2014 05 07

8 LE REMPART • SEMAINE DU 7 AU 13 MAI 2014 La barbe n’est pas en voie qui est culturelle — avec l’évo- 4,5 milliards d’années). Inver- Actualités scientifiques de disparition lution — qui est biologique. Or, sement, seulement 8 % des Source : Agence Science-Presse s’indigne l’anthropologue John Américains doutent qu’il y aitSi vous avez vu en avril un Hawks, non seulement un trait un « code génétique complexe Planètes : une cousinetitre qui disait que « les barbus biologique ne disparaît pas en à l’intérieur de nos cellules ». avec beaucoup de secretssont une espèce en voie de dis- une ou deux générations, mais Mais ils sont tout de mêmeparition », rassurez-vous. Ce cette expérience est l’exemple 15 % à douter que les vaccins Autant la découverte d’une planète « dans la zone habi-n’est pas demain la veille que même d’une expérience mani- soient efficaces et sécuritaires. table » d’une autre étoile enflamme l’imagination, autant ill’évolution darwinienne mettra pulée : on a présenté à des est important de se rappeler qu’on ne sait encore à peu prèsson nez dans les poils faciaux. femmes des groupes de photos Mauvais biocarburant rien d’elle. L’exploit, c’est d’avoir détecté cette petite planète.Selon une étude parue dans la où se trouvent plus ou moins Une autre mauvaise noterevue Biology Letters, l’attrait de barbus, ce qui a influencé pour les biocarburants : celui Ce que l’équipe internationale d’astronomes dirigée parsexuel de la barbe serait lié à ce leurs choix. Du coup, l’expé- qui est produit à partir des la Californienne Elisa Quintana a annoncé le 17 avril dans laque les statisticiens appellent rience démontre combien nos feuilles et autres rejets de revue Science se résume à ceci : la découverte d’une planèteune fréquence négative : plus « préférences » sont manipulées plantes émettrait plus de gaz d’une taille similaire à la Terre (10 % plus grosse), tournantla barbe est à la mode, moins par l’environnement, mais elle à effet de serre que l’essence à « la bonne distance » de son étoile — c’est-à-dire la distanceelle serait un avantage pour ne démontre évidemment pas traditionnelle! La raison, c’est permettant à cette planète de n’être ni trop chaude, ni tropconquérir la femme. Ce qui a que les gènes ont quoi que ce une partie du processus qu’on froide, juste assez pour avoir de l’eau liquide.fait bondir les observateurs, soit à y voir. avait apparemment oubliéc’est que la présentation qui a de calculer, selon une étude Mais y a-t-il de l’eau, des continents, de l’oxygène, ouété faite de cette étude, dans Sondage sur l’anti-science parue le 20 avril dans Nature même une atmosphère, on n’en sait rien à ce stade. Commele communiqué de presse et Seulement 4 % des Améri- Climate Change : en retirant des l’explique l’astronome Phil Plait : « Les autres choses qu’ilcertains reportages, semble mé- champs les feuilles tombées des nous faudrait savoir sont sa masse, à quoi ressemblelanger allègrement la mode — cains doutent que la cigarette plants de maïs afin de produire l’atmosphère et la température à la surface. La gravité cause le cancer. Mais 51 % ce biocarburant appelé éthanol d’une planète dépend de sa masse, et d’une certaine façon, doutent du Big Bang. Et entre cellulosique, on se trouve à l’atmosphère dépend de la gravité. Malheureusement, nous les deux, il y a ceux qui doutent retirer du sol une partie de ce ne connaissons ni l’une ni l’autre, et il est peu probable que de la vaccination et du réchauf- dont il a besoin pour absorber nous le sachions. Les technologies utilisées pour détermi- fement climatique. Un sondage le dioxyde de carbone dans ner la masse d’une planète ne sont pas valables pour cette réalisé pour l’Associated Press l’air. planète : l’étoile est trop petite pour obtenir des données avait pour but de vérifier le « de- Résultat, 7 % plus de CO2 fiables. » gré de confiance » à l’égard de dans l’air pendant les cinq 10 faits scientifiques. L’impres- premières années, qu’avec un Cette planète-ci est appelée Kepler-186f, parce qu’elle a sion qui s’en dégage est que carburant conventionnel. Iro- été détectée par le chasseur de planètes qu’est le télescope plus c’est loin de l’individu, niquement, cette étude a été spatial Kepler, parce qu’elle tourne autour de la 186e étoile plus celui-ci est à risque de financée par le gouvernement où Kepler a détecté au moins une planète, et parce qu’elle douter : pas très loin derrière fédéral américain, qui subven- est la cinquième à être détectée autour de cette étoile (il n’y le Big Bang, il y a l’évolution tionne très fort la production a pas de planète « a »). (42 % en doutent) et l’âge de la d’éthanol. Terre (36 % doutent qu’elle ait Quant à l’étoile, située à 490 années-lumière d’ici, c’est une naine rouge, c’est-à-dire une étoile qui fait environ la moitié de la taille de notre Soleil. Donc, une étoile plus froide, ce qui explique le calcul des découvreurs dans Science : bien qu’ils placent cette planète beaucoup plus près de son étoile que nous (53 millions de kilomètres contre 150 dans notre cas), cela constitue, dans ce système solaire « plus froid », la distance idéale. Et encore, pas tout à fait, puisque la planète est en réalité située près de « la limite extérieure de la zone habitable » : ce qui veut dire un monde en moyenne beaucoup plus froid que le nôtre. Une note d’optimisme soulignée par le communiqué de la NASA : cette classe d’étoiles représente 70 % des étoiles de notre galaxie. Ce n’est pas la première fois qu’une planète est estimée se situer dans cette zone critique où l’eau pourrait être liquide, et non glacée : il y en a maintenant une cinquan- taine et la liste s’allonge à mesure que les experts continuent d’éplucher les données de Kepler. Mais c’est la première planète qui soit de la bonne taille : au-delà d’un certain seuil, une planète trop grosse, comme Jupiter, est plutôt une boule de gaz où on imagine mal se former des mers et des continents. Et même être de la bonne taille n’est pas une garantie : dans notre système solaire, Vénus est considérée faire partie de la « zone habitable ». Mais Vénus, au contraire de la Terre, a mal tourné, avec une atmosphère de dioxyde de carbone qui lui procure un effet de serre infernal. De fait, le sort de Vénus démontre que même si on peut déduire que Kepler-186f est une boule de roche aussi solide que la Terre et que sa température à la surface pourrait ressembler à la nôtre, la zone de spéculation demeure énorme, rappelle le New York Times : « Avec sa plus grande masse, Kepler-186f pourrait avoir une atmosphère plus épaisse pour compenser. Les naines rouges émettent davan- tage de lumière dans les fréquences de l’infrarouge, ce qui serait plus facilement absorbé et emprisonné par la glace et par des gaz comme la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone. Cela rend la planète plus efficace pour absorber l’énergie de son étoile, ce qui lui évite de geler. »