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Indices 2015 02

Published by AGEFI, 2016-02-22 03:43:28

Description: Février 2015
Gestion alternative

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INDICESFévrier 2015 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°02 | Gestion alternative Entretien Les mesures mises en place par Jaeger-LeCoultre pour affronter la crise du franc Daniel Riedo PAGE 20 Directeur généralLe Thème Gestion alternativeSolutions de diversificationface à l’environnement dégradéLes grandes disparités conjoncturelleset l’instabilité des marchés sont propicesaux stratégies de hedge funds  p. 8 à 19 Ulrich Keller / Dirk Wieringa / Vincent Chailley / Hasan Aslan / Cédric Kohler / Umberto Boccato / Vaqar Zuberi / Olivier SchmidCéline Regis / Patrick Hug / Christopher Riedi / Alain Freymond / Giovanni Staunovo / Olivier Roncari / Patrick Richard / Bernhard Wenger Pics de volatilité, baisse des rendements, taux d’intérêts au plus bas. Et si le moment était venu d’appréhender les marchés sous un angle différent pour mieux répondre à vos besoins ? Chez Natixis Global Asset Management, c’est précisément notre ambition. Le fruit de cette réflexion se nomme Durable Portfolio Construction®, une toute nouvelle approche destinée à relever les défis d’aujourd’hui. Parce que l’environnement actuel exige un autre regard. Parce que nous voulons être toujours plus proches de vous. POUR UN NOUVEAU REGARD SUR LES MARCHÉS D’AUJOURD’HUI, RENDEZ-VOUS SUR DURABLEPORTFOLIOS.COMNatixis Global Asset Management définit Durable Portfolio Construction comme une stratégie d’investissement qui vise à produire des rendements réguliers sur le long terme par la gestion des risques, la gestion de la volatilité et le renforcement de la diversification. Les retours surinvestissement ne sont pas garantis. • Distribué en Suisse pour les investisseurs qualifiés par NGAM, Suisse Sàrl. Siège social : Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse. NGAM, Suisse Sàrl est une unité de développement de Natixis Global Asset Management, filiale de Natixis etla société holding d’un ensemble mondial de sociétés de gestion et de distribution spécialisées. ADINT568-1014

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PAGE . Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeIndices Volatilité bienvenue Après la chute Perspective réaliste Sous les feux des critiques face à des rendements à la traîne Les matières premières ont perdu jusqu’à 35% de performance en depuis plusieurs années, les hedge funds pourraient saisir 2014. Pour 2015, la grande question est de savoir si prendre une Une sortie de la Grèce de la zone euro est une l’opportunité de se reprendre avec le retour annoncé de la volatilité. position importante dans cette classe d’actifs est un risque qui en perspective réaliste, estime Steen Jakobsen. Ils verront sans doute le salut venir par la démonstration de leur vaut la peine. A ce stade, la réponse est sans doute Cela pourrait relancer la croissance. Pour le chef capacité à protéger le capital dans les phases de baisses marquées négative. Car les facteurs de risque et de gains économiste de Saxo Bank, la politique d’assou- des marchés financiers. Hasan Aslan, Reyl & Cie. sont par trop disparates. Giovanni Staunovo, UBS. plissement quantitatif de la BCE est une opération page 10 page 16 d’illusion et de temporisation. Cela fera effet pendant un trimestre, mais pas beaucoup plus. Steen Jakobsen, Saxo Bank. page 6Éditorial Le moment de faire ses preuvesDans l’environnement actuel, tout laisse pen- l’on doute sérieusement que ce QE puisse sortir les hedge funds ont enregistré une croissance deser que la gestion alternative a une importante l’Europe du bourbier (p. 6). A cela s’ajoutent la leurs actifs de 10% par an depuis 2008, la majeu-carte à jouer. Après trois années de marchés do- guerre des changes, la chute du pétrole et des re partie de cette hausse pouvant être attribuéepés par la Fed, où la volatilité était très basse et où matières premières, les événements géopoliti- à une augmentation des allocations des fonds definalement les gestionnaires de hedge funds ont ques. Un cocktail explosif, certes, mais riche en pension américains.eu des difficultés à se démarquer, on se trouve opportunités pour les hedge funds, qui tirent gé- Les investisseurs suisses et européens sont restésaujourd’hui dans un scénario totalement diffé- néralement parti de la volatilité élevée et de la sur leur réserve. S’il est difficile de leur donnerrent qui devrait largement leur bénéficier. Toutes dispersion dans les performances: des actions qui tort au vu des rendements décevants de ces der-les classes d’actifs sont entrées dans une phase s’écartent d’autres valeurs du même secteur, des nières années, l’avenir pourrait les faire changerd’instabilité élevée (p. 10). fluctuations de change entre paires de devises, d’avis. Avec les modifications structurelles inter-Rarement les marchés ont été confrontés à etc. (p. 8). Dans ce contexte, différentes straté- venues dans le secteur (efforts de transparence etautant d’incertitudes et à des disparités aussi gies du type global macro, arbitrage, CTA sont à de réduction des risques), le grand ménage a étémarquées entre les grandes régions du monde, même de se distinguer. Autre facteur de soutien fait. Et l’on est en droit de penser que les fondstant en termes de conjoncture que de politiques à la gestion alternative, les taux très bas et la va- toujours présents sur le marché, qui ont réussi àmonétaires. Ainsi, alors qu’approche aux états- lorisation élevée des actions et obligations appel- passer le cap de cette difficile période de transi-Unis la fin du quantitative easing (QE) et que lent une diversification des investissements. tion, sont prêts à renouer avec les performances.l’on s’interroge sur le moment où la Fed va en- Les hegde funds représentent toujours une part Le moment est propice pour faire ses preuves.clencher la hausse des taux, la Banque Centrale importante des placements des fonds de pensionEuropéenne débute son programme d’injection américains, même si Calpers, le plus grand fonds Danielle Hennardmassive de liquidités, tentant de reproduire le du secteur public, a supprimé il y a quelques Rédactrice en chefschéma américain. Or, l’Union Européenne, qui mois son allocation à cette classe d’actifs. Selonimplique 28 états aux économies très divergen- les chiffres publiés fin janvier par l’Alternative [email protected], n’est pas dans une situation comparable. Et Investment Management Association (AIMA),Sommaire du 23 février 201504. Livres par HEG-Arc 13. Opinion 18. L’immobilier demeure intéressant Le high yield vaut-il encore la peine? dans un environnement de taux négatifs.06. ENtretien. Steen Jakobsen, Saxo Bank:On s’achemine vers une sortie de la Grèce François Savary, Banque REYL & CIE Patrick Richard, Procimmode la zone euro. Ce qui relancerait la croissance07. Chronique 14. Pour atteindre ses objectifs de rendement 18. En DroitDette grecque: le chant du bouc. dans des investissements plus défensifs Fonds maîtres-nourriciers: les nouvelles règles.François-Serge Lhabitant Patrick Hug, Christopher Riedi, Complementa Dr Thierry Amy, BCCC Avocats, Lausanne/Genève Investment-Controlling08. Grands changements et rupture. 19. La reprise globale dope les classes d’actifs. 14. MarchésUlrich Keller, Dirk Wieringa, Credit Suisse Mieux vaut ne pas abuser des Bernhard Wenger, ETF Securities bonnes choses. Philippe Schindler, Blue Lakes Advisors09. La gestion alternative est idéalement 19 Leadershipplacée pour la nouvelle donne. 15. Augmentation probable de quelque L’art de réussir ensemble. 50% des prix du pétrole cette annéeVincent Chailley, H2O Asset Management LLP Daniel Held, PI Management Alain Freymond, BBGI Group10. Les hedge funds à l’heure de la volatilité. 20. Les mythes de l’entrepreneuriat.Hasan Aslan, Reyl & Cie || Coup de chance ou coup 16. Matières premières: le secteur va-t-il se ressaisirde génie? Cédric Kohler, Fundana en 2015? Giovanni Staunovo, UBS CIO WM Philippe Gaemperle, GENILEM Vaud-Genève || HGuitare.com: les internautes conquis.12. L’influence de plus en plus grande 17. L’eau: cette nouvelle matière précieuse. Didier Planche, GENILEMdes gérants activistes auprès des entreprises. Olivier Roncari, Sequoia Asset Management 20. EntretienUmberto Boccato, Vaqar Zuberi, Mirabaud Asset Management Daniel Riedo. Jaeger-LeCoultre freine les 17. cybersécurité recrutements en raison de la réévaluation du franc13. Les managed futures redeviennent tendance. Le crayon, le glaive et le bouclier ne suffiront pas. 22. Sciences humaines et management.Dr. Olivier Schmid, Céline Regis, Fisch Asset Management Solange Ghernaouti, Swiss Cybersecurity Advisory & Research Group, HEC Lausanne Alain Max Guénette, IMSI, HEG ArcIndices est un supplément de L’AGEFI, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève | Président Alain Duménil | Administrateur délégué-Rédacteur en chef François Schaller | CEO Agefi SA Olivier Bloch | Directeur adjoint, développements Lionel Rouge | Rédactrice en chefIndices Danielle Hennard | Responsable IT Guy-Marc Aprin | Graphisme Sigrid Van Hove | Journalistes Mohammad Farrokh, Giuseppe Melillo | Contributeurs réguliers Solange Ghernaouti, Alain-Max Guénette, Daniel Held, François-Serge Lhabitant, François Savary, Philippe Schindler | AdministrationPatricia Chevalley, Carole Bommottet | Marketing Khadija Hemma (021) 331 41 09 | Abonnements (021) 331 41 01 – [email protected] | Publicité Suisse romande & internationale Norbert Fouchault (021) 331 41 25 – [email protected] – Suisse alémanique Béatrice Leuenberger (044) 254 39 [email protected] | Imprimerie Kliemo Printing, Eupen | Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité de la publication. 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PAGE . Indices | | Février 2015 | Les livres par HEG ArcLe capitalisme a-t-il un avenir? Réédition d’une partie de l’œuvre d’Albert MemmiAlmir WALLENSTEIN, Randall COLLINS, Michael MANN, traversée par l’analyse des conditions de l’altérité etGeorgi DERLUGUIAN, Craig CALHOUN de la dépendance.Éditions La découverte, 2014, 320 pages, 33.20 francs La religion: valeur-refugeISBN 978-2-226-25705-5 engouements de nombreux intellectuels, Albert Cinq éminents chercheurs de la Memmi a jeté un regard soupçonneux à l’égard sociologie historique explorent une Alain Max Guénette des révolutions arabes, prétendant qu’il ne fallait série de dimensions cruciales et de pas trop s’emballer mais attendre et prendre en tendances «lourdes» pour comprendre AIMSI, HEGArc compte les dynamiques concrètes. comment le capitalisme comme grand lbert Memmi naît en Tunisie Le souci de garder en tout temps raison, est système historique, pourrait, à l’instar en 1920, dans une famille juive une des marques principales de l’auteur. Si l’on d’autres avant lui, décliner. Ils dessinent pauvre, de langue maternelle prend l’exemple du Portrait du colonisé, il s’agit de possibles alternatives susceptibles arabe. Il se trouve au carrefour d’un portrait froid, distant, il s’agit d’une sorte d’émerger au cours du siècle. de trois cultures, et construit son œuvre d’essayiste et de fiction sur d’enquête qui, par touches successives, dégageChine. L’âge des ambitions la difficulté de trouver un équilibre entre Orient un portrait. C’est bien là que Memmi diffèreEvan OSNOS Albert Memmi. Portraits et Occident. «Ni Tunisien, ni Français et à peine du lyrisme d’un Senghor, du style démonstratif Guy DUGAS (Coord.) juif», selon ses propres termes, il a été connu d’un d’un Césaire ou d’un Sartre et leur souci de poli-Éditions Albin Michel, 2015, 490 pages, 37 francs Éditions du CNRS très large public depuis la parution en 1957 d’un tisation, ou de l’enthousiasme d’un Fanon. PourISBN 978-2-226-31262-4 Collection Planète libre, 2015, ouvrage intitulé «Portrait du colonisé» – précédé Memmi, dont les essais ne sont jamais enflammés, 1290 pages, 74.30 francs du Portrait du colonisateur. C’était l’époque des la raison et le souci de lucidité priment. Ce qui L’auteur partage sa connaissance de ISBN 978-2-271-07987-9 luttes pour la décolonisation à laquelle des auteurs lui importe, c’est de mettre de l’ordre dans le vécu la vie quotidienne des Chinois qui comme Jean-Paul Sartre, Paul Fanon, Aimé avant tout, même si bien des choses échappent réinventent leurs vies tandis que leur Césaire, Léopold Senghor, notamment, ont com- toujours à la raison et au vécu dans les relations pays connaît des changements impres- me lui apporté leur talent. Chacun dans un regis- humaines faites de dualité entre la dominance et sionnants. Il décrit les tensions parmi tre différent. Le registre de Memmi tient davan- la servitude. Selon lui, on peut être parfois domi- lesquelles, par exemple: la montée de tage de la raison que de l’enthousiasme, du souci nant, parfois dominé, toujours dépendants. l’individualisme dans la société et la de lucidité que de la fougue. Ainsi, Memmi connaît sa pé- lutte que mène le Parti communiste L’ouvrage que consacre à son «Ce ne sont pas riode de gloire dans la foulée pour reprendre le contrôle. œuvre Guy Dugas est une des indépendances. Prophéti- réédition savante de ses «Por- seulement les conditions que, il a annoncé les difficul-Le banquier du diable traits», c’est-à-dire accompa- socio-économiques tés des décolonisations et desGhislain MONTREYNAUD gnés de nombreux textes cri- indépendances naissantes. tiques, «pour ouvrir le procès qui sont au centre Les décennies suivantes vontÉditions Max Milo, 2015, 296 pages, 35.30 francs du postcolonial au Maghreb des rapports humains. être plus problématiquesISBN 978-2-315-00630-4 – le terme procès étant pris Ce sont aussi et surtout quand à la réception de ses dans sa double acception de les conditions sociocul- thèses. Dans «Portrait d’un Ancien fonctionnaire d’une procédure de remise en cause turelles. Albert Memmi juif», où il forge le concept banque centrale, l’auteur fonctionne et de processus.» estime que la misère de «judéïté», il défend l’idée aujourd’hui au FMI. Il s’intéresse Les «portraitS» d’Albert est redoublée par qu’Israël est la seule solution ici à la vie d’un banquier influent, Memmi, Portrait du coloni- le facteur ethnique.» pour la libération des Juifs, Hjalmar Schacht, qui a accompagné sé, Portrait du colonisateur, qu’il en est même la condi- dans une Allemagne en crise la montée Portrait d’un juif, Portrait tion. au pouvoir d’Hitler. Ambivalent en Selon lui, parce qu’en tant diable, le banquier a ensuite été du décolonisé arabo-musul- que peuple les Juifs sont emprisonné, interné et déporté pour man et de quelques autres, dominés, comme les coloni- avoir critiqué le funeste régime. etc., sont donc ici repris, réédités. L’ouvrage de sés en tant que peuples sont dominés, c’est sur G. Dugas est un ouvrage d’érudition en ce qu’il le mode du nationalisme que peut se faire la li-Versailles, une histoire naturelle tient de l’étude scientifique, savante; les «textes» bération. Alors, dans un Maghreb solidaire desGrégory QUENET de Memmi y sont analysés, commentés, discutés. palestiniens, pro-arabes, il perdra de son aura Mais c’est aussi un «beau livre». auprès notamment des intellectuels arabes etÉditions La découverte, 2015, 220 pages, 33.70 francs Précisons que Memmi avait écrit, avant le Por- tiers-mondistes. Son essai «Portrait du décolo-ISBN 978-2-707-18494-8 trait du colonisé, des œuvres de fiction qui avait nisé»… en 2004 sera reçu dans un silence pour le connu un certain succès et sont aujourd’hui des moins gêné. On trouve finalement que ses idées Une grande partie du territoire de classiques. La marque de Memmi est l’autobio- ont vieilli. Pourtant, il a annoncé avant l’heure la Versailles a disparu, l’auteur de cet graphie. Tout son travail est marqué par sa pro- montée des intégrismes, la religion étant vu par ouvrage s’attachant à la faire revivre en pre histoire, y compris ses œuvres de fiction. lui comme une «valeur-refuge» des dominés. une histoire où la nature est incorporée Lui-même parle d’«autobiographie théorisée» Aucune emphase chez Memmi, aucun angé- dans le social et le politique, où l’hom- lorsqu’il évoque sa méthode. lisme non plus. Il sait que l’Histoire est tragi- me est contenu dans la nature. Très que! Juif au Maghreb, il a subi la condition du loin donc du stéréotype d’une nature Si l’œuvre d’Albert Memmi est actuelle, c’est minoritaire, méprisé. Il ose le dire à l’encontre aménagée, rationalisée et contrôlée: d’abord dans le rapport à l’étranger, dans le rap- des images félicitiques qui présentent la Médi- «Un Versailles qui fuit de partout». port au colonisé, au juif et à leur culture; notons terranée comme un espace édénique pour toutes un point central: ce ne sont pas seulement les les croyances. Comme si la religion n’était pasLa mer des Califes. Une histoire de la méditerranée conditions socio-économiques qui sont au centre l’instrument du pouvoir; les mystiques le saventmusulmane (VIIe-XIIe siècle) des rapports humains, mais aussi et surtout les et parmi eux les soufis qui ont subi la violenceChristophe PICARD conditions socioculturelles. Dit autrement, pour d’ordres religieux. lui la misère est redoublée par le facteur ethni- Finissons sur la laïcité en citant ce qu’il écri-Éditions du Seuil, 2015, 420 pages, 42.90 francs que. L’œuvre est également actuelle en lien avec vait lors du procès de Charlie Hebdo en 2007:ISBN 978-2-020-98381-5 la laïcité; Memmi est un juif non croyant. «Si Charlie Hebdo venait à être condamné, si L’écrivain reste moderne, malgré ses nonante l’autocensure généralisée devait faire jurispru- Grande civilisation méditerranéenne quatre ans, pour avoir abordé les problèmes liés dence, nous perdrions tous cet espace commun s’il en est, l’Islam est souvent méconnu aux décolonisations et aux questions lancinantes de résistance et de liberté. Pour ces raisons, nous comme acteur maritime de premier de corruption, de passe-droit et de népotisme qui soutenons Charlie Hebdo et le droit de continuer plan. L’auteur montre que califes et ont accompagnées la plupart des mouvements à critiquer toutes les religions sans exception». oulémas avaient pourtant largement de libération. Ainsi, dernièrement, devant les La laïcité comme mystique.  investi l’espace maritime méditerra- néen, ses marins, ses guerriers et ses marchands n’ayant en effet jamais cessé de le sillonner de part en part.Clinique du mal-être: La «psy» face aux nouvellessouffrances psychiquesMiguel BENASAYAG, Angélique del REYÉditions La découverte, 2015, 174 pages, 28.40 francsISBN 978-2-707-18536-5 Les auteures s’attachent à pointer les thérapies aptes à soulager les souffran- ces psychiques. Ce faisant, elles poin- tent l’idée que les thérapies psychiques individuelles ne peuvent être pensées et mises en œuvre indépendamment d’une réflexion critique approfondie sur les mutations sociales et idéologiques de notre époque.

PAGE . Indices | | Février 2015 | Les livres par HEG ArcSébastien Gand et Jean-Claude Sardas Cybercriminologie Xavier RAUFERChercheurs au CGS (Centre de gestion scientifique) de l’école des Mines Paris-Tech où ils sont professeurs. Éditions du CNRS, 2015, 240 pages, 33 francs1978. Naissance à Bar-le-Duc en Lorraine. 1955. Naissance à Alexandrie. ISBN 978-2-271-08556-62004. 2010, 2013: Juliette, Anna et Jeanne. 1978. Entrée au CGS après une formation d’ingénieur2008. Soutenance de thèse sous la direction de Jean- 1981. 1982, 1984: Mariage avec Fabienne, naissances «L’univers cybernétique est désormais l’un des principaux domaines de la Claude Sardas. de David et Jonathan fraude et du crime, a déclaré un expert2009. Post-doc à la Stockholm School of Economics. 1993. Doctorat «Dynamiques de l’acteur et de l’organi- anglais à la suite du piratage de 2332014. Sortie de l’ouvrage «Aider les proches aidants». millions de fiches clients d’un géant sation» sous la direction de Jean-Claude Moisdon. du e-commerce», annonce d’emblée 2002. Direction du master GDO (Gestion et Dynamique l’auteur pour qui les dangers en matière criminelle vont de pair avec la croissance des Organisations). exponentielle du Net.Il s’agit d’aider les aidants Management des organisations à but non lucratifDans le contexte du vieillissement des popula- Le modèle fribourgeois tions de nos pays, une catégorie d’acteurs joue ans menée en France à la demande de la CNSA (Caisse nationa- Hans LICHTSNEINER, Markus GMÜR, un rôle crucial: les proches aidants (conjoints, le de solidarité pour l’autonomie créée en 2005). Notre premier Charles GIROUD, Reinbert SCHAUER enfants, fratrie, voisins, amis) qui, globale- constat a été que les approches de la problématique du soutien ment, procurent 80% de l’aide reçue par les aux aidants peinaient à articuler la qualification des besoins Éditions de L’Harmattan, 2015, 260 pages, 68 francs personnes âgées en perte d’autonomie. Cela et les réponses organisationnelles sur les territoires. L’ouvrage ISBN 978-2-889-15030-4nécessite le développement de manière structurée et cumula- cherche précisément à travailler cette articulation. Il proposetive d’une politique publique de soutien et d’accompagnement une modélisation des besoins des aidants selon quatre dimen- Les organisations à but non lucratif ontdes aidants, ce, au niveau infrarégional. Comment aider les sions que nous avons reprises d’un modèle d’analyse de la capa- pour vocation de palier les défaillancesaidants? Interview. cité pour un acteur au travail à assumer son rôle, car nos études du marché et de l’État. Le «modèle fri- empiriques montrent qu’il en va de même pour un aidant: tout bourgeois» veut répondre aux attentesEn quoi la question des aidants est-elle aujourd’hui critique? d’abord l’aidant a-t-il les capacités physiologiques pour assumer de leurs membres et de leur clientèle. les tâches demandées? Deuxièmement, comprend-il la maladie Ses auteurs prônent une approche glo-Sébastien Gand et Jean-Claude Sardas: La problématique de de son aidé, ce que nous appelons la maîtrise cognitive? Troisiè- bale et proposent un cadre règlemen-la santé et du soutien aux proches aidants est un corollaire du mement, arrive-t-il à gérer la relation avec les différentes par- taire pour appréhender les problèmesprocessus démographique de vieillissement de nos sociétés. En ties impliquées dans la situation – aidé, famille, professionnels? et apporter des solutions.2060, environ un tiers des populations d’Europe aura plus de Enfin, quelle représentation subjective a-t-il de sa capacité à60 ans. Pour la première fois de l’humanité, nous devenons une assumer son rôle et quel est pour lui le sens de son rôle d’aidant? Ressources humaines: Gérer les personnessociété de «vieux»! La vieillesse amène des dégradations des ca- Une telle analyse permet à un travailleur social de cerner et et l’ordre social dans l’entreprisepacités physiologiques et cognitives qui peuvent conduire à une hiérarchiser les besoins de soutien et d’élaborer un plan d’aide Evelyne LÉONARDperte d’autonomie. Pour assurer leur maintien à domicile, choix qui dépend cependant aussi des ressources financières et depolitique datant des années 1980, les proches de ces personnes services existants. Éditions De Boeck, 2015, Collection: Manager RHdépendantes sont sollicités pour diverses tâches, toilette, trans- Préface de Bernard Galambaud, 168 pages, 40.60 francsferts, repas, surveillance, soins, etc., qui les mobilisent énormé- Comment est-il possible de structurer l’offre de service? ISBN 978-2-804-19019-4ment et de manière pratiquement continue dans le cas de mala-dies neuro-dégénératives. En France, on dénombre déjà plus de La difficulté pour les pouvoirs publics est qu’il n’y a pas une La gestion des RH touche aux person-quatre millions d’aidants, et cela ira croissant. bonne solution réplicable partout. Le déploiement de services nes, à leur situation professionnelle, dépend, outre l’existence d’autonomies politiques locales, de leur salaire, leur statut, leurs compor-Quelles sont les difficultés à évaluer les besoins de soutien l’historique et du dynamisme de certains acteurs, qui prennent tements et, ce faisant, elle établit desaux aidants? souvent une place importante localement comme certaines règles du jeu qui influencent un «ordre associations, par exemple. Nous proposons dans l’ouvrage une social» particulier, organisant des rangsLa première difficulté est d’atteindre les aidants! Nombre de démarche de cartographie articulant besoins et réponse organi- et des places, des rôles et des relationspersonnes ne se reconnaissent pas comme aidants et trouvent sationnelle, qui a pour objectif de produire des plans d’action entre les membres de l’entreprise.«naturel» ce qu’ils font pour leurs proches. Ils refusent sou- cumulatifs, en partant de l’existant pour enrichir progressive-vent d’être aidés et l’un des enjeux pour les professionnels est ment la palette de services en tenant compte des spécificités de Management des ressources humainesd’arriver à évaluer les situations et leurs risques, notamment de chaque territoire. L’enjeu est d’éviter les politiques de saupou- Entre marché du travail et acteurs stratégiquesmaltraitance réciproque, avant que l’aidant ne s’épuise. Ainsi, drage et d’opportunisme de financement qui ne produisent pas Michel FERRARYpour des aidants réfractaires à être soutenus, une des premières de structurations pérennes. actions des travailleurs sociaux est de chercher à comprendre Propos recueillis par Alain Max Guénette, IMSI, HEG Arc Éditions Dunod, 2014, 266 pages, 46.20 francscomment l’aidant se projette dans son rôle et comment il est ISBN 978-2-100-71317-2possible d’accompagner la dyade aidé-aidant dans son ensemble Aider les proches aidantsen respectant les choix personnels. Cela peut prendre du temps, Comprendre les besoins et organiser Les ressources humaines sont de nosmais le travail des professionnels à partir des difficultés rencon- les services sur les territoires jours au cœur du modèle économiquetrées par l’aidant permet de faire évoluer la posture des aidants. Sébastien GAND, Léonie HENAUT des organisations, représentant à la foisIl manque cependant encore une grille d’évaluation spécifique Jean-Claude SARDAS une ressource stratégique, un coût deaux besoins des aidants, pour laquelle nous proposons un cadre production et un risque opérationnel.d’analyse. Éditions des Presses de l’École des Mines, 2014, Appréhension du rôle des responsables 190 pages, 43.70 francs, ISBN 978-2-356-71142-7 RH et des différentes pratiques enJustement, que propose votre ouvrage? fonction des stratégies.À l’origine du livre, il y a tout d’abord une recherche de deux À quoi ressemblera la fonction RH demain? Michel BARABEL, Olivier MEIER, André PERRETLe management retrouvé Éditions Dunod, 2014, 284 pages, 43.30 francsL’auteur, sociologue des organisations, a la preuve de tensions et de contradictions dans un corpus de doctrines simplistes et ISBN 978-2-100-71711-8depuis les années nonante commencé de sur les individus au lieu d’interroger le standardisées, finalement très pauvres, lesporter un regard critique sur les entre- travail et son organisation. moyens de résoudre les questions. Dans S’adonnant à un exercice de prospec-prises et leur management. En première Dans le premier tome de «Lost in mana- ce second volume de Lost in manage- tive, les auteurs pointent la rapidité desapproximation, deux angles peuvent gement – La vie quotidienne des entre- ment, François Dupuy s’attache au fond changements au niveau social, sociétalêtre remarqués. D’abord, Dupuy met en prises au XXIe siècle» (2011) –, il dénon- à pointer les mécanismes de l’appauvris- et environnemental et l’urgence de s’yavant – spécifiquement, dans Le client çait la représentation, voire l’idéologie sement de la pensée managériale et à en préparer à travers une remise à plat deset le bureaucrate (1998) – l’impératif de de l’«entreprise régie par la tyrannie du montrer les conséquences désastreuses processus, des outils, des RH et de leurtransversalisation des processus afin que profit et prête à écraser les individus pour pour les entreprises.  positionnement même. Ils proposentles clients et les usagers – dans le cas de atteindre ses fins», qui creuse dangereuse- Alain Max Guénette divers scénarios et la façon dont laservices publics – n’aient pas à payer le ment l’écart entre les discours du mana- fonction RH doit s’en saisir.coût de la non-coopération intra-orga- gement et les réalités observables sur le Lost in managementnisationnelle. Et puis, il met en exergue terrain. L’auteur poursuit ici, dans son ré- Tome 2: La faillite de La Domestication de l’humain– dans «La fatigue des élites: Le capita- cent opus, sa charge contre les méthodes la pensée managériale Alain COTTAlisme et ses cadres» (2005) – le déclasse- de management qui donne l’illusion d’un François DUPUYment des cadres dans une situation d’em- renouvellement mais qui, en réalité, tour- Éditions du Seuil, 2015, Éditions Fayard, 2015, 240 pagesploi particulièrement tendue, entraînant ne en rond, entretenant un formidable 230 pages, 33 francs 31 francs, ISBN 978-2-213-68243-3fatigue et souffrance d’autant plus fortes bêtisier des méthodes managériales. Les ISBN 978-2-021-13650-0que les entreprises mettent la charge de dirigeants, selon lui, s’obstinent à puiser Un économiste explore la révolution digitale née des progrès accélérés de la biologie et de l’informatique, non sans avoir d’abord brossé une histoire, «son» histoire, de l’évolution. Il dépeint les différents niveaux de domestication auxquels l’être humain est astreint par la toute puissance de l’entreprise aujourd’hui. Libraire conseil: Payot Neuchâtel

PAGE . Indices | | Février 2015 |Steen JakobsenUne sortie de la Grèce de la zone europourrait relancer la croissance économiqueL a politique de quantitative easing (QE) de la Banque Centrale Européenne est une opération d’illusion et de temporisation. Cela fera effet pen- dant un trimestre, mais pas beaucoup plus, esti- me Steen Jakobsen. Pour le chef économiste de Saxo Bank à Copenhague, une sortie de la Grècede la zone euro est une perspective réaliste. Mais cela pourraitrelancer la croissance et représenter ainsi une chance pour uneEurope sérieusement menacée de déflation.Le QE va-t-il atteindre son objectif?C’est une opération d’illusion et de temporisation. Cela feraeffet pendant un trimestre, mais pas beaucoup plus. Les tauxd’intérêt nominaux sont à leur plus bas et un assouplissementde la politique monétaire ne peut plus guère avoir d’impact.Cela ne change rien au besoin de réformes à travers la politiquefiscale. D’ailleurs le Japon a pratiqué la même politique moné-taire pour la deuxième fois sans aucun succès.Comment jugez-vous la situation actuelle?C’est la première fois dans l’histoire que les taux sont à zéro.Il existe un risque réel d’implosion. Au deuxième mois de l’an-née, il y a déjà plusieurs crises en cours, en particulier l’arri-vée au pouvoir de Syriza qui est une première s’agissant de la victoire d’un parti opposé au système. AvecLa politique de QE la Grèce, il y a un problème que l’UE aurait Steen Jakobsen. chief investment officer et chief economist, Saxo Bankest une opération dû résoudre dès les années 2010-2011. 1980 Termine ses études à l’Université de Copenhague. Il a choisi l’économie pour des raisons d’ordre politique.d’illusion. Cela fera Maintenant, il n’y a pas de solution.effet durant un trimes- A l’époque, il se définit comme un social-libéral.tre. Pas beaucoup plus... Alors que faire avec la Grèce? Peut-elle 1992 Après 4 ans passés à la Citybank de Copenhague, il entre au service de la Chase Manhattan Bank à Londres.La situation sera pire conserver l’euro? 1995 Toujours à Londres, il intègre la Swiss Bank Corporation (SBS).que dans les années 1997 Part à New York à la Christiania Bank, avant de passer quelque temps au service de la nouvelle UBS, en 1999.30 si l’Europe poursuit Le seul moyen de poursuivre la politique 2000 Entre à la Saxo Bank où il s’occupe à la fois de trading, de recherche et d’économie. En 2005, il devient chiefdans la voie actuelle. actuelle est de sortir de l’euro. C’est une moins mauvaise solution que de composer investment officer et chief economist de la banque danoise. avec Syriza. Certes, il y a eu déjà plusieurs crises ces 30 dernières années, mais cette année, mais il existe autant de chances d’amélioration. Chaque baisse de fois c’est différent, tout a déjà été essayé. Quelles sont les conséquences de la politique menée 10 dollars du baril de pétrole se traduit par 0,1% de croissance en plus. A 70 jusqu’ici et qui se poursuit avec le QE? dollars le baril, on en est déjà à 0,3 ou 0,4% de croissance supplémentaire etLes conséquences de cette politique, si elle se poursuit, seront pires que les si le cours se maintient aux environs de 50 dollars, c’est un demi-point deannées 1930. Dépression ne rime pas forcément avec récession: cela peut croissance en plus. La croissance devrait toucher un plus bas vers le milieuaussi signifier une longue période de croissance très faible ou de stagnation. de l’année et une relance devrait se faire sentir surtout à partir du quatriè- me trimestre. L’accélération est prévisible car la baisse des prix de l’énergiePourtant, la croissance US est au rendez-vous et doit tirer la croissance mondiale. profitera aux consommateurs. Mais s’il n’y a pas de Grexit et que les politi-Les anticipations de croissance américaine sont de 3% à 3,5%, mais on en ques actuelles se poursuivent, le risque que la déflation s’installe est réel.attendait autant l’année dernière où le taux réel s’est finalement inscrit à2,4%. Ce décalage entre anticipation et réalité se poursuit depuis six ans: La baisse des matières premières ne reflète-t-elle pas une tendance à la déflation?on attend un envol de la croissance qui ne vient pas. De plus, celle-ci est Si le lien entre baisse des matières premières et déflation se vérifie encorede mauvaise qualité: pour chaque dollar créé, il faut injecter trois dollars de une fois, il y a de quoi se faire du souci. Le rôle de prédicteur conjoncturelcrédits dans l’économie. du cuivre est souvent cité. Or, ce métal se traite actuellement aux alentours de 250 dollars, un prix qui était de 450 dollars en 2011.Pour ce qui est de l’Europe, les moyens de sortir d’un marasme persistantsont connus depuis les années 1930... N’y a-t-il pas un risque d’effondrement de l’euro?A l’époque, le secteur public ne représentait que 15% du PIB et il a été pos- Il y a un an, j’aurais chiffré ce risque à 5%, mais maintenant il est de l’ordresible de l’étendre alors que ce n’est plus réaliste aujourd’hui. En Grèce, non de 15% et il faudra revoir la situation en fonction des résultats de l’électionseulement le secteur public est très étendu mais le nouveau gouvernement générale britannique qui devrait avoir lieu en mai. Si UKIP avance encore,doit augmenter les salaires s’il veut satisfaire son public. Certes, le Dane- un référendum sur la sortie de l’UE sera prévisible en 2016 et, s’il tournemark qui a aussi un secteur public très important s’en sort mieux, mais c’est à l’avantage des anti-européens, l’effet de démoralisation sur le continentparce qu’il a certaines ressources, notamment du pétrole. sera fort, même le Royaume-Uni n’est pas dans l’euro. Pour l’instant, ce n’est qu’un scénario, mais la probabilité d’une sortie britannique de l’UEAlors la sortie de la Grèce de la zone euro peut paraître inévitable? peut maintenant être chiffrée à 60%. Il y a encore un an, j’aurais dit 50%.On s’achemine vers un tel scénario et beaucoup de gens pensent que Au Danemark aussi, le scepticisme à l’égard de l’euro est fort, 85% des gensce sera une bonne chose. Le risque est celui de l’effet domino et cela sont contre selon un sondage.dépend beaucoup de la psychologie du marché. Au minimum, il y auradeux mauvaises semaines sur les marchés. Si le «Grexit» doit se produire, Le Danemark ne présente-il pas certaines ressemblances avec la Suisse qui, elle,ce sera avant l’été, après une phase de négociations qui peut durer quelques se débat avec le franc fort?mois. S’il y a un compromis, la moitié de la dette pourrait être abandonnée, Comme la Suisse, le Danemark a un système éducatif et des infrastructuresmais cela ne sera pas dévastateur car 90% de cette dette est détenue par les performantes. Si la BNS avait évité sa politique du franc à 1,20 euro en 2011,institutions européennes. Le défaut de la Grèce obligera les Européens à le renforcement du franc aurait été plus supportable pour l’économie.faire face à la situation et à rompre avec la politique de l’illusion qui est enquelque sorte la continuation de celle menée par Alan Greenspan. Syriza Alors l’euro va disparaître?est le signe d’un changement qui s’annonce. Les gens ont maintenant la vo- Il ne faut pas sous-estimer le capital politique investi dans l’euro. Il y auralonté de voter contre l’establishment et cela ne sera pas sans conséquences. peut-être un groupe de pays qui coordonneront leurs politiques fiscales pour garantir la pérennité d’un euro recentré. Mais quelles seront les conséquences de cette sortie de la Grèce?Il y a 50% de probabilités d’une croissance négative dans la zone euro cette  Propos recueillis par Mohammad Farrokh

PAGE . Indices | | Février 2015 | La Chronique de François-Serge LhabitantDette grecque: le chant du boucL a tragédie est un genre théâtral dont l’origine remonterait au théâ- Le bouc est semblent un peu dépassés au XXIe siècle. Que de la situation. A moins que, comme le disait le tre antique grec. Le mot tragédie est l’animal faire? Alexis Tsipras suggère que le débiteur re- chœur de la pièce Antigone de Jean Anouilh, on d’ailleurs dérivé du grec «tragôdos», emblématique çoive une nouvelle aide financière d’urgence, en adopte le principe que «c’est reposant la tragédie qui signifie littéralement «chant du de Dionysos et attendant qu’il décide quoi faire – ce qu’il fera parce que l’on sait qu’il n’y a plus d’espoir, le sale bouc». Certains affirment que cha- le symbole de sans doute au prochain épisode. Cette suggestion, espoir; qu’on est pris, qu’on est enfin pris commeque représentation d’une tragédie était précédée la malédiction. si elle est intéressante pour maintenir l’audience, un rat avec tout le ciel sur son dos et qu’on a plusdu sacrifice d’un bouc en l’honneur de Diony- risque fort de porter un coup fatal à la tragédie. qu’à crier». Quoiqu’Antigone était une pièce ensos, le dieu du vin, fils de Zeus et de la mortelle On partirait alors vers une pure comédie. Rap- un seul acte… Sémélé. Les plaintes du pauvre animal lorsqu’il pelons que le mot «comédie» vient également duétait conduit à l’autel auraient donné son nom grec «kômôidía», qui signifie littéralement «chant (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Dionysosau genre théâtral. D’autres préfèrent l’associer à et fête en l’honneur de Dionysos»1. Dans tousla lutte du héros tragique, lutte qu’il sait perdue les cas, on voit donc bien qu’il faudra chanter et François-Serge Lhabitant est Professeur de Finance à l’EDHECd’avance, mais qu’il s’évertue néanmoins à conti- boire – probablement pour oublier le grotesque Business School. L’article ne reflète que les vues personnelles denuer. Le bouc est dès lors l’animal emblématique l’auteur.de Dionysos et le symbole de la malédiction.Plus récemment, la tragédie est malheureuse- Actions Europement devenue également un nouveau genre fi-nancier. Le plus souvent, il met en scène deux Qui mieux quegroupes de personnages diamétralement oppo- le leader en Europe*sés, des débiteurs et leurs créanciers. Les pre- pour investir sur lesmiers ne peuvent pas rembourser leur dette, ni grands indices européens ?honorer leurs paiements d’intérêts. Mais ils doi-vent trop d’argent aux seconds et un défaut de En 2015, les perspectives de croissance en Europe s’améliorent(1).paiement pourrait avoir de graves conséquences. Depuis toujours, l’Europe est au cœur de notre métier. VousLes créanciers décident donc de restructurer leur êtes à la recherche de solutions simples et à moindre coût pourdette et de prêter d’avantage d’argent à leurs dé- vous positionner ef cacement sur les actions européennes ?biteurs afin d’assurer que les intérêts continuentà tomber comme si de rien n’était. Du coup, lacrise est terminée, et une armée de petits person-nages en costumes sombres – appelés hommespolitiques ou technocrates – occupent la scène ets’auto-félicitent d’avoir contribué à sa fin.La tragédie financière moderne diffère fonda-mentalement de la tragédie classique sur unpoint: les personnages ne meurent pas à la fin, ilsLa tragédie est devenueun nouveau genre financiermettant en scène despersonnages totalementopposés: des débiteurset leurs créanciers.reçoivent toujours un nouveau ballon d’oxygène Choisir les ETF d’Amundi, c’est choisir l’expertise du leaderqui leur permettra de simuler – même temporai- de la gestion d’actifs en Europe*.rement – une bonne santé. On peut donc pres-que parler d’une tragi-comédie, vu le dénoue- Ticker Bloomberg < C50 SW > < CEU SW >ment heureux systématique. Cette différencecombinée à sa récurrence la rapproche d’ailleurs amundietf.comd’un autre genre, beaucoup plus moderne, celuide la série télévisée. Déclinée en épisodes offerts Les fonds de la gamme Amundi ETF (« les Fonds ») approuvés à la distribution à des investisseurs non-quali és en ou à partir de la Suisse sont desrégulièrement et mettant en scène les mêmes fonds communs de placement (« FCP ») de droit français. La liste des Fonds approuvés en Suisse peut être obtenue auprès du Représentant en Suisse.personnages, la série télévisée offre l’avantage defidéliser le public. Et si vous avez raté ou mal * Société de gestion la plus importante en terme d’encours totaux sous gestion y compris les ETF - Source IPE « Top 400 asset managers » publié en juin 2014, données à décembre 2013compris un épisode, pas de panique, vous pour- ayant été retraitées par Amundi pour exclure (i) les activités relatives à la gestion privée et (ii) les sociétés de gestion ayant le siège social de leur maison mère hors d’Europe.rez quand même suivre le suivant. Edité le 04/02/2015, par Amundi, Société anonyme au capital de 596 262 615 € - Société de gestion de portefeuille agréé par l’AMF n° GP04000036 - 90 Boulevard Pasteur, 75 015 Paris,L’histoire aurait pu continuer ainsi pendant France - 437 574 452 RCS Paris. Informations commerciales non contractuelles ne constituant pas une recommandation ou une sollicitation d’achat, de vente. Ce document n’est pasdes années, avec le risque à terme d’une perte destiné à l’usage des résidents ou citoyens des Etats Unis d’Amérique et des « U.S. Persons », telle que cette expression est dé nie par la « Regulation S » de la Securities and Exchanged’audience. Pourtant, récemment, un nouvel Commission en vertu du U.S. Securities Act de 1933 et reprise dans le Prospectus des produits nanciers décrits dans ce document. Pour les Fonds approuvés en Suisse : Représentant enauteur, Alexis Tsipras, soutenu par de nombreux Suisse : CACEIS (Switzerland) SA, chemin de Précossy 7-9, CH-1260 Nyon ; Service de paiement : Crédit Agricole (Suisse) SA, quai Général-Guisan 4, CH – 1204 Genève. Le prospectus,disciples, a décidé de renouveler la tragédie mo- le document d’informations clés pour l’investisseur (« DICI » ou « KIID ») ainsi que les derniers rapports annuel et semestriel peuvent être obtenus sur simple demande et sans frais auprèsderne en réintroduisant un des éléments classi- du représentant en Suisse. Les Fonds ne sont ni sponsorisés, ni approuvés, ni vendus ou promus par les fournisseurs d’indice. Ces derniers n’effectuent aucune déclaration quant auques – la mort possible du héros. Plus précisé- caractère adéquat d’un investissement. (1) Source Stratégie Amundi. Iment, le débiteur s’affranchit de tous ses accordspassés, décide de ne plus payer ses créanciers etfait défaut. Comment dès lors conclure la pièce?A l’époque romaine, un tel débiteur aurait étéimmédiatement réduit en esclavage ou coupé enmorceaux, le choix du supplice étant laisse à soncréancier. Aux temps médiévaux, un tel débiteuraurait dû porter un chapeau vert en permanence,et n’importe qui aurait pu le lapider. Mais ceschâtiments risquent fort de terminer là la série,et d’interdire tout nouvel épisode. Et surtout, ils

PAGE . Indices | | Février 2015 |Le thème Gestion alternative et Ldeespdoilviteirqgueenscmesocnoéntjaoirnecstusorenltleusn cadre favorable aux hedge funds. Ulrich Keller, CIO – Alternative Funds Solutions | Dirk Wieringa, Responsable AI Advisory – Alternative Funds Solutions | Credit SuisseGrands changements et ruptureEn 2014, les marchés financiers ont fait état d’une dispersion intéres- tilité des marchés a été l’une des plus fortes des pression supplémentaire des taux des emprunts sante, voire de grands changements périodes récentes. Plusieurs événements défa- émis par les principaux pays périphériques que dans les actifs à risque, lorsque le vorables intervenus chez Fannie Mae et Freddie sont l’Italie et l’Espagne ont été des facteurs MSCI USA était en hausse de 11%, Mac, qui ont fait chuter leurs actions respectives, clés de rendement, un redressement à partir de et l’échec de la fusion Shire/Abbvie, dont de nom- niveaux très bas procurant des opportunités de l’Europe en progression de 4% et breux fonds et arbitragistes détenaient un grand repositionnement alors que la BCE laissait entre-les marchés émergents en baisse de 5%. Les écarts volume d’actions, sont à l’origine de pertes. voir un assouplissement quantitatif au momententre les pays BRIC étaient encore plus impor- De façon générale, la performance des gestion- où la Fed mettait fin à son propre programme entants: Chine +49%, Inde +27%, Brésil -13% et naires était décorrélée de celle des actifs risqués automne.Russie -47%. D’aucuns parlent d’une rupture des tels que les actions ainsi que des gains réguliers Les stratégies fondées sur le marché des changesBRIC. On relève que la plupart de ces mouve- affichés. Parmi les résultats particulièrement ont fourni les meilleures opportunités de place-ments se sont produits au quatrième trimestre. bons, signalons ceux des fonds axés sur l’Asie, ments liquides étant donné l’accroissement desCompte tenu de ces évolutions, plusieurs straté- qui ont tiré profit de la convergence des cours divergences macro-économiques entre les états-gies de hedge funds, dont le but est de dégager décalés de sociétés chinoises intercotées au mo- Unis et la zone euro/le Japon au cours de l’été,des rendements indépendamment de la santé des ment du lancement du Shanghai-Hong Kong le conflit ukrainien, les stagnations ou reculs demarchés des actions et des obligations, ont gé- Stock Connect. Des fonds quantitatifs d’actions PIB et les fortes fluctuations boursières de l’ordrenéré une performance intéressante. En ce début ont généré des gains solides au second semestre, de 10% à 15%, qui n’ont pas non plus épargné lesd’année 2015, après analyse des prévisions des car le marché a récompensé les modèles de sélec- marchés développés.spécialistes de l’allocation d’actifs et des stratèges tion de valeurs fondés sur les primes de risque, L’année 2014 s’est révélée meilleure pour lesen investissement, un véritable consensus sem- le sentiment des investisseurs et les événements petits gestionnaires plus réactifs, qui gèrent leble s’établir sur le fait que l’environnement va impactant les entreprises. risque de façon beaucoup plus souple que les devenir encore plus difficile Les fonds appliquant la stratégie «long/short cre- grandes sociétés de gestion de portefeuille. LesLes stratégies de hedge et que la baisse de conviction dit» ont également dégagé des rendements sta- opportunités devraient encore augmenter cettefunds fondées sur le dans les positions de place- bles au premier semestre, mais leur performance année, avec une normalisation du segment du ment devrait induire des rup- a baissé au second, car le marché a réévalué les revenu fixe aux Etats-Unis, tandis que la volati-marché des changes tures plus fréquentes sur les risques de crédit et les gestionnaires ont été affec- lité sur l’ensemble des marchés restera élevée enont fourni les meilleures marchés. Il y a toujours un tés par une vague d’événements de crédit idio- Europe, notamment dans l’attente des prochai- consensus sur le long terme syncrasiques (p. ex. Banco Espirito Santo, etc.). nes élections.opportunités de place- en matière d’actions, mais il Les gestionnaires ont fait état d’une grande dispa- En ce début d’année 2015, après avoir analysé lesments liquides étant est moins ferme. rité de rendements en 2014. Les raisons premiè- prévisions des spécialistes de l’allocation d’actifsdonné l’accroissement En fin d’année, la perfor- res de ce phénomène n’étaient pas des opinions et des stratèges en investissement, nous consta- mance des gestionnaires pra- fondamentales opposées ou même conflictuelles, tons avec intérêt qu’il semble y avoir une seule tiquant une stratégie «equity puisque les orientations de politique monétaire véritable entente sur le fait que l’environnementdes divergences long-short» était similaire à et les problèmes avaient été clairement identi- va devenir encore plus difficile et que la baissemacro-économiques. celle des marchés boursiers fiés, mais plutôt le choix des classes d’actifs et des de conviction dans les positions de placement de- internationaux par rapport à régions géographiques, ainsi que la gestion des vrait induire des ruptures plus fréquentes sur les l’indice MSCI World (+2,9%), nombreuses corrections requises par rapport aux marchés. Il y a toujours un consensus sur le longpreuve que la génération d’alpha a été un moteur thèmes identifiés. terme en matière d’actions, mais il est moins fer-clé de performance sur la base d’une exposition Les stratégies sur les marchés obligataires déve- me. Nous adhérons à ces opinions étant donné lanette ajustée du bêta. 2014 a néanmoins été une loppés se sont révélées décevantes. En effet, le divergence des politiques monétaires et des évo-année difficile pour les gestionnaires opportunis- report des premiers relèvements de taux attendus lutions conjoncturelles entre les régions, notam-tes, confrontés en mars à une rotation des valeurs aux états-Unis et au Royaume-Uni a pénalisé à ment entre les états-Unis d’une part et l’Europede croissance et des titres dynamiques dans le plusieurs reprises les positions sur les durations et le Japon d’autre part. En fait, c’est la premièrecommerce électronique et les biotechnologies en courtes. A l’inverse, les durations longues dans fois depuis longtemps que les marchés financiersfaveur de titres des secteurs cycliques. A l’inverse, les pays du noyau dur de la zone euro et la com- sont confrontés à des disparités aussi marquéesune stratégie privilégiée d’exposition «low net» entre les politiques monétaires.a généré des niveaux constants d’alpha tout au INDICES ET FONDS TRADITIONNELS ET ALTERNATIFS C’est un contexte stimulant pour lalong de l’année et a tiré profit de la protection MSCI World gestion active de portefeuille, puisquedu capital au cours de janvier, de juillet et de MSCI EM la dispersion est l’élément clé des stra- MSCI Europeseptembre, trois mois de volatilité accrue sur les MSCI USA tégies susmentionnées. Des actions quimarchés des actions. Citigroup WGBI Currency Hedged s’écartent d’autres valeurs du même Ibox HYDurant les trois premiers trimestres de 2014, les JPMorgan EMBI Global Total Ret secteur, des obligations qui évoluentstratégies «event driven» ont généré une bonne Brent Oil à l’opposé du contrat à terme qui leur Gold Spot $/Ozperformance, à laquelle l’activité des entreprises Euro Spot est adossé ou encore les fluctuations dea grandement contribué. Toutefois, les spreads Australian Dollar Spot paires de monnaies sont autant d’op- Japanese Yen Spotd’arbitrage du risque, restés généralement étroits, British pound Spot portunités qui peuvent permettre auxse sont élargis au quatrième trimestre. Par consé- HFRX Global Hedge Fund Index hedge funds d’atteindre des rendements attrayants grâce à une faible corrélationquent, les stratégies «event driven» ont subi des -50% -40% -30% -20% -10% 0% 10% Rendements en USDrevers en octobre, mois au cours duquel la vola- Sources: Credit Suisse, Bloomberg avec les marchés traditionnels. 

PAGE . Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLa gestion alternative est idéalementplacée pour la nouvelle donneRevirement des banquescentrales, faiblesse des taux, au moment même où l’apparition d’une prime Les obligations monétaires, l’appréciation continue et faiblementagitation sur le marché des de risque est justifiée. Elle accroît aussi le risque et les actions volatile des obligations et des actions fera placechanges. Décryptage d’un de surprise de la part de banques centrales plus se dirigent vers à une direction plus incertaine et davantage denouvel environnement riche avancées dans le cycle, bientôt forcées d’amorcer une tendance chahut. A l’inverse, le marché des changes, sansen possibilités pour l’alternatif. leur normalisation. Le mouvement de la BNS la plus incertaine direction jusque récemment, vivra de grands ajus- semaine dernière en est un exemple frappant. Dès et davantage tements. L’appréciation du dollar et des devises Vincent Chailley lors, les taux d’intérêts sont trop bas, et les devises de chahut. avancées dans le cycle ne fait que commencer. Directeur des gestions H2O refuges trop instables, pour offrir au marché des Depuis la grande crise financière, la performan- solutions de couverture fiables. Cela ne manque- ce était assurée par des primes de risque élevéesCAsset Management LLP ra pas de continuer à alimenter la volatilité. et garanties par l’activisme des banques centra- es derniers jours ont vu se croi- Mais si les chocs seront plus violents et plus les. Dans ce contexte, une gestion d’allocation ser la première banque centrale fréquents, ils seront aussi moins contagieux et diversifiée peut offrir les meilleurs résultats. A à resserrer sa politique moné- souvent riches en opportunités. La règlementa- l’amorce de la grande confrontation des banques taire, la BNS, et la dernière à tion plus stricte, pour les banques comme pour centrales, l’avantage reviendra à ceux qui sau- la desserrer, la BCE. Malgré le les investisseurs, a en effet fortement réduit les ront être légers, pour absorber les chocs et profi- volume annoncé, le mouvement capacités de levier à court terme de tous les ter des opportunités, et mobiles, pour orienter larécent de la banque centrale européenne signe acteurs, rendant les liaisons financières de l’en- prise de risque vers des sources de performanceles derniers mois d’abondance de liquidité car semble du marché beaucoup plus tendues. Si le souvent changeantes. Les grandes tendances surla BNS sera bientôt suivie par la réserve fédé- risque d’accident sur un pays émergent a récem- les devises sont lancées. Il faut rester dedans.rale américaine puis par la banque d’Angleter- ment augmenté, il aurait peu de chance de se La liquidité mondiale est dans une phase de tran-re. Cette opposition inédite entraîne déjà une révéler systémique. Les chutes rapides des actions, sition. L’écrasement final des primes de risquesrésurgence de la volatilité. Elle pèsera ensuite sur comme en octobre dernier, resteront contenues avec l’action récente de la BCE devrait sonner lela performance des actifs, dont beaucoup n’ont dans le temps et dans l’espace. Chaque fois, il est glas des marchés obligataires dans les mois pro-dû leur bonne tenue qu’aux injections répétées difficile d’identifier la cause de la correction, qui chains. En effet, au fur et à mesure que l’annéede liquidité. De surcroît, en agissant avec retard, surprend autant par sa violence que par la rapide progressera, le risque sur la liquidité mondialela BCE ancre les taux réels en territoire négatif accalmie qui suit. Chaque fois, des opportunités viendra de ce que fera la banque centrale amé- apparaissent, elles peuvent être mises à profit par ricaine. Pour cette dernière, la question n’est pas l’investisseur qui aura su comprendre la nature de savoir si elle va monter les taux, mais quand. technique du mouvement, et garder la marge De nouvelles tendances sont ainsi à l’horizon. nécessaire au réinvestissement. A la condition de ne pas manipuler des actifs Le régime d’évolution des actifs va lui aussi chan- trop volumineux, la gestion alternative est idéa- ger. Conséquence de l’opposition des politiques lement placée pour cette nouvelle donne. Invesco Global TargetedReturns Fund Comment confectionner un chocolat de qualité en n’utilisant que du sucre ? C’est tout simplement impossible. La confection d’un chocolat de qualité nécessite d’autres ingrédients que le sucre. De la même manière, pour obtenir un rendement exceptionnel, il faut plus qu’une bonne idée de placement. Les gestionnaires de l’Invesco Global Targeted Returns Fund procèdent à des investissements dans le monde entier, mais ils veillent aussi à diversifier au maximum en investissant régulièrement dans 20 à 30 idées de placement sélectionnées. Et ceci, sans se préoccuper de quotas ou de classes d’actifs prédéterminées, et toujours avec l’objectif de limiter au maximum les risques. Car c’est de la combinaison intelligente des idées que naît la possibilité de réduire considérablement le risque global du fonds. L’objectif de rendement se situe à 5 % par an au-dessus du cash.* Pour en savoir plus, consultez notre site : www.invesco.ch * Observé sur 3 ans glissants. Cash = EURIBOR 3 Mois. Aucune garantie n’est donnée quant à la réalisation de l’objectif.Ce document est diffusé à titre d’information uniquement et ne fait partie d’un prospectus. Ce document ne formule aucun conseil d’investissement et donc aucune recommandation sur des questions d’investissement, financières, légales, decomptabilité, ou fiscale ou sur l’aptitude du fonds aux circonstances d’un investisseur. Le fonds investira dans des produits dérivés (instruments complexes) pouvant comporter un effet de levier significatif, ce qui implique de fortes fluctuations de lavaleur du fonds. Le fonds peut détenir des titres de créance de qualité de crédit inférieure ce qui peut entraîner de fortes fluctuations de la valeur du fonds. Le fonds peut être exposé au risque de contrepartie, entraînant des pertes financières, dansle cas où l’entité avec laquelle le fonds effectue des opérations devient insolvable. Ce risque de contrepartie est réduit par le gérant via la gestion du collatéral. Ceci représentent les risques clés du fonds. Les risques compléts sont contenus dansle prospectus du fonds. Si les investisseurs ne sont pas certains que ce produit est adéquat pour eux, ils doivent prendre conseil auprès de leur conseiller. Toute souscription dans un fonds doit se faire sur le fondement des documents d’offertes envigueur. Ces documents (document d’informations clés pour l’investisseur, prospectus, rapports annuel et semi-annuel) sont disponibles sans frai sur www.invescoeurope.com ou auprès du représentant en Suisse. Ce document est publié en Suissepar Invesco Asset Management (Schweiz) AG, Talacker 34, CH-8001 Zurich, représentant des Fonds distribués en Suisse. Banquier domiciliataire des Fond distribués en Suisse est BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES, Paris, succursale de Zurich,Selnaustrasse 16, CH-8002 Zurich. Données: 15.Janvier 2015. [CECH/23012015/160]anzeige_nzz_schoko_281x198_fr.indd 1 16.02.15 12:23

PAGE 10. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLe questionnement sur la valeur ajoutée des hedge funds pourraitprendre fin avec la persistance d’une volatilité élevée sur les marchés.Les hedge funds à l’heure de la volatilité Hasan Aslan Plusieurs relève d’une difficulté particulière avec d’un côté conomiques précédentes, les fonds macro-direc- Co-Responsable de la gestion alternative stratégies de une attractivité réduite des rendements obligatai- tionnels peuvent également tirer leur épingle du hedge funds res et de l’autre l’éventualité des marchés actions jeu. Bien entendu, la structuration des investis-L Reyl & Cie sont à même de produire des rendements intéressants pour sements, les instruments utilisés et la gestion du es premiers jours de 2015 annon- de se distinguer autant que l’investisseur puisse supporter la vo- risque sont des considérations importantes dans cent sans doute la couleur pour les dans le contexte latilité. Des investissements avec un rendement la sélection d’un gérant macro. marchés financiers. A la suite d’une actuel. ajusté au risque élevé et une faible corrélation au Les fonds systématiques dits «CTA» semblent longue période de faible volatilité, reste du portefeuille apporteront de la stabilité à avoir entamé leur sortie d’une longue période toutes les classes d’actifs sont à pré- la performance de ce dernier. A ce titre, les hed- léthargique. La principale raison est la diver- sent immergées dans une phase ge funds ont prouvé historiquement leur bonne gence des politiques monétaires qui amène de lad’instabilité accrue. A l’origine de ces mouve- tenue durant les phases de volatilité accrue. dispersion entre et au sein des différentes classesments, plusieurs raisons peuvent être évoquées. Plusieurs stratégies de hedge funds sont à d’actifs. Toutefois, l’investisseur devra veiller àLa première, liée aux fondamentaux, est que les même de se distinguer dans un tel scénario. Les sélectionner une combinaison de fonds qui seinvestisseurs se focalisent davantage sur la santé fonds actions avec une exposition nette neutre focalisent sur les tendances de court terme d’unede l’économie mondiale et les profits des entre- qui tentent d’éliminer le risque de marché et/ou part et de long terme d’autre part. En effet, laprises. Ensuite, les conditions de liquidités créées sectoriel ont pour objectif de générer des ren- faiblesse des systèmes capturant les tendances depar les banques centrales à travers le globe sui- dements liés à l’ajustement des valorisations à long terme n’est plus à démontrer lors de retour-vent des phases divergentes. l’intérieur d’un même secteur. Les titres dits de nements rapides et significatifs sur les marchés.Les états-Unis et, dans une certaine mesure qualité, par exemple, se voient attribuer une part Par ailleurs, les fusions et acquisitions devraientle Royaume-Uni, sont relativement proches d’un significative dans ces fonds. Dans la même classe se poursuivre à un rythme soutenu grâce aurelèvement des taux d’intérêt, alors que la Banque d’actifs, les hedge funds opérant avec une expo- niveau élevé des liquidités des sociétés et àdu Japon continue son programme d’achat d’ac- sition brute et nette dynamique réussissent à ca- des conditions de financement favorables. A cettifs pour remettre l’économie sur le chemin de la pitaliser durant les phases de haute volatilité. Ils égard, les fonds spécialisés dans ces opérations,croissance. Quant à l’Europe, la BCE vient de ser- ont la capacité de s’adapter relativement rapide- qui capturent la différence entre le prix d’acqui-vir les investisseurs en annonçant une injection ment aux changements de direction du marché sition annoncé et celui auquel la société traite surde liquidités similaire à celle de la Réserve fédéra- avec des règles strictes de gestion du risque. le marché, pourront se distinguer.le et de la Banque du Japon. A cela s’ajoutent les En période de dislocation, les relations d’arbi- L’industrie des hedge funds, sous le feu destensions géopolitiques, les échéances politiques en trage ont tendance à ne plus être respectées, critiques au sujet de rendements à la traîneEurope et la chute drastique du prix du pétrole qui créant ainsi des opportunités d’investissements depuis plusieurs années, verra sans doute le salutpourrait mettre en situation périlleuse certaines intéressantes pour les gérants actifs dans les venir par la démonstration de sa capacité à proté-économies émergentes. stratégies d’arbitrage. Celles-ci consistent à se ger le capital dans les phases de baisses marquéesDans ce contexte, autant dire que la tâche des couvrir contre les risques du marché en prenant sur les marchés financiers. Avec le retour annon-investisseurs s’avère ardue. L’allocation d’actifs des positions contraires, souvent émanant du cé de la volatilité, les hedge funds ne devraient même émetteur, afin de bénéficier d’un retour pas manquer de saisir l’opportunité de redorer à l’équilibre. Basés sur les constatations macroé- leur blason. Coup de chance ou coup de génie?Reconnaître la virtuosité On ne s’invente art dès l’enfance, on pourrait croire qu’ils sont baigné dans un biotope favorable et au prix d’und’un gestionnaire nécessite du pas superstar. nés avec un don du ciel. Mozart apprit à jouer implacable labeur. Malheureusement pour lestemps. Plus une performance On le devient du piano à 3 ans, composa dès 5 ans et donna sélectionneurs de talents de la finance, l’excel-excelle sur le long terme après avoir ses premiers concerts à 8 ans ! Tiger Woods fut, lence ne suffit pas à révéler le génie. En effet, laet moins elle est susceptible baigné dans à 21 ans, le plus jeune vainqueur d’un Masters, performance d’un gérant peut être simplementd’être le fruit du hasard. un biotope quant à Warren Buffet, il négociait des titres à le résultat d’un gros coup de chance. Reconnaî- favorable et au 11 ans déjà. tre la virtuosité d’un gestionnaire nécessite du Cédric Kohler prix d’un labeur Leurs biographies révèlent pourtant des temps. Plus une performance excelle sur le long Head of Advisory, Fundana SA implacable cieux pas forcément si cléments. Les premières terme, moins elle est susceptible d’être le fruit compositions de Mozart s’avèrent des imitations du hasard, et vice versa. Il est ainsi très difficileDédié à Bernard Droux, associé de Lombard Odier, des compositeurs de l’époque. Fils d’un profes- de juger de la qualité d’un rendement sur trois seur de musique, Wolfgang a baigné dès son plus ans. Pourtant, il est crucial d’arriver à reconnaî-Srécemment disparu. jeune âge dans les partitions et a aligné d’innom- tre l’excellence d’un gestionnaire avant qu’elle i vous aviez confié 1000 dollars en brables heures de répétitions. Or, les critiques n’éclate au grand jour, car on se heurte alors à 1969 à George Soros, vous seriez reconnaissent le concerto pour piano n°9, com- d’autres écueils: une masse sous gestion gigan- aujourd’hui à la tête d’une fortune posé à Salzburg en 1777 à l’âge de 21 ans, comme tesque, une fortune personnelle considérable, ou de plus de 9 millions de dollars! son premier véritable chef d’œuvre. En d’autres une détérioration de la liquidité du portefeuille Warren Buffet, lui, vous aurait rap- termes, Mozart n’est devenu Mozart qu’après 18 pour n’en citer que trois. porté près de deux millions alors ans de travail acharné tout en baignant dans le La solution à cette équation demande plusqu’un investissement dans le S&P 500 sur la meilleur écosystème possible. Du talent certes, d’attention. Elle consiste à décortiquer soigneuse-même période ne vous aurait ramené que 33.000 mais modelé avec beaucoup de transpiration ! ment le processus d’investissement du gérant. Ildollars. Pourquoi certains gérants sont-ils aussi Earl Woods, le père de Tiger, était aussi passion- s’agira de comprendre sa méthodologie pour avoirexceptionnels? Ont-ils été touchés par la grâce né de golf que par l’enseignement de ce jeu. Il un angle favorable sur le marché (par exemple àdes dieux? Ont-ils acquis un talent hors norme tapait des balles des heures durant devant son travers une analyse fondamentale pour établir laou sont-ils simplement très chanceux? fils de trois ans, calé dans sa poussette, avant de valeur d’une action par rapport à son prix de mar-Demandez autour de vous et tous s’accorderont lui glisser un club dans les mains. Tiger rem- ché). Il faudra ensuite comprendre la capacité deà dire que Mozart incarne le génie en musique, porta ainsi son premier titre après 17 ans d’en- ce gérant à maîtriser ses biais comportementauxTiger Woods la perfection dans le golf et Warren traînements! Quant au petit Warren, c’est lors (overconfidence, anchoring, confirmation trap).Buffet le talent dans la finance. Virtuoses de leur de stages chez son père, courtier en bourse du Enfin, il sera important d’éviter les gestionnai- Nebraska, qu’il acheta ses premiers titres à l’âge res dont l’objectif est de construire un business de 11 ans. Mais ce n’est qu’à partir de 30 ans qu’il plutôt que des rendements ou qui ne mettent pas commença à générer des rendements véritable- leur peau en jeu en refusant d’investir dans leur ment exceptionnels. propre fonds. En musique, en sport comme en finance, on ne En finance, savoir reconnaître le talent est un s’invente pas superstar; on le devient après avoir talent qui nécessite son lot de sueur… 

Au cœur del’actualité économique et financière avec Nina dos Santos Du lundi au vendredi dans The Business View à 12h sur CNN International

PAGE 12. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeIls apportent des impulsions innovantes aux équipes de direction etaux conseils d’administration. Leurs actions ont aussi une répercussionpositive sur la valorisation boursière des entreprises.L’influence de plus en plus grande desgérants activistes auprès des entreprisesUmberto Boccato, Head of Alternative Investments Les activistes Entreprises, ValueAct Capital ou Trian Partners cher une revalorisation boursière. Ils utilisentVaqar Zuberi, Head of Research Alternative Investments peuvent sont en position de pousser les dirigeants et le souvent l’annonce de leur position au lieu d’une générer de la conseil d’administration de sociétés aussi impor- stratégie hostile classique visant à remplacer lesL’MirabaudAsset Management performance tantes que Dupont, Apple, PepsiCo ou encore dirigeants pour prendre le contrôle de l’entrepri- année 2014 fut une année record même en période Family Dollar à s’engager dans des stratégies se par la force. Cette annonce se fait au travers en termes d’afflux de capitaux de faible visant à améliorer leur rentabilité et leur valeur des formulaires 13F ou 13D (les actionnaires auprès des gérants activistes. En croissance boursière2. Si une majorité des cibles activistes importants sont obligés de déclarer leur inves- deux ans, leur masse sous gestion économique. reste localisée aux États-Unis, l’activisme se dé- tissement par le biais de ces formulaires), par a doublé, représentant aujourd’hui veloppe toutefois en Asie et en Europe; les oppor- voie de presse ou par l’intermédiaire d’une lettre environ 200 milliards de dollars. tunités ne se limitant pas qu’aux états-Unis, les ouverte au conseil d’administration, aux diri-Le nombre de campagne activiste est également gérants se dirigent vers d’autres marchés. geants et aux actionnaires.en hausse avec plus de 340 campagnes recensées Les stratégies déployées par les gérants activis- Nous constatons également qu’un nombre crois-en 20141. Autre élément positif, le taux de succès tes ont également évolué au-delà des situations sant d’investisseurs, pas seulement au sein desde ces campagnes est en amélioration, avec près hostiles relayées par les médias. De nombreux hedge funds, suivent attentivement les cam-de 70% des négociations entre gérants activistes gérants indiquent une préférence pour une pagnes activistes dans le but de profiter de laet membres du comité de direction des sociétés approche coopérative et constructive, travaillant création de valeur actionnariale générée parciblées se dénouant en faveur des gérants activis- en étroite collaboration avec le conseil d’admi- celles-ci. De ce fait, il devient plus courant pourtes en 2014. Tout au long de l’année, ces succès nistration et les dirigeants des sociétés ciblées. un titre de s’apprécier dès l’annonce de la pré-se sont traduits par des rendements importants, Les activistes sont devenus plus sophistiqués, sence d’un activiste parmi ses actionnaires. Aplaçant les stratégies activistes au second rang sont prêts à s’investir auprès des sociétés en cher- titre d’exemple, lorsque William Ackman, gé-des meilleures performances des fonds alternatifs chant plus que de simples valorisations attracti- rant de Pershing Square Capital Management, apour 2014, après les stratégies systématiques. ves, ils s’impliquent auprès des sociétés en propo- déclaré que McDonalds pourrait être mieux géré,Cette utilisation des proxy fights est caractéris- sant des services ressemblant à ceux de cabinets l’action a bondit de 3%3.tique des gérants actifs; «actifs» se réfère, juste- de conseil. Certains gérants se concentrent sur la Par ailleurs, Starboard Value, le fond activistement, à leur implication active dans la gestion gouvernance d’entreprise, d’autres se focalisent géré par Jeffrey Smith a récemment enregis-des sociétés dans lesquelles ils investissent, que sur la gestion des opérations, et d’autres encore tré deux nouvelles victoires fin janvier avec lace soit au niveau de la gouvernance de l’entre- sur la gestion financière de l’entreprise ciblée; fusion de deux grands fabricants de matériauxprise, de la politique de rémunération des équi- tous ont un objectif commun, celui de déclen- d’emballage, RockTenn et MeadWestvaco, créantpes de gestion, ou encore de la stratégie de crois- une société valant 16 milliards de dollars qui visesance implémentée par son management. En TAUX DE SUCCÈS DES CAMPAGNES ACTIVISTES à mieux concurrencer le leader Internationaldésaccord sur ces divers points, ces investisseurs Paper. Le jour de cette annonce, l’action Mead-«actifs» n’hésitent pas à interpeller, quand il le 80% Westvaco s’est appréciée de 14%4. Egalement enfaut, la direction des sociétés, voire même leur 70% Janvier, Yahoo! a annoncé la vente de sa parti-conseil d’administration, et ce dans l’intérêt de 60% cipation restante dans Alibaba au travers d’uneces actionnaires. 50% structure visant à éliminer toutes taxes liées àNotre équipe de sélection de fonds de placement 40% cette transaction, stratégie suggérée par Starboardalternatifs suit les gérants activistes avec un in- 30% Value. L’environnement actuel est propice à unetérêt particulier, en raison de conditions structu- 20% poursuite de la vague activiste. Même en périoderelles et cycliques actuellement favorables à cette 10% de faible croissance économique, les activistesstratégie. Avant la crise financière de 2008, les 0% peuvent générer de la performance, car nombrefonds activistes faisaient régulièrement la une des 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 d’entre eux se focalisent sur des entreprises quijournaux, la liquidité abondante sur les marchés peuvent améliorer la gestion de leurs affairesleur permettait d’acquérir des parts importantes Source: Mirabaud Asset Management ou qui subissent un changement de technologiede sociétés et de s’impliquer dans la gestion des sans réagir et, par conséquent, sous-performentsociétés et dans le choix de l’équipe de gestion, CHAMP D'ACTIVITÉ face à leurs compétiteurs.voire même dans la composition du conseil d’ad- Depuis la crise financière de 2008, de nombreu-ministration. La crise de 2008 gela le marché de Améliorations Changement ses entreprises ont été gérées de manière conser-capitaux, réduisant temporairement la force de des opérations de direction vatrice sans véritable stratégie, en amassant desfrappe des activistes. En 2014, la situation s’était liquidités excessives et en ayant des niveauxgrandement améliorée: les marchés des capi- Légende 1 Engagement d’endettement bas par rapport à leurs niveauxtaux ont retrouvé une plus grande liquidité, les Activiste optimaux ou en limitant la distribution de divi-niveaux de cash détenus par les entreprises ont dendes. Aujourd’hui, les gérants activistes sontatteint des sommes record. Cette combinaison de Optimisation de la Découverte bien armés pour pousser les équipes dirigeantesfacteurs rend, de notre point de vue, l’activisme structure de capital d’alternative des compagnies dans lesquelles ils investissent àplus attrayant que ces dernières années. En paral- stratégique mettre en place des stratégies proactives d’aug-lèle, l’exigence accrue des actionnaires pour une mentation de la valorisation boursière de l’en-meilleure gestion des activités rend l’activisme Source: Mirabaud Asset Management treprise. D’après nos discussions avec les gérantsplus attrayant à leurs yeux. Les actionnaires sont activistes, ceux-ci identifient un nombre croissanttoujours plus informés, instruits et exigeants CONDITIONS ACTUELLES FAVORABLES d’opportunités et cela confirme notre convictionavec les entreprises et cherchent plus activement dans cette stratégie pour l’avenir.à maximiser leur investissement. Faible coûts Les activistes sont devenus des acteurs influentsBien qu’historiquement concentrée sur des socié- de financement du monde entrepreneurial, car ils apportent destés de petite ou moyenne taille, la vague activiste impulsions novatrices aux équipes de directionrécente s’attaque maintenant également aux lar- Volonté du Niveaux record et aux conseils d’administration qui n’ont pasges capitalisations boursières. De par l’augmenta- board à de cash sur les su, adapter ou optimiser leurs sociétés. Outretion de leurs encours sous gestion ainsi que leurs s’engager un effet bénéfique sur le développement de cestaux historiques de succès, des activistes tels que bilans des entreprises, leurs actions ont souvent une réper-Pershing Square Capital Management, Icahn entreprises cussion positive sur leurs valorisations boursiè- res; ceci continuera à susciter l’intérêt des inves- Réceptivité Environnement Gouvernance tisseurs pour cette stratégie.  accrue des favorable d’entreprise actionnaires à l’activisme améliorées Source: Mirabaud Asset Management Sources: (1) FactSet). (2) Bloomberg, Forbes. (3) Bloomberg. (4) NY Times.

PAGE 13. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLes managed futures redeviennent tendanceCette classe d’actifs offre Ces stratégies trend following sont implémen- Les managed following traditionnelle. Considérons à titreune diversification bienvenue tées dans tous les secteurs (action, obligation, futures avaient d’exemple deux marchés, celui de l’or ainsi quedans le contexte actuel de taux marché première et FX) avec des instruments été l’une des celui du sucre. Les futures respectifs sont notésextrêmement bas et de marchés extrêmement liquides, typiquement des futures. seules classes en dollar. Dans une période de hausse du dollar, ilactions à leurs plus hauts. Les managed futures donnent ainsi une expo- d’actifS à est possible que les deux marchés soient à la bais- sition à des marchés très divers et difficilement générer une se et qu’une approche trend following tradition-Dr. Olivier Schmid, Céline Regis accessibles aux investisseurs traditionnels. Afin performance nelle se positionne short dans les deux futures. d’illustrer cet aspect, notons les performances pour positive en 2008. Cette diversification est clairement trompeuse etEPortfolio Managers, Fisch Asset Management l’année 2014 des futures suivants: Coffee: +50,5%, le positionnement uniquement long dollar. n quête de rendement dans un en- Feeder Cattle: +29,8%, Nasdaq: +18,1%, Bund: Afin de résoudre ce manque de diversifica- vironnement toujours plus difficile, +12%, ainsi que du côté négatif: Heating Oil: tion dans certaines situations de marché, nous les investisseurs redécouvrent les -48,3%, Soybean: -20,8%, Euro: -12,2%. Cette avons développé une approche relative au trend avantages des «managed futures». possibilité d’exploiter de si diverses tendances est Cette classe d’actifs livre une per- un avantage unique des managed futures». La possibilité de bénéficier formance robuste et une corrélation Néanmoins, cette classe d’actifs n’est que peu également d’une baisse desminimale tant aux actions qu’aux obligations. représentée dans les portefeuilles et seuls quelques marchés leur confère unDans le contexte économique actuel, avec des investisseurs institutionnels semblent connaî- caractère absolute return.actions à leurs plus hauts historiques et des taux tre ses avantages. Une part d’explication livred’intérêts extraordinairement bas, les managed certainement la performance décevante depuis following. Plutôt que d’analyser les tendancesfutures offrent une diversification bienvenue. la crise financière. Nombre d’investisseurs qui se sur les marchés de l’or et du sucre séparément,Les managed futures avait été l’une des seules laissèrent tenter après 2008 vécurent une pério- nous considérons la tendance de l’or contre leclasses d’actifs à générer une performance posi- de frustrante (-1,8% pour la période 2009-2013 sucre. De cette manière, nous pouvons neutra-tive durant l’année 2008 (20,9% selon l’indice selon l’indice Newedge Trend Index) alors que liser le facteur de risque commun (le dollar) deNewedge Trend Index). Ces programmes qui les actions et les obligations furent à la hausse. chaque paire considérée.bénéficient typiquement des fortes tendances sur Cette période caractérisée par une forte corré- La performance des managed futures est analy-les marchés en appliquant une stratégie «trend lation entre les différents secteurs laisse devi- sée depuis des décennies et nombre de papiersfollowing» ne dépendent pas d’une hausse bour- ner une faiblesse potentielle de l’approche trend académiques en ont démontré les divers avan-sière pour générer une performance positive. tages, telle la liquidité, la basse corrélation auxLa possibilité de profiter également d’une bais- PERFORMANCE DES MANAGED FUTURES EN PÉRIODE DIFFICILE autres classes d’actifs ou la protection en périodese boursière leur confère un caractère absolute de crise. Les investisseurs redécouvrent cettereturn. L’analyse de la performance des mana- Actions Obligations d'État Managed futures 10% classe d’actifs après une année 2014 faste (19,7%ged futures durant les dix pires mois pour les selon l’indice Newedge Trend Index) et sous laactions soulignent le potentiel de diversification 5% pression de diversifier leurs portefeuilles.dans un portefeuille traditionnel. En généralisant leur stratégies afin d’éviter 0% un manque de diversification, les managed fu- tures promettent une performance solide indé- -5% pendante du contexte économique et s’imposent comme une partie intégrante de toute allocation -10% stratégique.  -15% -20% 10-08 08-98 09-02 09-08 02-09 09-01 07-02 01-08 07-08 02-01 Source: Fisch Asset ManagementFrançois Savary OpinionChef Stratégiste, Banque REYL & CIELe high yield vaut-il encore la peine?Alors que la Banque Centrale Européenne va engager son pro- d’intérêt en juin de cette année. Au-delà des chiffres de la conjoncture continentale, conjuguée aux décisions énergi-gramme d’ajustement quantitatif et que l’économie mondiale l’inflation globale, perturbés par les développements sur le ques de la BCE, devraient soutenir la progression des coursdemeure sous l’influence majeure de l’injection de liquidités front de l’énergie, un tel choix peut se justifier au regard boursiers sur les principaux indices européens au cours desdans le système, la «chasse au rendement» continue à battre de l’évolution du marché de l’emploi aux Etats-Unis, d’une prochains mois et favoriser leur surperformance par rapport àson plein. Plus que jamais peut-être, pourrait-on dire. De quoi croissance domestique tendanciellement soutenue et de leurs homologues américains.nourrir un intérêt persistant des investisseurs pour les dettes signes que les salaires pourraient connaitre une accélération Dans un contexte d’accélération de la croissance mondiale, deà haut rendement, qui ont largement tiré profit des conditions de leur progression. l’engagement d’un processus de normalisation de la politiquemonétaires souples depuis quelques années. Cette première hypothèse sur la politique monétaire amé- monétaire américaine et d’indications que le pire est derrièreDans un monde où le cash offre désormais des taux négatifs, ricaine induit que nous entrons dans la deuxième phase du nous en termes de divergence de cycle économique entre lesoù de nombreuses dettes publiques affichent des rendements cycle économique et financier outre-Atlantique, soit une Etats-Unis et l’Europe, la question de l’exposition totale d’uninférieurs à zéro sur des maturités de plus en plus éloignées période marquée par davantage de volatilité sur le prix des portefeuille aux actifs risqués devient d’autant plus impor-et où certains débiteurs privés comme Nestlé voient le ren- actifs risqués et des attentes de rendements qui doivent être tante. Nous défendons l’idée que l’exposition en actions estdement de leurs obligations franchir la barre des 0%, l’inves- plus raisonnables qu’en début de cycle. En outre, l’idée que désormais plus attrayante que celle en obligations à hauttisseur se trouve ennuyé pour diversifier son portefeuille et nous sommes dans un cycle économique et financier déjà rendement, particulièrement sur le vieux continent.générer de la performance, au risque de se laisser tenter par mature est renforcée par certains développements en Europe. Dans un environnement où la volatilité se renforce sur les dif-une accumulation excessive de risque. Alors que de nombreux opérateurs en étaient venus à miser férentes classes d’actifs depuis quelques mois, un phénomèneLa mécanique des politiques monétaires non conventionnelles sur un retour de la récession sur le vieux continent au cours que nous pensons durable au regard de notre vue sur l’entréea logiquement conduit les investisseurs à se repositionner du second semestre 2014, les chiffres récents ont infirmé ces en seconde phase du cycle économique et financier, il n’estsur les actifs risqués, obligations à haut rendement et actions prédictions. Tant les derniers indicateurs PMI que certaines pas opportun d’accumuler trop de risque dans un portefeuille.en premier lieu. Cette combinaison n’est-elle pas devenue données allemandes, françaises ou espagnoles laissent penser La combinaison de fortes expositions en obligations à hautdangereuse dans les circonstances actuelles? que la croissance européenne est en mesure de se redresser rendement et en actions pourrait se révéler imprudente.Le premier élément à prendre en compte pour répondre à au cours des prochains mois. Ainsi, pour l’investisseur désireux de saisir des opportunitéscette question est certainement celui de l’avenir de la poli- Certes, il ne faut pas exagérer le potentiel mais il n’en demeu- sur les actions, qui nous semblent bien réelles, il est peut-êtretique monétaire américaine. Nous continuons à penser que re pas moins que l’activité européenne surprend positivement sage de procéder à des allègements des expositions en obli-les membres de la Fed opteront pour un relèvement des taux depuis quelques semaines. La confirmation d’une reprise de gations à haut rendement dans le même temps. 

PAGE 14. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativePour atteindre ses objectifs de rendementdans des investissements plus défensifsL’intérêt des institutionnels devraient être réalisés dans une perspective à La performance mentaires de façon plus défensive. Les fondssuisses pour les hedge funds long terme. La performance des hedge funds des hedge funds equity long/short en tant que satellites actionss’est atténué depuis 2008 après déduction des commissions a convaincu sur corrigée du permettent de réduire les pertes en temps de crisecontrairement à la tendance les 20 dernières années. Leur rendement corrigé risque était grâce à des positions vendeuses en titres à fortsmondiale. du risque était ainsi supérieur à celui des actions supérieure à capitaux empruntés et à faible modèle d’affai- suisses et correspondait approximativement à celle des actions res. Lors d’une hausse des taux d’intérêt, les fluxPatrick Hug, Investment Controller, Consultant celui des obligations, malgré un marché obliga- suisses sur les de rendement des hedge funds devraient moinsChristopher Riedi, Senior Investment Controller, Consultant, taire haussier durant la période sous revue. 20 dernières souffrir de cette évolution que ceux des place- Une analyse des rendements des hedge funds années. ments traditionnels (décorrélation).LComplementa Investment-Controlling AG tient compte de quatre aspects au moins: Ainsi, les stratégies telles que Global Macro ou es hedge funds peuvent en prin- 1. Par rapport aux autres catégories de place- Managed Futures ont par exemple le potentiel cipe être répartis entre deux types ment, les rendements doivent être évalués après de réaliser des bénéfices lors d’une hausse des de stratégies: convergentes et di- correction des risques. taux d’intérêt grâce à des positions vendeuses vergentes. Les stratégies du pre- 2. Les hedge funds devraient être en mesure en obligations. Chaque investissement en hedge mier type obtiennent les meilleures de limiter les pertes dans les situations de crise. funds devrait toujours être précédé d’une analyse performances en cas de stabilité A l’inverse, il faut s’attendre à des rendements complète (due diligence), notamment en ce quides marchés et présentent une faible volatilité. inférieurs à ceux des actions sur des marchés concerne la contribution du risque de marchéCitons à titre d’exemple les stratégies Long Short haussiers. (composante bêta) et la plus-value du gérant deEquities, d’arbitrage et Event Driven. Les straté- 3. Les indices utilisés pour les analyses de perfor- fonds (composante alpha), ses rendements, lesgies du deuxième type devraient contribuer favo- mance représentent une perspective moyenne et questions de liquidités, la sensibilité au risque derablement au rendement en cas d’effondrement sont entachés de faiblesses. taux et les risques opérationnels. Après l’inves-massif des marchés, mais présentent générale- 4. L’environnement de marché a été plutôt tissement, une surveillance périodique est incon-ment une plus grande volatilité que les stratégies défavorable aux hedge funds depuis 2008, tournable. convergentes. Les stratégies Managed Futures et entre autres parce que les volatilités relativementGlobal Macro en sont des exemples. faibles et les fortes corrélations entre différentes CaractéristiquesEn dépit des critiques parfois vives à l’égard des actions ont prédominé.hedge funds, leurs actifs sous gestion ont pro- Si l’investisseur en hedge funds privilégiait avant  Une allocation d’actifs moderne inclut les hedgegressé dans le monde d’environ 2243 milliards tout les fonds de hedge funds avant la crise finan- funds en raison de leurs caractéristiques de décorré-de dollars à fin 2007 à 2693 milliards de dol- cière, les single hedge funds sont aujourd’hui très lation et de la limitation des pertes potentielles.lars à la fin du troisième trimestre 2014, selon recherchés. Une approche cœur/satellite se des-  La structuration du portefeuille doit notammentBarclay Hedge, un fournisseur des données de sine en guise de forme d’investissement du futur. tenir compte du caractère convergent ou divergenthedge funds. Les investissements en hedge funds Le cœur est constitué d’instruments bêta liquides d’un fonds. et moins onéreux. Les satellites alpha doivent  Les hedge funds autorisent un investissement en outre permettre de dégager une plus-value plus défensif dans des placements plus risqués et au-delà du rendement de la stratégie. peuvent générer des gains en cas de hausse des Les taux d’intérêt actuels au plus bas incitent les taux d’intérêt. investisseurs à investir dans des placements plus  Une analyse exhaustive des fonds est indispensa- risqués, tels que les actions, afin d’atteindre les ble pour un investissement en hedge funds. objectifs de rendement. Les hedge funds offrent la possibilité de concrétiser ces risques supplé-Philippe Schindler MarchésCIO, Blue Lakes AdvisorsMieux vaut ne pas abuser des bonnes chosesIl n’est pas sain La fuite en avant au travers de dévaluations compéti- Il y a probablement du vrai dans les deux opinions. plus faible depuis juillet 2013. Le ratio de couvertu-non plus d’abuser du tives se poursuit à Tokyo, à Bruxelles, mais aussi dans Ce qui paraît néanmoins certain, c’est que le temps re, un indicateur de la demande, était à 2,7, contredumping monétaire! la plupart des pays développés (hors États-Unis). est maintenant venu pour certains adeptes du dum- 3,4 le mois dernier et une moyenne de 3,7 pour les Les optimistes diront qu’une déflation – corrosive ping monétaire d’engager une phase plus délicate, 10 dernières opérations. L’absence de demande est – par la dette a été évitée, que le système bancaire c’est-à-dire de stopper leurs politiques extrêmes. En là aussi le signal clair de la nouvelle défiance du américain et l’euro ont été sauvés, que les conditions effet, l’hypertrophie du bilan des banques centrales marché. financières mondiales restent favorables et que la mérite, en fin de compte, des actions concrètes. L’économie mondiale s’engage dans une période in- reflation a généré un effet richesse depuis plusieurs Dans ce contexte, les États-Unis continuent de pren- connue, où les risques d’une erreur de politique (et années. Mieux le Japon et l’Europe semblent finale- dre de grandes précautions pour éviter des domma- de politique économique) sont à la hausse, compte ment opter pour certaines réformes structurelles et ges collatéraux via le dollar et les marchés des taux tenu a) de la taille des bilans des banques centrales plusieurs grands pays émergents, d’intérêt. Une hausse trop à dégonfler (États-Unis, Royaume-Uni, Suisse) et contrairement aux anciens Conséquence involontaire forte du dollar menace- b) de l’impérieuse nécessité de reflater afin d’éviter cycles, se sont courageusement de la répression financière: rait la reprise américaine, la déflation (Europe, Japon, voire Chine). Dans les engagés dans des politiques un les investisseurs conserva- détériorerait la balance deux cas, le timing sera crucial. peu plus souples (notamment en teurs sont forcés de réaliser courante des États-Unis La planète de l’investissement est totalement déso- laissant flotter leur monnaie). des placements perdants. et affecterait les pays rientée. Conséquence involontaire de la répression Les pessimistes relèveront émergents (producteurs de financière, les investisseurs conservateurs sont à juste titre que l’allocation matières premières et ceux désormais forcés de réaliser des investissements de capital des entrepreneurs endettés en dollars). perdants. En effet, les fonds de pension et les n’est pas optimale, car l’in- Un contre-exemple vient assureurs-vie sont tenus par leur réglementation génierie financière (spéculative) prend naturelle- de Suisse où le président de la BNS a pathétique- d’investir une assez grande partie de leur capital ment le dessus sur les investissements productifs ment testé – aux dépends des agents économiques dans des véhicules à revenu fixe qui offrent des (l’investissement). On crée des banques zombies – la nervosité et la susceptibilité des marchés. taux d’intérêt négatifs! Comment pourront-ils, dans – à la Japonaise – dans la zone euro. La croissance Ailleurs, les marchés reniflent déjà la vulnérabi- ce contexte, s’acquitter raisonnablement de leurs nominale mondiale restera décevante et l’infla- lité du Danemark. En dépit de son bluff (menaces engagements contractuels (nominaux positifs)? Une tion d’une faiblesse inquiétante, la dette continue d’étendre le QE), le Japon connaît également les révision des contrats privés (faible probabilité) ou d’augmenter et les inégalités sociales alarment. Les premiers signes de tension sur son marché des capi- (plus forte probabilité) une révision des directives nantis se sont enrichis, mais les classes moyennes taux domestiques. Les rendements obligataires à 10 de placement se profile. Ce sera un premier signe de et défavorisées sont pénalisées. Les épargnants et ans du Japon ont dépassé ceux de l’Allemagne pour complaisance exagérée... Pour l’heure, on privilé- les rentiers sont les principales victimes de cette la première fois. La raison évoquée est l’absence de giera les marchés des actions en Europe et au Japon répression financière. demande pour la dernière adjudication, le niveau le où la reflation s’intensifie. 

PAGE 15. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLa production s’ajuste aux états-Unis. La demande mondiale est solide.Et le retournement des positions spéculatives fera le reste.Augmentation probable de quelque 50%des prix du pétrole cette année Alain Freymond Le niveau pétrole chuter de -78% sur fond de crise systémi- 1 mbj devrait donc à notre avis se réduire en historiquement que mondiale et de récession. L’absence de déci- 2015. La baisse actuelle des cours nous sembleL’Associé,BBGI Group bas des cours sion de réduction des quotas lors de la réunion donc très exagérée dans ce contexte et tempo- effondrement des cours du pétro- du brut de novembre de l’OPEP, également évoquée rairement exacerbée par le renversement de le de -50% observé au deuxième soutiendra comme un facteur aggravant la situation de sur- positions spéculatives de plus en plus largement semestre 2014 a sans doute déjà une hausse production, était pourtant compréhensible. La orientées à la baisse. Les contrats future short eu quelques effets positifs sur généralisée production de l’OPEP était en baisse depuis le pic CFTC non-commerciaux ont effectivement la consommation au dernier de la demande. de 32 mbj d’avril 2012, l’Arabie Saoudite n’avait bondi de leur plus bas niveau historique des dix trimestre, mais il devrait plus lar- donc pas le sentiment de porter une responsa- dernières années en juin 2014 de 88.500 contratsgement influencer les statistiques de croissance en bilité quelconque dans la chute déjà enregistrée baissiers à 210.000 contrats en janvier 2015, undébut d’année 2015. Le déclin brutal des cours par les cours du brut. L’OPEP n’a pas voulu por- niveau proche du maximum atteint en 2008du brut imputé tout d’abord à une diminution ter cette fois-ci le fardeau de la diminution de après l’effondrement du pétrole de -75%.de la demande mondiale de pétrole, lorsque les l’offre globale provoquée selon elle par l’émer- En résumé, la chute du brut agira comme un QEindicateurs économiques ont commencé à virer gence d’une production importante du pétrole/ et un stimulant économique transfrontalier ren-au rouge en Europe pendant l’été, a ensuite été gaz de schiste aux états-Unis. forçant à la fois la confiance et la propension àattribué à la hausse de la production de pétrole L’effondrement des cours du brut trouve ainsi consommer des ménages, tout en contribuant àet gaz de schiste aux états-Unis et dans les pays en partie son origine dans la volonté de l’Arabie la baisse des coûts et à l’amélioration des margesnon membres de l’OPEP. S’il est exact que la Saoudite de défendre ses parts de marché. Elle des entreprises. Il est difficile d’affirmer que leproduction de pétrole a en effet progressé de a ainsi sans doute contribué à faire payer à l’in- niveau de 45 dollars pour un baril de brut consti-5 millions de barils par jour en 2008 à près dustrie pétrolière américaine ses ambitions trop tue le niveau plancher, mais nous ne serions pasde 8 millions de barils en 2013 aux états-Unis, clairement affirmées de devenir le premier pro- surpris d’observer un rebond rapide des cours àla hausse de la production constatée en 2014 ne ducteur de brut à terme. L’excès d’offre estimé à 65 dollars en 2015. représentait que 600.000 barils et donc à peine0,7% de la demande mondiale de brut (92,4 mil- Parce que même un titrelions de barils) estimée par l’Agence Internatio- de croissance peutnale de l’énergie (IEA). être une perle en matièreDurant l’année 2014, le nombre total de puits de dividendesen activité dans le monde, mesuré par l’indiceBaker Hughes Total World Oil and Gas Rotary 5%Rig Count, est en fait resté relativement stableentre 3400 et 3700 puits, correspondant d’ailleurs dsuerrednivdideemnednet*au maximum observé en septembre 2008 avantle début de la crise. Le nombre de puits en acti- Les valeurs dont le rendement sur dividende est de taux planchers dans le domaine obligataire. Lesvité aux états-Unis avait de son côté progressé élevé ne font en général pas partie des entreprises réserves existantes issues d’apports de capitauxde 1750 à 1925 puits en 2014. Mais la situation qui connaissent la plus forte croissance. Les inves- donnent à BB Biotech S.A. la marge de manœuvreest enfin en train de changer. Après six mois de tisseurs doivent par conséquent choisir entre divi- nécessaire dans sa politique de distribution debaisse des prix, le déclin du nombre de puits en dende et croissance. Cela n’est pas le cas chez moyen à long terme. ISIN: CH0038389992activité s’est enclenché et accéléré au cours des BB Biotech S.A. L’action réunit les deux compo-dernières semaines. La baisse de 1925 à 1676 santes: alors que le secteur des biotechnologies Evolution des distributions en numérairepuits montre déjà un effet de la chute des cours enregistre une croissance annuelle à deux chiffres, de BB Biotechdu brut sur l’activité de production aux états- BB Biotech verse dans le même temps une distribu-Unis. Les prochaines statistiques de production tion en numéraire non imposable de 5 %*. Par rap- CHF 11.60de pétrole et de gaz devraient confirmer cette port aux titres du SMI suisse, BB Biotech se classeanticipation d’une diminution de l’offre améri- parmi les 25 % des sociétés offrant les dividendes CHF 7.00caine. Si les coûts OCC (operating cash costs) les plus élevés. Une véritable option en ces temps CHF 4.50sont souvent inférieurs à 40 dollars dans les paysproducteurs hors OPEP, l’industrie du pétrole de Plus d’informations sur 2013 2014 2015schiste a elle besoin d’un prix du brut plus élevépour rester profitable. C’est donc certainement www.bbbiotech.comdans ce segment spécifique touchant en prioritéle marché américain que l’on observera à l’ave- * Distribution de numéraire, exonérée de l’impôtnir les plus nettes réductions de production, qui anticipé, de CHF 11,60 par action ; rendement calculé surpèseront sur l’offre mondiale. le cours moyen pondéré de l’action en décembre 2014.Du côté de la demande mondiale, l’affaiblisse- Proposition à l’assemblée générale du 18.03.2015, datement de la consommation depuis le pic de 92,8 d’enregistrement 23.03.2015.millions de barils par jour (mbj) atteint en avril Avis. Les indications ci-dessus sont des opinions de BB Biotechjusqu’au déclin à 92,44 mbj en décembre (IEA) S.A. et sont de nature subjective. La performance passéene représente qu’une contraction finalement très n’est pas une garantie de l’évolution future.modeste. L’année 2015 devrait être caractériséepar un renforcement de la conjoncture mondialeet par une hausse de la demande de brut corres-pondante, la Chine et l’Inde jouant un rôle clédans cette augmentation, alors que le niveau his-toriquement bas des prix soutiendra une haussegénéralisée de la demande en 2015.Dans ce contexte, il nous semble difficile d’at-tribuer à des conditions aussi peu fluctuantes del’offre et de la demande une chute aussi drama-tique des cours. La situation qui prévaut en cedébut d’année 2015 n’est d’ailleurs en rien simi-laire à celle de 2008, qui avait vu les cours du

PAGE 16. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLa classe d’actifs a perdu jusqu’à 35% en termes de performance totaleen 2014. Cette quatrième année consécutive de pertes a rendu lesmatières premières encore plus impopulaires auprès des investisseurs.Matières premièresLe secteur va-t-il se ressaisir en 2015? Giovanni Staunovo Européenne et du Japon devrait réduire le frein La perspective (le «roll yield»). Si elle est ascendante (en situa- Analyste spécialisé en matières premières dont souffre la demande de matières premières d’un contexte tion de report ou «contango»), les investisseurs comme le pétrole brut ou légèrement augmenter d’investissement doivent payer une prime à chaque roulementL CIO Wealth Management, UBS la demande d’autres matières telles que l’alumi- anémique pour rester investis dans la matière première. Si a tendance se poursuivra-t-elle nium, ce qui devrait quelque peu permettre de en Chine tire elle présente une allure descendante (en situation en 2015 ou se trouve-t-elle à un stabiliser les prix en 2015. les projections de déport ou «backwardation»), les investisseurs point où les investisseurs peuvent Il est fastidieux d’acheter des matières premiè- de la demande pourront acquérir les contrats à un prix moindre à nouveau s’engager de manière res physiquement et, dans la plupart des cas, à la baisse. (en clair: ils gagnent sur le roulement). importante dans ce secteur? De cela s’avère en outre difficile pour les investis- Les coûts de ce roulement n’ont pas été un notre point de vue, il est encore seurs privés. Les coûts du stockage et les risques thème majeur en 2014 pour les investissementstrop tôt, mais cela ne signifie pas nécessairement opérationnels font partie des plus grands obsta- en matières premières largement diversifiés. Lesque l’on aille au-devant d’une cinquième an- cles. Ainsi, à l’exception des métaux précieux, investisseurs exposés globalement aux matiè-née consécutive de moins-values. Au contraire, les investissements passent le plus souvent par res premières ont profité de gains de roulementon peut estimer que cette classe d’actifs va des contrats à terme. marginaux, essentiellement dus à l’énergie, prin-évoluer vers des territoires légèrement positifs. cipalement au brut, et – dans une moindre me-En revanche, le premier semestre 2015 pourrait Ces contrats à terme comportent généra- sure – aussi au gaz naturel, puisque les courbes àencore se révéler douloureux, avant un revire- lement des échéances courtes pour reproduire terme présentaient une configuration en déport.ment au second semestre. au mieux les variations de prix des matières Dans l’intervalle, les courbes à terme du brut seLa grande question est de savoir si pren- premières. Conséquence: il faut en permanence sont inversées et marquent un fort report. Lesdre une position importante dans les matières les réinvestir peu avant leur échéance. Ce proces- investisseurs vont donc subir des pertes au lieupremières est un risque qui en vaut la peine. A sus d’achat et de vente est ce que l’on appelle le de réaliser des gains sur les roulements. Ceuxce stade, la réponse est sans doute négative, car roulement des contrats à terme. investis dans les contrats à terme aux échéancesles facteurs de risque et de gains sont par trop Vu que ce processus se répète plusieurs fois par les plus courtes subissent déjà des coûts de roule-disparates. D’une part, un investissement dans les an, la forme de la courbe des contrats à terme ment de 2 à 4% en termes trimestriels.matières premières sera vulnérable au risque devient un facteur central de la performance Les produits agricoles pourraient aussi peser surd’un ralentissement économique des marchés la performance, car l’offre excédentaire a faitémergents et aux coûts du roulement. D’autre LES MATIÈRES PREMIÈRES À UN PLANCHER HISTORIQUE 110 chuter les prix. Sans une courbe à terme favora-part, les gains potentiels ne tiennent sans doute 100 ble, comme celle du soja en fort report en 2014,qu’à un seul élément: le rebond du pétrole au Bloomberg Commodity Index TR les pertes sur le roulement des contrats dans lessecond semestre 2015. UBS Bloomberg CMCI Composite Index TR matières premières agricoles vont probablementCertes, la croissance économique des marchés s’accentuer. De tels changements dans la courbedéveloppés devrait s’accélérer en 2015. Mais, la 90 à terme peuvent venir grever le rendement totalprogression du PIB des marchés émergents est des investissements à forte diversification dansappelée à ralentir. Selon nos estimations, cette 80 les matières premières, de l’ordre de 3 à 7% l’ancroissance est passée, en 2014, de 4,6% à 4,5%. prochain.Ce tassement peut ne sembler que marginal, 70 Les prix du baril de brut ont dévissé de plusmais il ne faut pas oublier qu’il subsiste des de 50 dollars, depuis les sommets atteints en juinrisques baissiers. La Chine, qui est plus que déter- 60 2014. Les perspectives à court terme demeurentminante pour la demande mondiale en matières Janv11 Juil11 Janv12 Juil12 Janv13 Juil13 Janv14 Juil14 Janv15 néanmoins ternes puisque le marché du pétrolepremières, ne devrait pas afficher une croissance restera sans doute confronté à une offre excéden-du PIB supérieure à 7% alors qu’elle s’efforce de Source: Bloomberg, UBS taire de 1 à 1,5 million de barils par jour (mbpj)faire avancer ses réformes structurelles. au premier semestre 2015. Il faut un certainCertaines de ces réformes, telles que la libéralisa- LA PART DES USA DANS LA DEMANDE MONDIALE DE MATIÈRES PREMIÈRES temps au marché pour absorber l’offre excéden-tion des taux d’intérêt et l’amélioration des finan- taire (offre et demande inélastiques) et, dans unces des collectivités locales, pourraient peser sur Valeurs en% de la demande pour l'année 2013 Hors agriculture 30% tel intervalle, les prix à court terme pourraientla croissance à court terme, en particulier sur les tomber à des niveaux jugés intenables, avant queinvestissements. Toute mesure de stimulation de 25% la production ne baisse.la part de la Chine visera sans doute à éviter un Cela dit, les perspectives à long terme sont toutralentissement plus marqué plutôt qu’à accélérer 20% autres. Le niveau actuel des prix pourrait créerla croissance. une demande supplémentaire ces deux prochai-La perspective d’un contexte d’investis- 15% nes années. Selon nos estimations, la croissancesement anémique en Chine tire les projections de la demande de pétrole devrait s’accélérer etde la demande en matières premières à la baisse, 10% passer de 0,9 mbpj en 2014 à 1,2 mbpj en 2015.surtout en ce qui concerne les matières premiè- Or, pour l’heure, les prix sont trop bas pourres brutes telles que le fer ou le charbon, puisque 5% inciter les producteurs de pétrole à poursuivreces marchés connaissent une offre excédentaire leurs plans à long terme d’expansion de l’offre.d’ordre structurel. 0% En effet, si l’on exclut ceux des producteurs deLe PIB de l’Europe et du Japon ne devrait schiste aux états-Unis, le nombre de projets dansafficher qu’une croissance de 1,2% en 2015. Palladium les pays hors OPEP s’est déjà fortement réduitCertes, les Etats-Unis pourraient voir leur crois- Gaz par rapport aux cinq dernières années. De plus,sance augmenter de quelque 3,1%, mais leur l’offre doit surmonter le déclin de la productionpart dans la demande mondiale de matières naturel annuelle de 3 à 4% à prévoir à cause du vieillisse-premières, hors produits agricoles, ne représen- Pétrole ment des champs de pétrole.te qu’entre 5% et 25%. Seuls, le pétrole brut, le Ainsi, dans la durée, l’offre devra augmenter pourpalladium et le gaz naturel s’inscrivent à l’extré- brut faire face à la hausse potentielle de la demandemité supérieure de cette fourchette. Cela dit, une Platine et les prix devraient remonter au second semes-plus forte croissance des états-Unis, de l’Union Plomb tre 2015 et en 2016. Donc, sans nouvelle source Argent importante d’offre supplémentaire, le prix du Charbon baril de brut pourrait bien remonter à 65-80 Aluminium dollars d’ici la fin de 2015.  Cuivre Zinc Nickel Or Source: BP, GFMS, WBMS, UBS prévisions de croissance pour les pays / régions sélectionnés 2012 2013 2014E 2015E Etats-Unis 2,3 2,2 2,4 3,1 Eurozone -0,7 -0,4 0,8 1,2 Japon 2,0 1,5 0,1 1,2 Grande Bretagne 0,7 1,7 3,0 2,6 Chine 7,7 7,7 7,4 6,8 Inde 4,5 4,7 5,5 5,8 Brésil 1,0 2,5 0,3 0,6 Russie 3,4 1,3 0,5 -4,5 Economies avancées 1,3 1,3 1,8 2,3 Economies émerg. 5,1 5,0 4,6 4,5 Monde 3,4 3,3 3,3 3,5 Real GDP, % change yoy. Bloomberg, UBS

PAGE 17. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeL’eau: cette nouvelle matière précieuseLes entreprises qui concourentà une gestion plus saine de ce Le marché res traditionnelles. Le traitement des eaux usées culièrement attrayante. C’est un marché en pleinpatrimoine présentent de très est évalué entre forcément dans ce cadre, puisqu’il augmen- essor dont la croissance devrait se situer aux alen-beaux profils de croissance sur aujourd’hui te la disponibilité des ressources actuelles. Que ce tours des 15% pour ces 10 prochaines années.ces 20 prochaines années. à plus de 600 soit pour l’homme, pour l’agriculture ou l’indus- Viennent ensuite les conduites d’eau et leur milliards de trie, l’eau utilisée n’est recyclée aujourd’hui qu’à fabrication. Selon diverses estimations, la plupart Olivier Roncari dollars par an. hauteur de 3%. La désalinisation est devenue un d’entre elles ont été installées voilà maintenant Trader & Fund manager avec un taux marché global avec une croissance annuelle de une centaine d’années. Le renouvellement du de croissance 15%. Il existe aussi, dans le domaine des «scien- parc s’impose. Un tiers environ présenterait desI Sequoia Asset Management annuel de ces de la vie», le développement des instruments fuites. Rien que pour les états-Unis, le remplace- l y a quelques années, une caricatu- 10% environ. de mesure employés dans l’industrie afin d’assu- ment de ces infrastructures pourrait atteindre les re avait fait grand bruit sur la place rer aussi bien la qualité de l’eau que le contrôle 500 milliards de dollars sur 20 ans. genevoise. On y voyait deux personnes de son utilisation. La quatrième niche porte sur l’agriculture et les originaires du Moyen-Orient admirer le Pour continuer dans cette voie, la fabrication et systèmes d’irrigation. Près de 70% de l’eau douce jet d’eau de Genève et s’exclamer, tout la commercialisation de compteurs d’eau «intel- utilisée à travers le monde est dédiée à l’agricul- étonnées, «Du pétrole transparent!». Le ligents» représentent une deuxième niche parti- ture. En raison de la baisse des réserves d’eau,caricaturiste ne pensait peut-être pas tomber si les besoins en systèmes d’irrigation modernesjuste. Car il n’est pas exagéré de dire que l’eau Sélection-type long/short capables d’aller chercher l’eau toujours plus loin,devient aussi précieuse que le pétrole. D’ici 2030, toujours plus profondément, sont de plus en plusil semble que nous nous dirigions tout droit vers Nom de l’entité Cap.* Ticker BBG importants. On considère que les sociétés spécia-une pénurie. Plutôt inquiétantes, de nombreuses lisées dans ce domaine devraient voir leurs reve-études démontrent en effet que, d’ici une vingtai- Produits de construction nus progresser de 20% par an d’ici à 2025.ne d’années, la demande en eau dépassera d’envi- Il faut se pencher enfin sur les sociétés qui détien-ron 40% les ressources existantes de la planète. Geberit AG. $13Bn GBERY US Equity nent des droits sur l’eau et plus particulièrementCette insuffisance peut d’ores et déjà être des droits d’exploitation. Aujourd’hui, la valeurobservée dans certaines parties du monde. Selon A.O. Smith Corp. $5Bn AOS US Equity de ces droits ne peut qu’aller en progressant.l’avis des spécialistes, plus de 30% de la popula- Les états ont déjà entrepris de grands chantierstion mondiale n’aurait pas accès à des conditions Instruments de précision dans ces domaines mais le potentiel de crois-sanitaires normales, et ils sont encore 10% pour sance reste exceptionnel. Pour les investisseurs,lesquels l’eau potable relève du mirage! Avec Badger Meter Inc. $1Bn BMI US Equity le timing est d’autant plus intéressant que lesla progression de l’agriculture intensive qui réserves d’eau existantes sont connues et que laentraîne l’épuisement des nappes phréatique Machinerie demande est en hausse constante. Ce marché estalors que la population mondiale ne cesse d’aug- évalué aujourd’hui à plus de 600 milliards dementer, ce phénomène ne fait qu’empirer. Lindsay Corp. $1Bn LNN US Equity dollars par an avec un taux de croissance annuelDans ce contexte tendu, il est donc primordial de d’environ 10%.pouvoir se dégager un horizon plus serein. Or, Mueller Water Products Inc. $2Bn MWA US Equity On peut imaginer différentes façons de se posi-les réponses à cette crise en gestation ne man- tionner dessus, mais le plus intéressant consistequent pas. Les solutions peuvent être regroupées Pall Copr. $11Bn PLL US Equity peut-être à imaginer un basket long-short, pouren cinq niches qui ont l’avantage de présenter lisser les risques, investi dans une quinzaine deun fort potentiel de croissance, si l’on se place Pentair Plc. $12Bn PNR US Equity titres sélectionnés selon leur P/E et l’évolutiondu point de vue d’un investisseur à la recherche du cours sur les trois dernières années. Dans ced’opportunités décorrélées des valeurs boursiè- Valmont Industries $3Bn VMI US Equity panier, on trouverait par exemple aujourd’hui Geberit, dans la catégorie Produits, Badger Multi-Utilities Meter dans la catégorie Instruments de mesure, Pentair, pour l’équipement technique, ou encore Suez Environnement Co. $10Bn SZEVF US Equity les français Suez & Veolia au rayon «multi-utili- ties» (voir le tableau). Les acteurs ne manquent pas Veolia Environnement $10Bn VEOEF US Equity et c’est plutôt rassurant.  Services des eaux Guangdong Investment Ltd. $9Bn 270 HK Equity Beijing Entreprise Water GR. $6Bn 371 HK Equity American Water Works Co. $10Bn AWK US Equity China Everbright Water Ltd. $2Bn CEWL SP Equity Aqua America Inc. $5Bn WTR US Equity * Capitalisation boursière Cybersécurité Solange Ghernaouti Professeure, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory & Research Group, HEC − Unil (www.scarg.org)Le crayon, le glaive et le bouclier ne suffiront pasQuelle approche de Avec l’augmentation des capacités d’adressages, berespace leur terrain de jeu à l’échelle mondiale, pire que le mal, ne favorisons pas le travail desla cybersécurité au nous serions en mesure de connecter chaque les victimes sont ici leurs commanditeurs et bras criminels en leur offrant des opportunités de mal-regard de l’ingéniosité atome de la Terre. Nous participons à une connec- armés ailleurs, protégés par l’inefficacité des me- veillance, parce que nous avons des vulnérabilitéset du pouvoir tivité de plus en plus accrue et permanente. sures légales, organisationnelles et techniques de qu’ils savent exploiter. Reuters nous informait lede nuisance dont L’internet des objets est en train d’émerger. sécurité, protégés par l’incapacité que nous avons 30 janvier 2015 que BMW avait corrigé une failledisposent les criminels Avec toujours plus de capacité de stockage et la à faire face à la montée des risques globaux, par de sécurité informatique qui aurait pu permettre àet prédateurs de toutes virtualisation des services et des traitements, nous l’incapacité à maitriser un problème complexe lié des hackers de déverrouiller les portes d’environsortes via Internet? avons la possibilité d’enregistrer chaque instant à l’interdépendance croissante des sphères écono- 2,2 millions de véhicules (Rolls-Royce, Mini, BMW ) de nos vies, de bâtir une mémoire éternelle et mique, politique, technologique et sociétale. via des services en ligne de dépannage à distance d’exploiter sans fin des données. Nos rêves élec- Ne tirons pas sur les victimes de cyberattaques, et d’ouverture des portes en cas d’urgence. troniques sont parfois plus beaux que nos jours, nous sommes tous exposés et vulnérables! Au Le crayon, le glaive et le bouclier ne suffiront pas les mondes numériques peuvent être d’une grande delà de la compassion ou du sentiment parfois un au regard de l’ingéniosité et du manque de limite beauté et l’Internet nous offre la possibilité de peu honteux d’être soulagé que cela soit arrivé à de certains et du pouvoir de nuisance dont ils dis- ballades infinies. Les technologies de l’informa- d’autres, tirons des enseignements de ce qui est posent via Internet. J’en veux pour preuve pour ne tion nous font envisager la possibilité d’une vie advenu afin de mieux protéger, mieux gérer les donner qu’un exemple, ce nouveau malware caché éternelle et nous autorise à penser que l’Humain crises, mieux communiquer, mieux réparer. dans une image «Je suis Charlie» qui s’est répandu puisse être transcendé par elles. Nous sommes sur Partager les expériences, les informations, les récemment et qui permet la prise de contrôle à le chemin d’une transhumanité. Nous allons vers savoir faire, mettre en commun, être solidaire distance de l’ordinateur infecté. une technologie «idéale» c’est-à-dire invisible, pour contribuer ensemble à offrir des systè- Qu’elles soient le fait d’hackers patriotes, de intégrée dans notre réalité, une technologie qui se mes d’information, des services, des objets, des terroristes, d’activistes, de criminels avertis ou fait oublier, une technologie «naturelle». L’Humain poussières intelligentes suffisamment sécurisés d’amateurs, les cyberattaques reflètent nos réalités augmenté, transformé, piloté, voire décérébré par afin qu’ils ne deviennent pas des armes qui se politique, économique et sociale. Les outils infor- la technologie… Demain l’Humain? Sans doute retourneraient contre nous allant jusqu’à mettre matiques, les applications et services électroniques dans la continuité de ce qu’il est depuis la nuit la vie humaine en danger. Concevons des systè- offerts au public sont le fruit de notre vision du des temps, capable du meilleur comme du pire, mes fiables et robustes, pensons la cybersécurité monde et de notre culture. Dès lors, le véritable en- mu pour certains, par des désirs de puissance, de manière holistique, ne cédons pas toujours à jeu de la cybersécurité ne serait-il pas celui d’être d’argent ou de sexe. Criminels, mercenaires, terro- la facilité au détriment des fondamentaux de la en mesure de relever le défi d’offrir aux généra- ristes, prédateurs de toutes sortes ont fait du cy- sécurité. Evitons que le remède sécuritaire soit tions futures des lendemains qui chantent? 

PAGE 18. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeL’abandon du cours plancher du franc face à l’euro et l’introductiond’intérêts négatifs poussent les liquidités vers le secteur immobilier.L’immobilier demeure intéressantdans un environnement de taux négatifs Patrick Richard se tasser tranquillement, sans qu’une cassure ne Acheter de caires. Ces débiteurs se retrouvent dans la situa- soit constatée. l’immobilier pour tion de devoir rembourser leurs intérêts hypothé-L Directeur de Procimmo L’abandon du taux plancher ne devrait pas faire un rendement caires et payer des intérêts négatifs, ce qui rend es institutionnels et les riches épar- fuir les résidents suisses et ne devrait pas vider compris entre la charge globale du coût de l’emprunt plus gnants auront tendance à augmen- les immeubles d’habitation qui sont construits 3% et 4,5% importante que pour ceux qui n’ont pas eu ter leurs investissements dans l’im- ou en construction. L’impact attendu se reflétera garantit un recours à ce type de montage. mobilier de rendement pour éviter plutôt par une baisse des rendements, vu l’aug- retour sur En Suisse, certains particuliers et certaines socié- les intérêts négatifs et pour s’assu- mentation de la demande pour les immeubles investissement tés immobilières ont été séduits par ces swaps. rer un rendement sur leurs avoirs, de rendement. régulier. En revanche, les fonds immobiliers, à une excep-alors que le marché des obligations est en gran- En ce qui concerne l’immobilier commercial tion près, n’ont pas eu le droit de se lancer dansde partie devenu inintéressant et que celui des et plus précisément l’immobilier d’activités ce type d’opérations.actions est difficile à anticiper. (à savoir l’immobilier industriel et l’immobilier Comme dans tous les domaines, l’avenir estTout porte à croire que ces nouveaux investisse- de production), une mauvaise conjoncture éco- incertain. On ne sait si les prix vont continuerments iront soit dans l’immobilier direct, malgré nomique aura une influence négative sur l’en- à augmenter de manière régulière comme cesla difficulté de trouver des bâtiments à un prix caissement des loyers et la relocation de surfaces dernières années (croissance moyenne de 7%raisonnable à défaut d’être un professionnel de vacantes. Pour limiter cet effet négatif, il faut depuis 2008 avec un recul en 2013 et un redé-l’immobilier, soit dans l’immobilier indirect, bien privilégier les loyers bas et les zones périphéri- marrage en 2014) ou si les prix de l’immobilierque les agios augmentent. Pour limiter les ris- ques qui demeurent attrayantes dans des condi- vont connaître une correction.ques, il est recommandé de rechercher des titres tions plus difficiles. De plus, la nécessité pour Toutefois, acheter aujourd’hui de l’immobiliersans agio, à savoir principalement des titres non certaines sociétés de se réorganiser et de libé- pour un rendement net compris entre 3 et 4,5%cotés ou les actions de sociétés immobilières qui rer des fonds devrait entraîner une vague de garantit un retour sur investissement régulier,restent à des niveaux de prix intéressants. «sales and lease back», notamment dans le même si les prix devaient se tasser. AcheterS’agissant des investisseurs privés, la quasi secteur industriel et de production, ce qui pourrait des véhicules de placement avec un agio limitéparité euro/franc suisse n’aura aucun impact offrir des opportunités d’investissement pour les constitue en ce sens la meilleure garantie possi-sur les mesures mises en place par la BNS, la acteurs positionnés sur ce créneau. A noter que ble. Et les privés peuvent de surcroît y trouverFinma et le Conseil fédéral pour endiguer la les marchés des surfaces commerciales et des un avantage en optimisant leur fiscalité.valorisation des maisons individuelles et des lots bureaux connaissent des conditions différentes. Aujourd’hui, plus que jamais, le choix de son in-de PPE, et ce marché immobilier va continuer à L’introduction de taux négatifs, chose qui était vestissement reste un élément clé, mais les oppor- impensable encore récemment, aura un impact tunités présentes sur le marché de l’immobilier négatif sur les acteurs de l’immobilier qui ont après l’abandon du taux plancher restent parmi superposé des swaps à leurs emprunts hypothé- les investissements les plus prisés à ce jour. Dr Thierry Amy En droitAssocié, BCCC Avocats, Lausanne/GenèveFonds maîtres-nourriciers: les nouvelles règlesLa réglementation Jusqu’en 2006, les structures maîtres–nourriciers collectifs de capitaux étrangers autorisés à la distri- l’article 58 al. 1 de la Directive 2014/91/UE du 23suisse des fonds n’étaient pas autorisées pour les fonds de place- bution dans notre pays. juillet 2014. Cela signifie concrètement qu’un fondsmaîtres-nourriciers ment en valeur mobilières en droit suisse. Il a fallu La révision en février 2013 de la LPCC ainsi que nourricier suisse ne peut pas investir dans un fondsreprésente-t-elle une attendre l’adoption de la LPCC pour que des fonds l’introduction du nouvel article 73a OPCC a remé- maître étranger, respectivement dans un fonds maî-opportunité pour les cibles dans le cadre de structures de fonds de fonds dié à cette situation en jetant pour la première fois tre suisse qui ne serait pas du même type.fonds luxembourgeois? soient admises en vertu de l’article 73 al. 2 lit. a) les bases essentielles nécessaires à la constitution En revanche, et c’est là un point notable, cette OPCC; il n’était toutefois possible d’investir dans le de fonds maître-nourriciers (tous types confondus) réglementation n’interdit pas qu’un fonds nourricier même fonds cible que 20% de la fortune du fonds, en droit suisse, soit en offrant la possibilité pour étranger, en particulier européen, investisse sa for- ce qui était extrêmement limitatif en comparaison un fonds nourricier de placer au moins 85% de sa tune dans un fonds maître suisse du même type. En internationale. Dans les faits, cela rendait impossi- fortune dans le même fonds cible. Directement effet, l’introduction dans notre pays des nouvelles ble pour les fonds de placement en valeurs mobiliè- inspirée du droit communautaire (art. 152 al. 2 LPCC), règles décrites ci-dessus a comme conséquence que res de droit suisse la création de structures maî- cette nouvelle disposition légale comble de manière la réglementation européenne est désormais consi- tre-nourricier. Il existait toutefois une exception à efficace le retard pris par notre réglementation dans dérée comme équivalente au droit suisse, autorisant cette limitation pour les autres fonds en placements ce domaine. L’entrée en vigueur de l’OPCC-FINMA, ainsi la distribution (au public) de fonds nourriciers traditionnels et alternatifs, soit notamment pour les entièrement révisée, le 1er janvier 2015 permet de (traditionnels ou alternatifs) européens en Suisse. hedge funds, les fonds de private equity et les fonds parachever ce travail d’harmonisation en offrant aux Paradoxalement dès lors, les fonds nourriciers en matières premières (article 69 LPCC; articles 99 acteurs du marché des règles de détail (art. 56 à 65 européens peuvent désormais être très facilement et 101 OPCC). Durant la même période, dans l’Union OPCC-FINMA) très proches et partant conformes à la commercialisés dans notre pays grâce aux impor- européenne, étaient adoptées successivement deux réglementation européenne actuellement en vigueur. tants efforts consentis par le législateur suisse en directives, l’une en 2009 et l’autre en juillet 2014, Le droit suisse a d’ailleurs repris la réglementation vue d’harmoniser notre législation au droit euro- favorisant l’émergence de structures maîtres-nour- européenne en vigueur sur deux points essentiels: péen, alors que les fonds nourriciers suisses, dans riciers transfrontières (Directive 2009/65/UE du 13 il s’agit d’une part de la limitation faite aux acteurs la mesure où ils émanent d’un Etat tiers, ne bénéfi- juillet 2009 (OPCVM IV) et 2014/91/UE du 23 juillet du marché suisse de pouvoir constituer des fonds cient toujours d’aucun accès au marché européen. 2014 (OPCVM V)). Dans la mesure où ces directives maîtres-nourriciers transfrontières et d’autre part Devons-nous en conclure qu’en agissant ainsi, le sont considérées, selon la jurisprudence la plus ré- de l’obligation faite pour les fonds maîtres d’être législateur suisse a agi contre ses intérêts ou qu’au cente du Tribunal fédéral (ATF 129 III 335 ss) comme des placements collectifs du même type que les contraire il a su sauvegarder ainsi l’attrait de notre pouvant être reprise de manière autonome en fonds nourriciers, soit respectivement des fonds place financière en offrant la possibilité à ses droit suisse, la Suisse souffrait dès lors d’un déficit en valeurs mobilières, des fonds immobiliers ou investisseurs d’investir dans une plus large palette concurrentiel dans ce domaine, de même qu’elle des autres fonds en placements traditionnels ou de produits financiers? L’avenir nous le dira. Il n’en encourrait le risque de ne plus pouvoir offrir une alternatifs. En effet, l’article 73a al. 2 OPCC stipule demeure pas moins que cette situation n’est a priori réglementation comparable appropriée, empêchant expressément que le fonds maître doit être «un pas de nature à susciter un vif intérêt des acteurs ainsi les fonds nourriciers européens de pouvoir placement collectif suisse du même type que le suisses pour la création de structures maître-nourri- être considérés en Suisse comme des placements fonds nourricier» se conformant ainsi à la teneur de ciers de droit suisse. 

PAGE 19. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLes perspectives de croissance et les politiques monétaires créentdes opportunités dans les commodities et les devises.La reprise globale dope les classes d’actifs Bernhard Wenger sés à souscrire en leur propre nom, les investisse- Le dollar se cette année. Le cycle global des taux d’intérêt est Head of European Distribution ments dans les matières premières destinées aux trouve au début à un retournement. Les taux d’intérêt dans de infrastructures vont s’accélérer. La performance d’un cycle nombreuses économies développées ont évoluéL ETF Securities des matières premières a ralenti les indicateurs de d’appréciation près de leur plus bas niveau enregistré au cours es expositions aux actions cycli- l’activité économique traditionnels, tels que le US à long terme. de ces six dernières années. Comme les momen- ques offriront les meilleures oppor- leading index, mais la tendance va s’inverser. après dix ans tums économiques commencent à s’apprécier, les tunités d’investissement en 2015, Il se peut néanmoins que la demande devienne de déclin taux d’intérêt devraient être ajustés à la hausse, en raison du retournement éco- limitée si la faiblesse des prix persiste. De nom- structurel. proches de leurs niveaux historiques. nomique, graduel et notamment breuses matières premières se négociant en des- Dans le détail, les différences de rythme au sein soutenu par les états-Unis et l’Asie, sous de leur coût marginal de production, la pro- de la croissance globale signifient que les politi-qui n’aura rien de linéaire. De nombreux ris- duction devra ralentir, à moins qu’une hausse des ques des banques centrales pourront aussi diver-ques demeurent, particulièrement les peurs dé- prix survienne. Bien qu’à court terme, des socié- ger, provoquant des opportunités pour les inves-flationnistes pour la zone euro et le Japon, ainsi tés et des mines pourront continuer de produire tisseurs dans les devises et dans les actifs qui neque le ralentissement escompté de la croissance en dessous des prix de production, ce modèle sont pas exprimés dans leur devise locale.au Royaume-Uni. Par conséquent, les matières n’est pas viable à long terme. Les opérations non Le dollar va demeurer fort encore longtemps.premières (palladium, platinium et l’argent) et rentables devront être abandonnées ou ralen- Globalement le billet vert s’appréciera plus for-les devises dopées par la croissance aux états- ties, afin de réduire la production et de contenir tement en 2015, en raison de sa surperformanceUnis et en Chine seront les principales bénéfi- les coûts. Les corrections des prix observées ces comparée aux autres devises du G10 (soit le G7ciaires en 2015. Nos classes d’actifs favorites derniers mois sont temporaires, et elles ont créé plus la Belgique, les Pays-Bas et la Suède). Lasont les matières premières cycliques, comme les d’immenses opportunités pour les investisseurs à monnaie américaine se trouve au début d’unmétaux industriels, l’énergie et le dollar. long terme. A elle seule, la Chine est le principal cycle d’appréciation à long terme après uneLa reprise va soutenir la demande en matières contributeur à la demande de palladium, mais décennie de déclin structurel.premières. Avec la Chine qui continue de stimu- le pays en a importé 19% de moins sur les dix Les améliorations continues de l’économie amé-ler son économie et prévoit de budgéter plus de premiers mois de 2014, en raison du ralentisse- ricaine pousseront la FED à être la première ban-dépenses dans les infrastructures, les perspecti- ment de la demande dans la bijouterie. Cepen- que centrale à relever les taux d’intérêt, en 2015,ves pour les matières premières cycliques parais- dant, les fortes ventes de voitures aux états-Unis vers des niveaux historiques plus normaux. Asent fortes. Les gouvernements locaux en Chine et en Chine, les deux principaux marchés pour noter, l’interaction entre le prix des matièresétaient réticents à investir massivement en 2014 les véhicules à essence, couplée à une remontée premières et les devises s’est encore renforcée enen raison des mesures de répression dans l’usage de l’intérêt pour l’investissement dans le mé- 2014. Par ailleurs, une hausse du prix du dol-de financements cocontractant. Dans la mesure où tal, a soutenu la demande. Raison pour laquelle lar n’est pas une menace permanente pour lesles gouvernements locaux sont désormais autori- le cours du palladium sera supérieur à celui du prix des matières premières. En conclusion, nous platinium en 2015. prévoyons un environnement en 2015 qui sera Du point de vue des devises, les actions diver- bénéfique à la fois pour le dollar et les prix des gentes des banques centrales sont déterminantes matières premières. Daniel Held LeadershipDirecteur, PI Management, Lutry*L’art de réussir ensembleBeaucoup disent encore Nos interventions consistent souvent à résoudre Ce qui manque le plus aujourd’hui, c’est de pour- le laissant prouver sa valeur, on crée les conditionstravailler pour un chef des situations conflictuelles ou qui semblent sans suivre une vision, qui représente le projet, la valeur d’un échec que seuls les plus forts réussiront àou une entreprise. issue. Il s’agit de relations managers – employés ajoutée qu’on veut apporter aux parties prenantes. éviter. En revanche, si l’on a envie de le faire réussir,Il s’agit aujourd’hui difficiles, avec des fronts bloqués quant à savoir Une vision claire, stimulante et partagée change de réussir ensemble, les chances seront les meilleu-de cultiver le «réussir qui a raison et tort. Ou de relations difficiles entre tout. Elle permet la haute performance, sans res, l’échec rare et de surcroît facile à gérer.ensemble» afin de des collègues, qui se battent pour des questions pression, parce que les acteurs se l’approprient Et si l’on n’arrive plus à avoir envie, il faut savoirretrouver du sens. de territoire, d’influence, de ressources ou de et y contribuent. Elle montre que ce qui compte, en tirer les conséquences.Et associer performance reconnaissance. Ou encore de positionnements ce n’est pas ce que l’on fait, mais ce qu’on veut Poser à chacune des parties la question de ce quiet plaisir. inconfortables des fonctions support, entre un rôle réussir ensemble. pourrait être un projet à réussir ensemble modifie coercitif (respect des règles et procédures) et un Ce seul terme, qui peut sembler utopique ou théo- la nature de la relation et la dynamique d’énergies. rôle de «pompier». rique, conduit à une modification de la posture et Le projet doit faire envie. Et le réussir ensemble Invariablement, on observe des postures de domi- de l’état d’esprit. Réussir ensemble implique une aussi. En situation de conflits, de surcharge, de nation, de défense de territoire ou de ses droits, de posture qui n’est ni dominante, ni dominée. C’est faible performance, au lieu de chercher un terrain victime ou d’otage. On attribue à l’autre les erreurs, ensemble, chef et collaborateur, client et fournis- d’entente, de dénouer les problèmes, il est bien plus les comportements inadéquats, la cause des problè- seur, unité de business et fonction support, qu’on utile de choisir un objectif qui fait sens pour chacun. mes. On privilégie le comment, la manière de faire veut réussir une performance, la création de valeur, Dès que l’on ressent l’envie de le réussir, il devient les choses plutôt que le résultat à obtenir. Et le plus un projet. En définissant la vision, on change la aussi possible de le partager. Et au lieu d’attendre souvent cela finit en ruptures ou au mieux en mé- relation et la discussion de plan. Elle monte d’un que l’autre soit motivé, sache nous motiver ou suive diation, avec la recherche du plus petit dénomina- cran. D’habitude, en cherchant la conciliation, nos désirs, nous pouvons nous concentrer sur le teur commun pour continuer à travailler ensemble. le plus petit dénominateur commun, on descend fait de stimuler cette envie chez lui, pour un succès Nous commençons à entrevoir les conséquences d’un cran. C’est toute la différence. commun. Cela suffit le plus souvent à «changer le lourdes et durables de ces pratiques, au travers Réussir ensemble est une philosophie particulière- monde». d’un désengagement des cadres et collaborateurs, ment exigeante, car elle présuppose à la fois une En d’autres termes, viser le «réussir ensemble» d’une souffrance importante (troubles psychoso- vision commune, un terrain de jeu clair de ce qu’on modifie en profondeur la dynamique relationnelle matiques, burn-out et autres problèmes de nature veut faire ensemble, des rôles définis, une relation et d’énergie dans les organisations et ouvre sur psychique), de temps passé à régler des problèmes basée sur la confiance, le respect mutuel et le dialo- la possibilité de réaliser de hautes performances, plutôt qu’à construire l’avenir... gue. Elle implique aussi une envie de construire et de manière durable et avec plaisir.  En aidant les organisations et les individus à réussir avec l’autre. Et cette envie commence par la dépasser leurs blocages, on contribue à soulager sienne. Pour ensuite donner envie à l’autre. L’envie * Directeur du cabinet PI Management, Empowering for change la souffrance mais on reste dans le curatif et le ne se décrète pas, ne s’obtient pas par la contrainte (www.piman.ch). Enseignant dans plusieurs hautes écoles. réactif, sans modifier le contexte et les comporte- ni par des discours. Elle s’obtient par une attitude, Partenaire Savilleconsulting, Career4Life et Crossknowledge ments qui mettent de la pression et conduisent à ce une posture, un état d’esprit. pour le développement du leadership, des talents et du résultat. Cette logique mène «droit dans le mur». Si, en tant que chef, on doute d’un collaborateur en bien-être au travail.

PAGE 20. Indices | | Février 2015 | EntretienDaniel RiedoJaeger-LeCoultre freine les recrutementsen raison de la réévaluation du francL e franc fort risque-t-il de compromettre l’héritage horloger suisse? Cette crainte légitime a jailli en janvier dernier dès l’abandon du taux plancher par la Banque Nationale Suisse. Une monnaie surévaluée peut-elle gripper la machine de guerre del’horlogeriehelvétique?SelonDanielRiedo,CEOdeJaeger-LeCoultre, les exportations horlogères suisses pourraientsouffrir d’une hausse des prix et se stabiliser. Une tellecorrection qui intervient après une série de quinze annéesd’exportations record, portées par des hausses de ventesà deux chiffres, n’est pas forcément négative. A l’avenir,l’horlogerie suisse pourrait aussi consolider les fantastiquesacquis récents, même si sa croissance future ne connaîtrapeut-être pas le niveau des trois dernières années mar-quées par un quasi emballement des ventes et où l’industriecourrait après la production pour alimenter une demandeen hausse permanente. En attendant de voir se dissiperles incertitudes sur les marchés internationaux, Jaeger-LeCoultre va par exemple freiner les engagements denouveaux collaborateurs.Ces dernières années, Jaeger-LeCoultre a recruté un grandnombre de collaborateurs. Comptez-vous poursuivre les recru-tements après l’abandon du taux plancher du franc suisse?Actuellement, Jaeger-LeCoultre compte environ 1300collaborateurs à la Vallée de Joux, plus 350 à 400 sur lesplateformes à l’étranger et dans ses boutiques. En raisonde la cherté du franc suisse, nous avons besoin de savoiroù nous allons en termes de marchés. Manifestement, ilnous faut prendre un peu de recul face à la situation nou-velle. Cependant, l’horlogerie de luxe a la chance d’évo-luer dans un marché propriétaire: elle n’a pratiquementpas de compétiteurs étrangers. L’horlogerie mondialedu luxe est basée en Suisse à 100%, à une ou deux ex-ceptions près, comme Lange & Sohne, une marque amieallemande. Tous les grands horlogers affrontent donc lesmêmes conditions et les mêmes problématiques. Chacunréagira probablement de façon différenciée, mais tousdoivent trouver une solution face à cette situation. Nosprix, du jour au lendemain, ont surenchéri de 15%. Com-ment nous allons les rééquilibrer par pays? C’est quelquechose qu’il nous faut travailler.Dans l’horlogerie de luxe, une hausse de prix est-elleréellement un handicap?Cela dépend des segments de prix. Jaeger-LeCoultre estune manufacture qui propose des modèles à partir de4000 francs jusqu’à plus de 1 million de francs. Pour cetteclientèle d’entrée de gamme, une augmentation de 15%devient significative, alors que pour les grands collec- Daniel Riedo. CEO de Jaeger-LeCoultretionneurs de nos pièces d’exception, cette sensibilité estmoindre. Pour ces pièces limitées en quantités, la deman- 1979 Obtient, à 19 ans, un CFC de dessinateur sur machines au terme d’un apprentissage démarréde dépasse l’offre, nous avons donc davantage l’assurance à l’âge de 15 ans aux Ateliers de Sécheron, à Genève.de retrouver un certain équilibre sur ce segment. Néan-moins, nous ne perdons pas de vue que tous nos clients ne 1984 Décroche, à 24 ans, un diplôme d’ingénieur mécanique de l’Ecole d’ingénieur de Genève,disposent pas de telles capacités financières. obtenu en cinq ans de cours du soir. 1996 Obtient une licence en finances de l’Université de Genève, après un parcours professionnel dans la micromécanique et les installations d’air conditionné et de chauffage. 2011 Démissionne du poste de CEO de la marque Tudor et du poste de directeur la production des Montres Rolex pour qui il a œuvré durant 12 ans.Comment éviter une hémorragie de la clientèle d’entrée 2014 Est nommé CEO de Jaeger-LeCoultre après en avoir dirigé la production durant trois ans.de gamme?Nous allons devoir être imaginatif pour obtenir des gainsde productivité. Jaeger-LeCoultre a la chance d’être unemanufacture intégrée. Nous pouvons donc déterminer à l’interne com- envisager une deuxième phase d’adaptation, être plus créatifs et dévelop-ment réaliser des économies, rationaliser la production, développer des per des produits à un prix d’entrée acceptable pour notre premier segmentnouveaux mouvements avec des niveaux de prix plus acceptables. Le pro- de clientèle.cessus d’adaptation prendra de 6 à 18 mois. Dans l’intervalle, nous réajus-tons une partie de nos prix sur les marchés. Nous présenterons également Comment pouvez-vous dégager des économies internes en moins d’un an?davantage de nouveautés basées sur des développements en cours et que Nous sommes très réactifs. Nous avons déjà vécu une situation semblablenous allons accélérer. en 2008, lors de la crise financière aux états-Unis, et en 2011, lorsque l’euro était descendu quasiment à la parité avec le franc suisse avant l’annonce duQuelle a été votre première réaction dès l’annonce de l’abandon du taux taux plancher à 1 fr. 20. A l’époque, nous avions examiné attentivement ceplancher du franc suisse? que nous dépensions, où nous pouvions économiser, ce que nous pouvionsNotre première action a consisté à augmenter nos prix de 5% sur le mar- rationaliser. Alors que l’euro avait plongé de 1 fr. 35 à 1 fr. 20, nous avionsché européen au 1er février. Nous attendons de voir à quel niveau va se retrouvé la moitié ou les deux tiers de cette productivité en six mois. Nousstabiliser demain le franc suisse. S’il doit se renchérir encore, nous devrons avons ensuite adapté nos marges et effectué des augmentations de prix 

PAGE 21. Indices | | Février 2015 | Daniel Riedo, CEO de Jaeger-LeCoultresuccessives afin de rétablir le niveau de fonctionnement de la manufacture Quel est votre bilan du salon SSIH à Genève? Et comment voyez-vous l’évolutiond’avant la crise. Nous allons procéder de même ces prochains mois. des commandes à Baselworld?Retrouver votre productivité en six mois. C’est rapide. Nous ne participons pas à Baselworld. Ce sera un autre indicateur éco- nomique du marché horloger et nous serons très vigilants. Nos prises deNous ne retrouverons pas la productivité totale, en revanche, la producti- commandes pour l’année en cours ont eu lieu au SIHH, à Genève en jan-vité versus les dépenses, oui. Là où nous avions prévu par hypothèse d’étof- vier. Nous avons fait de très belles prises de commandes et nous saluonsfer les équipes d’un service administratif, nous allons freiner les engage- la mesure de nos partenaires qui savent que nous avons la capacité pourments. Là où nous centralisons en Suisse un certain nombre de décisions, répondre à leur demande et qui ont passé des ordres d’achat raisonnables.nous utiliserons davantage nos plateformes à l’étranger. Nous pouvons Cela nous rassure d’une certaine manière dans la mesure où nous pour-trouver des facteurs d’économie simples et rapides à mettre en place. rons être beaucoup plus proches de la demande réelle des marchés.Vous pratiquez déjà le Lean management qui permet d’importantes économies? Le franc fort a-t-il aussi un impact en Asie et aux états-Unis?Nous avons démarré cette démarche il y a plusieurs années afin de nous Nous avons eu des problématiques semblables récemment avec la posi-adapter plus rapidement aux demandes du marché. Produire un mouve- tion du dollar, qui s’est fortement apprécié. Nous constations un différen-ment demande de 8 à 24 mois et jusqu’à 5 ans, suivant sa complexité. tiel entre la zone euro et la zone dollar ou monnaies alignées à celle-ci.Notre clientèle et ses envies évoluent beaucoup plus rapidement. Si nous Cela représente 60% de notre portefeuille et ces clients voyagent. Les diffé-parvenons à réduire ces délais, nous pourrons être plus réactifs par rapport rentiels de prix entre marchés ont toujours existé, avec les écarts de TVA,aux variations du marché. Si le produit a du succès, nous pouvons accélé- sans parler des taxes d’entrée, mais la volatilité relative des monnaies arer le mode de production de façon à alimenter les points de vente. Ou à amplifié ce phénomène. Nous sommes extrêmement vigilants pour assu-l’inverse le freiner si le modèle ne rencontre pas le succès escompté. rer à nos clients la meilleure expérience et prévenir la création de marchés parallèles.Votre marque est connue pour avoir une très large palette de modèles et detrès nombreux calibres différents. Allez-vous les réduire pour être plus rentable? Avec le franc fort, c’est la zone euro qui pose problème pas la zone dollar?Nous devons trouver un point d’équilibre. Car c’est à la fois notre créa-tivité, notre passion, notre force, et l’héritage de la marque que d’avoir Notre réflexion est globale, nous prêtons la plus grande attention audes lignes multiples avec des prix de 4000 francs jusqu’à un million de différentiel entre zones afin de protéger au mieux nos clientèles locales etfrancs. Nous accueillons dans notre marque une clientèle qui accède pour nos partenaires qu’ils soient suisses ou étrangers. Certains marchés suissesla première fois à la haute horlogerie. Les clients peuvent grandir au sein peuvent, par hypothèse, souffrir plus du fait de la faiblesse de l’euro. Unde notre gamme vers des produits plus complexes tout au long de leur dé- même phénomène s’est produit lors de la chute brutale du rouble, qui aveloppement personnel. De la même manière, une manufacture intégrée a perdu 50% de sa valeur du jour au lendemain en décembre 2014.la capacité de former des jeunes professionnels sur des produits simples etde les accompagner ensuite vers la complexité de quantièmes perpétuels, Vous ne pouviez pas adapter vos prix en dollars en Russie?de tourbillons et enfin de Hybris Mechanica. Nous avons besoin de chacun des stades intermédiaires parce que Nous pratiquons toujours nos prix en monnaie locale. Il existe des excep-Notre première action nous n’achetons pas les composants, tions sur certaines pièces très chères que nous vendons en euros. Cela dé-a consisté à augmenter mais les produisons nous-mêmes. pend des marchés, des pays, des taxes d’entrée et des législations en place.nos prix de 5% sur Vu l’évolution des prix, allez-vous Qu’entendez-vous par la volatilité et l’imprévisibilité de la clientèle qui seraitle marché européen. conserver cette stratégie ou pensez- plus importante aujourd’hui?Nous attendons de vous réduire la voilure?voir à quel niveau va La clientèle chinoise qui représente une part importante de notre marchése stabiliser le franc. Réduire le nombre de modèles? Cer- voyage beaucoup. Cette demande peut bouger d’un pays à l’autre, d’un tainement. En revanche, réduire la mois à l’autre en raison des effets de tour operators ou de taux de change. voilure, non, parce que le marché Les Chinois voyageant partout, nous faisons face à une imprédictibilité de continue à nous demander beaucoup la demande. Même sur les marchés européens, où les prix en euros sont de sophistications et de développe- les mêmes partout, les tours operators n’ayant pas les mêmes circuits niEt devrons envisager ments. Nous avons toujours une la même clientèle au même moment, certaines boutiques fonctionnentune deuxième phase manufacture et un chiffre d’affaires extrêmement bien un mois et éprouvent plus de difficultés le mois suivantd’adaptation s’il devait en croissance. Dans les années à ve- du fait de cette imprédictibilité de la présence des touristes asiatiques.se renchérir encore. nir nous consoliderons ce que nous avons entrepris. Nous continuerons L’imprédictibilité concerne le lieu d’achat mais pas le volume des ventes? par exemple à étendre notre réseau de boutiques en propre, non seule- C’est exact. C’est pour cette raison que la marche globale des affaires estment en Asie où nous sommes bien implantés, mais dans d’autres régions. toujours en croissance et fonctionne bien. Pays par pays, boutique parNous avons eu de nombreuses ouvertures dans les capitales d’Europe ces boutique, vous pouvez avoir des surprises. Un mois avec des chiffres18 derniers mois et à l’heure actuelle nous étendons la distribution sur le record et le mois suivant en forte baisse. Nous ne sommes pas en mesuremarché américain. Notre présence et notre attractivité sur de multiples de contrôler ces variations dues à des décisions de tour operators ou àcontinents nous permet de nous prémunir des aléas de certains marchés l’évolution des taux de change. D’où l’intérêt d’avoir une marque suffi-locaux. Avec six lignes de produits, nous avons des arguments sur chacun samment forte pour être impliquée dans tous les marchés et disposer d’undes marchés. réseau de distribution qui capte cette clientèle mouvante là où elle se trou- ve au moment où elle voyage. Néanmoins, à long terme, notre ancrage parmi les amateurs de luxe et de haute horlogerie est fort et le résultat global consolidé de la manufacture reste très positif.Vous avez des carnets de commandes remplis pour plusieurs années. Cela ne Est-ce pour cette raison que Jaeger-LeCoultre a déployé un réseau mondialvous met-il pas à l’abri d’une crise? de boutiques dédiées ces dernières années?Il faut savoir raison garder. Des années, peut-être pas. Mais en tous cas, Nous avons aujourd’hui 75 boutiques Jaeger-LeCoultre, outre les pointspour les pièces exceptionnelles, c’est toujours le cas. Nos Hybris Mecha- de ventes avec des shopping corners ou des emplacements. Nous conti-nica, des pièces limitées à 75 exemplaires par édition, sont quasiment tou- nuons de déployer ce réseau dédié pour avoir une expérience distinctivetes vendues à la présentation de la montre, mais nous mettrons entre un et de la marque dans les grandes capitales mondiales. Il y a une clientèlequatre ans pour les livrer. C’est un confort. Cependant, ce marché limité pour chaque type de distribution: pour les multimarques comme pour lesne fait pas vivre la manufacture. Ce sont des pièces exceptionnelles qui boutiques Jaeger-LeCoultre. Certaines pièces comme les hautes complica-nécessitent de mobiliser des moyens exceptionnels et un personnel formé tions ne sont vendues qu’en boutique du fait de leur production limitée endepuis de longues années. Elles constituent notre ADN au même titre que raison de nos capacités de fabrication.le reste de notre gamme sur laquelle nous avons le même niveau d’exi-gence. L’hyperprécision coûte très cher. Certaines machines-outils coûtent Au niveau commercial, vos boutiques en propre vous assurent aussi la margeun million de francs. Pour amortir ces investissements, il est important du vendeur?d’avoir un portefeuille de modèles équilibré. De plus, notre diversité estnotre héritage et nous n’y dérogerons pas. En théorie oui, dans nos boutiques, nous avons plus de marge, puisque nous ne distribuons pas une marge à un revendeur, mais nous supportons 

PAGE 22. Indices | | Février 2015 |les charges de personnel que nous devons former et les coûts des emplacements répétition minute pour femme, dans un boîtier de petite taille et avec un système deparfois très chers. Ce réseau est extrêmement positif pour la visibilité de la mar- remontage complètement automatique – la Rendez-Vous Ivy Minute Repeater.que. Cela lui donne un statut différent et permet d’accéder à une clientèle en quêtede produits bien particuliers, comme les grands amateurs ou les collectionneurs. Ce sont des pièces beaucoup plus chères? En même temps, ces publics recherchent uneNous allons travailler expérience de marque différente que dans les En effet, la répétition minute est une pièce à 200.000 euros environ, mais qui plaîtà optimiser nos lignes points de vente multimarques. Dans les bou- réellement à une clientèle cherchant à acquérir une montre avec un héritage etde production et nos tiques Jaeger-LeCoultre, notre personnel, par un contenu exceptionnel en édition limitée. Nous ne nous concentrons pas uni-gammes de produits nature, ne se concentre que sur nos produits quement sur cette clientèle VIP, en effet nous avons aussi développé dans cettede façon à devenir plus qu’il connaît plus en profondeur. Il connaît ligne une pièce équipée d’un mouvement phase de lune dédié et qui a remporté également mieux l’héritage de la marque. un franc succès: la Rendez-Vous Moon. Nous avons dû doubler la prévision de ce que nous pensions être de prime abord un succès. Les montres dames représententcompétitifs et à retrou- Ce développement de boutiques est-il récent? aujourd’hui 40 à 45% de notre production contre 25% il y a dix ans. C’est néan-ver le niveau de marges moins un segment sur lequel nous avons toujours été précurseurs et dans lequel Il a commencé il y a une dizaine d’années et il nous avons de tout temps introduit des pièces exclusives. a connu une forte accélération les 7 dernières années. La marque a plus de reconnaissance, Vous avez également profité de cette décennie miraculeuse où l’horlogerie suisse a battuque nous avons perdu plus de visibilité et donc plus de moyens pour tous les records historiques. Comment expliquez-vous cette expansion incroyable desavec la baisse du taux développer son réseau de vente. L’intégration montres suisses?plancher du franc de Jaeger-LeCoultre dans le groupe Riche-face à l’euro. mont, depuis l’an 2000, a fortement contribué L’horlogerie et le luxe en général bénéficie d’un pouvoir d’attraction qui ne se à cette expansion, en raison de ses moyens dément pas depuis plusieurs années. Les gens fortunés souhaitent vivre de financiers importants. Jaeger-LeCoultre a pu manière intense sans pour autant dépenser de façon ostentatoire. Notre maison bénéficier également d’un effet de levier. La leur offre des produits avec un contenu et une histoire sans équivalent. Malgré lespuissance du groupe permet d’ouvrir des négociations là où une marque seule soubresauts économiques qui nous ont parfois touchés, nous sommes restés loyauxserait peut-être plus lente à être reçue de façon qualitative. Le groupe dispose des à l’esprit de nos fondateurs et nous tenons à poursuivre dans la voie qu’ils nous ontmoyens d’assurer le succès commercial de la boutique. tracée. Malgré des crises importantes, comme 2008, ce phénomène ne semble pas prêt de disparaître. La crise de 2008 a provoqué un choc, mais elle n’a pas duré trèsVous avez également étendu les modèles de montres pour dame? longtemps. C’était un plateau. Dès la fin 2009, la marque a continué à se dévelop- per de façon extrêmement brillante.Nous avions historiquement une clientèle féminine avec la ligne Reverso. Cepen-dant, avec la ligne Rendez-vous, introduite il y a trois ans et demi, le succès a Comment envisagez-vous les cinq prochaines années?dépassé nos espérances. En six mois, nous étions en rupture de stock. Entre les pré-visions initiales et les ventes actuelles, nous avons dû multiplier la production par Les taux de croissance à deux chiffres que nous avons connus sont certainementun facteur 8. Cette gamme a plu aux femmes, parce que ce n’était pas l’homothétie freinés pour l’instant. La croissance va continuer, mais de manière sans doute plusd’une montre masculine, mais une pièce de haute horlogerie créées par des femmes modérée. Cela nous permettra de consolider ce que nous avons mis en place, deet pour des femmes. Le deuxième facteur de succès, c’est son contenu horloger. Le travailler à optimiser nos performances. Comment optimiser nos lignes de produc-désir pour un produit authentique, avec une histoire et un vrai contenu a été l’ac- tion et nos gammes de produits de façon à devenir plus compétitifs et à retrouvercélérateur de cette ligne. La clientèle féminine est sensible à notre esthétique mais le niveau de marges que nous avons perdu avec la baisse du taux plancher du francégalement à notre contenu horloger, c’est pourquoi nous avons développé dans suisse face à l’euro. cette gamme des moyennes et des hautes complications, notamment la première Propos recueillis par Giuseppe MelilloSciences humaines et managementElles ont représenté un apport té des organisations modernes et d’enrichir les Une approche auteurs du domaine de la gestion des ressourcesessentiel aux théories du mana- pratiques mêmes des managers2. Il n’est pas exa- clinicienne et humaines et du comportement organisationnel,gement et de l’organisation. géré d’avancer que ce sont ces disciplines qui, globale de l’être avec le souci de se frayer un espace entre l’ortho-Mais cette réalité est parfois tout au long du siècle précédent, ont nourri les humain et de doxie managériale et la critique dénonciatrice.ignorée dans la pratique théories du management et des organisations. l’organisation À cet égard, le cognitivisme et le comportemen-des affaires. Une longue période de croissance, accompagnée permet une talisme ont rencontré un réel engouement auprès d’une création et d’un transfert massif des tech- compréhension de différents scientifiques s’appliquant à rendre Alain Max Guénette* niques managériales américaines, a sans doute renouvelée des intelligible les relations et interactions entre le contribué à la mise entre parenthèse de cet héri- relations entre sujet et son environnement technico-organisa-DIMSI, HEGArc tage, repris heureusement dans le dernier quart les activités tionnel de travail. Cependant, les limites épisté- ans son dernier ouvrage, Fran- du siècle dernier par les tenants de la sociologie de travail mologiques du modèle cognitiviste ainsi que les çois Dupuy convoque les dis- appliquée aux organisations dont se réclame et l’entreprise. dérives du comportementalisme, notamment en ciplines des sciences humaines précisément François Dupuy. termes de gestion de la sécurité dans les entre- et sociales (ci-après SHS) pour En plus de cette sociologie appliquée, d’autres prises, offre peu de compréhension des relations pallier les faiblesses de la pensée disciplines existent qui viennent apporter leur fines et complexes. et des pratiques du management concours au souci de concilier esprit de géomé-habituelles souvent paresseuses1. Rappelant que trie et de finesse, se positionnant face à l’instru- La psychosociologie, la psycho-dyna-le management n’est pas sans histoire, il défend mentalité des pratiques gestionnaires: l’anthro- mique du travail et l’ergonomie – particulière-centralement l’idée que les disciplines constituant pologie, la psychosociologie des organisations, ment celle de langue française –, proposent uneles dites SHS sont à même de rendre compte, en- la psychodynamique du travail, la linguistique, approche différente des situations de travail àdeçà ou au-delà de la prise de décision en tant que etc. Ainsi, un certain nombre d’auteurs se sont laquelle nous adhérons plus volontiers. En effet,telle, des étapes la précédant et la succédant. Il inscrits dans un courant qui s’attache à pointer une approche clinicienne et globale de l’être hu-n’est pas tout à fait logique, dit en quelque sorte les atouts d’un être advenant au statut de sujet main et de l’organisation nous paraît permettrele sociologue, que les dirigeants et les cadres s’ar- et met en évidence l’insuffisance des théories de une compréhension renouvelée des relations en-rogent la partie souvent la plus facile du manage- gestion à affronter les transformations sociétales tre les activités de travail et l’organisation. Lesment, la décision en l’occurrence, laissant en plan et organisationnelles nouvelles. nombreux travaux complémentaires de ces dis-l’analyse préalable systémique ainsi que la mise Il convient de mentionner bien d’autres apports, ciplines sur le champ du stress, par exemple, onten œuvre des décisions prises. S’en déchargeant les années nonante et deux mille ayant assuré- permis un déplacement d’une compréhensionparfois allègrement. ment permis de mettre en relief les insuffisances biomécanique des facteurs de risques vers uneLes relations entre management et SHS des théories managériales, incitant de nombreux compréhension organisationnelle, en mettant enne vont pas toujours de soi, comme le rappelle auteurs à envisager de nouvelles articulations. tension la reconnaissance du travail, la latitudenotamment Tom Lupton qui soulignait cepen- Parmi eux, des consultants interdits devant la d’autonomie et d’anticipation, ainsi que la pos-dant dans un essai incisif combien la sociologie, complexité des situations et l’incapacité des outils sibilité d’acquérir et de mobiliser les savoir-fairela science politique ou la psychologie, pour ne classiques à les appréhender ont rédigé des ouvra- de sorte à faire face à l’hétéronomie et l’hétéro-mentionner que ces disciplines, ont depuis long- ges remarqués avec, en filigrane, le souci de mon- généité du monde réel du travail. temps permis de rendre compte de la complexi- trer que si les changements sont incontournables, ils pourraient être conduits avec davantage de * A notamment codirigé l’ouvrage «Comprendre organiser: finesse et donc moins de violence3. Des efforts quels apports des sciences humaines et sociales?» (2007). analogues ont été menés par des enseignants, (1) «La faillite de la pensée managériale. Lost in management», chercheurs-intervenants dans des contextes orga- vol. 2 (2015). (2) «Management and the Social Sciences» (1966). nisationnels s’inscrivant dans le sillage du cou- (3) Cf. particulièrement «Stratégie et esprit de finesse: l’apport rant de la contingence. Signalons encore les réin- des sciences économiques et sociales au management stratégi- vestissements des champs disciplinaires par des que» (2002).

PAGE 23. Indices | | Février 2015 | Gestion alternativeLes grands mythes Internautesde l’entrepreneuriat conquis par HGuitare.comL’entrepreneur est souvent va souvent connaître une phase de turbulences,assimilé à un petit génie d’une l’amenant à dévier des plans initiaux, avant de Le site de la start-up lausannoisevingtaine d’années qui connaît passer à la phase entreprise. HMonster créée en 2010 développeune croissance fulgurante Les fondateurs vont devoir progressivement une méthode performante d’apprentissageavant de réaliser une IPO confronter leurs idées à la réalité et au besoin de de la guitare en ligne.puis de passer sa retraite ce qu’ils perçoivent comme étant leur marché,sur une île paradisiaque… jusqu’à réaliser un business plan. Cette phase Didier PlancheLa réalité est tout autre. aboutira à la création d’une structure juridique. La seconde phase est la mise en œuvre du plan VJournaliste économique pour GENILEM Philippe Gaemperle d’action (démarche stratégique) en identifiant incent Renevey, guitariste professionnel connu puis en recherchant les premiers clients, tout en sous le pseudonyme de Lazy Dalagan, de surcroîtI Directeur GENILEM Vaud-Genève affinant son positionnement sur le marché. En- ingénieur du son diplômé et manager en musi- ls sont relativement fréquents les por- suite, les porteurs de projet sont souvent confron- ques actuelles, souhaitait partager sa passion de teurs de projets que nous rencontrons tés à la «traversée du désert»: quand un entrepre- la guitare, depuis qu’il maîtrisait cet instrument. chez Genilem qui considèrent avoir une neur démarre son activité, il y a tout à créer, tout Aussi, il a imaginé un enseignement en ligne, idée particulièrement innovante, voire à développer. À cette étape il n’a aucun produit/ en parallèle à ses cours dans une école de musique reconnue révolutionnaire. Il arrive même que service véritablement commercialisable et plus et à ses nombreux concerts. Il a alors fondé en 2010 la start-up certains nous demandent de signer un encore aucun client. Ces deux objectifs que sont lausannoise HMonster Sàrl, puis a ouvert son site www.hguita-NDA (Non-Disclosure Agreement) car ils ont la création de produits et services et l’acquisition re.com pour y proposer son propre apprentissage de la guitare.peur qu’on leur «vole leur idée». La plupart sont de clients vont correspondre aux premières éta- Une année plus tard, l’obtention du prix «Entreprendre Régionconvaincus que leur idée a beaucoup de valeur, pes fondamentales du lancement de l’activité. lausannoise» a permis d’accélérer tout le processus, en particulierraison pour laquelle ils sont obsédés par le secret Dans cette phase critique, pleine de turbulences le développement de sa méthode e-learning. «Lorsque j’enseignaiset la confidentialité, car ils estiment qu’ils pour- et d’incertitudes, nous ne pouvons qu’encourager la guitare, j’ai constaté que de nombreux élèves devaient affronterraient la vendre à prix fort à un groupe établi, le porteur de projet à parler de son idée à son en- de longues listes d’attente avant d’accéder à une école de musi-voire dégager des royalties et ainsi bénéficier tourage, à des clients potentiels, à des partenaires, que. De plus, les prix d’inscription étaient exorbitants, les horairesd’une rente de situation. etc., et à s’enrichir des feedbacks qui lui sont don- de cours peu compatibles avec les emplois du temps des élèves,Selon Benoît Leleux, Professeur en entrepreneu- nés pour adapter son offre de façon itérative et les déplacements longs et coûteux. Certes, il existait des vidéosriat et en finance à l’IMD de Lausanne et auteur ainsi créer une véritable proposition de valeur. gratuites sur internet pour apprendre à jouer d’un instrument,de nombreux articles sur ces sujets, cela fait par- Une fois le premier marché acquis, la start-up mais elles se révélaient d’une qualité médiocre. D’où mon idéetie du mythe de l’entrepreneuriat qui veut qu’un entre dans une phase d’expansion voire d’inter- de créer en ligne une plate-forme d’apprentissage de la guitare»,petit génie d’une vingtaine d’années se lève le nationalisation lors de laquelle elle sera confron- se souvient l’ancien diplômé de la Music Academy Internationalmatin, trouve l’inspiration divine, lève rapi- tée à la difficulté de répondre à la demande crois- (France), mention «meilleur espoir».dement beaucoup d’argent auprès de venture sante. A ce stade, il est nécessaire d’identifier les C’est ainsi qu’en 2013, après trois ans d’efforts, Vincent Reneveycapitalists qualifiés grâce à un business plan bien bons partenaires commerciaux et d’établir des et son équipe de musiciens bénévoles ont lancé la première versionconstruit, connaît une croissance fulgurante, accords avec eux, ou alors, internet de leur méthode. Devenir la meilleure plateforme webréalise une IPO (initial public offering) et passe autre stratégie possible, moins de 2% d’apprentissage de la guitare était l’ambition du fondateur et de sessa retraite sur une île paradisiaque… de viser une «stratégie des start-up acolytes. Ceux-ci viennent d’être récompensés, puisque HGuitare.La réalité est bien différente. Toujours selon le de sortie» comme le ra- lèvent des fonds com a remporté, en novembre dernier, les premiers prix en «inno-Professeur Benoît Leleux, moins de 2% des start- chat de la start-up par un de Venture vation» et «technologie» du «meilleur du web 2014»!up lèvent des fonds de venture capitalists, moins grand groupe. Cette solu- Il faut dire qu’entre-temps, à la mi-août 2014, la start-up lausan-de 27% des sociétés du Inc. 500 (les entreprises tion évidente d’un point Capitalists. moins noise a mis en ligne la deuxième version de sa méthode d’appren-avec la croissance la plus importante aux états- de vue économique ne tissage de la guitare. Accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7,Unis) ont écrit un business plan et moins de l’est parfois pas pour les elle est plus détaillée, mieux structurée et organisée que la précé-1% des start-up arrivent à l’IPO. L’entrepreneur fondateurs qui sont sou- de 27% des socié- dente, et comprend quelque 150 cursus au total. «Il s’agit de vidéosmoyen a 40 ans, il est marié, a des enfants, un vent attachés à garder le tés du Inc. 500 ont pédagogiques d’une durée moyenne de vingt-cinq minutes chacu-niveau de formation tertiaire et fait partie de la pouvoir au sein de leurs ne, préenregistrées en haute définition et montées en multi-anglesclasse moyenne. Plus étonnant, il a une aversion sociétés. écrit un business zoomés, qui décomposent toutes les étapes et difficultés relativeslimitée au risque. En revanche, des statistiques Les phases de vie citées plan. et moins de à la maîtrise de l’instrument», explique Vincent Renevey, dontindiquent que 80 à 90% des start-up sont mortes auparavant se retrouvent 1% des start-up la méthode apparaît innovante, tant sur le plan pédagogique queaprès 5 ans. Faux! C’est une mauvaise interpré- généralement dans cha- arrivent à l’IPO. technologique, sans oublier son caractère ludique. Aussi, Genilemtation des statistiques officielles: une disparition que start-up, mais à des a décidé d’accompagner Vincent Renevey, qui a investi près dedans une grande partie des cas ne veut pas dire degrés divers selon le 150.000 francs depuis la création de la start-up.échec. L’entreprise peut avoir été vendue, avoir secteur d’activité. Par exemple, dans le secteur Destinés tant aux amateurs qu’aux musiciens confirmés, lescessé ses activités sans pertes ni créances; le taux des biotechs, des medtechs ou plus largement des cursus sont accessibles sur la base de plusieurs types d’abonne-d’échec réel est inférieur à 50% sur 5 ans.* sciences de la vie, les start-up nécessitent parfois ments (mensuels, trimestriels, annuels), dont les tarifs défient tou-Selon nos expériences, ce n’est pas le fait d’avoir jusqu’à 12 ans d’incubation et des millions d’in- te concurrence. En plus, une quinzaine de cours basiques sont gra-une idée, aussi innovante soit-elle, qui garan- vestissements et plusieurs tours de financement. tuits. Aujourd’hui, quelque 6000 internautes de Suisse, de France,tit le succès, mais la capacité de la mettre en Dans le secteur des TIC, et plus spécifiquement les de Belgique et du Québec, de tous âges, avec une majorité deœuvre et de trouver le bon timing (notion de solutions et applications internet, le temps d’in- 35-45 ans, sont des fidèles du site HGuitare.com, dont la plustime-to-market); en principe, l’aventure d’une cubation est beaucoup plus rapide, souvent avec grande partie suit les enseignements. Comme les recettes de lastart-up commence par la réflexion d’un ou de un potentiel mondial, ce qui nécessite des levées start-up dépendent du nombre d’abonnements incluant des outilsplusieurs porteurs de projet autour d’une idée de fonds conséquentes et la nécessité de s’implan- pour l’apprentissage de la guitare (accordeur, métronome, play-commune, ce qui devient un projet entrepre- ter dans l’écosystème de la Silicon Valley. Quant back, ralenti), Vincent Renevey, qui emploie deux salariés et plu-neurial et donc une aventure humaine dans le aux start-up œuvrant dans le secteur des arts et sieurs stagiaires, doit impérativement mettre l’accent sur le mar-but de créer une nouvelle entreprise répondant métiers, dont l’ambition peut être régionale voi- keting, pour accroître puis fidéliser les utilisateurs. Les difficultésà un besoin du marché. re nationale, la phase de financement est moin- rencontrées par le fondateur relèvent donc, comme à l’accoutu-Selon le domaine d’activité, le produit et le mar- dre mais celle du positionnement est essentielle. mée, d’un manque de financement pour une stratégie marketingché visé, le chemin sera plus ou moins long. C’est Elles doivent impérativement travailler sur leur offensive, via les réseaux sociaux, Google, des sites spécialiséesen effet un autre mythe qu’il faut relativiser, celui différenciation et viser des marchés de niche, car et des rencontres avec des musiciens.du succès rapide et fulgurant. Certes, un projet elles peuvent difficilement protéger leur savoir Vincent Renevey multiplie les entretiens avec des investisseursentrepreneurial peut évoluer rapidement, mais il comme le font les start-up technologiques via le privés pour réunir quelque 250.000 francs. Outre le marketing, dépôt de brevets. cet apport financier servira à optimiser les fonctionnalités et En conclusion, quel que soit le secteur d’activité, l’ergonomie du site, à peaufiner et augmenter le nombre de cours, le rêve reste le point de départ de tout entrepre- à renforcer la proximité avec les utilisateurs, et à déposer un neur mais le développement de son entreprise brevet. Pour l’heure, il a levé 120.000 francs auprès de business devient sa réalité.  angels suisses et se montre optimiste pour le solde. Qui sait, peut- être qu’un grand nom de la guitare, ou de la chanson, sera séduit * «La mortalité des start-up: Mythe ou réalité?» Jonathan Levie, par sa méthode e-learning...  Gavin Don et Benoît Leleux, L’Expansion Entreprenariat 2011.

Fidelity Funds – China RMB Bond FundLe «China RMB Bond Fund» fournit l‘accès au marché renminbi, permettant Investir dansd’investir en obligations et instruments du marché monétaire chinois. la devise chinoiseLe gérant du fonds sélectionne des émetteurs chinois bénéficiant d’unenote de crédit élevée (rating minimal BBB), assurant ainsi une protection Avec le «Chinaoptimale contre d‘éventuelles pertes sur prêts. Les titres sont sélectionnés Renminbi Bond Fund»par une analyse fondamentale approfondie, basée sur le principe de de Fidelityrecherche «bottom-up». Pour en savoir plus, consultezwww.fidelity.chFidelity Funds - China RMB Bond Fund (ISIN LU0715234463) est un compartiment de Fidelity Funds («FF»), une société d’investissement à capital variable de droit luxembourgeois (SICAV). Nous vous recommandons de vous informer soigneusement avant toute décisiond’investissement. Les revenus dérivés de vos investissements et dividendes peuvent chuter et ne sont pas garantis. Tout investissement doit se faire sur la base du prospectus, du document d’informations clés pour l’investisseur et des rapports annuel et semi-annuel actuelle-ment en vigueur, disponibles sur simple demande auprès de nos Distributeurs, de notre Centre de Service Européen à Luxembourg et de notre Représentant en Suisse: BNP Paribas Securities Services, Paris, succursale de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich. Agent pour leservice des paiements en Suisse est BNP Paribas Securities Services, Paris, succursale de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich. Fidelity fournit uniquement des informations sur ses produits et n’émet pas de recommandations d’investissement fondées sur des circonstancesspécifiques. Pour les compartiments qui investissent dans certains marchés étrangers, la valeur des investissements est susceptible de varier en fonction des fluctuations des taux de change. Fidelity, Fidelity World-wide Investment, le logo Fidelity Worldwide Investment et lesymbole F sont des marques déposées de FIL Limited. Publié par: FIL Investment Switzerland AG, autorisée et supervisée par l‘Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. 12CH081952_Fidelity_Inseratschaltungen_2013_RMB_INS_281x396_L_Agefi_FR_RZ.indd 1 23.01.14 14:45


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