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NUTRITIONPhénomène de mode ou pas, la liste descélébrités ayant banni le gluten de leuralimentation s’allonge, tandis que le nombred’intolérants augmente et que l’on découvre lerôle peut-être majeur de la molécule Elafin.Par Sabine FerrandLe gluten, autrefois une pépite pour l’industrie alimentaire Une probabilité que n’ est-il pas en train de devenir un ingrédient into- n’écarte pas le Pr. Jean-Pierre Frossard, lérable? Cette protéine qui renferme la gliadine, médecin chef gastro-entérologue aux l’élément clef de l’intolérance, est présente dans HUG : « On ne mange plus comme avant le tissu végétal du blé, de l’orge et du seigle. Elle et il y a une exposition plus large qu’autre- constitue, avec l’amidon, la réserve énergétique de la fois à la protéine du gluten, la gliadine, c’est graine et possède donc une valeur nutritive indiscu- sûr ! De plus, on a comparé des sérologies table. On en détecte aussi dans l’avoine, le kamut et dans l’épeautre, en moindre quantité. La protéine possède cependant d’autres qualités. Élas- tique et visqueuse – en latin gluten signifie « glu » – elle a conquis, il y a plus de cinquante ans, l’industrie agroalimentaire. Il est vrai que ces deux propriétés garantissent deux effets recherchés par l’in- dustrie : le liant et le moelleux, indispensables à la cuisson d’aliments confectionnés ou précuisinés. Plus il y a de gluten, plus la madeleine est moelleuse, la sauce veloutée, la mayonnaise onctueuse. Déjà présent dans tous les aliments à base de blé (pains, biscottes, pâtisseries, pâtes, biscuits, pizzas, tourtes), le gluten se niche aussi dans la quasi-totalité des aliments préparés. Nous en consommons sans doute tous les jours, souvent même à notre insu. Est-ce la raison pour laquelle les cas d’intolérance sont en hausse ? 51
NUTRITIONdes années 1950 avec des sérologies d’au- « Il est impératif de se déclenche que tardivement et c’est lajourd’hui et on a relevé deux fois plus de cas dépister lorsque l’un non-absorption d’un seul élément ou sade la maladie cœliaque aujourd’hui. Heu- des parents est malabsorption qui doit alerter, notam-reusement, le dépistage est aussi meilleur atteint de la maladie ment en cas d’anémie (déficit en fer).aujourd’hui, car dans les années 1940 ou cœliaque, que l’un1950, les enfants qui naissaient cœliaques d’eux souffre d’un Nicole Dumont, diététicienne à lamouraient d’inanition. Ce n’est plus la cas diabète de type 1 ou Clinique de Genolier (GSMN) depuisaujourd ’hui. » s’il existe un trouble plus de treize ans, précise : « Les cœliaques thyroïdien. » doivent être très vigilants, à tout moment.Qu’est-ce que Par exemple, ils ne peuvent pas cuisinerl’intolérance au gluten ? Pr Jean-Pierre Frossard (HUG). dans une casserole qui aurait déjà servi à laL’intolérance au gluten est avant tout cuisson d’un aliment avec gluten, même siune intolérance à la gliadine et les into- (diarrhées, anémie, fatigue, ostéopo- elle a été soigneusement lavée. Leur vie estlérants à cette protéine sont atteints de rose, amaigrissement et dépression). La très compliquée. » Tout n’est cependant pasla maladie cœliaque, une maladie géné- maladie peut évoluer en cancer grave perdu.tique et auto-immune qui touche, selon (un lymphome), si l’on se passe du seull’Association Romande de la Cœliakie*, remède connu à ce jour : l’élimination Une lueur d’espoir totale et définitive de toute trace de gluten. « Cette unique recommandation pour les cœliaques ? n’est cependant suivie que par 30 % des ma- Pour la première fois, une équipe de lades, ce qui est trop peu. Les personnes into- chercheurs canadiens de l’université McCaster a démontré que les intolérants au gluten auraient un déficit d’Elafin, une molécule essentielle à la digestion. Une fois la molécule injectée sur des tissus intestinaux malades (in vitro) ou sur des souris (in vivo), l’inflammation diminue et la perméabilité de la paroi intestinale augmente. L’ étude, publiée dans The American Journal of Gastroen- torology* pourrait-elle ouvrir la voie à un nouveau traitement ? « Je ne sais pas si cette piste est prometteuse mais l’idéal serait de trouver un traitement que l’on prendrait au moment de l’ingestion du gluten. Cet agent ou cette substance aurait comme fonction de détruire la gliadine », répond le gastroen- térologue.1 % de la population européenne, si l’on lérantes avec peu de symptômes sont difficiles «Enlever le gluteninclut les formes latentes ou silencieuses à convaincre et, pourtant, elles ont quatre force à adopter unede la maladie. fois plus de risques de développer un cancer alimentation plus difficilement curable (comme le lymphome) saine et plus simple, Actuellement, 9 cœliaques sur 10 que les autres. » La détection de la maladie c’est pour cela quene seraient d’ailleurs pas diagnostiqués. est réalisée à l’aide d’un test sanguin et l’on MAIGRIT, ET NONChez un cœliaque, l’organisme produit d’une biopsie de l’intestin. PARCE QUE le glutendes anticorps qui attaquent et atrophient fait grossir.»l’intestin grêle, l’empêchant de digérer Même si les symptômes sont légerstout aliment. L’inflammation de la paroi ou inexistants, les spécialistes sont una-intestinale altère l’absorption des nutri- nimes : il est impératif de dépister lorsquements qui partent se loger ailleurs dans l’un des parents est atteint de la mala-l’organisme. Pour finir, sans capacité de die cœliaque, ou que l’un d’eux souffredigestion, la vie du patient devient un d’un diabète de type 1 ou s’il existe unenfer avec des symptômes invalidants trouble thyroïdien. Parfois, la maladie ne52 | capital Santé 07 été 2014
Hypersensibles, diversification de céréales et pestent contre l’alimentation industrielle, la qualité du blé aurait, en cinquante ans, subi plusieurs modifications pour que la céréale obtienne unsensibles et allergiques pourcentage plus élevé de gluten et soit donc plus collante et plus maniable qu’avant.Moins considérés que les intolérants, Ce que dénie formellement Gérard Branlard, spécialiste du gluten à l’Inra. Soit. Maismais souffrant tout autant, les hypersen- l’on sait qu’en un demi-siècle le blé a bel et bien été transformé pour répondre aux exi-sibles au gluten présentent les mêmes gences d’une culture intensive et pour mieux résister aux insectes ou aux intempéries.symptômes que les cœliaques ou en par- Aucune étude n’indique si ces transformations ont modifié le pourcentage de gluten.tie, sans que toutefois l’on trouve chezeux des traces d’anticorps. D’ailleurs, un Manger sans gluten pour maigrir ?hypersensible ne devient pas forcément Pour les besoins de l’article, j’ai testé durant deux mois une alimentation sans gluten.un intolérant. Il existerait de nombreuses J’ai donc une réponse qui risque de ne pas satisfaire la majorité des lecteurs. Résu-autres catégories d’hypersensibles avec mons. Je ne suis ni allergique, ni intolérante, ni hypersensible au gluten. Peut-êtredes degrés de souffrance et d’inconfort suis-je légèrement sensible comme une grande partie de la population qui, après avoirplus ou moins élevés, selon les cas. C’est avalé un sandwich ou une pizza se sent un peu ballonnée ? Probable. Quoi qu’il enpour cette raison qu’il est difficile de les soit, à la question « est-ce que manger sans gluten fait maigrir ? », je réponds : oui et non.quantifier précisément. Oui, car j’ai perdu 3 kilos, assez rapidement d’ailleurs Les allergiques au gluten, quant à (quasiment 500 grammes par semaine). Et non,eux, ont la particularité de déclencher car après avoir perdu trois kilos, je n’ai plus ja-une réaction forte, immédiatement mais constaté de perte durant les semainesaprès ingestion de gluten. Cet suivantes, et j’ai même repris un kiloeffet peut se traduire par des depuis.problèmes respiratoires ou di- Selon Nicole Dumont, cettegestifs, sans que la paroi in- perte de poids n’est cependant pastestinale subisse toutefois la preuve que supprimer le glutende dégradation. fait maigrir. Elle précise : « Lorsque l’on élimine le gluten, on enlève,Le gluten certes, tout ce qui est à base de blé, mais l’on fait aussi des choix alimen-est partout ! taires très différents. Systématique-Nicole Dumont a concoc- ment, on ne consomme plus de desserts,té une liste des aliments où ni de graisses habituellement cachéesla substance peut se cacher : dans les sauces ou les plats préparés. De« Toutes les sauces comme le plus, le dégonflement de l’abdomen, quepesto, la bolognaise, le ketchup, l’on ressent très vite dès l’arrêt du gluten,la mayonnaise et même la sauce motive et incite à faire encore plus attention.soja. La plupart des soupes, les bon- Enlever le gluten force à adopter une alimentationbons, certains yaourts, tous les plats pré-cuisinés comme les épinards à la crème, les plus saine et plus simple, c’est pour cela que l’on maigrit,poissons et viandes panés. Plus surprenant, et non parce que le gluten fait grossir. »les fruits secs, notamment les pruneaux et Il est donc inutile, voire contre-indiqué d’entamer un régime sans gluten lorsqueles figues, certains médicaments, des pâtes l’ on n’est pas hypersensible, ni intolérant car, explique la diététicienne, « si l’on éliminede fromage, toutes les pâtes à tartiner dont totalement le gluten avant même de savoir si l’on présente une intolérance ou une hypersen-le houmous et, bien qu’elle devrait être à sibilité, on risque de passer à côté d’un vrai diagnostic de maladie cœliaque. Ce qui peut êtrebase de maïs, la polenta. Certains fromages très grave, car la maladie continue sa progression, sans surveillance ». négalement dont la croûte a été farinée pourl’affinage. » La liste n’est pas exhaustive *www.nature.com/ajg/journal/vaop/ncurrent/full/ajg201448a.htmlet le premier conseil de la diététicienneest simple : « Il faut lire les étiquettes, à tout Chez un cœliaque, l’organisme produit desmoment. La présence de gluten est norma- anticorps qui attaquent et atrophient l’intestinlement mentionnée. Si elle ne l’est pas mais grêle, l’empêchant de digérer tout aliment.que l’on voit amidon, liant ou épaississant,ces trois mots doivent alerter, ils signi-fient \"gluten\". » Selon les « anti-gluten »,qui prônent le retour à une plus grande 53
PUBLIreportage Prendre sa santé en main,avec le diagnostic précoce Outil de prévention par excellence, le diagnostic précoce des déséquilibres métaboliques offre une plus grande personnalisation du bilan médical et apporte la motivation nécessaire au changement. Article réalisé en collaboration avec UnilabsDéclarées maladies de société, le diabète de type 2 et les le médecin. Dans la détection des maladies cardiovasculaires, maladies cardiovasculaires ne sont toutefois pas des le programme de bilans Bio-checkup d’Unilabs permet d’établir fatalités. Le capital santé de chacun, en partie déter- le statut nutritionnel et métabolique des deux derniers mois, miné par le patrimoine génétique, dépend tout autant avec un traçage précis. Les données recueillies s’appuient sur du mode de vie et de l’environnement. Il évolue ainsi des valeurs concrètes et personnalisées qui surpassent de loin tout au long de l’existence, raison pour laquelle les médias et le la mesure du poids ou de l’IMC. Pour exemple, le profil précis corps médical répètent inlassablement, pour notre plus grand des acides gras qui vérifie le bon équilibre des oméga-6/3 et des bien, les fameuses recommandations manger sainement et bouger acides gras saturés et trans. Comme l’explique le docteur Deny régulièrement. Marcan, responsable du département de chimie spéciale d’Uni- Par conséquent, nous avons tous la possibilité de prendre labs : « On saura si le patient mange trop de fromage ou de viande notre santé en main pour l’améliorer ou la restaurer. Mais encore faut-il trouver la rouge et pas assez de poisson gras, ou s’il utilise motivation nécessaire pour entreprendre la une huile inappropriée. » Cette personnali- démarche. Depuis plusieurs décennies, nous sation des données stimule la motivation vivons dans une des sociétés les plus séden- du patient, l’implique, tout en ciblant ses taires de l’histoire de l’humanité et nos besoins au plus près principales « activités » (travail, transports, loisirs) se pratiquent en position assise. Au Il en va de même pour la détection même moment, dans les foyers, le temps d’une probabilité de diabète de type 2, consacré à la cuisine diminue toujours plus. grâce notamment à l’indice HOMA Il n’est pas étonnant que dans un contexte si (Homeostasis Model Assessment of Insu- peu propice, les encouragements du méde- lin Resistance). Cet indice traduit le taux de cin finissent souvent aux oubliettes. glucose comparé à celui d’insuline. En cas D’autant plus que, sans diagnostic de surpoids ou de trop grande sédentarité, précis et personnalisé, les recommandations sont bien moins il est toujours intéressant de comprendre entendues et suivies par le public. Faute de preuves ou d’élé- où s’établit la relation d’équilibre entre les ments tangibles nous concernant, il devient difficile, en effet, deux. S’il est trop élevé, il souligne une mauvaise sensibilité du de trouver la motivation nécessaire pour changer nos mauvaises patient à l’insuline et annonce un risque de diabète. Il avertit habitudes. Enfin, les deux maladies du siècle qui nous préoc- ainsi le patient et le médecin, des années à l’avance, alors que la cupent ont la particularité de progresser silencieusement, sans situation est encore réversible. symptômes, ni signaux clairs. Elles peuvent ainsi se développer, D’autres bilans tout aussi riches d’informations personna- détériorant progressivement notre métabolisme. Pourtant, une lisées peuvent être réalisés en laboratoires, comme le niveau de solution existe. Elle se trouve dans les laboratoires d’analyses stress oxydant et des vitamines directement corrélé au mode médicales. de vie, le profil des oligo-éléments pour détecter une exposi- Le diagnostic précoce des déséquilibres physiopatholo- tion aux métaux toxiques ou le statut endocrinien qui, en cas giques repose sur des éléments concrets et peut donc jouer un de troubles du sommeil, évalue le rythme hormonal et les effets rôle clé dans la détection de ces maladies silencieuses, tout en secondaires induits. n favorisant une prise de conscience salutaire, pour le patient et Pour plus d’informations : www.unilabs.ch54 | capital Santé 07 été 2014
A GAGNER Jeu Concours CAPITAL SANTÉ – Été 2014 10 écouteurs MP3 avec TOPlayTOPlay, Sport et Santé, d’une valeur de 59.90Doublement médaillé lors du 35e Salon des Inventions deGenève 2007, l’écouteur MP3 TOPlay OGS est idéal pourfaire du sport sans endommager les tympans et rester aucontact des bruits extérieurs. Une invention majeure pourgarder son capital auditif et vivre avec son temps. (Plus dedétails en page Shopping).POUR PARTICIPER AU CONCOURS, entourez les4 bonnes réponses (à découvrir dans cette édition), enindiquant vos noms et adresse, puis envoyez le coupon-réponse par courrier postal à cette adresse : MarketingCAPITAL SANTÉ - AGEFI SA - 17 rue de GenèveCP- 5031 - 1002 Lausanne. Délai de participation :le 16 juillet 2014, à minuit, le cachet de la poste faisant foi*.Bonne chance !✁ Remplir en lettres capitales Nom : ............................................................................................................................................................ Adresse postale : ............................................................................................................................................. Tel : ................................................................Mail :....................................................................................... QUESTIONS : ENTOUREZ LA BONNE RÉPONSE Q 1 : Une personne atteinte de la maladie cœliaque est : a) intolérante au gluten b) allergique au gluten c) hypersensible au gluten Q 2 : Les serious games permettent aussi de se rétablir suite à : a) une varicelle b) un AVC c) une appendicite Q 3 : Le pourcentage d’adolescents qui souffrent d’insomnie est de :CSF07_PCONC a) 47% b) 27% c) 37% Q 4 : Le compositeur le plus écouté durant la pratique de la méthode Tomatis est : a) Beethoven b) Mozart c) Bach* Les employés d’Agefi SA, ainsi que les partenaires du concours ne sont en aucun cas autorisés à participer. Les prix de ce concours ne sont pas convertibles en espèces. Tout recours juri-dique est exclu. Les coordonnées des participants peuvent être utilisées à des fins marketing. Les gagnants seront contactés après tirage au sort. 55
MÉDIAS En présence d’Emmanuelle Béart, marraine du Festival www.synthese.be TP3132 Amphis de Médecine - CHU | Cité Miroir | Cinés Le Parc & Sauvenière | Cercle de Wallonie | Dison L'affiche du festival ImagéSanté qui a fêté www.imagesante.be ses 20 ans en 2014. Ej3132_IS2014_Affiche_480x320.indd 1 10/02/14 15:29Quand la santéfait son cinéma Par Sabrina FaetaniniRImagéSanté*, le festival egard croisé entre le cinéma, la des parrains de renom comme Emmanuelle science et la santé, le festival qui se Béart et Charles Berling. »européen de films liés à déroule tous les deux ans à Liège,la santé a fêté ses vingt en Belgique, a pour mission de Les films, présélectionnés par la mé-ans. Un événement rare sensibiliser le grand public à la diathèque Point Culture, sont visionnés par des jurys répartis en thématiques, huitoù scientifiques et artistes santé. Mission accomplie ! Les 125 films ou dix selon les éditions. En fin de session, projetés, les 35 opérations chirurgicales les juges et experts désignent le meilleurse côtoient une semaine à transmises en direct, les 110 ateliers pé- film de leur catégorie. Hétéroclites, les jurys sont constitués de médecins spé-Liège, en Belgique, pour dagogiques et les six soirées thématiques cialistes, de réalisateurs, chercheurs, scé- ont attiré plus de 5 000 personnes. La web naristes, professeurs ou encore de mé-sélectionner les meilleures tv du festival a enregistré plus de 30 000 diateurs de la santé. Les experts doivent s’assurer que le film retenu transmet uneproductions. Emmanuelle connexions. information médicale pertinente, sans Il est vrai que le président d’Imagé- omettre l’un des principaux ingrédients Béart, marraine de Santé Philippe Kolh, chirurgien-cardio- de tout bon film : l’émotion.l’événement, illuminait vasculaire, professeur et CEO du CHU Pour les cinquante juges, la semaine le festival. de Liège, prend soin, à chaque édition, peut ressembler à un petit marathon cinématographique, parfaitement huilé. d’innover et d’enrichir l’événement : « Au Chaque matin, dès 8h 15, des navettes attendent les experts pour les déposer au départ, en 1994, ImagéSanté ressemblait pied de l’université du CHU. Calés sur leurs sièges d’amphithéâtres, ils vision à un congrès de médecins, avec des films nent cinq à neuf films par jour, entourés parfois d’étudiants en médecine. à la fin médicaux et des opérations chirurgicales, de chaque film, les juges expriment ou- vertement leur opinion, lors d’un tour de mais nous avons rapidement constaté que table, pour ensuite désigner le vainqueur de leur catégorie. La fin de la journée est cela n’intéressait pas le grand public. Alors, nous sommes allés chercher des films qui touchent les gens, en nous appuyant sur une sélection de documentaires réalisés par des professionnels du cinéma et de l’audiovi- suel. Puis, nous avons agrandi le nombre de thématiques, créé des ateliers pédagogiques, multiplié les soirées thématiques et attiré56 | capital Santé 07 été 2014
Le soir, les cinémas de la villede Liège, en Belgique, proposent des opérations chirurgicales retransmises en direct. 57
MÉDIAS Au centre, Philippe Kolh, président d'ImagéSanté, entouré de Maureen Louys, animatrice de la RTBF et de Philippe Reynaert, célèbre journaliste de cinéma de la RTBF, administrateur du Pôle Image.dédiée aux soirées thématiques organisées opposés : Les yeux jaunes des crocodiles, Présence suissedans les cinémas de la ville, ou aux opé- de Cécile Telerman, projeté en avant- Outre CAPITAL SANTÉ qui officiaitrations chirurgicales transmises en direct première où elle joue Iris, une jolie en tant que juge dans la catégorie « Sportdepuis des hôpitaux belges et français. femme aisée et futile, avide de recon- et Santé », d’autres membres de jurys naissance, et le film poignant d’Isabelle avaient fait le déplacement depuis la Le dernier jour, un grand jury, com- Brocard, Ma compagne de nuit. Dans ce Suisse. Orane Burri, réalisatrice du filmposé de membres de la RTBF (chaîne de dernier film, elle incarne le rôle d’une Tabou, qui avait remporté deux prix lorstélévision belge), de représentants de la femme en fin de vie qui à la fois refuse de l’édition 2010 (voir encadré), faisaitCité des Sciences et de journalistes indé- les soins palliatifs et ne souhaite plus partie du jury « Bien-être de la personnependants, visionne le film vainqueur de voir ses proches souffrir. Elle s’isole et âgée » ; Laurent Valloton, ornithologue,chaque catégorie pour choisir le grand recueille, pour l’aider, une compagne de adjoint scientifique au Muséum d’his-lauréat du festival. La soirée de clôture nuit, issue d’un milieu social populaire. toire naturelle de Genève et auteur dequi se déroule autour d’un grand dîner La jeune fille est interprétée par l’ac- l’ouvrage Les oiseaux de Suisse, présidaitde gala, est consacrée à la remise des dif- trice Hafsia Herzi, héroïne du film La pour la deuxième fois le jury « Environ-férents prix et mentions spéciales. L'évé- graine et le mulet. Dans la salle, le film, nement et santé » ; et Patrick Roth, diri-nement ponctué d’extraits de films et de qui lors de sa sortie n’avait pas obtenu geant du Competence Center for Medicaldiscours intimidés est animé par deux de distribution internationale, semble Technology, à Berne, participait au juryhabitués de la RTBF, Maureen Louys & avoir trouvé son public. Le plus grand « Recherche et santé ».Philippe Longtain. cinéma de Liège qui, ce même soir pro- posait Supercondriaque et Her, a fait salle Le festival déjà renommé en Europe Cette année, le film lauréat du fes- comble avec le récit de ce drame ordi- continuera son développement grâcetival, Forget me not (Ne m’oublie pas), du naire. à un président jamais à court d’idées.réalisateur allemand David Sieveking, Philippe Kolh envisage même une pas-raconte l’histoire de sa mère Gretel, une Aussi émue que son public, Emma- serelle avec la Suisse : « pourquoi ne passeptuagénaire enjouée, frappée d’Al- nuelle Béart évoque les raisons de son exporter ImagéSanté en Suisse ? Pour com-zheimer. Une ode à sa famille et à cette engagement : « Si je n’avais pas fait ce film mencer, on pourrait organiser une soiréefemme, autrefois féministe engagée et sur la fin de vie, je ne me serais peut-être ImagéSanté en Suisse, dans une ville fran-fichée en Suisse ! Elle formait avec le pas sentie légitime en tant que marraine du cophone de préférence, car Liège est franco-père de David un couple indépendant festival. Je trouve cela extraordinaire que phone. J’aimerais aussi démultiplier pourdes années 1970. Optimiste et tendre, le la fiction permette d’ouvrir ces débats-là, 2016 les échanges de transmissions d’opé-film existe, selon les mots du réalisateur, qu’elle déclenche un dialogue sur notre fin à rations en direct toujours avec Toulouse,« pour faire durer les souvenirs le plus long- tous. Quand le film est sorti, cela a été très mais aussi avec Québec et, bien sûr, avec latemps possible ». dur, car les gens n’ont pas envie d’aborder Suisse. » à bon entendeur... n ces sujets-là. Pourtant, on sait tous qu’unEmmanuelle Béart jour on sera amené à accompagner ou à *www.imagesante.beMarraine de l’événement pour la deu- être accompagné. Ce genre de films ouvrexième fois et engagée depuis 1996 auprès les portes de l’hôpital et, pour moi, prendrede l’Unicef, Emmanuelle Béart défen- conscience de notre propre finitude n’est pasdait, par ailleurs, deux films dans lesquels mourir, c’est parler de la vie. »elle interprète des rôles diamétralement58 | capital Santé 07 été 2014
Orane Buri, réalisatrice suisse du film Tabou qui avait remporté deux prix lors de l’édition 2010, faisait partie du jury 2014. Elle répond à Capital Santé : Pourquoi êtes-vous membre du jury ? D’abord, en 2010, lorsque j’ai reçu mes prix, j’avais été touchée par le professionnalisme des intervenants et par leur chaleur humaine; cela m’avait déjà donné envie d'y revenir. C'est un festival très riche par la pluralité de ses films et de ses thématiques abordées, et je trouve intéressant, pour une fois, de me retrouver de « l'autre côté ». Aussi, le fait de mélanger des jurés professionnels de la santé et professionnels de l'image est unique.C’est un mélange bouillonnant, enrichissant pour les uns et les autres. Par exemple, un film d'une qualité cinématographique touterelative peut être une perle sur un cas clinique, ce qui donne lieu à beaucoup de discussions passionnantes !Comment avez-vous sélectionné le gagnant de votre catégorie, aussi vainqueur toutes catégories du festival 2014 ?La difficulté pour notre jury « Bien-être de la personne âgée » a été de trouver un film alliant maîtrise du langage cinématogra-phique et contenu intéressant. Alors, quand de plus on y trouve un point de vue fort, une distance juste, une pudeur émotionnelleet une dimension universelle, c'est la symbiose idéale. Forget me not, de David Sieveking montre toutes ces qualités et a fait l'una-nimité.Pourquoi la thématique de la santé vous touche-t-elle ?C’est lorsque l'on est confronté à son absence que l'on prend conscience du précieux de la santé et de la vie. Un festival commecelui-là permet de se rafraîchir la mémoire et le cœur, par procuration. Et il nous permet peut-être de mieux assumer et aimer nosvaleurs ou défaillances humaines, dans un monde qui nous pousse de plus en plus à une perfection quasi robotique.* Tabou relate les derniers mois de la vie d’un jeune suicidaire qui avait filmé ses doutes et ses réflexions. Il avait légué ces images à la jeune Orane Burri, alors âgée de 17 ans. Elle ne savait pas qu’un jour elle deviendrait réalisatrice et en ferait un film retentissant, destiné aux jeunes qui souffrent de mal-être.Le Palmarès 2014 du Festival ImagéSanté Sélection Bien-être de la personne âgée 1er prix :Prix du Grand Jury Forget me not, de David SIEVEKINGForget me not, de David SIEVEKING Mention spéciale : Le vieil âge et le rire, de Fernand DANSEREAUPrix du PublicLe Cerveau d’Hugo, de Sophie REVIL Sélection Sexualité & Santé 1er prix :Prix des Mutualités Vos désirs, de Gabrielle GERLL1er prix : Mention spéciale :Le ventre, notre deuxième cerveau, Tronche de vie, de Matthieu WASSIKde Cécile DENJEANMention spéciale : Sélection Alimentation & SantéUn monde sans humains?, 1er prix :de Philippe BORREL Way Beyond Weight, de Estela RENNER Mention spéciale :Sélection Santé Mentale Jus d'orange : une réalité acide, de Meriem LEY1er prix :Chez Lise, de Jeanne POPE & James GALWEY Sélection Recherche & Santé2e prix : 1er prix :Le fils de la Famille, de Mickaël HAMON Pas à pas, de Patrice GOLDBERG & Jean-François DESMARCHELIERSélection Médecine Mention spéciale :1er prix : Simulation d'accident moto, de Cédric TONONJe marcherai jusqu'à la mer,de Stéphanie PILLONCA-KERVERN Sélection Sport & Santé2e prix : 1er prix :Somnolence : le cerveau n'en fait qu'à sa tête, Dragon ladies, nous irons à Venise, de Sylvie BARBEde Maryse BERGONZAT Mention spéciale : Le rêve de Zébulon, de Fred RIPERTSélection Environnement & Santé1er prix :Diesel : le scandale français,de Stéphane MANIER & Raphäel ROUYERMention spéciale :Vélotopia, de Erik FRETEL 59
éVASION Sous le soleil Il est des destinations qui restent incontournables. Des voyages qui jalonnent agréablement le cours d’une vie. Des paysages qui rendent tout bonnement heureux. Les Bahamas en font partie. Par Régine Cavallaro Ponton sur l'une des nombreuses plages désertes de Great Exuma, Bahamas.60 | capital Santé 07 été 2014
des BahamasNous avons tous dans les groupe de quelque 360 îles (dont une cisément située sur le cercle parallèle à yeux les images des lon- bonne partie sont désertes), sans doute l’équateur de l’hémisphère nord. Avec gues plages de sable blanc, l’une des destinations les plus « nature » ses eaux transparentes, son sable fin, sa bordées de cocotiers sous le de l’archipel. Ce n’est d’ailleurs pas un végétation tropicale et son ciel d’azur soleil radieux des tropiques, hasard si elles abritent le premier parc qui se décline à l’infini, c’est l’archétype fièrement exhibées sur le papier glacé national, Exuma Cays Land & Sea Park, même de la plage idéale. Et comment des magazines et des affiches de publici- institué en 1958 et devenu un modèle du imaginer une seule seconde que l’on peut, té. Mais, qu’on se le dise, c’est une chose genre en matière de protection de l’envi- aujourd’hui, arriver sur cette plage splen- d’admirer ces superbes plages en photo, ronnement et de préservation des espèces dide et l’avoir rien que pour soi pendant c’en est une autre d’en faire l’expérience animales. Et c’est effectivement un véri- directe. Se baigner dans leurs eaux tur- table paradis terrestre que l’on découvre S’émerveiller devant quoise, flâner sur leur rive, sentir sur sa sur l’île de Great Exuma reliée à Little le patchwork formé peau la chaude caresse d’Hélios ou s’as- Exuma par un pont d’une longueur totale par les 700 îles et soupir sur un transat à l’ombre des pal- de près de 100 kilomètres. îlots disséminés sur miers... autant de moments idylliques, 260 000 km2 que d’instants d’éternité qu’offre précisément Des plages désertes qui s’étendent à compte l’archipel. l’archipel bahaméen aux vacanciers en perte de vue, dont certaines ont servi de quête d’exotisme. décor au film Pirates des Caraïbes; une plusieurs heures? Oui, aussi incroyable Le charme opère dès que l’on monte végétation plus que luxuriante avec son que cela puisse paraître, certaines plages à bord des petits bimoteurs qui trans- armada de cocotiers, de bougainvilliers bahaméennes restent désertes, même au portent les passagers d’île en île. On se et ses étonnants raisiniers bord de mer; plus fort de la saison touristique. Nous sent soudain l’âme d’un aventurier. On une faune pour le moins insolite aux sommes décidément bien loin des bords se prendrait presque pour un Humphrey yeux des vacanciers européens, avec ses de mer bondés de la Riviera ou de la côte Bogart ou un Harrison Ford. Une fois grandes aigrettes, ses élégants échassiers adriatique ! dans les airs, il devient vite impossible blancs, ses raies qui n’hésitent pas à ve- de ne pas coller le visage au hublot pour nir se frotter aux mollets des baigneurs, Afin que le dépaysement soit total, s’émerveiller devant le patchwork formé avec ses iguanes, ses tortues marines ou cependant, rien ne vaut une excursion par les 700 îles et îlots disséminés sur encore ses requins-nourrices, totalement en bateau pour faire le tour des Exuma 260 000 km2 et que compte l’archipel. inoffensifs. En somme, une île bénie des Cays. De nombreux propriétaires de ba- Après un passage obligé à Nas- dieux où la vie s’écoule doucement, en teaux proposent des sorties en mer pour sau, la capitale du pays, sur l’île de New harmonie avec la clémence des cieux. la journée, mais la virée organisée par Providence, cap, donc, sur Exuma, un C’est aussi à Exuma que se trouve la plage du Tropique du Cancer, pré- 61
éVASIONUne île privée des Exuma Cays. La joyeuse colonie de cochons de Big Major Cay, baptisée Pig Beach.Ray et Justin Lightbourn est assurément Certaines plages quelques encablures d’Eleuthera, est sanssans commune mesure. Départ le matin à comme celles qui ont aucun doute la destination phare pour9h 00. Retour à 17h 30. Entre-temps, on servi de décor au film clore en beauté un séjour dans l’archipel.fait le plein d’azur, de soleil, de paysages Pirates des Caraïbes Dans cette île minuscule, très peu de voi-spectaculaires et de sensations fortes. restent désertes, même tures, on se déplace en voiturette de golf. au plus fort de la Leur puissant hors-bord, baptisé saison touristique. Dunmore Town a été fondée par« 007 Thunderball », embarque une quin- des loyalistes anglais en 1 648. à voir seszaine de touristes et les emmène à la dé- ses assaillants dans Thunderball (d’où le maisons en bois coloré et leurs jardinetscouverte d’îles, d’îlots privés appartenant nom du bateau), en français Opération fleuris, on a du mal à croire que cetteà des célébrités, et contempler les bancs Tonnerre. petite ville dans le pur style colonial futde sable perdus au beau milieu de l’océan. jadis la première capitale des Bahamas.C’est ainsi que l’on aperçoit le splendide Le père et le fils sont des hôtes Deux somptueux hôtels se partagentresort de l’illusionniste David Copper- accomplis. Ils vous bichonnent en vous l’immense plage de sable rose qui est lafield ou la propriété à vendre de l’actrice offrant ananas, boissons fraîches à particularité de Harbour Island, le PinkJessica Tandy. volonté, déjeuner au Staniel Yacht Club, Sands et le Coral Sands. Le premier, à une marina pittoresque bien connue des l’élégance, la magie et l’exotisme in- D’autres surprises attendent les pas locaux, sans oublier le fameux rum cake, contestables, se compose de splendidessagers : nourrir les iguanes, une espè une spécialité des Caraïbes, fait maison cottages noyés dans la végétation, dontce endémique en danger car en voie par l’épouse et maman restées à terre. En certains bénéficient – ô luxe suprême ! –de disparition (il ne resterait que 1 300 somme, une excursion exceptionnelle qui d’un accès privé à l’océan. Tandis que lecréatures); nager avec des cochons – oui, reste longtemps gravée dans vos pupilles second déploie ses différents bâtimentsvous avez bien lu ! – d’anciens cochons de et vous laisse son lot de souvenirs inou- face à la plage.ferme mystérieusement échoués sur une bliables.île déserte, qui forment aujourd’hui une Paresseusement allongé sur un tran-joyeuse et prospère colonie que les tou- Naturellement, les Bahamas com- sat, bercé par le bruit des vagues, hypno-ristes amusés viennent nourrir et prendre prennent d’autres îles, au charme tout tisé par le bleu du ciel et de la mer, il vousen photos ; ou encore faire du snorkeling aussi envoûtant. Harbour Island, à faudra une force surhumaine pour vousdans la grotte où, en 1965, un certain résoudre à quitter ce merveilleux coin deJames Bond se battait férocement contre paradis. n62 | capital Santé 07 été 2014
Le bien nommé Paradise Bay, à Great Exuma. Le hall d'entrée du splendide Pink Sands, à Harbour Island, Eleuthera.PratiqueY aller Où dormirAir France en collaboration avec DELTA propose 2 vols > à Exumaquotidiens vers Nassau via Atlanta. Tarif A/R au départ de Tenu par des Français, Paradise Bay, le bien-nommé,Paris à partir de 1 520 € ttc (tarif soumis à conditions). comprend une dizaine de bungalows tous plantés face à lawww.airfrance.fr mer et à quelques centimètres de la plage. On y mange aussiwww.delta.com divinement : www.paradise-bay-bahamas.comSwiss en collaboration avec des compagnies américaines > à Harbour Island/Eleutherapropose trois vols quotidiens depuis Zurich, avec une ou deux Pour un séjour enchanteur et inoubliable, le Pink Sandsescales (New York et Miami). Tarif non communiqué. est un must :www.swiss.com www.pinksandsresort.com Quelques dizaines de mètres plus loin, le Coral Sands est uneEquinoxiales, spécialiste des voyages sur mesure à prix doux, autre adresse de rêve :organise des séjours aux Bahamas incluant plusieurs îles, les www.coralsands.comvols inter îles et le vol transatlantique depuis la France ou laSuisse. Exemple de forfait : les Bahamas d’île en île, à faire14 jours/12 nuits, à partir de 2 360 € par personne, vols inclus. > Excursion en bateau avec Ray et Justin Lightbourn :Parmi les hôtels programmés par Equinoxiales aux Bahamas, www.exumawatersports.comon retrouve le Paradise Bay à Exuma, le Coral Sands et lePink Sands à Harbour Island. En savoir plusTel : +33 (0)1 77 48 81 00 > Office national de tourisme des Bahamas :www.equinoxiales.fr www.bahamas.fr 63
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