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N° 50 MAI JUIN 2020 DÉCRYPTAGE SOLUTIONS AUTONOMIE COUVCLIMAT, UN JEU LIMACES & CO. EAU DOUCE POUR COMPRENDRE AU POTAGER BIO SI PRÉCIEUSE ! CRÉONS UNE VISION DU MONDE EDGAR MORIN DOSSIER LA RÉNOVATION DE L’HABITAT EN FRANCE BEL / LUX : 7,20 € - CH : 11 FS - DOM : 7,40 € - TOM : 850 XPF 1

Éditeur EDITO Pascal Greboval SARL EKO LIBRIS Rédacteur en chef au capital de 98 913 € Siège social ÉEDTNIOTCUOOSNADTAIPNTUERER 74A, rue de Paris - 35000 Rennes [email protected] Comment écrire des mots intelligents face à tant d’incertitudes ? www.kaizen-magazine.com La vérité d’hier n’est plus celle de demain. Entre le moment où j’écris ces lignes et celui où vous les lirez, quatre longues Magazine bimestriel numéro 50 semaines se seront écoulées (nos imprimeur et transporteur travail- Mai-juin 2020 lant en effectif réduit). Entre-temps, que se sera-t-il passé ? Le décon- Imprimé sur papier certifié PEFC finement progressif, annoncé à partir du 11 mai, sera-t-il d’actualité ? Pour l’heure, si l’on regarde quatre semaines en arrière, que de chan- Fondateurs gements ! Ce que les écologistes les plus radicaux n’osaient même pas Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, réclamer est advenu… Presque plus de voitures, d’avions ; l’industrie Patrick Baldassari et Pascal Greboval quasi à l’arrêt. La moitié de l’humanité a appuyé sur « pause ». Mais comment rester « 100 % positif » – notre ligne éditoriale – dans ce Directeur de la publication moment de « pause sanitaire » ? Selon Sébastien Bohler, mon confrère Patrick Baldassari de Cerveau & Psycho, rester optimiste est justement l’une des clés pour sortir de la crise sans trop de dommages. Des études réalisées après la Rédacteur en chef Seconde Guerre mondiale l’ont déjà prouvé. Pascal Greboval Il ne s’agit pas pour autant d’être des « Bisounours ». Chez Kaizen, cette crise, nous la prenons au sérieux. D’autant qu’une collègue a été Rédactrice en chef adjointe mise K.-O. par le virus. (Rassurez-vous, elle commence à aller mieux.) Sabah Rahmani Cependant, comme le suggère Edgar Morin [lire page 8], ce moment est l'occasion de proposer une autre vision. Cette crise est un nouveau Secrétaire de rédaction symptôme majeur de l’emprise de l’homme sur le vivant. Alors pour Emmanuelle Painvin tenter d’endiguer les crises suivantes, qui pourraient s’avérer plus rudes, nous continuons à « faire notre part ». Raison pour laquelle nous Journaliste multimédia publions ce numéro en nous adaptant. Pour redire que nous devons Maëlys Vésir changer de paradigme, et lutter, sans relâche, à la fois pour préserver un système social qui, on le constate, permet d’éviter le pire (malgré Stagiaires pour ce numéro le travail de sape subi de longue date par l’hôpital public, le travail des Marius Matty soignants, majoritairement des femmes, est héroïque), et pour préserver Laure du Mesnildot l’habitabilité de la terre. Vaste programme ! Typiquement, au moment où j’écris ces lignes, nous battons des records de chaleur, avec 25 degrés Directrice administrative et financière relevés à Brest le 10 avril, soit 12 degrés au-dessus de la normale. Céline Pageot Je l’ai dit par ailleurs : « La bataille des idées commence maintenant ! » Le passage à l’acte aussi… Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes 3 [email protected] Tél. 02 23 24 26 40 KAIZEN - N° 50 - MAI-JUIN 2020 3 Gestionnaire service abonnements Cyrielle Bulgheroni Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - [email protected] Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Ingrid Bailleul Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539732990000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 [email protected] Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.

SOMMAiRE KAIZEN N° 50 - MAI-JUIN 2020 ACTUALITÉ 6 ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? 50 D.I.Y. 74 Covid-19 : pause ou encore ? La Recyclerie Sportive, L’eau de Cologne vive le sport… zéro déchet ! fait son come-back RENCONTRE 8 Edgar Morin CHRONIQUE Gilles Farcet SOMMAIRERéparerlaFrance 55 JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 76 Miraculeux moringa CHRONIQUE 12 Habiter, Quitterie de Villepin un acte de conscience EN CHIFFRES 83 Tomate, EN QUÊTE DE SENS 56 un or rouge trop convoité Nathalie Gizard, EN CHIFFRES 14 de la fonction publique VIVRE EN OASIS 84 Eau douce : aux crêpes bio si précieuse ressource ! Le Domaine des Possibles « Ils ne savaient pas que ENQUÊTE 16 GOÛT DE L’ENFANCE 58 c’était impossible, La Connec’son, alors ils l’ont fait » Micromobilité, passage éveil musical pour jeunes BD obligé ou voie sans issue ? autistes 86 Mathilde Stento LA NATURE MISE À NU 20 CRÉATEURS DE CULTURE 62 Au potager ! Le blaireau La Fresque du Climat, Limaces & escargots Ceci n’est pas un ours ! jouer pour comprendre CUISINE 88 66 En mode zéro déchet ! RÉNOVATION VENT D’AILLEURS La salade Cambodge ÉNERGÉTIQUE, Coconut School, Cet ingrédient bio, sur les bancs de l’école j’en fais quoi ? UN PILIER DE recyclée Le fromage blanc LA TRANSITION 22 MOTS CROISÉS 70 KRUCIVERBONS 95 Chats et biodiversité : 72 98 DOSSIER quel impact ? CHRONIQUE Dominique Bourg BD Coronavirus et climat Aude Picault Pédibus PORTFOLIO Cyril Ruoso & Emmanuelle Grundmann SOYONS SINGES ! 40 Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. 4 Pour les abonnés  : une relance de fin d’abonnement. 4 KAIZEN - N° 50

ACTUALITe COVID-19 : Pascal Greboval PAUSE OU ENCORE ? « ARTIuand la crise sera finie, on quitte Paris. Depuis trois ans, je tente de convaincre Qmon copain, mais avec le confinement, je La crise sanitaire du Covid-19 est sans précédent : la moitié de la population mondiale est confinée, des millions de travailleurs français sont « à l’arrêt », et devant nous : une montagne de questions… humaine, on accepte, mais on ne renonce pas à faire face, agir, prendre soin de soi. » Ce que Marc Aurèle avait déjà exprimé en son temps : « Que pense qu’il comprendra plus facilement la force me soit donnée de supporter ce qui ne la nécessité d’avoir un jardin et de cultiver nos peut être changé et le courage de changer ce qui légumes », nous confie Anne-Laure au téléphone. peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer Quadra dynamique, avec son conjoint et son fils l’un de l’autre ! » de 5 ans, ils restent au maximum dans leur appar- « Changer », ce mot est sur toutes les lèvres. Selon tement de 55 mètres carrés. « Voilà trois semaines qu’Eliot n’est pas sorti ! » À l’autre bout du fil et de ACTUAun sondage du journal Libération1, les Français la France, dans le Tarn-et-Garonne, Sophie nous avoue que son jardin lui permet de rester confinée aspirent à une nouvelle société « post Covid-19 », avec relocalisation de la production en Europe et protection des services publics. 69 % veulent des mois : « Entre les conserves que j’ai faites l’an « ralentir le productivisme et la recherche perpé- dernier et les récoltes, je suis quasi autonome. » tuelle de rentabilité », 88 % réclament un « accès Ainsi « faire son jardin » ne serait plus un « acte à l’eau et à un air de qualité » et 76 % à la « biodi- révolutionnaire », comme le clame Pierre Rabhi versité ». Pour résumer, la majorité des Français depuis des années, mais deviendrait, à l’aune de partage la vision exprimée par le président de la cette crise sanitaire, un acte de survie. République le 12 mars 2020 : « Il nous faudra « Survie », le mot est lâché ! Avec douze mille demain tirer les leçons du moment que nous tra- morts en France en quelques semaines, au mo- versons, interroger le modèle de développement ment de la rédaction de ce texte, et une probabilité dans lequel s’est engagé notre monde depuis des que le virus touche plus de la moitié de la popu- décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, lation, le doute s’installe. Comment sortirons- interroger les faiblesses de nos démocraties. […] nous de cette crise ? Une majorité d’urbains, Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des comme Anne-Laure et sa famille, quittera-t-elle biens et des services qui doivent être placés en la ville pour rejoindre la campagne ? Comment dehors des lois du marché. Déléguer notre ali- construire le monde de demain ? Personne ne le mentation, notre protection, notre capacité à sait aujourd’hui. Est-ce le premier domino de soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres est l’effondrement annoncé par certains ou une une folie. […] Les prochains mois nécessiteront manière de faire une pause et de penser demain ? des décisions de rupture en ce sens. » Ce que Bruno Latour espérait au micro de France Inter : « Si l’on ne profite pas de cette situation UN NOUVEL ÉLAN incroyable pour changer, c’est gâcher une crise… » Le changement de paradigme, c’est notre ADN, notre raison d’être, chez Kaizen, alors, évidem- ACCEPTER, ET CHANGER ? ment, nous espérons que cet élan sera suivi d’ef- Dans un premier temps, nous devons « cultiver fets ! On observe, sur le plan individuel, les initia- l’art de l’acceptation », comme le rappelle tives solidaires se multiplier : ces anonymes qui Christophe André : « Face à une maladie ou une préparent des repas pour le personnel soignant crise, face aux adversités inhérentes à toute vie ou lui prêtent leurs logements vides, ces voisins 6 6 KAIZEN - N° 50 - MAI-JUIN 2020

DÉCRYPTAGE Pascal Greboval Ingrid Bailleul Rencontre BIO EXPRESS EDGAR RENC MORIN 1921 Naissance à Paris 1942 Entre dans la Résistance 1946 Publie son premier essai, L’An zéro de Allemagne 1950 Du haut de son quasi-siècle d’expérience, Edgar Morin porte un regard lucide Entre au CNRS, sur notre époque. Rencontré peu de temps avant la crise sanitaire et le confinement, au Centre d’études sociologiques il nous a partagé sa vision du monde à venir et de la crise écologique. Des propos d'autant plus d’actualité aujourd'hui. 1956 Crée la revue Arguments 1961 À 20 ans, vous étiez chef dans la Résistance ; peser sur ceux qui travaillent dans les bureaux, Part enseigner à à 98 ans, quels sont vos combats ? les entreprises, une surcharge qui conduit à des Santiago du Chili Combat est un gros mot. Je préfère la notion de burn-out, des suicides. Voilà la deuxième barba- résistance. Je considère qu’il y a deux barbaries rie ! On subit une mécanisation, une industriali- 1969 qui sont très fortes. La première, nous la connais- sation de la vie quotidienne contre lesquelles, bien Invité à l’Institut sons depuis les débuts de l’histoire humaine : c’est sûr, on résiste dans la vie familiale, dans la vie Salk de San Diego, le mépris, la domination, la torture, etc. Cette amoureuse, en allant au cinéma, etc., mais force élabore sa « pensée barbarie, elle revient un peu partout. Non seule- est de constater qu’on subit aussi cette barbarie complexe » ment chez les terroristes et autres exaltés, mais de façon intime. aussi chez nous, dans la fermeture d’esprit par 1970 rapport aux personnes d’origine étrangère, aux Cette « autre barbarie » est-elle la cause Devient directeur migrants, aux musulmans, aux juifs. Cette bar- de la crise écologique ? de recherche barie devient psychique alors qu’ailleurs elle est Il est évident que cette barbarie est inséparable au CNRS violente, mais elle peut aussi devenir violente de la crise écologique. Parce que celle-ci est née chez nous. L’autre barbarie, elle vient du cœur de du déchaînement des trois moteurs : science, 1977 notre civilisation : c’est le déchaînement du profit technique, économie. Ces trois moteurs sont cou- Publie le tome 1 de plus ou moins régulé, qui se manifeste par la plés et aucun n’est contrôlé. La science peut servir La Méthode toute-puissance du calcul pour comprendre les à des manipulations, à la fabrication d’armes problèmes humains. Que connaissent nos gou- nucléaires, etc. 2011 vernements de nous ? Le PIB, le taux de crois- La Voie, Fayard sance, l’espérance de vie, les sondages d’opinion… Comment est née votre prise de conscience C’est le règne du quantitatif ! Et celui-ci corres- écologique ? 2012 pond très bien au règne du profit et de l’intérêt Dans les années 1970, j’étais en Californie à l’Ins- Participe au personnel. Au nom de la compétitivité, on fait titut Salk de recherches biologiques, et des Collectif Roosevelt 2012, à la Conférence « Rio+20 », soutient le chef Raoni 2019 Les souvenirs viennent à ma rencontre, Fayard 8 8 KAIZEN - N° 50 - MAI-JUIN 2020

DÉCRYPTAGE CONTRE “AYONS UNE VISION DE L’HOMME, ET DE L’HISTOIRE, ET DU MONDE, ET DE LA CONNAISSANCE…\" 9 KAIZEN - N° 50 - MAI-JUIN 2020 9

Chronique Q u i t tDeÉCrRYiPeTAGdEe V i l l e p i n Bastien Dubois EXPLORATRICE EN DÉMOCRATIE RÉPARER CHLRAOFNRIAQNUCEEesplafondsdesallesdeclassequi s’effondrent à Lorient, à Paris, à Cannes, à Béziers… Deux immeubles qui s’écroulent rue d’Aubagne à Marseille, faisant DQuitterie de Vhuitmorts. Comment rester dignes si nous vivons dans des conditions indignes ? Comment prendre soin des autres quand nous sommes nous-mêmes atteints dans notre inté- grité physique ? Comment être respectueux des autres alors que Des prisons insalubres, où les conditions de dé- les lieux mêmes – de travail, de soin, d’accueil ou tention sont « indignes », selon la justice fran- d’apprentissage – semblent nous signifier que nous çaise, qui pointe du doigt trente-cinq établisse- ne sommes pas dignes du respect minimal ? ments, de Fresnes aux Baumettes. Comment ne pas lier ces conditions indignes et Des cités universitaires, de Nice à Strasbourg, la violence qui traverse tous les pans de notre dont les lits sont remplis de punaises, ainsi que société, tous les corps de métier ? des amphis, des salles de cinéma, des théâtres. Un lieu de vie et un lieu de travail décents, où les Des HLM à Clichy-sous-Bois, Vaux-en-Velin, Villiers- conditions sanitaires, de sécurité et d’hygiène le-Bel, dont les ascenseurs sont constamment en sont réunies, voilà les conditions strictement panne, dont des portes sont cassées. Près d’un mil- nécessaires pour vivre et pouvoir se déployer au lion de passoires thermiques sur le territoire. service du collectif. Il faudra bien sûr s’occuper de réparer notre « Comment rester dignes si nous vivons vieille démocratie qui menace, elle aussi, de se dans des conditions indignes ? » fracasser en mille morceaux, mais commençons par réparer le visible, retrouver une prise sur ce Des commissariats insalubres de Coulommiers à réel, physiquement, concrètement, en nous met- Fécamp, des invasions de blattes dans celui de tant à l’œuvre. Montpellier. Voilà une idée simple. Un objectif simple. Des Ehpad délabrés au matériel obsolète où Réparer la France. Réparer les hôpitaux, les nombre de nos aînés traversent les dernières écoles, les prisons, les commissariats, les mai- années de leur vie. sons, les parcs HLM, les routes, les rails, les Des hôpitaux en voie d’insalubrité, comme terres. Donnons-nous cinq ans, dix ans. Et ne au Havre ou à La Timone, où il y a là aussi des relâchons plus nos efforts pour entretenir, au punaises de lit, où il n’y a plus de couvertures. fur et à mesure. Des réseaux ferrés Corail et TER vétustes provo- Prendre soin de nos communs. Nous pourrions Photos : Morgane Geronimus - Design : w w w. s t u d i o v a n d a l s . c o m quant, par exemple, l’accident de Brétigny. Des toutes et tous nous y mettre. Œuvrant sur des postes d’aiguillage obsolètes. chantiers où nous aurions toutes et tous un rôle, Des hangars loin de tout réseau de transport néophytes ou maîtres d’œuvre. public où s’entassent des migrants dans des Voilà une idée pour créer de l’emploi, une idée conditions inhumaines. Des bidonvilles aux pour la transition énergétique. portes de nos villes. Voilà une idée pour prendre soin les uns des Même nos sols sont « cassés », appauvris, par autres. l’artificialisation, les monocultures. Et ne pour- Réparer nos lieux de vie communs, c’est nous ront plus nous nourrir. réparer collectivement. n 12 12 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

en chiffres EDaÉCuRYPdTAGoE uce : Fanny Costes si précieuse ressource !Justine Le Joncour « L’eau, source de vie » ? Plus rare qu’il n’y paraît, ce bien commun INFOGLA TERRE EST RECOUVERTE AUX 3/4 D’EAU… est traité avec trop peu d’égards. En cause : l’homme et ses activités. eau douce : 2,8 % … soit 1 400 millions de milliards de m3, mais de quelle nature ? - l’eau salée des océans représente 97,2 % de ce total ; - l’eau douce ne représente que 2,8 %. INACCESSIBLE OR BLEU L’eau douce est stockée à 69 % sous forme solide dans les glaciers ou dans le pergélisol, 30 % dans les aquifères, souvent très profonds et peu exploitables, 1% seulement dans les cours d’eau, les rivières, les fleuves, les lacs… 9 PAYS DISPOSENT DE PRÈS DE 60 % DES RESSOURCES 80 autres pays, principalement en Afrique et au Proche- Orient (soit 40 % de population mondiale), souffrent de graves pénuries. Réserve/an/habitant : - Palestine : 59 m³ - France : 3 262 m³ - Islande : 630 000 m³ Cette disparité s’aggrave et multiplie les risques de conflits. 14 14 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

E n q u e^ t e DÉCRYPTAGE Fanny Costes Le Cil Vert MPAICSSRAOGEMOOBBLIIGLÉITOÉUENQ VOIE SANS ISSUE ? Trottinettes et autres hoverboards1 sont de plus en plus utilisés pour les trajets urbains courts. Derrière l’engouement, des questions se posent : ces engins peuvent-ils améliorer le bilan environnemental des villes ? Quid de leurs batteries ? des abus des opérateurs ? des accidents ? des conflits d’utilisation de l’espace public ? Les enjeux de la micromobilité vont bien au-delà d’un phénomène de mode. Vous en avez sans doute croisé sur est d’une quarantaine de kilos », souligne Mathieu les voies ou les trottoirs des villes. Rabaud, chargé d’études du groupe Mobilités et Vous les avez même peut-être Territoire au Cerema2. « On l’entend pour des tra- essayés ou adoptés. Presque invi- jets courts, inférieurs à 6 kilomètres, et des sibles dans le paysage urbain en moyens qui permettent d’aller plus vite que la 2015, les trottinettes, hoverboards marche. On n’y intègre donc pas le vélo qui permet et autres gyroroues se sont ajoutés aux tradition- de parcourir plus de chemin et engage des pro- nels vélos et skates au point de créer le buzz blématiques un peu différentes », ajoute Mathieu médiatique, commercial et politique. Chassignet, ingénieur Mobilité à l’Ademe3. Les chercheurs eux-mêmes se sont emparés de ce sujet, et ont fait émerger le concept de micro- PRATICITÉ, RAPIDITÉ, AGILITÉ… mobilité. Car au-delà d’un phénomène de mode, le Dans les faits, la micromobilité est associée à la déploiement de ces engins cristallise bien des trottinette. En 2018, il s’est ainsi vendu 1 million enjeux urbains. Il mérite donc d’être décortiqué. de trottinettes mécaniques en France, 232 749 D’abord, « tout le monde ne s’accorde pas autour trottinettes électriques, 301 500 hoverboards, d’une seule définition de la micromobilité. Aux 26 200 skateboards électriques, 4 200 gyroroues États-Unis, par exemple, il est courant d’y intégrer et 2 200 gyropodes. Des chiffres auxquels s’ajoute tous les véhicules de moins de 500 kilos et donc le déploiement de trottinettes en free-floating – en les scooters et voiturettes. En France, nous avons libre-service et sans bornes – dans des métropoles une vision plus restrictive. Globalement, on fait comme Paris, Bordeaux ou Marseille, gérées par référence aux engins de déplacement personnel des opérateurs inconnus en 2017, tels Lime, Bird, motorisés ou non (EDPM ou EDP), et dont le poids Voi, Circ ou Dott. 16 16 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

LA nat,ure Le blaireauDÉCRYPTAGE CECI N’EST PAS UN OURS ! mise A nu François Lasserre Caroline Gamon Sa stature et sa démarche pourraient nous faire douter, pourtant NA le blaireau, comme l’ours [lire Kaizen n° 48] qu’il n’est pas, reste persécuté pour de fausses bonnes raisons. Est-il détestable au point de l’ignorer, LAau mieux, ou de le déterrer pour le tuer ? MISE PEU AIMÉ ? Oui. En France, à l’instar des autres mustélidés (fouines, putois, belettes, etc.), le blaireau reste parfois considéré comme un « puant nuisible » alors qu’ailleurs en Europe, il peut être protégé. Comme en Angleterre, où il est nourri dans les jardins et orne des cartes postales. Chez nous, au moindre faux pas, voilà le noctambule piégé ou bien déterré et tué par des humains et des chiens hurlants. Étonnant de violence envers un animal si peu ennuyeux… OURS ? Non. Cependant le blaireau partage avec l’ours (et nous, et d’autres…) le fait d’être plantigrade, c’est-à- dire de marcher sur la plante des pieds. Grâce à cela, son empreinte est unique et facile à reconnaître ! 20 20 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

DOSSIER Nolwenn Weiler DOSSIER-PORTFOLIO RÉ- NOVATION DOSS ÉNERGÉTIQUE UN PILIER DE LA TRANSITION Pour enrayer la catastrophe climatique qui menace la vie sur terre, il existe une solution trop souvent oubliée :laréfectiondenoslogements,quiavalent chaque année des quantités indécentes d’énergie – plus encore que nos déplacements. En plus de freiner l’asphyxie de la planète, un plan massif d’isolation de l’habitat pourrait donner du travail à des centaines de milliers d’artisans, et mettre fin au scandale de la précarité énergétique. En attendant que nos gouvernements se décident – enfin – à actionner ce plan, des citoyen.ne.s ont d’ores et déjà décidé de se lancer. En ville ou à la campagne, dans des maisons de terre ou de parpaings, en solo, en famille ou en collectif… l’art de la rénovation est aussi varié que riche ! 22 22 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

DOSSIER-PORTFOLIO SIER © Pascal Greboval 23 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0 23

DOSSIER RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DOSSIER-PORTFOLIO LES CHOUX LENTS ENSEMBLE, DOSSON VOIT PLUS LOIN Situé à une quinzaine de kilomètres de Lyon, l’habitat participatif des Choux lents devrait être terminé à la fin de l’été. Sept années de travaux et d’autoconstruction ont été nécessaires pour aménager sept appartements et une vaste salle commune dans une vieille bâtisse du xixe siècle. Un projet ambitieux, mais joyeux, dopé au 100 % collectif ! Encore quelques semaines de chan- en pisé qui lui fait face. Taille des logements : de tiers collectifs et la rénovation sera 55 à 65 mètres carrés. terminée. « Nous sommes sur la réfection de notre dernière salle SEPT ANS DE TRAVAUX ! commune, décrit Ludo, l’un des Les travaux de réhabilitation se sont étirés sur cohabitants des Choux lents, à une sept années, avec une forte implication des habi- quinzaine de kilomètres de Lyon. Elle fait tants, qui ont réalisé une foultitude de choses, du 60 mètres carrés et nous prévoyons d’y accueillir percement des murs en pisé, pour ménager des des événements culturels et festifs ouverts aux fenêtres, à l’isolation par l’extérieur, en passant membres de l’association qui réunit les habitants par les enduits, les peintures et les réseaux élec- et membres sympathisants. » Avant de se pencher triques. Seuls l’installation de la chaudière bois, sur cette salle commune, Les Choux lents ont l’isolation et la réfection de la toiture, le cloison- aménagé sept appartements qui accueillent nement interappartements et les planchers inter- aujourd’hui dix adultes et cinq enfants. Deux dans médiaires des duplex ont été confiés à des pro- la maison de pierre vieille de cent cinquante ans fessionnels 1. Et pourtant, dans l’équipe, qu’ils ont achetée en 2012, et cinq dans la grange « personne n’est du métier », comme dit Ludo. Pas un architecte, pas un conducteur de travaux, © Jérémy Pain pas un plombier, ni un charpentier. « Mais nous avions tous et toutes très envie de nous y mettre », se remémore Ludo. « Cela faisait vraiment partie du projet, souligne Audrey. Nous ne voulions pas d’appartements tout faits. Nous voulions vrai- ment prendre en charge nos propres logements. Il y avait bien sûr aussi une motivation écono- mique. Mais nous n’avions pas les moyens de tout faire nous-mêmes. » Pas facile, évidemment, de trouver un architecte qui accepte de travailler sur une rénovation aussi vaste, avec sept foyers, pas mal d’exigences en matière d’efficacité énergétique, et l’envie 26 26 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

DOSSIER-PORTFOLIO SIER QUAND LE PARPAING © Laurent Guizard DEVIENT LE PARADIS Voilà six ans que Laëtitia et Frédéric savourent le bonheur d’habiter leur petite maison en parpaing qu’ils ont entièrement rénovée et isolée en laine de bois. Un cocon douillet en ville, S idéal pour limiter le recours à la voiture. ituée à l’ouest de Quimper, et à explique Laëtitia. La métamorphose de ce qui était quelques arrêts de bus du centre- sans doute une « épave thermique » a duré moins ville, la maison en parpaing de d’un an. Elle leur a coûté 70 000 euros, dont 30 000 Laëtitia et Frédéric est enveloppée pour l’isolation1. d’un épais manteau de laine de bois, du sol au toit. À l’intérieur, il fait ORGANISATION ET SENS PRATIQUE tellement bon que l’on peut aller pieds nus, hiver « Les choses se sont très bien enchaînées, rap- comme été, sans avoir jamais froid. Chauffée par porte Frédéric. On a repéré la maison en mars et un petit poêle à pellets, et par les rayons du soleil emménagé à peine un an après. Les travaux, lan- – quand il daigne se montrer – leur maison de cés en juillet, ont duré un peu plus de six mois. » moins de 100 mètres carrés montre qu’en matière Les heureux propriétaires ont eu la chance de de rénovation, tout est possible… « Dans cette pouvoir louer la maison jumelle et mitoyenne de petite maison en parpaing des années 1970, nous la leur pendant toute la durée du chantier. avons recréé l’ambiance d’une maison bois », « C’était vraiment très pratique pour suivre ce 29 29 KAIZEN - N° 50 - MAI-JUIN 2020

DOSSIER RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE OBSERDVOSESIRER-EPOTRTFCOLOIO MPRENDRE SA MAISON Sophie Popot, architecte, a choisi de rénover une ferme normande du xviiie siècle, située à quelques kilomètres de Caen. Une aventure très riche, au cours DOSSde laquelle elle a appris à prêter davantage attention à l’environnement D immédiat des maisons, et à l’expertise des artisans. ans les marais de la Dives, en regardée avec de grands yeux affligés, avant de Normandie, les maisons à colom- lui dire que son projet était irréalisable. « Ils bages sont reines. Sophie Popot, étaient incapables de faire un devis, se souvient- architecte, a décidé d’en rénover elle, parce qu’ils ne voyaient pas par où prendre une, au début des années 2010. les choses. Ils disaient que c’était impossible de « J’ai grandi ici, explique Sophie, savoir combien de temps dureraient les travaux. » qui vit et travaille aujourd’hui à Paris. Mes grands- Et puis un jour, un charpentier affûté en rénova- parents agriculteurs ont atterri dans le marais tion a débarqué, et lui a expliqué que la maison après avoir été expropriés de l’Est parisien, pour était tout à fait récupérable. « Il a détaillé le rôle céder leur place à l’aéroport de Roissy. » Sur l’une de chacun des morceaux de bois qui constituent de leurs parcelles s’élevait une très vieille maison, la maison, il était vraiment dans la transmission. où logeaient des journaliers. Elle gênait et les nou- C’était tellement intéressant ! » veaux propriétaires auraient aimé la raser. Mais Compétent et très investi dans le chantier, le les ouvriers ont refusé. « Aujourd’hui, je leur dis charpentier n’en a pas moins été étonné par cer- merci », sourit Sophie, en balayant du regard sa taines demandes de Sophie, comme ce souhait somptueuse longère toute de bois et de terre vêtue. de ménager une entrée dans le toit pour le couple Elle se dit très attachée à cet endroit où elle aimait de chouettes effraies qui nichaient dans la ruine, venir jouer quand elle était enfant. et que Sophie ne voulait pas chasser. « Je ne sais pas où elles sont allées durant l’été où la char- DES DEMANDES INSOLITES pente a été découverte, mais elles sont revenues Les premiers artisans qu’elle a consultés pour juste après, et bien installées. Il y a trois nichées rénover cette vieille bâtisse du xviiie siècle l’ont par an. » Autre idée déconcertante : celle de re- couvrir le colombage extérieur d’un bardage de peuplier, identique à celui qui brinquebalait en façade au moment où Sophie a récupéré la mai- son. « Quand je me suis rendu compte que la pluie passait à travers les murs rénovés, j’ai réa- lisé que le bardage – dont on se demandait ce qu’il faisait là – avait une réelle utilité, explique Sophie. Dans les marais, aucun arbre ne vient adoucir les bourrasques de pluie et de vent qui s’abattent sur les maisons. » UN MANTEAU DE TERRE CRUE© Laurent Guizard « Autant que possible, j’ai refait les choses à l’identique, avec le souci d’améliorer l’efficacité thermique », précise Sophie. Les doubles colom- bages qui forment l’ossature extérieure de la 32 32 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

DOSSIER AIDES PUBLIQUESDOSSIER-PORTFOLIO UN VRAI CASSE-TÊTE ! Rénover son logement n’est pas qu’un projet personnel. C’est aussi un défi collectif visant à réduire notre empreinte écologique globale. Plusieurs aides DOSSpubliques sont donc proposées à ceux et celles qui décident de se lancer. Problème : comprendre ce à quoi on a le droit est un vrai casse-tête ! Par où commencer quand on veut rénover, et qu’on a besoin d’un coup de manière transitoire jusqu’au 31 décembre de pouce financier ? « Il faut être 2020 » pour les ménages les plus aisés. « Ceux qui très prudent avec Internet, avertit veulent engager des travaux doivent faire vite », d’emblée Nadia Kaminski, conseil- conseille donc Nadia Kaminski. lère info énergie en Île-de-France. Le lien qui mène à la page officielle des aides DES AIDES À GÉOMÉTRIE VARIABLE publiques, celle du gouvernement, n’apparaît Nouvelle née parmi les aides publiques, « Ma jamais en haut de page quand on fait une prime rénov’ » est effective depuis avril 2020. recherche générale type “aide publique à la réno- Remplaçante du CITE, « elle s’adresse aux mé- vation”, ou “ma prime rénov’” » Une fois arrivé nages les plus modestes et dépend du nombre de sur le bon site (qui commence par https://www. personnes au foyer », détaille Nadia Kaminski. economie.gouv.fr/), le casse-tête n’est, hélas ! pas Notez qu’il y a plusieurs catégories de ménages : terminé : onze aides différentes sont listées. La « les modestes », « les très modestes », « les reve- première, le crédit d’impôt pour la transition nus intermédiaires ». Il y a aussi des différences énergétique (CITE), est en fin de vie, « prolongé selon que vous habitez en Île-de-France ou pas. « Exemple : si je suis modeste ou très modeste, et vivant seul.e, j’aurai droit à 20 000 euros pour isoler mon logement par l’extérieur si je suis en Île-de-France et 14 000 si j’habite en Province », cite Nadia Kaminski. Vous suivez toujours ? Versée au moment de la facturation des travaux, « Ma prime rénov’ » est réservée aux propriétaires occupants. « Elle s’ouvrira peut-être à l’avenir aux propriétaires bailleurs, voire aux syndicats copro- priétaires. Mais on n’en sait pas plus pour le moment », poursuit Nadia Kaminski. Forfaitaire, et donc fixe, « Ma prime rénov’ » tient compte des autres aides attribuées. Son montant est calculé en fonction de ce que vous pouvez toucher en certificat d’économie d’énergie (CEE) par exemple. « L’affichage est simple, mais les calculs sont com- pliqués », concède Gireg Le Bris, coordonnateur régional breton des espaces infos énergie. DES DISPOSITIFS MULTIPLES© Pascal Greboval Le plus sûr, quand on a un projet de rénovation, c’est donc d’appeler le réseau Faire (plateforme 36 36 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

PORTFOLIO DOSSIER-PORTFOLIO Pascal Greboval cyril ruoso PORT photographe Emmanuelle Grundmann primatologue SOYONS SINGES ! Emmanuelle Grundmann, voilà à peu près vingt ans que vous étudiez les primates, qu’est-ce qui vous fascine chez les singes ? Ce qui m’a fascinée, dès que j’ai commencé à observer les singes, c’est ce côté miroir. Ils nous ressemblent énormément. On a vraiment l’impres- sion d’être dans une petite communauté où il se passe plein de choses. Avec les grands singes a fortiori. Mais même avec les macaques ou avec les singes qui vivent en grands groupes sociaux, on peut se croire dans une série avec plein de personnages. Il se passe toujours quelque chose, il y a des rebondissements. Ils ont chacun leur personnalité, leurs traits de caractère, leurs traits physiques aussi. Ce qui me fascine également, c’est d’essayer d’être dans leur intimité, sans les perturber évidemment. Il y a comme une réso- nance entre eux et nous. Qu’avez-vous appris auprès des singes ? Même si les singes sont nos plus proches cousins, font partie de notre famille, on ne les connaît pas si bien que cela. Ils ne sont pas étudiés depuis très longtemps, du moins pas étudiés dans leur milieu naturel. Grâce aux Japonais, et à Jane 40 Chimpanzé (Pan troglodytes verus), Guinée 40 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

DOSSIER-PORTFOLIO TFOLIO 41 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0 41

Aurélie Dunouau Et si on SOLUTIONS le faisait ensemble ? LA RECYCLERIE SPORTIVE VIVE LE SEPTORSTI…ON LE ZÉRO DÉCHETEN! SEMBCollecter,trier,répareretrevendre…Endonnantunesecondevieaumatérieldesport, La Recyclerie Sportive, réseau associatif de ressourceries spécialisées, tend non seulement vers un sport responsable et zéro déchet, mais favorise aussi l’accès au sport pour tous. A Reportage à Massy, site pionnier d'une filière en plein essor. u sol, une centaine de vélos, des hal- en camion ou à vélo, c’est le quotidien de l’asso- tères, des tatamis, des clubs de golf, ciation », livre son fondateur, Marc Bultez. « Ce des poteaux de volley, des paniers de sont 60 tonnes de déchets collectés cette année basket, des planches de surf, une par nos deux recycleries de Massy et Paris ; table de ping-pong dépecée… L’entre- 20 tonnes en 2016, lors des débuts. » Des chiffres pôt de stockage de La Recyclerie en croissance constante. Sportive de Massy, en région parisienne, regorge de matériel de sport usagé. Dans ce parking sou- SURCONSOMMATION ET terrain situé dans le quartier prioritaire de la ville, IMPACT ENVIRONNEMENTAL Clément débarque au volant de son camion. « Au vu des flux concernés, ce n’est pas un hasard « Allez, c’est parti ! » Le responsable de la logis- si les premières ressourceries spécialisées tique de la recyclerie motive les deux jeunes béné- concernent le secteur du sport », souligne Julie voles qui l’aident à décharger. « Nous avons encore Sauvêtre, chargée de projet Zéro déchet pour collecté pas mal d’articles de sport auprès du l’ONG Zero Waste France. Selon l’Ademe, le sport magasin Decathlon. Ce sont essentiellement des représente aujourd'hui le troisième marché de invendus et du matériel défectueux. » Des cen- biens de consommation en France, avec une dé- taines de kilos qui seraient autrement partis à la pense moyenne de 253 euros par an et par per- poubelle. « Ces tournées de ramassage, que ce soit sonne. Des secteurs comme le vélo, le running, la 50 50 K A I Z E N

Louna Boulay GoU^t de SOLUTIONS l'enfance LA CONNEC’SON ÉVEIL MUSGIOCÛATLDE POUR JEUNES AUTISTES Depuis 2018, l’association La Connec’son anime un atelier d’exploration sonore et d’éveil musical au sein de l’institut médico-éducatif (IME) Au fil de l’Autre à Nanterre. L’activité, destinée à de jeunes autistes, est axée autour de l’écoute, du jeu et du geste par le biais d’instruments pédagogiques. Reportage. «Comme tous les mercredis matin, à raissent. « Ce sont des instruments fascinants qui l’institut médico-éducatif (IME) Au permettent aux enfants de découvrir de nouveaux fil de l’Autre, à Nanterre, les membres sons et une autre manière d’appréhender les de l’association La Connec’son ins- objets. Notre relation avec eux a évolué. Ils se tallent les instruments de musique sentent plus en confiance et se lâchent », observe dans la salle. Ce jour-là, les anima- Arthur Rozenkopf. teurs bénévoles, Leïla Mandelbrot et Arthur Depuis février 2018, cette activité d’éveil musical Rozenkopf, tous deux musiciens, s’apprêtent à aide des jeunes âgés de 12 à 22 ans, atteints d’au- accueillir une dizaine d’enfants autistes. Hatim tisme ou de troubles apparentés, à éveiller leurs et Kenzo sont les premiers à entrer dans la salle. sens. Grâce à l’Instrumentarium 1 Pédagogique Après un moment d’hésitation, le choix d’Hatim Baschet, les jeunes autistes de l’IME vivent une se porte sur la structure sonore « La Grille », com- expérience créative par le jeu et l’exploration posée d’un clavier de vingt-cinq tiges métalliques. sonore, sans apprentissage préalable. Composé Avec son binôme Arthur – chaque animateur de quatorze structures sonores 2 à base de per- jouant avec un enfant durant quinze à vingt cussions, de cordes et de plaques, qui peuvent minutes –, Hatim frappe avec enthousiasme sur être grattées, pincées ou frappées, ces instru- l’instrument à l’aide de baguettes. Bien que ses ments pédagogiques aident chacun à aborder la gestes soient imprécis, son visage s’éclaire à musique sans a priori. « Cette activité matinale chaque note émise. Quelques mètres plus loin, permet aux enfants de commencer la journée sur Kenzo et Leïla frottent quant à eux une petite une note positive. Qu’ils se défoulent ou qu’ils se brosse sur un autre jeu sonore métallique : « Les détendent avec les instruments, une majorité Cordes ». Au fil des notes qui résonnent dans la repart avec le sourire aux lèvres », constate salle, les visages des jeunes explorateurs sonores Romain Keller, président de La Connec’son et co- se détendent. Peu à peu, des sourires appa- initiateur, avec Enzo Petit, du projet Musique pour 58 58 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

, SOLUTIONS Aude Raux CREATEURS DE CULTURE Jéromine Derigny, collectif Argos LA FRESQUEKRÉ DU CLIMAT JOUER POUR COMPRENDRE La Fresque du Climat est un outil ludique créé en 2015 par Cédric Ringenbach, consultant indépendant en changement climatique. But de ce jeu de cartes et des ateliers participatifs et créatifs associés : relier causes et conséquences du dérèglement climatique en faisant appel à l’intelligence collective. «Avant de commencer à jouer à La Fresque du Climat, est-ce que chacun pourrait préciser quel est son niveau de connaissance en matière de dérè- glement climatique ? », demande Charles Sirot, animateur. « Nous, on ne sait rien du tout », répond Fatimah, entourée de ses deux filles de 8 et 9 ans. « Moi, je suis au courant des grands principes. Si je me suis inscrit, c’est parce que je suis très anxieux face aux pré- visions des climatologues », confie Pierre. « De mon côté, je connais bien le sujet, car je suis cher- cheur spécialiste des océans. Ce que j’attends de cet atelier, c’est d’apprendre à faire de la vulgari- sation scientifique pour pouvoir m’adresser au grand public », raconte Mustapha. Après ce tour de table hétéroclite, l’animateur expose la règle du jeu : « La Fresque du Climat se compose de quarante-deux cartes qui permettent d’appréhen- 62 62 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

MOTS, CHATSSOLUTIONS CROISES ET BIODIVERSITÉ : Emmanuelle Painvin, En 2013, un article de la revue américaine Nature Communications estimant que les chats François Lasserre tueraient plusieurs milliards d’oiseaux et de petits mammifères par an1 a fait couler MOTSbeaucoup d’encre. Les données restent à préciser, mais la question mérite d’être reposée : C nos compagnons ont-ils l’impact sur la biodiversité qu’on leur attribue et, si oui, que faire ? © DR L’avis de Charlotte Escuriolaechataétédomestiquéparl’homme il y a environ neuf mille ans pour lut- ter contre les ravageurs. Il a ensuite proliféré très rapidement. En France, Lon dénombrait en 2016 près de BIO EXPRESS pour les espèces avicoles endémiques et/ou ni- chant au sol, mais ces chiffres sont à relativiser 1991 par rapport à l’impact des activités humaines. Naissance Le chat est très prolifique : un couple et sa “descen- dance” peuvent engendrer jusqu’à 20 736 individus 2011 13,5 millions de chats « de famille » en quatre ans4 ! Pour diminuer sa prolifération et S’engage dans et 11 millions de chats « errants » (non identifiés). son impact, il convient donc de sensibiliser collec- la protection Chats domestiques, harets, errants : ces dénomi- tivités et associations de protection animale à la animale 2014 nations renvoient à différents modes de vie, et stérilisation des chats errants. Côtés particuliers, Maîtrise Comportement degrés de dépendance à l’humain. Le chat haret, on peut, outre la stérilisation, munir les chats de animal et humain né en intérieur, a fui son foyer ou a été abandonné. colliers à clochette pour alerter les oiseaux5 ou atta- 2016 Crée Ani’mots’logie, Au fil des générations, il a adopté des comporte- cher aux arbres un dispositif empêchant les chats entreprise spécialisée en ments plus naturels et perdu de grimper dans les feuillages. comportement du sa familiarisation à l’humain. « Un couple de chats Installer des filets de protection chat domestique (conseil, formation, Des arrêtés de 1987 et 1988 et sa “descendance” et ses nichoirs ou boules de conférences, stipulent qu’il est non chas- peuvent engendrer graisse le plus loin possible des ateliers) sable et non nuisible. maisons sont d’autres idées fa- 2019 jusqu’à 20 736 individusLe chat adapte sa chasse en cilement réalisables. En inté- Cofonde rieur, il importe de proposer au le collectif CATUS fonction notamment des res- (Consultants en quatre ans ! » francophones de la sources alimentaires. Il chat – avec l’aide éventuelle relation Homme/ chat domestique) traque, guette, capture pour d’un.e consultant.e dans la rela- finalement peu consommer ses proies. Cela l’occupe tion Homme/chat – des stimulations mentales et en moyenne 6 heures/jour, avec 14 épisodes d’envi- physiques, et ce même si le chat sort librement. ron 2 minutes 402. Le taux de réussite serait Enfin, si l’on peut être choqué du comportement de 1 à 3 proies pour 10 séquences de chasse. de chasse des chats sur les oiseaux, notons que POUR ALLER PLUS LOIN… Une méta-analyse de 2011, menée sur la disparition progressive des rongeurs n’émeut, 120 îles, a montré que le chat haret, importé elle, souvent personne… n • www.animotslogie.fr sur 75 % de celles-ci en tant que prédateur 1. Scott R. Loss, Tom Will, Peter P. Marra, « The Impact of Free-ranging Domestic Cats on Wildlife of the United States », Nature • www.collectifcatus.com naturel, y est responsable (en partie ou Communications, 4, 29 janvier 2013. Disponible en ligne. 2. Source : Eckstein & Haut, 2000. non) de la disparition de 13,9 % d’espèces 3. Source : IUCN, Union internationale pour la conservation de la nature. 4. Estimation faite sur la base de trois portées de quatre chatons par an. d’oiseaux, mammifères et reptiles, tous 5. À noter : ces colliers peuvent être gênants par le bruit et présenter un risque d’étranglement pour les chats. confondus, dont 8,2 % d’espèces en danger cri- tique 3. Cette prédation est surtout dommageable 70 70 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

TRANSITION BD REPO 72 72 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N

D.I.Y. AUTONOMIE Sylvie Hampikian L’EAU DE Olivier Degorce COLOGNE & Amandine Geers FAIT SON COME-BACK D.I Un peu surannée, souvent copiée, la véritable eau de Cologne mérite d’être redécouverte. Elle bénéficie en effet des vertus de ses huiles essentielles sur le bien-être et le tonus. Sa version DIY est non seulement économique, mais permet aussi d’assurer une composition 100 % naturelle. IL ÉTAIT UNE FOIS… dans les mœurs. Au XIXe siècle, un descendant L’histoire de l’eau de Cologne commence en français et homonyme de Jean Marie Farina cède Hongrie, au XIVe siècle, où la reine aurait reçu sa parfumerie parisienne à son assistant, Jacques d’un ange mystérieux la formule d’une eau de Collas, qui vendra la formule de l’eau de Cologne romarin censée conserver la jeunesse. Un siècle extravieille à ses cousins, Roger & Gallet. plus tard, des religieuses créent à Florence l’Acqua di Regina, à base d’essences d’agrumes. Les an- L’EAU DE COLOGNE SOUS LA LOUPE nées passent et, au XVIIIe siècle, un parfumeur La véritable eau de Cologne est tout simplement italien, Giovanni Paolo Feminis, a l’idée d’associer composée d’une solution hydroalcoolique (étha- le romarin hongrois et les agrumes florentins nol et eau), d’huile essentielle de romarin, d’es- dans son Aqua Mirabilis. Son successeur, Jean sences d’agrumes et parfois d’huiles essentielles Marie Farina, la commercialise dans sa ville plus précieuses (fleur d’oranger, mélisse, etc.). En d’adoption sous le nom d’eau de Cologne. Par vertu de cette composition aromatique naturelle, chance, l’empereur français Napoléon Ier en raf- elle est tonifiante, assainissante, déodorante. fole et la formule entre ainsi dans l’histoire et Qu’on l’emploie vaporisée ou en friction, elle n’a pas son pareil pour donner du pep le matin. Elle DÉCRYPTER LA COMPOSITION apporte une véritable sensation de fraîcheur et DES EAUX DE COLOGNE de propreté et permet même de peaufiner la toi- lette, au niveau du cou, des aisselles, de l’arrière L’eau de Cologne véritable contient de l’alcool, rendu amer pour éviter des oreilles, par exemple. l’ingestion (alcohol denat.), des huiles essentielles (fragrance), de l’eau On peut l’utiliser lorsqu’on en ressent le besoin, (aqua/water). Aucun autre ingrédient ne devrait figurer dans sa mais sans excès toutefois. En effet, elle est riche composition. Par contre la loi oblige à indiquer certains allergènes, qui en alcool (environ 50-60 %) et appliquée trop sou- peuvent être présents dans les huiles essentielles. Il s’agit notamment vent sur la peau, elle peut avoir un effet dessé- des citral, limonène, linalol, géraniol, citronellol. Leur présence sur chant. Par ailleurs, en raison de la présence l’étiquette est plutôt bon signe. Attention en revanche, les versions d’huiles essentielles de citron et autres agrumes, synthétiques contiennent souvent du lilial (propionate de potentiellement phototoxiques, elle ne fait pas butylphénylméthyle), un parfum chimique très allergisant, à éviter. bon ménage avec le soleil et peut provoquer des taches pigmentaires, voire des brûlures. Mieux vaut donc l’éviter si l’on va bronzer à la plage ! n 74 74 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

AUTONOMIE I.Y 75 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0 75

AUTONOMIE « Bats la moringa, mon amour, Que ce bruit me fait du bien ! » Manuel Bandera, poète brésilien (1886-1968) MONDE VA MIEUX 79 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0 79

cuisine AUTONOMIE , E N M,O D E ZE RO DE CHET ! Linda Louis LA SALADECUISINE À TOUTES LES SAUCES ! Pour mettre en appétit, pour « faire passer » un plat roboratif ou pour faciliter la digestion, la salade apporte une vague de fraîcheur bienvenue dans nos assiettes. Voici quelques astuces gourmandes qui vous permettront de bien la conserver, la recycler et l’apprécier… à toutes les sauces ! 1. AVEC LE TROGNON • ajoutez-le dans une quiche ou une omelette ; Presque tout le monde le jette alors qu’il est parfaitement • préparez une soupe : faites bouillir deux pommes de terre comestible ! Riche en eau, en fibres, en glucides et en sels farineuses coupées en dés et un oignon haché 15 minutes. minéraux, cette grosse racine ne mérite pas de finir à la Ajoutez le reste de salade en fin de cuisson. Mixez, versez poubelle. Grattez les parties marron avec la pointe d’un un peu de crème et assaisonnez ; couteau, rincez le trognon, émincez-le finement et ajoutez- • mixez-le avec quelques amandes ou quelques noisettes le dans la salade. Vous pouvez également l’utiliser pour et transformez-le en pesto [lire ci-contre] à déguster avec refaire pousser les feuilles ! Choisissez une jolie salade des pâtes, du riz, sur des tartines de pain… n fraîche et coupez les feuilles à ras pour ne laisser qu’un tronc avec 2 ou 3 centimètres de feuilles. Posez-le dans BIEN CONSERVER ET LAVER une soucoupe d’eau et installez-le proche de la lumière. UNE SALADE VERTE Changez l’eau tous les deux jours. Au bout d’une semaine, de nouvelles feuilles ont poussé. Coupez-les au fur et à mesure. 2. AVEC UNE SALADE UN PEU FLÉTRIE Aussitôt ramassée ou achetée, aussitôt placée au frais! Souvent, un simple bain suffit à raviver une salade flétrie. La salade flétrit très vite à température ambiante, à Disposez-la dans un saladier d’eau et placez-le quelques moins de faire tremper sa racine dans un verre d’eau. heures au réfrigérateur. Sinon, triez-la, lavez-la et faites-la Enveloppez-la dans un torchon bien noué et passé revenir à la poêle avec un peu d’huile d’olive, comme vous rapidement sous l’eau fraîche et placez-la en bas du le feriez avec des endives. Ajoutez-la à une poêlée de petits réfrigérateur. Elle se garde ainsi deux jours. Lavez-la dans pois, carottes, navets et arrosez d’un filet d’huile d’olive. deux à trois bains d’eau froide. Utilisez un saladier pour que la terre puisse retomber au fond, plutôt que de faire 3. AVEC UN RESTE DE SALADE À LA VINAIGRETTE couler l’eau dans une passoire. Ajoutez du vinaigre blanc Certains adorent la salade verte confite, d’autres détestent si elle est vraiment terreuse. Essorez-la dans une sa texture ramollie. Si vous faites partie du deuxième clan, essoreuse ou à l’ancienne, dans un torchon, à l’extérieur. voici quelques astuces pour recycler votre reste de salade : 88 88 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0

cuisine LE FROMAGEAUTONOMIE BLANC , CET INGREDIENT BIO, CUISINESI DOUX, SI FRAIS ! J'EN FAIS QUOI ? Il fait beau, il commence à faire chaud, Linda Louis alors laissons-nous tenter par des recettes rafraîchissantes à base de fromage blanc ! Derrière ce nom se cachent plusieurs produits aux fabrications et textures variées. 90 90 K A I Z E N - N ° 5 0 - M A I - J U I N 2 0 2 0