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Académie Architecture 08 HIGH.compressed

Published by eaivn.groupe, 2020-09-13 23:13:31

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VISlIaTEvRilelen2030 >PARIS - EAI// ET SES PARTENAIRES PLATEFORME EAI//21 18 / 09 / 2013

du réseau de partenaires s’appuiera sur deux actions: l’une continue et l’autre ponctuelle, événementielle; par des publications et des ateliers, ainsi que des événe- ments comme celui qui vient d’avoir lieu à l’Académie d’Architecture en septembre 2013, sur le thème de la Ville en 2030. Notre but est de confronter les théories et la pratique, les simulations et le vécu quotidien sur la base de quelques documents références; nous poser des ques- tions et apporter des éléments de réponses, des pistes à approfondir. Le premier atelier a ainsi révélé plusieurs in- terrogations: La volonté d’Espace Architecture International Notre but est de confronter les théories et la est de poursuivre l’efort de recherche et de publications pratique, les simulations et le vécu quotidien sur la base entrepris dès les débuts du groupe avec des ouvrages tels de quelques documents références; nous poser des ques- que « Naissance d’un Campus », le « Mille Feuille Territo- tions et apporter des éléments de réponses, des pistes à rial », « Invention d’un Lieu » ou « Vision Globale Action approfondir. Le premier atelier a ainsi révélé plusieurs in- Locale » ; et de participer à de nombreux débats, con- terrogations: férences et manifestations comme la semaine française de Hanoi, la conférence sur les Clusters, etc… • De quelle ville parle-t-on ? De Paris ou du Grand Paris, de New York ou de Manhattan ? De Google Maps La dimension internationale donne à la Plate- ou du lieu où on écrit ces lignes ? Où habitons-nous ? Où forme de partenaires EAI//21 une ouverture aux mutations travaillons-nous ? Où se passent nos loisirs ? de la ville du XXI° siècle. Cette plateforme d’innovations travaille avec des experts dans plusieurs domaines: de- • Cyclones, tsunami, risques Industriels, cyber sign, paysage, ingénierie, économie des territoires, inno- crash, risques politiques et économiques, quels sont les vation, développement durable, culture et société. dangers qui menacent les villes, et plus dangereusement encore les grandes métropoles: Nouvelle Orléans, Dé- En 2013 E.A.I. souhaite ancrer cette plateforme troit, Tokyo, New York, Madrid, Londres ou Paris ? autour d’ateliers thématiques périodiques. L’animation • Ville durable, ville intelligente, ville résiliente, bioville, ville de la connaissance, ville numérique, ville agricole, les concepts se succèdent à un rythme efréné: illusion ou réalité d’une civilisation globale et urbaine? Nécessité de penser une ville internationale où toute l’activité humaine est concentrée et dont les portes sont à Roissy, Schiphol, J.F. K. , Pekin, Bombay, Brasilia, Heath- trow ? Notre plateforme de partenaires est aux prém- ices de cette recherche, ici rassemblée dans cet ouvrage et sur notre blog, pour mémoire et pour avancer. 2 / EAI// ET SES PARTENAIRES

SOMMAIRE 05 Préface VIVRE LA VILLE 22 LA VILLE TRANQUILLE La ville de coniance 06 Aménager au XXI° siècle ? 24 Des champs sur les toits De la ville résignée à la ville résil 08 Les campus dans la cité 26 iente L’architecture fait-elle la ville ? 10 Le tourisme dans nos villes en 2030 Les partenaires 12 La « bonne » dimension de la ville 28 LA VILLE: L’ATELIER DE DEMAIN 14 La ville, laboratoire d’innovations 30 16 La ville numérique 18 Bureaux ou tiers lieux ? 20 Les parcs d’activités du XXI° siècle VISITER LA VILLE EN 2030 / 3

4 / EAI// ET SES PARTENAIRES

PRÉFACE La ville a évolué en s’adaptant aux nouveaux us- de toute nature et donc plus de résilience pour la cité ? ages et aux mutations économiques. L’urbanisation con- naît aujourd’hui une croissance sans précédent. Depuis Les textes qui suivent lancent des pistes, susci- 2008 plus de la moitié de la population mondiale, soit tent des questions et ouvrent des débats. La ville de 2030 environ 3,3 milliards de personnes, est concentrée dans se construit aujourd’hui; EAI souhaite s’associer avec ses les villes. Cette urbanisation massive bouleverse les partenaires ain de partager les savoirs et savoir-faire équilibres sociaux, économiques et environnementaux. Il de chacun dans le but d’enrichir nos connaissances pour est temps de penser à une ville durable. L’enjeu principal les aménagements futurs, d’être des acteurs éclairés de de cette approche est donc d’intégrer les trois piliers du cette transformation (évolution). Développement Durable pour concevoir une urbanité de __________ long terme. Dominique CLAYSSEN, EAI// Depuis 2008 plus de la moitié de la population mondiale, soit environ 3,3 milliards de personnes, est concentrée dans les villes. Concevoir un modèle urbain d’innovation favori- sant l’évolution des usages et des pratiques de la ville tel est le déi pour la ville demain. La question que se pose tout citadin est : « ma ville est elle sûre? Quels risques en- courus pour ma santé, mon emploi, ma vie quotidienne, mon avenir ? ». Villes forteresses, villes universitaires, touristiques, administratives ou portuaires, ont protégé, facilité et développé les activités sociales. Qu’en sera-t- il demain lorsque la ville sera le seul mode d’habiter un territoire ? Les technologies, la nature, l’hyperdensité, la globalisation ouvrent-elles des perspectives à la ville du futur ou des menaces ? Peut-on envisager avec les mutations économiques et technologiques des lieux nouveaux ? Des endroits où la complémentarité, la proximité des activités et des usages produiraient plus de résistances aux aléas VISITER LA VILLE EN 2030 / 5

VISITER LA VILLE EN //2030 AMENAGER AU XXI° SIECLE Repenser la ville à partir de l’existant est depuis dans les domaines de la mobilité, de l’énergie, dans plusieurs années un enjeu au regard notamment des nou- l’idéologie du vivre ensemble et de la ville incluante, il y velles orientations du Grenelle 2. D’importants moyens i- a beaucoup de bonnes intentions mais pas forcément de nanciers ont été dévolus à ces actions avec le concours modèle économique pour efectuer le passage vers une de l’Etat via l’ANRU pour conforter les politiques publiques nouvelle économie. de collectivités dans la rénovation des quartiers. Une vitalité croissante de démocratie politique Normandie Aménagement s’est construit une partant de la base des habitants pour comprendre le pro- spécialité en accompagnant Caen la mer et la Ville de jet, le contester souvent, avec des sorties positives de co- Caen dans cette volonté de préserver l’existant tout en le élaboration mais souvent des recherches identitaires ou renouvelant ou le réhabilitant : repenser le quartier dans communautaristes qui replacent chaque citoyen dans la sa globalité en réintroduisant des services publics (sect- sphère où il se reconnaît. eur Claude Monet, pôle santé Grâce de Dieu) et redonner vie à de l’activité en incitant les entreprises à s’y installer Quelle ville moyenne pou- (secteurs Claude Monet et Fresnel). vons nous construire entre l’essor du phénomène mé- La prochaine étape sera de consolider tropolitain et le périurbain ? l’attractivité commerciale de la place de la Liberté pour préserver le commerce de proximité. Nous allons bien sûr __________ relever le déi ! Gilles MOREAU, Normandie Aménagement Quels défis l’aménageur doit-il relever aujourd’hui pour construire un projet urbain ? Une dynamique des acteurs en panne : les col- lectivités découvrent la rigueur budgétaire et les opéra- teurs reculent devant les montages plus audacieux et n’anticipent plus la demande diversiiée, ou prétextent qu’elle serait largement insolvable. Un discours politique et réglementaire qui pousse à l’excellence sans déinir les étapes de la transition : 6 / EAI// ET SES PARTENAIRES

De Caen à la mer, Communauté d’agglomération de Caen-la-Mer, France VISITER LA VILLE EN 2030 / 7

VISITER LA VILLE EN //2030 LES CAMPUS DANS LA CITE L’université Paris Diderot – Paris 7 est une uni- ses locaux et de ses activités. Il s’agissait de disposer de versité pluridisciplinaire qui accueille environ 25 000 étu- bases de données détaillées, indispensables à une ges- diants répartis de manière à peu près égale entre les trois tion rigoureuse et permettant d’établir une programma- grands secteurs qui la composent : sciences, lettres et tion justiiée de ses besoins. sciences humaines, et santé. Ce travail et ces analyses ont constitué les fon- Le projet de parachèvement du campus Jussieu dements d’une réflexion sur la conception d’un nouveau dans le cadre du plan Université 2000 a été un échec lié campus urbain pour l’Université Paris Diderot - Paris 7. à l’inadaptation du bâtiment, à l’insuisance de prépara- Fin octobre 1996, une maquette du projet d’implantation tion des acteurs, et surtout à l’absence de données iables de l’université Paris Diderot - Paris 7 et de l’Institut de (plans, efectifs réels, répartition des locaux, inventaire Physique du Globe de Paris sur le site Paris Rive Gauche des activités) qui n’ont pas permis de concevoir un pro- était présentée à la SEMAPA, accompagnée de pré- gramme cohérent. études pour la réhabilitation des bâtiments des Grands Moulins et de la Halle aux Farines. Le 19 Novembre 1996, En 1988, l’université Paris Diderot - Paris 7, con- le Conseil d’Administration de Paris Diderot se prononçait sciente de ces lacunes et des diicultés spéciiques du en faveur du déménagement de l’établissement sur le site campus Jussieu, entamait la réalisation d’un cadastre de Paris Rive Gauche. L’université dans la ville : Paris Diderot architecte de son projet Paris Diderot avait pour ambition de créer une université citoyenne, en phase avec son temps comme avec son environnement social et économique. Ses bâti- ments devaient participer à la constitution du tissu urbain au même titre que les immeubles de bureaux et de loge- ments. Ain de ne pas recréer une enclave comme celle du campus Jussieu et malgré l’ampleur du projet (154 000 m2 SHON), il a été décidé de déployer l’université sur une dizaine de bâtiments disjoints, de masse raisonnable, se mêlant aux autres immeubles du quartier. L’organisation des activités de l’université dans un ensemble de 8 / EAI// ET SES PARTENAIRES

Allées des Grands Moulins, Paris, France bâtiments connexes a été pensée dans un souci de dia- quatre bâtiments : le bâtiment Condorcet sur la parcelle logue entre structuration de l’espace universitaire et M3, le bâtiment Bufon sur la parcelle M3F, le bâtiment La- structuration de l’espace urbain. Pour contribuer à la marck sur la parcelle M3I2 et le bâtiment Lavoisier sur la diversité architecturale et créer des identités propres à parcelle M5B1. Ces six réalisations, d’environ 109 000 m2 chaque construction, l’université a jugé nécessaire de SHON, constituent les maillons d’un ensemble complexe, conier chaque bâtiment à un architecte diférent. qui va trouver toute sa cohérence avec la mise en oeuvre des quatre derniers bâtiments. L’aménagement des rez de chaussée a été con- çu pour associer les bâtiments à la vie de la rue à partir Pour la deuxième phase, il a été décidé de réa- d’activités de services aux usagers et d’activités com- liser celle-ci sous forme d’un contrat de Partenariat Pub- merciales et culturelles indépendantes. Réinvestir des lic Privé (PPP), procédure qui a pour but de conier à un immeubles anciens, faisant partie du patrimoine indus- même opérateur le inancement, la conception, la con- triel parisien, dessiner l’avenir en s’adaptant à l’existant, struction et la grande maintenance de ces quatre bâti- associer la réhabilitation et les constructions neuves, ments. Cette deuxième phase a pour principal objet de s’inscrit naturellement dans la culture pluridisciplinaire de reloger l’ensemble des composantes encore délocalisées l’université Paris Diderot. sur divers sites parisiens. __________ La première phase de construction comprend six opérations qui ont été réalisées en maîtrise d’ouvrage François MONTARRAS, Université de Paris Diderot État : il s’agit de la réhabilitation des Grands Moulins et de la Halle aux Farines ainsi que de la construction de VISITER LA VILLE EN 2030 / 9

VISITER LA VILLE EN //2030 LE TOURISME DANS NOS VILLES EN 2030 278 millions de touristes internationaux en 1980, littoral à l’occasion des beaux jours, va croiser demain le 687 millions en l’an 2000, un milliard en 2012... 2 milliards néo rural qui proitera de cette ville désirable et y partag- en 2030? Ces flux croissants de visiteurs impacteront da- era son temps. vantage les grandes villes que la mer ou la montagne. Cette tendance est déjà observable. Elle ne con- La ville désirable cerne pas que la capitale mais aussi les métropoles ré- gionales et certaines grandes villes. Ces «commuters» La ville de demain sera de plus en plus agréable au long cours, conjugués au city-breakers adeptes du à vivre. Plus silencieuse, bénéiciant des nouvelles mobili- tourisme urbain auxquels s’ajouteront les primo-visiteurs tés, elle continuera d’édiier les nouveaux temples de la issus des pays émergeants, vont densiier les flux en les culture et des arts dans des écrins paysagés. drainant sur quelques centralités urbaines. Objet de désir, elle bénéiciera, auprès d’une part gran- dissante de la population, du phénomène de double L’urbanisme, mais aussi les transports et résidence en inversant la tendance actuelle. En efet, la l’hébergement seront impactés. Le touriste urbain aime transhumance d’aujourd’hui qui conduit le citadin vers le côtoyer l’autochtone dont il désire s’approprier les us et les codes même si la réciproque n’est pas vraie. Abbaye aux Dames et parc d’Ornano, Caen, France 10 / EAI// ET SES PARTENAIRES

Berlin : non à la gentriication! Les nouvelles mobilités au service du tourisme Pourtant, cela ofre des opportunités de repenser la mixi- l’intérêt d’aller chercher ailleurs ce qui ressemble à son té des lieux d’activités, par l’intrication des fonctions et le cadre quotidien. brassage des usagers, mais aussi de renouveler les cad- res traditionnels de l’hébergement, appuyées en cela par Enin la muséiication outrancière des villes, la les TIC. gentriication de certains quartiers qui freinent le bras- sage souhaitable entre touristes et résidents, interpellent Les menaces qui peuvent sur la notion de capacité de charge. Le risque encouru contrarier cette vision opti- est d’épuiser la ressource à l’origine de ces séjours tour- miste istiques. Les limites de la logistique en sont une. La mas- On le voit, le tourisme des villes en 2030 est fort siication des flux conduit à faire passer toujours plus de de promesses et riche d’opportunités mais aussi lourd monde dans des entonnoirs qui peinent à s’adapter aux de menaces. Si le développement vernaculaire de la ville besoins toujours croissants. Qu’un incident survienne et a contribué à son charme, les urbanistes du passé l’ont c’est tout un aéroport ou une gare qui peuvent être blo- rendu accessible et fonctionnelle. Face aux nouveaux en- qués, transformant un séjour touristique agréable en une jeux, il importe à présent de penser la ville du futur dans le véritable épreuve! cadre d’une démarche concertée. __________ Thierry COLTIER, Horwath HTL Le risque relève aussi de la standardisation et de la banalisation : les mêmes hôtels, les mêmes transports, le même mobilier urbain, les mêmes enseignes de com- merces et de restaurants etc… qui interpellent sur VISITER LA VILLE EN 2030 / 11

VISITER LA VILLE EN //2030 Caen Presqu’Ile, Caen, France Caen Paris Angers 12 / EAI// ET SES PARTENAIRES

LA «BONNE» DIMENSION DE LA VILLE Petit rappel sur la « Ville Moyenne » en France en La part de la population en âge de travailler est de 41,0% 2013. Une ville moyenne, c’est : dans les villes moyennes. Elle est très proche de la situa- • de 20 000 à 100 000 habitants, tion nationale. Les villes moyennes se caractérisent par • 200 villes moyennes et 160 intercommunalités en une surreprésentation de trois ensembles de fonctions: France, les services aux personnes (distribution, santé-social, • Un grand nombre des chefs-lieux de département, éducation-formation, BTP, entretien), l’administration • 15,6 millions d’habitants, soit près du quart de la popula- publique et les activités de fabrication. tion française, Inversement elles comptent moins de fonctions dites « • 95% de ces villes sont déjà engagées dans une démarche métropolitaines » (conception-recherche, culture loisirs, d’intercommunalité à iscalité propre. prestations intellectuelles). C’est aussi une structure européenne dont tous les pays comportent une part importante d’urbanisation con- La forme urbaine, son développement historique, stituée de villes centres anciennes et communauté la qualité architecturale du bâti et des monuments prin- périphérique de moins de 100 000 habitants. cipaux, sont des éléments discriminants de cette attrac- tivité : C’est déjà un des modèles d’organisation des • La création de nouveaux édiices emblématiques sera rapports urbains et de développement des services à une un des vecteurs de cette communication et leurs usages échelle réduite, permettant l’identiication de stratégies encore plus : lieux d’accueil des expressions culturelles, environnementales d’amélioration continue dans l’esprit de la formation professionnelle, des nouvelles formes de de l’Agenda 21. commerce et des loisirs partagés, La personnalisation des actions portées par les élus com- • Les déplacements sont facilités par la (relative) proxim- munautaires et les services s’inscrit dans un calendrier ité des lieux d’habitat, emploi, services : les modes alter- compréhensible par les acteurs et les usagers ; 2030 c’est natifs s’y développeront culturellement plus rapidement dans 3 mandats! que dans les grandes agglomérations. L’efort principal porte sur la « Centralité », notion trans- __________ versale regroupant les champs des aménités urbaines, fonctions commerciales et de services, ambiances décli- Didier PEPIN-LEHALLEUR, DPL nées jour et nuit, en semaine et weekend, au gré des saisons, notoriété et pouvoir d’attraction dans une con- currence des territoires. L’attractivité résidentielle des villes moyennes présente de très fortes disparités géographiques, avec une opposition Nord / Sud particulièrement marquée. Elle s’exerce avant tout sur les populations adultes avec leurs enfants en provenance de l’aire parisienne, des mé- tropoles et des grandes villes mais aussi envers les jeunes des petites villes et de l’espace rural. VISITER LA VILLE EN 2030 / 13

LA VILLE, LABORATOIRE D’INNOVATIONS PREPARER LES TERRITOIRES A L’INNOVATION 2.0 L’Europe s’apprête à relancer sa politique de re- cherche et d’innovation dans le cadre de sa démarche Horizon 2020 pour la prochaine période de sept ans tan- dis que l’Etat et les régions françaises préparent égale- ment leurs stratégies de spécialisation notamment dans le cadre des inancements FEDER. Aux niveaux des territoires il faut traduire ces dé- marches en programmes d’aménagement et d’urbanisme ain de proiter des opportunités et de renforcer la com- pétitivité des entreprises mais aussi la créativité des en- trepreneurs et des chercheurs en mettant l’innovation au cœur des écosystèmes urbains. Pendant des décennies, les parcs scientiiques ont joué ce rôle à la fois en milieu urbain mais souvent en périphérie. Aujourd’hui la poursuite de leur succès dépend d’un renouveau de leur modèle d’aménagement. Par ex- emple, la tendance à favoriser la mixité, la densiication et la connectivité (Fibre optique, 4G, transports urbains) nécessitent des investissements colossaux. Inno TSD ac- compagne fréquemment les territoires dans ces change- ments : Rennes Métropole à travers un programme d’aménagement ambitieux, Via Silva Ouest, va créer des nouveaux espaces au sein de Rennes Atalante pour ac- cueillir les entreprises technos-production. L’espace purement tertiaire en sa version R+3 n’étant plus adapté aux besoins des entreprises technologiques nécessitant des espaces mixant bureaux, laboratoires, stockage tra- ditionnel et serveurs informatiques et développement. L’extension du métro au cœur de la technopole permettra également de créer des nouveaux espaces de mixité : logements, centres de recherche et de valorisation et de démonstration, services … Sophia Antipolis, dans les Alpes Maritimes, une 14 / EAI// ET SES PARTENAIRES

des plus anciennes technopoles d’Europe relance son L’innovation 2.0 dépendra donc à la fois de la modèle de développement d’aménagement en favori- créativité des acteurs, des ofres de solutions appropriées sant la mixité et le transport en commun avec un projet et des mesures d’accompagnement par des espaces et de tram en site propre et un projet d’urbanisme appelé « des bâtiments adaptés. L’innovation doit prendre sa Côte 121 ». L’innovation et la connectivité des acteurs tels place dans les programmes d’aménagement ain de fa- que les pôles/clusters, les incubateurs, les pépinières, les voriser les échanges et mais aussi la notion d’ouverture à associations etc. se retrouve renforcer grâce à la création des acteurs non traditionnels. L’approche de l’ère d’une du Business Pôle récemment inauguré par Arnaud Mon- science et d’un monde d’innovation ouvert n’enlève pas tebourg. le besoin de favoriser la concentration des acteurs et leur mise en réseaux, voire une masse critique dans des lieux Le monde travaille diféremment aujourd’hui et bâtiments adaptés et évolutifs et ceci ain de donner une réelle visibilité internationale, une ouverture d’esprit notamment grâce aux réseaux et aux échanges et une compétitivité aux territoires concernés. __________ d’information rapide. L’innovation se déroule d’une manière plus éclatée rendant plus diicile sa valorisation Marc PATTINSON, INNO GROUP économique par les territoires. Par exemple l’explosion « big data » fait qu’aujourd’hui le monde produit en deux jours autant d’informations qui ont été produit depuis le début de l’histoire! La possibilité et la volonté d’améliorer les mé- Pépinière Bio., Caen, France thodes de structuration des acteurs en clusters et pôles peuvent favoriser aussi la constitution des espaces ur- bains qui permettent une co-localisation des acteurs et des espaces d’échanges. Les nouvelles pépinières par exemple ne se limitent plus au simple hébergement des porteurs de projets mais deviennent aussi des lieux d’échanges entre les acteurs d’un pôle/cluster, des cen- tres de ressources en matière de inanceurs et d’acteurs de formation et d’enseignement supérieur. Le parc ter- tiaire « mono activité » n’est plus à l’ordre du jour et même les bureaux et sièges des entreprises doivent s’adapter à ces nouvelles méthodes de travail et de vie ain de mettre l’innovation au cœur de leur organisation et de leur fonc- tionnement. La méthode de travail en mode projet doit également se trouver dans les bâtiments et les espaces favorisant leur évolution rapide en termes de croissance et décroissance. VISITER LA VILLE EN 2030 / 15

VISITER LA VILLE EN //2030 LA VILLE NUMERIQUE LES TECHNOLOGIES AU COEUR DU DEVELOPPEMENT à inscrire dans l’optimisation des coûts des collectivités DES VILLES ET DES TERRITOIRES locales. Dans les « Smart Cities », le numérique est intégré «Les citoyens» expriment aux services traditionnels de la ville (eau, électricité, gaz, une demande croissante transports collectifs, équipements publics, bâtiments…) d’information en temps réel pour contribuer à une croissance durable, à améliorer la et de connectivité en tout qualité de vie des citoyens, participer à l’essor de l’activité lieu et tout temps. des entreprises et à l’attractivité économique et touris- tique des collectivités. L’aménagement numérique devi- ent un enjeu stratégique pour les collectivités territori- ales. Il favorise les usages innovants. Les nouvelles technologies jouent aussi un rôle essen- tiel pour améliorer la relation avec les citoyens, favoris- er le tourisme et la culture ou développer l’attractivité économique du territoire et l’activité des entreprises et commerçants. ACCROITRE LA TRANSVERSALITE DES METIERS ET DES SYSTEMES Travailler en coordination avec les diférents ser- vices et métiers de la collectivité est indispensable pour déployer des solutions Smart Cities. La ville doit pouvoir manager en temps réel la supervision de ses solutions et cela nécessite l’interopérabilité des systèmes utilisés par les diférents métiers, alors qu’aujourd’hui les or- ganisations sont plutôt dans une logique de silos. Une dé- marche fédératrice repose sur l’idée de collaboration et d’interactivité entre les diférents métiers de la ville et des territoires. COMBINER DES EXPERTISES SMART GRIDS, SMART METERING - OPTIMISER LA GES- Orange est convaincu que dans cet écosystème TION DE L’ENERGIE avec de multiples acteurs et métiers, seule une straté- Les « Smart Grids » ou l’optimisation des réseaux gie partenariale diversiiée permet d’apporter aux villes de distribution permettent une identiication rapide des les réponses intégrées à leurs besoins en nouveaux ser- dysfonctionnements et une meilleure réactivité. Un des vices et usages des villes et de leurs citoyens. Ces derni- éléments essentiels de cette optimisation est le Smart ers expriment une demande croissante d’information en metering, la télérelève des compteurs qui concerne temps réel et de connectivité en tout lieu et tout temps, 16 / EAI// ET SES PARTENAIRES

l’ensemble des réseaux urbains, à savoir : l’électricité, LES TRANSPORTS PUBLICS ET LES NOUVELLES FORMES le gaz et l’eau. Les outils télécom deviennent essentiels DE MOBILITE - FAVORISER LEUR USAGE pour la supervision et le monitoring des millions d’objets connectés à distance. Dans les transports publics et également dans les nouvelles formes de mobilités, c’est la généralisa- SMART BUILDING - DEVELOPPER LES BATIMENTS INTEL- tion des services autour de la connectivité, la billettique LIGENTS POUR LA VILLE DE DEMAIN et l’information voyageurs. En matière de billettique, les nouvelles technologies et notamment la technologie NFC Ces nouvelles ofres se structurent principale- (near ield communication) jouent un rôle clé dans la dé- ment autour des thèmes de l’eicacité énergétique, de la matérialisation des titres de transport. sécurité et du confort. L’eicacité énergétique se traduit Enin, l’information voyageur, donnée essentielle pour par des solutions de gestion de la demande : visualisation garantir aux usagers un transport public de qualité, est des consommations, conseils personnalisés, programma- désormais aichée sur leurs terminaux mobiles et intègre tion et pilotage à distance. toutes les formes de mobilités. Au croisement des domaines de l’énergie, de l’IT et des automatismes et contrôles, les nouvelles technologies LA VILLE DANS MA POCHE - AMELIORER LE QUOTIDIEN contribuent à rendre les bâtiments de bureaux intelligents DES CITOYENS ET DES TOURISTES permettant des services tels que l’accueil visiteur person- nalisé et simpliié par le mobile ou le pilotage en temps Le mobile devient l’assistant intelligent des citoy- réel et multi-sites de la consommation énergétique. ens : une nouvelle génération d’applications mobiles qui permet d’agréger toutes les informations pertinentes de LA VOITURE CONNECTEE - AMELIORER LA MOBILITE EN la ville et de les restituer au citoyen d’une façon simple et VILLE ET RENDRE LE TRAFIC PLUS FLUIDE personnalisée. Avec ses fonctions innovantes de moteur de recommandation, d’envoi de messages contextuali- La voiture connectée permet de se déplacer ef- sés, d’agrégation multi-sources et de stockage des proils icacement : information en temps réel ou prévisionnels dans le cloud, le service est un outil privilégié de la rela- du traic, places de stationnement disponibles. La voiture tion citoyenne des villes intelligentes et connectées. connectée permet par ailleurs de soutenir les développe- __________ ments d’un nouvel usage de l’automobile : l’auto-part- age. Isabelle MATHE, Orange Smart Cities VISITER LA VILLE EN 2030 / 17

VISITER LA VILLE EN //2030 BUREAUX OU TIERS LIEUX ? À l’heure où les projets de télécentres, coworking dans la ville pavillonnaire imaginée par les urbanistes du et autres « tiers-lieux » font régulièrement la Une, sans XXème siècle : la sociabilité. doute est-il utile de rappeler qu’en 1976, les PTT inau- guraient dans l’Hexagone six centres de téléconférence, Peu importe qu’il soit Ikea ou Vitra, qu’il soit équi- « équipés de systèmes de téléécriture transmettant des pé de visioconférence ou de téléécriture. Car le coworking courbes et des croquis ». est avant tout un lieu de rencontre, d’échange et de part- age, à l’instar du bistrot d’antan. Pour les entrepreneurs En 1994, la Catral (agence pour l’aménagement et indépendants, qui n’avaient guère le choix qu’entre du temps) se lançait dans la création de « bureaux de voi- l’isolement du domicile et l’asphyxie de l’open-space, sinage, installés à proximité du domicile des salariés, et il répond à une envie de foule mesurée, de grégarité leur évitant de perdre du temps dans les transports ou les choisie. embouteillages ». Est-ce à dire que le tiers-lieu imaginé par les dé- Quelques décennies plus tard, force est de con- cideurs publics, ce télécentre permettant de réduire les stater que ces projets n’ont pas remporté le succès es- migrations pendulaires, ne verra jamais le jour ? Rares se- compté. Si le télétravail a désormais le vent en poupe, les ront en efet les entreprises à se payer le luxe de bureaux salariés préfèrent le pratiquer dans le confort et le calme secondaires, faisant doublon avec ceux de la Défense. du domicile. Toutefois, quand ils seront assez nombreux, à la Entre-temps, pourtant, un autre type de tiers- campagne comme en périphérie urbaine, les tiers-lieux lieux a vu le jour : le coworking. Depuis 2006, pas moins de pourraient bien amorcer une transformation autrement 2.000 espaces de ce type se sont créés dans le monde. plus radicale, et remplacer le bureau tel qu’il a été conçu par les entreprises. Ce succès réside dans le besoin fondamental au- quel il répond, et qui manque cruellement de réponse Dans un monde plus agile, il est en efet fort à parier que les entreprises loueront des bureaux « on de- mand », là et où les salariés en auront besoin. Qu’elles ne gardent de leur siège que les espaces de réunion et de sociabilité. Et qu’elles deviennent à leur tour des tiers- lieux. __________ Frantz GAULT, LBMG WORKLABS 18 / EAI// ET SES PARTENAIRES

Campus Eiscience, Colombelles, France VISITER LA VILLE EN 2030 / 19

VISITER LA VILLE EN //2030 LES PARCS D’ACTIVITES DU XXI° SIECLE Face aux problématiques grandissantes de raré- Cette notion de «quartier d’activités», élaborée faction foncière – renforcé par le poids grandissants des à travers la réalisation d’études récentes telles que les enjeux environnementaux – et aux besoins de renou- études pré-opérationnelles d’aménagement des parcs vellement de l’ofre en foncier d’activités, la question d’activités du 21ème siècle pour le compte de Lille Métro- du renouvellement et de la requaliication des espaces pole, ou encore l’étude des conditions de densiication et d’activités se fait de plus en plus prégnante. de renouvellement des ZAE de Marne-la-Vallée, reposent Ces problématiques tendent à amorcer une nouvelle vi- ainsi sur plusieurs concepts clés, actuellement en cours sion du travail et de sa traduction physique, au sein de de développement : laquelle l’espace d’activités est considéré comme un «quartier» à part entière, interrogeant son intégration à • La conception d’un espace de travail physique associé un écosystème urbain plus vaste. aux notions de cadre de vie, de confort d’usage, de col- laboration, d’image et de culture d’entreprise et non plus Une vision renouvelée des à l’unique fonction travail, • La recherche d’urbanité dans les espaces de travail po- espaces d’activités : sant la ville au cœur des espaces d’activités et intégrant les espaces d’activités au cœur de la ville, le « quartier d’activités ». • L’imbrication des fonctions et la recherche d’une grande mixité fonctionnelle au sein des espaces d’activités par Ces zones d’activités, témoins d’une logique l’introduction de logements, de commerces, de services, d’aménagement aujourd’hui dépassée, ne sont plus et d’espaces d’agréments et de loisirs,… isolées des tissus urbains qui les ont rattrapés et se • La densiication et la rationalisation des espaces pour doivent d’être repensées en étroite interaction avec leur une plus grande proximité entre les acteurs, contexte, d’où le développement de ce modèle de «quart- • La recherche d’une mutualisation des fonctions par le ier d’activités». développement d’une ofre de service innovante répon- dant à divers besoins (entreprises et utilisateurs) mais aussi à des temporalités d’utilisations diférentes, en- courageant la vie de l’espace d’activités en-dehors des horaires de travail et notamment le soir et le week-end, • La gestion ine des mobilités par une diférenciation des flux et une optimisation de l’espace public dédié aux circulations (gestion des déplacements poids lourds, ch- eminements doux,…), • L’introduction de nouveaux modèles de gouvernance reposant sur la déinition de macro-lots rassemblant plu- sieurs utilisateurs et encourageant des dispositifs de mu- tualisation et de rationalisation, • La recherche de polarités permettant des points de con- tacts entre les diférents utilisateurs. 20 / EAI// ET SES PARTENAIRES

Cet ensemble de concepts militent ainsi pour un Pour autant, nous restons persuadés que cette espace traversé et animé, ouvert à une diversité de pra- vision renouvelée des espaces de travail en tant que tiques sortant du seul champ de la fonction travail. « quartier » constitue la tendance à suivre et que son aboutissement réside dans la déinition de sa mise en Si ces orientations sont aujourd’hui portées œuvre opérationnelle. C’est ce challenge que nous de- et partagées par la grande majorité des acteurs de vons relever ensemble aujourd’hui ! l’aménagement, elles sont confrontées à certaines limites __________ tel que : Luc LEMARCHAND, EAI// • Contraintes utilisateurs : processus industriel, logique inancière patrimoniale des entrepreneurs peut enclin à modiier leurs modes de fonctionnement, • Contraintes foncières et modalités d’aménagement existantes qui ne permettent pas la souplesse requise par ce modèle, • Etc… Développement économique des parcs d’activités et immobiliers d’entreprises, site Rhodia, Lille métropole, France VISITER LA VILLE EN 2030 / 21

VISITER LA VILLE EN //2030 LA VILLE DE CONFIANCE POUR UN TERRITOIRE DE CONFIANCE Le développement de chaines de production de “TRUSTED LAND” plus en plus éclatées et l’émergence du « machine to machine » (internet des objets) nous confrontent de la Sur un rythme de plus en plus soutenu, les ef- même façon à des possibilités mais aussi des dangers in- fets de la globalisation et la rapidité des mutations tech- comparables. nologiques ne cessent de bouleverser les fondamentaux du développement territorial. Cela pose de sérieuses questions de sécurité et de conidentialité. La robustesse des réseaux et la pro- On ne peut prévoir exactement toutes les inno- tection des données deviennent alors des enjeux majeurs. vations que ces nouveaux systèmes techniques apport- D’autant que nous vivons dans le même temps une con- eront en transformant notamment la mobilité et les flux… crétisation de la menace (multiplication et sophistication Mais dans un monde où plus rien n’est sûr, ces mouve- des cyber-attaques en premier lieu) et l’apparition de ments de migration vers le tout numérique et de générali- nouveaux risques. sation de l’information s’accompagnent d’une multiplica- tion des interconnections et des interdépendances, et par Il est possible que nous ayons franchi d’un coup conséquent d’une multiplication des failles qui fragilisent un seuil de complexité et nous pouvons nous interroger: notre écosystème local et le rendent très vulnérable. comment installer la coniance et garantir la continuité des activités quoiqu’il arrive sur le territoire de demain Une multiplication des dans une économie digitalisée, dématérialisée et virtuali- sée, et alors que la frontière entre le monde personnel et failles qui fragilisent notre professionnel va s’estomper? écosystème local et le ren- Le grand déi actuel pour les responsables et gestionnaires de collectivités locales consiste à pouvoir dent très vulnérable. appréhender l’ensemble des paramètres dans leur glo- balité pour faire face aux enjeux de « résilience » : assurer la protection des citoyens et des entreprises, de leurs données, anticiper les crises et installer les capacités de résistance. Eco-hameau, Ramatuelle, France Nous proposons ainsi d’airmer, comme axe stratégique majeur, le renouveau d’un tissu local socio- économique sécurisé, dénommé « territoire de coni- ance», à l’exemple du Val d’oise, qui s’apprête à combiner l’installation d’une ilière d’excellence en sécurité, sûreté et gestion des risques et l’usage des applications inno- vantes pour garantir la qualité et la continuité des ser- vices, ainsi qu’une nouvelle approche pour assurer le 22 / EAI// ET SES PARTENAIRES

«mieux vivre et travailler ensemble en toute sécurité». Le territoire de confi- ance devient un atout ma- jeur et renforce de fait l’attractivité. A l’heure où la crise et la compétition s’accentuent, ce « territoire de coniance » devient un atout majeur et renforce de fait l’attractivité géographique pour orienter le choix d’investisseurs et de particuliers à la recherche d’un environnement adapté à leur bien être et à leur croissance. L’idée force de ce projet va bien au delà du concept de ville intelligente, au sens qu’elle y intègre la dimension sé- curité et gestion des risques indispensable au bon fonc- tionnement de l’espace connecté au cœur de l’économie numérique. __________ Gérard PESCH, Wanted Productions Barrow street, Dublin, Irlande Développement commercial et mixité urbaine du centre ville de Gennevilliers, France VISITER LA VILLE EN 2030 / 23

VISITER LA VILLE EN //2030 Les projets d’agriculture urbaine inspirent un grand nombre d’urbanistes et d’architectes, sensibles au DES CHAMPS fait que deux humais sur trois vivront en ville d’ici à SUR LES TOITS 2050. Projet de Vertical Town à Seattle de l’agence Mithun (C Mithun Architects) UrbAgri développe l’agriculture urbaine en trans- formant les toitures de bâtiments, les friches urbaines et 24 / EAI// ET SES PARTENAIRES les parcelles non valorisées en espaces de production maraîchère. UrbAgri développe également un concept de bâtiment productif permettant de cultiver une produc- tion alimentaire en milieu urbain dense et en intérieur. La démarche permet de développer des circuits alimentaires très courts au cœur des villes, de fédérer les habitants et les salariés autour d’un projet commun, de les sensibiliser à la biodiversité urbaine ou encore d’améliorer l’isolation thermique des bâtiments et l’utilisation des eaux pluviales à la parcelle. UrbAgri appuie les porteurs de projets de l’émergence de l’idée jusqu’à la mise en culture et la dis- tribution des fruits et légumes. L’objectif est de valoriser des espaces non utilisés en milieu urbain ain de rendre nos villes fertiles. L’objectif est de valoriser des espaces non utilisés en milieu urbain afin de rendre nos villes fertiles. Depuis 2008, les ménages sont soumis à une forte augmentation et à une forte volatilité des prix des denrées alimentaires. En 2050, selon les projections des Nations Unies, les 65% de la population mondiale vivront en zone urbaine. Aujourd’hui, 800 millions de citadins pratiquent l’agriculture urbaine assurant entre 15% et 20% de la production mondiale de nourriture. En France, 60.000 ha de terres agricoles sont urbanisés tous les ans soit 19 m2/seconde alors que la population augmente de plus de 350.000 personnes par an.

L’agriculture urbaine en toiture permet de valo- rencontre entre toutes les générations en rendant les riser des surfaces perdues dans notre ville, en terres ag- sites ouverts et accessibles lorsque la coniguration le ricoles, au cœur d’un des plus grands bassins de consom- permet. Il s’agit également de favoriser le partage et la mation européen et de développer des circuits courts difusion du savoir aux générations futures. dans la production et la distribution de fruits et légumes. • Une réponse aux enjeux de biodiversité et aux en- L’initiative d’UrbAgri vise plusieurs objectifs: jeux climatiques. Il s’agit de créer un milieu favorable à l’installation d’espèces sauvages animales et végétales • Concevoir des bâtiments productifs. Il s’agit de créer sur le long terme. Une attention particulière est apportée des surfaces exclusivement dédiées à la production ali- aux variétés potagères dont des variétés régionales et mentaires au cœur des bâtiments et de valoriser les sur- légumes anciens et oubliés. Les gammes végétales sont faces d’un bâtiment ain de tenter de le rendre au maxi- choisies pour leurs qualités agronomiques et gustatives. mum autosuisant sur le plan alimentaire. La inalité __________ visée est d’assurer les besoins alimentaires partiels des utilisateurs du bâtiment et de valoriser toutes les sources Virginie DULUCQ, UrbAgri d’énergie et les ressources naturelles disponibles ain de favoriser cette production alimentaire. Créer des surfaces exclu- Concevoir des ilières agricoles en agglomération sivement dédiées à la pro- duction alimentaires au cœur des bâtiments. • Structurer une ilière de l’agriculture urbaine et créer des emplois. Le projet peut générer l’emploi, par le pro- priétaire ou les utilisateurs, d’exploitants agricoles qui seraient également en charge, sur des missions bien dé- terminées de la culture des surfaces maraichères et des animations. • Solidarité, insertion, fractures sociales et généra- tionnelles. Le projet a pour vocation de créer du lien social entre les utilisateurs en les fédérant autour d’une initia- tive commune. L’objectif est également de favoriser la VISITER LA VILLE EN 2030 / 25

VISITER LA VILLE EN //2030 DE LA VILLE RESIGNEE A LA VILLE RESILIENTE Le corrélat de l’amélioration globale du niveau En efet, interdire tout nouvel aménagement ou bien de vie des pays dits développés, conduit nos sociétés, en contraindre fortement toute restructuration sur ces sites quête croissante de sécurité, à refuser les risques. revient à les scléroser et les dévaloriser. La seule issue salvatrice incombe alors à l’Etat Providence qui apporte Si les risques sont nombreux, variés et om- sa garantie aux assureurs, et qui peut exproprier au prix niprésents, ils sont déinis par un socle commun fort les parcelles sinistrées. Mais en a-t-il réellement les d’indicateurs. Celui-ci intègre le danger caractérisé par moyens ? Peut-il exproprier tous les biens situés dans les la probabilité que l’évènement redouté survienne à une zones à risque ? Avec une réponse négative en iligrane, certaine fréquence, sa gravité, le nombre de victimes po- que fait-on alors vis-à-vis des propriétaires de biens si- tentielles, et son degré d’acceptabilité par la société. Ces tués dans ces zones ? risques peuvent être liés à des évènements naturels, in- dustriels, technologiques ainsi que les risques sanitaires. Ces biens immobiliers, construits parfois depuis En France, les politiques publiques s’attachent essentiel- fort longtemps, perdent leurs valeurs. Les propriétaires lement à identiier et évaluer les risques, règlementer ne peuvent, ni vendre leurs biens, ni construire des exten- les zones à risque, organiser la protection civile en con- sions. De plus, le déménagement pur et simple devient séquence, cadrer les questions de responsabilités et compliqué inancièrement, précisément en absence de d’économie des dommages. vente. La démarche adoptée conduit à une impasse. Comment permettre à ces propriétaires de garder la Face aux risques d’inondation par exemple, la valeur de leurs biens sans renoncer à leur positionnement puissance publique a mis en place des outils. Parmi eux, en bord de cours d’eau présentant un risque d’inondation? le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) est Comment passer de la ville résignée à la ville résiliente ? le plus connu. Il règlemente les constructions sur les sect- Quelques pistes pourraient être explorées. eurs identiiés dans une démarche tendant à multiplier les zones non aediicandi. Il y a aussi les Programmes d’Action La première qui vient à l’esprit consisterait à in- et de Prévention des Inondations (PAPI) permettent aux citer les propriétaires concernés à réaliser les travaux collectivités concernées de trouver une partie des i- nécessaires à l’adaptation de leurs biens face aux risques nancements nécessaires à la réalisation d’opérations se d’inondation en leur permettant de densiier (évidemment limitant bien souvent à la construction de digues. au-dessus des plus hautes eaux connues) leurs emprises bâties ain de générer, in situ, l’économie nécessaire à Finalement, les démarches engagées se foca- leurs réalisations. C’est en quelque sorte une transposi- lisent sur les périmètres circonscrits aux zones identiiées tion sur les sites inondables de la démarche BIMBY (Build inondables sur lesquelles, pour éviter tout dommage In My Back Yard) du tissu pavillonnaire. sur les biens et les personnes, on tend soigneusement à Une autre piste à explorer s’attacherait à réaliser, sur des éviter… la présence de tout bien et de toute personne ! emprises libres et inondables, à proximité de sites déjà ur- Et, lorsque la table rase ne passe pas, on crée des infra- banisés afectés par un PPRI, des opérations d’ensemble structures de protection… Cette démarche apparemment très valorisantes comme des Cités Lacustres en prenant séduisante sur le papier peut entrer en réalité dans le reg- en compte toutes les contraintes inhérentes aux risques. istre « perdant-perdant » pour tout le monde. Cela permettrait d’engager des processus de mutation 26 / EAI// ET SES PARTENAIRES

Pointe de Gournay, Neuilly-sur-Marne de programmes de recherche pour la construction en zone inondables intégrant les problèmes d’adduction en y réalisant des opérations tiroirs comportant des da- d’eau potable, l’assainissement et l’énergie, avec la réali- tions pour les propriétaires de bâtiments existants. Dans sation de quartiers expérimentaux, permettrait d’acquérir ce cas, nul besoin d’avoir recours aux expropriations. une expertise exportable. Cet exemple particulier et complexe de l’aménagement Elargir le champ d’action dont une partie seule- de la ville inondable constitue un sujet de recherche por- ment est identiié inondable, constitue également une teur, dépassant même le cadre initial. Il s’agirait d’initier réflexion à mener. Il s’agirait de mettre en œuvre un une nouvelle démarche inscrivant, après les éco quartiers, plan d’action visant, d’une part à limiter le débit de rejet l’évolution de la production urbaine vers la réalisation de d’eau des parcelles privées, et d’autre part à réaliser quartiers éco résilients. des ouvrages de rétention publics dans des opérations __________ d’aménagement urbains sur l’ensemble d’un bassin versant. Cela permettrait de travailler également en Michel FANNI, SUD Stratégies amont avec les assurances et l’Etat sur les problèmes d’adduction d’eau, d’assainissement, d’énergie, les délais d’évacuation de l’eau et de remise en Etat des secteurs urbanisés et d’intégrer l’impact sur les zones non inond- ables des conséquences d’une catastrophe. Toutes les opportunités d’expérimentations ur- baines devraient être saisies et en particulier lorsque des élus bâtisseurs souhaitent s’y engager. La mise en place VISITER LA VILLE EN 2030 / 27

VISITER LA VILLE EN //2030 POSTEFACE L’ARCHITECTURE FAIT LA VILLE? ‘’Le problème fondamental qui se pose est la re- L’atmosphère d’un lieu est usuellement perçue par cha- conquête de la vie individuelle.’’ Siegfried GIEDION, Espace, cun à travers les cinq sens. Elle se voit et s’entend le long temps, architecture. des quais de la Seine, elle se perçoit par les odeurs et les saveurs au marché de Moufetard ; à l’intérieur du Louvre Dans un avenir proche, avec la prise de conscience elle engage le toucher par les matériaux et formes qui la du développement durable et des moyens mis en œuvre, composent et le mouvement animé des êtres qui y évolu- les questions techniques (pollution, chaufage, énergies ent. Ancrage du citadin dans son environnement. renouvelables, etc...) seront réglées par la technique elle- même. Reste à savoir comment seront vécus la ville et La ville de demain devra, en plus de la planiication dé- les bâtiments de demain. C’est la qualité de l’espace ur- cidée par la collectivité, s’appuyer sur les associations bain dans lequel on veut vivre qui est en jeu. Cette qualité pour créer les lieux de partages ouverts et possibles dans s’apprécie à travers les valeurs fonctionnelles et esthé- l’esprit du bénévolat, développer des équipements de tiques qui sont véhiculées par les architectes depuis la services (crèches, bibliothèque, conciergerie,…) près des Chartres d’Athènes, en négligeant les valeurs humaines lieux de travail inancés par les entreprises. Elle devra qui font intervenir le milieu social et son esprit. canaliser l’ardeur des jeunes grâce à des lieux de jeux or- ganisés, encourager des lieux d’accueil contre la solitude, La ville de demain se doit des tiers-lieux pour partager l’espace de travail, des lieux d’innovation pour développer les start-up, favorisant ainsi d’être une mosaïque de les activités économiques nécessaires à son attractivité. Elle devra développer une pédagogie des cheminements paysages sensoriels dif- alternatifs sans contraintes, créer un sentiment de coni- ance en son territoire, etc… Tout cela dans un jeu com- férents d’un lieu à l’autre. binatoire complexe mais lisible qui les lie à la structure culturelle et sociale. C’est pourquoi, la ville de demain doit prendre ap- Ainsi dotée d’un paysage sensoriel propre et des lieux pui sur des valeurs qui mettent l’accent sur l’échelle hu- dédiés, l’urbanité se sent et se ressent comme une ex- maine, la communauté, le respect de la nature. Pour cha- périence intime et sociale, faites d’attentes culturelles et cun, la ville est d’abord un lieu d’investissement afectif afectives : Plaisir des sens, plaisir de partage, plaisir d’y entre les individus et leur espace. Pour cela, il faut dével- vivre. opper des lieux permettant à l’individu de s’épanouir, se __________ sentir bien dans sa rue, dans son quartier, dans sa ville. Van Loi LÊ, EAI// La ville de demain se doit donc d’être une mosaïque de paysages sensoriels diférents d’un lieu à l’autre, d’une 28 / EAI// ET SES PARTENAIRES culture à l’autre, à la fois autonome et interdépendante.

Ministère de l’Education, Erbil, Iraq Saigon Hi-Tech Park, Ho Chi Minh Ville, Vietnam VISITER LA VILLE EN 2030 / 29

VISITER LA VILLE EN //2030 PARTENAIRES SEM UNIVERSITE DE PARIS DIDEROT HORWATH HTL NORMANDIE AMENAGEMENT Université pluridisciplinaire Conseil en hôtellerie, restauration Société d’Economie Mixte, Caen au coeur de Paris et loisirs, Paris 1 Avenue du Pays de Caen 14460 Colombelles 5 Rue Thomas Mann 75013 Paris www.normandie-amenagement.fr/ www.univ-paris-diderot.fr 6 Rue Dunois 75013 Paris www.horwathhtl.fr [email protected] [email protected] [email protected] DPL SAS DPL SAS INNO GROUP ORANGE BUSINESS SERVICES Conseil en afaires Société de conseil en stratégie Orange smart cities et gestion de projets et en innovation www.orange-business.com/fr/smartcities 11 Rue d’Assas 75006 Paris [email protected] Place Joseph Bermond - Ophira 1 06902 Sophia-Antipolis www.inno-group.com 30 / EAI// ET SES PARTENAIRES

WANTED Productions LBMG WORKLABS WANTED Productions URBAGRI Conseil en télétravail, Aéronautique, espace, Agriculture urbaine coworking et télécentres défense, sécurité et transport www.agriurbain.ning.com 110 Rue des Poissonniers 75018 Paris 55 Avenue Marceau 75016 Paris www.lbmg-worklabs.com SUD Stratégies SUD STRATEGIES EAI// Sustainable Urban Design Stratégies Espace Architecture International Agence d’architecture et d’urbanisme Prospective et innovation 43 Rue Bobillot 75013 Paris 43 Rue Bobillot 75013 Paris [email protected] VISITER LA VILLE EN 2030 / 31

Crédits: >PARIS - EAI// ET SES PARTENAIRES Espace Architecture International © Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie: ENPR à Paris, Septembre 2013 Dépôt légal : Septembre 2013, imprimé en France


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