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Published by AGEFI, 2015-07-28 04:24:13

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l’économie au féminin Alice Dautry DIRIGE L’INSTITUT PASTEURimpact C’est quoi un islamiste modéré ? | finance Naviguer en période de turbulence | s o c i é t é La retraite : une bombe à retardement tendances L’art en fer de lance Supplément mai-juin 2013 Numéro 2

Scan for Plus d’informations +41 (0)26 460 84 40watch details ou [email protected]

editoCellesqui marquentleur temps PAR NICOLETTE DE JONCAIRE, comme jamais auparavant sans doute, nous nous RéDACTRICE EN CHEF sentons impuissants, démunis, voire inutiles. ui se préoccupe de la menace que Que pouvons-nous faire contre un tsunami font peser les maladies infectieuses qui ravage les côtés du Japon ou un attentat terro- sur le développement physique et riste qui vise des coureurs à pied dans les rues de mental de quelques deux milliards Boston aux États-Unis ? La proximité offerte pard’individus à travers le monde ? Qui est interve- la mise en réseau-relation du monde nous semblenu pour que six millions d’enfants afghans soient bien vaine, pour ne pas dire frustrante.aujourd’hui scolarisés alors qu’ils n’étaient quesix cent mille à l’être en 2001 ? Qui s’oppose Voilà pourquoi nous avons décidé de consa-au naufrage des révolutions du Printemps arabe crer ce deuxième numéro de WORK aux femmesdans le dogme religieux ou le chaos de la guerre ? qui marquent le temps de leur empreinte. Par Vus depuis les écrans de nos terminaux, les leur apport à la recherche scientifique, au débattourments qui affectent la planète ne nous ont ja- politique, au maintien de la paix ou à la créa-mais parus aussi proches et pourtant, face à eux, tion artistique, mais aussi à l’accroissement de la richesse et du bien-être, nous vous présentons quelques unes de celles qui ont décidé de ne pas demeurer passives face aux épreuves et aux défis de notre époque. Avec talent et courage, fidèles à leurs convictions, elles font des choix qui changent le cours de la vie. La votre, la mienne et celle de millions d’autres. Elles sont des révolution- naires du quotidien, pas toujours faciles à com- prendre - et à entendre - quand elles nous parlent de récepteurs cellulaires, d’équilibres géopoli- tiques, de volatilité financière ou bien d’ondes sonores multidirectionnelles. Autant de termi- nologies professionnelles pouvant paraître com- plexes au premier abord mais qui, au final, re- cèlent les messages clairs aujourd’hui réclamés par tant d’entre-nous : construire, progresser, guérir, secourir. Elles sont enfin, et avant tout, passionnées et passionnantes ; et nous sommes particulière- ment fiers qu’elles aient, à travers ces pages, ré- pondu à notre invitation. -— WORK #02 — 03

Votre peau, vous l’aimez un peu,beaucoup… Profondément ?NOUVEAUCrème DésaltéranteQuand votre peau a soif, elle n’a pas soif qu’en surface.L’extrait de katafray et l’acide hyaluronique agissent surles différents niveaux de votre peau pour aider à stimulerles mécanismes naturels de l’hydratation*. Durablementhydratée**, votre peau est rayonnante de bien-être. Un soinquotidien essentiel pour toutes les femmes qui aimentprofondément leur peau. Clarins, N°1 Européen des soinsde beauté haut de gamme***.*Tests in vitro/ex vivo. **Test in vivo, 12 volontaires. ***Source : European Forecasts.Plus d’informations sur : www.clarins.com



s o mma i r e 02 NUM é RO Sommaire 10 03 Edito IMPACT 06 08 Contributeurs BUSINESS 10 Les femmes sont-elles©Serge Vandemergel, Avril 2013 de bonnes valeurs ? Avec Valérie Plagnol 12 Alice Dautry La recherche scientifique associe l’ensemble des cultures 16 Agenda pour la paix Le combat d’Elissa Golberg pour la protection des civils 18 C’est quoi un islamiste modéré ? Randa Kassis plaide pour la laïcité 20 Naviguer en période de turbulence La sérénité en temps de crise financière 22 La beauté efficace Les désirs s’anticipent en humant l’air du temps 24 De l’art au high-tech Des haut-parleurs en bois de lutherie 26 Architecture radicale Honneur à la dynamique du mouvement COUVERTURE Alice Dautry, directrice générale de l’Institut Pasteur. © Serge Vandemergel — WORK #02 —

s o mma i r e18 28 La schizophrénie : SOCIéTé Un dilemme pour nos sociétés. 30 Pour des conseils d’administration mixtes 31 La retraite Une bombe à retardement 32 Apprentissage de la philanthropie 34 Evénements Career Woman Forum, Ladies’ Lunch de Lausanne, BWP, Ducascopy 35 Agenda 38 Art contemporain TEN D A N C E S au Crédit Suisse 40 Livres Rue centrale, portrait de Lausanne L e t o p 3 d e W OR K 41 Quand le high-tech a du style Un métier de confiance 42 Mode Profession fashionista 44 Beauté Beauté du temps, Vanity Express24 35 éditeur Mediacity SA rue Saint-Martin, 9 CH-1003 Lausanne, tél. 021 552 33 00, fax 021 21 312 39 65 / www.mediacity.ch, [email protected] • Direction : Marie Dautruche - mp.dautruche@ mediacity.ch • Rédactrice en Chef : Nicolette de Joncaire - [email protected] • Rédactrice Beauté & Mode : Béatrice Fichot - [email protected] • Réalisation Maquette : Guillaume Favre - [email protected] • Publicité Suisse : [email protected] • Publicité France : S’Régie - Stella Toma [email protected] • Finance : Rolande Voisard r.voisard@agefi. com • Marketing : Khadija Hemma [email protected] • Backoffice & Abonnement : Alan Bruni [email protected] • Impression : Klimeo Printing - www.kliemeo.be • Parutions : 2 fois/an • Copyright © La rédaction décline toute responsabilité pour les manuscrits et photos qui lui sont envoyés directement. Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité du magazine. Toute reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés est interdite, sauf autorisation écrite de la rédaction. — WORK #02 — 07

c o n t r i bu t e u r s Avec nous Catherine Jean-Claude Helena LauraChavassieu Galli Monoson Spinney Journaliste et spécialiste de l’art Grand reporter. Collaborateur des Passionnée d’Art Contemporain Journaliste scientifique d’ori-contemporain. Depuis son arrivée journaux France-Soir, le Figaro depuis de nombreuses années. gine britannique, établie en et Valeurs Actuelles, c’est un spé- Elle s’applique à promouvoir Suisse depuis 2009. Elle colla- à Genève, elle a géré une gale- cialiste des relations internatio- le travail de jeunes artistes en bore à des nombreuses revues rie d’art moderne et contribué à nales et des questions de défense. soutenant leur carrière interna- ( Nature, National Geographic, Private Banking sur le thème de Pendant les guerres de l’ex-You- tionale. Journaliste en Italie et The Economist et The Guardian,l’art contemporain. Parallèlement en Allemagne, elle contribue parmi d’autres ). Elle est l’auteur à ses études de lettre, Catherine goslavie, il était, à Belgrade, par des reportages « Maisons d’ de deux romans en anglais, The a suivi les cours de l’école du le correspondant permanent de Artistes » à « Elle Decor ». La Doctor ( Methuen, 2001 ) et TheLouvre et travaillé chez Artcurial. TF1, du Figaro et de RFI. Il a rubrique « Ritratti del design » Quick ( Fourth Estate, 2007 ). Son Critique d’art chez Galerie et été également correspondant de ( portraits de designers ) porte troisième livre, Rue Centrale, qui Radio France au siège de l’ONU régulièrement sa signature dans est un portrait humain d’une ville Jardin des Arts, elle s’est vu à New York. Il est l’auteur de le magazine bimestriel d’archi- européenne, écrit en français,confier la rubrique l’Art au quo- l’ouvrage, Le Voleur de Guerres tecture et de design « Terrazzo ». vient d’être publié par lestidien puis, très vite, en crée une ( Flammarion, 2003 ). Juriste de Helena est titulaire d’un diplôme Editions L’Age d’Homme. Laseconde consacrée à l’Avenir du formation, Jean-Claude est audi- en Sciences Economiques de la traduction anglaise de Rueportrait. Ce qui lui a valu d’inter- teur de l’Institut des hautes études London School of Economics. viewer les plus grands maîtres de défense nationale ( IHEDN ). Centrale sortira cet été. français actuels. Carol Cathy Valérie RenzoLabonte Holmes Savioz Plagnol Stroccio Passionnée de l’image Membre du Comité central Directeur de la recherche pour la Journaliste passionné d’archi- depuis la petite enfance. des Business and Professional Banque Privée du Crédit Suisse, tecture et de design. Il collabore A l’aide d’expositions mul- Women ( BPW ) Switzerland, basée à Paris, elle préside depuistiples, sa série « Society » inter- en charge des initiatives stra- auprès de différents groupesprète de manière symbolique les tégiques dont la coordination 2012 la Société d’Economie éditoriaux, activité qu’il exerce évènements politiques, écono- nationale de l’Equal Pay Day, Politique. Elle a débuté sa carrière depuis son retour d’Espagne oùmiques et religieux dont elle est la journée d’action qui rend il a vécu pendant 10 ans menanttémoin pour y refléter l’implica- visible les écarts de salaires chez Nomura à Tokyo, puis à des recherches sur les nouvellestion de chacun, avec une infinie femmes-hommes. Webpublisher Londres et à Paris. Fin 2010, elle immigrations, l’urbain et le genre. poésie. Originaire de Caroline de la Fédération internationale rejoint le Crédit Suisse après 10 Renzo a fait ses premières armes du Nord, elle a suivi les cours des BPW, elle est membre de ans au Crédit Mutuel CIC. Elle a dans la presse à la Libre Belgique de l’université d’East Carolina la Commission consultative été membre du Conseil d’Analyse à Bruxelles et un mini crochet à à Greenville, études qu’elle égalité du Canton de Genève. Économique auprès du Premier Londres. Il est diplômé de l’Uni- Professionnellement, elle dirige Ministre en France ( 2006-10 ). versité de Fribourg et de l’Institut a du abandonner au l’agence de relations publiques Ancienne élève de Sciences-Po de Hautes Etudes Internationales moment de la crise pour Paris et de l’Université de Keio et du Développement de Genève. « webpublisher & media continuer à se former relations » à Genève. à Tokyo, elle est Chevalier de En 2006, il a réalisé son en autodidacte. l’ordre de la Légion d’honneur et premier documentaire. de l’ordre National du Mérite.08 — W O R K # 0 2 —



i mpac tLes femmes sont-elles de bonnes valeurs ? PAR Valérie pagnol, chef économiste du crédit suisse et présidente de la société d’économie politique. a mixité dans les conseils d’administration gagne Disparités sectorielles du terrain. En 2005 seules 41% des entreprises de et régionales l’indice de référence boursier mondial MSCI ACWorld comptaient au moins une femme dans leur conseil. Il convient toutefois de nuancer ces résultats car ilsElles représentaient 59% de ce même indice fin 2011. Le semblent fortement biaisés par plusieurs facteurs : toutdébat autour de la présence des femmes dans les conseils d’abord les femmes ne sont pas également présentes dansd’administration a aussi changé de nature. S’éloignant tous les secteurs d’activité. Elles sont en général plus pré-de la simple revendication d’égalité de sexes, celui-ci se sentes aux conseils d’entreprises qui « collent » le plus àcentre de plus en plus sur la recherche d’efficacité et de la consommation finale des ménages ( au premier rangperformance. La diversité et la mixité comme gage de per- desquels la santé ou la finance ), tandis que plus de laformance économique pour les entreprises, voilà le débat moitié des entreprises high tech ou des technologies derelancé mais pas tranché et deux tendances s’opposent. l’information n’en comptent aucune. De plus, les dispa-Certaines études montrent qu’effectivement la présence de rités régionales sont très importantes : les femmes sontfemmes dans les conseils d’administration accroît la renta- nettement mieux représentées dans les entreprises euro-bilité et les performances des entreprises, d’autres peinent péennes ( la Norvège étant en pointe ) ou américainesà établir un lien clair de cause à effet. qu’en Asie ( la Corée se classant au bas du tableau ). Par ailleurs, plus les entreprises sont importantes, plus elles Avant et après comptent de femmes à leur board. Enfin c’est l’Europe la crise financière qui a enregistré la plus forte croissance dans ce domaineA la question de savoir si la présence de femmes dans lesconseils d’administration des entreprises améliore leur per-formance ? La réponse est oui sans conteste et l’enquête an-nuelle du Credit Suisse montre qu’entre 2005 et 2011 lesperformances des entreprises comptant une ou plusieursfemmes à leurs boards ont dépassé de 26 % celles des autres.En général ces entreprises affichent de meilleures rentabili-tés de leurs fonds propres, une croissance des chiffres d’af-faires plus constante, des multiples de résultats supérieurset un ratio d’endettement moindre. Mais cette distinctionmérite d’être nuancée : car on constate que durant la période2005-2007, les performances des deux groupes sont assezcomparables, tandis qu’elles divergent nettement après2008. La crise est passée par là et si en période de croissanceles performances sont assez comparables, c’est semble-t-ildans la tourmente, que les femmes « résistent » le mieux.010 — WORK #02 —

i mpac t Women in Power. « Gender diversity and corporateThe Society Series. performance » enquête annuelle du Credit Suisse Research Institute Cette enquête réalisée depuis 2005 porte sur 2360 entreprises globales listées à l’indice MSCI Monde. Elle s’attache à évaluer, les performances relatives des entreprises de l’échantillon en considérant les mesures de performances classiques de l’analyse financière ( chiffre d’affaires, multiples de résultats, ratio d’endettement ) et entend répondre aux questions suivantes : quels sont les facteurs tangibles de mesure de performance des entreprises qui comptent plusieurs femmes à leur conseil d’administration ? y-a-t-il des différences notables du point de vue financier entre les entreprises ayant ou n’ayant pas de femmes à leur board et dans quel sens ? disponibilité - de compétences adéquates et la volonté de plus en plus d’états de renforcer cette présence par des règles plus ou moins contraignantes. Au cours des cinq dernières années, sept pays ont introduit des lois imposant une représentation minimale des femmes dans les Conseils d’administration, et huit autres ont fixés des objectifs non contraignants. ©Carol Holmes, Avril 2013 Des vertus spécifiques ?dans les dernières années ( plus de 80 % des entreprises Deux questions se posent néanmoins : Subsiste-t-il en-européennes contre près de 50 % en 2005, les pays scan- core un biais sexiste dans la présence des femmes à quidinaves étant à la pointe ) et cela tient aussi à la mise en ont prêterait des « vertus » spécifiques, les rendant plusœuvre de réglementations spécifiques dans ce domaine. aptes à la gouvernance de tel secteur ( défensif, fémi-Notons pour terminer que le nombre de femmes dans les nin ) plutôt qu’un autre ? Les disparités régionales restentconseils est le plus souvent entre une et trois - c’est-à- encore très importantes et reflètent le degré d’implica-dire encore assez minoritaire. tion des femmes dans la vie économique suivant les pays considérés. Le renforcement - plus ou moins volontariste Des valeurs défensives - de la présence des femmes dans les conseils d’adminis- dans les crises tration se fait-il au détriment de la montée de celles-ci dans les postes de management opérationnel ?Force est donc de constater que dans le contexte particulier dela crise, les femmes ont été le plus souvent présentes et asso- Moins de volatilitéciées à des entreprises et des activités de nature défensive,ce qui peut en partie expliquer ces bonnes performances. Il Une conclusion pour les actionnaires de ces entreprisesn’empêche, la présence accrue des femmes dans les conseils mérite d’être soulignée : la présence de femmes dans lesd’administration est sans conteste un facteur de performance conseils d’administration améliore la gouvernance, etrelative, et c’est aussi un signe des temps qui s’impose de s’avère un gage de moindre volatilité, et donc d’une plusplus en plus, par la combinaison de la recherche – et de la grande stabilité de l’entreprise et de ses performances, ce qui signifie une plus grande constance des revenus dans le temps. La diversité et la mixité semble bien de- voir s’imposer, et s’il ne nous revient pas de trancher sur la pertinence de la méthode ( incitations plus ou moins contraignantes, quotas ), la montée en puissance de géné- rations de femmes à même d’exercer ces responsabilités de par leur formation et leur parcours, rend le processus quasi inéluctable. -— WORK #02 — 011

i mpac t © Serge Vandemergel, Avril 2013 “ La recherche est un langage qui associe l’ensemble des cultures ”12 — W O R K # 0 2 —

i mpac t Directrice de l’Institut Pasteur Au centre d’une controverse et d’attaques personnelles qui neremettent pas en cause la qualité de la recherche, Alice Dautry dirige l’Institut Pasteur avec un succès remarqué.par NICOLETTE DE JONCAIRE lice Dautry assure la direction de l’Institut croissante au sein de nos populations vieillissantes. Les Pasteur depuis 2005 où elle est également chef neurosciences pour en finir avec le traumatisme des mala- de l’Unité de biologie des interactions cellu- dies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzheimer, laires. Docteur ès- Sciences, elle a une double celle de Parkinson ou l’autisme.formation en physique des solides et en biologie moléculaire.Parallèlement à son parcours de chercheur, elle a consacré Qu’appelez-vous maladies émergentes ?sa carrière à la formation et à l’organisation d’équipes de re- Une maladie émergente est une nouvelle maladiecherche scientifiques. Ses travaux personnels ont porté sur lafaçon dont les cellules communiquent entre-elles et sur leur qui apparaît au sein de la population humaine. Il peut aus-réponse immunitaire quand elles sont attaquées par des bac- si s’agir de maladies anciennes ou quasiment disparuestéries pathogènes. De la lutte contre les maladies infectieuses qui ré-émergent, ou colonisent d’autres zones géogra-qui, à travers le monde, handicapent le développement phy- phiques, suite à des modifications de l’environnement ousique et mental de quelques deux milliards de personnes, à au développement d’une résistance aux antibiotiques. Lela remise en cause des mythes qui freinent le traitement des chikungunya est un exemple récent de maladie émergente.maladies mentales, le professeur Alice Dautry traite de ques- Originaire de Tanzanie et inconnu à la Réunion, le virus ytions scientifiques dont les implications sociétales sont nom- a provoqué, début 2006, une épidémie massive, terrassantbreuses et parfois discutées. Car, aujourd’hui, de façon para- la moitié de la population. Plusieurs millions de personnesdoxale, dans un monde construit pour l’essentiel à partir de la sont aujourd’hui affectées par le chikungunya en Asie durecherche scientifique, il existe une grande incompréhension, Sud-est, en Inde et en Afrique. L’institut Pasteur s’est for-voire de la défiance, à l’égard de la science. tement mobilisé dès 2005. Nos chercheurs ont très vite mis au point des tests de diagnostic, les génomes de sixQuelles sont vos priorités et pourquoi ? souches de virus ont été séquencés, la transmission mère- Notre priorité est de préparer l’avenir à long terme enfant établie, et l’origine de l’épidémie identifiée. Les scientifiques ont aussi élaboré un candidat-vaccin et déter-et d’anticiper les grandes ruptures des années à venir. Sur miné la structure 3D du virus. Aujourd’hui, une dizainetrois axes principaux : les maladies émergentes, les cellules d’équipes se consacre toujours à l’étude de la maladie.souches et les neurosciences. Les maladies émergentes,du fait de la perturbation sociale et économique qu’elles Alzheimer, Parkinson, beaucoup de maux liés à l’âge.génèrent. Les cellules souches pour l’impact considérable Effectivement et l’une de nos équipe étudie aussi lesqu’elles auront sur la réparation des tissus, une exigence mécanismes génétiques de la surdité qui gêne les échanges— WORK #02 — 13

i mpac td’environ un tiers des personnes au delà de 60 ans, et contraint LE PARCOURS D’alice dautry © Institut Pasteurnombre d’entre elles à un isolement forcé. Mais les maladiesliées au vieillissement ne sont pas notre seul objectif. C’est Alice Dautry est Directrice Générale de l’Institut Pasteur et chef deégalement l’une de nos équipes qui, la première, a confirmé l’Unité de Biologie des Interactions cellulaires. Docteur ès-Sciences,la piste génétique de l’autisme et a, depuis, identifié les mu- Alice Dautry a une double formation en physique des solides àtations du gène associé qui participe à la régulation veille/ l’Université de Paris et en biologie moléculaire à l’Université de Newsommeil chez les autistes. Pour le moment, il n’existe au- York. Elle a consacré sa carrière à la recherche, à la formation et àcun traitement capable de guérir les troubles autistiques mais l’organisation de la recherche. Ses propres recherches ont porté surnous avons obtenu deux résultats majeurs: la fin du mythe les récepteurs cellulaires impliqués dans le transport, la transmissionde l’autisme considéré comme un trouble psychique dû à un de signaux, la réponse immunitaire et l’entrée de bactéries pathogènesdysfonctionnement relationnel entre la mère et l’enfant et une dans les cellules humaines. Outre d’innombrables publications dansmeilleure prise en charge des troubles du sommeil dont sont des journaux scientifiques internationaux, le professeur Dautry estfréquemment atteints les autistes. actuellement membre du groupe de référence pour la stratégie de recherche sur la santé de l’OMS, membre du conseil d’administration deDifficile de prévoir les grandes ruptures du futur. l’Ecole Polytechnique de Paris, de l’Institut for Science and TechnologieComment s’y préparer ? Austria ( Autriche ), de Drugs for Neglected Diseases Initiative ( Suisse ) En attirant les meilleurs talents, bien sûr, mais dans une et de plusieurs Instituts Pasteur dans le monde.perspective large. Nous soutenons les idées originales etune approche pluridisciplinaire, propice aux idées transver- Interaction entre un lymphocytesales innovantes, car c’est aux frontières entre les sciences T4 infecté par le HIV et uneque se trouve l’inattendu. Et nous offrons les moyens intel- cellule dendritiquelectuels et technologiques les plus sophistiqués ( imageriestatique et dynamique, laboratoires spécialisés, modélisa-tion bio-informatique ) pour ouvrir de nouvelles possibili-tés à la recherche. Cette recette fait ses preuves: les talentsrecrutés il y a 10 ans ont obtenu de magnifiques réussites.Collaborez-vous avec d’autres instituts? Nous bénéficions de notre propre réseau internatio-nal et nous collaborons avec de nombreuses institutionsdans le monde entier dont l’Ecole de Santé Publique deHarvard University (USA), l’Institut Weizmann (Israel),l’Institut Riken (Japon), le pôle génomique de Shanghai,l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), cellede Zurich (EPFZ) et le Biozentrum de l’Université deBâle. La moitié de nos publications sont internationales.Votre modèle de financement est mixte. Il est fondé sur les principes de Louis Pasteur quiprivilégiait avant tout l’indépendance. L’Institut est unefondation privée reconnue d’utilité publique financée parl’Etat, les redevances de ses brevets, les dons de la sociétécivile et les contrats de recherche. A parts égales. Cetteinterdépendance garantit notre indépendance.Vous dites qu’il est important d’être entendu et écouté La recherche est une activité humaine et créative et unlangage qui associe l’ensemble des cultures. Comme l’art,la science transcende les conflits. Paradoxalement, dans unmonde construit sur la recherche scientifique, il existe unegrande incompréhension de la science, de la recherche etdes chercheurs. Le public ne comprend pas les scientifiques014 — WORK #02 —

i mpac tqui, de leur côté, s’expliquent insuffisamment. Ce qui donne Prix Nobel à l’Institut Pasteurnaissance à des peurs nuisibles même dans les pays dévelop-pés. J’en prends pour exemple les parents qui ne veulent plus Rejoignant huit autres scientifiques de l’Institut Pasteur, lauréatsfaire vacciner leurs enfants sur la base de rumeurs inexactes. du prix Nobel, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ontAvec pour corollaire, la résurgence d’épidémies de rougeole reçu le prix Nobel de médecine en 2008 pour leurs travaux portantgraves par exemple. Il faut faire parler les scientifiques … et sur la découverte du rétrovirus responsable du sida effectués enles écouter. Ce qui est parfois compliqué car dans le domainescientifique, il n’y a pas de vérités absolues. - 1983 à l’Institut. La recherche scientifique est incomprise dansun monde pourtant construit par elle. © Institut PasteurL’Institut Pasteur en bref © Institut Pasteur Création - En 1887 par Louis Pasteur, inventeur de Mission la pasteurisation et du vaccin contre la rage. Succès - Prévention et lutte contre les maladies par la recherche scientifique et médicale, Prix Nobel l’enseignement et les actions de santé publique. Brevets Effectif - Vaccin contre la rage, découverte des agents de la peste, du paludisme, de la diphtérie, Budget du sida et invention des sulfamides Formation - 10 Réseau - 450 familles de brevets. Soins - 2 400 collaborateurs de plus de 60 nationalités répartis dans 130 entités de recherche. - 243,6 millions d’euros en 2012. - 500 élèves de 50 nationalités. - En France, 15 centres nationaux, 7 centres en collaboration avec l’OMS, 32 Instituts Pasteur sur 5 continents. - 52 274 actes vaccinaux, 14 632 consultations en pathologies infectieuses et tropicales et en médecine des voyages, 7 478 consultations d’allergologie, 2 360 consultations pour la rage.— WORK #02 — 015

i mpac t © DRElissa Golberg Agenda pourla paix être déportés. Ma grand-mère a réussi à ca-Maintien et consolidation de la paix. Des cher sa fille dans une famille de fermiers ca-concepts relativement nouveaux, nés de tholiques et elles ne se sont retrouvées qu’unel’après-guerre. Et fruits d’un long processus de fois la guerre terminée, pour émigrer au Canadaconstruction, largement écrit au Canada et en où ma mère a rencontré mon père, un immi-Suisse. Ambassadrice et représentante perma- grant américain. Depuis ma toute petite enfancenente du Canada auprès des Nations Unies à j’éprouve un sentiment de reconnaissance en-Genève, Elissa Golberg incarne la tradition de vers le Canada et un fort attachement à la notionson pays, à la recherche d’une doctrine de la de service public.paix qui priorise la protection des civils. Le Canada a été pionnier en matière de main- par Laura Spinney tien et de consolidation de la paix. nfant, votre mère a été cachée en Oui, tout comme la Suisse. C’est un France sous l’occupation. Cette étape homme politique canadien, Lester Pearson, qui de votre histoire personnelle a-t-elle a pris l’initiative de créer une force d’interposi- pesé sur vos choix ? tion au moment de la crise de Suez en 1956 - idée Sans aucun doute. Ma mère et ma grand-mère qui lui a valu le Prix Nobel de la paix. Et qui a se sont échappées d’une gare parisienne où les façonné la politique étrangère du Canada depuis. membres de ma famille avaient été arrêtés pour La dernière fois que le Canada a été membre du Conseil de sécurité de l’ONU, en 1999-2000, sa priorité s’est fixée sur la protection des civils. En ce qui me concerne, je tire une certaine fierté d’avoir rédigé les résolutions 1265 et 1296, aux termes desquelles le Conseil de sécurité s’engage16 — W O R K # 0 2 —

i mpac tà intervenir si la population civile est menacée ou si l’aide LE PARCOURS D’Elissa Golberghumanitaire est entravée.Quel est l’impact de ces résolutions ? Membre du corps diplomatique canadien depuis 1996, Elissa Golberg Depuis qu’elles ont été votées, en 1999 et 2000 respec- y a travaillé à divers dossiers relatifs à la paix, à la sécurité et aux affaires humanitaires. De 2008 à 2009, elle a été représentantetivement, chaque opération de paix mandatée par le Conseil du Canada à Kandahar, Afghanistan, où elle a dirigé une équipede sécurité comprend des mesures de protection des civils, multidisciplinaire chargée de réaliser les objectifs du Canada enet chaque régime de sanctions cherche à limiter les préju- matière de gouvernance et de développement. En 2011, à l’âge de 37dices humains. Pendant les années 90, par exemple, l’Iraq a ans, elle a été nommée ambassadrice et représentante permanenteété soumis à un embargo international dont la population ci- du Canada auprès des Nations Unies à Genève et de la Conférencevile a beaucoup souffert - notamment en termes d’accès auxmédicaments. Aujourd’hui on reconnait que les sanctions du désarmement.doivent cibler ceux qui détiennent le pouvoir et commettentles abus. Une mutation importante sans être une panacée.Vous avez été envoyée en mission en Afghanistan. © DR J’ai été affectée à Kandahar en 2008 comme représen-tante du Canada, pour y réaliser les objectifs du Canada et del’OTAN en matière de gouvernance et de développement, ensoutien au gouvernement afghan. Un poste complexe, notam-ment parce qu’il était difficile d’amener militaires et civils àcollaborer. Il m’est arrivé de me retrouver autour d’une table,entourée de hauts responsables militaires, pour les convaincrequ’il fallait changer de stratégie, et que pour reconstruire unesociété stable, il fallait concilier stratégie militaire, gouver-nance et développement. Un concept devenu monnaie cou-rante aujourd’hui mais un changement radical à l’époque.Et dont l’impact a été très positif. Pour ne citer qu’unexemple, en 2001, 600 000 enfants afghans étaient scolari-sés officiellement, uniquement des garçons. Aujourd’hui leurnombre approche six millions, dont deux millions de filles.Cette expérience a-t-elle transformé la politique travail interdépartementaux. En termes de cohérence et deétrangère de votre pays ? rapidité, si l’on compare notre réponse au tsunami dans l’Océan Indien en 2004 et notre intervention lors du séisme Oui, au même titre que d’autres expériences compa- en Haïti en 2010, c’est le jour et la nuit.rables. Qui nous ont amenés à créer de nouveaux instrumentsde travail. Dont le Groupe de travail pour la stabilisation et la Que reste-t-il à faire ?reconstruction du Ministère des affaires étrangères canadien, On peut toujours faire mieux même si nous avons déjàque j’ai eu la chance de diriger à mon retour d’Afghanistan.Notre objectif était de rassembler notre fond commun d’expé- accompli des progrès considérables en matière de sécurité,riences et de solutions, pour ne pas réinventer la roue à chaque de gouvernance et de protection des civils. Le maillon faiblenouvelle crise. Et de mieux coordonner nos efforts avec ceux de l’aide internationale reste la reprise économique post-de nos alliés. Cette unité a permis de rassembler, sous une crise: reconstruire les infrastructures, les emplois et l’accèsdirection unique et pour la première fois, notre expertise en aux marchés. Car sans emploi, pas de stabilité sociale. C’estprévention des conflits, en interventions d’urgence et en ma- dans ce domaine que la Suisse peut jouer un rôle clef, parcetière d’affaires humanitaires, de maintien et de consolidation qu’ici, à Genève, les organismes garants du maintien de lade la paix et de justice transitionnelle. C’était extraordinaire. paix cohabitent avec le monde des affaires et du commerce. A l’avenir, avec le soutien du Forum Economique Mondial,Quel impact a eu ce groupe de travail sur le terrain ? des Nations Unies, de la société civile et d’autres acteurs, Nous avons normalisé les modes opératoires ce qui j’espère améliorer notre efficacité dans ce domaine. -nous permet d’intervenir plus efficacement en cas de crise.Et avons aussi amélioré la coordination de nos groupes de— WORK #02 — 17

i mpac t © DR Randa Kassis  C’est quoi unislamiste modéré? Anthropologue et journaliste franco-syrienne, Randa Kassis est présidente duMouvement de la société pluraliste, une formation politique laïque ouverte à tous ceux qui, parmi les groupes confessionnels syriens ( Chrétien, Kurde, Alaouite et Sunnite ), refusent d’être opposés les uns aux autres. En Août 2012, Randa Kassis a été exclue de Coalition nationale syrienne ( CNS ) suite à ses déclarations dénonçant la montée des islamistes au sein de cette structure qui fédère les différents courants de l’opposition au régime de Bachar el-Assad. par Jean-Claude Galli omment, selon-vous, doit-on consi- dérer les révolutions arabes plus de deux ans après leur déclenchement  ? C’est le premier face à face entrenos sociétés civiles et le monde religieux. Peude temps avant la chute du président Ben Ali,j’avais écrit que la mort de Mohamed Bouazizi( ndlr : jeune marchand ambulant dont l’immo-lation le 17 décembre 2010 sonne le début duPrintemps arabe ) et le soulèvement de la popu-lation tunisienne ouvraient pour les pays arabesune époque où serait remise en question la placequ’y occupe la religion. Durant le Printempsarabe, Internet a été le théâtre d’une guerre fé-roce sur les réseaux sociaux où s’affrontaient leslaïcs et les islamistes, les modérés et les extré-mistes. Une guerre page web contre page web àl’échelle internationale. C’était la première foisque les sociétés civiles arabes défiaient ainsi lesreligieux.Ce sont pourtant les partis religieux et lesgroupes islamistes sunnites qui sont aujourd’huià la tête de la guerre menée en Syrie contre lerégime du président Assad ? Oui et ce n’est pas un hasard. L’épouvantailislamiste fait les affaires du régime. C’est mêmelui qui l’a mis en place. Bachar el-Assad savaitque l’opposition modérée n’était pas bien struc-18 — W O R K # 0 2 —

i mpac tturée. Alors, il s’est empressé d’éliminer ces principaux Quandopposants laïcs, puis a fait libérer les extrémistes reli- on prétend êtregieux des prisons. Le régime a toujours su jouer de la modéré on estcarte islamiste. En 2003, il facilitait le départ de ceux qui pour la laïcité.voulaient aller se battre en Irak contre les Américains.Aujourd’hui, ces mêmes combattants, rentrés au pays, fa- gens qui viennent de prêter allégeance à Al-Qaida ( levorisent le nouveau scénario voulu par Assad, un scéna- Front Al-Nosra ) que vous voulez donner des armes ?rio destiné à effrayer les occidentaux. Certains groupes seraient plus modérés que d’autres...Vous pensez que Bachar el-Assad croit toujours pouvoir C’est quoi un islamiste modéré ? Vous pouvez mes’en sortir ? l’expliquer ? A mon sens, cela n’existe pas. Quand on pré- Rappelez-vous de l’assassinat de Rafiq Hariri tend être un modéré on est pour la laïcité.(  Premier ministre libanais mort à Beyrouth dans un at-tentat le 14 février 2005  ), c’est l’une des grandes erreurs Les négociations entre Moscou et Washington peuvent-politiques commises par Assad. Et pourtant, en dépit des elles aboutir ?preuves accumulées contre son régime dans cette affaire,il sera reçu quelques années après par Nicolas Sarkozy, Pour l’instant, elles sont laborieuses. Chacun pousseen grandes pompes, à Paris, le 14 juillet sur les Champs ses cartes. En l’occurrence, les Américains poussent lesElysées, afin d’assister au traditionnel défilé militaire ! Français ( à fournir des armes à l’opposition ) qui ne de-Comment voulez-vous qu’ensuite il ne soit pas convaincu vraient pas prendre cette responsabilité. En même temps lesqu’il puisse se sortir de tout ? USA ont des cibles, des personnes à éliminer, ils mènent sur place des opérations clandestines. Pour eux, il s’agit deAprès avoir soigneusement évité d’intervenir, Français garantir la sécurité d’Israël et la stabilité de la région. Auet Anglais se disent prêts maintenant à armer les re- delà, le jeu des États-Unis n’est pas clair, à l’égard des Turcsbelles. Comment expliquez-vous ce revirement ? et des Kurdes notamment. Les Israéliens, quant à eux, pré- fèrent une Syrie divisée et affaiblie. Ils redoutent la mise en Il existait jusqu’à aujourd’hui un accord tacite entre place d’un gouvernement islamiste à Damas. Les Russes,Damas et la communauté internationale. Tant que le ré- enfin, ont des accords et des intérêts à préserver en Syrie.gime ne touchait pas à Israël et au Liban, qu’il n’utilisait A partir du moment où on leur donne des garanties et qu’ilspar d’armes chimiques et qu’il bombardait modérément la perçoivent une alternative à Bachar el-Assad, c’est à direpopulation, les grandes puissances n’interviendraient pas une leader fiable et des opposants qui le sont aussi, alors unedirectement. Mais voilà trois mois que les états-Unis et la solution politique est possible. Seuls Poutine et Obama sontRussie ont entamé des négociations. Ce qui revient à exclure en mesure de débloquer la situation.la France et le Grande-Bretagne de la solution politique. On dit que les milieux d’affaires syriens soutiennent en-Paris et Londres promettraient des armes uniquement core Assad...pour rester dans le jeu ? C’est exact, et les milieux d’affaires à Damas c’est la Mais tout le monde souhaite y rester, mais en jouant bourgeoisie sunnite. Des Sunnites dont les intérêts sont liéssa propre partition ! Les USA, la Russie, l’Iran, Israël, à ceux d’un régime aux mains du clan Assad et donc desla France et l’Angleterre, tout le monde ! Le problème, Alaouites. Les milieux d’affaires veulent sortir de l’impassec’est que Paris et Londres travaillent avec des représen- de la guerre mais ils n’ont pas de vision claire. C’est le cœurtants de l’opposition qui ne sont pas les bons. Les Frères du problème: chacun prétend vouloir un compromis, maismusulmans ont pris le pouvoir au Conseil national sy- personne ne parvient à en jeter ne serait-ce que les bases. -rien ( CNS ) et les extrémistes islamistes ont infiltré l’Ar-mée syrienne libre ( ASL ). Ces groupes radicaux mani-pulent tout le monde, la France notamment avec l’aidedu Qatar. Les Frères choisissent et mettent en avant desfigures islamistes indépendantes qui n’ont aucun poidspolitique mais qui rassurent les occidentaux. C’est lamême chose pour l’armée. Avant, l’ASL était compo-sée essentiellement de déserteurs de l’armée syrienne.Puis, sont apparus des groupes djihadistes qui s’en ré-clament mais qui n’ont rien à voir avec elle. C’est à des— WORK #02 — 19

bus i n e ssNaviguer enpériodede turbulenceLes banquiers privés doivent à leurs clients de préserver une certainesérénité que la crise financière a profondément perturbée.L’art de se prémunir des fortes secousses. par NICOLETTE DE JONCAIRE Tani Simberg, Yacht Racing Images Exhibition sponsorisé par Mirabaud. © Tani Simberg epuis la faillite de du risque. Les banquiers privés qui doivent à Lehman Brothers le 15 leurs clients de préserver une certaine séréni- septembre 2008, la pré- té, naviguent en période de turbulence conti- servation du capital se nuelle. Camille Vial, associée de Mirabaud & pose en termes inédits. Cie et chef de la gestion de portefeuille pourBulle immobilière, risque bancaire systé- la clientèle privée, croit à une gestion coor-mique et dette souveraine ont profondément donnée qui intègre une combinaison d’ap-modifié le paysage financier et la perception proches et sait écouter le ressenti de l’en-20 — W O R K # 0 2 —

bus i n e sssemble des compétences du groupe et de son réseau LE PARCOURS DE Camille vialde partenaires internationaux. Une vision que partageYann Schorderet, stratégiste quantitatif de la banque. Camille Vial est entrée chez Mirabaud en 2001, après avoir obtenu un Master en Mathématiques à l’Ecole Polytechnique Fédérale deLa crise financière vous-a-t-elle amenée à reconsidérer Lausanne ( EPFL ). Chez Mirabaud, elle s’est d’abord intéressée àvotre approche ? la sélection de Hedge Funds, à l’analyse macro-économique et aux ressources humaines pour ensuite intégrer le bureau de Mirabaud à Des valeurs fondamentales telles que la transpa- Londres et y travailler au sein des unités de gestion institutionnellerence des investissements que nous proposons, la proxi- et de courtage. Elle a complété son expérience comme analystemité et l’écoute du client demeurent des constantes de- chez Lloyd George Management et Tim Tacchi International. Depuis fort long temps. Depuis 2003, nous avons adopté retour à Genève fin 2007, elle a pris la responsabilité du Portfolioune gestion coordonnée mais non centralisée fondée surun mix d’approches qui nous permettent de définir nos Management en 2009.grilles d’investissement. Cela étant dit, les crises tra-versées dernièrement remettent évidemment en questioncertaines références du passé. Le concept de taux sansrisque est l’un des exemples les plus frappants.Qu’appelez-vous un mix d’approches pertinentes ? © DR Nous essayons d’intégrer toute information PETIT GLOSSAIREqui peut avoir un impact prépondérant sur les mar-chés financiers, ce qui comprend notamment l’analyse 1. Le VIX est un indice représentatif de la volatilité sur le marchéconjoncturelle établie sur la base de scenarios macroé- des options de Chicago. Il est utilisé comme baromètre duconomiques et élaborée en relation à la valorisation des sentiment des investisseurs et de la volatilité des marchés, ouactifs, mais aussi l’examen des tendances de marché re- indice « de la peur ».flétant le sentiment des investisseurs et la configurationtechnique utile pour déterminer les points d’entrée et de 2. Les clients institutionnels sont des personnes morales comme lessortie d’une position. Dans ce cadre, décrypter l’attitude banques, les compagnies d’assurance, les caisses de retraite, etdes banques centrales s’est révélé un facteur particuliè- les fonds communs de placement.rement important ces dernières années et constitue l’undes éléments que nous suivons attentivement. 3. Le benchmark représente les performances atteintes par un indicateur de référence qui sert de modèle de comparaison.Appliquez-vous systématiquement les grilles d’investis-sement aux avoirs de vos clients ? Les grilles d’investissement sont des lignes direc-trices. Toutefois, l’implémentation de ces grilles peutdonner lieu à une certaine interprétation en fonction descontraintes et des exigences spécifiques du client le caséchéant.En quoi la crise a-t-elle rendu la gestion de portefeuille par rapport aux fonds propres, est un facteur de risqueplus difficile ? particulièrement intéressant. Cette variable est notam- ment à l’origine des grandes crises récentes et historiques. Une bonne gestion suppose savoir tirer parti de ladiversification des risques. Or, comme nous l’avons vu Les clients privés ont-ils changé ?en 2008, en période de stress financier, les coefficients de Ils sont de plus en plus sophistiqués. Plus prochescorrélation ont tendance à augmenter. Comment se pré-munir de fortes secousses potentielles et comment mo- des clients institutionnels 2. Leurs besoins et contraintesdéliser les facteurs de risque sont au cœur des débats de- font appel à des exigences très pointues, notamment enpuis la crise. Des indicateurs comme le VIX 1 ne font que matière de gestion du risque, qu’elle soit absolue ou rela-traduire la situation actuelle. Lorsqu’ils sont en hausse, tive à un benchmark 3, ou encore formulées sous contrainteil est le plus souvent déjà trop tard. Il faut donc disposer d’engagements ( Asset and Liability Management ). -d’indicateurs qui savent anticiper les chocs. Parmi ceux-ci, le degré de levier, c’est-à-dire le niveau d’endettement— WORK #02 — 21

bus i n e ssElisabeth MetzgerLa beautéefficace © ClarinsPrésence visuelle, confiance dans une qualité n 1985 La société Clarins de soins,indéfectible des produits, recommandations très puissante en France, se diversifiepersonnalisées et promotions attractives, à l’international. Et En 1989, Clarinsfidélisation de la clientèle des instituts grâce ouvre une filiale en Suisse, baséeà une formation intensive des esthéticiennes à Genève. C’est ainsi que commence la nou-et e-commerce attrayant. Les clés du succès velle vie d’Elisabeth Metzger. Engagée commede la marque Clarins en Suisse selon sa directrice générale, elle recrute 30 collabora-directrice générale, Elisabeth Metzger teurs et s’adaptera à la progression continuelle de la société pour se retrouver aujourd’hui à la par Catherine Chavassieu tête d’une équipe de 250 personnes. La famille Courtin, fondatrice de la société, décide alors de racheter les parts partiellement cotée en bourse pour un montant de 800 millions de francs fran-22 — W O R K # 0 2 —

bus i n e ssçais de l’époque et de s’étendre jusqu’à être aujourd’hui LE PARCOURS D’Elisabeth Metzger © Clarinsprésente dans 142 pays. Dotée d’une image produit desoins incontestable, Clarins prend rapidement la tête du D’origine autrichienne, Elisabeth Metzger fait ses études à Vienne à HECsegment en Europe. Numéro 1 en France, en Angleterre puis part à Fontainebleau pour intégrer l’INSEAD. Son premier job est chezet en Suisse, Clarins détient aujourd’hui 15% des parts l’Oréal à Vienne dans la section des produits grand public. Elisabeth Arden ladu marché soins en Europe, répartis entre soins du vi- débauche en 1984 pour gérer la section duty free en Europe et Russie. Elle ysage ( 70 % ) et du corps ( 30 % ). La ligne homme s’im- découvre qu’elle n’est pas seulement douée pour le marketing mais se metpose aussi et atteint la 2e place sur ce segment. Quant à perfectionner ses talents de négociatrice. Une fois le marché russe ouvert,aux parfums : les eaux de soins sont l’emblème de la elle devient général manager à Zurich ou elle reste deux ans entourée de 50marque, avec comme produit phare: l’Eau Dynamisante,à laquelle viennent s’ajouter l’Eau Solaire et le parfum collaborateurs. Puis commence en 1989 l’aventure Clarins.Thierry Mugler dont le chiffre d’affaire réalisé à hauteurde 60 % en Europe, reste toujours en 2e position. Clarins Avec un franc fortse diversifie en produisant aussi ceux d’Azzaro et de la Suisse perd alorsSwarowski. entre 3 et 4 milliards Lutter contre le franc fort de francs de chiffresd’affairesEn 2008 Clarins Suisse est peu affecté par la crise maisc’est à partir de 2011 qu’il lui faut lutter contre un franc grappille sur son chiffre d’affaire, elle en est ferventesuisse trop fort car les acheteuses se tournent vers l’euro et rêve d’implanter le sien en Suisse. Priorité donc aupour acheter leurs produits. La Suisse perd alors entre 3 e-commerce pour les années à venir en s’appuyant suret 4 milliards de francs de chiffre d’affaires. Elisabeth ces bloggeuses qui façonnent l’humeur de nos désirs etMetzger réagit en renforçant ses activités promotion- guident leurs adeptes. La stratégie est non seulement denelles dans les magasins, ses offres cadeaux à l’achat de répondre aux aspirations des clientes mais de les antici-produits et décide de fidéliser ses clientes en augmentant per en humant l’air du temps. Et de mettre en place desle nombre de ses instituts : 15 au total en Suisse. Soixante techniques de vente innovantes fondées sur un marke-esthéticiennes ( guidées par quatre formatrices à leur seule ting de proximité, en offrant un conseil judicieux surdisposition, dont deux à Genève et deux à Zurich ) soignent le choix du produit le plus approprié, tout lançant desles clientes en dispensant massages et techniques très ex- produits suffisamment « pointus » et performants pourclusives de la philosophie Clarins. répondre aux attentes présentes et futures. - La maison reste en contact permanent avec sesclientes – elle en compte 100 000 dans sa base de don-nées - et leur envoie des mails les informant des nou-veautés, des promotions dans leur magasin ou institutou des soins spéciaux dispensés en fonction des saisons.Et leur demande de répondre au questionnaire inclusdans l’emballage de chaque produit. Quant à la publi-cité, Elisabeth Metzger confirme sa présence dans lesmagazines avec l’assistance d’un planificateur média.Bien sur, l’essentiel de la croissance ne se fera plus enEurope mais, comme on le sait déjà, en Chine ( proba-blement 40 % du chiffre d’affaire mondial d’ici 20 ans ),en Corée, en Thaïlande et plus tard en Inde. Les consom-matrices savent déjà repérer les meilleures opportunitésd’un pays à l’autre. Comme ces brésiliennes qui, en rai-son des taxes prohibitives dans leur pays ( 40 % ), courentfaire leurs achats à Miami où 50 % des recettes sont enre-gistrées grâce à elles. Priorité à l’e-commerceIci, pour contourner les faiblesses du marché, ElisabethMetzger décide de ne surtout pas réduire les coûts deproduction. Bien que le e-business de Clarins en France— WORK #02 — 23

bus i n e ssPasser de l’artau high-techDe l’artisanat ancestral à latechnologie de pointe ? C’est la voieempruntée par Céline Renaud etJeanmichel Capt de JMC Lutheriepour concevoir des haut-parleurs enbois de résonance qui offrent uneprofondeur inédite à la musique. par Lise Medioni ept ans de recherche © JMC Lutherie Le Soundboard de JMC Lutherie pour réaliser un haut- parleur à membrane en bois d’harmonie et pour en détermi-ner les caractéristiques optimales grâceauxquelles, proche ou lointain, l’audi-teur entend de manière égale. Parce que leSoundboard de JMC Lutherie produit uneonde plane omnidirectionnelle, portant unson chaud, enveloppant, à l’harmonie ronded’instrument de musique. Les luthiers travaillent les bois raresdepuis des siècles pour fabriquer violons,violoncelles, contrebasses et guitares. Rareset même très rares puisque l’épicéa « de ré-sonnance » est un individu parmi 10 000.Il faut 350 ans de croissance à ce sommetde perfection qui pousse de préférence à1200 mètres, dans les combes, sur un solpauvre et sous un climat rude. Sans nœud nipoche de résine, l’arbre doit être parfaite-ment droit pour que ses fibres le soient aus-si. Coupés un seul jour par an dans la forêt24 — W O R K # 0 2 —

bus i n e ssvoisine du Risoud – fin novembre avant les neiges et par LE PARCOURS DE Céline renaudlune descendante – les épicéas de résonnance sont dé-couverts par un « cueilleur d’arbre », Lorenzo Pellegrini Après des études à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, Céline Renaud aqui est à l’épicéa ce que les sourciers sont aux cours travaillé une dizaine d’années dans la haute horlogerie, au marketingd’eau. Ce ne sont pas des légendes de sorcière. En bor- chez Jaeger-LeCoultre, puis comme responsable du contrôle financierdure de Watch Valley, le label touristique de la Vallée de international chez Breguet. Une visite à l’atelier de Jeanmichel Capt,Joux, berceau de l’industrie horlogère suisse, la Forêt son voisin d’alors, lui a fait découvrir un homme talentueux, ingénieuxdu Risoud fournit depuis toujours la majeure partie du et créatif, mais inconnu et seul. Quand il lui a proposé de l’aider, elle n’abois de résonnance des luthiers. pas hésité. C’est ainsi que JMC Lutherie est né il y a huit ans. Aux trois siècles et demi de développement de © DRl’arbre, il faut encore ajouter cinq ans de séchage pourobtenir la finesse, la légèreté et la rigidité des tables Une onde planed’harmonie. Aucune marge dans l’épaisseur des tables omnidirectionnelleet des barrages n’est acceptable, sinon au préjudicedu son. La membrane d’épicéa du Soundboard est un porte l’harmoniecarré de 89 centimètres de côté, une taille qui ne doit ronde d’un instru-rien au hasard et a été déterminée en collaboration avec ment de musiquel’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne ( EPFL ) etla Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de nance élaboré pour Breguet. Ou encore le MétronomeVaud ( HEIG-VD ). De même que sa courbe car, comme du Risoud qui se prête à toutes les pièces. C’est d’ail-les tables d’harmonie des guitares, elle n’est pas tout à leurs avec Hublot que JMC a imaginé, sous le nom defait plane mais légèrement bombée selon un arc formé « Soundboard JMC All Black » une série spéciale d’en-dans des conditions strictement contrôlées. Suspendue ceintes acoustiques qui associe des matériaux de haute-sur un cadre auquel la relient des élastiques indéfor- technologie comme le NomexTM, un nid d’abeillemables utilisé dans l’industrie aérospatiale, elle vibre kevlar et le carbone tissé avec le bois d’épicéa tricen-librement. Derrière chaque membrane sont fixés huit tenaire. -vibreurs, positionnés deux par deux sur des chevaletsdont la taille, la coupe et l’emplacement sont calcu-lés pour optimiser la sonorité. L’ensemble du dispo-sitif a été breveté en 2007 et il s’en fabrique chaqueannée davantage, soit actuellement environ une cen-taine par an, commercialisée dans le monde entier. Peut-être est parce que l’art du luthier-guitare estresté plus créatif, plus « sauvage », que celui du luthier-violon, codifié depuis des siècles, que la transition del’instrument de musique vers l’enceinte acoustique aété possible? C’est ce que croit Céline Renaud qui com-pare son associé aux grands maitres horlogers voisins.Maître-horlogers avec lesquels, proximité oblige, JMCtravaille en étroite collaboration pour fabriquer sonautre produit phare, les boîtes de résonnance vouées àune musique bien différente. Celle produite par les pièces-maitresse de la haute-horlogerie. Conçus pour une transmission parfaite desvibrations, ces curieux objets aux contours parfois mi-nimalistes, parfois tarabiscotés, font résonner les di-mensions musicales des montres à répétition-minutespour en révéler aussi bien les rythmes que les mélodies.Parmi ces boîtes, on découvre la Musique du Temps,créée pour Vacheron Constantin, le coffret «piano» in-venté pour Audemars Piguet ou le cylindre de réson-— WORK #02 — 25

bus i n e ss Le Centre de Musique et de Danse d’Ashkelon en Israël se présentera comme une superposition d’éléments © DRArchitectureradicale qui lui sont d’inépuisables sources d’inspiration.Pragmatique, singulière et Très urbaine et très parisienne, elle n’hésite pasaudacieuse, Manuelle Gautrand prône à ce définir comme quelqu’un de curieux, sen-une architecture très contextuelle en sible au monde qui l’entoure et pourtant, un mas-prise avec la réalité. Pour l’architecte, ter plan ou un objet architectural d’envergureles contraintes sont de véritables comme une gare de péage autoroutier, un muséesources d’inventivité et de créativité. ou encore une tour de bureaux sont autant d’en- treprises qui expriment sa puissante créativité. par Renzo Stroscio «Il faut avoir plein d’idées et expérimenter plein de choses» dit-elle, admettant que le métier d’ar- es gratte-ciels ne lui font pas peur bien chitecte nécessite, pour que l’on construise des au contraire ! Manuelle Gautrand «dé- bâtiments en phase avec notre société et nos nou- bute chaque nouveau projet comme veaux besoins, une dose d’innovation et d’antici- une page blanche» et les sources d’ins- pation hors du commun. piration pour un concours ou une commande dé- clenchent chez elle la même passion et la même C’est pour cela qu’une fois franchies les dose d’énergie. Positive, elle s’inspire de tout ce premières étapes intuitives, Manuelle Gautrand qui l’entoure et de ses découvertes multiples au canalise: «je pars d’abord dans tous les sens, gré des voyages dont beaucoup dans des villes je concentre et j’intellectualise et pour termi- ner je radicalise». De fait, elle prône une ar- chitecture très contextuelle, pas uniquement géographique mais aussi culturelle, d’où son impossibilité à reproduire les œuvres comme des recettes. Parce qu’elle se refuse toute dé- marche linéaire entre le programme et le pro- jet, on se rend très vite compte que les pistes26 — W O R K # 0 2 —

bus i n e ss Je pense LE PARCOURS DE MANUELLE GAUTRANDque l’architecture Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier, doit être Manuelle Gautrand ouvre son agence à Paris en 1991. A la tête d’une équipe généreuse de plus 20 personnes, elle développe et crée des projets qui s’expriment dans une variété infinie de formes et de couleurs pour de grands clients publics, institutionnels et privés tant en France qu’à l’étranger. Parallèlement, elle d’enseigne de manière régulière auprès d’écoles d’architecture et d’universités et prend part périodiquement à des conférences, colloques et tables rondes. Ses œuvres sont entrées dans les collections du Centre Pompidou et de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris. Plusieurs films documentaires et livres ont déjà été réalisés sur son travail. Le dernier opus est un livre-catalogue qui présente l’ensemble de ses constructions : Manuelle Gautrand, architecte, Ceux que j’ai (déjà) construits, 20 ans – 20 bâtiments ( 1991 – 2011 ), Archibooks, 2011.ne lui manquent pas et que son travail, basé sur l’ima- © DRgination lui permet de canaliser et de hiérarchiser desidées innovantes. Prévue pour 2016 © DR la tour AVA à la Défense A l’occasion de l’interview dans le quartier de laBastille où se trouve son agence, l’architecte très contempo- culminera à 140 mètresraine n’hésite pas à détailler ses projets. Si la nouvelle Cité 27des Affaires de Saint-Etienne s’est vue colorée d’un jaunevitaminé et que les miroirs à facette tapissent le showroomCitroën sur les Champs-Elysées, la Gaieté lyrique, très ap-plaudie, reste un de ses gros coups de cœur. «J’adore l’artcontemporain et j’ai un gros penchant pour la musiqueélectronique, c’était donc un peu personnel», avoue-t-elle.Avec ce site, plus provocant que ses autres conceptions, elleprend conscience que c’est une chance de construire desbâtiments culturels. A des dimensions qu’elle aime retrou-ver et que d’autres lieux ne possèdent pas nécessairement. Lorsque l’on comprend sa manière de concevoir, onréalise rapidement que Manuelle Gautrand met un pointd’honneur à la dynamique du mouvement, une part es-sentielle dans l’aboutissement de ses constructions. Pourl’une des dernières en date, dans le quartier d’affaires dela Défense, l’architecte conçoit AVA un gratte-ciel de 140mètres de hauteur. Prévu pour 2016, le projet comprendla tour proprement dite mais également un axe autorou-tier défigurant qui s’effacera grâce à sa magie. « J’aimetravailler le socle, la partie basse, le rapport à la ville auquartier, le parcours que quelqu’un va prendre pour arri-ver au pied de la tour et déambuler comme dans une sallede spectacle ou dans un musée ». Elle sait que les projetsculturels lui permettent une autre vision de l’architectureet réintroduit une grande partie de l’expérience qu’elle y aacquise dans d’autres travaux, le long d’un fil conducteur.Manuelle Gautrand croit fermement à une architecture cen-trée sur l’homme, sans quoi elle n’aurait selon elle «quepeu de sens». Rien d’étonnant à ce que ce parcours, étofféd’œuvres magistrales, fasse déjà référence ! - — WORK #02 —

© DRsociétéLa schizophréniereste undilemme pournos sociétés.Les peurs diminuent au fur et àmesure que la compréhensions’enrichit. Les journées portesouvertes de la Fondation Alamayapermettent aux patients et auxfamilles de suivre les progrès par Laura Spinney osiane * se souvient très bien de l’une des premières hallucinations que son fils, Olivier *, lui a racontée. Il avait 18 ans. Voyant un chat dans la rue, il s’est précipité pour l’attra- per avant qu’il ne se fasse écraser. Mais il n’y avait pas de chat, et c’est lui, Olivier, qui s’est fait klaxonner et traiter de fou. « Ça l’a ter- riblement perturbé » explique Josiane. « Les gens ont essayé de le rassurer en disant que les hallucinations allaient passer, mais il était convaincu du contraire, et il avait raison ». Ensuite sont venues les voix qui ont poussé Olivier à mettre le feu à la haie d’un voisin, ou à un tas de branches dans le parc. Puis il s’est mis à voler. La première fois qu’il a été incarcéré, il y a sept ans, il avait 21 ans. Depuis, il rebondit entre prisons et établisse-28 — W O R K # 0 2 —

sociétéments médicaux sociaux du canton de Vaud. Pour Josiane, LE PARCOURS DE kim do © DRl’ironie est que ce n’est qu’en prison qu’il a enfin été dia-gnostiqué. S’il avait été pris en charge plus tôt, il aurait pu Kim Do est née à Hanoi, au Vietnam, en 1953. En 1998, elle a étééviter de s’y trouver. nommée directrice de l’Unité de recherche sur la schizophrénie, créée au sein du Département de Psychiatrie de l’Université de Lausanne, Comme d’autres maladies psychiatriques, la schi- où elle a mis en place un programme translationnel qui fait le pontzophrénie reste un dilemme pour nos sociétés. En l’ab- entre la recherche neurobiologique de base et la recherche clinique.sence de traitements efficaces, nous ne savons pas quoifaire de gens comme Olivier, que la maladie pousse à en- BON A SAVOIRfreindre des lois que nous jugeons essentielles à une viecollective harmonieuse. Si une minorité devient violente - Le spectre de la schizophrénie touche 24 millions de personnes àsouvent à cause des drogues qu’elle consomme - il s’avère, travers le monde. Chaque année, une personne sur 10 000, âgée dequ’en réalité, les schizophrènes sont beaucoup plus sou- 12 à 60 ans, développe une pathologie du spectre. Les hommes sontvent victimes d’agression que le reste de la population. touchés environ 1,4 fois plus fréquemment que les femmes. Le pic de déclaration des symptômes se situe entre 20 et 28 ans chez l’homme « Il y a pourtant de bonnes raisons d’être optimiste, »nous dit Kim Do, directrice du Centre de Neurosciences et entre 26 et 32 ans chez la femmePsychiatriques ( CNP ) du Centre Hospitalier UniversitaireVaudois et de l’Université de Lausanne, et co-fondatrice Biological Psychiatry, son équipe a montré que, chez lade la Fondation Alamaya, qui a été créée en 2002 pour souris, une molécule antioxydante, administrée dès avantsoutenir la recherche sur la schizophrénie. Les deux der- la naissance, protège les neurones du fœtus puis du jeunenières décennies ont vu une évolution rapide dans la com- animal, contre les conséquences néfastes de ces stress.préhension de la maladie, qui va en changer la conceptionet, par conséquent, son diagnostic et son traitement. Les peurs diminuent au fur et à mesure que la com- préhension s’enrichit. A Lausanne, la Fondation Alamaya Nous savons, aujourd’hui, que la schizophrénie organise des journées portes ouvertes au CNP pour quepartage des facteurs de risque génétiques avec d’autres patients et familles puissent suivre les progrès. Josianemaladies psychiatriques comme l’autisme et la dépres- avoue qu’elle n’y assiste pas, car pour Olivier c’est tropsion bipolaire. Nous savons, aussi, que ce type de psy- tard. Mais pas pour d’autres. « Il n’y a pas si longtemps,chose ne frappe pas les jeunes adultes comme un coup de on parlait de “ mères schizophrènogènes ”, » nous dit lefoudre. La schizophrénie comprend un spectre de condi- professeur Do. Plus maintenant. Il arrive même qu’unetions neurodéveloppementales qui se déclenchent dès mère se jette dans ses bras pour la remercier de l’avoiravant la naissance et dont les symptômes n’émergent déculpabilisée, en lui montrant les causes biologiquesque vers l’âge adulte, au moment où se fait une pro- de la maladie : « C’est ma meilleure récompense » té-fonde réorganisation du cerveau. « En théorie, donc, il moigne-t-elle. -y a la possibilité d’arrêter la maladie avant qu’elle se * Noms d’empruntmanifeste » confirme Kim Do. De manière croissante,les scientifiques parlent de prévention au lieu de traite-ment. Pour agir de façon préventive, il faut bien com-prendre des mécanismes pathologiques à la base dessymptômes. Une hypothèse, chère à beaucoup de cher-cheurs, est qu’il se produit une perturbation des circuitsdu cortex frontal qui génère une incapacité d’intégrer dessignaux sensoriels. Avec pour conséquence, par exemple,qu’un patient n’arrive pas à distinguer ses propres pen-sées de celles exprimées par autrui, et donc qu’il souffred’hallucinations auditives. Quelle est la cause de cetteperturbation ? Certains ont suggéré une inflammation,d’autres un dysfonctionnement de la transmission de si-gnaux chimiques du cerveau. L’hypothèse sur laquellese penche Kim Do est que, pendant le développement,des stress oxydatifs — eux-mêmes générés par des agres-sions environnementales — endommagent une classede neurones critique à la synchronisation des circuitsfrontaux. Dans une étude publiée en mars dans la revue— WORK #02 — 29

sociétéPour des conseils d’administration mixtes Les Business and Professional Meilleur rendement pour Women ( BPW ) Switzerland les équipes mixtes exigent l’introduction de quotas femmes-hommes dans les conseils Ce n’est pas pour des considérations morales que les d’administration en Suisse. Prise BPW réclament des quotas, mais pour des raisons écono- de position claire, mais peu banale, miques. Nombreuses sont les études qui ont mis en évi-de la part d’une très grande association dence les entreprises dirigées par des équipes mixtes qui de femmes professionnelles qui sont plus rentables. Alors, pourquoi s’en priver ? Nommer compte 2500 membres en Suisse. une femme alibi ne suffit pas pour influencer les déci- sions : la minorité doit représenter au moins un tiers du groupe. L’objectif devrait être de 30-40 % de représenta- tion du sexe minoritaire. par cathy savioz membre du Comité Des administratrices plus titrées central des BPW Switzerland Que l’on ne mette pas en doute les compétences des ors de la consultation des 40 présidentes femmes. Depuis les années 80, elles sont majoritaires par- de clubs de BPW suisse à propos de l’intro- mi les étudiant-e-s de l’Université de Genève et le cas n’est duction de quotas femmes-hommes dans les pas isolé. A ce jour, 39 % des administratrices de conseils conseils d’administration, la réponse à été una- d’administration du Swiss Market Index sont titulairesnimement positive. Et les femmes les plus expérimentées d’un doctorat, une norme très supérieure à la moyenne.étaient aussi les plus convaincues de l’usage de cette me- Les femmes au niveau de formation adéquat, compétentessure.En effet, les chiffres sont têtus : 89 % des membres et ambitieuses sont prêtes. Ceci dit, pour les trouver, il fautdu conseil d’administration des 115 plus grandes entre- fréquenter des réseaux mixtes ou féminins. C’est la raisonprises de Suisse sont des hommes ( Schilling-Report ). pour laquelle les 2500 BPW de Suisse ont réuni leurs pro-Simultanément, les BPW Switzerland collectent les his- fils dans une unique base de données.toires de nominations ratées comme les perles d’un col-lier infini. C’est la raison pour laquelle les BPW récla- Lobby BPW en Suisse et en Europement l’introduction de quotas, à l’occasion de la révisionde la loi sur les sociétés anonymes en Suisse. Depuis la prise de position en faveur des quotas, Monique Ryser, présidente des BPW Switzerland, et Virginie 89 % des Carniel, vice-présidente, ont été sollicitées par de nom- membres des breux médias et débats télévisés dans toutes les régions conseils sont linguistiques. Elles ont publié un argumentaire détaillé à des hommes disposition sur www.bpw.ch. Celui-ci a été adopté par les présidentes des fédérations de BPW européennes et en- voyé à Viviane Reding, Commissaire européenne à la jus- tice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Il s’agit de soutenir celle qui veut imposer au niveau européen, ce changement qui n’advient pas « naturellement » et qui dit : « Personnellement, je ne suis pas une fan des quotas, mais j’aime les résultats qu’ils apportent. » Nous aussi. -30 — W O R K # 0 2 —

société La retraite est une bombeà retardement Les femmes âgées ont deux fois plus de chance que les hommes de sombrer dans la pauvreté. par Suzanne Reysches es femmes vivent plus longtemps, elles sont d’un pays à l’autre et de fortes chances de laisser der- traditionnellement moins payées que leurs rière des morceaux de retraite trop minces pour fruc- homologues masculins, elles travaillent aus- tifier, sans possibilité de les transposer dans leurs ré- si plus fréquemment à temps partiel, elles sidences successives car tous les régimes n’autorisentprennent leur retraite plus tôt, leurs carrières sont sou- pas le transfert et ceux-ci sont souvent soumis à desvent interrompues par les maternités et la garde des en- contraintes fiscales difficiles à surmonter.fants. En fin de carrière, ce sont elles qui prennent le plussouvent en charge leurs parents âgés. Sans compter les On constate aussi une mauvaise compréhensionpartages d’actifs pas toujours équitables des divorces. des régimes de retraite offerts par les employeurs etA la Conférence du Career Women, le 29 octobre der- surtout, une grande insouciance à l’égard de la problé-nier, Anne Hornung-Soukup, associée chez Bruellan, et matique. Entre 30 et 45 ans, peu se préoccupent de leurMajbritt Byskov-Bridges, conseillère senior en planifica- futur et n’épargnent qu’un tiers de ce qui sera néces-tion financière chez Guardian Wealth Management, ont saire à maintenir leur style de vie après la retraite. Lajeté un cri d’alarme. Les femmes sont mal préparées à situation empire lorsque les régimes varient d’un pays àla retraite et le réveil est souvent brutal. Les statistiques l’autre et que les femmes imaginent pouvoir transférerfont peur. D’après une enquête de la Commission euro- leur fond de pension si elles quittent le pays. Pire en-péenne, seules 58 % des femmes sont employées, un tiers core, compter sur les retraites publiques, déjà très insuf-d’entre elles travaille à temps partiel, leurs salaires sont fisantes aujourd’hui et en passe d’être totalement vidéesen moyenne de 18 % inférieurs à ceux des hommes, plus de leur substance.de la moitié ne contribue pas à un plan de retraite, ellesprennent leur retraite 18 mois plus tôt et économisent en Un exemple : au terme d’une longue carrière cou-moyenne 1000 francs de moins par an. Or, compte tenu ronnée de succès, Madame X qui a travaillé 37 ans dansde leur longévité, elles peuvent passer 30 ans à la retraite trois pays différent, se retrouve avec une retraite égale àsoit quasiment autant qu’au travail. 28 % de son dernier salaire. En tenant compte de l’infla- Corollaires? Les femmes âgées ont deux fois plus tion, il lui aurait fallu économiser un capital de 3 millionsde chance que les hommes de sombrer dans la pau- de francs pour compenser le manque à gagner.Il faut pla-vreté et 95 % terminent leur vie seules. Les deux tiers nifier sa retraite tôt, très tôt même car chaque retards’attendent à conserver leur standard de vie une fois à coute cher en intérêts composés. Pour s’assurer un capi-la retraite mais seules 20 % y parviennent. Le sort des tal de 1 millions de francs à 55 ans, il faut épargner envi-femmes qui vivent à l’international est encore com- ron 1800 francs par mois en commençant à 30 ans et prèspliqué par un manque de visibilité sur le futur même de 6900 si l’on ne démarre qu’à 45 ans. Rappelons que,proche, une accumulation de contrats de courte durée, sur la base d’une annuité de 5 %, 1 million rapporte envi-des règlementations variables sur les fonds de pension ron 50 000 francs par an soit l’équivalent d’un salaire à peine supérieur à 4000 francs. Et encore faut-il que le capital rapporte bien 5 % annuellement. -— WORK #02 — 31

sociétéApprentissagede la philanthropieLes mécènes ont leurs propres priorités. Chacun a son histoire etle projet est souvent autant familial qu’individuel. par lise medioni © Dessin extrait du livre Why Others avec l’autorisation des auteurs. © Lombard Odier & Cie 2008. arin Jestin est responsable mène beaucoup à s’interroger sur le soulagement de la philanthropie et qu’ils doivent aux autres. L’époque des disposi- membre du conseil de la tions testamentaires est révolue. Aujourd’hui, Fondation Philanthropia, c’est de leur vivant qu’hommes et femmes veulent créée en 2008 par la agir. Donner certes, mais aussi contribuer, accom-banque Lombard Odier. Son objectif? Faciliter pagner et apporter leurs compétences personnellesla réalisation des initiatives philanthropiques des à ceux qui, sur le terrain, œuvrent pour soutenir lesclients de la banque grâce notamment à l’expé- autres. Car leur propre expérience, dans le champrience des associés dans ce domaine. Car la crise de la gestion et des affaires, peut être précieuse.32 — W O R K # 0 2 —

Les dons sont société toujours le miroir d’une LE PARCOURS DE karin jestin expérience personnelle Responsable de la philanthropie chez Lombard Odier, Karin Jestin, est Secrétaire Générale de la Fondation Lombard Odier et membre du conseil de la Fondation Philanthropia. Elle est aussi membre du comité de direction de SwissFoundations, l’association faitière des fondations donatrices en Suisse. Elle a commencé sa carrière chez McKinsey à Paris et a plus tard rejoint la Fédération Internationale des sociétés Croix-Rouge et Croissant-Rouge à Genève en qualité de conseiller spécial auprès du Secrétaire. Karin Jestin est également co-auteur du livre Why Others qui répond de manière simple et distrayante aux questions que les particuliers sont amenés à se poser avant d’apporter leur soutien à une cause qui leur tient à cœur.Les mécènes ont leurs propres priorités. Quel que soit © DRl’objectif, les dons sont toujours le miroir d’une expé-rience personnelle. Chacun a son histoire et le projet est Une tradition de mécénatsouvent autant familial qu’individuel. Education, santé,protection contre les abus, enfance ou environnement, Le souci de la communauté est au cœur de la tradition de Lombardla mission que se fixent les mécènes doit être claire- Odier. Au milieu du XIXe, Alexandre Lombard s’engageait dans lement établie et leur engagement confirmé. Les donateurs comité qui présidera à la création de la Croix-Rouge ( CICR ). Au débutcherchent en premier lieu à mieux comprendre les enjeux du siècle dernier, Albert Lombard jugeait que « la vie d’un homme doitdu secteur dans lequel ils envisagent d’intervenir. Il faut être consacrée pour un tiers à sa famille, pour un tiers à son entreprisesavoir, explique Karin Jestin à titre d’exemple, que pour et pour un tiers à la cité ». Tradition perpétuée par Thierry Lombard,protéger les forêts, il importe d’abord de soutenir les pro-ducteurs – petits paysans ou autres exploitants de la fo- nommé membre du Comité du CICR l’année dernière.rêt. Mais il en existe des millions, difficiles d’accès. Uneaction individuelle n’a pas de sens, alors mieux vaut pe- Où intervenir, comment aider et quelle enveloppe finan-ser sur les entreprises – transformateurs ou distributeurs cière y consacrer: telles sont les premières étapes au cours- qui contrôlent les chaînes d’approvisionnement et les desquels la banque assiste l’engagement des mécènes. Parconvaincre de coopérer à une action cohérente. Sur le mo- la suite, ils sont accompagnés dans la conception de leurdèle défendu par Jason Clay, vice-président des marchés projet et dans son suivi. Et rencontrent les entrepreneursau World Wildlife Fund (WWF), qui estime que l’engage- sociaux et d’autres donateurs pour débattre, partager leursment de quelques centaines de sociétés clef à une exploi- expériences et utiliser leurs dons avec le plus d’efficacitétation durable des ressources, suffirait à changer la donne. possible. A ce titre, la Fondation Philanthropia leur offre les moyens d’accroître l’impact des dons individuels et Quelques chiffres d’en diminuer les coûts collatéraux.La Fondation Philanthropia a appuyé une trentaine d’associations pour Autour de la lutte contre le cancer, l’établissementprès de 3.3 millions de francs en 2011. D’après son rapport annuel, la bancaire mène une action concertée. Le Fonds thématiquemajorité des causes financées sont liées à la thématique humanitaire «Recherche médicale et scientifique» de la Fondationet sociale qui perçoit 50 % des dons. La recherche médicale et Philanthropia soutient l’Institut Pasteur dans ses travauxscientifique en a reçu 35 %. Les actions liées à la culture et l’éducation, de recherche sur un vaccin thérapeutique par un engage-l’environnement et le développement durable bénéficient chacune de ment sur trois ans pour mener les travaux jusqu’aux es-7.5 % des apports. Le rapport annuel de la Fondation Philanthropia met sais cliniques, et, en février, la banque a publié son pre-par ailleurs en exergue la diversité des organisations sélectionnées. Il mier «guide du donateur», destiné à tous ceux qui désirentfait notamment référence à « l’Association pour le droit à l’initiative contribuer efficacement à la lutte contre le cancer. -économique », engagée au soutien à la création de micro-entreprises.Mais aussi au « Centre de la Mémoire », destiné à développer un pôle de recherche sur les maladies neurodégénératives. — WORK #02 — 33

société événements événementsCareer Women’s Ladies’ Lunch Forum de Lausanne réé à Genève en 1982, le Career Women’s e Ladies’ Lunch organise deux fois par an, au Forum (CWF) soutient le développement Lausanne Palace & Spa, un repas de soutien professionnel des femmes actives à travers en faveur d’une œuvre caritative dont l‘ac- le réseau de relations qui unit ses membres. tion d’entraide menée en Suisse Romande, luiL’association organise diverses activités profession- semble mériter un encouragement particulier. Chaquenelles - ainsi qu’extra-professionnelles - et établit un demande est étudiée avec soin par le comité. L’aidedialogue permanent avec les organisations publiques, financière a grandi au fil des années, permettant auprivées et d’autres associations. Ladies’ Lunch de soutenir des œuvres d’utilité pu- Le 29 octobre 2012, le Career Women’s Forum a blique, dont la plupart ont démarré de façon modeste,reçu Anne Hornung-Soukup, associée chez Bruellan, et grâce à l’initiative de personnes concernées par uneMajbritt Byskov-Bridges, conseillère senior en planifi- épreuve de vie.cation financière chez Guardian Wealth Management, Le 8 novembre 2012, le 43e Ladies’ Lunch desur la retraite, bombe à retardement ( voir l’article ). Lausanne a réuni plus de 300 personnes pour pro- L’atelier du 5 décembre 2012, animé par Franca mouvoir l’action de la Fondation Alamaya dont laRenzi-Ferraro, directrice de LPP Gestion, abordait la mission est de d’étayer la recherche en schizophré-prévoyance. Un débat passionnant sur les questions de nie, une maladie qui touche 1 personne sur 10 0002e pilier et des caisses de pension. Comment utiliser son et impose d’immenses souffrances aux patients et à2ème pilier pour acheter un bien immobilier ? En cas de leurs proches. A ce jour, aucun traitement ne permetdécès, quelles sont les prestations qu’offrent les caisses d’améliorer la totalité des symptômes, souvent trèsde pension ? Les participantes ont pris la mesure de invalidants, mais la recherche accomplit des progrèsl’importance qu’il faut accorder à la LPP dès l’entrée considérables, permettant d’entrevoir de nouvellesdans le monde des adultes. De l’importance de se pré- perspectives thérapeutiques et, à plus long terme,parer à l’avance! de prévenir la maladie. Le Professeur Kim Do, di- Comment concilier écologie et économie ? La rectrice du Centre de Neurosciences Psychiatriquesconférence-lunch du 25 février a permis à Sébastien ( CNP ) du Centre Hospitalier Universitaire VaudoisChiappero, Associé d’Eco-Label, de présenter son ex- et de l’Université de Lausanne et co-fondatricepérience. Une présentation complétée par celle de l’ex- d’Alamaya, est venue présenter ses travaux sur lespérience vécue par la commune de Chêne-Bourg qui a possibilités de diagnostic précoce de la maladie, lessu fédérer le soutien des commerçants et entreprises de nouveaux moyens thérapeutiques et les mesures pré-la commune. Tous ces commerçants ont joué le jeu du ventives ( voir l’article ).tri, du recyclage, de la réduction de l’usage de l’eau et Le lunch du jeudi 23 mai 2013 sera tenu en fa-de l’électricité. veur de la Fondation Pro-XY, qui a pour mission de Ont également été abordés les thèmes de l’Em- soulager les proches-aidants, en leur offrant une écoutepowerment ( Wave 2013 du 28 janvier 2013 ), du dé- attentive, un conseil, un suivi de proximité, et en les re-veloppement des carrières professionnelles féminines layant auprès de la personne dont ils s’occupent, quelsdans les positions de leaders ( 21 février 2013 ) et de que soient sa situation ou son âge. Le déjeuner d’au-la redéfinition des nouveaux rôles pour femmes sages tomne aura lieu le jeudi 21 novembre 2013 au profit de( 25 mars 2013 ). l’association Relais Enfants Parents. En haut : Hélène Gache, présidente du CWF En haut : Dominique Brustlein, présidente du Ladies’ Lunch34 — W O R K # 0 2 —

société événements événements Business & Agenda Professional Career Woman Forum (CWF) Women 27 / 05 / 2013 : Une aventure autour du thé 24 / 06 / 2013 : Une humoriste franco-suisse es Business and Professional Women se dévoile www.cwf.ch ( BPW ) sont la principale organisation de femmes actives, en Suisse et dans le monde. Ladies Lunch de Lausanne Les BPW sont des femmes occupant des 23 / 05 / 2013 : Fond Proxy sur l’aide auxpostes à responsabilité et des femmes en début de car- personnes seulesrière professionnelle ( Young BPW  ) dans tous les do- 21 / 11 / 2013: Ass. Relais Enfants Parentsmaines économiques. Le réseau des BPW Switzerlandcompte 2500 membres, issues des professions les plus www.ladieslunch-lausanne.chdiverses et réparties dans 40 clubs qui organisent desmanifestations régulières. Il dispose également d’une Business and Professionalbourse à l’emploi. Les BPW entretiennent des parte- Women ( BPW )nariats dans les sphères économique, sociale et poli- 15 / 05 / 2013 : Différent et complémentaire,tique. Elles sont représentées au sein de commissions cela veut dire égal ?européennes et internationales ( ONU, OMS, LEF, OIT, 22 / 05 / 2013 : BPWs avancent les choses!etc.) pour défendre les intérêts des femmes actives. 19 / 06 / 2013 : Sortie œnologique dans une Le 7 et 8 mars, les BPW se sont engagées au cave du vignoble genevois. De nombreuxcôté des les femmes de l’USS, du PBD, du PS, du évènements prennent place en SuissePDC, du PLR, des Vert’libéraux et des Verts pour mar- alémanique ... et dans le reste du monde.quer l’Equal Pay Day et la Journée internationale dela femme. Certes, il est réjouissant de constater que la www.bpw-geneve.chdifférence moyenne de salaire dans l’économie pri-vée s’est réduite entre 2008 et 2010 de 7 455 à 677 n dit que la finance est l’apanage des hommesfrancs. Une tendance en cours depuis des années. et qu’ « il est plus difficile de détruire un pré-Malheureusement, l’évolution est très lente : depuis jugé qu’un atome » ( Albert Einstein ). Un défi1998 la différence salariale dans le secteur privé est que relève Dukascopy. Vous êtes intelligente,passé de 10,6 à 8.7 % en 2010. Les femmes gagnent en- sociale, active ? Bienvenues au premier concours Misscore 18,4% de moins que les hommes. Le 7 mars 2013 Dukascopy. Le concours s’adresse aux futures stars de l’In-était une date symbolique car c’est le jour qu’ont atten- ternet et primera l’expression sur les blogs, les réseaux so-du les femmes pour recevoir un salaire annuel égal aux ciaux et financiers et les interviews télévisés. Un défi à votrehommes ayant travaillé jusqu’au 31 décembre 2012. présence d’esprit, à vos qualités de communication et à vos Les BWP se sont également inscrites en faveur connaissances - de la politique à la finance et à la mode. Lesdes quotas dans les conseils d’administration car les pro- participantes seront évaluées en fonction de leur popularitécessus sociaux durent trop longtemps et, qu’à vitesse sur le web et dans la communauté Dukascopy. Un systèmeconstante, une égalité approximative des femmes dans d’évaluation souple où les retardataires auront d’excellentesles directions et les conseils d’administration serait at- chances de gagner. Quant aux prix ... ils sont merveilleux !teinte au plus tôt dans 40 ans selon les prévisions de l’UE. Les cadeaux des sponsors se montent déjà à une valeur de 200.000 francs. L’inscription est ouverte sur www.dukas- En haut : Cathy Savioz, Board Member BPW Switzerland copy.com/fxcomm/miss_dukascopy— WORK #02 — 35

société événements événements Les meilleures Sculptrices joueuses mondiales u 28 avril au 11 novembre 2013 se tient à la Villa Datris, Fondation pour la Sculpture d’échecs réunies Contemporaine à l’Ile sur la Sorgue, l’ex- à Genève position Sculptrices qui réunira près d’une centaine d’œuvres exceptionnelles d’une soixantaine a Fondation Neva a lancé la première édi- d’artistes parmi lesquelles Ghada Amer, Rina Banerjee, tion du Fondation Neva Women’s Grand Prix Louise Bourgeois, Martha Boto, Geneviève Claisse, à Genève, en partenariat avec la Fédération Camille Claudel, Parvine Curie, Odile Decq, Nathalie internationale des échecs. Madame Elena Elemento, Camille Henrot, Rebecca Horn, LouiseTimtchenko, présidente de la Fondation Neva, Nevelson, Meret Oppenheim, Sarah Oppenheimer,et Monsieur Kirsan Ilyumzhinov, président de la Marta Pan, Alicia Penalba, Germaine Richier, NikiFédération internationale des échecs, ont présenté un de Saint Phalle, Chiharu Shiota, Kiki Smith, Jessicapartenariat inédit pour ce tournoi international qui Stockholder et Joana Vasconceloss’est déroulé du 2 au 16 mai en présence des joueuses Sous l’égide de la Blue Goddess de Niki de Saintet de la Fédération genevoise d’échecs associée à cet Phalle et à mille lieues de la vision traditionnelle de la sculp-événement. Cet engagement de la Fondation Neva ture, les sculptrices s’expriment librement à travers les tech-en faveur du rayonnement des échecs s’inscrit dans niques les plus variées : de l’assemblage à la taille directele prolongement du tournoi Mémorial Alekhine au sur bois, du marbre au métal, de la porcelaine au néon... IlMusée du Louvres à Paris où s’affrontent les meilleurs en résulte une approche de la sculpture sans détour, émo-joueurs d’échecs au monde. La cérémonie d’ouverture tionnelle ou cérébrale, troublante ou rebelle, toujours enga-s’est tenue en présence de d’Isabel Rochat, conseillère gée et profondément ancrée dans la chair et l’esprit.d’Etat, et de Sandrine Salerno, ancienne maire de la Réalisant avec Sculptrices une nouvelle avancéeville de Genève. autour de la création des femmes, la Villa Datris sou- haite amorcer, à travers cette exposition, une réflexion sur leur démarche, leur vision du monde et de l’art. En haut : Niki de Saint-Phalle, Thoeris ( 1990 ) Perceval © ADAGP – Photo Tim Perceval36

L’intelligence économique à portée de main Avril 2013 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°04 | Fonds de placement bimestriel EntrEtiEn numéro 84 | automne 2012 Design & architecture page 36 CHF 5.- Arndt Groth MARK CALABRIA (Cato Institute) Les activités online La réglementation financière repose Avril 2013 / CHF 5.50 Monolithes pourraient avoir un fondamentalement sur une base erronée. effet phénoménal À flot, les nouveaux sur les résultats - UNIVERS HORLOGERIE - archétypes Nouveau CEO de Publigroupe PAGE 26 geek page 51 LE thèmE Fonds dE pLacEmEnt L’ampleurPourquoi la consolidation sectorielle réPond aux besoins sPécifiques du marché La tendance haussière sur les inédite d’un Génération actifs risqués va-t-elle résister? phénomène rétroGamers Le maintien des politiques monétaires accommodantes soutient les marchés rationnel quand les ambassadeurs malgré l’accentuation des risques PAGE8à23 de la culture vidéoludique Peter Bänziger / ChristinA CArlsten / DeAn tenerelli / ChristinA BöCk / stéPhAne MAttAtiA / lAurent Perusset / Pierre MerMoD / niCk Yeo / tiM hAYwooD des 40 dernières années DAniel sheArD / thoMAs goossens / FrAnk rosensChon / AnDrew lAke / PAsCAl Pernet / thoMAs De sAint-seine / PhiliPPe sChinDler / CeDriC kohler redeviennent des stars, la génération Fiona Frick (CEO d’Unigestion): des rétrogamers exulte... «La crise chypriote crée un risque systémique sur le marché européen» trenD page 42 interview / PAGE 6 brio Mensuel noé plus ultra Encarté dans L’Agefi M&ovnoturses évasion page 60 Gestion privée d’actifs: l’utile réciprocité légale désillusion indiGnation ayn rand InventIf, excessIf ou Inattendu, Au cœur les désastreux le symbole les économies notre “spécIal HorlogerIe” est IrrésIstIble. des vignobles résultats de le plus patent liberticides l’application de l’échec complet subissent toutes © m. ninghetto rendez-vous 30page le vin ne se contente pas de la taxe tobin européen la même fin d’accompagner les mets les plus exquis : il est aussi une invitation au voyage.365 jours 6 parutions 7 parutions24h / 24h Kiosque / Abonnement Kiosque / AbonnementSWISS BANKING | FINANCE | SERVICES | INDUSTRIE | HIGH TECH | IT | ENTREPRISECOMMERCE | AUTOMOBILES LUXE | TRADING | COMMODITIES | ENERGIES | FORMATIONHAUTES ÉCOLES | MANAGEMENT | RESSOURCES HUMAINES | MARKETING | LIBÉRALISMEPOLITIQUE ÉCONOMIQUE | www.agefi.com/abo www.agefi.com SITE DE L'AGENCE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE À GENÈVE

t e n d anc e sArt contemporaindans la collectiondu Crédit SuissePrésentés dans les murs de la célèbrebanque, des œuvres d’art, souventféminines, transmettent une puis-sante énergie créative, tant aux clientsqu’aux nombreux collaborateurs…Bienfaits constatés. par Helena Monoson ue les nouvelles Renée Levi, Paradies, 2008 © Dirk Altenkirch des marchés finan- ciers soient bonnes ture néo-classique, la très géométrique Fontaine ou mauvaises, la du Désir, réalisée en 2002 par Silvie Defraoui. Télévision Suisse Photographe, pionnière de la vidéo-art en Europe,a coutume de montrer une vue aérienne du artiste d’installations, Silvie Defraoui (1935) asiège social du Crédit Suisse, sis Paradeplatz placé la fontaine hexagonale en verre décapé, trèsà Zurich. Il n’est guère de symbole plus re- exactement milieu du sol en marbre structuré à laprésentatif de la place financière Suisse que manière d’une cour italienne. Sur le fond du bas-ce bâtiment de quatre étages en grès avec ses sin apparaît une inscription lumineuse qui évoqueornements sculpturaux, construit entre 1873 en défilant des vœux en cinq langues : « avoiret 1876 par J.-F. Wanner. La Schweizerische un tapis volant », « respirer sous l’eau » ou en-Kreditanstalt, fondée vingt ans plus tôt avait core « arrêter le temps », autant de désirs quebesoin de bureaux de représentation, elle s’y tout l’argent du monde ne pourra jamais réaliser.installe donc, jusqu’à occuper au cours des Invitant à la réflexion, la fontaine devient alorsdécennies suivantes l’ensemble du bâtiment. un lieu dédié à des pauses récréatives. Ce phéno-Dès 1997, de grands travaux d’architecturesont engagés pour mettre en forme les nou-veaux secteurs opérationnels. L’art a toujours tenu une place im-portante dans ce repositionnement de lamaison mère. Pour preuve c’est ainsi quetrône au cœur de l’immense atrium de fac-38 — W O R K # 0 2 —

t e n d anc e smène est tout aussi palpable face aux quelques quatre Il est essentielcents œuvres disposées dans les foyers, corridors et bu- d’accueillirreaux individuels du siège de Paradeplatz. Aujourd’hui, de jeunesles soixantes salles de réception de la zone clientèleréunissent le noyau cohérent de la Collection du Crédit artistes en lesSuisse. Chaque œuvre y est fortement ancrée, au gré accompagnantdes étapes, très variées, de l’histoire de la réhabilitationde l’édifice. En témoigne la grande photographie Wanja durablement( 2008 ), du Duo féminin Eberli / Mantel accrochéedans un salon datant des années 50. Lors d’une première Arts du Crédit Suisse, juge essentiel d’accueillir au seinvisite des lieux, les artistes avaient été spontanément de sa collection de jeunes artistes évoluant dans l’envi-séduites par le parquet emblématique du salon d’entrée ronnement de la Confédération et s’invite à les accom-qui venait à peine d’être restauré. Cette marqueterie pagner durablement. L’initiative la plus récente en faveurimpressionnante, mélange de noyer et de merisier avec de la jeune création est le concours « Crédit Suisse-une rosace aux cercles expansifs n’est pas sans rappeler Video - art » ouvert aux talents émergents / étudiants desle revêtement de marbre de Michel-Ange qui couvre le écoles d’art. Son prix est décerné pendant la Nuit dessol du Capitole à Rome. Autre temps fort, avec Wanja, Musées à Berne. Il a été remporté cette année par la trèsEberli / Mantel ont su créer une forme, sorte d’empile- jeune artiste Muriel Kunz de la Haute Ecole Design etment, évocateur de la fameuse Tour inachevée de Babel Kunst de Lucerne, qui a su convaincre le jury à traversde Pieter Brueghel, où le parquet donne à la construc- une œuvre à couper le souffle. Initiée en 1975, la collec-tion un support a son instabilité, totalement déconcer- tion du Crédit Suisse, compte aujourd’hui quelques cinqtant sur le plan optique. mille œuvres dont la présence dans les espaces commer- ciaux contribue fortement à son image… L’image d’une Le Crédit Suisse est convaincu que les projets ar- banque ouverte à la mutation. -tistiques liés à l’architecture et à la symbolique d’unlieu sont le fer de lance de son engagement et qu’ilspeuvent donner naissance à des œuvres puissantes tel LeJardin enchanté d’Esther van der Bie dans la succursalede Berne /Place Fédérale qui a de quoi semer le troubledans un univers bancaire. Quant aux dessins, façon tags,de Renée Levi à Paradeplatz, ils rayonnent peut êtreavec plus de douceur, mais n’en sont pas moins char-gés d’énergie. Dans le hall des guichets de Morges, laréalisation d’Ursula Mumenthaler n’offre t-elle pas auxvisiteurs des points de vue aussi spectaculaires que fas-cinants ? André Rogger, Directeur du Service des Beaux Esther van der Bie, Alice’s Garden, 2007 © Esther van der Bie 39— WORK #02 —

t e n d anc e sLivresUne ville discrète au destin exceptionnel Rue Centrale, portrait de Lausanne ville européenne, Laura Spinney ue raconte une ville à travers ses habitants ? Transcription de 68 conversations recueillies entre l’été 2011 et le printemps 2012 avec L’Age d’Homme, 2012 des Lausannois, Rue Centrale n’est pas un guide touristique – l’au- teur, Laura Spinney, s’en défend – mais le portrait d’une ville dontl’histoire et les monuments s’effacent derrière les propos des individus qui y viventet y travaillent. Une sorte d’album de famille dont l’inspiration est puisée dansl’œuvre du journaliste américain Studs Terkel, Division Street : America, un por-trait de Chicago publié en 1967. Comme Studs Terkel dont elle partage le métier,Laura Spinney utilise les mots des autres. Ce qui ne l’empêche en rien de resterl’auteur. Lausanne, ville européenne ? Certes mais combien de villes comptent-elles un vignoble au cœur du quartier le plus huppé ? Où peut-on s’entretenir avecle directeur d’un projet scientifique en compétition pour obtenir un milliard d’eurosde la Commission européenne ? Et où entend-on une Chinoise émigrée dire « LesSuisses pour moi sont un peu comme des anges ». Malgré ou peut-être à cause de ladiversité des témoignages, le livre refermé, persiste l’image d’une ville discrète audestin exceptionnel que seule une anglaise s’est donné la peine d’explorer. LE TOP 3 DE WORKLean In Le Déni français 60 milliards d’économies !« Pourquoi si peu de femmes leaders ? » La correspondante à Paris de The Un rapport secret de l’inspection dess’interroge Sheryl Sandberg, directeur Economist, Sophie Pedder a dressé un finances a dressé la liste des économiesd’exploitation de Facebook et l’une des réquisitoire accablant de la culture éco- possibles pour redresser la France. Maisfemmes les plus influentes des Etats- nomique française. Avec quelques dé- pour connaitre le coût d’un service pu-Unis. Pourquoi succès professionnel et monstrations saisissantes. Dont celle qui blic et le comparer, notamment en ma-capital sympathie sont-ils compatibles explique en détail comment la protec- tière d’éducation, on se heurte à un mur.pour les hommes et antithétiques pour tion de certains salariés génère précari- Agnès Verdier-Molinié, directrice deles femmes ? Les femmes sont sou- té et chômage pour d’autres salariés. En l’iFRAP, estime qu’a l’heure où l’onvent les pires adversaires de leur propre fait fuir les investissements domestiques exige des contribuables de renflouer lescause. Bourrées d’idées préconçues et et étrangers susceptibles de créer de déficits publics, l’examen des donnéesd’angoisses, elles rechignent à s’imposer l’emploi. L’édition préliminaire de The publiques serait passionnante… respon-ou simplement à se faire entendre. Sheryl Economist, publiée le 31 mars 2012 sur sable et citoyenne. Mais les trois pou-Sandberg leur recommande de cesser de le thème de la France in Denial, a sou- voirs qui les détiennent – administra-s’auto-saboter. Une remise en cause mal levé l’indignation du monde politico-mé- tion, élus et syndicats – ne jouent pas la vue des suffragettes. diatique en France. transparence. Lean In : Women. Work, and the Will Le Déni français. Les Derniers 60 milliards d’économies ! oui, mais tous to Lead, Sheryl Sandberg Enfants gâtés de l’Europe, Sophie Pedder les ans, Agnès Verdier-Molinié Albin Michel, mars 2013 Eburry Press, mars 2013, anglais Lattès, sept. 201240 — W O R K # 0 2 —

Quand le t e n d anc e shigh-tech adu style… Baladeur chicLe dilemme est enfin résolu : Enceinte mortellenul besoin de choisir entre technicitéet design. Toujours plus à la pointe,les fabricants rivalisent d’imaginationpour réconcilier geeks et esthètes. par gaëlle sinnassamyLa mémoire de StarkPlein les oreilles Du son grave 1. Système audio Beolit 12, Bang & Olufsen, 850 fr. www.beoplay.com 2. Enceinte audio Aeroskull, Jarre technologies, 490 fr. www.jarre.com 3. Disque dur dessiné par Stark, Lacie, 445 fr. www.lacie.com. 4. Souris en titane, Intelligent design, 490 fr. www.intelligent-design.nl 5. Caisson de basse sans fil, Sonos, 850 fr. www.sonos.com 6. Casque, Sol Republic, 249  fr. www.solrepublic.com — WORK #02 — 41

t e n d anc e sProfession :fashionistaDe la Dircom folle de tendance à la gérantede portefeuille obstinément classique enpassant par la créa déjantée, à chaque métier,son uniforme. Tour d’horizon des optionsde l’heure pour les fans de mode. par gaëlle sinnassamy Com’rock 1. Veste Seersucker rayée, 1 495 fr., pantalon assorti, 1095 fr., t-shirt en jersey de coton doux, 375 fr., Burberry Prorsum 2. Top noir à fines bretelles, 49,90 fr., H&M 3. Escarpins Fifi Spikes, veau noir et clous argent, 995 fr., Louboutin 4. Montre Première, boîte, bracelet chaîne et fermoir acier,laqué noir 22 mm, étanchéité 30 mètres, 3 720 fr., Chanel 5. Sac symbole crâne, cuir de veau gris, 690 fr., Rita & Zia 6. Bracelet Juste un clou, or gris et diamants, 11 000 fr., Cartier 7. Veste navy en soie imprimée bandana, 415 fr., The Kooples Sport42 — W O R K # 0 2 —

1. Robe impression zigzag, 295 fr., Karen Millen t e n d anc e s2. Montre La Mini D, 19 mm, boîtier acier, lunette et couronne serties de Arty show diamants, cadran en nacre noire du Vietnam, bracelet en chevreau verni orange fluo, mouvement quartz, 4 250 fr., Dior horlogerie3. Veste Gea, jersey brossé et verni, 605 fr., Montcler4. Sandales Glad, toile de coton et veau nappa, 970 fr., Hermès5. Sac cartable en PVC, 219 fr., LacosteClasse business 1. Chemise en soie col mao, 180 fr., pantalon en coton, 250 fr., ceinture chaînette, 80 fr., Gérard Darel 2. Montre Linéa blanche, acier, 27mm, bracelet agneau interchangeable, édition limitée, 1 800 fr., Baume & Mercier 3. Pochette Gatsby exotique, 340 fr., Longchamp 4. Chemise esprit pyjama, 100 % soie, 185 fr., Eric Bompard 5. Souliers Magic Square d’Orsay pump, 740 fr., Louis Vuitton — WORK #02 — 43

t e n d anc e sBeauté du temps Des adresses utiles pour des soins qui durent et une beauté qui ne subit pas le temps. par béatrice fichot*offert sur la Couleur non-stop pose des extensions Au PureFishSpa, à part la beauté des pieds, c’est aus- si aux mains que l’on pense. La nouvelle technologie gelcolor fait partie des prestations du spa. Un choix infini de couleurs - avec des teintes de la marque OPI ou Harmony Gelish - une brillance extrême et une tenue de plusieurs semaines sans retouche, voilà de quoi faire rêver. Un soin qui ravira les flemmardes du petit pinceau ! PureFishSpa Gelcolor, 50 fr., Galerie « Les Portes St François », Place Saint-François 1, 1003 Lausanne, 021 312 00 86, www.purefishspa.ch * Uniquement sur présentation Chanel Adieu rasoir de Work ou Profil date Coco Mademoiselle, eau de Le laser, c’est bien connu, est LA de validité jusqu’au 31 août 2013 parfum, 200 ml., 295 fr. révolution pour celles qui désirent arrêter de jeter leur bic à la poubelle Cils d’enfer — WORK #02 — après une semaine. Sourcils, jambes, maillot, aisselles, tout est possible.Qu’on veuille étoffer ses cils ou sim- On retrouve une peau sans poil etplement donner une touche de « je- lisse après 6 à 7 séances et dès la pre-ne-sais-quoi » au regard sans trop mière séance des résultats sont déjàd’effort quotidien, le spa enchanteur visibles. Un bon moyen de se débar-des 3 Princes à ce qu’il vous faut. rasser de sa pilosité tout en prenantEntre 60 et 120 minutes, les poses de soin de sa peau, car oui, le laser amé-cils dépendent de la demande : exten-sion à la poudre d’or ou de diamant, liore également sa qualité !glamour, effet mascara ou naturel.Un choix et des possibilités sédui- Forever Laser Institutsantes, pour un regard ravageur qui 56 rue du Rhône, 1204 Genève, dure trois semaines. 022 319 09 60, www.forever-beauty.com Spa Les 3 Princes Extension des cils, rue de l’Athénée 44, 1206 Genève, 022 347 44 44, www.les3princes.com44

t e n d anc e s Vanity ExpressOn prend ses cliques et ses claques mais on n’oublie pas ses essentiels beauté. Ils ne quitteront plus votre salle de bain et vous suivront partout. par béatrice fichot Evasion Sur les rives du Lac de Cômes, dans l’Ita- lie romantique et sauvage. La bergamote, le citron et le magnolia se mélangent et créent une fragrance qui laisse dans son sillage toute la fraîcheur et la sensualité d’un après-midi printanier. Lady Acqua Di Parma Acqua Nobile Magnolia, eau deL’orange pétille, le cœur de jasmin, de rose etles subtilités du patchouli confient à ce parfum toilette, 125 ml, 200 fr.l’élégance et la fraîcheur de la femme. Une at-titude qui ne quitte pas le corps de celle qui Coup de pouce porte Coco Mademoiselle. L’association d’enzymes brevetés et les pep- tides contenus dans ce flacon promettent d’ef- Chanel facer les traces laissées par le soleil et autres Coco Mademoiselle, eau de facteurs agissant sur le visage. On retrouve une peau plus lisse et les rides estompées. parfum, 200 ml., 295 fr. Clinique Actif Repairwear Laser Focus, concentré correcteur ride et réparateur UV, 30 ml., 86 fr.Rien de mieux pour affiner sa silhouette etdompter les capitons qu’une crème-gel qui agitefficacement sur la combustion et la dégrada- tion des graisses. Un régal pour la ligne. Shiseido Advanced Body Creator, perfecteur concentré minceur, 200 ml., 81 fr. — WORK #02 — 45

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Le magazine des femmesqui osent la différence. — c u lt u r e - t e n d a n c e s - l u x e — www.profilmag.ch


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