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Published by AGEFI, 2016-02-22 04:37:31

Description: Juin 2015
Gestion alternative

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INDICESJuin 2015 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°06 | Gestion alternative Entretien La politique de la BNS accentue le risque systémique de la place financière suisse Yves Mirabaud Association de banques privées suisses PAGE 18 Le Thème Gestion alternative Réorientation cruciale face à l’instabilité des marchés Les valorisations élevées et l’inquiétude persistante impliquent une révision significative de l’allocation d’actifs  p.6à16 Jean-Damien Marie / Ulrich Keller / Bernard Hechinger / Babak Abrar / Nicolas Roth / Pascal Mischler / Steeve BrumentAleksandar Ivanovic / Vaqar Zuberi / Hubert Pawlak / Giovanni Staunovo / Thierry Amy / Peter Hensman / Laurent Spierer / Dominik Weber IL EST TEMPS DE PRIVILEGIER UNE APPROCHE PLUS DURABLE De nos jours, la complexité des marchés met les investisseurs à l’épreuve. En Suisse, ils sont 61% à être tiraillés entre la recherche de rendement et la protection de leur capital*. Notre solution : Durable Portfolio Construction®. Une philosophie d’investissement qui prend en compte le risque et permet aux investisseurs de prendre des décisions avisées afin d’optimiser leurs rendements. Pour en savoir plus, rendez-vous sur durableportfolios.com.*Natixis Global Asset Management, étude internationale sur l’investissement des particuliers, février 2015. Etude réalisée auprès de 7000 investisseurs dans 17 pays.Natixis Global Asset Management définit Durable Portfolio Construction comme une stratégie d’investissement qui vise à produire des rendements réguliers sur le long terme par la gestion des risques, la gestion de la volatilité et lerenforcement de la diversification. Les retours sur investissement ne sont pas garantis. Distribué en Suisse pour les investisseurs qualifiés par NGAM, Switzerland Sàrl. Siège social : Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse.NGAM, Switzerland Sàrl est une unité de développement de Natixis Global Asset Management S.A., filiale de Natixis S.A., la société holding d’un ensemble mondial de sociétés de gestion et de distribution spécialisées. ADINT60-0415ADINT60-0415 Switzerland Brand Ad Agefi April 2015_F.indd 1 4/10/15 3:22 PM

PAGE . Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeÉditorial En attendant la hausse des tauxAprès avoir accumulé les records, les marchés Aussi, en l’absence de signes d’inflation et alors chés restant étroitement corrélés. Cet environne-sont entrés ces dernières semaines dans une que l’appréciation du dollar freine la reprise, le ment instable, de plus en plus gagné par la nervo-phase d’hésitation, d’indécision, d’agitation. FMI recommande à la banque centrale améri- sité, où le fait d’investir dans les actifs sans risquesC’est que les incertitudes s’accentuent et pèsent caine de ne pas relever ses taux avant le premier ne rapporte plus rien voire revient à perdre dede plus en plus sur la tendance des différentes semestre 2016. Mais que le mouvement soit en- l’argent, pousse les investisseurs vers des solu-classes d’actifs. Incertitudes géopolitiques liées clenché dès septembre prochain, comme le pen- tions alternatives. L’immobilier, qui représenteau bourbier grec, à la situation en Russie et en sent certains, ou en 2016, comme le demande le l’une des rares possibilités d’investissement pré-Ukraine, aux risques exacerbés au Moyen-Orient FMI, les investisseurs ont tout intérêt à s’y prépa- sentant un haut niveau de sécurité et un rende-ou dans certaines parties de l’Afrique. Incertitu- rer. Car, qu’on le veuille ou non, ce changement ment correct (p. 16). Les hedge funds, qui tirentdes macroéconomiques avec d’inquiétants signes d’environnement après plusieurs années de taux généralement parti de la volatilité élevée et de lad’essoufflement de la croissance mondiale et une presqu’à zéro va bousculer l’évolution des mar- dispersion dans les performances (p. 6).reprise américaine moins forte que prévu. Incer- chés, dont le comportement est du reste souvent Reste que le cash peut aussi se révéler rému-titudes surtout concernant la politique monétaire imprévisible et les réactions disproportionnées. nérateur. En effet, dès que le mouvement dede la Fed, à savoir quand Janet Yellen va relever Les fluctuations erratiques actuelles reflètent déjà hausse des taux sera enclenché et que les marchésses taux d’intérêt, à quel niveau et à quel rythme. un réel sentiment d’inconfort et de méfiance des reviendront à la normalité, les investisseurs quiCette problématique est certainement la question investisseurs. auront su se montrer patients auront d’intéres-essentielle qui va dicter l’orientation des marchés Dans tous les cas, la cherté des placements obli- santes possibilités pour placer leurs liquidités.dans les semaines et les mois à venir. gataires et des marchés actions incitent à laLe Fonds Monétaire International a révisé en plus grande prudence. Il ne faut pas s’y trom- Danielle Hennardbaisse ses prévisions de croissance pour l’écono- per, même si les injections de liquidités de la Rédactrice en chefmie américaine à 2,5% en 2015 et 3% en 2016 Banque Centrale Européenne apportent un grand(au lieu des 3,1% attendus pour les deux années) soutien aux actions, en particulier européennes, [email protected] estime que l’objectif de 2% d’inflation de la un revirement de tendance aux Etats-Unis seraitFed ne sera pas atteint avant le milieu de 2017. inévitablement suivi par la zone euro, ces mar-Sommaire du 29 juin 201504. ENtretien. Lionel Pilloud, Vontobel, 12. L’avenir est toujours prometteur pour les d’intérêt négatifs et marché immobilier.«Nous ciblons à Genève la clientèle locale stratégies CTA de suivi de tendances. Steeve Brument Laurent Spierer, CGi Immobilier || L’immobilier deet le Moyen-Orient» Candriam Investors Group || Fonds UCITS: accès rendement toujours plus cher malgré des loyers réglementé aux stratégies alternatives. en baisse. Dominik Weber, directeur de Immofonds05. Chronique. Marchés artificiels 17. Prévoyance: les taux d’intérêt négatifs vont-ilset manipulés. François-Serge Lhabitant Aleksandar Ivanovic, Morgan Stanley entraîner une baisse des rentes? Olaf Meyer, Profond 17. cybersécurité. Le chemin se trace06. Les hedge funds intéressent de plus 13. Dynamique propre aux marchés émergents. en marchant. Solange Ghernaouti, Swiss Cybersecurityen plus les investisseurs. Jean-Damien Marie Advisory & Research Group, HEC Lausanne Vaqar Zuberi, Mirabaud Asset ManagementPictet Alternative Advisors 18. Entretien. Yves Mirabaud, Président de 13. Marchés. La procyclicité a de très beaux jours l’ABPS. La politique de la BNS accentue le risque08. Stratégies global macro: un regard neuf devant elle. Philippe Schindler, Blue Lakes Advisors systémique de la place financière suissesur des modèles de rendements uniques. Ulrich Keller 20. Leadership. Il est si facile de faire échoueret Bernard Hechinger, Credit Suisse || Le portefeuille 14. Le marché des produits agricoles est toujours un collaborateur. Daniel Held, PI Managementpensé pour durer. Babak Abrar, Natixis Global AM à la recherche d’un plancher. Giovanni Staunovo 21. Pour que les entrepreneurs développent de vraies compétences commerciales. Pascal Bourgier,09. Normes AIFMD: la nouvelle donne UBS Wealth Management GENILEM || Brasserie Docteur Gab’s: fort potentielréglementaire en Europe. Nicolas Roth, Groupe Reyl pour l’entreprise romande. Didier Planche, GENILEM 14. En Droit. Matières premières 22. Livres par HEG Arc10. Nouveaux horizons de l’alternatif liquide et contrôle des positions nettes.Pascal Mischler, co-directeur de Goldman Sachs Asset Thierry Amy, BCCC Avocats Lausanne/GenèveManagement Suisse 15. Où s’arrêtera la chute des cours du pétrole:10. Opinion. L’économie suisse face à des vents à 20 dollars le baril? Peter Hensman, Newtoncontraires François Savary, Banque REYL & Cie Investment Management (BNY Mellon) 16. La relation complexe entre taux CREATED TO PERFORMBEAUCOUP PRÉTENDENT CERTAINSÊTRE PERFORMANTS... LE PROUVENT ! Banque SYZ SA Genève | Zurich | Lugano | Locarno www.syzgroup.com

LYXOR A SÉLÉCTIONNÉ POUR VOUSLES EXPERTS EN UCITS ALTERNATIFS6 GÉRANTS ALTERNATIFS LA PLATEFORME EN PLUS PIONNIER DANS LAEXPERTS DANS LEURS FORTE CROISSANCE AVEC SÉLÉCTION DE FONDSSTRATÉGIES RESPECTIVES PLUS D’1 MDS $ D’ACTIFS* DEPUIS 1998Corsair Capital1 LyxorStratégie \"Long/Short Equity\" US Stratégie CTA - Suivi de tendancesCanyon Capital2 Winton Capital4 Tiedemann InvestmentStratégie Event-Driven Stratégie CTA Group5 - Suivi de tendances Stratégie Arbitrage de Capricorn Capital3 Stratégie \"Long/Short Equity\" Fusions-Acquisitions Marchés ÉmergentsLa Plateforme Alternative UCITS de Lyxor est le résultat de plus de 17 ans d’analyse et de sélection des experts de la gestion alternative, considérant l’expérience dugérant, les vecteurs de performance, la structure opérationnelle et le processus de suivi des risques. Vous pouvez désormais accéder à ces gérants alternatifs au formatUCITS réglementé. En contrepartie, la réglementation UCITS impose aux gérants de ces fonds des contraintes en matière de liquidité, de diversification du portefeuille et delevier, ne leur laissant donc pas autant de souplesse dans leur stratégie comparativement à un autre cadre moins réglementé. Pour en savoir plus, contactez nos spécialistes :[email protected] ou rendez-vous sur : lyxor.comCes produits présentent un risque de perte en capital. Leur valeur de remboursement peut être inférieure au montant de l’investissement initial. Dans le pire des scenarii, lesinvestisseurs peuvent perdre jusqu’à la totalité de leur investissement.1Corsair Capital Management LP 2Canyon Capital Advisors LLC 3Capricorn Capital Partners UK Limited 4Winton Capital Management Limited 5 TIG Advisors LLC CHERCHER LA PERFORMANCE DANS TOUS LES MARCHÉS ETF & GESTION INDICIELLE • GESTION ALTERNATIVE & MULTIGESTION • PERFORMANCE ABSOLUE & SOLUTIONS*Source : TOP 10 de la plateforme UCITS par HFM Week (Déc. 2014) ; Données au 31 mars 2015En raison de restrictions réglementaires, ces organismes de placements collectifs (« Fonds ») ne sont pas autorisés à la commercialisation dans tous les pays. Ces Fonds sont conformes aux dispositions de la directive OPCVM (2009/65/CE). Chaque Fonds est un compartiment d’une SICAV irlandaise autoriséepar la Central Bank of Ireland. Lyxor Asset Management (« LAM ») recommande de lire attentivement la rubrique « Profil de risque » de la documentation juridique du fonds (prospectus, supplément et DICI). Le prospectus et le supplément en anglais, ainsi que le DICI en français, peuvent être obtenus gratuitementsur www.lyxorfunds.com ou auprès de [email protected]. Aucun des gestionnaires financiers par délégation mettant en œuvre sa propre stratégie de gestion dans un Fonds Lyxor (les « Gestionnaires ») n’endosse de responsabilité pour (i) l’exactitude ou l’exhaustivité du contenu de ce document, (ii) lesdéclarations qu’il contient, et/ou (iii) la performance des Fonds Lyxor concernés. LAM et chaque Gestionnaire déclinent toute responsabilité pour tout dommage direct ou indirect, y compris une perte de profit, subi par le lecteur de ce document ou un tiers. Chaque Gestionnaire n’est ni responsable, ni impliquédans la commercialisation, la distribution ou la vente des Fonds ou dans le respect de la réglementation y afférente ; et aucun tiers n’est autorisé à faire de déclaration concernant un quelconque produit ou service du Gestionnaire concerné dans le cadre de la commercialisation des Fonds. Ce document estpublié en France par Lyxor Asset Management, société par actions simplifiée, ayant son siège social au 17, Cours Valmy, Tour Société Générale, 92800 Puteaux, France, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Nanterre sous le numéro 418 862 215 et est une société de gestion de portefeuilleautorisée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’attention de l’investisseur est attirée sur le fait que le prospectus et le supplément ne sont disponibles qu’en version anglaise, comme l’autorise la réglementation en vigueur.

PAGE . Indices | | Juin 2015 | EntretienLionel Pilloud«Nous ciblons à Genève la clientèlelocale et le Moyen-Orient »Directeur de Vontobel à Genève, Lionel Pilloud évoque le positionnement de la banque qui privilégie aujourd’hui la clientèle locale et certains pays du golfe Persique. Vontobel s’est aussi fortement profilée sur le marché américain où elle se situe comme la troisième banque suisse. Il s’agit également du seul établissement à avoirouvert ces dernières années une banque aux Etats-Unis. Pour ce qui estde l’Europe, la majorité des clients de l’établissement étaient déjà fiscaliséset il n’y a pas d’exode, souligne le responsable.Comment abordez-vous le contexte nouveau créé par la fin du secret bancaire?En 2008 déjà, la banque a pris le pari de se focaliser sur les Etats-Unis et des’occuper des clients américains. Nous sommes désormais le troisième plusgrand acteur suisse sur ce marché. Dans le cadre de l’accord entre le Dé-partement fédéral des finances et le Department of Justice, la banque s’estrangée en catégorie 3, c’est-à-dire parmi les établissements qui n’ont pasmis en place une stratégie active pour démarcher des clients non fiscalisés.En Suisse, nous avons une entité à Zurich et un groupe à Genève pour s’oc-cuper de la clientèle américaine. Nous sommes aussi la seule banque suisseà avoir ouvert, ces dernières années, une banque sur territoire américain, àDallas. C’est un choix stratégique. Pour ce qui est de l’Europe, la majoritédes clients étaient déjà fiscalisés et il n’y a pas d’exode. Les bonnes décisionsdu passé nous permettent d’administrer 190 milliards de francs d’actifs.Qu’est-ce qui fait la spécificité de Vontobel?Il ne reste plus beaucoup de banques privées en mains familiales. C’estnotre cas: les familles Vontobel et la fondation d’utilité publique Vonto-bel détiennent la majorité des voix dans le cadre d’une société cotée. Pourles clients, cela représente un gage d’engagement et de responsabilité trèsappréciable.Si la banque conserve un caractère familial suisse, les clients viennentde tous horizons?En Europe, les principaux marchés sont l’Allemagne, où nous avons uneprésence dans chaque grande ville, le Royaume-Uni et l’Italie. A Genève,on est très ciblé sur la région. Genève est un segment important du mar-ché national de Vontobel, et constitue un «hub» pour les clients du Moyen-Orient.Le Moyen-Orient n’est-il pas un marché risqué en termes de compliance. Lionel Pilloud. Directeur de Vontobel à GenèveComment se faire une idée du profil du client si l’on ne parle pas arabe? 1986 Fait son entrée dans le monde bancaire à l’UBS de Vevey pour obtenir son CFCLes collaborateurs qui travaillent avec cette clientèle au sein de nos équipes en 1989. «A l’époque, l’UBS était l’employeur de référence pour la qualité de laparlent non seulement la langue mais sont aussi des spécialistes de cette ré- formation. C’était une vraie opportunité de travailler pour eux», se souvient-il.gion, dont ils connaissent les enjeux politiques et économiques. On ne peut 1996 Entreprend des études à la HES de Lausanne qu’il achèvera en 1999.pas accepter de servir un client si on ne comprend pas ce qu’il fait. 1999 Entre chez Pictet & Cie à Genève, «pour connaître le monde de la banque privée chez un employeur prestigieux».Cela signifie que vous devez vous concentrer sur certains marchés... 2001 Une rencontre oriente son destin: on lui propose de lancer et de développer l’offre de conseil et de vente des produits structurés de Vontobel en Suisse En effet ces marchés sont très spécifiques et nous nous concentrons sur des romande. L’idée de créer une activité en partant de zéro le séduit.destinations cibles: Arabie Saoudite et Emirats. Aujourd’hui, on doit être 2003 Parallèlement à la poursuite de ses activités chez Vontobel, il obtient très vigilant sur l’origine de la fortune. Cela était déjà le cas par le passé, son diplôme d’analyste financier et gestionnaire de fortune (CIIA).mais on le fait de manière plus rigoureuse encore.Êtes-vous actifs sur l’Afrique subsaharienne?Non. Certaines banques se délestent de ces clients, d’autres les accueillent.En revanche, Vontobel Private Banking a une entité à Hong Kong depuisune année qui couvre l’Asie depuis cette localisation stratégique, avec desemployés recrutés localement qui collaborent avec Zurich.Pourquoi un client européen fiscalisé vient-il encore en Suisse? Je pense par et une partie importante de la clientèle est basée dans la région.exemple à l’Italie qui a des exigences très complexes en matière de déclarationpour les italiens qui détiennent des comptes hors UE... Un environnement déclaré ne se prête-t-il pas au développement du e-banking et des fintechs?La Suisse est un pays politiquement stable, avec des compétences qui ne setrouvent pas facilement à l’étranger. Allez demander aux Etats-Unis qu’on C’est un facteur important: le monde est désormais connecté. Jusqu’à il yvous gère de manière active un compte en francs suisses ! Par rapport aux a peu, nos clients ne l’étaient pas. Dans le private banking, c’est seulementclients italiens, on a développé tout un réseau pour répondre à leurs deman- maintenant que ce virage est en train d’être pris. Nous élaborons des outilsdes. Mais c’est un marché géré à partir depuis Zurich. très sophistiqués pour pouvoir être en ligne avec nos clients très fortunés. Nous avons développé une plateforme de produits en ligne qui permetLes compétences de la Suisse n’expliquent pas tout. L’intérêt des clients aux clients de bénéficier d’offres sur des produits provenant de six banquesétrangers n’est-il pas aussi attribuable aux velléités exprimées dans le cadre différentes. Nous venons également de sortir une application iPad qui leurdu FMI de prélever au besoin 10% des avoirs des clients pour financer la dette donne un accès direct à leur compte, à la performance, aux études: nousdes Etats? avons en effet la recherche primaire sur les sociétés suisses la plus dévelop- pée du pays. L’e-banking existe certes au niveau du retail pour les clientsC’est une partie de la réflexion. Une telle ponction a été effectuée à Chypre. des grandes banques, mais pas au niveau du private banking. Cette lacuneCette éventualité et la stabilité de la Suisse jouent un rôle dans la méfiance est maintenant comblée. à l’égard d’autres pays, donc dans le choix de la Suisse. On peut observer ces  Propos recueillis par Mohammad Farrokhcraintes chez certains clients: ils se disent que ce qui s’est déjà produit peutarriver de nouveau ailleurs. Mais ce n’est pas un sentiment partagé par lamajorité des clients. Par ailleurs, nous sommes une banque suisse à Genève,

PAGE . Indices | | Juin 2015 | La Chronique de François-Serge LhabitantMarchés artificiels et manipulésEnfin une bonne nouvelle ! Les obligations ment plus là. Plus de liquidité... Cela vous rap- assez solides pour se porter acheteur face à un telIl est fort probable que la crise pourries se pelle-t-il quelque chose? Pour les investisseurs à tsunami. Reste l’acheteur habituel pour les actifsfinancière qui se prépare depuis chiffrent long terme qui n’ont pas besoin de liquidité au pourris: les banques centrales. A mon avis, leurs2007 touche à sa fin dans les en milliers jour le jour, cela signifie un surplus de rende- bilans sont trop petits pour accueillir autant detrois à cinq années qui viennent. de milliards. ment. Pour les autres, un désastre. titres de dette. Il sera bien plus simple de restrein-Car tous les ingrédients sont Pour ne rien arranger, la taille du marché des dre les sorties, d’imposer des «gates» et autres li-réunis pour que l’abcès soit obligations pourries est colossale. On parle cette mites, voire même d’interdire les ventes de ceenfin crevé. fois-ci en milliers de milliards détenus par des in- type d’actifs. A moins qu’on ne les restructure en vestisseurs à court terme sans aucune expérience obligations zéro-coupon perpétuelles? Après tout,Depuis 2007, la taille agrégée des de cette classe d’actifs, parfois même sans aucune quoi de plus naturel dans des marchés obligatai- bilans des banques centrales conscience des risques encourus. Aux premiers res de plus en plus artificiels et manipulés?  a plus que triplé, tant dans les frémissements, à la première baisse, les ordres de pays émergés que dans les pays vente vont affluer. Aucune banque, aucune so- François-Serge Lhabitant est Professeur de Finance à l’EDHEC Busi- émergents ou submergés. Pour ciété d’assurance, aucun hedge fund n’a les reins ness School. L’article ne reflète que les vues personnelles de l’auteur. certains, ce sont des accumula-tions de réserves de change qui expliquent cette Pour certains un taux d’intérêt bas.propension à l’embonpoint. Pour d’autres, c’est Pour nous, une opportunité del’échec du canal traditionnel de transmission de pro ts durables.la politique monétaire (agir sur les taux d’inté-rêt) et son remplacement, graduel ou brutal, par Le marché obligataire est, de nos jours, marqué PIMCO GIS INCOME FUNDdes programmes d’achats d’actifs à grande échel- par des taux d’intérêts bas et une volatilitéle. Pour d’autres encore, c’est la défense d’un élevée. Dans ce contexte, la tentation est grande ISIN: IE00BJMZC096 Valor: 23619091cours de change plancher qui peut être montrée de mettre en jeu la préservation du capital à longdu doigt. terme au profit de rendements à court terme. Classe de distribution E Retail CHF (Hedged)Depuis 2007, la taille du marché des obligationspourries d’entreprises – ou obligations d’entre- Le fonds d’investissement PIMCO GIS Income Performance Fonds (net de frais) Indice de référenceprises pourries, parfois pudiquement appelées procède d’une approche différente. Par le«obligations à haut rendement» – a plus que dou- biais d’une gestion de risques stricte et d’une 7blé. La aussi, les coupables sont faciles à identi- stratégie globale en matière de placements, lefier. Les investisseurs à la recherche de revenu ne fonds vise des profits durables dans le cadre 6 Rendement (%)trouvent plus leur bonheur dans des obligations d’une croissance du capital à long terme. Notre 5souveraines. Ils sont donc devenus acheteurs de succès passé apporte la preuve de l’efficacité dedette d’entreprises de piètre qualité, même si elle cette méthode. 4était maigre en coupons. Leur forte demande aattiré des débiteurs qui auraient normalement Le fonds se prête en particulier à des 3 investissements de prévoyance vieillesse ou desLes obligations pourries placements à long terme. 2se chiffrent en milliersde milliards. Les ordres Vous trouverez de plus amples informations 1de vente vont affluer dès concernant le fonds d’investissement PIMCO GISla première baisse. à l’adresse suivante: switzerland.pimco.com/ 0 income/fr.dû faire faillite, mais qui ont réussi à repousser Depuis la création 1 ans Depuis début -1de quelques années leur enterrement en émet- (18 fév. 2014) 2015 -2tant de nouvelles dettes pour refinancer l’ancien-ne. D’ou statistiquement des taux de faillites très Données au 30 avril 2015. Source: PIMCObas, ce qui encourage de nouveaux investisseurs La performance passée n’offre aucune garantie ou ne constitue en aucun cas un indicateur fiableà devenir eux aussi acheteurs. Le résultat: depuis de l’évolution des performances actuelle et future.2007, la part des obligations pourries d’entre- Les périodes de plus d’un an sont annualisées. Les indications de performance portant la mention « netteprises détenues par des petits investisseurs, des de frais » prennent en compte le taux réel de la commission de conseil et non les droits de garde. Lesfonds de placements ou autres exchange traded indications de performance ne tiennent pas compte des commissions et frais perçus lors de l’émission oufunds à liquidité quotidienne a plus que doublé, du rachat des parts.alors que les détenteurs habituels de ces actifs(assurances, banques, hedge funds, etc.) s’en dé- Gestionnaires du fonds: Daniel Ivascyn, Alfred Murata Tous les deux ont été notés « AAA » par Citywire pour leurtournent de plus en plus. performance ajustée du risque à trois ans (du 31 mars 2012 au 31 mars 2015).Depuis 2007, la capacité des banques à prendredes risques a été divisée par plus de dix, grâce à la Les présentes informations sont fournies à titre purement indicatif. Elles ne constituent ni une offre de vente, ni une invitation ou une offre en vue de l’achat de parts des Global Investors Series Funds. Lespression exercée par les autorités de réglementa- investisseurs doivent préalablement lire avec attention le Prospectus de vente ainsi que le Document d’information clé pour l’investisseur. Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Touttion pour réduire la taille de leurs bilans, imposer investissement comporte des risques et peut perdre de sa valeur. Rien ne garantit que la stratégie d’investissement présentée ici puisse être utilisée avec succès dans toutes les conditions de marché ni qu’elle soitdu capital réglementaire et surtout, interdire ou adaptée à tout type d’investisseur.dramatiquement réduire les activités de négocepour compte propre. Malheureusement, avec un Le pays d’origine de l’Income Fund, compartiment de la société PIMCO Funds: Global Investors Series plc, est l’Irlande. Le Prospectus, le Document d’information clé pour l’investisseur, l’Acte constitutif et leseffet collatéral indésirable: une forte chute de la Statuts ainsi que les rapports annuels et semestriels sont disponibles gratuitement auprès du représentant en Suisse. En Suisse, le représentant et agent payeur est BNP Paribas Securities Services, Paris, succursaleliquidité sur certains marchés, comme par exem- de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich.ple celui des obligations pourries. Car histori-quement, quand une petite dislocation de prix se PIMCO (Suisse) Sàrl (n° d’enregistrement en Suisse CH-020.4.038.582-2), Brandschenkestrasse 41, 8002 Zurich, Suisse. Les services proposés par PIMCO (Suisse) Sàrl ne s’adressent pas aux investisseursproduisait, les détenteurs à long terme ne bou- privés, auxquels la présente communication n’est d’ailleurs pas destinée. Ils doivent consulter leur conseiller avant de prendre toute décision d’investissement. PIMCO est aux Etats-Unis et ailleurs une marquegeaient pas et les banques se portaient temporai- ou marque déposée d’Allianz Asset Management of America L.P. THE NEW NEUTRAL et YOUR GLOBAL INVESTMENT AUTHORITY sont aux Etats-Unis et ailleurs des marques ou marques déposées de Pacificrement acheteuses des titres tombés en disgrâce, Investment Management Company LLC. © 2015, PIMCO.assurant la liquidité du marché. Aujourd’hui, cen’est plus le cas. Si les flux devaient s’inverser, lesacheteurs traditionnels ne seraient tout simple- XXXXX_09_PIMCO_2015_GIS Income Fund_French 246x186_Indices.indd 1 05/05/2015 17:18 MASIUS File name:XXXXX_09_PIMCO_2015_GIS Income Fund_French 246x186_Indices Publication: Indices magazine Client:PIMCO Size: 246x186mm

PAGE . Indices | | Juin 2015 |Le thème Gestion alternative po Tliatiuqxueds’imntoénrêéttaeixrtersênmoenmoernthtobdaosxeets favorisent les stratégies alternatives.Jean-Damien Marie, Head of Business Development Pictet Alternative AdvisorsLes hedge funds intéressentde plus en plus les investisseursL es investisseurs se trouvent aujourd’hui face à un environne- aujourd’hui des trajectoires différentes: tandis marché affectant les hedge funds, tentons d’es- ment de marché totalement excep- que le Japon et l’Europe ont à leur tour engagé quisser les perspectives pour certaines stratégies. tionnel. Pas moins de vingt-cinq des politiques monétaires non orthodoxes, la Les conditions pour les stratégies de trading dis- banques centrales ont annoncé FED a, quant à elle, mis fin à son programme crétionnaire global macro ou systématique CTA d’assouplissement quantitatif (QE). Ce nouveau demeurent selon nous favorables. Comme évo- une modification de leur politique paradigme a donné lieu à un regain de volatilité qué précédemment, les niveaux de volatilité semonétaire depuis le début de l’année. Côté taux sur les marchés des changes, des obligations et sont élevés, sur les marchés des changes en parti-d’intérêt, plus d’un quart de la dette émise par des actions, facteur favorable aux gestions acti- culier. De plus, de grandes tendances se sont éta-les gouvernements de la zone euro avait un ren- ves que sont les stratégies hedge funds. blies pour les devises et les actions, en raison desdement négatif à la fin avril (source: Bloomberg). L’accroissement de la volatilité et les situations politiques divergentes des banques centrales.La Banque nationale suisse a été la première à divergentes des grandes zones économiques ont Le nouvel épisode de hausse des taux américainsémettre, début avril, une obligation à 10 ans avec permis aux corrélations entre les classes d’actifs devrait en outre permettre aux gérants globalun taux négatif. Par ailleurs, les perspectives de de diminuer et de retrouver ainsi des niveaux macro de trouver des situations profitables. Lerendement sur les marchés actions, bien que ne proches de leurs moyennes historiques. risque principal pour ces derniers résidesuscitant pas un consensus fort, semblent modé- Après avoir évoqué les tendances générales de aujourd’hui dans le fait que leurs vues divergentrées pour les actions des pays développés. peu, leurs positionnements étant assez consen-Le rôle potentiel des investissements alternatifs COMPARAISON ENTRE RENDEMENTS suels. Les tendances établies sur de nombreuxoccupe par conséquent les réflexions des inves- marchés offrent des opportunités d’investisse-tisseurs qui ont traditionnellement compté sur Representative HF Portfolio 260 ment pour les stratégies systématiques CTA, lesles marchés obligataires et actions pour atteindre 240 rendant moins vulnérables aux retournements deleurs objectifs de performance. Libor +3% 220 tendance généralisés et rapides, observés ces der- Libor +5% 200 nières années lors des épisodes risk-on/risk-off. 180 Les opportunités pour les gérants axés surSi nous devions, de façon anecdotique, mesu- 160 l’analyse fondamentale apparaissent elles aussirer l’intérêt de ceux-ci, un bon indicateur serait intéressantes. Bien que les niveaux de valorisa-la valeur totale des actifs gérés dans les hedge tion des actions soient sujets à débat, les mar-funds. Au 31 mars 2015, les gérants de hedge 140 chés actions semblent actuellement davantagefunds étaient à la barre de plus de 2900 milliards 120 influencés par les fondamentaux des sociétés. d’actifs selon HFR. Ce chif- 100 La confiance des dirigeants d’entreprise est orien- fre dépasse largement le pic tée à la hausse, créant des conditions favorablesLe développement 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 à des transactions de fusion-acquisition, com-d’un certain nombre de 1800 milliards atteints Source: Pictet Alternative Advisorsde stratégies dans un avant la crise financière.cadre plus liquide est Bien qu’ils aient pu laisser AUGMENTATION DE LA VOLATILITÉ me l’atteste le rachat d’Alcatel par Nokia pourune solution attrayante auprès de certains publics des 16 milliards d’euros ou celui de la société d’ex- souvenirs mitigés en 2008, MOVE Index EVZ Index VIX Index 300 souvent en raison de phéno-pour les investisseurs. 250 ploration BG Group par Royal Dutch Shell pour mènes d’illiquidité, les hedge 200 47 milliards de livres au deuxième trimestre. Les funds semblent recueillir les 150 perspectives pourraient en revanche être moins suffrages d’un grand nombre favorables pour les stratégies distressed debt, les d’investisseurs. Il nous paraît 100 taux de défaut étant historiquement très bas endès lors opportun de tenter de comprendre cet 50 raison de l’abondance du crédit.intérêt. Si nous mettons en perspective la prime Les caractéristiques attrayantes des hedge fundsde rendement perçue au fil du temps par des por- 0 ne doivent pas faire oublier leur relative illiqui-tefeuilles investis par le biais de multiples straté- 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 dité, qui peut poser un problème à de nombreuxgies hedge funds, nous observons la persistance Source: Pictet Alternative Advisors investisseurs. Le développement d’un certaind’une surperformance de 3% à 5% par rapport nombre de stratégies dans un cadre plus liqui-à un investissement en liquidités. Bien qu’elle CORRÉLATION MOYENNE ENTRE CLASSES D'ACTIFS de, comme le format UCITS en Europe, pré-puisse paraître modeste, cette prime, stable au 0.7 sente cependant une solution intéressante pourcours du temps, éveille un intérêt marqué au SUR 12 MOIS ces derniers. L’univers des hedge funds UCITSregard des différentes options d’investissement comprend quelque 800 fonds, avec environdans l’environnement de marché actuel. 0.6 200 milliards de dollars gérés, et continuePlutôt que de nous tourner vers le passé, ten- 0.5tons de comprendre les facteurs qui pourraient 0.4 de s’étendre avec plus de 60 lancements rien 0.3 qu’en 2014 (source: Preqin). Cet univers offreinfluencer les performances des stratégies hedge 0.2 aujourd’hui une profondeur tout à fait raisonna-funds dans le futur. Ces dernières années, les ble pour effectuer une sélection parmi de mul-marchés financiers ont évolué dans un environ- 0.1 tiples stratégies. Il est à noter néanmoins que lenement relativement peu volatil, car dominé par 0.0 format UCITS ne permet pas de tirer profit del’action de la banque centrale américaine (FED). 99 01 02 04 05 07 08 10 11 13 14 certaines primes de risque alternatives pour desLes économies des pays développés connaissent raisons structurelles (liquidité, levier).  Source: Pictet Alternative Advisors

Fidelity Funds - Global Dividend Fund Le rendement par les dividendesFF - Global Dividend Fund, fonds d’actions internationales, est composé desociétés de qualité, qui offrent une croissance durable de leurs dividendes.L’analyse fondamentale rigoureuse « bottom up » de Fidelity et ses capacitésuniques de recherche aboutissent à un portefeuille concentré autour de50 titres.L’environnement de taux d’intérêt bas couplé aux bilans solides de nom-breuses entreprises, à même de générer des rendement stables, constituentun contexte propice aux fonds à dividendes. Le fonds FF - Global DividendFund dispose également de parts distribuant des revenus mensuels ou trimes-triels constituant ainsi une alternative très pertinente pour les investisseurs àla recherche de revenus réguliers. Pour en savoir plus, consultezwww.fidelity.chFidelity Funds - Global Dividend Fund (ISIN LU0772969993) fait partie de Fidelity Funds “FF“, une société d’investissement à capital variable de droit luxembourgeois (SICAV). Nous vous recommandons de vous informer soigneusement avant toute décision d’investisse-ment. Les performances passées ne donnent pas une indication fiable des rendements futurs. La valeur des actions, ainsi que les revenus dérivés des investissements, peuvent aussi bien diminuer qu’augmenter. De même, le remboursement de l’argent investi n’est pasgaranti. Tout investissement doit se faire sur la base du prospectus, du document d’informations clés pour l’investisseur et des rapports annuel et semi-annuel actuellement en vigueur, disponibles sur simple demande auprès de nos Distributeurs, de notre Centre de ServiceEuropéen à Luxembourg et de notre Représentant et Agent pour le service des paiements en Suisse: BNP Paribas Securities Services, Paris, succursale de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich. Fidelity fournit uniquement des informations sur ses produits et n’émet pas derecommandations d’investissement fondées sur des circonstances spécifiques. Pour les compartiments qui investissent dans certains marchés étrangers, la valeur des investissements est susceptible de varier en fonction des fluctuations des taux de change. Les opérationsde change sont effectuées par l‘intermédiaire d‘une Société membre du Groupe Fidelity à un taux de change déterminé globalement et peuvent donner lieu à un bénéfice pour ladite Société. Fidelity, Fidelity Worldwide Investment, le logo Fidelity Worldwide Investmentainsi que le symbole F sont des marques déposées de FIL Limited. Publié par FIL Investment Suisse AG agréée et réglementée en Suisse par l‘Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. CL14101102 / 041562_Fidelity_GDF_Agefi_Beilage_281x396mm_FR_2015_RZ.indd 1 12.06.15 21:54

PAGE . Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeStratégies global macro: un regard neufsur des modèles uniques de rendementLes gérants macro peuventcréer des modèles de rendement aux produits dérivés, l’utilisation flexible de L’environnement forte corrélation entre eux. Dans un contexte deattrayants en période de grands diverses classes d’actifs, une sensibilité aux pro- de hausse de marchés opérant un retour à la moyenne avecchangements dus aux politiques fits lors de la réduction des risques plutôt qu’une la volatilité baisse de la volatilité, le niveau de profits pou-monétaires divergentes liées sensibilité aux valorisations lors de la constitu- et de faible vant être dégagés est moindre, toutes choses étantaux écarts de croissance. tion de positions, et la recherche systématique de corrélation égales par ailleurs. profils convexes) expliquent pourquoi les straté- entre les De fortes corrélations entre les marchés ont pourUlrich Keller, Responsable et CIO Alternative Funds gies macro sont judicieuses dans des contextes marchés est effet de réduire les avantages de la diversificationSolutions, Bernard Hechinger, CFA, Responsable de rendements faibles et de cours boursiers éle- très favorable et de gommer les divergences fondamentales qui vés tels que nous les connaissons actuellement. aux stratégies devraient favoriser les transactions rentables. LesLTactical Strategies, Alternative Funds Solutions, Credit Suisse Bien que les fonds de placement individuels ne marchés se sont comportés récemment de cette e macro trading recouvre généra- répondent pas à tous les critères ci-dessus, ils pré- façon: au début de la crise de la zone euro et en lement les stratégies global macro sentent de l’intérêt pour les gérants macro qui mai 2013, lorsque les investisseurs ont subi des (discrétionnaires et systématiques) cherchent à diversifier leurs portefeuilles. pertes pour avoir misé sur des corrélations néga- et les stratégies managed futures. Sur des durées plus longues, les gérants macro tives entre les actions et les obligations. Les stratégies axées sur le trading ont généré de meilleurs rendements absolus et macro. Les divergences de croissance et de politiques se fondent principalement sur une ajustés au risque. Sur une période de dix ans, ilapproche globale top-down visant à investir dans a été possible à un portefeuille de fonds diver- monétaires offrent de nombreuses opportunitésune large gamme de classes d’actifs pour tirer sifié à gestion active de surperformer un indice de trading aux gérants macro. Après plusieursprofit des déséquilibres sur les marchés, d’actifs d’actions mondial tout en affichant seulement années de thèmes et de positionnements unidi-sous-valorisés et d’importantes évolutions macro- un tiers de la volatilité de celui-ci. Sa surperfor- mensionnels, les marchés développés et les mar-économiques. En général, les gérants discrétion- mance a été encore plus élevée par rapport aux chés émergents associent hausse de volatilité etnaires se fondent sur leur jugement pour définir obligations pour un niveau de volatilité équiva- faible corrélation dans tous les blocs économi-la date, le volume et la structure des transactions, lent: ce portefeuille a enregistré un rendement de ques et les zones géographiques.tandis que les gérants appliquant des stratégies 5,8% p.a. depuis sa création en octobre 2004, avec La volatilité fait sa réapparition également sur lessystématiques se basent sur des facteurs quanti- une volatilité de 5,2%, tandis que le MSCI World marchés des changes, les marchés des empruntstatifs et utilisent des modèles qui définissent des a progressé de 4,9% avec une volatilité annuali- d’Etats émergents et dans le segment du marchépositions cibles. Les principales caractéristiques sée de 15,8%, et le JPM Global Aggregate Bond obligataire. Le contexte actuel de hausse de la vo-des gérants macro (à savoir l’absence de biais Index a affiché une hausse de 4,0% p.a. avec une latilité et de faible corrélationdirectionnels, des positions courtes, le recours volatilité annualisée de 5,6% (voir le graphique). PERFORMANCE SUR 10 ANS, BASE À 100 entre les marchés est extrême- En dépit du fait que les stratégies macro a) per- ment favorable pour les stra- mettent un trading dépourvu de contraintes, b) JPM Global Aggregate Bond Index 200 tégies macro étant donné leur ont des biais directionnels peu marqués et c) sont faiblement corrélées avec les autres classes d’ac- SAPIC GM Master MSCI World 180 absence de biais directionnels tifs, elles n’échappent pas à un certain caractère cyclique ni à une dépendance vis-à-vis de leurs 160 et leur flexibilité dans toutes propres flux de rendement. Il leur est difficile de 140 les classes d’actifs. Ainsi, il y générer des rendements excédentaires principa- 120 a davantage d’opportunités lement dans deux environnements: lorsque les 100 idiosyncrasiques et l’alpha marchés effectuent un retour à la moyenne avec 80 des gérants exerce un impact une faible volatilité et lorsqu’ils présentent une Base 100 60 plus important sur les rende- ments, ce qui crée un modèle 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 de rendement véritablement Source: Credit Suisse, Bloomberg unique. Les investissements pensés pour durerLes investisseurs recherchent la construction de leurs portefeuilles, les inves- Plus de trois meilleure diversification. Enfin, plus de trois in-à long terme des alternatives tisseurs font montre d’une certaine réserve vis-à- investisseurs vestisseurs sondés sur quatre désirent accéder àaux marchés traditionnels. Et vis des nouvelles stratégies et classes d’actifs. En sur quatre des stratégies qui les protègent de la volatilitétendent à privilégier aujourd’hui effet, le terme «alternatif» recouvrant un large souhaitent des marchés. Partant de ces constats, il ressortla protection du capital. éventail de possibilités d’investissement, il repré- accéder à des que le défi qui se pose aux conseillers financiers sente, en soi, un défi pour l’investisseur. stratégies qui n’est pas seulement celui de gérer correctement Babak Abrar De plus, l’enquête révèle que la perception de les protègent des actifs mais aussi celui de communiquer ef- Directeur, Distribution Externe, France, l’alternatif peut fortement varier selon qu’elle de la volatilité ficacement avec leurs clients. Sachant que 79% Suisse Romande, Monaco & Israel émane des investisseurs ou de leurs conseillers. des marchés. des participants au sondage affirment n’investir Par exemple, si 47% des investisseurs interrogés que dans des produits qu’ils comprennent et queL Natixis Global AM pensent qu’ils comprennent très bien les inves- 80% d’entre eux disent vouloir mieux connaître es approches traditionnelles cen- tissements alternatifs et la moitié d’entre eux les les alternatives avant d’investir, il ne reste plus trées sur les investissements en utilise déjà, leurs conseillers financiers se mon- au conseiller qu’à endosser le costume du péda- actions et obligations ne suffisent trent plus dubitatifs et peut être à raison. gogue afin d’aider son client à voir si, quand et plus pour atteindre nos objectifs: En effet, lorsqu’on interroge les investisseurs à comment, les instruments alternatifs peuvent telle est l’opinion émise par près propos de leur utilisation des stratégies alternati- être intégrés dans son portefeuille. de sept investisseurs sur dix dans le ves, plus de la moitié est persuadée qu’elle ne peut Les investisseurs sont d’ailleurs clairement de-cadre de la 4e enquête annuelle de Natixis Glo- y avoir accès. Entre outre, plus du tiers pense que mandeurs de conseil: 74% des personnes inter-bal Asset Management réalisée auprès de 7000 ces stratégies sont plus risquées que les investis- rogées pensent que l’assistance de professionnelsinvestisseurs individuels dans 17 pays*. En ef- sements traditionnels. Malgré tout, plus des trois- devient de plus en plus incontournable dans lafet, lorsqu’il s’agit de faire travailler son capital quarts des investisseurs se disent prêts à les intro- gestion de leurs investissements, notammentde manière à ce qu’il puisse couvrir les besoins duire dans leurs portefeuilles si les conseillers les pour atteindre leurs objectifs en matière de re-d’une retraite dont la longueur varie entre 20 et leur recommandent. traite. Ils attendent de leurs conseillers qu’ils les30 ans voire plus, la question de la performance Grâce aux innovations récentes dans l’industrie aident à prendre des décisions éclairées (46%),devient cruciale. Elle l’est d’autant plus que les de la gestion d’actifs, les investissements alter- qu’ils les aident à devenir de meilleurs investis-investisseurs n’ont pas oublié les pertes consi- natifs liquides (managed futures, fonds indiciels seurs (35%) et qu’ils les initient aux arcanes dedérables auxquelles ils ont été exposés au cours cotés axés sur les métaux précieux ou les matières l’investissement (35%). Le moment paraît doncde la décennie passée. Devenus très sensibles à premières) sont devenus accessibles aux investis- particulièrement bien choisi pour repenser lesla question du risque, ils tendent aujourd’hui à seurs individuels. Encore faut-il bien expliquer approches de conseil traditionnelles de manièreprivilégier la protection du capital. le rôle particulier que chacun d’entre eux peut à ce qu’elles satisfassent à ces nouveaux besoinsCependant, bien qu’ils soient conscients de la né- jouer au sein du portefeuille considéré dans sa et, plus spécialement, à celui d’une constructioncessité d’incorporer de nouveaux éléments dans globalité. Car comme le montre l’enquête, 77% durable des portefeuilles.  des investisseurs interrogés affirment rechercher des stratégies faiblement corrélées aux marchés *2015 Global Survey of Individual Investors. Étude menée par traditionnels, 80% souhaitent trouver des solu- Natixis Global AM de janvier à février 2015, auprès de 7000 tions qui leur permettent de mieux équilibrer investisseurs mondiaux (dont 350 en Suisse) répartis dans rendement et risque et 76% sont en quête d’une 17 pays d’Asie, d’Europe, des Amériques et du Moyen-Orient.

PAGE . Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeNormes AIFMDLa nouvelle donne réglementaire en EuropeL’implémentation des normes L’uniformisation nouvel environnement réglementaire n’impac- sous AIFMD. Ils sont à présent responsables deAIFMD est perçue différemment du cadre légal te pas ou peu la performance dans un sens ou l’exécution d’un vrai cahier des charges quant àselon que les gérants sont est un élément l’autre. En revanche, cette homogénéisation du la gouvernance de la compagnie de gestion alorsaméricains ou européens. positif pour les cadre légal régissant la gestion alternative per- que certaines obligations, telles que les procédu-Qu’en est-il en réalité? investisseurs. mettra à l’investisseur de mieux s’y retrouver. Les res de valorisation, sont déléguées à l’AIFM. De directives AIFM poussent les entités nationales ce point de vue, la directive a le mérite de rendre Nicolas Roth à uniformiser leurs juridictions quant au trai- le processus plus robuste que par le passé. Co-Responsable de la Gestion Alternative, tement de la gestion alternative. Les structures Les fonds alternatifs resteront toujours des légales des fonds alternatifs vont converger vers placements privés qui requièrent un degré d’auditL’Groupe Reyl un modèle plus unifié qu’aujourd’hui; un élé- élevé avant d’engager du capital. AIFMD est une environnement réglementaire ment clairement positif pour les investisseurs. promesse pour une meilleure gouvernance dans européen pour les fonds alterna- Les fournisseurs de services des fonds l’univers des hedge funds ainsi qu’une meilleure tifs traverse depuis quelque temps alternatifs tels que le dépositaire ont un devoir lisibilité des procédures que les gérants de fonds une profonde transformation avec de surveillance accru. Les dépositaires doivent doivent suivre. Néanmoins, la sélection de gé- la mise en place des règles Alter- revoir leurs procédures afin de répondre aux rants ne peut se faire que sur la présence d’un native Investment Fund Manager nouvelles obligations. La responsabilité des cadre réglementaire. Le recours aux spécialistesDirective (AIFMD). Pour mémoire, cette direc- directeurs est revue significativement à la hausse pour analyser les fonds garde tout son sens. tive émane de l’Union Européenne et fait partied’un ensemble de normes prises à la suite de lacrise financière de 2008 dans le but d’améliorerla régulation de l’industrie et ultimement de pro-téger les intérêts des investisseurs.Actuellement, le succès dans la levée de capitalpour les fonds alternatifs en Europe repose, hor-mis la performance, sur deux facteurs principaux,à savoir le cadre juridique (AIMFD ou UCITS)ainsi que la liquidité offerte aux investisseurs. Laréaction des gérants américains est pour l’instantcontrastée face à ces deux paramètres essentiels.Ces derniers n’hésitent pas à manifester leurmécontentement vis-à-vis d’AIMFD. Sauf dansle cas de sollicitation inverse, ces fonds doiventse mettre en règle avec les nouvelles directiveseuropéennes, ce qui engage des coûts et des res-sources supplémentaires pour la mise en place.Les structures légalesdes fonds alternatifs vontconverger vers un modèleplus unifié qu’aujourd’hui.Cependant, la situation semble moins tranchéequ’elle ne le paraît de prime abord. En effet, lesgérants avec non seulement une surface finan-cière suffisante mais aussi un nombre significatifd’investisseurs sur le vieux-continent ont entaméle processus afin de se mettre au diapason régle-mentaire européen. Le format UCITS est bienévidemment une option valide pour autant quela stratégie s’y prête. Par ailleurs, l’implémenta-tion d’un fonds au format UCITS peut être effec-tuée de diverses manières, comme par exempleen s’associant avec une plateforme ou en créantsa propre compagnie de gestion on-shore.En Europe, l’ajustement entre liquidité duportefeuille et liquidité offerte aux investisseurss’est fait depuis quelques années. Rares sont lesfonds avec des conditions de remboursementdéfavorables, sauf dans des cas précis où la stra-tégie le justifie. En revanche, l’inverse est tou-jours très fréquent aux Etats-Unis; la questionde la liquidité ne semble pas poser problème. Uncertain nombre de gérants américains n’ont sim-plement pas la volonté d’offrir des conditions deremboursement en ligne avec leur portefeuille,notamment dû à leur base d’investisseurs essen-tiellement américaine.Selon une étude de KPMG, les gérants dont lesclients européens ne représentent que 15% deleurs actifs vont probablement renoncer à êtreprésents sur ce marché. Ces fonds alternatifs nes’ajusteront probablement pas à la demande deliquidité car leurs propres investisseurs n’en ontjamais exprimé le besoin.Du côté des investisseurs, il est évident qu’un

PAGE 10. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeLes actifs investis aujourd’hui dans les stratégies alternatives liquidesreprésentent plus de 300 milliards de dollars. Et leur croissance estl’une des plus rapides parmi les produits UCITS.Nouveaux horizons de l’alternatif liquide Pascal Mischler Les fonds lement inférieurs à ceux des fonds alternatifs tra- actions, permettant d’atténuer les pertes d’un Co-responsable de Goldman Sachs alternatifs ditionnels les rendent généralement plus faciles portefeuille et démontrant ainsi leur potentiel peuvent offrir d’accès au grand public. de diversification lors des baisses de marché.L Asset Management Suisse une solution Parce que le terme alternatif peut faire référence Aujourd’hui, avec l’avènement d’alternatives a liquidité journalière des fonds intéressante à toute stratégie qui n’est pas un investissement «liquides», les investisseurs individuels ont la alternatifs UCITS a permis à un dans un traditionnel en actions, obligations ou trésorerie à capacité d’obtenir une exposition à cette caté- nombre croissant d’investisseurs contexte long terme (long-only), de nombreux gestionnai- gorie d’actifs. L’industrie des fonds communs grand public d’accéder aux place- d’incertitude res d’actifs sont en désaccord avec le fait d’inclure de placement a observé la rapide croissance des ments alternatifs, plus habituelle- et de volatilité dans la définition, des catégories d’actifs long- fonds classés comme «alternatives liquides». ment utilisés par les institutions et accrue. only non-traditionnelles. Bien que les stratégies Jusqu’à récemment, l’univers de la gestion alter-investisseurs privés High Net Worth. Ces fonds non-traditionnelles ou «satellites» peuvent amé- native était confiné à des structures d’investisse-couvrent un très large éventail de stratégies et liorer le rendement du portefeuille et jouent un ments privés et pouvait être divisé en différentesutilisent des modes de gestion parfois complexes. rôle précieux, elles ne devraient pas être classées catégories: hedge funds, capital-investissementAussi, une bonne compréhension de leur rôle au comme «alternatives». et patrimoine immobilier privé. Au cours de lasein d’un portefeuille et de leurs bénéfices poten- Dans un environnement où les taux d’intérêt dernière décennie, les investissements alternatifstiels pour un investisseur est cruciale. sont bas avec un potentiel à la hausse et où les disponibles ont augmenté de façon spectaculaire,Jusqu’à récemment, l’univers de la gestion alter- valeurs des actions sur les marchés atteignent des tout comme les structures d’investissement visantnative se résumait principalement à des structu- sommets, de nombreux investisseurs s’interro- à y accéder. Les fonds d’investissement non-tradi-res d’investissement privées: hedge funds, fonds gent sur la possibilité de préserver les gains de tionnels ont augmenté de 0,2% en 2002 à envi-de private equity, fonds de patrimoine immobi- leurs portefeuilles tout en limitant leurs risques. ron 2% et représente aujourd’hui 15,8 trillionslier privé, etc. C’est au cours de la dernière décen- Les fonds alternatifs peuvent offrir une solution de dollars des fonds communs de placement. Lesnie que les alternatifs liquides ont réellement pris intéressante dans un contexte d’incertitude et de analystes prévoient le doublement de cette partleur essor: en témoignent une croissance specta- volatilité accrue: ils visent à diversifier le profil de marché d’ici 2018.culaire au niveau de leurs actifs sous gestion (en- de rendement et à réduire le risque à long terme Malgré leur forte croissance et une popularitéviron 22% par an ces trois dernières années) et un d’un portefeuille. Les stratégies dites «relative accrue, les fonds alternatifs liquides sont appa-plus grand nombre de fonds lancés sur le marché value», par exemple, permettent au gestionnaire rus relativement récemment et, de ce fait, moins(on compte 195 nouveaux fonds lancés en 2014). alternatif d’exprimer des vues positives (longues) connus que les stratégies actions et obligationsLeur liquidité quotidienne, la transparence des ou négatives (courtes) sur une classe d’actif dont traditionnelles. L’utilisation d’outils finan-investissements sous-jacents, combinées avec une la performance ne sera pas directement liée à ciers moins traditionnels – comme les dérivés,structure de coûts et un profil de risque généra- celle du marché. l’absence de benchmark reconnu et la grande Historiquement, les placements alternatifs ont flexibilité des mandats des gestionnaires sont généralement mieux performé que les stratégies souvent des caractéristiques propres aux straté- traditionnelles long only lors des périodes de gies alternatives. Il est difficile pour un investis- hausse de taux d’intérêt et de baisse des marchés seur d’en appréhender les risques spécifiques. François Savary OpinionChef Stratégiste, Banque REYL & CieL’économie suisse confrontée à des vents contrairesL’économie helvétique s’est contractée de 0,2% au premier entre l’expansion et la contraction économique. Un signal n’a été dépassé qu’au printemps 2009 (-1,2%), là encoretrimestre de 2015. Est-ce vraiment une surprise, compte «rassurant» que l’évolution de l’indice avancé du KOF dans le sillage de la «grande récession mondiale». Le risquetenu des prévisions de récession qui ont abondé suite tend à valider, puisque ce dernier a regagné quasiment de déflation continue de planer sur la conjoncture helvétiqueà la décision de la BNS du 15 janvier? D’ailleurs, la mauvaise 5 points par rapport au plus bas d’avril. Certes, il demeure avec son lot de développements potentiellement négatifs.performance des exportations au cours des trois premiers largement inférieur aux niveaux voisins de 100 qui préva- Certes, la seule évolution de l’indice des prix à la consom-mois de 2015 valide l’idée que le choc de la revalorisation laient au second semestre 2014, mais on ne peut pas occulter mation ne permet pas de déduire que la déflation est unedu franc est douloureux pour notre économie. Mais une l’amorce d’un redressement. De bon augure pour l’activité réalité. Si l’on regarde du côté des développements salariaux,récession est-elle définitivement inscrite dans les cartes ou tout au moins une pierre dans le jardin des Cassandres la poursuite de la progression de ces derniers à la fin de 2014pour le premier semestre 2015? de la récession. La confiance du consommateur est le dernier tend à relativiser le risque de déflation par le soutien qu’ilsTout n’est peut-être pas aussi noir qu’il y paraît! D’abord, la élément positif que nous voulons mettre en exergue. Cet apportent à la consommation privée.demande domestique telle que calculée dans les statistiques indicateur, à -6, reste faible, mais il est en progrès par rapport En conclusion, nul ne peut nier que l’économie suisse estdu PIB s’inscrit en hausse de 0,4% grâce à une consommation à octobre 2014 (-11) et stable par rapport à fin janvier. confrontée à des vents contraires. Le pire est toujours possi-privée qui a augmenté autant au premier trimestre 2015 En outre, la confiance demeure largement supérieure à celle ble mais pas nécessairement probable. Les signaux affichésqu’au dernier trimestre de 2014 (0,5%). Ensuite, si l’investis- observée dans la phase de crise financière aigüe de 2008- par certains indicateurs avancés laissent espérer qu’unesement (+0,4%) n’a pas affiché une performance étincelante, 2009 ou encore du second semestre 2011. De quoi nourrir récession pourra être évitée. Dans ce contexte, un reculcelle-ci s’avère meilleure que celle enregistrée fin 2014 les espoirs de voir les dépenses de consommation soutenir du franc au cours des prochains mois serait certainement(0,0%). Tout cela pour relativiser les conclusions négatives la conjoncture, empêchant ainsi une récession – caractérisée la meilleure chose qui pourrait arriver, tant notre devisetirées des mauvais chiffres du PIB au premier trimestre. par deux trimestres consécutifs de croissance négative – de nationale reste (excessivement) forte. Le paradoxe, c’est qu’ilCertains indicateurs avancés de la conjoncture peuvent se matérialiser. faudrait des chiffres économiques faibles pour convaincrealimenter l’idée que le pire est peut-être derrière nous. Il y a Ces signes encourageants ne doivent pas nous faire oublier la les investisseurs du caractère non soutenable de la vigueurd’abord l’indice PMI, qui tend à anticiper les mouvements de poursuite de la baisse de l’indice des prix à la consommation. de la devise helvétique, à moins que ces derniers ne sela conjoncture. Après une forte chute jusqu’en février, cet in- La variation annuelle de cet indice poursuit son inexorable contentent d’un fait qui semble quasiment certain pour 2015:dicateur s’est redressé à 49,4 au cours des trois derniers mois chemin en territoire négatif depuis presque 8 mois. La baisse la croissance européenne sera pour la première fois depuispour se rapprocher de la barre des 50, qui marque la limite d’avril 2015 s’est inscrite à -1,1%, un niveau de faiblesse qui longtemps supérieure à celle de la Suisse. 

Au cœur del’actualité économique et financière avec Nina dos Santos Du lundi au vendredi dans The Business View à 12h sur CNN International

PAGE 12. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternative L’avenir est toujours prometteur pour les stratégies CTA de suivi de tendances Le marché des matières premières retrouve des Il importe d’être très contrasté ces dernières années. Grâce à la venir, chaque gérant de CTA a un style propre. orientations plus marquées. parfaitement présence de tendances très marquées, 2008 aura Mais, pour maximiser le rendement tout en limi- Ce qui favorise la performance diversifié pour été l’une de leurs meilleures années avec des per- tant les pertes, il importe d’être parfaitement di- des stratégies CTA (Commodity maximiser formances moyennes dépassant les 20%. Entre versifié de manière à pouvoir tirer parti des mul- Trading Advisors). le rendement 2010 et 2013, en revanche, elles ont été prises tiples configurations du marché : diversification tout en limitant au dépourvu par des marchés plus hésitants et entre classes d’actifs traitées, diversification dans Steeve Brument les pertes. sans tendances prolongées suite à l’intervention les horizons de temps pour détecter les tendances, Head of systematic funds massive des banques centrales et l’assouplisse- diversification entre les modèles quantitatifs uti-© Philippe Dureuil ment quantitatif. Ce n’est que récemment que les lisés. Il s’agit en quelque sorte d’être agnostique: UCandriam Investors Group stratégies CTA ont montré ce dont elles étaient pourvu qu’une tendance existe, sa direction im- ne stratégie CTA investit prin- capables, gagnant environ 12% en moyenne au porte peu, ce qui importe c’est de détecter cette cipalement via des contrats à cours des 12 derniers mois. Toutefois, sur un cy- tendance et de l’utiliser au mieux. Car c’est pré- terme (futures) sur les indices cle de marché complet, les stratégies CTA se sont cisément cela qui permet d’offrir du rendement dans une vaste palette d’actifs avérées à la fois rentables sur le long terme et aux investisseurs quand ils en ont le plus besoin. financiers: indices actions, taux performantes lorsque les investisseurs en avaient Côté performance, l’avenir est plutôt prometteur. courts, taux longs, devises, le plus besoin, ce qui représente un réel atout Au cours des six derniers mois, le marché se trou- matières premières... Les CTA suivent une ap- pour leurs portefeuilles. vait proche de l’idéal. Il était traversé de multi- proche quantitative pour détecter et profiter des Une bonne stratégie CTA doit apporter à un por- ples tendances à la hausse ou à la baisse sur les tendances à la hausse comme à la baisse sur ces tefeuille le surplus de rendement nécessaire no- taux, les indices actions et les devises. En outre, différents marchés. Ainsi les CTA sont à même tamment dans les phases de crise, pour améliorer les tendances se sont même nettement affirmées de pouvoir créer de la performance aussi bien sa robustesse et contenir sa volatilité. Pour y par- sur les marchés des matières premières. Globale- dans des cycles haussiers que dans des cycles ment, cette situation favorable devrait perdurer baissiers, notamment lorsque le marché traver- BARCLAY SYSTEMATIC TRADERS INDEX avec des tendances marquées qui sont alimentées se une crise. Ce type de stratégie permet donc par l’actualité des marchés: il existe un fort flux de soutenir la performance d’un portefeuille 10000 d’actualités sur le marché des devises, les banques lorsqu’il en a le plus besoin. centrales appliquent des politiques différentes Néanmoins, le succès des stratégies CTA a été 8000 qui créent une dispersion dont nous pouvons ti- rer parti à la fois sur les taux et sur les actions, Guerre Crise des Crise 6000 et le marché des matières premières retrouve des du golf subprime européenne 4000 orientations plus marquées. Épargne Autant de facteurs qui devraient permettre aux et crédit 9/11 2000 stratégies CTA de continuer à performer pour assurer leur rôle de stratégies tout temps dans les LTCM 0 portefeuilles, au plus grand bénéfice des investis- asCiartisiqeue seurs.  86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 Source: Candriam Bloomberg Fonds UCITS Accès réglementé aux stratégies alternatives Les investisseurs s’intéressent Ces produits sent souvent plus que les supports de placement éventail de gestionnaires de fortune et de ban- de plus en plus aux fonds représentent réglementés selon la directive UE entrée en ques. Ces plateformes proposent des stratégies alternatifs UCITS. Leurs une option vigueur en 2013 pour les gestionnaires de fonds alternatives de type SICAV de droit luxembour- actifs sous gestion s’élèvent innovante alternatifs (AIFM). Nous supposons que la régle- geois ou OEIC (Open-Ended Investment Com- à 204 milliards d’euros. et économique mentation couvrira, à quelques exceptions près et pany) irlandaise. Les différentes stratégies alter- pour investir à plus ou moins long terme, l’ensemble des classes natives – telles que stratégies equity long/short, Aleksandar Ivanovic dans des fonds d’actifs alternatifs et qu’il n’existera bientôt donc event-driven ou long-only – sont appliquées alternatifs. plus de fonds de placement alternatifs ni de struc- dans le cadre d’un fonds dit faîtier ou ombrelle DMorgan Stanley tures similaires. Ce n’est donc pas un hasard si les à titre de sous-fonds individuel, et ce de ma- e plus en plus, les investisseurs fonds alternatifs UCITS gagnent rapidement du nière efficiente et avec des charges administra- exigent une offre globale et terrain. Les actifs sous gestion ont ainsi progressé tives bien moindres à celles qu’impliquerait une économique, qui doit compor- de 79% de décembre 2013 à octobre 2014, pour solution autonome. ter des produits d’excellence. atteindre 204 milliards d’euros (source: Absolute Compte tenu de la plus grande palette d’options Souvent, ce souhait de solu- Ucits Database en décembre 2014). offerte par les directives UE, un nombre égale- tions innovantes et indivi- Les investisseurs qui ont jusqu’à présent tablé ment croissant de gestionnaires de hedge funds duelles se heurte du côté des fournisseurs à la sur les produits habituels s’intéressent eux aussi tente de mettre en œuvre des stratégies propres nécessité de disposer de processus standardisés et de plus en plus aux fonds alternatifs UCITS qui conformes aux fonds UCITS ou de les appliquer à différentes restrictions légales. Des restrictions leur offrent un accès économique à des straté- sur les nouvelles plateformes des fournisseurs qui varient d’un marché à l’autre, ce qui com- gies réglementées systématiques ou similaires à établis. L’utilisation ciblée de plateformes de ce plexifie sans cesse les choses. Les fournisseurs de des hedge funds avec des gestionnaires spéciali- type permet à ces fournisseurs de se concen- solutions de placement sont donc de plus en plus sés, ce qui est particulièrement important pour trer sur leur cœur de métier et d’externaliser obligés de restreindre quelque peu leur palette les investisseurs qui veulent générer de l’alpha les tâches administratives ou prudentielles. Par de produits. Actuellement, nous observons une ou diversifier leurs sources de rendement. En ailleurs, les gestionnaires ont également accès à demande particulièrement forte sur le segment raison des dispositions réglementaires, les four- des canaux de distribution bien rodés des exploi- des OPCVM de fonds alternatifs (organismes nisseurs de fonds alternatifs UCITS offrent une tants de plateformes, des gestionnaires de for- de placement collectif en valeurs mobilières, ou plus grande transparence du portefeuille et de tune ou des banques. UCITS, conformément à la directive UE). Ils meilleures liquidités que les fonds offshore Les directives européennes promulguées au font aujourd’hui partie des piliers de la croissan- (elles sont démultipliées sur une base journalière cours des dernières années permettent aux inves- ce de l’industrie et sont utilisés par un nombre ou hebdomadaire), ce qui en simplifie l’accès aux tisseurs et aux fournisseurs de mettre en œuvre toujours croissant d’investisseurs. Ce d’autant investisseurs. une palette diversifiée de stratégies alternatives plus que les autorités de surveillance n’autori- Tandis qu’auparavant, les stratégies alternatives à l’aide de fonds liquides et transparents. Au vu ou de type hedge fund étaient le plus souvent des taux historiquement bas et de la valorisation mises en place via des structures offshore, les forte des marchés, les produits constituent une efforts précités consentis par les autorités ré- option innovante et économique permettant aux glementaires ont permis d’avoir de plus en plus caisses de pension et aux assurances, mais aussi recours à des structures onshore. On compte aux banques privées et à un nombre croissant notamment parmi celles-ci des plateformes spé- de gestionnaires de fortune ou de family offices cialisées créées ces dernières années par tout un d’investir dans des stratégies alternatives. 

PAGE 13. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeDynamique propre aux marchés émergentsIls sont de moins en moins animés par leur propre dynamique et de moins en La récente pour accéder au marché chinois. Un savoir localdépendants de la situation moins dépendants de l’état des marchés financiers mise en place est aussi essentiel pour identifier les secteurs etdes pays développés. des pays développés. Cela crée des opportunités d’une nouvelle entreprises chinoises en perte de vitesse (grandsCe qui crée des opportunités d’investissement pour les gérants de hedge funds politique magasins perdant des parts de marché au profitd’investissement pour les locaux qui savent tirer profit des déséquilibres monétaire en des ventes en ligne par exemple).gérants locaux de hedge funds. temporaires engendrés par ces nouvelles macro- Inde a restauré La perception du risque sur les marchés émer- économiques qui font les gros titres des médias la confiance des gents étant souvent erronée, il s’agit de mettreVaqar Zuberi, Head of Research, Hubert Pawlak, financiers. Une stratégie consiste par exemple à investisseurs. en place une stratégie permettant de tirer profit acheter des actions de sociétés qui, selon leur ana- de la croissance des marchés émergents et desTAnalyste chez Mirabaud Asset Management lyse, ne seront pas impactées par ces nouvelles et erreurs de valorisation causées par les paniques aper tantrum, hausse attendue des vendre à découvert des sociétés qui le seront. récurrentes des investisseurs internationaux. taux d’intérêt américains, hausse Les conditions prévalant dans chaque pays émer- Une idée reçue a souvent été par exemple qu’un du dollar, chute des cours des ma- gent sont différentes, d’où l’importance d’avoir dollar se renforçant face aux devises des mar- tières premières… nombreux sont une expertise locale et la flexibilité d’être long chés émergents augmenterait leur inflation à des les arguments mis en avant par ou à découvert. Les marchés émergents n’évo- niveaux problématiques. Néanmoins, des politi- la presse financière pour ne pas luent pas comme un bloc. Sélectionner le bon ques monétaires crédibles et une augmentationinvestir dans les marchés émergents. L’histoire secteur dans chaque pays est essentiel. Les du commerce entre les pays émergents a diminuérécente a montré cependant que si, à court terme portefeuilles gérés par des gérants de hedge l’impact des mouvements du dollar.leur annonce a entraîné une correction quasi- funds spécialistes d’un pays ou d’une région sont En Inde, la récente mise en place d’une nouvelleimmédiate des marchés émergents, de tels évé- donc les plus à même de générer de meilleurs politique monétaire crédible est ainsi parvenuenements macro-économiques touchant les pays rendements. Il s’agit donc d’identifier des gérants à restaurer la confiance des investisseurs lo-développés n’avaient pas d’influence significative locaux talentueux ayant démontré leur expertise caux et internationaux. Les économies des payssur l’évolution à moyen et long terme des mar- dans la sélection des meilleures sociétés domes- émergents ont également réussi à substituer enchés émergents. Après un mouvement de repli tiques ou ayant également la capacité de vendre partie des produits importés chers, protégeanten fin d’année passée les marchés émergents sont à découvert les sociétés en perte de vitesse afin ainsi leurs consommateurs d’une inflationrepartis à la hausse au fur et à mesure que les de générer de la performance et de protéger leur importée et renforçant la demande pour desinvestisseurs réalisaient la dissociation entre les portefeuille. produits domestiques.facteurs influençant les marchés développés et Pour prendre l’exemple de la Chine, les marchés La chute des cours des matières premières estles marchés émergents. actions offrent l’accès à 4000 sociétés chinoises aussi un argument largement utilisé pour justi-Il y a plusieurs raisons à ce que des nouvelles listées en Chine continentale ou sur d’autres fier des recommandations négatives envers lesprovenant de Washington, Berlin et Londres ne bourses. Grâce à leurs réseaux et leurs savoirs marchés émergents. Cependant la dépendance desoient plus une menace pour les économies et les locaux les gérants domestiques parviennent à certains pays aux prix des matières premières amarchés financiers de Jakarta, New Delhi et Sao identifier les secteurs et entreprises qui perfor- diminué au fur et à mesure que ces économiesPaulo. Aujourd’hui les marchés émergents sont meront le mieux. Les entreprises qu’ils sélec- se diversifiaient. Pour les pays les plus impactés, tionnent offrent souvent des taux de croissance il y a eu un rapide réajustement de leur devise plusieurs fois supérieurs à ceux du PIB chinois comme dans le cas de la Russie et du Brésil. alors que leurs actions continuent d’évoluer à Les événements macro-économiques créent des des prix modestes, offrant un fort potentiel à la opportunités d’investissement pour les gérants hausse (dans les secteurs de la santé et des éner- de hedge funds. La capacité à se concentrer sur gies renouvelables par exemple). Ces entrepri- les fondamentaux d’un pays émergents ou d’une ses sont souvent peu connues hors de Chine, ne société tout en sachant tirer profit des déséqui- sont pas suivies par des analystes des grandes libres temporaires engendrés par des nouvelles banques d’investissement, et ne font pas partie macro-économiques créent l’alpha supplémen- d’indices utilisés par la majorité des investisseurs taire qui est recherché chez les gérants. Philippe Schindler MarchésCIO, Blue Lakes AdvisorsLa procyclicité a de très beaux jours devant elleGare à ceux qui Longtemps, les théories économiques classiques radicalement changé leurs habitudes au niveau du inutiles (bruit) aux investisseurs non sophistiquéscèdent à ses charmes! ont considéré la rationalité des agents économiques refinancement des prêts hypothécaires, optant à – le public. La finance comportementale est enL’évolution de la comme un postulat. L’évolution vers des modèles une très large majorité pour les échéances fixes. grande forme. Elle confirme d’ailleurs le nouveauconjoncture reste économétriques très sophistiqués, y inclus ceux Plus récemment, l’effondrement des prix du pétrole biais structurel de prudence susmentionné, cettepeu prévisible. de la Fed, et le développement stratosphérique de en 2014 n’a étonnamment pas favorisé le regain fois-ci chez les investisseurs. l’informatique et des bases de données n’ont rien de vigueur de la consommation. Rien n’évolue Ainsi, malgré un long bull market, la participation pu y faire: la conjoncture reste peu prévisible. En vraiment dans la macro américaine comme on dans les marchés des actions – en pourcentage effet, le manque de bases académiques pour quanti- pouvait le penser. de l’actif total des ménages – n’a jamais été aussi fier la psychologie des agents économiques ne s’est La psychologie joue un rôle encore plus impor- faible! Les entrées de capitaux dans les fonds que partiellement comblé. Au cours de l’histoire, tant au niveau des marchés financiers. C’est au communs en actions – symptôme connu de complai- les excès des cycles ont été omniprésents, avec lendemain de la Seconde Guerre mondiale que sance – restent très décevantes. Les liquidités dans des contours plus ou moins marqués. L’évolution la recherche universitaire a connu une percée les fonds mondiaux d’allocation d’actifs sont inhabi- conjoncturelle reste tributaire de l’état d’esprit, majeure au sujet de l’influence de la psychologie tuellement élevées, c’est-à-dire supérieures à 10%. de l’allant des consommateurs et des entrepreneurs. sur le comportement des praticiens financiers et Une chose est sûre, la psychologie humaine conti- L’éclatement de la bulle du crédit aux Etats-Unis leurs effets subséquents sur les marchés. Parmi les nuera de jouer un rôle important dans la formation illustre parfaitement ces excès. Bien que lissé de- auteurs les plus célèbres, Paul Samuelson dans les des prix des actifs. Contrairement à la sagesse puis plusieurs années par une politique économique années 60 puis Nicholas Thaleb (et son flamboyant populaire, braver ses angoisses s’avère souvent peu et monétaire sans précédent, un nouveau type de Black Swan) au cours de la dernière décennie, ont dangereux. La Grèce, l’Ukraine, le Moyen-Orient cycle conjoncturel s’affirme aux Etats-Unis. Il enre- apporté la démonstration des biais psychologiques nous effrayent certes. Mais la hausse des marchés gistre en effet un changement de nature significatif: qui aveuglent les personnes, individuellement ou des actions, terriblement mal-aimée, pourrait fina- le regain de prudence. Par exemple, le processus collectivement, quand elles agissent en tant qu’in- lement s’avérer résistante et durable! Les indica- de désendettement des ménages est particulière- vestisseurs. Les cycles de l’avidité et de la peur sont teurs de confiance et de sentiment des investisseurs ment vigoureux, à l’image du taux d’épargne qui ne bien présents et vivaces. virent au rouge; serions-nous en train d’escalader cesse de progresser au cours des dernières années. Les temps modernes ont d’ailleurs tendance à les le fameux mur d’inquiétude anglo-saxon «climbing Dans le même temps, les ménages américains ont renforcer, en raison de l’inondation d’informations a wall of worry»? Indices est un supplément de L’AGEFI, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève | Président Alain Duménil | Administrateur délégué-Rédacteur en chef François Schaller | CEO Agefi SA Olivier Bloch | Directeur adjoint, développements Lionel Rouge Rédactrice en chef Indices Danielle Hennard | Responsable IT Guy-Marc Aprin | Graphisme Sigrid Van Hove | Journalistes Mohammad Farrokh, Giuseppe Melillo | Contributeurs réguliers Solange Ghernaouti, Alain-Max Guénette, Daniel Held, François-Serge Lhabitant, François Savary, Philippe Schindler | Administration Patricia Chevalley, Carole Bommottet | Marketing Khadija Hemma (021) 331 41 09 | Abonnements (021) 331 41 01 – [email protected] | Publicité Suisse romande & internationale Norbert Fouchault (021) 331 41 25 – [email protected] – Suisse alémanique Béatrice Leuenberger (044) 254 39 21 [email protected] | Imprimerie Kliemo Printing, Eupen | Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité de la publication. 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PAGE 14. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeLe marché des produits agricoles se situeactuellement près d’un niveau plancherLes indices agricoles devraientenregistrer une performance Les positions sous-performance du blé (Kansas), notamment gné d’une légère augmentation de la rentabiliténeutre à négative durant les nettes vendeuses en juin. La performance du sucre est en géné- des activités de mélange d’éthanol.prochains mois. sur le blé ral médiocre pendant cette période. Le prix du L’impact des facteurs climatiques saisonniers sur et le sucre maïs reste généralement stable en avril-mai et la la récolte américaine réclame de rester vigilant. Giovanni Staunovo se trouvent fin de la récolte américaine pèse sur la dynami- Mais le risque est désormais plutôt celui d’une d’ores et déjà que de juin à septembre. Le comportement du baisse des prix. Côté blé, si les perspectives deAAnalyste, UBS Wealth Management à des niveaux soja suit celui du maïs, la faiblesse saisonnière récolte s’améliorent aux Etats-Unis, le retour u premier trimestre, les indi- record. commençant dès juillet. Si les effets de saisonna- éventuel d’un phénomène climatique de type ces agricoles sont le secteur des lité semblent éclairer l’évolution future des prix, El Niño (qui accroît les risques pour la récolte matières premières qui a affiché les positions spéculatives ajoutent un degré de australienne), et le niveau quasi-record des posi- les plus mauvais résultats de complexité, notamment en ce qui concerne l’am- tions vendeuses spéculatives génèrent des risques la classe d’actifs. Pour les pro- plitude des fluctuations saisonnières. Les données importants. En février et en mars, les denrées chains mois, on peut s’attendre relatives aux engagements des traders révèlent ont affiché des performances médiocres: la va-à une performance neutre à négative. En effet, que les positions nettes vendeuses sur le blé et le lorisation de la monnaie brésilienne a fortementla reconstitution des principaux stocks de céréa- sucre sont d’ores et déjà à des niveaux record, ou nui aux prix du café arabica et du sucre. Lesles et de graines oléagineuses devrait se traduire pas loin. De même, le positionnement vendeur prix actuels de l’arabica ne reflètent d’ailleurspar des tendances saisonnières plus marquées en sur le soja et le maïs, sans être extrême, augmen- que partiellement le risque d’un impact négatif2015-2016 que ces deux à trois dernières années. te le risque d’une évolution brutale des prix. Sur résiduel de la sécheresse de l’an dernier sur lesHistoriquement, les prix du blé et du sucre bais- cette base, le risque de baisse du sucre et du blé rendements de cette année.sent au premier trimestre, alors que ceux du soja semble limité à ce stade, le potentiel de baisse du A un horizon de trois mois, les prix semblentet du maïs augmentent ou restent stables. Cela soja est moyen, mais plus marqué pour le maïs. avoir touché un plancher à un nouveau prixs’est confirmé en 2015: la performance négative Compte tenu des facteurs saisonniers et des posi- d’équilibre pour les producteurs brésiliens. Celade l’indice étant attribuable en grande partie au tions à terme, le soja et le maïs sont probablement étant, la demande reste médiocre en raison de lasucre. Le blé (Chicago) a également pesé, mais à éviter. On peut s’attendre à une augmentation faiblesse des marges de raffinage du sucre blanc. Lesdans une moindre mesure. des ensemencements en soja aux Etats-Unis rabais indiens visant à favoriser les exportations,Pour la période avril-juin, ce sont traditionnel- et à des préférences en faveur des fournisseurs ainsi que la disponibilité du sucre thaïlandais, selement les surfaces cultivées aux Etats-Unis d’Amérique latine, dont les coûts sont moins éle- traduisent par une augmentation de l’offre sur unet le blé d’hiver qui retiennent l’attention. Un vés. La pression sur les prix de la farine de soja va marché déjà affaibli au premier semestre 2015.climat favorable au printemps tend à induire une également s’intensifier. Le coton semble plus prometteur. Les stocks Côté maïs, le marché est influencé principale- chinois sont certes énormes, mais ils sont indis- ment par le faible niveau de la demande à usage ponibles actuellement du fait de l’élargissement fourrager, d’où une augmentation des stocks à du marché et leur qualité est sujette à caution. la fin d’années passée. Sans compter le niveau Les prix pourraient être soutenus par les baisses quasi-record de la seconde récolte au Brésil et attendues de surfaces cultivées aux Etats-Unis l’activisme accru de l’Ukraine et de l’Argentine et des réductions similaires en Chine, en Inde et sur les marchés à l’exportation. Le tout accompa- au Brésil. Dr Thierry Amy, Associé BCCC Avocats Sàrl, Genève-Lausanne En droitMatières premières et contrôle des positions nettesLa mise en œuvre Lors de la session d’été actuelle, les Chambres suisse et par souci servile d’être en conformité avec CFTC émettait les règles finales d’application, le 28de limites de positions fédérales mènent la discussion par article du projet la réglementation internationale actuellement en septembre 2012, la U.S. District Court for the Districtnettes dans le domaine de Loi fédérale sur l’infrastructure des marchés vigueur, cette modification doit encore faire l’objet of Columbia, sur requête de l’ISDA et de la SIFMA,du négoce des dérivés financiers (LIMF). Inspirée directement d’EMIR («Eu- d’une ultime discussion auprès du Conseil national rendait un jugement annulant les règles finales édic-sur matières premières ropean Market Infrastructure Regulation») entré en pour être définitivement acceptée. Cette divergence tées par la CFTC au motif que celle-ci n’avait pas faitreprésente une gageure. vigueur le 16 août 2012 au niveau des Etats mem- devrait, selon toute vraisemblance, être levée, bien la démonstration économique que de telles limites bres de l’Union européenne, ainsi que du Dodd-Frank que cette modification de dernière minute n’ait fait de positions étaient «nécessaires» pour diminuer, Wall Street Reform and Consumer Protection Act l’objet d’aucune consultation des milieux concernés éliminer ou prévenir la spéculation sur le marché des américain du 21 juillet 2010, cette nouvelle loi vise à contrairement aux procédures habituelles et que ni dérivés sur matières premières. En d’autres termes, réglementer le négoce de dérivés, y compris de gré le Conseil fédéral, ni la FINMA n’aient pu être asso- la CFTC ne donnait pas une définition claire de ce à gré. Elle trouvera plus particulièrement application ciés à la rédaction de ce texte. qu’il fallait entendre par la spéculation sur de tels dans le domaine du négoce des dérivés sur matières Mais que penser de cette modification de dernière marchés et ne démontrait pas que les critères qu’il premières, dont la Suisse est actuellement une im- minute et de sa mise en œuvre pratique par le avait fixés étaient «appropriés» pour la prévenir portante place mondiale. Bien qu’aucune plateforme Conseil fédéral ainsi que la FINMA? Lors des débats, utilement et efficacement. Immédiatement après cet de négoce de tels dérivés n’existe actuellement dans le Conseil des Etats s’est prévalu de ce que l’intro- arrêt, la CFTC a entrepris une large consultation des notre pays – la LIMF ne prévoyant au demeurant duction d’une telle obligation de contrôle s’imposait milieux concernés, étude qui n’est toujours pas ter- aucune obligation d’effectuer de telles opérations en tant que standard international, prenant pour minée à ce jour, ce qui fait que cette réglementation par l’intermédiaire d’une plateforme –, à la surprise acquis que de telles réglementations étaient déjà en n’est toujours pas appliquée. Certains doutent même générale des milieux concernés, la Commission de vigueur à l’étranger et avaient fait la preuve de leur que ce travail puisse un jour aboutir à une solution l’économie et des redevances du Conseil des Etats efficacité. Certes, tant la réglementation européenne satisfaisante. Or, l’article 116a LIMF fixe les mêmes (CER-E) a proposé à son conseil d’inscrire dans la en la matière (MiFID 2 et MiFIR entrés en vigueur conditions de nécessité et d’efficacité. Un travail LIMF une disposition permettant au Conseil fédéral en 2014) qu’américaine prévoient le principe de similaire à celui de la CFTC devrait donc être effec- d’assortir les dérivés sur matières premières de limi- limites sur la taille des positions nettes. Aujourd’hui tué par le Conseil fédéral et la FINMA. Autant dire tes de positions. Concrètement, la CER-E a proposé toutefois, aucune de ces réglementations ne déploie que la tâche pourrait s’avérer complexe et colossale d’introduire dans la LIMF deux nouveaux articles ses effets. Pire, les autorités chargées de fixer les pour des autorités peu accoutumées aux marchés 116a et 116b introduisant d’une part des limites sur critères pour déterminer les limites de positions des matières premières. la taille d’une position nette qu’un négociant peut nettes (ESMA dans l’Union Européenne et CFTC aux Vu sa complexité, cette réglementation, à l’instar de détenir et fixant d’autre part les conditions de la Etats-Unis) n’ont pas encore établi les règlements ses modèles étrangers, risque donc de rester lettre surveillance qui devra être exercée à cet effet par à cet effet (permettant aux autorités législatives morte faute de pouvoir démontrer son utilité et son les plateformes de négociation suisses. La com- compétentes de leur pays de légiférer) et ne sont applicabilité dans le négoce réel. Et même si un jour pétence de fixer les limites de positions pour les pas près de le faire vu la complexité de la tâche. La il devait être possible de le démontrer, n’assisterions- différents dérivés sur matières premières est, quant situation qui prévaut aux Etats-Unis illustre particu- nous pas encore à la naissance d’un nouveau mons- à elle, confiée à la FINMA. lièrement bien la gageure que représente la mise en tre juridique dont la mise en œuvre sera tellement Approuvée à une large majorité par le Conseil œuvre d’une telle surveillance. Alors que le 21 juillet coûteuse pour les acteurs du marché qu’il finira par des Etats, principalement pour des motifs liés à la 2010, le Président Obama approuvait le principe tuer tout business? Il est parfois de certains vœux préservation de la réputation de la place financière des limites de position et le 18 octobre 2011, la politiques qu’il vaut mieux ne pas réaliser. 

PAGE 15. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeLa chute des cours du pétroles’arrêtera-t-elle à 20 dollars le baril?Les évolutions technologiquespourraient ramener les prix du monde entier a également favorisé ce développe- Les facteurs des prévisions. Cette perspective pourrait êtrepétrole à leur niveau antérieur ment fulgurant. Une telle conjoncture n’est pas à l’origine du renforcée par une baisse des taux de change, quià l’an 2000. Voire entraîner une prête de se reproduire. supercycle entraîne une augmentation du coût en monnaiebaisse encore plus significative. De la même façon que l’explosion du prix du des matières locale des matières premières. pétrole dans les années 1970 a encouragé de premières ne La convergence de ces facteurs, à savoir l’impact Peter Hensman nouvelles innovations (l’exploration du pétrole devraient pas de la technologie sur la baisse de la demande et Stratégiste global chez Newton Investment dans la mer du Nord était alors à la pointe des se reproduire l’augmentation de l’offre, la désintégration de découvertes en eaux profondes), les prix élevés dans un futur l’OPEP et la disparition des conditions qui ontL’Management (BNY Mellon) du pétrole au cours des dernières années ont proche. fortement stimulé la demande des marchés émer- histoire retiendra certainement le permis de développer le potentiel technologique gents, pourrait-elle contribuer à la poursuite de la boom économique du début du qui allait stimuler la production américaine au- chute du prix du pétrole? Cette nouvelle donne 21e siècle comme un phénomène delà des 10 millions de barils par jour, un record pourrait-elle entraîner le retour du prix du baril qui ne se produit qu’une seule fois depuis 1986. Les entreprises américaines ont pu de pétrole à 40 dollars, voire à 20 dollars, une sur plusieurs décennies. Au début commencer à extraire du pétrole de formations évolution qui, exprimée en dollars de 2014, s’ap- du supercycle, entamé en 1999, de schiste, considérées inexploitables jusqu’alors. parenterait à la période 1986-2002?les prix de nombreuses matières premières se De plus, contrairement à la période précédant la Il ne fait aucun doute que le prix du pétrole sursituaient, en termes réels, à des niveaux inédits crise, les chiffres indiquent que l’Organisation une période déterminée est influencé par un en-depuis la Grande Dépression. Cette forte crois- des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dispose semble de facteurs. L’évolution de paramètressance mondiale a été rendue possible par une d’une capacité de réserve qui aurait été inimagi- géopolitiques, tels qu’une guerre au Moyen-série d’événements, dont des réformes radicales nable pendant la hausse du prix du pétrole, qui a Orient et l’instabilité en Russie, peut ébranlerdans la plupart des économies après l’impact des culminé en 2008 pour atteindre 147 dollars. le marché. Cependant, la série d’événements àcrises monétaires des années 1990, l’entrée de Qu’en est-il de la demande des pays en voie de l’origine du supercycle des matières premières etla Chine dans l’Organisation mondiale du com- développement? Les chiffres semblent indiquer de l’envolée du prix du pétrole ne devrait pas semerce et, en conséquence, l’avancée de la mon- que ces pays ont contribué à une augmentation reproduire dans un futur proche.dialisation. La baisse des taux d’intérêt dans le de la demande de pétrole supérieure à 100% de- Nous sommes d’avis que la convergence future puis 2002. Mais cette tendance est appelée à s’in- d’une demande en deçà des prévisions et d’une fléchir. Non seulement les facteurs exceptionnels production illimitée peut favoriser la poursuite qui ont déclenché le supercycle suggèrent que de la baisse du prix du pétrole avant que cette l’augmentation de la demande risque d’être plus même configuration ne permette d’inverser la modérée, mais la dépendance de plus en plus for- tendance des dernières années dus aux prix éle- te de ces pays au crédit donne a fortiori raison de vés, à savoir une diminution de la demande et penser que la demande ne sera pas à la hauteur une offre encouragée à la hausse. 

PAGE 16. Indices | | Juin 2015 | Gestion alternativeLa relation complexe entre taux d’intérêtnégatifs et marché de l’immobilierLa BNS a décidé de passerson taux directeur à - 0,75%. L’immobilier bel et bien les exigences de fonds et de revenus réelle incitation et les investisseurs acceptent desQuel impact a eu cette mesure est l’un des demandés par les banques et ces variables-là ne rendements relativement bas pour éviter d’avoirexceptionnelle sur le marché derniers sont pas touchées par les taux négatifs. Ainsi des liquidités sur lesquelles ils devraient payer unimmobilier? placements l’immobilier privé, qui a déjà subi une correction intérêt négatif. Certaines transactions récentes présentant en 2014, reste donc stable voire en légère baisse. telle que l’acquisition de l’immeuble UBS, rue du Laurent Spierer un haut niveau En ce qui concerne l’immobilier d’investisse- Rhône, par Swisslife pour 535 millions de francs Responsable Real Estate Investment de sécurité et ment, la situation est totalement différente. Tout exemplifient parfaitement cette tendance. des rendements comme pour l’immobilier privé, les taux négatifs Du côté de l’offre, les immeubles à acquérir res-TCGi Immobilier corrects. n’ont qu’un effet direct très limité sur la demande. tent rares malgré des prix intéressants pour les out d’abord, il convient de noter En revanche, investir dans la pierre devient com- vendeurs. En effet, ceux-ci peuvent être réticents que la baisse du taux directeur par parativement plus intéressant que d’autres types à se séparer de leur patrimoine immobilier car ils la BNS n’a pas produit de baisse de placements. De manière générale, l’immobi- n’ont souvent pas d’alternative d’investissement. notable des taux hypothécaires lier permet d’obtenir, avant impôt, un rendement En conclusion, la conjonction d’une hausse de pratiqués par les banques. En effet, d’environ 4%. Il devient donc plus intéressant la demande, d’une faible offre et d’investisseurs après une brève période de flou, que les obligations et leur rendement très faible prêts à accepter des rendements plus bas, entraî-toutes les banques ont remonté leurs taux pour et surtout moins volatile que les actions, comme ne une hausse des prix pour l’immobilier d’in-se retrouver au niveau antérieur, proche de 2% on a pu le voir après l’abandon du taux plancher. vestissement. Sont principalement touchés parpour un taux fixe à 10 ans. Quant aux assurances, L’immobilier est ainsi l’une des dernières alterna- cette hausse, les objets de qualité, qu’ils soient ré-qui pratiquent certes des taux hypothécaires plus tives présentant un haut niveau de sécurité et des sidentiels ou commerciaux, bien placés et louésbas, elles ne financent que certaines catégories de rendements corrects. à des locataires de premier ordre. Quant à l’im-biens, principalement les biens résidentiels. Il y a donc d’une part, des investisseurs privés mobilier indirect, c’est-à-dire les fonds d’inves-Ensuite, l’introduction des taux négatifs n’a pas qui veulent éviter de payer des taux négatifs et tissements immobiliers, il a aussi été impacté pareu d’effet significatif sur l’immobilier de loge- qui peinent à trouver des investissements in- cette hausse. Les cours, qui ont augmenté d’en-ment – PPE et villas – notamment parce que la téressants. Ces derniers se tournent alors vers viron 20% depuis le début de l’année, ont ainsibaisse des taux hypothécaires a été limitée. Quoi l’immobilier où ils recherchent des possibilités généré des agios importants – différence entre lequ’il en soit, même une baisse des taux n’aurait d’investissement attractives. Quant aux investis- cours du fond et la valeur du sous-jacents – quipas eu d’impact majeur. Car aujourd’hui ce ne seurs étrangers, attirés par la stabilité de notre atteignent aujourd’hui des niveaux élevés allantsont pas les taux qui freinent l’acquisition mais pays, c’est aussi une manière, pour eux, de placer jusqu’à 40%. de l’argent en francs suisses sans subir les taux Ainsi, il existe une réelle décorrélation entre négatifs. l’immobilier d’habitation qui stagne voire baisse, D’autre part, les investisseurs institutionnels et qui n’a pas été affecté par les taux négatifs, et – particulièrement les assurances et les fonds l’immobilier d’investissement dont les prix sont de pension – qui reçoivent continuellement des en hausse. La période actuelle présente donc des fonds à placer, sont obligés d’investir pour assu- opportunités de vente intéressantes pour les pro- rer les rentes. Les taux négatifs sont alors une priétaires d’immeubles de rendement. Immobilier de rendement toujours plus cherLes immeubles résidentielsde rendement ont vu leur prix Les fonds sanales, commerces de détail ou hôtels), dépend sont revenus au franc fort, l’essor de l’immobi-grimper alors que les revenus immobiliers directement de la bonne santé de l’économie et lier de rendement doit moins à la suppressionlocatifs sont en berne. Une ont attiré plus très peu de l’évolution des taux. Les prix astro- du cours plancher qu’à l’introduction de tauxsituation appelée à perdurer. d’un milliard nomiques de certains sites commerciaux haut négatifs. Aujourd’hui, l’investisseur institution- de francs de gamme à Genève ou à Zurich ne sont aucu- nel veut savoir où il peut effectuer un placement Dominik Weber d’argent nement représentatifs d’un marché immobilier non risqué et engranger un revenu. Les caisses frais en 2014. commercial déjà en perte de vitesse. En 2014, de pension doivent respecter un taux minimal.DDirecteur de Immofonds La majorité est dans le canton de Genève, les loyers commer- Si les emprunts de la Confédération génèrent epuis des années, le prix de investie dans ciaux ont baissé de 7% environ. Dans les cen- un rendement négatif, comment peuvent-elles l’immobilier de placement en de nouvelles tres-villes, des immeubles entiers sont vides, réaliser ce taux de 1,75% par un placement sans Suisse connaît une trajetoire constructions. abandonnés par de grandes entreprises qui ont risque? Les actions ne sont pas vraiment éligibles; obstinément ascendante. C’est transféré leur siège en banlieue. seul l’immobilier offre un profil de risque-rende- du moins le sentiment du grand Du côté des propriétés résidentielles privées, la ment similaire à celui des emprunts: les recettes public, qui se base sur deux indi- dynamique dans le segment du luxe s’essouffle locatives assurent un flux régulier de revenus et,cateurs: le prix des logements en propriété d’une depuis l’adoption des initiatives sur l’immigra- en tant que valeur réelle, l’immobilier offre unepart et les loyers d’autre part. Certes, avec le recul tion de masse et sur les résidences secondaires, certaine protection contre les pertes de valeur.des taux, les logements en propriété peuvent être auxquelles est venu s’ajouter le durcissement Rien d’étonnant donc à ce que les investisseursfinancés par un nombre de plus en plus impor- par les banques des conditions d’octroi de crédits institutionnels continuent d’étoffer leur quote-tant de candidats potentiels. Mais la hausse des hypothécaires. Les expatriés et les étrangers for- part immobilière. Ne serait-ce qu’en Suisse, lesprix rend ces biens toujours moins abordables. Le tunés manquent de plus en plus à l’appel: avec la fonds immobiliers ont attiré plus d’un milliardsegment locatif est quant à lui depuis des années suppression du cours plancher, l’accès à la pro- d’argent frais en 2014, dont la majorité estle théâtre de deux tendances opposées: les loge- priété immobilière en Suisse s’est pour eux radi- investie dans de nouvelles constructions. Lements anciens sont trop bon marché et les loge- calement renchéri. Les biens haut de gamme ne nombre de logements locatifs en construction n’aments neufs trop onéreux. L’indexation des prix se vendent désormais que difficilement et à prix d’ailleurs jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui.sur un taux hypothécaire de référence a abouti à réduit. Selon Wüest & Partner, les prix proposés Si l’immigration faiblit, trouver un locataire pourune situation paradoxale, où les revenus locatifs pour les maisons individuelles en 2014 ont baissé un logement en périphérie pourrait devenir plusbaissent continuellement alors que les prix im- de 6,8% et ceux des PPE de 3,3% dans le canton difficile, alors que la demande devrait rester fortemobiliers prennent l’ascenseur. Il n’est pas diffi- de Genève. Ces corrections devraient se pour- dans les centres-villes.cile d’imaginer quel sera l’impact de ce phéno- suivre. En effet, la classe moyenne domestique Aussi longtemps que les taux négatifs règnerontmène sur les rendements. détentrice du pouvoir d’achat est déjà proprié- en Suisse, presque tout rendement supérieur àEn se focalisant sur les taux hypothécaires, les taire. Quant à la jeune génération, elle n’est pas à zéro deviendra un motif d’investissement. C’estlogements en propriété et les loyers d’habitation, court de revenu, mais de fonds propres. sous cet angle également qu’il faut considérer lesdes pans entiers du marché immobilier ont été Un seul segment de marché garde jusqu’à pré- agios actuels de 30 à 40% pour les fonds immobi-complètement ignorés. Le marché immobilier sent le vent en poupe: l’immobilier résidentiel liers: les investisseurs accèdent à des portefeuillescommercial, par exemple (bureaux, zones arti- de placement. Depuis que la Banque nationale de long terme composés d’objets bien situés et suisse a aboli le cours plancher, les prix des offrant des rendements aussi bien stables que logements de ce segment ont une nouvelle fois supérieurs à la moyenne. En matière immobi- explosé. Au premier trimestre, l’indice SWIIP a lière, l’inoccupation des surfaces représente le gagné 8%, dépassant même le SPI. A plus long principal risque, que l’on peut contrer au sein terme également, la performance des placements d’un fonds au moyen d’une diversification avisée. immobiliers, avec un rendement annuel de 6% Enfin, contrairement à un immeuble, les parts environ, n’a pas à rougir. d’un fonds peuvent être revendues en bourse à Si quelques investisseurs en quête de sécurité n’importe quel moment. 

PAGE 17. Indices | | Juin 2015 |Prévoyance: les taux d’intérêt négatifsvont-ils entraîner une baisse des rentes?Les spécialistes s’interrogentsur l’éventuelle nécessité vis-à-vis des rentiers actuels. Il est extrêmement Les retraités les pertes, certaines induites par la redistributionde baisser les rentes. difficile de garantir une répartition équitable des ont droit aux actuelle, sont ainsi transformées en fluctuations fonds entre les assurés actifs et les retraités dans rentes acquises. qui n’aboutiront en fin de compte à aucune ou Olaf Meyer le deuxième pilier, en premier lieu parce qu’il le principe de seulement à une très faible perte sur le long ter- Président du conseil de fondation est impossible de prévoir précisément la date de protection me. L’analyse de la répartition des rendements décès des individus. Il convient en outre d’obser- de la confiance entre les actifs et les retraités en fonction duAde Profond ver que, sur l’ensemble du deuxième pilier, il ne légitime prévaut. risque pris donnerait certes toujours lieu à une lors que le rempart qui protège reste souvent à distribuer aux actifs qu’une très redistribution, mais celle-ci serait moins visible. les rentes actuelles tient encore, faible part des rendements générés. Les critiques Cette approche est intéressante également dans tout indique qu’il sera nécessaire pourront ajouter qu’il s’agit moins d’un problème la mesure où le capital est garanti pour chaque de procéder à des adaptations de répartition que d’un problème d’efficacité car assuré et où les répercussions négatives des ris- pour les rentes futures. L’argu- les institutions devraient toujours avoir pour ob- ques d’investissement sont fortement réduites au ment principal en faveur d’une jectif de générer des rendements suffisants tant niveau individuel.réduction des rentes du deuxième pilier consiste pour les rentiers que pour les actifs. La problématique des taux négatifs non seu-à affirmer que les revenus attendus du capital, Compte tenu des arguments qui précèdent, il n’est lement soulève la question de la réalisation deinclus dans le calcul des rentes à verser, ne seront guère possible de justifier une baisse des rentes rendements inchangés moyennant un risquepas réalisés et que les rentes sont par conséquent actuelles. Les retraités ont droit aux rentes acqui- plus élevé mais ouvre aussi le débat sur le carac-subventionnées par les assurés actifs. Il faut par ses et le principe de la protection de la confiance tère équitable de la répartition. En la matière, lesailleurs ajouter que les institutions de prévoyan- légitime prévaut. Ce principe s’applique bien sûr institutions de prévoyance se positionnent auce ont pris des engagements contraignants et que, aussi au premier pilier, même si compte tenu du moyen de leur politique de placement et du tauxde ce fait, les retraités ont droit à leurs rentes. système de répartition les cotisations qu’un indi- de conversion qui sont étroitement liés.Il est impossible de prévoir avec certitude si les vidu paie au titre de la retraite ne sont pas utili- Il est évidemment essentiel pour une institutionrendements planifiés destinés aux retraités seront sées pour sa propre rente. de prévoyance de communiquer en toute trans-atteints ou non. Ce n’est qu’au décès de chaque En revanche, il n’existe pas encore de rentes parence sur les objectifs qu’elle vise. D’une ma-personne que l’on peut constater si le capital était contraignantes pour les futurs retraités. Les nière générale, il convient de souligner qu’unesuffisant ou non. Même si les retraités actuels taux de conversion actuels ne sont pas définitifs application radicale du niveau des taux néga-sont à l’origine de pertes pour les assurés actifs, il et peuvent être réduits. Les taux négatifs, qui tifs donnerait lieu à un taux d’intérêt techniqueconvient de souligner qu’ils n’en sont pas respon- concernent les dépôts à court terme et les obli- négatif pour les rentiers. Ce qui pourrait signifiersables pour autant. Ces pertes résultent de l’ap- gations sûres à plus long terme, s’appliquent aux que le deuxième pilier ne se justifie plus sur leplication de paramètres erronés ou d’une mau- placements classiques pour les capitaux de pré- plan économique.vaise politique d’investissement mise en œuvre voyance. Dans ce contexte, il est possible d’imagi- Il apparaît donc important de trouver des solu-par les institutions de prévoyance. Au final, les ner une nouvelle baisse du taux de conversion si tions pour débloquer la situation en permettantassurés actifs se retrouvent actionnaires d’insti- les taux d’intérêt ne remontent pas. le versement d’une rémunération qui soit jugéetutions de prévoyance qui utilisent leur capital Bon nombre d’institutions de prévoyance se intéressante, économiquement parlant, tant parde prévoyance pour satisfaire leurs engagements demandent également d’une manière générale si les actifs que par les rentiers. Or, une caisse de un nouveau système de redistribution, peut-être pension affichant des rendements élevés (mais as- plus acceptable, pourrait trouver un plus large sortis de risques élevés) sera davantage en mesure soutien. La réponse pourrait bien être apportée de proposer ce type de solution qu’une institution par des rendements maintenus au même niveau, affichant des rendements faibles (mais assortis de mais assortis de risques plus élevés. Les particu- risques faibles) car la redistribution ressentie sera liers jugeront cette variante plus intéressante, car moindre pour les actifs. Solange Ghernaouti CybersécuritéProfesseure, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory& Research Group, HEC − Unil (www.scarg.org)Le chemin se trace en marchantLa perpétuité pour le créateur de la plateforme électronique che. Dans la mesure où il n’y pas de plaintes, il est difficile clic de trop, d’une escroquerie bien montée ou de l’attracti-«Silkroad» de mise en relation et de vente en ligne entre ven- de justifier du besoin d’accorder plus de ressources à la lutte vité de certaines offres commerciales qui semblent tout à faitdeurs de tout ce qui est illicite et acheteurs. Plaque tournante contre la cybercriminalité… licites mais qui en réalité sont le fait de criminels, comme ladu monde criminel, ce site du marché noir, ouvert en 2011 Nous ne devons pas nous habituer aux cybernuisances et vente en ligne de produits contrefaits par exemple.et fermé par le FBI deux ans plus tard, est une véritable entre- considérer qu’elles font partie de notre quotidien, ni que Avec les informations récoltées sur les victimes potentiellesprise criminelle pour effectuer des trafics en tout genre (dro- le système de justice et police ne peut réaliser sa mission notamment sur les réseaux sociaux ou les techniques d’usur-gue, piratage informatique, faux papier, tueur à gage, blanchi- première du fait d’un Internet mondialisé. Etre victime de pation d’identité, les criminels sont très efficaces pour leurrerment d’argent). Cette place de marché mondial a su tirer parti pickpockets sur Internet ou dans la rue est traumatisant leurs proies d’autant plus qu’ils maîtrisent l’art de la commu-du numérique, des techniques d’anonymisation et de l’usage à plus d’un titre, c’est une violence réelle, physique, émotion- nication et de la manipulation ou encore les techniques dedu Bitcoin pour être performante. Son fondateur Ross Ulbricht, nelle et économique aux impacts directs (plus d’argent) et marketing et de e-commerce.qui se fait appeler Dread Pirate Roberts – le terrible pirate indirects (trauma, peur...) importants. De plus cela contribue De plus, aucune entité est totalement immune aux intrusionsRoberts – comme le héro au masque noir du roman fantas- à enrichir les acteurs criminels au détriment de la société. informatiques et au vol de données. Il suffit pour s’entique de l’Américain William Goldman paru en 1973 «The Car l’argent volé appauvrit la victime, qu’elle soit une per- convaincre de rappeler l’intrusion dans les systèmes dePrincess Bride», aurait amassé une fortune de 18 millions sonne ou une entreprise commerciale, et ne permet pas de l’Office Personnal Management ayant conduit au vol dede dollars et inspiré la concurrence. contribuer au développement économique ou au bien-être données concernant quatre millions d’employés fédérauxLe signal lancé par les autorités américaines est clair, ce n’est de proches, mais il alimente les réseaux criminels pour aux Etats-Unis annoncé au début du mois de juin 2015pas parce qu’Internet permet de tout faire, qu’il faut tout faire leur donner plus de pouvoir et de puissance de nuisance. (http://www.opm.gov/news/latest-news/announcements/Infor-et laisser faire. Avec cette affaire, le sentiment d’impunité que Un des défis les plus importants de la lutte contre la cyber- mation About the Recent Cybersecurity Incident).pouvaient ressentir les criminels est mis à mal et la capacité criminalité est l’efficacité de la collaboration et de l’entraide Le même terme anglais «power» signifie puissance et pouvoir,de faire du crime un moyen comme un autre pour s’enrichir judiciaire internationale, ce qui suppose qu’au niveau national donnons le pouvoir et la puissance à nos acteurs de la lutteest ébranlée, la perpétuité c’est long… ces questions soient aussi résolues et que les cantons dispo- contre la cybercriminalité d’effectuer leur tâche car désormais,Peu de temps avant ce procès aux Etats-Unis, nous apprenions sent des ressources nécessaires. Pour pallier la distribution chaque système connecté, chaque internaute est une proieque le Ministère public de la Confédération ne traitait que de moyens, qui sont encore insuffisants dans tous les cantons, potentielle, augmenter le niveau de vigilance et de sensi-deux plaintes sur 240 liées à des cybercrimes. C’est très peu et et les problèmes de coordination inhérents, disposer en bilisation et le niveau de protection des infrastructures estcela reflète la pénurie de moyens accordés à la lutte contre la Suisse d’un centre spécialisé, correctement dimensionné et fondamental, mais il existera toujours des victimes qu’il faudracybercriminalité, mais aussi la difficulté et la complexité de ce organisé, permettrait de monter en puissance et de gagner secourir si nous ne voulons pas vivre dans une société dutype d’enquête. Cela alimente un cercle vicieux, les victimes ne en efficacité dans la lutte contre la cybercriminalité. chacun pour soi et laisser monter en puissance et en pouvoirdéposent pas plaintes convaincues de l’inutilité de la démar- La prévention c’est bien mais insuffisant, nul n’est à l’abri d’un les acteurs criminels. 

PAGE 18. Indices | | Juin 2015 | EntretienYves MirabaudLa politique de la BNS accentue le risquesystémique de la place financière suisseElu ce printemps à la présidence de l’Association de banques privées suisses (ABPS), Yves Mirabaud, associé senior et pré- sident du conseil de Mirabaud et Cie à Genève, estime que la politique actuelle de la BNS accroît le risque systémique de la place financière suisse. Les taux négatifs, auxquels échap- pent les grandes banques et les banques cantonales, incitentles banques privées et les fonds de pension suisses à prendre davantage derisques pour leurs clients et pour eux-mêmes. Ce qui va à l’encontre de tousles principes de prudence et de préservation du patrimoine à long terme.En raison de cette distorsion de concurrence entre établissements ban-caires, les banques privées devront facturer à leurs clients l’essentiel des2 milliards de francs par an en taux d’intérêt négatifs ou prendre toutou partie de cette perte à leur charge. Ce qui réduira leur attractivité ouleurs marges bénéficiaires. Cela pourrait aussi accentuer le phénomène deconcentration que connaît le secteur bancaire, déjà sous pression en raisondes départs de clients étrangers liés à l’abandon du secret fiscal et de lahausse des coûts engendrés par les nouvelles règles de gouvernance.Ce n’est pas tout. La difficulté d’accéder aux marchés étrangers, notam-ment de l’Union Européenne représente un réel handicap et conduit lesbanques suisses à s’implanter dans ces pays. La plupart ont ouvert unefiliale au Luxembourg et des succursales dans d’autres pays européenscréant ainsi des emplois à l’étranger et non pas en Suisse. La solution laplus solide serait de négocier un accord sur les services financiers. Mais tantque la Suisse et l’UE n’ont pas trouvé un accord sur la manière de mettreen œuvre l’initiative populaire votée le 9 février 2014, cette question n’estune priorité ni pour l’Europe ni pour la Suisse.Les banquiers suisses souffrent également de la nouvelle concurrence desEtats-Unis. Après avoir imposé l’échange automatique d’informationsfiscales à tous les autres pays, les Américains ne fournissent d’informa-tions bancaires à personne, parce que cela risquerait de mettre en péril leurpropre système financier.D’ici à 2020, la Suisse pourrait ne plus recenser qu’une centaine de banques Yves Mirabaud. Président de l’Association de Banquesprivées. Y a-t-il un fort mouvement de concentration? Privées Suisses (ABPS), Associé Senior Mirabaud SCALe mouvement de concentration a jusqu’ici principalement impacté les 1989 Licence en relations internationales auprès de l’Institut des banques étrangères mais aussi des maisons privées comme La Roche. Cette Hautes Etudes internationales de Genève.consolidation durera au moins jusqu’à la mise en place de l’échange automa- 1989-1993 Divers stages dans des banques de Suisse et dans le monde tique de renseignements (EAR) en 2017-2018. Cette date marquera la fin de (Zurich, Boston, New York).la transition d’un monde de secret bancaire absolu à un monde plus transpa- 1993 Entrée à la Banque Mirabaud.rent au niveau de la fiscalité. Le secret bancaire reste cependant un élément 1996 Nomination en tant qu’Associé, puis Associé Senior en 2012.très important pour nos clients, même si le secret fiscal n’existe plus. 2014 Suite au changement de structure juridique du Groupe Mirabaud, il devient Associé de Mirabaud SCA et Président du Conseil d’administrationQuelle différence y a-t-il précisément entre secret bancaire et secret fiscal? de Mirabaud et Cie SA. 2015 Nomination en tant que Président de l’ABPS.L’information transmise aura uniquement un but fiscal. De nombreuxclients s’adressent aux banques privées pour bénéficier de la confidentialité Je ne dispose pas de tels chiffres. Mais il faut savoir que la transparenceet non pour l’aspect fiscal. Comme le secret médical, ou le secret profes- fiscale passe par un processus de régularisation. En Espagne et en Belgi-sionnel de l’avocat, du notaire, le secret bancaire représente une protection que, par exemple, celui-ci a été pensé de telle sorte qu’il était simple etnormale de la sphère privée, par exemple en cas de divorce ou pour se attractif, alors que dans d’autres pays, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, enprémunir contre un Etat inquisiteur. C’est pourquoi la Suisse devra faire France, les conditions sont assez lourdes, notamment lors d’actifs succes-attention avec quels pays elle échangera ces données. Dans des régions où soraux. Aujourd’hui, les clients ont trois types de réactions. Certains fontrègne la violence ou dans les pays qui ne connaissent pas d’Etat de droit, il l’autruche, ce qui est dangereux. Une partie importante de la clientèle tients’agit aussi d’une question de sécurité pour les clients. à régulariser sa situation. Enfin, certains clients choisissent une autre place financière, où ils pensent pouvoir échapper à leurs autorités fiscales. DansLe secret bancaire n’est donc pas caduc? ce dernier cas de figure, cela a un impact sur les actifs en Suisse. Ces fonds quittent non seulement la Suisse mais aussi le système bancaire suisse.Pas du tout. Le secret bancaire n’a en rien été modifié. Il reste inscrit dansla loi sur les banques, comme les autres dispositions relatives au secret pro- La place financière suisse aurait donc réussi à surmonter le handicap de la finfessionnel. Mais il ne couvre plus la soustraction d’impôts, tout au moins du secret fiscal?dans les rapports avec l’étranger. C’est la seule différence. La mise en place de l’EAR sera le grand test. En termes de sorties de fonds,C’est une différence importante… nous pourrons tirer entre 2018 et 2020 une réelle conclusion de l’impact de ce changement de paradigme. A ce jour, le bilan reste plutôt positif, puis-C’est vrai. Et c’est un avantage compétitif de la place financière suisse qui que nous enregistrons davantage d’entrées que de sorties nettes de fonds.disparaît. Mais je ne pense pas que ce soit l’unique atout de notre pays. La Toutefois, il faut tenir compte d’un autre élément important à savoir laSuisse et ses banques jouissent de très nombreux autres avantages, à com-mencer par la qualité des collaborateurs, l’expertise dans une gestion trèsinternationalisée et diversifiée des patrimoines. Dotée d’un système juridi-que relativement stable, la Suisse est un Etat de droit crédible. Sa monnaieforte – peut-être trop parfois – est appréciée des clients étrangers. Nousl’avons toujours dit: ce n’est pas le secret fiscal qui fait le succès de la placefinancière suisse, mais l’ensemble de ces atouts. Même après la perte dusecret fiscal, les actifs gérés et déposés en Suisse restent relativement stables,voire sont légèrement en hausse. Cela démontre notre capacité à conquérird’autres clients que ceux dont le seul but est de ne pas payer d’impôts.On estime pourtant que 350 milliards de francs auraient été retirés des banquessuisses ces derniers temps? 

PAGE 19. Indices | | Juin 2015 | Entretien Yves Mirabaudprofitabilité de ces avoirs. Les fonds qui entrent aujourd’hui en Suisse sont leurs gains. Si une banque privée ne répercute pas ces frais sur ses clients,moins rémunérateurs. cela a un impact important sur son résultat. La banque Mirabaud, par exemple, facture les taux négatifs pour les dépôts au-dessus d’un million deLes intérêts négatifs imposés par la Banque nationale handicapent-ils les francs, ce qui lui permet de couvrir un tiers seulement de la facture de labanques privées? BNS. Les deux tiers restant à sa charge viennent en déduction du bénéficeLes taux d’intérêt négatifs ne facilitent pas la tâche du gérant, mais ils sont et surtout de sa capacité d’investissement. Cela s’ajoute aux autres facteurs,aussi quasi négatifs en euros, très bas en dollars et en yens. Nous vivons liés à la baisse du franc suisse, à la pression sur les tarifs, aux coûts juridi-dans un environnement de taux d’intérêt extrêmement bas, ce qui peut ques et de compliance, etc. Cela dit, ce début d’année s’est révélé moinsavoir à terme des conséquences importantes. Nous ne contestons pas la dé- mauvais que prévu grâce à un environnement porteur, avec des volumescision de la BNS. L’avenir dira s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise importants sur les marchés boursiers et des changes. Les marchés actionsidée. Mais nous contestons ses modalités. En effet, l’intérêt négatif n’est européens ont gagné 20 à 25% en quatre mois. Ceci est rare et ne peut pasperçu par la BNS que sur les avoirs des banques en compte de virement qui être annualisé. Même si les banques conservent des marges importantes, lesdépassent 20 fois les réserves légales de liquidité. revenus diminuent, si bien qu’un certain nombre d’établissements ont prisLorsque ce système a été introduit, les avoirs des grandes banques auprès des mesures de rationalisation.de la BNS n’atteignaient que 13 fois ces réserves légales. Ce multiple estaujourd’hui de 16. Pour les banques cantonales, prises collectivement, il Cette pression favorise-t-elle la délocalisation d’activités des banquiers privés,est passé de 16 à environ 20. Pour certaines banques privées ou banques qui créent déjà davantage d’emplois à l’étranger qu’en Suisse?étrangères, dont les réserves légales sont bien moindres et qui ne peuventpas placer cet excédent de liquidité dans des crédits, les multiples sont beau- Le phénomène d’internationalisation est plutôt lié à la difficulté d’accédercoup plus élevés. Ce sont donc elles qui, pour des raisons structurelles, aux marchés étrangers. Tant que nous ne bénéficions pas d’un tel accès, ilpaient l’intérêt négatif. Personne n’a jamais été en mesure de nous expli- est difficile pour nos collaborateurs domiciliés en Suisse de développer unequer où la BNS avait trouvé ce multiple de 20, qui pénalise les banques nouvelle clientèle et de servir les clients actuels dans leurs pays de résiden-spécialisées dans la gestion de fortune par rapport à des banques qui prati- ce. En France, en Allemagne, en Italie, les activités autorisées aux banquesquent le même métier qu’elles mais ont aussi une activité dans le domaine suisses sont très limitées. Le grand avantage de l’UE (et de l’EEE d’ailleurs), des crédits. Durant les 6 premières semaines, la BNS a c’est de permettre à une banque ayant son siège dans un pays membreLa difficulté d’accès prélevé à peu près 260 millions de francs sous forme de vendre ses services dans les 28 pays de l’Union. Le fait de ne pouvoiraux marchés étrangers d’intérêt négatif. Ceci représente 500 millions par tri- accéder au marché européen incite les banques suisses à s’implanter dansconduit les banques à mestre ou 2 milliards par année. Ce chiffre donne une ces pays. La plupart d’entre elles ont ouvert une filiale au Luxembourg ets’implanter dans ces idée de l’avantage compétitif des banques qui ne paient des succursales dans d’autres pays européens. Elles ont créé des emplois àpays et à y créer des rien en raison des modalités d’application de l’intérêt l’étranger. Même si nous avons conscience qu’il s’agit d’une question politi- négatif. que délicate, nous insistons sur ce point. Pour créer des emplois et générer des revenus et des impôts en Suisse et non pas à l’étranger, il faut que lesemplois. Le nombre de Comment un banquier privé gère-t-il cette situation? banques suisses puissent travailler dans de bonnes conditions dans l’UE,collaborateurs basés à qui est leur principal marché. L’enjeu est clair: voulons-nous créer des em-l’étranger a beaucoup Si vous répercutez l’intérêt négatif auprès du client, vous plois bancaires en Suisse ou à l’étranger?augmenté durant les subissez une sorte de concurrence déloyale, car vousdix dernières années. êtes défavorisés par rapport aux banques universelles. Que pensez-vous de la stratégie de la Confédération sur ce dossier? La plupart des banques privées ont choisi une solution intermédiaire en répercutant ces frais à leurs clients Aussi longtemps que la discussion avec l’UE est bloquée par d’autres dos- au-dessus d’un certain montant de dépôt. D’autres ont siers, la priorité de la Confédération consiste à tenter de négocier des ac- décidé de procéder à des investissements beaucoup plus cords bilatéraux avec ses pays membres. Cela a bien fonctionné avec l’An- agressifs, ce qui augmente le risque des clients ou leur gleterre et l’Autriche en marge des accords Rubik. Avec l’Allemagne, desrisque propre. Au lieu de conserver ces actifs auprès de la BNS, elles les discussions sont en cours entre la BaFin et la FINMA. Avec d’autres pays,investissent dans des actions ou d’une autre manière. Cette stratégie risquée c’est plus difficile. Nous pourrions mettre à profit l’EAR pour nous ouvrirva à l’encontre de tous les principes des banquiers privés. Autrement dit, de nouveaux marchés. Mais, avec l’Australie, il me semble que la Suisse ala politique de la BNS accroît le risque systémique de la place financière beaucoup donné mais peu reçu. Elle a accordé l’échange automatique desuisse. Je ne pense pas que ce soit conforme au but poursuivi. renseignements, mais le programme de régularisation australien a pris fin le 19 décembre 2014. Plus grave: on ne sait pas quels autres pays sont prêtsPourquoi la BNS a-t-elle choisi un modèle inéquitable? à échanger des renseignements de manière automatique avec ce pays. Et en matière d’accès au marché, la Suisse reste moins bien traitée que l’Alle-En prenant cette décision, la BNS savait qu’il y aurait des victimes colla- magne, par exemple. On peut penser que le modèle australien sera repristérales, tout comme en abandonnant le taux plancher. La conséquence de par d’autres pays. Notre crainte est que la Suisse soit tellement pressée decette politique est que la BNS pénalise principalement les banques privées signer un grand nombre d’accords avec différents pays pour ne pas risqueret les banques étrangères. Dans les faits, elle favorise les grandes banques. d’être montrée du doigt qu’elle se précipite alors que les autres pays sontC’est la problématique que nous tentons de débattre avec elle. Mais, jus- beaucoup plus prudents. Le Secrétariat d’Etat aux questions financières in-qu’ici, si nous avons été écoutés, nous n’avons pas été entendus. ternationales (SIF) cherche à nous rassurer sur ces points, mais nous res- tons circonspects à ce stade.Les taux d’intérêt négatifs n’ont-ils pas spécifiquement pour but d’inciterles investisseurs étrangers à vendre des francs suisses? Comment faudrait-il négocier avec l’Europe?L’explication de la BNS me dérange. Ces dernières années, certains clients Pour accéder au marché européen, la solution la plus solide serait de négo-non résidents en Suisse ont réalisé des gains considérables avec un franc cier un accord sur les services financiers, à l’image de l’accord sur la libresuisse qui est passé de 1,60 franc à 1 franc pour 1 euro. Je n’ai aucun pro- circulation des personnes et des accords touchant la libre circulation desblème à dire à de tels clients: prenez votre profit et retournez dans vo- biens. Sur ce dossier, les banques ne sont pas sans reproche. Elles n’ont pastre monnaie de référence. Si vous voulez protéger vos avoirs en ayant des poussé pour obtenir un tel accord de peur que le secret bancaire soit remisfrancs suisses, cette protection a un coût: l’intérêt négatif. Mais la BNS voit en question. Aujourd’hui, cette pièce est tombée. Nous devrions négocierles choses différemment. Elle estime que la force du franc suisse n’est pas le cet accord, mais c’est avant tout une question de politique nationale. Siseul fait des étrangers. Elle est due, à son avis, au déséquilibre de la balance nous trouvons un accord avec l’UE, sera-t-il acceptable en Suisse? L’accèsdes paiements, qui ne résulte du fait que les Suisses n’investissent plus assez au marché n’est ni la priorité pour l’Europe ni pour certains milieux enà l’étranger. La BNS explique qu’elle a dû se substituer à cette lacune en Suisse. En l’état, ce thème est de toute façon bloqué en attendant que laachetant des euros. Et elle dit que c’est aux Suisses d’exporter des capitaux. Suisse et l’UE s’entendent sur la manière de mettre en œuvre l’initiativeAinsi, les caisses de pension devraient augmenter leurs avoirs à l’étranger populaire votée le 9 février 2014.et donc accroître leurs risques de manière colossale. En cas de crise en Eu-rope, elles pourraient avoir des difficultés à verser les rentes si la valeur de Pour les banques, il y a pourtant urgence?leurs investissements a chuté. Un tel discours me paraît discutable. La BNSencourage le système financier suisse à s’exposer à davantage de risques. Je Regardez notre établissement. La Banque Mirabaud a transformé ses filialestrouve cela paradoxal. à Paris et en Espagne en succursales d’une banque luxembourgeoise qu’elle a créée l’an dernier. Si dans quatre ans, un accord sur les services financiersLes taux d’intérêt négatifs ne risquent-ils pas de précipiter la concentration des est signé entre la Suisse et l’UE, nous ne fermerons pas cet établissementbanques suisses? Un établissement ayant seulement 5 milliards sous gestion pour revenir en Suisse. La conséquence est qu’en attendant, au lieu de créerpourrait ne pas s’en sortir et être contraint de se vendre. des emplois et de la richesse en Suisse, nous le faisons à l’étranger.Une possibilité pour échapper aux taux négatifs consiste en effet pour un N’êtes-vous pas trop pessimiste?banquier privé à se vendre à une grande banque épargnée par les tauxnégatifs, comme La Roche l’a fait avec le groupe Raiffeisen. Un autre effet Nous avons pour objectif de développer notre pays. Nous sommes patrio-pervers, c’est que certaines grandes banques répercutent quand même les tes. Nous sommes ouverts sur le reste du monde, mais nous sommes aussiintérêts négatifs auprès de leurs clients alors qu’elles n’ont pas à les payer des entrepreneurs qui voulons assurer notre développement en Suisse. Leselles-mêmes. Ainsi, elles ne diminuent pas leurs pertes mais augmentent conditions-cadres actuelles entravent l’accès au marché. Cet obstacle ne se franchit qu’aux dépens de la place financière suisse. Cela ne veut pas dire 

PAGE 20. Indices | | Juin 2015 | Entretien Yves Mirabaudque les banques suisses seront plus faibles, mais qu’elles se développeront Dans cette éventualité, les Suisses fortunés ne pourraient-ils pas aussi déposerdavantage à l’étranger qu’en Suisse. Nous avons fortement augmenté le leurs fonds aux Etats-Unis pour échapper au fisc suisse, ce qui réduirait encorenombre de nos collaborateurs basés à l’étranger au cours des dix dernières la clientèle des banques suisses?années, alors que l’emploi bancaire est resté relativement stable en Suisse. Chez Mirabaud, les Suisses représentent un tiers de la clientèle. CertainsCe modèle de diversification géographique n’est-il pas inévitable? établissements en ont davantage, d’autres moins. Mais ce risque est théo- rique. Il y a plus de probabilités que de riches étrangers quittent la Suisse.Si nous voulons rester une banque suisse, oui. Mais si les conditions- Des fonds de clients européens qui ne souhaitent pas subir le processus decadres n’évoluent pas, certaines banques suisses pourraient délocaliser leur régularisation et qui craignent l’échange automatique d’informations par-siège à l’étranger. HSBC envisage bien de quitter Londres pour s’établir à tent déjà, notamment aux Etats-Unis, qui, à mon sens, sont certainementHong Kong. Demain, une banque suisse pourrait déplacer son siège social la place financière la plus accommodante pour un contribuable qui veutau Luxembourg afin de bénéficier de l’accès au marché européen. Ce risque échapper au fisc de son pays. Il y a deux raisons à cela: d’une part l’échan-n’est pas que théorique. Est-il actuel? Je n’en suis pas sûr. Si, par hypothèse, ge automatique pratiqué par les Etats-Unis est très limité et, d’autre part,nous décidions de placer notre siège principal au Luxembourg et de trans- ce pays n’a pas des standards élevés en matière d’identification des ayantsformer en filiale notre banque en Suisse, nous aurions immédiatement ac- droits de sociétés de domicile.cès au marché européen. Nous n’examinons pas encore cette option, mais ilest difficile de garantir qu’aucune banque n’y réfléchira à l’avenir. Les Etats-Unis ont donc fait d’une pierre deux coups: ils ont affaibli la place financière suisse et ils héritent d’une partie des clients des banques suisses?Avec les nouvelles réglementations, on a l’impression que la Suisse lâche sur tout? On sait que les Anglo-saxons ont parfois tendance à donner des leçonsLa Suisse a décidé de se conformer aux standards internationaux, ce qui qu’ils n’appliquent pas eux-mêmes. L’exemple de l’échange automatiquenécessite un certain nombre de changements. Elle a aussi tendance à aller des informations fiscales est le plus parlant. Les Américains imposent FAT-un peu plus loin que d’autres avec le «Swiss finish» contre lequel nous nous CA au monde entier. Tous les autres pays doivent fournir des informa-battons parce qu’il nuit à notre compétitivité. L’exemple le plus parlant, tions aux Américains, mais la Américains ces derniers sont beaucoup plusc’est la «Weissgeldstrategie» telle qu’elle est proposée au Parlement. Elle va restrictifs pour donner des informations. Le droit interne des Etats-Unisplus loin que l’EAR, puisqu’elle veut obliger les banques à s’assurer de la n’autorise pas les banques de ce pays à communiquer beaucoup d’informa-pleine conformité fiscale de leurs clients. Aucun pays au monde ne procède tions à l’IRS, notamment pas sur les ayant-droit des comptes. Avant qu’unainsi. De plus, cela a un coût très important. Voilà un exemple type de juge américain ait ordonné à une banque de transmettre des informationspratique qui affaiblit la compétitivité des banques suisses, car notre pays a au percepteur helvétique, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts.adopté d’autres instruments prévus par les standards internationaux. N’y aura-t-il pas une évolution?Les banques suisses ne devraient-elles pas aussi donner des informations au fiscsuisse sur les clients helvétiques puisque des Etats étrangers le feront? Le GAFI et l’OCDE nous assurent que les choses évoluent et qu’on trou- vera des solutions. Certes. Mais aujourd’hui, il n’y a pas d’EAR avec lesIl reviendra au peuple de trancher cette question, qui n’est pas bancaire, en Etats-Unis. On ne sait pas non plus comment les trusts seront traités dansse prononçant sur l’initiative dite Matter «Oui à la protection de la sphère l’effort de transparence entre les îles anglo-normandes et la France, l’Alle-privée». Si elle est acceptée, il n’y aura pas d’échange automatique en Suis- magne et la Belgique, par exemple.se. En revanche, l’Etat aura certainement des exigences plus importanteset dérangeantes envers les banques. La Confédération pourrait renforcer Comment la Suisse peut-elle accepter de tout donner sans rien recevoirl’impôt anticipé et imposer au banquier de s’assurer de la conformité fiscale en échange?de son client. Le risque existe que la banque soit poursuivie si elle accepteles fonds d’un client qui se soustrairait à ses obligations fiscales. Ce n’est C’est le pouvoir du fort contre le faible. L’UE peut dicter des règles à lapas ce que nous recherchons. En cas de rejet de l’initiative, il n’y aura pas Suisse, mais elle n’est pas capable de les imposer aux Etats-Unis. La Suissed’obstacle à un échange d’informations avec le fisc suisse. a moins de puissance que les Etats-Unis.  Propos recueillis par Giuseppe MelilloDaniel Held LeadershipDirecteur, PI Management, Lutry*Il est si facile de faire échouer un collaborateurL’art du management Le but pour toute organisation, pour les équipes compétences managériales particulières pour cela. collaborateur n’a pas de potentiel. En attendant,consiste à créer les et pour les individus, s’appelle succès. Le succès Il suffit d’exposer ses points faibles et appuyer on aura «cassé de l’humain».conditions du succès correspond en général à l’atteinte des objectifs, dessus. Cela marche presque à tous les coups. Beau- Ces trois exemples appartiennent à des pratiquespour chacun. Mais rares à la réalisation de projets ou à l’obtention d’une coup de collaborateurs en font donc les frais. Or, courantes et souvent institutionnalisées. Danssont ceux qui excellent adhésion pour des propositions. Dans un contexte l’échec prouve certes que le collaborateur n’a pas certains secteurs (ex. service public), elles sont gra-dans cet art. favorable, avec une vision, des objectifs et un cadre su répondre aux attentes posées, pas encore qu’il vées dans le marbre, soi-disant pour protéger les clairs, la plupart y parviennent sans trop d’efforts est incompétent. En revanche, il devrait systémati- collaborateurs. Elles invitent bien plus aux non-dits et en tirent généralement bien des avantages. Dans quement inciter à challenger les pratiques managé- et conduisent à faire durer les phases de séparation des conditions d’incertitude, de dysfonctionnement riales, pour vérifier si tout a bien été mis en œuvre – avec des conséquences physiques et psychiques managérial ou organisationnel, de changement pour faire réussir le collaborateur. Des lacunes souvent graves – plutôt que de chercher à trouver lié aux conditions de l’environnement, l’exercice managériales risquent d’apparaître au grand jour. une solution constructive pour chacune des parties. se complique. Certains apprécient ce genre de Quelques pratiques bien ancrées sont très révélatri- Si l’on veut éviter cela, deux conditions suffisent: situations plus que la routine et s’en sortent à leur ces à ce sujet: connaître parfaitement les talents et les forces, avantage, mais ils sont rares. Pour la plupart, les  Réalisation d’un audit dans une organisation où mais aussi les points faibles des collaborateurs; difficultés ne font que commencer. le management se révèle défaillant et où le cadre et avoir réellement envie de les faire réussir, en Dans les contextes tendus, le potentiel des indivi- est mal défini: un tel audit risque effectivement de construisant sur les forces, et en se donnant le droit dus est mis sous pression, particulièrement lorsque constater une succession d’erreurs commises par d’un vrai travail managérial. les exigences font appel à des compétences dont les équipes et l’encadrement, alors que souvent ils Si, avec la meilleure volonté du monde, cela n’est le collaborateur ne dispose que partiellement. Il font des efforts énormes pour compenser les dys- pas possible en interne, il s’agit d’aider au plus vite va alors tenter de faire face à sa façon, ce qui se fonctionnements et problèmes environnants. Rien le collaborateur à redéfinir un projet professionnel résume le plus souvent à faire plus que ce qu’il fait de tel pour générer des ruptures professionnelles qui lui convient. Chacun dans la durée sera gagnant. d’habitude. S’il a tendance à avoir besoin de tout et des sentiments d’injustice profonds. De nombreuses résistances peuvent bien sûr se maîtriser, il maîtrisera encore plus; s’il a tendance  Mise en place d’un plan d’action strict pour cor- faire jour, suite à des peurs parfois légitimes. Car à partir dans la théorie et les concepts, il le fera da- riger les déficits de performance, en demandant de là aussi, seule l’intention noble d’aider le collabo- vantage; s’il aime s’appuyer sur les autres, il impli- faire parfaitement ce que le collaborateur n’aime rateur à trouver un cadre qui lui permet de réussir quera encore plus les autres; s’il tend à se montrer et ne sait pas bien faire, sans s’interroger s’il existe et de s’épanouir sera louable. Et c’est là que réside fort et à prendre sur lui, il assumera encore davan- une meilleure manière de valoriser ses talents. On le vrai défi managérial: s’engager pleinement pour tage. En augmentant la pression, en maintenant les créera un climat négatif en mettant de la pression aider ses collaborateurs à réussir, dans son équipe dysfonctionnements, on sera certain d’une chose: là où cela fait déjà mal. ou ailleurs.  on pourra constater l’impact des points faibles et  Mise à l’épreuve d’un collaborateur, alors qu’on observer la manifestation des schémas comporte- a déjà la conviction faite qu’il ne répond pas aux * Directeur du cabinet PI Management, Empowering for mentaux des individus. On pourra donc aisément attentes, dans un climat où l’on cherchera particu- change. Enseignant dans plusieurs hautes écoles. Partenaire faire la preuve de leur incompétence. Faire échouer lièrement les imperfections et l‘erreur: ceci permet- Savilleconsulting, Career4Life et Crossknowledge pour quelqu’un n’est vraiment pas un exploit. Il n’y a tra certainement de confirmer qu’on avait raison de le développement du leadership, des talents et du bien-être aucun besoin de formation, de diplômes ou de penser ce qu’on pense, mais pas forcément que le au travail. (www.piman.ch)

PAGE 21. Indices | | Juin 2015 |Pour que les entrepreneurs développentde vraies compétences commercialesLe laboratoire développé par Il ne faut Le coach: «Je vois sur votre business plan que vous duit ou un service. L’entrepreneur doit remplirGenilem permet de détecter les pas oublier n’avez pas intégré de vendeur dans l’équipe»? ce diagnostic en répondant à des questions surforces et les faiblesses commer- que la vente L’entrepreneur: «Ah oui mais je m’occuperai de son expérience de vendeur, sur le temps qu’ilciales du créateur d’entreprise. commence la vente!» pense consacrer à chercher de nouveaux clients dès le moment Le coach: «Mais en avez-vous les compétences?» mais aussi sur son étude de marché, la manière Pascal Bourgier où le client L’entrepreneur: «Non mais ce n’est pas grave, utilisée pour fixer son prix… dit non. vous savez la vente ce n’est pas très compliqué» En fonction des réponses du porteur de projet,DCoach GENILEM Le coach: «Mais avez-vous le temps d’entrepren- nous sommes alors en mesure d’identifier les e nos jours, les entrepreneurs dre des démarches pour trouver des clients, aller axes d’amélioration urgents mais aussi de valo- investissent facilement du les convaincre, signer des contrats…?» riser les points forts. En partant de ces problé- temps et de l’argent dans un L’entrepreneur: «Non mais je le trouverai matiques, il sera proposé tout un parcours pour outil technique, une machine, bien…». acquérir ces compétences manquantes. un logiciel de comptabilité ou Le coach: «les journées font 24 heures pour tout Cela passera par des workshops thématiques un site web mais plus diffici- le monde et sauf grosse modification de la rota- très orientés pratiques (proposition de valeurlement dans le commercial. Nous faisons très tion de la terre, cela ne devrait pas évoluer dans du produit ou service, business model, pricingfréquemment ce constat. Les business plans que les prochaines années?». ou encore technique de vente), cela passera parnous sommes amenés à analyser montrent ra- Ce type de discussion s’avère malheureusement du coaching en face to face et aussi du mento-rement des manques ou lacunes au niveau des très fréquent. En effet, les créateurs d’entreprise ring avec les parrains Genilem qui ont de plusoutils de production ou du nombre d’ingénieurs ont de réelles difficultés à appréhender les dé- en plus la volonté de s’impliquer concrètementen R&D mais en revanche, rares sont ceux qui marches commerciales, tant en termes de res- auprès des créateurs d’entreprises soutenus pardimensionnent à sa juste mesure, la fonction sources financières que de ressources humaines. Genilem à l’image de Procter & Gamble qui metcommerciale (ressources humaines, outils infor- On pense maîtriser la fonction commerciale sans à disposition les compétences pointues de ses ca-matiques, achat de bases de données…). Il nous même savoir ce dont il s’agit. On imagine que la dres au profit des entreprises accompagnées pararrive souvent de parcourir des business plans démarche commerciale est facile et ne nécessite Genilem.où on a simplement oublié d’embaucher un ven- pas un apprentissage particulier comme c’est le L’ambition de ce Laboratoire commercial estdeur et lorsque nous posons la question au por- cas pour la comptabilité ou pour des domaines importante. Cet outil doit nous apporter uneteur de projet lors d’un entretien, voilà générale- techniques comme l’ingénierie. méthode visant à améliorer les compétences desment la tournure des discussions. Fort de ce constat, nous avons décidé de réagir entrepreneurs. Des résultats concrets devraient en lançant le Laboratoire commercial. Le Labo- pouvoir se valider rapidement par des indica- ratoire commercial est un outil qui permet de dé- teurs très simples comme l’augmentation du tecter les forces et les faiblesses que nous appel- chiffre d’affaires par exemple. Alors si la vente lerons pudiquement les «points d’amélioration». vous paraît une simple affaire de discussion et de Il s’agit d’un diagnostic qui suit un ordre logique «tchatche», n’oubliez pas que la vente commence propre à toute démarche visant à vendre un pro- quand le client dit non… Brasserie Docteur Gab’sHaut potentiel pour l’entreprise romandeDidier Planche 1,5 million laboratoire, ou encore un espace d’accueil et de sont sujettes à caution, la brasserie Docteur Gab’s de francs a dégustation. Au total, quelque 1,5 million a été trace son chemin avec conviction. «Comme nosL’Journaliste économique pour GENILEM été investi dans investi dans l’outil de travail. résultats dépassent nos prévisions avec une crois- émission de la SSR «A bon enten- l’outil de travail Toujours à la tête de la PME, les trois associés sance annuelle moyenne de 60% et que nos pers- deur» du mois de mai, consacrée de la brasserie aux compétences parfaitement complémentai- pectives s’avèrent plutôt encourageantes, nous aux brasseries artisanales, n’a pas implantée res produisent 3500 hectolitres de bière de dé- n’avons plus de difficultés de financement, puis- parlé de celle du Docteur Gab’s. à Savigny. gustation, répartis entre cinq bières classiques que les banques nous suivent pour tout nouvel Dommage. Ses bières dites de à l’année et quatre brassins de saison, apparte- investissement. Certes, cela n’a pas toujours été dégustation ravissent les papilles nant toutes à la catégorie bières de dégustation. le cas, surtout au début de notre aventure, maisgustatives des amateurs et professionnels. Fi- Considérés comme haut de gamme, ces breuva- aujourd’hui, nous pouvons concrétiser notregurant parmi les premières de classe de la tren- ges sont vendus en bouteilles de 33 cl, en coffrets stratégie de croissance», se réjouit Gabriel Has-taine de grandes brasseries artisanales de Suisse, en bois et en fûts de quinze et trente litres. «No- ler, qui occupe la fonction de directeur généralvivant de leur production, la brasserie vaudoise tre clientèle professionnelle en Suisse romande, de la brasserie employant une dizaine de collabo-représente un cas d’école probant et même une composée d’hôtels, de restaurants, de cafés et rateurs. «Elle passe, entre autres, par l’augmen-petite success story. de détaillants, représente 80% de nos ventes. Le tation de notre productivité, la création de nou-Sa création est l’aboutissement de huit ans de solde est formé de particuliers que nous livrons à velles variétés de bière, dont une sera mise sur lebrassage amateur dans une cuisine privée de domicile, ou qui achètent nos bières directement marché cette fin d’année, l’élargissement de notreJouxtens-Mézery (VD), avec aux commandes à la brasserie, sur les marchés et par internet. Ils clientèle, la diversification de nos points de ventetrois jeunes passionnés de l’onctueuse boisson. appartiennent globalement à la tranche des 25- en Romandie, en particulier dans les cantons deEncouragés par la qualité de leur modeste pro- 45 ans, habitent en ville, touchent des revenus Fribourg, Neuchâtel et Valais, et la pénétrationduction, ils décident alors de professionnaliser moyens à supérieurs et apprécient les bières du du marché alémanique à l’horizon 2016», préci-leur activité. C’est ainsi qu’ils fondent la brasse- terroir ayant du caractère», indique l’un des fon- se-t-il, sans oublier de mentionner l’obligation derie Docteur Gab’s SA en 2009, avec un capital de dateurs, le trentenaire Gabriel Hasler. constance dans la qualité.150.000 francs glané auprès de proches et amis. Comme les bières de dégustation (blanches, Hormis la tendance des réglementations surPuis tout va très vite, puisqu’en 2011 les trois foncées, artisanales, etc.) ne couvrent encore les boissons alcoolisées et le renforcement de laamis brasseurs installés à Epalinges produisent que 10% de la consommation en Suisse, contre concurrence dans les bières de dégustation sus-déjà 400 hectolitres d’une poignée de variétés de 90% pour la famille des bières blondes de soif ceptibles de freiner les affaires de la brasseriebières de dégustation, comptent un nombre cer- (type Lager), elles ont un fort potentiel de crois- Docteur Gab’s, sa principale difficulté consiste àtain de clients, et reçoivent en outre l’accompa- sance qui devrait se confirmer avec leur démo- gérer la croissance et surtout à anticiper le mar-gnement entrepreneurial de Genilem. cratisation, l’évolution des goûts et la tendance ché. «Prévoir nos besoins de production dans lesQuatre ans plus tard, leurs efforts, sacrifices à consommer moins, mais mieux. Il en est de douze à dix-huit mois constitue un exercice re-personnels et investissements consentis portent même des parts de marché des brasseries artisa- doutable, car une brasserie de notre taille ne peutleurs fruits. La brasserie Docteur Gab’s, désor- nales qui s’élèvent timidement à 2% en Suisse, pas se permettre une rupture de stock, ni une sur-mais implantée à Savigny sur une surface utile alors que celles des brasseries industrielles Carl- production qui déboucheraient sur des pertes»,de 480 m2, possède une installation performante sberg et Heineken atteignent 55%, ou encore relève Gabriel Hasler. Prévoir, c’est tout l’art decomprenant notamment sept cuves de fermen- celles des brasseries régionales comme Boxer les conduire une entreprise. Mais comme ce derniertation, une salle chaude pour la fermentation 10%, pour ne citer qu’eux. est au bénéfice d’un master en Management deen bouteille, une ligne de mise en bouteille, un Dans ce marché de la bière devenu fortement la rigoureuse Université de Saint-Gall, nul doute concurrentiel, où les pratiques de certains acteurs qu’il y parviendra. 

PAGE 22. Indices | | Juin 2015 | Les livres par HEG ArcLe burn out Quatre auteurs offrent un éclairage historiquePhilippe ZAWIEJA des enjeux liés à la gouvernance d’entreprise en Suisse de 1880 à 2010.Éditions des PUF, collection Que sais-je?, 128 pages13 francs, ISBN 978-2-130-63356-3 De la cohésion au délitement Cet ouvrage de référence propose l’efficacité, visent à instaurer au plus haut niveau une synthèse des connaissances sur de l’entreprise, dans l’intérêt des actionnaires, la le burn out, une des formes de fatigue transparence et un rapport équilibré entre les tâ- dans le monde du travail. Environ 8% Alain Max Guénette ches de direction et de contrôle.» La position de de la population active de nos pays IMSI, Haute Ecole de Gestion Arc, l’actionnaire devenait ainsi clairement affirmée, en serait victime. L’auteur en précise au détriment de celle des organes de direction. la définition et les effets psychologiques L Neuchâtel et Delémont Ainsi, jusqu’aux années nonante les élites patro- et économiques et il invite à penser a gouvernance d’entreprise est de- nales étaient hostiles à l’accroissement du pouvoir sa prise en charge. venue depuis les années nonante actionnarial défendent les auteurs de l’ouvrage un des sujets prégnants en matière De la «Forteresse des Alpes» à la valeur actionnarialeL’empowerment, une pratique émancipatrice? économique. Un sujet d’autant plus qui s’attache précisément à comprendre ce chan-Marie-Hélène BACQUÉ, Carole BIEWENER grave que les chocs provoqués par gement. Deux parties le constituent, la première différents scandales à l’échelle natio- analysant la période allant de 1880 à 1985 et laÉditions La Découverte, 164 pages, 15 francs nale – que l’on pense aux faillites de fleurons de seconde de 1985 à 2010. Dans la première partie,ISBN 978-2-707-18634-8 l’économie suisse ou aux scandales de rémunéra- deux dimensions interdépendantes de la gouver- De la «Forteresse des Alpes» tions de dirigeants –, ont mis en émoi un pays nance d’entreprise sont prises en compte. D’une Le terme d’empowerment désigne à la valeur actionnariale peuplé d’habitants se sentant jusqu’alors, sinon part, les réformes du cadre réglementaire, avec le «pouvoir d’agir» des individus Thomas David élus, au moins protégés grâce à un tissu écono- la révision du droit des sociétés dans les années et des collectifs. Né aux États-Unis André Mach, Martin Lüpold mique et social «tricoté serré» pour reprendre vingt et trente – il sera révisé en 1991 – et l’af- il y a septante ans pour pallier l’inca- Gerhard Schnyder l’usuelle expression québécoise. C’est d’ailleurs firmation du caractère suisse des firmes dans les pacité des politiques et des experts à ce que montrent les auteurs de l’ouvrage dont on années cinquante. D’autre part, le changement répondre aux défis des sociétés démo- Éditions Seismo rend compte ici. La gouvernance d’entreprise a de politique des firmes avec des interconnexions cratiques, il a trouvé entre autres une 500 pages, 58 francs été relativement stable jusqu’aux années 80, soit entre les conseils d’administration de plus en application au monde des entreprises ISBN 978-2- 883-51059-3 pendant une centaine d’années. Cette stabilité plus fortes jusqu’aux années quatre-vingt du siè- et des organisations. consolidait la perception vue de l’étranger d’une cle dernier puis leur délitement à partir de cesLe genre du mal-être au travail Helvétie véritable forteresse. Il n’était en effet pas années, mettant fin à l’étroite coordination et àRégine BERCOT (Coord.) aisé, de par la constitution des conseils d’adminis- la cohésion des élites économiques et juridiques. tration et la cohésion de l’en- Les transformations radica-Éditions Octarès, coll. Le Travail en débats, semble, de prendre part au Pour comprendre les du modèle de la «forte-210 pages, 28 francs, ISBN 978-2-366-30038-3 capital d’entreprises suisses. le déclin du réseau resse des Alpes» au cours des Les choses ont changé et il vingt-cinq dernières années, Après La santé au travail au prisme était devenu ces dernières an- d’actionnaires mis en l’ont été sous l’effet de «la du genre (2014), l’auteure coordonne nées urgent de comprendre place au siècle dernier libéralisation des marchés un nouvel ouvrage pour rendre compte pourquoi et comment nous et les raisons de son financiers et de l’affirmation du mal-être au travail au prisme du devenions un pays presque délitement sous les de nouveaux acteurs, inves- genre. Car dans le travail, comme comme les autres. Nécessité coups de butoir de la tisseurs institutionnels et dans l’articulation du travail et du ardente de faire le point, d’ap- valeur actionnariale. raiders notamment. Cette re- hors travail, des sources de mal-être préhender les mouvements définition de la gouvernance sont tapies, hélas rendues invisibles qui ont conduit à ce qu’un d’entreprise, dès lors davan- et ignorées des grandes enquêtes. peu partout dans la société tage orientée vers la satis- l’on pressente une redistri- faction des actionnaires, s’estProfils et pratiques d’entrepreneurs camerounais bution drastique des rapports de domination sur accompagnée d’une transformation du profil desExpériences et témoignages la scène économique et financière. Malheureu- élites économiques».Emmanuel KAMDEM, Raphaël NKAKLEU sement, si nous disposions d’études et analyses Cet ouvrage devrait intéresser toute personne intéressantes sur les conseils d’administration et désirant comprendre le monde économique etÉditions L’Harmattan, leurs compositions, elles étaient partielles et ne juridique en Suisse et ses transformations opé-coll. Diversité culturelle et dynamique des plongeaient pas dans un passé suffisamment loin- rées tout au long du siècle dernier, tout particu-organisations, 242 pages, 34 francs tain pour que l’on puisse vraiment saisir le mou- lièrement au cours des trois décennies dernières.ISBN 978-2-343-03731-8 vement de l’Histoire. Tout justement, le récent Comprendre le déclin du réseau d’actionnaires ouvrage de Thomas David et ses collègues vient qui s’était mis en place au siècle dernier et les Les auteurs s’appuient sur des mono- combler ce vide de perspective historique pour raisons de son délitement sous les coups de bu- graphies d’entreprises camerounaises nous permettre de comprendre l’évolution de la toir de la valeur actionnariale et de la théorie qui apportent à la connaissance de gouvernance d’entreprise dans un temps long. de l’agence sur laquelle les auteurs offrent un l’organisation et du fonctionnement Une recherche pluridisciplinaire soutenue par regard critique. Comprendre la situation en des PME. Ils invitent à revisiter et le Fonds national de la recherche l’a permis, des termes juridiques, la particularité étant qu’en Suis- dépasser les images d’Épinal de historiens et des sociologues prêtant main forte se le droit entérine les pratiques, contrairement à l’entrepreneuriat africain et proposent aux économistes. ce qui se passe dans d’autres contextes nationaux un cadre de modélisation de l’évolution Au début de leur étude, les auteurs pointent sous où il peut les modifier. Dernièrement, si l’on suit de la PME camerounaise. forme d’exergues deux points de vue différents les analyses des auteurs, on s’aperçoit que les nor- sur la place de l’actionnariat. La première reprend mes peuvent se substituer au droit, comme c’est lePrédation. Nature, le nouvel Eldorado de la finance une position de l’Union suisse du commerce et cas au travers des «codes de bonnes pratiques». OnSandrine FEYDEL, Christophe BONNEUIL de l’industrie qui énonce en 1928: «Une tendance retiendra pour notre part tout particulièrement explicite à favoriser l’actionnaire individuel au les (dé)raisons sociologiques qui ont amené desÉditions La Découverte, 210 pages, 27 francs détriment des organes de la société doit être consi- acteurs que tout pourraient opposer – patronauxISBN 978-2-889-15106-6 dérée comme particulièrement dangereuse, sans et syndicaux – à participer au nom d’un souci de pour autant que l’actionnaire individuel ait beau- transparence au renforcement démesuré du pou- Dans le sillage de la croissance verte, coup à y gagner.» Place est faite ici davantage aux voir actionnarial. Sans doute, cette étude robuste la protection de l’environnement est organes de direction plutôt qu’à l’actionnariat. devrait être suivie d’autres études portant sur les devenue un business: terres, forêts, En 2002, soit septante années plus tard, econo- réseaux de diffusion idéologique et pourquoi pas animaux et végétaux sont transformés miesuisse déclare au contraire: «Le gouvernement sur la contestation d’un point de vue juridique en produits bancaires et financiers. d’entreprise désigne l’ensemble des principes qui, fautif puisqu’il laisse croire qu’une entreprise Principe de rareté aidant, espèces en tout en maintenant la capacité de décision et appartient à ses actionnaires!  voie de disparition, terres et écosystè- mes menacés prennent de la valeur. Se dirige-t-on vers un «krach vert»?Une France antijuive? Regard sur la nouvelleconfiguration judéophobeAndré TAGUIEFFÉditions du CNRS, 320 pages, 31 francsISBN 978-2-271-08700-3 L’auteur de La force du préjugé (1988) analyse les formes les plus récentes de la haine antijuive, portée par un antisionisme radical mâtiné de complotisme et une islamisation croissante de la cause palestinienne. La diabolisation des Juifs traverse désormais toutes les frontières et la réponse doit elle aussi être globalisée.

PAGE 23. Indices | | Juin 2015 | Les livres par HEG Arc Isabelle HILLENKAMP Surveiller et récompenser. Les cartes de fidélité qui nous gouvernent Chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au Centre d’études Sami COLL en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA). 2000. Rencontre de mon époux. Éditions Seismo, 340 pages, 39 francs 2002. Inscription en DEA à l’Institut universitaire d’études du développement à Genève. ISBN 978-2-883-51706-6 2005. Premier séjour de recherche doctorale sur l’économie solidaire en Bolivie. 2010-2012. Naissance de mes enfants. Résultat d’un travail de thèse à l’UniL, 2013. Recrutement à l’IRD et début de nouvelles recherches au Brésil. cet ouvrage porte sur le thème du BIG DATA. L’auteur analyse sociologique-Les marchés réels requièrent ment la collecte massive de donnéesdes règles morales et politiques pour finalement décrypter dans le détail les rouages d’un véritable système deSommes-nous en crise parce que nous avons trop de marché? des dettes publiques de la Grèce et d’autres pays du Sud de surveillance. Il offre une théorisationOu pas assez? Ce livre montre que le principe de concurrence l’Europe, les ajustements structurels passés et la crise de suren- du contrôle social.et la propriété privée ne peuvent s’exercer qu’en se fondant sur dettement du microcrédit ont amplement illustré comment cet-des «communs» et en s’associant avec d’autres logiques. Il existe te logique conduit à l’enrichissement de quelques-uns et à l’ap- Entreprises solidaires. L’économie socialedivers types de marchés. Tous ne sont pas libérateurs. pauvrissement du plus grand nombre. Or ces crises ne sont pas et solidaire en question(s) dues à un mauvais fonctionnement du marché. Au contraire, Pascal GLÉMAIN, Emmanuel BIOTEAU (Dir.)Que défendez-vous dans l’ouvrage collectif que vous dirigez avec elles résultent d’un fonctionnement implacable de la logique deJean-Michel Servet? concurrence et de propriété privée qui sont devenues hégémo- Éditions des Presses Universitaires de Rennes niques. Dans ce livre, nous montrons, à partir de cas précis, le Coll. Économie et Société, 280 pages, 28 francsLa crise financière, morale et politique mondiale qui s’est amor- rôle essentiel que jouent les autres principes économiques et les ISBN 978-2-753-54017-0cée en 2007 a renouvelé le débat sur le potentiel émancipateur et autres règles d’usage des ressources. Nous plaidons pour que lesdémocratique du marché aujourd’hui. Ce livre est une réaction marchés réels répondent à des règles de fonctionnement démo- Dans un contexte de retour de l’entrepre-collective contre un discours idéologique qui réclame d’étendre cratique et reconnaissent l’existence de biens communs. neuriat, l’économie sociale et solidairele marché pour sortir de la crise. Il plaide pour une attitude paraît se trouver en quête d’un nouvelresponsable des chercheurs en sciences sociales spécialistes de Alors, que proposez-vous pour assurer plus de démocratie? idéaltype d’organisation qui se différen-domaines économiques, politiques et sociaux. En combinant cie de l’entreprise de capitaux, et quiétudes de terrain dans différents pays et analyse de l’évolution Précisément, notre analyse illustre, si besoin était, que les mar- enrichit l’entreprise de personnes sousdes sociétés, le collectif réuni ici défend l’idée que le potentiel chés réels ne sont jamais déconnectés du politique ni donc de statut associatif ou coopératif. Les auteursémancipateur du marché ne peut se réaliser aujourd’hui qu’en la démocratie. Il faut rejeter l’illusion persistante selon laquelle interrogent le projet de l’ESS.s’articulant avec d’autres principes économiques comme la ré- l’économie régie par la logique de marché pourrait opérer dansciprocité, la recherche d’autosuffisance et la redistribution, et une sphère séparée du politique. Les politiques d’austérité, en Pour qui luttent les femmes? De la représentationen se fondant sur la construction de communs. Dans le cas du Grèce notamment, rappellent de manière tragique comment des intérêts des femmes au Parlement suissemicrocrédit par exemple, contre la dérive marchande du sec- le dictat du marché hypothèque la démocratie. L’organisation Anouk LLORENteur, il s’agit de promouvoir des modes de gestion durable des des échanges, de la production, du financement, de la consom-ressources financières grâce à des modalités de remboursement mation et l’usage des ressources doivent être soumis au débat Éditions Seismo, 180 pages, 34 francsjustes et réalistes pour les emprunteurs, ce qui suppose de démocratique, et non l’inverse. Cela suppose que soit reconnu ISBN 978-2-883-51666-1revoir le partage de la valeur ajoutée entre bailleurs, intermédiai- le caractère pluriel des principes organisant l’économie, ce queres au niveau des institutions de microfinance et emprunteurs souligne dans ce livre la démonstration du rôle des communs Le genre exerce une influence sur lefinaux. Cette transformation ne peut résulter de la seule action et des principes de réciprocité, d’autosuffisance et de redistribu- comportement des législateurs, montredes forces du marché – dont les limites ont été éprouvées dans tion. Le pluralisme politique ne peut en effet se développer sans l’auteure. Une augmentation du nombrel’accroissement des inégalités et dans le surendettement qui pluralisme économique. Des débats démocratiques sur l’écono- de femmes élues dans des partis dea suivi – ni de celle de l’État, fondée sur le prélèvement et la mie supposent enfin de nouveaux modes d’action publique, fai- droite a un impact sur des politiquesredistribution de ressources. Les études réunies dans ce livre sur sant une place aux acteurs de la société civile sur ces questions publiques mises en oeuvre, notammentle microcrédit, les monnaies locales, l’économie solidaire et le essentielles, en ne les cantonnant pas à l’exécution de politiques en faveur de lois visant à défendre labilan de pays qui expérimentent actuellement une transition sociales compensant les effets néfastes du marché.  cause des femmes.vers le marché pointent vers le rôle essentiel de la société civile Propos recueillis par Alain Max Guénette, Haute école Arcdans la construction de communs et la pratique d’une économie La question kurde à l’heure de DAECHplurielle pour limiter les inégalités et permettre la démocratie. Gérard CHALLIAND, Sophie MOUSSETVous pensez que le marché est un problème? Le Marché autrement Éditions du Seuil, 156 pages, 28 francs Marchés réels et marché fantasmé ISBN 978-2-021-23323-0Notre analyse distingue le marché en tant que logique abstraite Isabelle HILLENKAMPrenvoyant à la concurrence et la propriété privée, des marchés et Jean-Michel SERVET (Dir.) La question kurde est revenue sous lesréels. Ceux-ci sont immergés dans les relations sociales et leur Éditions Classiques Garnier feux de l’actualité en été 2014. Les Kur-fonctionnement suppose des règles morales et politiques. Ce Collection Bibliothèque de l’économiste des, sunnites à 80%, sont alors apparuslivre n’est pas un réquisitoire contre les marchés. En revanche, 300 pages, 41 francs comme une des rares forces régionalesil met en garde contre le fantasme de soumettre la reproduction ISBN 978-2-812-43855-4 déterminées à combattre le djihadisme.matérielle des sociétés au seul principe de concurrence et de Divisés entre mouvements concurrentspropriété privée. La crise des subprimes aux États-Unis, celle et entre l’Irak, la Syrie, la Turquie et l’Iran, leurs voix contradictoires sont iciL’art de réincarner le management déchiffrées.Sociologue de l’organisation et de l’entre- à son travail. Car penser le travail en ayant Basé sur des enquêtes de terrain, ancré L’économie créative et ses territoires. Enjeux et débatsprise, Philippe Bernoux n’est pas spécia- en tête une vision tronquée des attentes donc dans du concret, l’auteur explique Christine LIEFOOGHE (Dir.)lement connu du grand public. Ses tra- et des désirs des travailleurs, insiste-t-il, deux concepts que sont l’«appropriation»vaux au long cours nourrissent cependant c’est construire un univers du mal-être, et la «reconnaissance». L’auteur montre Éditions des Presses Universitaires de Rennesdepuis les années 80 ceux et celles qui du malheur, voire de la révolte. L’organi- comment les mettre en œuvre afin que coll. Espaces et territoires, 240 pages, 27 francscherchent à comprendre comment favori- sation des êtres humains, qu’il s’agisse de le travail soit un lieu créateur de sens et ISBN 978-2-753-53978-5ser dans les organisations une gestion hu- l’entreprise ou de la cité, ne peut qu’être par là lieu d’un mieux-être de l’individumaine des ressources. Ceux et celles qui fondée sur des concepts correspondant à et des sociétés.  L’économie créative s’inscrit dans le mou-cherchent, plutôt que de nourrir le bêtisier la réalité du travail, selon lui. Par Alain Max Guénette, HEG Arc vement de transformation du capitalismedu management à travers des phrases tel- Ce que soutient en d’autres termes où la connaissance et la créativité sontles que «je pense pour vous» (sic) et d’en- Philippe Bernoux, c’est que le malheur Mieux-être au travail: sources de création de valeur et jouenttretenir une conception désappropriante organisationnel n’est pas un destin et appropriation un rôle dans le développement desen termes de travail, qui cherchent donc qu’il est possible d’éviter les conséquences et reconnaissance territoires, à la croissance soutenueplutôt à incarner le management pour fa- fâcheuses sur les personnes de pratiques Philippe BERNOUX depuis près de trente ans. Un ouvragevoriser le «pouvoir d’agir». délétères, conscientes ou inconscientes, des plus pertinents sur la question.Pour construire un mieux-être, soutient souvent malveillantes. Incapacité à l’em- Éditions Octarès, coll.l’auteur, l’entreprise devrait s’organiser en pathie de la part d’hiérarques et autres Travail et activité humaine, Constellations. Des mondes fictionnelsse fondant sur le sens que l’homme donne hiérocrates? Alexithymie? 220 pages, 28 francs dans l’imaginaire contemporain ISBN 978-2-366-30037-6 Anne BESSON Éditions du CNRS, 550 pages, 42 francs ISBN 978-2-271-08341-8 Les indices d’une évolution de notre rap- port aux fictions sont partout, participant à la construction d’un imaginaire commun propre à l’Occident post-moderne, défend l’auteure. Le nombre des phénomènes d’expansion et d’appropriation explose en effet avec la démocratisation d’Internet. Nous vivrions une ère de l’imagination réhabilitée. Libraire conseil: Payot Neuchâtel

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