Couverture 5674 (F)_Couverture base-Version 4 3/2/16 12:07 PM Page1 Revue économique mensuelle • 86 année • Nº5667 • Août 2015 e Revue économique mensuelle • 87 année • Nº5674 • Mars 2016 e Les restos libanais à la conquête de New York George Boutros Le banquier de la Silicon Valley Liban : 10 000 LL
3 Editorial 5674_Editorial 5565 3/1/16 3:29 PM Page1 éditorial Par Sibylle Rizk Revue économique mensuelle e o 87 année • N 5674 • Mars 2016 Éditeur Société de la Presse Économique SAL Cap.: 160 500 000 LL - RCB: 11323 Président-directeur général Nayla de Freige [email protected] Rédactrice en chef Sibylle Rizk [email protected] Secrétaire de rédaction Marie-Joe Sawaya [email protected] Rédactrices Muriel Rozelier [email protected] Sahar al-Attar [email protected] Ont collaboré à ce numéro Guillaume Boudisseau, Mireille Najm Checrallah, Marie-José Daoud, Chloé Doumet, Bachir el-Khoury, Nayla Megarbané, Nagi Morkos, Anne-Laure Peytavin, Mélanie Razzouk, Louis Yatim, Jihad Yazigi Correctrice Confiance Monique Kendirjian [email protected] Graphiste Mark Mansour [email protected] Photographes l’heure d’aller sous presse, l’Arabie de sanctions éventuelles, la conséquence Greg Demarque, Mark Mansour, saoudite semblait ne pas vouloir psychologique de telles menaces est tout L’Orient-Le Jour À aller jusqu’à utiliser l’arme écono- aussi déterminante pour l’économie liba- Couverture Photos : DR mique au Liban. La suspension de son aide naise, dont les fondamentaux sont depuis financière à l’armée libanaise assortie de des années particulièrement négatifs, et Directeur responsable : Michel Touma menaces de sanctions a créé une véritable qui est confrontée à une mauvaise conjonc- Séparation de couleurs et impression inquiétude dans le pays. Probablement ture. Elle ne tient qu’à un facteur : la RAIDY www.raidy.com davantage d’ailleurs dans les rangs alliés confiance dans un système financier pro- Adresse Baabda, Route de Damas, que parmi ses adversaires. Mais le pire grammé pour maintenir l’activité à flots, e Imm. L’Orient-Le Jour, 3 étage semble pour l’instant avoir été évité. Il grâce à un torrent de liquidités, comme un Tél. : 05 952259 - 05 956 444 Fax : 05 453644 serait en effet relativement facile à Riyad de tonneau des Danaïdes. Or cette confiance B.P. : 45-332 Hazmié-Liban est aussi, plus que jamais, synonyme d’in- [email protected] www.lecommercedulevant.com térêts. L’extrême concentration des dépôts bancaires suffit à comprendre qu’ils sont Le pire semble Pour les abonnés de Reuters : www.reuters.com une poignée de décideurs à tenir le sort du Responsable abonnements pour l’instant Eliane Daccache pays dans leurs mains. Au-delà des allé- Tél. : 05 952259. Fax : 05 453644 avoir été évité geances politiques des uns et des autres, il [email protected] n’est pas sûr que quiconque gagnerait à Tarif abonnement annuel ébranler un système qui, malgré toutes les Liban : 105 000 LL Étranger : Europe 160 $ ; États-Unis faire vraiment mal, que ce soit en arrêtant vicissitudes de l’économie réelle, continue et Canada 200 $ ; pays arabes 130 $ d’importer des produits libanais ou, surtout, de tenir et de servir. D’autant que la capa- Le numéro est en vente en ligne en expulsant les ressortissants du pays du cité à déplacer les capitaux devient de plus www.lecommercedulevant.com Cèdre employés dans le royaume, davan- en plus difficile. L’année 2016, qui a com- www.lorientlejour.com tage encore qu’en retirant ses avoirs du mencé par une bataille pour éviter l’inscrip- Publicité Pressmedia Tamam SAL Liban : les dépôts sont difficiles à évaluer, tion du Liban sur la liste noire du Gafi et Accaoui, Imm. Media Center mais ne sont probablement pas aussi empêcher une nouvelle dégradation de la Tél. : 01 577 000. Fax : 01 561 380 importants que les actifs immobilisés, plus note souveraine par les agences de nota- B.P. : 11-688. Beyrouth - Liban [email protected] difficiles à liquider. Au-delà de l’impact réel tion, s’annonce particulièrement difficile. C Diffusion MMOPL - Tél. : 01 697 310 3 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
4-5 Sommaire 674_4-6 sommaire 3/1/16 3:25 PM Page1 sommair e N 5674 • Mars 2016 o éditorial 3 Confiance actualité 10 Tableau de bord 12 Économie 18 Conflit syrien Le Liban réclame 11 milliards de dollars à la conférence de Londres 20 Finances 22 Affaires 26 Cinéma Maigre bilan pour l’accord de coproduction franco-libanais 27 Cinéma Film Kteer Kbeer dépasse les 50 000 entrées 28 Hôtellerie et tourisme Sultan Brahim s’installe au centre-ville 32 • Wooden Bakery en franchise à Dubaï • Burj el-Hamam développe deux nouveaux concepts à Sin el-Fil • Horeca : 23 édition e • Maroun Chédid lance une gamme de produits du terroir 35 32 Immobilier Baisse de 15 à 30 % des loyers commerciaux à Foch-Allenby • Roland Gebara : « Nous sommes les pionniers dans les petites surfaces » 34 Lebanon Valley MomAdvice conseille les mamans • Mobile : nouvelle prorogation des contrats • Eat OffBeat : commander son repas en ligne à des réfugiés • Samer el-Gharib invente un briquet intelligent pour arrêter de fumer 36 Médias et pub Voix du Liban : les Kataëb remportent la bataille du nom en appel • Dépenses publicitaires : +19,6 % en janvier finances 38 Banques Les banques s’emparent de la responsabilité sociale 4 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
4-5 Sommaire 674_4-6 sommaire 3/1/16 3:25 PM Page2 sommair e affaires 50 Portrait George Boutros : le banquier d’affaires de la Silicon Valley 54 Restauration Les restaurants libanais à l’assaut de New York • Al-Bustan : le traditionnel • Almayass : l’arménien • Semsom Eatery : le “chipotle” libanais • Balade : le traditionnel qui voit grand • ilili : le luxueux • Byblos : le familial 62 Femmes de tête Yasmine Berbir, première directrice générale de Nestlé-Liban économie 64 Électricité Le Liban perd des centaines de millions de dollars 68 Ressources Michel Skaff : « Le Liban est menacé de désertification » 50 perso Bulletin d’abonnement 70 Vos droits Comment confirmer la validité du dépôt d’une somme Je m’abonne au Commerce du Levant pour un an due auprès du notaire quand le créancier refuse l’encaissement ? • La déclaration de succession est-elle obligatoire ? Nom/prénom 72 Nouvelles parutions Adresse 74 Culture Tél Fax 75 Tentations E-mail 76 Vins Date Signature Tarif : Liban : 105 000 LL - Étranger : Europe 160 $ ; États-Unis et Canada 200 $ ; pays arabes 130 $ régional & international Le règlement peut être effectué : - Au comptant - Par chèque au nom de “Société de la Presse Économique SAL” 78 Syrie La guerre continue à détruire, mais aussi à créer - Par virement bancaire : de nouvelles structures Beyrouth : Société Générale de Banque au Liban, compte Nº 207960 Tél. : 961 1 483001. Fax : 961 1 502820 Paris : Bank Audi, compte Nº 13788 73, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris guide Service abonnements Tél. : 961 5 952 259. Fax : 961 5 453 644 [email protected] 82 Salons et foires 6 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
8 Index 674_Index-569 3/1/16 3:29 PM Page1 index des noms et des entreprises cités dans ce numéro A Chaker, Milad 28 H L Ramy Holding 28 28 Ramy, Tony 30 Chédid, Maroun Abboud, Michel 60 Chehadé, Nicolas 34 Hadid, Zaha 28, 32 Lam Research 50-52 Rizk, Tania 38, 46 Abdel Massih, Myreine 48 Chehayeb, Akram 13 Hakim, Alain 12 Lang, Jack 24 Rizkallah, Milad 30 Abi Chaker, Samzer 35 Chehwane, Georges 22 Harb, Boutros 34 Lebanese Leasing Company 20 Royal Dutch Shell 66 Abi Khalil, César 54 Choucair, Mohammad 13, 22 Hariri, Saad 24 Léo Burnett 36 Rymco 22 Abraaj (groupe) 23 Concur 50-52 Hayek (famille) 24 Alexandrian (famille) 56 Crédit libanais 38 HBD-T 40 M S Alghanim (groupe) 62, 63 Credit Suisse 50-52 Hebsi, Rachid (al) 22 Macco, Georg 24 Safra, Joseph 24 Arab Advisors Group 16, 34 Hermez, Ziad 54, 60 MAG 66 Salam, Tammam 65 Arabian Business 24 D Ho, Daniel 36 Makhzoumi, Fouad 24 Salamé, Riad 13, 20 Araiji, Rony 26 Daher, Gabriel 24 Hobeika, Élias 56 Man Diesel and Turbo 14 Sarraf, Pierre 26 Arakélian, Mario 54, 56 Daher, Karim 40 Homeaway 50-52 Mashlab, Mohammad 30 Scholtès, Philippe R. 16 Arakji, Karim 30 Dammous Pharaon, Randa 29 Hosseini, Sandra 62, 63 Massaad, Barbara 60 Sehnaoui, Maurice 64 Asmar, Youmna (el) 36 Dbaii, Marlène 30 HPI 14 Massoud, Alex 58 Sehnaoui, Nicolas 34 Assouad-Sfeir, Christine 57 Deek, Rita 34 Massoud, Philippe 54, 58 Semaan, Roland 54, 57 Assouad, Carine 54, 55, 57 Deutsche Bank 50-52 I Matisse, Auguste 24 Sioufi, Tina 68, 69 36 Metni, Éliane Skaff, Michel B Dorsey, Jack 50-52 Idriss (famille) 23 Mikati, Nagib 24 Soma Architects 60 Inmaa Engineering Badawi, Lama 36 E and Contracting LLC (al) 23 Mikati, Taha 24 SuppAr (The Arab Art 36 BAM International 66 Éléftériades, Michel 27 Isaac, Farès 60 Modern Media Company 50-52 Support Group) 27 Moelis & Co. Bank Audi 21, 38, 44 Expedia 50-52 T Bank of Beirut 21, 48 Ezzano, Julien 26 J Morgan Stanley 50-52 Tabaja, Adham 23 Banque Mouawad, René 24 Tabet, Brahim 12 libano-française 20, 38, 46 F J&P Avax 65 Mouzannar, Béchara 36 Talal, al-Walid ben 24 Bassil, Gebran 65 Faour, Husayn Ali 23 Jamali, Dima 38 Naoum, Isabelle 40, 44 Tasneef 22 Nasr, Rana 30 Bassil, Karim 33 Fattal (groupe) 62, 63 Jobs, Steve 50-52 Tawil, Nada 48 Beides, Houssam 65, 66 Feghali, John 35 Jreige, Ramzi 36 Né à Beyrouth 26 The Sweet Shop 36 Berbir, Yasmine 62, 63 Fransabank 20, 38, 42 Nepco 66 Trade Point Berty, Kamal 36 Freige, Nabil (de) 65 K Nestlé 62, 63 International SARL 23 Beyrouthi, Jean 22 Frem, Michel 16 Kabreet Productions 27 New Audio-Visual 36 TSG (groupe) 32 Media Company Bifani, Alain 18 Future Pipes Industries 24 Kachouch, Saba 54, 58 BLC Bank 38, 46 Kachouch, Sonia 58 Noureddine, Mohammad 23 V Bleu Design Consultants 30 G Kahi, Manal 34 P Van Loo, Éric 29 Blom Bank 21, 38, 44 Geagea, Laura 36 Kahi, Wissam 34 Bou Antoun, Paul 24 Gebara, Roland 33 Karam, Zeina 36 Perlberg, Friedrich 24 Veillet, Lucien 29 Bou Chaaya, Christian 27 General Electric 65 Kassar, Adel 20 Plus Properties 22 W Bou Chaaya, Lucien 27 Ghafary, Élias 54, 56 Kassar, Adnan 38, 42 Porter, Gustafson 32 Wright, Michael 23 Bou Chaaya, Mir-Jean 27 Ghajar, Raymond 64 Kassar, Dania 38, 42 Poten & Partners 65 Boudisseau, Guillaume 23 Ghantous, Nabil 22 Kfoury, Hady 54, 60 Primesouth 14 Y Boutros, George 50-52 Gharib, Samer (el) 35 Khaled Ahmad Foudeh (KAF) 28 Q Yateen, Mohammad 35 BREI 33 Gholam, Nicolas 30 Khazen, Imad (el) 36 Qatalyst Partners 50-52 YTL Power 14 BWSC 14 Ghorayeb, Malek 36 Khazen, Simon (el) 36 Quattrone, Frank 50-52 Byblos Bank 13, 21, 48 Gimex 22 Khoury, Hasmig 39, 44 Z 29 23 C Golar LNG 66 Khoury, Nour (el) 50-52 Ramco R 23 Zahreddine, Hamdi 50-52 Gomez, Guillaume 29 KLA Tencor Zaoui (frères) Cameron, David 18 Greenhill & Co. 50-52 KSSR 14 Ramia, Salim 27 Ziadé, Youmna 38, 46 8 - Le Commerce du Levant – Mars 2016
10-11 tableau de bord 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:22 PM Page1 actualitétableau de bord plus de 150 indicateurs et leurs graphes sur www.lecommercedulevant.com Secteur réel Indicateurs d’activité Inflation Période Valeur Unité Var./an (%) Période Valeur Unité Var./an (%) Indicateur synthétique de la BDL Novembre 293,1 points +9,1 Indice des prix CRI Novembre 150,9 points -0,2 Chèques compensés Décembre 5 973 millions dol. -5,1 Indice des prix CAS Décembre 95,9 points -3,4 - Dont chèques compensés en dollars Décembre 2 829 millions dol. -39,7 Chèques retournés Décembre 121 millions dol. -26,7 Exportations industrielles Juin 292,1 millions dol. +5,0 Le nombre de touristes en baisse de 7 % Exportations agricoles Décembre 28 millions dol. +21,7 Importations d’équipements industriels Juin 23,7 millions dol. +5,8 Production électrique Novembre 962 kWh +2,2 Les fêtes de fin d’année ont été moins porteuses qu’en 2014. Avec Importations de dérivés pétroliers Novembre 643,3 milliers +7,1 123 587 visiteurs accueillis en décembre, le nombre de touristes a de tonnes baissé de 7 % par rapport au même mois de l’année précédente. Le bilan annuel est toutefois très positif pour le secteur. Sur l’ensemble de 2015, le Liban a attiré 1,52 million de visiteurs, un nombre en Tourisme hausse de 12,1 % sur un an, selon le ministère du Tourisme. Il s'agit d'un plus haut depuis 2011, lorsque le Liban avait accueilli Période Nombre Var./an (%) 1,65 million de visiteurs. Les touristes européens représentent le Nombre de touristes Décembre 123 587 -7 tiers des visiteurs (en hausse de 12,9 % à 505 264), dépassant légèrement les Arabes cette année (+4,3 % à 480 723), tandis que Transport les Américains (+17,5 % à 264 041) complètent le podium. Période Valeur Unité Var./an (%) Les visiteurs irakiens (+1,3 %) représentent toujours le plus grand contingent (40 %) de visiteurs arabes. Suivent les Jordaniens Ventes de voitures neuves Janvier 2 409 -1,1 - Dont voitures européennes Janvier 624 -0,9 (+5,6 % à 77 960), les Égyptiens (+9,2 % à 75 524) et les - Dont voitures japonaises Janvier 937 -3,4 Saoudiens (+4,5 % à 47 831). - Dont voitures coréennes Janvier 707 +4,1 - Dont voitures américaines Janvier 133 -9,5 Télécoms - Dont voitures chinoises Janvier 8 -20 Nombre de navires au port Janvier 153 +15 Période Unité Var./an (%) de Beyrouth Nombre d’abonnés au réseau fixe Décembre ND ND Nombre de conteneurs traités Janvier 91 898 +9,7 Nombre d’abonnés au réseau mobile Décembre 4 223 940 +4 au port de Beyrouth Nombre d’abonnés aux lignes prépayées Décembre 3 580 909 +3,7 - Dont conteneurs en transbordement Janvier 26 116 -9,7 Nombre d’abonnés aux lignes postpayées Décembre 643 031 +5,5 Volume du fret maritime Janvier 682,9 millions +18,7 de tonnes Recettes du port de Beyrouth Janvier 18,4 millions dol. +14,7 Secteur externe Nb. de passagers à l’aéroport de Beyrouth Janvier 546,6 milliers +8,9 Volume du fret aérien Janvier 5 612 tonnes -2,8 Commerce Période Valeur Unité Var./an (%) Immobilier Importations Décembre 1 841 millions dol. +11,6 Exportations Décembre 236 millions dol. -11,9 Période Valeur Unité Var./an (%) Balance commerciale Décembre 1 605 millions dol. +16,2 Permis de construire Janvier 811 183 m 2 -4,7 Livraisons de ciment Novembre 481,6 milliers +26,9 de tonnes Nombre de ventes immobilières Décembre 6 749 -5,5 Flux de capitaux - Dont ventes aux étrangers Décembre 135 -25,4 Valeur des ventes immobilières Décembre 899 millions dol. -0,4 Période Valeur Unité Var./an (%) Taxes foncières Septembre 56,5 millions dol. -26,1 Entrée de capitaux Janv.-déc. 2015 3 694,2 millions dol. -25,4 - Dont droit d’enregistrement Septembre 39,7 millions dol. -19,6 Balance des paiements Décembre -372,4 millions dol. -222,4 - Dont impôts sur la propriété bâtie Septembre 7,6 millions dol. -33,7 Réserves en devises de la BDL Décembre 40 486 millions dol. -6,6 10 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
10-11 tableau de bord 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:22 PM Page2 Secteur financier Banques Période Valeur Unité Var./an (%) Le bilan consolidé des banques en hausse de 5,9 % Actifs Décembre 185 990 millions dol. +5,9 Dépôts Décembre 154 950 millions dol. +5 - Dont dépôts des non-résidents Décembre 38 400 millions dol. +6,3 Le bilan consolidé des banques commerciales établies au Dollarisation des dépôts Décembre 64,9 % Liban s'est élevé à environ 186 milliards de dollars fin 2015, Crédits au secteur privé résident Décembre 48 000 millions dol. +5,7 ce qui représente une hausse de 5,9 % en un an, contre Dollarisation des crédits Décembre 71,6 % 6,6 % de croissance réalisée l’année précédente. au secteur privé résident La hausse de 5 % des dépôts est le principal moteur de Crédits au secteur public Décembre 37 800 millions dol. +1,1 cette croissance. Les crédits octroyés au secteur privé ont, Dépôts auprès de la BDL Décembre 70 500 millions dol. +11,1 quant à eux, progressé de 6,5 % sur un an à 54,2 milliards Fonds propres Décembre 16 700 millions dol. +6 de dollars, dont 48 milliards pour le secteur privé résident. Avoirs extérieurs nets Décembre -14 606,9 millions dol. -22,3 Les fonds propres des banques ont augmenté de 6 % en Taux d’intérêt crédits en livres Décembre 7,45 % 2015 pour atteindre 16,7 milliards de dollars. Taux d’intérêt crédits en devises Décembre 7,06 % Taux d’intérêt dépôts en livres Décembre 5,56 % Taux d’intérêt dépôts en devises Décembre 3,17 % Secteur public Bourse de Beyrouth Budget de l’État Période Valeur Unité Var./an (%) Période Valeur Unité Var./an (%) Capitalisation boursière Janvier 11 088 millions dol. -1,5 Volume des transactions Janvier 38,5 millions dol. +104,7 Dépenses totales Janv.-sept. 9 836,8 millions dol. -2,9 Dépenses budgétaires Janv.-sept. 8 752,91 millions dol. -0,1 - Dont service de la dette Janv.-sept. 3 280,23 millions dol. +6,2 - Dont transferts à EDL Janv.-sept. 888,39 millions dol. -40,4 Décaissements du Trésor Janv.-sept. 1 084,15 millions dol. -20,9 Garanties Kafalat Recettes totales Janv.-sept. 7 228,84 millions dol. -8,6 Période Valeur Unité Var./an (%) Recettes budgétaires Janv.-sept. 6 821,18 millions dol. -2,2 Nombre de garanties Décembre 61 +45,2 Recettes fiscales Janv.-sept. 5 284,35 millions dol. -1,4 Valeur de garanties Décembre 8,5 millions dol. +36,4 - Dont impôt sur le revenu Janv.-sept. 1 611,9 millions dol. +2,3 - Dont TVA Janv.-sept. 1 558,34 millions dol. -6,1 - Dont taxes sur le commerce Janv.-sept. 1 009,86 millions dol. +0,7 international Recettes non fiscales Janv.-sept. 1 536,85 millions dol. -5 Masse monétaire Encaissements du Trésor Janv.-sept. 407,64 millions dol. -56,2 Solde primaire Janv.-sept. 672,3 millions dol. -22,4 Période Valeur Unité Var./an (%) Solde public Janv.-sept. -2 607,95 millions dol. +17,4 M3 Décembre 123 600 millions dol. +5 Solde public sur dépenses totales Janv.-sept. -26,51 % M4 Décembre 130 900 millions dol. +5,1 Cartes bancaires Dette publique Période Unité Var./an (%) Période Valeur Unité Var./an (%) Nombre de DAB Juin 1 658 +8,6 Dette publique brute Décembre 70 300 millions dol. +5,6 Nombre de TPE Juin 26 282 +5,9 - Dont dette en devises Décembre 27 100 millions dol. +5,7 Nombre de cartes bancaires Juin 2 577 810 +9,1 - Dont dette en livres Décembre 43 300 millions dol. +5,6 11 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
12-16 actualites eco 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:22 PM Page1 actualitééconomie en collaboration avec L’Orient-Le Jour Le Liban parmi les pays Un Libanais sur cinq est optimiste hautement corrompus pour 2016 elon une étude menée par ans l’index sur la perception de la corrup- organisations internationales – dont la S l’institut de sondage Gallup D tion, publié par l’association Banque mondiale – pour établir son rap- dans 68 pays, 20 % des adultes Transparency International, Beyrouth se port sur la perception de la corruption, libanais sont optimistes concer- classe en 123 position sur un total de sur une échelle de 0 (pays les plus cor- nant les perspectives écono- e 168 pays. L’ONG attribue au Liban la note rompus) à 100 (pays les plus vertueux). miques du pays en 2016. Cette de 28/100 pour 2015, en très légère D’une manière générale, deux tiers des part est en hausse par rapport à amélioration par rapport à 2014 pays obtiennent une note sous les 50. 2015 (16 %) et 2014 (14 %), mais (27/100). Le Danemark occupe la première place elle reste inférieure à la moyenne « Cette amélioration reflète le réveil de la pour la deuxième année consécutive suivi mondiale (45 %) et à celle de la société civile libanaise qui demande des d’autres pays nordiques (Finlande, zone Mena (34 %). comptes sur des dossiers comme celui Norvège et Suède). En queue de peloton, Paradoxalement, la part des des déchets. Elle ne traduit pas une amé- figurent la Corée du Nord et la Somalie. Libanais se déclarant pessimistes lioration de la transparence dans les ser- Les bons élèves partagent des caractéris- dans ce sondage a aussi augmen- vices publics », explique Brahim Tabet, tiques-clefs, explique l’ONG dans sa pré- té à 52 %, contre 51 % en 2015 membre du conseil d’administration de la sentation : « Des niveaux élevés de liberté et 44 % en 2014. En moyenne, Lebanese Transparency Association. de la presse, un accès aux informations cette part atteignait 22 % dans le Le pays du Cèdre continue de fait de se budgétaires permettant au public de savoir monde et 32 % dans la zone positionner parmi le dernier tiers des pays d’où vient l’argent et comment il est Mena. Quelque 27 % des per- hautement corrompus, dans le même dépensé, des niveaux élevés d’intégrité sonnes interrogées ne prévoient groupe de pays que l’Iran (27/100), la parmi les personnes au pouvoir et des sys- pas d’évolution des conditions Russie (29/100) ou l’Azerbaïdjan tèmes judiciaires véritablement indépen- économiques cette année. La part (29/100). L’ONG s’appuie sur douze dants des autres organes de l’État. » des Libanais optimistes sur l’évo- lution de leur économie est la 25 e plus basse au monde. Parmi les Signature d’un accord commercial préférentiel neuf pays de la zone Mena inclus avec Téhéran dans l’étude, seuls les habitants interrogés en Palestine (14 %) et en Irak (13 %) sont moins opti- e ministre de l’Économie et du la signature à Téhéran d’un accord com- mistes que les Libanais. L Commerce, Alain Hakim, a annoncé mercial préférentiel entre l’Iran et le Liban. « Ses principes fondamentaux sont En bref la libéralisation du commerce et l’aug- mentation du volume des échanges », a- > L’indice de l’Insead 2015 t-il déclaré lors de la septième réunion du mesurant la compétitivité des comité économique libano-iranien. talents dans le monde (GTCI) e Cet accord porte notamment sur la contri- classe le Liban à la 77 place e bution libanaise au développement du parmi 109 pays et à la 13 posi- secteur bancaire iranien ; une aide ira- tion parmi 16 économies de la nienne au développement des zones zone Mena. Cet indice mesure la industrielles libanaises ; l’inclusion des capacité d’un pays donné à déve- sociétés libanaises dans les zones lopper, attirer et retenir les franches iraniennes ; le renforcement des talents. Le Liban obtient un score exportations agricoles libanaises ; ou de 38,74 points, en baisse encore une coopération renforcée dans annuelle de 5,8 %, avec une note les domaines de l’énergie ou de la chirur- inférieure à celles des pays de la gie esthétique, lit-on dans le communi- région et à celles des pays à ANI qué du ministère. revenus moyens supérieurs. 12 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
12-16 actualites eco 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:22 PM Page2 Le conflit syrien a fait chuter le revenu moyen La confiance par habitant au Liban de 1,1 % entre 2012 et 2014 des consommateurs en hausse a croissance du PIB réel du Liban a En conséquence, le revenu moyen par habi- L baissé de 2,9 points de pourcentage tant est aujourd’hui inférieur de 1,1 % au a confiance des consom- chaque année entre 2012 et 2014 du fait Liban au niveau qu’il aurait pu atteindre L mateurs a augmenté de des conséquences de la guerre en Syrie, sans le conflit syrien, selon le rapport. 12,4 % en 2015 par rapport selon le dernier rapport trimestriel de la Rappelant que « le Liban compte le plus à l’année précédente, avec Banque mondiale sur la zone Mena. grand nombre de réfugiés par rapport à sa une moyenne mensuelle de Au total, l’institution estime le coût écono- population (232 ‰) », la Banque mondiale 38,4 points, selon le dernier mique de la guerre en Syrie et de ses retom- souligne que « les propriétaires fonciers et indice de confiance (ICC) de bées dans cinq pays voisins (Liban, les chefs d’entreprise y ont peut-être gagné, Byblos Bank/AUB. Jordanie, Turquie, Égypte, Irak) à quelque mais les travailleurs y ont perdu, car l’arrivée Il ne s’agit toutefois pas 35 milliards de dollars, soit l’équivalent du des réfugiés syriens a gonflé la demande d’une inversion de tendance, PIB de la Syrie en 2007. S’agissant du pays locale de biens et de services, et augmenté car l’indice est en baisse de du Cèdre, « la dégradation de la situation le réservoir de main-d’œuvre, provoquant 60,3 % par rapport à l’année économique a fait basculer plus de 170 000 une baisse des salaires ». En termes de record de 2009 et de 30,5 % Libanais dans la pauvreté et multiplié par pression budgétaire, cette présence devrait par rapport aux moyennes deux le taux de chômage qui a dépassé les se traduire par une dégradation du déficit mensuelles de l’indice 20 %, la plupart des chômeurs étant des public à 7,9 % du PIB en 2016 et à 10,1 % depuis juillet 2007, note tou- jeunes non qualifiés ». en 2017, estime la banque. tefois le communiqué de Byblos Bank. La confiance des consom- Fitch Ratings estime la croissance mateurs a en outre décliné à 1,2 % en 2015 au second semestre, l’indice affichant une baisse de 1 % par rapport au premier agence de notation Fitch Ratings a Pour sa part, la balance des comptes courants semestre. Les données de L’ maintenu son estimation de croissance est passée de 24,4 % à 17,3 % du PIB entre l’ICC sont recueillies par pour le Liban à 1,2 % en 2015, prévoyant un 2014 et 2015, notamment grâce à la chute du l’institut privé Statistics très léger rebond cette année à 1,5 %, puis prix du pétrole. Il est toutefois prévu que celle- Lebanon à travers un sonda- 2 % en 2017. L’agence estime que le déficit ci remonte à 18,3 % du PIB en 2016. ge réalisé mensuellement public est passé de 6,1 % du PIB en 2014 à Seule note positive, la stabilité des réserves en depuis juillet 2007 auprès 7 % en 2015. Mais de nombreux facteurs – or et devises étrangères de la Banque du Liban d’un échantillon aléatoire de ralentissement économique, service de la dette (BDL), qui couvrent 14,7 mois d’importations. 1 200 adultes de toutes les élevé et absence de réformes – participeront à Ces réserves représentent aussi 61 % des régions du pays. l’augmentation de ce déficit à 7,3 % en 2016, dépôts bancaires en livres libanaises, ce qui prévient Fitch. La dette publique, quant à elle, protège la BDL en cas de conversion soudaine devrait continuer de croître, atteignant 133,3 % et importante de la monnaie locale en dollars, En bref en 2016 et 137,4 % en 2017. note Fitch. > Un bureau de la Les remises de la diaspora reculent Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont- es remises envoyées par la diaspora dirigeants et chefs d’entreprise libanais Liban (CCIAB) a été inaugu- L vers le Liban ont baissé de deux mil- (RDCL). Malgré cette conjoncture difficile, il ré au siège de l’Association liards de dollars en 2015 à cause « de la a assuré que l’économie ne s’effondrera pas des commerçants d’Aley situation dans la région et de la baisse du au Liban, car « les banques ont pris les par le président de la CCIAB prix du pétrole au niveau mondial », a décla- mesures appropriées ». En termes de crois- Mohammad Choucair, en ré le gouverneur de la Banque du Liban sance, « l’année 2016 sera comme l’année présence du ministre de (BDL), Riad Salamé, lors d’une rencontre 2015, sachant que l’augmentation du PIB l’Agriculture Akram avec une délégation du Rassemblement des en 2015 se situait entre 0 et 1 % », a-t-il dit. Chehayeb. 13 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
12-16 actualites eco 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:22 PM Page3 actualitééconomie Primesouth remporte CDR : 8 milliards de dollars de projets le contrat de gestion menés depuis 1992 e Conseil du développement de Zahrani et de Deir Ammar L et de la reconstruction (CDR) a été chargé entre 1992 et 2014 de mettre en œuvre des projets d’une a société américaine Primesouth, spécia- l’appel d’offres organisé par Électricité du valeur totale de 12,5 milliards de L lisée dans la gestion d’infrastructures Liban. L’indienne KSSR a été recalée pour dollars, dont 64 % ont été achevés énergétiques, a remporté l’appel d’offres pour non-conformité aux exigences techniques du (pour une valeur de huit milliards). la gestion et la maintenance des centrales de cahier des charges, tandis qu’une autre com- Des projets d’un montant de 4,5 Zahrani (Sud) et de Deir Ammar (Nord) pour un pagnie américaine, la société HPI, a fait une milliards de dollars sont toujours montant de 339 millions de dollars sur cinq offre à 347 millions de dollars, supérieure à en cours. ans. L’offre a été approuvée par le ministère de celle de Primesouth. Cette dernière succéde- Quelque 24,5 % des contrats (en l’Énergie, après avoir reçu l’aval de la direction ra donc à la société malaisienne YTL Power, valeur) concernent le secteur de la d’Électricité du Liban (EDL) et du ministère des qui assurait la gestion et la maintenance des construction, viennent ensuite Finances en novembre 2015. Ces deux cen- deux sites depuis 2011 pour 250 millions de celui des déchets solides (17,7 %), trales électriques, qui ont des capacités maxi- dollars. EDL explique l’augmentation de la de l’électricité (11,8 %), de l’édu- males estimées à un peu moins de 450 méga- valeur du contrat par le fait que Primesouth cation (10,1 %), l’approvisionne- watts (MW) chacune, assurent près de la moi- devra également assurer la réhabilitation de ment en eau (8,7 %), le traitement tié de la production totale d’électricité au Liban. certaines parties des centrales, en plus de des eaux (6,7 %), les télécommu- Trois sociétés étrangères avaient répondu à l’opération et de la maintenance. nications (6,4 %), l’agriculture et l’irrigation (3,8 %), la santé publique (2,7 %), les services Une nouvelle centrale à Jiyé est à l’étude régaliens, tels que la construction de nouvelles infrastructures pour a sous-commission parlementaire des le thermique de Jiyé opère aujourd’hui à une le gouvernement et l’amélioration L Travaux publics, des Transports, de l’Éner- capacité maximale de 180 MW en raison de la de celles déjà existantes (1,3 %), gie et de l’Eau a examiné le mois dernier le pro- vétusté de ses installations. Le plan de moder- et les projets environnementaux et jet de construction d’une nouvelle centrale nisation du secteur de l’électricité, adopté par le régionaux (0,8 %). Les projets à thermique au gaz à Jiyé. Trois réunions ont eu Conseil des ministres en juin 2010, prévoyait sa caractère social arrivent en der- lieu pour évaluer les aspects économiques, réhabilitation. En 2012, un contrat a été signé nier, avec une enveloppe de 66,6 techniques et financiers de ce projet, qui doit en ce sens avec la compagnie danoise BWSC millions de dollars. Des finance- permettre de déployer 450 MW supplémen- et la société allemande Man Diesel and Turbo, ments de 10,45 milliards de dol- taires pour un coût estimé autour de 400 mil- mais les travaux ont été suspendus suite à un lars ont été alloués à ces contrats, lions de dollars. Si le projet est approuvé, il conflit entre le ministère de l’Énergie et celui dont 69,7 % de prêts et à 30,3 % faudra au moins trois ans avant que la centra- des Finances, avant de reprendre début 2015. de dons. Ils étaient en majorité le entre en fonctions. Le coût de la réhabilitation est aujourd’hui jugé dirigés vers des projets d’infra- Dotée d’une capacité de production initiale de trop élevé par rapport à celui de la construction structure (35 %). Le Fonds arabe 346 MW et alimentée en fioul lourd, la centra- d’une nouvelle centrale. de développement économique et social est le principal bailleur, avec une part de 14,5 % des finance- ments. Suivent la Banque mondia- le (13,1 %), le Fonds koweïtien pour le développement (11,1 %), la Banque européenne d’investis- sement (10,5 %), le Fonds saou- dien de développement (9 %), la Banque islamique de développe- Ghadi Smat ment (8,7 %) et l’Union euro- péenne (7,3 %).
12-16 actualites eco 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:22 PM Page4 actualitééconomie Trois parcs industriels envisagés En bref > Transport Intelligence, un centre de recherche sur l’industrie de la logistique, classe le Liban à la dernière place sur 13 pays arabes étudiés en termes d’infra- structures logistiques en 2016. e Le pays est 42 sur 45 pays émergents passés en revue. Des classements inchangés par rapport à 2015. Dalati & Nohra Cet indice est une moyenne pondérée de trois sous-catégories, la “taille du marché et croissance de l’at- Organisation des Nations unies pour sur l’aspect financier que sur l’impact envi- tractivité”, l’“adéquation du L’ le développement industriel (Onudi) ronnemental de la conversion des terrains », marché” et, enfin, “la va réaliser pour le compte du ministère de a expliqué Philippe R. Scholtès, directeur connectivité du marché” qui l’Industrie une étude sur la création de trois général du programme à l’Onudi. « Elle per- mesure l’infrastructure de parcs industriels au Liban, d’une superficie mettra d’optimiser le choix des types de pro- transport interne et externe totale de près de 2,4 millions de dollars. Les duction qui y seront à implanter et de définir du pays et son degré de terrains – 1,4 million de m² à l’est de Zahlé, la spécialisation de chaque zone », a-t-il connexion. 500 000 m² dans le Chouf et 450 000 m² ajouté. près de Baalbeck – ont été déterminés par Une fois l’étude terminée, la création des > Le Liban a été classé au le ministère sur la base d’une cartographie zones devrait être financée par un crédit 17 rang parmi 19 pays e de la densité industrielle et leur mise à dis- octroyé par le gouvernement italien. Selon le arabes en matière de com- position a été négociée avec les autorités responsable onusien, « l’Italie a débloqué pétitivité sur le marché de municipales. L’étude, financée par un don une ligne de crédit de 7 millions d’euros (7,6 la téléphonie mobile par le de 550 000 dollars du gouvernement italien millions de dollars) pour le Liban – une cabinet de conseil jordanien et programmée pour une durée d’un an, doit enveloppe qui pourrait être revue à la haus- Arab Advisors Group. permettre de définir un schéma directeur se – que le ministère de l’Industrie a décidé L’étude mesure l’intensité du pour orienter le développement des zones. au courant de l’été d’allouer au financement niveau de compétition au « L’étude préliminaire va aussi bien porter des infrastructures de ces zones ». sein de chacun des marchés arabes de la téléphonie mobile, en les comparant les L’Institut de recherche agricole uns aux autres. ouvre quatre antennes régionales Arab Advisors Group consi- dère le marché saoudien comme le plus compétitif de Institut de recherche agricole libanais modernes dans le domaine du vivant et de la région, citant notamment L’ (Iral), qui dépend du ministère de l’environnement. Parmi les objectifs assi- la présence de quatre opéra- l’Agriculture, a ouvert quatre nouvelles sta- gnés : l’analyse de l’état sanitaire des pro- teurs mobiles et de deux tions au Akkar, à Dimane, Jbeil et Nabatiyé. duits agricoles importés ou exportés. » Ces opérateurs de réseaux Ce qui porte à douze le nombre de ses centres disposent aussi d’une unité météo- mobiles virtuels. centres régionaux. rologique ainsi que d’une pépinière. En A contrario, le marché liba- « Nous prévoyons d’en ouvrir encore quatre tout, ces nouvelles stations ont coûté 1,3 nais est dominé par un duo- afin de compléter notre maillage territorial », million de dollars, financés sur le budget de pole, une caractéristique affirme le directeur de l’Iral, Michel Frem. « l’Iral. « La coopération internationale nous partagée par la Syrie (19 ), e Ces unités de recherche dotent le Liban aide, en particulier sur l’équipement », pré- la Libye (18 ) et le Qatar e des outils d’analyse et de recherche cise le directeur. (17 ). e 16 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
18-19 actualite eco refugies 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:20 PM Page1 actualitééconomie Conflit syrien Le Liban réclame 11 milliards de dollars à la conférence de Londres Ce montant devrait permettre de couvrir sur la période 2016-2020 les besoins liés à l’assistance humanitaire, à la stabilisation macro-budgétaire et à l’investissement dans l’infrastructure, mais aussi à l’emploi et l’éducation des réfugiés. L’enveloppe demandée est toutefois supérieure aux promesses faites par les donateurs. e Liban a réclamé une aide globale de 11,3 milliards de dollars au cours de la L conférence organisée le 5 février der- nier à Londres pour venir en aide à près de 20 millions de Syriens, dont 4,6 millions de réfugiés, répartis entre le Liban, la Jordanie, la Turquie et l’Irak. Près de 70 chefs d’État ou de gouverne- ment ont participé à cette conférence qui a permis de lever plus de 10 milliards d’euros, « la plus grosse somme jamais réunie en un jour en réponse à une crise humanitaire », s’est félicité le Premier ministre britannique, David Cameron. Une aide qui devrait permettre de créer d’ici à 2018 jusqu’à 1,1 million d’emplois pour les réfugiés syriens. La part allouée au Liban n’est pas encore connue. Les montants promis ont toutefois été jugés largement insuffisants par des ONG présentes sur place. C’est le cas en tout cas pour le Liban. Sur les 11 milliards de dollars sollicités, le Lebanon Crisis Response Plan (LCRP), élaboré par le gou- Justin Tallis/AFP vernement et présenté dans le cadre de cette conférence, estime à 2,48 milliards Le Premier minsitre Tamam Salam à la conférence de Londres. de dollars l’assistance humanitaire néces- saire à la protection de près de 2,8 millions pas précisé pour les années 2017-2020. 350 000 EMPLOIS D’ICI À 2020, de personnes « très vulnérables » pour la Quant aux autres montants réclamés par DONT 60 % POUR LES SYRIENS seule année 2016. « Il s’agit des commu- le pays du Cèdre pour les cinq prochaines nautés syriennes et libanaises particulière- années, ils sont répartis entre l’éducation En phase avec les deux principaux objectifs ment affectées par la crise et vivant dans (1,4 milliard de dollars), les municipalités de la conférence – l’éducation et l’emploi des conditions extrêmes », précise Alain (800 millions), l’emploi (280 millions), le des réfugiés dans les pays d’accueil –, le Bifani, directeur général du ministère des soutien au budget (2 milliards) et l’inves- gouvernement libanais a présenté un plan Finances, qui faisait partie de la délégation tissement dans des projets infrastructu- quinquennal prévoyant, entre autres, le libanaise. Le montant de ces besoins n’est rels (4,3 milliards). réexamen du cadre réglementaire propre 18 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
18-19 actualite eco refugies 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:20 PM Page2 aux conditions de résidence et de travail des réfugiés syriens, lequel avait été durci Répartition des montants réclamés par le Liban à partir de fin 2014. Le plan souligne la En millions de dollars 2016 2017 2018 2019 2020 Total possibilité d’une suspension provisoire des frais de résidence imposés aux réfugiés et Assistance humanitaire 2 480 0* 0* 0* 0* 2 480 l’allègement de certaines exigences, y Éducation - 350 350 350 350 1 400- compris celle de la « promesse de ne pas Municipalités - 200 200 200 200 800 travailler », actuellement en vigueur à Programme d’emploi temporaire - 60 100 120 280 chaque renouvellement de visa. Total des dons 2 480 610 650 670 550 4 960 Ces mesures faciliteraient l’accès des Soutien budgétaire 400 400 400 400 400 2 000 Syriens au marché de l’emploi dans cer- Projets d’infrastructures 860 860 860 860 860 4 300 tains secteurs « où ils ne sont pas en Total des prêts subventionnés 1 260 1 260 1 260 1 260 1 260 6 300 concurrence directe avec la main-d’œuvre Total 3 740 1 870 1 910 1 930 1 810 11 260 libanaise, tels que l’agriculture, la * Les estimations concernant ces années seront ajoutées une fois déterminées, a indiqué le gouvernement dans construction et d’autres secteurs à forte sa feuille de route. intensité de main-d’œuvre », souligne la feuille de route soumise par le Liban. le Liban faisait déjà face à un taux de chô- raux ont déjà été accordés, mais à des Selon les conditions promulguées en jan- mage très élevé en raison de la crise, esti- conditions pas suffisamment préféren- vier 2015 par l’État libanais, les réfugiés mé désormais à 20 % au sein de la popu- tielles, au vu du contexte actuel. « Ce que qui soumettent une demande de renouvel- lation active et à 30 % parmi les jeunes », nous avons réclamé à la conférence est lement de leur permis de résidence sont souligne Alain Bifani. d’accorder au Liban des prêts à 0 % étant répartis en deux catégories : ceux enregis- donné que les projets d’infrastructures trés auprès de l’agence des Nations unies SCOLARISER TOUS LES ENFANTS concernés par ces crédits vont également pour les réfugiés (HCR) et ceux qui ne le SYRIENS profiter aux populations réfugiées », préci- sont pas et qui doivent être parrainés par se Alain Bifani. un “sponsor” afin de demeurer légalement En parallèle, le Liban s’est engagé à scolari- Selon lui, les montants promis à la confé- dans le pays. Des frais annuels de 200 dol- ser tous les enfants syriens âgés de 3 à 18 rence ne sont peut-être pas suffisants, mais lars sont en outre exigés pour tout Syrien ans à l’horizon 2017 et de leur fournir une « le Liban reçoit déjà 55 à 60 % des 2,48 âgé de 15 ans ou plus voulant renouveler éducation de qualité dans le cadre d’une milliards de dollars requis chaque année son permis de résidence. deuxième version du programme Reaching pour l’assistance humanitaire et une part Ce durcissement a récemment été dénon- All Children with Education (RACE). conséquente des 1,3 milliard de dollars de cé par l’ONG Human Rigth Watch (HRW), « Cela nécessite toutefois un engagement prêts concessionnels par an. En revanche, qui a mis en garde, dans un rapport publié sérieux de la part de la communauté inter- aucune aide n’a été accordée pour la stabi- en janvier, contre « les risques d’exploita- nationale par le biais d’un financement de lisation macro-budgétaire depuis le début tion et d’abus auxquels sont confrontés » près de 300 millions de dollars par an », pré- du conflit syrien », souligne-t-il. les réfugiés, en raison de ces nouvelles cise Alain Bifani. Ce financement devrait, en Pourtant, le Liban en a grandement conditions. outre, être assuré avant le début de l’année besoin. Le déficit n’a cessé de se creuser Outre le réexamen du cadre réglementai- scolaire 2016/17 pour permettre une bonne depuis le début de la crise, atteignant 9 % re, le gouvernement libanais a proposé, en gestion du processus, a-t-il ajouté. du PIB en 2015, tandis que la dette parallèle, une série de mesures visant à Durant l’année scolaire 2014/2015, publique se situait à 138 % du PIB, contre stimuler l’économie et à créer entre 300 000 quelque 100 000 enfants syriens étaient des projections à 122 % sans l’impact de et 350 000 emplois au cours des cinq pro- scolarisés dans les établissements publics la crise syrienne. chaines années, dont 60 % pour les libanais sur les 400 000 en âge de l’être. La Banque mondiale a estimé les pertes Syriens. À cet effet, le Liban a révélé la subies par le Liban, liées au conflit voisin, mise en place d’un programme d’emploi DES PRÊTS SUBVENTIONNÉS À 0 % ? à 13,1 milliards de dollars depuis 2012, temporaire subventionné, le Subsidized dont 5,6 milliards en 2015 seulement Temporary Employment Program (STEP), Enfin sur le plan des infrastructures, le (plus de 11 % du PIB). visant à fournir des incitations financières Liban a estimé à 4,3 milliards de dollars Alain Bifani reste toutefois optimiste. « Une ainsi qu’une assistance technique aux les besoins d’investissement d’ici à 2020, des principales réalisations de cette confé- micro, petites et moyennes entreprises notamment dans le transport, l’énergie, rence réside au niveau de la crédibilité du pour accroître la production et créer de l’eau et d’autres services publics. Il s’agi- plan soumis par le Liban, lequel a été salué nouveaux emplois permanents pour les rait d’un financement subventionné, fourni à l’unanimité. » Non seulement celui-ci travailleurs libanais ainsi que des emplois par la Banque mondiale, la Banque euro- contient une vision globale et des données temporaires pour les Syriens. péenne de reconstruction et de développe- précises, mais il comporte des mécanismes « Il s’agit d’un réel défi qui pourrait seule- ment (BERD), la Banque européenne d’in- d’application très clairs. « Je pense qu’il y a ment être relevé si les fonds nécessaires vestissement (BEI) et la Banque islamique des chances qu’une bonne partie des pro- au financement de ce plan sont assurés de développement (BID). messes soit concrètement traduite. » (…) Nous avons expliqué aux bailleurs que De nombreux prêts multilatéraux ou bilaté- Bachir el-Khoury 19 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
20-21 actualite finances 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:17 PM Page1 actualitéfinances en collaboration avec L’Orient-Le Jour Le Liban n’est plus Un prêt “vert” à la Fransabank sur la liste grise du Gafi a Société financière inter- L nationale (SFI, groupe e Liban ne figure plus sur la liste des “pays Banque mondiale), va L à surveiller” en matière de blanchiment de octroyer un prêt de sept mil- capitaux et de financement du terrorisme du lions de dollars à la Lebanese Groupe d’action financière sur le blanchiment Leasing Company (LLC), une des capitaux (Gafi), une liste établie en octobre filiale du groupe Fransabank 2015. C’est l’adoption, en novembre dernier, pour financer des projets de plusieurs lois visant à renforcer le cadre légal “verts”. Le prêt sera financé de la lutte contre le blanchiment d’argent qui a pour moitié par la SFI elle- permis d’éviter de justesse au pays de se même et pour l’autre moitié maintenir sur la “liste grise” du Gafi. Le gou- par le Programme SFI- verneur de la Banque centrale, Riad Salamé, Canada pour le changement s’est félicité de la nouvelle. « Le Liban se climatique. conforme à toutes les exigences légales et exé- « Grâce au soutien de la SFI cutives requises en matière de lutte contre le et du Canada, nous allons blanchiment de capitaux, le financement du accroître notre appui aux terrorisme et les armes de destruction massive, ciale d’investigation (CSI) de lever le secret ban- petites entreprises qui cher- et (...) ne fera l’objet d’aucune réclamation ou caire en cas de soupçons d’évasion fiscale. Les chent à investir dans l’éner- aucun suivi », a-t-il commenté. Retiré de la liste députés ont également amendé la loi de 2001 gie propre, tout en contri- noire du Gafi en 2002, suite à l’adoption de la en définissant le blanchiment comme un crime buant à atténuer le change- loi sur le blanchiment l’année précédente, le en soi – permettant ainsi la levée du secret pro- ment climatique et soutenir Liban s’était à nouveau retrouvé parmi les pays fessionnel pour les cas de financement des les technologies d’énergie listés faute d’une législation à jour dans le organisations terroristes, de corruption et de propre », déclare Adel domaine du blanchiment de capitaux et de trafic d’influence, entre autres cas. Créé en Kassar, président de la LLC, financement du terrorisme. Mais en novembre 1989, le Gafi, qui regroupe 199 pays dans un communiqué. dernier, les députés libanais se sont réunis en membres, élabore une série de recommanda- Il s’agit du troisième prêt de sessions extraordinaires pour voter les textes tions en matière de lutte contre le blanchiment la SFI pour le financement de nécessaires à la mise en conformité du pays de capitaux, le financement du terrorisme et la l’énergie durable au Liban. avec les normes internationales. Le premier prolifération des armes de destruction massive. L’un des objectifs est de texte voté introduit l’obligation de déclarer aux En octobre dernier, il a placé 22 pays dont le réduire les émissions de gaz douanes toute somme supérieure ou égale à Liban sur sa “liste grise” des pays à surveiller. à effet de serre au pays du 15 000 dollars transportée en numéraire Suite à sa réunion plénière, qui se tenait à Paris Cèdre, qui ont augmenté de (espèces, chèques, titres, etc.) lors du passage du 15 au 19 février, seuls quinze pays font au 27 % (11 455 tonnes) depuis des frontières libanaises. Le deuxième autorise final l’objet d’une surveillance. 1994, lit-on dans le commu- un pays tiers à demander à la Commission spé- Mélanie Razzouk niqué. Les deux premiers de 10 et trois millions de dollars, Nouvelles réglementations pour les comptoirs de crédit accordés en mai 2014 res- pectivement à la Fransabank a Banque du Liban a émis le 21 janvier lités de crédit accordées ne doivent pas dépas- et à la LLC, ont été pleine- L une circulaire (n° 2) imposant de nouvelles ser 5 % du capital de l’usurier et sont par ment utilisés. La SFI a déjà restrictions aux “comptoirs financiers” qui ailleurs plafonnées à 150 millions de livres liba- conclu des partenariats de ce octroient des prêts contre la garantie d’un bien. naises. De plus, ces comptoirs ont l’interdiction type avec plusieurs banques La circulaire impose désormais à ces derniers de se financer auprès des banques et institu- libanaises, dont la Banque de constituer un capital de 2 milliards de livres tions financières, directement ou indirectement, libano-française qui a annon- libanaises minimum par branche. Autre restric- et devront communiquer à la centrale des cé en septembre 2015 avoir tion, l’interdiction d’accorder des prêts d’une risques de la BDL tous les crédits octroyés, afin accordé environ 180 millions valeur inférieure à 60 % du montant de la de pouvoir calculer les taux d’endettement de de dollars de financements à garantie fournie par le client, tandis que les faci- leurs clients. des projets verts. 20 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
20-21 actualite finances 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:17 PM Page2 Bénéfices des principales Fitch prévoit une année stable banques en 2015 pour les banques agence de notation Blom Bank : +10,93 % souligne le communiqué. Quant aux fonds L’ Fitch considère la La Blom Bank a annoncé des bénéfices nets propres consolidés, ils ont atteint 3,29 perspective du secteur ban- de 405 millions de dollars en 2015, en milliards de dollars fin 2015, soit « 18 % caire libanais comme hausse de 10,93 % sur un an. Les actifs du total des fonds propres du secteur “stable”, affirmant que « les consolidés de la banque ont augmenté de bancaire libanais », ajoute le communi- paramètres financiers des 4,01 % à 29,1 milliards de dollars fin qué. En parallèle, la croissance du porte- banques resteront solides en décembre 2015. En parallèle, les crédits feuille des prêts a enregistré une crois- 2016, en dépit de la conjonc- ont enregistré une croissance annuelle de sance de 4,5 % à la fin 2015 – ou 10,5 % ture difficile ». 4,11 % à 7,19 milliards de dollars, tandis à taux de change constants. Pour Fitch, la rentabilité des que les fonds propres ont atteint 2,72 mil- banques restera “acceptable” liards de dollars (+7,94 %). Le communi- Byblos Bank : -8,5 % en 2016 et le niveau de reve- qué ne fournit pas d’informations sur Le groupe Byblos Bank a annoncé des béné- nus dégagés par le secteur l’évolution des dépôts. fices nets en baisse de 8,5 % en 2015, à demeurera inchangé : alors Le rendement des actifs (ROAA) de la 161 millions de dollars contre 176 millions qu’entre 60 et 70 % des Blom Bank s’est élevé à 1,42 %, tandis de dollars l’année précédente. revenus des banques sont que le rendement des fonds propres (ROAE) Un résultat que la banque explique par générés par le produit net a atteint 16,04 %. l’augmentation des provisions pour d’intérêts, les banques ayant La banque affiche un ratio de solvabilité créances douteuses. la plus grande part de prêts (Bâle III) de 18 % et un ratio de liquidité pri- Les actifs consolidés de la banque ont en et de dépôts en dollars conti- maire de 67 %. revanche enregistré une hausse de 4,4 % nueront à bénéficier de sur un an, à 19,87 milliards de dollars fin marges nettes d’intérêts éle- Bank Audi : +15,1 % décembre 2015. vés. Fitch observe que le Le groupe Bank Audi a annoncé des béné- En parallèle, les dépôts de la clientèle ont marché intérieur représente fices nets consolidés en hausse de 15,1 %, augmenté de 5,9 % en 2015 pour toujours la majorité des béné- à 403 millions de dollars pour l’année atteindre 16,63 milliards de dollars, tan- fices nets des banques, mais 2015. La banque a réalisé environ 44 % dis que les crédits ont enregistré une qu’une diversification des de ses bénéfices à l’étranger, grâce à ses croissance de 4,3 % pour atteindre 4,93 activités en dehors du Liban filiales turque et égyptienne, alors qu’elle milliards de dollars. permettrait d’améliorer ulté- tablait sur une part de 48,6 %. La banque La banque a par ailleurs dit examiner rieurement leurs marges. explique toutefois ces résultats par la « d’éventuelles acquisitions de banques De plus, l’agence prévoit que dépréciation des monnaies turque et locales ou étrangères », qui pourraient la qualité des portefeuilles de égyptienne en 2014, qui ont perdu res- contribuer à soutenir sa politique de diver- prêt restera résiliente en pectivement 25,6 % et 9,5 % l’année sification et « assurer une plus grande 2016, générant de faibles passée. profitabilité à long terme ». provisions sur les créances Les actifs consolidés de la banque ont Byblos Bank n’a cependant pas précisé douteuses. La base solide de totalisé 42,3 milliards de dollars fin quelles étaient les pistes envisagées. déposants et de liquidité des décembre, en hausse annuelle de 0,7 %, banques constituant une au taux de change à fin 2015. La banque Bank of Beirut : +10 % force pour le secteur, avec un souligne qu’en se basant sur les taux de Les profits nets consolidés de la Bank of ratio crédit/dépôts en des- change fin 2014, la hausse des actifs Beirut se sont élevés à 193,4 millions de dol- sous de 50 %, note ainsi aurait été de 5,1 %. lars en 2015, en hausse annuelle de 10 %. Fitch. Les dépôts de la clientèle ont légèrement Les actifs de la banque ont atteint 16,2 Par ailleurs, l’agence émet baissé (-0,5 %) pour se stabiliser à 35,6 milliards de dollars fin 2015 (+8,3 %). Les des inquiétudes quant à l’ex- milliards de dollars fin décembre, dont dépôts se sont quant à eux élevés à 12,2 position des banques à la 45,1 % enregistrés en dehors du Liban. milliards de dollars (+9,1 %) et les prêts dette souveraine, qui consti- Mais, à taux de change constants, cela se ont totalisé 4,3 milliards de dollars fin tue 60 % des actifs consoli- traduit par une hausse de 3 % en 2015, 2015 (+2 %). dés des banques. 21 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
22-24 actualites affaires 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:16 PM Page1 actualitéaffaires en collaboration avec L’Orient-Le Jour Rymco introduit Lada au Liban En bref > Un conseil d’hommes d’af- ymco, leader de l’importation des voitures options sécurité : ABS, ABD, airbags, faires libano-chypriote a été créé R neuves au Liban (11,5 % de parts de mar- contrôle de stabilité et sont conformes aux fin janvier. Il est présidé par ché), vient de signer un partenariat exclusif de normes européennes concernant les émis- Georges Chehwane, PDG de distribution avec la marque russe Lada. Un sions de gaz. l’agence immobilière Plus showroom à Jal el-Dib lui sera spécialement La Lada Niva est vendue à partir de 12 500 Properties, et devrait avoir son consacré. La société, qui représente déjà les dollars, immatriculation et enregistrement pendant chypriote. « Ce conseil a marques Nissan, Infiniti, GMC, Lotus, Kawasaki, compris. Et nous faisons en sorte que toute pour objectif de renforcer les Peugeot Scooters, Nissan Diesel, Renault la gamme soit comprise entre 12 000 et liens économiques entre le Liban Trucks et UD Trucks, mise sur la notoriété de 16 000 dollars. et Chypre, a déclaré Mohammad Lada et son bon rapport qualité/prix pour tirer Choucair, président de la son épingle du jeu dans un marché en berne. Comment se positionne la marque russe Chambre de commerce, d’indus- Entretien avec Nabil Ghantous, responsable sur le marché libanais ? trie et d’agriculture de Beyrouth. commercial. Elle en a été absente depuis que l’ancien Les relations actuelles ne reflè- distributeur (NDLR : Gimex) a arrêté en 2010 tent pas le potentiel économique Pourquoi avoir signé un contrat la commercialisation de la marque. Le 4x4 entre les deux pays : le commer- avec Lada ? Niva est resté malgré cela une légende au ce ne représentait que 37,5 mil- Lada fabrique des voitures fiables, à un prix Liban, pour ses capacités en tout-terrain, et lions de dollars en 2014. » abordable : elle a un grand potentiel au il continue de bien se vendre sur le marché Liban. AvtoVAZ, l’assembleur automobile de de l’occasion. Nous venons seulement de > La société émirienne de clas- Lada en Russie, est détenu à 75 % par le recevoir notre première livraison, et nous sification des navires, Tasneef, groupe Renault-Nissan qui commence à y commençons déjà les ventes sans aucune a reçu l’agrément du ministère investir. La marque dispose déjà d’une large communication, alors que le showroom de des Travaux publics pour opérer gamme de modèles et en sort deux nou- Jal el-Dib n’a pas encore ouvert. au Liban. La firme devrait ainsi veaux : la Passenger, ainsi qu’un SUV qui très prochainement pouvoir cer- sera disponible l’année prochaine au Liban. Et par rapport au portefeuille actuel de tifier la conformité des navires Rymco ? (ainsi que celle de leurs équipe- Quels modèles allez-vous distribuer, Lada vient plutôt compléter avantageuse- ments) aux règlements natio- dans quelle gamme de prix ? ment notre collection qui n’a pas de modèles naux et internationaux à partir Nous allons commencer par le modèle le équivalents, que ce soit dans les 4x4 ou les du Liban. Dans un entretien au plus connu, le 4x4 Niva. Nous attendons berlines. Même la 7-places de chez Nissan site Arabiansupplychain, le pré- aussi des livraisons d’autres modèles moins est différente de celle de Lada. sident de Tasneef, Rachid al- connus qui, selon nous, correspondent bien Hebsi, a souligné que « pour au marché libanais. La Largus, une petite Quelles sont vos projections de vente ? l’heure, seules des sociétés voiture de sept places, très pratique pour les Pour 2016, nous comptons vendre 420 internationales de certification familles ou les compagnies de taxi. La Lada, sur un total de 5 000 voitures, toutes étaient parvenues à s’imposer Granta, une berline tricorps, la Lada Kalina marques confondues, vendues par Rymco. dans la région ». au look plus sportif. Et à la fin de l’année Cela peut paraître ambitieux, mais nos pre- nous introduirons une toute nouvelle voiture, miers carnets de commande nous confortent > Les membres du syndicat la Lada Vesta. Elles sont équipées de quatre dans cet objectif. des complexes balnéaires au cylindres, 1,6 litre et consomment peu de Liban, qui regroupe les proprié- carburant. Elles sont toutes équipées des Propos recueillis par Louis Yatim taires de 151 exploitations, ont reconduit leur président Jean Beyrouthi pour un mandat de quatre ans. Ce dernier, qui est également secrétaire général de l’union des syndicats touris- tiques, a appelé le Parlement « à examiner dès que possible le projet de loi réglementant le statut des occupations illégales sur le littoral ».
22-24 actualites affaires 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:16 PM Page2 Spinneys s’installe à Hamra Nouvelles sanctions américaines contre deux Libanais proches du Hezbollah e département américain L du Trésor a placé deux nouveaux individus et une entreprise libanaise sur sa liste de sanctions liée au financement du terrorisme. Accusés de blanchir de l’ar- gent pour le compte du Hezbollah – qualifié de terro- riste par les Américains – Mohammad Noureddine, Hamdi Zahreddine et la socié- té Trade Point International pinneys (Groupe Abraaj) vient de signer Pour le groupe Spinneys, cette annonce est SARL n’ont plus le droit d’ef- S un accord pour la reprise des locaux de la un « joli coup » : cela fait plusieurs années fectuer des transactions avec rue Souraty à Hamra, où se situe aujourd’hui que la chaîne, qui détient environ 20 % de la des entités américaines, et le Supermarket Idriss. « C’est un accord sur le grande distribution au Liban, cherche à s’im- leurs avoirs aux États-Unis long terme, signé avec la famille Idriss, pro- planter dans le quartier d’Hamra. « Hamra ont été gelés. priétaire des locaux », assure Michael Wright, est saturé, ce qui rend quasi impossible l’im- Selon le communiqué du patron de Spinneys, qui n’a pas souhaité plantation d’hypermarchés. En revanche, il Trésor américain, ces sanc- dévoiler l’aspect financier de l’accord. y a un fort potentiel pour des structures tions tombent sous le coup L’ouverture de ce nouveau magasin, qui plus petites de type supermarchés. Sur ce d’Executive Order 13224, un devrait employer une soixantaine de per- segment, l’offre est encore relativement décret présidentiel émis sonnes, porte à douze le nombre total de limitée, dominée qui plus est par des épice- après les attentats du 11- super et hypermarchés Spinneys au Liban. Ce ries de quartier », fait valoir Guillaume Septembre, qui a permis de nouveau magasin d’environ 1 400 m (dont Boudisseau, de Ramco. sanctionner jusque-là « plus 2 95 % en sous-sol) portera les couleurs de Dans ce registre, le supermarché Idriss était la d’une centaine d’individus et l’enseigne émirienne dès le mois de février. plus grande superficie déjà existante à Hamra, d’entités associés au « Nous allons améliorer progressivement l’or- suivi par le supermarché COOP (rue Makdissi) Hezbollah ». ganisation de l’espace ainsi que la décoration. et le groupe TSC (rue Sadate) qui exploite l’an- Le communiqué affirme que Mais le supermarché ne devrait pas fermer », cien local du supermarché Smith’s. Mohammad Noureddine a uti- ajoute le patron de Spinneys. M.R. lisé son entreprise, Trade Point International SARL, et son réseau en Asie, en Environnement des affaires : le Liban à la traîne Europe et au Moyen-Orient, pour transférer des fonds du e Global Entrepreneurship and se positionne au 8 rang parmi 15 pays. Les Hezbollah. Il a fourni des ser- e L Development Institute (Gedi), un institut de Émirats arabes unis arrivent en tête de cette vices financiers à des recherche économique basé à Washington, région, tandis que l’Égypte y occupe la der- membres du Hezbollah au classe l’écosystème entrepreneurial libanais nière position. Liban et en Irak, et entretenu au 50 rang sur 132 pays dans son calcul de Le GEI mesure la qualité et les dynamiques des relations directes avec e l’indice global d’entrepreneuriat (GEI) pour offertes par l’environnement des affaires des entités ou des individus 2016. Avec un score de 39,9 points, le Liban dans un pays donné au niveau micro et déjà sanctionnés par les est loin derrière les États-Unis, en tête de ce macroéconomique. Il correspond à la autorités américaines, dont classement avec 86,2 points, mais dépasse moyenne de 14 sous-indices regroupés en Adham Tabaja, et son entre- la moyenne mondiale (37,3). Il reste en des- trois catégories mesurant le comportement, prise al-Inmaa Engineering sous de la moyenne des pays du Golfe (51,6) les capacités entrepreneuriales et les aspira- and Contracting LLC, et Husayn comme de celle de la zone Mena (41,3), où il tions des entreprises. Ali Faour, ajoute-t-il. 23 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
22-24 actualites affaires 674_38-39 affaires-breves 3/1/16 3:16 PM Page3 actualitéaffaires Marché de l’art Sept Libanais dans le top 50 La cote des vues topographiques sur le Liban des milliardaires ne cesse de grimper arabes ne toile du peintre français Auguste Bréhat en Bretagne (France), s’inscrit dans e magazine Arabian Business U Matisse (1866-1931), “Beyrouth” datée une série d’enchères à succès : en octobre L a publié son classement des de 1919 a été adjugée quelque 20 295 dernier, un tableau, daté de 1923, signé de 50 milliardaires arabes en 2016, euros au marteau (22 450 dollars). La vente l’Allemand Georg Macco (1863-1931) est parmi lesquels on compte, comme aux enchères se tenait en décembre dernier parti au marteau à 27 000 euros (29 695 lors de la dernière édition, sept à l’Hôtel des ventes de Genève (Suisse). dollars) chez Tajan (France). Plus ancienne- Libanais. En deuxième position, le Cette huile, qui représente une vue de la ment, en 2012, une aquarelle d’un autre banquier libano-brésilien Joseph côte libanaise avec en arrière-plan le mont Allemand Friedrich Perlberg (1848-1921) a Safra gagne une place par rapport Sannine sous la neige, a explosé ses estima- été adjugée 65 000 livres sterling (54 784 au classement précédent, avec un tions, comprises entre 400 et 600 dollars. dollars) chez Christie’s à Londres. « La patrimoine évalué à 12 milliards « Le marché des orientalistes est en chute demande émane de collectionneurs passion- de dollars. Un peu plus bas dans le libre. Mais celui des vues topographiques nés. Je n’ai jamais vu réapparaître une vue classement, on retrouve l’ancien est, lui, plutôt en hausse », explique Gabriel topographique sur le Liban après son adjudi- Premier ministre libanais Nagib e Daher, collectionneur et acheteur d’art pour cation. Ce qui explique que ce marché élitis- Mikati à la 23 position, soit une le compte de particuliers. L’art topogra- te ne connaît pas la crise », ajoute-t-il. Le place de mieux que son frère, phique se veut le témoignage fidèle de Liban n’est pas une exception. D’après l’ex- l’homme d’affaires Taha Mikati, peintres-voyageurs, qui ont restitué le réel pert, Turcs et Grecs sont aussi très férus de pour des fortunes respectives éva- des pays qu’ils traversaient au contraire de ce genre de tableaux à la veine nostalgique. luées aux alentours de 3 milliards l’orientalisme, représentation plus fantas- « Mais les œuvres sur le Liban sont très de dollars chacune. Nagib Mikati mée de l’Orient par les Occidentaux. rares : en moyenne trois ou quatre sont gagne cinq places par rapport au La vente de cette toile d’Auguste Matisse, un mises en vente chaque année. » classement précédent et passe peintre de la marine, originaire de l’île de M.R. devant son frère, qui ne progresse que de trois places. La famille Hayek, investie dans Noura conserve le restaurant de l’IMA à Paris l’horlogerie en Suisse, est classée 30 et gagne trois places par rap- e e groupe Noura, qui détient en France déboires à la mauvaise volonté administrative port au dernier classement avec L les établissements de restauration épo- de son prédécesseur déchu au jeu de l’appel une fortune estimée à un peu nyme ainsi que l’enseigne internationale de d’offres. Six ans plus tard, l’arrivée de l’an- moins de 3 milliards de dollars. restauration rapide Lina’s, continuera d’as- cien ministre Jack Lang à la tête de l’IMA Saad Hariri perd de son côté huit surer l’offre de restauration au sein de jetait à nouveau de l’huile sur le feu. Le nou- places par rapport au classement l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris. veau patron de l’IMA reprochant au groupe précédent et se retrouve relégué e Mi-janvier, la cour d’appel de Paris a confirmé Noura de ne pas respecter les règles d’hy- en 43 position avec une fortune Paul Bou Antoun, PDG du groupe Noura giène et sanitaire. Ce qui n’avait pas empê- gravitant autour de 2 milliards de (France), dans ses droits, jugeant illégale la ché l’ancien ministre de laisser une ardoise dollars. Il est suivi par Fouad résiliation du contrat qui lie l’IMA avec ce spé- impayée de quelque 41 000 euros auprès du Makhzoumi (45 , près de 2 mil- e cialiste de la gastronomie libanaise jusqu’en restaurateur pour ses “frais de bouche” ainsi liards de dollars), le PDG et fonda- 2017. La justice française a également fixé à que ceux de sa femme. Finalement, Jack teur de Future Pipes Industries, 80 000 euros le montant du préjudice moral Lang s’était acquitté de 39 000 euros leader dans la fabrication de cana- auquel peut prétendre le restaurateur, contre (arguant que les 2 000 euros restants ne lisations en plastique, et par le e 30 000 euros attribués en première instance. pouvaient lui être imputés à titre personnel). joaillier René Mouawad (46 , près Les déboires de Noura avec l’Institut du Dans ce bras de fer, la direction de l’IMA de 2 milliards de dollars). monde arabe ont débuté tout juste après la avait alors décidé en février 2015 de résilier Le prince saoudien al-Walid ben signature, à l’automne 2007, du contrat le contrat de Noura, qui perdurait normale- Talal, de mère libanaise et dont la d’exploitation de 10 ans du restaurant Le ment jusqu’en 2017. Cette décision avait été fortune est estimée aux alentours Zyriab, installé au dernier étage de l’IMA à retoquée une première fois en mai dernier de 25 milliards de dollars se main- re Paris. Dans un article paru en janvier dans Le par la justice française et vient d’être confir- tient une fois de plus à la 1 place Commerce du Levant (n° 5672), la famille mée par la cour d’appel de Paris. L’IMA peut de ce classement largement domi- Bou Antoun attribuait le début de ces encore cependant se pourvoir en cassation. né par l’Arabie saoudite. 24 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
26-27 actualite cinema 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:14 PM Page1 actualitécinéma Maigre bilan pour l’accord de coproduction franco-libanais En janvier de cette année, l’Institut français a organisé une conférence sur l’accord de coproduction franco-libanais, trop peu utilisé par les producteurs libanais. uelque onze films ont été produits dans le cadre de l’accord de coproduction Dix coproductions franco-libanaises en 15 ans Q franco-libanais depuis sa signature le 27 Année Titre Réalisateurs Nationalité mars 2000. C’est peu au regard des objectifs que s’étaient fixé ses initiateurs. Julien Ezzano, 2001 Cerf volant (Le) Chahal Sabbag Randa France-80/Liban-20 conseiller auprès du Centre national français du 2003 Ombre de la ville (L’) Chamoun Jean Khalil Liban-60/France-40 cinéma et de l’image animée (communément 2003 Bandit (Le) Borhane Alaouie France-40/Liban-30/Belgique-30 baptisé CNC), était à Beyrouth fin janvier pour en 2005 A Perfect Day (Naousé) Hadjithomas Joana/Joreige Khalil France-71/Liban-29 faire un bilan. L’accord permet de mobiliser des 2006 Caramel Labaki Nadine France-55/Liban-45 subventions publiques françaises jusqu’à 80 % 2007 Une chanson dans la tête Tamba Hany France-88/Liban-12 du budget du film, dès lors que certains critères 2008 Chaque jour est une fête El-Horr Dima France-60/Allemagne-20/Liban-20 sont réunis. « Il s’agit de la nationalité des 2010 Falling from Earth Zeineddine Chadi Liban-59/France-42 acteurs, des auteurs, des chefs de production, 2010 Un homme d’honneur Codsi Jean-Claude Liban-64/France-36 des techniciens, le lieu de tournage, de la post- 2011 Et maintenant on va où ? Labaki Nadine France-63/Liban-27/Italie-10 production, etc. Ces critères ont pour objectif de 2013 Heritage Aractingi Philippe Liban-70/France-30 garantir l’internationalisation d’un film, en évi- Source: CNC. tant les écueils culturels qui entravent parfois sa distribution hors de son marché national », produits au Liban en 2015, pour un investis- des partenariats privés, en dehors du cadre explique Julien Ezzano, rappelant que le seul sement cumulé de 32,4 millions de dollars, de l’accord étatique franco-libanais. marché français est composé de 30 à 40 mil- selon le dernier rapport d’Idal, l’Autorité de Côté libanais, les investisseurs privés sont lions de personnes qui vont régulièrement en promotion des investissements libanais. Il plus enclins à financer des projets commer- salle, soit plus de 10 fois la taille du marché s’agit d’une nette amélioration par rapport aux ciaux dont ils pensent connaître les codes que libanais. L’accord de coproduction suppose que 12 films produits en 2012. de s’aventurer dans des films d’auteur plus les films concernés soient agréés par les deux « Alors que les fonds publics ne sont pas rem- ambitieux malgré leur vocation internationale. États signataires. Mais aussi, et c’est là que le boursables, par nature, les recettes étant sim- D’autant qu’ils ont de plus en plus les moyens bât blesse, que des fonds publics soient mobili- plement destinées à abonder le fonds du de s’appuyer sur d’autres types de soutien sés dans chacun des pays. Or, si Paris a depuis CNC, les financements privés, eux, cherchent financier, en provenance du Golfe notam- longtemps mis en place un système de subven- à être rentabilisés », explique-t-on côté fran- ment. « S’il s’agit d’un film d’auteur, c’est très tions et d’aides visant à promouvoir son indus- çais. Sur un budget d’un million de dollars par dur de garantir 200 000 dollars dans le privé trie cinématographique, Beyrouth a notoirement exemple, si 800 000 sont apportés par le au Liban. S’il s’agit d’un film commercial, on peu de moyens à accorder au cinéma. « La CNC et 200 000 par des privés libanais, et garantira le financement ici, mais ce sera dur somme allouée au financement de la production que les recettes du film ne sont que de 200 000 de trouver le financement en France », locale est de 170 000 dollars », regrette le dollars, elles sont affectées prioritairement au explique Pierre Sarraf, fondateur de la société ministre de la Culture, Rony Araiji, qui s’apprê- remboursement des investisseurs privés. de production Né à Beyrouth. terait à demander une révision de l’accord de « Face à un coproducteur qui veut avant tout Pour résoudre cette quadrature du cercle, coproduction à son homologue française. récupérer sa mise, le producteur français n’a une solution, estiment les professionnels du aucune chance, à moins d’un très grand suc- secteur : initier un mécanisme de finance- UNE TRENTAINE DE FILMS EN 2015 cès commercial, de pouvoir affecter une par- ment public du cinéma libanais. « Taxer les tie des recettes au fonds du CNC qui alimen- billets de cinéma pour alimenter un fonds Car l’effet de levier des fonds publics ne fonc- te à son tour le fonds de soutien automatique d’aide à la production serait un bon début », tionne pas auprès des investisseurs privés, dont il bénéficie auprès de cet organisme pour estime Pierre Sarraf, citant un projet porté alors que le cinéma libanais connaît un dyna- ses prochains films. » Les coproductions liba- par la Fondation Liban Cinéma. misme croissant. Au total, 31 films ont été no-françaises sont donc souvent limitées à M-J. D. 26 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
26-27 actualite cinema 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:14 PM Page2 Film Kteer Kbeer dépasse les 50 000 entrées Étoile d’Or du Grand Prix du Festival international du film de Marrakech et en compétition dans plusieurs festivals internationaux, “Film Kteer Kbeer” espère aussi être un succès à l’international. L’objectif est de valider la viabilité d’un modèle de production cinématographique libanais. e long-métrage libanais “Film Kteer ducteur exécutif du court-métrage. « À Kbeer” a été un succès en salle. Le cette époque, nous n’étions pas impliqués L film a atteint les 50 000 entrées en dans le cinéma. C’est en constatant 13 semaines d’exploitation au Liban et a qu’aucun des producteurs libanais n’avait été premier au box office après trois une ligne qui correspond à ce que nous semaines. cherchions pour ce projet que nous avons « Nous n’avons pas pu démarrer au plus étudié le marché et fini par créer la struc- fort à défaut de budget marketing suffisant ture dont nous avions désespérément et de tête d’affiche, mais le bouche-à- besoin », se souviennent les deux frères. oreille a fait son effet et le film est arrivé en Leur montage s’appuie sur deux piliers. haut du box office au bout de trois D’abord une société holding libanaise, semaines », expliquent les producteurs SuppAr – The Arab Art Support Group – Lucien et Christian Bou Chaaya. dont la fonction est de suppléer à l’absen- La performance en salle au Liban corres- ce de fonds publics de soutien au cinéma. pond au scénario médian projeté par SuppAr réunit des mécènes privés et des Kabreet Productions pour rentabiliser le investisseurs. Il s’agit de parents et film qui a coûté 900 000 dollars. « Nous d’amis qui ont apporté 10 % du finance- misons aussi sur les revenus issus de la ment en capitaux, l’essentiel étant appor- vente de droits pour la diffusion télévisée, té en compte courant par des hommes le VOD (vidéo à la demande), les DVD, les d’affaires et des artistes séduits à la suite compagnies aériennes et maritimes, les d’une présentation du projet qui a eu lieu hôtels, etc. Et nous prévoyons de vendre en 2013 à Grand Cinemas – ABC Dbayé. les droits cinématographiques sur une À l’exception de Michel Éléftériades, qui dizaine de territoires. C’est déjà fait pour signe la bande originale du film, et de huit d’entre eux, dont les Émirats arabes Salim Ramia, patron du circuit Grand unis, le Koweït, Bahreïn, l’Égypte, l’Irak… Cinemas, ce ne sont pas des profession- et en négociation pour la France et la nels du cinéma. Quant à l’apport des trois Turquie. » frères, il est de 30 %, réalisé grâce, entre précisent Lucien et Christian Bou Chaaya. L’idée de ce projet a germé en 2012 dans autres, à l’hypothèque d’un appartement Quant à Kabreet, la société de production l’esprit du réalisateur Mir-Jean Bou familial. proprement dite, son rôle est de contour- Chaaya, après le succès de son court- Si le financement est libanais à 95,5 %, le ner l’étroitesse du marché libanais en métrage “Filmmakers (Film Kbeer)”, projet Doha Film Institute y a également contri- commercialisant le film à l’international. de diplôme pour son master en réalisation bué à travers un don de 40 000 dollars “Film Kteer Kbeer” est projeté depuis le cinéma à l’Académie libanaise des beaux- sous forme de soutien à la postproduc- 24 janvier dans plusieurs pays arabes arts (Alba). L’enthousiasme des profes- tion. « Beaucoup de personnes nous ont (Égypte, Émirats arabes unis, Irak, sionnels le conforte dans l’objectif d’en aidés en mettant gracieusement à notre Jordanie, Qatar…) et les producteurs faire un long-métrage. disposition du matériel et des locaux. espèrent sa sortie en France prochaine- Le jeune homme de 26 ans demande Même les acteurs ont accepté une rému- ment. L’objectif est d’en faire à terme une conseil à ses deux frères, Lucien, avocat nération inférieure à celle qu’ils méri- plate-forme de production pour les talents dans un cabinet multinational à Paris, et taient. La société de production et le réa- libanais. Christian, restaurateur, qui a été le pro- lisateur n’ont pas touché de salaires », Marie-Joe Sawaya 27 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
28-30 tourisme actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:12 PM Page1 hôtellerie & tourisme Sultan Brahim Le chiffre s’installe au centre-ville 56 % taux d’occupation des hôtels à Beyrouth en 2015 Le taux d’occupation des hôtels à Beyrouth a été de 56 % en moyenne en 2015, en hausse de 4 points par rapport à 2014, selon le cabinet Ernst & Young cité par le Lebanon this Week de Byblos Bank. Cette performance place la capitale libanaise en dixiè- me position sur les 14 villes arabes étudiées, ex aequo avec Amman, tandis qu’elle près avoir été élu meilleur Downtown peut accueillir 220 per- Ramy Holding (propriétaire des était à la onzième place en restaurant arabe 2016 sonnes à l’intérieur et 250 à l’exté- enseignes Sultan Brahim et al- 2014. A par les experts de la Ligue rieur pour un ticket moyen à 75 Diwan Beirut) emploie plus de 600 Cette hausse constitue la arabe, Sultan Brahim a ouvert dollars. La décoration est moderne personnes à travers les trois deuxième augmentation la ses portes au centre-ville de tout en gardant les éléments qui branches du restaurant au Liban plus forte parmi les pays Beyrouth. « Ce restaurant est un ont fait le succès de l’enseigne (centre-ville de Beyrouth, Jounié arabes. aboutissement pour notre famil- comme le présentoir de poissons et Antélias) ainsi qu’au Qatar. Le tarif moyen d’une le », explique Tony Ramy, copro- frais et les grandes tables en bois. Malgré un contexte économique chambre d’hôtel à Beyrouth priétaire de la marque. À la carte, quelques nouveaux pro- difficile, Tony Ramy annonce s’est élevé à 175 dollars en Situé à proximité du futur centre duits comme des fruits de mer et que Sultan Brahim ouvrira d’ici à 2015, soit une augmentation commercial dessiné par Zaha des poissons servis crus en sashi- 2017 deux branches à Koweït, de 1,1 % par rapport à Hadid, l’établissement s’étend sur mis. Pour ce nouvel établissement, moyennant un investissement 2014. La région enregistre 2 une surface de 1 800 m répartis la société ASB-DT SAL a investi de 8 millions de dollars. un tarif moyen de 208,5 dol- en quatre étages, Sultan Brahim 6,5 millions de dollars. Le groupe Nagi Morkos lars par chambre. Wooden Bakery en franchise à Dubaï a chaîne de boulangeries d’expansion avec le groupe enseignes à son nom aux notre marque », ajoute-il. libanaise Wooden Bakery émirien Khaled Ahmad Émirats arabes unis dans les Créée en 1969, Wooden L a signé un partenariat Foudeh (KAF) pour ouvrir dix six prochaines années. « Nos Bakery possède actuellement études de faisabilité ont mon- 32 enseignes au Liban dont tré qu’il y a peu de boulange- une majorité en franchise ries de ce type aux Émirats », ainsi que cinq branches en explique Michel Chaker, Arabie saoudite. Après les directeur des ventes à Émirats, la marque promet de Wooden Bakery. Il ne cache continuer son expansion inter- pas son ambition d’aller plus nationale. « Nous avons signé loin que les dix points de un partenariat pour franchiser vente prévus par l’accord. Wooden Bakery au Qatar et « C’est un pays qui est en aux États-Unis », dit Michel mesure d’offrir une belle Chaker. exposition internationale à N.M. 28 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
28-30 tourisme actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:13 PM Page2 Burj el-Hamam développe deux nouveaux concepts à Sin el-Fil emblématique restau- rant Burj el-Hamam se L’ modernise et lance deux nouveaux établissements : Fawzi Burj el-Hamam et Rencard. Tous deux situés au rez-de-chaussée d’un immeuble de bureaux à Horch Tabet, ils visent une clientèle jeune et cor- porate. « Nous voulons dévelop- per une clientèle de jeunes », explique Nour el-Khoury, direc- trice marketing. Fawzi est une version moderni- sée de la maison mère. Le res- taurant sert une cuisine libanai- se simplifiée avec une touche en plus : un bar à mezzés et des plats du jour adaptés aux déjeu- Ouvert dès 7h30, l’établisse- autour de 20 dollars. Rencard, Les deux établissements parta- ners d’affaires pour un ticket ment propose des petits déjeu- qui peut accueillir environ 70 gent de plus une grande cuisine moyen entre 15 et 20 dollars par ners sur place ou à emporter, personnes assises, proposera et un centre de livraisons en sous- personne. puis des brunchs, bar à salades aussi des cocktails en happy sol afin de satisfaire les clients qui Quelques pas plus loin, Rencard et un menu de cuisine interna- hours de 17h à 19h30 pour les ne souhaitent pas se déplacer. est un “continental lounge”. tionale pour un ticket moyen sorties de bureau. C.D. e Horeca : 23 édition En bref oreca, le Salon interna- • Bistrot du Moine a ouvert tional des professionnels ses portes à Saïfi. Situé à H de l’hospitalité, ouvrira deux pas de l’église Saint- e ses portes pour la 23 fois au Maron, le bistrot sert tous Biel à Beyrouth du 5 au 8 avril. les jours des petits déjeu- Au programme, plus de 330 ners de 7h à 11h, puis une exposants et 15 000 visiteurs cuisine française revisitée espérés parmi lesquels des jusqu’à 23h. Parmi les spé- investisseurs, restaurateurs, cialités : salade de barazeck traiteurs, hôteliers et autres au chèvre frais, escargots à experts du domaine. Pour l’édi- la bourguignonne ou encore tion 2016, Horeca Liban a burger de canard aux cham- aussi invité des têtes d’affiches pignons. L’établissement dont Guillaume Gomez, prési- peut accueillir 70 per- dent de l’association Les cuisi- sonnes dans une ambiance niers de la République en boisée et moderne pour un France, Éric Van Loo, le chef ticket moyen autour de 45 hollandais étoilé au Michelin, et ateliers et compétitions. plate-forme pour se rencontrer dollars. Les propriétaires Lucien Veillet, président de « Horeca est devenu synonyme et discuter de l’évolution des Marlène Dbaii et Milad l’Académie nationale de cuisi- d’innovation, de créativité et de tendances des marchés », Rizkallah compléteront ne française. Chaque jour, les synergie, ce qui explique pour- explique dans un communiqué bientôt le Bistrot du Moine visiteurs et les exposants quoi nous attirons autant d’ex- de presse Randa Dammous par un restaurant seront invités à participer à des perts. Il est essentiel pour les Pharaon, chef de projet. semi-gastronomique : conférences, tables rondes, professionnels d’avoir cette C.D. le Cuit Vrai. 29 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
28-30 tourisme actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:13 PM Page3 hôtellerie & tourisme Il fait l’actualité En bref Maroun Chédid lance une gamme • Après le centre-ville, Souk el-Tayeb lance un de produits du terroir nouveau marché hebdo- madaire dans le quartier de Hamra, au centre l n’était pas prévu au pro- Gefinor. Ouvert tous les gramme : fin janvier, Maroun mercredis de 12h à I Chédid s’est invité avec son 17h30, Souk el-Tayeb coéquipier Mohammad Mashlab Gefinor est composé de au 13 Trophée Masse (France), un 24 tentes qui peuvent e concours de jeunes chefs réunis accueillir jusqu’à une tren- autour d’un thème gastronomique. taine d’exposants. « Les Résultat ? Son petit four au foie producteurs avaient expri- gras mi-cuit aux épices libanaises, mé le besoin d’avoir un sur une lanière de sfouf, ce pain deuxième jour de vente et d’épice de la région, mâtiné de quand le Gefinor nous a curcuma, associé à une croûte de proposé de venir, nous pistache et de pignons, lui a valu avons tout de suite senti tous les éloges du jury. l’opportunité de toucher La présence de Maroun Chédid à une clientèle très large, cette compétition ne devait pour- entre les bureaux, les uni- tant rien au hasard – et pas seu- versités et les hôpitaux », lement parce qu’il a été lauréat du explique Nicolas Gholam, trophée des Toques Blanches en responsable des souks à 2013, à 41 ans. Depuis le lance- Souk el-Tayeb. ment de sa marque éponyme en Jeff Nalin 2012, ce cuistot, passé par l’Éco- • La boucherie, poissonne- le hôtelière libanaise, a conseillé rie, restaurant Meat The une quarantaine de restaurants dires du fondateur. « On va pro- « L’investissement global n’est Fish a ouvert un nouvel pour la création de leur carte. À duire à la demande, commencer pas encore finalisé », assure-t-il. établissement à la son tableau de chasse, on trouve doucement et voir comment ces Pourtant, dans les étages remplis Fondation Aïshti sur le la création ou le renouvellement produits haut de gamme rencon- de gravats et de poussière, front de mer. « Après Saïfi, des menus de Gilt (Saïfi), d’Italian trent leur public. J’espère qu’ils Maroun Chédid imagine déjà le nous sommes heureux de Project (Mar Mikhaël) ou même sauront attirer les grands chefs du décor de sa future maison. « En pouvoir nous lancer sur le Semsom Eatary, qui a récemment monde entier. » Confitures, condi- rez-de-chaussée, ce sera un marché du Kesrouan, ouvert à New York et à Beyrouth. ments et épices, huile d’olive… centre de formation destiné aux indique le propriétaire Il ancre sa cuisine dans un territoi- Les bouteilles ou les pots siglés professionnels ainsi qu’une école Karim Arakji. De plus, la re – le Liban, la Méditerranée – de ce prénom rétro devraient, de cuisine pour les amateurs Fondation devrait attirer privilégiant les produits issus de dans un premier temps, se “toqués de cuisine”. » Une “aca- une clientèle touristique. » producteurs locaux et les circuits vendre sur le site du chef démie” où le cours grand public Meat The Fish Aïshti courts. « J’ai la volonté de m’enga- (store.marounchedid.com) autour devrait avoisiner tout de même les garde le même concept ger pour défendre de beaux pro- par exemple de 12 dollars pour 80 dollars par personne. À l’éta- que la maison mère et duits locaux et pour le respect de la une confiture d’abricots à la ge, un bistrot et une brasserie de peut accueillir 30 per- planète. En tant que professionnel, lavande ou 15 dollars pour une chef devraient aussi voir le jour. sonnes à l’intérieur ainsi je me dois de préserver et de tapenade d’olives et de tomates En tout, l’espace accueillera une que 60 en terrasse. Au transmettre : je me considère séchées. centaine de couverts, pour des menu des sandwiches d’abord comme un intermédiai- D’ici à un an, ces mêmes produits prix oscillant entre 50 dollars côté gourmets, des fruits de re », théorise l’homme au catogan. devraient être aussi disponibles bistrot, 80 dollars côté brasserie mer, sashimi et viandes Aujourd’hui, sa carrière prend un dans la boutique Maroun Chédid. par personne (hors alcool). La d’importation. Pour ce pro- nouveau tournant : Maroun Car, en parallèle, le cuisinier enta- rénovation a été confiée à l’archi- jet, Karim Arakji a investi Chédid annonce la création d’une me la réfection de l’immense tecte Rana Nasr, de l’agence Bleu 300 000 dollars. 2 gamme de 31 produits de terroir espace (900 m sur deux étages) Design Consultants, responsable libanais sous le nom de sa mère de la résidence Tabet, là où il y a du décorum du restaurant La En collaboration avec récemment décédée, Georgette. quelques années les amoureux Petite Maison, ou du caviste Les Un investissement encore léger, de vieilles maisons allaient siroter Caves de Taillevent. autour de 100 000 dollars, aux un verre au Time Out. M.R. www.hodema.net 30 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
32-33 immobilier actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:10 PM Page1 immobilier Baisse de 15 à 30 % des loyers commerciaux à Foch-Allenby Le secteur Foch-Allenby demeure l’une des principales adresses commerciales du centre-ville de Beyrouth. Toutefois, le ralentissement économique l’a sérieusement affecté ces dernières années. Résultat, les loyers sont en baisse et des dizaines de boutiques sont vides. epuis la mise en place d’une zone de sécurité D autour de la place de l’Étoi- le où l’accès est contrôlé, l’îlot Foch-Allenby est l’un des derniers secteurs piétonniers encore acces- sibles au centre-ville. Y déambuler est agréable. Quadrillé par plusieurs rues pavées, le quartier regroupe des dizaines d’immeubles datant du mandat français entièrement rénovés. Une poignée de nou- veaux immeubles (bureaux et appartements) et une élégante place publique (Harbour Square) dessinée par le cabinet paysa- giste Gustafson Porter complè- Greg Demarque tent ce cadre urbain parfaite- ment maîtrisé. Cette spécificité a contribué à la au Liban y sont aussi présents Leur sort semble scellé. Les notoriété du quartier Foch-Allenby comme les groupes Holdal, Tabet loyers ont chuté de 30 % de 2014 Loyers demandés qui est ainsi devenu une destina- et Malia. à 2015. Les propriétaires deman- (au rez-de-chaussée) 2 tion de prestige à Beyrouth. Les Incontestablement, Foch-Allenby dent pour un rez-de-chaussée de (dollars par m /an) plus grandes franchises interna- est l’adresse du commerce du luxe 400 à 550 dollars le m par an, Rue Weygand 750-1 250 2 tionales haut de gamme : Louis à Beyrouth et ce ne sont pas les mais la juste valeur ne devrait pas Rue Youssef Rami 400-550 Vuitton, Cartier, Dior, Chanel, quelques enseignes éparpillées dépasser les 250 dollars le m . Rue Tijara 400-500 2 Bvlgari s’y sont regroupées. autour de l’avenue du Parc à côté Plus grave, plusieurs disponibilités Rue Foch 800-1 200 L’arrivée du bijoutier Mouawad et du centre d’affaires Starco qui vont apparaissent dans des artères plus Rue Allenby 1 000-1 200 de l’enseigne Cadrans spécialisée lui retirer ce titre. prestigieuses comme les rues Rue Zaghloul 1 000-1 100 dans les montres confirme que Malheureusement, cette image Zaghloul, Allenby et Foch. Rue la Marseillaise 900-950 l’intérêt des professionnels du luxe idyllique s’est fragilisée avec la La baisse des loyers de 15 à Source : Ramco SARL, 2016. pour cette région est intact. crise économique et touristique. 30 % depuis un an n’est pas Prochainement, le célèbre salon Le commerce du luxe n’a pas été assez suffisante pour encourager sont disponibles depuis 2013 de thé Angelina (dont la franchise épargné. Cela s’est traduit par la les professionnels à s’implanter. malgré une réduction de 30 % est détenue par le groupe local fermeture ces dernières années Puisque le secteur du luxe ne peut des tarifs. Boubess) doit ouvrir ses portes de quelques franchises comme plus compter sur les touristes du La décote de Foch-Allenby pour- rue Malek. Ladurée, Max & Co., Coccinelle, Golfe, la survie des boutiques de rait s’avérer plus importante si le La réussite de Foch-Allenby repo- Iro et IKKS. Ce ne sont pas des Foch-Allenby repose désormais groupe TSG, qui doit ouvrir un se en grande partie sur la straté- “grands” noms, mais quand sur le pouvoir d’achat de l’élite grand magasin à côté des Souks gie du groupe TSG qui y a ouvert même. locale. Mais les loyers ne sont de Beyrouth, décidait de transfé- une vingtaine de points de vente À ce jour, le quartier Foch-Allenby plus proportionnels à la rentabilité rer ses enseignes vers ce nou- dont les plus connus sont Aïsthi, compte 45 locaux disponibles. Il des boutiques. Définitivement, la veau point de vente ultramoderne Celine, Cartier, Dior, Diesel, n’y a jamais eu autant d’emplace- demande est inférieure à l’offre. dessiné par l’architecte Zaha Gucci. Il s’est même accaparé la ments vides dans ce secteur Actuellement, le long de la rue Hadid. Ainsi, le quartier serait quasi-totalité des emplacements depuis plus de 10 ans. Weygand, pourtant l’axe le plus orphelin de ses principales loco- de la rue Moutran. D’autres Les rues Youssef Rami et Tijara exposé et fréquenté, quatre motives d’ici à 2017. importants groupes du commerce sont désertes depuis des années. locaux sont à la location. Certains G. B. 32 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
32-33 immobilier actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:10 PM Page2 Interview Roland Gebara : « Nous sommes les pionniers dans les petites surfaces » La saga des Convivium continue. Après plusieurs projets résidentiels à Gemmayzé, Saïfi et Badaro, la société immobilière BREI vient de lancer la commercialisation de deux nouveaux immeubles 2 Convivium 8 et Convivium 9 à Achrafié. Le promoteur persiste dans les petites surfaces de 45 à 135 m . Entretien avec Roland Gebara, conseiller du directeur de BREI, Karim Bassil. Comment se structurent loge digitale au sommet de bilité de 5 à 8 % annuelle par anciens projets Convivium. Ils les projets Convivium 8 et 9 ? l’immeuble. rapport à la valeur de l’appar- nous font confiance. Convivium 8 se trouve au Convivium 9 est à Monnot. Il tement. Au final, la moyenne début de la rue Gouraud à totalise 59 appartements dont des appartements à Convivium Vos taux de vente sont positifs. 2 Saïfi-Gemmayzé avant l’église les surfaces varient de 45 à 9 est de 64 m . Avez-vous une explication ? 2 Santa. Le projet compte 12 107 m . Certaines unités ont Le marché immobilier actuel 2 appartements d’environ 135 des terrasses de 15 à 30 m . Pourquoi ne pas avoir est difficile. Les acheteurs sont 2 m avec trois chambres à cou- Le projet ne comporte pas de répété l’expérience attentionnés et savent que la cher. Il y a également une peti- surface commerciale. Le rez- des studios de 30 m 2 situation leur est favorable. te boutique de 40 m . Le projet de-chaussée de l’immeuble pour Convivium 9 ? Parfois, nous pouvons négocier 2 a été vendu en trois mois. est conçu comme le lobby d’un Notre stratégie est d’offrir des pendant plusieurs semaines Nous pensons mettre une hor- hôtel avec un coin lecture, appartements avec une avec une personne, puis elle se détente et un jardin. Il y aura chambre à coucher indépen- désiste. Pour vendre, il est aussi une cuisine et un salon dante du salon. Nous ne sou- important d’avoir une bonne que les résidents pourront uti- haitions pas réitérer l’expérien- adresse, un bon architecte et liser pour inviter leurs amis. ce des studios qui engendrait de proposer des surfaces en un surcoût de construction. adéquation avec la demande. Pourquoi miser Nous étions également limités Se différencier de la concurren- sur de si petites surfaces ? par le nombre de parkings sou- ce est également la clé de la Nous avons été les pionniers terrains. réussite. Nous ne suivons pas de cette niche avec l’immeuble une niche spécifique bien que Convivium 6 à Saïfi où nous Si Convivium 8 est déjà nous restions focalisés sur les proposions quelques studios vendu, comment petites surfaces. Souvent, c’est 2 de 30 m . Ils s’étaient vendus se déroulent les ventes l’emplacement du projet qui très vite. Nous savons qu’il y a pour Convivium 9 ? détermine les superficies à une demande de la part d’ex- Nous avons déjà une quinzaine proposer. Par exemple, il n’au- patriés et de résidents pour de de réservation. Nous offrons rait pas été judicieux d’offrir petits appartements. une gamme variée de surfaces des unités de 135 m comme 2 Convivium 9 est proche de et la demande n’est pas uni- nous l’avons fait à Saïfi- l’Université Saint-Joseph. Cela quement focalisée sur deux Gemmayzé, dans un projet à peut attirer les étudiants et les pièces. Globalement, le Monnot. professeurs. Les petites sur- démarrage est positif. Comme faces peuvent également pour Convivium 8, nous Les deux derniers Convivium séduire les investisseurs qui contactons en priorité nos portent les numéros 8 et 9. sont désireux de mettre leur anciens clients. 30 à 40 % des Pourtant, il s’agit de votre 7 e e bien sur le marché locatif. dernières transactions vien- et 8 projet. Il en manque un ? Nous garantissons une renta- nent de propriétaires de nos En effet, le projet Convivium 4 à Gemmayzé – rue Mar Antonios – a été revendu avant son exé- Projets Quartier Prix de vente Fin Architecte cution. au 1 étage des travaux er 2 (dollars par m ) Rubrique réalisée Convivium 8 Saïfi 4 200 2018 Nabil Gholam par Guillaume Boudisseau Convivium 9 Monnot 4 200 2019 Dagher Hanna Parlez-nous de vos projets : & Partners [email protected] 33 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
34-35 lebanon valley 5674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:09 PM Page1 LebanonValley En partenariat avec L’appli MomAdvice La start-up Eat OffBeat : Textos #Oasis Authority, La Dubai Silicon conseille commander son repas l’Autorité de régulation de les mamans la zone franche du même d’accord avec Berytech es mamans se sentent parfois en ligne à des réfugiés nom, a signé un protocole L désarmées face à certains afin d’encourager l’entre- comportements de leurs enfants. preneuriat et l’innovation C’est à partir de ce constat que au Liban et aux Émirats Rita Deek, psychologue, et Nicolas arabes unis. Les deux Chehadé, conseiller jeunesse, ont entités mutualiseront créé en 2015 MomAdvice : une leurs installations, leurs application qui met en relation des réseaux et travailleront mères avec un réseau de psycho- conjointement à la mise logues. Ce service de e-santé, qui en place de programmes utilise des fonctionnalités de chat, de formation et autres offre un suivi efficace et discret. événements. L’abonnement est facturé 15 dol- lars par semaine ou 50 dollars par mbaucher des réfugiés pour qu’ils cuisinent les plats tradi- Un programme de mois. Les revenus sont répartis E tionnels de leur pays d’origine, c’est l’idée d’entreprise #codage a été lancé entre psychologues (80 %) et les numérique solidaire que les Libanais Manal et Wissam Kahi ont dans dix écoles publiques, équipes de MomAdvice (20 %). lancée à New York. Eat OffBeat qui compte aujourd’hui une dou- sous le patronage du Pour l’instant, l’application, qui a zaine d’employés, dont six cuisiniers, propose des spécialités ministère de l’Éducation, reçu 25 000 dollars du program- syriennes, irakiennes, népalaises, érythréennes et tibétaines en partenariat avec l’ONG me Bootcamp d’Altcity est en pour environ 20 dollars le repas (salade, plat et accompagne- libanaise International phase de test auprès de 50 ment). Pas de salle de restaurant, Eat OffBeat est un site Web, Education Association clientes potentielles, mais devrait où les clients peuvent découvrir le parcours des réfugiés ainsi (IEA) et la Fondation être opérationnelle courant 2016. que des notices expliquant les plats proposés avant de passer Mouna Bustros, créée par Si des applications similaires exis- leur commande. La nourriture est ensuite préparée dans une l’ancien ministre des tent en Occident, les fondateurs cuisine de centrale où les chefs ont reçu une formation pour Télécoms Nicolas comptent sur le fait qu’ils soient apprendre à préparer de grandes quantités, et livrée à travers la Sehnaoui. les premiers à s’attaquer à ce ville. Pour le moment, seules sont acceptées les commandes Objectif : former les marché au Moyen-Orient. groupées pour dix personnes ou plus. « Depuis le lancement en enfants au codage infor- C.D. novembre dernier, nous avons eu plus de 750 commandes et matique grâce au nous espérons répondre aux demandes individuelles d’ici à Raspberry Pi, un micro- Mobile : nouvelle quelques mois », dit Wissam Kahi. ordinateur de la taille prorogation Manal et Wissam n’avaient pas du tout prévu de se lancer dans d’une carte bancaire. Chaque école recevra la restauration, lui est consultant en management et elle, exper- des contrats te en politique environnementale. Eat OffBeat est le fruit d’un 10 kits, composés hasard. Quand Manal arrive aux États-Unis en 2013, elle est du Raspberry Pi e ministre des Télécoms, déçue par le hommos qu’elle achète dans la grande distribution. lui-même, d’une carte L Boutros Harb, a à nouveau Elle décide alors d’en préparer elle-même. « Ça a été un vrai mémoire, de matériels prorogé d’un mois les contrats succès, tous mes amis en voulaient », dit-elle. Wissam y voit une électroniques et d’une de gestion et d’exploitation des opportunité commerciale. Ils cherchent alors qui pourrait prépa- unité d’alimentation. réseaux Alfa (géré par l’égyp- rer du bon hommos. « J’ai tout de suite pensé aux réfugiés Parmi les dix établisse- tien Orascom depuis 2009) et syriens, dit Manal. Et puis l’idée s’est étendue à d’autres natio- ments concernés par le Touch (géré par le koweïtien nalités et d’autres spécialités. » programme, quatre sont Zain depuis 2004), qui arri- Pour concrétiser leurs ambitions, Manal et Wissam, qui ne des écoles pour filles. vaient à échéance fin janvier. Il souhaitent pas donner de chiffres, investissent d’abord sur « Nous voulons encoura- s’agit de la dixième prolonga- fonds propres avant de recevoir le soutien du Centre Tamer ger les filles à envisager tion de ces contrats depuis pour l’entrepreneuriat social de l’Université de Columbia à des carrières scientifiques 2013 et la deuxième depuis New York. Pour respecter leur engagement social, les cuisi- et leur ouvrir ainsi des l’annulation, le 8 décembre niers-réfugiés sont payés environ 50 % de plus que le salai- parcours auxquels elles dernier, de l’appel d’offres pour re minimum. Les fondateurs espèrent pouvoir bientôt n’avaient peut-être pas une gestion triennale de ces étendre leur concept à d’autres villes des États-Unis. pensé », soutient Éliane réseaux de téléphonie mobile. C.D. Metni, présidente de l’IEA. 34 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
34-35 lebanon valley 5674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 3:09 PM Page2 Suivez le geek Greg Demarque Samer el-Gharib invente un briquet intelligent pour arrêter de fumer l y a six ans, Samer el-Gharib décide d’arrêter de fumer. Il essaye ajoute Samer el-Gharib. I l’abstention, les patchs, les chewing-gums à la nicotine et même Le fondateur espère ensuite lever 15 millions de dollars supplémen- l’acupuncture sur les oreilles, mais rien n’y fait. Il invente alors sa taires pour lancer la production et le marketing de Slighter. L’objectif propre solution : Slighter, un briquet intelligent qui enregistre les est de mettre sur le marché un premier lot de 5 000 à 10 000 pièces habitudes du fumeur et les transmet à une application à la fin de l’année. Les briquets, produits en Chine pour limiter les Smartphone qui se charge ensuite d’élaborer une stratégie per- coûts, seront vendus entre 100 et 150 dollars pièce et seront lancés sonnalisée pour lâcher la cigarette. « Avec Slighter, ce sont les au Royaume-Uni et au Liban, puis en Europe et aux États-Unis. La propres habitudes du fumeur qui vont l’aider à arrêter », dit le fon- distribution se fera principalement en ligne, mais l’équipe de Slighter dateur et PDG de la marque. pense aussi à placer son produit dans des pharmacies, parapharma- Mais voilà, Samer el-Gharib est comédien. Créer des objets connectés cies et magasins d’objets électroniques. n’est pas vraiment sa spécialité. Il fait breveter l’idée auprès de l’orga- « Selon les études que nous avons consultées, il y a 140 millions de nisme américain USPTO et s’entoure de trois compères : Mohammad fumeurs en Europe. Au Liban, ils sont au moins le tiers de la popu- Yateen, ingénieur en électronique, Samer Abi Chaker, médecin spécia- lation », explique Samir el-Gharib qui mise avant tout sur le fait que lisé en santé publique, et John Feghali, qui devient vite le directeur tech- « partout dans le monde, 70 % des fumeurs déclarent vouloir arrê- nique du projet. Un premier prototype, financé sur fonds propres, voit le ter, notre cible de clientèle est donc très large ». jour en 2013. L’équipe élabore alors un business plan et cherche des Deux autres briquets intelligents destinés à arrêter de fumer existent investisseurs pour assurer un capital d’amorçage. en précommande sur Internet, un Américain et un Français, mais En 2015, c’est chose faite avec Berytech, qui octroie 900 000 dol- ceux-ci ne proposent pas le même algorithme que Slighter. Une lars à Slighter. « Cet argent nous permet de lancer une phase de compétition « saine », selon Samer el-Gharib qui, sans vouloir don- tests avec 200 fumeurs », explique Samer el-Gharib. Les tests ner trop de détails, se dit confiant dans l’avantage comparatif de sa débuteront fin mars au Liban, en Angleterre, en France et aux formule. Le jeune homme n’a toujours pas arrêté de fumer. États-Unis pour une période d’environ trois mois. Au terme de la « J’attends mon briquet ! » dit-il. période d’essai, toutes les données seront étudiées par les C.D. équipes de Slighter en partenariat avec l’Université de Cambridge et de University College London. « Nous allons perfectionner notre La Banque du Liban n’est pas responsable algorithme et le design du produit pour l’adapter au marché », du contenu éditorial de cette rubrique 35 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
36-37 medias et pub actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 2:58 PM Page1 médias & pub Voix du Liban : les Kataëb En bref remportent la bataille du nom en appel • Léo Burnett Beyrouth s’est hissée à la 4 place dans le clas- e sement des 20 agences les plus a Voix du Liban (VDL) – créatives au monde en 2015, Voix de la dignité et de la dans le cadre du Directory Big L liberté – située à Achrafié Won Awards. Cette enquête et émettant sur la fréquence annuelle célèbre la créativité dans 100.5 FM a remporté le procès le secteur de la publicité en en appel l’opposant à la VDL – comptabilisant la qualité et la Dbayé qui émet, elle, sur la fré- quantité des prix remportés au quence 93.3 FM. La cour d’ap- cours de l’année. Les directeurs pel a ainsi confirmé le juge- de création les plus récompensés ment de première instance, du cru ont été Béchara attribuant la propriété de la rai- Mouzannar et Malek Ghorayeb de son sociale VDL au parti Kataëb Léo Burnett Mena. La copywriter et par extension à New Audio- de l’agence libanaise Lama Visual Media Company, au Badawi, et ses planificatrices Tina détriment de Modern Media Sioufi et Youmna el-Asmar figu- Company, majoritairement rent également au top 10 de détenue par les héritiers de leurs disciplines respectives. Simon el-Khazen. Selon son avocat Kamal Berty, le parti a • La société de production inter- également obtenu du juge des nationale The Sweet Shop a référés l’arrêt de la campagne nommé la Libanaise Laura de publicité par affichage de Geagea au poste de productrice VDL – 93.3 FM. Le ministre de l’Information, Ramzi Jreige. exécutive pour la région Asie. Elle Mais cette dernière n’a pas remplace ainsi Daniel Ho, lui- pour autant l’intention de Simon el-Khazen. À la mort de d’appel et modifier la licence même nommé directeur général renoncer à son identité. « Nous ce dernier en 2010, les relations en conséquence, mais la déci- de l’agence. Diplômée en cinéma avons perdu une bataille, mais avec ses héritiers se dégradent. sion finale revient au Conseil. » de l’Université de Montréal, Laura pas la guerre, a déclaré au Le parti récupère les locaux Le ministre accuse par ailleurs Geagea a travaillé dans plusieurs Commerce du Levant Imad el- d’Achrafié pour y héberger une la radio de ne pas respecter la sociétés de production avant de Khazen, le directeur de VDL – radio concurrente, sous la hou- réglementation au niveau de se lancer en free-lance il y a 93.3 FM. Nous allons nous lette de la New Audio-Visual l’utilisation de ses fréquences, deux ans. Laura Geagea, qui pourvoir en cassation et deman- Media Company, et engage une qu’elle partage avec la BBC. parle couramment le mandarin der la suspension de l’exécution procédure pour reprendre la rai- Des accusations réfutées par la en plus de l’anglais, du français de la décision en attendant un son sociale de VDL. La Modern Modern Media Company qui et de l’arabe, rejoint The Sweet nouveau jugement », une procé- Media Company conserve toute- invoque un accord de partena- Shop alors que l’entreprise sou- dure qui pourrait prendre plu- fois les fréquences historiques et riat similaire à ceux conclus par haite renforcer son positionne- sieurs mois, voire des années. continue à émettre sous le d’autres radios locales, notam- ment sur le marché asiatique. Les deux radios émettent sous le même nom à partir de Dbayé, ment entre Radio-Liban et RFI. même nom depuis plus de cinq arguant du fait qu’elle détient la Étant donné l’affiliation de • La Libanaise Zeina Karam a ans. À l’origine, la station a été licence de VDL attribuée par l’É- Ramzi Jreige aux Kataëb, ce été nommée directrice des infor- créée dans les années 1950 par tat libanais. sera au cabinet de trancher sur mations pour le Liban et la Syrie le parti phalangiste et hébergée Or cette licence arrive à ces deux sujets. Même si sa de l’agence américaine The dans des locaux lui appartenant échéance en 2016. Une ligne éditoriale est proche du Associated Press. La journaliste à Achrafié. Mais après la pro- demande de renouvellement a 14 Mars, la Modern Media de 43 ans dirigeait le bureau de mulgation de la loi sur l’audiovi- été soumise au Conseil des Company, elle, se dit « non par- Beyrouth depuis 2014. Elle avait suel interdisant aux partis poli- ministres. « Je ne sais pas tisane ». « C’est l’une des rai- rejoint l’agence en 1996, cou- tiques d’être propriétaires de quand la question sera exami- sons qui fait de nous la radio vrant l’actualité dans une douzai- médias en 1993, elle est placée née, a indiqué le ministre de politique la plus écoutée au ne de pays du Moyen-Orient. Née sous la houlette d’une société l’Information, Ramzi Jreige. Liban », affirme Imad el- à Beyrouth, Zeina Karam est baptisée Modern Media Personnellement, j’estime que Khazen, en citant des chiffres diplômée de science politique et Company, majoritairement déte- nous devons prendre en consi- de l’institut de sondage Ipsos. de gestion publique à l’Université nue par un proche du parti, dération le jugement de la cour S.A. américaine de Beyrouth. 36 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
36-37 medias et pub actualite 674_68-69 affaire tourisme 3/1/16 2:58 PM Page2 Dépenses publicitaires : La campagne du mois +19,6 % en janvier Qui a dépensé le plus gros budget en janvier ? n janvier, les dépenses publicitaires à Média Janvier 2016 Variation (en %) E prix tarifs ont augmenté de manière (millions dol.*) mensuelle annuelle significative (+19,6 %) par rapport au TV 93,1 -37,5 30,5 même mois de l’année 2015, à 112,8 mil- lions de dollars. Cette valeur ne tient pas Affichage 12,9 -19,2 7,7 compte des remises et escomptes, fort Presse quotidienne 2,9 -37,2 -10 Magazines 1,2 -80,5 -12,2 généreux dans ce secteur. Cette hausse Radio 2,5 -56,9 -3,1 concerne surtout la télévision (+30,5 %) Cinéma 0,2 -44,2 0 et l’affichage (+7,7 %) contrairement aux magazines (-12,2 %), à la presse quoti- * Il s’agit du prix officiel de l’espace publicitaire Campagne : IBL Bank hors remises et escomptes. dienne (-10 %) et la radio (-3,1 %) qui Agence de communication : en direct souffrent toujours. La situation des ciné- Réservations média : Purple mas est stable. Budget (estimation)* : 2 638 000 dollars En variation mensuelle, les dépenses publi- citaires sont en très forte baisse (-61 %) * Ce chiffre correspond au coût théorique de la cam- pagne, pas au prix effectivement payé, car celui-ci par rapport à décembre, celui-ci étant tra- dépend des escomptes et rabais consentis. ditionnellement au plus haut pour les fêtes de fin d’année. Source www.lecommercedulevant.com • L’information économique en continu • Plus de 150 indicateurs actualisés tous les mois • Le magazine en ligne
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page1 financesbanques Les banques s’emparent de la responsabilité sociale Muriel Rozelier Depuis quelques années, le monde bancaire multiplie les effets d’annonce en matière de responsabilité sociale. L’une annonce son soutien à un grand événement culturel quand une autre affiche sa volonté de reboiser des régions entières du Liban. Mais au-delà de ce mécénat d’entreprise, les banques se posent-elles la question de leur responsabilité vis-à-vis de la société dans laquelle elles évoluent ? Au Liban, ils ne sont encore que quelques groupes pionniers à placer ce thème au cœur de leur stratégie de développement. e concept de la responsabilité sociale Pacte mondial des Nations unies, ouvert rement à d’autres pays comme la France des entreprises (RSE) est dans l’air du depuis septembre 2015. où la loi dite de Grenelle II (2012) impose, L temps depuis quelques dizaines d’an- par exemple, aux entreprises de plus de nées. En particulier en Europe où les mul- DES GROUPES PIONNIERS 500 salariés de publier certaines informa- tinationales s’y convertissent progressive- tions sur leur performance sociale, envi- ment sous l’impulsion de législations de Si on y ajoute les “services financiers”, ronnementale et sociétale. « C’est la plus en plus contraignantes. Mais au que le Pacte mondial traite à part, cela fait société qui nous oblige à nous réguler en Liban, la RSE reste un concept flou. Les du secteur “banques & finance” le plus en faisant de la responsabilité sociale une de entreprises sont peu nombreuses encore à pointe en matière de RSE au Liban, devant ses préoccupations centrales », fait valoir s’engager sur cette voie. Seulement 49 la construction et l’immobilier. Un joli Tania Rizk, qui dirige le service communi- entités libanaises (dont de nombreuses satisfecit pour le métier, qui reste encore cation de la Banque libano-française. Le associations) ont signé à ce jour le “Pacte cependant un peu léger au regard de la secteur bancaire libanais n’a pas non plus mondial” des Nations unies (plus connu soixantaine de banques que compte le de stipulations particulières, qui impose- sous sa dénomination anglaise de “Global pays. « La RSE reste le fait de quelques raient au secteur un minimum en matière Compact”), un ensemble de dix principes groupes pionniers : à l’origine de leur notamment de reporting de RSE. visant à inciter les entreprises à adopter engagement, il y a souvent la volonté ou « Différentes circulaires de la Banque du une attitude “socialement responsable”, les convictions personnelles de leurs diri- Liban favorisent toutefois des initiatives en en s’engageant à intégrer et promouvoir geants », explique Youmna Ziadé, respon- matière de RSE ou exigent la publication dix principes relatifs aux droits de l’hom- sable du comité de pilotage de la RSE au de certaines informations financières. me, aux normes internationales du travail sein de la BLC Bank. « Comme souvent, au Outre ce qui touche à la gouvernance et à la lutte contre la corruption… Parmi Liban, il y a ensuite eu un “effet de d’entreprise, à la lutte contre le blanchi- ces entreprises pionnières, six établisse- mode” », ajoute-t-elle. ment d’argent, la circulaire 331, qui incite ments bancaires : la Bank Audi, la Blom Les plus avancés, c’est-à-dire ceux qui ont les banques à investir dans les nouvelles Bank, la Banque libano-française, la BLC déjà publié des rapports dans lesquels ils start-up, s’inscrit typiquement dans une Bank, le Crédit libanais et la Fransabank. analysent leur performance sociale, sociéta- démarche de responsabilité sociale envers « Ces entreprises s’engagent à suivre les le ou environnementale, se comptent sur les l’emploi et les jeunes entrepreneurs », fait principes du Pacte mondial et à présenter doigts d’une main : Bank Audi, dont le pre- valoir Dania Kassar, de la Fransabank. un rapport plus ou moins élaboré sur les mier audit sociétal remonte à 2012 ; actions menées en termes de RSE dans Fransabank, dont le président Adnan Kassar UN MOUVEMENT MONDIAL l’entreprise et pour mettre leur établisse- a participé à l’élaboration des règles de RSE ment aux normes », fait valoir Dima prônées par les Nations unies (voir page 42) Si le concept de responsabilité sociale est Jamali, professeure de management à entre 1999 et 2000. dans l’air du temps un peu partout dans le l’Université américaine de Beyrouth (AUB) À la décharge des autres, le Liban n’a pas monde, dans le secteur bancaire en parti- et responsable du bureau libanais du de cadre législatif propre à la RSE, contrai- culier, la crise économique de 2008 a 38 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page2 S. R. Les banques s’impliquent de plus en plus dans la protection de l’environnement. accéléré le besoin de transparence et de LE MÉCÉNAT La RSE, garde-fous : « Cette crise financière a gra- COMME POLITIQUE DE RSE vement dégradé l’image et le climat de vecteur de croissance confiance du secteur bancaire auprès de Pour comprendre les enjeux de la RSE, il faut l’opinion publique des pays concernés », revenir à sa définition initiale, communément L’amélioration de la gestion des risques n’est pas le seul avantage rappelle Dania Kassar. Le Liban a certes admise. « Le développement durable est un concurrentiel de la mise en place été épargné par le scandale des sub- mode de développement qui répond aux d’une stratégie de RSE. Des cher- primes. Mais le pays pouvait difficilement besoins du présent sans compromettre la cheurs ont démontré que les entre- se tenir à l’écart d’un mouvement global. capacité des générations futures de prises les plus rentables sont celles qui Américains et Européens ont ainsi imposé répondre aux leurs. » Cette définition est à témoignent du plus haut degré d’enga- des lois pour renforcer la maîtrise des l’origine du concept de responsabilité socia- gement à l’égard du développement risques et améliorer la transparence des le, apparue dans le courant des années durable. « Lorsque les entreprises ren- établissements financiers : le Dodd-Frank 1990 : face à un monde en mutation, forcent leur engagement à l’égard du développement durable ou de la RSE, Wall Street Reform Act, le Consumer secoué par d’innombrables crises, on postu- leur rentabilité commence dans un pre- Protection Act, Bâle III, la mise en place du le que les entreprises ne peuvent plus exis- mier temps par diminuer – ce qui les système de supervision bancaire euro- ter sans tenir compte de l’impact de leur place dans le “creux” de la courbe en péen, sans compter sur des lois bancaires décision sur les sociétés au sein desquelles U. Les coûts augmentent tandis que les dans plusieurs pays comme la France ou elles s’intègrent. Comprise dans une accep- parties prenantes peuvent encore pen- l’Allemagne… S’ajoute à cela tout l’arse- tion limitée, la RSE promeut des actions plus ser que l’entreprise se contente de nal législatif américain propre à la lutte ou moins philanthropiques à destination de faire de l’“écoblanchiment” (ou “green- contre le terrorisme et le blanchiment la communauté. « L’implication des banques wahsing”, soit la mise en place d’une communication vantant les mérites d’argent, que les banques libanaises sont est déjà très ancienne sur ce créneau », environnementaux, sociaux de l’entre- tenues d’appliquer si elles veulent mainte- assure Hasmig Khoury, responsable RSE du prise sans une implication réelle, nir leurs relations avec leurs correspon- groupe Bank Audi. Mécénat ou sponsoring NDLR). Avec le temps, les parties pre- dants étrangers. « Toute la partie relative leur permet de valoriser leur image de nantes commencent à reconnaître et à à la “gouvernance d’entreprise” est déjà marque, d’“humaniser” l’institution en asso- apprécier les efforts de l’entreprise, qui incluse dans nos rapports financiers ciant son nom à des “projets positifs”. « Au- commence à en retirer les bénéfices : annuels. La RSE se veut un outil supplé- delà du soutien culturel, ces partenariats baisse des frais de transaction, aug- mentaire, que la banque instaure par elle- servent aussi à générer d’autres rapports mentation des prix, etc. Lorsque la confiance des actionnaires atteint un même, dans le but de reconquérir la avec les clients, comme auprès des action- sommet, la performance financière de confiance et prouver qu’elle intègre bien le naires et des salariés. Au sein de la Bank l’entreprise peut dépasser le niveau respect de valeurs éthiques dans sa stra- Audi nous incitons d’ailleurs nos employés à atteint avant qu’elle ne mette en tégie et dans sa gestion des risques », s’impliquer dans le tissu associatif via notre œuvre des initiatives de RSE », lit-on ajoute la responsable de la Fransabank. programme de volontariats », ajoute-t-elle. ➔ sur le site nbs.com. 39 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page3 financesbanques C’est ce qu’on appelle désormais un mécé- geants, conditions de travail des employés nat de compétences : la banque prête ses inappropriées... Face à ces dérives, la RSE salariés, qui aident l’ONG à mieux assurer Les banques figurent apporte une forme d’autorégulation. « Je vois ses objectifs. la RSE comme un changement profond de parmi les principaux Soutien de projets solidaires ou associatifs, paradigme, dont la prise de conscience com- promotion d’actions culturelles ou de parte- contributeurs du secteur mence à peine. Nous sommes passés d’une nariats sportifs…, les banques figurent société industrielle à une “société globale”, non lucratif au Liban, parmi les principaux contributeurs du sec- qui suppose un nouveau modèle de dévelop- teur non lucratif au Liban, même s’il est même s’il est impossible pement. La RSE amène à s’interroger sur la impossible d’en estimer les volumes finan- recherche du profit et les moyens de l’ac- d’en estimer les volumes ciers. « La philanthropie dans la région est compagner pour un développement durable ancienne, cela fait longtemps que les financiers et juste. Il ne s’agit pas de renier la recherche banques assurent des actions de mécénat, de profit, mais de savoir pour qui, comment avant même que le concept de RSE n’existe », et pourquoi nous réalisons nos objectifs précise Dima Jamali, de l’AUB. Pourtant, le remise en cause de leurs pratiques et de leur financiers », assure Isabelle Naoum, respon- mécénat ne va pas sans poser problème. En organisation. Pour la Commission européen- sable de la communication, en charge de la l’absence de cadre, « on assiste à des ne, une compagnie est considérée comme RSE, au sein de la Blom Bank. dérives notables : de l’argent octroyé pour socialement responsable « lorsqu’elle se Sur ce créneau cependant, les banques soutenir le festival d’un homme politique donne, dans le cadre de ses activités quoti- libanaises paraissent beaucoup moins dans sa région, pour l’ONG du cousin de l’un diennes, des objectifs sociaux et environne- impliquées. Pour le vérifier, il suffit d’ana- des actionnaires… », déplore un expert qui mentaux plus ambitieux que ceux prévus par lyser l’importance hiérarchique du départe- appelle à de meilleurs contrôles pour en la loi ». Une manière de les inciter à dépasser ment RSE au sein des banques. À l’excep- améliorer l’efficacité. leur seul objectif de profitabilité, souvent tion de Bank Audi (où une équipe de trois De plus en plus souvent toutefois, les socié- source d’abus : non-respect des normes salariés chapeaute l’ensemble de la RSE), tés choisissent de suivre une définition plus antipollution et environnemental, travail des aucune des institutions libanaises n’a créé ambitieuse de la RSE, qui induit une vraie enfants, rémunération excessive des diri- de véritable division indépendante. Dans ➔ Mécénat : les entreprises bénéficient-elles d’incitations fiscales ? a législation libanaise ne prévoit aucune humanitaires ou sociaux ou culturels ou spor- ne précise pas les seuils financiers en jeu, qui L incitation fiscale spécifique pour le spon- tifs reconnus officiellement, et ce dans les auraient dû faire l’objet d’une décision en soring d’événements culturels et sportifs. Pour limites définies par décret adopté en Conseil Conseil des ministres. Mais à ce jour, aucun les banques réunies au sein du bureau libanais des ministres ». Le seuil maximal de déduction décret n’a été promulgué. du Pacte mondial, il s’agit d’une lacune impor- autorisé est de 10 % de l’ensemble des reve- Dans le cadre de leur réglementation des rela- tante. « Il faut améliorer la loi en la matière si nus bruts globaux annuels de l’entreprise tions commerciales publicitaires entre sociétés on veut que les banques ou les entreprises (décret no 1785 du 14 février 1979), pour les apparentées ou liées, ou entre filiales et aillent plus loin dans leur politique de mécénat montants attribués au profit d’associations branches, les directives n° 1368/S1 du 21 ou de RSE », avance Tania Rizk, de la Banque d’utilité publique. En pratique, « en se basant août 2007 reconnaissent la possibilité de libano-française. Certes, comme le rappelle sur les redressements qui ont été effectués déduire certaines dépenses financières réali- l’avocat Karim Daher, du cabinet HBD-T, la loi par l’administration fiscale, les banques esti- sées pour des opérations philanthropiques… de l’impôt sur le revenu prévoit différents ment pouvoir déduire jusqu’à 20 % des dona- mais toujours sans précision de seuils. Ce qui “avantages” fiscaux pour les entreprises finan- tions faites à des associations culturelles ou les laisse à l’appréciation discrétionnaire des çant des œuvres caritatives. Elle permet éga- sportives », précise Karim Daher. À noter que contrôleurs et agents des finances. « Il faut lement de “défalquer” certaines dépenses de ces subventions ne sont pas imposables si aussi rappeler que certaines sociétés se leurs revenus en les faisant entrer dans la elles bénéficient à des ONG ou à des associa- basent sur la référence aux cadeaux en natu- catégorie des “cadeaux” offerts. Mais ces inci- tions à but non lucratif (réponse ministérielle re, offerts par l’entreprise à ses clients pour tations restent très en deçà des attentes du du directeur des recettes no 208/S2 du 15 justifier de dépenses liées à leurs actions de secteur. Surtout, elles ne traitent pas spécifi- février 2007). Quant aux donations et aux legs, mécénat », fait valoir l’avocat. Dans ce cas, la quement des actions philanthropiques. faits au profit d’administrations, d’établisse- question de la déduction des charges est régie L’article 7 de la loi sur l’impôt dispose ainsi ments publics ou de municipalités, ils sont par les dispositions des directives n° 1369/S1 que « les charges et dépenses inhérentes à exemptés d’impôts ou de taxes et déductibles du 31 août 2007 et n° 1317/S1 du 18 mai l’exercice du commerce, de l’industrie ou de la des revenus (instruction no 1259/S1 du 12 2009. « Le seuil toléré est d’un million de livres profession sont déductibles du bénéfice net ». août 2002). Enfin, l’article 7 (section 11) de la libanaises du prix de revient du bien (achat ou Parmi ces charges déductibles, figurent « les loi de l’impôt sur le revenu fait mention des production) par cadeau à charge de ne pas montants dont on peut prouver qu’ils ont été dépenses publicitaires et marketing, dans les- dépasser dans leur ensemble un pourcentage payés au titre d’aide ou de donation ou de quelles certaines entreprises font entrer leurs de 1 % du chiffre d’affaires limité à 600 mil- bienfaisance à des institutions ou organismes opérations de mécénat et de sponsoring. La loi lions de livres libanaises. » C 40 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page4 financesbanques beaucoup d’établissements, la responsa- gétique de son siège social à Adlié. “responsable” d’un peu plus de sept kilos 2 bilité sociale demeure sous la houlette du Meilleure isolation, lampes LED, gestion de CO2 par m (contre huit kilos en 2012). département de communication ou de économique des impressions papier… « Il « Malgré la croissance du réseau, nous marketing, preuve que le “développement nous semblait difficile de mener une poli- avons réussi à réduire notre empreinte durable” est envisagé comme un outil de tique de RSE à l’extérieur de la banque carbone de 5 % depuis 2012 », assure communication et non comme une partie sans au préalable améliorer nos propres Hasmig Khoury. « Pour le salarié, ces indi- de la stratégie de développement écono- performances », fait valoir Youmna Ziadé. cateurs disent qu’il fait “bon vivre” chez mique de l’entreprise. La banque a même remporté le prix Arz nous. Du coup, cela nous aide à conserver bronze pour cette rénovation éco-énergé- nos talents dans notre groupe. Pour nos AMÉLIORATION DE LA RENTABILITÉ tique. « Réduire la consommation de actionnaires, cela traduit aussi un “sens papier est en général une des premières des responsabilités” qui peut les rassurer Pourtant, la RSE participe bien au dévelop- décisions prises pour améliorer sa perfor- sur notre conduite interne… Pour le pement économique. Ne serait-ce que mance environnementale. Mais ce geste public, cela montre notre implication de dans la meilleure maîtrise des coûts qu’el- écologique se double d’un enjeu écono- tous les instants », ajoute la responsable. le induit. « En limitant sa consommation de mique : en limitant l’impression, en favori- Dans ce registre, quelques banques ont ressources naturelles non renouvelables, sant le recto-verso ou en recyclant les d’ores et déjà choisi d’implémenter un en réduisant sa production de déchets et documents utilisés, on fait des écono- système de management environnemen- en améliorant l’efficacité avec laquelle elle mies », fait valoir Hasmig Khoury. Cette tal et social (SMES), qui permet, entre utilise les ressources, l’entreprise pourrait économie peut s’avérer importante : dans autres, à la banque d’analyser son porte- réaliser des économies substantielles », son rapport RSE, Audi note avoir sauvé feuille de crédits au regard des risques lit-on dans un rapport (2003) de l’équivalent de 1 763 arbres en 2014 sociétaux ou environnementaux. « Nous l’Observatoire de la responsabilité sociale (contre 1 102 en 2012) et recycler 103 722 analysons l’incidence environnementale des entreprises (France). Certaines tonnes de papier (contre 51 770 en 2012). d’un projet avant l’octroi de prêts à des banques ont ainsi entamé des chantiers de Désormais, l’établissement se penche sur entreprises et nous en tenons compte remise aux normes : la BLC Bank, par son impact en matière d’émission de CO2 : dans notre décision de financement », exemple, a décidé de la rénovation éner- en 2014 chaque employé du groupe était assure Youmna Ziadé. C Fransabank uand il était à la tête de la Chambre de Lancement division RSE : Qcommerce international, le PDG de la 2012 Fransabank, Adnan Kassar, fut invité à parti- Équipe dédiée : 1 responsable + 2 salariés ciper à l’élaboration du “Pacte mondial”, Communication : 1 rapport publié er l’initiative lancée par les Nations unies il y a en 2012 15 ans pour énoncer une charte pour les Normes internationales suivies : Pacte entreprises autour du développement mondial des Nations unies (2013) ; durable. Aujourd’hui, plus de 8 400 sociétés Environmental and Social Management en suivent les 10 principes fondateurs. La System – IFC ; Business for Peace Fransabank en fait partie : elle a signé son initiatives Nations unies adhésion dès 2013. « Notre réputation n’est pas Normes de notation suivies : interne Récompenses : Adnan Kassar nommé seulement fondée sur l’excellence opérationnel- Business for Peace (2014) par la le. Elle est aussi le fait de notre engagement Fondation Business for Peace, social », écrit Adnan Kassar dans un rapport de constituée d’anciens lauréats la banque. Outre la gouvernance d’entreprise, la du prix Nobel de la paix banque détermine sa RSE en fonction de quatre Dania Kassar, responsable de la communication. et d’économie. “thèmes” : d’abord, son engagement en faveur de l’économie du pays. Depuis 1997, la banque en 2014) pour l’achat de chauffe-eau solaires artistes. « On s’implique, on identifie les a ainsi aidé quelque 10 129 entrepreneurs ou le passage au photovoltaïque et débute le artistes à parrainer, on les met en contact (pour un total d’un peu moins de 20 millions de recyclage dans ses locaux. Enfin, Fransabank a avec des galeries et des collectionneurs, dollars) à réaliser leur projet via son programme investi quelque 1,4 million de dollars dans des on acquiert certaines de leurs œuvres… », de micro-financement. En ce qui concerne sa projets portés par les associations liba- explique Dania Kassar. Ayman Baalbaki, politique de ressources humaines, autre grand naises. aujourd’hui “star” montante de la peinture “thème” de la RSE à la Fransabank, la banque libanaise, fut exposé en 1998 lors de la met l’accent sur la parité dans l’entreprise : les L’initiative : Jabal, pour découvrir première édition de Jabal. En 2014, 2 800 femmes représentent 46 % de sa masse sala- les jeunes artistes curieux sont venus lors de l’exposition riale. Côté environnement, l’établissement four- Fransabank a crée Jabal en 1998, une ini- annuelle qui s’est tenue à l’hôtel Le Gray nit notamment des prêts (2,2 millions de dollars tiative pionnière pour aider les jeunes du centre-ville. C ➔ 42 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page5 financesbanques Bank Audi Lancement division RSE : 2010 Équipe dédiée : 1 responsable + 3 employés ank Audi a décidé de mettre en Communication : 1 rapport publié en er «B place un département RSE en 2012 2010, mais cela ne signifie pas qu’aupa- Normes internationales suivies : ISO ravant, nous ne nous en préoccupions 26:000 (2012) ; Pacte mondial des Nations unies (2015) pas. Au contraire, notre banque a toujours Normes de notation suivies : GRI montré une responsabilité sociale très (Global Reporting Initiative) G4 des forte, qu’il s’agisse des actions menées Nations unies (2013) + GRI dans le domaine culturel, le développe- Organisational Stakeholder (2014) ment économique et maintenant l’envi- des Nations unies ronnement. C’est dans notre ADN », assu- Récompenses : Socio-Economic re Hasmig Khoury, responsable RSE de la Award (SEA) Liban 2012, 2014, 2015 ; ministère de l’Environnement, banque. Pionnière, la Bank Audi fait partie mention spéciale du rapport des rares banques à rédiger un rapport CSR 2014 & 2015 ; “Equal complet chaque année. Les indices de opportunity employer” de la performance, qui permettent de se faire Commission nationale des femmes une idée de l’amélioration de la RSE au libanaises et de la Chambre de com- sein de l’entreprise, sont calculés à partir Hasmig Khoury, responsable RSE. merce et d’industrie de Beyrouth. de normes internationales, mises en place par les Nations unies. Si la “gouvernance déchets, recyclage…) ; en externe, via disponible sur www.my-cfp.com, permet d’entreprise” reste un passage obligé notamment les prêts octroyés (subven- de mesurer ses dépenses en matière de pour toute banque, Audi a aussi une tionnés par la BDL) pour l’acquisition de ressources naturelles et de calculer l’im- longue tradition côté développement chauffe-eau solaires, panneaux photovol- pact de son activité sur l’environnement. local. En 2014, le montant de ses contri- taïques… En tout, Bank Audi a ainsi four- En clair, d’être conscient de son emprein- butions (culture, sports…) a ainsi atteint ni 52 millions de dollars de “crédits verts” te carbone et potentiellement de chercher 4,7 millions de dollars (pour 403 millions en 2014. à la réduire. « Les personnes ayant obte- de dollars de bénéfices nets). Depuis nu les trois meilleurs résultats seront 2013, le groupe se focalise sur la protec- L’initiative : un micro-site pour calculer récompensées », assure la banque. De quoi tion de l’environnement : en interne, en se son empreinte carbone renforcer la prise de conscience des plus voulant plus “vert” (politique de zéro Destiné aux 10-15 ans, ce micro-site, jeunes, la “génération de demain” ! C Blom Bank Lancement division RSE : 2015 Équipe dédiée : 1 responsable + 1 salarié er Communication : 1 rapport publié a Blom Bank a signé dès 2014 le Pacte en 2015 L mondial des Nations unies. Dans la fou- Normes internationales suivies : lée, elle a mis en place un comité chargé de Pacte mondial des Nations unies réfléchir à la mise en œuvre de la RSE dans (2014) ; Investors for Governance le groupe. Cette commission, qui se réunit and Integrity Declaration quatre fois par an, rend compte directe- Normes de notation suivies : Governance & Integrity Assessment ment au PDG. La banque a établi son pre- (2014) mier rapport de RSE en 2015. Pour l’heu- Récompense : B+ in the re, il s’agit d’un panorama assez large, qui Governance & Integrity présente les grandes lignes de la respon- Rating de Capital Concept Isabelle Naoum, responsable de la communication, sabilité sociale du groupe. « Mais notre chargée de la RSE. (2015). volonté est d’aller de l’avant et de préciser les contours de notre stratégie RSE », Nations unies dans un proche avenir. » L’initiative : aider l’armée à déminer assure Isabelle Naoum, directrice de la Dans ce registre, la crise des poubelles a le pays communication qui chapeaute la RSE. En largement accéléré la volonté de la direc- Depuis 2010, chaque fois qu’un client uti- projet : la mise en place d’indicateurs pour tion de passer à un mode plus “vert”. La lise la Blom MasterCard Giving Card, une jauger les accomplissements en matière banque démarre des actions de recyclage partie des bénéfices de la banque va à de RSE et évaluer les améliorations réali- à destination de ses employés et, quand l’armée libanaise pour aider au déminage sées d’une année sur l’autre. « Nous pour- cela est possible, tente d’améliorer l’em- des quelque 425 000 mines disséminées rions utiliser les outils de reporting des preinte énergétique de ses bâtiments. sur le sol libanais. C 44 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page6 financesbanques Banque libano-française est d’abord en faisant son métier Lancement division RSE : 2010 «C’ que la banque doit être profitable Équipe dédiée : 1 responsable + 1 salariée pour la société. » C’est en ces termes que Communication : 1 rapport en 2012- er Tania Rizk, directrice du département com- 2013 munication de la Banque libano-française, Normes internationales suivies : ISO définit la RSE. En 2010, la banque crée un 26:000 (en cours) ; Pacte mondial des département RSE, sous la tutelle de la direc- Nations unies (2014) tion de la communication, puis, en 2013, elle Normes de notation suivies : interne entre dans le processus de labellisation ISO Récompenses : meilleure étude de cas de la région Mena par ISO 26:000 26:000. « Avec l’aide d’experts, nous avons décidé d’un plan d’action 2014-2019. Nous le (2015) ; prix du ministère de l’Environnement (2013) pour le lance- mettons depuis en œuvre. » La banque réalise ment de la Earth Card en 2011 ; prix des newsletters trimestrielles sur sa stratégie de la 4 meilleure innovation mondiale e RSE. Un premier rapport a été diligenté pour (2014) décerné par le site Mashable les années 2012-2013, et devrait être publié Tania Rizk, directrice de la communication, de l’expérience pour le lancement d’une e-carte à des- prochainement. Un autre, plus complet, client et de la RSE. tination des réfugiés au Liban. devrait suivre. En parallèle, l’établissement adhère au Pacte mondial des Nations unies et familiariser avec le secteur bancaire et à la que le Programme alimentaire mondial des siège même au sein de son bureau libanais. gestion d’un budget. « Au cours de ces deux Nations unies (PAM) distribue aux réfugiés En 2015, la banque instaure un comité de la dernières années, nous avons animé des ate- syriens au Liban. « C’est une carte de paie- RSE, présidé par le PDG du groupe et, début liers avec quelque 250 000 jeunes. » ment rechargeable qui remplace les cou- 2016, impose à ses fournisseurs une charte pons papier. » Utilisée auprès de commer- sociétale et environnementale. Si vous deman- L’initiative : aider les réfugiés à mieux çants homologués, cette e-carte est plus dez à Tania Rizk quelle est la spécificité de la gérer leur budget sûre et a été distribuée à près de 300 000 BLF en matière de RSE, elle répond sans hési- La BLF, en partenariat avec MasterCard, a exemplaires (avec une carte par famille ; tation : la place accordée aux jeunes, que la mis en place un programme d’informatisa- certaines se composant de plus de 10 banque tente depuis plusieurs années de tion des coupons d’achats alimentaires membres) depuis 2013. C BLC Bank armi les priorités de la banque, la publi- Lancement du comité de pilotage RSE : P cation du premier rapport de la banque 2009 en matière de RSE, prévu en 2016. Équipe dédiée : 1 responsable er Auparavant, cependant l’établissement a Communication : 1 rapport courant 2016 démarré différents chantiers. Le premier porte Normes internationales suivies : Pacte sur la rénovation énergétique de son siège mondial des Nations unies (2014) ; social, mais l’établissement travaille aussi à un Principe d’autonomisation des femmes programme avec l’ONG Jouzour Loubnan : un des Nations unies (2014) peu plus de 10 000 arbres ont été plantés Récompenses : We Initiative depuis leur partenariat signé en 2009. Autre récompensé du Women’s gros programme, la We Initiative, destinée à Empowerment Corporate Leadership promouvoir l’entrepreneuriat féminin, démar- Award du magazine The New Economy (2012) ; prix de la Corporate-NGO rée en 2012. « Entre 2012 et 2014, le nombre Collaboration lors du sommet de prêts accordés à des PME dirigées par des Arabia CSR (2012) ; Arz de bronze femmes a augmenté de 69 % », précise pour la rénovation green Youmna Ziadé, responsable du comité de de l’immeuble du siège social pilotage de la RSE. En interne, la banque a Youmna Ziadé, responsable du comité de pilotage de la RSE. de la banque (2011). également procédé à un certain nombre d’améliorations : un congé paternité (trois L’initiative : former des secouristes la Défense civile. Le cours dispensé concerne jours) est désormais octroyé aux salariés, de la Croix-Rouge les premiers soins post-trauma (PHTLS) afin tandis que les femmes, après leur accou- La banque collabore depuis quatre ans avec d’améliorer la prise en charge des blessés dans chement, ont la possibilité de travailler à mi- l’ONG Roads for Life dans le but de former les l’heure qui suit l’accident, une heure cruciale temps pendant deux ans. secouristes de la Croix-Rouge et le personnel de pour les chances de survie des accidentés. C ➔ 46 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
38-48 finances banques RSE 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:56 PM Page7 financesbanques Byblos Bank a Byblos Bank n’a pas encore formalisé L sa politique de RSE. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir « un engagement social fort », relève Nada Tawil, directrice de la communi- cation. Parmi ses actions, le groupe replan- te des cèdres dans les réserves naturelles du Liban depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, la banque appuie la création d’un “corridor écologique” entre la réserve du Barouk, dans le Chouf, et les contreforts d’Ammiq, côté Békaa, afin de relier ces deux milieux naturels, leur permettant ensuite de se développer seul dans un espace suffisant. Nada Tawil, directrice de la communication. Autre registre de la politique de la banque : le soutien à la photographie libanaise. Outre Autrement, nous nous serions contentés le prix dispensé chaque année à un jeune d’acheter de la photographie. Il y a une photographe libanais, la Byblos diligente un implication, notamment vis-à-vis des jeunes programme d’aide à la création (cours de talents, auxquels nous tenons. » À un tout perfectionnement, mise en contact avec des autre niveau, la banque développe depuis galeries, expositions…) pour de jeunes pho- peu des outils afin d’aider à une meilleure tographes. Quelque 200 d’entre eux en ont compréhension de l’économie : en plus de déjà bénéficié. Enfin, Byblos Bank subven- spots TV ludiques et d’articles dans les tionne le Festival de photographie méditerra- médias, la banque lance dans les prochains néenne Photomed-Liban. « Pour nous, ce mois un programme de formation à destina- n’est pas seulement du mécénat. tion des jeunes. C Bank of Beirut a Bank of Beirut n’a pas d’unité dédiée à L la RSE. L’établissement n’est pas non plus signataire d’une convention à l’image du Pacte mondial des Nations unies. « On a voulu commencer par ancrer notre stratégie de manière concrète », assure Myreine Abdel Massih, responsable marketing. L’établissement a ainsi mis en place des cartes cobrandées avec différentes universi- tés afin de capter leurs étudiants et leurs employés. « Dénommé Affinity Credit Card, ce programme permet au détenteur de contribuer au soutien financier de leur uni- Myreine Abdel Massih, responsable du marketing versité. La banque leur reverse chaque et de la communication d’entreprise. année un certain montant des dépenses effectuées avec nos cartes. » La banque ment. Certains ont depuis intégré nos ser- délivre en outre chaque année 12 bourses à vices. » En matière de mécénat, la banque des étudiants. À cela s’ajoutent différentes est active sur le créneau du foot en salle : la sessions de formation, tout au long de l’an- banque entraîne une petite vingtaine de ses née, auxquelles une soixantaine de jeunes employés à ce sport. « Ils ont un emploi du participent chaque année. « Nous les aidons temps adapté et un coach professionnel pour à préparer leur entrée sur le marché du tra- les entraîner. » Au point désormais de figurer vail en leur offrant des ateliers spécialisés en dans des compétitions nationales, voire régio- partenariat avec Amideast … Pour nous, nales : en 2015, l’équipe a ainsi été retenue c’est aussi un vivier potentiel de recrute- lors des championnats d’Asie. C 48 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
50-52 affaires georges boutros 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:53 PM Page1 affairesportrait George Boutros Le banquier d’affaires de la Silicon Valley Anne-Laure Peytavin George Boutros a passé l’essentiel de sa carrière sur la côte ouest américaine, comme conseil en fusions-acquisitions auprès des grands patrons de la tech. Un savoir-faire et un carnet d’adresses qui lui permettent de prendre aujourd’hui la tête de Qatalyst, leader dans les M&A technologiques à San Francisco. eorge Boutros a le teint hâlé des sur- faires, mais le fils de Fouad Boutros, décé- des activistes qui prennent position dans fers qui vivent au soleil. S’il ne dé en janvier à l’âge de 98 ans, savait une les entreprises cotées et les obligent à G s’était pas excusé d’emblée de chose : il ne ferait pas de politique au Liban. conclure des opérations pour optimiser la possibles interruptions de l’entretien par « Mon père m’a toujours encouragé à trou- création de valeur. « Sauf qu’à l’époque, des appels urgents sur des dossiers en ver une autre voie », confie celui qui dit avoir ces “activistes” incitaient leurs cibles à cours, nul ne soupçonnerait qu’il est l’un pris exemple sur l’engagement sans faille, acheter alors qu’aujourd’hui, ils militent des banquiers M&A les plus en vue de la la vision et le sens de l’éthique de l’ancien plutôt qu’elles se vendent ou se séparent Silicon Valley. Celui qui fait et défait des ministre des Affaires étrangères. de certains actifs », précise George alliances entre les géants technologiques La guerre du Liban a, comme beaucoup, Boutros. La création du marché des “junk de la Bourse… et les autres, ces licornes conduit George Boutros hors de son pays bonds”, ces obligations à haut rendement, qui lèvent à tour de bras des centaines de natal. Après des années lycéennes en et la naissance des LBO (rachat d’entrepri- millions sur le marché privé. Un parcours France, il revient à Beyrouth pour une cour- se par endettement) ouvrent aussi de nou- sans faute qui lui permet de se hisser te période, mais est obligé de repartir à velles perspectives excitantes aux sociétés. aujourd’hui, après trente ans de carrière, à l’étranger pour ses études universitaires. Il « J’étais fasciné par ce nouvel univers, j’ai la tête de Qatalyst Partners, en tant que opte en 1979 pour le génie civil à l’univer- décidé de me lancer dans les M&A (NDLR : CEO de cette boutique spécialisée sur cette sité de Berkeley, car il s’intéresse aux l’acronyme américain de l’activité de niche de marché. George Boutros est « l’un sujets scientifiques, suivi d’un MBA entre- fusions et acquisitions). » des conseils M&A les plus talentueux, pris dans l’idée de compléter ses connais- expérimentés et accomplis de la planète », sances et de revenir au Moyen-Orient y PREMIERS PAS À NEW YORK dit de lui son mentor et partenaire Frank faire des affaires. C’est à ce moment-là, au Quattrone, à qui il succède. milieu des années 1980, qu’émergent les En 1986, il commence sa carrière chez Rien ne le prédestinait à la banque d’af- premiers “corporate raiders”, ces ancêtres Morgan Stanley à New York, une institu- 50 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
50-52 affaires georges boutros 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:53 PM Page2 Dates-clés 1979 : études de génie civil à Berkeley. 1986 : analyste M&A chez Morgan Stanley à New York. 1992 : transfert à San Francisco et rencontre de Frank Quattrone. 1998 : l’équipe M&A technologie de Morgan Stanley est débauchée par Credit Suisse. 2003 : départ de Frank Quattrone, sur fond de démêlés judiciaires. 2008 : création de Qatalyst Partners par Frank Quattrone. 2010 : George Boutros quitte Credit Suisse et rejoint Qatalyst Partners. 2016 : est promu CEO de Qatalyst Partners, Frank Quattrone devient président exécutif. tion de Wall Street qui a l’avantage de LE MENTOR FRANK QUATTRONE structure d’une banque d’investissement et financer les opérations qu’elle conseille. Il veut développer un pôle technologique. En prend le métier à bras-le-corps, dévelop- Il fait alors la rencontre de Frank Quattrone, plein emballement des marchés, les deux pe son expertise et surtout son entregent. qui l’initie à ce nouveau monde. « Il réalisait hommes bouclent des transactions hors Sous ce vernis social important, George de petites IPO (entrées en Bourse) pour des normes : un LBO à 20 milliards de dollars Boutros développe rapidement la réputa- sociétés technologiques, mais il était sur Seagate Technologies en 2000, ou tion d’un négociateur pugnace, voire bel- convaincu que le secteur allait exploser. encore la vente de Pixar à Disney six ans liqueux. En réponse aux critiques souvent Nous avons commencé à travailler en binô- plus tard. « C’était une expérience fasci- adressées par ses propres concurrents, me : il était le banquier IPO, moi celui des nante de vendre au géant de films d’anima- dans un métier ultracompétitif, il se M&A. » Quatre ans plus tard, les deux com- tion la société dirigée par Steve Jobs qui défend : « Je ne suis dur que lorsqu’il le pères aspirent à une nouvelle aventure était très créative, mais qui n’avait que faut, je fais ce qu’il y a de mieux pour mes entrepreneuriale, à l’image de celles que quelques films à son actif. » clients, car c’est ce que je leur dois. Ma vivent leurs clients californiens. Ils décident Les deux hommes se complètent à mer- mission est tout simplement de donner de de rejoindre Deutsche Bank, une banque veille. L’un est un orfèvre des opérations bons conseils aux chefs d’entreprise. » commerciale souhaitant développer une financières sur le marché, l’autre un arti- Au bout de quelques années, l’environne- expertise forte dans la tech. « Elle nous a san des relations avec les grands patrons, ment des gratte-ciel et le quotidien trépi- donné les ressources nécessaires pour si bien qu’ils développent une relation très dant de New York ne lui conviennent plus. faire croître l’activité et nous sommes productive. Mais Frank Quattrone est En 1992, il obtient d’être transféré sur la entrés dans le top 3 des banques d’affaires contraint de quitter Credit Suisse en 2003, côte ouest afin de développer l’activité les plus actives de la région. » En 1998, sur fond de démêlés judiciaires pour avoir M&A de Morgan Stanley, et notamment cette équipe de banquiers stars est débau- dissimulé des documents sur une enquête les nouvelles technologies. chée par Credit Suisse, qui a déjà l’infra- en cours. Il fait alors une traversée du ➔ 51 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
50-52 affaires georges boutros 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:53 PM Page3 affairesportrait désert de quatre ans afin de prouver son Dorsey. Par ailleurs, les investisseurs privés innocence, et monte sa propre boutique demandent de plus en plus de garanties Qatalyst Partners, en 2008. « C’était une expérience lors des derniers tours de table, comme des protections en cas d’IPO à un prix inférieur, fascinante de vendre RUPTURE TECHNOLOGIQUE une liquidité préférentielle, etc. « Cela brouille les cartes de la valorisation », juge au géant de films Pendant ce temps, le secteur de la technolo- George Boutros, mais contribue à dévelop- d’animation la société gie vit une vraie rupture. « Nous avons connu per l’activité des banquiers d’affaires : les davantage de changements au cours des dix dirigée par Steve Jobs M&A sont aujourd’hui l’option privilégiée de dernières années que jamais auparavant », sortie pour les fonds de venture, dans des qui était très créative, constate George Boutros. Les anciens rois marchés très chahutés en ce moment. des marchés du début des années 2000 – mais qui n’avait Leur rythme risque toutefois d’être freiné Cisco, Microsoft ou encore Nokia – ont cédé par la volatilité actuelle, reconnaît le finan- que quelques films la place aux plates-formes Internet que sont cier : « Le marché était sous héroïne, une Apple, Google et Facebook. Les anciens pure à son actif » correction devait arriver. » Les banquiers players se positionnent sur de nouveaux devront redoubler d’efforts pour favoriser métiers par intégration verticale, l’émergen- les transactions, et atteindre la convergen- ce du Cloud a bouleversé la manière de stoc- du groupe de semi-conducteurs KLA ce entre acheteurs et vendeurs sur le prix. ker des données omniprésentes, Internet Tencor à Lam Research pour 11,5 milliards permet désormais de connecter sa maison, en octobre dernier (« une société que je ACCRO À L’ADRÉNALINE sa montre, sa voiture, etc. suivais depuis 25 ans ! ») ou encore la ces- Des mutations que les sociétés tech doivent sion de Homeaway à Expedia pour 3,9 mil- Parvenir à ce difficile équilibre pour conclu- accompagner en fusionnant ou en procédant liards de dollars en décembre. re un deal : c’est le principal rôle du conseil à des acquisitions, d’autant qu’elles ont Dans un contexte postcrise où l’argent est M&A. Un métier au rythme intense : « Les assaini leurs bilans pendant la crise et que le disponible et peu coûteux, le modèle de deals se bouclent souvent à des heures cash ne rapporte rien. Les investisseurs boutique de Qatalyst, dénuée de tout tardives, c’est très prenant au niveau phy- “activistes”, qui gagnent une influence pré- conflit d’intérêts, est de plus en plus en sique comme psychologique, car vous pen- pondérante avec 1 % du capital de leurs vogue, comme en témoigne le succès de sez à tous ces problèmes en permanence. cibles, obtiennent des cessions d’actifs, Greenhill & Co., Moelis & Co. ou celle des Il faut aimer fonctionner à l’adrénaline. » comme cela a été le cas avec IBM, HP ou frères Zaoui. « Alors que les corporates Marié à une Américaine et père de trois encore eBay, explique George Boutros. C’est n’ont jamais bouclé autant de deals (5 000 enfants de 23, 21 et 17 ans, George pourquoi les banquiers d’affaires doivent milliards de dollars d’opérations l’an Boutros a pu compter sur la compréhension selon lui prendre en compte le facteur passé, un record supérieur à 2007), le de sa famille pour faire passer ses clients en humain, les raisons intangibles qui poussent métier est revenu à la base : fournir de priorité, parfois aux heures les plus indues. les individus à trouver un accord et faire manière objective les meilleurs conseils à Cet amoureux de la nature a aussi le moyen converger les intérêts de chacun. C’est cette son client », affirme George Boutros. de compenser la tension en vivant à San dimension humaine qui l’a finalement incité Francisco, entouré par la mer où il pratique à rejoindre Frank Quattrone en 2010, deux LEVÉES DE FONDS DES LICORNES : le surf, et les parcs, où il satisfait son goût ans après la création de Qatalyst Partners. BULLE OU SIMPLE EMBALLEMENT ? pour les randonnées. Sans compter la pho- tographie depuis un drone, un hobby qu’il UNE BOUTIQUE DEVENUE LEADER Qatalyst Partners a également développé cultive régulièrement grâce à la diversité DES M&A TECHNOLOGIQUES une activité de conseil sur les levées de des paysages californiens, et qu’il décline fonds privées, qui ont le vent en poupe dans aussi lors de ses voyages. Notamment au Cette boutique M&A spécialisée dans les la Silicon Valley avec la multiplication des Liban, où il a passé en famille le dernier technologies, qui emploie 55 banquiers et licornes, ces start-up privées valorisées Noël de son père. S’il revient régulièrement 16 associés actionnaires à 100 %, a su se plus d’un milliard de dollars. Le sujet est à Beyrouth depuis son départ il y a 40 ans, faire une place de leader du secteur : elle devenu brûlant : serait-on dans une nouvel- George Boutros n’y a pas de liens profes- a conseillé 96 transactions pour une valeur le bulle technologique ? Pour George sionnels. En expert averti, il est toutefois totale de 165 milliards de dollars en moins Boutros, il faut éviter les généralités : cer- convaincu que le pays regorge de talents en de huit ans. « Nous travaillons du côté des taines jeunes pousses sont de très grande mesure d’en faire une tête de pont techno- vendeurs, car ce sont eux qui ont besoin de qualité et, si elles vont parfois trop loin lors logique dans la région. « Les Libanais ont le soutien, les acheteurs doivent surtout trou- de leurs tours de table “venture”, l’ajuste- tempérament pour entreprendre, il faut leur ver des banques pour les financer. » Parmi ment se fait lors de l’IPO. Plusieurs entrées donner les outils, notamment financiers, leurs faits d’armes : la vente de Concur à en Bourse technologiques se sont faites à pour réussir. Mais il est surtout primordial SAP pour 8,3 milliards de dollars en 2014 une valorisation nettement inférieure à la qu’ils montrent leur capacité à développer (« un multiple de 10,3 fois les revenus dernière levée de fonds, comme celle du un business model à l’étranger pour parve- attendus, soit le plus haut multiple jamais groupe de services de paiement Square, nir à lever des capitaux, leur marché inté- payé pour un éditeur de logiciels ») ; celle dirigé par l’homme fort de Twitter, Jack rieur étant trop étroit. » C 52 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page1 affairesrestauration Les restaurants libanais à l’assaut de New York Marie-José Daoud Manhattan compte de plus en plus de restaurants libanais, même s’ils restent très minoritaires par rapport à leurs concurrents, italiens par exemple. Mais les nouveaux entrants affichent de véritables ambitions : la conquête de la Grosse Pomme est pour eux la première étape de leur expansion sur le territoire américain. ntre 2013 et 2015, cinq restaurants nourrir dans la ville la journée, 8 millions la étroite », selon Roland Semaan, de Balade. libanais ont ouvert à Manhattan, ce nuit. » « Plus on est nombreux, plus on fera Avec la nécessité d’éduquer le consommateur, E qui porte leur nombre à un peu moins connaître la cuisine libanaise », renchérit Saba vient le besoin de recruter et de former des d’une dizaine aujourd’hui. C’est peu comparé Kachouch, de Byblos. équipes performantes. Ce qui n’est pas chose aux 33 000 restaurants de New York. Mais pen- aisée dans un métier vécu souvent comme une dant longtemps, la cuisine libanaise n’était UNE RÉPUTATION DE CUISINE SAINE expérience temporaire aux États-Unis, avec un représentée que par deux restaurants : al- taux de rotation du personnel très élevé. « C’est Bustan et Byblos, qui ont tous les deux ouvert L’expansion de la cuisine libanaise à New York très dur de recruter », affirme Ziad Hermez, en 1990. Avant eux, quelques autres restau- coïncide avec la prise de conscience américai- heureux propriétaire de Manousheh. Mario rants libanais avaient commencé à faire ne de l’importance du manger sain. Les Arakélian, gérant du restaurant libano-arménien connaître la cuisine libanaise aux Américains : chaînes de restaurants proposant des salades, Almayass, doit par exemple être sûr que son Beirut, al-Amine, Cedars of Lebanon… Tous des soupes, et des produits fermiers et biolo- personnel peut expliquer les 70 (!) différents faisaient valoir leur héritage et leurs recettes giques ont explosé ces dernières années. La plats proposés à la carte. traditionnelles pour séduire une clientèle cuisine méditerranéenne, avec sa multitude de principalement composée d’hommes d’af- plats à partir de légumes et son recours à des UN LONG PROCESSUS faires et de diplomates à la recherche de ingrédients frais, bénéficie d’une réputation de nourriture de qualité. qualité qui est dans l’air du temps. « La nour- La recherche de l’emplacement idéal est égale- En 2007, l’ouverture de Ilili, sur la 5 avenue, riture méditerranéenne a une connotation ment cruciale. Les délais sont longs, ne serait- e change le ton. En se positionnant d’emblée saine, contrairement à la nourriture moyen- ce que parce que les nouveaux venus se retrou- sur le haut de gamme et en s’octroyant la orientale qui a une connotation fast-food », vent en concurrence avec les grandes chaînes liberté d’innover, Ilili amorce l’arrivée d’une souligne Carine Assouad, directrice de américaines comme Chipotle et Hale and Hearty jeune génération de restaurateurs libanais. Semsom aux États-Unis. Soups, aux moyens considérables. Carine Naya ouvre ses portes en 2009 et, dès 2012, Philippe Massoud, directeur général et chef Assouad, actuellement à la recherche de nou- développe le concept de Naya Express, mode- exécutif d’Ilili, concorde : « La nourriture de veaux emplacements pour Semsom Eatery, lé sur l’exemple de Chipotle (voir encadré). la région vient de l’Empire ottoman. Sa ver- mentionne qu’en un an, les loyers ont augmen- Balade ouvre en 2010, Almayass en 2012, sion libanaise est plus fraîche et contient té de 20 %, tellement la demande est forte. S’y Manousheh en 2014 et Semsom Eatery en moins d’épices, on respecte davantage les ajoutent des délais de formalités administratives 2015. Ils sont tous à l’aise avec l’idée de s’af- ingrédients que nos voisins. Notre cuisine et de construction très longs : souvent entre un franchir de la cuisine traditionnelle pour mieux est perçue comme accessible, simple, an et un an et demi. « Les consignes du dépar- répondre aux goûts de leurs consommateurs : saine. » tement de santé poussent tout le monde à être Ilili a par exemple expérimenté des falafels Ce préjugé favorable ne dispense pas les très attentif, ce qui est essentiel lorsqu’on tra- mexicains ; Balade a inventé une pita pizza ; restaurateurs libanais d’un travail d’éduca- vaille avec de la nourriture fraîche », nuance Manousheh a intégré de l’avocat, grand favo- tion. Ne serait-ce que parce que la clientèle Hady Kfoury, de Naya. ri des healthionistas new-yorkais, à ses new-yorkaise est extrêmement cosmopolite : Un peu par hasard, quasi tous les restaurants manoushés, etc. près de 36 % de ses 8,5 millions d’habitants libanais de Manhattan se sont retrouvés dans Une concurrence perçue positivement par les sont nés à l’étranger, on y parle plus de 800 l’est de la ville, en dessous de Central Park : acteurs de ce segment naissant du marché. langues et dialectes, et la ville attire plus de vers les quartiers d’affaires de Midtown, près « New York compte plus de 5 000 restaurants 50 millions de touristes par an. Or, bien évi- du siège de l’Organisation des Nations unies italiens, tous rentables, affirme Élias Ghafary, demment, les restaurants libanais ne se limi- (Onu) et des ambassades, ou dans les quar- d’al-Bustan. Il y a 16 millions de personnes à tent pas à la clientèle libanaise, « bien trop tiers résidentiels du sud de l’île, ou encore 54 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page2 pas loin de l’Université de NYU. Mais l’emplacement physique n’est pas tout. Les restaurants libanais ne peuvent échapper à la livraison en ligne, grande favorite des New- Yorkais. « Environ 63 % des Américains com- mandent en ligne de la cuisine ethnique au moins une fois par semaine », affirme Carine Assouad. Les restaurants libanais proposent donc leurs menus sur les sites et les applica- tions de commande en ligne, tels Seamless et Postmates. Entre 10 à 40 % de leur chiffre d’affaires est réalisé de cette manière. À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ AMÉRICAIN Les nouveaux entrants se différencient de leurs aînés par leur volonté de conquête du marché américain. Ils n’hésitent pas à modifier leur structure et s’inspirer des chaînes américaines à succès afin d’accélérer leur développement. Ilili, un restaurant haut de gamme, a par exemple fait des petits : ses Ililibox sont des kiosques de nourriture libanaise à emporter. Naya également plutôt haut de gamme a développé Naya Express, qui suit un modèle à la Chipotle. Et même Balade est sur la bonne voie pour ouvrir des Balade Express, sur le même modèle. Que ce soient Ilili, Semsom, Naya, Balade, Almayass ou Manoushe, tous ont le projet, plus ou moins avancé, d’ouvrir d’autres restaurants à New York, voire aux États-Unis, de lancer des franchises et plus globalement de lancer sur le marché améri- cain une chaîne de restauration libanaise. Une ambition qui semble intéresser de nom- breux investisseurs moyen-orientaux. Car la patrie de l’Oncle Sam compte 300 millions d’habitants et son secteur F&B pèse 660 mil- liards de dollars par an. C ➔ L’inspiration Chipotle Semson, Naya Express et même les nouveaux kiosques qui seront développés par Balade, s’inspirent tous du modèle mis à la mode par l’enseigne de “fast casual”, Chipotle : le consommateur choisit soit un bol (de riz ou de salade ou les deux), soit un wrap ; y ajoute les légumes qu’il veut ; puis opte pour la protéine qui servira de base à son repas (viande, poulet, poisson, tofu). Cette formule a l’avantage d’être très simple, rapide, facile à mettre en œuvre. « La croissance du cré- neau du fast-casual est de 13 % par an », explique Carine Assouad, de Semsom. 55 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page3 affairesrestauration Al-Bustan : le traditionnel l-Bustan est l’un des deux restaurants A libanais historiques de Manhattan. Fondé en 1990 par Élias Ghafary, qui en est le chef, il a longtemps été situé tout près des Nations unies, à l’est de Manhattan. En 2009, il est contraint au déménagement : « Le pro- priétaire a voulu doubler le loyer lorsque le bail a expiré », explique Ghafary. Le nouvel emplacement est toujours situé dans le même quartier, mais quelques blocs plus au nord ; il peut recevoir 150 personnes assises et jusqu’à 70 personnes dans le lounge. L’investissement a été de 2,4 millions de dollars, fournis par Ghafary et deux investis- seurs, dont Élias Hobeika, ex-propriétaire de chaînes de fast-food aux États-Unis, et a été rentabilisé en un peu moins de trois ans. ce coin de la ville. Le soir, ce sont plutôt les chiffre d’affaires. Il livre en ligne, sur l’appli- Al-Bustan revendique la tradition culinaire gens du quartier qui viennent ainsi que les cation Seamless : « Cela représente environ libanaise : « Ici on mange authentique, affir- visiteurs : « Nous recevons beaucoup de per- 10 % de notre chiffre d’affaires », précise me Ghafary. Mais on a fait quelques ajuste- sonnes de la communauté arabe d’Amérique Élias Ghafary qui emploie 25 personnes. ments pour satisfaire les goûts américains, du Sud. Le ticket moyen est de 30 à 40 dol- Ghafary qui a fait ses études à l’école culi- en réduisant un peu les épices et le gras. » lars le jour, 50 à 70 le soir. » naire de Beyrouth, avant de faire ses Le restaurant attire la journée la clientèle du Al-Bustan propose également du catering armes au restaurant libanais al-Amine à quartier, à savoir les employés des Nations pour des événements privés et des Paris puis à New York (fermé depuis), n’a unies et des ambassades, nombreuse dans mariages, qui représentent environ 20 % du pas de projets d’expansion. C Almayass : l’arménien lmayass, le seul restaurant libano-armé- Seasons. Une fois la décision prise, il leur a re surtout une clientèle de quartier, ainsi A nien de Manhattan, a ouvert à New York fallu neuf mois pour trouver un emplace- que des visiteurs étrangers, notamment du en avril 2012. La famille Alexandrian, fonda- ment, et un an et demi pour la construction. Golfe et du Moyen-Orient, ainsi que trice de Almayass Beyrouth, souhaitait s’ex- L’investissement, entièrement avancé par la d’Amérique du Sud, selon Mario Arakélian : porter au-delà des pays du Golfe, où elle est famille, a été de plus de 3 millions de dollars « La communauté arménienne est estimée déjà présente en franchise. « NYC est une et devrait être rentabilisé en trois ans. La à 100 000 personnes dans l’État de New ville attractive. On dit que si vous y réussis- décoration est l’œuvre de la mère, Rita, York, elle représente 10 à 15 % de notre sez, vous pouvez réussir n’importe où dans architecte d’intérieur, qui a mobilisé des chiffre d’affaires. » Le ticket moyen à dîner, le monde », explique Mario Arakélian, gérant artistes libanais et arméniens. repas principal du restaurant, est de 55 à du restaurant de Manhattan, et gendre des Le restaurant emploie une quarantaine de 60 dollars. fondateurs, qui a rejoint l’aventure familiale personnes et peut asseoir une centaine de Almayass propose plus de 70 plats à la en 2013, après 10 années passées au Four clients, plus 30 à 40 dans le lounge. Il atti- carte. « Nous avons des plats végétariens, végétaliens, sans gluten… et des plats pour les amateurs de viande aussi ! s’amuse le gérant. Nous insistons sur la formation de notre personnel, parce que le client compte sur lui pour comprendre le menu. On a par exemple les frites à l’agneau : ou bien le consommateur connaît et adore, ou bien il n’ose pas s’en approcher. » À l’avenir, Almayass voudrait ouvrir d’autres restau- rants, dans les grandes villes américaines, à San Francisco, Chicago, Washington DC, Los Angeles. Mais il n’a pas encore décidé s’il le fera en propre ou sous franchise. C
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page4 Semsom Eatery : le “chipotle” libanais e petit dernier sur la scène new-yorkaise première chaîne de restaurants libanais aux L – Semsom Eatery a ouvert fin mai 2015 États-Unis », affirme Carine Assouad. Pour – s’est installé en plein cœur du quartier de cela, Semsom a levé 4,5 millions de dollars en l’université NYU, et cible en premier lieu les mai 2014 auprès d’investisseurs moyen- étudiants affamés, à la recherche d’un repas orientaux et américains. « Outre le fait que le rapide, sain, nourrissant et bon marché. marché américain est attractif, nous avions S’inspirant du concept de Chipotle, Semsom l’avantage d’avoir l’expérience de Dunkin’ propose des plats libanais revisités avec un Donuts et une équipe qui a déjà fait ses 2 twist moderne, dans son restaurant de 117 m , preuves par le passé », explique Carine qui peut accommoder 28 personnes. « Au- Assouad. Semsom fait en effet partie de Treat delà, les lois new-yorkaises m’imposent d’avoir Holding, qui regroupe également la marque une deuxième toilette », sourit Carine Assouad, Green Falafel et la franchise Dunkin’ Donuts au directrice générale de Semsom US. Le ticket Liban. Cette dernière a été lancée par sa sœur, moyen est de 10-12 dollars. Semsom compte Christine Assouad-Sfeir, en 1988, et compte actuellement une petite vingtaine d’employés aujourd’hui plus de 30 points de vente et 250 aux États-Unis : entre 12 et 15 au restaurant, employés. entre 3 et 4 au siège social. Semsom Eatery, qui n’existe qu’aux États-Unis Le deuxième restaurant, situé dans le pour le moment, est une déclinaison de Financial District, est déjà en cours de Semsom, qui regroupe les restaurants tradition- construction, et la directrice vient de signer nels de la marque. Semsom US s’attend à un le bail du troisième. « Notre concept est de cash flow positif dès 2016 et à un retour sur cibler la clientèle d’étudiants ou d’hommes investissement à sept ans de 30 % par an, pou- d’affaires pour le déjeuner », explique-t-elle. vant aller jusqu’à 42 %. à partir de la mi ou fin 2016. « Cela nous laisse New York est la première étape de la stratégie L’objectif est d’ouvrir, à terme, 200 magasins le temps de construire le manuel de franchise d’expansion de Semsom aux États-Unis. Le aux États-Unis. Environ 50, ceux situés dans les avec les différentes options applicables au mar- groupe, fondé en 2008, a déjà une dizaine de grandes villes américaines de la côte est (New ché américain. » Une deuxième levée de restaurants au Liban, en Arabie saoudite, au York, Boston, Washington DC), seront opérés en fonds de deux ou trois millions de dollars est Koweït et à Oman. « Nous voulons devenir la propre, le reste (Miami, Texas..) sera franchisé, prévue en 2016. C Balade : le traditionnel qui voit grand oland Semaan a ouvert Balade en janvier et demi, affirme-t-il. Et ma grand-mère est commencée dès le début. Il affirme faire entre R 2010. Le jeune homme, arrivé aux États- venue du Liban pour m’aider à l’ouverture ! » 200 et 250 livraisons par jour et accueillir Unis en 2002 pour ses études, est diplômé en Le restaurant, situé sur la 1 avenue et la 13 e entre 800 et 1 000 clients, internationaux et re gestion et administration hospitalière de l’uni- rue, mélange la brique rouge new-yorkaise à du quartier, par semaine. Le ticket moyen est versité de Johnson and Wales. Il a travaillé de la décoration libanaise, comme les car- de 35 dollars. Le restaurant organise souvent dans le F&B dans diverses institutions, dont le reaux en céramique recouverts d’arabesques. des soirées oud et propose également du Hilton Hotel et la chaîne de restaurants Dos Il peut accommoder 60 personnes sur 150 m . catering pour les événements privés. 2 Caminos, avant de se lancer. « J’ai investi Semaan emploie une quarantaine de per- Il y a deux ans, Roland Semaan s’est mis à la environ 600 000 dollars, rentabilisés en un an sonnes, dont 40 % pour la livraison en ligne, recherche d’un nouvel emplacement qu’il a e e finalement trouvé sur la 7 avenue et la 37 rue, pas loin de Penn Station et de Times Square. « Ce sera un self-service à la Chipotle, avec un choix de protéines, légumes, riz, salade… avec d’autres stations qui vendront des manoushés et autres gourmandises ; il y aura 30 places assises », explique-t-il. Il y a investi 400 000 dollars, l’ouverture est prévue en 2016. Il pro- jette également de lancer dès 2016, toujours avec ses propres fonds et toujours à New York, cinq kiosques de nourriture à emporter, de 50 mètres carrés environ, qui vendront du chawar- ma, du tabboulé, baba ghannouje, etc. C ➔
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page5 affairesrestauration ilili : le luxueux hilippe Massoud est arrivé aux États-Unis P en 1993, avec 900 000 dollars en poche et la volonté d’ouvrir un restaurant. « J’étais en concurrence pour l’emplacement avec les Starbucks, Costa Café et autres chaînes qui envahissaient la ville, avec beaucoup plus de moyens que moi », se rappelle-t-il. Ce n’est qu’en 2007 que lui et son frère Alex ouvrent le restaurant libanais haut de gamme Ilili, avec six millions de dollars levés auprès d’une trentaine d’investisseurs libano-américains et libanais. Entre-temps, Massoud est passé par le restau- rant Neyla, du Libanais Béchara Nammour et ses associés, à Washington DC. d’Américains (70 %), d’Européens (20 %) et explique-t-il. Le ticket moyen des Ililibox est « Il m’a fallu six à huit mois pour trouver un de Moyen-Orientaux, avec près de 60 % de de 12 dollars. emplacement, deux à quatre mois pour négo- clients qui reviennent. « J’ai un engagement Le groupe est en pleine stratégie d’expansion. cier le contrat de location et presque un an de qualité depuis le début, explique Philippe « Nous prévoyons l’ouverture d’un restaurant pour la construction », explique Philippe Massoud. Je veux élever la cuisine libanaise, uptown, d’ici à un an », annonce Philippe Massoud. Les investisseurs ont un retour en créant de la beauté. » Massoud. Et la société est en train de lever des annuel de 22 à 27 % et ils sont rentrés dans En 2013, le groupe ouvre Ililibox à Flatiron, fonds (10 à 12 millions de dollars) pour ouvrir leur frais en quatre ans environ, en tenant un kiosque de nourriture moyen-orientale. 12 Ilili (à San Francisco, Los Angeles, Miami, compte de la période de récession qui a suivi Un deuxième suit à Times Square en mars Chicago, Houston) et 300 Ililibox, certains sous la crise financière de 2008. Le restaurant peut 2015 et un troisième est prévu début 2016. licence. « On commence sur la côte Nord-Est accueillir 300 personnes, en incluant le bar. Il Les Ililibox permettent à Philippe Massoud et on fera quelques accords de licence sur la emploie 160 personnes, dont une vingtaine de de se rapprocher de sa passion initiale, le côte Ouest. Une deuxième levée de fonds est cadres. Le ticket moyen est de 57 dollars le fast casual. « Je veux appliquer la recette du prévue d’ici à deux ans, pour récolter 20 à 30 soir, 35 à déjeuner. La clientèle est un mix succès de Ilili pour une version plus street », millions de dollars. » C Byblos : le familial yblos est l’un des deux restaurants liba- l’emplacement, et un an et demi pour le famille : outre le couple, leur fille et gendre B nais historiques de New York. Fondé en construire », se rappelle Saba Kachouch. contribuent également au bon fonctionne- 1990 par Sonia et Saba Kachouch, installés aux Le nouveau lieu, toujours dans un quartier ment de l’affaire familiale. « Ce que je pro- États-Unis depuis les années 1970, il a long- d’affaires, peut accommoder 175 per- pose à mes clients, c’est ce que ma mère temps été situé près des Nations unies, et sonnes, pour un ticket moyen de 35 dollars me donnait à manger », affirme le propriétai- bénéficiait de la clientèle d’ambassadeurs et à déjeuner. Les samedis soirs, chanteurs et re, qui met souvent la main à la pâte. diplomates peuplant le quartier. En 2010, un musiciens fournissent de l’animation en Il faut dire qu’il avait fait ses armes chez son incendie ravage ses locaux. Il rouvrira deux ans direct. Les livraisons en ligne représentent cousin, propriétaire des restaurants Beirut et plus tard, un peu plus au nord, sur Madison environ 10 % du chiffre d’affaires. Cedars of Lebanon, avec qui il est resté près Avenue. « Il nous a fallu trois mois pour trouver Byblos emploie 14 personnes, en plus de la de 20 ans, jusqu’à ce qu’il prenne sa retrai- te à expiration du bail. Il s’est alors lancé à son propre compte et a ouvert Byblos. Si le premier restaurant avait nécessité un investissement de 175 000 dollars à l’époque, le second a coûté 600 000 dollars, rentabilisés en trois ans. Les propriétaires du Byblos, qui ont survécu à la période de récession qui a suivi le 11- Septembre, n’ont pas l’ambition de s’étendre ou d’ouvrir un nouveau restaurant. « Cela fait 45 ans que je fais ce métier, explique Saba Kachouch, j’ai servi des prési- dents et des rois. » C ➔
54-60 affaires restos New York 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:52 PM Page6 affairesrestauration Manousheh : le spécialisé iad Hermez, jeune Libanais élevé au vidéos sur YouTube, je testais... au départ je investi environ 500 000 dollars qu’il s’attend à Z Koweït et travaillant dans l’informatique à n’avais nullement l’intention de devenir boulan- amortir en un an. Son petit restaurant peut Washington DC, n’arrivait pas à trouver de ger. Mais je le faisais mal et je voulais com- accommoder 12 personnes assises, 14 en se bonne manouché aux États-Unis. Il essaie de la prendre pourquoi. J’ai alors contacté Barbara serrant. Le jeune homme s’en tient aux mana- faire chez lui, encouragé en cela par un ami, et Massaad (auteure du livre Manoushé, NDLR), kish et Lahm Beaajin, dont il affirme vendre échoue misérablement de nombreuses fois. Il qui m’a mise en contact avec le boulanger qui 150 à 200 par jour. Mais il a introduit certaines n’abandonne pas pour autant : « Je cuisinais à lui a appris son art, Farès Isaac. » Le jeune tren- variantes, comme la manoushé au zaatar et à la maison, je lisais des livres et regardais des tenaire vient alors en été faire un stage chez l’avocat, grand favori actuel des foodies amé- lui à Hazmieh. Il tombe amoureux de l’am- ricains. Ses consommateurs sont plutôt biance de “boutique de maman et papa”, jeunes. « Nous leur expliquons le menu en per- quitte son travail en rentrant, et lance manence, tous les jours. J’ai été surpris, Manousheh en septembre 2013, comme même les Arabes ne connaissent pas cette pop-up (boutique temporaire), dans le quar- spécialité typique de la région du Levant. » tier de Nolita à New York. L’expérience, qui Manousheh a commencé à livrer en ligne, pro- dure quatre mois, est un succès. pose également du catering, et s’est même En mars 2015, Ziad Hermez passe à l’étape frotté aux foires de nourriture new-yorkaises, supérieure et ouvre son restaurant sur mais a préféré abandonner pour le moment, Bleecker et McDougal, au cœur de Greenwich pour ne pas que le magasin principal en souffre. Village. « Il m’a fallu quatre mois pour trouver Pour le futur, Ziad Hermez planifie l’ouvertu- un emplacement, et neuf mois pour aménager re de plusieurs établissements. « Je ne sais l’espace, explique-t-il. En faisant les travaux, pas encore si je les ouvrirai en joint-venture, on a découvert des briques sur les murs, qu’on ou tout seul », dit-il. Une chose est sûre, le a décidé de garder. » Hermez affirme s’autofi- premier sera à New York. Il affirme aussi nancer, mais reconnaît avoir bénéficié du sou- avoir eu des propositions de franchise, mais tien de sa famille et de ses amis. Il a déjà sous une autre marque. C Naya : le haut de gamme qui fait des petits aya a ouvert en 2008. « Il m’a fallu huit moyenne 200 à 300 couverts par jour à une Express a ouvert en 2010, sur la 34 rue, le e N mois pour trouver un emplacement », clientèle de réguliers, la vraie vocation de Hady second en 2014, dans Midtown, et le troisième raconte son propriétaire Hady Kfoury. Et celui Kfoury, c’est Naya Express : des établissements fin 2015, dans le Financial District. Chacun a qu’il a trouvé, dans le Midtown East, n’était plus petits, destinés à une clientèle d’affaires, coûté 500 000 à un million de dollars et sont pas facile à exploiter : tout en longueur et modelés sur le système Chipotle, qui servent en rentabilisés en deux ans environ. relativement petit. Son ami architecte Michel moyenne « mille couverts en deux heures de Chaque restaurant emploie une trentaine de Abboud, de Soma Architects (concepteur de déjeuner en semaine, et c’est tout. Cela me personnes. « L’idée est d’ouvrir un à deux la mosquée de Ground 0), a rivalisé d’ingé- convient plus, je veux pouvoir avoir mes week- restaurants par an, une dizaine à New York, niosité pour pouvoir y loger 54 personnes. ends et travailler en journée plutôt qu’en soirée, puis ensuite à Washington DC, Boston, L’investissement d’un million de dollars envi- et le potentiel de développement est plus Chicago », explique Hady Kfoury. ron a été rentabilisé en trois ans. grand », explique le jeune homme, passé par Sa cuisine dans le Midtwon sert aujourd’hui Si Naya est un restaurant de quartier, servant en l’École hôtelière de Lausanne. Le premier Naya de cuisine centrale à tous les restaurants. Dès que possible, il investira dans une autre plus grande, à Brooklyn ou New Jersey. « La livraison en ligne représente un peu moins de 30 % des ventes », affirme-t-il. Le jeune homme a tout financé lui-même pour le moment. Il était déjà partenaire silen- cieux de restaurants à Beyrouth (Cocteau et White devenu Eight). Il a revendu ses parts en 2013 pour pouvoir se développer : « C’est encore trop tôt pour amener des investis- seurs externes, lorsque j’aurai une dizaine d’emplacements, je chercherai à lever des fonds pour grandir davantage. » C
62-63 affaires yasmine berbir 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:49 PM Page1 affairesfemmes de tête Yasmine Berbir, première directrice générale de Nestlé-Liban Marie-José Daoud Pur produit de la culture Nestlé, Yasmine Berbir a rejoint la multinationale suisse il y a plus de 10 ans. Depuis, elle en a gravi les échelons et dirige depuis cinq ans à Beyrouth la plus ancienne filiale du groupe au Moyen-Orient. remière femme à un poste senior de rieurs chez Fattal m’ont permis d’assister m’ont appelée un dimanche soir pour me ventes pour Nestlé au Moyen-Orient, aux réunions, ont pris le temps de parta- l’annoncer, se rappelle-t-elle. Mon père P deuxième femme à devenir directrice ger leurs connaissances avec moi. » Deux avait du mal à me voir partir, c’est ma générale dans la région, Yasmine Berbir a années de master (MBA) plus tard, pen- tante, qui y habite, qui nous a encouragés intégré la multinationale suisse en 2004 au dant lesquelles elle travaille en parallèle à accepter. » Koweït, avant de prendre la direction de la dans une banque, elle décroche en 2002 C’est sa première expérience en dehors filiale libanaise en 2011. un poste de chef de produits dans le de sa zone de confort. Elle y passe deux « J’ai eu des boss qui ont cru en moi et département électronique du groupe ans, dans un univers majoritairement m’ont toujours soutenue », sourit celle qui Alghanim, pour le Koweït, Qatar et masculin, et gère 13 marques, travaillant admet aussi avoir travaillé d’arrache-pied Bahreïn. Le poste est basé à Koweït. « Ils souvent jusqu’à minuit. « J’ai beaucoup pour imposer sa voix. appris, voyagé en Chine, à Hong Kong... Diplômée de gestion à l’Université améri- Mais j’ai aussi reçu des coups de couteau caine de Beyrouth (AUB), où ses bonnes « J’ai beaucoup appris, dans le dos, parce que j’étais une notes lui ont permis de bénéficier d’une femme. » En 2004, elle repère un poste bourse de la Fondation Hariri, la jeune voyagé... Mais j’ai aussi régional de ventes chez Nestlé, à pourvoir femme a été initiée au marketing et à la reçu des coups depuis un an. Elle postule, passe cinq vente lors d’un stage de licence de deux entretiens et est embauchée. Depuis, elle mois au sein du département études de de couteau dans le dos, n’a jamais regardé en arrière. marché et merchandising du groupe parce que j’étais Comme dans toutes les grandes multina- Fattal, en 1997. Sa vocation est née. tionales, Nestlé lui offre la possibilité « J’ai aimé le dynamisme, les connexions une femme » d’évoluer, grâce à son système de roule- avec les gens, le marché... Mes supé- ment et de promotion internes. En 2008, 62 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
62-63 affaires yasmine berbir 674_44-46 banque en couverture 3/1/16 2:49 PM Page2 Qui est-elle ? - Yasmine Berbir, 38 ans - Mariée, 3 enfants - Directrice générale de Nestlé Liban - Diplômée de l’AUB (gestion) La parité hommes-femmes, cheval de bataille interne de Nestlé Si Nestlé n’a pas imposé de quota pour la parité hommes-femmes, la multinationale s’est engagée à aug- menter la part de femmes dans les postes à responsabilité. Ce qui semble logique, puisque 80 % des consommateurs sont des femmes, annonce-t-elle dans ses objectifs. C’est chose faite au Liban : sur les 19 fonctions managériales, 10 sont occupées par des femmes. La filiale libanaise a étendu le congé maternité à trois mois, soit deux semaines de plus que les 10 semaines réglementaires, renouve- lables trois mois supplémentaires sans solde. Elle a également instau- ré un congé paternité de cinq jours. Au Moyen-Orient, Nestlé a récem- ment lancé le “Dual Network”, un réseau regroupant de grandes sociétés de la grande distribution et la publicité qui a pour objectif de Greg Demarque faciliter la mobilité des conjoints lorsqu’un employé est expatrié. quatre ans après avoir intégré la société racheté la marque libanaise Sohat en plus difficile à relever que pour la fin de sa suisse, elle est promue à la direction des 2001 et est dirigée par une autre femme, troisième grossesse Yasmina Berbir est ventes de produits représentant 80 % du Sandra Hosseini. contrainte de rester chez elle. « Je pre- chiffre d’affaires. « J’ai été la première « J’ai eu cinq jours pour passer la relève nais des coups de fils professionnels tout femme au Moyen-Orient à ce poste. Je au Koweït, laisser mes enfants, qui en changeant les couches ! » dirigeais une équipe de 90 vendeurs. » devaient finir l’année scolaire et déména- En cinq ans, elle fait passer le chiffre d’af- Lorsqu’elle accepte cette promotion, ger à Beyrouth, raconte-t-elle. Mes faires à 150 millions de dollars, à raison Yasmine Berbir est enceinte de son deuxiè- parents étaient ravis, leur fille aînée reve- d’une croissance annuelle de 5 à 10 %, me enfant, rappelle-t-elle se félicitant de ce nait à la maison ! Mais au début, mon en ligne avec les recommandations de que ses trois maternités successives n’aient mari m’appelait à chaque fois qu’il devait Nestlé monde. Les principaux moteurs de jamais été un obstacle à son évolution du donner un Panadol aux enfants ! » dit-elle l’activité sont, par ordre décroissant : point de vue professionnel. en souriant. Nido, Nescafé, Maggi, KitKat et Cerelac. À Beyrouth, elle fait face à une “société Nestlé Liban représente aujourd’hui envi- LA TRANSITION LIBANAISE stagnante” de 200 employés. Elle s’attel- ron 10 % du chiffre d’affaires de la zone le à sa restructuration, recrute de jeunes Moyen-Orient, selon Berbir. En mars 2011, Nestlé lui propose de talents, essaie de repérer les employés à Bien qu’elle refuse d’être qualifiée de prendre la tête de la filiale libanaise. potentiel. « J’ai été surprise par le peu de “workaholic”, la jeune manager admet ne Créée en 1936, c’est la plus ancienne mobilité interne ici, dans le Golfe, les dormir que cinq heures par nuit. Si ses filiale de la multinationale dans la région. gens changent de poste régulièrement. » enfants sont rentrés au Liban, son mari Nestlé Liban est une entité séparée de C’est la première fois depuis les années banquier continue d’être basé au Koweït. Nestlé Waters, qui, outre les eaux 2000 que la direction est confiée à un « Nous avons une relation électronique », gazeuses Perrier et San Pellegrino, a ressortissant libanais. Le défi est d’autant résume-t-elle. C 63 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
64-66 economie electricite 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:33 PM Page1 économieélectricité Le Liban perd des centaines de millions de dollars à défaut d’importer du gaz Sibylle Rizk Alors qu’il est jugé essentiel par l’ensemble des acteurs interrogés, car il devrait permettre à l’État libanais de faire des économies budgétaires substantielles, le projet d’approvisionnement du Liban en gaz est au point mort. Décryptage. fficiellement, l’approvisionnement du restre arabe le reliant à la Syrie et l’Égypte, le avec celle de la Banque mondiale parue Liban en gaz pour alimenter les prin- Liban n’a jamais reçu de gaz. À défaut, les dans un rapport daté d’avril 2015. O cipales centrales électriques du pays installations de Deir Amar et Zahrani ont Des sommes de nature à permettre l’amor- est une priorité absolue en raison des éco- fonctionné au gasoil, le carburant le plus coû- tissement rapide d’une infrastructure d’im- nomies substantielles pour le Trésor public teux du marché. Tandis que les autres cen- portation de gaz naturel liquéfié (GNL) par qu’elle induirait, sans parler de ses avan- trales, plus anciennes, continuaient de brûler voie maritime dont le coût est inférieur à cent tages écologiques. Mais si cette option est du fioul lourd, le carburant le plus polluant. millions de dollars : un choix validé il y a plu- jugée stratégique depuis le début des Même si d’autres facteurs importants inter- sieurs années déjà mais qui n’a toujours pas années 1990, l’État n’est jamais passé à la viennent aussi (vols, pertes techniques, etc.), été mis en œuvre. mise en pratique. Un dossier qui reflète une grande partie du déficit d’Électricité du comme beaucoup d’autres l’incapacité tota- Liban, qui pèse sur celui du budget de l’État COMMENT IMPORTER DU GAZ ? le des autorités à mettre en œuvre des libanais, est imputable à ce différentiel de investissements publics pour doter le pays coût de combustible, sachant qu’il n’a Comme il est trop coûteux au regard de la en infrastructures les plus basiques. jamais été répercuté sur le prix de vente de demande libanaise de construire une centrale l’électricité produite. terrestre de regazéification, comme le gouver- POURQUOI IMPORTER DU GAZ ? L’évaluation de ce surcoût est fonction de nement l’avait initialement envisagé dans son l’évolution des cours du brut. Plus ils sont plan pour le secteur en 2010, et qu’une telle La décision de miser sur le gaz pour générer élevés, plus la perte induite par l’usage du option n’est pas compatible avec la perspec- de l’électricité a été prise au lendemain de la gasoil à la place du gaz est grande. En 2005, tive que le Liban produise lui-même un jour guerre. Elle repose sur un double argument : dans un entretien accordé à L’Orient-Le du gaz (notamment offshore), la réflexion s’est écologique – c’est l’énergie fossile la plus Jour, le ministre de l’Énergie de l’époque, orientée vers la location pour quelques propre, sachant que l’accroissement de la Maurice Sehnaoui, évaluait déjà l’économie années d’une plate-forme flottante de stocka- part des énergies renouvelables prend forcé- annuelle à 120 millions de dollars « chaque ge et de regazéification (Floating Storage and ment du temps – et économique, c’est l’un fois qu’une usine fonctionnant au fuel ou au Regazification Unit – FSRU). En 2005 déjà, il des carburants les moins chers. Sur cette mazout passe au gaz ». était question d’alimenter ainsi la centrale de base, les deux principales centrales du pays Même lorsque les cours sont au plus bas, ce Zahrani tandis que celle de Deir Amar devait construites au milieu des années 1990 ont qui est le cas aujourd’hui, les pertes sont être approvisionnée par le gazoduc terrestre été conçues pour fonctionner au gaz, à Deir substantielles. Raymond Ghajar, professeur venant de Syrie, avant que cette option ne soit Amar dans le Nord et Zahrani dans le Sud à la Lebanese American University de Jbeil abandonnée successivement par la détériora- (470 mégawatts chacune). À elles deux, ces et conseiller du ministère de l’Énergie, les tion des relations avec Damas après 2005, centrales représentent plus de la moitié de la évalue pour la seule centrale de Deir Amar à les attentats contre le gazoduc égyptien dans capacité de production installée du Liban. 150 millions de dollars par an minimum pour le Sinaï en 2011, puis la guerre en Syrie. Problème : à l’exception d’une courte période 2014 et autour de 70 millions de dollars « Le FSRU est l’option la plus rapide et la de quelques mois à travers le gazoduc ter- cette année. Une évaluation qui concorde moins chère pour approvisionner le Liban en 64 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
64-66 economie electricite 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:33 PM Page2 www.jordanbusinessmagazine.com gaz naturel et c’est la solution qui immobili- Conseil des ministres en 2010 ayant opté Égypte et l’augmentation de 20 % de la se le moins de capital au démarrage », pour l’agrandissement de la centrale de Deir capacité de production du réseau libanais confirme un expert. Amar avant celle de Zahrani, à travers l’ins- reportée sine die. Le Premier ministre a La Jordanie y a notamment eu recours. tallation de 538 MW additionnels sur ce site, récemment décidé de se poser en médiateur Quelque 90 % de son gaz lui était fourni par Poten & Partners a épaulé le ministère pour entre les ministères de l’Énergie et des l’Égypte avant 2011. Mais les interruptions le lancement d’un double appel d’offres pour Finances pour trouver une solution, mais rien liées aux attentats à répétition contre le l’installation d’un FSRU en face de Deir Amar n’a été tranché jusqu’à présent. gazoduc du Sinaï l’ont amenée à décider en et la livraison de GNL. Un comité interministériel a de son côté été 2013 de bâtir un terminal d’importation de Treize compagnies ont répondu à l’adjudica- chargé de réactiver le dossier de la plate- GNL. Moins de deux ans plus tard, celui-ci a tion pour livrer du GNL et quatre d’entre elles forme FSRU. « Nous avons remis notre rap- démarré ses opérations en juillet 2015. ont fait une offre pour la construction d’une port début 2015, mais il n’a toujours pas été Pour la Banque mondiale, une plate-forme plate-forme flottante dont le coût était alors examiné, ni même mis à l’ordre du jour du FSRU reste « le meilleur moyen technique et estimé à quelque 200 millions de dollars. Le Conseil des ministres », déplore l’un des financier pour alimenter le Liban en gaz à court dépôt des offres était prévu pour le 23 jan- membres du comité, le ministre d’État pour la et moyen terme, et il faudrait que le Liban vier 2014 ; la sélection devait être réalisée Réforme administrative Nabil de Freige. L’une puisse bénéficier dans les meilleurs délais des en partenariat avec le cabinet Poten & des recommandations consiste notamment à économies potentielles liées à une telle option ». Partners et les travaux étaient censés durer modifier le cahier des charges pour en corri- Elle a commandé dès 2009-2010 à Poten & 18 mois. Le processus a cependant été ger certaines clauses – notamment la péna- Partners spécialisé en matière de GNL une interrompu par la formation d’un nouvel exé- lité de retard destinée à favoriser le candidat étude en ce sens pour le compte du ministère cutif dirigé par Tammam Salam début 2014. s’engageant à la livraison la plus rapide – et de l’Énergie. La Banque mondiale a même Des “irrégularités” auraient aussi été signa- surtout de combiner les deux appels d’offres offert un instrument de garantie partielle du lées par Poten & Partners, selon un connais- précédents en un : à charge pour chaque risque lié à l’investissement dans un FSRU. Six seur du dossier qui a requis l’anonymat. Le candidat d’offrir le meilleur prix au MMBTU ans plus tard, le projet est encore dans les cabinet américain n’a pas souhaité donner livré (unité calorifique). limbes. « C’est du gâchis », commente suite à une demande d’entretien. Ce projet reste « une priorité », déclare de Houssam Beides, chef de programme au En parallèle, alors qu’après plusieurs péripé- son côté César Abi Khalil, conseiller du bureau de Beyrouth de la Banque mondiale, ties la construction d’une deuxième unité de ministre de l’Énergie. Quelle que soit l’im- chargé des questions énergétiques. production sur le site de Deir Amar est attri- patience affichée des uns et des autres, « le buée à la société J&P Avax en avril 2013, la dossier est au point mort », dit-on de sour- ADJUDICATION AVORTÉE mise en œuvre du projet est elle aussi inter- ce informée, victime comme d’autres de rompue pour une sombre histoire de TVA l’instrumentalisation des institutions liba- Une adjudication a pourtant eu lieu. Le plan impayée (voir Le Commerce du Levant de naises par une oligarchie très soucieuse pour le secteur énergétique élaboré par le mars 2015) : résultat, les turbines comman- d’obtenir des parts juteuses du gâteau des ministre Gebran Bassil et approuvé par le dées à General Electric ont été revendues en adjudications publiques. ➔ 65 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
64-66 economie electricite 5674_44-46 banque en couverture 3/1/16 3:33 PM Page3 économieélectricité QU’EST-CE QUI BLOQUE ? Or la pertinence de ce gazoduc est désor- La Jordanie s’est dotée mais remise en question. Les recomman- d’une infrastructure gazière Malgré la dizaine d’entretiens réalisés pour dations du comité interministériel constitué en quelques mois tenter de démêler les fils de ce dossier, il est sur le dossier du FSRU se résument en difficile d’apporter une réponse tranchée à deux points principaux. L’une d’elles est de Alors que le Liban a commencé à s’in- cette question, les clivages “politiques” étant juger infaisable le projet de gazoduc au téresser à l’importation de gaz à tra- traduits par des considérations techniques. motif qu’il est censé emprunter en grande vers une plate-forme flottante de stoc- L’une d’elles porte sur le choix de la locali- partie le tracé du chemin de fer situé sur le kage et de regazéification (Floating sation du FSRU. Il y a déjà deux ports pétro- domaine public de l’État, alors qu’il est Storage and Regazification Unit – liers au Liban : l’un près de Tripoli pour ali- question de relancer la mise en œuvre d’un FSRU) bien avant la Jordanie, cette menter la centrale de Deir Amar et l’autre à transport ferroviaire. Ce qui l’amène à pro- dernière a mis quelques mois à Saïda pour alimenter celle de Zahrani. poser deux plates-formes FSRU, l’une à s’équiper d’une infrastructure similaire, Techniquement, la localisation dans le Nord Zahrani et l’autre à Deir Amar, au lieu d’une opérationnelle depuis l’été 2015 est plus avantageuse, car le tirant d’eau y qui alimenterait toutes les autres par gazo- dans le port d’Aqaba. « Les écono- mies réalisées sont d’ores et déjà sub- est naturellement profond et il n’y a pas duc. Les partisans de l’option des deux stantielles », affirme Houssam Beides, besoin d’y construire un gazoduc marin ainsi FSRU tablent sur la disponibilité sur le mar- de la Banque mondiale. En 2014, qu’un brise-lames comme à Zahrani pour un ché de terminaux en mesure de satisfaire 80 % des emprunts du gouvernement coût additionnel estimé à 100 millions de des demandes plus faibles. À Malte par jordanien étaient destinés à renflouer dollars. En revanche, depuis la guerre ouver- exemple, un FSRU a été installé pour une la compagnie nationale d’électricité te en Syrie, l’emplacement de Tripoli offrirait capacité de 350 MW seulement. Même si Nepco dont la facture énergétique avait flambé depuis que des attentats moins de garanties en termes de sécurité et le coût unitaire du MMBTU livré (unité calo- dans le Sinaï ont interrompu l’importa- de stabilité que celui de Zahrani. rifique) est plus élevé dans ce genre de tion de gaz égyptien. La Jordanie, qui Autre facteur à prendre en compte : l’im- configuration. importe la quasi-totalité de ses besoins portance de la demande dans chacune des D’autres personnes interrogées, sans aller énergétiques, avait alors été obligée configurations, sachant que le coût du FSRU jusqu’à contester le principe du gazoduc, de recourir au gasoil et au fioul lourd est d’autant plus réduit que sa capacité est soulignent le coût élevé d’un tel projet d’in- à la place du gaz. C’est un consor- élevée. C’est la raison pour laquelle, dans frastructure étant donné l’obligation quasi tium jordano-néerlandais (MAG et un premier rapport, Poten & Partners avait certaine – liée à la densité de la population BAM International) qui a remporté le initialement préconisé l’installation d’un sur le littoral – de bâtir un ou plusieurs tron- contrat de 65,6 millions de dollars en FSRU à Zahrani, le gouvernement de çons importants en mer plutôt que sur la décembre 2013 pour installer dans le port d’Aqaba cette nouvelle plate- l’époque ayant alors un projet d’expansion terre ferme. forme sur une période de dix ans. pour la centrale du Sud financé par des En revanche, pour César Abi Khalil, du Fournie par le norvégien Golar LNG, investissements privés. Mais lorsque le ministère de l’Énergie, le projet du gazoduc elle a une capacité de stockage de plan Bassil adopté par le gouvernement en reste une nécessité liée au besoin de 160 000 m et pourra livrer jusqu’à 3 2010 opte finalement pour agrandir connecter un maximum d’unités de produc- 500 MMSCFD (Million Standard d’abord Deir Amar, sur fonds publics, le tion à la plate-forme qui fournira du gaz, car Cubic Feet Per Day), l’unité de mesure cabinet américain accompagne cette évolu- plus la demande est grande plus les coûts communément utilisée en matière de GNL. De premiers contrats de livrai- tion : cela fait davantage sens économique- d’alimentation seront intéressants selon lui. son de gaz ont été signés début ment de fournir du gaz à une centrale d’une Interrogé sous couvert d’anonymat, un 2015 avec Royal Dutch Shell pour capacité globale d’environ 1 000 MW (soit expert indépendant des sociétés fournis- fournir 150 millions de pieds cubes 470 Deir Amar I et + 540 Deir Amar II) que sant ces équipements aux contrats juteux, de GNL par jour sur les cinq pro- 470 MW à Zahrani. ainsi que des lobbys politiques aux intérêts chaines années. Shell a en outre rem- D’autant que le plan du gouvernement pré- clientélistes directement liés aux choix géo- porté en octobre un appel d’offres voyait de coupler l’installation d’une plate- graphiques, souligne que ces tergiversa- pour fournir à Nepco pendant deux forme FSRU à la construction d’un gazoduc tions coûtent avant tout très cher aux ans de quoi assurer 40 % de ses besoins, soit 59,13 mille milliards de côtier de 173 kilomètres destiné à relier Libanais. L’installation d’un FSRU à Deir BTU (un BTU = 1 000 pieds cubes). Deir Amar à Zahrani, en passant par les Amar est selon lui une priorité, à condition La compagnie nationale jordanienne centrales situées le long du littoral, mais de l’assortir de la réactivation de l’expan- prévoit en outre de satisfaire 20 % de aussi les installations industrielles telles sion de la centrale – car l’expansion de ses besoins sur le marché spot du que les cimenteries. celle de Zahrani prendra forcément plus de GNL en 2016 et 2017 dont les Quelque 19 sociétés ont été présélection- temps. « Il sera possible entre-temps de cours sont bas actuellement. Le gaz nées fin 2010 pour participer à l’appel décider de doter Zahrani d’un deuxième approvisionne les centrales électriques du pays dont la capacité totale d’offres pour la construction de ce gazo- FSRU ou de construire un gazoduc côtier. Il duc, décidée en Conseil des ministres, est même possible de lancer les deux devrait être portée à 5 000 MW d’ici à 2018 et le ministre de l’Éner- dont le coût était alors estimé à au moins chantiers : un FSRU à Zahrani, un gazoduc gie a annoncé en novembre sa volon- 450 millions de dollars. La loi de finance- limité au tronçon le plus méridional entre té de livrer aussi du gaz au secteur ment devant lancer ce chantier n’a toute- Deir Amar et Zouk, ce qui permettrait de industriel qui consomme 25 % de fois pas été votée et l’investissement fournir du gaz à cette centrale et à la zone l’électricité du royaume et 20 % de public interrompu. industrielle de Chekka. » C ses ressources énergétiques. 66 - Le Commerce du Levant - Mars 2016
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