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Le Scoop Volant - 2

Published by tinadessine, 2023-05-03 21:17:55

Description: Le Scoop Volant - 2

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LE SCOOP VOLANT2Journal avec une touche spatiale L'art et les vies dans LA RUE Life Invader

À M.Rivas et Ewans Black qui ont participé au contenu de cet article et qui ont perdu la vie avant d'en lire ses lignes.

Édito C'est avec un immense plaisir que ce nouveau numéro du Scoop Volant parait enfin. La rédaction a été rude mais quelle aventure ! La rue a composé une partie de mon adolescence et elle écrit une histoire bien différente pour chacun d'entre nous. C'est la raison pour laquelle je suis partie rencontrer et recueillir les témoignages de celles et ceux qui travaillent pour, par et dans la rue. Bonne lecture ! Remerciements Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui nous ont ouvert les portes de leur quartier et qui ont accepté de raconter leur histoire de vie. Merci pour votre disponibilité et votre confiance. Remerciements chaleureux à l'attention de Emilio Montero et Yogi Baragouine pour leur soutien et pour l'aide à la prise au contact. 3

À la fois premier lieu de connaissances, d’expressions et de rencontres qui bâtit notre société, la rue est remplie de notre vie, de nos activités, de nos temps forts et de notre histoire. Étant une destination très prisée du tourisme mais aussi un axe important sur les routes de l’immigration, Los Santos accueille encore aujourd’hui divers communautés et artistes du monde entier. La rue en devient alors le premier témoin car il est le support le plus accessible pour l’expression culturelle et artistique. Cette revue va faire la lumière sur une part de la population très souvent mise dans l’ombre et montrer quel rôle l’art joue-t-il dans l’expression et la mémoire des communautés. Le graff : s’exprimer et marquer SPRAY, un artiste-graffeur très prisé de Los Santos, a accepté de nous expliquer le monde du graff, sous toutes ses coutures. Pour commencer, le graff peut prendre place sur des murs montés dans des festivals, sur les murs de bâtiments, des façades et parfois à même le sol et sur de la végétation citadine mais les murs restent la toile favorite. 4

Le graff se distingue en deux catégories de créations : le graff hardcore qui va prendre place dans des zones privés, non autorisées voir risquées comme des bords d’autoroutes, les murs de commissariat de police, les wagons de trains… L’un d’entre eux et le plus célèbre : CAB. Et d’un autre côté, nous avons les graffs autorisés, présentés sur dossier avec les commanditaires et validés par le gouvernement. Ces projets peuvent être cofinancés par la communauté accueillant l'œuvre. Des collaborations sont plus difficiles avec certaines institutions ou entreprises du fait que les bâtiments sont l'œuvre d’architecte. 5

Dans les récents travaux de SPRAY, nous retrouvons trois graffs majeurs en ville. Sa démarche est de prendre contact avec les gens afin de montrer son travail et c’est grâce à l’acceptation d’un projet avec la communauté de Little Seoul que le graffeur a pu faire ses premiers pas sur la scène artistique. Cela a permis de gagner la confiance du public et de sa clientèle. Combinant son art du graff avec sa passion pour le hip-hop, l’artiste continue de travailler sur de futures pièces pour la rue. Cependant, dans la rue rien n’est définitif, le seul moyen de conserver ces productions, c’est de les réaliser dans des lieux protégés par des institutions ou des communautés et surtout, de garder des traces photos. SPRAY qualifie les clichés de son travail comme des trophées et à raison. Les graffs peuvent être détériorés voire disparaître derrière la colle des affiches ou la peinture d’un autre artiste. 6

Certains lieux qui accueillent ces œuvres sont des pépites cachées pouvant être qualifiées de quartier historique. En effet, pas mal de dessins et de graffs sont des hommages à des personnalités mais aussi un rôle décoratif, d'expression d’une culture, de motifs. C’est donc une forme d'appropriation de la rue et de visibilisation de la diversité des communautés qui y habitent. 7

Pour la communauté hispanique de Jamestown Street, cette collaboration avec SPRAY est une véritable célébration populaire de la communauté et cela a permis de tisser des liens entre bons nombres de personnes. Cet art est donc très apprécié et provoque toujours un grand enthousiasme auprès des communautés, notamment migrantes. Pour les graffs présents dans les rues jouxtant la plage de Del Perro, les locaux témoignent aussi leur joie de voir s’exprimer de nouveaux artistes. Les rues se couvrent de peintures, de fresques, de graffs et d’affiches très colorés qui égayent le quartier. Cela reflète l’attractivité de San Andreas et les riverains sont prêts à laisser la place suffisante pour que cette jeunesse puisse s’exprimer. 8

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En quête d’identité et de respect L’art dans la rue est donc une place de démonstration, ancrée et chargée d’histoires de vie. Elle montre une identité mais aussi délimite le champ de son expression. En effet, certaines créations musicales et certains graffs font l'objet d’un signe de respect. La revendication d’un lieu par l’art est une façon de protéger un quartier et faire honneur à ceux qui étaient là. La communauté de Forum Drive s’exprime sur ce sujet. Le quartier représente à leurs yeux une zone safe pour la vie de leur communauté. En effet, les quartiers sud de la ville, positionnés proches des zones industrielles, connaissent une faible attractivité mobilière et professionnelle pour les milieux bureaucratiques. Les entreprises vont donc s’installer plus au centre de la ville, créant une inégalité sur la répartition des activités et des populations dans la ville. Rajouté à cela une discrimination très ressentie par ces communautés et des tensions avec la police, les rues se ferment sur elles-mêmes. Cependant, pour pallier ce phénomène, plusieurs espaces sont ouverts autant aux locaux qu’au reste de la ville dans le but de faire vivre le quartier. La rénovation de l’église fait partie d’un des projets d’ouverture de la communauté afin de montrer sa culture et son histoire. Les habitants cherchent à trouver un juste milieu entre ouverture du quartier et protection de la communauté. 10

L’événement SlowRider organisé conjointement par les Verts et la Marabunta Grande était dans ces mêmes objectifs : -créer un espace de discussion et d’échange entre les gens, qu’importe son origine ou sa situation sociale. -montrer que la discussion possible avec les communautés et les gangs -montrer leur identité et leur personnalité -faire découvrir la culture et les passions de chacun Et en effet, cette manifestation automobile a pu rassembler de nombreux passionnés et des curieux. Des échanges et le public a été sensibilisé à la culture et la langue des différentes communautés immigrantes présentes. De nouveaux rapports ont pu s’établir entre les gens et ainsi ouvrir le dialogue. 1111

Pour ce qui est du graff, de nombreux murs ont accueilli plusieurs artistes dont l’un d’entre eux, nommé Chamberlain, très apprécié et qui a pu faire ses débuts sur les murs de Forum. Même volonté que dans les précédents sujets, les graffs et fresques que l’on peut découvrir sont des références à de fortes personnalités du quartier, à des événements marquants ou tout simplement une participation volontaire des artistes à décorer les rues de leur vision du monde ainsi que de leur sensibilité. Il s’agit d’un véritable musée de la vie qui s’inscrit sur les murs. 12

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à travailler par et pour la rue ? La quartier offre de meilleures conditions de vies que l’orphelinat où j’étais Difficultés rencontrées après être sorti de prison Nouveau départ Pas le choix Moyen de se faire de l’argent rapidement J’y ai trouvé une famille Reconnaissance Attirance pour les belles voitures Entouré depuis l’enfance par des gangs J’ai pris goût à braquer Retrouver ma communauté et la protéger 13

La jeunesse : première recrue dans la rue La rue, c’est tenter sa chance. Si cela sonne comme une ode à l’aventure, il en est une toute autre réalité pour un grand nombre de jeunes, livrés à eux-mêmes dans la rue. C’est un face-à-face avec le monde qui écrit des histoires rudes. Un artiste, qui désire conserver son identité, nous raconte son parcours de vie ainsi que l’évolution de sa pratique artistique. Ayant quitté son foyer familial à l'âge de 14 ans, il va devenir petite main pour vendre de la dope. La chanson accompagne toute sa vie et la rue devient sa muse, son inspiration dans ses textes et son rythme. Après de nombreux voyages en Europe puis en Asie dans ce business, il vient à Los Santos avec les mêmes intentions. Il devient rapidement apprécié de la communauté dans laquelle il travaille grâce à ses textes et aux concerts improvisés dans les rues du quartier. C’est la musique qui l’a ramené de l’autre côté de la loi. Cela lui a apporté une stabilité, l’a poussé à partir en tournée pour promouvoir son travail, loin de la criminalité. Il peut enfin se concentrer sur qu’une seule chose : le rap et il garde la rue comme inspiration et comme espace d’expression pour y faire des concerts, ouverts à tous. Quand le sujet de la jeunesse est évoqué, il répond que la rue sera toujours là mais fait une mise en garde sur le fait que tout le monde n’y a pas sa place. Il y a beaucoup de morts et même une fois sorti, les risques sont toujours là. 14

<< Être dans la rue, n'est pas une facilité. Si tu prends le temps, ça t'offre une famille. >> Quant à son travail d'artiste, l’énergie et les vibrations de la rue continuent de composer son travail. Il confie qu’un changement peut se faire sentir dans ses textes car il apprécie refléter les changements de sa vie quotidienne comme il aime découvrir de nouveaux styles. La communauté salvadorienne d'Amarillo Boulevard confirme également cette tendance auprès de la jeunesse. La liberté de s’exprimer par la danse, le chant et la peinture, l’attractivité des belles voitures ainsi que le gain rapide d’argent vont attirer facilement des individus de cette tranche d’âge, voulant sortir de la précarité. Telle une sirène, de nombreuses personnes embrassent la rue dans un ultime appel à l’aide et dans l’objectif de s'offrir une meilleure qualité de vie. Seulement, les risques ne sont mesurés qu’après avoir commis plusieurs délits, inscrivant des lignes sur les casiers judiciaires et fermant ainsi les portes à plusieurs emplois. Sans parler des risques mortels qui coûtent encore aujourd’hui la vie à trop de gens. C’est donc un cercle vicieux qui commence : délit -> casier -> difficulté à trouver du travail -> manque d’argent -> délit … En réponse à cela, des associations comme Sortez-moi de la Rue ont vu le jour pour tendre la main vers cette jeunesse et faire un accompagnement complet pour la bonne réintégration des personnes dans la vie civile. Cela redonne de l’espoir aux communautés et les encourage à persévérer dans la création d’événements pour continuer le dialogue et favoriser de meilleures ententes. 15

Pour conclure Los Santos est rythmée par les nombreux évènements artistiques qui construisent de jour en jour la ville. Face à ces inégalités sociales, toutes les communautés ont la même volonté à trouver une forme de dialogue et d'ouverture vers l'autre, dans le respect de leur culture. La rue reste et restera toujours le point d’ancrage commun à tous. La rue est pour la population une source de réponses pour leur situation de vie et l’art est sa façon de dialoguer et de raconter les histoires de ces communautés. C’est aussi le meilleur moyen de faire entendre ses opinions, ses prises de positions politiques et sa manière de montrer son identité, sa vie. Dans le contexte actuel de la ville où le dialogue semble rompu, plusieurs gangs et groupes criminels se font ouvertement la guerre et cela démontre jusqu’à quelles extrémités ces communautés sont prêtes à aller pour défendre sa culture et son identité. Il y a encore de nombreuses rues à décorer de graff, de peintures, d’affiches. Il y a encore de nombreux concerts à organiser et à partager. Il y a encore de nombreux événements à voir et à participer tous ensemble. Ne laissez pas le sang effacer qui vous êtes. 16

Mise en page et édition : Robin Norcier Illustrations, Photographies, Prise son : Ewans Black, Talarrico Mendes, Robin Norcier Rédaction : Robin Norcier

Contact Life Invader : 555-LIFE Robin Norcier : 555-0968


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