Un entretien dans cinq chambres A+271 Nous nous réunissons toutes les deux se- La troisième est la Chambre Avis. C’est là quemaines pendant quatre heures. Trois de ces je donne mon feed-back en direct pour la prisequatre heures sont consacrées au traitement des de décision par la Ville. Les autres chambresdossiers figurant au planning. Souvent, nous sont un espace de concertation qui propose unprocédons de manière thématique. Nous exa- accompagnement. La Chambre Avis, par contre,minons par exemple en une après-midi toutes fait directement le lien avec un échange directles habitations de telle société de logement, ou entre les échevins et une concertation fixe avecuniquement les projets de l’UGent, ou tous les les chefs de départements. Ce type d’avis, qui estprojets autour des Oude Dokken. Grâce à cette le plus formel, vise avant tout à donner des argu-approche thématique, au-delà de nous permettre ments clairs pour permettre la prise de décisionde toujours donner un cadre aux membres de la dans le cadre des projets et visions de la Ville.Chambre Qualité, nous aidons également les La quatrième est la Chambre Conception. Cetteautres intéressés puisqu’ils peuvent toujours col- chambre se veut un lieu de rassemblement, delaborer avec nous de manière structurelle. discussion et d’inspiration pour les projets des Lors de chaque séance, nous prévoyons une services urbains et des concepteurs externes.heure pour les questions ad hoc et les urgences. Le projet et la recherche par le projet demeurentIl s’agira par exemple d’un dossier ayant soulevé essentiels pour réaliser des projets de qualité etbeaucoup d’opposition à la réunion précédente créer la ville. Actuellement, nous organisonset sur lequel nous voulons revenir, ou d’un dos- pour cela de petits ateliers de conception poursier surgissant de manière inattendue via des des sites spécifiques, ou nous sous-traitonsprocédures d’obtention de permis et pour lequel l’étude conceptuelle au cas par cas. La Chambrenous n’avons pas de temps à perdre. Conception se veut une plate-forme réunissant La seconde chambre est la Chambre Ville. Ici, structurellement les concepteurs autour de laj’organise la discussion entre les acteurs impor- planche à dessin. Sa force motrice viendra detants de la Ville pour aboutir à un point de vue l’apport des différents savoir-faire partagés parunanime quant à la forme à donner à Gand. les services de la Ville et les externes. De plus, laConvaincre veut souvent dire faire disparaître Chambre Conception est le creuset des concoursles contradictions. C’est dans la Chambre Ville de création. Dans ce contexte, nous allons dé-que ma force de conviction m’est la plus utile, finir une « marche à suivre uniformisée » afinparce que c’est là que toutes les lignes convergent que les concepteurs, mais aussi les développeurset que les contradictions se rencontrent. puissent être sélectionnés à l’issue d’une procé- L’objectif de la Chambre Ville est de parvenir dure claire, ouverte et axée sur la qualité.à un avis de qualité unanime, servant de point La dernière chambre est celle qui, à cede départ ou de décision partagée au niveau de jour, est la moins « aménagée » : la Chambrela Ville. Imaginez la Ville comme une grande Bouwmeester. Nous voulons y dynamiser le débatmaison aux nombreuses pièces, où on ignore sur la ville et élargir la tâche qui consiste à créersouvent ce qui se passe précisément dans la la ville. C’est une sorte d’atelier urbain, à l’ins-pièce voisine. Le Bouwmeester, qui a une vue tar de ce qui existe à Ostende. Nous voulonsd’ensemble, peut concilier les intervenants et y travailler sur une série de problématiquesles amener à regarder dans la même direction. avec les services de la Ville, mais aussi avec lesNous tentons pour l’instant de transposer cela riverains, les organismes d’étude et même lesdans la pratique. Nous voulons travailler avec acteurs socioculturels. Nous voulons mettre surles Chambres Ville programmées par l’équipe du pied des initiatives à la fois pour le grand publicBouwmeester, et avec d’autres que nous laissons et les professionnels. L’année prochaine, nouslibres pour des initiatives des services urbains. allons continuer à étoffer le contenu de cetteChaque Chambre Ville a son propre rythme. chambre. Une des premières grandes initia-Il y a notamment les discussions structurelles tives sera le Festival de l’Architecture en 2019,que nous voulons avoir deux fois par an avec les que le VAi et le Stadsbouwmeester de Gand segrands commanditaires tels que l’université ou proposent d’accueillir.une grande société de logements sociaux. 49 Resistance & Negotiation Adviseur Incitateur Organisateur InspirateurOuvert et objectif Au milieu Collaboration au centre Regard large L’engagement du Stadsbouwmeester se concrétise en quatre rôles spécifiques
A+271 Portrait de l’architecte en acrobate Dans la fable de La Fontaine, si le chêne Après le décès du fermier, fleurit l’idée deest l’incarnation de la résistance et le roseau celle de la transformer cet endroit en un lieu public dédié à la préservation du site du Scheutbos et à son négociation, c’est bien au second que la fable donne exploitation culturelle et pédagogique. Le lieu est finalement raison. Cette leçon de flexibilité pourrait d’abord utilisé en l’état par diverses associations,être une des clés de lecture de la démarche de l’atelier puis un projet de réhabilitation plus ambitieux est mis en place conjointement par la commune et Alain Richard. Pour la Maison de la nature à Beliris, l’opérateur fédéral/Région qui assure ici Molenbeek, elle permet au projet de s’ajuster à un la maîtrise d’ouvrage pour l’étude et le chantier. Le programme sera donc celui d’une « maison de programme et à un site en constant ballottage. la nature » : petite ferme en activité, associée à des Mieux encore, ces détours et rebonds l’amènent à activités de diffusion et d’animation. L’exploitant habitera sur place et jouera également le rôle de construire sa saveur et sa pertinence. concierge du complexe. La proposition initiale de l’architecte, lauréateMichael Bianchi À l’initiative d’une association locale, « les amis du en 2010 de la procédure de sélection, prend acte Scheutbos », la commune de Molenbeek acquiert du statut de trait d’union du projet. Elle déplie en 2003 une parcelle attenante à ce petit morceau sur toute la longueur de la parcelle une longue de campagne préservé dans le tissu métropolitain. interface architecturale rectiligne captant le pu- À l’instar du bois de la Cambre pour la partie blic de la rue et l’accompagnant jusqu’au parc. sud, le Scheutbos constitue une respiration essen- Ce long couloir habité agit comme un élément tielle à l’échelle de toute la partie ouest du tissu signalétique qui distribue l’ensemble du site et bruxellois. Associant un parc récréatif urbain à un s’habille de mobilier pédagogique pour accom- espace semi-naturel, il constitue un bien commun pagner les parcours. Cette traduction architec- attentivement préservé depuis la révision du plan turale constitue une illustration très directe du de secteur bruxellois en 1990. programme. Elle apparaît presque caricaturale Le site concerné s’inscrit comme un trait en ce qu’elle s’impose de matérialiser par un d’union entre la chaussée de Ninove, axe ur- dispositif construit un axe de circulation certes bain très chargé en trafic, et le parc lui-même, signifiant symboliquement, mais dont l’usage ne accessible depuis le fond de la parcelle. Même nécessite pas a priori d’être à couvert. Ce dispo- si l’aspect des bâtiments qui s’y trouvent ne le sitif, de surcroît, réduit la surface de la cour et laisse pas présager, elle comprend déjà une petite dévie les vues vers le nord, alors que le Scheutbos exploitation agricole, avec une étable en partie est situé au nord-est du site. arrière de la parcelle et un corps de bâtiment à Le projet va ensuite évoluer fortement, l’avant, dont l’aspect symétrique et altier l’ap- principalement en raison de redistributions parente à une maison de maître. On notera au successives de l’assiette foncière disponible. passage que cette symétrie n’est qu’illusoire, car En septembre 2012, l’avant-projet doit être for- l’aile ouest est un entrepôt de qualité sommaire, tement adapté en raison de deux contraintes sans lien avec le corps de logis principal. nouvelles : d’une part, l’étable existante, qui On se prend à imaginer l’ancien propriétaire, était conservée dans ses fonctions par le pro- feu Monsieur Claes, en dernier des Mohicans jet, s’avère trop fragile pour être maintenue. face au trafic urbain passant quotidiennement sous ses fenêtres. Toute la saveur paradoxale du site et du programme pourrait s’inscrire dans cette image. 50Resistance & Negotiation Évolution du projet selon les négociations parcellaires avec les voisins
Portrait de l’architecte en acrobate A+271D’autre part, l’école voisine nécessite une exten- de contraintes techniques et formelles propres Évolution des principes distributifssion de périmètre, qui absorbe le fond de la à chaque partie. De même, l’expression des fa- au sein du projetparcelle sur toute sa largeur et presque un tiers çades latérales et arrière du bâtiment principal sede sa longueur. Le lien direct au Scheutbos est distingue nettement de celle de la façade avant,donc compromis. maintenue dans son matériau initial. Pour retrouver ce lien, une bande de terrain L’ensemble apparaît comme un collage, à l’ins-attenante à la parcelle est mise à disposition tar de l’environnement construit dans lequel ilpar la commune, mais sa position latérale in- prend place. Chaque situation du projet trouve unevalide complètement le dispositif architectural réponse architecturale libre de toute assignation àinitial. Le dispositif axial est donc abandon- une homogénéité esthétique globale. Et ce, mêmené au profit d’une mise en valeur du vide de si chacune des articulations entre ces différentesla cour, qui devient une vraie cour de ferme parties est traitée avec le soin et la rigueur carac-avec une distribution entre les différents corps téristiques de l’équipe d’architectes en charge.de bâtiment par l’extérieur. Les étables sont Les évolutions successives du projet montrentdisposées dans un nouveau bâtiment en fond que cette posture induit une grande adaptabilitéde cour, et l’ouverture physique et visuelle vers du projet pendant la conception, puisque cesle Scheutbos se redéploie vers le nord-est. fragments ainsi rendus autonomes peuvent être Une version du projet plus loin, soit un mois déplacés, reformulés, voire supprimés, sansplus tard, les besoins de l’école voisine ont encore fragiliser l’ensemble de la démarche.été revus à la hausse. L’accès au Scheutbos à l’ar- Sans gros risque d’erreur, on pourrait avancerrière doit être réduit à une largeur de trois mètres, que l’évolution du projet une fois les clés confiéeset l’avant de la parcelle doit recevoir des fonctions aux futurs usagers s’en trouvera également faci-de dépose-minute, et donc perdre son statut de litée, puisqu’elle pourra s’économiser le respectzone plantée qui constituait un tampon avec la d’une œuvre trop parfaite, dont de futures trans-chaussée de Ninove. En revanche, le terrain dis- formations ne pourraient qu’altérer l’intégrité.ponible est élargi vers l’est jusqu’au pignon voisin On voit aussi combien ici l’architecte doitet permet donc une plus grande liberté d’amé- jongler avec des contraintes mouvantes jusqu’aunagement de l’avant de la parcelle. Ce pignon point où il devient impossible de démêler l’ap-mitoyen côté rue constitue en outre une présence port de chaque intervenant. Si la parcelle n’avaitsignalétique significative en entrée de ville, et pose pas été modifiée plusieurs fois, le projet serait-ildonc un nouvel enjeu d’aménagement. sorti de son image schématique initiale ? À Les architectes proposent alors d’extraire le qui, ou à quoi, faire crédit du résultat final ? Àlogement du gestionnaire du corps de bâtiment l’architecte ou au commanditaire qui a défini leexistant afin d’habiller ce pignon aveugle d’une cadre de son intervention ? Aux utilisateurs quiprésence habitée. Ce logement y gagne en qua- ont initié le projet ou au site qui agit ici commelité et en intimité, en récupérant notamment un un objet trouvé donnant son sens à toute lavéritable jardin déployé en longueur et dont le scène ? Ou peut-être à la situation elle-même,fond se mêle aux fonctions de la ferme. Disposé qui réunit l’ensemble de ces paramètres ?en entrée de site, ce logement jouera pleinement La figure de l’architecte en « auteur de pro-son rôle de concierge du complexe. jet » disparaît ici au profit de celle de l’acrobate. L’ancien bâtiment, qui n’accueille plus Il n’a pas abandonné son caractère d’artiste ouque des fonctions publiques, y voit donc son de poète, mais se révélera moins dans l’évidenceprogramme clarifié et simplifié. Ceci permet d’un objet livré que dans un certain sens de lanotamment la démolition de la « fausse » aile situation, une habileté au déplacement, délais-ouest, ouvrant la perspective depuis la rue vers sant l’obsession pour la signature.la cour et, au-delà, vers le Scheutbos. Loin de chercher à réparer le tissu hétéro- Le projet est donc passé d’un travail schéma- gène dans lequel il s’insère, caractéristique destique par le plein (le dispositif axial) à un travail périphéries urbaines contemporaines, il prendpragmatique par le vide (la cour et ses accès). acte et donne du sens là où c’est possible, ex-L’axe de départ est toujours présent, mais il est ploitant les accidents, les failles et les potentielsréalisé par l’ouverture visuelle plus que par un mouvants de la situation. « Je ne suis pas uncorps construit. Et l’ensemble du projet, au-delà homme de conflits », m’a confié Alain Richard.des réponses aux contraintes nouvelles imposées Assurément loin de la posture classique depar l’école voisine, a gagné en franchise et en l’architecte qui confond parfois héroïsme etgénérosité vis-à-vis de l’espace public. arrogance, lui et son équipe composent avec En assumant l’éclatement des fonctions en en- le réel, avec une bonhomie salutaire en guisetités distinctes et autonomes, le projet accepte de d’étendard.perdre en lisibilité visuelle pour se constituer enlieu ouvert. Entre le corps de bâtiment existant,le nouveau logement et les étables à l’arrière, lelangage architectural semble avoir été choisi demanière distincte, pour approcher au plus près51
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A+271Les soubresauts d’un nouveau quartier en développement La saga urbanistique du redéveloppement du site de pérément partagées. Les critiques estimaient Tour & Taxis, le long du canal à Bruxelles, remonte que le temple de la musique tel qu’il était pro-aux années 1990. Faute d’une politique et d’une vision posé n’était pas à sa place dans ce quartiercohérentes, cette zone stratégique est tombée dans des paupérisé et redoutaient la destruction d’un mains privées, mais la lenteur du dossier a permis patrimoine industriel important. Un des plusaux autorités régionales d’imposer certains principes. grands toits flottants de hangars d’Europe allait devoir faire de la place à la salle de concert.Laurent Vermeersch C’est au début du 20e siècle que sont construits Après plusieurs années de tergiversations poli- un grand entrepôt et une grande gare de mar- tiques et de plans ajustés, MusicCity a fini par chandises sur le site de Tour & Taxis, du nom mourir en silence. Le débat avait entre-temps de la famille d’aristocrates germano-italienne fait prendre conscience de la valeur patrimo- Thurn und Tassis qui y laissait jadis paître ses niale des constructions sur le site. chevaux de poste. C’est là qu’étaient stockées et contrôlées par la douane toutes les importa- La subdivision du site tions destinées à l’agglomération bruxelloise. Pendant la longue agonie de MusicCity allait surgir Pendant le dernier quart du 20e siècle, le site perd un acteur significatif pour l’avenir du site : Acker- rapidement de son intérêt à la suite de l’unifica- mans & van Haaren. La holding basée à Anvers, qui tion du marché européen et du développement voulait investir dans le projet via sa filiale Leasin- du trafic routier. Face au déclin de l’activité de ce vest, a fini par débrancher elle-même MusicCity. gigantesque site, qu’allait-il advenir des 45 hec- Mais l’intérêt pour le site était né, et Leasinvest tares situés à un jet de pierre du centre-ville ? acheta l’Entrepôt royal et l’entrepôt à toiture en sheds, qui appartenaient jusque-là au Port de Sauvetage du patrimoine Bruxelles. La holding reluquait également les Dans les années 1990, Tour & Taxis accueille terrains appartenant aux chemins de fer, avec la des festivals (Couleur Café) et l’école du cirque. majestueuse gare de marchandises qui allait être MusicCity sera le premier projet de redéve- achetée par Robelco, société appartenant aux pro- loppement concret. Outre une grande salle de moteurs Eric De Vocht et Jan Lisman. En 2001, les concert de douze mille places, le projet prévoyait nouveaux propriétaires créent une co-entreprise également des bureaux pour des maisons de en vue du développement du site : Project t&t. disques, des studios d’enregistrement, une bil- Les principaux bâtiments et les terrains adjacents letterie et un établissement Horeca thématique. étaient donc détenus par des acteurs privés, Les comités de quartier et associations ur- les instances publiques ne conservant donc le baines émettaient de sérieux griefs quant au contrôle que sur la périphérie du site. projet, et les instances locales étaient déses- 57 Resistance & Negotiation © Neutelings Riedijk Architects Projet de réaménagement de la Gare maritime : vue de la nef centrale Neutelings Riedijk Architects
A+271 Les soubresauts d’un nouveau quartier en développementResistance & Negotiation © HOK Premier masterplan de hok pour Tour & Taxis, années 2000 © MSA & Yves Lion Schéma directeur Tour & Taxis de 2008 © Luc Schuiten Projet de MusicCity des années 1990 58
Les soubresauts d’un nouveau quartier en développement A+271 L’appel au vert De l’immobilité à la vitesse grand V © Luc SchuitenEn 2003, le premier master plan présenté par le Si l’élaboration du ppas a tant duré, c’est notammentgroupe Project t&t pour le site ne reçoit pas un parce que la sncb menaçait de réclamer la restitu- MusicCity: vue de la rueaccueil favorable. Une fois encore, la critique tion de son bien. Les chemins de fer avaient assorti la couverte de l’Entrepôt royalreproche aux plans du site de ne pas être adaptés vente d’un grand nombre de conditions. L’une d’ellesaux quartiers environnants. Le grand nombre de était que quelque chose devait avoir été développémètres carrés prévus est également remis en dans un délai de sept ans. Pour s’armer juridique-question. Le projet respecte le Plan régional d’af- ment contre la demande des chemins de fer, Projectfectation du sol de 2001, mais la densification t&t a donc introduit une demande de permis pourprévue finit par se traduire par un appel à créer l’ensemble du site en s’appuyant sur une dispositionun grand espace vert sur le site. Entre-temps, en légale visant à lutter contre les chancres urbains.2004, le nouveau gouvernement régional envi- Comme à l’époque les permis étaient encore décer-sage une politique urbanistique plus ambitieuse. nés par la Ville, les services communaux ne mon-C’est ainsi que, suivant l’exemple de la Flandre, traient aucun empressement à développer un ppasBruxelles crée la fonction de maître-architecte dont les grandes lignes étaient définies par les ins-en 2009. Ce rôle est alors confié à Olivier Bastin. tances régionales. La demande de permis donnait àLa Région, au-delà de vouloir avoir davantage la Ville un tantinet de contrôle, ce qui n’était pas né-son mot à dire, devient également un client po- gligeable vu que certains poids lourds communauxtentiel de Project t&t. Des négociations sont en craignaient une concurrence avec leurs propreseffet entamées pour envisager la construction plans de développement pour le plateau du Heysel.d’un nouveau bureau passif pour l’administration Une fois le permis attribué, le développement durégionale de l’environnement. Tout cela aboutit site allait donc, en principe, pouvoir être poursuivià ce que le promoteur accepte qu’un Schéma sans attendre un ppas. Ce point ne faisait toutefoisdirecteur soit établi. Cette mission est confiée au pas l’unanimité au sein de Project t&t. Entre-temps,bureau msa de Benoit Moritz, qui avait déjà tra- plusieurs points litigieux étaient nés entre les diffé-vaillé précédemment sur des contrats de quartier rents partenaires. Un coup d’accélérateur va êtredes environs. Le Schéma directeur prévoit des donné au développement du site lorsqu’Extensa,passages vers les quartiers voisins ainsi qu’un autre filiale d’Ackermans & van Haaren, acquiertgrand parc comme élément structurant. Celui-ci le contrôle total sur le site début 2015. À ce moment,doit doter le quartier d’un indispensable poumon il était toujours question d’un ppas.vert, mais aussi valoriser la vue qu’on a depuis lepont du Jubilé sur la Gare maritime et le quartier Le vac ouvre la voieNord. Cet espace ouvert avait notamment pour En 2014, Tour & Taxis était déjà en passe d’ac-conséquence qu’il était possible de construire cueillir un nouveau Centre administratif fla-plus haut à certains endroits. Les promoteurs ne mand (vac). Le promoteur s’était adressé àvoulaient toutefois pas réduire le nombre de Neutelings Riedijk pour concevoir un bâtimentmètres carrés prévus (qui avaient été acceptés). pour plus de deux mille fonctionnaires flamands.Pour eux, c’était une question de réalité écono- De Meander avait notamment convaincu Petermique. Le Park Spoor Noord à Anvers, avec son Swinnen, le Vlaams Bouwmeester de l’époque.miniquartier de grands immeubles, allait ici ser- Pour pouvoir réaliser le bâtiment, il fallaitvir d’exemple. Les promoteurs estimaient que ce cependant modifier le permis de la sncb. Len’était pas forcément à eux qu’il incombait de temps était compté vu que le timing de l’admi-remédier au manque d’espace ouvert dans les nistration flamande était très serré. Pour finir,quartiers existants. Ils étaient également récal- la Région bruxelloise délivra le permis assezcitrants à l’idée de construire plus haut. Le pre- vite, en échange d’un grand concours interna-mier master plan prévoyait des développements tional d’architecture pour 80.000 mètres carrésà petite échelle, un peu pour contrebalancer le d’habitations en collaboration avec le nouveaumonumentalisme des immeubles patrimoniaux maître-architecte bruxellois, Kristiaan Borret.présents sur le site. Un consensus politique a Ce faisant, ce dernier voulait concrétiser d’em-toutefois fini par se dégager, et les principes du blée son ambition d’accompagner également lesSchéma directeur furent traduits dans un accord promoteurs privés. Extensa accepta de jeter à lapolitique entre la Ville et la Région, un arrêté poubelle une grande partie des plans précédents.gouvernemental et un Plan particulier d’affecta- Un seul des bâtiments pour lesquels un permistion du sol (ppas). L’élaboration et l’agrément de avait été obtenu antérieurement fut construit.tout cela allaient cependant encore traînerjusqu’en... 2017. Entre-temps, une partie du parc Un peu plus grand... in extremiset un immeuble de bureaux pour Bruxelles En- Lorsque le ppas tant attendu finit enfin parvironnement ont été aménagés d’après un projet prendre forme, les comités de quartier et associa-du bureau néerlandais cepezed, même si Neute- tions urbaines mirent à nouveau des bâtons danslings Riedijk avait initialement été retenu. les roues du projet, cette fois via la plate-forme unifiée TouTPubliek. Kristiaan Borret, se mon- trant compréhensif face à certaines exigences,59
A+271 Les soubresauts d’un nouveau quartier en développement organisa une rencontre avec le ministre-Pré- jeune, le souffle nécessaire pour élaborer une sident Rudi Vervoort. Le maître-architecte par- politique urbanistique volontariste, s’appuyant vint ainsi à faire supprimer un immeuble de sur de meilleurs instruments de planification et plus pour agrandir un peu le parc. Le nombre sur un maître-architecte. Le transfert du centre de mètres carrés autorisés, quant à lui, ne fut de gravité urbanistique des dix-neuf com- plus remis en question. Aucune suite ne fut munes vers la Région, le lent développement réservée à l’appel à construction d’habitations d’une vision de l’aménagement du territoire sociales ou conventionnées. Depuis longtemps, et l’accompagnement de plus en plus proactif il régnait un consensus politique quant au fait du privé, ont aidé Bruxelles dans d’autres dos- que les quartiers environnants étaient déjà suf- siers. À cet égard, l’expérience Tour & Taxis fisamment pauvres. C’est ailleurs qu’il allait fut probablement très riche en enseignements. falloir remédier à la demande de logements Il subsiste cependant des doutes, par exemple abordables. quant au résultat architectural. La multipli- cation des concours et l’intensification de la Conclusion concurrence entre architectes doivent encore Le redéveloppement d’une des réserves fon- se traduire par une plus grande qualité sur cières les plus stratégiques de Bruxelles a eu le terrain. À Bruxelles, les promoteurs n’ont du mal à décoller par manque de vision claire jamais eu peur de réduire leurs ambitions ar- et de pilotage politique. À plusieurs stades chitecturales après avoir obtenu les permis du projet, le flou ambiant a entraîné des blo- requis. Par ailleurs, dans le cas de Tour & cages, tant au niveau politique qu’entre les Taxis, il reste des questions quant à l’intégra- différents propriétaires. Chaque fois que la tion des quartiers environnants et l’appro- situation était à l’arrêt, un compromis cen- priation du site par les voisins moins nantis. sé améliorer les plans sortait de la boîte. Il faut un débat plus large sur la mixité sociale C’est ainsi qu’en premier lieu, le patrimoine à l’échelle de la métropole pour éviter que des industriel du site a été mis à l’abri avant d’ima- îlots plus riches et plus pauvres continuent à giner, au terme de plusieurs étapes, la créa- exister côte à côte ou voient à nouveau le jour. tion d’un nouveau parc. Cela s’est déroulé Sur le site même, le verdict sera en grande par à-coups et en improvisant des solutions partie précisé par les projets en cours tels que ad hoc, pour aboutir au plus grand chantier du la rénovation de la Gare maritime, sur laquelle genre réalisé à Bruxelles depuis le 19e siècle. Neutelings Riedijk planche à nouveau, et du Les améliorations ont été le fruit des pressions nouveau quartier qui sera construit à côté – un exercées par les comités de quartier et associa- projet des lauréats du concours Sergison Bates, tions urbaines. De plus, la lenteur du dossier a AgwA et NoA. offert à la Région de Bruxelles-Capitale, encore 60Resistance & Negotiation © NoA, AgwA, SBA Projet de nouveau quartier résidentiel à côté de la Gare maritime
A+271 L’art de la transgression Qu’il s’agisse de normes et de certification, de mac’s du règlements d’urbanisme et de procédures Grand-Hornu administratives ou d’oppositions nimby, le projet Le projet du mac’s au Grand-Hornu est un d’architecture se doit de les confronter pour autre exemple de l’importance qu’il peut y avoir à construire un narratif solidement an- sortir du champ strict de l’architecture et entrer dans cré dans une analyse approfondie du contexte celui plus large de la société. Et ce, d’autant plus social, culturel et économique du projet pour lorsqu’il s’agit d’un projet transgressif comme le porter au travers des résistances qu’il ne manquera pas de rencontrer. Celle-ci a pous- le MAC’s au Grand-Hornu ou le théâtre de Liège de sé l’architecte à formuler une première hy- l’atelier d’architecture Pierre Hebbelinck. pothèse qui, contrairement aux demandes des maîtres d’ouvrage, consiste à restituer le© Grand-Hornu ImagesPierre Lemaire La pratique de l’architecture peut parfois res- site dans sa globalité mais aussi à prendre du sembler à une longue succession de résistances recul par rapport à la soi-disant filiation du Vues historiques du surmontées et de remises en question. Elle im- Grand-Hornu aux utopistes français, tels Le- Grand Hornu extraites de plique à la fois une conviction à toute épreuve doux ou Lequeux. L’étude historique du site ré- Le Grand-Hornu en cartes et une écoute attentive des besoins et désirs vèle que loin d’une image de grand château, le du maître d’ouvrage. L’atelier d’architecture Grand-Hornu ressemblait davantage à un pay- postales anciennes, Pierre Hebbelinck intègre ces principes au sage industriel d’une extraordinaire efferves- 1994, Marcel Capouillez cœur de sa pratique : d’une part, construire cence où se côtoient lavoirs, établis, échoppes un substrat solidement étayé qui va porter le et infrastructures de convoi de marchandise… projet tout au long et, d’autre part, susciter L’historique démontre aussi que le site a évolué l’adhésion des acteurs du projet et, à défaut, de façon assez désordonnée à travers le temps savoir rebondir sans renier la vision à l’origine et que des doutes persistent sur la paternité de du projet. En fait, « le métier d’architecte est la réorganisation du site en 1825–1831 attribuée par nature à la fois normatif et transgressif. Il à l’architecte Bruno Renard. est toujours en butte à quelque chose qui va De cette compréhension du contexte émerge mal se passer quelque part. On ne sait jamais l’idée maîtresse du projet, celle d’une longue à quel endroit de la conception ou du chantier galerie qui permet de connecter librement les ça va arriver. Enfin, quel que soit l’endroit dans différents éléments du site et le restituer dans sa la chaîne, il y a une créativité d’opposition globalité. Malgré un argumentaire solidement absolument colossale ». étayé, la présentation de cette vision aux maîtres « Je donne souvent l’exemple d’une vieille d’ouvrage et autres pourvoyeurs de fonds reçoit salle de cinéma en Italie. Dans cette métaphore, un accueil glacial suivi d’un long silence d’un an. le maître d’ouvrage est incarné par le projec- « Tout le monde trouve la démonstration parfaite teur de cinéma, la lampe. Ce maître d’ouvrage mais on ne sait pas quoi faire avec ça. Ça résout pense qu’il y a un futur et, dans ce futur pensé, tout, c’est magnifique mais on ne sait pas quoi il implante quelque chose. Après, il y a l’écran, faire. Y’a plus rien qui bouge. J’avais consommé ce sur quoi se projette l’image. Cet écran donne tous les arguments, je les avais tous brûlés. » Une la dimension concrète du projet et, pour moi, en visite des serres royales de Laeken sera l’ultime architecture cette dimension est bâtie. Dans la tentative pour convaincre. En effet, tout comme salle de cinéma, il y a pas mal de poussière que dans le projet sur la table pour le mac’s, les serres l’image doit traverser pour atteindre l’écran. sont reliées entre elles par des passages semi-en- En fait, tel un faisceau lumineux projeté sur un terrés. À ce stade, la négociation redémarre. La écran, l’idée à la source d’un projet parcourt une maîtrise d’ouvrage fait valoir des arguments qui distance pour se concrétiser. Les résistances que sont que le projet en l’état démontre une partie rencontre un projet sont à l’image des poussières de la force même du travail de Renard tel qu’il a que rencontre le faisceau projeté. Il s’agit du abouti. Si la démonstration convainc et fait valoir cône de frottement de l’idée à la société. Plus on des dimensions insoupçonnées du site, l’idée avance, plus ça frotte. Il est évident qu’il y a un d’une galerie ne passe pas. Les maîtres d’ouvrage pic de résistance, c’est le permis d’urbanisme. demandent à l’architecte de trouver autre chose. Mais sinon cet espace de frottement est néces- Retour à l’ambition initiale : comment le projet saire parce que ce sont des formulations qui peut-il permettre une expérience du site comme vont dans l’espace de société, qui se frottent aux un tout ? préjugés, aux normes, aux règles. » 61
A+271 L’art de la transgressionResistance & Negotiation © Institut supérieur d’architecture Saint-Luc Bruxelles, 1999 Esquisses d’avant-projet du Grand-Hornu extraites de Pierre Hebbelinck – Le Musée des Arts contemporains au Grand-Hor- nu, Références XXIII – Démarches architectoniques, Roland MatthuL’avant-projet de reconversion du site du Grand-Hornu postulait une galerie rectiligne liant entre eux les différents éléments du projet © Atelier d’architecture Pierre Hebbelink Axonométrie de l’avant-projet définitif de réaménagement du Grand-Hornu 62
L’art de la transgression A+271 La galerie est alors remplacée par une sélec- sion de frottement qui est inhérente, consubstan- Théâtre de Liège, © Atelier d’architecture Pierre Hebbelincktion de friches et petite place et parc qui, en- tielle à la pratique architecturale. Toujours. » tests de verre pour la façadesemble, reconstituent le site dans son entièreté. Le vitrage du projet porte deux ambitions : Échantillons de verres envisagésUn système fragmentaire va progressivement d’une part, donner une certaine unité au projetdevenir la partie en excroissance, sans jamais alors qu’il s’inscrit sur un site fragmenté et dis- pour le théâtre de Liègeperdre de vue l’idée d’une pensée globale. « Et pose de façades sur trois rues différentes ainsi Test in situ du rendu des feuillesdans cette pensée globale, je voulais retirer 5 % que sur une place et, d’autre part, mettre endu budget et faire mandater tous les trois ans un valeur l’activité théâtrale et la resituer dans l’es- de verreplasticien, un sculpteur pour réaliser un petit pace public. Les pérégrinations architecturalespavillon non chauffé mais qui maintiendrait la de Pierre Hebbelinck l’avaient déjà mis sur labougie allumée de la pensée sur les rapports trace d’un verre qui présentait une diffractionentre l’œuvre et le lieu. » de la lumière assez exceptionnelle. S’en suit une Voilà un projet qui a recomposé une vraie recherche de producteurs locaux pour finale-substance politique et qui a permis d’approfon- ment tomber sur une entreprise munichoise.dir quelque chose qui était sans doute un petit Reste à conformer le matériau à un usage enpeu trop solennel dans la position initialement façade. Après des études approfondies, il s’avèreprise. « Même si la radicalité ou la simplicité que le matériau ne peut être trempé mais qu’ilradicale m’intéressent profondément, il y avait peut être durci. Donc, in fine, par homothétie dequelque chose, peut-être, de dogmatique. Enfin, règlements, l’équipe parvient à faire reconnaîtrece que l’on ne peut pas entendre, il faut trouver le protocole. S’en suivra une dernière négo-une autre voie pour le faire passer. » ciation avec les experts en sécurité. « Et nous sommes parvenus à trouver sur la base des fon- Théâtre de Liège dements de son métier quelque chose qui étaitDans le cas du théâtre de Liège, ce sont les faisable, mais il fallait un tout petit peu y croire.aspects transgressifs du projet qui vont lui me- La négociation a mené à la solution parce quener la vie dure. En effet, l’ambition de l’atelier tout était en place. L’architecture, ce sont desde systématiquement soit tenter d’inventer un quartiers de tarte… On est énormément autourmatériau, soit de détourner un matériau pour de la tarte et chacun pense à son quartier. Noustrouver des usages qui n’ont jamais été mis en au fond, on ramène toujours la balle au centre,œuvre va requérir de l’architecte persévérance balle au projet, au futur. Une des parties de laet force de conviction. créativité de notre métier, c’est de ramener du « Sur la question des normes et des règles, sens sur la matière. »imaginons une gigantesque armoire, avec des « La chose la plus importante dans notretiroirs ; là-dedans se trouvent les six cent quatre- métier c’est de concevoir, c’est de risquer devingt-deux lois et règlements divers auxquels les concevoir. Après voyons. Mais si on fait pas ça,architectes doivent se soumettre. Tout ça dort. on n’a rien fait. C’est vraiment les fondementsCe qu’il faut pour les réveiller, c’est un projet. Et pour moi. Concevoir et expliquer le parcoursalors les papiers se lèvent les uns après les autres de cette conception c’est une suite. C’est déjàselon les prérogatives. Donc il y a cette dimen- des outils. »63 Resistance & Negotiation © François BrixLes façades en verre du théâtre de Liège confèrent unité au projet pourtant implanté sur un site très découpé
A+271 Rapport du programme « Scholen van Morgen » La campagne de construction d’écoles « Scholen van l’adjudication du volet architecture, une phaseMorgen » touche à sa fin. À la fin de l’année prochaine, de création pour l’obtention du permis de bâtir et enfin l’adjudication de la construction et de ce programme dbfm aura livré cent quatre- l’entretien. ag Real Estate COPiD devint maître vingt-deux projets de rénovation et de construction de l’ouvrage délégué, représentant le bailleur de fonds. Contrairement à ce qui se passe lorsque la neuve. Cent cinquante-quatre d’entre eux ont création, la construction, le financement et l’en-actuellement ouvert leurs portes. L’équipe du Vlaamse tretien sont indissociables dans un seul et même marché, ce processus laissait encore de la place Bouwmeester, qui a participé à la sélection à la concertation et aux adaptations.des projets et à leur définition, fait aujourd’hui le point Pourtant, de nombreux architectes sont très critiques quant à la campagne de construction de la situation. Scholen van Morgen. Il n’est en effet pas facile de déterminer si une procédure dbfm laisse suf-Anne Malliet Lorsqu’en 2005, le ministre de l’Enseignement fisamment de place à l’architecture. Le dbfm Frank Vandenbroucke demanda à Marcel Smets, impose une livraison dans les délais et les budgets dès son entrée en fonction comme second Vlaams impartis, ce qui n’est pas une sinécure dans le Bouwmeester, de le conseiller pour rattraper le secteur de la construction. Cette contrainte peut retard pris dans l’aménagement des infrastruc- peser sur la qualité. De plus, les concepteurs, tures scolaires, la manière dont la qualité de qui ont eu à gérer des contrats de très grande l’architecture allait pouvoir être garantie était ampleur, ont dû fournir plus de travail en phase tout sauf une évidence. Un milliard d’euros de création – surtout dans un premier temps – allait être investi par le biais de financements sans que la rémunération soit adaptée. En outre, alternatifs. Un partenaire privé allait être en- l’entrepreneur avait un impact sur les modalités gagé pour prendre en charge le financement, la d’exécution. En effet, les architectes se limitent à conception, la construction et les travaux d’en- une offre de prestations. Ce qu’on appelle le petit tretien (dbfm – Design Build Finance & Main- « d », qui fait partie du grand « D » du design, tenance), en échange d’une indemnité de mise à était donc entre les mains de l’exécutant. disposition pendant trente ans. Par la suite, les bâtiments devaient être cédés gratuitement aux administrations scolaires. Une fois le partenaire privé désigné pour le financement, il y eut un processus assez classique avec successivement 64Resistance & Negotiation Malines Les Ursulines, Label Architecture
Rapport du programme « Scholen van Morgen » A+271 Étude, procédure d’Open Oproep des projets modèles fut également inscrite dans et Studio Open School le décret. Pour vingt-quatre de ces projets mo- dèles, les architectes furent sélectionnés via laLa construction ayant été confiée à un maître procédure d’Open Oproep. Pour les cent cin-d’ouvrage délégué, l’équipe du Vlaamse Bouw quante dossiers restants, une minicompétitionmeester voulait en premier lieu tout miser sur la fut organisée, sans présélection qualitativesensibilisation, l’information et le renforcement comme c’est le cas dans la procédure d’Opende l’utilisateur. La préparation juridique et tech- Oproep du Vlaamse Bouwmeester, et en ras-nique prit du temps, et, vu la crise financière, semblant les missions par lots. Pour la mini-il fallut attendre juin 2010 pour que la balle ar- compétition, on fit appel à un pool de bureauxrive dans le camp du partenaire privé. Ce délai de création, avec tirage au sort lorsque plus defut bien mis à profit pour préparer les projets. cinq candidats se présentaient.L’université de Gand réalisa une étude qui fit Étant donné que notre petite équipe devaitl’objet d’une publication intitulée De school als traiter près de deux cents dossiers scolaires, en concertation avec Studio Open School, nousontwerpopgave. Schoolarchitectuur in Vlaanderen 1995- avons voulu sensibiliser le monde professionnel2005. Les auteurs y constataient que la qualité à la construction de bâtiments scolaires. Toutesdes bâtiments scolaires récents laissait à désirer, les écoles d’architecture de Flandre, soit plus deimputant cela à l’insuffisance, voire à l’absence cinq cents étudiants avec leurs professeurs, onttotale de préparation. Un projet d’école n’est concrètement travaillé sur les sites et les missionsavant tout qu’un besoin de construction. Lorsque pendant deux années académiques. Les projetsses bâtiments vieillissent ou que sa population des étudiants ont servi de premières visualisations,d’élèves augmente, une école peut s’inscrire sur étape importante de la discussion définissant lesla liste d’attente, avec une superficie à réaliser possibilités et les limites, qui mène à la définitionselon la norme physique. À ce stade, la superficie d’un projet. Pour l’extension de l’Emmaüsinsti-est un chiffre qui se calcule d’après le nombre tuut à Aalter, une exposition fut même organiséed’élèves, mais elle ne constitue pas encore un et un prix public fut décerné à un concept quiprojet. Dans l’étude, les bâtiments scolaires ré- contenait le germe du projet de construction défi-sultant d’une procédure d’Open Oproep ont nitif. Pour Woudlucht à Heverlee, les projets remisobtenu une meilleure note. Selon les chercheurs, par les étudiants révélèrent définitivement qu’ilc’est lié à la procédure de sélection qui met en était irréaliste de conserver les bâtiments exis-concurrence cinq architectes pour l’obtention tants vu la nécessité de doubler la superficie. Lesdu marché. Ensemble, ces concepts constituent bâtiments existants ne laissant que peu de placeune exploration spatiale du marché, une étude sur le site et requérant en outre une rénovation enconceptuelle palliant dans une certaine mesure profondeur, la décision fut prise de tout démolirl’absence d’un parcours préalable. pour reconstruire du neuf. À la demande de Marcel Smets, au-delà d’unefonction consultative, la possibilité de réaliser 65 Resistance & NegotiationCourtrai © Dennis De Smet Groupe scolaire, abscis architecten bvba
A+271 Rapport du programme « Scholen van Morgen » Avant même les architectes, les étudiants pièces lumineuses et très hautes possède désor-en anthropologie culturelle du professeur Rik mais une salle de gymnastique dans la chapelle.Pinxten (UGent) avaient commencé à interro- Un état des lieux fut réalisé pour deux autresger les directions, les étudiants, les enseignants projets modèles. Pour l’athénée de Koekelberg,et les riverains sur leurs attentes dans le cadre l’étude révéla clairement qu’on pouvait opterdu projet de construction. Cela aussi livra de pour une réutilisation plutôt que pour un bâ-nouvelles approches, et dans le cas de kta1 à timent de remplacement. À Anvers, sur le siteOstende, il fut même décidé de déplacer un Cadix, on arriva à la conclusion qu’on pouvaitprojet sur le site d’une autre école. Comme le réutiliser les bâtiments scolaires classés de l’ar-projet d’extension de l’école par l’ajout d’une chitecte E. Van Averbeke ainsi que les entrepôtspartie théâtre fut rejeté par les quartiers voi- cad adjacents. Recycler des bâtiments, au-delàsins, GO! décida de l’ajouter au site Ter Zee. d’économiser les matières premières, réduit éga-C’est ainsi qu’un projet plus vaste vit le jour, lement les déchets et le transport, mais, vu lesavec d’innombrables possibilités d’utilisation risques inhérents, il n’est pas évident de trans-élargie. poser le recyclage – et a fortiori la protection du patrimoine classé – dans un projet dbfm. Le Master plans et recyclage projet à Merksem, où un château de 1850 au mi- des bâtiments scolaires lieu d’un parc a été rénové en bâtiment scolaireMarcel Smets plaidait également en faveur de de 2.468 m² pour le Groenendaalcollege, a luiquelques master plans préalables. Nous sommes aussi requis beaucoup de temps et d’efforts. Cesparvenus à dégager un budget pour les sites pour deux dossiers ont nécessité un supplément parlesquels nous estimions qu’une étude prépa- rapport à la norme financière en vigueur pourratoire était utile. Les pouvoirs organisateurs la construction de bâtiments scolaires. Pour leou la commune devaient suppléer. C’est ainsi Groenendaalcollege, le supplément s’élevait àque des études de faisabilité furent réalisées 282,50 € par m². Pour le projet Cadix, le sup-pour neuf sites. Grâce à l’une d’elles, un projet plément ne fut que de 69,23 €/m², pour la ré-fut même hissé au rang de projet modèle. À novation de 10.684 m², dans un projet portantla Sint-Lievenspoort à Gand, un couvent du sur 24.073 m². Une excellente performance par19e siècle était voué à la destruction pour céder rapport aux pratiques courantes dans le mondela place à une nouvelle école d’enseignement de la rénovation.spécial, raison pour laquelle il n’était pas propo- Le projet du Sint-Franciscuscollege à Heus-sé comme projet modèle. L’édifice néogothique den-Zolder est un exemple type dans le paysageen brique, non classé et datant de 1873, sem- scolaire flamand. Ce complexe comprenantblait toutefois encore réutilisable. Un couloir une école et un couvent et qui a grandi au filen verre et un espace polyvalent furent ajoutés du temps dans le quartier verdoyant de Ber-au jardin du cloître. Le bâtiment scolaire aux kenbos propose aujourd’hui toutes les orienta- 66Resistance & Negotiation Ostende © Tim Van De Velde Campus kta 1, Lams Van Mieghem Architecture
Rapport du programme « Scholen van Morgen » A+271tions scolaires. Du coup, il fallait que le campus Écoles et renforcement/existant puisse accueillir pas moins de six cents densification des centres-villesétudiants de plus. Une grande extension de Certaines écoles secondaires en contexte urbain10.000 m² imposait une approche bien réfléchie sont devenues des projets modèles par la manièreoù rénovation, démolition et construction neuve dont elles contribuent à la vie et à la multifonc-aboutiraient à une revalorisation de l’ensemble tionnalité du centre-ville. Souvent, les écoles quidu campus. Heureusement que cette approche se développent en contexte urbain ont du mal àfaisait partie des solutions possibles. De sur- se maintenir vu le relatif manque de place pourcroît, comme à Gand ou à Koekelberg, ce projet des extensions. Ce fut également le cas à Malines,est resté dans la norme financière. tant pour l’école des Ursulines que pour l’École À Courtrai, le groupe scolaire dpsa a réalisé technique. Pour ces deux établissements, quitout un travail préparatoire. Le réaménagement occupent une grande partie d’un îlot, l’extensionde l’offre en matière d’enseignement a ici été n’était possible que moyennant la démolition et laassocié au développement d’une vision à long reconstruction d’une partie. Dans les deux pro-terme concernant le patrimoine du groupe. jets, la densification requise rencontra manifes-L’université de Gand a analysé la situation tement des résistances. Ce genre de situationen termes de construction et cartographié la demande du temps, et parfois aussi un processusmanière dont les cours proposés pouvaient s’y de concertation avec le voisinage. Se déplacerintégrer. En intégrant les master plans relatifs vers la périphérie de la ville aurait radicalementà l’enseignement et à la construction, le nombre changé la problématique de la mobilité pour desde sites a pu être réduit. Ce master plan se tra- centaines d’écoliers. De plus, le mode de finan-duit dès lors par cinq projets de construction cement des constructions scolaires ne stimule passur trois sites. des constructions qui renforceraient la ville et son Le dbfm, c’est de la gestion des risques. Le centre. Contrairement à ce qui se passe pour lesprincipe de base consiste à confier les risques logements sociaux, la norme financière applicableaux parties les mieux à même de les maîtri- à la construction de bâtiments scolaires – c’est-à-ser. En théorie, c’est la partie chargée de la dire un chantier sur un domaine scolaire limitéconstruction qui gère le mieux le risque lié à la encore en service – ne tient pas compte du fait querénovation, mais, dans la mesure du possible, la construction en milieu urbain coûte plus cher.les formules dbfm évitent les risques pour resterplus facilement dans les limites de budget et de Écoles et habitationstiming proposées. Une connaissance approfon- L’athénée royal « Pro Technica » à Hal disposaitdie du bâtiment peut contribuer à mieux évaluer de deux vastes terrains près de la Broekborre,ces risques. avec, sur le campus du haut, des ateliers récents, et sur le campus du bas, uniquement des pavillons épars. Le site, situé à cinq minutes de marche de 67 Resistance & NegotiationAnvers © Filip Dujardin Cadix, Korteknie Stuhlmacher Architecten
A+271 Rapport du programme « Scholen van Morgen »la gare, semblait convenir pour une densification. requiert des managers de projet et un encadre-Un master plan indiquait que tous les bâtiments ment. L’application stricte de la législation – ci-neufs pouvaient trouver une place dans le campus tons les ascenseurs pour l’accessibilité – et ladu haut, à l’exception de la salle de sport. Par son part croissante des éléments techniques dans leimplantation de l’autre côté de la rue, elle est plus coût de construction absorbent toutes les marges.facilement utilisée par le voisinage pour des ac- Ce sont surtout les projets plus modestes, oùtivités parascolaires. Le terrain libre permet par les économies réalisées en cours d’exécution seailleurs de construire de l’habitat, mais aussi un ressentent dans le résultat final, qui en subissentpetit terrain de jeu ou un espace vert. l’impact. Dans les campagnes de construction En contexte urbain, la combinaison d’écoles plus importantes, l’avantage d’échelle intervient.et d’habitat contribue souvent à une densification Les grands projets conviennent mieux au dbfm,et à une plus grande mixité des quartiers. Dans comme l’indiquent les différences de surcoût dansle cadre de cette campagne, il n’était toutefois le cas du Groenendaalcollege et de Cadix.pas possible d’ajouter la construction d’habita- Les besoins des écoles flamandes sont élevéstion. Sur le site Cadix, en revanche, de l’habitat et les moyens sont limités. Il faut en permanencea été intelligemment développé en association chercher comment réaliser des bâtiments sco-avec l’école technique à laquelle il est adossé. laires généreux sans déborder des limites finan-En dérogeant au schéma classique de construc- cières. De nombreux sites scolaires historiquestion en périphérie d’îlot, d’une part, l’idée d’une exigent du sur-mesure. Les thématiques de lacour intérieure partagée est rendue possible sans réorganisation et de la reconversion nécessitentcréer de nuisances, et, d’autre part, davantage une bonne préparation ainsi que des choix étudiésd’habitations avec vue sur les quais peuvent être de financement régulier, que ce soit en dbfm ouconstruites. Si nous voulons parvenir à réduire les en cpp. Le partenariat professionnel Scholenespaces occupés en Flandre, nous allons obliga- van Morgen, qui visait à soulager les directionstoirement devoir partager les terrains et cumuler d’écoles, est une procédure qui a réussi dansles affectations. Une école au rez-de-chaussée des missions complexes. La nouvelle campagned’un complexe d’habitation avec usage partagé de de construction prévoit que la conception, lal’espace extérieur sera davantage une cpp qu’un construction et le financement soient attribuésprojet dbfm. Il semble pertinent de mettre en en une seule fois. Il restera donc encore moins deœuvre des modèles financiers adaptés aux be- temps de réflexion et de place pour l’adaptation.soins de la société. Une préparation correcte et une administration Reste à déterminer s’il a été dans certains scolaire professionnelle seront dès lors plus im-cas question de gaspillage de moyens financiers. portantes que jamais.Une bonne partie du budget a certainement étéconsacrée à l’overhead et aux études supplémen- en collaboration avectaires réalisées par les bureaux propres aux en-trepreneurs, mais un projet d’une telle ampleur 68Resistance & Negotiation Gand © Stijn Bollaert BuBaO Sint-Lievenspoort, evr Architecten bvba
70 A+271 Les pages Guest sont publiées en collaboration Guest avec la Cellule architecture Forme et fonction, une synthèse nécessaire Dans un zoning à vocation d’activité économique pour paysager et traversant du site. Du point de vue de l’aménagement la recherche, l’ASBL Materia Nova propose une intérieur, cette mise en place a aussi pour conséquence de générer des espaces qui ne bénéficieront plus de lumière naturelle. extension pour ses laboratoires qui puisse aussi servir Celui du bureau Van Eetvelde, qui pourtant avait plutôt reçu un de vitrine à ses activités et de nouvel accueil pour ses accueil enthousiaste des représentants de Materia Nova, parce que visiteurs. L’équipe de V.O., en s’écartant des contraintes son principe d’architecture paysage est peu justifié dans le contexte environnant et nécessite des moyens financiers importants (et hors du lotissement, apporte une solution efficace budget). Si l’image peut sembler séduisante, la radicalité formelle sur le fond et forte sur la forme et sa matérialité. du projet entraîne de nombreuses questions quant aux qualités des espaces proposés, aussi bien intérieurs qu’extérieurs.Daniel Linze Il restait donc deux projets, avec de belles qualités, et très dif- férents dans leurs partis pris, qu’ils soient topologiques ou typo-Le maître de l’ouvrage, Materia Nova, centre de recherche spécia- logiques. L’équipe Matador d’abord, dont le projet prouve leurlisé dans les matériaux doit, pour répondre au développement de habileté à travailler la grande échelle autant que la petite. Tout enses activités, agrandir ses infrastructures afin d’accueillir de nou- préservant l’autonomie de chacun des bâtiments, le nouveau hallveaux équipements. Pour ce faire, son objectif est de construire sur plan carré permet l’articulation du bâtiment existant avec sonune extension qui permettrait de regrouper dans un seul espace environnement immédiat et plus lointain. Le hall de démonstra-un même secteur de recherche, de qualifier une nouvelle entrée tion joue sans ambiguïté sur l’image d’un bâtiment industriel à laet une zone d’accueil pour les visiteurs et, in fine, de réaménager technologie affichée et son organisation intérieure est d’une grandeles espaces du bâtiment existant laissés vacants. fonctionnalité avec déjà, à ce stade du projet, des attentions aux Le bâtiment existant, situé dans le parc Initialis dans la pé- usages très détaillées (par exemple, des plans de travail intégrés).riphérie de Mons est le résultat d’un concours gagné fin des Malgré cela, certains choix très affirmés ne rencontraient pas toutesannées 1990 par le bureau Matador. La situation du bâtiment a les attentes des commanditaires : à savoir, la zone d’accueil et laaujourd’hui bien changé. salle de réunion séparées, le plan carré qui permet peu de solutions Quant à son usage d’abord, puisqu’il était prévu pour deux oc- d’extension future, la toiture plate assez basse qui s’offre aux regardscupants distincts, chacun occupant une aile du bâtiment – les depuis les étages du bâtiment existant...coursives et le « Lady Bug » (l’espace extérieur/intérieur reliant Le projet de l’équipe v.o., ensuite, implante très simplementles coursives desservant les deux ailes du bâtiment) étant censés l’extension en la mettant parallèle et à distance suffisante du bâti-permettre le lien relationnel entre les divers usagers –, et qu’il est ment existant et en aménageant un parvis proportionné à la nouvelleaujourd’hui occupé par une seule entité. Quant à son environne- configuration des lieux. Mais la qualité principale de la proposi-ment ensuite, puisque les belles intentions paysagères, de regrou- tion tient dans la singularité séduisante d’une typologie en shedspement programmatique et d’unité de matériaux ont disparu au reconnaissable entre toutes et associée sans équivoque au mondeprofit de considérations plus prosaïques. Exit la promenade verte de l’industrie et sa matérialité en bois, dérogeant avec bonheur auxet l’unité de fonctions et de matériaux. prescriptions du parc Initialis quant aux matériaux de façade. Un marché public de services par procédure négociée avec La plus grande qualité de cette matérialité étant qu’elle estpublicité belge est lancé. aussi bien de parement que constructive et l’expression des progrès Après concertation entre les membres du jury, des treize candi- d’une technologie très actuelle. Ce qui correspond parfaitementdatures reçues, quatre équipes sont désignées pour participer à la aux attentes du maître de l’ouvrage en termes de lecture et de visi-seconde phase de la procédure. Les réponses de ces quatre équipes bilité. Certains points cependant mériteront d’être retravaillés : lecomportent toutes certaines qualités, mais, très vite, l’attention volume attenant rencontre maladroitement la structure en sheds,du jury s’est focalisée sur deux projets, très différents mais chacun les ouvertures semblent encore peu réfléchies, la visibilité timideriche d’un parti pris identifiable et sans ambiguïté. Les deux autres de l’entrée en concurrence avec la proximité du « Lady Bug », laprojets ont été écartés. passerelle encore trop ténue entre les deux bâtiments... Celui du bureau AgwA parce que son principe de créer une Malgré un projet moins abouti que celui de Matador, v.o.aile perpendiculaire au bâtiment existant, en s’y accolant en son recueillera une grande majorité des votes favorables du jury etcentre, pour favoriser la création d’un parvis public côté rue et assurément ceux des futurs utilisateurs, séduits par son expression,d’un jardin à l’arrière est mis à mal, à l’avant, dans la relation de ses promesses de lumière et d’ambiance intérieures ainsi que parcet espace urbain et une nouvelle façade somme toute très hermé- sa simplicité et la pertinence de son fonctionnement.tique et, de l’autre côté, en créant un second arrière d’immeuble,très qualitatif, mais réservé aux privilégiés et niant le caractèreGuest
A Forme et fonction, une synthèse nécessaire A+271 71 Guest C C B B D1/200 D A REZ + 1 A 1:200 01 5 NNN C C B B D D 1 A REZ DE CHAUSSEE 1:200 01 5 0 2 10m V.O. Architecture et design mobilier Acoustique Design signalétique Stabilité Techniques spéciales et PEB Daidalos Ekta Ney & Partners Détang
72 A+271 Forme et fonction, une synthèse nécessaireGuest 0 2 10m AgwA Architecture, acoustique, design mobilier, administration coordination et paysageAcoustique Design signalétique Stabilité Techniques spéciales et PEB Kahle acoustics Speculoos Bollinger & Grohmann Détang
Forme et fonction, une synthèse nécessaire A+271 73 Guest M AT E R I A N O VAPLAN RDC OPTION A 1/200 0 2m 5m 10 m 0 5 10m Atelier d’architecture Matador Architecture, design mobilier, PEB, expert prévention Acoustique Design signalétique Stabilité Techniques spéciales et PEB Daidalos Peutz COAST Agency AAIA Ingénierie & Sécurité
74 A+271 Forme et fonction, une synthèse nécessaireGuest 0 2 10m Van Eetvelde Architectes Architecture, design mobilierAcoustique Design signalétique Stabilité Techniques spéciales et PEB Daidalos Peutz Salut public Matriche Matriciel
76 A+271 Product news Dégât des Sans compromis eaux enrayé Conçu par le studio de design noa, expert de l’aménage- Le système de sécuri- ment adapté aux personnes handicapées, le système 900 té Grohe Sense Guard de Hewi offre un équipement haut de gamme qui permet permet de détecter les aux patients de se sentir bien avec un confort élevé. Les micro-fuites, de trou- produits séduisent par leur fonctionnalité, leur quali- ver d’éventuels tuyaux té durable, leur technologie d’assemblage astucieuse et cassés et d’arrêter leur conception hygiénique. Disponible au choix en acierautomatiquement l’alimentation en eau en assurant un inoxydable poli mat ou chromé brillant, il peut être com-contrôle complet de l’approvisionnement. Une fonction biné avec des éléments en polyamide ou en verre satiné.qui peut être réglée via l’application Grohe Ondus. La www.hewi.comsociété a reçu le German Design Award dans la catégorie« Building and Elements » pour Sense et Sense Guard et Collectiona également remporté un prix « Produit » lors des Iconic diversifiéeAwards. La gamme Keramagwww.grohe.be Acanto se singula- rise par une grande Livraisons diversité de maté- sécurisées riaux et finitions La boîte à colis en alu – verre, métal, bois, thermolaqué Fenix peinture laquée – et Front d’eSafe permet choix de couleurs. d’être informé du mo- Elle comprend un ment de la livraison des large assortiment paquets. Ultra-plate, de lavabos, de l’unité vidéo externe meubles de salle de Niko Home Control est bains, d’éléments de intégrée dans la boîte division de pièce, de et reliée par un câble solutions de range- 24V pour l’alimenta- ment, de panneaux tion. Grâce à ce vidéo- muraux suspendus, phone, le livreur prend de wc Rimfree à la contact à son arrivée et, technique brevetée via l’application, il est particulièrement hy- simple de déverrouiller giénique, de bidets la boîte à distance et et de baignoires. de la refermer une fois Une offre qui per- les colis à l’intérieur, ce met à chacun de que le détecteur vous a concevoir une salle indiqué. de bains personna- www.my-esafe.be | lisée jusque dans les www.niko.be moindres détails, même si c’est un petit espace. www.keramag.be Pour plus d’efficacitéLe groupe Geberit entreprend de simplifier son porte-feuille de marques, devenu plus complexe à la suite durachat et de l’intégration des produits en céramique deSanitec en 2015. Keramag sera ainsi commercialisée sousle nom « Geberit » à partir de 2019, tandis qu’Allia, PozziGinori et Sphinx suivront en 2020. Les autres marques– Ifö, ido, Porsgrund, Twyford, Kolo et Colombo – conti-nueront d’évoluer au sein du groupe Geberit pour ce quiconcerne les technologies d’installation, les domaines deproduits, les segments de marché et les canaux de vente.www.geberit.be
Product news A+271 77 Chauffage au bois Look urbainSource d’énergie renouvelable et donc plus durable que le LacollectionHumanConnec-gaz et l’électricité, le bois est paradoxalement parfois consi- tions, conçue pour Inter-déré comme plus polluant. L’un des facteurs de cette per- face par David Oakey, s’ins-ception négative est le rejet de particules fines. « Mais la pire de lieux de rencontresprincipale cause de celui-ci, c’est qu’en réalité les poêles urbains. Elle se compose deet foyers sont trop vieux et ne respectent plus les normes dalles de 50 cm x 50 cm enécologiques », explique Stûv. D’après l’enquête menée pour huit styles différents qui sele compte de la société, il semble que plus de la moitié des combinent avec les sériesfoyers ait plus de dix ans, or 28 % seulement seraient rempla- déjà existantes et s’inscritcés. En matière de convivialité, d’ambiance et d’agrément, par ailleurs dans le déve-le bois est de loin le mode de chauffage le plus prisé (44 %), loppement durable : elle re-suivi par le chauffage par le sol (20 %). Près de un Belge sur pose sur un système de filstrois déclare chauffer son logement au moins partiellement teintés dans la masse 100 %au bois. Matière locale renouvelable et bon marché, le bois recyclés et se compose enest une alternative pertinente aux combustibles fossiles. moyenne de 56 % de ma-www.stuv.com tériaux eux aussi recyclés. Elle est compatible avec l’installation TacTilesTM d’Inter- Douche de tête face, qui fonctionne sans colle et forme un sol « flottant ». Conçue en collabora- Les dalles sont donc faciles à remplacer si nécessaire. tion avec Phoenix De- www.interface.com sign, la ShowerHeaven 1200/300 4 jets (avec Visualisation 3D éclairage) d’Axor, L’app MyDaylight qui mesure 1,2 m sur de Velux permet de 30 cm, se veut un spec- concevoir et de visua-tacle associant lumière et mouvement. Sa surface généreuse liser un projet d’amé-offre trois jets différents que l’on peut sélectionner individuel- nagement ou de réno-lement ou utiliser simultanément : le soyeux PowderRain, le vation en paramétrantjet pluie revigorant et le monojet pour un massage puissant. les dimensions du sol,www.axor.be la hauteur du toit et celle du plafond. Personnalisable en y ajoutant les fenêtres, les finitions de plancher et de mur, les Sculptural meubles, l’emplacement de la pièce. Une simulation numé- Simple et intuitif, le radiateur rique est ensuite envoyée et peut être vue à 360° ou en réalité en acier It Is du studio Ange- virtuelle. Celle-ci offre une reconstitution réaliste de la pièce letti & Ruzza pour Van Marcke et des effets changeants de la lumière du jour à l’intérieur, ce Collection se distingue par sa qui permet de comprendre comment cette dernière peut être corniche rectangulaire qui en- utilisée pour transformer des espaces de vie. MyDaylight est cadre les barres horizontales téléchargeable gratuitement sur iOS et Android. en se positionnant légèrement www.velux.be/fr/mydaylight-app derrière. Il peut être installé à la hauteur désirée et est livré avec un porte-serviette. Ce dernier et l’étagère pour pro-duits de toilette sont chauffants. Avec ses finitions chroméesou chromées noires, il est disponible en trois hauteurs etdeux largeurs.www.vanmarcke.com Chaudière murale au gaz Couleurs rétro Grâce à l’intelligence intégrée Les briques de parement Archipolis de Wienerberger doivent de la plate-forme électronique leurs tons aux engobes nébulisés, constitués d’une fine poudre eSmart, la Remeha Calenta d’argile colorée, épandus sur la brique et cuits avec elle. Un Ace s’adapte à un environ- procédé qui se traduit par une palette aux couleurs à la fois nement connecté et convient riches et chaudes avec des nuances de jaune, rouge, brun et là où il faut un ou plusieurs noir. La texture superficielle est également très diversifiée. circuits de chauffage ou pour Sa forme longue et étroite (± 240x65x40 mm) convient pour simplifier des installations des façades linéaires. La minceur de ce format Eco-brick plus complexes. Cette tech- crée de la place pour une plus grande épaisseur d’isolation nologie ne se limite pas au ou davantage d’espace habitable.contrôle à distance de la chaudière, mais assure également www.wienerberger.besa communication avec des thermostats intelligents, passe-relles, interfaces et toutes sortes d’applications. Elle veilleégalement à ce que la pression d’eau dans le circuit de chauf-fage soit maintenue au niveau correct. La chaudière informel’utilisateur via le panneau de commande, le thermostateTwist et l’application eTwist et est disponible en différentesversions et puissances.www.remeha.be
78 A+271 Product news Sculptural Écologique et Libéré des contraintes intelligent d’un radiateur mural traditionnel, T Tower, Avec ses contours ar- créé par Matteo Thun rondis et son extrême et Antonio Rodriguez minceur, le radiateur pour Antrax, devient électrique Paros E de un élément de déco- Radson est person- ration intérieure po- nalisé au niveau des lyvalent et combine dimensions, couleurs performance et éco- et finitions. Sous la surface se cache une technologie en- nomies d’énergie. Fa- traînant une réduction de la consommation qui respecte briqué avec des pro- les nouvelles directives européennes. Parmi les fonction- filés en aluminium, nalités : l’icts (Intelligent Temperature Control System) il est conçu pour qui définit le mode de chauffage le plus économe en énergie diffuser la chaleur pour atteindre une température donnée, un indicateur qui aussi bien pour l’eau renseigne sur son comportement « écologique » à l’aidecourante que pour l’électricité et est disponible dans les d’un voyant led ou encore la possibilité de détecter unedimensions 170x14x22 cm. Dans la version électrique, il fenêtre ouverte. La consommation en veille est aussi consi-est équipé d’une base ronde spéciale en acier inoxydable dérablement réduite.satiné. www.radson.comwww.antrax.it Pour maisons Électricité et passives chaleur Poêle de chauffage La cogénération Vi- central à faible cha- tobloc 200 de Viess- leur rayonnante, Pio mann génère à la fois de ddg a un rende- de l’électricité et de la ment nominal de 6 kW, chaleur et est idéale dont environ 3 kW de pour les immeubles puissance de rayonne- qui comptent plus de ment et 3 kW de ren- trente habitations, hô- dements au niveau de tels de taille moyenne, l’eau, de sorte que l’eau maisons de repos, pis- chaude pour les sani- cines et centres com- taires puisse être diffu- merciaux. Ses utili- sée de manière égale. sateurs ne dépendent Sa combustion trèsque partiellement du réseau et peuvent exploiter l’électricité élevée (près de 90 %)produite pour eux-mêmes ou la réinjecter sur le réseau. Forte limite les émissionsd’un rendement total allant jusqu’à 95 %, la Vitobloc 200 se de co et de particulesprête aux projets de construction et de rénovation. Dans cer- fines. Il se compose d’un puissant transformateur de chaleurtains cas, l’appareil est rentabilisé en moins de trois ans. Les qui transfère la chaleur produite à l’installation de chauf-modules de cogénération fournissent des puissances allant de fage central et à la chaudière sanitaire ; ainsi, chaque pièce6 kWel et 14,8 kWth à 530 kWel et 600 kWth. peut être chauffée, même par chauffage au sol. Il peut éga-www.viessmann.be lement être branché sur la chaudière du chauffage central (existante) ou relié au circuit de la pompe à chaleur avec le Radiateurs réservoir tampon. électriques www.ddg.be Conformes aux nou- velles directives Eco- Pompe à chaleur design européennes, géothermique Beams et Bryce signés par Wim Segers sont La Logatherm wsw 196 iT de Bu- aujourd’hui proposés derus se réclame d’un label ErP par Vasco en versions A+++ et du meilleur scop sur leultra-minimalistes : Beams Mono et Bryce Mono. Ils se ca- marché. Associée à des panneauxractérisent par un profilé en aluminium de seulement 150 mm PV, elle permet de ne plus dé-de largeur. Chaque profilé peut être monté indépendamment pendre des combustibles fossiles.ou associé à d’autres modules, dans la même teinte ou non. Grâce à la technologie Inverter,Le collecteur et le kit de vanne sont camouflés et les fixations, elle s’adapte automatiquementintégrées. Le réglage de la température est tout aussi flexible aux besoins avec une plage de 3 àgrâce à l’appli Vasco Climate Control ou via le thermostat. 12 kW. Le boiler intégré de 285 l as-www.vasco.eu sure un confort en eau chaude tan- dis que les dimensions compactes et le faible niveau sonore offrent la possibilité de la placer dans un espace de vie. Elle est contrôlable via l’app MyDevice. www.buderus.be
Product news A+271 79 Contre la pollution Pour lieux publicsCompactes, solides et peu poreuses, les briques Floren Les tapis de propreté Emco ont été enrichis de quatre sé-protègent naturellement les façades contre la pollution ries : Contura, Prestige, Innova et Care. Chacune illustréeet la détérioration. Nouvelle venue, Alpha a une surface par un choix de motifs particuliers en relief et de nombreuxrugueuse et des coloris dominés par des tons gris clair et coloris. Ils conviennent pour une utilisation professionnellebeige, avec quelques accents foncés. Elle se prête bien à dans les centres commerciaux comme dans les hôtels, bâti-l’architecture d’aujourd’hui, en pose collée ou rejointoyée. ments publics, bureaux ou centres de soins et sont pour lawww.floren.be plupart adaptés au passage de fauteuils roulants et déambu- lateurs. Tous satisfont aux exigences antidérapantes ds de Esthétiques et performants la norme en13893 et à la classe d’incendie Bfl-s1 ou Cfl-s1La société Jansen est spécialisée depuis longtemps dans la de la norme en13501-1. Ils peuvent être coupés sur mesureréalisation de menuiserie en acier qui réponde d’une part et fondus dans le sol ou être posés sur celui-ci comme unaux demandes esthétiques des architectes et d’autre part aux tapis avec un cadre de finition. Les dimensions des rouleauxexigences les plus strictes en ce qui concerne l’isolation ther- varient de 100 à 200 cm. Une boîte d’échantillons gratuitemique et acoustique, la résistance au feu et à l’effraction et peut être commandée sur le site.la durabilité. Et ce pour des applications à l’extérieur ainsi www.emco-bau.comqu’à l’intérieur d’un bâtiment. Pour la rénovation du bâti-ment « Boekentoren » à Gand, Jansen a développé la série Sou Fujimoto à RealtyJanisol Arte 2.0 : des profilés ultraminces à rupture de pont Ce 16 mai, l’architecte nippon sera l’invité d’honneur et lethermique, avec joints intégrés, qui permettent de réaliser principal intervenant du plus grand événement du secteurdes fenêtres battantes avec des dimensions de 100x240 cm immobilier en Belgique. Quelque sept mille visiteurs sontet des fenêtres basculantes de 137x157 cm. Les Arte 2.0 sont attendus à ce salon réunissant architectes, promoteurs,disponibles en acier, acier Corten et acier inoxydable. avocats, décideurs politiques, investisseurs et banquierswww.ods.be pendant deux jours. Des spécialistes du secteur viendront parler de leur vision et des attentes du marché. Un grand dé- bat des bourgmestres aura lieu pour la première fois, entre des maïeurs de Wallonie, Bruxelles et de Flandre. Pendant les deux journées du salon, de nombreuses sociétés techno- logiques s’installeront dans « l’Innovation Pavilion » pour présenter des nouveautés susceptibles d’influencer le secteur dans les prochaines années. Enfin, les architectes pourront également visiter le « Showroom », où une série de projets seront présentés. Le 17 mai, un jury indépendant composé de professionnels décernera les premiers Real Estate So- ciety (res) Awards dans trois catégories. Realty se dérou- lera les 16 et 17 mai sur le site de Tour & Taxis à Bruxelles. www.realty-brussels.com Nouveau showroom Lieu de rencontre pour talents créatifs et spécialistes d’inté- rieur, « Clustr aesthe- tics collective » vient d’ouvrir ses portes à Gand. L’espace ex- pose des marques à la fois belges et internationales. Mo- roso, dont les fondateurs de Clustr sont également distri- buteurs, est la plus représentée, complétée par : Diesel by Moroso, Frankly Amsterdam, Gram Design et Il Circolo Del Tempo, Deluci, Wilfra concept & création, Trizo21, Bosmans, Haarden et Debra. www.clustr.be
80 A+271 Product news Briques de parement UltraminceDans les séries Nature7 de Vande Moortel sont venues Le coulissant en alu-s’ajouter la Brick J et la Brick W au format écologique minium de qualitéet, dans la série Linea, la linea 9001 et la linea 7035, des supérieure Confortpierres longues et plates pour accentuer l’horizontalité des Smartline xs de Sapabâtiments. Elles sont fabriquées selon le label hand-made, est un des châssis lesce qui veut dire qu’au sein d’une production, de fortes plus minces grâce àdifférences naturelles de couleurs apparaissent suite au une largeur de visionprocessus de cuisson en réduction. Le façonnage manuel de moins de 36 mm. Il répond aux exigences de la réglemen-rend aussi chaque pièce unique. La briqueterie complète tation peb qui impose une valeur d’isolation du châssis (Uw)sa gamme avec deux teintes pâles pour environnements inférieure à 1.5 W/m²K. Il a une profondeur de constructionurbains, le blanc crème et le gris. de 160 mm et est disponible en versions monorail, bi-rail ouwww.vandemoortel.be tri-rail, fixe-coulissant-fixe, et quatre courses. L’ouvrant a un poids maximal de 330 kg pour les coulissants à levage et de 250 kg pour les coulissants. Isolation naturelle www.sapa-ramen.be L’isolation acoustique et thermique en fibres Chaise polyvalente primée de bois Pavatex de Chaise de conférence fonctionnelle et ergonomique conçue Soprema utilise un par Johan Larsvall et Nils Löventorn, Leia de Kinnarps maximum de sources convient aux salles de réunion comme aux espaces de dé- d’énergie renouve- tente, grands ou petits. Polyvalente et empilable, elle se lables lors du pro- décline en six versions et est disponible en plastique ou cessus de production avec une assise en tissus dans un grand choix de finitions performant et écolo- et de coloris. Elle a remporté l’iF Design Award 2018.gique. Leur produit phare, le Pavaflex Plus (exemple de www.kinnarps.comsolution cradle to cradle pour l’enveloppe des bâtiments),est particulièrement innovant grâce à son pouvoir isolant Façade authentiqueavec un coefficient de conductivité thermique lambda de L’ardoise Clavo à base de fibres-cimentsseulement 0,036 W/mK. Ce matériau, qui a une durée de et teintée dans la masse est disponiblevie de plusieurs dizaines d’années, convient pour l’isola- en trois nuances naturelles : gris argent,tion de la toiture, des murs intérieurs et du plafond. blanc et gris fer. Les matériaux teintéswww.soprema.be dans la masse gardent la même couleur, même sur d’éventuelles parties sciées et Industrie et artisanat apparentes. Clavo peut être posée sui- Le 200e anniversaire de vant le système de « cassettes » ou en Duravit implique aussi pose horizontale à recouvrement double. quarante années de fabrica- Elles sont produites avec des matières tion de meubles pour salles premières d’origine naturelle – ciment, eau et fibres de bois – de bains. Aujourd’hui, de et existent également en format extra large 80 cm x 40 cm. nombreuses opérations www.eternit.be sont automatisées, mais la qualité ne s’obtient qu’en y Étanchéité des fenêtres associant la compétence ar- Les membranes liquides tisanale. Ce savoir-faire ain- Soudatight sont notamment si que l’expérience – entre appliquées au niveau des autres dans les métiers du raccordements de fenêtresbois et de la menuiserie – contribuent aux développements afin d’obtenir une meilleureautonomes et innovants, comme le démontre le « c-bonded », étanchéité à l’air. Ces pro-un procédé inédit qui consiste à encastrer presque sans duits sont soumis à des tests approfondis, y compris à celuiraccord le lavabo en céramique dans le meuble. La société du système mo-01/1 de l’institut ift à Rosenheim. Du côtéattache aussi une importance primordiale à la qualité des chaud de l’enveloppe du bâtiment, l’étanchéité à l’air et à lamatériaux utilisés et chaque meuble est soumis à un contrôle vapeur d’eau est assurée par la membrane élastique à basedes fonctionnalités, des finitions et des surfaces. En matière d’eau Soudatight lq ou sp. Après le séchage, celle-ci changede technologie environnementale et d’efficacité énergétique, de couleur et peut être enduite. À l’extérieur, Soudatight Hy-le site de production de Schenkenzell est à la pointe des brid, une membrane liquide perméable à la vapeur à base destandards et a investi dans des équipements pointus. technologie hybride, rend les raccordements étanches à l’airwww.duravit.be et à la pluie battante. www.soudalwindowsystem.be
82 A+271 Zoom out La ville liquide bâti à partir de déchets de plastique, cette fois recueillis sur les plages d’Hawaï où ils Le 5 mai, Bruges inaugurera la Floating School III, un upgrade de l’école s’échouent en masse quotidiennement. deuxième édition de la triennale flottante qu’il a construite une première Rotor s’axe sur une vie aquatique localed’art contemporain et d’architecture. fois à Lagos et qu’il établit à présent sur inconnue (et peu appréciée) : le crabe poi- Le thème de cette année, basé sur le Minnewater. En 2016, ce projet a valu lu chinois. Ce crustacé exotique a amerri le travail du sociologue polonais à son bureau, nlé, le Lion d’argent à la au début du 20e siècle à Hambourg et a britannique Zygmunt Bauman, biennale d’architecture de Venise. mfs III prospéré entre-temps dans les eaux bru- est la Ville liquide / Liquid City. en apporte la version finale, qui pourra geoises. Avec What’s eating the Chinese Mitten être utilisée dans le futur comme un kit de Crab, le collectif développe un projet qui La triennale prolonge ainsi construction. ne diabolise pas l’animal mais cherche de la question-clé de l’édition 2015 : Office for Beyond Boundaries Archi- quelle façon cohabiter avec lui. Le « musée tecture (obba) considère également l’eau d’histoire naturelle » de Rotor sera visible « Que se passerait-il si les comme un espace public supplémentaire à la Poortersloge (Loge des Bourgeois) etcinq millions de touristes qui visitent et construit un parc flottant sur les canaux, à Zeebruges où sera établi un lien avec la avec un chemin qui méandre entre les jar- triennale artistique de Beaufort. la ville chaque année voulaient dins et les filets suspendus. Avec Floating Ce ne sont là que quelques étapes du réellement s’y installer ? » Island, le bureau sud-coréen veut proposer parcours que propose la triennale de un nouveau regard sur la ville et établir un Bruges 2018. Jarosław Kozakiewicz (pl),Shendy Gardin contact entre le public et l’eau. C’est éga- Wesley Meuris (be), Renato Nicolodi lement le cas de SelgasCano qui, dans la (be), Roxy Paine (us), John Powers (us),Comme Zygmunt Bauman l’affirme dans continuation de l’Atelier Bow-Wow (2015) raumlabor (de), Ruimteveldwerk (be),ses livres, nous semblons vivre une époque construit cette année une nouvelle plate- Tomás Saraceno (ar), Monir Shahroudymarquée par l’angoisse et l’incertitude. forme de natation. Les architectes José Farmanfarmaian (ir) et Peter VanNous semblons entraînés par une série de Selgas et Lucía Cano, connus entre autres Driessche – Atelier 4 (be) complètent laflux, de courants, comme l’afflux des réfu- pour leur projet pour le Pavillon Serpentine liste. Outre les installations dans l’espacegiés, l’impact des changements climatiques à Londres (2015), vont implanter dans l’eau public, le parcours comporte aussi deux ex-globaux ou les conséquences d’un monde une structure amorphe colorée. Un pavil- positions. Le Frac Centre-Val-de-Loiredominé par l’information et la communi- lon transparent qui illuminera le quartier d’Orléans, qui a bouclé début avril sa pre-cation, où nous sommes tenus d’être en dans des tons roses et jaunes. mière biennale d’architecture, propose unepermanence online et joignables. Pour cette Ville liquide, Studiokca adopte sélection de ses dessins et maquettes d’ar- La triennale de Bruges tente d’infléchir un autre cap ; avec Skyscraper (the Bruges chitecture historiques à l’église du Grandcette vision pessimiste du futur en une his- Whale), c’est une baleine bleue qu’elle met Séminaire. À la Poortersloge, on trouve untoire optimiste, centrée sur la rencontre en évidence. Avec ce projet qui capte le re- panorama de tous les artistes participants,et la collaboration créative. L’eau, qui a gard, le bureau d’architecture new-yorkais resitués dans leur œuvre.assuré jadis la prospérité économique et veut aborder la problématique des déchets. Et ce n’est pas tout. Pour Liquid City/culturelle de Bruges, devient une méta- À l’instar de leur Head in the Clouds (un tra- Vloeibare Stad, la triennale collabore avecphore de la Liquid City. Nombreux sont vail de 2013 à New York, qui a été primé), plusieurs partenaires dont A+, Archipel,les concepteurs qui s’en sont inspirés, Recyclart et le Vlaams Architectuurins-entre autres l’architecte nigérian Kunlé tituut, pour présenter un calendrier pas-Adeyemi. Pour Bruges, il imagine la Minne sionnant riche en conférences, débats, projections de films. L’été sera chaud !Zoom out Triennale Bruges : Liquid City / Ville liquide Art contemporain et architecture dans le centre historique de Bruges Quand 5 mai au 16 septembre 2018 Où Bruges Info: www.triennalebrugge.be © OBBA The Floating Island (Office for Beyond Boundaries Architecture)
A+271 83 Réemploi : ducteurs de matériaux, pouvoirs pu-entrée en matière blics, maîtres d’ouvrage, centres tech- niques... Tous ont un rôle à jouer dans Comment optimiser l’usage et la d’un matériau. Ces caractéristiques sont le développement des filières de la dé- circulation des matériaux ? Dans étudiées dans trois domaines qui procèdent construction et du réemploi, que ce soitDéconstruction et réemploi, le collectif d’un « zoom out » : les propriétés physiques le (soutien au) développement de nou- Rotor dresse le tableau érudit et du matériau, la disponibilité d’information veaux modèles d’entreprise, l’aptitude concret d’un secteur émergent. fiable à son sujet, et sa place au sein d’un à puiser dans les filières existantes, la système économique. On y voit notamment création d’éléments constructifs adaptés, Déconstruction et Réemploi (2017, Rotor) quels obstacles ont pu rencontrer les projets le suivi des matériaux, la labélisation, la Auteurs Michaël Ghyoot, Lionel Devlieger, ayant tenté par le passé d’articuler indus- création d’outils administratifs et légis- Lionel Billet, André Warnier trialisation et déconstruction, comment latifs... C’est sans doute cette diversitéCollection Architecture de nouvelles approches et technologies des disciplines qui a sous-tendu l’écriture Éditeur PPUR – Presses polytechniques et peuvent faciliter l’accès à des informa- d’un ouvrage qui en appellera tant à un universitaires romandes tions essentielles sur les caractéristiques public expérimenté par la précision deISBN 9782889152391 des matériaux et de leurs assemblages, et sa documentation, qu’à un public plus comment des modèles de responsabilité et large par son langage clair et ses nom-Philippe Declerck de propriété plus riches peuvent changer breux exemples concrets. Les références nos rapports aux matériaux. La troisième disparates amènent le lecteur dans uneOn ne présente plus le travail de Rotor au- partie enfin, plus courte, aborde l’influence narration aux multiples accroches : lestour des failles dans l’économie matérielle et le rôle potentiel des politiques publiques, auteurs donnent autant la parole à desqui sous-tend la production architectu- aux conséquences parfois inattendues, et ingénieurs, historiens et dirigeants d’en-rale. Tantôt chercheurs, tantôt curateurs, énumère quelques propositions d’initia- treprises, qu’à Viollet-le-Duc, Aristote outantôt revendeurs, tantôt concepteurs, les tives possibles de différents acteurs pou- Lewis Carroll, sans que cette éruditionmembres du collectif combinent toujours vant favoriser le développement du secteur. ne soit étalée comme preuve d’autoritépratiques très concrètes et haut niveau En fin de compte, l’ouvrage parvient intellectuelle. Le sous-titre de l’ouvrage,de réflexion. L’ouvrage Déconstruction et à dresser un portrait clair d’un domaineréemploi édité aux ppur n’y fait pas excep- émergent mais dont la promotion est com- Comment faire circuler les éléments de construc-tion. Publié dans le cadre du projet Le bâti pliquée, tant il dépend d’interactions au tion, n’est donc pas anodin : bien au-delàbruxellois, source de nouveaux matériaux porté sein d’un réseau d’acteurs extrêmement d’un énième plaidoyer, le grand mérite depar l’ucl, la vub et le cstc, il puise à la diversifié : entreprises, concepteurs, pro cet ouvrage est de faire état d’un volonta-fois dans les recherches développées par risme de plus en plus omniprésent et deRotor dans des cadres précédents et sur Déconstruction et réemploi parvenir à s’adresser à l’entièreté de celes nombreuses expériences de terrain, panel d’acteurs, permettant à chacun deavec pour ambition de dresser un état des s’attendre au tournant.lieux complet des dynamiques, enjeux etnécessités du secteur de la déconstruction Zoom outet du réemploi de matériaux. L’ouvrage se divise en trois parties, dont Éléments De manière générale, la construction en acierla première situe le lecteur au travers d’ana- offre des grandes possibilités de démontage. C’estlyses, en quatre chapitres respectifs, de Fig. 53 ce qu’illustre l’exemple du Laing Building (fig. 53).l’histoire du réemploi, des pratiques sub- En haut : le Laing building, à Cet immeuble est construit à Manhattan au milieu dusistantes actuelles, des enjeux qui justifient New York, était un des immeubles 19e siècle par James Bogardus, le pionnier américainl’intérêt renouvelé pour cette pratique et de pionniers en matière de façade du mur-rideau. Il s’agit d’une structure en maçon-l’image de la ville comme « gisement urbain métallique appliquée. Son nerie et planchers en bois, dont la façade se com-», image interpellante mais dont l’insuffi- architecte James Bogardus est pose d’éléments en fonte accrochés à un squelettesance permet d’identifier des difficultés de considéré comme l’un des pères en bois. En 1971, le Laing Building doit libérer lemises en œuvre. Ces enjeux ouvrent sur la de l’immeuble de bureau moderne. terrain sur lequel il se trouve pour les besoins d’uneseconde partie, qui étudie les caractéris- Au milieu des années 1970, après opération de requalification urbaine. Le systèmetiques qui influent sur le possible réemploi 120 ans de services, l’édifice avait constructif n’avait pas été pensé explicitement en perdu de son éclat et le quartier vue d’un démontage mais il a néanmoins pu être faisait l’objet d’une importante démantelé proprement, grâce à des connexions ef- opération de curage (images fectivement réversibles (et la mobilisation de fonds de la bibliothèque du Congrès). débloqués par des institutions patrimoniales). Tous Au milieu : mettant à profit les composants ont été provisoirement entreposés sa construction démontable, sur un terrain en vue d’une reconstruction ultérieure. les institutions chargées de la Cette opération n’a toutefois pas pu aboutir car de sauvegarde du patrimoine ont nombreux éléments de la façade ont été volés du- estimé qu’il était opportun de rant cette période, sans doute pour être revendus soigneusement conserver les comme de la ferraille237. pièces détachées de l’immeuble pour pouvoir le remonter L’auberge de jeunesse Ockenburg (fig. 54), ensuite à son emplacement conçue par l’architecte néerlandais Frank van d’origine. Les pièces ont donc été Klingeren, offre un exemple similaire de ces soigneusement démontées et contingences malheureuses. Dessinée à la même protégées de la rouille en vue de époque que la résidence De Drie Hoven, elle est leur stockage (images de également l’œuvre d’un architecte influencé par le la bibliothèque du Congrès). structuralisme. En 2010, le bâtiment est démonté En bas : malheureusement, la de façon non destructive. Les éléments sont stockés majorité des éléments ont été volés dans un pré. À l’heure actuelle, ils y sont toujours et sans doute revendus au prix et se détériorent dans de mauvaises conditions de de la ferraille pour être refondus. stockage (fig. 55). Malgré les nombreux projets Malgré le déplacement dans « un potentiels qui ont tenté d’en faire quelque chose, lieu secret » des pièces restantes, ces éléments n’ont pas encore trouvé de débouché la restauration n’a pu se faire qu’en concret. produisant de nouvelles pièces semblables aux originales (image Ce cas de figure illustre bien à quel point le réem- de la bibliothèque du Congrès). ploi des composants de construction, au-delà des efforts techniques et des stratégies de conception 128 flexibles, reste dépendant de facteurs contingents dif- Déconstruction et réemploi ficiles à prévoir. De manière générale, ces quelques exemples indiquent l’importance d’identifier une de- mande pour des éléments de construction avant de démonter ceux-ci. 237 Jeff Richman. (2012). South Street Seaport–And Green- Wood. Mis en ligne sur Green-wood.com, 07.08.2012 ; W.R. Weismann. (c. 1973). Mid 19th Century Commercial Building by James Bogardus. Rapport de recherche pour le Smithsonian Institute. En ligne ; icomos.org, consulté le 10.07.2017. 129 Éléments Le ciment se dissout préalablement dans cette so- Enfin, une dernière limite, plutôt conceptuelle lution, ce qui facilite le nettoyage ultérieur des car- cette fois, que rencontrent les recommandations en reaux. Ou encore, lors des démontages, il est parfois matière de DfD concerne la difficulté de les combi- possible de scier les joints en ciment pour récupérer ner avec les exigences en matière de performance sans dommage des dalles de pierre (fig. 66). énergétique des bâtiments. Les logiques d’isolation et d’étanchéité à l’air se sont accompagnées du dé- Dans un autre domaine, la condamnation des veloppement de techniques constructives qui vont clous en faveur des vis s’avère parfois excessive. Il globalement à l’encontre des grands principes du est vrai que les clous sont plus difficiles à repérer DfD : membranes, tapes, mastics, colles, panneaux dans un élément de bois et qu’ils peuvent provo- sandwichs hybrides et autres mousses expansives. quer des dommages aux scies et aux raboteuses Si ces éléments contribuent à améliorer les perfor- lors de traitements ultérieurs. Mais, contrairement mances énergétiques des bâtiments, ils risquent aux vis, les clous modifient peu l’élément dans lequel cependant de poser de gros problèmes aux décon- ils sont enfoncés. Par ailleurs, si la tête d’une vis se structeurs du futur. dégrade, il devient quasiment impossible de retirer celle-ci sans provoquer d’importants dégâts alors que Le développement de produits qui reprennent des outils spécifiques permettent assez facilement les avantages de ces nouveaux hybrides (notamment de chasser les clous (par exemple le Nail Kicker de en termes de performance thermique) tout en per- la firme américaine Reconnx, fig. 67). mettant un tri des matières économiques rentable en phase de démantèlement représente un sérieux défi En somme, les recommandations relatives à la pour l’industrie. Il est probable que ce but ne pourra conception en vue du démontage gagnent à être être atteint que si des législations contraignantes se nourries par une bonne connaissance des techniques mettent en place, comme dans le cas des voitures utilisées dans le domaine de la déconstruction et du et des déchets DEEE. Reste à savoir si le législateur traitement des matériaux – un champ de recherche est prêt à agir dans ce sens. encore peu développé. Le décalage temporel entre ↑↑ Fig. 65 Le bain d’acide permet la conception et le démontage s’accompagne tou- ↑ Fig. 67 Contrairement aux vis qui, d’enlever les traces de ciment tefois d’une inévitable incertitude quant à l’état des une fois ôtées, tendent à laisser sur les carrelages en céramique techniques du futur. En 1910, lorsque les ouvriers du des trous visibles dans le bois, les (photos : Rotor). démolisseur new-yorkais Jacob Volk ont attaqué la clous ont un impact plus limité. Cela démolition du premier gratte-ciel en structure acier, suppose néanmoins qu’ils puissent ↑ Fig. 66 L’usage d’un mortier au le Gillender Building (cf. chap. 1), ils ont découpé être décloutés rapidement et à ciment n’est pas toujours un facteur les poutres et les colonnes à l’aide de torches oxya- moindre effort. Le nailkicker – un rédhibitoire pour la récupération. cétyléniques. Lorsque le Gillender avait été construit chasse-clou pneumatique – est Dans le cas de ces dalles de douze ans plus tôt, cette technologie n’était pas en- d’une grande aide pour préparer au revêtement de sol en marbre, un core disponible sur le marché… réemploi des éléments en bois, tels découpage préalable du joint de que des planchers ou des bardages ciment permet la récupération. Cela 144 (image du haut : Rotor/OAT ; image suppose néanmoins une opération du bas : nailkicker.com). supplémentaire lors des travaux de déconstruction (photo : Rotor). 145
84 A+271 La ville, surface habitable Le festival Avril en ville prendra et l’architecture. Le mercredi après-midi Festival Avril en villeplace au cœur de Liège dès le 20 avril. sera dédié aux enfants et adolescents dans Quand du 20 avril 2018 au 29 avril 2018 l’optique de rassemblement et d’échange Il interrogera les enjeux urbains prônée par le festival. Où Liègecontemporains en posant notamment Un symposium de mobilier urbain aura Qui urbAgora pour objectif d’identifier des places dans la l’affirmation d’une ville abordée métropole liégeoise semblant être en déficit Info: www.avrilenville.be d’abord comme étant un lieu habité, d’aménagement. Suite à ce constat, un stageavant d’être un lieu de consommation. d’une semaine permettra à différents parti- cipants de penser à un mobilier adapté surNina Closson ces espaces et de le réaliser en partenariat avec Benjamin Stainier du collectif les Mi-En partant de cette idée, le projet rassem- cro Folies. Le jour de clôture aura pour fi-blant une trentaine de partenaires autour nalité de rassembler un maximum d’acteursde l’asbl urbAgora questionne la ville ha- sur la place Saint-Lambert, transforméebitée sous toutes ses formes. Il prend le en lieu de pique-nique géant romancé parparti de s’axer sur le territoire de la ville l’appellation de déjeuner sur l’herbe.abordé comme lieu où les gens vivent. Re-vendiquant un manque de valorisation de Au combat pour 2020l’habitat urbain par l’imaginaire social etpolitique, Avril en ville entend restituer la Sous l’appellation flamand Leo Van Broeck. Les curateursville de Liège et son devenir aux mains de « IABR – 2018+2020 – The Missing constatent que l‘aboutissement de ces vi-ses habitants. Link », la biennale internationale sions est encore trop souvent catalogué Certaines interrogations se poseront de d’Architecture de Rotterdam s’inscrit comme une perte (par exemple : tout lemanière davantage artistique et sensible entièrement sous le signe des objec- monde doit moins rouler en voiture) alors qu’ilalors que d’autres émergeront sous une ap- est possible de mettre l’accent sur le gainproche plus intellectuelle et réfléchie. Les tifs de développement durable qualitatif (tout le monde respirera de l’airactivités seront principalement centralisées des Nations unies et du Traité clima- pur, avec deux fois plus d’espace public, parceautour du cinéma Sauvenière et de la placeXavier Neujean en plein centre de Liège, tique de Paris. Cette fois, l’IABR qu’en covoiturage les véhicules prennent moinsdont le rayonnement s’étendra plus large- se répartit sur deux éditions, et la de place). L’iabr considère l’espace commement à la ville. Tout un chacun est invité à un facteur déterminant, qui peut aider àparticiper aux activités, qu’il ait ou non un collaboration de longue date imaginer des visions et des bénéfices pluspropos préalable sur la ville et ses enjeux. qu’elle entretient avec Architecture importants. Le maître-architecte flamand Partenaire du festival, la faculté d’archi- Leo Van Broeck considère même le fait detecture de ULiège se verra confier l’orga- Workroom Brussels s’est muée repenser l’espace comme une stratégie denisation de diverses activités. Le 23 avril, en un partenariat structurel, avec un survie indispensable à l’espèce humaine.prendra place une conférence de l’archi-tecte gantois Paul Vermeulen. Le 25 avril, ample volet liégeois.une conférence sur les aspects de genre et Gitte Van den Berghde ville sera organisée, secondée par unemarche exploratoire et une table ronde. La The Missing Link est axé sur la trans- Un laboratoire pour le monderencontre portera sur l’intégration de la position de bonnes intentions et autresfemme dans l’espace public et la position des expérimentations en actions concrètes L’agenda de recherche met l’accent surpolitiques de production et d’aménagement qui aident à réaliser les grands objectifs six sauts fondamentaux de transition spa-d’espaces dans le contexte actuel. Des pro- climatiques dans les délais fixés. « Nous tiale, avec des thèmes à la fois architectu-menades auront comme enjeux de mettre savons que ça doit changer et nous savons raux et sociétaux : un paysage énergétiqueen évidence des aspects patrimoniaux et des aussi suffisamment ce qui doit changer. renouvelable, une agriculture saine, unenjeux urbanistiques précis de la ville. La question centrale est : comment ? », cadre de vie accueillant, de l’espace pour En préambule au festival, s’est organisé résume Joachim Declerck. Il ne suffit pas l’eau et la biodiversité, un nouveau sys-un concours d’idées dont l’objectif est d’en- de compter sur des percées techniques tème de mobilité et une ville (re)produc-richir l’espace Tivoli situé entre la place onéreuses, vu que celles-ci n’abordent pas tive. Cette édition d’iabr ne vise donc pasSaint-Lambert et la place du Marché de le problème à la base et mettent en place un thème spécifique, mais aborde toutesLiège. Actuellement nu, le lieu peine à un système non solidaire. les questions en même temps. « En ce sens,trouver une occupation. Chacun est invité Joachim Declerck d’Architecture nous sommes peut-être arrogants, déclareà y prendre part, sans aucune condition de Workroom Brussels est le co-curateur de Roeland Dudal. Mais nous partons aussidiplôme ou de formation. Le résultat de The Missing Link, en collaboration avec de la constatation qu’il est précisémentcet appel à idées formera l’exposition d’ou- le maître-architecte d’État néerlandais inévitable que nous abordions chaqueverture du festival au cinéma Sauvenière. Floris Alkemade et le maître-architecte secteur et chaque échelle simultanémentElle sera suivie le samedi 21 d’une journée – sinon nous n’y arriverons pas. »entière où s’organiseront des débats et unebourse aux livres d’occasion sur la villeZoom out
86 A+271 Au combat pour 2020 L’iabr ne se contente pas de se dérouler Amplifier la portée Les biennales de travail doivent ampli-dans le delta des Pays-Bas, il en fait égale- fier la portée de la manifestation culturellement le laboratoire du monde. Dans l’Ate- Durant les biennales de travail de Rot- de 2020 et persuader par la preuve. L’iabrlier Delta, des expériences et pratiques en terdam et Bruxelles, la façon d’œuvrer ne veut pas apparaître comme un mal né-cours en Belgique et aux Pays-Bas sont ras- à chacun de ces grands changements est cessaire pour atteindre les objectifs clima-semblées. Au total, quarante-trois pratiques présentée dans des pièces séparées, de tiques, mais veut retravailler cette matièrenovatrices – de bureaux d’architecture, po- manière à pouvoir raconter une histoire complexe, à travers une exposition et unliticiens, propriétaires et gestionnaires de collective et cohérente qui dépasse les débat urbain, afin d’encourager chacun àréseaux – unissent leurs connaissances et frontières et les différences d’échelle. Tout évaluer ce qui peut changer à partir de sesénergies pour réfléchir ensemble, durant les ceci est délibérément positionné à côté choix individuels. « En cela les architectesdeux années à venir, à une réponse concrète de quelques projets en cours dans le delta disposent de réels leviers pour proposeraux transitions indispensables. Chacune de des Pays-Bas, qui ont des effets à petite une partie de la solution », dit Dudal.ces pratiques travaille sur son (ses) lieu(x) et échelle, comme les voitures électriques L’iabr s’adresse à chacun d’entre nous,en partant de ses compétences et ambitions. ou les panneaux solaires. mais aussi aux architectes à qui elle pro-L’iabr est ainsi utilisé comme un espace À Bruxelles, le 23e étage de l’immeuble pose de découvrir comment leur proprede liberté culturel – a safe place for dangerous wtc sera aménagé à partir du 1er juin en un pratique peut participer à ce revirement.ideas – pour pouvoir étudier et imaginer espace de travail pour exposition et discus-sans limitations et contraintes des futurs sion. L’iabr à Bruxelles relève ainsi un défi,nécessaires et alternatifs. Les pratiques sont celui de contribuer à énoncer une solution,sous-divisées en six groupes et se sont vu at- de découvrir la créativité urbaine – telle quetribuer chacune un des sauts transitionnels la dynamique existante et croissante autourencadrés. de l’utilisation provisoire de la tour wtc qui est presque entièrement inoccupée.Zoom out © AWB Biennale internationale Écosystème du delta des Pays-Bas d’architecture de Rotterdam Où/Quand 31 mai 2018 : ouverture Rotterdam (HAKA)1er juin 2018 : ouverture Bruxelles (WTC 1)2 & 3 juin 2018 : week-end d’ouverture Rotterdam + Bruxelles Qui IABR + commissaires Floris Alkemade (Nederlanse Rijksbouwmeester) Leo Van Broeck (Vlaams Bouwmeester)Joachim Declerck (Architecture Workroom Brussels) On peut suivre les activités de l’IABR en direct sur le site www.iabr.nl
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88 A+271 Se perdre à Charleroi En somme, Le Guide d’architecture de Charleroi métropole se pose comme un À l’automne, les Éditions Mardaga l’architecture locale mais, surtout, en état des lieux précis, parfois acerbe, d’un et la Cellule architecture menant un arpentage consciencieux du territoire et du bâti qui le structure. On territoire. Cette exploration de la région, y découvre que la richesse architecturale de la Fédération Wallonie-Bruxelles confiée à Marie-Noëlle Dailly, a permis carolorégienne ne repose pas vraiment complétaient leur collection de d’exhumer certains édifices jamais mis en sur un avant-gardisme ou des figures de avant ainsi que de redécouvrir des lieux proue mais plus sur la créativité de toute Guides d’architecture moderne et emblématiques de l’histoire de l’architec- une série de concepteurs méconnus et sur contemporaine en proposant ture belge du 20e siècle. une maîtrise d’ouvrage composée entre Faisant la part belle à la sérendipité, autres de riches industriels, fiers de leur une halte par Tournai et la Wallonie les auteurs sont parvenus à faire émer- province et souhaitant contribuer à son picarde (A+269). Cet hiver, c’est à ger de ce territoire aux multiples facettes rayonnement. L’ouvrage met en lumière Charleroi métropole que se poursuit morphologiques, au passé industriel riche une approche complexe de l’architecture, et à l’identité parfois malmenée, une ky- voguant savamment et/ou maladroitement le voyage. rielle saisissante d’œuvres architecturales entre savoir-faire, curiosité et audace. Guide d’architecture moderne et allant de la plus simple maisonnette aux Ici, les aberrations grotesques côtoient contemporaine 1881–2017, Charleroi ouvrages les plus imposants. Toujours à sans vergogne ni honte les constructions métropole la croisée entre héritage et innovation et, les plus élégantes et c’est souvent au détour Auteurs Sous la direction d’Iwan Strauven, pourtant, jamais vraiment en avance sur d’une route de campagne, perdues dans un Judith le Maire et Marie-Noëlle Dailly leur époque, bon nombre de réalisations sous-bois, qu’on découvre les plus belles (photographe) se distinguent souvent non par un style réalisations de la région. Aux auteurs qui Éditeur Éditions Mardaga novateur, mais par une inventivité et une ambitionnaient donc de donner le goût auxISBN 9782804703677 technicité propres à la région et à son in- curieux de faire une halte à Charleroi, on dustrie prospère. Charleroi se révèle ain- répondra que mieux qu’un simple arrêt, si comme un incubateur d’architecture, ils nous ont donné l’envie de nous perdre légèrement démodé, et pourtant berceau dans la région. Et c’est comme ça qu’après d’une certaine modernité, portée notam- une multitude de ronds-points et autres ment au milieu du 20e siècle par des figures constructions loufoques, on aura découvert emblématiques comme Victor Bourgeois des morceaux de bravoure architecturaux ou les frères Leborgne, auteurs notam- comme le Centre social de délassement de ment de la Cité de l’Enfance. Jacques Depelsenaire, la Résidence Les Bruyères de Claude Stampe ou bien encore l’abbaye de Soleilmont de Frans Laurent, un héritage jamais salué par la critique et pourtant précieux.Anne-Laure IgerInitié en 2011, le projet de recherche en Maison dorée Fortement inspirée de la maison d’Albert du bâtiment. Au deuxième étage, une charleroi district centre - ville haute / casernes - justicevue de l’édition du Guide de l’architecture Ciamberlani réalisée par Paul Hankar série de quatre fenêtres rectangulairesmoderne et contemporaine de Charleroi haBitation uniFaMiliale en 1897 à Ixelles, la maison Dorée tire accolées les unes aux autres est percéemétropole a été confié, comme de cou- 1899 son nom du grec chrusous oïkos, dont et surmontée d’un linteau métallique detume, à une université. L’enseignement de — les initiales sont au centre de l’excep- façon quasi identique à celle d’Albertl’architecture n’étant pas dispensé à Char- alfred Frère tionnelle composition des sgraffites aux Ciamberlani. Le plan du rez-de-chausséeleroi, ce n’est pas à une école locale mais à ioa : Gabriel van dievoet reflets d’or qui composent la façade. devient absolument symétrique dans lesla faculté d’architecture La Cambre Horta Mo : adolphe Chausteur Connue pour avoir introduit l’Art dessins d’Alfred Frère, avec deux fenêtresde l’Université libre de Bruxelles qu’est re- — nouveau à Charleroi, l’architecte Alfred rectangulaires autour d’une fenêtre envenue la direction scientifique du volume. Classement : 11.10.1993 (façades et toitures, salle à manger, Frère a composé cette habitation pour le plein cintre surmontée d’un arc brisé,Épaulé par la photographe Marie-Noëlle en ce compris les vitraux et la verrière), hall d’entrée et directeur des verriers Chausteur, en réin- autre élément caractéristique de l’archi-Dailly, qui cosigne l’ouvrage, le comité salle de séjour terprétant à sa manière les codes de la tecture de Paul Hankar. L’architecturede rédaction dirigé par Judith Le Maire — maison de son confrère. Les deux étages et la décoration se marient et mènentet Iwan Strauven s’est attaché tout au long Rue émile Tumelaire, 15 – 6000 Charleroi sont repris dans leur exacte disposition. ainsi les espaces, la façade et la déco-de la conception du guide à « rendre im- Le premier étage s’ouvre sur deux baies ration à dépendre les uns des autres,possible à jamais qu’un amateur d’archi- A 23 entre lesquelles se déploie un énorme donnant une unité à l’ensemble. Aprèstecture puisse dire : “Nous sommes passés sgraffite du peintre et décorateur bruxel- avoir été un cabinet médical, puis unpar Charleroi sur l’autoroute, mais nous lois Gabriel Van Divoet, représentant un restaurant, le bâtiment est classé depuis Aavons décidé de passer notre chemin, car triangle rayonnant entouré d’une déco- 1993. La ville de Charleroi en est lail n’y a rien à voir”. » ration toute en courbes avec des fleurs propriétaire depuis 1999, et c’est l’asso- 85 Pour contrer cette formule, les auteurs et autres éléments végétaux. Celui-ci ciation de la presse qui l’occupe depuisse sont évertués à scruter sans relâche la affirme la planéité de la façade et la plusieurs années. Alfred Frère n’a réalisérégion carolorégienne. D’une part, en dé- transforme en sorte d’affiche. Un balcon aucune autre habitation Art nouveaupouillant les nombreuses archives conser- en fer forgé avec des dessins en cercles dans la région de Charleroi. MM et ILvées dans la commune et en rencontrant concentriques court sur toute la largeurcelles et ceux qui ont fait et font toujours 84Zoom out
90 A+271 Student À cœur ouvert Des points d’entrée dans le site sont créés en reprenant une typologie de ve- Le projet « À cœur ouvert » Le projet prend place dans un des îlots nelles observée dans l’îlot. La façade ac- a été réalisé par Faton Duraj, Laure du quartier d’Anderlecht, marqué par son tuelle de l’entrée principale est conser- passé industriel. Six anciennes halles en- vée et confrontée avec une seconde peau Gombert et Tom Paturel dans serrées au cœur de cet îlot y sont utilisées en polycarbonate, reflet de l’occupation le cadre du studio de 3e année de comme lieu de stockage par La Fonderie, contemporaine. Construites au 19e siècle, musée bruxellois des industries et du tra- les halles sont constituées par une struc- licence « La ville des possibles vail. Leur architecture est ainsi une trace ture métallique et des murs en brique qui [32 Bruxelles of(f) Nantes] » exceptionnelle du passé industriel bruxel- la contreventent. Le projet souligne lade l’année académique 2017–2018 à lois. « À cœur ouvert » propose de dé- trame dessinée par cet ensemble, tout en l’École nationale d’architecture senclaver et rénover ces lieux aujourd’hui la perturbant ponctuellement. La sup- fortement dégradés, avec l’idée que cette pression de certaines travées permet de de Nantes. revitalisation bénéficie à l’ensemble de créer des espaces intermédiaires, comme Étudiants Faton Duraj, Laure Gombert et l’îlot qui s’est densifié au fil du temps. autant de respirations et d’entrées de lu- Tom Paturel Depuis la rue, on ne peut imaginer les mière. L’ouverture du lieu se joue égale- Enseignants Sabine Guth et Chérif Hanna halles. Lorsqu’on y pénètre, elles semblent ment à travers le programme qui imbrique (coordinateurs), Michel Bazantay, comme figées : temps suspendu face à étroitement les espaces de fabrication et Barbara Chenot-Camus, Saweta Clouet, l’effervescence du monde en mouvement de stockage avec des lieux de pratique Jacky Foucher, Mark Lyon de la rue ; deux mondes se côtoient, se sportive ouverts à un public extérieur, École nationale d’architecture de Nantes touchent, mais ne se croisent jamais vrai- celui-ci étant amené à s’y “récréer” tout (https://villedespossibles.nantes.archi.fr) ment. C’est leur rencontre que le projet en se sensibilisant à l’activité productive. souhaite orchestrer. Enfin, le projet comprend la construc- tion d’un restaurant sur une parcelle vide située à un angle de l’îlot. Point d’appel ou enseigne du nouveau lieu, celui-ci se hisse au-dessus de poteaux-pilots, pour se déta- cher de la rue tout en venant parachever la forme de l’îlot.Student Vue d’ambiance et coupe au travers du hangar principal
À cœur ouvert A+271 91 StudentCohabitation de l’héritage industriel préservé et de l’intervention contemporaine Vue d’ensemble du projet dans le contexte de son îlot urbain
92 A+271 Un héritage des continuités dans le temps par la mise sans testament en place de continuités territoriales. En- fin, il est observé comment s’inscrivent Le projet « Un héritage sans l’obstination des constructeurs, est pour- ces permanences dans la construction des testament » a été réalisé par Tristan tant toujours signifiante. Par sa forme, la sols et la construction des murs. Ainsi, ville est capable d’offrir l’expérience de l’on découvre des positionnements archi- Narcy pour sa thèse au cours de son passé. Elle est capable de signifier tecturaux, comme clés de langage, que la l’année académique 2016–2017 à la l’existence d’événements antérieurs, car ville utilise afin de signifier les éléments faculté d’architecture, d’ingénierie il perdure dans son tissu des faits urbains qui ont construit sa forme dans le temps dont la forme peut être caractérisée par et desquels, parfois, il ne reste rien. architecturale et d’urbanisme des époques différentes. Ce livre, traitant de la ville à l’échelle LOCI-UCL, campus de Tournai. Il est préalablement admis que la ville du temps, de son histoire et de sa sédi- évolue constamment, qu’elle se forme et se mentation, propose une interprétation Étudiant Tristan Narcy déforme, avec ou sans interruptions, mais personnelle et engagée au travers d’un Promoteur Bernard Wittevrongel qu’elle accepte pourtant des événements projet d’architecture reconstituant l’em-Directeurs d’atelier Eric Van Overstraeten et fixés dans le temps. Se pose alors cette ques- preinte d’un théâtre antique sur la ville Pierre Accarain, faculté d’architecture, tion : dans le processus évolutif de la ville, d’Arles. L’architecture publique mise d’ingénierie architecturale et d’urbanisme qu’est-ce qui reste stable et permanent ? en place ouvre un nouveau dialogue qui LOCI-UCL, campus de Tournai. Par le dégagement de différents types tend à rendre cohérent le rapport entre de permanences : absolue, relative, vitale la forme du théâtre et la forme urbaine.À chaque lieu, sur chaque morceau, il y et pathologique, « un héritage sans testa- En engageant le site culturel dans unea plus que ce que l’œil peut voir, comme ment » tente d’apporter une nouvelle dé- dynamique territoriale, c’est-à-dire unesi derrière les formes de son architec- finition à ce terme, plus personnelle peut- « connexion », avec l’ensemble des faitsture la ville était capable de figurer un être, mais plus nuancée. Il permet aussi de urbains qui constituent la ville, le projetmoment de son histoire. La complexité voir comment ces permanences induisent instaure une continuité entre les diffé-du tissu urbain, qui paraît incohérente, rentes échelles et, surtout, une continuitéparfois, comme abandonnée au gré de dans le temps.Student Coupe perspective et maquette de situation du nouveau centre culturel dans son environnement urbain
Un héritage sans testament A+271 93 StudentLe projet révèle les strates antérieures de la ville et en propose une supplémentaire Plan du niveau 0
94 A+271 Vide existentiel même. Comme un gigantesque Gordon Matta-Clark à niveau urbain, ils tranchent Le concours d’architecture Team XII, en une seule image puissante à un concept en oblique à travers Bruxelles. Créant deuxlancé par l’organisation estudiantine ou à une idée, en réponse à une question sillons perpendiculaires dans le tissu ur-Existenz (KULeuven), avait pour objet sociétale pertinente. En demandant un bain, sans craindre de s’attaquer à des bâ- « manifeste pour une ville inclusive », les timents iconiques : le Palais royal, le Parc un « Manifeste pour une ville organisateurs cherchaient des stratégies de Bruxelles, la basilique de Koekelberg,inclusive ». Deux projets ont remporté de gentle gentrification grâce auxquelles la les tours wtc (qui abritent une partie des ville, à travers la diversité et la mixité, of- ateliers du campus d’architecture) et le le prix ex aequo : The creation frirait un meilleur reflet de notre société shopping center Docks doivent disparaître. of degentrification et Cross section, multiculturelle. « Le plan en tant qu’instrument de contrôle Deux projets ont gagné la compétition : et de domination n’est plus à l’ordre du jour gentle gentrification through The creation of degentrification de la team dans la pratique architecturale actuelle et destructive degentrification, tous kld.013 (UAntwerpen) et Cross section, gent- l’autonomisation locale. Nous choisissons la franchise de la coupe », affirment-ils. En deux une ode au vide. le gentrification through destructive degentrifica- coupant dans le tissu urbain, ils dévoilent tion de la team xii012 (kul campus Brus- des lieux jusqu’ici invisibles : des jardins Organisation Existenz (KULeuven) sel). Pour ces deux projets, le problème de deviennent des parcs, des toitures se muent Étudiants KLD.013 (Aline De Bruyne, la gentrification trouve une solution dans la en terrasses, des pièces se transforment Dieuwke Cappaert, Lisa Molemans et création ou la conservation d’espaces vides en patios, bref, l’espace privé devient do- Kim Roebroeks) Uantwerpen, dans la ville. maine public. Ou le commun en réponse à 1er prix ex aequo « Le progrès doit découler de l’existant, la progression de la privatisation et de la XII012 (Egon Pollers, Job Borgonjon, disent les membres de kld.013, et non de gentrification. Loïc Vossen et Vincent Vanassche) l’adjonction de gens ou d’architecture. » Ils Deux autres projets se sont vu attribuer KUL campus Brussel, 1er prix ex aequo créent un Dieu qui met symboliquement une mention honorable : fam441 place un FAM441 (Marie Van Loon, sous cloche une parcelle vide dans le marché couvert exotique dans les bâtiments Gin Joen Yau et Britt Van Rompaey), centre-ville. Un terrain de valeur est ainsi du château d’Arenberg à Louvain (qui KULeuven mention honorable retiré de la logique de marché et reste pro- accueillent actuellement les ateliers d’ar- YFC500 ( Cedric Brouwers et Yassin tégé de la spéculation et de tout souci de chitecture) et réalisent ainsi un mélange Lamarti) KULeuven, mention honorable rendement. Un lieu vide, un petit morceau culturel et ethnique dans un environne- de paradis sur terre où on peut célébrer la ment jusqu’ici très monoculturel. yfc500Lisa De Visscher création sans aucune distinction. construit un gigantesque cube blanc dans L’équipe de xii012 ne part pas à la re- le centre de Louvain à l’emplacement oùC’est déjà la troisième année consécutive cherche de lieux vides, elle en crée elle- se dresse actuellement l’église Saint-Pierre,qu’Existenz organise un concours ouvert à créant un espace neutre ouvert à chacun,tous les étudiants de Belgique. Les partici- indépendamment de son background so-pants ont douze heures pour donner forme cio-culturel ou religieux.Student Marché exotique sous le toit du château de Arenberg de l’équipe FAM441 Un cube blanc dans le centre de Louvain de l’équipe YFC500
Vide existentiel A+271 95 Student La parcelle vide sous cloche de l’équipe KLD.013Géante section à travers Bruxelles de l’équipe XII012
A+272: Space, Sex Assurez-vous & Gender de toujours recevoir votre A+ chez vous. Abonnez-vous et recevez 6 numéros pour seulement 65€/an!© Traumnovelle Candy ShopQuelle espace pour la sexualité? Quelle sexualité pourl’espace? Dans quelle mesure l’espace peut-il êtregenré? A + étudie l’espace public et leur relation avecle genre, analyse l’architecture de la maison close du21ème siècle et explore les frontières vagues entre lesexe, le pouvoir et l’espace. En collaboration avec Léone Drapeaud (Traum-novelle), Apolline Vranken, Jean-Didier Bergilez etHilde Heynen. Couverture En-tête graphique © Richard Venlet, Paris, 2018 www.a-plus.be [email protected]
CENTRE FOR FINE ARTS BRUSSELSEXPO FERNANDPALEIS VOOR SCHONE KUNSTENBRUSSEL LÉGERPALAIS DES BEAUX-ARTSBRUXELLES 09 FEB. — 03 JUNE ’18Rue Ravensteinstraat 231000 Brussels Fernand Léger, Les Loisirs - Hommage à Louis David, 1948 – 1949 © Centre Pompidou, MNAM CCI/Jean-François Tomasian/Dist. RMN GP. © SABAM, Brussels, 2017.+32 2 507 82 00 / bozar.be
TOTEM Un nouvel outil pour améliorer les performances environnementales des bâtiments Fruit d’une collaboration entre les trois régions, TOTEM est un outil objectif et transparent qui offre au secteur belge de la construction les moyens de limiter les impacts environnementaux des bâtiments. Un outil objectif et transparent de vie : prélèvement des ressources, transport vers le chantier, Possédant une vaste bibliothèque d’éléments et de matériaux usage et fin de vie du bâtiment. TOTEM évalue ces impacts pour de construction, TOTEM permet d’évaluer et d’analyser les per- aider les concepteurs à faire des choix architecturaux raisonnés. formances environnementales d’un projet de construction ou ou de rénovation. Sur base de 17 indicateurs objectifs, TOTEM « Là où le logiciel PEB valorise les matériaux reconnus d’un point de fournit un score global ou détaillé sur lequel le concepteur peut vue énergétique, TOTEM valorise les matériaux durables et donc s’appuyer pour optimiser son projet. pas uniquement leur performance énergétique. » En évolution constante Jean-Baptiste de Mahieu, IsoHemp S.A. À l’avenir, il est prévu de lier TOTEM au logiciel PEB et à la banque de données fédérale B-EPD. L’interface permettra éga- « TOTEM sera clairement utilisé par Colruyt pour optimiser les ré- lement de modéliser des scenarii de construction circulaire. novations et les nouvelles constructions. C’est un outil excellent qui permet d’adapter les cahiers des charges existants. » L’impact des matériaux sur l’environnement Des études montrent que les matériaux de construction seraient Hilde Carens, Colruyt group responsables de 10 à 30 % des impacts environnementaux glo- baux. Leur incidence doit être évaluée à chaque étape du cycle www.totem-building.be© Architectesassoc. - photo : Yvan Glavie Pour en savoir plus sur le projet TOTEM, sa méthodologie et sur d’autres thèmes liés aux bâtiments durables, rendez-vous sur le Guide Bâtiment Durable : www.guidebatimentdurable.brussels
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