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Biennale - Catalogue

Published by La Galerie Antenna, 2022-05-25 19:43:57

Description: Biennale - Catalogue

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LA GALERIE ANTENNA présente JEAN D'HAU AMADOU DÉDÉ LY à l'occasion de la BIENNALE DAK'ART 2022 19 MAI - 21 JUIN

Ĩ NDAFFA FORGER / OUT OF THE FIRE



Un instant avec AMADOU DÉDÉ LY Né à Dakar en 1955, Amadou Dédé Ly est un artiste autodidacte sénégalais. Si son œuvre se caractérise par une recherche de la perfection géométrique, il se saisit également de sujets figuratifs et même de calligraphie arabe au travers de sa cubographie. Nous l'avons rencontré dans sa maison à Toubab Dialaw où il peint à l'abris des regards et du soleil. Nous avons parlé du Beau et de religion, de Picasso et d’art « nègre », d’académisme et de liberté de création Entretien réalisé par la Galerie Antenna (Clarisse Gozard) le 17 mars 2022

Du figuratif...

à l'abstrait







Amadou Dédé Ly, vous avez tout d’abord suivi une formation en théologie islamique. Comment en êtes-vous arrivé à la peinture ? J’ai toujours dessiné, même en parallèle de mes études au Maghreb. Malgré cela, je suis rentré au Sénégal les mains vides après avoir obtenu mon diplôme. Fraichement arrivé à Dakar, j’ai rencontré Charles Seck, le doyen de l’université de l’époque. Je cherchais à obtenir une bourse et lui voulait voir mon travail, mais je n’avais rien à lui montrer ! C’est alors qu’il a aperçu ce que j’appelais mes griffonnages accrochés sur le frigo. Et là il m’a dit : « mais c’est ça que l’on cherche ! ». Ainsi, j’ai pu commencer une carrière d’artiste sans jamais passer par les Beaux-Arts, et je me porte beaucoup mieux comme ça ! Quelles sont vos sources d’inspiration ? J’aime beaucoup les masques africains. Je suis très touché par l’expressivité de certaines pièces et admiratif de leur extrême géométrisation. Je leur porte un intérêt uniquement esthétique mais ils m’inspirent souvent une histoire et à partir de là, un sujet pour mon tableau. Lorsque vous avez recours à la calligraphie arabe dans vos toiles, est-ce que cela s’accompagne d’une dimension religieuse ? Tout d’abord, il faut savoir que la calligraphie ne se limite pas aux frontières de l’Islam : les Chrétiens d’Orient ont développé cet art bien avant les Musulmans et on retrouve aujourd’hui de nombreux calligraphes en Afrique. Si j’ai recours à la calligraphie c’est avant tout pour sa dimension plastique : elle réunit l’abstrait et le concret. En effet, certains peintres calligraphes représentent simplement des lettres sur leurs toiles ; par-là, ils s’inscrivent dans une même recherche du degré zéro qui est le fil conducteur de mes créations abstraites.

Vous voyez donc dans la calligraphie une porte d’entrée vers l’abstraction ? Oui, lorsque je conçois une toile abstraite, je peux partir de trois sources différentes : la calligraphie, un élément naturel ou des formes géométriques. Par exemple, j’ai réalisé une série de toiles à partir d’ardoises. À mesure que mon travail sur la toile avance, les ardoises se métamorphosent en une composition géométrique. Mais, malgré cela, on continue de sentir la présence d’un objet sous la composition abstraite ; c’est pour cela que je préfère parler d’art semi-abstrait. On dit parfois de vous que vous êtes un peintre religieux, que pensez-vous de ce terme ? Si je suis moi-même chiite, je me retrouve en partie dans la philosophie soufie. On dit souvent que les Soufis méditent pour retrouver le nom de Dieu. C’est dans cette même démarche de recherche d’un sens originel au monde que je m’inscris lorsque je parle de retour au degré zéro dans mes toiles abstraites. Est-ce que votre peinture peut parfois entrer en contradiction avec vos croyances ? Je pense notamment à la question de l’iconoclasme. L’iconoclasme correspond à une certaine lecture de l’islam à laquelle je n’adhère pas. En effet, le prophète Mohammed n’a pas interdit les images, mais les idoles. Il y a notamment un passage du Coran qui raconte comment le prophète laisse exister les graffitis sur les murs de la mosquée, tant que ceux-ci ne sont pas vénérés. Que pensez-vous du rôle joué par l’État sénégalais dans la création ? L’État sénégalais aurait un rôle essentiel à jouer : un rôle d’intermédiaire, d’interface de dialogue entre les différents corps de métiers rattachés à la création.

JEAN D'HAU nous parle du lien entre sa sculpture et le Sénégal

Mystérieux phénomène que celui du passage de l’homme à l’artiste. Pour raconter cette transformation de soi, Jean d’Hau nous livre deux histoires. ©Jean d'Hau La première prend place dans le décor de l’ouest de la France, à Celles-sur- Belle. Jean est encore enfant lorsque le peintre vivant dans l’atelier jouxtant la demeure familiale meurt. Sa gouvernante décide alors d'offrir le matériel de travail de l’artiste à Jean et lui permet ainsi de faire ses premiers pas dans la création. Le second récit de sa genèse met en exergue toute la tension féconde qui existe entre le familier et l’inconnu, la maison et l’ailleurs. Lors d’un voyage sur l’île de Gorée, Jean d’Hau rencontre les peintres rastas alors installés sur le petit bout de terre. C’est cette découverte inspirante d’une certaine attitude créatrice qui plonge définitivement Jean d’Hau dans le personnage de l’artiste.





Artiste peintre et sculpteur, l’œuvre de Jean d’Hau se caractérise par un aller- retour permanent entre ces deux formes d’expression. Après avoir été longtemps inspiré par le surréaliste chilien Roberto Matta aux œuvres dynamiques et bouillantes, le travail de l’artiste présenté à l’occasion de cette biennale traduit une quête d’épuration. Les vives couleurs ont laissé place à des bronzes obscurs sur lesquels flottent et se détachent les rayons lumineux. Ce travail sur la luminosité des surfaces sombres prolonge l’œuvre de Pierre Soulages par une intensification des espaces de contact entre la lumière et l’œuvre grâce au recours à la sculpture.

LA GALERIE ANTENNA


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