COULEUR : ÉCLAT, NUANCE ET APPARENCE AVEC NOS ARTISTES-MUSES DARINA, DALÉNA JEANNE, MATHILDE POLIDORI ET VICTORIA VILLASANA je rougis bien sous ma peau ébène lorsque du bout des lèvres tu me dis «je t’aime» mbi yé mô peur bleue, rire jaune, colère noire, à toute émotion correspond une couleur crois-moi, N°5 Avril 2022
COULEUR : ÉCLAT, NUANCE ET APPARENCE 1
« LES ÉTOILES SONT ÉCLAIRÉES AFIN QUE CHACUN PUISSE UN JOUR RETROUVER LA SIENNE. » -Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince Rédactrice en chef Zoé Rosette - Le cœur qui bat Couverture Mbi yé mô (poème) © Dalena Jeanne © Mathilde Polidori © Darina © Victoria Villasana Mise en page et graphisme Zoé Rosette - Le cœur qui bat Reproductions d’oeuvres originales des artistes-muses © Mathilde Polidori / © Victoria Villasana / © Daléna Jeanne / © Darina Crédits photos Portraits p.5 Darina par © Maria / p.5 Darina par © Maria Article Une histoire (courte) de l’art - Niki de Saint-Phalle Niki de Saint Phalle, Black is different, 1994 Niki de Saint Phalle, Nana noire upside down, 1965-1966 Collection MAMAC, Nice, Donation de l’artiste en 2001. © Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris, 2020. Graines d’artistes Thaïs Rosette, Étienne Lafarge, Lenny Boquet, Laurie Ramos, Maxime Rosette, Marie Devin, Céline Le Ny, Jean-Jacques Gleizal, Sara Tremblay, Louise Duhamel, Maëlle Kouadio, Elizabeth Rodríguez, Lorena Schmitter, Hasna Ben, Bárbara Ábile, Sonia Antunes, Lucie Bouchoux, Saskia Caple, Maud Retourné et Xuexiang Wu. Collaborateurs Pour les ateliers Traces Clarisse Rosette et ses élèves de CM1-CM2 de l’école primaire d’Escamps | Yonne, France Pour l’organisation, l’animation et la restitution des Ateliers Renc-art Leni Menegazzo et Charlotte Thomas-Langlois. Partenaires Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 / Centre Paris Anim’ Pina Bausch 2
S TRACES O M QUATRE PETITS ATELIERS AVEC M UNE CLASSE DE CM A I PAGE 4 R E ARTISTES-MUSES RENDEZ-VOUS AVEC DARINA, DALÉNA JEANNE, VICTORIA VILLASANA ET MATHILDE POLIDORI PAGE 8 À QUOI TU PENSES ? UNE HISTOIRE (COURTE) DE L’ART SUR NIKKI DE SAINT PHALLE PAGE 10 LES ATELIERS COLORÉS UNE APRÈS-MIDI, DEUX ATELIERS, TROIS ENCADRANTES, QUATRE ARTISTES-MUSES ET ONZE GRAINES D’ARTISTES CURIEUSES ET INSPIRÉES PAGE 12 GRAINES D’ARTISTES DIX CRÉATIONS UNIQUES ET EXCLUSIVES PENSÉES EN ÉCHO AVEC LES UNIVERS DE NOS ARTISTES-MUSES PAGE 26 LE MOT DE LA FIN REMERCIEMENTS, PROCHAIN NUMÉRO ET CEUX DÉJÀ PARUS PAGE 49 3
TRACES Par les élèves de CM de la classe d’Escamps L’après-midi du vendredi 6 mai était consacrée aux ateliers. À l’instar des numéros précédents, la maîtresse avait parlé en amont aux enfants de ma venue dans la classe. Jusque lors, j’avais pour habitude de leur proposer un seul et même atelier, auquel tous participaient. Je venais cette fois-ci avec une idée bien différente en tête. Ce numéro, vous l’avez bien compris, ne ressemble pas aux autres puisque ce sont les univers de quatre artistes- muses qui y sont mis en lumière. Je devais donc construire mon intervention autour de cette nouveauté. Vous le savez sûrement déjà si vous avez lu les numéros précédents, mais les enfants de cette classe sont répartis en quatre groupes, CM1 et CM2 confondus, à la manière des maisons de l’école de Poudlard, dans Harry Potter. Voilà pourquoi vous verrez que chaque création est associée à la fois au prénom de l’élève qui l’a réalisée et à la maison à laquelle il ou elle appartient. Vous voyez où je veux en venir ? Quatre artistes-muses, quatre maisons...Ça donne quatre ateliers ! Le thème commun ? La main et son empreinte. Je souhaitais que chacun puisse laisser une petite partie de sa personne dans ces travaux, que chacun s’investisse physiquement en quelque sorte dans la réalisation. Après avoir présenté les artistes-muses à la classe à l’aide d’une sélection de leurs oeuvres respectives, j’ai laissé les élèves s’exprimer sur ce qu’ils voyaient. Je ne leur donnais aucun indice, aucune contextualisation afin de laisser libre cours à la sensibilité de leur regard. Ils étaient épatants, encore une fois. Je suis toujours tellement impressionnée par la justesse de leurs questionnements, la profondeur de leurs ressentis. Tous les enfants, pas seulement ceux de cette classe, n’ont pas de filtre et c’est une des nombreuses raisons pour lesquelles j’aime travailler en leur compagnie. ATELIER 1 - LA BRODERIE ATELIER 2 - LES CALLIGRAMMES Artiste-muse : Victoria Villasana Artiste-muse : Daléna Jeanne Maison : Gryffondor Maison : Serdaigle Avec Athénaïs, Eden, Noélie, Louka et Elisa. Avec Nolan G, Charlotte A, Callie et Tyliem. ATELIER 3 - LA PEINTURE ATELIER 4 - LA REPROGRAPHIE Artiste-muse : Mathilde Polidori Artiste-muse : Darina Maison : Serpentard Maison : Poufsouffle Avec Maël, Raphaël, Léo et Arthur. Avec Looka, Charlotte S, Nolann, Ruben et Léane. 4
Athénaïs - Gryffondor Looka - Poufsouffle Nolan G - Serdaigle Maël - Serpentard Charlotte S - Poufsouffle Eden - Gryffondor 5
Charlotte A - Serdaigle Raphaël - Serpentard Nolann - Poufsouffle Elisa - Gryffondor Léo - Serpentard Ruben - Poufsouffle 6
Noélie - Gryffondor Callie - Serdaigle Arthur - Serpentard Léane - Poufsouffle Tyliem - Serdaigle Louka - Gryffondor 7
ARTISTES Mathilde Polidori Mathilde est née en 1987 à Lyon. Elle est aujourd’hui installée à Paris et a fait de l’Atelier bleu, son havre de paix. Son univers coloré souligne les détails des visages pour laisser transparaître des émotions contrastées, puissantes et douces. Lors de sa pratique, elle prend pour commencer une photographie de son modèle. Elle choisi un lieu surexposé à la lumière naturelle afin de faire ressortir les reliefs des visages. Ensuite, elle dessine un croquis préparatoire avec des feutres noires aux pointes plus ou moins fines selon le rendu désiré. Elle cherche à mettre en évidence les ombres et les lumières et réfléchi déjà aux couleurs qu'elle utilisera sur sa toile. Enfin, vient le moment de la peinture, elle choisi ses teintes et se met à l'oeuvre. Victoria Villasana Victoria, née à Guadalajara au Mexique, est ce que l'on pourrait nommer une artiste textile. Elle brode des fils de couleurs sur des photographies en noir et blanc. Elle créé aussi des installations et investi les rues de ses œuvres. Elle s'inspire principalement du thème de l'interconnexion. « Influencée par l'histoire, la culture et les rela- tions humaines dans un monde post-numérique fragmenté, le dynamisme audacieux de son travail se révèle dans le fil non coupé : brisant le cadre, il confère une esthétique surréaliste et inachevée qui reflète l'importance de l'acceptation du chan- gement, de l'évolution et de l'imperfection. » L'approche de Villasana en matière de textile est sen- sible et intuitive. Elle s'inspire de l'artisanat et des traditions textiles du Mexique et d'autres cultures, mais les utilise à sa manière. 8
MUSES Dalena Jeanne Dalena est née en 1990 à Berberati en République Centrafricaine. Elle associe des mots de sango (langue véhiculaire de son pays natal et du nord de la République démocratique du Congo) à ces textes en français et en anglais. « L’idée d’écrire des poèmes introduits en langue sango, c’est aussi de mettre ce pays (dévasté par les guerres à répétition) sur le devant de la scène et mettre en avant la richesse de son territoire et de ses peuples. » Retrouvez dans ses écrits une ode à ses racines, sa langue natale, sa famille, la Nature. Par ses mots, elle abaisse les frontières et crée un lien, un chemin entre les âmes. Darina Darina a 26 ans. Elle est née en Ukraine mais vit actuellement à Moscou, en Russie. Elle est psychologue et photographe et cherche à intégrer la photographie dans sa pratique thérapeuthique. Elle croit au pouvoir de la photographie et à sa capacité de devenir un guide vers le vrai soi. « Comment définirais-je la photographie ? Pour moi, c’est de la sorcellerie. C’est une magie de l’instant qui donne l’occasion de parler à travers un langage différent, celui du symbolisme. Je crois que la photographie ne se contente pas de capturer la réalité, mais qu’elle la définit également. » La nature et la diversité des gens sont ses principales sources d’inspiration. Elle se sent fortement lié aux artistes du pictorialisme, Anne Brigman par exemple, car à travers leurs œuvres, ils nous enseignent à observer la beauté des effets de l’air et de la lumière. 9
UNE HISTOIRE (COURTE) DE L'ART À QUOI TU PENSES ? LA COULEUR C'EST... NIKI DE SAINT-PHALLE Niki de Saint Phalle, Black is different, 1994 Collection MAMAC, Nice, Donation de l’artiste en 2001. 10
Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle naît le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine. Elle choisi Niki de Saint-Phalle comme nom d'artiste. Elle est la deuxième des cinq enfants de Jeanne Jacqueline née Harper et de André Marie Fal de Saint Phalle, originaire d’une famille française de banquiers. Le krach de Wall Street entraîne certaines conséquences pour l’entreprise familiale et un déplacement pour les Etats-Unis. Niki de Saint Phalle, Nana noire upside down, 1965-1966 Collection MAMAC, Nice, Donation de l’artiste en 2001. Rendez-vous sur le site du MAMAC pour en savoir plus sur ces oeuvres et cette collection. https://www.mamac-nice.org/fr/collection/niki-de-saint-phalle/ 11
ATELIERS Dans le cadre du festival des cultures organisé par l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Renc-art a proposé deux ateliers de pratique artistique aux étudiants. Pourquoi le Festival des cultures ? Parce que ce magazine cherche à mettre en lumière les œuvres d’artistes du monde entier tout en faisant participer des graines d’artistes de tout âge, genre et horizon. Avant de débuter chaque atelier de pratique artistique, les animatrices se sont présentées succinctement et ont invité les participant.es à faire de même. Cette présentation comprenait des éléments clés tels que : le prénom, le cursus universitaire et la raison de leur intérêt pour l’atelier « Les couleurs de ton monde ». La prise de parole et la courte présentation de chacun.e a permis des les mettre en confiance tout en suscitant une certaine bien- veillance au sein du groupe. En effet, nous avons pu prendre collectivement conscience que chacun.e venait de cursus différents mais avec la même envie d’imaginer et de créer à partir de son propre patrimoine culturel. Ensuite, la présentation du contexte de création de ces ateliers est intervenue, notamment en revenant sur la raison d’être du magazine Renc-art. ATELIER 1 LA COULEUR QUI BRILLE À TRAVERS VOS YEUX À travers la photographie, les participantes ont capturé le spectre de couleurs contenu dans la lumière. À cela, elles ont ajouté leurs mots, rendant hommage à un sentiment, une personne, un souvenir lié à une couleur. ELIZABETH MAËLLE PAGE 15 PAGE 14 HASNA LORENA PAGE 17 PAGE 16 12 MARION PAGE 18
COLORÉS PORTRAITS DES ENCADRANTES Charlotte, Leni et Zoé. ATELIER 2 LES COULEURS DE TON MONDE A partir d’un portrait fagmenté en noir et blanc, les participantes ont été invitées à créer, à l’aide du collage et de la peinture, une nouvelle oeuvre en couleur, fruit de leur propre sensibilité. SONIA PAGE 19 LUCIE PAGE 20 SASKIA PAGE 21 MAUD PAGE 22 XUEXIANG PAGE 23 HASNA PAGE 24 MAËLLE PAGE 25 13
Maelle 14
Elizabeth 15
« Parce que la couleur noire est la couleur de l’absence, je t’aime. Je t’aime parce que tu fais briller la lumière malgré ta noirceur. Tu représentes les ombres et les monstres sous les placards. la peur, Et pourtant, lorsque tu es face à la lumière, tu la fais rayonner de mille feux. Les étoiles sont invisibles sans toi, et toutes les couleurs ressortent plus belles, pour moi, lorsque tu es là. Noir, tu es la couleur de la majorité de mes vêtements, tu es la couleur du néant et de tout en même temps, même de l’univers. Alors, je ne comprendrai jamais pourquoi les gens t’associent à la négativité. 16
Lorena Noir, tout est noir. Noir, tu es les ombres chinoises qui font rire les enfants et les émerveillent. Noir, tu fais ressortir les petites lumières de la boîte à musique le soir. Noir, tu reflètes la blancheur de la lune et les sentiments des étoiles. Et dans le noir, il y a tout, tout mon univers. Noir tu es la couleur de mon espoir. » Hasna 17
Marion 18
Sonia 19
Lucie 20
Saskia 21
Maud 22
Xuexiang 23
Maëlle 24
Hasna 25
GRAINES THAÏS Talking to the moon , mai 2022 Darina, Что, если б дерева врастали в небо, и не вершинами - корнями?, 2022 PAGE 28 ÉTIENNE Hellébore noire , mai 2022 Victoria Villasana, Cosmic egg #1, de la série Cosmic eggs, 2022 Daléna Jeanne, [sêôko], 2022 PAGE 29 JEAN-JACQUES Il faudrait que je vous en parle , avril 2022 Victoria Villasana, Sacred Geometry #11, de la série Sacred Geometry, 2022 PAGES 30-31 MAXIME Dans les hauteurs, octobre 2021 Mathilde Polidori, Paysage #3, de la série Pay-sage, 2021 PAGES 32-35 LENNY Irridescence, avril 2022 Mathilde Polidori, L’amour, l’amour, l’amour, de la série L’amour, 2020 PAGE 36 26
D’ARTISTES CÉLINE Origines complémentaires, mai 2022 Daléna Jeanne, Laissez-moi fleurir, 2022 Daléna Jeanne, Maâku, 2022 PAGES 37 LAURIE Fermer les yeux, mai 2022 Victoria Villasana, Commission #9, de la série Commission, 2022 PAGES 38-39 SARA Prolongement du rêve, mai 2022 Darina, You yourself are one of the extinguished stars [...] (série), 2022 PAGES 40-41 MARIE Obscure délicatesse, mai 2022 Darina, Бунтующих, 2020 Daléna Jeanne, [pâsi]/[hünngö ponö], 2021 Daléna Jeanne, [kongö], 2021 PAGES 42-43 ZOÉ Résilience, mai 2022 Mathilde Polidori, Sororité #6, de la série Sororité 2022 Mathilde Polidori, étude pour Light Anxiety, de la série Sororité 2022 PAGES 44-45 Pour des raisons esthétiques, certains des cartels concernant les oeuvres des artistes-muses et graines d'artistes sont inscrits aux pages 46 à 48. Sont également à retrouver à ces pages, les commentaires de certaines graines d'artistes à propos de leurs créations. 27
Thaïs Talking to the moon, mai 2022 Interprétation au piano et au chant du morceau éponyme de Bruno Mars | Album Doo-Wops and Hooligans, 2010 Darina, Что, если б дерева врастали в небо, и не вершинами - корнями?, photographie argentique (boîtier Zenith 12), 2022 28
[séôko] - zo wala nyama sô ayê ti bûngbi na âmba tî lo pëpe des étoiles, une vaste étendue d’eau, des milliers de gr nnaître, ni le jour, ni l’heure, cette pluie qui tombe, ains de sable, ton sourire s’effaçant au loin, mon cœur qui pleure, qui meurt sans co Couleurs vives noyant ma chair Cœur défaillant Fragrance affable d’une mélancolie Calvaire latent Pensées naïves toujours plus profonde, Amour floral Saveurs innombrables mon âme seule, dans cet oasis, Parfois fatal ce mirage séduisant les êtres esseulés, s sirènes, dont on comprend les paroles au seuil de la tristes se, de l’abandon, est-ce donc ce doux chant de n à espérer ? cela la solitude ? un cœur vide qui n’a plus rien à aimer ? plus rie Etienne 29
Il faudrait que je vous en parle VOILÀ De quoi est fait ce « plus » Il parait qu’on l’appelle Poésie J’ai passé une grande partie de ma vie Des mots partis à l’aventure Sans écrire de Poésie A la recherche des possibles Et puis tout d’un coup Pour dire ce qui ne se sait pas Et d’emblée ne se voit pas VOILÀ révéleraient des D es sont Disons-le qui secrets vers venus Des m ots Bizarrement mis en forme Après quelques tours de passe-passe Pas pour raconter une histoire Juste comme cela Mots des plaines et des forêts Dans le plaisir de se poser Mots des fleuves et des rivières Lors de fortuites rencontres Mots des animaux sauvages Mots sauvages Je ne sais pas d’où ils venaient Mots des terres fécondes et des terres arides Ils étaient là Bien là Mots anciens et mots nouveaux Mots sculptés par de rudes forgerons ou des princesses altières C’est là où se situe le mystère Je m’em porte Guidé par le vent de sagesses profondes Ces mots qui viennent d’on ne sait où Des mots pleins Des mos creux Justes et savoureux Des mots qui savent le silence Revenons sur terre Des mots bariolés Pour parler de ceux qui font ce travail Qui fouilleraient la terre Car c’est un travail Se promèneraient dans les airs (Qui ne nécessite pas d’études particulières) Et se font appeler des POÈTES La « fabrique » s’est poursuivie Régulièrement Poètes d’hier et d’aujourd’hui Jusqu’à aujourd’hui De demain peut-être Et peut-être continuera demain et demain Si la vie permet encore moultes jeux et fantaisies Les Poètes sont des chercheurs d’or J’insiste Dont le trésor se nomme Poésie Ce sont vraiment des mots pour des mots Enfin sans doute plus que ça Ils ressemblent à Sisyphe qui ne peut remonter son rocher Tout le mystère est là D’où son éternité et sa beauté Dans le « plus que ça » Beauté d’une quête éperdue 30
A ce moment de mon histoire des complications surviennent Tout le monde s’entend pour dire que ladite Poésie Est difficile, voire impossible, à définir Moi qui suis Poète Je dirais que la Poésie navigue en eau profonde Ou dans l’azur bleuté Pour « enchanter » le monde La chercher est une aventure Aventure instable et périlleuse Celle de l’ailleurs qui est en nous Chaque Poète suit son chemin DCe’arutatirnesss’e n fl amme n t de la vie effleurent les choses Mais tous artilleurs de Mayence VOILÀ Jean-Jacques Mon histoire Celle de ce qui m’arriva un jour 31 Et me poursuit avec constance Maintenant il n’est pas de jour Où le goût ne me prend Le besoin à vrai dire Fureur profonde D’accueillir des mots Des mots de Poésie Qui m’envahissent et me transforment En dehors de toute raison.
Mathilde Polidori, Paysage #3, de la série Pay-sage, 2021 32
Maxime Rosette, Sur les hauteurs, octobre 2021. IS O ISO 400 Informations techniques (photographie pages 34-35) Longueur Focale 16mm Appareil photo : Sony a6000 Ouverture 7,1 Objectif : Sony Zeiss 16-70mm FA ZA OSS Lieu de prise de vue : Jura (France). Vitesse d’obturation 1/320S 33
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Maxime Max ne pas envoyé une photo avec assez de résolution, je lui redemande demain. 35
IRIDESCENCE Beauté solaire, éblouissante Regards enflammés, séducteurs Tes joues, pivoines envoûtantes Rose qui éclot en mon coeur Passion, si vive lueur Lorsqu’ Aube, saisissante reine Partage sa douce chaleur Amour, belles couleurs sont tiennes Jalousie, lavande enivrante Mer aux troublantes profondeurs Jardins d’émeraude mourants Grise mine s’y perd, en pleurs Mélancolie, triste pâleur Lorsque Crépuscule, sans haine Partage sa dure froideur Amour, belles couleurs sont tiennes Tant de nuances captivantes Qui se lient, se croisent, sans heurts Emotions uniques, puissantes Tissant la voie des âmes sœurs Reflets du fort intérieur Etoiles nitides, sereines Tachetant l’obscure noirceur Amour, belles couleurs sont tiennes Amor, ornement du rêveur любовь, frasques iridiennes Yëngö, poésie du bonheur Amour, belles couleurs sont tiennes Lenny 36
Celine 37
Sara À gauche : Ain, photographie argentique, 2021 Au centre : Bourgogne, photographie numérique, 2021 À droite : Darina, You yourself are one of the extinguished stars only your light reaches here (série), photographie argentique (boîtier Smena 8m), 2022 38
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En fermant mon regard sur le monde, je m’autorise une pause courte, mais intense. L’intensité, c’est la force et la sagesse réunies en même temps. Et quand je marque ce temps d’arrêt, j’inspire au plus profond de mon être pour ressentir toutes les parcelles de mon corps, celui qui me porte, me pousse, me relève, m’emmène, me blesse et me surprend. J’ose m’imaginer des univers, des scènes de vie, des chimères. Et de cette perception onirique naît un désir ardent. Semblable à une poussière d’étoiles dans l’intersidéral. J’aime me perdre dans ces pensées qui ne mènent pas toujours à du concret, mais c’est pourtant la beauté de l’esprit qui me charme. J’ose m’imaginer des lendemains sans doute, sans peur, sans défiance. Un monde utopique serait-il raisonné ? J’imagine un panel d’expérience, d’avancée, de révolution. Je me pose beaucoup de questions sur notre devenir, nos idéaux et nos volontés. Je me donne des réponses qui me conviennent, mais qui ne sont pas systématiquement en corrélation. Pourtant ce monde imaginé est bien un refuge sur la cruauté réalisable et réalisée. Enfin, j’ose m’imaginer un nous, toi et moi réunis. Je t’avoue que ce sentiment m’est autant étrange qu’agréable et plaisant. Tu es mon monde, et concevoir mon avenir avec toi est bien plus qu’une évi- dence. J’ose réaliser que ta croyance est dépendante du libre-arbitre, pour ne laisser qu’une dose de sérénité, de folie et de repli. Je te rêve dans mes nuits les plus folles mais aussi les plus douces, dans des moments de solitude comme lors des moments de fête. Tu parais parfois tangible, et pourtant si improbable quelques fois. En réalité, ton nom est à la bouche de nos pairs, à la sensibilité de nos chairs, à la divagation de nos hémisphères. Laurie 40
Victoria Villasana, Commission n°9, 2021 41
nudtrécapobonleunh,iulüclanelentlnlesteglikplnödedolcteuépnéols’nsraojgr’iohuuögnpesfberéusö’fe[aerekrrasneoesòydsdodsanedeesuengudsttfetōoforétflca]lueptoebnurounlmteumrn,esieultecnlqaeqlcutenlsuhlasteernpdyddlleseuéalsnsvensehugtrehmrébaueèeonrmdetdssese’ésmspltt.eooutesuruimsiptrseemtla,uepnieslpenqeseuutosnsretm,ssmét.breioirleeeueutsvxpedédesteaalladesoisnudureicts,eoldauapnasixles ko un,iulclaelenllstepdd4leu2ésnshugeréauenrdekdesosnltteoojgs’ouuösfptr’fee[mlrkrsueopsòesodsennesuuegtossfreōfm,tfl]lettebrnuuorptmeruoessvtneqedqöcuesuhaaelrnaysdloesnaluuvenrseicttrhm,eobèlueodamitalspsle’néaamspsni.uxteteleridmsidsseeéta,sennihulpqeeréeuausenetnrsdsemdé.esesiilleteteeooutsnuuxpptrvéedmlatueapaesldeeninsuistrossrdeim,edetbrnseoroleuf’ualsvecmeudi orsessuua.lrraos.mouqnuiueurmasictnj,eaodiludsaleeavpssno,a.lsi.iel.xàltet,rsjeehsüten
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À l’image du kintsugi, cette technique japonaise vieille de plusieurs siècles, je pare mon corps de filaments dorés. Chaque fissure, chaque cicatrice n’est pas «réparée» mais sublimée car chacune d’elle est aussi singulière qu’unique et fait partie intégrante de ce corps habitée par mon âme dans cette vie. « Je ne fais pas peau neuve mais peau d’or. » 44
RÉjouSrnIaLl dIeEl'iNntimCe E 45 Zoe
Thaïs Note de la rédaction : Thaïs a appris à jouer et chanter ce morceau depuis plusieurs mois maintenant. Initialement, sa performance n'était pas destinée à apparaître dans Renc-art. Cependant, lorsque je lui ai proposé de la rendre publique elle a accepté avec plaisir. J'espère que vous apprécierez autant que moi ce mini-concert. Cette chanson s'adresse à toutes ces personnes qui souhaitent délivrer un message à un être qu'elles ne sont pas ou plus en mesure d'atteindre. Belle écoute. Etienne Portrait d’une nouvelle graine d’artiste : 27 ans, maraîcher et cuisinier. Être humain, bon vivant, appréciant l’art sous toute ces formes. Dessine depuis longtemps mais touche rarement un crayon. Intentions et résonances : Pour cette création je me suis inspiré des formes géométriques d’une broderie de Victoria Villasana ain- si que deux poèmes de Dalena, le premier évoquant la fleur comme présent et le second parlant d’un profond mal-être. J’ai couché sur une toile une proposition géométrique de l’hellébore noire (hellebo- rus niger) qui fait partie des plantes cardio-toxique, à la fois médicament et poison tout comme l’amour. J’ai aussi choisi de l’accompagner de quelques vers simples mais riches de sens. Note de la rédaction : La mise en page met en avant la peinture d'Etienne en haut, les deux strophes de son poème à droite et à gauche, une broderie de Victoria Villasana en bas et un poème de Daléna Jeanne qui suit les courbes des deux oeuvres rotondes. Voici les cartels : Victoria Villasana, Cosmic egg #1, de la série Cosmic eggs, 2022 Daléna Jeanne, [sêôko], 2022 Maxime Intentions et résonnances : Cette photographie a été prise lors d'une randonnée dans le Jura en octobre 2021. Ce choix fait référence à l’oeuvre Paysage #3 de Mathilde Polidori. L’association des couleurs douces de cette peinture et les différents plans m’ont inspirés lors de ma sélection. Chacune des photographies que je propose dans la revue ne sont pas prises à l'occasion des appels à projets. Elles font partie de mes collections personnelles et sont sélectionnées en fonction du thème de chaque numéro et de l'univers de l'artiste-muse mise en lumière. 46
Jean-Jacques Note de la rédaction : La mise en page est assez particulière puisqu'elle joue avec les couleurs des fils des broderies de Victoria et fait danser les intentions de certains vers du poème de Jean-Jacques. Ci-desous le cartel de l'oeuvre de l'artiste mexicaine : Victoria Villasana, Sacred Geometry #11, de la série Sacred Geometry, 2022 Lenny Intentions et résonances : Iridescence est une petite ballade : trois huitains suivis d’un envoi en quatrain, le tout en octosyllabe, suivant la logique ABABBCBC). J’ai choisi le thème de l’amour, car ce dernier me semblait parfaitement lier les couleurs et les cultures. L’amour est pour moi l’émotion la plus forte, la plus puissante. Vécue ou simplement perçue, elle est celle qui me touche le plus. Aussi, l’idée de lier cette émotion aux créations de ces artistes m’a beaucoup plu. Les inspirations pour ce poème sont très nombreuses, puisque toutes les artistes ont chacune apporté quelque chose à cet ensemble que je vais détailler. [...] (Rendez-vous sur le site, sur la page des graines d'artistes. Le portrait de Lenny vous permettra d'en savoir plus sur la composition de sa ballade.) [...] L’envoi, composé de quatre vers, m’a permis de remercier d’une certaine manière ces quatre artistes pour l’inspiration qu’elles m’ont donnés. Commençant chaque vers par le mot amour dans la langue de chacune, je lie l’amour à chacun des supports de prédilection employés par Victoria (broderie), Darina (photographie), Dalena (poésie) et Mathilde (peinture). Note de la rédaction : Comme vous l'aurez compris, Lenny a puisé dans les univers des quatres artistes. Pour des questions de légèreté dans la mise en page et afin de profiter pleinement de sa création, celle-ci a été illustrée seulement par une œuvre dont vous pouvez lire le cartel ci-dessous : Mathilde Polidori, L’amour, l’amour, l’amour, de la série L’amour, 2020 Laurie Note de la Rédaction : Si vous avez eu le plaisir de lire les précédents poèmes proposées par Laurie vous avez pu vous rendre compte qu'elle aime la rime. Mais puisque l'exception confirme la règle, elle a souhaité, cette fois-ci, faire quelque chose de différent. L'inspiration en rime ne venait pas comme elle le voulait, alors elle a tenté autre chose. Qu'en avez-vous pensé ? 47
Celine Portrait d’une nouvelle graine d’artiste : Je suis Céline, femme née il y a 47 ans au bout de la Bretagne dans le Finistère, habitante chanceuse de notre belle planète Terre, maman de 3 enfants, pétrisseuse d’argile depuis 2019, enseignante en pause depuis quelques mois parce que la vie a fait que... une dissonance insupportable, et puis le vide, le silence et la reconnexion à mes valeurs profondes. J’ai remis ma vie entre mes mains, paumes et doigts grands ouverts dans l'argile. C'est une folie dans laquelle je plonge sans filet... Intentions et résonances : Les âmes blessées et la beauté qui éclot chez elles me touche infiniment. Jeanne est de ces âmes douces. Et chacun de ses poèmes résonnent puissamment en mon coeur. Nous ne nous connaissons pas. Nos pays, nos vies, nos familles, nos expériences, nos joies, nos déchirures sont différentes, pourtant chacun de ses textes m’enveloppe et m’emporte comme ceux d’une amie proche. Leur immense beauté surgissant des épreuves traversées est comme un pont vers le divin sur lequel je me laisse transporter. Le regard change, la vie est plus belle alors. Et soudain je me permets de croire que la beauté et la reliance pourraient devenir plus puissantes que l’argent et les armes pour changer notre monde. J’ai choisi les poèmes de Jeanne «laissez-moi fleurir» et «makûu» et j’ai laissé mes mains modeler ses maux et ses mots. La jeune femme en argile semble étendue au sol, sa tête est lourde, son regard perdu. Mélancolie, impuissance... pourtant elle est le terreau de la vie. Y pousse les fleurs et l’espoir que la beauté l’aidera à renaître à elle-même. Je travaille l’argile blanche. Jeanne parle de sa peau noire. Noir et blanc, blanc et noir, la couleur, les couleurs, la vie. Que serait le blanc sans le noir ? Que serait le noir sans le blanc? Que serions-nous sans les autres ? Christian Bobin écrit « Je jette le filet de mes yeux sur les eaux du monde détruit puis je les ramène à moi et sauve les poissons d’or ». Jeanne sauve les poissons d’or. Daléna Jeanne, Laissez-moi fleurir, 2022 Daléna Jeanne, Maâku, 2022 Marie Intentions et résonances : Darina, Бунтующих, 2020 Daléna Jeanne, [pâsi]/[hünngö ponö] & [kongö], 2021 Ces œuvres me paraissent paisibles mais reflètent aussi le mal-être au fond du corps. Comme une obscu- rité qui transparaît délicatement entre les lignes de ces poèmes et sur cette sombre photo, qui pourtant met en lumière un objet délicat. 48
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