CONCEPTS ET 3 DÉFINITIONS Auteurs: F. Gillet (Haute Ecole Bruxelles Brabant) and G. Picone (Fondation La Salle, Argentine), G. Baldin (Apprentis d’Auteuil) Editeurs: A. Solander-Gross (CJD, Allemagne), A. Moukarzel (Université St Joseph, Liban) 34
Educateurs et éducatrices Un éducateur sera On peut définir le lien éducatif comme une arti- pour le sujet celui qui culation des générations, vu qu’il tisse des fils très l’a mis en contact fins de confiance entre elles. Chacun les utilisera avec le monde et n’a dans l’aventure de sa propre vie. Un éducateur pas tenté l’épargner sera pour le sujet un mentor ; celui qui l’a mis en les vicissitudes, au contact avec le monde et n’a pas tenté l’épargner contraire, lui a pourvu les vicissitudes, au contraire, lui a pourvu des ou- des outils pour y faire tils pour y faire face. A la base, ce ne sont pas les face. titres, ni les études, ni les rôles qui font de quel- qu’un un éducateur ou une éducatrice ; ce qui est fondateur, c’est le lien éducatif. CONCEPTS ET DÉFINITIONS 35
L’éducation populaire Une éducation qui Quand on parle d’Éducation populaire, on le fait comprend les jeunes en pensant à une éducation qui accueille la réa- comme des sujets lité conflictuelle de la vie puisqu’elle s’en nourrit ; de droits et croit qui assume la diversité et interpelle l’inégalité. que la connaissance Une éducation qui comprend les jeunes comme se construit des sujets de droits et croit que la connaissance collectivement. se construit collectivement. On pense une édu- cation qui cherche la justice sociale et, pour cela, regarde la réalité du point de vue des groupes subalternes, des appauvris, des défavorisés. On discute les destins prédéterminés et nous com- prenons que toute éducation est politique, non neutre, et que son intentionnalité doit exprimer clairement la décision de transformer le monde pour la construction de vies plus dignes. 36 CONCEPTS ET DÉFINITIONS
La pédagogie de la présence La pédagogie de la Aujourd’hui, les jeunesses demandent une aide présence, en tant que effective pour surmonter des obstacles qui em- théorie qui s’engage pêchent son plein développement. A cet effet, on avec les finalités et propose quelques actions à poursuivre, en par- les moyens, se propose tant de la réconciliation du jeune avec soi-même un chemin à travers et avec les autres, en lui offrant la possibilité de de l’articulation de socialisation qui lui permettra de concrétiser un ses outils théoriques chemin plus digne et humain pour la vie. avec des propositions concrètes La pédagogie de la présence, en tant que théo- d’organisation des rie qui s’engage avec les finalités et les moyens activités pratiques. de cette modalité d’action éducative, se propose un chemin pour ce paradigme émancipateur, à travers une correcte articulation de ses outils théoriques avec des propositions concrètes d’or- ganisation des activités pratiques. Son orientation de base consiste dans le rachat de ce qu’il y a de positif dans la conduite des jeunes en diffi- cultés, sans les étiqueter, ni les classer dans des catégories basées seulement sur ses déficits. Aucune loi, aucune méthode ou technique, au- cune ressource logistique, aucun dispositif po- litique institutionnel peut remplacer la fraicheur et l’immédiat de la présence solidaire, ouverte et constructive de l’éducateur devant l’apprenant. CONCEPTS ET DÉFINITIONS 37
L’interculturel Ne pourrait-on pen- Les humains, on s’est toujours senti interpelés ou ser l’interculturalité incommodés par d’autres cultures. Nos réponses comme un défi mutuel ont basculé entre deux extrêmes : d’une part, l’éli- qui s’agit de fouiller mination de toute différence culturelle (religieuse, dans chaque dimen- linguistique, morale, etc.) et, de l’autre, un relati- sion de la viepour visme qui soutient qu’il n’y a pas de possibilités savoir quelle est la de juger, valoriser o préférer un modèle culturel possibilité qui per- ou une coutume plus qu’une autre. Mais, quand mette une vie plus on voit des cas concrets, on se rend compte que libre, avec des besoins les deux extrêmes comportent un certain type de satisfaits et un plein violence, soit par imposition, soit par le relativisme développement ? qui maintient de manière conservatrice des mo- dèles inacceptables de comportement. Divers exemples peuvent être pensés pour les deux extrêmes. A partir du paradigme des Droits Hu- mains, on a essayé de trouver un seuil commun à partir duquel on pourrait aborder les différences et les mettre en communication, mais ce seuil est traversé en grande mesure par des institutions et des concepts occidentaux. Est-ce celle-là la seule possibilité de relation ? Ne pourrait-on pen- ser l’interculturalité comme un défi mutuel dans lequel toutes les personnes et les communau- tés sont plongées ? Nous sommes traversés par nos coutumes, nos croyances et nos traditions et, alors, ce dont il s’agit c’est de fouiller dans chaque dimension de la vie (santé, politique, économie, sexualité, nourriture, etc.) pour savoir quelle est la possibilité qui permette une vie plus libre, avec des besoins satisfaits et un plein développement. 38 CONCEPTS ET DÉFINITIONS
L’interreligieux Toute spiritualité Un aspect essentiel de l’expérience spirituelle est située dans un est la liberté de croyance et d’expression. Mais contexte et, par toute spiritualité est située dans un contexte et, conséquent, a les par conséquent, a les possibilités et les limites de possibilités et les sa propre histoire. La relation avec d’autres spi- limites de sa propre ritualités et la propre relation avec la multiplici- histoire. té présente dans la propre tradition de chaque personne, permettrait d’envisager les différents aspects en relation avec la spiritualité d’une ma- nière plus pleine, conscient de ses propres choix, des responsabilités et des limites qui sont im- pliquées. Ainsi, les aspects communicatifs, es- thétiques, psychologiques et éthiques en rela- tion avec les diverses spiritualités peuvent servir comme point de départ pour revenir sur la propre tradition d’une manière plus réflexive, critique et libre et, par conséquent, plus responsable. En même temps, cette communication et cette tournure réflexive permettrait aussi d’identifier des traits communs dans les diverses traditions. L’actuelle conscience des problèmes qui af- fectent globalement les êtres humains, comme la violence, l’inégalité, la destruction des écosys- tèmes ont, dans les traditions culturelles et spi- rituelles des réponses diverses. C’est de là que les propres traditions spirituelles et culturelles pourvoient un potentiel critique et autocritique pour envisager les origines de ces situations non désirées et y proposer et justifier des réponses alternatives. CONCEPTS ET DÉFINITIONS 39
La cohésion de groupe Un process dynamique qui se reflète dans la ten- dance du groupe à se maintenir et demeurer uni, dans la recherche de certains buts et/ou pour la satisfaction des besoins affectifs des membres qui grâce à cela n’oublient pas que soutenir le groupe est aussi une tâche à développer. 40 CONCEPTS ET DÉFINITIONS
L’expérience du conflit La finalité de la relation est la transformation des personnes pour la transformation sociale. Les personnes seront transformées par la résolu- tion des multiples conflits qui tissent cette rela- tion : des conflits cognitifs, des conflits relation- nels, des conflits religieux et/ou spirituels, des conflits sociaux, des conflits affectifs… Penser la relation comme un tissu de conflits implique de la penser comme un espace d’auto transforma- tion et auto conscience, d’inter transformation et inter conscience, duquel tous les acteurs sortent transformés par la résolution méthodique et consciente des conflits. Penser la relation comme un tissu de conflits implique de la penser comme un espace d’auto transformation et auto conscience, d’in- ter transformation et inter conscience, duquel tous les acteurs sortent transformés. CONCEPTS ET DÉFINITIONS 41
La Communauté de Pratique et de Savoirs (CPS) Des professionnels du Une communauté de pratiques et de savoirs est monde entier par- une communauté démocratique, inclusive, trans- tagent et capitalisent formatrice, participative, dialogique, qui se défie les pratiques, les soi-même constamment, qui transforme tout en approches et les pos- fait pédagogique d’enseignement et d’apprentis- tures dans le travail sage pour une auto formation collective, pairs. éducatif interculturel et interspirituel. Des professionnels du monde entier partagent et capitalisent les pratiques, les approches et les postures dans le travail éducatif interculturel et in- terspirituel. Les associations qui composent cette communauté de pratiques sont convaincues que ce travail à un niveau international sera, pour les années à venir, une voie d’enrichissement et d’ex- cellence concernant le soutien que nous propo- sons aux enfants et aux jeunes les plus vulnérables. A moyen et long terme, la CPS a pour enjeu d’iden- tifier ou produire des connaissances nouvelles (théoriques et pratiques) à propos de l’éducation à la relation, pour les valoriser et les diffuser dans des contextes différents au-delà des frontières. 42 CONCEPTS ET DÉFINITIONS
Voici comment la communauté de pratiques a défini défini l’« être éducateur » Un éducateur croit Un éducateur est conscient du pourquoi et du en la jeunesse et comment de chacune de ses actions, est au offre des pistes et service de ceux qui sont dans le besoin, accom- des valeurs pour une pagne avec humilité et ambition. meilleure qualité de vie, fait évoluer sa Un éducateur écoute et évite le jugement, laisse mentalité du “je” au le jeune décider pour lui-même, l’accompagne “nous”. vers où il/elle a besoin d’aller ou vers ce qu’il/ elle a besoin d’être. Un éducateur croit en la jeunesse et offre au jeune l’opportunité de choisir et de se position- ner, offre des pistes et des valeurs pour une meil- leure qualité de vie, fait évoluer sa mentalité du “JE” au “NOUS”. Eduquer c’est transformer, c’est un acte politique de changement sociétal. CONCEPTS ET DÉFINITIONS 43
La Pédagogie Nomade (voir expérience de pédagogie nomade à Limerlé - Belgique 2008) Dans une école à Pédagogie Nomade, personne n’est considéré comme inadapté à l’école ; on part du principe que chacun doit participer à la construction de son école de sorte qu’il s’y sente adapté. Pour des élèves en difficulté avec l’école traditionnelle, l’école nomade présente une alternative parce que le fonction- nement scolaire y est en perpétuelle réflexion. Rien n’est acquis: tout est à construire, déconstruire, reconstruire. Ce projet de Pédagogie Nomade s’appuie sur trois axes essentiels: un principe effectif d’égalité radicale et scrupuleuse: profes- seurs et élèves, à égalité dans l’exercice du pouvoir, décident de l’orientation et de l’organisation de l’école. une participation de tous les membres de l’établissement à la gestion quotidienne de l’école, qui permet d’étendre, de multiplier et de différencier les traditionnels « cours » par leur mise en pratique. la mise en place de diverses options pédagogiques qui trans- forment le rapport des élèves et des professeurs au savoir. Ce qui mène à apprendre la démocratie dans tous les coins. Dans ce laboratoire scolaire, le pouvoir est réparti entre les profs et les élèves. Pas de directeur, de préfet de discipline ou de femmes d’entretien. Tout le monde est appelé à gérer l’école : administration, nettoyage, cuisine, etc. Conseil d’institution, réu- nions publiques, groupes de base : la démocratie est au cœur du projet. On veille à respecter le rythme, les compétences et les besoins de l’élève. Rien n’est établi à l’avance. Cours «ex cathedra », ateliers, animations, contenus traditionnels (maths, sciences, géo ), tout se mélange. 44 CONCEPTS ET DÉFINITIONS
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