout ce qui est vivant et non-vivantHypothèse à propos de la réalité, considérée comme afin que le non-manifesté (et qui est potentiel) puisseune vérité, et sur laquelle on se base pour prendre ses se manifester et devenir réel.décisions, réagir, regarder le monde. On distingued’une part, les croyances syntropiques, qui permettentde réaliser le potentiel et satisfaire les besoins fonda-mentaux et d’autre part, les croyances dystropiques quiy font obstacle.EducantToute personne en lien avec un enfant et qui a une in-fluence - intentionnelle ou non - sur lui. Nous sommesen quelque sorte tous des éducants puisque nous som-mes souvent en contact avec des enfants que nous in-fluençons - consciemment ou non - au travers de notrecomportement et de nos actions. D’autres mots vous intriguent ? Dites-le nous et nous complèterons ce petit lexique au fil des revues. 16 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
La revue de Nous apprenons à demander... votre soutien ! la Maison des Potentiels Vous appréciez notre démarche ? Equipe rédactionnelle Soutenez notre asbl en faisant un don. Les travaux sont toujours en cours et nous avons besoin Rédactrice en chef: de fonds supplémentaires pour les terminer. Laurence Legrand Toute aide est la bienvenue ! Rédactrices: Sinon même 1€, les petits ruisseaux font les grandes rivières.Laurence LegrandMariette Locus Merci !Anne PirnayFlorence Thibaut La Maison des Potentiels asbl - IBAN: BE03 0016 7142 5184 - BIC: GEBABEBB - BNP Paribas Fortis Banque Mise en page:Mariette Locus Activités à venir Contactez-nous Nos conférences ★ webinaire sur l’éducation syntropique et les 7 Besoins Fondamentaux - mercredi 29 avril 2015 à 20h Nos ateliers «paroles d’éducants» (à Corroy-le-Grand) ★«Pas facile d’être parent» - animé par Florence Thibaut # - jeudi 19 mars 2015 de 9h30 à 12h30 \" - jeudi 2 avril de 19h à 22h ★«Pas facile d’aller à l’école» - animé par Muriel Delfosse - lundi 23 mars de 19h à 22h - lundi 30 mars de 9h30 à 12h30 La Maison des Potentiels Nos stages (à Corroy-le-Grand) ★«éduquer ou accompagner son enfant en confiance ?» Rue Saint-Lambert 21 # # # # # - animé par Laurence Legrand 1370 Jodoigne # - jeudi 14 et vendredi 15 mai (Ascension) de 10h à 18h ★«Donner des Repères aux enfants» - animé par Laurence [email protected] \" - samedi 13 et dimanche 15 juin 2015 de 10h à 18h www.lamaisondespotentiels.be Visitez notre page Facebook et pleins d’autres choses en préparation.. inscrivez-vous sur notre site !Si vous souhaitez partager des extraits Livres conseillésde cette revue, merci d’en mentionner ★ «Regarde...ton enfant est compétent», Jesper Juul la source clairement. ★ «Les apprentissages autonomes», John Holt (Learning all the time) ★ «Liberté pour Apprendre», Carl RogersNe ratez pas notre prochaine revue qui traitera de l’Expression et de la Créativité. 17 La revue de la Maison des Potentiels - Mars 2015
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