Cédric Merland Peut-être les océans finiront-ils par oublier la ligne argentée de l'horizon plus tard ils empliront notre sommeil les fleurs évanouies retrouveront leurs ombres les heures descendues jusqu'à toi
Delphine Burnod Demain le chaos s’élargira et dans ses interstices le choix enfin
Lo Moulis à plat ventre sous la terre traverser le mutisme du temps sur un lit vieux et pâle allongée sur des miroirs ou sur un coussin blanc ni dehors ni dedans un nuage sur les draps qui s’obstinent ils sommeilleront dans une alcôve de silence les spectres les polaroids les photos pliées perdus sous les cendres
Dominique Mans A tous les azerty D'autres pages viendront-elles s'ouvrir aux mots imprévus restera-t-il des azerty à mettre en ordre des conjugaisons à bousculer des virgules à avaler des syntaxes à redresser jusqu'à donner du sens à tous ces empilements infinis de textes en devenir ?
yve bressande En couleurs Passer du temps devant un écran blanc avec dans la tête l'idée d'écrire un poème lever les yeux voir du vert du rouge des feuilles & des roses éteindre l'écran sortir sentir les roses écouter les feuilles bruisser vivre le poème en couleurs
thomas pourchayre Je ne sais pas si je serai prêt Je ne sais pas j'ai fait des scoubidous avec mes lacets une couverture pour le chien de ma veste des porte-cerises de mes oreilles et un roulé au cornichon de ma langue je ne sais pas si je serai prêt ça se pourrait un faux départ l’arbitre qui oublierait son sifflet toutes les haies qui rappliqueraient au pied des starting-blocks et en pile dans un kiosque à côté des journaux aux unes blanches nous le sifflet coupé sur le paillasson on procrastinerait déjà le jour du lendemain je les attends depuis quand ces unes blanches leur avalanche de titraille aphone le prix la date le tirage pour faire parler un peu et à demain
Laura Lutard Griffer jusqu’aux flammes Les typographies administratives Du brasier ardent de vos lois S’engorger d’un combustible voyageur Assembler les mutilations En robe de dentelles Sans sexes À exhiber sur le bitume terres battues et marécages Que les fureurs se mettent en boule Et que la partie commence
Anne-Marie Marcelli Nous recommencer C’était comme naître Le passé pour avenir
Philippe SARR
SNG / Natacha Guiller Fallait pas partir trop loin, le tronc commun, la famille, la valoche lyophilisée, pour pas se faire haïr par un côtoyeur des transports, fallait pas prévoir un colloque ou un enterrement de province, fallait pas être convoqué.e au barreau. Fallait savoir conduire à trottinette, en monocycle ou marcher dans des chaussures de ville, fallait savoir rester tranquille et mobile dans une rame de gens debout. Fallait savoir soupirer dans sa tête et fermer sa gueule quand un manifeste vous démange, chatter avec une septuagénaire. Fallait maigrir un poil pour loger son sac à dos, ne pas faire d'allergies aux déos bon marché, fallait pas être autiste ou claustro ou malade trophoblastique gestationnelle, fallait savoir respirer par la bouche ou le nez selon le contexte. Fallait pas se fier aux orientations et diseuses de bonne aventure, fallait pas avoir peur du temps écoulé et en retard, en cortège ou l'éloge de la lenteur, fallait supporter les odeurs de traîne, de statuts, de stress, de rigolade. Fallait être léger et NOPANIC, baroudeur-citadine, patient et plus optimiste que par ailleurs. Fallait prévoir large et pas passer date, outre, aimer les danses de foules, fallait kiffer le bruit, la proclamation épiphanique, fallait kiffer les gens, même ceux qui les gouvernent, pour pas péter une durite. Par temps de grève
Fabien SANCHEZ
Perle Vallens Reset Il y a celui que tu étais. Celui-ci a prétendu et prétend toujours être. Celui-ci existe encore quelque part, demain. Celui-ci a vu ses digues se hisser plus haut. Le plâtre s'est effrité sur tes propres fondations. Il faut rebâtir sur tes décombres, sur l'aplat des ruines. Tracer, tisser, décentrer, se positionner sur le côté, évaluer la bonne distance entre soi et les autres. Tenter le geste, l'approche, l'impossible chemin pour toucher. Piocher dans les gravats ce qui reste de fleurs. Des pensées encombrées il restera l'appui et la valeur du temps, ce qui ronge de l'intérieur et ce qui disparaît peu à peu. Il restera ce qu'il faut pour faire de la place à l'essentiel. Comme l'entrée du soleil dans le corps.
Aurélie Delcros Le grand renviergement C’est le temps du grand renviergement La forêt reprend son droit la lumière sa frayeur le ciel sa nuit et son azur L’abeille son rayon le canard sa diète les branches leur courbure Les fourrés goûtent leur croissance l’animal la multitude des paysages Le sol approfondit son silence l’esprit sa tranquillité l’insecte ses métamorphoses La terre son désordre prospère La gratuité s’ébat comme un miracle et la terre digére les outils de l’homme avec leur minerai Le temps retrouve son indépendance le lapin son tarmac la forêt ses essences Et l’homme son accointance aux plantes aux animaux aux cailloux Le pesticide rentre au bidon le gravier à son lit le fleuve à ses méandres Et l’homme pour un temps renonce à ses gestes sa bouche se nourrit de ce qu’elle peut atteindre Nomade respectable il salue l’humus dans un battement profond et retrouve la patience du lointain
Octave Catasta Nous gravirons encore D’autres montagnes indociles Cachant nos visages Ne laissant que nos yeux Annoncer le désarroi Des temps nouveaux Nous apprendrons alors A marcher côte à côte Sans nous prendre les mains Et seulement le courage Pour nous tenir De lien
Antoine Leprette C'est long, si long! Il faut du temps pour aller à demain C'est loin, si loin! Et nous y sommes déjà. Et je me retourne. Demain est déjà hier Que s'est-il passé? Je l'ai pourtant désiré demain Je l'ai tellement rêvé. Je l'entrevoyais dans mes nuits d'insomnie Je le vivais goulûment dans un présent sans fin Joyeusement Avec délice Avec jouissance Dans un présent déjà passé Demain! Un autre jour Et la rose est froissée Que s'est-il passé? On ne m'a pas expliqué.
David Nadeau LA PELLICULE QUI SUSPEND L’IMPOSSIBLE Les voyants stigmatisés par l'Horreur toute-puissante crèvent la pellicule qui suspend l'impossible, ardente dans son projet de fragmentation des sens, jusqu'à l'annulation d'une partie du vrai. Décomposition de l'aboutissement de la vie, la divine souillure est un baiser lointain perdu dans le labyrinthe de la mort symétrique. J'ai goûté à la brise qui déchiquette les sens, amas temporel figé dans le roc, glorifie le firmament qui m'étrangle. Les prophètes chancellent, fantômes déphasés. La sphère se dévoile, Androgyne-hydrogène.
Elis Podnar demain mes lettres vont te rejoindre sur teintes éblouissantes de pourpre et de vert au-delà des rangées des tamariniers sans fin
Christophe Bregaint Le bruit du jour n’est plus accessible aux sens bercés d’illusions Avant que ne se s’écoule une autre lumière déjà obsolète Faire des ronds dans le quotidien Avec quoi le remixer tant l’extérieur est hors de portée Pour l’instant une info non-essentielle circule en boucle Se coordonner à la longueur de la journée Pendant que les oiseaux volent libres Au-dessus de l’écorce terrestre on gratte un peu de répit à la constance du temps maton de nos vies simulatrices d’aubes en tout genre Demain Changera-t-il la donne
Nixie Wilde Demain, je ne sais pas ce que je vais dire à mon fils Tu peux courir, tu peux rire, tu peux danser Tu peux toucher ? Tu peux serrer ? Tu peux embrasser ? Je ne sais pas, je ne sais pas mon fils Tu peux être heureux de retrouver la liberté, de retrouver le monde De retrouver du monde ? Autour de nous ? Leur souffle ? leurs mains ? A distance ! Ah oui ! C’est vrai mon fils, à distance. Tiens-toi à distance, loin, loin des autres Mais tu as dit : je peux courir, rire, danser A distance mon fils, à distance Maman , je veux la serrer, l’embrasser, je l’aime Oui mon fils à distance. Demain, je ne sais pas ce que je veux dire à mon fils Méfie-toi, sois prudent, raisonnable Demain je ne veux pas dire ça Demain je veux lui dire Aie confiance, aime de tout ton cœur, de tout ton corps, de tout ton souffle. Demain je vais lui dire : je ne sais pas, mon fils, je ne sais pas, je sais juste pour aujourd’hui.
Laïty Ndiaye GENJUTSU dors La nuit nous avale comme promis Demain Quand tu rouvriras ces yeux tout humides Elle aura fini d'emporter le règne du vide ce vide aux sales tentacules ce vide à haleine pestilente
Demain Nour Et si demain faisait le tour du monde Gréait un peu son navire implacable Levait les heures Hissait les jours Bordait les ans L’ancre flirtant avec les goëlands Haute dans la mer comme les embruns – S’il s’en allait porter loin le temps sans-cœur S’il larguait les amarres les câbles De notre vie sur terre Et suspendait en mer notre peur si humaine De voir venir demain – S’il faisait échouer nos appréhensions Sur une île déserte Si demain était Robinson sans jamais revenir Si demain prenait le large nous laissant orphelins Des âges siècles délais Si en ses voiles soufflait l’avenir À son bord l’intuition de notre mort – Et si demain faisait le tour du monde
A d’main
Serge Delaive L’avenir s’éloigne Il habite une ville merdique égarée dans les paysages bucoliques de l’Europe fanée n’importe où pas loin des cadavres postindustriels Il habite avec sa mère démente une ancienne maison typique pas loin des masures vaille que vaille un parc à mobile-homes aux pneus crevés où traînent ceux qui ont atterri là échoués entre violence et résignation Dans son jardin patiemment pas loin de la maison il a planté des allées de buissons traçant un labyrinthe compliqué aux quatre-vingt-neuf solutions qui parfois lui échappent Il habite une ville avachie morte un bar une échoppe un tatoueur où il boit achète et se fait tatouer subissant les conversations veules qui soulèvent sa poitrine La veille de son anniversaire il a marmonné pour personne
Mirlö - La lune bleue ce coeur migrant je te le donne mon ami au-dessus des nuages au début des nuits folles où nos mains rétives cherchent encore le fond comme autant de stupeurs au corps de ce sein où l âme est enceinte du monde
Ludivine Joinnot que diront nos mémoires des danses d'artifices aux lendemains du séisme que traceront nos troubles - souffles courts contre axe charnière - sur la ligne médiane et nos spectres modulables sur bas côté de route écartés éliminés au prix de vivre il nous faudra choisir d'autres murailles à fortifier
Philippe Leuckx
Sandy Dard
Patrice Maltaverne
Laure Cambau IL Y A UN VERS DANS LA GRENADE « Il y a un verset dans la flamme »* que personne ne bouge ! Les derniers mots sont du dernier cri mais un babil gravé sur la pierre blanche ne suffira pas Il y a un ver dans la grenade Eve ne mangera pas nous sommes sauvés nous ne sommes pas dans l’histoire L’Histoire ? Un refuge pour lettres battues orchestre vide à dix doigts sous nos têtes brûlées orchestre vide rêve à cru Un conte pour endormir les enfants qui n’existent pas nous ne sommes pas nés la dernière pluie n’aura pas lieu il y a un ver dans la grenade. (*Francisco de Asis Fernandez)
Valérie Canat de Chizy demain est le jour après la nuit demain un autre aujourd’hui l’éclosion des graines après les semailles juste cultiver la joie d’être le chat m’attendra devant la porte le soleil brillera ou bien il pleuvra demain n’est pas dans quinze jours on ne sait ce que nous réserve l’avenir
Lydia Padellec Caricature Est-ce ma faute si je suis tombé sur ce vieux journal daté de 2018 ? Le dessin m’a fait rire. Mon voisin m’a entendu et m’a dénoncé. J’ai bien tenté de cacher le papier. Je n’ai fait qu’aggraver mon cas. Le cyborg me l’a arraché des mains. Je me suis pris une décharge électrique. On peut y perdre une main, parfois un œil. Vous comprenez : vivre en harmonie suppose de ne pas déranger son voisin car la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Damien Paisant I) Glorifier son déclin Rider le vers de sa peau Soleil noir II) Faire brèche dans la paroi Prier pour l’essoufflement profane Inspirer la ruine de se renouveler Corps-citadelle III) Signe en cascade C’est après l’abime que son chiffre se lave des calculs qui le font naître Cascade en signe
Sophie Brassart Dans l'aride 1. J’ai reçu la voix Offerte aux jeunes oliviers à l’ivresse au repos des jugements terni par l’ignorance J’ai reçu la voix Offerte aux pans ocres à l’ivoire du siècle Aux transparences, à l’oranger levant les toits à l’atrocité, qu’un souffle habite, aussi pur Et j’ai su la complexité des rapprochements sensibles
Jos Garnier vaste soufflerie serpentaire qui cogne aux nouvelles patrimoine estimé à des broutilles calculées sur le flanc blanc des arrière-mondes terriblement âcres sans pareille indéviable monotonie des sens advienne que saura l’urgence du soudé du mémorial aqueduc du parcheminé qui engendre tous les rythmes à plat son obsédant d’un quelconque souvenir transi colloque d’architecture amoindri ou bien ce ne serait que le mépris des passades vitreuses de belle manière que ce soit prendre la file d’attente d’un système disparu depuis l’orage en suspens sédimentation des coudées franches on sera vulnérable bien au-delà et même si l’efficace vision soliloque à tout vent étudie les patientes courbes extraites des bienfaisantes bulles d’outre-tombe gainées de pendules de chêne vert qui s’autodétruisent en cercle d’infamie rendez-vous à des heures flippées et chutes prévues pour un amoncellement dégradé ou dégradant sous la couche de sel gris les incessantes bordées de liberté se clament à hauteur d’insectes vérification possible sans aléa ni surprise dans cette recherche de ce qui s’est passé un risque d’oubli ou d’aveuglement peut-être une autre demande on est seul maintenant on se retrouvera absolument inaudible insoutenable certitude qui constitue cette ignorance du lendemain le moindre bruit de la prédation s’approprie la logique à savoir son devenir infondé nous n’avons pas le choix de l’erreur cette idée là rend fou comment faire comment hésiter à soi-même nous murmurer la tragédie par compassion ne pas être né trop longtemps non-sens du tout il y a une bifurcation de désespoir vers des perspectives de renoncement est-on capable de supporter la force d’appétit de se protéger des spectres de rêver de ces choses là l’arrachement ou la croyance de la raison s’accroche par séduction jusqu’à ce qu’enfin la vérité devienne petite histoire de vie
Jacques Cauda DEMAIN LA MER Ça nous dit : va près des faces Frémir d’un grand frémissement Quand la mer se regarde va L’aura se jettera dans la Mer chargée sera ton image La vie sera la fureur 24 vagues par seconde Et la parole image par image Pour une forme qui dit Toi ton œil mis dans un trou Quand La parole touchera ta face La mer toujours d’un bleu Humain regardera Ah que l’aiguille tombe Dira-t-elle Et te jette à la mer l’aura Va et tempête et mémorise : D’où iras-tu Quand Brillera le soleil exorable Envers un ricin ? Mer fille du bleu Regardera la cire bien en face du feu L’eau par la fureur viendra À temps ce sera pour Le jeteur de cordeau Les mangeurs de chair La Résurrection Oui le jour de bâtir tout rebâtir la vie
Miguel Angel Real Pas à pas, on apprendra à imiter le rythme d'une flamme : son balancement dans une bougie aux aguets qui devine les chemins du vent et accompagne un regard qui jamais ne connaît le repos. Une flamme c'est un souvenir de paroles trahies que la consistance du temps a arrondi / élimé / érodé mais n'a pas pu fausser. Que retiendra-t-on de sa chaleur quand on voudra réinventer le lendemain ? Regarder humblement pour retenir les contours du feu, oublier les formes connues, se savoir impossibles / incapables / impuissants : céder. Admettre la présence du papier qui pourrait déclencher toutes les métamorphoses, les gestes nouveaux d'une respiration en suspens, pour laisser que la flamme boive / aspire / annihile toute envie de reprendre le vieux décompte du temps. Et LA VIE s'égrènera quand enfin elle sera contenue dans la flamme.
Iocasta Huppen
Jean-Christophe STAUDER La jungle d’asphalte déroule son tablier. Je suis la route, je suis l’aile, je suis le regard furtif. Je suis le fluide, je suis le réseau-monde. Mon toit s’escamote de l’intérieur, je manipule la matière. Contrôle le flux des artères. Mes pensées-silicium ordonnent la machine-chimère. Je suis l’atelier qui m’abrite. Je suis l’ouvrier qui me façonne. Je suis un cuir tanné et l’odeur de la pluie sur les carrières. Je suis l’objet d’une fabrique. Je suis la station autoroute et le fil de la corniche. J’évite les précipices, je garde le cap. Je suis la pince qui m’étreint. Je suis la caresse du gant : la peau- titane se tend. Au bord de la route, des signes, des mains. Je suis la vitesse. Je suis l’écrou, je suis l’ornière et l’enchaînement des causes. Sur l’établi, le plan tracé. Dans la boîte à gauche, la gâche. Je suis la serrure et la clé. Je cultive mon jardin chimique. J’arrose, j’irradie, je broie, je transforme, je digère. Je suis mes sucs mécaniques. Je suis l’ancien acier froid. Je suis le trafic. Au Gazoline garage, je charge mes accus. Dans ma carlingue, j’ai l’œil sur l’écran radar. J’assimile, je liquéfie, je dévide, je recycle. Je suis la Machine vive. Je suis le cortex qui décortique. Je suis le passager des gamètes. Je suis l’aube blanche. Le lendemain cybernétique.
Marie-josé Pascal LE PARADIS PERDU Nous irons vers demain, cet arbre plein de promesses Et de fruits inconnus, à la recherche peut-être d'un paradis perdu, Nous laisserons derrière nous le passé délétère Les villes anémiées par des rejets toxiques, Les hommes abattus par les plaies quotidiennes Et par la rengaine des malheurs de ce monde, Nous irons vers demain, tournés vers l'inconnu, Chercher d'autres trésors jusque-là invisibles Et l'instant accompli avec tout son mystère Portera au zénith nos espoirs éphémères Nous irons vers demain sans jamais renoncer Accomplir un destin pas tout à fait tracé.
Roos Weil Richard Étoile polaire ! constellation du berger ! Le ciel jouait au phoque avec notre ballon dans le jardin Et mon frère qui s’y connaissait en scènes d’intérieur Improvisait un morceau de batterie Plutôt que de taper en morse Il s’agissait de composer avec la mouche qui pataugeait au fond du verre Et avec l’aile de l’avion qui effleurait la falaise Grand-mère derrière ses lunettes teintées Tenait le manche du cockpit Et la table du salon se dépliait en cartes d’état-major En chemins de ronde L’air et la lumière suffisaient à notre plaisir Et nos mots ressemblaient aux drilles Aux confidences d’alouettes effarées Pour dire vrai La maison s’engouffrait dans l’allée des marronniers Et nous rêvions de feux de bois Et de chemins qui crépitent dans la forêt
PASCAL DANDOIS Demain n’arrivait pas Le temps ne passait pas Il était comme stratifié Immobilisé par l’ennui L’impatience me rendait dingue Jusqu’à ce que je me rende compte Que je l’étais totalement devenu Fou En effet soudain je sus Qu’on était déjà demain depuis longtemps Et qu’il était trop tard
Georges Thiéry Fin des paraître Ce que nous fûmes ne fut plus image mais boule au ventre, pointe au cœur, les habitudes brisées par les sanglots de larges remords écumaient la ville et ses campagnes, aux derniers paraître je préfère la vérité de l'étincelle si parfaite, la cigarette à la bouche je sentis l'étreinte du malheur noyer la civilisation qui perdait son temps à sembler avant de sombrer et ma voix rauque étouffe les cris de la marmaille qui erre sans repère, la lune tombe et les esprits inquiets se recroquevillent à la lueur de chandelles, l'avènement aura lieu, tous tremblèrent du plus profond de leur chair.
Georges Thiéry Fin des paraître Ce que nous fûmes ne fut plus image mais boule au ventre, pointe au cœur, les habitudes brisées par les sanglots de larges remords écumaient la ville et ses campagnes, aux derniers paraître je préfère la vérité de l'étincelle si parfaite, la cigarette à la bouche je sentis l'étreinte du malheur noyer la civilisation qui perdait son temps à sembler avant de sombrer et ma voix rauque étouffe les cris de la marmaille qui erre sans repère, la lune tombe et les esprits inquiets se recroquevillent à la lueur de chandelles, l'avènement aura lieu, tous tremblèrent du plus profond de leur chair.
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