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N° 02 2016 Indices - Gestion institutionnelle

Published by AGEFI, 2016-02-24 05:40:26

Description: Février 2016

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INDICESFévrier 2016 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°02 | Gestion institutionnelleEntretienBien des entreprisesdélocalisent pour lescompétences et lestalents. Pas pour lesdifférentiels salariaux.Nicole Burth Tschudi PAGE 20CEO d’Adecco Suisse Le Thème Gestion institutionnelle L’urgence d’intégrer de nouvelles méthodes de gestion des risques Les fonds de pension sont contraints de changer d’approche pour remplir leurs engagements à long terme  page6à19 Florence Anglès / Serge Ledermann / Ermira Marika / Dave Fishwick / Fernando Martins da Silva / Vaqar Zuberi / Norbert BuffardMichaël Malquarti / Jan Szilagyi / Cédric Kohler / Frédéric Ruiz / Agnes Nussbaumer / Cyril Freu / Charles Morel / Johnny El Hachem / Olaf MeyerLe pessimisme sur la croissance de laChine est injustifié. Le ralentissements’inscrit dans une transition majeure Michel Girardin (Unige). PAGE 4

PAGE . Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleIndices Parlons d’infrastructures Eldorado du private equity Relais de croissance Les placements en infrastructures se positionnent de plus Souvent perçus comme risqués, certains marchés émergents offrent en plus comme une catégorie attrayante, notamment dans cependant des opportunités réelles. Celles-ci n’ont pas échappé Les montants gérés par les fonds de pension un environnement de taux durablement bas. La diversité du aux acteurs du Private Equity qui ont noté l’amélioration sensible excèdent parfois le PIB de leurs propres pays. rapport risque/rendement au sein de la classe peut être exploitée des conditions macro-économiques et politiques Dans un climat de faible rendement de l’obliga- de manière ciblée afin de satisfaire aux exigences diverses des de beaucoup de ces marchés. Attractifs malgré taire, ils devraient être prêts à prendre certains portefeuilles institutionnels. Agnes Nussbaumer, Credit Suisse des situations très hétérogènes. Johnny El Hachem, risques pour générer les rendements nécessaires Institutional Clients. page 17 Edmond de Rothschild Private Equity. à assurer leurs engagements. Et répondre aux page 19 besoins de financement de l’économie réelle. Florence Anglès, REYL & Cie SA. page 6Éditorial L’inévitable recours à l’alternatifLes matières premières se sont effondrées, les diversification vers des classes alternatives per- lement les passifs à forte duration des caisses demarchés actions vacillent, le rendement des obli- met de dégager des revenus supplémentaires et, pension. L’utilisation du capital sur le long terme,gations est faible et l’environnement réglemen- dans une certaine mesure, d’éviter les corréla- l’illiquidité des fonds d’infrastructure et l’ingé-taire de plus en plus contraignant. A l’heure où tions, mais elle exige de maîtriser un savoir-faire rence du secteur public dans les mécanismes dela croissance chinoise inquiète, où l’Europe conti- qui peut nécessiter des années d’apprentissage. prix est toutefois de nature à poser des défis par-nue de s’essouffler, où la politique économique Si on y ajoute que le repli vers l’obligataire souve- fois insurmontables (p. 16 et 17).du Japon semble faillir et où même la normali- rain, valeur refuge par excellence, n’est plus une Le private equity élargit son périmètre avec l’ex-sation tant attendue de la politique d’assouplis- option dans la mesure où son portage est devenu tension à des investissements dans les pays émer-sement monétaire américaine est contestée, les négatif (p. 8), le dilemme est de taille. gents où la demande est forte et le potentiel deinvestisseurs institutionnels se voient contraints Du côté des hedge funds, l’offre a évolué. L’im- croissance considérable en raison de fondamen-d’orienter leurs stratégies vers de nouvelles clas- pressionnante croissance des fonds UCITS alter- taux économiques et démographiques évidents.ses d’actifs. natifs en Europe a ouvert de nouvelles perspec- Attention toutefois à l’hétérogénéité régionale etDétentrices de montants colossaux (ils excèdent tives avec le développement de véhicules mieux sectorielle qui exige une connaissance approfon-le PIB dans certains pays), les caisses de pension régulés, plus transparents et plus liquides. Aux die du terrain et une discipline d’investissementsont en quête des rendements nécessaires à assu- Etats-Unis, l’industrie des hedge funds a crû de bien rodée (p. 19).rer leurs engagements vis-à-vis des retraités dans manière exponentielle. Avec toutefois la triste Reste à choisir, au sein du mode de gestion, laun contexte de taux désespérément bas. Une quê- constatation que la performance de la classe est part qui sera réservée aux allocations tactiqueste qui ne va pas sans une refonte des allocations décevante et que l’alpha diminue avec la taille actives ou au rebalancement mécanique (p. 18),traditionnelles ni sans une approche renouvelée des actifs gérés (p. 13 et 15). ce dernier restant inapplicable aux classes alter-des risques à encourir. Hedge funds, immobi- L’investissement dans les infrastructures – dont natives examinées ici.lier, infrastructure ou private equity, la gamme l’horizon se situe sur le long terme et les revenusest vaste mais la sélection complexe. La gestion sont récurrents – peut correspondre à une par- Nicolette de Joncaired’actifs avec lesquelles elles ne sont pas toujours tie des objectifs des caisses de pension. La longue Co-Rédactrice en cheffamilières exige des caisses de pension d’évoluer durée de vie des actifs et leur capacité à générerhors de leur zone de confort (p. 6). Certes la des cash flows stables et prévisibles reflètent idéa- [email protected] du 22 Février 201604. ENtretien. Michel Girardin (Unige). 14. La nécessité d’une approche 19. Les marchés émergents sont-ils architecturale des stratégies Global Macro. le nouvel eldorado du private equity? Johnny«Le pessimisme sur la croissance est injustifié» Jan Szilagyi, Lombard Odier Investment Managers. El Hachem, Edmond de Rothschild Private Equity.05. Chronique. La prime d’inaction. 14. Marchés. Un degré supplémentaire 20. Entretien. «Le travail temporaire souffreFrançois-Serge Lhabitant de prudence s’impose. Philippe Schindler, des effets néfastes du franc fort sur l’industrie suisse d’exportation». Nicole Burth Tschudi,06. L’avenir ne se construira pas sur les vestiges Blue Lakes Advisors.du passé. Florence Anglès, REYL & Cie SA CEO d’Adecco Suisse. 15. Il n’a pas neigé à Noël. Abandonnons le ski!08. Le difficile équilibre de la gestion balancée 23. La rente forcée peu remise en question.en période de taux négatifs. Serge Ledermann, Cédric Kohler, Fundana.Banque J. Safra Sarasin. || Obligations suisses: Olaf Meyer, Président du conseil de fondation de Profond.la valeur ajoutée d’une gestion active. 16. Le paradigme de l’investissement en infrastructure: chronique d’une opportunité 23. cybersécurité. La douleur de l’expérience.Ermira Marika, Pictet Asset Management perdue? Frédéric Ruiz, ISFB. Solange Ghernaouti, Swiss Cybersecurity Advisory & Research10. La croissance modérée n’est pas un fléau 16. En Droit. Le crowdfunding dans la LSFin: Group, HEC Lausanne.au contraire de la déflation. Fernando Martins da Silva, une occasion manquée. Dr. Thierry Amy, BCCC Avocats.BCV. || Primes de risque: attention aux trajectoires. 24. Culture entrepreneuriale: est-ce une utopie? 17. Réseaux électriques et ferroviaires: Pascal Bourgier, GENILEM || De la difficulté àDave Fishwick, M&G Investments. des infrastructures pour les institutionnels. concrétiser une idée sous forme d’une société viable. Interview Barbara Ben Hamadi, GENILEM12. Améliorer les rendements liés au pétrole Agnes Nussbaumer, Credit Suisse Institutional Clients.sans prédire la direction du prix. Vaqar Zuberi, 25. Le bonheur est dans le faire pas dans le subir. 18. Avis de forte volatilité: la performanceNorbert Buffard, Mirabaud Asset Management (Suisse) SA absolue pour mitiger le risque. Cyril Freu, Alain Max Guénette, HEG Arc Neuchâtel12. Opinion. Une guerre des monnaies qui ne dit DNCA Investments, affilié de Natixis Global AM. 25. Leadership. Activer le capital émotionnelpas son nom? François Savary, Prime Partners. || Allocation active ou rebalancement pour réussir les changements. Daniel Held, mécanique? Que choisir? Charles Morel,13. La rencontre de deux mondes. Michaël Malquarti, UBS Asset Management Suisse. PI ManagementSYZ Asset Management. 26. Livres par HEG ArcIndices est un supplément de L’AGEFI, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève | Président Alain Duménil | Administrateur délégué-Rédacteur en chef François Schaller | CEO Agefi SA Olivier Bloch | Directeur adjoint, développements Lionel Rouge | Rédactionen chef Indices Danielle Hennard, Nicolette de Joncaire | Responsable IT Guy-Marc Aprin | Responsable graphisme et édition Sigrid Van Hove [email protected] | Journalistes Mohammad Farrokh, Giuseppe Melillo | Contributeurs réguliers Solange Ghernaouti, Alain-MaxGuénette, Daniel Held, François-Serge Lhabitant, François Savary, Philippe Schindler | Administration Patricia Chevalley, Carole Bommottet | Marketing Guillaume Tinsel (021) 331 41 06 | Abonnements (021) 331 41 01 – [email protected] | Publicité Suisse romande & internationaleNorbert Fouchault (021) 331 41 25 – [email protected] – Suisse alémanique Béatrice Leuenberger (044) 254 39 21 [email protected] | Imprimerie Kliemo Printing, Eupen | Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité de la publication.Copyright © Toute reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés est interdite, sauf autorisation écrite de la rédaction | Direction et administration Rue de Genève 17, Case postale 5031, CH-1002 Lausanne, tél. (021) 331 41 41, fax (021) 331 41 55, www.agefi.com

Il y a certains produitspour lesquels on préféreraitpayer moins cher...CheAper,* SmArterPour Amundi, être le leaderde la gestion d’actifs en Europe(1),c’est aussi vous faire profiterd’une gamme d’ETF à prixcompétitifs*. amundietf.comLes fonds de la gamme AMUNDI ETF (les « Fonds ») approuvés en Suisse sont des fonds communs de placement (« FCP ») de droit français. La liste des Fonds approuvés pourla distribution en Suisse peut être obtenue auprès du Représentant en Suisse.Édité le 22/03/2016 par Amundi Asset Management, Société anonyme au capital de 596 262 615 € - Société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF n° GP04000036 - 90 boulevard Pasteur, 75015 Paris, France - 437 574 452 RCS Paris.Informations commerciales non contractuelles ne constituant pas une recommandation ou une sollicitation d’achat, de vente. Pour les Fonds approuvés en Suisse : Représentant en Suisse : CACEIS (Switzerland) SA, route de Signy35, CH-1260 Nyon, Service de paiement : Crédit Agricole (Suisse) SA, quai Général-Guisan 4, CH-1204 Genève. Le prospectus, le document d’informations clés pour l’investisseur (« DICI »), le règlement intérieur ainsi que les derniersrapports annuel et semestriel peuvent être obtenus sur simple demande et sans frais auprès du représentant en Suisse. Ce document n’est pas destiné à l’usage des résidents ou citoyens des États-Unis d’Amérique et des « U.S.Persons », telle que cette expression est définie par la « Regulation S » de la Securities and Exchange Commission en vertu du U.S. Securities Act de 1933 et reprise dans le Prospectus des produits financiers décrits dans ce document.(1) Périmètre Amundi - N° 1 en montant total d’actifs sous gestion des sociétés de gestion ayant leur principale implantation située en Europe - Source IPE « Top 400 asset managers » publié en juin 2015 sur la base desencours sous gestion à décembre 2014. * Moins cher, plus malin. Cheaper : établi à partir d’une comparaison entre les Total Expense Ratios (« TERs ») pondérés par les encours de tous les fonds Amundi ETF (« les Fonds ») :0,25 % (source : Amundi ETF) et les TERs pondérés par les encours de tous les ETF européens (incl. les Fonds) : 0,31 % (source : DB ETF Research). Données au 30/10/2015. Important : certains Fonds peuvent être pluschers individuellement que des fonds européens équivalents ou ne pas avoir d’équivalents permettant une comparaison et vice versa. Analyse ne tenant pas compte des commissions et frais de transactions prélevés parles intermédiaires financiers, directement à la charge de l’investisseur. Le TER correspond aux frais courants mentionnés dans le DICI. |SUI_FR_AP_Amundi_ETF_Cheaper_Agefi_Indices_281x396+5indd.indd 1 15/02/2016 16:23

PAGE . Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleMichel Girardin (Unige)Le pessimisme sur la croissance est injustifié M ichel Girardin est chargé de cours Pourquoi cet excès d’offre? à l’Université de Genève et associé- L’Arabie saoudite a ouvert les vannes gérant de Macro- pour évincer les Etats-Unis du marché. ll suffit de faire baisser le prix au-des- sous de 70 dollars pour que le gaz de guide. Optimiste, schiste ne soit plus rentable. Cela n’em- il pense que la baisse de la croissance pêche pas certains observateurs de met- chinoise est un phénomène transitoire tre en parallèle l’évolution du prix du lié à un changement structurel qui mène baril et celle de l’Eurostoxx ce qui est la Chine vers une économie moins tri- une aberration. Si la chute du cours du butaire de l’industrie et plus orientée brut a eu un impact négatif immédiat vers la consommation et les services. sur les investissements dans le secteur Une transition voulue des autorités du pétrolier, les conséquences positives de pays. Le sentiment négatif du marché cette baisse sur la consommation ne se s’inscrit en réaction à la dévaluation du sont pas fait encore sentir. Or, aux Etats- yuan perçu comme un signal de faiblesse Unis, la consommation représente 70% de l’économie. du PIB et elle sera stimulée par des prix de l’énergie plus abordables. Le sentiment du marché est négatif. Est-ce justifié? Quel est le prix d’équilibre du baril? Ce sentiment n’est pas justifié par les Le prix normal tourne autour de 35 à 40 fondamentaux économiques. Il y a une dollars avec des fluctuations de plus ou inquiétude sur l’ampleur du ralentis- moins 30%. La baisse actuelle s’explique sement de l’économie chinoise mais par le momentum du marché. celui-ci est normal car il s’inscrit dans une transition majeure pour l’Empire du Que penser de la politique de la BCE? Milieu. D’une économie industrielle, la L’économie de la zone Euro donne des Chine se tourne vers la consommation signes de reprise, mais il n’y a pas assez et les services, un changement structurel de création d’emplois. Pourtant la BCE qui s’accompagne d’un ralentissement est cinq fois plus expansive que la Fed économique, avec des points de crois- dans son quantitative easing. Il ne faut sance en moins. pas se baser sur la taille des bilans mais sur les rachats et les comparer à l’offre Mais quelle sera l’ampleur de ce d’obligations sur le ralentissement? marché des capi- taux. De ce point de Le prix normal Il faudrait déjà pouvoir chiffrer la crois- du baril de pétrole sance chinoise et les statistiques officiel- vue, les 60 milliards tourne autour des les ne sont pas fiables. A l’heure actuelle, rachetés par la BCE 35 à 40 dollars elle est chiffrée à 6,9%, mais la crois- représentent 2,5 fois avec des fluctuations sance réelle se situe sans doute entre le volume d’offre 4 et 5%. Cette estimation peut être Michel Girardin. chargé de cours à l’Université nette d’obligations établie sur la base des importations de de Genève et associé-gérant de Macroguide matières premières, du transport du fret sur le marché, alors de plus ou moins que les rachats de 30%. La baisse et de la consommation d’énergie. Tant Octobre 1987 Economiste depuis 6 mois à l’UBS de Zurich, vit son premier la Fed ne représen- actuelle s’explique du côté de la politique monétaire que krach boursier. Une grosse casse qui se révèle être une belle tent que 0,5 fois le par le momentum budgétaire, les auto- opportunité d’achat. Il n’en sera pas toujours ainsi. volume offert sur leIl faudrait des rités chinoises dispo- marché.statistiques fiables sent de suffisamment Septembre 91 Soutenance de sa thèse de doctorat à l’Ecole des HEC depour chiffrer de marge de manœu- Lausanne: c’était un vendredi 13. du marché. vre pour veiller à ce Janvier 1994 Chef de la recherche à la Banque privée Edmond de Rothschild, devient co-gérant d’un fonds de Hedge Funds en Asie. Y décou- Comment expliquer vre que les génies de la Finance ne sont pas tous pérennes. qu’une politiqueprécisément le que le ralentissement aussi expansive n’aitralentissement se passe en douceur. Octobre 2012 Publication du livre «La Bourse et la Vie»: des portraits en pas donné de résultats plus probants? Pour mémoire, en prose et en photos pour témoigner de la vie à la Bourse. Il y a un dicton anglais qui dit qu’il estchinois. La croissance 1993 déjà on se po- possible d’amener le cheval à la rivière,officielle est de 6,9% sait la question de la Février 2013 Réalise un vieux rêve: enseigner à l’Université.mais se situe sans sévérité du ralentisse- ment chinois. mais pas de le forcer à boire. L’allégorie illustre parfaitement le dilemme auquel sont confrontées les banques centrales. Elles peuvent ouvrir le robinet des liquidités, mettre le coût de l’argent à zéro, voire en territoire négatif. Maisdoute entre Alors comment expliquer la réaction des investisseurs? rien n’oblige les banques commerciales à utiliser cet argent pour octroyer4 et 5%. S’il y a une chose qui ne plaît pas au marché, ce sont de nouveaux crédits, passage pourtant obligé pour que l’assouplissement bien les interventions sur le yuan. Certes, au Japon la de la politique monétaire dope la croissance économique. faiblesse du yen est saluée par la bourse qui y voit le ré- Lorsque la BCE a ouvert les vannes, les banques ont, dans un premier sultat d’une politique monétaire très accommodante, sur temps, préféré utiliser ces deniers pour pratiquer le «Sarko trade», straté- un marché des changes laissé aux forces du marché. Mais en Chine, le cours gie suggérée par le Président Sarkozy en décembre 2011 et qui consistait de change est largement dicté par la Banque centrale, et les dévaluations à emprunter l’argent à des taux minimes à la Banque centrale non pas à l’envi du yuan ne donnent pas une impulsion positive. La dévaluation a pour financer l’économie réelle mais pour acheter des obligations avec des au contraire valeur de signal baissier pour les marchés boursiers, qui y voit rendements de l’ordre de 6% pour l’Italie, par exemple. Une stratégie qui l’annonce d’une dégradation de l’économie. a trouvé tout son sens avec le fameux discours de Mario Draghi en juillet 2012 où il a promis que la BCE ferait tout ce qui est nécessaire pour pré- Le FMI a pourtant des craintes sur la croissance mondiale server l’euro, donnant ainsi l’assurance aux investisseurs qu’il n’y aurait S’il suffisait de prendre les pronostics du FMI pour savoir où va l’économie pas de défauts sur la dette souveraine des pays périphériques de la zone mondiale, ça se saurait ! Cette institution n’a pas vu venir la crise de 2007 et euro. la Grande Récession qui s’en est suivi, et elle a complètement sous-estimé Mais aujourd’hui, cette politique est moins rentable en raison du niveau l’ampleur de la reprise en 2009. Comme pour toute prévision macro-éco- très bas des rendements obligataires. Du coup, les banques commerciales nomique, il faut leurs assigner une probabilité. redécouvrent l’attrait du crédit, qui se porte nettement mieux, ce qui est de Il y a certes une inquiétude liée au prix du baril de pétrole: les pessimistes bon augure pour doper la croissance de la zone euro.  y voient de la déflation. En fait la baisse est en large partie due à l’excès d’offre, non pas à une faiblesse de la demande.  Propos recueillis par Mohammad Farrokh

PAGE . Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelle La Chronique de François-Serge LhabitantLa prime d’inactionDans un marché haussier, il est facile de ga- gner de l’argent. Il suffit d’acheter quelques le prix d’hier ou celui d’aujourd’hui, c’est celui de demain, à l’on veut être performant. Enfin, les historiens vont cher- actions, si possibles dans des secteurs dif- condition que l’on puisse vendre. Et le prix de demain est dic- cher dans leurs banques de données pour retrouver des ana- férents pour être suffisamment diversifié, té par le marché, même si ce dernier est parfois irrationnel. logies avec la période actuelle. S’agit-il d’une correction? et d’attendre tranquillement que le marché Les nostalgiques – ou peut-être faut-il les appeler les optimis- D’un crash? D’une crise boursière, voire financière? Sera- tes – vont s’accrocher, persuadés que leurs titres finiront bien t-elle accompagnée d’une récession? Pour mettre les chosesfasse son travail. Si en plus les taux d’in- par rebondir. Pourquoi? « Parce qu’ils finissent toujours par en perspectives, le S&P 500 subit une correction de 10%térêt sont régulièrement abaissés pour relancer l’économie, rebondir». Peu convaincant comme explication. «Parce que tous les deux ans en moyenne, et un crash de 20% tous lesune seconde source de profit apparaît. Il suffit d’acheter leur valeur intrinsèque est supérieure à leur valeur de mar- trois ans et demi en moyenne. On a trop souvent tendance àquelques obligations, si possibles dans des secteurs différents ché». Bof. Autrement dit, parce qu’ils ont acheté leurs titres l’oublier. Alors 2016, un remake de 2008? Non, car la situa-pour être suffisamment diversifié, et d’attendre tranquille- plus chers que leurs cours actuels, qu’ils ont subi une perte, tion est très différente. Aujourd’hui, après avoir augmenté lament que le marché – pardon, les banques centrales – fas- et qu’ils détestent cela. Il est donc normal que le marché base monétaire de 10.000 milliards de dollars, les banquessent leur travail. En plus, ces deux stratégies sont fortement finisse par reconnaître qu’il s’est trompé et leur donne centrales manquent de papier et d’encre pour imprimercorrélées, puisque l’action des banques centrales sur les taux raison. Nous leur souhaitons bonne chance. d’avantage de billets, les taux d’intérêt sont à zéro ou négatifsd’intérêt a pour effet indirect de faire monter les cours des Les craintifs vont jeter l’éponge, vendre toutes leurs posi- mais les banques ne veulent pas prêter et les consommateursactions. La boucle est bouclée. Dans quelques années, les tions, prendre leurs pertes et se réfugier en cash. Les ennuis ne veulent pas emprunter, l’inflation sensée tout résoudreétudes académiques qui se pencheront sur la période allant ne font que commencer pour eux. Ou vont-ils le déposer? n’est toujours pas là, et l’économie est atone. Le marché dude 2009 à 2015 découvriront sans doute qu’elle se caracté- Dans une banque traditionnelle de première qualité, sans crédit montre des signes de stress extrême, et de nombreu-rise par l’apparition d’une nouvelle prime de risque. Nous risque de faillite, et surtout sans aucune relation avec une ses bulles spéculatives commencent à s’effondrer. Et commel’appellerons la «prime d’inaction». Autrement dit, les bour- banque d’investissement. Utopique. En théorie, ils ne vont d’habitude, on va intervenir et tenter de manipuler les cours.sicoteurs sont payés pour ne rien faire. Il leur suffit d’ache- rien gagner, mais ils vont aussi éviter les pertes. En prati- Ainsi, la Banque Centrale du Japon achète massivement dester des titres et d’attendre. Malheureusement pour les plus que, le cash aujourd’hui coûte de l’argent, particulièrement actions. En Chine, différents moyens ont été tentés, allant deparesseux d’entre nous, le retour des fêtes aura été doulou- s’il porte une croix blanche sur fonds rouge. Ils vont donc la suspension de marché aux injections massives de liquidi-reux et l’année 2016 semble vouloir mettre un sérieux frein signer pour une érosion certes modérée, mais garantie et ré- tés, de l’interdiction des ventes à découvert, puis des ventesà nos mauvaises habitudes. Car les choses se compliquent gulière, de leur capital. tout court, et même l’emprisonnement pur et simple de per-sensiblement dans un marché fortement baissier. Comment Les combatifs vont chercher des stratégies différentes de sonnes susceptibles de devenir des vendeurs. Sans grand suc-réagissent les investisseurs? l’achat-détention. Comme par exemple les ventes à décou- cès. Comme dit le proverbe, «quand la fête est finie, il resteLes agressifs vont acheter davantage. «Les cours sont bas», vert, des stratégies de trading dynamique ou encore des des dettes et du linge sale». A laver en famille, sans doute. disent-ils pour se justifier. Oui, mais bas par rapport à quoi? stratégies de couverture (hedging). Difficile, car on ne s’im-A leur plus haut historique? C’est toujours le cas. Rappelons provise pas gérant de hedge fund du jour au lendemain. François-Serge Lhabitant est Professeur de Finance à l’EDHEC Business School.que ce qui compte en matière d’investissement, ce n’est pas C’est un véritable métier qui s’apprend sur le long terme si L’article ne reflète que les vues personnelles de l’auteur.RETOUR À LA CASE PRÊTEUR – ÉVOLUTION DU MARCHÉ DU CRÉDIT EN EUROPEGRAEME DELANEY-SMITH Contact:Directeur Europe de la dette privée et des investissements Justine Mizrahi, Directeur Suisse,mezzanine chez Alcentra BNY Mellon Investments Switzerland GmbH Tél. : 022 311 1022 [email protected] fort ralentissement de l’activité des banques en matière PROFIL TYPE D’UN FONDS DE DETTE PRIVÉE En effet, tant que les classes d’actifs liquides continuerontde prêt aux entreprises de taille intermédiaire constitue d’offrir des rendements dérisoires, nous sommesune opportunité pour les sociétés d’investissement Liquidité 6 ans convaincus que les investisseurs ont tout intérêt à seinternationales, attirées par le couple rendement/risque tourner vers le secteur du financement des entreprisesattrayant du secteur des prêts. Objectif de performance 8-10% de taille intermédiaire, comblant ce faisant le vide laisséHistoriquement, les fonds de pension suisses étaient par les banques et contribuant par là-même à la repriseinvestis de manière significative en obligations. Les Revenues Oui, dividendes économique.investisseurs ont privilégié les emprunts d’État et le crédit intérimaires L’impact d’une hausse des taux d’intérêtinvestment grade, mais, le poids des flux d’investissement L’impact de la remontée des taux d’intérêt devrait être trèsà destination des marchés obligataires a déclenché une Frais Uniquement sur le capital positif, dans la mesure où tous nos prêts sont calculés surbaisse des rendements. investi la base de l’Euribor + une certaine marge. Etant donné queUne alternative viable le paiement des intérêts est lié à l’Euribor, dès que l’EuriborEn conséquence, les investisseurs qui n’ont pas besoin d’un Profil des prêts augmente, le rendement nominal augmente également pouraccès immédiat à leur capital recherchent de nouveaux nos investisseurs. Généralement, aucun impact négatifsupports pour tenter d’améliorer leurs performances – Rang dans la structure de Elevé n’est relevé sur les entreprises sous-jacentes, qui sonten capturant des primes de liquidité. Il en résulte que capital couvertes contre une hausse des taux directeurs.les investisseurs montrent un intérêt grandissant pourdes classes d’actifs moins liquides telles que les prêts – Taux de recouvrement en 85 à 100% en fonction de Stratégie Alcentra dette privée (Direct Lending)immobiliers, la dette d’infrastructure et, notre spécialité, le cas de défaut la structure de capital – Vise à générer un TRI net de 8% à 10%financement direct des entreprises de taille intermédiaire. – Cible des entreprises affichant une valeurLe profil des entreprises qui retiennent l’attention des Source : Alcentra, 2016.spécialistes de la dette privée varie grandement. En ce d’entreprise comprise entre 55m et 830m CHFqui nous concerne, nous privilégions principalement les d’investissement n’est pas sans risque, le niveau de risque – Une préférence pour la dette sécurisée senior deentreprises situées en Europe. L’essentiel de notre activité associé ne doit pas pour autant être exagéré.se concentre sur le cœur de l’Europe (Royaume-Uni, France En investissant dans une classe d’actifs sécurisée senior, premier ranget Allemagne) et cible des sociétés affichant une valeur l’investisseur sera très bien placé dans la structure de – Depuis 2003, des investissements pour un total ded’entreprise comprise entre 55m et 830m francs suisses, capital en cas de défaut, ce qui explique que les taux devia des prêts sécurisés senior, des prêts unitranches et de recouvrement sont généralement élevés. L’avantage des 3.8 mds EUR sur l’ensemble de la structure de capitalla dette junior. senior secured loans est qu’ils offrent une protection élevée À propos d’AlcentraUn potentiel solide contre le risque qui est dûe à leur collatéralisation, et en Alcentra est une société de gestion d’actifsEn investissant dans ces classes d’actifs, l’investisseur cas de défaut, ils sont repayés en priorité devant la dette internationale spécialisée dans les marchéscherche à bénéficier de 8% à 10% de rendement tout en subordonée et les actions. En complément, l’activité de obligataires risqués ou spéculatifs. Alcentra disposeconservant l’avantage d’un investissement sécurisé, en financement des entreprises de taille intermédiaire offre d’un historique de performance de 12 ans detirant parti d’une évolution en profondeur du marché. également l’avantage pour les investisseurs institutionnels l’investissement dans les stratégies de type prêtsEn contrepartie, l’investisseur doit accepter de bloquer son de soutenir directement le développement d’un pan de senior, obligations high yield, dette privée/non cotée,capital pendant une certaine période. Si ce type l’économie qui contribue directement à la croissance. financement mezzanine, crédit structuré (décoté). Croissance stable en vue En Europe, le marché de la dette privée enregistre une Pack d’information: croissance soutenue. La part du financement non bancaire Pour plus d’informations contactez Justine Mizrahi. sur le marché est ainsi passée de moins de 5% à près de 15%, ce qui traduit une croissance marquée. Notre gisement d’opportunités ne cesse de croître, tandis que les rendements devraient rester durablement stables.T3632_Alcentra_Landscape_V6.indd 1 La valeur des investissements peut évoluer à la hausse comme à la baisse. Les investisseurs peuvent ne pas récupérer l’intégralité du montant initialement investi. Les revenus des investissements peuvent évoluer et ne sont en aucun cas garantis. Réservé exclusivement à l’attention des Investisseurs Qualifiés. Ce document constitue une communication financière et ne saurait en aucun cas être interprété comme un conseil en investissement. Sauf indication contraire, les avis et opinions exprimés dans le présent document sont ceux de l’auteur et ne doivent en aucun cas être interprétés comme un conseil en investissement. Les appels peuvent être enregistrés. BNY Mellon est la marque commerciale de The Bank of New York Mellon Corporation et de ses filiales. Ce document est publié en Suisse par BNY Mellon Investments Switzerland GmbH, Talacker 29, CH-8001 Zurich, Suisse. Enregistré en Angleterre sous le No. 1118580. Autorisé et réglementé par FINMA. AB00017 – 8/15/2016. T3632 02/16 16/02/2016 11:57

PAGE . Indices | | Février 2016 |Le thème Gestion institutionnelle àj Loueserfolendrôsldeedpeernelsaioisndseocnrto-iilsssapnrêctes de l’économie réelle?Florence Anglès, CAIA, RGCP , Directrice de la Gestion des Risques | REYL & Cie SAL’avenir ne se construira passur les vestiges du passéL a crise financière de 2008 a déstabi- lisé les banques dans leur rôle de fi- entrée annuelle de fonds. La prise de risque est hypothèse est rarement vérifiée pour les produits nancement de l’économie. Ces der- considérée comme négligeable et est évaluée à alternatifs. Leurs distributions sont souvent asy- nières ont ainsi réduit leur activité 0,3%2 de la totalité du capital. Elles pourraient métriques et présentent des «fat tails». L’analyse de prêt nécessaire à l’investissement ainsi bénéficier d’un placement potentiellement de la volatilité comme indicateur quantitatif peut des PME, de l’innovation et des in- attractif tout en contribuant proactivement au alors conduire au risque de sous-estimation de lafrastructures. Les fonds de pension, investisseurs développement du tissu économique de demain, probabilité d’occurrence des pertes extrêmes. Lesà long terme, sont une source potentielle de fi- leur permettant ainsi de renouer avec leur nature institutions de prévoyance doivent donc fournirnancement de l’économie réelle. Des initiatives profonde, celle d’investisseur à long terme. des efforts pour améliorer leur pilotage de ges-ont vu le jour afin de favoriser l’investissement Une incertitude demeure: la capacité des fonds tion des risques et disposer à termes d’un cadreinstitutionnel de long terme. La reprise de cer- de pension à assumer ce rôle. Disposent-ils solide reposant sur l’utilisation des modèles detaines activités bancaires par d’autres acteurs du aujourd’hui de suffisamment de moyens pour ac- risque quantitatifs.marché ne signifie pas pour autant que le risque compagner leur appétit pour un risque grandis- Cette mutation pourrait éventuellement être ac-a diminué; il a juste été transféré. sant? Des études viennent apporter des éléments célérée sous l’impulsion d’un cadre réglementaireLa taille du marché des fonds de pension n’a de réponse, dont notamment l’étude «Global spécifique, dans la lignée de Solvabilité II pour lescessé de croître depuis fin 2008 et représente Pension Risk Survey 2015» d’Aon Hewitt réali- assureurs et de Bâle II/III pour les banques. L’ex-des montants pharaoniques. Leur importance sée en Suisse3 qui souligne que la gestion des ris- clusion de ces institutions du périmètre Solvabi-est devenue telle, qu’elle excède même le PIB de ques est en pleine mutation et que des potentiels lité II se justifiait à l’époque par leur capacité àcertains pays de l’OCDE. Les Pays-Bas arrivent d’amélioration existent. L’utilisation de mesures exploiter le potentiel de partage intergénération-en tête suivis de près par la Suisse. Les fonds de qualitatives des risques est encore largement ré- nel du risque. Tout comme les banques, les fondspension, investisseurs à long terme, sont capa- pandue et la référence de marché en matière de de pension ont souffert durant la crise financière,bles de prendre des risques et d’immobiliser du mesure quantitative demeure la volatilité des l’encours total a chuté de 19,4% par rapport àcapital. Ils doivent générer des rendements suf- rendements selon 85% des institutions interro- décembre 2007. Dès 2010, les fonds de pensionfisants pour maintenir leurs engagements. L’at- gées. Cette dernière n’est pas toujours à même avaient déjà récupéré de leurs pertes et leurs actifsteinte de cet objectif dépend de la réussite de d’appréhender convenablement la complexité de n’ont cessé de croître sur la période 2008-2014 àleur investissement, dont la pierre angulaire est certaines classes d’actifs. En effet, la volatilité re- un rythme moyen de 8% par an. Même s’ils sel’allocation stratégique. Avec des engagements en pose sur l’hypothèse de normalité, à savoir que sont rétablis et ont pansé leurs plaies depuis lors,augmentation constante, des titres à revenu fixe la distribution des rendements peut entièrement les pertes subies en 2008 ont focalisé l’attentionvenant à échéance, la quête de rendement dans être décrite par la moyenne et la volatilité. Cette des autorités sur le risque lié à leur stratégie d’in-un contexte de taux désespérément bas peut ra- vestissement. L’épineuse question de la mise enpidement devenir un défi de taille. Pour le rele- IMPORTANCE DES FONDS DE PENSION PAR RAPPORT 160 place d’un cadre de régulation en risque est plei-ver, les fonds de pension peuvent être incités à À LA TAILLE DE L'ÉCONOMIE EN 2014 140 nement d’actualité en Europe sous l’impulsionrepenser leur allocation et accroître leur appétit 120 des recommandations de l’Autorité européennepour des classes d’actifs plus risquées et moins En pourcentage du PIB 100 des assurances et des pensions professionnellesliquides. Le regain d’intérêt pour les placements 80 (EIOPA) et de son concept de «bilan holistique»alternatifs1 reste cependant circonscrit aux pays 60 (ou «Holistic Balance Sheet» – HBS). Selon Ga-représentants les plus gros marchés de fonds de 40 briel Bernardino, président de l’EIOPA, le HBSpension. L’engouement pour cette classe d’actifs 20 constitue «la bonne voie pour assurer à l’avenirpourrait s’accentuer dans les prochaines années aux institutions de pension professionnelle unedopé par les initiatives de promotion du finance- 0 structure de contrôle et de régulation harmoniséement de marché. et fondée sur le risque».Ainsi, la révision de la directive sur les Institu- Pays-Bas Pour que les fonds de pension soient à même detions de Retraite Professionnelle, IRP II, du 27 Islande jouer leur rôle, leur cadre de gestion des risquesmars 2014, s’inscrit dans la feuille de route de Suisse doit être revisité et renforcé afin de garantir quela Commission européenne pour répondre aux Australie les excès du passé ne se reproduisent pas. Sousbesoins de financement à long terme de l’écono- UK ces conditions, la promotion du financement demie réelle. La Suisse n’est pas non plus à la traîne USA marché deviendrait alors la clé de voûte d’unedans ce domaine. Même si les banques cantonales Canada croissance durable tournée vers l’innovation. de par leur mission de service public fournissent Chilides crédits à leur région et aux PME, le besoin Irlande (1) La gestion alternative, selon la définition de l’OCDE, englobede financement se fait également ressentir, tout Israel tous les investissements autres que les bons du Trésor, les obliga-particulièrement pour les start-up innovantes. Le Finlande tions, les actions, les dépôts et le cash. Ces produits comprennentprojet «Fonds Suisse pour l’Avenir» vise à créer Danemark notamment les hedge funds, les fonds de private equity, lesun véhicule commun spécialisé dans le capital- Japon produits structurés, les terrains et immeubles.risque dans lequel les caisses de pension suis- Nv-Zélande (2) Le modèle a déjà prouvé son succès, article de L’AGEFIses auraient à investir à hauteur de 1% de leur Mexique du 18 juillet 2014. Estonie (3) Sur plus de 70 caisses pour un bilan total de CHF 140 mrds. Slovaquie Portugal Espagne Suède Norvège Pologne Rép.tchèque Corée Allemagne Italie Autriche Belgique Turquie Slovénie Hongrie Luxembourg Grèce France Source: OCDE, statistiques sur les fonds de pension NIVEAU ET CROISSANCE ANNUELLE DES ACTIFS SOUS GESTION DES FONDS DE PENSION DE L'OCDE DE 2004 À 2014 30 USD trillions Total des investissements (billion de dollars) 20% Taux de croissance annuel des investissements en dollar (%) 25 10.8% 12.2% 13.3% 24.6 25.2 15% 9.9% 11.0% 22.2 10.9% 10% 7.6% 19.6 19.9 20.5 8.4% 17.8 20 17.9 3.0% 2.5% 5% 15 14.8 15.9 15.8 0% -5 10 -10 5 -15 -20 -19.4% 0 -25 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Source: OCDE, statistiques sur les fonds de pension

Excellentissime !Nos fonds de placement ont excellé lors des Lipper Fund Awards 2016 :Catégorie Fonds Univers des fonds Période RangFonds mixte CHF Swisscanto (LU) Portfolio Fund Yield A Allemagne 3 ans 1Fonds mixte CHF Swisscanto (LU) Portfolio Fund Yield A Europe 3 ans 1Fonds mixte CHF Swisscanto (LU) Portfolio Fund Yield A Europe 5 ans 1Fonds mixte CHF Swisscanto (CH) Portfolio Fund Valca A Suisse 1Fonds mixte CHF Swisscanto (CH) Portfolio Fund World 30 A Suisse 10 ans 1Obligations CHF Swisscanto (CH) Index Bond Fund CHF (I) A Suisse 3 ans 1 3 ansSource: 2016 Thomson Reuters Lipper Fund Award.www.swisscanto.ch/portfoliofundsCes indications ont un caractère purement publicitaire et ne constituent ni un conseil en placement, ni une offre. Les seules sources d‘information faisant foi pour l‘acquisition de parts de fondsSwisscanto sont les documents réglementaires respectifs (contrat de fonds, conditions contractuelles, prospectus et/ou les informations clés pour l‘investisseur ainsi que les rapports de gestion).Ces documents peuvent être obtenus gratuitement sur le site www.swisscanto.ch et sur support papier auprès de Swisscanto Direction de Fonds SA, Europaallee 39, 8021 Zurich, ainsi que danstoutes les agences des Banques Cantonales de Suisse et de Banque Coop SA, Bâle.

PAGE . Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLe difficile équilibre de la gestion balancéeen période de taux d’intérêt négatifsIl convient de conserverles trois classes d’actifs de base. Les stratégies et d’éviter d’être par moment totalement absent (et même en Suisse). Les effets de substitutionsTout en cherchant des extrêmes de de l’une ou l’autre des trois grandes classes d’ac- (aux obligations souveraines de qualité) évoquésapproches ou des styles timing de marché tifs. Comme le démontrent les statistiques de par certains experts comme l’utilisation d’actionsappropriés au régime actuel. présentent long-terme sur les grands indices, des stratégies à haut dividende ou obligations à haut rende- le risque de de timing de marché extrêmes (qui permettent ment démontrent vite leurs limites en période de Serge Ledermann manquer de sortir complètement d’une classe d’actifs) stress (et surtout leur vrai visage). Membre du Comité exécutif, responsable les journées présentent le risque de manquer les journées Comment sortir de ce mauvais pas? Il n’y a pas de la gestion d’actifs pour la Suisse «essentielles» «essentielles» de performance. A titre d’exemple, de solution miracle ! L’investisseur doit faire avec de performance. au cours des 15 dernières années, l’investisseur les rendements que les classes d’actifs retenuesL Banque J. Safra Sarasin qui aurait manqué les 40 meilleures journées de délivrent (sachant que les investisseurs institu- a diversification d’un portefeuille cotation de l’indice S&P 500 aurait enregistré tionnels pour leur grande majorité ne sont pas d’actifs financiers en différents seg- une moins-value annuelle de plus de 10% (contre autorisés à utiliser l’effet de levier). Il convient ments et véhicules de placement un indice produisant une performance annuelle donc de conserver les trois classes d’actifs de base, présentant des caractéristiques de de 5%). Comme base de travail, il convient donc tout en cherchant des approches ou des styles ap- rendement, de corrélation et de ris- de conserver en tout temps une exposition «rai- propriés au régime actuel (inflation basse, crois- que différenciés reste la méthode la sonnable» aux trois classes d’actifs de base soit les sance réelle et nominale faible et de modestesplus efficace de réduction des risques. Toutefois, actions, les marchés de taux et les actifs réels au perspectives de reprise globale) à savoir un peule développement récent de produits financiers premier rang desquels l’immobilier (sous diffé- plus de tactique tout en restant très discipliné. Auplus sophistiqués, ainsi que la multiplication de rentes formes, mais si possible peu corrélées avec niveau des catégories d’actifs, il convient d’aug-stratégies d’investissement dites alternatives, of- les marchés des actions). menter la caractéristique asymétrique de la po-frent des promesses d’optimisation du couple ren- La problématique de la gestion balancée dans l’ère che allouée aux actions en introduisant des obli-dement-risque. Malheureusement, ces promesses des taux négatifs est encore plus complexe, dans gations convertibles ou des titres de rendement,sont souvent déçues, comme le démontrent les la mesure où l’actif traditionnellement de repli de panacher l’exposition obligataire de papiers àrésultats de gestion de nombreuses stratégies «ab- (l’obligataire souverain de qualité, valeur refuge) longue duration et/ou d’obligations indexées sursolute return» ou alternatives. La problématique présente un portage négatif… Par conséquent, sa l’inflation, et enfin de re-balancer régulièrementde base demeure la même depuis plusieurs géné- capacité à compenser (même partiellement) les le portefeuille. Enfin, l’introduction de stratégiesrations d’investisseurs: trouver le bon équilibre moins-values des actifs plus risqués est pratique- de couverture dynamique (basées sur différentsentre le potentiel de gain et la limitation des per- ment inexistante en ce moment. Tout au plus, cet critères comme la volatilité ou les facteurs de ris-tes… Pour ce faire, il convient en effet de doter actif reste stable en période de forte correction que) pour les actifs à risque et les changes s’avèrele portefeuille d’actifs les moins corrélés possibles des actions, comme le démontrent les mouve- d’une grande utilité. Les allocateurs du monde ments des différentes classes d’actifs au cours des entier doivent certainement souhaiter un retour premiers jours de l’année en cours. Pour un por- rapide à la normalisation des politiques monétai- tage plus conséquent, il faut se tourner vers les res de manière à retrouver de la substance dans obligations longues (comme le 30 ans américain) la classe d’actifs obligataire souveraine, afin que ou vers l’immobilier qui présente des rendements celle-ci joue à nouveau son rôle de stabilisateur encore conséquents dans de nombreuses régions rentable dans le portefeuille. Obligations suissesLa valeur ajoutée d’une approche activeLe choix d’une gestion activeplutôt que passive des obliga- La philosophie grands pays émergents n’ont pas réussi à gagner marchés obligataires du fait d’un déséquilibretions suisses prend tout son sens d’investissement la crédibilité des marchés (Chine). Le potentiel structurel entre la demande et l’offre de titres.dans un environnement où le doit être adaptée de performance absolue des obligations suisses Lorsqu’il augmente fortement, les investisseursrisque systémique est en hausse. à la suisse qui s’en trouvera donc affecté. Pour obtenir une per- institutionnels suisses demandent des primes de se distingue des formance positive, les investisseurs suisses de- risque plus élevées que les investisseurs étran- Ermira Marika autres marchés vraient de moins en moins se contenter de fonds gers du fait de leur aversion plus importante aux Responsable de la gestion obligataire en obligataires passifs, qui visent la réplication stricte de la per- pertes en capital. La sélection d’un gérant actif par sa base formance du marché. La gestion active présente devrait dès lors prendre en compte sa capacité àL franc suisse chez Pictet Asset Management d’investisseurs deux avantages: le potentiel de génération d’une évaluer les thèmes macro-économiques affectant es obligations suisses ont généré institutionnels. performance supérieure à celle du marché, et de les taux d’intérêts et le risque systémique. En ef- une performance largement positi- protection du capital en cas d’une hausse des taux fet, une bonne évaluation de ces facteurs et leur ve après la crise financière de 2008. ou de forte crise des actifs risqués. anticipation augmentent la probabilité de succès Depuis 2009, la performance an- Tous les gestionnaires actifs ne sont cependant d’un gérant, tant dans des marchés baissiers que nualisée est de 3,86%*. Leur perfor- pas égaux et plusieurs critères doivent être consi- haussiers, et donc sa capacité à générer une per- mance s’appuie sur deux facteurs dérés. Tout d’abord, la philosophie d’investisse- formance stable et positive dans le temps.principaux : le risque de taux et le risque crédit. ment doit être adaptée aux caractéristiques du Un autre facteur important est l’aptitude du gé-Ces deux facteurs ont contribué positivement ces marché suisse. Il se distingue des autres marchés rant à éviter le risque de défaut d’un émetteur.dernières années, d’une part par la baisse des taux obligataires par sa base d’investisseurs institu- Une sélection judicieuse de titres a deux effetsd’intérêt, rendue possible par une inflation et une tionnels au positionnement stratégique et sensi- positifs: sur la performance absolue, par la pro-croissance faible, et d’autre part par la baisse des bles aux pertes en capital et par une liquidité plus tection du capital, et sur la performance relative,primes de risque crédit (la différence de rende- limitée que sur d’autres marchés développés. Ces grâce à un gain par rapport à l’indice.ment offert par les entreprises par rapport au caractéristiques ont pour effet une faible rotation Enfin, le gérant peut s’illustrer par sa gestion detaux sans risque) soutenue par les interventions des positions des investisseurs. la liquidité. Il faut considérer sa capacité à sur-des banques centrales. Cependant, l’influence po- Par conséquent, les tendances des taux d’intérêt performer avec des titres liquides, son historiquesitive de ces dernières est en diminution. et des primes de risque crédit sont plus le résultat d’anticipation des évènements de crédit et sa fa-Certaines mettent fin à une politique expan- de facteurs fondamentaux que de facteurs tech- culté à ajuster son portefeuille en fonction de lasive après une reprise économique (US et UK); niques. Par exemple, le fait que les taux soient liquidité et de la volatilité du marché.d’autres ont abandonné la lutte contre une dé- à un niveau historiquement bas n’a pas consti- Le choix d’une gestion active plutôt que d’uneflation causée par des facteurs externes (Suisse); tué un déclencheur important de changement de simple réplication de la performance d’un indicecertaines sont encore actives mais avec un succès tendance sur le marché suisse. Le positionnement de référence prend tout son sens alors que le cyclemodéré (EU et Japon); enfin, celles de certains actuel des investisseurs institutionnels repose sur haussier du marché arrive à son terme. Et il faut une évaluation économique fondamentale, avec privilégier le gérant qui maximisera la probabi- une attention particulière à l’inflation et au ralen- lité de gain en adaptant sa gestion aux spécificités tissement économique des pays émergents. du marché suisse et au caractère principalement En ce qui concerne le crédit, nous pensons que institutionnel de sa base d’investisseurs.  le facteur déterminant est le risque systémique. Lorsqu’il est faible, les primes de risque dans le *Performance annualisée du Swiss Bond Index AAA-BBB du marché suisse sont plus basses que dans d’autres 31.12.2008 au 13.01.2016.

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PAGE 11. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnellePrimes de risque: La croissance faibleattention aux n’est pas un fléau. Autrajectoires contraire de la déflationL’attention doit se focaliser sur l’évolution Le grand défi des banques de la reprise, peut vivre avec une croissancedu rendement apparent qu’offrent les centrales reste l’évolution des modérée, car contrairement à un passé encoreactions par rapport aux actifs «sans risque». prix même aux Etats-Unis où récent, elle peut assurer la stabilité du marché de la Réserve fédérale a commencé l’emploi avec 2% – voire moins – de croissance, Dave Fishwick un resserrement monétaire un rythme qui sera légèrement dépassé cette an- Directeur Macroéconomie & Investissements Actions de longue haleine. née. Elle ne saurait en revanche s’extraire facile- ment d’une spirale négative au vu du manque deCM&G Investments Fernando Martins da Silva marge de manœuvre de la Fed dans un environ- omme en 2015, c’est la trajectoire de la prime de Stratégiste financier et directeur nement d’endettement élevé et de taux bas. Son risque des actions à laquelle il faut se montrer Cde la politique d’investissement, BCV premier léger mouvement de hausse des taux en particulièrement attentif en 2016. Cette prime roissance modérée. L’expression près de dix ans – il devrait atteindre 1% en 2016 correspond au rendement apparent qu’offrent les avait déjà été utilisée à l’aube – a en effet été davantage motivé par le proche actions par rapport aux actifs dits «sans risque», de 2015. Elle qualifie encore les retour au plein emploi et son influence poten- du type emprunts d’état. Les taux d’intérêt et les attentes pour cette année. Ce tielle sur l’évolution des prix que par le rythmerendements obligataires étant extrêmement bas à l’heure actuelle, manque d’allant persistant de de la croissance. En s’installant durablement, lesla prime de risque semble très élevée dans une grande partie du l’économie mondiale s’explique pressions déflationnistes pourraient éroder lesmonde occidental. Or, il se trouve que la finance a un penchant par des facteurs tant cycliques que structurels. bénéfices des entreprises américaines et poussernaturel pour le retour à la moyenne. La majorité d’entre nous tend Mais ce rythme inférieur à ceux habituellement ces dernières à la prudence en matière d’investis-à penser que l’écart doit se résorber, sans quoi les marchés actions rencontrés au sortir de crise ne constitue pas sements et d’embauches. Les surcapacités de pro-«rasent gratis». Pourtant, le débat autour de ce sujet révèle des in- une menace en soi. Si danger il y a, il demeure duction et la mondialisation réduisant leur pou-cohérences et des biais non négligeables. dans l’évolution des prix. Alors que la poursuite voir en matière de fixation des prix, leur margeA la question de savoir si les rendements obligataires vont progres- des efforts des banques centrales, le retour de la de manœuvre en matière salariale fondrait, sa-ser, la réaction instinctive est de penser que les taux au jour le jour confiance des acteurs économiques ou encore pant les espoirs d’un retour de l’inflation dansdoivent remonter. Si l’on considère les politiques monétaires ultra- l’abandon de politiques budgétaires trop restric- sa zone neutre d’environ 2%. Et ceci sans mêmeaccommodantes comme la cause de l’élargissement des primes de tives soutiennent la crois- parler d’un potentiel renforcement du dollar quirisque, alors il est naturel de penser qu’il s’agit d’une anomalie à sance, elle ne devrait pas accentuerait encore la tendance.corriger. Mais, au-delà du rebond des taux américains début jan- L’économie s’emballer pour autant car Le risque de crédit aux Etats-Unis, soit le dif-vier, beaucoup peinent à expliquer comment ces hausses de taux américaine n’est elle est toujours confron- férentiel de rendement entre les obligations deinterviendront, tout comme ils peuvent avoir du mal à s’imaginer plus la seule tée à des vents contraires qualité moyenne et celles de premier choix, étaitun monde avec une croissance ou une inflation nettement plus locomotive opiniâtres, tels qu’une dé- orienté à la hausse en fin d’année dernière. Cetforte qu’aujourd’hui. Le pari d’un retour à la moyenne des rende- de la planète. mographie vieillissante, des excellent baromètre du cycle économique reflètements obligataires a été extrêmement douloureux pour beaucoup. La politique gains de productivité insuf- déjà une certaine dégradation des perspectives deSur le segment américain, la poursuite de la tendance s’est avérée monétaire des fisants, un endettement ex- rentabilité des entreprises. Ainsi, contrairementen effet l’une des prévisions les plus fiables de ces dernières années. cessif tant public que privé à ce qui a été enregistré par le passé, le débutDès lors, pourquoi les choses changeraient-elles? ou encore la lenteur avec la- de hausse des taux ne devrait pas être accompa-Sur les marchés d’actions, les choses sont tout à fait différentes. Les quelle nombre de pays lan- gné par une progression nette des bénéfices desinvestisseurs croient de plus en plus à un retour à la normale. Les cent leurs réformes structu- entreprises. Il est cependant vrai que, même s’ilhypothèses de résultats intégrées aux valorisations actuelles étant Etats-Unis passe relles. présente des perspectives mitigées, le niveau ac-beaucoup trop optimistes, on peut bien sûr s’y attendre. Le danger aujourd’hui En 2016, la croissance des tuel des marges est déjà élevé (14% contre 8% enexiste, mais il ne faut pas croire pour autant que cela «doit» se pro- inévitablement économies émergentes de- 2008 ou 6% en 2000).duire uniquement parce que les valorisations sont supérieures à par Pékin. vrait avoisiner 4% et celle Un coup de frein potentiel à la reprise améri-leur moyenne de long terme. Nous avons toujours été impression- des économies industriali- caine serait une cause supplémentaire de pertenés par la capacité des investisseurs à se demander si les actions sont sées 2%. Soit l’écart le plus de vitesse pour l’économie mondiale en 2016.«bon marché» ou pas, à grand renfort de moyennes historiques. Le faible enregistré entre ces deux blocs depuis l’an De modérée, la croissance deviendrait molle.ratio PER de Shiller en est l’exemple le plus courant. Mais en quoi 2000 et l’envol économique chinois. Conséquen- Beaucoup dépendra en outre de l’évolution desest-il vraiment pertinent, dans le cas par exemple où il soit supé- ce: la croissance mondiale réelle devrait flirter prix du pétrole. Le grand défi de ces prochainsrieur à la moyenne? Pensons-nous que l’actif va corriger, ou que avec 3,3%. Elle pourrait faire mieux si l’écono- mois revient donc à poursuivre les efforts de lut-son rendement sera inférieur à ce à quoi nous étions habitués? Si mie chinoise réussissait sa mue ou si en Europe, te contre les risques déflationnistes avec doigté,l’idée de retour à la moyenne des valorisations sous-entend la pre- les liquidités de la BCE se diffusaient plus ra- surtout que les principales économies mondialesmière hypothèse, il vaut mieux détenir des liquidités, quand bien pidement dans le circuit économique. Mais elle n’en sont pas au même moment de leur cycle. Lamême elles affichent un rendement négatif. Mais s’il s’agit de la pourrait aussi faire moins bien, sans pour autant Fed a lancé son mouvement de hausse des taux,seconde hypothèse, qui a les faveurs de plus en plus d’investisseurs risquer la récession, si les politiques monétaires qui, bien que graduel, va en sens inverse d’uneobligataires, la conclusion est délicate. Les obligations d’échéance des principales banques centrales s’avéraient im- politique de la BCE qui prolonge son assou-longue, l’immobilier et les actions affichent toujours les meilleu- puissantes. plissement quantitatif. Le risque d’une guerreres performances des actifs traditionnels. Notre interprétation de En fait, les incertitudes actuelles ne portent pas des monnaies n’est donc pas à exclure et peutl’augmentation actuelle de la prime de risque est la suivante: les tant sur quelques points de base de différence ajouter à la pression ambiante sur la croissanceinvestisseurs veulent être mieux rémunérés pour les actions qu’ils entre une croissance légèrement supérieure ou mondiale. Car, contrairement à ce qui s’est passédétiennent en raison de leur pessimisme à l’égard des résultats et inférieure aux attentes que sur l’évolution des lors des précédentes sorties de crise, l’économiede leur allergie à la volatilité à court terme. Ces justifications sont prix. La croissance modérée souligne une de- américaine n’est plus la seule locomotive de lales cicatrices mentales des multiples krachs boursiers, accès de fai- mande globale modeste d’autant plus visible planète. La politique monétaire des Etats-Unisblesse de la croissance mondiale et autres surperformances obliga- qu’elle contraste avec une offre abondante. Les passe aujourd’hui immanquablement par Pékin.taires survenus au cours de ces dix dernières années. Selon nous, capacités de production ont explosé sous les Ainsi, si la Chine réussit sa transition économi-ces forces comportementales, associées aux fondamentaux, peu- investissements émergents alors que la produc- que, les pressions sur le dollar seraient évitées etvent définir un régime. Et la question que nous devons nous poser tivité dans les services bénéficiait notamment éloigneraient les risques déflationnistes. Cela dit,est de quelle façon ces éléments peuvent évoluer. Si nous sommes de l’évolution des technologies de l’information. et plus globalement, on pourrait aussi imaginereffectivement tenus à des taux d’intérêt durablement faibles, les Ces surcapacités se heurtent désormais à une qu’après les politiques monétaires, les politiquesactions et les autres actifs ont toutes les chances de surclasser les tendance au désendettement et à une modéra- fiscales prennent le relais dans cette longue ba-obligations. Et plus la situation durera, plus l’argument du retour tion de la consommation. Déjà mentionnés l’an taille de la relance. Les gouvernements prépare-à la moyenne des actions sera réfuté, exactement comme les inves- dernier, les risques déflationnistes n’ont ainsi pas raient ainsi un environnement porteur pour quetisseurs l’ont fait à la fin des années 1990 et comme ils semblent desserré leur pression sournoise. de souhaitées, les réformes deviennent viables etde plus en plus enclins à le faire aujourd’hui pour les obligations. L’économie américaine, un des moteurs actuels pour que les acteurs économiques soient incitésCela constituerait en soi un nouveau régime, qui forcera les inves- à jouer leur rôle.tisseurs à faire preuve à nouveau de pragmatisme et de flexibilité En attendant, les banques centrales, à commencerdans leur façon d’appréhender les leçons du passé.  par la Fed, seront toujours aussi dépendantes des statistiques économiques pour guider leur politi- que. La volatilité devrait donc encore accompa- gner un processus de reprise appelé à se prolonger au moins jusqu’en 2017-2018. Difficile dans ces conditions de parler encore de normalisation. 

PAGE 12. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleAméliorer les rendements liés au pétrolesans prédire la direction du prixVolatilité et chute brutale des Les stratégies alors que les secteurs en lien avec l’énergie en refinancer leurs dettes est comprise. Dans ceprix sont une source de disper- Event Driven ont souffert. La stratégie «Long Short Equity», contexte, ces gérants ont la possibilité d’acquérirsion des performances qui peuvent tirer vise d’une part à identifier des entreprises ou la dette de ces sociétés avec pour objectif la miseoffre quantité d’opportunités profit de secteurs qui bénéficieront ou souffriront de en place d’une stratégie de restructuration dud’investissement. la vague de facteurs macro-économiques et, d’autre part, à bilan en vendant des actifs et en réduisant les consolidation analyser la valeur fondamentale des entrepri- couts opérationnels et financiers. de l’industrie ses. Pour cette stratégie, la hausse de la volatilité En conclusion, les récentes évolutions tech- pétrolière. et les divergences sectorielles ont amélioré les niques ont fortement transformé l’industrie opportunités d’investissement. pétrolière. Des ressources jusqu’à récemmentVaqar Zuberi, Responsable recherche en investissements Par exemple, certains gérants ont déjà profi- hors limite sont maintenant à disposition faisantalternatifs, Norbert Buffard, Analyste senior té de la chute des prix des actions en vendant chuter la courbe des coûts. La compétition en- à découvert des actions de sociétés pétrolières tre les membres de l’OPEP et les non-membresLMirabaud Asset Management (Suisse) SA ainsi que les actions des sociétés fournisseurs a également créé une nouvelle dynamique de es gérants de fonds alternatifs nous de cette industrie. En contrepartie, la baisse du marché où le coût de la production n’est plus le offrent une perspective alternative prix de pétrole s’est traduite par une hausse sur la chute actuelle des marchés du pouvoir d’achat des consommateurs. Des La compétition entre de matières premières, et plus par- secteurs tels que l’automobile, la restauration et membres et non-membres ticulièrement des prix du pétrole. l’e-commerce en ont profité. de l’OPEP a également créé Alors que les prix des matières Avec la chute du prix du pétrole, certaines une nouvelle dynamique.premières sont très volatiles, c’est précisément sociétés sont devenues plus vulnérables à descette volatilité et la forte chute des prix depuis rachats tandis que d’autres ont déjà commencé principal facteur déterminant pour les dynami-2014 qui sont une source de dispersion de per- à se séparer de divisions de leur entreprise pour ques de l’offre. Par ailleurs, la demande est tou-formances entre pays et industries. Pour les stra- assainir leur bilan. Nous nous attendons à ce que chée par une croissance économique faible danstégies d’investissement actives et dont le mandat cette tendance de fusions & acquisitions et vente les pays émergents et par une utilisation pluspermet de prendre des positions à découvert, d’actifs, qui a déjà débuté au mois de janvier, efficiente de l’énergie dans les pays développés.dont les stratégies alternatives, cette dispersion se poursuive courant 2016. En conséquence, la Ces nouvelles dynamiques rendent plus difficileest un facteur positif. stratégie «Event Driven» qui cible les actions de la prévision des prix du pétrole.La chute récente du prix du pétrole a engendré sociétés qui pourraient participer à une fusion, En revanche, ce nouveau paradigme entraîne desdes disparités claires entre pays et secteurs indus- une acquisition, une vente de parties de leur changements structurels importants. La pluparttriels. Les pays producteurs, tels que la Russie, société ou un achat d’autres sociétés tire profit des gérants alternatifs, bien qu’ils ne fassent pasont souffert de cette chute alors que des pays de cette vague de consolidation dans l’industrie de paris sur l’évolution des prix du brut, analy-importateurs, tels que l’Inde, en ont bénéficié. pétrolière et au sein de ses fournisseurs. sent l’impact dérivé des changements de prix surEn parallèle, des secteurs tels que celui des biens Enfin, les gérants de la stratégie dite «distressed» les données macro-économiques ainsi que sur lesde consommation en ont également bénéficié cherchent à identifier des sociétés en difficulté secteurs industriels. De ce point de vue, pour de dont les obligations peuvent traiter à des niveaux nombreuses stratégies alternatives, la dislocation inférieurs à la valeur de leurs actifs. La forte des prix présente une opportunité d’investis- chute des prix de pétrole a entrainé une correc- sement exceptionnelle.  tion importante sur les emprunts obligataires de sociétés pétrolières ayant un niveau d’endet- tement élevé et pour lesquels l’opportunité deFrançois Savary OpinionChief Investment Officer et responsable de la politiqued’investissement du groupe Prime PartnersUne guerre des monnaies qui ne dit pas son nomLe comportement du marché des changes depuis 12 mois est décisions qui sont en cause. Les sorties de capitaux des pays par un appel aux autorités monétaires chinoises de ne pasun facteur que l’on ne peut pas ignorer puisque la hausse émergents nourrissent des fluctuations de changes parfois procéder à une libéralisation trop rapide des contrôles surde la volatilité implicite sur les devises (indice CVIX) est étonnantes (le comportement du Yen en janvier par exemple) les mouvements de capitaux. Ce qui aurait été perçu commelargement corrélée à celle de l’indice des actions mondiales. alimentent l’aversion au risque – janvier 2016 restera comme un crime de lèse-majesté il y a quelques années n’a finale-Résultat: un environnement global nettement moins porteur un mauvais millésime pour les marchés actions – et freinent ment pas fait l’objet, loin s’en faut, d’une fin de non-recevoirpour la performance de ces dernières. les tentatives de normalisation des politiques monétaires de la part des responsables du FMI. On pourrait voir dansLa question de la guerre des changes est une de nos préoc- non conventionnelles. Le Japon ne vient-il pas d’introduire les propos de Monsieur Kuroda une forme de tentative pourcupations depuis de nombreux trimestres. Nous craignons le des taux négatifs, une solution que le grand argentier nippon relancer l’idée d’une plus grande coordination des politiquesrisque de voir les pays jouer avec leur monnaie au détriment semblait exclure il y a seulement quelques mois? macroéconomiques. C’est la vision la plus optimiste. On peutde la croissance mondiale. Certains ont eu tendance à mi- Quand Georges Soros se répand sur les risques d’une nou- aussi y déceler la preuve que le risque de guerre des changesnimiser l’impact de ce risque au regard d’une croissance du velle crise financière imminente c’est bien avec cette logique – et de ses conséquences néfastes – n’a jamais été aussicommerce international nettement plus contenue que dans qu’il réfléchit, profitant au passage d’alimenter les craintes élevé. Une vision bien moins réjouissante qui serait peut-êtreles cycles précédents. En d’autres termes, les ajustements de des investisseurs qui s’interrogent sur la probabilité de voir de nature à renforcer le statut de valeur refuge du franc sichanges seraient moins perturbants pour les échanges que les prédictions du «gourou» des hedge funds se réaliser. elle devait se matérialiser!dans le passé. L’argument peut être aisément contré par le Dans le contexte de doutes que nous traversons et face aux Une défaite de G. Soros sur son pari négatif à l’encontrefait que la faible croissance du commerce mondial est vrai- craintes de récession mondiale, la volatilité sur les monnaies de la devise chinoise serait-elle la meilleure nouvelle poursemblablement la résultante de l’instabilité croissante sur le est un facteur clé. La genèse des politiques monétaires l’économie mondiale? C’est probable. Pour espérer cela,marché des changes depuis quelques années. non conventionnelles promues par Ben Bernanke doit être des mesures de coordination macroéconomique seraientLe danger de transmission des chocs déflationnistes d’une replacée dans le cadre des appels à une coordination des plus que bienvenues.région à l’autre au gré des ajustements de changes intem- politiques macroéconomiques (G7) suite à la crise de 2008. Un grand accord sur les changes à l’image de ceux despestifs n’est pas contestable. Les décisions de la banque Force est de constater qu’au cours des dernières années les années 80 (accord du Plaza et accord du Louvres) est-ilcentrale chinoise d’août 2015 d’altérer sa politique de imprécations n’ont guère été suivies de fait, à commencer possible? On jugera sur pièce au cours des mois à venirchanges sont une cause du recul des bourses que nous sur la politique monétaire. L’Europe a bien tardé à se joindre en souhaitant que tout soit fait pour limiter la guerre desconnaissons, en raison du renforcement des craintes de aux Etats-Unis pour assouplir les rênes monétaires – vous changes. Malheureusement, le conseilleur n’est pas le payeurdéflation qu’elles ont induites. Ce ne sont pas seulement les rappelez-vous la «clairvoyante» décision de la BCE de relever a-t-on coutume de dire et la décision de la Banque du Japonconséquences économiques directes qui sont en jeu (frein à les taux en 2011? Dans ce contexte, le chef de la banque d’introduire des taux négatifs en est peut-être une preuvel’expansion mondiale) mais aussi les effets financiers de ces centrale du Japon a récemment surpris son monde à Davos supplémentaire. 

PAGE 13. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLa rencontre de deux mondesL’évolution récente de la gestionalternative reflête la fin de moindre mesure, on peut aussi y voir l’effet d’un construction structures opérationnelles et les visites régulièresla dichotomie hedge funds/long- changement de paradigme dans la construction de portefeuille: sur place pour identifier les risques potentiels.only. Un brassage qui mène de portefeuille: graduellement les investisseurs D’une allocation Pour l’analyste de fonds traditionnels, il s’agissaità la formation d’un continuum. passent d’une allocation par classes d’actifs à une par classes plutôt de l’utilisation de filtres sophistiqués sur de allocation par facteurs qui combine des fonds d’actifs à une grandes bases de données, de la structure légale Michaël Malquarti, PhD indiciels à un pool diversifié d’«alphas» et/ou de orientation vers et des éléments réglementaires liés à la distribu- Head of Manager Research and Alternative solutions orientées sur un profil de rendement un profil de tion du fonds, ainsi que de l’analyse régulière et précis. Face à cette demande, l’offre s’est adaptée: rendement détaillée du portefeuille et de la performance. EnAInvestments, SYZ Asset Management d’un côté, les gérants de hedge funds ont revu précis. outre, si la vue macro-économique de l’investis- lors que, depuis les années 90, leur modèle pour satisfaire la demande des inves- seur est moins importante dans le cas des hedge la croissance phénoménale de la tisseurs européens pour des véhicules alternatifs funds, elle joue un rôle crucial dans la décision gestion indicielle avait déjà com- mieux régulés, plus transparents et plus liquides. d’investissement dans un fonds traditionnel, étant mencé à secouer l’industrie de la De l’autre, les gérants dits traditionnels, en partie donné la forte influence du marché sur les rende- gestion de fonds, la crise de 2008 poussés par la concurrence des fonds indiciels, ments réalisés. Enfin, on observait des différences a enclenché un processus de ré- ont voulu saisir l’opportunité de cette nouvelle notables en ce qui concerne la taille des universforme plus profond encore. Cette évolution est demande pour s’affranchir de certaines contrain- respectifs, la structure typique des frais et l’hori-particulièrement visible dans le domaine de l’al- tes afin d’offrir des solutions moins liées aux in- zon d’investissement moyen de l’investisseur.ternatif. Au-delà d’un renforcement des standards dices de référence. Or, comme nous l’avons évoqué, depuis quelquesqui gouvernent aujourd’hui les hedge funds, Si beaucoup d’encre a coulé pour débattre des années maintenant, les deux univers se chevau-c’est l’avènement et la formidable croissance des mérites de ce nouveau format, bien moins a été chent et, du coup, les gérants font face à des at-fonds UCITS alternatifs en Europe qui représen- dit sur les conséquences que le rapprochement tentes et des comportements très divers de la parttent vraisemblablement la transformation la plus de deux mondes qui s’ignoraient a commencé à des investisseurs. En outre, les analystes se ren-spectaculaire de ce secteur. avoir sur l’industrie de la gestion de fonds. En ef- contrent et tentent de trouver un langage com-Plusieurs éléments sont à l’origine de cette évolu- fet, jusqu’à très récemment, la gestion de fonds mun. Il est évident que nous allons assister à untion. Les incertitudes macro-économiques actuel- était caractérisée par une dichotomie entre fonds brassage des deux cultures qui mènera à terme àles et la volatilité des actifs qui y est associée sont traditionnels, d’une part, et hedge funds, d’autre la formation d’un continuum couvrant toute lacertainement à l’origine d’une demande plus part. Chaque univers s’inscrivait au sein de com- gestion de fonds. Cette évolution est bénéfiqueforte pour des fonds différents et perçus comme munautés de gestionnaires, de vendeurs et de sé- pour l’investisseur dans la mesure où elle élargitmoins risqués à tous points de vue. Dans une lectionneurs bien distinctes et aux cultures pro- le choix de produits et augmente la compétition pres. En premier lieu, au-delà de l’analyse de la entre gérants. Au niveau de la recherche, si les ex- stratégie, les critères de sélection et de suivi des périences respectives sont combinées, elles s’enri- fonds étaient substantiellement différents. Pour chiront mutuellement et la qualité de la sélection l’analyste de hedge funds, les éléments prépon- en sera renforcée. Chez SYZ, avec une équipe dérants étaient l’utilisation du réseau afin d’iden- unique, dédiée à la recherche des talents de la ges- tifier de nouveaux candidats, la réputation du tion d’actifs, où qu’ils soient, quoi qu’ils fassent, gérant au sein de la communauté, l’analyse des c’est exactement ce à quoi nous aspirons. Piguet Galland & Pascal.Après avoir développé ma société de sertissage en horlogeriependant plus de trente ans, j’ai souhaité transmettre monentreprise. Piguet Galland et moi avons réfléchi ensemble à masituation globale. Nous avons optimisé mon plan de prévoyance,tout en diminuant mes charges fiscales. Ensuite, nous avonstrouvé la solution idéale me permettant de tourner la pagesereinement et préserver un train de vie confortable à longterme. Aujourd’hui, je profite activement de ma nouvelle vieet consacre plus de temps à mes proches et à de nouveauxprojets qui me tiennent à cœur. piguetgalland.ch

PAGE 14. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLa nécessité d’une approche architecturaledes différentes stratégies Global MacroCes stratégies devraient porter cyclique très différents. Les États-Unis ont Le style plupart du temps, la raison ne réside pas danssur un cadre cohérent d’analyse retrouvé leur équilibre avant les autres pays et la d’investissement une analyse inexacte, mais plutôt, dans l’appa-comparative entre pays pour Fed a commencé à relever ses taux d’intérêt. Bien Global macro rente incapacité des gérants à monétiser pleine-une évaluation systématique que l’Europe soit en plein processus de reprise, a largement ment les vues. Une façon d’aborder ce problèmede l’univers multi-actifs. la BCE reste prudente et conserve des «muni- déçu. En raison consiste à revoir l’approche de construction du tions» de sa politique de QE sous la main. Cela a de l’apparente portefeuille et de génération d’idées. De nom- Jan Szilagyi contraint certains pays, en l’occurrence la Suède, incapacité breux fonds cantonnent la gestion des risques au Co-gestionnaire de portefeuille la Suisse, la République tchèque, à adopter des des gérants niveau des opérations, une habitude largement LO Funds Global Macro mesures monétaires extrêmes pour combattre à monétiser héritée des activités de trading pour compte pro- l’appréciation de leur monnaie par rapport à celle pleinement pre (prop trading) des banques, l’évaluation glo-L Lombard Odier Investment Managers de leur principal partenaire commercial. Pendant leurs vues. bale de l’ensemble du portefeuille étant souvent a réaction des économies mondiales ce temps, dans la majorité des économies émer- laissée au Risk officer. lors de la crise de 2008 et 2009 a gentes, les perspectives de croissance subissent les Cette approche est spécifique aux straté- été rapide et de grande ampleur. La effets de vents contraires. Le transfert financier gies Global Macro: les gestionnaires de porte- Chine a lancé un vaste programme persistant entre les économies importatrices et feuilles d’actions et d’obligations ont longtemps d’infrastructures, la Réserve fédé- exportatrices de matières premières dû à la baisse mis l’accent sur le portefeuille et consacré la plu- rale (Fed), la Banque du Japon et la du prix de ces dernières va s’accentuer au cours part de leur temps et leurs efforts à concevoirBanque Centrale Européenne (BCE) ont eu re- des prochaines années. Cette grande dispersion des opérations individuelles constituant un toutcours à l’assouplissement quantitatif, et le reste des politiques mondiales associée aux conditions cohérent. En adoptant cette approche «architec-du monde a déployé une combinaison de mesu- économiques devraient offrir d’importantes op- turale», les stratégies Global Macro viseraient àres monétaires et budgétaires. portunités aux investisseurs macro. exploiter le potentiel des opérations individuellesCes réponses politiques ont une fois de plus En outre, le ralentissement de la demande mon- à faire front commun en période de forte volati-conduit à des excès dans le système financier diale, couplée à la désinflation, a tiré les taux de lité et de corrélation des chocs.mondial. Depuis 2008, l’économie mondiale a croissance nominale vers le bas. Cela pose un vé- En outre, la génération d’idées Global Macro aaccumulé plus de 50.000 milliards de dollars de ritable problème dans les pays émergents où les été historiquement marquée par un style à fortedette supplémentaire. La combinaison d’un argent niveaux d’endettement des entreprises (majori- conviction fondé en grande mesure sur des preu-bon marché et de la conviction que la croissance tairement libellé en dollars américains) ont consi- ves anecdotiques. Cela a conduit les stratégieseffrénée chinoise allait durer, a conduit à investir dérablement augmenté ces dernières années. La Global Macro à reposer sur un nombre limitémassivement dans la chaîne d’approvisionnement croissance lente du chiffre d’affaires, la hausse de tendances et de discours massivement suivis.mondiale. Le monde est désormais en proie à une des taux de la Fed et des niveaux d’endettement L’accent devrait plutôt porter sur la mise en placesurcapacité de production qui contribue grande- élevés constituent une combinaison létale pour d’un cadre cohérent d’analyse comparative entrement aux tendances désinflationnistes mondiales les bénéfices des entreprises. les pays, top-down et bottom-up permettant uneactuelles: lorsque la croissance induite par la poli- En règle générale, lorsqu’un déséquilibre dû à évaluation systématique de l’univers multi-actifstique de relance en Chine a commencé à ralentir, des niveaux de dette élevés, des prix des matiè- dans son ensemble. La nature fixe de l’universla demande est tout simplement devenue insuffi- res premières bas et une croissance atone devient d’investissement Global Macro se prête parfai-sante pour faire face à l’offre excédentaire. Cela trop important, les autorités mettent en œuvre tement à ce paradigme. Le volume croissant dea conduit à un ralentissement durable des écono- des politiques visant à le corriger. La solution données micro et macro disponibles dans les dif-mies émergentes qui constituaient l’essentiel de passe généralement par des mesures visant à ac- férents pays permet d’effectuer une surveillancela chaîne d’approvisionnement chinoise. croître les flux de capitaux. Le travail d’un gérant cohérente et pertinente de leurs cycles économi-Aujourd’hui, nous constatons que les économies Global Macro consiste à identifier et exploiter ces ques. Au fur et à mesure que notre capacité à trai-mondiales se trouvent à des stades de reprise déséquilibres ainsi que les tentatives de les corri- ter de grandes quantités de données s’améliorera, ger. Une analyse poussée des politiques est donc la génération d’idées sera davantage guidée par essentielle à la réussite d’une stratégie d’investis- une recherche plus cohérente et rigoureuse d’op- sement Global Macro. portunités d’investissement. Identifier un désé- Pourtant, malgré les opportunités offertes ces quilibre naissant devient alors une question de dernières années, le style d’investissement Glo- discipline plutôt que de génie individuel.  bal macro a largement déçu ses investisseurs. LaPhilippe Schindler MarchésCIO, Blue Lakes AdvisorsUn degré supplémentaire de prudence s’imposeLa reflation des actifs Au cours des dernières décennies, le décollage contre de nouvelles dévaluations. La psychologie de l’or a commencé à changer dernièrement. L’onceorganisée par les économique spectaculaire et le succès de la Chine s’est définitivement retournée contre le yuan en a d’abord résisté à la remontée des Fed funds.banques centrales comme usine du monde lui ont permis de constituer quelques mois, renforcée par la spéculation sur Le super-cycle du dollar arrive probablement à sonne fonctionne plus. les plus grandes réserves de change de la planète, à le marché yuan offshore. Comme d’habitude, la terme. Les décideurs politiques américains pourraient savoir environ 3200 milliards de dollars. La dernière réponse de la Chine s’articule autour d’une straté- favoriser un dollar faible, si l’économie continuait à baisse de cet immense trésor de guerre, de quelque gie progressive de la carotte et du bâton: incitation perdre son élan. Dans le cas où l’économie américai- 100 milliards de dollars en janvier 2016 (108 en à l’entrée des capitaux et freins à la spéculation ne connaissait une récession en 2016, nous pourrions décembre 2015) doit être relativisée et ne repré- (respectivement: assouplissement lors de l’achat même imaginer un ultime recours à l’assouplisse- sente pas, en soi, un problème majeur. Pourtant, elle d’actifs domestiques par les étrangers et resserre- ment quantitatif (dévastateur pour le dollar)! reflète deux évolutions importantes: un ralentisse- ment de la réglementation des banques). Les banques centrales des pays émergents, les ment significatif (lié à la transformation volontaire Jusqu’à présent, la Chine n’a pas réussi à contenir investisseurs au Moyen-Orient et en Asie, face à de son modèle économique) et un changement la méfiance. En effet, on ne peut pas guérir une l’incertitude, ont tendance à favoriser les métaux radical dans la perception des agents domestiques. hémorragie avec de l’homéopathie... Les rumeurs précieux. Pour sûr, les raisons d’avoir peur abondent La première a été largement reflétée au cours des de contrôle de capitaux sélectifs ont émergé ces dans le contexte actuel... dernières semaines par des données macro insatis- derniers temps, en partie approuvées par le FMI...! Compte tenu de l’environnement de faible visibilité, faisantes, officiellement reconnues par le gouverne- L’année chinoise 2016 est celle du singe de feu, la décorrélation de l’or avec les actifs risqués pour- ment. La seconde est plus remarquable. Les sorties animal censé être malin et créatif, mais réservant rait bien être redécouverte sous peu. de capitaux ont accéléré après l’été dernier, date du quelques «coups de chaleur». La stabilité précaire Dans le contexte actuel de faible visibilité, nous désarrimage du yuan de l’USD. de la Chine restera un facteur important d’influence poursuivons notre réduction des risques. Après Les entreprises nationales se sont précipitées pour sur les marchés mondiaux au cours des prochaines avoir incorporé début janvier des bons du Trésor rembourser des emprunts en dollars, tandis que semaines. Cette incertitude, notamment, favorise la américain dans notre stratégie globale, nous avons les résidents ont arbitré leurs «chers» dépôts faits recherche d’actifs non-corrélés et «sûrs». ajouté fin janvier un peu d’or dans tous les profils en yuans, pour des billets verts afin de se protéger Après un long désenchantement, l’évolution du prix monétaires, en réduisant les liquidités. 

PAGE 15. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleIl n’a pas neigé à Noël. Abandonnons le ski!L’alpha des gérants hedge funds actifs est en diminution, le même constat peut chaque crise maigre 0,2% ! Enfin, les acteurs financiers sontest-il en voie de disparition être fait dans bien des domaines. génère les devenus de plus en plus sophistiqués. En 1987,à l’instar des saisons d’hiver Michael Mauboussin, spécialiste de l’inciden- opportunités si 15.500 personnes détenaient une certificationplus courtes et moins enneigées? ce de la chance et du talent en finance et en du cycle suivant CFA, ils sont aujourd’hui près de 120.000 ! AFaut-il encore s’intéresser sport, nous rappelle combien il est compliqué après avoir n’en pas douter, l’homogénéité de ces investis-à ce type d’investissement? aujourd’hui pour un sportif professionnel de érodé une partie seurs institutionnels rend la capacité de se diffé- sortir du lot: le temps de course de la descente de l’alpha créé. rencier de plus en plus compliquée. Cédric Kohler du Lauberhorn est passé de 3’23’’2 en 1954 à Est-ce pour autant la fin de l’alpha? La réponse 2’24’’23 en 1997, soit une amélioration de près ALPHA TOTAL DE 68% GÉNÉRÉ PAR UN FONDS DE HEDGE FUNDS est non et les données statistiques du fonds deF Responsable Advisory, Fundana d’une minute ! En outre, l’écart entre le vain- PAR RAPPORT À L’INDICE MSCI WORLD hedge funds de l’exemple ci-dessous le démon- orce est de constater que les chan- queur et le médaillé de bronze est passé de 85 à trent aisément. En effet, ce véhicule d’investisse- gements climatiques ont un impact 14 centièmes entre 1967 et 2015! Alpha 110% ment a dégagé 68% d’alpha (net de frais) sur la sur nos saisons de ski. Celles-ci sont La finance connaît une évolution comparable. 90% dernière décennie. plus courtes, la neige artificielle est L’Université du Maryland a calculé qu’avant 70% De plus on observe que cette génération d’alpha devenue indispensable à une sta- 1990, 14% des fonds «long-only» sur actions 50% n’est pas constante dans le temps mais sujette à tion pour survivre et les vacances américaines délivraient de l’alpha contre moins 30% des cycles interrompus par des crises comme parde Noël enneigées sont de plus en plus rares. Est- de 1% en 2006. Les facteurs principaux de cette 10% exemple 2008 ou 2011. Si chacune de ces crisesce que pour autant, les gens abandonnent le ski ? perte d’alpha sont en partie liés à la croissance 0% érode une partie de l’alpha créé, c’est aussi cetteOn peut comparer cette situation avec la gestion de l’industrie, la taille des fonds ainsi qu’à la -10% même crise qui engendre les opportunités duactive. En effet, parce que la valeur ajoutée de ces sophistication des acteurs. Le marché des fonds cycle suivant.gérants – l’alpha – est en diminution, il faudrait de placement aux Etats-Unis est passé de 3000 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 Vu les cassures de plus en plus fréquentes desabandonner ce type d’investissement. Tout parti- milliards à 15.000 milliards de dollars d’actifs en- marchés, les rotations sectorielles violentes ouculièrement en ce qui concerne les hedge funds. tre 1995 et 2012. L’industrie des hedge funds est Source: Fundana les changements structurels sectoriels (Health-Est-ce bien la meilleure façon de générer de la passée, elle, de quelques milliards au début des care/TMT), il est devenu impératif de trouverperformance pour les années à venir? années 90 à près de 3000 milliards en 2015. Avec des gérants aptes à rester flexible et capablesS’il est vrai que la valeur ajoutée des gérants un nombre croissant d’investisseurs chassant la de passer à l’offensive en période de turbulen- même valeur ajoutée, le nombre de chasseurs ces. Par conséquent, ceci amène à privilégier les rentrant bredouilles augmente. gérants avec une masse sous gestion raisonnable, L’alpha diminue aussi avec la taille des actifs un bilan modeste, un levier bas ainsi qu’un por- gérés. Peter Lynch, une des légendes de la gestion tefeuille liquide. active, connut un tel succès, que la taille de son Alors, tout comme il est n’est pas rationnel d’aban- fonds fut multipliée par 250, culminant à 10 mil- donner le ski parce qu’une saison est mauvaise, liards. Malheureusement cette croissance a aussi délaisser les hedge funds après une moins bonne tué l’alpha du gérant, passé de 2,0% par mois à un période est sans doute un mauvais calcul !  Légende 2 Flexible – nous le sommes, et vous ? Et pourquoi pas une rente viagère ?La nouvelle rente de retraite viagère de la Fondation de Le versement d’une rente viagère vous offrelibre passage Independent vous offre de nouvelles libertés la sécurité d’un revenu garanti. Jusqu’à ceSRXUODSODQLʹFDWLRQGHYRWUHUHWUDLWH9RXVSRXYH]FRQFOXUH jour, seul le capital de la Fondation de libreune telle rente avec votre avoir de libre passage, en Suisse passage pouvait être versé. Le capital et laFRPPH¡OůŷůªWUDQJHU rente permettent une retraite individualisée. Fixée individuellement, elle tient compte de votre situation personnelle, et vous pouvez l’assortir d’une rente viagère de partenaire. Souhaitez-vous connaitre toutes vos possi- bilités dans la planification de la retraite ? Alors, faites notre connaissance ! Bénéficiez de notre expérience et de nos compétences en matière de prévoyance. Contactez-nous, et nous nous ferons un plai- sir de vous rencontrer lors d’un entretien personnel. Des solutions de prévoyance avec valeur ajoutée pens-expert-blog.ch [email protected] PensExpert SA www.pens-expert.ch Avenue de Rumine 60 CH-1005 Lausanne Téléphone +41 21 331 22 11 Fax +41 21 331 22 12 LQIRů#ůLQGHSHQGHQWIRQGDWLRQFKZZZLQGHSHQGHQWIRQGDWLRQFK

PAGE 16. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleL’investissement en infrastructure:chronique d’une opportunité perdueLa rencontre tarde à se faire La longue durée solutions envisagées au niveau des passifs (âge prévoyant souvent une clause d’indexation desmalgré l’attrait indéniable de vie des actifs de la retraite, taux de conversion etc.). tarifs), liés principalement à la croissance démo-pour les fonds de pension fait un écho L’investissement en infrastructures est une ten- graphique et peu influencés par les fluctuationscomme pour le secteur idéal aux passifs dance récente, mais déjà partiellement ancrée, en à court terme (la demande est assez inélastique –de l’infrastructure. à forte duration particulier au sein des family office ou des fonds personne ne décide de prendre des douches plus des caisses souverains. longues parce qu’il a reçu une augmentation de Frédéric Ruiz, Caia de pension. Certains considèrent même qu’il s’agit d’une salaire). Enfin, ces actifs sont d’un intérêt parti- Director, Institut Supérieur classe d’actifs à part entière, malgré la grande culier dans un environnement où la performance hétérogénéité que l’on peut rencontrer en prati- des actions est très dépendante du niveau et des6 de Formation Bancaire que (véhicules et styles d’investissements et sur- mouvements des taux: la corrélation des actifs 0: en trillions de dollars, c’est l’esti- tout profils risque/rendement). d’infrastructure est non seulement très faible en mation la plus plausible des besoins Dans sa plus simple expression, le modèle consis- rapport avec les actifs traditionnels, mais égale- mondiaux en infrastructures pour les te à prendre le contrôle d’un actif existant et d’en ment entre eux, ce qui implique qu’une diversi- 20 prochaines années, qu’il s’agisse assurer la gestion, la maintenance et le dévelop- fication relativement efficace peut être obtenue de nouveaux projets (greenfield) ou pement: il peut s’agir d’un actif de type économi- avec un nombre d’investissements modeste. d’actifs existants (brownfield) et qui- que (transport, «utilities», communication, éner- Avec une telle concordance, pourquoi la rencon-conque aura eu l’occasion de «minder le gap»* gie) ou social (écoles, prisons, hôpitaux etc.). tre est-elle si lente à se mettre en place?sur une ligne du métro londonien saura de quoi De prime abord, on imagine avec difficulté com- Comme souvent en alternatifs, les barrières à l’en-il est question. ment l’investissement dans des actifs aussi tradi- trée – réelles ou imaginaires – peuvent être im-60: en pourcentage, c’est la part des plans de tionnels voir «vieille école» peut constituer une portantes: la nécessité de disposer d’une expertiseretraites dans l’OCDE maintenus sous forme piste du futur. spécifique dans la sélection comme la gestion desde prestations déterminées type AVS et dont il Pourtant une analyse plus fine met en lumière actifs, l’existence de risques non financiers orphe-faudra assurer le financement, un exercice déjà des éléments clefs. lins, mais potentiellement disruptifs (politiques,périlleux qui devient pharaonique dans un envi- La longue durée de vie des actifs fait un écho réglementaires, obsolescence, écologiques, réputa-ronnement de taux zéro. idéal aux passifs à forte duration des caisses de tion) ou la faible quantité d’informations précisesDu côté de l’infrastructure, impossible d’imagi- pensions et facilite grandement la gestion ALM expliquent partiellement le manque d’intérêt.ner une solution sans financement privé, qu’il (la perspective d’une diminution corollaire du A cet effet, les pouvoirs publics comme les mar-s’agisse de prise de participation directe ou de nombre d’actuaires réjouira ceux qui souhaitent chés financiers peuvent jouer un rôle clef à tra-formules de partenariats public privé (PPP) en plus de poésie dans la société), tout comme leur vers par exemple une plus grande transparence,vogue dans une petite poignée de pays. capacité à générer des cash flow stables et forte- des incitations fiscales ou la mise en place de mé-Au niveau des retraites, la nécessité d’assurer des ment prévisibles: la demande de prestations telles canismes de transfert du risque.rendements supérieurs, prévisibles et plus stables que consommation d’eau ou utilisation du réseau L’infrastructure et la prévoyance sont parmi lesse profile comme incontournable pour inverser routier croit de manière constante, les prix sont plus importants défis économiques actuels: ne pasles tendances déficitaires, indépendamment des généralement imposés par le secteur public et les en favoriser la rencontre serait sans doute un des actifs jouissent d’une situation de monopole na- plus grand rendez-vous manqués de mémoire.  Dr. Thierry Amy, Associé turel ou réglementaire. BCCC Avocats Sàrl, Genève-Lausanne Une autre convergence est mise en lumière par * Pour qui n'est pas familier du métro londonien construit à les corrélations: comme les besoins de prestations l’époque victorienne, l'expression \"Mind the gap\" (attention à de prévoyance, les revenus des actifs sont forte- l’espace), communiquée par haut-parleur, avertit les usagers de ment corrélés à l’inflation (les contrats de gestion l'écart entre la rame et le quai. En droitLe crowdfunding dans la LSFin: une occasion manquéeForce est de constater Dans son message sur le projet de loi sur les servi- duire de dérogations ou d’exceptions au système modeste que celui prévu à l’art. 38 al. 1 let. e LSFin.que les intervenants ces financiers, le Conseil fédéral s’était fixé comme actuellement en vigueur, mais a également refusé Une émission obligataire implique en effet la misene verront pas leur objectif pour cette loi de créer des conditions de de légiférer spécialement en la matière. Il s’ensuit en place d’un important dispositif, qui coûte cher etsituation changer concurrence uniformes et de renforcer la compé- que la situation qui prévaut actuellement pour les dont la limitation prévue pourrait d’emblée mettreavec l’entrée en titivité de la place financière suisse, mais aussi et acteurs du marché du crowdfunding subsistera après en péril la rentabilité du projet. De même, s’agis-vigueur de la LSFin. surtout à améliorer la protection des investisseurs l’entrée en vigueur de la LSFin sous réserve de deux sant de l’exception prévue à l’art. 39 LSFin, elle ne au sens large. Le Conseil fédéral relevait alors qu’il dérogations introduites dans le chapitre relatif à paraît pas offrir davantage d’opportunités, dans est essentiel que le droit suisse des marchés finan- l’obligation d’établir un prospectus en cas d’émis- la mesure où elle limite la possibilité de lever des ciers soit compatible avec les normes réglementai- sion publique de valeurs mobilières, à savoir: fonds auprès du public sans passer par l’émission res internationales. Afin d’assurer cette protection, (i) l’exception découlant de l’article 38 al. 1 let. e d’un prospectus aux seules institutions poursuivant le Conseil fédéral s’est très largement inspiré de LSFin prévoyant qu’aucun prospectus ne doit être un but idéal, à la condition supplémentaire que les la réglementation internationale en la matière, en publié pour les offres au public qui ne dépassent fonds ainsi recueillis ne soient utilisés qu’à des fins particulier des Principles on Point of Sale Disclosure pas une valeur totale de CHF 100.000.-, calculés sur non commerciales. Nous nous retrouvons bien loin émis par l’OICV en 2011, des High-level Principles une période de douze mois et, des modèles économiques adoptés à ce jour par on Financial Consumer Protection du G20 datés éga- (ii) celle prévue à l’article 39 let. i LSFin qui stipule les acteurs du crowdlending. Enfin, et ceci est une lement de 2011, ainsi qu’enfin de la réglementation qu’aucun prospectus ne doit être publié lorsque les nouveauté, dans la mesure où les obligations ainsi européenne en la matière, plus particulièrement de valeurs mobilières sont émises par des institutions émises seront considérées comme des instruments la Directive 2014/65/UE du 15 mai 2014 concernant à but idéal afin de recueillir des fonds à des fins non financiers au sens de l’art. 3 al. 1 let. b LSFin, une les marchés d’instruments financiers (MiFID II). commerciales. feuille d’information de base selon l’art. 60 LSFin Au niveau international et européen, la réglemen- En réalité, de telles dérogations ne seront suscep- devra être établie lors de toute émission d’obliga- tation applicable au crowdfunding, soit au finance- tibles d’être utiles que pour les acteurs du crowd- tions; une telle exigence sera également applicable ment participatif à l’aide de capitaux de tiers sans la funding qui font appel au public pour collecter des dans le cadre d’opérations de placement privé. participation d’intermédiaires financiers renommés, fonds en vue de les investir sous forme de prêts Au vu de ce qui précède, force est de constater que a prévu des solutions pragmatiques, visant à alléger, soumis à remboursement (crowdlending). En effet, les acteurs du crowdfunding ne verront pas leur voire supprimer complètement certaines exigences seuls ces acteurs auront l’obligation de publier au situation changer avec l’entrée en vigueur de la réglementaires, partant du principe que la protec- préalable un prospectus. Or, les deux dérogations LSFin. Ceci ne devrait également pas favoriser le tion des investisseurs au vu des faibles montants in- prévues, vu leur caractère extrêmement restric- développement d’activités dans ce domaine dans vestis, du mode de financement choisi, ainsi que des tif, risquent de ne jamais trouver application en notre pays, ce qui paraît regrettable à l’heure de la objectifs d’investissement poursuivis était assurée, pratique. Nous ne voyons en effet pas quel serait mondialisation et de la digitalisation des activités de à tout le moins maîtrisée. En Suisse, en revanche, l’intérêt pour les acteurs du crowdlending de financement dans le monde, auxquelles d’ailleurs de notre législateur n’a non seulement pas voulu intro- procéder à une levée de fonds d’un montant aussi nombreux investisseurs suisses participent déjà. 

PAGE 17. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleRéseaux électriques et ferroviairesDes infrastructures pour les institutionnelsLes infrastructures deviennent Les programmes encorecertainsfacteursspécifiquesauxplacements. et «greenfield» et entre pays, branches ou encoreattrayantes pour les investis- greenfield Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques années de lancement joue également un rôleseurs institutionnels. Elles visent un de ces catégories: central. Aucun indice unanimement reconnu deoffrent des revenus stables. accroissement La diversité des propriétés du rapport risque/ren- fonds d’infrastructure non cotés en bourse n’exis- de la valeur dement peut être exploitée de manière ciblée lors tant à l’heure actuelle, il est difficile de comparer Agnes Nussbaumer du capital de la définition de la stratégie afin de satisfaire à les rendements réalisés. En conséquence, le choix Conseil en stratégie avec un profil diverses exigences liées au portefeuille. Grâce à de l’instrument adéquat est un véritable défi, pré- rendement/ leur faible corrélation avec d’autres placements, cisément pour les fonds non cotés, où la venteL Credit Suisse Institutional Clients risque plus élevé. les investissements dans les infrastructures qui sur le marché secondaire n’est possible qu’avec e besoin mondial annuel en inves- sont ajoutés à un portefeuille mixte permettent décote dans certaines conditions de marché. Les tissements dans les projets d’infras- de réduire le risque global de celui-ci. Outre cet placements en infrastructures impliquent aussi tructure est considérable: l’OCDE effet de diversification, ils peuvent également des risques politiques et réglementaires, car les l’estime à 3,5% du produit intérieur apporter un rendement supplémentaire via l’ex- interventions de l’État peuvent avoir un impact brut mondial. En raison de cette ploitation de la prime d’illiquidité. direct sur la réussite de différents projets. forte demande de financements, de La forme de placement adéquate est définie par Les fonds non cotés, ainsi que les fonds d’infras-perspectives de revenus à long terme accompa- l’objectif de placement et l’effet souhaité dans le tructure cotés qui investissent dans des titres nongnés d’une faible volatilité et d’une corrélation portefeuille. Lors de la mise en œuvre, il convient négociés en bourse, sont considérés du point delimitée aux autres classes d’actifs, les placements de tenir compte du fait que de nombreux inves- vue réglementaire (art. 53 al. 1 let. e OPP2) com-en infrastructures se positionnent de plus en plus tisseurs sont déjà investis dans les infrastructures me des placements alternatifs pour les caisses decomme une catégorie attrayante, notamment au sein de leurs portefeuilles d’actions et d’obli- pension, et ne doivent donc pas dépasser 15% dedans un environnement de taux durablement gations internationales. Les engagements supplé- leur fortune totale (article 55 OPP2).bas. Outre la relative solidité conjoncturelle, ces mentaires d’investisseurs institutionnels dans le Dans la mesure où ces facteurs sont pris enplacements offrent parfois aussi une protection domaine des infrastructures sont généralement compte, les infrastructures peuvent offrir aux in-contre l’inflation puisque de nombreuses entre- réalisés via des fonds non négociés en bourse, vestisseurs expérimentés un potentiel de diver-prises d’infrastructures peuvent adapter leurs structurés en Limited Partnerships. Du fait de la sification intéressant et des rendements stables àtarifs à l’évolution des prix. liquidité limitée et de l’utilisation du capital sur le long terme. Le besoin mondial de financementsCette vaste classe de placement regroupe des long terme, l’allocation doit être soigneusement devrait favoriser une demande en financementsinvestissements dans des installations capitalis- définie sur la base de la capacité à assumer des privés durablement forte. Les projets d’infras-tiques durables qui assurent le fonctionnement risques et des besoins de fonds de la caisse de pen- tructure doivent être choisis de sorte que lesde la société et de l’économie. Typiquement, la sion. Parmi les placements d’infrastructure, la di- caractéristiques et profils de risque répondentfonction économique distingue infrastructures versification entre investissements «brownfield» aux besoins spécifiques du portefeuille. économiques et sociales. Les premières com-prennent des institutions dans les domaines des Les molécules5%dsuerrdenivdidemenednet*transports, de l’énergie/approvisionnement et de qui valaient desla communication, tandis que les infrastructures milliardssociales regroupent des placements en lien avecl’OCDE estime le financementnécessaire à 3,5% du produitintérieur brut mondial.la santé, la formation et la sécurité. Au sein de Une nouvelle génération de médicaments SOCIÉTÉ DE PARTICIPATION BB BIOTECH AGces catégories, le concept «greenfield» désigne les biotechnologiques à fort potentiel accé-projets d’infrastructures dans la phase initiale, qui lère la dynamique de croissance de leurs Capitalisation boursière Rendement annualisévisent un accroissement de la valeur du capital et développeurs. Le secteur des biotechnolo-affichent un profil rendement-risque plus élevé gies fait partie des branches qui connais- CHF 3.1 mrd 13.5%en raison du risque de développement. Les pro- sent la plus forte croissance au niveaujets d’infrastructures «brownfield», en revanche, mondial. BB Biotech vous permet d’inves- Ticker SIX Swiss Exchange Fondationsont déjà opérationnels et plutôt comparables à tir sur ce marché de croissance attrayant.des placements immobiliers ou à revenu fixe en BION SW 1993raison de leurs rendements stables et largement La société de participation BB Biotech estindépendants de la conjoncture, et de leurs gains l’un des principaux investisseurs de ce % performance BB Biotech 66%en capital assez modérés. secteur, avec plus de 20 ans d’expérience 75%Outre la maturité du projet visé, le profil des et une forte performance de son porte-différents placements est également déterminé feuille. 80par le secteur, la focalisation géographique ou ISIN : CH0038389992 60 43%Caractéristiques des infrastructures 40 13% 25% 18% 14% 2014 2013 2012 Real Private Fixed estate Equity Income 20 –2%Durabilité XXX 0 YTDAppel de capital X Action BB Biotech SPIIlliquidité XX Source :  Bloomberg, toutes les données sont datées du 30 septembre 2015,  en CHF, ajustées en fonction des dividendesStructure Xdes coûtsUtilisation XX www.bbbiotech.comdu capitalFaible volatilité X XActif réels X Avis. Les indications ci-dessus sont des opinions de BB Biotech S.A. et sont de nature subjective. La performance passée n’est pas une garantie de l’évolutionCash-flows réguliers X X future. *Rendement calculé sur le cours moyen pondéré de l’action enet stables décembre de l’exercice concerné.Source: Credit Suisse SA

PAGE 18. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLa performance Allocation activeabsolue pour ou rebalancementmitiger le risque mécanique. Que choisir?Le retour d’une volatilité élevée s’annonce Acheter à bon prix et vendre titres ou des classes d’actifs (allocation) car ils necomme un défi majeur cette année. ce qui a bien marché en prenant disposent pas d’éléments que les autres acteursLa décorrélation sera donc le maître-mot systématiquement sa marge. n’auraient pas. La gestion du risque dans l’appro-de la recherche de performance. De manière mécanique che passive ne sera opérée qu’au niveau de l’allo- et sans émotion. cation stratégique qui se basera sur la volatilité Cyril Freu et sur d’autres facteurs de risque historiques du Directeur Adjoint de la gestion de DNCA Investments Charles Morel marché. Ce faisant, le paradoxe veut cependant que les investisseurs passifs délèguent de factoL’affilié de Natixis GlobalAM AUBS Asset Management Suisse le choix de leurs titres aux investisseurs actifs, année 2016 commence en mettant les nerfs des in- border le thème du mécanisme achetant ce qui a bien performé (ce que les inves- vestisseurs à rude épreuve. Les marchés sont beau- régissant l’allocation d’actifs ne tisseurs actifs achètent et dont le prix monte) et coup moins lisibles et la volatilité effectue un retour peut s’effectuer sans faire réfé- vendant ce qui a baissé (ce que les gérants actifs en force. Dans ce contexte, miser sur une évolution rence aux fondements de la vendent et dont le prix baisse). Ils suivent donc positive des classes d’actifs traditionnelles pourrait gestion de fortune. En effet, un le chemin que la foule (le marché) aura tracé, conduire les investisseurs à certaines déconvenues. choix d’allocation tactique n’est mais à des coûts de gestion plus faibles. Ce qu’ilPlutôt que de suivre l’évolution d’une classe d’actifs, les stratégies rien d’autre qu’une décision active de sur- ou de adviendrait de la gestion passive s’il n’y avait plusde performance absolue permettent de favoriser une logique de sous-pondérer l’une ou l’autre classe d’actifs dans de gestionnaires actifs reste ouvert.préservation du capital et l’objectif récurrent de l’équipe en char- le cadre d’un portefeuille diversifié. Le choix de l’une ou de l’autre approche demeure,ge de la gestion devient alors d’afficher chaque année une perfor- Ce choix se basera sur la conviction du gestion- malgré toutes les études et recherches effectuéesmance calendaire positive. Ce type de stratégie constitue donc une naire relative aux différentes catégories d’in- à ce jour, affaire de conviction et de philosophie.alternative de choix pour des investisseurs désireux de diversifier vestissements. Il résultera de son analyse de Un choix entre une allocation tactique active ouleurs placements par rapport aux classes d’actifs traditionnelles l’environnement global, de son estimation des un rebalancement mécanique relève des mêmessans renoncer à un couple rendement/risque attrayant. valorisations ainsi que des perspectives économi- convictions et apporte les mêmes avantages etAprès un quart de siècle de progression quasi-continue des cours ques et financières. Il s’agit, en d’autres termes, inconvénients qu’une sélection active ou passiveet de contraction des rendements, l’obligataire devient une classe d’une gestion active. des titres financiers.d’actifs risquée. Même si les obligations souveraines ont profité A l’inverse, un rebalancement mécanique des La cohérence voudrait donc qu’un investisseurd’un marché haussier depuis le début du millénaire, enregistrant classes d’actifs soustrait au jugement du gérant le actif opère une allocation tactique active dansdes bénéfices bien plus importants que les actions, les rendements, choix des pondérations des différentes catégories son portefeuille, assurant du coup la maîtrise denotamment des vrais actifs AAA, restent proches de planchers de placements. Le poids des classes d’actifs sera son risque, tout en bénéficiant de sa meilleurerecord. Cela laisse suggérer que la prochaine évolution significati- donc régulièrement ramené aux pondérations compréhension des marchés et de la plus-valueve du marché devrait être défavorable pour les positions obligatai- de l’allocation stratégique et, consécutivement, que cela peut générer.res long-only. Par ailleurs, la faible liquidité de certains comparti- au profil de risque voulu par l’investisseur. De manière analogue, un investisseur passif dou-ments (High Yield, convertibles, dettes émergentes, etc.) soulève Dans un rebalancement mécanique, pas de place tera de la capacité de son gestionnaire d’opérerdéjà des questions quant à leur résistance aux chocs. des choix tactiques profitables car il ne béné-Face à de telles perspectives, la demande en produits de rende- Ce qu’il adviendrait de ficie pas d’informations exclusives le permet-ment absolu, – seules stratégies capables de générer des rende- la gestion passive s’il n’y tant. Comme il est cependant livré de manièrements positifs quelles que soient les conditions de marché – devrait avait plus de gestionnaires passive aux fluctuations du marché, tant auxconnaître une progression continue. En effet, au-delà de recher- actifs reste ouvert. booms qu’aux crises, il cherchera à contrôlercher la préservation du capital, comme le font les obligations, ils son risque en rebalançant son portefeuille àprésentent l’avantage d’être décorrélés de la fluctuation des taux. à l’interprétation du gérant: on respecte le méca- espaces réguliers, c’est-à-dire en vendant lesContrairement aux produits obligataires classiques, qui sont sen- nisme défini contractuellement. Cette approche classes d’actifs qui ont bien performé et ensibles à la hausse ou à la baisse des taux d’intérêts, les produits de peut donc être assimilée à de la gestion passive, achetant celles qui ont baissé, ramenant ainsi àperformance absolue s’émancipent des marchés et sont capables où l’intervention du gestionnaire est limitée à la l’objectif fixé le niveau global de son risque.de délivrer une performance positive en prenant simultanément reproduction d’un indice ou, justement, à la mise Il est cependant piquant de constater que sondes positions acheteuses et vendeuses sur les marchés. en œuvre d’une règle de gestion. choix de titres se fait sur le principe d’acheterToutefois cela n’est rendu possible que par une très grande sélec- Sans vouloir refaire le débat entre gestion active ce qui est plus cher et de vendre ce qui a baissé,tivité au sein des différentes classes d’actifs. Côté actions, 2016 et passive, les gérants de fortune s’entendent sans alors qu’il réalise exactement le contraire avec undevrait comme 2015 être favorable aux «stock pickers», soutenue doute sur les constats suivants: les promoteurs rebalancement mécanique, à savoir vendre ce quipar la nécessité de retrouver de l’alpha. de la gestion active sont convaincus que les mar- a performé et acheter ce qui a baissé et qui estLa performance d’une gestion traditionnelle long only en actions chés ne sont pas efficients ou rationnels, que la donc potentiellement bon marché.repose sur le talent du gérant et sur la direction du marché ac- valorisation des actifs diverge souvent de leur De mon point de vue personnel, tant lestions. Si les actions, en particulier européennes, semblent désor- juste valeur car les acteurs sur les marchés n’ont afficionados de la gestion active que les disciplesmais plus attractives que les obligations, malheureusement leur pas accès à toutes les informations ou que ces de la gestion passive ont raison en fonction desdétention s’accompagne également d’un degré de risque qui n’est informations ne sont pas interprétées de la même marchés et des circonstances. Certains marchéspas tolérable par la plupart des investisseurs. Surtout au moment manière. Cette inefficience des marchés créée des sont en effet assurément efficients (SMI, grandesoù la volatilité se rappelle au bon souvenir de tous. opportunités d’achats et de vente permettant capitalisations des marchés développés) et peu-Dans le modèle Long/Short Market Neutral, la partie direction- de générer une plus-value pour l’investisseur. vent donc être abordés de manière passive.nelle est majoritairement écartée au profit de la création de valeur De plus, une gestion active permet de gérer D’autres segments de marchés le sont beaucoupliée au stock-picking du gérant. C’est ce qu’on appelle l’alpha, cen- efficacement le risque des portefeuilles. moins, laissant aux gérants actifs une probabilitétre névralgique de cette stratégie. Le risque du modèle ne repose Les disciples de la gestion passive ont, eux, élevée de créer de la valeur (petites capitalisa-alors plus sur la direction du marché actions. deux lignes d’argumentation. Certains pensent tions, certains secteurs d’obligations d’entrepri-Une bonne diversification et une excellente connaissance des au contraire que les marchés sont globalement ses, pays émergents, par exemple).sociétés du portefeuille permettent de limiter les risques et de efficients et que toutes les informations disponi- Par contre, une allocation tactique active de-générer de la performance. bles sont traitées de manière rationnelle, ce qui meure extrêmement difficile car l’évolution desL’essentiel de la performance se construit sur l’écart entre les titres se reflètent dans le prix des titres et des mar- marchés est influencée par des facteurs beaucoupqui sont sélectionnés et les positions shorts (single stocks, futures chés. D’autres, bien que doutant également de la plus imprévisibles que l’évaluation des entrepri-sectoriels ou de marché) qui sont vendues en face. rationalité des marchés, sont cependant convain- ses et l’évolution de leurs affaires. Qu’on penseLa contribution à la performance de l’exposition à la direction du cus que les gestionnaires ne parviennent pas, sur simplement aux facteurs politiques, au terroris-marché devient alors secondaire et il est possible d’éviter d’utiliser la durée, à créer de la valeur en sélectionnant des me, aux actions des banques centrales, aux catas-un effet de levier ou des dérivés complexes. Le cash n’est rému- trophes naturelles, etc.néré qu’au travers d’instruments monétaires simples comme des Au niveau des titres, ces risques peuvent êtrecertificats de dépôts ou des billets de trésorerie d’entreprises cor- diversifiés. Au plan de l’allocation, beaucouprectement notées, sans chercher à exposer les investisseurs à des moins. Un rebalancement mécanique permetrisques de duration ou de crédit importants.  d’assurer une maîtrise du risque tout en permet- tant de faire ce qui est le plus difficile en gestion: acheter ce qui est potentiellement bon marché, vendre ce qui a bien marché et donc systémati- quement prendre son profit, ceci sans émotion. De manière mécanique, justement ! 

PAGE 19. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLe potentiel est bien réel malgré la grande hétérogénéité régionaleet sectorielle. Il incite à approcher les opportunités avec disciplineet une connaissance approfondie du terrain.Les marchés émergents sont-ils un nouveleldorado pour le private equity? Johnny El Hachem il existe de permettre aux investisseurs d’en bénéficier sans nomie constitue selon nous une bonne clé de lec- vraies pépites. recourir à des mécanismes à effet de levier. ture. Elle nous a permis d’écarter les pays tropL CEO Edmond de Rothschild Private Equity Des entreprises Les marchés émergents s’ouvrent de plus en plus. dépendants des matières premières ou avec une e private equity est une classe d’ac- dont le succès Entre eux tout d’abord, grâce à la conclusion répartition des richesses excessivement inégali- tifs qui vise à créer de la valeur à dure parfois d’accords de libre-échange régionaux. Depuis taire, éléments qui ne prêtent pas à la confiance long terme. L’identification de re- depuis plusieurs 2013, 92% des marchandises échangées au sein en une croissance durable. lais de croissance est au cœur de son générations. de L’Alliance Pacifique, qui regroupe le Chili, le Grâce à cette analyse, nous avons identifié des approche. Souvent perçus comme Mexique, le Pérou et la Colombie, le sont libres marchés diversifiés avec des classes moyennes risqués, certains marchés émer- de droits. En cherchant à attirer les investisse- solides. Dans ces pays, nous percevons un fortgents offrent cependant des opportunités réelles. ments étrangers ensuite. En Colombie, l’associa- potentiel de croissance des secteurs liés aux biensCelles-ci n’ont pas échappé aux acteurs du private tion nationale de Private Equity ColCapital et de consommation, aux télécommunications, ouequity. De nombreux acteurs internationaux ont le fonds soutenu par le gouvernement Bancol- encore aux services bancaires. A noter le cer-créé des fonds dédiés à l’Afrique sub-saharienne. dex Capital ont œuvré pour la mise en place de cle vertueux qu’entraîne une meilleure banca-Le groupe Edmond de Rothschild a lui aussi dé- conditions cadres propices au private equity. risation des économies: elle facilite l’inclusionmontré sa capacité à investir des capitaux dédiés Force est de constater une réelle demande locale de ceux qui travaillent dans des secteurs infor-aux régions émergentes. Les motivations invo- pour ce type d’investissement. Beaucoup d’en- mels. Au final, des pays comme la Colombie, lequées? La diversification et le rendement écono- treprises familiales cherchent des appuis pour Pérou, la Côte d’Ivoire, l’Ile Maurice ou encoremique; parfois aussi l’impact environnemental mettre en place des modes de gouvernance plus le Kenya nous apparaissent comme des marchéset social. Les conditions macro-économiques et efficients. Il persiste beaucoup de marchés frag- prometteurs.politiques de beaucoup de marchés émergents se mentés appelés à la consolidation. Dans la zone Dans ces marchés, il existe de véritables pépi-sont en effet sensiblement améliorées. Croissan- andéenne, la dévaluation des devises contraint tes; des entreprises dont le succès dure parfoisce économique soutenue, inflation et chômage des entreprises endettées en monnaie étrangère depuis plusieurs générations. Parmi elles, nom-en baisse, des conflits violents moins nombreux, à chercher de nouvelles sources de liquidité pour breuses sont celles qui ont aujourd’hui besoinrenforcement de l’état de droit et corruption refinancer leurs dettes et renforcer leurs bilans. des capitaux, des conseils, des réseaux et desdiminuée sont autant de facteurs qui améliorent Les PME n’ont souvent pas accès aux prêts ban- opportunités d’affaires que peuvent apporterla visibilité des investisseurs. caires, réservés aux grands acteurs. Il n’est donc les fonds de private equity. Ces entreprises sontCes marchés bénéficient en outre d’atouts non guère étonnant que dans un pays comme la toutefois souvent peu visibles pour les inves-négligeables, à commencer par la démogra- Colombie le nombre de fonds de private equity tisseurs étrangers. Pour saisir ces opportunités,phie. L’âge médian dans beaucoup de marchés ait crû de 2 en 2005 à 38 en 2014. nous leur conseillons donc de privilégier lesémergents est inférieur à 30 ans. Une popula- Malgré ce développement récent, nous observons investissements en partenariat avec des équipestion jeune et nombreuse constitue un moteur un déséquilibre entre l’offre et la demande de expérimentées et des relais locaux.de consommation et un vivier pour le marché capitaux. A ce jour, les acteurs du private equity Un réel potentiel de croissance à long termedu travail. L’urbanisation et l’émergence d’une semblent encore préférer les dossiers de taille existe dans beaucoup de marchés émergents duclasse moyenne permettent à certains pays de importante. Une forte demande de capitaux non fait de leurs fondamentaux économiques et dé-basculer d’un modèle exportateur de matiè- satisfaite persiste chez les petites et moyennes mographiques. Des investissements avisés dansres premières vers une économie tirée par la structures. Conséquence: des niveaux de valori- ces régions et avec des partenaires de qualitéconsommation intérieure. L’Afrique est ainsi sation bas du fait d’une concurrence intense. Des peuvent générer des rendements très attractifs. Ill’une des seules régions au monde à connaître opportunités très intéressantes existent. existe selon nous un écart sensible entre le risqueune croissance économique naturelle et ainsi Malgré ce tableau attractif, les marchés émer- perçu et la réalité. gents recouvrent des situations très hétérogènes. Avec une méthode et des partenaires adéquats, A elle seule, l’Afrique recense 54 pays avec des nous estimons qu’investir dans les marchés disparités significatives. Pour savoir où investir, émergents peut s’avérer bien moins risqué que il faut donc procéder avec méthode. L’analyse du certains placements traditionnels dans les mar- couple PIB par habitant/diversification de l’éco- chés développés.  FAIRE FACE À LA VOLATILITÉ DES MARCHÉS STRATÉGIES D’INVESTISSEMENT ALTERNATIVES, PAR J.P. MORGAN ASSET MANAGEMENT Exploiter les thèmes macro-économiques | JPMorgan Investment Funds – Global Macro Opportunities Fund Exposition à des stratégies liquides de gestion alternative triées sur le volet | JPMorgan Funds – Multi-Manager Alternatives Fund Tirer parti d’une gestion flexible du risque de marché | JPMorgan Funds – US Opportunistic Long-Short Equity Fund Plus d’informations sur www.jpmam.chCe document a été rédigé à des fins promotionnelles et les opinions qu’il contient ne constituent en aucun cas un conseil ou une recommandation en vue d’acheter ou de céder un quelconque investissement ou intérêt y afférent. Sauf mention contraire, toutes les données chiffrées, prévisions, opinions,informations sur les tendances des marchés financiers ou techniques et stratégies d’investissement mentionnées dans le présent document sont celles de J.P. Morgan Asset Management à la date de publication du présent document. Elles sont réputées fiables à la date de rédaction. Elles peuvent être modifiéessans que vous n’en soyez avisé. Il est à noter que la valeur d’un investissement et les revenus qui en découlent peuvent évoluer en fonction des conditions de marché et des conventions fiscales et les investisseurs ne sont pas assurés de recouvrer l’intégralité du montant investi. L’évolution des taux de changepeut avoir un effet négatif sur la valeur, le prix ou les revenus d’un ou plusieurs produit(s) ou des investissements étrangers sous-jacents. La performance et les rendements passés ne préjugent pas forcément des résultats futurs. Avant toute décision d’investissement, il incombe aux investisseurs de s’informerdes conséquences potentielles d’un investissement dans le ou les produit(s) concerné(s) sur le plan juridique, réglementaire et fiscal. Toutes les transactions doivent être fondées sur le document d’information clé pour l’investisseur et le plus récent prospectus complet. Une copie du prospectus, du documentd’information clé pour l’investisseur et des derniers rapports périodiques des SICAV’s de droit luxembourgeois sont disponibles gratuitement auprès de l’intermédiaire chargé du service financier en Suisse : J.P. Morgan (Suisse) SA, 8, rue de la Confédération, case postale 5507, CH-1211 Genève 11. J.P. Morgan(Suisse) SA a été autorisée par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA en tant que représentant en Suisse des fonds, assumant également le service de paiement. Emis par J.P. Morgan (Suisse) SA LV-JPM29038 | 02/16

PAGE 20. Indices | | Février 2016 | EntretienNicole Burth TschudiLe travail temporaire souffre des effets néfastesdu franc sur l’industrie suisse d’exportationL eader du travail tempo- décider d’une acquisition. Comme il raire en Suisse, Adecco fallait convaincre que ce système avait contrôle environ 15% de de la valeur et du sens, nous avons as- ce secteur florissant qui socié à l’EVA tous les programmes de a doublé en Suisse entre bonus locaux afin de faciliter son adop- 2000 et 2015, passant de tion dans le monde entier. Ce qui a in-150.000 à 300.000 employés. L’entre- fluencé positivement la performance deprise affichait en 2014 un chiffre affai- l’action, mais ce n’est pas la seule raison.res de 518 millions de francs (les reve- Fortement décentralisée jusqu’en 2004,nus 2015 ne seront publiés qu’après la Adecco s’est aussi beaucoup mieuxmise sous presse de ce numéro d’Indi- structurée et organisée au plan mondialces). Adecco traverse cependant une durant la dernière décennie.période de turbulences. L’industrie dutravail temporaire souffre aussi des ef- Vous avez également supervisé l’intégra-fets néfastes du franc fort sur l’indus- tion de deux sociétés en Allemagne et di-trie suisse d’exportation. Celle-ci a biffé rigé les finances européennes de Pontoon10.000 emplois en 2015 et elle s’apprête Solutions, une marque d’Adecco.à délocaliser de nombreuses unités de Adecco est présent sur les marchés avecproduction. De plus, les résultats de la une multitude de marques différen-votation du 9 février mettront un frein tes. Nous avons donc intégré à Adeccoà la mobilité des travailleurs européens. Allemagne deux acquisitions réaliséesOr, un abandon des accords bilatéraux en 2006 et 2007, en conservant lesde la Suisse avec l’UE pénaliserait aussi marques existantes, mais en générantles agences de travail temporaire. Car des synergies dans le back office et lesles étrangers représentent 50% des em- finances. Je suis devenue ensuite res-ployés temporaires en Suisse. ponsable financier de Pontoon Solu-En dépit de cette situation économi- tions, qui était alors une start-up à l’in-que difficile, Nicole Burth, nouvelle térieur du groupe Adecco. Cette société,CEO d’Adecco depuis septembre 2015, qui depuis est devenue globale, offre deentend regagner des parts de marché. l’outsourcing aux grandes compagniesJusqu’ici plutôt spécialisé dans les cols internationales qui doivent négocierbleus, Adecco souhaite conquérir le avec une multitude d’agences de travailsecteur tertiaire et développer le place- temporaire. En tant qu’intermédiaire,ment de personnel à durée indétermi- Pontoon Solutions les aide à gérer leursnée. Nicole Burth va également diver- contrats et tout le processus de négocia-sifier l’offre auprès des multinationales tion afin d’obtenir des travailleurs tem-qui apprécient de n’avoir qu’un seul poraires de meilleure qualité de chacu-interlocuteur global pour l’emploi Nicole Burth Tschudi. CEO d’Adecco Suisse ne des agences partenaires.temporaire. Ces initiatives compense- 1998 Analyste financier auprès de la Banque UBS Warburg Dillon Read, Actuellement, 60% des grands comp-ront-elles les pertes de parts de marché Deutsche Bank et Lombard Odier Darier Hentsch. tes aux Etats-Unis recrutent leurs em-dans l’industrie ou permettront-elles de Juillet 2005 Rejoint le group Adecco à Glattburg comme Head of Investor ployés temporaires à travers ce type detenir jusqu’au redressement de l’éco- Relations & Special Projects. management service provider. C’est unenomie suisse? C’est le challenge que Sept 2008 Membre de la direction d’Adecco Allemagne, se charge d’intégrer manière pour Adecco de se placer entredoit relever Nicole Burth, qui confie: les sociétés Tuja et DIS. le client et les agences temporaires. Si«Notre industrie est cyclique. Lorsque Mai 2010 Devient CFO de Pontoon Solutions, fournisseur international nous n’offrions pas ce type de service,les commandes baissent, les entreprises de Workforce Management Solutions d’Adecco qui compte plus nous risquerions de perdre le contactse séparent d’abord de leurs employés de 1200 collaborateurs. avec le client final.temporaires. Mais quand les affaires re- Sept 2015 Devient CEO d’Adecco Suisse.partent, on recrute d’abord du person- N’y a-t-il pas conflit d’intérêt si cette pla-nel temporaire. Si l’économie suisse se teforme n’est pas neutre mais appartient àreprend, Adecco comptera parmi les premiers à en bénéficier.» Adecco qui fournit aussi des travailleurs temporaires? Pontoon est une société totalement indépendante de toutes les organisa-Vous avez démarré votre carrière dans la banque. Comment une analyste finan- tions nationales d’Adecco. Mais votre question est intéressante. Au début,cière se retrouve-t-elle à la tête d’Adecco Suisse? les clients ont recherché en effet un fournisseur de service indépendant etDurant mes études en économie à l’Université de Zurich, j’ai travaillé à la neutre, avant de modifier leur approche et de vouloir plutôt s’attacher lesBourse Suisse. En tant que téléprompteur, je reportais les cotations diffu- services d’un chef de file des sous-traitants, qui offre de meilleurs servicesées sur les télévisions pour les traders. Une fois diplômée, j’ai rejoint UBS parce qu’il prend une plus grande part du gâteau.Warburg Dillon Read, Deutsche Bank, puis la Banque Lombard Odier du-rant 7 ans comme broker et analyste financier. L’une des sociétés que je sui- Quelle est la taille d’Adecco en Suisse?vais était Adecco, qui, en 2005, m’a recrutée pour mettre de l’ordre dans sa En 2014, le chiffre d’affaires d’Adecco Suisse atteignait 518 millions decomptabilité et redorer sa réputation malmenée auprès des marchés finan- francs. L’essentiel des activités consiste à fournir des employés temporairesciers. En 2004, Adecco n’avait pas pu présenter ses comptes dans les délais. dans l’industrie et dans les bureaux, mais aussi dans des segments profes-Ce qui avait provoqué un choc sur les marchés financiers et une importante sionnels spécialisés comme l’IT, les Sciences de la vie ou le médical. Nouschute du cours de l’action. Après qu’Adecco eut retrouvé la confiance des avons également développé un service de placement permanent d’em-investisseurs et que simultanément, ses affaires aient connu une embellie, ployés à durée indéterminée, qui n’est pas une activité de chasseur de têtej’ai été chargée de divers projets au siège mondial d’Adecco à Zurich. parce qu’il vise des classes de salaires plus modestes. Il ne s’agit pas d’une grosse partie de l’activité d’Adecco, mais elle représente en revanche envi-Vous avez notamment mis en place le projet EVA au niveau mondial pour Adecco. ron 15% en termes de marge de profit. Nous pratiquons aussi l’Outplace-De quoi s’agit-il? ment avec la marque Lee Hecht Harrison. C’est une autre activité globaleCette méthode de gestion se focalise sur la valeur ajoutée des activités pour du groupe Adecco qui est également présente en Suisse tout comme Pon-les actionnaires. Outre la croissance des revenus, elle tient compte aussi toon Solutions. Avec Swissstaffing, nous intervenons aussi dans la forma-de la marge et des besoins en capitaux pour générer la profitabilité. Ce tion initiale et continue des employés temporaires, financée par le fond deconcept combine trois éléments: la croissance des revenus, la profitabilité formation géré par l’Association suisse des agences de travail temporaire,et les besoins en capitaux. Ce qui permet aux managers des différents pays ainsi que le prévoit la Convention collective de travail entrée en vigueurde maximiser l’EVA pour déterminer le prix correct d’un mandat ou pour au 1er janvier 2012. 

PAGE 21. Indices | | Février 2016 | Entretien Nicole Burth TschudiQuelle a été évolution d’Adecco Suisse depuis 2010? le marché du travail et les entreprises. Plusieurs clients parlent déjà de délocaliser leurs activités pour trouver du personnel hautement qualifié.Nous évoluons dans une industrie très cyclique. Si l’économie va bien, les Google, par exemple, a annoncé qu’il déménagera à l’étranger s’il ne peutrevenus sont élevés, mais ceux-ci se réduisent lorsque la conjoncture n’est pas recruter suffisamment de talents en Suisse.plus aussi souriante. Cependant, entre 2010 et aujourd’hui, notre activitéest restée plus ou moins stable, même si elle a connu des pics à la hausse Vous êtes également membre du comité d’economiesuisse. Participez-vous auxcomme en 2011 parce que l’économie allait très fort. Mais nous avons légè- discussions avec le Conseil Fédéral ?rement perdu en part de marché que je veux regagner au plus vite. Je suis membre du comité d’économiesuisse mais je ne participe pas di-En dépit de la croissance de 7% du marché du travail temporaire entre 2014 et rectement aux discussions avec le Conseil fédéral. J’ai accepté ce mandat2015, Adecco a perdu des parts de marché. Pourquoi? Avez-vous de nouveaux parce que les discussions actuelles sont extrêmement cruciales pour no-compétiteurs? tre industrie. C’est pour faire entendre la voix du travail temporaire, pour faire connaître notre position et nos problèmes que je me suis engagéeLa raison en est une combinaison de facteurs. Les résultats varient selon mais je ne suis pas impliquée personnellement dans la négociation. Je suisles secteurs d’activité. Si vous êtes fortement exposé à l’industrie qui en confiante. Le Conseil fédéral trouvera une solution pratique qui satisferagénéral est en recul, vous souffrez davantage. Adecco Suisse a un focus très tout le monde.prononcé auprès des cols bleus, un segment qui souffre à l’heure actuelle.Notre portefeuille dépendant de l’industrie a un impact négatif sur nos Selon vous, l’explosion du travail temporaire en Suisse va-t-elle se poursuivre ourevenus. plutôt s’arrêter brutalement?Etes-vous toujours numéro un du travail temporaire en Suisse? Les accords bilatéraux ne constituent qu’une partie du sujet. L’industrie suisse a aussi connu une forte croissance ces quinze dernières années. L’hor-Malgré cette perte de part de marché, nous sommes toujours le numéro un logerie suisse par exemple a connu des années fastes. De plus, les clientssur le marché suisse. Nous ne disposons pas de statistiques, mais je dirais vont continuer de rechercher davantage de flexibilités pour leur personnel.que nous contrôlons environ 15% du marché. C’est une estimation. Nous Le manque de talents sur le marché suisse du travail ne va pas se résor-n’avons que quatre ou cinq compétiteurs importants au niveau national ber. Nous devrons trouver des solutions. Ces deux facteurs contribuerontmais d’innombrables petits compétiteurs sur les marchés locaux. Certains au développement du travail temporaire à l’avenir. Evi-concurrents locaux ne comptent qu’un ou deux collaborateurs. Dans ce demment, si les frontières se referment, cela aura un Certains parlentsecteur, la barrière d’entrée n’est pas très élevée. Il suffit d’obtenir une li- impact sur l’économie suisse et par conséquent sur noscence, ce qui n’est pas très difficile et de fournir les services. En revanche, si affaires. de délocaliserle client souhaite obtenir les mêmes standards de service partout en Suisse leurs activités pour– ou même dans le monde entier –, ou encore s’il désire traiter avec un seul La hausse de la demande dans les services compensera- trouver du personnelpartenaire dans plusieurs pays ou régions, les grands noms du travail tem- t-elle la baisse de la demande dans l’industrie? hautement qualifié.poraire actifs à l’international bénéficient d’un avantage compétitif. C’est tout à fait possible. Il est important que la SuisseLe marché du travail temporaire a doublé en Suisse depuis l’an 2000, passant continue d’investir dans l’éducation et la formation. La Google l’a annoncéde 150.000 à 300.000 collaborateurs. Comment expliquez-vous cette explosion? Suisse reste un lieu très intéressant pour les sociétés de s’il ne peut pas services et pour celles qui font de la recherche et du recruter assez dePlusieurs tendances importantes ont porté cette industrie. La première, développement.c’est que les clients recherchent toujours davantage de flexibilité. En mêmetemps, la demande est toujours plus forte pour les travailleurs qualifiés. Adecco Suisse, filiale modeste du group Adecco, est en talents en Suisse.Et trouver des travailleurs qualifiés devient de plus en plus difficile. Les revanche un gros contributeur au niveau de sa marge desociétés recrutent donc des spécialistes sur des bases temporaires. Autrefois, profitabilité. Pourtant ces marges sont en recul. Pourquoi?le travail temporaire s’adressait beaucoup plus aux travailleurs non-quali- L’économie suisse a été fortement impactée par le franc fort qui a été unfiés. Aujourd’hui, la demande se déplace. Les clients exigent davantage de choc dont l’industrie suisse a souffert. De nombreux clients qui exportentcompétences très spécifiques et de très haut niveau. Pour les jeunes pro- leur production sont devenus soudainement plus chers sur le marché euro-fessionnels spécialisés, le travail temporaire constitue une bonne manière péen. Nous avons expérimenté une forte pression de la part des entreprisesd’entrer sur le marché du travail. Pour son premier emploi par exemple, et cela va changer la manière dont nous pratiquons notre métier.un jeune diplômé peut rapidement accumuler une large expérience entravaillant dans diverses sociétés, acquérir une connaissance approfondie Allez-vous réduire les salaires pour baisser les prix, pratiquer une sorte dede son secteur d’activité et constituer un réseau étendu qui lui permettra de dumping? Ou plutôt réduire vos propres coûts internes?trouver un emploi stable. La Convention collective de travail prévoit exactement les tarifs auxquelsAdecco Suisse a un N’y a-t-il pas d’autres facteurs qui expliquent cette rétribuer les travailleurs. Il n’y a pas du tout de dumping ou de baisse desfocus très prononcé explosion? prix en cours. Un travailleur temporaire obtiendra le même salaire chezsur les cols bleus. nous ou auprès d’un concurrent. Pour les professionnels hautement qua-Un segment malmené L’autre raison de cette explosion tient en effet à l’en- lifiés, leur revenu dépendra du marché. En revanche, la facturation de trée en vigueur des accords bilatéraux sur la libre services supplémentaires taillés sur mesure selon les demandes des clientsà l’heure actuelle. Le circulation des personnes avec l’UE qui ont renforcé pourrait évoluer. Certains de nos consultants vont se spécialiser sur cer-portefeuille largement l’attractivité de la Suisse et de l’industrie. Cette tendan- taines compétences recherchées, tisser un réseau pour ce type de profils etexposé à l’industrie ce a beaucoup contribué au marché du travail tempo- entretenir un lien intime avec le client. Cela exige aussi de nous davantagea un impact négatif. raire. Depuis 2012, l’économie suisse a aussi connu une d’efficience. Nous essayons de réduire nos propres coûts et d’augmenter forte croissance. notre part de marché, afin de compenser les pertes. On le sait: 50% des travailleurs temporaires en Suisse sont Allez-vous être contraint de dénoncer la Convention collective de travail sous la d’origine étrangère. pression du marché? En tant que société de recrutement, c’est notre travail de trouver les meilleurs talents sur le marché. Or, le Signée il y a quatre ans sous les auspices de la Confédération, la Conventionmarché suisse n’est pas suffisamment grand pour répondre à toutes les de- collective de travail, en vigueur depuis le 1er janvier 2012, est une bonnemandes spécifiques des entreprises. La Suisse ne génère pas suffisamment chose. Elle a apporté plus de sécurité salariale, plus de standards et moins dede talents par elle-même. Les travailleurs étrangers permettent de répondre dumping salarial. Le fond de formation se monte aujourd’hui à 7300 francsà cette demande. Les résultats du vote du 9 février ne sont donc pas une par personne et par an. Les employés peuvent en profiter pour acquérir desbonne chose pour Adecco. Le plus important pour nous, c’est de dénicher compétences complémentaires. La nouvelle version prévue pour le 1er avrille bon talent qui répond spécifiquement à la demande du client. Et il n’est 2016 prévoit une augmentation du salaire minimum pour les employéspas possible de répondre à la demande des entreprises avec les talents dis- non qualifiés et qualifiés, des horaires plus flexibles, des heures supplémen-ponibles en Suisse, parce que le marché suisse est trop petit. Cela étant dit, taires après 45 heures par semaine et après 9,5 heures par jour.la démocratie est une grande valeur et la Suisse doit en être fière. Le peuplea clairement exprimé son opinion qui doit être respectée. Mais alors quelle sera votre stratégie?Comment allez-vous résoudre ce problème pour Adecco? Aujourd’hui, nous segmentons notre marché entre les grands comptes, avec des consultants dédiés, et les petits comptes pour lesquels un modèleLe Conseil fédéral aura la tâche très ardue de trouver un bon accord avec d’affaires différent répond aux demandes à court terme. Cette réorganisa-l’UE qui permette d’appliquer cet article constitutionnel de manière flexi- tion nous permet de proposer des services sur mesure et une offre compé-ble, par des exemptions pour certains types d’emplois et des solutions pra- titive. Nous allons également développer le placement de personnes, untiques qui ne handicapent pas l’industrie et l’économie suisses ou avec une secteur où nous pesons moins de 10% du marché. Même si le Swiss Jobinterprétation de la clause de sauvegarde. Ce n’est pas seulement notre Market Index qui comptabilise les offres d’emplois publiées a reculé deindustrie qui est touchée. Nous ne sommes que les intermédiaires entre 9% l’an dernier, nous croyons que nous pouvons réellement croître dans ce 

PAGE 22. Indices | | Février 2016 | Entretien Nicole Burth Tschudimarché. L’autre secteur de croissance sera Pontoon Solutions, qui permet pénurie de talent et de travailleurs qualifiés se poursuit et que les revenusd’outsourcer le recrutement à travers un bras externe au département de de l’AVS ne couvrent plus les besoins des retraités, il est envisageable queressources humaines. le travail des séniors se développe et que les agences de travail temporaire puissent profiter de ce nouveau créneau.Comment expliquez-vous cette extension de votre domaine de compétence?Autrefois, il suffisait de publier une annonce pour recevoir une dizaine Adecco planifie-t-il de fidéliser ses candidats de 20 à 65 ans et au-delà?de candidatures. Aujourd’hui, le recruteur doit rejoindre le réseau socialdes candidats, faire partie de leur communauté pour les approcher, sui- Absolument. C’est notre objectif de suivre les candidats tout au long de leur vre leur évolution, connaître leur savoir-faire. Souvent vie professionnelle. Actuellement, nous trouvons un nouveau mandat pour les clients attirent les mauvais talents. A l’image de cet un employé fiable et avec lequel nous avons fait de bonnes expériences. IlLe recruteur doit hôpital vétérinaire qui recherchait des collaborateurs est préférable de travailler avec les mêmes collaborateurs sur de longuesrejoindre le réseau aimant les animaux et la nature, alors que, dans le poste, périodes plutôt que de trouver chaque fois des nouvelles têtes. Si le candi-social des candidats il n’était question que d’efficacité: combien de minutes dat souhaite un contrat à durée indéterminée, notre agence de placementet faire partie de leur pour tel acte, combien d’articles supplémentaires ven- permanent peut l’aider. Trois ans plus tard, il pourra s’adresser à Adeccocommunauté pour les dus pendant le traitement du chien. s’il cherche un nouveau job qui pourra l’engager comme temporaire ou luiapprocher, suivre leur proposer un nouvel emploi. Dans certains secteurs comme l’informatique,évolution, connaître Comment prévenir de tels chocs culturels? les candidats peuvent déjà décider de leur contrat fixe ou temporaire.leur savoir-faire. Il est crucial d’approcher les bons candidats de la bon- L’uberisation du marché du travail en ligne ne menace-t-il pas les agences ne manière. Etablir si une personne s’adaptera cultu- traditionnelles ? rellement à une entreprise est aussi important que les qualifications requises. Ce n’est souvent qu’après avoir L’uberisation qui permet de se passer d’intermédiaire est une concurrence souffert que les sociétés font appel à une agence et à son sérieuse notamment dans les mandats à court terme pour des collaborateurs réseau de spécialistes. Or, les coûts cachés d’un mau- non qualifiés. Pour une grande manifestation comme un Open air festivalvais recrutement sont énormes, en temps perdu, en formation et en argent. qui recherche 300 collaborateurs pour le week-end, une plateforme de re-Tandis qu’il est de l’intérêt d’une agence de trouver la bonne personne du crutement en ligne est une solution idéale. Et nous explorons ce secteurpremier coup. En cas de problème durant la période d’essai, elle rembour- pour y offrir également de bonnes solutions. En revanche, pour les emploissera une partie des honoraires. plus qualifiés, le marché ne se dirige pas dans cette direction. Pour l’instant, les employeurs préfèrent un contact personnel et un service personnaliséLes séniors ne représentent-ils pas un potentiel pour le travail temporaire qui comme un pré-screening des candidatures.pourrait compenser le manque de talents en Suisse? Quels sont les plus grands risques pour votre secteur?Nous vivons de plus en plus longtemps et en bonne santé. Les projectionsdémographiques des Nations Unies prédisent qu’en 2025, plus de 27% de Notre plus grand risque, c’est la conjoncture. Si l’économie va mal, nousla population suisse aura plus de 65 ans. Si c’est le cas, nous devrons tra- suivons la tendance, parce que les entreprises réduisent d’abord les emploisvailler jusqu’à 70 ans et au-delà. Les seniors, qui ont besoin de flexibilité et temporaires. Notre industrie est cyclique et suit une courbe sinusoïdale.ne veulent pas forcément exercer une activité à plein temps, représenteront Nous réagissons plus fort également lorsque l’économie redémarre, car lesune grande opportunité pour le travail temporaire. Mais ce n’est pas encore entreprises recrutent d’abord des temporaires. Si l’économie suisse se re-une réalité du marché. Sans doute parce que la pression économique sur prend, Adecco comptera parmi les premiers à en bénéficier. les retraités n’est pas suffisamment forte. Mais je suis convaincue que si la Propos recueillis par Giuseppe Melillo “ L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE EN DIRECT ” 29.-Offre d’essai 1 mois HF à Livraison du quotidien du lundi au vendredi + accès numérique à tous nos contenus + inclus Indices, Agefi Magazine, Work, Agefi Immo, Agefi Life et Agefi Bliss (selon la périodicité) Cette offre est valable toute l’année et non renouvelable. TVA et frais de port inclus.Abonnement sur www.agefi.com/abo agefi.com

PAGE 23. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLa rente forcée peu remise en questionAbolir le versement en capital une composante importante de cette prévoyance Il n’est pas duit par le versement de rentes nettement plusdu 2e pilier s’inscrit contre moderne. Il existe enfin différentes manières inenvisageable basses via la partie surobligatoire. Une caissela tendance à la flexibilité d’appréhender le financement des vieux jours qu’une alchimie servant un taux de conversion tout compris deen matière de prévoyance. et les conditions-cadre diffèrent dans chacun infantilisante 5% pour un avoir de vieillesse de 200.000 francs des scénarios. La propriété de son logement, le séduise la versera donc une rente de 10.000 francs. Si la Olaf Meyer fait de disposer d’une rente au titre de l’AVS majorité. partie obligatoire représente 100.000 francs, le Président du conseil de fondation ou d’une rente supplémentaire du conjoint taux légal de 6,8% est alors appliqué. En résulte génèrent autant de situations diverses. Il convient une rente de 6800 francs. Un taux de 3,2% estL de Profond toutefois de noter, et c’est loin d’être un détail, de facto payé pour la partie surobligatoire, soit e pavé est dans la mare: les diri- que ce capital est épargné par chaque travailleur une rente de 3200 francs. Dans ce cas, il n’est pas geants politiques souhaitent abolir et que celui-ci voit à présent son droit d’en dispo- possible de retirer uniquement la rente de 6800 le versement en capital du 2e pilier. ser restreint. Dans un tel paradigme, l’étape logi- francs pour la partie obligatoire et de conserver Du moins, l’accès à la partie obliga- que suivante serait qu’à partir d’un certain âge, la partie surobligatoire comme capital. Ce type toire ne se ferait plus que sous for- les individus n’auraient le droit de consommer de répartition est courant et toléré par les autori- me de rente. L’intention annoncée qu’une part maximale de leur propre fortune tés de surveillance.est louable: réduire la pauvreté chez les person- chaque mois. Si, toutefois, la rente forcée sur la partie obli-nes âgées. L’argument avancé est en effet qu’il Selon Machiavel, la fin justifie les moyens, gatoire devient réalité comme le demandent lesest plus facile de dilapider son capital-vieillesse et il n’est malheureusement pas inenvisageable hommes politiques, quel taux de conversion s’ap-qu’une rente. qu’une alchimie infantilisante de la sorte séduise pliquera? Dans la mesure où la rente ne reposeraL’efficacité de cette mesure est peu remise la majorité. Cet article a donc pour objectif pre- plus que sur la partie obligatoire, ce sera le tauxen question et semble de surcroît ne déranger mier de permettre à chaque lecteur de se forger minimum légal actuel de 6,8%. Il est cependant àque quelques-uns qui dénoncent une restriction sa propre opinion sur la question: a-t-on le droit, craindre que les caisses de pension appliquent dessupplémentaire de la liberté individuelle. Aussi même à un âge avancé, de prendre des déci- taux plus faibles.la surveillance étatique presque orwellienne de sions financières librement? Certes, ces décisions Des problèmes sont d’ores et déjà prévisi-nos vies semble-t-elle de plus en plus devenir une peuvent être malavisées et, dans le pire des cas, bles, puisqu’une telle réglementation pourraitréalité souhaitable. Le but ultime semblerait être amener l’individu à vivre aux crochets de l’Etat. engendrer des prestations dans l’ensemble plusde s’assurer que seules les formations recherchées Néanmoins les gens prennent tout au long de élevées pour de nombreuses caisses. Autorisersur le marché du travail puissent être suivies, que leur vie des décisions comportant ce risque. par ailleurs des taux de conversion en deçà duplus aucun d’entre nous ne fume ou ne boive La deuxième partie de cet article porte sur l’éva- taux minimum pour les rentes issues de la partied’alcool, et que nous empruntions tous les trans- luation économique d’une telle mesure. Rap- obligatoire nuirait grandement à la situation desports en commun. Ce sont ainsi probablement pelons d’abord que les nouvelles rentes sont en futurs retraités et ne contribuerait donc en rien àdes milliards de deniers publics qui pourraient forte diminution et que les taux de conversion, réduire la pauvreté des seniors.être économisés. qui devraient encore baisser, vont renforcer ce L’impact réel d’une telle mesure sur les presta-A cette idée s’oppose la tendance marquée à l’in- processus. Il faut donc aujourd’hui prendre en tions complémentaires n’est pas démontré etdividualisme qui se traduit ces dernières années compte le fait que les versements en capital sont devrait au préalable faire l’objet d’une analyseaussi dans le 2e pilier par une flexibilité accrue. bien plus nombreux dans les caisses affichant des détaillée. Quelle qu’en soit l’issue, il reste à espérerL’alternative entre le capital et la rente constitue taux de conversion bas. Le versement d’une rente que cette réglementation n’entrera pas en appli- est ainsi moins attrayant dans ces cas précis. cation, car elle s’inscrit à l’encontre de la tendance L’avoir de vieillesse sous forme de rente présente à la flexibilité en matière de prévoyance et qu’elle des taux de conversion minimaux pour la par- susciterait pléthore de difficultés nouvelles. Dans tie obligatoire. Ils sont toutefois rarement appli- la plupart des cas, la restriction annoncée se qués car le recours à un compte témoin se tra- révèle disproportionnée.  Solange Ghernaouti Cybersécurité Professeure, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory & Research Group, HEC − Unil (www.scarg.org)La douleur de l’expérienceUne voiture sans chauffeur pilotée par une informatique embar- ker) est, pour des raisons d’économie, de ne pas intégrer de la société, nous sommes en train d’assister à la définition ouquée communicante, des capteurs et des algorithmes pour une sécurité! Par ailleurs, l’automatisation des tâches est toujours la redéfinition de visions de l’organisation du monde… d’unprise de décision en temps réel… Lorsque le choix s’impose que synonyme de perte d’emploi, les humains sont dans bien des côté une vision libérale, capitaliste, orientée vers le profit, etdécidera «l’algorithme»? Percuter un piéton pour ne pas mettre secteurs de l’économie substitués par des machines et les de l’autre une vision que l’on n’ose plus appeler «socialiste»,en danger les occupants de la voiture? Quid des erreurs d’ap- algorithmes envahissent nos mondes professionnels, laminant où l’on reconnaît la primauté de l’intérêt du groupe sur celui depréciation de la situation ou d’éventuelles désynchronisations de ce fait le marché de l’emploi. La rationalité économique, quelques-uns… et la primauté de l’humain sur le profit.dans les transmissions et analyses? Quid de la qualité, de la l’externalisation des activités dans des pays tiers ou dans des «Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrementrobustesse, de la fiabilité, de l’efficacité des algorithmes et des systèmes informatiques ont un coût social non négligeable. que par le doute, l’angoisse, la sueur, la douleur de l’expé-solutions de sécurité? En cas d’accident, qui est responsable? Avec l’Internet de toute chose, non seulement nous devenons rience» écrivait en 1959 Aragon. Dans leur rapport, remis auAvec l’Internet des objets, nous offrons la possibilité aux des humains pilotés à par des algorithmes, conçus, développés, président français Giscard d’Estaing, sur l’informatisation de laobjets de devenir plus autonomes, plus performants, nous leur maîtrisés par des organisations privées possédant souvent un société publié au Seuil en 1978, Simon Nora et Alain Minc, iden-donnons quitus de se substituer à notre volonté pour anticiper, pouvoir hégémonique important tels que GAFA (Google Apple tifiaient avec grande pertinence tous les risques et bouleverse-choisir, réagir. Ce faisant nous leur déléguons notre libre arbitre Facebook Amazon), NATU (Netflix, AirBnb, Tesla, Uber), mais en ments qu’induit l’adoption du numérique que nous sommes enet nous nous soumettons à leurs algorithmes. Or, ces objets plus nous nous soumettons à une logique et à une rationalité train de vivre. Devons-nous vraiment subir la douleur de l’ex-sont rarement bien sécurisés car les exigences de sécurité ne économiques relevant d’un libéralisme effréné, de l’impéria- périence pour mieux accompagner les changements structurelssont pas prises en compte dès leur conception, ni intégrées lisme numérique et de l’ultra capitalisme. imposés par l’adoption des technologies de l’information quien mode natif, du fait généralement, du compromis réalisé L’économie dite de partage n’est souvent qu’un abus de langa- affectent tout un chacun dans sa manière de vivre, l’économiepour occuper le marché, rendre un service fonctionnel au plus ge pour désigner un monde où les nouveaux pauvres (ceux qui et l’ordre du monde et répondre aux besoins du bien vivre auvite, au plus bas coût. Oui la sécurité coûte cher en termes de avaient un boulot avant) tentent de survivre en s’appuyant sur 21e siècle?recherche et développement, elle est souvent incompatible les oligopoles cartellisés d’une poignée d’acteurs privés. Ces Plusieurs décennies d’aveuglement et de tâtonnement sont plusavec un usage friendly de la technologie surtout parce qu’elle derniers s’engraissent joyeusement sur le dos des clients ren- que suffisants, l’angoisse est là pour durer et la douleur aussi.nécessite une consommation d’énergie que ne peuvent suppor- dus captifs par toutes sortes de stratagèmes allant du légal au Arrêtons les cyberblablas, agissons pour une société vraimentter les batteries intégrées dans un objet communicant mobile. marketing en passant par la technologie, mais aussi sur le dos plus inclusive, pour une meilleure gouvernance du monde, pourEffectivement, intégrer des services de sécurité comme ceux des employés et des Etats. ll y a souvent asymétrie de partage plus d’authenticité, pour un dialogue international et intercul-liés à l’authentification, l’intégrité ou à la confidentialité des des bénéfices lors des partenariats public-privé réalisés alors turel plus respectueux des différences, pour lutter plus effica-données nécessite la mise en œuvre de protocoles cryptogra- que ces entreprises recourent à des montages financiers amo- cement contre la pauvreté et la violence, pour qu’un mondephiques consommateurs de temps processeur et d’énergie pour raux, utilisant toutes les failles du système juridico-fiscal pour meilleur puisse vraiment advenir et que nous soyons en mesuresupporter le traitement informatique additionnel. Le choix fait échapper à l’impôt dans les pays où elles sont actives, privant de communiquer aux générations futures notre confiance danspar les principaux fabricants et fournisseurs de services basés de facto les Etats des ressources dont ils auraient besoin pour les infrastructures informatiques et télécoms que nous leurssur les objets communicants (comme par exemple un pacema- répondre aux nécessités des populations! Avec l’ubérisation de laissons en héritage. 

PAGE 24. Indices | | Février 2016 | Création d’entrepriseCulture entrepreneuriale: est-ce une utopie?Entreprendre doit absolument un banquier différences culturelles et je peux confirmer que, sont mauvaises. Par ailleurs, l’enfant, l’étudiantdevenir une finalité éducative américain là-bas, un échec entrepreneurial n’est absolu- doit être incité à «innover» à l’image de la célèbrepour stimuler la prise d’initiatives fait davantage ment pas vécu de la même manière qu’en Suisse citation d’Alexandre Graham Bell: «Ne marchechez les enfants. confiance à un ou en Europe. Aux Etats-Unis, un banquier aura jamais sur le chemin tracé, car il ne te mène que entrepreneur davantage tendance à faire confiance à un entre- là où d’autres sont allés». Cela suppose de propo- Pascal Bourgier qui a essuyé preneur qui a essuyé deux échecs en pensant que ser des voies différentes et également d’assumer des échecs en ce dernier aura appris de ses précédentes erreurs. le risque de ne pas arriver au but préalablementDCoach GENILEM pensant que Quelle différence, ici où le droit à l’échec est si fixé avec tout le côté surprenant et passionnant évelopper une culture entre- ce dernier aura peu intégré dans les mentalités! Cette différence que cela engendre. preneuriale à l’école ne signifie appris de ses culturelle tient forcément ses fondements en par- Il est alors primordial que les milieux scolaire, pas nécessairement que chaque erreurs. tie dans l’éducation reçue. L’exemple américain académique et d’aide à la création d’entrepri- enfant ou jeune adulte sera un et le peuplement récent du pays montrent ainsi ses soient à l’écoute de leurs besoins respectifs jour chef d’entreprise mais cela une certaine prédisposition et un «côté entrepre- et mettent en place des collaborations au béné- offre un ensemble de qualités neur» inné, héritage sans doute des «forty-niners» fice des étudiants. C’est notamment le cas avecnécessaires à tout bon entrepreneur, c’est-à-dire qui traversèrent les Etats-Unis d’est en ouest dans le Prix GENILEM HES (concours conjointementcelui qui entreprend. Selon le dictionnaire, le des chariots au péril de leur vie pour trouver organisé avec les HES genevoises et vaudoises).terme «entreprendre» est défini par «la résolu- l’eldorado californien. L’expérience nous montre que ce prix permettion d’une personne à mener des actions longues Entreprendre doit donc absolument devenir une incontestablement d’identifier et de révéler desou complexes» et ne se résume pas seulement finalité éducative. L’école doit stimuler la prise personnalités entreprenantes, prêtes à pren-au fait de créer une entreprise. L’entrepreneuriat d’initiatives. Dès son plus jeune âge, l’enfant doit dre des risques et capables d’innover. Ce typereprésente une véritable option dans un contex- être encouragé à prendre et à assumer des ini- de dispositifs a l’avantage de réduire la prise dete économique et un marché de l’emploi très tiatives personnelles, à prendre la parole en pu- risque de l’étudiant et ainsi l’aider à franchir lerudes. Pour se détacher d’une attitude passive blic, à se forger et formuler un avis, rejoindre des cap et se lancer.et fataliste, vis-à-vis de son parcours profession- associations scolaires, organiser une course… En conclusion, si l’école a un rôle indispensa-nel par exemple, apprendre dès le plus jeune âge même quand l’enjeu est faible. ble à jouer pour favoriser l’émergence de futursà entreprendre au sens large peut alors s’avérer Pour en revenir à la prise de risques, qui est une entrepreneurs, les fondements de la culture en-très utile. notion importante justement, elle signifie qu’en trepreneuriale (confiance en soi, prise de risqueMais comment développer une culture entrepre- devenant entrepreneur, on accepte de sortir de sa et innovation) devraient être également encou-neuriale chez des enfants ou jeunes adultes? zone de confort et aussi de préparer le terrain très ragés et transmis par une majorité de parentsPour avoir vécu aux Etats-Unis dans une famille tôt tout en étant capable d’adapter sa trajectoire. pour renforcer les messages passés en classe.d’entrepreneurs, j’ai clairement pu observer des L’enfant doit alors être aidé à prendre confiance C’est peut-être là un nouveau grand défi et en lui, à développer des capacités lui permet- travail de sensibilisation que les autorités sco- tant plus tard de se rassurer lui-même sans aide laires et économiques devront mener conjoin- extérieure. Pas facile certes mais indispensable tement pour ouvrir de nouvelles voies aux jeu- lorsqu’un entrepreneur gère une entreprise et nes, les rendre davantage acteurs de leur avenir qu’il est seul à fixer son cap avec des implica- et maintenir ainsi une économie dynamique tions parfois très lourdes si les décisions prises et compétitive. De la difficulté à concrétiser une idéesous forme de société. Et de société viable.Blisport est née de l’ambition Marwan Senhaji. Pour cela, nous avons eu deux principaux défis. levant les premiers fonds nécessaires à démarrer.de promouvoir la santé et Le principal piège à éviter Le premier était d’identifier les profils ayant lesde contribuer à combattre les est de figer un business plan compétences clés nécessaires afin de mener à bien Quel est selon vous le principal piège à éviter lors de sans aller à la rencontre la recherche et le développement de notre pro- la création d’une entreprise?Cmaladies de la vie moderne. des clients et partenaires duit et de réussir à les garder motivés sur les deux réée en 2014, Blisport est une potentiels. années qui ont été nécessaires à le façonner. Selon moi, le principal piège à éviter est de figer plateforme web et mobile qui Le second challenge était de garder un fil conduc- un business plan sans aller à la rencontre de ses incite les utilisateurs à adopter teur et de rester entièrement flexibles afin d’adap- clients et partenaires potentiels. Le simple fait de un style de vie sain et à conver- ter continuellement notre idée de départ en fonc- sonder le marché nous donne de nombreux indi- tir leurs efforts sportifs en ré- tion des retours du marché tout en identifiant cateurs sur l’intérêt de notre produit mais aussi, duction de prix auprès de leurs une proposition de valeur concrète. si on est suffisamment à l’écoute, des pistes pourmarques favorites tout en soutenant une associa- En effet, lorsque nous travaillions sur la premiè- l’améliorer.tion de leur choix. Blisport s’adresse particulière- re version de Blisport, nous voulions lancer unement aux entreprises comme un team building application de sport à destination du grand pu- Parlez-nous des défis auxquels vous avez étéinnovant: elle permet d’augmenter la producti- blic. Nous avons vite réalisé la difficulté à entrer confrontés dans le cadre la première course connec-vité en renforçant l’esprit d’équipe, la santé et le en compétition directe avec les géants du sport tée organisée par Blisport au mois de novembre.bien-être physique et mental des employés et de qui dominent le marché. Cependant, cette pre-récolter ensemble des fonds pour une association. mière version nous a permis de comprendre les Lorsque l’opportunité d’organiser le premier évè-Entretien avec Marwan Senhaji, co-fondateur facteurs influençant les individus à faire plus de nement connecté en collaboration avec ONUSI-& CEO de Blisport. sport ou simplement à bouger plus. C’est après DA s’est présentée à nous, nous pensions que le de nombreux échanges avec des professionnels fait de développer une plateforme complètementComment est née Blisport? de la santé que nous avons réalisé que notre idée nouvelle pouvait tout régler. En réalité, nous permettrait de lutter contre la sédentarité, de avons dû surmonter de nombreuses difficultésL’idée de Blisport est née à l’Université de renforcer les liens sociaux, d’améliorer la santé et réaliser combien le défi était grand tant auGenève. En effet, nous avions un cours dans le- des employés et donc la performance au sein des niveau technique que marketing. Tout en étantquel nous devions créer un projet d’entreprise entreprises. fiers d’avoir réussi cette première édition, nousviable et qui répond à une problématique sociale. mesurons déjà le niveau d’engagement que né-Etant moi-même pharmacien de formation, ce Le financement représente-t-il le principal obstacle? cessitera la prochaine édition. Nous y travaillonsprojet avait beaucoup de sens car il permet de fermement.promouvoir la santé au sein de la population. Par Le financement représente un grand obsta-la suite, cette idée a beaucoup évolué grâce aux cle pour lancer son entreprise. En effet, le sim- Comment voyez-vous l’avenir de l’entreprise?retours du marché. ple besoin en capitaux nécessaires à constituer juridiquement son entreprise décourage de nom- Blisport est née de l’ambition de promouvoir laQuelles difficultés avez-vous rencontrées au départ? breuses personnes, sans parler du frein psycholo- santé et de contribuer à combattre les maladies gique. Toutefois, je ne pense pas qu’il s’agisse du de la vie moderne. C’est sur cette mission deLes nombreux obstacles rencontrés au début principal obstacle, notamment pour les startups dimension citoyenne que nous nous focalisonsétaient pour la plupart liés au défi de concréti- orientées innovation. principalement. Nous comptons aussi dévelop-ser, dans une entreprise, notre idée répondant au En effet, de nombreux organismes mettent à per de nombreux partenariats avec des entrepri-besoin réel de faire bouger ses employés. disposition des coaches et des concours permet- ses en faveur des 5000 utilisateurs sur la plate- tant de gagner grandement en expérience tout en forme en 2016.  Interview: Barbara Ben Hamadi, Genilem

PAGE 25. Indices | | Février 2016 | Gestion institutionnelleLe bonheur est dans le faire. Pas dans le subir.Il semble difficile de prendre le philosophe petites unités agiles pour s’adapter aux circons- vif, d’abord en triomphant des plaisirs, et ausside la distance et de méditer défend l’idée tances de l’environnement, voire le modifier. en accumulant de la puissance; mais il veut ladans nos sociétés marquées que l’homme Dans cette ligne, s’est imposée l’«holacratie» qui devoir à lui-même. Celui qui devient riche parpar la disruption. Retour sur n’est heureux a connu un engouement ces dernières années héritage est un avare triste, s’il est avare; car toutles Propos sur le Bonheur que de vouloir avant que le soufflé ne retombe. Entre deux, bonheur est poésie essentiellement, et poésiedu philosophe Alain. et d’inventer, il faut signaler l’apport d’Alvin Toffler dans veut dire action; l’on n’aime guère un bonheur d’agir. de voir son ouvrage Le choc du futur et sa proposition qui vous tombe; on veut l’avoir fait. Alain Max Guénette le bout de d’«adhocratie» pour répondre à des environ- L’enfant se moque de nos jardins, et il se fait un ses actes. nements devenus totalement instables; Henry beau jardin, avec des tas de sable et des brinsL’HEGArc (Neuchâtel) Mintzberg réinvestira avec profit ce terme. de paille. Imaginez-vous un collectionneur qui émission Le Bonheur au travail pré- Signalons aussi les apports de l’économiste n’aurait pas fait sa collection? (Propos sur le bon- sentée l’année dernière sur la chaî- François Perroux qui mettait en avant l’intérêt heur, thème «Agir», pp. 93-94) ne Arte, disponible aujourd’hui dans l’économie d’«unités actives». Dans de nombreux passages de son ouvrage, le sur la toile, a largement fait par- Bref, le thème de l’«entreprise libérée» s’inscrit philosophe défend l’idée que l’homme n’est heu- ler d’elle et continue de le faire. dans une histoire de recherche d’efficacité pro- reux que de vouloir et d’inventer, d’agir, de voir À travers les réseaux sociaux, de ductive avec en arrière-plan les capacités quasi le bout de ses actes. Ces propos d’Alain, savou-beaux esprits en management ne manquent pas auto-organisatrices qui nous rappellent les beaux reux en diable, ne manquent pas de rappeler lesen effet de s’engager et prendre position, en l’oc- moments d’approches sociotechniques. Des mo- propositions d’auteurs que l’on range dans lescurrence sur la notion d’«entreprise libérée» au dalités d’organisations qui redonneraient aux «ergo-disciplines». Pensons à Yves Clot, psycho-centre du reportage. Mode managériale de plus? travailleurs le goût d’agir. Que dit le philosophe logue-ergonome qui met au centre de son appré-Peut-être mais il est préférable de retenir que Alain du bonheur au travail? hension de la fonction psychologique du travailtout mot nouveau dans le domaine de l’écono- «On veut agir, on ne veut pas subir. Tous ces l’idée du «pouvoir d’agir», la personne au travailmie d’entreprise, i.e. du management, signale hommes qui se donnent tant de peine n’aiment étant susceptible de souffrir si son activité deve-avant tout une crise. sans doute pas le travail forcé; personne n’aime nait «empêchée».À vrai dire, plutôt que d’une mode, il semble sentir la nécessité. Mais aussitôt que je me donne Pensons au socio-psychologue Gérard Mandels’agir d’une modalité accrochée à une vieille ques- librement de la peine, me voilà content. J’écris pour qui l’individu au travail n’a qu’un soucition: le manque de souplesse et d’adaptabilité des ces propos. «Voilà bien de la peine» dira quelque c’est de voir le «bout de ses actes», ce que la divi-entreprises à des environnements de plus en plus écrivain qui vit de sa plume; seulement personne sion du travail ne permet pas vraiment. Pensonschangeants. Cette question fut abordée sans dou- ne m’y force; et ce travail voulu est un plaisir, ou à Christophe Dejours pour qui la «reconnaissan-te d’abord par Arthur Koestler lorsqu’il inventa un bonheur, pour mieux parler. ce» est au cœur de l’équilibre du sujet travaillant.la notion d’«hétérarchie» en guise de critique Le boxeur n’aime pas les coups qui viennent le D’autres auteurs mériteraient d’être cités dontde bureaucraties étouffantes incapables de libé- trouver; mais il aime ceux qu’il va chercher. Il les propositions résonnent au propos du philo-rer les énergies. Koestler prônait l’existence de n’est rien de si agréable qu’une victoire difficile, sophe. «Faire et non pas subir, tel est le fond de dès que le combat dépend de nous. Dans le fond, l’agréable (…)». C’est ainsi que je propose de lire on n’aime que la puissance. Par les monstres qu’il Le Bonheur au travail. cherchait et qu’il écrasait, Hercule se prouvait à On invite volontiers à la lecture des propos lui-même sa puissance. Mais dès qu’il fut amou- d’Alain en insistant que le fait que, dans les orga- reux, il sentit son propre esclavage et la puissan- nisations de sociétés du travail, on devrait instal- ce du plaisir; tous les hommes sont ainsi; et c’est ler au cœur du travail et de son organisation des pourquoi le plaisir les rend triste. L’avare se prive espaces pour en débattre… pour autant que l’on de beaucoup de plaisirs, et il se fait un bonheur s’intéresse vraiment à la santé et au bonheur. Daniel Held LeadershipDirecteur, PI Management, Lutry*Activer le capital émotionnel pour réussir les changementsLes changements que l’on cherche à mettre en œuvre dans les ce changement positif?». Et ce n’est pas une question alibi. A Dans un cas, les équipes se sentiront impliquées, responsabili-entreprises ont généralement pour but une amélioration de nouveau, laissons tomber les préjugés et aprioris. Beaucoup sées, stimulées, engagées sur le chemin de l’excellence, mobili-productivité ou la résolution de dysfonctionnements. La plupart sont certes désabusés et parfois effectivement «gâtés». Mais sées émotionnellement. Dans le second, elles se sentiront puresde ces changements n’ont pas les effets attendus. On incrimine la nouvelle génération, pas plus que l’ancienne, n’a perdu la ressources au service d’une logique supérieure qui souvent,généralement la résistance des collaborateurs. Mais les vraies capacité à s’enthousiasmer pour une cause, à être heureuse d’un selon eux, ne sait pas ce que veut le client et poursuit de purscauses sont généralement ailleurs. client content, à aimer une réalisation dont elle peut être fière, objectifs économiques. Vrai ou faux, cela n’a pas d’importance.Il est certain que personne n’aime changer pour changer. Se voir à apprécier le succès. Tout commencera là aussi par une vision Ce qui compte, c’est que cela soit perçu comme tel et impacteimposer un changement conduit à de la résistance active ou stimulante, claire et partagée, qui sera formulée en termes de les émotions, autrement dit le niveau d’énergie et d’engage-passive. On appellera cette dernière résignation. Et c’est exac- valeur ajoutée apportée aux clients et reconnue par eux. Et par ment de chacun.tement ce qui se produit lorsqu’on se focalise sur des solutions un leadership fort et crédible. Ce sera toute la différence entre de l’enthousiasme, qui est plusprédéfinies à mettre en œuvre. On casse ainsi la dynamique On découvrira alors la magie de la vision, son potentiel mobi- que jamais nécessaire et possible, et la résignation. Ce serad’énergie de nombreuses organisations, avec certes des pro- lisateur, que tant de dirigeants ont abandonnée au profit de toute la différence entre la capacité à se dépasser en étantcessus de plus en plus performants, des technologies de pointe, modèles d’optimisation. Si la vision est stimulante et partagée, heureux et une pression qui conduit à l’épuisement ou à lamais un corps social qui progressivement se désengage et ne les changements et améliorations de processus seront néces- maladie. C’est là que réside le vrai défi de leadership de cese sent plus concerné. On justifie l’échec par les évolutions de saires. Pas comme solutions imposées. Mais comme manière début de 21e siècle, leadership dont nos organisations manquentla société, par les lubies de la génération Y, par l’individualisme partagée et efficace de créer cette valeur, d’amener du plaisir et encore beaucoup.croissant, par la disparition de la loyauté, ... Cela permet de se d’en avoir. Nous avons en effet besoin de leaders capables de sortir desrassurer sur le fait que c’est normal, qu’on a raison de penser ce Il deviendra vite clair pour chacun que, si une organisation schémas préconçus, du management strict de ressources, pourqu’on pense sur la difficulté d’être manager aujourd’hui et qu’il souhaite apporter de la valeur perceptible à des clients de plus découvrir les potentiels de l’intelligence et du succès collectifs.faut persévérer dans cette voie, continuer à améliorer encore en plus nombreux et exigeants, elle ne pourra plus le faire en se Cette option est bien plus accessible que l’on pense. A conditionplus les processus, à optimiser, chercher plus que jamais les basant sur l’improvisation et le génie individuels. Elle aura be- d’accepter d’explorer des voies nouvelles et de lâcher prise surpratiques les plus éprouvées et surtout ne pas lâcher. soin d’orchestrer cette performance, d’harmoniser les pratiques, quelques certitudes qui ont fait leur temps1. Notre vision des choses est radicalement différente. Ce qui d’aligner les compétences et certains comportements, de définircompte aujourd’hui plus que jamais, ce n’est pas d’avoir des un cadre et des attentes claires. Donc de disposer de processus (1) Des approches innovantes font leur chemin, autour de démarchesbons processus, c’est d’avoir un «capital humain» focalisé sur la simples et optimisés, qui seront l’un des moyens indispensables qui partent de la valorisation du potentiel de leadership des individus dans lecréation de valeur pour ses clients, et bien sûr pour toutes les pour arriver au résultat, mais pas une fin en soi. Le nouveau cadre concepts intégrés de développement du leadership (p.ex. le modèle MUEparties prenantes. Et cette focalisation implique de savoir mobi- paradigme est aussi simple que cela, et il change tout. de PIMAN et les solutions Savilleconsulting) et de démarches expérientiellesliser le «capital émotionnel» des organisations. Autant être clair: La mise en place de processus, qui permettent de créer de la puissantes telles que l’équicoaching - www.piman.chce capital ne sera jamais stimulé par de nouveaux processus valeur et de générer une perception positive et de la fierté,imposés par un service spécialisé ou un cabinet de consultants constituera un succès collectif et pas une perte d’autonomie * Directeur du cabinet PI Management, Empowering for Change, spécialisérenommés! La question que l’on ne se pose jamais suffisam- ou d’âme comme le serait l’imposition d’un processus comme dans l’évaluation et le développement des talents et l’accompagnementment, c’est «Pourquoi les collaborateurs devraient-ils trouver solution à des déficiences individuelles. du changement, Partenaire Savilleconsulting pour la Suisse – www.piman.ch

PAGE 26. Indices | | Février 2016 | Les livres par HEG ArcCharlie Munger: The Complete Investor Une tendance importante actuelle vise à favoriserTren GRIFFIN la spiritualisation du management.Éditions Columbia Business School Publishing, 224 pages, Gestion et spiritualité23 francs, ISBN 978-023-117098-7 moniste d’une performance et d’une économie L’auteur fait ressortir les bases sur mieux-/bienveillante est le titre du quatrième lesquelles s’est appuyé l’investisseur chapitre qui récupère les recherches de l’écono- à succès tout au long de sa carrière. mie du bonheur, sous-discipline récente dont les Celui-ci aurait intégré des «modèles Alain Max Guénette tenants ont avancé l’idée que le bien-être ou le mentaux» à partir des connaissances bonheur n’est pas corrélé à plus de croissance ou de plusieurs disciplines – économie, DIMSI, HEGArc d’accumulation. Est alors présenté un outil thé- commerce, psychologie, manage- e nombreuses notions se che- rapeutique dans la veine de la psychologie posi- ment… –, comme solide assise vauchent ou s’entrechoquent tive: l’ACT – i.e. «Acceptance and Commitment intellectuelle et psychologique. dans ce petit livre écrit par une Therapy» et son bras instructeur l’«Acceptance auteure annonçant une véri- and Commitment Training» (ACT’).The Power of Broke: How Empty Pockets, a Tight table révolution managériale. Cet «outil» va être largement développé dans leBudget, and a Hunger for Success Can Become Comme une invitation à met- chapitre suivant intitulé La formation au ma-Your Greatest Competitive Advantage tre de l’ordre dans cette profusion de concepts. nagement «mindful» pour créer des environne-John DAYMOND Mindful management & capital L’ouvrage est composé de six chapitres dont le ments et organisations capacitants et prévenir émotionnel. L’humain au cœur premier s’intitule Le capital humain revisité. les risques psychosociaux: une approche par leÉditions Crown Business, 288 pages, 24 francs d’une performance et d’une L’auteure y défend le nécessaire passage du «capi- développement du capital émotionnel via l’ACT.ISBN 978-1-101-90359-9 économie bienveillante tal humain» – théorie économique proposée par «Notre programme, écrit l’auteure de ce livre, Bénédicte GENDRON Gary Becker dans les années 1960 – au «capital part d’une reconceptualisation de l’approche Et si les situations désespérées conte- émotionnel», celui-ci devant être le «booster» de cognitive en prolongeant les travaux du condi- naient leur envers pour autant que Éditions De Boeck, coll. Manager celui-là. Le capital émotionnel est défini comme tionnement opérant chez Skinner (1957) sur le l’on accepte de déployer une pensée RH, 124 pages, 35 francs «l’ensemble des ressources – renvoyant aux com- langage et la cognition et de la théorie des cadres différente? Out of the box! L’auteur se Préface de Jean-Marie Peretti pétences émotionnelles – in- relationnels (…) qui en est le base sur son expérience d’entrepreneur ISBN 978-2-804-18891-7 hérentes à la personne, utiles «Le bouddhisme est support théorique et expéri- – FUBU, For us, by us – pour montrer au développement personnel, souvent mentionné mental». Deux éléments sont que sa situation de «fauché» lui a professionnel et organisa- comme une des alors charriés, la méditation permis de réfléchir en «rupture», pour tionnel…» L’auteure précise: sources d’inspiration comme mode opératoire (sic) finalement créer et innover. «La régulation des émotions et la théorie morale de l’éco- renvoie à de réelles compé- nomiste indien Amartya SenA Passion for Leadership: Lessons on Change tences, qui sont utiles pour de l’auteure. Mais avec son concept il est vraiand Reform from Fifty Years of Public Service faire face aux adaptations né- cette approche si fécond de «capabilité», deRobert M. GATES cessaires et aux changements sorte à rendre les environne- qui interviennent dans nos superficielle ferait ments «capacitants».Éditions Knopf, 256 pages, 31 francs sociétés.» Le décor est posé, sans doute sourire Cet ouvrage au goût deISBN 978-0- 307-95949-2 au cœur du projet sont pla- les sages moines «New Age» d’antan, s’inscrit cées les «émotions» qui de- quelle que soit leur d’abord dans une logique de Réflexion sur le leadership de la part vraient être mises en intelli- appartenance à l’un «sentiment» comme disaient d’un ancien Secrétaire à la défense gence, selon l’auteure, le plus ou l’autre véhicule.» les représentants de l’École américain, ex- patron de la CIA entre précocement possible par le dite des Relations humaines autres, qui s’insurge contre l’idée que biais du système éducatif. dans la seconde moitié du les grandes organisations seraient L’intelligence émotionnelle siècle dernier pour s’opposer rétives à tout enchantement. Il affirme est définie comme «capacité à une logique réduite aux au contraire que même les organi- à reconnaître et à maîtriser les émotions en soi seuls «intérêts» et à leurs calculs. Il s’inscrit aussi sations de grande taille peuvent être et chez les autres». Viennent alors à grands ren- dans le sillage des critiques des grandes organi- transformées. forts d’arguments d’autorité des études basées sur sations devenues incapables de s’adapter, et l’on les neurosciences. Entre autres concepts, celui de peut ici rappeler l’émergence des approches deMy Journey at the Nuclear Brink «résilience» venant remplacer sans doute à notre la «culture d’entreprise» à un âge où il devenaitWilliam PERRY âge postmoderne la vieille et surannée «grâce»! difficile de faire adhérer les personnes au pro- Dans le deuxième chapitre intitulé Le capital jet de l’entreprise. Il s’inscrit encore et surtoutÉditions Stanford University Press, 270 pages, 23 francs émotionnel «au cœur» et «le cœur» du capital dans la tendance à la psychologisation dans leISBN 978-0-804-79712-2 humain et de la performance dans les organisa- monde des entreprises et des organisations, ten- tions, l’auteure y prône le passage d’une posture dance à l’œuvre depuis les années 1980 visant L’auteur a servi les États-Unis en de gestion à celle d’une économie de la ressource à mettre la responsabilité sur les épaules des matière de défense sous la présidence humaine: «Hand, Head et Heart», clame-t-elle. personnes plutôt que d’incriminer éventuelle- de présidents démocrates. Témoin de Advient alors la nécessité d’une «performance ment les organisations du travail. Le discours est l’évolution de l’armement nucléaire, bienveillante» à la hauteur d’un «management donc historiquement situé. Et, il n’est pas neutre. il s’est efforcé de protéger le monde bienveillant», sujet du troisième chapitre intitulé Il est en lien avec le souci de moralisation, jus- de ses menaces. Il nous permet de Le capital émotionnel des managers: du techno- qu’au management, de ces dernières décennies. comprendre le risque toujours vif d’une crate au mindful manager. L’auteure défend ici S’ajoute aujourd’hui une forte tendance à la spi- guerre nucléaire. L’auteur présente les un leadership éthique de type téléologique plutôt ritualisation du management dont l’ouvrage té- mesures qu’il juge urgentes. que déontologique, un management résolument moigne. Pas plus neutre est le choix de la psycho- positif – au sens de la psychologie positive –, un logie comportementale clairement affichée et sonBetween Debt and the Devil: Money, Credit, management «mindful» ou de pleine conscience souci d’adapter, de formater les personnes.and Fixing Global Finance de surcroît. La responsabilité sociale des entre- La recherche de maîtrise «de ses émotions et deAdair TURNER prises est invoquée. Le management «mindful», celles des autres» affichée floute ainsi toute ap- écrit l’auteure, «est le fruit de l’art et des scien- préhension de l’«inconscient». Le bouddhismeÉditions Princeton University Press, 320 pages, 31 francs ces du management, corrélés à des compétences est souvent mentionné comme une des sourcesISBN 978-0-691-16964-4 professionnelles relevant du capital émotionnel d’inspiration de l’auteure. Mais cette approche et des valeurs qui le soutiennent. Elle redonne apolitique, acritique et forcément instrumentale, Devenu président de la Britain’s Finan- sa place à la formation, à l’éducation de manière si superficielle, ferait sans doute sourire les sages cial Services Authority lorsque la crise a générale et à la discipline des sciences de l’édu- moines quelle que soit leur appartenance à l’un frappé en 2008, l’auteur a joué un rôle cation». Capital émotionnel et approche eudé- ou l’autre véhicule.  central dans l’ordre financier mondial. Il aborde ici les causes de la crise, au premier rang desquelles la dépendance en matière de dette privée laquelle n’est, selon lui, en rien essentielle à la croissance.Pourquoi la musique?Francis WOLFFÉditions Fayard, 450 pages, 37 francsISBN 978-2-213-68580-9 La musique est l’art des sons. L’auteur nous fait partager l’éblouissement que lui a procuré enfant cette définition ba- nale en apparence. Il signe un excellent ouvrage de découverte et d’approfon- dissement de la musique. Une théorie unique et un site permettant de mêler l’écoute à la lecture qui supplémente le livre.

PAGE 27. Indices | | Février 2016 | Les livres par HEG Arc Patrick Cohendet The Rise and Fall of American Growth The U.S. Standard of Living since the Civil War économiste, professeur titulaire à HEC Montréal, co-directeur du pôle de recherche Mosaic. Robert J. GORDON 1970. Diplôme de l’Institut de Statistique de l’Université de Paris. Éditions Princeton University Press, 320 pages, 770 pages 1979. Doctorat d’État ès Sciences Économiques, Université Louis Pasteur (Strasbourg 1). 41 francs, ISBN 978-0-691-14772-7 1984. Professeur de sciences économiques, Faculté sciences économiques et de gestion, L’auteur retrace les progrès halluci- Université Louis Pasteur. nants qui ont été accomplis un siècle 2009. Co-éditeur de la revue Management International. durant dès l’issue de la guerre civile 2011. Professeur titulaire HEC département des affaires internationales, HEC Montréal. étasunienne. En matière de progrès technique et de médecine; finalement,Innovation et créativité en matière de niveau de vie. Mais cetteProfesseur au Département d’affaires interna- ère de croissance et de prospérité sans tionales d’HEC Montréal, l’économiste Patrick cette conception, la créativité se restreignait à la phase amont précédent s’est infléchie et prend fin. Cohendet y est codirecteur de MosaiC, le pôle en du processus (correspondant à la recherche scientifique). Cette innovation et créativité. En compagnie de deux conception est profondément remise en cause aujourd’hui. La Why the Right Went Wrong: Conservatism From collègues, il offre aux managers et dirigeants un perspective de «démocratisation des idées» évoquée plus haut Goldwater to the Tea Party and Beyond outil de travail en un dictionnaire des idées et implique, entre autres, que les idées ne sont plus le «monopole» E. J. DIONNEdes théories dans le domaine de l’innovation et de la créativité. des scientifiques, mais résultent des interactions incessantes en-A une époque où toute entreprise, toute organisation doit tre le monde de la science, de l’art, de la culture, des affaires, etc. Éditions Simon & Schuster, 544 pages, 26 francsimpérativement innover, cet ouvrage permet de s’approprier des Par ailleurs, les idées ne sont plus considérées comme des «boites ISBN 978-1-476-76379-8pans de notre histoire économique et industrielle. Interview. noires» qui se présentent aux entreprises à l’amont des proces- sus d’innovation. Le processus créatif est précisément celui qui L’auteur de Why American Hate PoliticsQuels sont votre champ de recherche personnel et vos derniers travaux? explique comment sont générées les idées, comment ceux qui s’attache à expliquer dans son dernier sont à l’origine de l’idée entament un processus de conviction, ouvrage que les problèmes que connaitAprès avoir travaillé sur l’économie de l’innovation, la théorie de recherche d’alliés, et comment ils construisent socialement le parti républicain viennent des annéesde la firme, et le management de la connaissance, mes derniers l’idée pour qu’elle trouve force et maturité pour éventuelle- 1960 lorsque, pendant et avant latravaux portent sur l’économie et le management des idées. Ces ment faire l’objet d’un processus d’innovation. Dans les entre- campagne présidentielle de 1964 oùtravaux s’inscrivent dans la perspective du prix Nobel d’éco- prises, le processus créatif (appelé aussi processus d’idéation) ne il s’est présenté, le conservateur Barrynomie Edmund Phelps qui avance que la nouvelle phase de peut être restreint à la phase amont du processus d’innovation. Goldwater a imposé sa vision du monde.croissance de la société qui s’ouvre actuellement sera caractéri- Le processus d’idéation et le processus d’innovation ne sontsée par la «démocratisation des idées». De nombreux phénomè- pas séquentiels, ils sont menés en parallèle, et se nourrissent La transformation permanente. Une introductionnes récents tendent à confirmer cette tendance: La dynamique mutuellement. au coaching d’organisationde l’innovation privilégie de plus en plus la mise en œuvre de Patrick DUGOIS, Philippe BÉON, Thierry GAUTHRONpratiques et d’expériences ouvertes et informelles, des formes Si vous deviez conseiller à des dirigeants la découverte de quatreconcrètes et diverses d’économie collaboratives se développent auteurs, ce serait lesquels? Éditions Management & Société (EMS), 330 pages,dans de nombreux secteurs exploitant le potentiel offert par la 33 francs, ISBN 978-2-847-69843-5digitalisation, des espaces et des temps nouveaux de création Arthur Koestler, The Act of Creation, 1964; trad. française, Le Cricollective émergent dans tous les territoires («living labs», «fab- d’Archimède). Un merveilleux livre pour comprendre ce qu’est Le coaching est décidément un phéno-labs», «co-working spaces», «jams», «co-design sessions», «hacka- la création. Le livre a inspiré beaucoup des méthodes modernes mène social total. On a d’abord évoquéthons», etc.), et les plateformes d’échanges virtuels connaissent de créativité. le coaching entendu comme étantune progression exponentielle. Une telle perspective incite les Henry Mintzberg, Rebalancing Society, 2015, sur Mintzberg. un coaching personnel, puis certainsorganisations à repenser leur stratégie et, en particulier, à réor- org), un pamphlet virulent et captivant sur les rapports entre auteurs consultants ont publicité leganiser leurs interactions avec leur environnement d’affaires. entreprises, état et communautés. coaching d’équipes et maintenant ilsL’organisation devient progressivement une «centrale d’idées» Edmund Phelps, How Grassroots Innovation Created Jobs, Chal- évoquent le coaching d’organisationsautour de laquelle s’articulent les processus d’innovation et la lenge, and Change (2013) qui argumente que la nouvelle phase – celles-ci auraient besoin d’accompa-reconception permanente de ses modèles d’affaires. Ce sont ces de croissance de la société sera fondée sur la démocratisation gnement, martèlent-ils.phénomènes que j’essaye de prendre en compte dans la recon- des idées.ception théorique de la firme vue avant tout comme un «pro- Pierre Giorgini, La transition fulgurante, 2014, qui montre La folie des banques centralescesseur d’idées». brillamment que cette fulgurance provient de la combinaison Pourquoi la prochaine crise sera pire d’une nouvelle révolution techno-scientifique, d’un nouveau pa- Patrick ARTUS, Marie-Paule VIRARDPouvez-vous présenter votre ouvrage dans ses grandes lignes? radigme des modes de coopération entre les hommes et les machines, et d’une tran- Éditions Fayard, 164 pages, 26 francsL’ouvrage doit beaucoup à mes collègues Thierry Burger et sition vers une économie plus créative.  ISBN 978-2-213-70043-4Caroline Hussler et à l’histoire particulière de la Faculté de Propos recueillis par Alain Max Guénette,sciences économiques et de gestion de l’université de Stras- IMSI, HEG Arc Et si la monnaie était une chosebourg. Nous avons eu la chance à Strasbourg d’accueillir, au trop sérieuse pour être confiée auxlaboratoire BETA (UMR CNRS), pour des séjours de longue Les grands auteurs en Management banquiers centraux?, questionnent lesdurée certains des plus grands auteurs contemporains dans le de l’innovation et de la créativité auteurs qui décortiquent l’engrenagedomaine de l’innovation (par exemple, Pavitt, March, Callon, Thierry Burger-Helmchen, infernal dans lequel les banques centra-Hatchuel, Winter, Browyn Hall, et bien d’autres). Cet ouvrage Caroline Hussler, Patrick Cohendet les nous entraînent et expliquent à quoiest d’une certaine manière une façon de leur rendre hommage. pourrait ressembler une «bonne» politi-Tous les auteurs présentés dans l’ouvrage ont fortement contri- Éditions Management et Société (EMS), que monétaire, créatrice de prospérité,bué à enrichir et la conceptualisation du processus d’innovation coll. Grands auteurs, 630 pages, 60 francs de richesses et d’emplois.et profondément marqué les recherches sur ce concept central ISBN 978-2-847-69812-1de nos économies. Un modèle d’innovation joue un rôle essen- La boîte à outils du marketing de soitiel en économie car il exprime une représentation partagée à Logique patrimoniale Stéphanie MORAN, Nathalie VAN LAETHENun moment de l’histoire de la société sur la manière dont secrée la valeur et la dynamique de régénération de l’économie. Le laboratoire des Techniques et de la Sauvegarde de Éditions Dunod, 192 pages, 44 francsPlusieurs modèles se sont ainsi succédés (modèles linéaires ini- l’Architecture Moderne produit et développe la connaissance ISBN 9782100739370tiés par les travaux de Schumpeter, modèle interactifs impul- des techniques et de la sauvegarde de l’architecture modernesés par Nelson et Winter, modèle ouvert (qui semble s’imposer et contemporaine. Cette connaissance multidisciplinaire s’in- Qu’est-ce que le marketing de soi? Enaujourd’hui) proposé par Chesbrough. Ce qu’expose l’ouvrage carne désormais dans une publication annuelle, les Cahiers du quoi est-ce fondamental? Quels sontc’est l’apport de chacun des grands auteurs du domaine à l’édi- TSAM. Deux auteurs signent cette première livraison relative les outils pour mieux se connaître etfication des modèles d’innovation et à la compréhension de ce à des grandes œuvres de l’ingénierie du XXe siècle, explorant le «se vendre»? En quoi consiste le SWOTconcept central de nos économies. devenir de certaines des plus remarquables personnel? Comment se positionner et emblématiques structures en béton.  pour être mieux perçu? Quels sontQuelle distinction faites-vous entre «créativité» et «innovation»? les réseaux sociaux les plus adaptés La sauvegarde des grandes œuvres à chacun? 64 outils et méthodes pourL’innovation de manière très synthétique est conçue comme le de l’ingénierie du XXe siècle se marchandiser.processus qui se déroule depuis l’expression d’une idée jusqu’à Franz GRAF, Yvan DELEMONTEYsa matérialisation (par exemple la mise sur le marché). Pendant Dark Money: The Hidden History of the Billionaireslongtemps la conception dominante était que les idées étaient Éditions Presses polytechniques Behind the Rise of the Radical Rightproduites par les scientifiques, puis transformées en potentiel et universitaires romandes (PPUR), Jane MEYERd’application utile (phase d’invention) à travers la prise d’un Cahiers du TSAM, N°1, 174 pages, 49.50 francsbrevet et, ou des étapes de prototypage, puis enfin prise en char- ISBN 978-2-889-15113-4 Éditions DoubleBay, 464 pages, 31 francsge par un processus industriel pour aller vers le marché. Dans ISBN 978-0-385-53559-5 Pourquoi ces profondes inégalités économiques? Pourquoi ces modestes efforts environnementaux? Pourquoi ces employés sans protection? Pourquoi ces milliardaires de fonds spéculatifs soumis à un taux d’imposition plus bas que les travailleurs de la classe moyen- ne?… Un ouvrage pour comprendre le mal américain. Libraire conseil: Payot Neuchâtel


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