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No 131 Acteurs de l'économie

Published by AGEFI, 2016-06-28 09:53:19

Description: Juillet - Août 2016

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la région  : il s’agit du Léman Express. © DR « Le projet a CEVA ComprendreLa philosophie est donc bien différente, peut-être despuisque l’on pourra se rendre, sans chan- opposants mais il a Ce projet a également beaucoup de sup-ger de train, de Coppet (canton de Vaud) aussi beaucoup porters. Nous pouvons facilement nousà Champel (Genève), ou de Thonon-les- de supporters. » en rendre compte lors d’événements queBains à Lancy-Pont-Rouge (en Suisse), par nous organisons à cette fin. Une manièreexemple. La desserte fine sera assurée par de Lancy-Pont-Rouge qui desservira de répondre ainsi aux sceptiques en sou-les transports publics genevois et français. le futur quartier du PAV (Praille-Aca- lignant que le CEVA permettra à Genève cias-Vernet). Les constructions autour de de développer un véritable RER, commeD’autres critiques s’élèvent quant aux ces trois dernières stations sont possibles ce fut le cas à Zurich, il y a plus de 30choix de placement des stations. De quelle grâce à l’enfouissement du tracé CEVA et ans. Pour eux, il paraît aujourd’hui diffi-manière ceux-ci ont-ils été décidés ? permettent la création de plus de 4  000 cile d’envisager leur région sans ce RER.Il a été établi selon des critères urbains, logements et de surfaces d’activités nou- Donc, nous pouvons souhaiter le mêmevalidés par le Grand Conseil. Ainsi la sta- vellement créées autour des gares. De succès à Genève.tion de Champel desservira les Hôpitaux façon globale, plus de 240 000 personnesuniversitaires de Genève (HUG), un des travailleront ou habiteront à moins de 500 Une continuité est prévue au projetplus importants employeurs du canton mètres d’une station CEVA. CEVA que ce soit en France ou en Suisse.avec environ 10 000 salariés, sans parler Qu’en est-il aujourd’hui ?des visiteurs et des personnes s’y rendant Depuis le départ, le projet CEVA cristallise La continuité opérationnelle sera assu-pour des soins ambulatoires. La station de les tensions malgré son adoption par une rée par le Léman Express qui mettra enCarouge-Bachet se situe à l’entrée sud de majorité de Genevois. Que répondez-vous œuvre une offre circulant sur 230 kilo-Genève et constituera un pôle d’échange aux plus sceptiques ? mètres de ligne. Outre le RER, des trainsmultimodal important avec l’autoroute de «  Régio-Express  » iront de Lausannecontournement et les Transports publics jusqu’à Annemasse en passant par Lancy-genevois (TPG). Qui plus est, ce quartier Pont-Rouge et Genève - Eaux-Vives.est en plein développement immobilier. Concernant l’infrastructure, le déve-Il sera aussi important autour des stations loppement ferroviaire de l’Arc Léma-des Eaux-Vives, avec notamment la Nou- nique va se poursuivre notamment avecvelle Comédie de Genève, mais également le projet Léman 2030 incluant, entre autres, l’extension souterraine de la gare Cornavin.N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 51

Comprendre CEVALe projet alternatif au CEVA actuelproposé par l’Associationpour une meilleure mobilitéfranco-genevoise. « Nous ne nous opposons a d’ailleurs publié une bande dessinée pas au CEVA, mais Super CEVA dans la ville, en novembre à sa forme actuelle. » 2015, résumant de façon ludique les Cette phrase de arguments des opposants. Le premier Wolfgang Peter, pré- concerne ce qu’ils désignent comme des sident de l’Association pour une meil- mensonges sur les coûts. Le projet pour la leure mobilité franco-genevoise, résume partie en territoire suisse était devisé au parfaitement la bataille qu’il mène depuis départ en 2002 à 941 millions de francs maintenant une décennie. L’homme de (851 millions d’euros) alors qu’il atteint loi déclare qu'il ne lutte pas pour ses aujourd’hui 1,47 milliard de francs. Le propres intérêts. Au contraire, il souhaite deuxième met en avant une mobilité défendre Genève et sa région et ne com- transfrontalière insuffisante  : le CEVA prend pas qu’un tel projet ait été accepté ignore le pôle Saint-Julien/Bardonnex, et alors qu’une solution alternative, « moins le réseau ferroviaire au-delà d’AnnemasseLES OPPOSANTS SUISSES MOBILISÉSDANNY BAUMANN chère  », existe. Le 29 novembre 2009, est vétuste. Un manque d’engagement de une votation populaire était program- la France pour développer ce réseau est52 Acteurs de l’économie - La Tribune mée sur l’acceptation ou non du projet également pointé du doigt. Ils fustigent actuel du CEVA. Un plan alternatif avait par ailleurs les concepteurs du projet sur ainsi été proposé par les opposants : une la mauvaise répartition des stations et leur ligne reliant Genève-Cornavin à Anne- mauvais placement. Le CEVA ne dessert masse par la ligne existante du pied du pas des points clés de la ville tels que la Salève. Une gare-relais avec un parking place centrale de Plainpalais, l’Université d’échange (P+R) de 4  000 places à Bar- de Genève et surtout l’aéroport genevois. donnex (Suisse) et un tram rapide en Pour terminer, un des arguments fait du tranchée couverte reliant Annemasse à CEVA un train dit de grandes lignes et Genève Eaux-Vives. Selon eux, ce pro- non un métro alors qu’il a été présenté jet alternatif permettait, entre autres, comme tel. Les cinq stations prévues une économie de 600 millions de francs sur le tracé de 16 kilomètres n’offriraient suisses (543 millions d’euros) et ouvrait pas assez de flexibilité et ne correspon- deux portails à Annemasse et Bardonnex draient pas à un métro tel qu’il est visible au lieu d’un seul avec le CEVA actuel (qui dans d’autres agglomérations urbaines. ne relie que la première). D’autres problèmes tels que les nuisances, la gestion des gravats, le non-respect de « MENSONGES » SUR LES COÛTS l’environnement ou encore la mauvaise Finalement, la population a plébiscité gestion du matériel roulant (deux sys- le CEVA à 61,2 %. Wolfgang Peter, lui, tèmes différents, français et suisse) ainsi continue son combat, estimant que «  le que le manque de gestion commune des peuple est mal informé.  » Son association conventions de travail sont soulignés. N°131 Juillet-Août 2016

RUBRIQUE DE NOM ComprendreCET ÉTÉMETTEZ-VOUS AU VERTNOUS ENTRETENONS VOSESPACES VERTSArrosage automatique I Espaces détente I Elagage IClôtures I Contrats d’entretien I Création I Fleurissement © FotoliaCHAVANAY LOZANNE ANDREZIEUX SAINT LAURENT VALENCE FEYZIN Consultez-nous :Siège Social ZI des Prés Secs BOUTHEON 2 Place Edmond Parc d’Activité Tél. 04 74 87 09 09 ZI des Vollons DE MURE Château de l’IleZI de Verlieu Rue Louis Arnal Rue Valentin ZI de Terre Valet Regnault 69320 Feyzin www.chieze.frRN 86 69380 Lozanne Mesmer Avenue des 26000 ValenceN42°14310JuCilhleat-vAaonûaty2016 42160 Andrézieux Catelines Bouthéon Acteurs de l’économie - La Tribune 53 69720 Saint Laurent de Mure

Comprendre RUBRIQUE DE NOM Précurseur en Rhône-Alpes à se créer sous le statut de Scop, Alma sert désormais de modèle aux jeunes pousses de l’écosystème grenoblois. Sa force ? Un fonc- tionnement autonome et responsabilisant qui incite les salariés à intégrer très tôt la gouvernance de la société.54 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

RUBRIQUE DE NOM ComprendreBienvenue en« ALMATIE »IMMERSION, MARIE LYANPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEN°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 55

Comprendre BIENVENUE EN « ALMATIE »56 Acteurs de l’économie - La Tribune l’extérieur, ils sont pour la plupart ingénieurs. Mais dès qu’ils franchissent la porte de l’entreprise, située dans la banlieue de Grenoble, les salariés d’Alma deviennent des «  Almatiens  ». «  On trouvait que les mots salariés et sociétaires ne reflétaient pas vraiment ce que nous vivons ici  », souligne Laurence Ruffin, la PDG. Car depuis sa création en 1979 par des chercheurs de l’université de Grenoble, il baigne dans les locaux de l’entreprise informatique une philosophie unique, qui ne se résume pas seulement au concept « un salarié, une voix ». « Nous avons choisi le statut de Scop (Société coopérative et participative) pour des raisons idéologiques, car cela correspondait au fonctionnement démocratique des laboratoires universitaires, avec une assemblée de pairs », raconte Christophe Lacôte, l’un des quatre fondateurs. Dans les locaux qu’occupe Alma depuis 1994, sous la verrière, il n’est pas rare de trouver des salariés-sociétaires (81 sala- riés) qui se détendent en jouant au ping-pong durant la pause déjeuner, pendant que d’autres se retrouvent à la cantine, autour d’un plateau repas fourni par «  Au bon sens des mets  », une autre Scop hébergée sur le site. N°131 Juillet-Août 2016

BIENVENUE EN « ALMATIE » Comprendre Grâce à son modèle, Alma, spécialisée dans l’informatique, bénéficie d’un généreux coussin de 10,8 millions d’euros, accumulé depuis sa création, qui lui permet de réaliser des acquisitions stratégiques.Laurence Ru n Xavier Herrero Christophe Lacôte Pierre Bucher Raoul Le Bas« Nous appliquons une sorte de droit du sol :chaque salarié ayant un an d’ancienneté se voitautomatiquement proposé de devenir sociétaire »N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 57

Comprendre BIENVENUE EN « ALMATIE » ans), ingénieur en développement, « cela replace les managers dans leur juste rôle, celui de faire travailler les personnes ensemble et deSOCIÉTAIRES APRÈS UN AN résoudre les conflits ». Entré en 2012 après une carrière au sein deSi Alma est souvent prise en exemple, c’est parce qu’elle a poussé groupes informatiques privés et d’un établissement hospitalier,le concept à son paroxysme : tous les salariés ou presque sont Raoul Le Bas, 37 ans, a découvert ce type de structures participa-sociétaires. Un taux hors du commun dans l’écosystème des tives : « J’ai été étonné qu’un tel fonctionnement soit possible, et surprisScop. Et pour cause : « Nous appliquons une sorte de droit du sol : de voir 15 personnes de l’équipe assister à mon second entretien. Ilnous proposons, automatiquement, à tous les salariés ayant un an ajoute : Que le bénéfice soit reversé sur les salariés change le regardd’ancienneté de devenir sociétaires », explique Christophe Lacôte. sur la hiérarchie ! »« Tous ceux qui nous rejoignent ont vocation à devenir sociétaires »,ajoute la PDG, mettant un point d’honneur à le souligner. Arrivée UN MODÈLE DE CAPITALISATIONaux commandes en juillet 2009, cette dernière connaît bien cet La Scop rémunère ainsi justement le travail, et non pas le capital,univers, pour avoir travaillé six années à l’Urscop (Union régio- comme le rappelle le fondateur, Christophe Lacôte. « Il ne fallaitnale des Scop), après une première vie au sein de grands cabinets pas non plus d’ambiguïté à ce sujet. » Alma a donc bâti son modèlede conseil. « Mais l’objectif de faire gagner de l’argent aux actionnaires selon le ratio suivant  : 40 % du résultat est mis en réserve aune me correspondait pas », reconnaît-elle. sein de l’entreprise, 10 % est reversé aux associés et 50 % enAu sein d’Alma, les fondateurs ont souhaité que la parole soit participations à tous les salariés. « Chaque nouvel associé met unelibre et les informations transparentes, ce qui se traduit par la somme symbolique (50 euros) à l’entrée, puis reverse chaque mois 1 %publication des salaires, comptes et résultats à tous les colla- de son salaire en capital. En fin d’année, Alma abonde pour le mêmeborateurs. Tous les deux mois, le conseil d’administration fait montant, c’est-à-dire que nous versons en capital la même somme queparvenir une lettre d’information sur différents sujets (projets, ce que l’associé-salarié a lui-même capitalisé  », précise Laurencefinances, stratégie, etc.). «  C’est comme être citoyen d’une ville  », Ruffin. Un fonctionnement qui a permis à l’entreprise d’obtenirrésume la PDG. « Nous pouvons parler facilement de nos probléma- la meilleure note (3++) de la Banque de France. « Une démarchetiques professionnelles ou des envies que nous pouvons avoir », com- dans l’intérêt des salariés puisque lorsque nous obtenons une affaire,plète Xavier Herrero, ingénieur commercial. Les responsables nous savons que nous partagerons le résultat ensuite, explique Pierrede chaque département sont validés par leur équipe tous les Bucher, notant toutefois une limite : Si fiscalement c’est plus inté-trois ans, à l’issue d’un processus d’évaluation commun où les ressant, ce que nous ne touchons pas en salaire ne compte pas pour lamanagers reçoivent les retours des salariés, avant de soumettre retraite ou le chômage. » Avec un écart de 2,36 points seulementun projet pour les trois ans à venir. « L’idée, c’est que nous n’im- entre les revenus les plus hauts et les plus bas, Alma fait figure deposons pas un responsable à une équipe qui n’en veut pas. C’est un bon élève par rapport aux données du marché de l’emploi, où lesexercice d’amélioration continue  », précise Laurence Ruffin, quise soumet, elle aussi, au même exercice. Pour Pierre Bucher (26 Les locaux d'Alma58 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

différences salariales entre patrons et employés peuvent atteindre BIENVENUE EN « ALMATIE » Comprendreun facteur de 1 000.« Les salaires ne sont pas élevés, mais le bénéfice que nous réalisons En retour, la confiance est de mise : par exemple, la direction neest partagé », rappelle le cofondateur, précisant que les réserves de demande pas de certificat médical pour les absences de moins del’entreprise sont impartageables, et permettent ainsi de passer les trois jours, et il n’y a pas de pointeuse. « Au quotidien, cela changeannées creuses. Grâce à ce modèle, Alma, qui a produit un chiffre la vision que l’on a de l’entreprise, car nous avons beaucoup de respon-d’affaires de 8,2 millions d’euros pour l’exercice 2014/2015, sabilités et d’autonomie. Nous disposons seulement de deux niveauxbénéficie d’un généreux coussin de 10,8 millions d’euros accu- de hiérarchie pour une centaine de salariés », résume Pierre Bucher,mulé depuis sa création. Grâce à lui, il réalise des acquisitions salarié-sociétaire depuis trois ans. Raoul Le Bas, aujourd’huistratégiques pour lesquelles elle n’a ainsi jamais recours à l’en- consultant, se souvient  : «  Quand je suis arrivé, le directeur dedettement. « La société a toujours réalisé de la croissance externe », l’époque m’a proposé d’aller discuter avec lui du rachat d’une entreprise.rappelle son cofondateur. Car Alma est aussi connue pour ses On m’a ensuite chargé d’en parler à l’assemblée générale. » Face à ce« scopettes », des entreprises, sous statut coopératif ou non, dans modèle, il se demande encore pourquoi le statut de Scop n’est paslesquelles elle a pris une participation pour répondre à différents plus généralisé.besoins. Sans compter qu’au sein de l’entreprise, chaque branched’activité possède une autonomie, avec son propre responsable QUI PREND LES DÉCISIONS ?élu par la base. « Cela part de l’idée que nous avons davantage de Si la prise de décision constitue souvent l’un des écueils desdémocratie à 20 qu’à 80 », explique Christophe Lacôte. Déjà impli- Scops, il semble écarté par un processus bien rôdé, en fonc-qué dans le milieu associatif, Xavier Herrero, 43 ans, a ainsi tion du niveau de décision  : «  Pour construire ce bâtiment, noustrouvé Alma assez proche de ses valeurs  : «  Il s’agit d’une vraie avons demandé l’aval de tous, puis désigné une petite commission quialternative au modèle du capitalisme. J’avais vraiment envie de pouvoir s’est réunie pour faire les choix  », avance Christophe Lacôte. Unm’impliquer dans une entreprise. » sujet qui affecte directement les salariés, comme l’évolution desL’AUDACE COMME ADN retraites, peut être préparé à la fois par la RH, les délégués duAvec l’objectif « d’appliquer à l’industrie les modèles créés à l’univer- personnel, puis passer en assemblée générale et être présentésité », l’offre d’Alma a évolué au fil du temps : logiciels destinés dans un Alma Café. C’est cette démarche qui est appliquée auà la découpe pour l’industrie, distribution de matériel Apple, cours des quelques assemblées générales annuelles, où les sala-fourniture de services et de réseaux aux entreprises, logiciels col- riés se retrouvent en petits groupes pour participer à des atelierslaboratifs et même désormais solutions pour le milieu de la santé, thématiques. « Cela permet de faire travailler les personnes ensemble,etc. L’ADN de l’entreprise repose aussi sur la curiosité : « Nous pour qu’elles puissent s’impliquer », résume Laurence Ruffin. « Enavons été parmi les premiers à distribuer Apple, puis à nous saisir tant que salariés sociétaires, nous pouvons vraiment participer auxd’internet », résume Christophe Lacôte. Une audace qui, selon lui, décisions : poser des questions sur la stratégie ou donner son avis surtient en partie à l’investissement des sociétaires, qui n’ont pas une croissance externe, mais aussi participer à des groupes comme lepeur d’« essayer » et de prendre des responsabilités. « La plupart comité innovation qui organise tous les deux ans un concours interne »,des activités ont été développées car nous avons toujours quelqu’un prêt témoigne Xavier Herrero.à se lancer », constate-t-il. Lorsqu’il s’agit de parler de stratégie, Alma n’entérinera pas un rachat sans l’aval de son assemblée générale, ni même des salariés« J’ai été étonné qu’un de la société achetée, « ce qui est assez unique ». Les embauchestel fonctionnement soit possible, aussi se font en plusieurs «  rounds  », dont un avec l’ensemble des Almatiens qui accueillent le nouveau venu. Pour la sienne,et surpris de voir Laurence Ruffin en a connu sept. «  Nous pouvons penser que ce15 personnes de processus est long pour un PDG, mais que la décision soit partagéel’équipe assister à mon par tous présente un intérêt, puisque cela donne de la légitimité. Lessecond entretien » erreurs de casting peuvent arriver, mais nous les réduisons ainsi for- tement. » Si dans la pratique, un tiers des sociétaires peut convo- quer une assemblée générale extraordinaire de droit et demander un changement de direction, dans les faits, ce n’est jamais arrivé. « Les gens savent que leur emploi est en jeu », rappelle la présidente. «  L’important au final, ce n’est pas tant le résultat du vote, mais sa construction, estime le cofondateur. Car en prenant le temps suf- fisant pour obtenir les informations, nous construisons un argumen- taire et avons davantage de chances de prendre les bonnes décisions. » Simple comme une démonstration scientifique, en somme.N°131 Juillet-Août 2016 ROUTAGE COURRIER IMPRESSION NUMERIQUE 250, rue du Général de Gaulle - 69530 Brignais Tél. 04 78 61 07 94 - E-mail : y.esco [email protected] Acteurs de l’économie - La Tribune 59

Comprendre CHRONIQUESLa SCI au service de LA GESTION DE PATRIMOINELa société civile immobilière (SCI) est un outil Olivier Morin, immobilier locatif à ses deux enfants. L’un des enfants très intéressant dans le cadre de la gestion Responsable du service gestion privée, souffre d’un handicap qui ne lui permet pas de gérer de patrimoine, car elle permet de séparer la ce patrimoine. Les deux parents peuvent choisir de propriété et le pouvoir de gestion. Pour la pro- Banque Populaire des Alpes créer une société civile à laquelle ils apporteront ce tection d’un conjoint par exemple. patrimoine. Ils procéderont ensuite à la donation de Prenons le cas d’un jeune couple qui a des enfants acquis par la société. La SCI offrira également plus de 49,9 % des parts à un enfant et de 50,1 % des parts au mineurs. Il souhaite acquérir une résidence princi- souplesse dans l’hypothèse où un conjoint est hors deuxième, nommé gérant. Tout en respectant l’égalité pale, qui va constituer une part prédominante de son d’état de manifester sa volonté (accident, maladie) : le en valeur, les parents s’assurent ainsi que le pouvoir patrimoine. En cas de décès de l’un des conjoints, cogérant pourra prendre les décisions nécessaires, si de gestion sur ces biens sera transmis à l’enfant en le conjoint survivant peut souhaiter vendre cette rési- les statuts l’y autorisent. mesure de les gérer. À noter que s’ils souhaitent une dence principale, afin de se procurer des liquidités et Autre exemple, pour la protection d’un incapable : un transmission progressive, ils pourront également se acheter un bien immobilier plus modeste. En présence couple plus âgé souhaite transmettre un patrimoine réserver l’usufruit sur les parts de la société, et conser- d’enfants mineurs, l’autorisation du juge des tutelles ver la gestion de la société jusqu’à leur décès. sera requise, ce qui ne facilite pas la négociation d’un bien immobilier ! Une alternative consiste à créer une Précautions SCI à parts égales, et à nommer les deux conjoints Globalement, la société civile dont l’activité reste civile gérants statutaires. Les règles de révocation prévoi- bénéficie d’une certaine neutralité fiscale en matière ront que les gérants sont nommés et révoqués à la d’impôt sur le revenu. En revanche, les abattements de majorité des associés. La SCI procédera à l’acquisi- 30 % en matière d’ISF et de 20 % en droits de succes- tion de l’immeuble. Dans l’hypothèse d’un décès, le sion ne sont pas applicables aux résidences principales conjoint survivant, gérant statutaire, conserva toute détenues par une société civile. L’impact fiscal de latitude pour gérer la société. Il pourra ainsi procéder la création d’une SCI devra donc être mesuré. à la vente de la résidence principale sans demander Le fonctionnement de la société civile sera dicté par l’accord du juge des tutelles… ou de ses enfants ses statuts ; on recommandera de faire rédiger les sta- s’ils sont devenus majeurs entre-temps  ! On notera tuts par un professionnel du droit, qui saura les adapter que cette solution fonctionne et apporte une véritable à la situation patrimoniale des associés. De même, souplesse de gestion que ce jeune couple soit marié, l’assistance d’un expert-comptable sera nécessaire pacsé ou en concubinage, et ce quel que soit le bien pour mettre en place une comptabilité.MODÈLE SOCIALl n’y a pas grand-chose de nouveau sous notre soleil national, sauf qu’une même : « Je m’oppose, donc je suis » et ce, dans toutes les sphères et strates de notre vie politique et sociale. fois encore, il s’est assombri des nuages de nos discordes endémiques où s’affrontent, pêle-mêle, les arc-boutistes aveugles d’un passé… dépassé et les Respect tenants de nécessaires et inévitables évolutions progressistes, les concurrents de Paradoxe supplémentaire, ce serait au nom d’une sacro-sainte « démocratie ». Sauf la course au leadership syndical, les politiques devenus des politiciens englués que cette même référence induit d’abord le respect des opinions (plutôt que « je dans leurs querelles doctrinales et manipulés par leurs ambitions électorales pense donc j’ai raison »), le respect des institutions (quand elles ne sont pas d’abord mises à mal par ceux qui les ont en charge !). Vieille culture de village gaulois ?Ifutures, sans oublier l’affrontement de pouvoirs qu’incarnent d’irréductibles ego. Séquelles génétiques ou facteurs d’une maladie orpheline ? À défaut de remède Tous les ingrédients d’une cuisine franco-française indigeste mais qui, à tout le miracle, les voies de progrès pourraient exister si… la communauté nationale avait un moins, a le mérite de nous mettre en face de nos faiblesses, horizon beaucoup plus clair, une boussole politique donnant le cap plutôt que d’être de nos limites, quand ce n’est pas de notre incapacité à déboussolée à force de ne viser que le court terme d’une pataugeoire électoraliste sortir du méli-mélo de nos contradictions séculaires. polluée par ses contradictions quotidiennes et ses oppositions stériles, un paysage Sans doute le « droit » de grève est-il inscrit dans syndical qui cesse de vouloir interdire la démocratie d’entreprise au seul profit de son la Constitution mais cette seule nature lui accorde- oligarchie parisienne. Enfin, un peu d’intelligence et de modestie en lieu et place du t-il tous les droits ? La liberté de circuler, non ridicule : cessons de continuer à égosiller des incantations sur « Le Modèle Social moins constitutionnelle, autorise-t-elle à bloquer Français » ! la circulation ou tarir les moyens ce cette « libre » circulation ? Le droit de dire, de réclamer voire Sans doute le « droit » de grève est-il d’exiger serait-il le droit de faire tout et n’importe inscrit dans la Constitution mais cette quoi ? Vieille et lancinante question toujours sans seule nature lui accorde-t-il tous les droits ? réponse, sinon dans les dires, du moins dans les faits. Le drame est qu’il en est de l’existentiel N°131 Juillet-Août 2016 Jean Lafay 60 Acteurs de l’économie - La Tribune

A lors que la généralisation de la complémen- CHRONIQUES Comprendre taire santé s’achève dans une débauche concurrentielle dont on peine à mesurer Compétences et expertises les effets à terme pour les assureurs, les Du diagnostic de la situation de l’entreprise à l’ac- entreprises et les salariés, le même cadre compagnement du retour à l’emploi d’un salarié après législatif qui censure les clauses de désignation pourrait un arrêt en passant par les risques psychosociaux conduire à reconfigurer une prévoyance collective dont ou encore la santé, les offres de conseils et de ser- les enjeux sociaux et financiers se révèlent plus consé- vices alimentent des plans de prévention structurés à l’instar des Corporate wellness programs développés Outre-Atlantique.LA PRÉVOYANCE en risque majeurÉric Girard, quents. Deux cent cinquante-cinq branches d’activité L’assureur évite ainsi la contraction des garanties etDirecteur des assurances ont mis en place un régime collectif destiné à protéger limite les engagements financiers qui obèrent sa sol-de personnes Agrica quelque 13 millions de salariés du privé contre les aléas vabilité. L’entreprise y trouve un levier pour endiguer de la vie. Capitaux décès, indemnités journalières, rente la baisse de productivité tout autant que la hausse de d’invalidité sont autant de prestations qui, en complé- ses cotisations accidents du travail ou prévoyance. Les © Valérie Couteron pour Agrica ment de celles de la sécurité sociale, se substituent salariés y voient un des facteurs de la Qualité de vie au revenu d’activité et concourent ainsi au maintien du au travail, concept introduit par les partenaires sociaux niveau de vie. Pour couvrir ces risques pour lesquels les dans l’Accord interprofessionnel de 2013 et confirmé indemnisations peuvent perdurer plusieurs décennies, par la loi Rebsamen en 2015. les organismes sont dans l’obligation de constituer des Reste que ces plans requièrent autant de compé- provisions dont la charge ne cesse de croître. Entre tences et d’expertises que de ressources financières report de l’âge de départ à la retraite qui augmente pour lesquelles la mutualisation représente sans doute mécaniquement la durée de versement et taux d’inté- la meilleure source et le gage d’une action pérenne rêt réduit, minorant les produits financiers dégagés sur qu’il serait dommage de remettre en cause sur ces provisions, la charge s’amortit sur des cotisations, des motifs bien éloignés de l’objet de la protection partagées entre employeur et salariés, systématique- sociale. ment revalorisées. Une double peine quand on estime à 60 milliards d’euros l’impact financier de l’absentéisme, Une situation qui met risque qui a touché plus de 30 % des salariés en 2014 en évidence les limites et dont l’importance pour l’entreprise est identifiée par de la logique assurantielle, 60 % des DRH. Une situation qui met en évidence les alourdissant la masse limites de la logique assurantielle, alourdissant la masse salariale sans pour autant salariale sans pour autant produire d’effet sur les causes, produire d’effet sur les causes, et milite à des fins de maîtrise, pour une gestion globale et milite à des fins de maîtrise, du risque. Une approche qui s’appuie sur la mise en pour une gestion globale œuvre d’actions de prévention dont les thématiques et du risque les acteurs se multiplient au profit d’un large plébiscite des parties prenantes.Le talent sur mesure www.algoe-executive.fr www.stantonchase.com Votre solution depuis 40 ans dans 46 pays pour le recrutement de profils rares et de haut niveau Recrutements Executive Searchet le développement de vos Équipes Assessments Top Managers Experts Coaching Lyon :Carole de Chilly - 04 72 18 13 70 - 9 bis, rte de Champagne 69130 Ecully Une entreprise, deux marques Paris :Philippe Palacin - 01 53 02 26 86 - 23, rue Louis-le-Grand 75002 Paris Acteurs de l’économie - La Tribune 61N°131 Juillet-Août 2016

Comprendre TRIBUNE Depuis les années 1990, les transports publics s’améliorent progres- sivement à Genève au gré des inaugurations de tronçons de lignes de tramway. Pourtant, jusqu’à présent ces petites touches ne permettent pas un saut qualitati décisi de l’offre. ’une part le réseau est globalement lent, d’autre part il reste de structure quasi exclusivement radiale, toutes les lignes principales convergeant vers le centre-ville. Un des principaux mérites du est précisément de permettre enfin ce saut qualitati , en ©EddyMottazL/LeTempsa fin de la trêve hivernale et après ? offrant au habitants du rand en ve un s st me de transport digne d’une métropole.AVEC LE CEVA, Le CEVA est un concept d’exploitation de l’ensemble du réseau des transportsSANS DOUTE publics de la région et pas un tronçon de double voie souterraine comme ilFAUT-IL VOIR est souvent décrit (et parfois décrié pour les retards de chantiers et lesLE SIGNE D’UNE surcoûts inévitables qu’ils vont occasionner). C’est fondamentalement pourMONTÉE EN cette raison que le est un bon pro et, car il permettra enfin de rendrePUISSANCE attrayants des services de transports publics étriqués dans toute la régionDE LA RÉGION genevoise. Concrètement, il permet de mailler le réseau de transports publicsGENEVOISE, DE du rand en ve en offrant au habitants des relations rapides et réquentesVILLE-RÉGION (toutes les 15 minutes du matin au soir, tous les jours, weekend compris)FRONTIÈRE, entre les différents p les urbains importants. ’est tout particuli rement leOUBLIÉE DE cas entre la France et la Suisse.BERNE, PARIS L’intérêt de la ligne dépasse les questions de mobilité pour interrogerET LYON celles, plus fondamentales encore, du développement territorial de Genève et de sa région. Les gares du réseau constituent autant d’opportunités de structurer la croissance urbaine autour des transports publics, et par ce biais de favoriser des modes de vie économes en déplacements automobiles. Le changement est de taille : la voiture pourrait ne plus être, à l’avenir, la cheville ouvrière de l’urbanisation régionale du Grand Genève.LE CEVA VA RENDRE POSSIBLEL’ÉMERGENCE D’UNE IDENTITÉMÉTROPOLITAINEVincent Kaufmann, UNE IDENTITÉ PROPREProfesseur et directeur Au plan transfrontalier, il convient aussi de relever que le CEVA va nondu Laboratoire de sociologie seulement faciliter les déplacements domicile-travail, mais surtout rendreurbaine (LaSUR) à l’École possible l’émergence d’une identité métropolitaine, transformant les modes depolytechnique fédérale vie de part et d’autre de la frontière. Ainsi, le CEVA va permettre de venirde Lausanne travailler en train depuis la France, de plus, les nouvelles relations ferro-Lire le dossier sur viaires faciliteront les mobilités de loisirs et contribueront par ce biais,le CEVA, page 44. à la création d’une véritable agglomération transfrontalière. Une aggloméra- tion dans laquelle on se rend en France pour aller au théâtre, au concert ou à la montagne, une région urbaine qui déploie progressivement une identité propre. vec le , le rand en ve s’affirme par un grand pro et qui oblige la Confédération Suisse et les CFF à investir assez massivement. Symétrique- ment, en France, ce projet oblige les acteurs français à investir dans les infrastructures et les services de transport en Haute-Savoie et dans le Pays de e , ce qui est loin d’être une évidence dans une région uvergne h - ne-Alpes où Lyon siphonne l’essentiel de l’investissement dans le domaine des transports… Sans doute faut-il voir plus généralement le signe d’une montée en puissance de la région genevoise : de ville-région frontière, oubliée de Berne, Paris et Lyon, elle commence à demander des investissements à la hau- teur des retombées économiques qu’elle produit. Et ce n’est sans doute qu’un début…62 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

L’épargne solidaire, une valeur qui a la coteRUBRIQUE DENOM Comprendrepar Bernard Devert, président et fondateur du mouvement Habitat et Humanisme Pour que ce monde soit habitable pour tous, ne faut-il pas converger vers des valeurs communes et des orientations de vie traduisant l’éloignement d’une vision égoïste de la Société. L’épargne solidaire témoigne de la responsabilité des inclus par rapport aux exclus, observant que les premiers acteurs de solidarité sont les salariés qui, au sein de l’entreprise, dirigent leur épargne vers des projets à destination de ceux qu’on nomme les démunis, sans toit, sans travail, mais heureusement pas sans intérêt. © Guillaume Atger Des entreprises, et pas seulement celles labellisées sociales et solidaires, s’interrogent sur l’impact social de leur activité (impact investing). De grandes sociétés mettent progressivement en œuvre l’entrepreneuriat social via l’Investissement Social Responsable (ISR).Le journal La Croix, en partenariat avec France-Info, a Se dessine un agir où l’acte d’entreprendre ne se réduit pas àpublié son 14ème baromètre de l’épargne solidaire. la distribution des dividendes mais au partage d’une exigence‘Beau temps’ pour cette collecte qui n’avait jamais qui n’a pas de prix pour être celle d’une attention à la fragilité ;atteint un tel résultat : 1,62 milliards d’euros en déjà elle interroge des décisions. Nul doute que demain, elle2015, en progression de près de 24% par rapport traversera davantage l’économie du bien commun, pourà 2014. reprendre le titre de l’ouvrage de Jean Tirole. Le développement de l’épargne solidaire présage l’avancée deCette épargne d’un encours de 8,46 milliards d’euros cette éthique de la responsabilité.au 31 décembre 2015 est portée par plus d’1 million Que de rencontres s’établissent désormais entre deux mondesde personnes. qui hier avaient leur domaine propre, le business pour l’un, le caritatif pour l’autre. Le mur qui les séparait s’est lézardé.Le sens à donner à l’économie et à l’épargne, son Les fondations de la ‘maison commune’, auxquelles participecarburant, suscite un réel intérêt. l’épargne solidaire, portent une trace de gratuité dans un investissement de long terme.La solidarité n’est plus seulement une affaire de dons Souvenons-nous de cette belle allocution pour la paix, prononcée- nécessaires bien sûr - mais un investissement pour le 10 juin 1963 par John Fitzgerald Kennedy : « au final, nouscontrer une financiarisation de l’économie qui fut et habitons tous cette même planète, nous respirons tous ledemeure le choc pour l’emploi. même air, nous chérissons tous l’avenir de nos enfants et tous nous sommes mortels ».L’approche du réel progresse par rapport au virtuel. La reconnaissance de cette solidarité mais aussi de cetteLe pape François, dans son encyclique Laudato si, ‘vulnérabilité’ se révèle naissance d’une sagesse. Les épargnantsdit que les actes concrets doivent l’emporter sur les de l’épargne solidaire en sont les acteurs. Il appartient à chacunidées. L’épargne solidaire est l’un des signes d’une de procéder à des arbitrages pour donner à cette économie lesmobilisation transformatrice de la Société. chances d’un développement qui ne sera pas indifférent à un monde plus humanisé.Le sens traduit une recherche de cohérence entre la Il nous appartient non seulement de le vouloir mais de le bâtir.parole et les actes. Bernard Devert Juin 2016Toujours dans sa dernière encyclique, Françoisdéplore la lenteur de la politique et le manque dedécision des politiques, souhaitant voir la créationd’une autorité politique mondiale. Une telle perspectiveest encore bien loin. Aussi, appelle-t-il les hommes debonne volonté à promouvoir la destination communede la terre, en s’interrogeant sur le monde que nouslaisserons à nos enfants.N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 63Depuis 30 ans, Habitat et Humanisme agit en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficulté.

L’ACCOMPAGNEMENT FINANCIER DES ENTREPRISES EN RÉGION Publi-reportage Respirer RUBRIQUE DE NOMCOUP DE PROJECTEUR SUR Didier AmandL’INNOVATION Directeur Entreprises du Réseau BNP Paribas Auvergne, Rhône-Alpes, Bourgogne, Franche-Comté Fanny Plagnol Chargée d’A aires Innovation « La relation entre le chef d’entreprise et sa banque BNP Paribas Lyon repose avant tout sur la con ance réciproque :L’accompagnement bancaire des entre- la mission des 140 chargés d’a aires entreprise régionaux deprises innovantes nécessite des compé- BNP Paribas est de développer cette con ance.tences et un savoir-faire particuliers. Sur ce socle relationnel notre objectif est d’accompagner lesAu sein de nos pôles innovation, nous entreprises, à tous les stades de leur développement, tantproposons des solutions personnalisées au quotidien que dans la réalisation de leurs projets. Nousconstruites en lien avec l’ensemble des mettons pour cela à leur disposition nos équipescompétences du Groupe BNP Paribas a n régionales spécialisées couvrant l’ensemble de leursde répondre aux attentes spéci ques des besoins, tant en France qu’à l’international, pour :entrepreneurs innovants. Ce pôle déve- - l’accompagnement du haut de bilan : conseil enloppe des synergies et des partenariats fusion acquisition, capital développement, ingénierieavec l’ensemble des acteurs de l’écosys- patrimoniale et gestion de capitaux,tème de l’innovation : entrepreneurs, pôles - le nancement de la croissance interne et externe :de compétitivité, incubateurs, Business nancements structurés, nancements d’investissements,Angels, fonds d’investissements… crédit-bail mobilier et immobilier, location avec services, - la gestion au quotidien : ux, trésorerie, [email protected] des besoins en fonds de roulement, couverture de taux de change et de matières premières, placements. » COUP DE PROJECTEUR SUR LE PÔLE FUSIONS ET ACQUISITIONS« L’objectif de BNP Paribas Cédric Nourrissonest d’accompagner les Responsable du Pôle Régional BNP Paribas Fusions etentreprises, à tous les Acquisitionsstades de leur dévelop-pement, tant au quotidien Les actionnaires dirigeants ont notamment besoinque dans la réalisation d’être accompagnés dans leur projet d’ouverture dude leurs projets »64 Acteurs de l’économie - La Tribune capital et / ou de cession du contrôle. Diverses situations peuvent se présenter comme : - La transmission familiale, - La recomposition de l’actionnariat, - La recherche d’un partenaire qu’il soit nancier ou industriel, - L’optimisation du patrimoine du dirigeant, - La levée de capitaux, - La cession de la totalité de la société. Pour leurs projets, les actionnaires et dirigeants ont une équipe locale à leur disposition. [email protected] N°131 Juillet-Août 2016

COUP DE CRAYON DE KANELLOS COB SUR... Respirer Le béton est de partout, visible ou caché, utilitaire ou décoratif. Matériau hors du commun, il a même son EXPOSITION « SACRÉ BÉTON » JUSQU’AU 18 DÉCEMBRE AU MUSÉE URBAIN TONY GARNIER DE LYON.N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 65

Respirer ISABELLE JAROUSSE66 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

ISABELLE JAROUSSE RespirerISABELLE JAROUSSELE MYSTÈRE SANS L’ARTIFICEDessinatrice ? Peintre ? Sculptrice ? Isabelle Jarousse est tout ceci. Et surtout, fait de plus en plusrare de nos jours où l’on attend d’un créateur qu’il tienne un discours sur sa création, elle est de cesartistes qui se refusent à être les exégètes de leur œuvre. Matière d’un art autobiographique sansêtre autocentré, elle donne à voir, à penser, à rêver, mais jamais ne commentera son travail. Ellen’aurait pas, dit-elle, les mots pour cela. Conscientiser l’inconscient ? Non. Mais dessiner, dessiner,et dessiner encore. Dans l’intuition, l’obsession et la perfection.D’PORTRAIT,NELLYGABRIEL l’objet vrai, de l’image simple, presque PHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADE de l’imagerie. Présence du végétal, aussi, elle, restait ce souvenir, il y a quelques avec ces imposantes plantes vertes qui années déjà, de fascinants dessins où, prospèrent en bordure de fenêtres. Et des dans des tonalités tantôt burlesques, œuvres, ses œuvres, partout : au mur, au fantastiques, érotiques ou morbides, se sol, accrochées, posées, entreposées, en côtoyaient bestiaire, figures humaines, cours de création, en attente d’un départ flore variée, notations abstraites. Tout pour une exposition. un univers de miniature et d’entrelacs, De Marvejols (Lozère), sa ville d’origine, d’encre et de papier, de noir et de blanc, Isabelle Jarousse a gardé une ombre d’ac- où l’économie de moyens est au service cent que les presque 30 années passées de la luxuriance graphique. Et depuis, à Lyon n’ont su et pu effacer. Dans la il y avait cette envie de pénétrer plus maison familiale, pas d’art, ni d’images, avant dans la singularité d’une œuvre de mis à part le calendrier des Postes, bien patience, dans les méandres d’un art sub- sûr. Et pourtant, du plus loin qu’elle se til et délicat, tout de silence et de lenteur. souvienne, elle a toujours voulu faire les Depuis deux ans, Isabelle Jarousse vit Beaux-Arts. Pourquoi  ? Pour «  s’expri- et travaille dans un appartement-atelier, mer ». Elle le fera, à travers le dessin. Ce un quatrième étage sans ascenseur qui qui, au départ, aux yeux des autres, à ses sait se faire pardonner  : belle lumière yeux, ne semble pas gagné d’avance. Le traversante, vue sur la Saône et le pont lui a-t-on assez répété à l’école, à cette Bonaparte. Des statuettes africaines, gauchère contrariée, qu’elle était nulle en des fleurons d’art populaire, quelques dessin. Au point que, longtemps, avoue- bondieuseries touchantes  : bénitiers, t-elle, elle l’a cru. Et n’a eu de cesse de statuettes de la Vierge Marie… autant d’accumulations qui disent le goût deN°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 67

Respirer ISABELLE JAROUSSEchercher à améliorer sa main pour accé- Dans le coin, plus spécifiquement l’ate- un jour et lui évoque, une écriture, uneder à un dessin élaboré. lier de l’appartement, sont entreposées calligraphie. Elle a trouvé sa voie (voix).D’assez fruste et primitif en ses débuts de grandes plaques blanches. Ce sont les Son art est écriture, en effet, alphabet– il suffit d’observer les Bouches cousues fibres déjà conditionnées pour la pape- personnel inventé, répertoire de formesde 1996 ou ses tout premiers person- terie industrielle que l’artiste se procure où cohabitent signes abstraits et figura-nages filiformes (1992), des composi- auprès de grossistes. Du pur chiffon de tifs. Son art est poésie. Débats nocturnestions tout en aigus et en piquants –, le coton. Plus loin, la bassine où la fibre (1995/1998), Fleurs et Couronnes (2006),style, avec les années et la pratique, est mélangée à l’eau et le cadre, la forme, L’attente au crépuscule (2007/2009), Para-s’est en effet assoupli, arrondi, épanoui, dont le tamis métallique recueillera la dis des Extravagances (2008/2011), Lesgagnant en raffinement et préciosité, sans pâte, qui sera ensuite mise à égoutter sur parfums de l’attente (2008/2012), La Pierrejamais être maniériste. À 18 ans, elle un feutre. Pressée pour exsuder toute son des Tourments (2014/2015), Bruissementsréussit le concours de l’école des Beaux- eau, la feuille encore humide, mais déjà (2016), etc. En eux-mêmes, les titres deArts d’Angoulême. Six ans plus tard, en solide pour supporter un tel traitement, ses séries sont promesses d’ailleurs.1989, diplômée, elle doit choisir sa vie. passera alors dans les mains de l’artiste Sur la blancheur du papier, IsabelleAngoulême est une trop petite ville pour qui la façonnera à sa guise. Jarousse couche et accouche son mondeespérer y vivre de son art. Paris lui fait intérieur. Un monde d’une richesse sym-de l’œil, la tentation est grande, mais se DU PLAN À LA RONDE-BOSSE bolique que l’on dira… fabuleuse. Avecrévèle économiquement impossible. Ce Autrefois juste froncées, froissées, plis- délicatesse et douceur, dans un besoinsera Lyon, pour des raisons personnelles. sées, par un modelage serré jouant de d’esthétisme et d’harmonie. Dans l’an-Et la plongée dans l’inconnu. S’ensuivent l’aplat et de légers reliefs, puis d’une géo- goisse aussi. Plutôt que la plume quitrois années de solitude, d’interrogation logie de hauts reliefs plus affirmée avec accroche, blessant la chair du papier, elleet de recherche pour la jeune artiste. vallonnements et crevasses, et désormais a élu la caresse du pinceau.« Vous vous cherchiez ? » « Non, je cherchais à la limite de la ronde-bosse, les feuilles Avant de s’installer à sa table devant lasimplement du travail pour vivre », répond- de papier travaillées en courbes volup- page blanche, de tremper le pinceauelle sobrement. Tout Isabelle Jarousse est tueuses, angles cassés et bien d’autres dans l’encre de Chine et d’entrer dansdans cette réplique. Non dans le terre- effets, sont à présent assemblées entre l’œuvre à venir, pas d’esquisses prépa-à-terre de la réponse, mais dans l’hon- elles créant de sensuels et organiques ratoires, ni de préméditation. «  Je coursnêteté, la sincérité et la vérité nue du volumes. «  Pendant des années, explique sur la feuille, je compose, je construis. » Et lepropos. l’artiste, dans le temps du dessin, j’ai scru- fil constructeur de ce libre épanchement puleusement respecté le plissé du papier, d’où naissent des foultitudes inouïesLA RÉVÉLATION DU PAPIER jusqu’à ce que j’éprouve une sensation n’est jamais illustratif ou narratif. PasLes débuts sont difficiles. Étudiante d’étouffement. D’enfermement. Un jour, j’ai d’histoire dans ces compositions, pas detimide, elle ne comprend pas la péda- dit : « J’arrête ! » J’ai besoin de plus de liberté, début, ni de fin, mais un all over minu-gogie pratiquée aux Beaux-Arts d’An- d’ouverture. » tieux, où le trait d’encre, obstiné, patient,goulême. Travailler à partir d’œuvres Très explicitement, à cet instant, elle dit, noircit l’espace faisant naître les formesd’artistes connus, comme Tàpies et montrant un immense dessin (144  cm de la réserve du papier.consorts ? Elle n’en voit pas l’intérêt. « Je x 20 cm), intitulé Fleurs et Couronnes Sur cette surface saturée de signes, dansne voulais pas être une suiveuse  », dit-elle n°  10 (2010)  : «  J’ai cru qu’il allait me ces anfractuosités pleines de mystères,simplement. Elle ne peut, de plus, créer tuer  !  » Besoin, donc, de mettre de l’air entre le dévoilé et le caché, l’œil se pro-à partir d’un support préexistant, comme dans les plis. De (se) déplier ? Dans des mène en liberté, se perd avec délice,une toile, par exemple. «  Cela me pani- pièces à la matrice plus ouverte, mais tou- explore, fouille, va de surprise en décou-quait.  » Le hasard qui tricote la vie fait jours autant dessinées – recto et même verte, tout au jeu d’équilibre – abstrac-alors bien les choses. Opportunément verso ! –, dans sa manière à elle, obses- tion/figuration, hachures/motifs –, queinstallée dans l’ancienne usine de papier sionnelle, de remplir le vide, Isabelle l’artiste maîtrise superbement. La pro-Le Nil construite à la fin des années 1820, Jarousse éprouve la construction plus fusion des références esthétiques (tapis-l’école abrite un atelier où les étudiants souple qu’elle recherche. Elle la poursuit serie, tissu, enluminure, majolique,apprennent à fabriquer eux-mêmes leur dans ses dernières séries. Des assem- peinture, etc.), qui ne sont jamais cita-papier. Entre la pâte à papier et la jeune blages où s’affirme clairement un désir de tions, l’onirisme sous-jacent, la présencefille naît une vraie rencontre, sensuelle, sculpture. « Je crée un volume, je le déstruc- des mythes, la collision des époquesmatricielle. La découverte de la pâte à ture, je recrée un volume, je le redéstructure (Antiquité, Moyen Âge, XVIIIe siècle,papier «  la sauve  », assure l’artiste, et la et cela jusqu’à trouver le bon ajustement, que etc.)… autant de caractéristiques de cetrévèle à elle-même. Depuis 30 ans, la la forme finale s’impose. » univers à l’échelle lilliputienne où le plai-douceur du coton et la blancheur du chif- Sur la table du salon, témoin vivant sir, la souffrance, la cruauté, l’hédonismefon l’accompagnent. Aujourd’hui encore, quoiqu’encore potentiel, une de ces com- jouent leur partition.Isabelle Jarousse fabrique, non pas sa binatoires tout en volutes et plis secrets À l’antithèse du surdimensionné et dupâte à papier – cela demanderait sans évoque les lèvres d’une fleur étrange : un démonstratif explicite, travers facilesdoute un espace un peu plus vaste que sexe de femme. et récurrents de l’art contemporain,celui où elle évolue –, mais ses propres les miniatures d’Isabelle Jarousse,feuilles. Au fil des années, elle a appris L’ÉCRITURE DE SOI bien plus rouées dans leur suggestivitéd’ailleurs à mieux gérer son matériau, Tout comme Montaigne est matière de « insinuatrice », nous prennent délicate-gaspillant moins, en fabriquant la juste son livre, Isabelle Jarousse est matière de ment dans leurs rets et nous absorbent,quantité nécessaire à la série envisagée. ses œuvres. Le premier dessin. Il surgit subtilement.68 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

ISABELLE JAROUSSE RespirerCette œuvre d’ascèse qui, tout en mêmetemps l’apaise et l’épuise tant elle exige ducorps, de la main, de l’attention, IsabelleJarousse a, régulièrement, la tentation dela mettre à distance. Un jour, elle le sait,elle se lancera dans la peinture à l’huile.Elle a déjà essayé. Mais « ce n’était pas ça ».Le temps viendra, peut-être, d’une autrerespiration dans un nouveau médium.Mais peut-on vraiment imaginer cetteartiste rompre un jour avec le dessin, tantcelui-ci lui est consubstantiel ?EXPOSITIONS• Abstraction, un été contemporain, Musée Paul Dini, Villefranche-sur- Saône, jusqu’au 18 septembre• Dessin, Centre d’Art contemporain de Briançon, 2 juillet au 18 septembre• Support papier, Château de Vogüé, Ardèche, 10 juillet au 31 octobre « Entre la pâte à papier et la jeune fille naît une rencontre sensuelle, matricielle » Un travail à la confluence de l’intime et de l’ancrage dans son Acteurs de l’économie - La Tribune 69 époque, ce projet sur l’Homme amélioré dont l’artiste caresse l’idée : dans l’atelier, des mains articulées, des yeux de verres...N°131 Juillet-Août 2016

Respirer RUBRIQUE DE NOM « Le vigneron de 46 ans sait que la diversité des terroirs et le fondement des AOC, sont en totale contradiction avec les oukases de la production industrielle et du contrôle étatique, et produit donc des vins qui se vendent très bien sans plus d’efforts » Nicolas Badel Domaine les Grandes Vignes Vernosc-lès-Annonay (Ardèche) Marsanne, viognier, syrah en IGP Saint-Joseph rouge et blanc, Condrieu Pascal Roujol Pâtisserie Bernachon Lyon

VIN RespirerLE GOÛT DES AUTRESL’un produit à Vernosc-lès-Annonay, en vallée du Rhône nord, des vins en biodynamie, tendus,fruités, gouleyants, l’autre est responsable de la fabrication d’un chocolat encore artisanal dansla grande Maison Bernachon. Amis de longue date, c’est parce qu’ils ont en mémoire les beauxjours de leur enfance à la campagne, que Nicolas Badel et Pascal Roujol se sont investis dansles métiers bien « terriens » voués à la grande subtilité du goût.REPORTAGE, DOMINIQUE MYRIAM DORNIERPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEN°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 71

Respirer VIN ls se voient peu, alors il faut les imaginer en famille, sillon- ENGAGÉ nant la campagne dans une carriole tirée par des chevaux, Il n’envoie pas ses vins aux guides, ne participe à aucun concours, loin du bruit et de la fureur. Et si dans un petit coin de son ne contacte aucunement la presse, et géographiquement, pour le esprit Pascal Roujol caresse toujours le désir d’être garde trouver, il faut se résigner à se perdre un peu ! Sa première vini- forestier, ce sont quand même les arômes du chocolat de son fication au domaine, date d’à peine six ans sur du saint-joseph enfance qui ont fini par avoir raison de ce pâtissier de forma- rouge et blanc, du vin de pays, et du condrieu - un des meilleurs tion. Meilleur apprenti de France à ses débuts, lors d’un pas- blancs au monde, disent les connaisseurs, en raison d’une adé- sage à Valence chez Giraud, puis pâtissier chez Paul Bocuse, quation parfaite sur une toute petite surface d’appellation, entre il quitte tous les matins, depuis 25 ans, sa campagne de terroir, climat et cépage Viognier. Et après six années d’exercice, Peaugres (Ardèche) et ses chevaux d’attelage pour rejoindre le succès est au rendez-vous. la cité des Gaules, et le magasin-atelier Bernachon situé dans Militant actif et discret de l’association De bio et d’audace, Nicolas le 6e arrondissement. Ici, ganache, palets d’or et truffes sont Badel est aussi impliqué sur sa commune dans la recherche de toujours fabriqués à partir des fèves, avec le même savoir- terres pour l’installation de jeunes qui se lancent dans l’agricul- faire qu’il y a 70 ans. ture biologique – mission assez laborieuse – malgré les nom-Quant à Nicolas Badel qui jusqu’à l’année 2000, était le salarié breuses friches, liées à l’immobilisme un peu mortifère dessans histoires d’un bureau d’études à Saint-Julien-Molin-Molette propriétaires terriens. Il donne aussi volontiers un coup de main(Loire), ce sont les étés passés à ramasser les fruits avec son aux collègues qui prennent la tangente «  pour la bonne cause  »grand-père, qui ont imprégné sa mémoire, à tel point, qu’il a c’est-à-dire, ces jeunes gens idéalistes et pleins d’entrain, quit-décidé de changer de profession. « Cela se passait sans problèmes, tant la ville avec femmes et enfants pour investir des terres enje gagnais très bien ma vie, mais il me manquait quelque chose ! Et permaculture, par exemple. Il a choisi la biodynamie commequand j’ai démarré mon aventure, on m’a pris pour un fou », résume- une évidence, mais sans la brandir comme un étendard. La légis-t-il. Vigneron totalement néophyte, associé à son cousin, qui lation européenne de 2012 concernant les vins bios autorise enlui, a quitté l’entreprise de chimie où il était salarié à Chasse- vinification plus d’une trentaine d’intrants et a surtout permissur-Rhône, ils ont défriché et planté sur ces terres ancestrales aux lobbies de s’approprier un marché juteux à moindre coût.qu’ils souhaitaient surtout garder «  vivantes  ». Pendant 10 ans, Un dévoiement inique de la démarche courageuse de nombreuxils porteront, ensemble, leur raisin à quelques encablures plus petits vignerons qui, comme lui, et dans de belles régions, veulentbas, à la cave coopérative de Saint-Désirat, puis chez Chapoutier tout naturellement, comprendre et protéger les écosystèmes, sansà Tain-l’Hermitage. Les 10 premières années s’avèreront très dif- l’aspect martial qui détruit le silencieux et prodigieux travail queficiles, et c’est son épouse qui subviendra aux besoins financiers la nature accomplit pour maintenir l’équilibre de la vie. Dansde la famille. sa cave, l’œnologue qui tendrait à « sécuriser » ses vinifications, n’est pas l’oracle, et Nicolas Badel préfère se fier à son intui-CAP VERS LA LIBERTÉ tion, nom d’ailleurs donné à sa nouvelle cuvée, dont les raisinsAujourd’hui, Nicolas Badel, installé séparément de son cousin poussent, affirme-t-il « dans un endroit magique ». Effectivement,depuis six ans, encourage vivement la prise de risque chez ceux on ne soupçonne en rien la beauté de cette vallée de la Cance siqui, comme lui, veulent mettre le cap vers la liberté : « Dans la vie, nous ne quittons pas la triste et malodorante enclave d’Annonay :lorsque l’on avance sur un chemin sécurisé, balisé, il n’y a pas vraiment une partie du domaine est orientée plein sud et la cave flambantd’intérêt. » Ce changement radical, qui le relie aux origines pay- neuve qui lui fait face est aménagée avec du matériel sophistiqué,sannes de ses deux grands-pères, sur cette terre de Vernosc, que qu’il partage toujours avec son associé du départ. « Depuis cinqles « anciens » connaissaient pour avoir toujours donné du bon ans, je fais une formation avec d’autres vignerons sur la limitation desvin, a « du sens » pour le vigneron. Et il semble prendre très au intrants. Car en vinification, la possibilité de mettre des adjuvants poursérieux son engagement, comme s’il avait renoué avec ces idéaux pallier aux déséquilibres est réelle et cela me fait peur », explique-t-il.magnifiques que sécrète toujours l’enfance. Mais qui se fracassenttrès vite en vol, faute d’être pris au sérieux. GRANDES TABLESUn cavalier ailé frappe discrètement, tel un sceau, l’étiquetage Le vigneron de 46 ans sait aussi que la diversité des terroirs et lede ses bouteilles. Il s’agit d’une monnaie antique « Le denier au fondement des AOC, sont en totale contradiction avec les ukasescavalier », attribuée aux Allobroges, et qui symbolise son inten- de la production industrielle et du contrôle étatique, et produittion : l’appropriation de son outil de travail et la maîtrise de sa vie des vins qui se vendent très bien sans plus d’efforts. Car les som-dans une dynamique de mouvement. C’est comme si le vigneron meliers des grandes maisons se connaissent tous, et s’échangentavait gardé en mémoire cet « esprit de service », qui sera propre discrètement les bonnes adresses. Certains font même le pas deaux codes de la chevalerie, traversant le temps. Nicolas Badel qui quitter la salle des restaurants pour les vignes et la cave, à l’ins-a consenti de très lourds investissements financiers commence tar de Greg Boutillier, 28 ans, ancien sommelier chez Ducasse,tout juste à rentabiliser le domaine. Il a même dû se remettre aux puis chez Régis Marcon, qui travaille ici au domaine, alors qu’ilétudes afin d’acquérir un BEP agricole, nécessaire à son installa- souhaiterait s’installer à court terme. Un retour à l’origine, ention. Sûr de lui, bien « ancré » il reconnait : « Peu de formation, quelque sorte. Nicolas Badel a refusé de travailler avec l’Ontario,donc pas de déformation non plus. » qui exigeait des notations, et une trop grande quantité : « Je ne veux pas coller à une attente ni à un marché. Le panel est suffisamment72 Acteurs de l’économie - La Tribune large en France comme à l’étranger, pour que chacun puisse trouver son bonheur », justifie le vigneron, homme de principes, qui de sa presque « cachette » a conquis des grandes tables, de La Pyramide à Vienne, à Têtedoie à Lyon, ou du Spring à Paris. Quant à Pascal Roujol, il lui arrive de se muer en pédagogue itinérant, n’hésitant pas à transporter les sacs de jute remplis de fèves, pour expliquer N°131 Juillet-Août 2016

VIN Respireraux enfants d’écoles, comme aux pensionnaires des maisons de emblématique de la Maison Bernachon, créé suite à la venue duretraite, la subtile élaboration du chocolat. La Maison Bernachon chef à l’Élysée en 1975, afin de recevoir la Légion d’honneur desutilise une dizaine de crus choisie avec soin, issue pour la plupart mains du Président de la République de l’époque. Ce dessert toutd’Amérique Latine, notamment du Venezuela pour le chuao, le ébouriffé de chocolat fait toujours le succès de la maison depuisplus réputé. Les fèves sont torréfiées, triées, concassées, broyées, 40 ans. Le pâtissier a connu les trois générations : embauché parconchées. Le chocolat brut est malaxé pendant des heures pour Maurice, le grand-père, il est aujourd’hui sous les ordres desdévelopper l’arôme, puis mélangé au beurre de cacao, à la vanille petits-enfants dans leur seul magasin lyonnais où œuvrent leset contient très peu de sucre, pour un goût « maison ». Et c’est 47 employés. Pas de colorants ni d’étrangetés sucrées dénaturantune relation d’amour qu’il fait naître avec son public : « Le choco- le produit. Dans la fabrication, la barre de la tradition est main-lat fait fondre les gens ! » Suscitant un désir passionnel, chocolat et tenue, fermement  ! Le cacao développe de multiples arômes,vins s’ils se marient peu, transforment habilement la mélancolie comme le vin, et est entré dans le registre des appellations (nien jouissance gustative. définies ni contrôlées par un cahier des charges, cependant). Tor- réfacteur inspiré, avant d’être confiseur, le fondateur de la mai-FIDÉLITÉ son, Maurice Bernachon, prétendait que « s’il était un bon artisan,C’est chez Paul Bocuse, où Pascal Roujol était alors jeune pâtis- il aurait fait un très mauvais industriel ». Il ne se faisait pas avoir parsier, qu’il découvre, émerveillé, le fameux « Président ». Gâteau les « faussaires de l’alimentaire », qui sont pléthore, fustigeant par exemple, l’amande « marcona ». Sorte de graine de courge venue de Californie, présentée de façon pompeuse, avec une référence au terroir, à l’origine et à l’histoire, une tromperie bien habillée à laquelle il préférait les meilleures amandes des petits producteurs du Vaucluse, ou du sud de l’Europe. Ainsi l’équipe d’artisans du grand chocolatier est des plus fidèles : « C’est une bonne maison », conclut Pascal Roujol, qui avec Nicolas Badel, rendent un fier service à la préservation de la grande subtilité des sens. Mission d’importance lorsque de nos jours, le goût comme l’olfaction sont souvent atrophiés par un flot de produits médiocres, imposés sous des atours charmeurs, à des consommateurs aveuglés qui ont souvent baissé la garde. 1 an 40 €Je m'abonne pour TTC / 5 numéros + suppléments 2 ans 70 €Je m’abonne pour TTC / 10 numéros + supplémentsOFFRE Société : ......................................................................................................................................................................................... Nom / Prénom : .........................................................................................................................................................................SPÉCIALE Adresse : ........................................................................................................................................................................................ .............................................................................................................................................................................................................. Code postal  : ................................................................ Ville : ................................................................................................ E-mail : ............................................................................................................................................................................................ Tél. : ................................................................................................................................................................................................... Date et signature MODE DE RÉGLEMENT Chèque libellé à l'ordre de RH ÉDITIONS à retourner à Acteurs de l'économie - Immeuble le Diplomate - 51 avenue Jean Jaurès - 69007 Lyon Je souhaite recevoir une facture acquittée Je souhaite m’inscrire à la newsletter RÉSERVÉ À ACTEURS DE L'ÉCONOMIE Réf. client :......................................................... Périodicité : du n°............................. au n°.......................... Banque : ....................................................................... N° chèque : ...................................................................N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 73

10e Prix de l’esprit d’entreprendre PARTIELa 10e édition du Prix de l’esprit d’entreprendre, organisée le 15 juin par Acteurs de l’économie(et l’Université Jean-Moulin Lyon 3) dans le cadre du Salon des entrepreneurs de Lyon,a récompensé 11 trajectoires entrepreneuriales exceptionnelles, mais plus encore des hommeset des femmes dont les parcours de vie, tour à tour singuliers, émouvants, disruptifs, innovants,audacieux, en définitive humains, ont honoré l’aventure entrepreneuriale, altruiste, incarnéepar les grands témoins René Ricol et Jean-Louis Etienne.COMPTE-RENDU, STÉPHANIE BORGPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADE, EMMANUEL FOUDROT« OSER » L’AVENTUREQuelle définition du l’esprit d’entreprendre, les 11 entrepre- construction longue, usante, semée de doute, verbe «  entreprendre  »  ? neurs atypiques – et autant de parrains mais aussi exaltante ». Néanmoins, il n’est Consultez le dictionnaire, exceptionnels –, chacun ira de sa propre pas nécessaire d’être entrepreneur au sens vous obtiendrez quelques interprétation. Pour le grand témoin de strict du terme pour se considérer comme notions  : «  engager, per- la soirée, Jean-Louis Etienne, médecin, tel. René Ricol, ancien Médiateur du cré- suader, conquérir.  » explorateur et entrepreneur, « il s’agit avant dit et invité d’honneur de la cérémonie, Interrogez les 600 spec- tout de construire une idée, la vendre auprès de se définit comme « un homme au service de tateurs du 10e Prix de partenaires puis la mettre en œuvre. C’est une la communauté des entrepreneurs  » et voit 74 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

dans cette posture « une forme de bonheur, à leur tour, la chance à d’autres. Il faut savoir 10e Prix de l’esprit d’entreprendrepuisqu’il fait référence à un collectif ». Il existe traverser les épreuves, l’espoir n’est pas pour l’Université Jean-Moulin Lyon 3. « Actuel-donc autant de concepts et de méthodes demain, il est pour aujourd’hui. » lement, 25 entreprises sont en train de se créerque de formes d’entrepreneuriat. À l’inté- dans notre université. Nous sommes très fiersrieur de l’entreprise comme à l’extérieur, « Si ces de la confiance que nous accordent les étu-dans des initiatives citoyennes, sociales ou entrepreneurs diants. Ils nous permettent d’entreprendresolidaires. Dans les nouvelles technologies sont là, c’est qu’ils avec eux », indique Alain Asquin, premierou les secteurs traditionnels en mutation. ont résisté à vice-président de l’université.Dans la mode ou la réinsertion profession- la tentation Une éducation que d’aucuns nommentnelle, l’éducation ou la médecine, l’indus- de l’abandon. aussi transmission. Celui de la connais-trie papetière ou le textile. Et c’est déjà sance, du don, des savoirs et des savoir-Chez Acteurs de l’économie entreprendre une victoire » être. « À nous de transmettre aux plus jeunesse décline au quotidien, et depuis 10 ans, des repères du savoir-être pour bâtir leurtraduit cet engagement par la remise d’un Jean-Louis Étienne avenir d’entrepreneur », encourage Philippeprix qui le célèbre. Ce «  symbole du rêve Oddou, directeur général de Sport dans laaccompli » a choisi cette année de l’honorer DE LA MOBILISATION À LA ville, parrain et lauréat en 2007 en récom-par des verbes, autant de synonymes de RÉVOLUTION pensant Mathilde Aglietta et son projetl’action. Mais entreprendre est aussi mobilisation, Simplon (Prix Eduquer). engagement, don de soi. Une posture qui Et celui de la curiosité, de l’outil de pro-DE LA CRÉATION AU REBOND peut mener jusqu’à la disruption, voire duction transmis dans une même famille.Quelle que soit sa forme, entreprendre est la révolution  :d’une méthode, d’un sec- «  J’avais vu ma mère souffrir en cuisine, jeidée, création, invention. C’est souvent ce teur, d’un marché ou d’idées reçues. Léna n’avais donc pas le souhait de suivre ses traces.qui est célébré en premier lieu et le public, Geitner, fondatrice de l’incubateur Ronal- Je voulais faire les Beaux-Arts, raconte le chefmis à contribution en votant par SMS au pia (Prix Révolutionner), bouscule l’image étoilé Régis Marcon (Prix Transmettre).cours de la soirée (après un premier vote des entrepreneurs sociaux qu’elle fait col- Mais ma mère m’a inscrit d’autorité à l’écolesur le site acteursdeleconomie.com), a mis laborer avec des grands groupes, tandis hôtelière. J’ai rencontré un professeur pour quià l’honneur La Marmite Urbaine, fondée que les Auvergnats Vincent André, Jérémy la cuisine était une joie. En quelques jours, j’aipar Charlotte Vignal (Prix Créer,Inventer). Rochette et Julien Durant (Prix Ecrire le attrapé le goût d’apprendre même si la cuisine«  Le mouvement et la création sont perma- futur) dament le pion aux plus grands du est exigeante, parfois source de souffrance etnents. Quand je suis face à des moments dif- secteur avec leur marque de vêtements de de déception. Mon rôle aujourd’hui est dans laficiles dans une expédition, je rappelle à tous, sport Picture Organic Clothing. transmission. »y compris à moi-même, où se situe notre but. Entreprendre est lutte. Contre soi, d’abord.Il faut résister à la tentation de l’abandon « Si ces entrepreneurs sont là, c’est qu’ils ont LE BONHEUR D’ENTREPRENDREet remettre le rêve à la surface  », souligne résisté à cette tentation de l’abandon. Et c’est Et l’enthousiasme de l’ensemble des lau-Jean-Louis Étienne. Si les inventeurs de la déjà une victoire  », rappelle Jean-Louis réats de cette 10e édition est communicatif.cocotte-minute n’avaient ainsi pas persé- Étienne. Contre tous les maux de la « Notre promotion, sensible à l’entraide, vousvéré, le Groupe SEB ne serait probablement société, ensuite. L’injustice et ses dysfonc- a choisi pour votre courage d’entreprendre, depas celui qu’il est aujourd’hui. « Leur inven- tionnements (Agathe Zebrowsk et Sylvain vous réinventer et pour l’énergie que vous met-tion avait été refusée au Salon des arts ména- Lhuissier, jeunes ingénieurs centraliens tez à trouver des solutions pour les entrepre-gers, rappelle Thierry de la Tour d’Artaise, co-fondateurs de Chantiers Passerelles, neurs », souligne Romain Sabatier, étudiantPrix Spécial. Ils ont érigé un mur de cocotte Prix Mobiliser), la lutte contre le cancer en master Eden (Entrepreneuriat et déve-devant les portes du salon... pour devenir, des en favorisant la multidisciplinarité et l’hu- loppement des entreprises nouvelles) dedécennies plus tard, un groupe de 30 000 manité (Jean-Yves Blay, cancérologue et l’Université Jean-Moulin Lyon 3 (représen-collaborateurs dans le monde qui perpétuent directeur du Centre Léon Bérard et Prix tant sa promotion qui a sélectionné plu-chaque jour, cette passion de l’innovation. » La Enrichir) ou les inégalités sociales (Jacques sieurs profils d’entrepreneurs), à Audreypreuve qu’un projet peut marcher, même Lacroix, président de l’entreprise Maped, Barros, dirigeante de Fidance (Prix (S’)sans distinction ! « Il faut conserver de l’hu- Prix Être utile). Entreprendre, un acte mili- épanouir). «  Cette fraicheur et cette enviemilité. Si nous récompensons 10 projets sur 50 tant en somme  ? «  L’entrepreneur, ce vrai donnent vraiment ce désir d’entreprendre  »,dossiers, cela ne veut pas dire que les 40 autres révolutionnaire  !  », résume Philippe Bos- témoigne Jean-Louis Etienne.ne fonctionnent pas. Il faut aller de l’avant », sanne, lauréat en 2011, avec son épouse, Tous se disent heureux du bonheur quepoursuit René Ricol. Se battre, contourner pour leur entreprise Huttopia. procure leur position. «  Je me suis engagéles obstacles financiers, mais aussi per- par curiosité, excluant l’engagement parsonnels comme la maladie, puis rebondir DE L’ÉDUCATION À LA TRANSMISSION devoir. Un entrepreneur peut-être un pro-comme la charismatique Sandrine Stoja- Car parfois le créateur souffre d’un désa- ducteur de valeurs sociales. Et ce sentimentnovic, Elyséa (Prix Rebondir). « L’échec ne veu de la société. D’où l’importance d’édu- d’utilité me rassure et me rend très heureux »,fait pas partie de notre vocabulaire, rebondir quer à l’entrepreneuriat, comme si emploie commente le Savoyard Jacques Lacroix.est dans l’ADN naturel de l’entrepreneur  », Révolutionner, mobiliser, être utile, s’épa-souligne Bruno Bonnell, PDG de Robo- nouir, éduquer, rebondir, créer, inventer,polis, son parrain et lauréat en 2010. Un transmettre… Peu importe le sens. « Maisrebond qui suscite l’admiration de René oser, c’est la plus belle des aventures », conclutRicol : « Trente pour cent des entrepreneurs Thierry de la Tour d’Artaise, comme unsont des personnes qui sortent du chômage et écho à tous les entrepreneurs récompen-qui, malgré la souffrance et l’angoisse, donnent sés. Ceux du passés, du présent et bien sûr du futur.N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 75

10e Prix de l’esprit d’entreprendre 2 134 5 1Jean-Louis Etienne et René Ricol 2Claude Costechareyre76 Acteurs de l’économie - La Tribune 3Alain Asquin, Thierry et Bénédicte de La Tour d’Artaise 4Les membres du jury, de haut en bas et de gauche à droite : Abdénour Aïn Seba, Alain Asquin, Romain Charbonnier, Romain Dichampt, Serge Delémontex, Nicolas Rousseau, Olivier Marion, Marc Grivel, Denis Lafay, Laurent Baccouche, Marie Trouhet-Viel, Béryl Bès, Geneviève Colonna d’Istria, Cécile Galoselva. Absent de la photo : Michel Coster 5Denis Lafay et Xavier Kergall N°131 Juillet-Août 2016

10e Prix de l’esprit d’entreprendre678 910 6Xavier Gros et Patrick Martin N°131 Juillet-Août 2016 7/9280 personnes participaient au dîner 8Pascal Housset, Marc Grivel, Denis Lafay, Abdénour Aïn Seba et Alain Asquin 10L’équipe Acteurs de l’économie : Éric Fossoul, Marie-Anne Joly, Laurène Perroussel-Morin, Romain Charbonnier, Maxime Hanssen, Denis Lafay, Valérie Asti, Anaïs Jeantet, Karen Latour, Razala Oulka et Sonia Girard Acteurs de l’économie - La Tribune 77

10e Prix de l’esprit d’entreprendre 2 34 15 67 89 10 11 12 131Les époux Bossanne, Léna 14 15 16 Geitner et Lucia Lombardo 17 18 192Jean-Marc Pennequin, Sylvain Lhuissier, Agathe Zebrowski et 13Abdénour Aïn Seba, Sandrine Stojanovic et Manuel Patrouillard - 14Sophie Renard, Anne Imbert, Manuel Patrouillard Marie-Annick Depagneux, Valérie Asti et Denis Lafay - 15Géraldine Lafay, Bertrand Ghez, Sophie Mérigot, Jean-Yves Blay et les époux Lecerf - 16Table TLM - 17Michel Coster, Bruno Bonnell, Grégory3Audrey Barros, Anne-Sophie Giovannone et Maxime Nory- 18Michel Rivoire et Jean-Marie Chanon - 19Table (S)’épanouir Panseri et Romain Sabatier N°131 Juillet-Août 20164Thomas Perrin, Mathilde Aglietta et Philippe Oddou5Eric Pannoux, Sandrine Stojanovic et Bruno Bonnell6Amaury Nardone, Jacques Lacroix et Karim Mahmoud-Vintam7Juliette Jarry, Jean-Yves Blay et Guillaume Decitre8Thierry Lopes, Régis Marcon et Abdel Belmokadem9Xavier Kergall, Denis Lafay, Thierry de La Tour d’Artaise et Jean-Louis Etienne10Pascal Le Merrer, Vincent André et Patrick Martin11Jean-Louis Etienne, Charlotte Vignal et Sarah Da Silva Gomes12Benoît Soury et Pascal Housset78 Acteurs de l’économie - La Tribune

10e Prix de l’esprit d’entreprendreDe haut en bas et de gauche à droite : Tables Aequifi, CM CIC Investissement, Apicil, Banque Rhône-Alpes, Banque Postale, BNP Paribas, Delsol, EY,Mabéo, Mazars, Ordre des experts-comptables, Sogelym Dixence, RSM, Visiativ, Adecco - Table Acteurs de l’économie - Université Jean-MoulinLyon 3 avec notamment Anne-Sophie Panseri, Karine Dognin-Sauze, Pascal Housset, Antoine Hubert, Olivier Bloch, Thierry et Bénédicte de LaTour d’Artaise, Jean-Paul Mauduy, Jacques Gaillard et Alain BelaisN°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 79

10e Prix de l’esprit d’entreprendre RÉVOLUTIONNER Léna Geitner, l’activiste Elle révolutionne son monde à sa manière, portant le message qu’entreprendre di éremment n’est pas impossible. Léna Geitner est le reflet d’une jeunesse qui souhaite s’épanouir dans un « monde meilleur », loin des systèmes politico-économiques vieillissants. Animée par une sensibilité utopique, sa révolte est désormais plus pragmatique. « Révolutionner, c’est ROMAIN CHARBONNIER MOINS NAÏVE vouloir renverser l’ordre En 2014, elle fonde Ronalpia, l’un des Entre la politique et l’entrepreneu- premiers incubateurs d’entreprises établi. C’est donc avant riat, Léna Geitner a fait son choix. sociales et solidaires de la région Rhô- tout une volonté mais Ce sera la seconde voie, préférant ne-Alpes. Une association de trois sala- mettre les «  mains dans le cam- riés, dans laquelle sont incubées pendant aussi une inconscience, bouis  » pour entamer sa (propre) 18 mois des startups (21 à ce jour). Direc- une révolte, un rêve, révolution. Déçue de la politique, la trice de la structure, Léna Geitner mobi- forcément difficile. Drômoise de 26 ans, petite-fille d’immi- lise, fédère, impulse sa dynamique et sa grés polonais, fidèle à ses valeurs, opte vision. Le propre de tout entrepreneur. Sa Comme entreprendre. » pour l’entrepreneuriat social et solidaire. pensée évolue en parallèle. Une révolu- « C’est par ce biais que je peux faire bouger tion pragmatique en somme et qui prend Céline et Philippe Bossanne, les choses, à mon échelle  », reconnaît-elle. une forme « beaucoup moins naïve qu’aupa- Huttopia, lauréats 2011 S’engager en politique, elle y a néanmoins ravant ». « Pierre par pierre, nous impulsons songé. Plus jeune, d’un naturel utopique, un changement, juge-t-elle. Ce changement,80 Acteurs de l’économie - La Tribune marquée par un caractère «  altermon- je l’observe autour de moi. Je constate une dialiste  », Léna Geitner ressentait cette plus grande bienveillance, une envie de créer « profonde » envie de « changer le monde ». très forte et des profils d’entrepreneurs plus Au fil des années et des expériences, ce variés. C’est en partie à cause du ras-le-bol sentiment a évolué et laissé place à un général et de la crise. » engagement ancré dans le réel. Après une prépa littéraire pour concourir RESPONSABILISATION à l’entrée de Sciences Po, mais dépour- Créer sa structure, elle ne l’aurait sans vue de « l’esprit de synthèse requis », Léna doute pas imaginé il y a encore quelques Geitner choisit une orientation pouvant années. Léna Geitner y voit un moyen de paraître surprenante  : l’école de com- faire évoluer les mentalités à sa manière, merce 3A (tournée vers le développement entourée d’une communauté tout aussi responsable, l’humanitaire et l’internatio- engagée dans cette volonté de changement nal), à Lyon. « J’y suis allée pour comprendre et de responsabilisation. «  Entreprendre les mécanismes économiques, le monde dans autrement, avec des modèles économiques se lequel nous vivons et pour pouvoir appliquer substituant aux subventions, en gagnant de certaines méthodes au service des autres.  » l’argent et le redistribuant intelligemment, c’est L’international  ? «  J’ai eu une petite expé- possible. La preuve, nous créons des emplois, rience, mais il y a tellement de choses à de la richesse  », affirme-t-elle. Sa révolu- faire en France.  » L’humanitaire  ? «  Cela tion, Léna Geitner la mène en essayant ne me correspondait pas.  » Léna Geitner d’insuffler une nouvelle idée de l’entrepre- se confronte au monde de l’entreprise et neuriat et, indirectement, en portant un acquiert ses codes. À la fin de ses études, message d’optimisme face à « l’indifférence elle choisit de créer sa propre structure, générale ». avec la volonté toujours farouche d’aider les autres. N°131 Juillet-Août 2016

PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendreEntrepreneurs,BfaiAtesN-noQusUER.Entrepreneurs, Acteurs de l’économie - La Tribune 81 RCS 507 523 678Bpifrance vous financeet vous accompagne.bpifrance.frN°131 Juillet-Août 2016

10e Prix de l’esprit d’entreprendre MOBILISERAgathe Zebrowski etSylvain Lhuissier, les faiseursAgathe Zebrowski et Sylvain Lhuissier sont des centraliens hors normes. Trois ans après unespécialisation « entrepreneuriat », ils sont à la tête de Chantiers-Passerelles, une associationqui décloisonne le travail d’intérêt général et questionne plus largement le système judiciaire.Leur point fort ? Mailler et fédérer un réseau d’acteurs attachés à vouloir faire évoluer, euxaussi, les idées reçues.ADELINE CHARVETLorsqu’il met les pieds en prison, la jeunesse (PJJ) dans une zone d’activités locale) et des chefs d’entreprises. « Notre Sylvain Lhuissier, alors étudiant de La Mulatière, près de Lyon. rôle ne sera jamais de trouver un emploi mais à Centrale Paris et bénévole de de faire en sorte que la personne reprenne Genepi, association pour le décloi- UNE PREMIÈRE BRIQUE les rênes  », précise Sylvain. La formule sonnement carcéral, est frappé par Les deux ingénieurs-entrepreneurs fonctionne depuis fin 2015 à Lyon et la violence de l’enfermement. Quelques envisagent rapidement le travail d’inté- Chambéry. années plus tard, il dirige Chantiers-Pas- rêt général (TIG) comme axe de travail. serelles avec Agathe Zebrowski, aussi Cen- «  C’est une première brique qui permet PARRAINAGE ET ÉCHANGE tralienne. « La prison vient sanctionner. Elle d’aborder d’autres sujets qui concernent la Les deux Centraliens mûrissent en a un côté expiation. On protège la société mais justice  », clarifie Agathe. Ils aimeraient parallèle un système de parrainage entre cette réponse ne fonctionne qu’un moment », «  contribuer à réinventer cette peine  ». En des jeunes de 18 à 25 ans en TIG et des pointe Sylvain. Depuis la fin de leurs commençant par élargir les secteurs du personnes actives prêtes à les mettre en études, leur projet est d’améliorer, à leur TIG, qui concerne surtout des tâches de relation avec leur réseau. Ils envisagent échelle, le lien entre système judiciaire et maintenance et d’entretien, et faire que des ateliers avec les Missions locales, société. Le duo ouvre la vanne des ren- cette expérience puisse s’ajouter au CV. des rencontres entre jeunes et collectivi- contres et frotte ses réflexions à des magis- « C’est un vrai trésor pour la société qui n’est tés locales « pour voir l’envers du décor ». trats, des chercheurs, des personnalités utilisé qu’à la marge : les tuteurs sur le ter- « Il nous tient à cœur de travailler avec le comme Dominique Raimbourg, membre rain ne sont pas préparés, les jeunes ne sont plus d’acteurs possible. D’abord parce qu’un de la commission des lois à l’Assemblée pas formés sur « l’après » », note Sylvain. réseau existe depuis 30 ans. Et aussi parce nationale. Le côté « décalé » des Centra- En lien avec le Service pénitentiaire d’in- que c’est la meilleure manière de produire liens est très bien reçu. Agathe et Sylvain sertion et de probation (Spip) de Lyon, une réflexion commune », partage Sylvain. rejoignent Lyon, un réseau «  à vocation Chantiers-Passerelles met sur pied une Le 14 juin, ils conviaient près de 300 nationale  » sous le coude. Leur société, formule d’une semaine intégrée au par- acteurs de la justice et de l’insertion à en association, est incubée chez Ronal- cours du «  tigiste  ». L’ambition est de un séminaire à l’Université catholique de pia, qui forme «  un appui  » pour tisser voir ce dernier reprendre contact avec les Lyon. L’échantillon d’une plateforme en la maille locale. Aujourd’hui, elle partage structures d’accompagnement à l’emploi projet, qui serait le pivot pour un échange l’interphone de la Protection judiciaire de (Adie, société de microcrédit, Mission de ressources. Sylvain et Agathe pensent à renforcer leur duo à partir de fin 2016,« Mobiliser, c’est démarrer par l’indignation avec deux nouvelles têtes au profil entre-salutaire, rajouter une dose de sens politique preneurial. « Nous restons dans une logiqueet embarquer les citoyens pour changer le monde. » de briques  : là nous nous concentrons sur le TIG, mais il y en a beaucoup d’autres àManuel Patrouillard, Handicap International, lauréat 2015 poser. C’est pour cela que nous nous entou- rons de porteurs de projets. »82 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendre ACCOMPAGNER VOS ENVIES D’ENTREPRENDREEn local comme à l’international, RSM accompagneles PME, ETI et grands groupes à chaque étape deleur développement.6ème réseau mondial d’audit, d’expertisecomptable et de conseil,RSM vous donne les moyens d’atteindrevos objectifs en toute confiance.RSM, the power of being understood.www.rsmfrance.frANU°13D1 IJuTillet-AoEûXt 20P16ERTISE CONSEIL Acteurs de l’économie - La Tribune 83

10e Prix de l’esprit d’entreprendre (S)’ÉPANOUIRTrois candidats Michael Schwartz, Mehdi Coly,concourraient au Prix La Cordée Optimiz.mede l’esprit d’entreprendredans la catégorie Ses expériences en entreprises, Mehdi Coly a la fibre entrepre-(S’)épanouir. notamment à l’international, neuriale dans les gênes. ÀDes profils sélectionnés auront fait naître chez Michael 30 ans, il est déjà à la tête depar les étudiants du master Schwartz l’envie d’entreprendre. sa troisième création. «  Je neEden (entrepreneuriat « Au final, ce n’était pas fait pour suis pas à l’aise avec la gestionet développement moi. Dans ces structures, il m’était difficile que je laisse à la personne compétente. Cedes entreprises nouvelles) d’appliquer des décisions avec lesquelles je que je préfère, c’est la création  », soulignede l’Université Jean-Moulin n’étais pas d’accord, éthiquement.  » C’est le jeune homme. Mehdi Coly a attrapéLyon 3 et soumis au vote donc à 24 ans qu’il cofonde La Cordée, le virus de l’entrepreneuriat dès la findes internautes. avec Julie Pouliquen. Des espaces de de ses études de droit. À 21 ans, il créeAprès une campagne coworking répondant aux nouveaux sa première structure, sous forme asso-d’un mois Audrey Barros besoins des travailleurs nomades. Pro- ciative : Vitacolo, un organisme qui per-a été désignée lauréate. chainement, La Cordée ouvrira son 11e met aux familles défavorisées d’envoyer lieu à Lyon. « Nous avions l’envie de déve- leur enfant en colonie de vacances pen-84 Acteurs de l’économie - La Tribune lopper une structure horizontale, bienveil- dant l’été. Le succès avéré (200 salariés lante et éthique dans laquelle tout est réuni en période estivale, sept centres, 1 100 pour soutenir et faire prospérer des projets. enfants vacanciers), et considérant avoir Nous voulions quelque chose qui nous res- fait l’essentiel, il se retire pour s’engager semble, avec un réel impact. » dans d’autres projets. Ce sera d’abord Linkeyword, une agence FOURMILLANT DE PROJETS web spécialisée en référencement naturel. Une aventure entrepreneuriale qui le Une aventure de deux ans qui aura per- comble puisqu’il y retrouve cette volonté mis de répondre à un besoin non couvert de faire grandir une équipe, des per- jusqu’alors, puis en amènera une autre, sonnes et des projets. Mais également celle d’Optimiz.me, qu’il gère toujours, de s’épanouir personnellement dans sans connaissances techniques préa- une démarche responsable qui lui res- lables. Cette société aide les entreprises à semble. «  Nous avons l’impression de faire améliorer leur référencement. des choix en accord avec ce qui nous anime. Il est essentiel de trouver du sens dans son PROJET À VOCATION SOCIALE travail, dans son quotidien.  » De quoi lui Cette soif de création cache une envie donner des idées, à plus long terme, de profonde  :s’engager dans l’économie nouveaux projets quand celui de La Cor- sociale et solidaire. «  C’est une volonté à dée sera « solide » et « pérenne ». « Nous plus long terme. Je crée aujourd’hui dans voulons apporter cette même vision dans l’économie classique afin de pouvoir réinjec- d’autres domaines », souligne-t-il. Michael ter l’argent récolté dans un projet à vocation Schwartz fourmille d’idées, notamment sociale. » dans l’éducation, la santé ou encore l’ha- Son concept  : permettre à des popula- bitat participatif. RC tions en difficulté de pouvoir disposer d’une maison à partir de la technologie de l’impression 3D. Un projet qui l’anime, le motive et qu’il espère très prochaine- ment mener à bien. Une manière d’aider les autres et de s’enrichir humainement. «  Entreprendre pour soi n’a pas d’intérêt ; en faveur des autres, en revanche, c’est moteur. »  RC N°131 Juillet-Août 2016

(S)’ÉPANOUIR 10e Prix de l’esprit d’entreprendre Audrey Barros, Fidance « S’épanouir, « Ce qui me plaît dans SOIF D’ENTREPRENDRE c’est apprendre et mon métier, c’est Avec Fidance, elle peut le faire, suivre et grandir en donnant d’accompagner des aller au bout des projets. Depuis sa créa-et recevant des autres. » entrepreneurs dans tion, 500 entreprises ont été accompagnées. la réussite de leur Une mission dans laquelle elle s’épanouit Anne-Sophie Panseri, Maviflex projet. Je reçois énormément. C’est, en aussi bien professionnellement que person- lauréate 2011 quelque sorte, une manière d’entreprendre nellement et qui la motivera, récemment, pour moi  », prévient Audrey Barros, à créer une nouvelle structure, fruit de ses fondatrice de Fidance, entreprise qui expériences. Une coopérative d’entrepre- recherche des financements pour les neurs appelée « Finançons-nous », dont le TPE-PME dans leurs projets de déve- but est de créer un fonds composé d’adhé- loppement et de croissance. Elle s’est rents soutenant des PME de la région ayant d’abord confrontée au salariat, travail- échoué à obtenir de l’aide via les solutions lant pendant dix ans dans le secteur de financement traditionnelles. Elle y tra- bancaire. Mais animée par cette volonté vaille bénévolement et y prône l’entrepre- de créer et surtout par son envie d’en- neuriat et l’intrapreneuriat pour favoriser treprendre, confirmée par les frus- l’émergence de projets. Dynamique, Audrey trations quotidiennes de son travail, Barros aurait pu conserver son poste dans Audrey Barros se lance dans l’aventure le secteur bancaire, « bien plus confortable ». entrepreneuriale dès 2007. « J’étais trop Mais, animée par une soif d’entreprendre et dépendante de mon secteur. Aussi, lorsque de donner, elle a préféré se lancer dans le je voulais financer des projets dans lesquels soutien à la création d’entreprises. « Telle est je croyais, j’étais freinée dans mon élan. » ma conviction. » RC ENTREPRENEZ UNE NOUVELLE VIE De la validation du concept à l’accélération, REJOIGNEZ L’INCUBATEUR des solutions sur-mesure pour les JEAN MOULIN professionnels en reconversion. Accompagnement individualisé + D’INFOS Formations dédiées 04 26 31 87 47 | [email protected] Hébergement au sein de l’Incubateur Jean Moulin Acteurs de l’économie - La Tribune 85N°131 Juillet-Août 2016

10e Prix de l’esprit d’entreprendre ÉDUQUER « Éduquer, c’est mettre entoure », précise-t-elle. Une manière de dans le sac à dos d’une conjuguer cette discipline avec le monde personne les outils dont de l’entrepreneuriat, dans lequel, fille elle aura besoin tout d’entrepreneurs, elle baigne depuis toute au long de sa vie afin petite. C’est donc naturellement qu’elle qu’elle puisse être libre. Libre de décider, de rejoint, à sa création, une entreprise se réaliser et de faire des choix.» Cette défi- du web fondée par des amis. Mathilde nition qu’elle donne, Mathilde Aglietta Aglietta y apprend, «  se familiarise avec s’emploie à l’appliquer et à la transmettre le langage technique ». Cette période coïn- chaque jour à ses élèves de la nouvelle cide avec sa première expérience dans école Simplon, qu’elle dirige à Lyon. Une le monde de l’éducation puisqu’elle école qui donne la possibilité aux jeunes enseigne le design thinking à emlyon. « cassés par la vie », en décrochage, mais Une fibre pour la transmission du savoir, passionnés par l’informatique, une péda- des connaissances, de l’envie et de l’en- gogie différente reposant sur l’autonomie gagement qui, à 29 ans, l’habite et ne la et la méthodologie, autour des métiers du quitte plus. « Je suis convaincue que nous code. Une aventure humaine et entrepre- pouvons faire différemment de ce que pro- neuriale qui a pris source en 2014 après pose le seul système actuel. »Mathilde Aglietta, la pédagogueL’« école de ses rêves », un email envoyé au directeur général OSERMathilde Aglietta est en train de l’école. «  Le programme pédagogique À Montreuil, avec l’équipe de Simplon,de la bâtir, avec ses moyens n’était pas encore très précis, j’ai souhaité elle améliore le programme pédagogique,et son énergie. Depuis 2015, lui proposer ma vision et mes idées.  » Un « apprend en marchant » et « ose ». Jusqu’àà Lyon, elle a créé et dirige aplomb qui a su convaincre. Un entretien prendre l’initiative de créer en 2015, deSimplon qui forme des jeunes sur Skype plus tard, Mathilde Aglietta toutes pièces, une école lyonnaise. « J’ai« cassés par la vie »aux rejoint Montreuil, en région parisienne, monté le programme pédagogique en fonctionmétiers du code informatique. au lancement de la première école. Une du territoire, car l’écosystème et la demande yEntrepreneure aguerrie, plongée dans le monde de l’éducation sont favorables », souligne la jeune femmeelle milite et s’engage pour qui s’est avérée une « révélation »pour la originaire d’Aix-les-Bains. De plus, elleo rir une nouvelle manière jeune femme. Sa force :« Vouloir améliorer fait le tour des acteurs économiques etd’appréhender l’éducation la pédagogie traditionnelle. » « Malgré mon politiques – notamment Sport dans lasans décrocher des réalités. âge, longtemps, j’ai réfléchi à l’école par- ville, Pôle emploi ou encore le Crij – pour faite. Certes, nous n’allons pas révolution- signer des partenariats, trouve un lieuROMAIN CHARBONNIER ner l’Éducation nationale, restons humbles. d’accueil, recrute les professeurs et fait Mais pouvons-nous au moins imaginer des passer les entretiens des candidats. Elle solutions complémentaires de pédagogie en retient 24 et lance la première promo- pour des publics qui y sont plus sensibles ? » tion en septembre dernier pour six mois de formation intensive. Animée par le FAIRE AUTREMENT goût de l’entrepreneuriat, persévérante, Passionnée par le dessin, Mathilde convaincue qu’il «  faut donner la chance Aglietta, après un cursus traditionnel aux jeunes  », Mathilde Aglietta mène un à Grenoble École de management, s’est combat d’intérêt général, admirative de lancée dans l’aventure, un « peu folle », de femmes de luttes telles que Simone Veil. suivre en parallèle un master en design à Et si un jour, il lui venait l’idée de créer l’école Strate, à Sèvres (Hauts-de-Seine). sa propre entreprise, ce serait «  dans le «  Le design ouvre davantage de champs domaine éducatif  ». Nul doute qu’elle et offre un regard différent sur ce qui vous continuera de s’y employer. « Éduquer, c’est transmettre des repères, des savoirs et des savoir-être qui sont autant de forces pour bâtir son avenir. » Philippe Oddou, Sport dans la Ville, lauréat 200786 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

La performance sociale des entreprises est une réalité. plus productif* est 31% Un salarié heureux Protection sociale Pour améliorer le bien-être des collaborateurs, les leviers sont nombreux et leurs impacts sur la performance économique des entreprises sont incontestables. Dirigeants, DRH : lancez-vous avec APICIL ! APICIL, le partenaire de référence de la performance sociale des entreprises.N°13w1 Juwilletw-Ao.ûat 2p0i16cil.com Santé PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendre Prévoyance Épargne RetraiteActeurs de l’éconCoommie -mLaeTrvibounues8!7 *Étude « Optimistic Managers & Their Influence on Productivity & Employee Engagement in a Technology Organization », Margaret H. Greenberg et Dana Arakawa (University of Pennsylvania, 2006). APICIL Gestion, association de moyens du Groupe APICIL régie par la loi du 1er juillet 1901 - Enregistrée sous le numéro SIREN 417 591 971 - ayant son siège sis au 38, rue François Peissel, 69300 Caluire et Cuire. Réf. 3646 - Avril 2016. Conception : Géraud Bauza, www.geraudbauza.com. Crédit photo : © Rostislav Sedlacek - Document non contractuel à caractère publicitaire. Groupe APICIL certifié ISO 9001 : 2008 et EN 15838 : 2009 (Relation clients) par SQS.

10e Prix de l’esprit d’entreprendre REBONDIRSandrineStojanovic,la battanteSandrine Stojanovic est une sage.Créatrice et dirigeante d’une sociétéde conseil en ressources humaines,Elyséa, elle ne fonctionne pas demanière banale. Malgré une séried’épreuves de santé, elle conserve« l’individu » pour fil conducteur.Engagée au Pôle femmes de la CGPMEet au Ceser, elle sait aussi écouter ceuxqui frappent à sa porte. ADELINE CHARVET « JE DÉCIDE POUR MOI » Auvergne Rhône-Alpes. Dans cette ins- Cette femme sait étonnamment réagir tance aux collèges parfois divergents, elleDès le premier regard, la première aux aléas, comme la crise qui fait tempo- n’hésite pas à entamer les rencontres. « Je poignée de main, Sandrine Sto- rairement chuter l’activité et la laisse sans vais chercher ce qu’il y a de bien chez les gens janovic dégage le subtil équi- salaire pendant un an. Mais aussi la mala- et je m’en contente. Je n’ai jamais refusé de libre de deux forces au prime die. Pas de quoi l’arrêter. Son positionne- tendre la main et tant que je serai en vie, abord étrangères : une élégante ment est troublant. Quand les médecins je ne le ferai pas. » En effet, dès qu’elle le maîtrise professionnelle et une profon- lui expliquent l’épreuve à affronter, elle peut, de manière informelle, entre deux deur qui laisse place à la fragilité. «  Je «  s’organise  ». Elle mêle peu ses soucis dossiers, deux soins, elle accompagne des ne suis pas quelqu’un qui parle de moi, je personnels à la sphère professionnelle, personnes – surtout des femmes – qui suis plutôt dans l’accompagnement  », pré- sauf si on l’interroge. Alors elle répond ont besoin d’un appui pour repartir dans vient-elle très vite. « pour lever l’inquiétude ». « Je décide pour la vie active. Après la maladie, une vie Dans l’exercice de l’interview, elle s’ex- moi. Je connais mes limites et sais ce que je de mère au foyer ou un dépôt de bilan. prime avec une grande lucidité. Cela fait suis capable de donner. Je n’aime pas montrer «  Je ne suis pas une femme de lobbying. Je dix ans qu’elle dirige Elyséa, une société mes faiblesses. J’ai envie de gens forts à côté suis une femme de réseau. » Elle prévoit de de conseil en ressources humaines qu’elle de moi, pas de personnes qui se soucient. » structurer ce soutien en créant une asso- a créée à Lyon. Auparavant, elle s’est atte- Sa famille reste une priorité, un socle. Sa ciation où la côtoieraient des psycholo- lée à l’audit des organisations pour l’un profession, une nourriture vitale. « Ce qui gues et des coaches. « Dans la vie, même si des « big five », Ernst & Young, avec pour m’a sauvée, c’est le travail. J’aime mon métier nous pouvons rester blessés, nous possédons bagages des études en droit, en RH et en et je suis bien entourée. Quand j’ai un pro- tous une capacité de résilience. » psychologie clinique. Puis elle a eu envie blème, je vais puiser au fond de moi, mais je d’autre chose. «  Je me lasse vite  ». Elle ne me renferme pas. » Si elle se dit « dis- « Rebondir, c’est un verbe accompagne alors le développement d’un crète  » et craint d’être «  mise en avant  », non connu de la langue groupe de travail temporaire. il y a trois ans, elle accepte la présidence française, qui ne sait pas Avec le besoin « de se réaliser » et d’être en du Pôle femmes de la CGPME du Rhône. conjuguer l’échec, et qui phase avec elle-même, elle crée sa société. « Ce qui m’intéresse, c’est la relation que je force toujours à regarder Au démarrage, elle essuie quelques partage avec les individus. » devant avec optimisme. » déceptions. «  Je donne la chance mais, en même temps, je n’attends rien. C’est toute RENCONTRES Bruno Bonnell, Robopolis, lauréat 2010 mon ambivalence. » Aujourd’hui, elle sala- De la même manière, elle a accepté un rie trois personnes et emploie un réseau mandat au Conseil économique, social N°131 Juillet-Août 2016 de consultants. Elle use de confiance et et environnemental régional (Ceser) de bon sens et n’impose rien qu’elle ne supporte de se voir imposer. 88 Acteurs de l’économie - La Tribune

CRÉER, INVENTER 10e Prix de l’esprit d’entreprendreCharlotte Vignal a été désignée lauréate du Prix de l’esprit d’entreprendre dans la catégorie Créer,Inventer par le vote des internautes mais également par les invités présents à la cérémonie.Charlotte Vignal, Virginie Chabert, Nicolas Emmanuel,La Marmite Urbaine My Petite Factory Mamedecine.fr« Les populations des Restaurant et coffee shop ouvert MaMedecine.fr est une plate- quartiers défavorisés à Lyon, My Petite Factory met forme dédiée aux médecines sont celles qui souffrent à la carte des produits certifiés douces et facilite la prise de le plus d’obésité et sans gluten, ni lactose et parfois rendez-vous entre patients et qui, paradoxalement, vegan. «  Commerciale et souvent praticiens. «  Il faut du tempsportent de nombreux préjugés sur l’alimenta- sur les routes, je peux témoigner que lors- pour obtenir un rendez-vous par téléphone.tion bio. La Marmite urbaine, en défendant qu’on est intolérant, s’alimenter, c’est la croix Par ailleurs, la plupart des praticiens n’ontune alimentation de qualité, veut faire tom- et la bannière. À tel point que j’avais tout le pas d’assistant et sont confrontés à un absen-ber ces préjugés, car nous sommes confron- temps faim ! » Virginie Chabert fait partie téisme important, synonyme de manque àtés à un vrai problème sanitaire  », insiste de cette population reconnue intolérante gagner  », explique Nicolas Emmanuel,Charlotte Vignal, bientôt 30 ans qui a au gluten et au lactose, dont le nombre 29 ans. La plateforme s’appuie sur lesdécouvert le concept de jardin urbain au s’accroît chaque année. Une conséquence codes collaboratifs. Outre la prise deCanada. Pour sa Marmite Urbaine, elle de la « malbouffe », entre autres. Souvent rendez-vous, les utilisateurs peuventa choisi une structure associative, afin malade, elle est diagnostiquée en juillet laisser des commentaires et noter le pra-de jouer la carte de l’engagement et de 2012 et part se former à la pâtisserie sans ticien par un système d’étoiles. Ces der-peaufiner son projet. La Marmite Urbaine gluten, à l’École nationale supérieure de niers peuvent quant à eux développer un(six salariés, vingt bénévoles) a planté pâtisserie, à Yssingeaux. Elle démarre par «  mini-site  » détaillant leur formation,son premier jardin de 30 m² au pied d’un un blog, publie des recettes et des pho- présentant leur approche et y publier desimmeuble à Vaulx-en-Velin. Elle mijote à tos et se prend de passion pour cet enga- photos d’eux, etc. « Cela rassure de pouvoirprésent un potager de 1 000 m² sur un gement. Elle démissionne alors de son mettre un visage sur un nom. »toit d’immeuble. emploi et concocte pendant un an son projet de restaurant et ouvre son établis- BIENTÔT LES ÉTATS-UNISRECETTES ET REPAS sement de 30 places assises en octobre MaMedecine.fr abrite également unLe volet marchand passe par la réalisation 2015. blog proposant cinq nouveaux articlesde plateaux-repas à base de produits frais, chaque semaine – où il est question d’artissus de l’agriculture locale et paysanne, à GAMME DE PRÉPARATIONS thérapie, d’allergies, d’’arrêt du tabac –destination des entreprises, des collectivi- Son objectif  :présenter une carte abor- et auquel les praticiens sont appelés àtés, etc. L’association, depuis sa cuisine pro- dable de 9,90 euros à 14,90 euros. « Outre contribuer. Quelque 250 thérapeutes etfessionnelle, livre 60 repas par semaine et ma spécificité, je privilégie l’éthique, en pré- 300 utilisateurs sont déjà inscrits. Nico-en vise une centaine. La Marmite Urbaine férant un approvisionnement local et bio.  » las Emmanuel bénéficie du programmese donne parallèlement les moyens de ses Ce concept original de restauration plaît d’incubation développé par emlyon pourambitions sociales : des ateliers culinaires et la clientèle est au rendez-vous (à 70 % développer son projet et vise les 700dans les quartiers. Ainsi, une fois par mois, constituée de femmes). Pour poursuivre praticiens inscrits fin 2016 (sur 70 000au centre social et culturel Peyri, à Vaulx- dans son élan, Virginie Chabert lancera, en France). Tout le challenge est de lesen-Velin, elle réunit des enfants et des en septembre prochain, une gamme de convaincre de lâcher l’agenda papier,personnes âgées autour de recettes et d’un préparations «  My Petite Factory  ». De pour faire confiance au numérique. Cerepas. Ils cueillent et confectionnent des quoi préparer chez soi fonds de tarte, qui est déjà le cas aux États-Unis, paysproduits dans un moment de partage. muffins et cookies garantis sans gluten et que se promet d’arpenter Nicolas Emma-LAURENCE JAILLARD sans lactose. LJ nuel dès 2017. LJ« Inventer, c’est exploiter ses expériences pour améliorer celles des autres.Constater, s’indigner, se dépasser, créer ! »Sarah Da Silva Gomes, Constant & Zoé, lauréate 2015N°131 Juillet-Août 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 89

10e Prix de l’esprit d’entreprendre ÊTRE UTILEJacques Lacroix,le bâtisseurDu Sénégal à la Haute-Savoie, Jacques Lacroix sait conjuguerdevoir, intérêt et plaisir, autant pour servir l’entreprise familiale,Maped, que pour apporter sa contribution à des causes quil’animent. C’est ce qu’il entreprend et bâti au quotidien avecson engagement volontariste pour le logement social. DIDIER BERT produits, qui s’est traduite encore ce prin- Maped découvre le monde du logement temps par le rachat du fabricant normand social, et s’y découvre lui-même. « J’au-La première lettre que Jacques de jouets Heller-Joustra. rais aimé être constructeur. Je me sens l’âme Lacroix a reçue de son père d’un bâtisseur. » Claude lui demandait de rejoindre ENGAGÉ PAR MIMÉTISME Jacques Lacroix ne croit pas s’être engagé l’entreprise familiale haute-sa- Cet engagement dans l’entreprise n’a par devoir ni par conviction. «  Souvent voyarde, Maped. En 1975, à sa sor- pas empêché le dirigeant de s’impliquer par curiosité… Je ne fais que les choses qui tie d’emlyon, le jeune homme âgé alors hors de Maped. «  Je ne me suis pas posé m’intéressent. » Avec un certain succès. Et de 24 ans – et jeune marié – était en effet beaucoup de questions. J’y suis allé, comme même si le logement social et les articles parti prendre la tête de deux entreprises la génération précédente. Mon père était scolaires ne semblent pas avoir grand- agricoles au Sénégal, spécialisées dans impliqué sur des mandats patronaux à une chose en commun, Jacques Lacroix éta- la production de melons et de roses Bac- époque où l’engagement patronal était très blit un lien qui lui tient à cœur. « De nos cara. « Les actionnaires français cherchaient fort.  » Maped conservant son ancrage jours, un chef d’entreprise doit se poser la quelqu’un de téméraire pour défendre leurs en Haute-Savoie tout en rencontrant le question du logement d’un nouvel embau- intérêts, raconte-t-il. C’était un véritable succès, les sollicitations n’ont pas tardé à ché. Le logement est un accès vers l’emploi bourbier, la société étant en quasi dépôt de arriver pour que Jacques Lacroix s’engage en Haute-Savoie, où des milliers de familles bilan. Le dirigeant avait quitté les lieux.  » dans d’autres domaines. En 2010, il entre attendent parfois quatre années avant de Jacques Lacroix ne le regrettera jamais. au conseil d’administration de la Banque trouver un logement aidé. » De telles pré- «  Ce fut une expérience fabuleuse. J’ai populaire des Alpes, avant de prendre occupations ne peuvent qu’être utiles, vraiment appris à travailler dans un envi- la présidence du fonds d’investissement non seulement aux demandeurs de loge- ronnement très difficile et à devenir chef d’en- de la banque, Expansinvest. Il préside ments aidés, mais aussi aux entreprises, treprise », souligne celui qui, dès le début par ailleurs le conseil d’administration et à leur image dans la société. «  On de l’entretien, précise son goût pour la de la société annécienne d’HLM Halpa- demande à l’opinion publique de comprendre discrétion. des, qui gère 17 000 logements aidés. Un et de protéger l’entreprise. Mais le dirigeant C’est donc à l’âge de 30 ans, qu’en réponse engagement de longue date. «  Je diffuse doit s’impliquer dans la cité pour montrer à cette longue missive, il rejoint Maped et volontiers ma culture d’entreprise concur- un aspect positif de l’entreprise et ne pas res- un père qui approche les 60 ans. « Je suis rentielle dans un secteur d’activité encore ter à l’écart... Il faut s’intéresser au monde revenu à un moment difficile. Mon père m’a marqué par un mode de fonctionnement autour de nous, aux situations dramatiques alors laissé l’entière responsabilité. » Jacques très encadré et protégé.  » Le dirigeant de que les gens vivent. » Lacroix entame le redéploiement de l’en- treprise, centrée uniquement sur la fabri- « Être utile, c’est convertir son temps, son intelligence cation de compas depuis 35 ans. Maped ou son argent en bien commun, ou contribuer réinvente son produit. « Un moment his- à ce que d’autres le fassent. » torique de l’entreprise qui lui a permis de redevenir rentable. » Depuis, sous sa direc- Karim Mahmoud-Vintam, Les Cités d’or, lauréat 2014 tion, l’entreprise d’articles scolaires et de bureau a multiplié son chiffre d’affaires N°131 Juillet-Août 2016 par 100, grâce à la diversification des 90 Acteurs de l’économie - La Tribune

PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendreEntrepreneurs, vous prenez des DEL 0252 - 05/2016 - Conception : semacrea.comdécisions à fort enjeu et à risqueélevé... LYON 12, quai André LassagneAssociés d’un cabinet d’avocats d’affaires de premierplan à Lyon, nous accompagnons les personnes et 69001 LYONorganisations dans leurs prises de décisions Téléphone :stratégiques et quotidiennes. 33 (0)4 72 10 20 30Parce que les activités doivent passer avant le droit, PARISnos missions intègrent une fonction de conseil 4 bis, rue du Colonel Mollstratégique, d’assistance à la négociation, d’aide à laconception de schémas sécurisés dans un paysage 75017 PARISmouvant. Téléphone : 33 (0)1 53 70 69 69• Droit des sociétés - Fusions-acquisitions• Organisations non lucratives• Droit social - Protection sociale• Droit fiscal• Contentieux• Droit immobilier• Droit public• Sciences du vivantN°131 Juillet-Août 2016 Pour plus d’informations : www.delsolavocats.comActeurs de l’économie - La Tribune 91

10e Prix de l’esprit d’entreprendre ENRICHIR Jean-Yves Blay, l’enthousiaste À la tête du centre Léon-Bérard de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes, Jean-Yves Blay s’envisage comme un capitaine de navire. Celui qui fixe le cap et montre la direction à suivre. Chercheur et professeur en oncologie médicale, il ne perd jamais de vue ceux pour qui il est devenu médecin : les patients. « Enrichir, NICOLAS ROUSSEAU UNE RÉVÉLATION s’agit-il uniquement L’enrichissement guide également sa car- de créer plus d’argent ? Avant d’entrer dans le bureau rière de cancérologue. « Mon enrichissement Ou peut-être de créer de Jean-Yves Blay, directeur personnel, intellectuel d’abord, est majeur au aussi plus de valeur général du centre Léon-Bérard, sein du centre Léon-Bérard. D’ailleurs, chacune quelques phrases ornent le cou- des grandes étapes de ma carrière est marquée pour soi et pour loir qui mène à sa porte. Parmi par un surcroît d’enrichissement : en tant qu’in- les personnes ces quelques sentences, l’une attribuée à terne, puis médecin, puis professeur et enfin Antoine de Saint-Exupéry : « Dans la vie, directeur.  » Une carrière très tôt orientée. qui nous entourent ? » il n’y a pas que des solutions. Il y a des forces « Pendant mes études de médecine, j’ai décou- en marche ; il faut les créer et les solutions vert la cancérologie, un domaine qui d’emblée Guillaume Decitre, Decitre, suivent.  » Une maxime qui inspire sans m’a plu. J’ai aussi appris que mon père, méde- Grand Prix 2012 doute le médecin oncologue, chercheur cin lui-même, avait été soigné et guéri d’un can- et professeur en oncologie médicale. Et cer l’année de ma naissance. Il m’a raconté son92 Acteurs de l’économie - La Tribune qui guide son action à la tête du centre parcours thérapeutique à une époque alors pré- de lutte contre le cancer de Lyon et Rhô- historique. » En 1985, Jean-Yves Blay effec- ne-Alpes, depuis décembre 2014. Mettre tue son premier stage d’internat au centre des forces en marche afin d’enrichir un Léon-Bérard. «  J’ai tout de suite su que c’est ensemble déjà constitué. «  Enrichir le dans cette voie que je souhaitais m’engager. » centre Léon-Bérard revient à lui conférer de Jean-Yves Blay intègre le centre Léon-Bé- nouvelles missions, à lui adjoindre de nou- rard en 1992 en tant que médecin de velles compétences afin de permettre de nou- centre. Nommé professeur sept ans plus velles découvertes  », témoigne Jean-Yves tard, il ne perd jamais de vue le patient. « Je Blay. Tout l’objet de sa mission, également réalise des recherches avant tout pour servir le destinée à redéployer un établissement patient. Dans notre métier, il est impératif de éprouvé sous la mandature précédente s’intéresser aux autres avant tout. C’est l’unique qui succédait à celle de l’emblématique voie de satisfaction du travail effectué.  » Et Thierry Philip. pour pouvoir soigner le plus grand nombre, «  L’établissement a su conserver une taille Jean-Yves Blay s’est donné pour mission humaine, ce qui préserve une proximité de développer et d’«  assurer un positionne- essentielle.  » Jean-Yves Blay s’envisage ment international de manière durable. Le un peu comme un capitaine de navire. centre Léon-Bérard recèle déjà de nombreuses «  Pour emmener une équipe, tout manager pépites. Mais le projet médical et scientifique est doit montrer la direction à suivre, et ce au de transformer ces pépites en un gros tas d’or. plus lointain possible. La destination importe L’ensemble du centre doit être présent sur la moins que le chemin que l’on va devoir carte mondiale de la recherche et du traitement emprunter. » Cette vision est indissociable du cancer. Cela repose sur un triptyque : excel- de la passion et d’un enthousiasme for- lence, innovation et dissémination de l’innova- cené, «  indispensables dans notre métier. tion. Cette mission de diffusion est primordiale Pour ne pas s’user, il faut être en permanence pour pouvoir traiter un plus grand nombre de mû par la passion. Le manque d’amusement patients. » Le patient, encore et toujours.  et de passion est signe qu’il est temps de changer de poste ». N°131 Juillet-Août 2016

PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendreCreateurs,facilitez-vousla vie !Toute l’actualité, les événements facebook.com/et les contacts près de chez vous, JecreeAuRapour faire avancer votre projet twitter.com/jecree.auvergnerhonealpes.eu JeCreeAuRaN°13*1SJiugnillaettu-rAeopûrot v2is0o1i6re : le nom de la Région sera fixé par décret en Conseil d’État avant le 1er octobre 2016, après avis du Conseil régionalA. cteurs de l’économie - La Tribune 93

10e Prix de l’esprit d’entreprendre TRANSMETTRERégis Marcon,l’épicurienAu cœur de la Haute-Loire,à Saint-Bonnet-le-Froid, les Marconse transmettent de génération engénération le flambeau et la passionpour la gastronomie, emmenéspar la bienveillance de Régis,père de quatre enfants et chefaux trois étoiles Michelin.GENEVIÈVE COLONNA D’ISTRIAPerché sur son promontoire dans obtenir la troisième étoile en 2005, CITÉ DE LA GASTRONOMIE un écrin de verdure, le restau- avant de construire son propre établis- Bon sang ne saurait mentir. La passion rant gastronomique de Régis et sement, un hôtel-restaurant Relais et dévorante pour la cuisine a gagné Jacques Jacques Marcon (trois étoiles au Château. Le maître des lieux travaille Marcon, dont la ressemblance physique Michelin) semble seul au monde. également avec sa femme, Michèle, avec son père saisit. En cuisine, père et Architecture moderne, ambiance feutrée, chef d’orchestre de l’entreprise fami- fils sont interchangeables. «  Entre nous, le bâtiment est à l’image de son fonda- liale. Sans oublier Thomas, le cadet, cela va au-delà de la complicité. Jacques est teur  : sobre et délicat. En 2015, le chef qui vient d’ouvrir sur les hauteurs du même devenu le chef. Il a toutes les compé- Régis Marcon a fêté le dixième anniver- village un spa d’altitude, «  Sources du tences et la mainmise sur les plats, les ingré- saire de sa troisième étoile et le vingtième Haut-plateau  », ou encore le benjamin dients. Aujourd’hui, je l’accompagne, j’assure de son Bocuse d’or. qui a embrassé la profession, pour l’ins- les relations publiques en salle. Le reste, c’est Autant dire qu’à 60 ans, cet homme tant comme apprenti dans un restau- lui  !  », souligne le père, jamais très loin affable, amoureux de son terroir, n’a plus rant à Lyon. Seule sa fille Marie n’est pas pour distiller quelques conseils et veiller rien à prouver. D’autant qu’il s’applique tombée dans la marmite. Elle tient une à la bonne marche de l’établissement. à transmettre son savoir-faire à la jeune librairie à Saint-Étienne et force l’admi- Quant à envisager un jour un retrait génération. Depuis 12 ans, le patriarche ration de son père. « C’est la psychologue total des affaires, « je n’en suis pas encore travaille main dans la main avec son fils de la famille ! Elle aime beaucoup manger, là, sourit Régis Marcon. Je fais de la cui- aîné, Jacques, qui l’a rejoint en 2004. mais préfère dévorer les livres. Du coup, elle sine depuis 45 ans et j’ai toujours autant de «  Lui et moi nous comprenons très bien. porte un regard extérieur sur nos activités. passion pour mon métier. Je ne me verrais Même si ce n’est pas toujours facile de tra- Elle est très bien placée pour nous donner pas faire autre chose. J’ai encore des pro- vailler en famille », sourit Jacques Marcon, son avis, se réjouit Régis Marcon. Je n’ai jets ». Parmi eux, la création, d’ici à 2019, 37 ans, l’aîné des quatre enfants. jamais poussé aucun de mes enfants à faire de la Cité de la gastronomie à Lyon. Un ce métier. Je me suis même fait du souci concept porté par d’autres chefs étoilés LE SENS DE LA FAMILLE lorsque Jacques m’a annoncé vouloir deve- et la Ville de Lyon, destiné à devenir « un Installée depuis 1948 à Saint-Bonnet- nir chef. Il a commencé simple commis, puis lieu vivant et attractif pour toute la filière des le-Froid, la famille Marcon a d’abord il a franchi les étapes. Ce n’était pas facile métiers de bouche, et où auront toute leur tenu une modeste auberge, reprise par pour lui. D’abord parce que ce métier est place experts, économistes et philosophes  », Régis, l’un des sept enfants. Celui-ci l’a très exigeant. De plus, il s’appelle Marcon. détaille Régis Marcon. Un nouveau bébé transformé en une table réputée, jusqu’à Il était attendu au tournant. » en quelque sorte.« Transmettre, c’est faire grandir, donner, partager des valeurs qui nourrissentle développement personnel au service du collectif et d’un projet. »Abdel Belmokadem, Nes & Cité, lauréat 200894 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendre OFFRES DE CRÉDIT-BAIL MOBILIER ET DE LOCATION FINANCIÈRE • DES SOLUTIONS DE FINANCEMENT AU TARIF LE PLUS JUSTE • DES OFFRES SOUPLES ET CLAIRES • UNE GAMME D’ASSURANCES PARMI LES PLUS COMPLÈTESJ’AI CHOISI UNE BANQUEENTREPRENANTE POURFINANCER MON ÉQUIPEMENT.RENSEIGNEZ-VOUS AU BANQUE ET CITOYENNELABANQUEPOSTALE.FR/ENTREPRISES.HTML(1)(1) Coût de connexion selon le fournisseur d’accès.La Banque Postale Crédit Entreprises – Société par Actions Simplifiée au capital de 220 000 000 € - Siège social : 115, rue de Sèvres - 75275 Paris CEDEX 06. RCS Paris 514 613 207 -Intermédiaire d’assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 11 063 258.LaNB°1a3n1quJueilPleots-tAaoleû-t S2.0A1.6à Directoire et Conseil de Surveillance au capital de 4 046 407 595 €. Siège social et adresse postale : 115, ruAecdteeuSrèsvdreesl-’é7c5o2n7o5mPiear-isLCaETDrEibXu0n6e. R9C5S Paris421 100 645. Code APE 6419 Z. Intermédiaire d’assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 023 424.

10e Prix de l’esprit d’entreprendre ÉCRIRE LE FUTURJulien Durant,Vincent André etJérémy Rochette,les conquérantsGENEVIÈVE COLONNA D’ISTRIA © DRAvec leur look d’éternels adolescents, il serait presque di cile de les prendre au sérieux... Presqueseulement. Car ces trentenaires, Julien Durant, Jérémy Rochette et Vincent André, ont su imposerleur marque éthique et responsable Picture Organic Clothing dans le milieu très concurrentiel duprêt-à-porter des sports de glisse. Respecté pour son sens des a aires et son insolente réussite,ce trio d’Auvergnats détonne.« Picture, c’est l’histoire ou Organic Exchange. Les usines qui tra- pour un chiffre d’affaires de 10,2 millions de trois potes qui sont vaillent pour eux, implantées en Chine, d’euros, les affaires de Picture sont deve- allés au bout de leur en Inde et en Turquie, n’utilisent aucune nues très rentables. Or rien n’était écrit à délire  !  » Voici bien substance nocive dans le processus de l’avance. « Lorsque nous nous sommes lan- résumée l’histoire production. « Aujourd’hui, nous avons deux cés, nous nous étions promis, si nous attei-d’amitié que ni les affaires ni le temps ans d’avance sur nos concurrents. » Progres- gnions un jour le million d’euros de chiffren’ont altérée. Lorsqu’ils se lancent en sivement, la marque auvergnate a imposé d’affaires, de nous faire tatouer. Cela nous2008, Julien Durant, aujourd’hui âgé son style fun et coloré, réalisant l’exploit paraissait presque utopique. La troisièmede 34 ans, Jérémy Rochette, 32 ans, et de joindre l’esthétique à l’environnement, année, nous réalisions 1,8 million d’euros.Vincent André, 27 ans, sont loin d’ima- l’innovation à la rentabilité. Alors, nous nous sommes fait tatouer le logoginer leur future trajectoire. Les trois Car Picture séduit une clientèle de plus de Picture. Nous avions prévu d’en faire unamis d’enfance, originaires de Cler- en plus large en proposant une gamme de deuxième si Picture dépassait les 10 millionsmont-Ferrand, sortent alors d’école de 800 références. Derrière une décontrac- d’euros. L’an dernier, nous avons franchi lacommerce, d’école de design et d’études tion affichée, les cofondateurs ont orga- barre, avec 10,2 millions d’euros…  » Et lade gestion et rêvent de vivre de leur pas- nisé une stratégie marketing implacable. fabuleuse success-story des trois amission commune : la glisse. « Un soir, nous Picture revendique 800 points de vente d’enfance ne devrait pas s’arrêter en siétions au skate park et nous nous sommes dans le monde, dont 270 en France. La bon chemin, l’objectif affiché étant dedemandés ce que nous pouvions faire. Nous botte secrète des trois amis : ne pas appa- dépasser les 20 millions d’euros de chiffreavons eu l’idée de créer notre propre marque raître dans les grandes surfaces de vête- d’affaires en 2018. Mais désormais, plusde vêtements. C’est comme cela que tout a ments de sport, mais uniquement dans personne ne se risque à faire de paris.commencé  », se souvient le benjamin de des boutiques spécialisées en sports dela bande. Jérémy avait déjà la fibre très glisse. « C’est un choix stratégique, assume « Ecrire le futur,écolo. « Il mangeait des steaks de soja avant Vincent André. Nous souhaitons faire venir c’est concrétiser une idée,même que ce soit à la mode  !  », sourit la clientèle à nous, non le contraire. »Vincent rappelant la philosophie du trio : surmonter l’échec,« Rider, protéger, partager. » TATOUAGES fédérer sur un projet, Une stratégie payante. Depuis trois ans, la enrichir la diversité. »UNE AVANCE SUR LA CONCURRENCE marque connaît une croissance annuelleDepuis, 100 % des produits Picture sont de 20 % . Et ne cesse d’innover dans ses Pascal Le Merrer, Les Journéescomposés de coton biologique labellisé locaux de Clermont-Ferrand, surprenant de l’Économie, lauréat 2011GOTS (Global organic textile standard) le marché. Avec seulement 23 salariés96 Acteurs de l’économie - La Tribune N°131 Juillet-Août 2016

Protection individuelle PARTIE 10e Prix de l’esprit d’entreprendreFourniture industrielle généraleFourniture industrielle technique VOTRE DISTRIBUTEUR Protection individuelle Fourniture industrielle générale et technique Disponibilité des stocks en temps réel 24h/24 7j/7 Livraison rapide + DE 100 000 ARTICLES EN LIGNE www.mabeo-direct.comN°131 Juillet-Août 2016 DES SOLUTIONS À TOUS VOS BESOINS Acteurs de l’économie - La Tribune 97

« M10e Prix de l’esprit d’entreprendre PRIX SPÉCIALa plus grande fierté, Télémaque Rhône-Alpes qu’il préside depuis c’est l’implication des deux ans. Le nombre de collégiens et lycéens, salariés  », assure brillants et motivés, parrainés jusqu’au bac- Thierry de La Tour calauréat, dans la région, a bien progressé : d’Artaise à pro- ils sont 85 issus d’un milieu peu favorisé. pos de l’engagement social du groupe SEB «  Mais nous sommes loin du compte. Mon job qu’il préside depuis 2000. À la lutte contre consiste à convaincre d’autres entreprises. » l’exclusion, le champion mondial du petit électroménager consacre quelque trois « HUMAIN ET SIMPLE » millions d’euros par an. « Chaque fois que Son chauffeur, Stéphane, à son service nous ouvrons une filiale, nous réfléchissons à depuis neuf ans, le décrit comme «  un l’action la plus adaptée au pays  », indique le patron humain et simple  ». «  Il a un rapport président du groupe fort de 26 000 colla- très direct avec tout le monde, appuie Bertrand borateurs. Ils seront 5 700 de plus une fois Neuschwander, son numéro 2. Quand il m’a finalisée l’intégration de l’allemand WMF, recruté début 2010, j’ai immédiatement perçu sa une marque emblématique outre-Rhin qui, capacité à exprimer une vision claire du déve- pesant un peu plus d’un milliard d’euros de loppement de l’entreprise, de son rôle et de la chiffre d’affaires, va propulser ses revenus façon dont les équipes doivent contribuer à un Thierry de La Tour d’Artaise, l’engagéHomme discret, ancien globaux au-delà de 5,8 milliards d’euros projet durable et rentable. Son discours est enescrimeur, Thierry de chiffre d’affaires après une année 2015 cohérence avec ses actes. »de la Tour d’Artaise porte record, durant laquelle le groupe a enregis- Thierry de La Tour d’Artaise incarne lesdepuis 16 ans, le groupe tré un résultat net de 206 millions d’euros valeurs de l’entreprise familiale qu’il a inté-SEB au rang des plus belles en hausse de 21,2 %. En Chine, son pre- grée en 1994 comme directeur général deréussites françaises. mier marché depuis l’acquisition de Supor Calor, après dix ans à la barre des Croi-Ses valeurs humaines, en 2007 – après 28 aller-retours lors des sières Paquet. « Au départ, l’électroménager neil s’e orce de les deux années préparatoires –, le fabricant m’intéressait guère », confirme ce polyglotte,transmettre à ses d’articles domestiques poursuit la construc- diplômé de l’ESCP-Paris, marié à Bénédictecollaborateurs jusqu’à tion d’écoles (une quinzaine aujourd’hui) Lescure, une des petites-filles du fondateurles porter au-delà du dans les régions les plus pauvres et contri- et qui lui a donné cinq enfants. Mais je savaiscercle de l’entreprise bue à leur fonctionnement. C’est naturelle- le groupe international innovant et aux valeursfamiliale, dans ses ment que «  TTDA  », comme le surnomme humanistes. Humanistes, mais pas paternalistes,nombreux engagements ses proches, a été porté à la présidence du car une entreprise ne peut nier la réalité écono-associatifs. nouvel Institut franco-chinois, perpétuant mique. Lorsque la fermeture d’une usine s’im- les relations ancestrales entre Lyon et la pose, nous le faisons proprement. »MARIE-ANNICK DEPAGNEUX Chine. Au Vietnam, l’industriel finance des ventilateurs pour les orphelinats ou EXIGENCE98 Acteurs de l’économie - La Tribune encore des boulangeries. En Colombie, il L’ancien escrimeur se remémore la lourde participe à la réalisation de logements. En restructuration industrielle de 2006 et les France, c’est 400  000  euros en numéraire 900 salariés touchés par l’arrêt de trois sites : et 900  000 euros en produits que la fonda- « Nous avons retrouvé un emploi à chacun. » Et tion SEB (transformée en fonds de dotation quand tout va bien, l’intéressement – « élé- en raison des normes comptables IFRS) a ment fondamental de notre pacte social » – peut donnés, l’an dernier, à des structures d’hé- représenter « deux à trois mois de salaire pour bergement, des associations œuvrant pour les collaborateurs de la production. Et jusqu’à l’insertion, etc. un mois et demi pour les cadres ». À 61 ans, le Thierry de La Tour d’Artaise préside éga- PDG a été reconduit pour quatre ans par l’as- lement le comité des amis du Foyer Notre- semblée générale du 19 mai. De la terrasse de Dame des sans-abris, une institution son bureau, au deuxième étage du nouveau historiquement soutenue par le groupe siège d’Écully (Rhône) aménagé en campus et confrontée à des besoins grandissants. et paysagé à l’américaine, il continue à faire « Des centaines de personnes dorment dans la partager à ses visiteurs la joie d’avoir réuni au rue à Lyon, faute de places pour les accueil- même endroit ce printemps les 1 000 salariés lir  », déplore-t-il. Autre cause  : l’Institut lyonnais. N°131 Juillet-Août 2016

Paris Le temps respecte ce qui est construitSaint-Denis avec passionLyon La Part-Dieu Campus SEB Ecully/Champagne-Villeurbanne au-Mont-d’OrEcully 21 Ecully Parc EcullyLyon Gerland Tour Incity Lyon Part-DieuPlaine Commune Le 107 Lyon Part-DieuLyon Est Sadena VilleurbanneParis Rive GaucheLyon Ouest FINANCEMENT - MANAGEMENT DE PROJETS - FACILITY MANAGEMENTAubervilliers Paris - Lyon Tél. : 04 72 74 69 69Lyon Saint-Exupéry sogelym-dixence.frParis La DéfenseBoulogneGrenobleLyon Brotteaux

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