SANTÉ generations-plus.chLes superpouvoirs CONCOURSde l’intestin Ils jouent etVÉLOS ÉLECTRIQUES gagnent : qui sontSe remettreen selle ces accros ?à tout âge,facile ! JACQUES DUBOCHET PRIX NOBEL DE CHIMIE« Maintenant, tout le monde me prend au sérieux ! » 00105 Octobre 2018 N° 105 - Fr. 6.909 771663 252006
&RQQDLVVH]YRXVODGL«UHQFHHQWUH ZLȴZODQ HWFRQQH[LRQLQWHUQHWVDQVȴO\"2XLYRXVSRXUULH]HHFWLYHPHQWHVVD\HUGHGHPDQGHU¢YRWUHSHWLWȴOVPDLV LO\DGHVFKDQFHVTXȇLOVRLWRFFXS«Rejoignez-nous plutôt aux ateliers internet de Générations connectées àtravers toute la Suisse Romande. Plus d’informations par téléphone au 027 565 73 50 ou sur notre site internet : www.sdinformatique.ch Dépannage Ateliers Cours individuelINFORMATIQUEVos accompagnateurs dans le monde numérique
OCTOBRE 2018 ÉDITOWollodja Jentsch / Couverture: Yves Leresche IMPRESSUM Proches aidants : Editeur une alerte nécessaire «Générations» société coopérative, sans but lucratif L e 30 octobre prochain, les cantons de Vaud, de Genève, du Valais, de Fri- Directeur de la publication bourg, de Neuchâtel et du Jura célébreront la Journée des proches aidants. et rédacteur en chef Plus précisément, dédieront ce jour un peu spécial à toutes ces femmes (une Blaise Willa majorité) et à tous ces hommes qui viennent en aide quotidiennement à leurs Rédaction proches — parents, enfants, amis, malades, impotents ou simplement isolés. Jean-Marc Rapaz, chef d’édition Soit plus de 330 000 personnes en Suisse. Des prises de parole et des conférences Nicolas Verdan, journaliste RP se succéderont en Suisse romande sur ce thème. Collaborateurs Jeanine André, Martine Bernier, Ce serait une grave erreur de ne voir qu’une journée symbolique de plus : ja- Véronique Châtel, Jean-François Duval, mais, même, cette alarme n’a paru si nécessaire, face à l’accélération égotique Véronique Emmenegger, Isabelle Guisan, de notre temps, dévoré par la performance individuelle, le profit et l’amour Philippe Jeanneret, Bertrand Monnard, exclusif de soi. Car, s’il s’agit ici de rappeler une idée forte, de mobiliser chacun Carole Pirker, Frédéric Rein, Marlyse Tschui et Ellen Weigand autour d’une valeur, le 30 octobre prochain, c’est bien celle de la solida- Community manager rité. Karine Lamon Marketing « Comment se contenter du principe Lionel Rouge, resp. informel de “ souplesse et d’inventivité ” Isabelle Bosson (resp. events) prôné avec calcul par le patronat ? » Mélanie Akrimi Secrétariat Aussi, comment ne pas soutenir le projet du Conseil fédéral, actuel- Marie-Christine Pitton, resp. lement en consultation, qui propose d’inscrire dans la loi un principe Nicole Boscardin d’allocation et de congés accordés aux proches aidants ? Comment se conten- Marie-Claude Lin ter du principe informel de « souplesse et d’inventivité » prôné avec calcul par le Eva Chappuis, apprentie patronat pour espérer trouver des solutions pérennes dans les entreprises, en [email protected] particulier quand il s’agit de s’occuper de ses vieux parents malades ? Comment Tél. 021 321 14 21 se satisfaire de l’aléatoire pour faire valoir un droit qui, s’il n’est pas reconnu, Administration et rédaction peut précipiter dans la précarité et la détresse ? Rue des Fontenailles 16 1007 Lausanne Tant que le principe ne sera pas inscrit dans le marbre, tant que le droit et la Tél. 021 321 14 21 - Fax 021 321 14 20 reconnaissance du proche aidant ne seront pas désignés comme acquis, ce se- Secrétariat ouvert ront les plus faibles qui en feront les frais. Autrement dit, comme trop souvent, de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h les temps partiels ou les travailleurs les moins qualifiés, que la simple idée de Abonnements demander un congé paniquent par peur de perdre leur emploi. C’est intolérable. 11 numéros par an 68 francs Etranger: prix sur demande Que ce 30 octobre nous aide donc à ouvrir les yeux sur les proches aidants que Régie publicitaire nous serons tous, un jour, sur leur engagement qui n’est ni naturel ni ordinaire Suisse romande : et sur le principe de solidarité qui est, finalement, le seul vrai ciment de notre Société coopérative Générations fragile société. Département publicité Nathalie Soubrier Blaise Willa, Rue des Fontenailles 16, 1007 Lausanne directeur de publication Tél. 021 321 14 21 - Fax 021 321 14 20 [email protected] et rédacteur en chef Suisse alémanique : MHD SA Mme Dominique Breschan Ch. du Bugnon 1, CP 32 1803 Chardonne Tél. + 41 79 818 27 55 [email protected] Réalisation graphique enzed, Nicolas Zentner Jonas Pahud, directeur artistique Correction Maude Busset Lithographie Jacqueline Rausis Impression Vogt-Schild Druck AG Audience 110 000 lecteurs (MACH Basic 2018-1) (Tirage contrôlé : 32 153) www.generations-plus.ch Pour nous joindre : [email protected] www.generations-plus.ch 3
OCTOBRE 2018 33 SOMMAIRE 26 43 Le défi Découverte 12 Proches aidants Accros aux concoursCorinne Cuendet, Katarzyna Bialasiewicz, ChrisChrisW et DR EN COUVERTURE 26 LE DÉFI 40 INSUFFISANCE RÉNALE 22 JACQUES Ils ont commencé il y a une Cette maladie n’est souvent DUBOCHET dizaine d’années. Aujourd’hui, la diagnostiquée qu’à un stade soixantaine passée, Alexandre avancé. D’où l’importance de la Un an après l’obten- et Danièle plongent aux quatre dépister au plus tôt. tion du Prix Nobel de coins du monde. chimie, le Morgien DROIT & ARGENT n’a « presque » rien 28 CROQUEMORT 43 ACCROS AUX CONCOURS changé à sa vie. Sa récompense lui offre toutefois un Dominique Bolay est assistant Pas une journée ne passe sans porte-voix international inespéré. funéraire à Pampigny. Portrait qu’ils remplissent un bulletin de par- d’un fonceur au grand cœur. ticipation. Et ils gagnent souvent ! L’ACTU SANTÉ & BIEN-ÊTRE 46 ARGENT 12 DOSSIER 33 DÉCOUVERTE Quelles précautions financières Le soutien aux proches aidants En modifiant la composition de faut-il prendre avant un séjour à va de l’avant. Le Conseil fédéral la flore intestinale, les chercheurs l’étranger ? veut améliorer leur reconnais- espèrent guérir le diabète, les sance dans les entreprises, allergies et même des maladies 48 PRO SENECTUTE y compris financièrement. neurologiques comme alzheimer. Un senior sur quatre victime de 18 LE DÉBAT 36 ALZHEIMER malfrats, révèle une enquête inédite en Suisse. Les « abus financiers » Faut-il généraliser Les médicaments prescrits pour causent des pertes d’argent, mais les zones 30 km/h ? cette maladie sont-ils vraiment aussi des dommages psychiques. efficaces ? Depuis cet été, ils ne 19 FÊTE DES VIGNERONS sont en tout cas plus remboursés 51 NOTAIRE en France. Deux spécialistes En 2019, quatre générations de romands commentent cette déci- L’oncle Albert fatigue. Peut-être la famille Cottet auront participé sion. est-il temps de signer un mandat aux festivités sur la place du pour cause d’inaptitude. marché de Vevey. www.generations-plus.ch 5
SOMMAIRE OCTOBRE 201880 55 Spitzberg62 73Manuella Maury Alexandra David Neel Vélos électriques MULTIMÉDIA 66 MERCURY LES RENDEZ-VOUS 53 SMARTPHONE Un film retrace la vie du génial chan- 8 La chronique teur de Queen, décédé en 1991. Nous avons testé pour vous un d’Isabelle Guisan clavier dit « intelligent ». 67 THÉÂTRE 9 La Suisse en bref LOISIRS & MAISON François Berléand est à l’affiche 11 Le courrier des lecteurs de Ramsès II, à Fribourg. Portrait. 30 Le monde en bref 31 Sur notre site web 55 VÉLOS ÉLECTRIQUES 68 CATHERINE LARA 32 Les Fantaisies Yves Leresche, Oceanwide Expeditions et DR Ces engins connaissent un véri- A 72 ans, la chanteuse profite de de Jean-François Duval table boom grâce aux seniors qui la vie. Interview. retrouvent le plaisir de pédaler. 38 La santé en bref 71 EXPLO DU MONDE 42 Métamorphoses 58 RECETTE Un film fort raconte la fin inéluc- par Véronique Emmenegger Joues de bœuf aux légumes table des tribus des mers du Sud. anciens. 54 Monsieur Météo 73 LA BIO 61 MON ANIMAL par Philippe Jeanneret Alexandra David-Neel, première Nicole et Whisky. femme à pénétrer dans Lhassa, 72 Sur ces bancs de en 1924. 62 CORRESPONDANCE malheur ! LES VOYAGES par Mary Anna Barbey A une époque où on ne jure que par internet, le village de Mase 79 TOSCANE 74 Panorama culturel (VS) organise un Festival de la 77 Les coups de cœur correspondance manuscrite, à On y trouve aussi des trésors l’initiative de Manuella Maury. injustement oubliés des touristes. du libraire 64 TV-DVD 80 SPITZBERG 78 Nous, les femmes Ces docteurs qui sont des grands L’ours blanc est le plus célèbre par Nicole Métral malades. représentant de l’archipel. 82 Les bons plans 83 Le Club 94 Les petites annonces 98 Notre histoire6 www.generations-plus.ch
ACCOMPAGNEMENT Genève Genève FRANCOPHONE 18 1Merveilles de la Patagonie Valparaiso 16/17 Santiago URUGUAYBUENOS AIRES - USHUAIA - CAP HORN - FJORDS CHILIENS San Antonio Montevideo 2/3 4 5 Punta Buenos Aires del Este Océan 15 Pacifique ARGENTINE 6 Puerto 14 Montt 7 Puerto Madryn Fjords 13 CHILI Océan chiliens Atlantique Punta 8 Arenas Ushuaia 11 10 Détroit 12 de Magellan 9 Cap Horn (navigation)VOTRE ITINÉRAIRE DU 9 AU 26 MARSTout au long de votre croisière, vous bénéficierez d’un accompagnement francophone etpendant les temps de navigation, vous assisterez aux conférences de Jean-Claude Lescure(historien), Heidï Sevestre (glaciologue) et Jean-Charles Thillays (spécialiste de la destination).J1 I Genève/Buenos Aires (Argentine) où se mêlent l’océan Atlantique, l’océan Pacifique et l’océan Le Celebrity EclipseVous serez accueilli à l’aéroport de Genève par votre Austral (sous réserve des conditions météorologiques).accompagnateur, puis vous décollerez sur un vol régulier J10 I Ushuaia (Argentine) CHF6990.-/ pers.*(avec escale) à destination de Buenos Aires. Cap sur la ville la plus australe du monde, baignée par les À partir deJ2 & 3 I Buenos Aires (Argentine) eaux glaciales du canal de Beagle, aux maisons de boisArrivée à Buenos Aires, où vous embarquerez à bord du coloré. Excursion optionnelle : découverte du parc national CHF 6 690.-/ pers.*Celebrity Eclipse. Le soir, vous aurez la possibilité d’assister de la Terre de Feu et du canal de Beagle.à une soirée Tango (en option). Le lendemain, vous pourrez J11 I Punta Arenas (Chili) au départ de Genèvefaire une visite guidée de l’éclectique Buenos Aires et ses La capitale de la province de Magellan, abrite dedélicieuses influences latines et européennes (en option). somptueux palais. Excursion optionnelle à l’île de la Pour toute réservation avantJ4 I Montevideo (Uruguay) Madgalena, réserve naturelle des manchots de Magellan. le 31 octobre avec le code REVELa capitale de l’Uruguay : marchés artisanaux traditionnels, J12 & 13 I Détroit de Magellan/Fjords chiliensmonuments, belles plages, ruelles animées, jardins et Pendant ces 2 journées de navigation, vous assisterez Nos prix comprennent :places font de cette ville une escale particulièrement aux conférences de nos invités avant de franchir le détroitagréable. Excursion optionnelle : visite de Montevideo. de Magellan, le plus important passage naturel entre Le transport aérien aller/retour de Genève enJ5 I Punta del Este (Uruguay) le Pacifique et l’Atlantique, long de 611 km. classe économique (avec escale) - Ibéria, AirCe petit village de pêcheurs est devenu au fil du temps la J14 I Puerto Montt (Chili) France, Latam I Les transferts aéroport/portstation balnéaire la plus célèbre et la plus chic d’Uruguay Fondée par des colons allemands, Puerto Montt dispose d’embarquement et hôtel/aéroport I Une nuitoù l’architecture de style colonial espagnol cohabite avec d’une architecture européenne avec de vieilles maisons d’hôtel en demi-pension dans un hôtel 4* (normesune architecture moderne épurée. Excursion optionnelle : en bois. Excursion facultative au lac Todos los Sabros locales) à Santiago I La visite de Valparaísovisite de Punta del Este et Pablo Atchugarry. et aux chutes de Petrohué. et de Santiago le jour du débarquement IJ6 I En mer J15 I En mer La croisière en pension complète (hors boissons)J7 I Puerto Madryn (Argentine) J16 I San Antonio/Valparaiso/Santiago (Chili) I L’encadrement du groupe par le personnelVille fondée en 1865 par les Gallois, la ville est le point de Tour panoramique de Valparaiso : le Congrès, les maisons de Croisières d’exception I Les conférences Idépart pour se rendre à la réserve naturelle de Punta Loma colorées, le square Victoria… avant d’emprunter le Les pourboires au personnel de bord I Les taxes(excursion optionnelle), où vit dans ce domaine protégé funiculaire jusqu’à la Plaza Sotomayor. À Santiago, aériennes et de sécurité connues au 20/07/2018,la seule colonie permanente d’otaries d’Amérique du Sud vous découvrirez le centre historique de la ville et ses réajustables I Les taxes portuaires I Le port desainsi que plusieurs autres sortes de mammifères marins monuments, avant de rejoindre votre hôtel 4*. bagages en gares maritimes.et d’oiseaux. J17 & 18 I Santiago/GenèveJ8 I En mer Vous quitterez l’hôtel après le petit déjeuner et vous Nos prix ne comprennent pas :J9 I Navigation au large du cap Horn rejoindrez l’aéroport. Vous décollerez à destinationLe cap Horn est un passage mythique, lieu de convergence de Genève sur un vol régulier avec escale. Le pré et post-acheminement de votre résidence jusqu’à Genève I Les excursions, sauf les visites de Valparaíso et de Santiago le jour du débarque- ment I Les boissons I Les dépenses personnelles à bord ou lors des excursions I L’assurance rapa- triement, annulation et bagages I Les pourboires d’usage aux guides au cours des excursions.Cormorans de Magellan - UshuaiaDemandez la brochure au 022 909 28 00 du lundi au vendredi de 9 h à 18 h, par e-mail à [email protected] connectez-vous sur www.croisiere-patagonie.chCette croisière est organisée par Croisières d’exception / Licence n° IM075150063 - Les invités seront présents sauf cas de force majeure - Programme garantià partir de 40 inscrits - *Prix par personne incluant la réduction, en cabine intérieure catégorie 10 base double, les vols A/R depuis Genève, les transferts,la pension complète (sauf boissons), les conférences, les taxes aériennes et portuaires, pourboires au personnel de bord. Création graphique : nuitdepleinelune.fr -Crédits photos : © Shutterstock, © iStock, © Celebrity Eclipse, © Croisières d’exception.
4 - 7 OCTOBRE 2018 OCTOBRE 2018 PALEXPO On le scrute, le soupèse et le soigne. Car il nous préoccupe, ce corps qui prend de l’âge, et GENÈVE nous nous en occupons. Toujours en forme et avec les formes d’usage, Isabelle GuisanVVOOTJTUAERLSMELNAESEIAQSLNU’VATEUVÉEE!Z 3e s’en inquiète et s’en amuse. ÉDITION Sacrée secousse PLANETESANTE.CH/SALON A hhh … ! La fièvre embrase le corps au milieu de la nuit. Rien à voir avec la canicule qui UN ÉVÉNEMENT GRAND PUBLIC rend moite, la grippe qui fait frissonner, les bouffées de chaleur qui … Non, un feu subit, violent,Appel à participation Habitat Seniors qui brûle jusqu’au petit matin. Qui reprend le lende- main, et le surlendemain.Projet HABITAT SENIORS C’est le week-end, bien sûr. Que faire ? Attendre,Etude scientifique interdisciplinaire sur l’adaptation des logements stoïque, enveloppée de petits linges humides déri-existants pour favoriser un maintien à domicile durable des seniors en soires, que, dès le lundi matin, commence la valseSuisse romande. Cette étude est soutenue par la Fondation Leenaards des analyses, suivies d’un scanner et même cet IRMet la HES-SO Genève. qui écarte le cancer. Le corps, prostré, sans douleurs mais épuisé, attend.Investigateurs : Profs. L. Allet et C. Ludwig, Haute école de santé etF. Wüest, Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture, Une semaine passe, plusieurs pistes, toujours pasHES-SO Genève. de diagnostic clair. La fièvre cède à des médicaments qui s’en prennent soudain au foie. Brève hospitalisa- Pour participer à cette étude, tion, car la mort pourrait rôder pas loin, le fera-t-elle nous recherchons des personnes cette fois, suis-je prête ? Bizarrement, je n’ai pas peur. âgées de 65 ans et plus, habitant dans les cantons de Genève, de Dix jours ont passé, un second week-end s’écoule, Vaud ou du Valais avec une bonne sans médicaments. Les médecins, fidèles, prennent compréhension du français des nouvelles. Les analyses vont-elles livrer leurs souhaitant effectuer des adapta- résultats ? L’attente se poursuit et l’angoisse soudain tions dans leur logement actuel. s’arroge une place. Qu’est-ce que j’ai, comment, pourquoi ? Et jusqu’à quand ?Objectif de l’étude : Proposer des solutions d’adaptation du logementpour mieux répondre aux besoins de santé des seniors qui y habitent. Rendez-vous et voyages annulés, projets reportés. Vivre au ralenti, ce que connaissent tant de maladesComment : Participer à quatre entretiens - deux avant les adaptions et de personnes âgées devient mon quotidien. Faireet deux après les adaptations - d’une durée d’environ 1 heure chacun. quelques courses tient de l’exploit, à petits pas. La correspondance régulière entretenue par WhatsAppToutes les données seront traitées de manière confidentielle. avec un ami atteint du cancer et opéré de nouveau s’inverse. Lui est rentré à domicile, il va mieux etPour participer ou obtenir des informations : prend maintenant de mes nouvelles.L. Allet tél : 076 385 07 18 [email protected]. Wüest tél : 079 248 14 60 [email protected] La fin de l’été est douce, je la sens caresser le lac depuis mon lit que je retrouve souvent avec soula- Scannez le QR-Code gement. Cette douce fin d’été, je la regarde et l’ab- avec votre mobile sorbe aussi par instants avec reconnaissance depuis pour accéder à mon balcon, tout en lisant avec attention les jour- la page internet naux d’habitude juste effleurés. Ainsi, cette prise de du projet : conscience enfin générale, intensifiée par la cani- cule estivale, que tant de choses doivent changer. Le temps va fraîchir, mon corps sans doute se ressaisir après cette hépatite, mais où en sera l’état du monde dans quelques mois ? Mon thermomètre qui tres- saille, inquiet, ne le dit pas.8 www.generations-plus.ch
OCTOBRE 2018 L’ AC T U LA SUISSE EN BREF Chômage Les seniors vraiment malEnneigement Les satellitesimplacables Contrairement à ce que prétendait un sondage réalisé auprès de 500 entreprises, les plus de 50 ans qui seVoilà qui intéressera Donald Trump et d’autres climatoscep- retrouvent au chômage sont de plus en plus mal lotis.tiques. En l’espace de vingt ans, une partie de la Suisse, A priori, les chiffres pourraient pourtant tromper l’obser-équivalente au Valais, a perdu tout enneigement. C’est ce vateur non assidu. S’il y a moins de chômeurs parmi lesqui ressort de données satellitaires incontestables. A noter aînés, c’est parce que beaucoup ont disparu des radarsque, si le Jura sera classé premier au niveau des grands après avoir vainement cherché du travail. Et que beau-perdants, certains ont tout de même tiré leur épingle du coup ont fini à l’aide sociale, leur part ayant augmentéjeu. Ainsi, le sud des Alpes, principalement le Tessin, a de 50,5 % entre 2010 et 2016. Du jamais vu ! Par ailleurs,gagné quelques flocons supplémentaires. on note que l’immense majorité de ceux qui ont retrouvé du travail cumulent, en fait, des contrats de courte durée.Le dessin de MicaëlRetraite Les jeunes préoccupés par l’AVS Energie Des panneaux solaires sur l’autorouteEtonnant. La plus grande préoccupation des jeunessuisses, 15-16 ans, concerne la retraite et l’AVS, loin devant L’Office fédéral des routes a donné son feu vert au projet.les problèmes de migration et d’asile, selon un sondage Des panneaux solaires, 36 000 au total, pourraient recouvrir,effectué pour Credit Suisse. Il semble que la votation à l’avenir, un tronçon de 1,6 kilomètre à Fully (VS). Cette ins-« Prévoyance vieillesse 2020 », respectivement le débat tallation fournirait l’équivalent de la consommation deà ce sujet, a renforcé cette prise de conscience. Ce nou- 20 000 foyers. Reste à financer un projet estimé à 50 millionsveau souci majeur montre aussi que les jeunes attendent de francs. Si tout se déroule bien, les travaux pourraient dé-maintenant urgemment des solutions de la part du monde marrer à l’automne de 2019 et l’énergie serait fournie en 2020.politique. www.generations-plus.ch 9
Notre engagementpour vous assurer uneaide rapide.Si vous avez besoin de notre assistance hors de Suisse,faites confiance à notre protection complète à l’étrangeravec centrale d’appels d’urgence 24h/24 : transport, fraisde sauvetage, traitement ambulatoire et stationnaire ourapatriement en Suisse. helsana.ch/etranger Il s’agit d’une prestation offerte dans le cadre d’une assurance complémentaire.
OCTOBRE 2018 LE COURRIER VOUS AVEZ LA PAROLE A propos de la canicule COMMENT ÉCONOMISER L’EAU La canicule est terminée pour cette année. Ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de l’économiser en permanence. Selon les statistiques, la chasse des W.-C., par exemple, utilise environ 40 litres d’eau par personne et par jour. Rien n’est plus facile que de les économiser. Il nous faut simplement un bassin dans l’évier et un seau pour récupérer toute l’eau qui a servi à se laver les mains et le visage, à rincer les fruits et les légumes, etc. On arrive vite à 40 litres et plus. Anne-Charlotte Van Cleef, Leysin (VD) Notre Concours des mots croisés de l’été UNE CROISIÈRE POUR LE GAGNANT Un grand bravo à Jaques Bonnard de Corsier (VD) qui trouvé la bonne réponse aux mots croisés du supplément « Jeux de l’été ». « Nous n’avons jamais rien gagné avant. C’est une très bonne surprise. » Monsieur Bonnard remporte un bon d’une valeur de 2000 fr. pour une croisière offerte par notre partenaire CroisiEurope avec lequel il envisage de naviguer sur le Rhin avec sa femme. Quelle est votre A propos de la nature chanson préférée ? MON AMIE L’ABEILLE Les uns contre les autres, dans Starmania. Cette En cette fin de saison d’été, une petite abeille retrou- chanson m’a fascinée pour des paroles si vraies. « Nous vée sur mon balcon, égarée probablement. Elle me semble bien affaiblie par son comportement chance- vivons ensemble, les uns contre les autres, les lant : je décide de la faire monter sur un doigt, pour la mettre sur mes fleurs et lui amener quelques gouttes de uns avec les autres, mais, finalement, au bout ce si précieux mélange de miel, si merveilleusement récolté par ses congénères, de lointains pays sans doute. Je n’ai pas peur de ce bel insecte si du compte, on se rend compte qu’on est toujours généreux et qui travaille pour nous. Le lendemain, je la retrouve ragaillardie, il me semble, restée là ? Ou qu’elle soit tout seul au monde. » Je pense plus particulièrement à la revenue me rendre visite. Je n’ai nullement peur de l’approcher doucement. J’appré- cie cette visite au petit matin, en admirant mes belles violettes d’un bleu profond naissance et à notre mort. Nous serons seuls à affronter notre violacé et velouté que j’ai encore, en cette fin de saison, miraculeusement gardées sur mon balcon, tout l’hiver à l’abri sans plus, restées avec une fleur sans se faner … départ … Catherine Bonny, Chevroux (VD) Il faut dire, avoir reçu cette belle violette lors d’une fête, que je me suis empressée de faire des boutures au printemps qui, actuellement, fleurissent encore sur mon générations et Payot Libraire ont le plaisir d’offrir à balcon ! Quel plaisir, de les voir se multiplier, en leur faisant un petit câlin chaque matin. Par contre, je n’ai plus revu mon amie l’abeille … avec l’espoir qu’elle a pu Catherine Bonny avoir une fin heureuse. Danielle Wenk, San Pellegrino (Province de Bergamo, Italie) un bon cadeau d’une valeur de 30 fr. à faire valoir dans toutes les librairies Payot et tous les magasins A propos du Club lecteurs Nature & Découvertes de Suisse, pour son courrier « MON MARI EST AUX ANGES » paru dans notre numéro. Un grand, un immense merci pour les deux billets pour le spectacle Le fric. MonDR Ecrivez-nous à générations, Courrier des lecteurs, mari est aux anges … Il adore les deux Vincent et moi également. rue des Fontenailles 16, 1007 Lausanne Marie-Claude Bruchez, Martigny (VS) ou [email protected] PLAISIR PARTAGÉ OCTOBRE 2018 Quelle grande joie, lorsque j’ai relevé mon courrier et constaté que j’avais reçuFaut-il généraliser les zones 30 km/h ?POURCONTRE deux billets pour le concert au temple Saint-Martin, à Vevey. C’est avec un immense plaisir que j’ai partagé ce moment avec mon épouse.« Les zonesLa vilUlendeemGeesnuèrveedpersétqivnuoiéitne deà’carobéndaviusaisrienerclleapsavnsiutteiossuastenlcàee3ms0sokunmbdie/ehs. pdaarnlselseps iqéutoanrtsiers. LA QUESTION DU MOIS (lire page 18) André Stoll, Bienne« Claelsdaéicmaumirniétuléieoerte sad3bé0priikleéimsstpeo/onnhnts-»lesMOPABSIQLCITUAAILNDPTÉ.RORFINEERSNCGPDE,O,UUNPNNRSEEAÉASBMSILDOESEOBNICLTITIADÉTEION le bruit »LNuAisLTmncIIéSOCMoAeacENicuAMNutAucEahbqTevLANbrloERtZvieuaViTrioAsmZsoEVIcRitrCRLddoiTOntAdéttOmDaoaeMlNléN’moecnENeeuelqSEsEesnusr’Nosu—P,slLMeevmue’téeiECeOAgbstDobBtsssMeciSepAORolRseielpmSrtecpuptneEeiaTEsdNenOiveuNcedSlns’…anonSivénptDieseCTseKeéutcEbfEeicstyuinUstSelTc(dIiIltoauoAneeLtrölcAnrtte!ootarCLiTeeTeemasnéeeesÈnpinleItqEes?OOAnrpscRsptentndl)aavlseuthisuENM,,aeserusasuubpzztiiurtnéeoIrtanl?mvcfTbséoaiicszatteÉcpq(irtbzsioodneleoraroBrnisasetioiilulnceésnélmisniépncuEt’lgein’lonAsebdiipn,éfinéeuo)séd,estzuridemnuT.us,geascéeansmeloee.rEsettiliuaDofrnes3sé3su,tnteémenlisIlelùr00uara’entnlteetmenapnblola,lsolriameemtnetuclskao’nolttkdaiéasraaihccstpnstntmmenesartfesiiruasbcalaiEneiasnnandado’ansjfor/rs/isarasvMetoqhasecdeq’hgdignneatoeuuriduvscu’dc,emefteSetreacpntenodegarseeeeéanohnàicstsnldrcebien.selmbullcrnoiltpa,ti’tèaletsesèltil3ghSnsseUuodaeeodeerphsnupb0l1udo.udseuqnrteénneoz.7àiriiesriiru.npenfséoruesotilpkm0e,é.faoeedersetnntrrr.repm0répaosxeLr,om’sieneéicadc0inrnaeeaopé/ffedtrotoudc—3amemiautuéo,htsvhoebhl0tatoliviemeésacv,rmsratnapéinelqasrkehuaasaeeabeelbbl.st,asuesimuoneniissgnisroa.lntlceeitoso:ettmdetrtetu/aétbdlsLnrl-ehissleilltldsuicleueéeeiafeerébie.sclfan.easesdsopnmsicsméioJlnu.dsdneéeu’eaarlelceairesno-uleouxnmhmesednmtiuttpdlcsnaaimteoitat,oèrcqmsnnsémiPo-ronua-csutsedienoperoaetl,tenlqendlstuMbiiewuvjisruOototbirsondseiswér-annéqeldenoueseu3teetw5ninceulrdu0ésesM,dd3ed,p%.dfq-qsoemrdc0gaekaémnruueéuiaCoienenrémlestéddeinemkeonêvtesstOdreéqsm/useestarscemchc7dppeSneonffuriraseèh’%/orarr.aQseziisât’ehspseaeCrtmnpéosuauoUti-5nnipusnuoàvize’vnslcl0nnndsdneo.eeciraeonoetccaonoPeaseee5e,naniEestnàbkluiuuqtlnvln0nnréénl,ssmdtgiuriemeqsnixe,tsu-dtlns3espepestcspivkua,speeece/enoesss0aoillotslmihuhlpseaellnc1énouruepdaleaanas9s,’knugaeucstafol/nrrelslpec6utuavhrmeèe.ire:upuotrs,scp-csoc0auasrasgtnsst,eùrgviioàhh/eili.p.scteoladsteàpmsl’otpuemhceléanhicpieflei5eqtonllisdlapcsIénedonsu’mdeeeu’lusa0éseuyrlt2nyretipmneusae’lovnsruttoso%sitèna2kfetgtoroinslceraxdareatio0émtpe(tosnsnteràuuuiiyspnbad0c,op,zannrngesctnàxt/dpl’s9eov3ooulqtnauaiqtéhraoesdorsc%.ynnariuctuc5qastnee)ureetn?aeeveec0ei,iuiisdrréstuàsmritdan,éedsa’sésd!tbeqrenxielkqrtoeean,3aeèleut3sazrucm!sn0idmnnvoureyulc-uiné0riPeivaétutriterè/eiskêscsasosonoshatjmrkgssecpoeam,m.uomielsue,lem7eereûonpuesro0sbsCn/mletnmno?ptasccrie/hqacee?%itnetosrsedshqmanhu.osrilsacnspuselaaleicnd,s?eitbeLessotrlifeaetlreoeitpfsedlicBrelpoeretlulsnuunedraeiosaeoeuertirrssrnret3iisrlsu3rs,rst.dr-ls0sidt0qeeu,esuesslezqmaaeusneq%tknogul.snuirelutemenioeeerstlsàenvueenll!/lsilodsherroeA.iessi.ntf.sufasdoézrcoiroettsenesnseN,tss.V. Faut-il généraliser les zones 30 km/h ? RTS/Damien Trilles et Philippe Pache 18 www.generations-plus.ch 11
DOSSIER OCTOBRE 2018Le soutien aux prochesaidants va croissantAider un proche au quotidien et cela dans l’indifférence générale ! Le Conseilfédéral veut améliorer notablement la reconnaissance des proches aidants. Tourd’horizon avant la journée qui leur est consacrée, le 30 octobre.Une mère de famille qui fait les dent. Et ne pourraient être licenciés sente des avantages certains dans les courses pour ses parents impo- durant cette période. cas où les employeurs rendent ser- tents. Des parents qui se re- vice à leurs collaborateurs proches Si un enfant est gravement atteintlaient, à l’hôpital, au chevet de leur dans sa santé en raison d’une maladie aidants, en laissant couler en casfils gravement malade. Un couple de ou d’un accident, et nécessite donc d’absence, par exemple. A quoi bonjeunes retraités qui ne profite pas de une prise en charge particulière, il est rajouter des contraintes nouvelles,son temps désormais libre pour sou- quand les choses peuvent se réglertenir, à domicile, une maman nona- avec responsabilité, souplesse etgénaire. Les proches aidants sortent « Ce projet, c’est inventivité ? »de l’ombre et, le 30 octobre, leur est une affaire à Certaines entreprisesconsacré. Leur travail, le plus souvent 100 millions deingrat, est actuellement sous la loupe francs » prennent en effet, elles-du Conseil fédéral qui veut améliorer mêmes, des mesuressa reconnaissance. Le conseiller fédé- pour faciliter l’articula-ral Alain Berset l’affirme haut et fort, tion entre le travail et les autres sphères de lal’engagement de très nombreuses CHRISTOPHE REYMOND, CENTRE vie. Les plus prévenantespersonnes, en Suisse, pour aider un PATRONAL VAUDOIS d’entre elles disposent no-proche est « absolument inestimable tamment de fonds sociaux destinéspour la société ». à leurs employés, utilisés à diversesDe la parole aux actes, Berne a lan- fins, telles que l’aide au désendet-cé, en juin dernier, un projet dont la ainsi proposé d’offrir aux parents un tement ou pour couvrir des frais deconsultation prendra fin le 19 octobre congé de quatorze semaines au plus. déplacement ou de soins liés à l’hos-prochain. En résumé, le Conseil fédé- La perte de gain subie par le parent pitalisation d’un proche.ral propose d’octroyer aux travailleurs serait compensée par une allocation En général, plus la société estdes congés systématiquement payés de prise en charge reposant sur les grande, plus les proches aidants sontpour la prise en charge d’un enfant, mêmes règles que celles applicables pris en compte. Ainsi, Google Suisse,d’un membre de leur parenté ou d’un à l’allocation de maternité. Un projet qui propose deux semaines payées,proche malade ou victime d’un acci- qui crée déjà des réactions. puis jusqu’à trois mois sans salaire et des possibilités de temps partiel. LES AVANTAGES DE LA SOUPLESSE Swisscom va dans ce sens avec son Pour Christophe Reymond, di- programme Work&Care. Alicia Ri- recteur du Centre Patronal vaudois, chon, sa porte-parole, s’explique : une telle rémunération des absences « Cela fait environ cinq ans qu’il est8,2 % n’est pas la solution : « Le projet mis en place. Deux modèles de temps de FredFroese et Roberto Ackermann en consultation, c’est une affaire à travail flexibles sont proposés dans 100 millions de francs. Dans une pé- ce but : un horaire de travail mobile, riode où il devient urgent de conso- d’une durée brève ou limitée, à savoir lider les assurances sociales, il n’est trois ou quatre mois au maximum. pas indiqué de créer une nouvelle Une possibilité offerte aux collabo- institution qui va entraîner une rateurs souhaitant réduire tempo- DES SUISSES SONT énième hausse des cotisations. » Et rairement leur taux d’occupation.TRIBUTAIRES DE PROCHES de plaider en faveur d’une certaine Ou, alors, une réduction temporaire « informalité » qui règne en la ma- du taux d’occupation qui convient en AIDANTS. tière dans les entreprises : « Elle pré- cas de situations de plus longue du-12 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 DOSSIERLe soutien apporté à des proches est une chose précieuse pour la société. Il faut mieux le reconnaître, estime Berne.rée, entre trois et douze mois, avec la réellement disposé à trouver des solu- sanne, préconise « une solution in-garantie de retrouver son taux d’oc- tions au cas par cas. Car rien n’oblige termédiaire entre le monde de la san-cupation initial par la suite. » les patrons à se montrer conciliants té et celui de l’entreprise ». Selon lui, avec leurs employés proches aidants. compte tenu du vieillissement de la De tels aménagements sont population, il est important de sen-moins courants au sein des petites SENSIBILISER LES PATRONS sibiliser les employeurs en vue d’uneet moyennes entreprises. A leur C’est pourquoi Marc-Antoine Ber- reconnaissance formelle du statutéchelle, le régime d’accommodement de proche aidant. Cela ressort de lapréconisé par Christophe Reymond thod, professeur à la Haute Ecole de récente étude qu’il a conduite >>>ne fonctionne que si l’employeur est travail social et de la santé de Lau- www.generations-plus.ch 13
DOSSIER OCTOBRE 2018pour le Programme national de la Savoir identifier les proches aidantsrecherche « Fin de vie » : « Des coursou des ateliers de formation continue Comment identifier un proche aidant dans le besoin ou en diffi-devraient être proposés au personnel culté ? Depuis 2015, l’Association pour la santé, la prévention et ledes ressources humaines et aux su- maintien à domicile du Nord vaudois (Aspmad) a sensibilisé à cettepérieurs directs, afin de les informer question l’ensemble des collaborateurs des neuf CMS de la région.des réalités de la maladie grave, de Lors des visites à domicile, les équipes peuvent identifier les per-la maladie chronique ainsi que de la sonnes de l’entourage présentant des signes de fragilité. L’infor-fin de vie. » mation est ensuite trans- mise aux « personnes Comme l’explique Marc-Antoine ressources prochesBerthod, toutes les politiques sociales aidants ». Formées à cetrelatives aux proches aidants sont ré- effet, Marylène Chollycentes, en Suisse : « Nous cherchons et Belinda Wasserfal-actuellement une solution globale, len présentent l’offreà l’image de l’Union européenne qui d’accompagnement auxveut mettre en place un congé mini- proches aidants, puismum. Cette mise en place d’un congé deux entretiens leur sontlégal, certes coûteux administrative- proposés. Le bilan élargiment, prend son sens quand il per- de son engagement au-met d’introduire d’autres paquets de près de la personne aidéemesures. » est établi. L’incidence de son rôle est analysée aussi bien d’un point de vue organisationnel, Dans le canton de Vaud, le congé professionnel, financier que de son vécu personnel et social. Paral-rémunéré est déjà une réalité pour lèlement, les éventuelles répercussions au niveau de la santé dules employés de l’Etat. D’une durée proche aidant, ses questionnements face à l’avenir et ses relationsallant jusqu’à douze jours par année sont, si la personne le souhaite, abordés dans la seconde étape decivile, il s’adresse aux personnes qui la collaboration. L’aspect de la pénibilité est aussi évoqué.doivent fournir, régulièrement ou en Subventionné par le canton, ce travail de collaboration permet,permanence, de l’aide ou des soins à dans un premier temps, de « mettre des mots » sur une situationun proche atteint gravement ou dura- particulière. Cet appui peut aboutir à un soutien ciblé, proposé parblement dans sa santé et dépendant le CMS ou les différents partenaires.de leur assistance. Une carte d’urgence pour proches aidants est aussi à leur disposi- tion : « En cas d’accident ou lors d’un malaise, par exemple, l’équipeUNIA DEMANDE PLUS médicale qui prend en charge le proche est tout de suite informée Et du côté des syndicats, comment que cette personne est liée à un patient dont elle a la charge », expliquent Belinda Wasserfallen et Marylène Cholly.le projet mis en consultation par leConseil fédéral est-il perçu ? Plutôt pas de la problématique de l’assis- active dans ce domaine, par le biaisbien, dans l’ensemble, à quelques tance à long terme d’adultes malades de ses sections cantonales. Pro Senec-exigences supplémentaires près. ou accidentés », note encore Yolande tute, les Centres médicosociaux etUnia, notamment, salue un progrès, Peisl-Gaillet. diverses associations d’EMS ont destout en réclamant une étendue de la répondants.protection contre le licenciement : Dans l’ensemble du pays, le sou-« C’est un petit pas vers la reconnais- tien et la formation des proches ai- NICOLAS VERDANsance du travail d’assistance et de dants fait son chemin. Chacun dessoins non rémunéré qui est un pilier six cantons romands dispose d’un Plus d’infos:central de la société et de l’économie. relais avec des informations détail- www.journee-proches-aidants.chIl n’en présente pas moins un risque lées à l’appui. La Croix-Rouge est trèsaccru de paupérisation ou, à tout lemoins, de péjorations financières En chiffresqui touchent en majeure partie lesfemmes », affirme Yolande Peisl- En Suisse, quelque 330 000 personnes en âge de travailler apportent régu-Gaillet, secrétaire syndicale dans le lièrement soins et assistance à des proches. Environ 700 000 personnes ensecteur tertiaire. sont ainsi tributaires. Et les besoins vont encore augmenter en raison de l’évolution démographique. Unia défend un congé de cinqjours, surtout pour les personnes éle-vant seules leurs enfants. Quant auxquatorze semaines, là aussi, le syn-dicat les estime insuffisantes. « Etle projet ne traite malheureusement14 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 DOSSIER Accompagner un proche : une expérience qui transfigure Etre proche aidant ne procure pas que de cumuler, vie tant personnelle, profes- l’épuisement. Cela peut remettre ses valeurs de vie sionnelle que familiale. Mais ce que je en question et donner envie de se transformer. vivais auprès de ma mère était très fort sur le plan humain. Et, ça, personne « Et c’est toi qui gères tout ? Ton se voulaient sympathiques. Et, pour- ne l’envisageait jamais. Sans cette boulot, la maison, ta mère tant, elle s’abattait sur elle comme une expérience d’aidante qui confronte à malade … Mais quelle vie ! claque. Souhaiter que « cela s’arrête » ne des questions existentielles, je ne me Vivement que ça s’arrête. » Cette excla- revenait-ce pas à espérer que sa mère, serais jamais intéressée à la philoso- mation, Agnès, 54 ans, l’a entendue atteinte d’un cancer, meure rapide- phie, par exemple, et je n’aurais pas souvent. Elle émanait de personnes qui ment ? « Oui, j’étais fatiguée de tout réfléchi aussi profondément au sens de ma vie. » Si elle n’avait pas >>> « JE ME SUIS SOUVENT SENTIE INCOMPRISE PAR LES AUTRES » « A 23 ans, je suis tombée amoureuse d’un homme qui sait comme insultant pour mon mari qui luttait pour souffrait d’une myopathie. Et je l’ai épousé en sachant que la maladie ne prenne pas toute la place entre que sa maladie allait nous. J’ai souvent évoluer et que nous eu l’impression de n’aurions pas d’en- VÉRONIQUE n’être envisagée MOOSER fant. Je suis devenue que comme aidante à mesure 55 ANS, ART-THÉRAPEUTE l’aidante de qu’il perdait son INDÉPENDANTE ET EN mon mari. autonomie. Un jour, INSTITUTION (FR) C’est ce qui il a eu besoin d’aide m’a donné pour presque tous les envie de faire une actes de la vie quo- formation d’art- tidienne, y compris thérapeute, en plus se retourner dans de mon travail de son lit. Dans l’entre- salariée. Et m’a prise où je travaillais, inspiré aussi des la responsable des céramiques et des ressources humaines poèmes — publiés était la seule à qui j’ai cet automne*— sur parlé de ma situa- ce que je ressentais. tion personnelle. Elle Avoir passé 25 ans savait que, s’il arrivait auprès d’un homme quelque chose à mon handicapé m’a mari, je devais pou- rendu bienveillante voir quitter mon poste Aider son mari a rendu Véronique très sensible à l’accessibilité envers les autres, en illico. Avec mes collè- de l’espace public pour les handicapés. général. Mon mari gues, j’ai été discrète. est décédé depuis Je n’avais pas envie d’inspirer de la pitié. Je me suis sept ans, mais je reste très sensible à l’accessibilité. souvent sentie incomprise par les autres qui savaient. Dès que je vois quelqu’un en fauteuil roulant, je vérifie Soit ils ne comprenaient pas que je mette mon mari à qu’il n’y a pas d’obstacles autour de lui. Je pense que contribution dans le quotidien. Cela les choquait que je serais une personne plus arrogante, plus tranchante je puisse le traiter autrement que comme un grand si je n’avais pas vécu cette expérience. » malade. Soit, ils me considéraient comme une victime — « ma pauvre, quel courage ! » — ce qui m’apparais- *Pastels de ciels, Editions Soleil Blanc, vmaoo.chDR www.generations-plus.ch 15
DOSSIER OCTOBRE 2018été la mère d’un enfant atteint d’une pas été la mère d’un garçon schizo- sante, l’accompagnement d’un prochemaladie psychique rare qui le rend dif- phrène, Ana Leroy n’aurait pas créé malade ou handicapé ? Eh oui. Des bé-férent, Emilie Weight, 42 ans, salariée l’Îlot, à Lausanne, une association qui néfices que même les responsables desdans une entreprise pharmaceutique vient en aide aux proches d’une per- ressources humaines commencent àne serait pas la femme qu’elle est au- sonne souffrant de troubles psychiques mesurer.jourd’hui. C’est ce qu’elle raconte dans et ne serait pas devenue une experteune conférence sur internet, www.ted. que les institutions invitent pour des Ils savent que les aidants déve-com, où elle énumère les trois choses séminaires et des formations. loppent des compétences qui peuventque son fils lui a apprises : un autre être profitables à leur environne-rapport au temps, plus d’empathie et DES COMPÉTENCES PROFITABLES ment professionnel. Par exemple ?une meilleure conscience de l’instant Il y aurait donc des bénéfices à Dans l’organisation du temps, laprésent. De même que si elle n’avait prise de rendez-vous, la recherche, assumer cette épreuve souvent haras- puis la gestion d’informations re-« JE SUIS TELLEMENT RECONNAISSANTE À MES EMPLOYEURS DE M’AVOIR LAISSÉ GÉRER MON TEMPS »« J’ai toujours été proche de ma belle-mère, Jane, belle-mère m’a demandé si je n’avais pas mieux àmais, quand son état de santé s’est détérioré, notre faire que de m’occuper d’elle. Mieux à faire ? Maislien s’est approfondi. Elle m’a investie comme sa rien ne valait notre complicité, les confidences quepersonne de confiance. Pendant quatre ans, j’ai nous échangions, les fous rires que nous attrapionsmis ma vie personnelle entre parenthèses. Je l’ai aux moments les plus improbables. L’accompagneraccompagnée à n’a jamais ététous ses rendez- un sacrifice.vous médicaux, Pour tout l’ornotant scru- FABIENNE du monde, jepuleuse- REBMANN n’aurais pasment tout voulu êtrece que les 52 ANS, COMPTABLE ailleurs qu’àprofes- EN RECONVERSION son côté poursionnels PROFESSIONNELLE recueillir tout (VD)de santé ce qu’il y avaitnous disaient. de si vivant enQuand elle elle. Jane estavait besoin décédée en maid’aide, je 2017. Cet accom-plaquais tout pagnement aet montais à la été une expé-vallée de Joux, rience humaineoù elle vivait. si intense qu’elleVers la fin de sa m’a transfor-vie, je travail- mée. Depuislais le matin, son décès, j’aipuis je restais entamé uneauprès d’elle de formation pourmidi jusqu’au changer de voiesoir. Je suis et me rappro-tellement recon- Avoir accompagné sa belle-mère a permis à Fabienne de faire le point sur cher du mondenaissante à ses choix de vie. médical pourmes employeurs défendre le rôlede m’avoir laissé gérer mon temps ! Certains soi- des proches aidants. Ceux-ci connaissent si biengnants me mettaient en garde : « Attention, pensez leur malade que, en un seul regard, ils perçoivent ceà vous aussi. » Ma force, je la puisais dans ce petit qui ne va pas. Mais les soignants ont souvent du malbout de femme qui était encore plus fort que moi à le comprendre et à le reconnaître. Il faudrait qu’ai-en faisant face à tout ce qui lui arrivait. Un jour, ma dants et soignants fassent davantage alliance. »16 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 DOSSIER cueillies auprès des professionnels ce temps investi auprès d’un proche sans l’engagement bénévole d’an- de la santé, la gestion administra- fragile en quelque chose de positif ciens aidants, disponibles pour par- tive, financière, fiscale et parfois pour eux et la collectivité tout en- tager leur expérience et créer des patrimoniale, la communication, la tière », remarque Waltraut Lecocq, relations solidaires. patience, la tolérance, la souplesse, secrétaire générale de l’Association la réactivité, l’improvisation, l’adap- de proches aidants. Car, non seule- VÉRONIQUE CHÂTEL tabilité … « C’est en parlant de ces ment cette expérience peut transfi- bénéfices, que les aidants prendront gurer sur le plan personnel, mais elle Contact : conscience de leur rôle et oseront sor- peut aussi développer une conscience www.lilot.org tir de l’ombre. A la fois pour réclamer collective et citoyenne. http://proches-aidants.ch un statut qui leur confère des droits. Et, à la fois aussi, pour transformer L’Association vaudoise d’écoute et de soutien ne fonctionnerait pas « C’EST DU NON-STOP QUAND JE SUIS AVEC MA FEMME ET C’EST CONFLICTUEL » « Quand on m’a confirmé que mon épouse de 63 ans une relation difficile avec nos petits-enfants, se mêle souffrait de la maladie d’Alzheimer, j’ai eu l’impression des conversations des tables voisines, si on mange au qu’une catastrophe nous tombait dessus. Une malédic- restaurant. C’est du non-stop quand je suis avec elle. Et tion. D’autant plus que nous avions déjà été secoués, c’est conflictuel, car je suis celui qui l’empêche de faire quelques années plus tôt, par mon cancer de la ce qu’elle veut, comme elle veut. J’ai dû installer une prostate. barrière dans Pourquoi PIERRE notre maison MOSER nous ? Ma 74 ANS, IMPRIMEUR pour l’empêcher femme RETRAITÉ (NE) de monter à venait de l’étage où elle prendre retourne tout. une retraite Et puis, je ne anticipée du sais pas ce home où elle qu’elle ressent. avait travaillé Ni si elle souffre comme aide- quand elle pose soignante et ses doigts sur où elle s’était ses tempes ou si beaucoup elle a du plaisir occupée de per- à manger ce sonnes atteintes que je cuisine d’alzheimer. pour elle. J’ai Passé le choc pris contact de l’annonce, avec un accueil j’ai bien dû de jour où j’ai admettre que rencontré des je devrais faire professionnels avec … Alors, je très à notre me suis rensei- écoute. J’y dé- gné le plus pos- posais d’abord sible sur cette Le réseau amical de Pierre, époux et désormais aidant d’Antoinette, est une ma femme maladie. J’ai source de réconfort. une fois par contacté des semaine, on est associations dans le canton de Neuchâtel, j’ai lu toutes passé à cinq fois par semaine et, maintenant, d’entente sortes d’articles. L’état de ma femme s’est vite dégradé, avec mes enfants, j’envisage qu’elle s’y installe com- et mon rôle d’époux peu à peu transformé en surveil- plètement. Heureusement, j’ai un bon réseau relation- lant, en auxiliaire de vie. Antoinette ne sait plus se laver, nel. Je sais que, si j’ai besoin de souffler, je peux aussi s’habiller, se faire à manger, s’occuper seule ... Elle a compter sur mes amis. »DR www.generations-plus.ch 17
POUR CONTRE OCTOBRE 2018Faut-il généraliser les zones 30 km/h ?La ville de Genève prévoit d’abaisser la vitesse à 30 km/h dans les quartiers. Une mesure destinée à réduire les nuisances subies par les piétons qui ne convainc pas tout le monde.« Cela améliore « Les zones la sécurité et 30 km/h diminue dérespon- le bruit » sabilisent les LISA MAZZONE, CONSEILLÈRE piétons »NATIONALE ET MEMBRE DU COMITÉ PASCAL PRINCE, PRÉSIDENT DE CENTRAL DE L’ASSOCIATION MOBILITANT.ORG, UNE ASSOCIATION TRANSPORTS ET QUI DÉFEND UNE MOBILITÉ ENVIRONNEMENT (ATE) RESPONSABLELimiter toutes les zones urbaines à 30 km/h, est-ce Pourquoi êtes-vous opposé aux zones 30 km/h ? Béatrice Devènes, Yves Leresche et DRune bonne idée ? On déresponsabilise les piétons, qui se croient priori- Absolument ! Au début, on l’a fait pour améliorer la taires dans ces zones sans passage clouté, et se montrentsécurité et la convivialité et, aujourd’hui, on a aussi dé- plus téméraires. Et cela va à l’encontre des règles que touscouvert que cela diminue la charge sonore. les enfants apprennent : il faut traverser dans les clous.Mais le bruit et la pollution augmentent, car les Mais un choc à 30 km/h est tout de même moinsautomobilistes freinent et accélèrent devant violent qu’un impact à 50 km/h ?les chicanes … Mais pas dans les proportions avancées par le Bureau C’est pourquoi l’ATE est favorable à d’autres mesures, de prévention des accidents (bpa), qui se base sur unecomme les rétrécissements de chaussée ou les éléments étude des années 1960 pour dire qu’il y a 70 % de risquesqui créent un parcours non rectiligne. Le bruit rend ma- de mourir dans un accident à 50 km/h, contre 30 % àlade — une personne sur cinq en souffre — et les collecti- 30 km/h. Une recherche de 2009 ramène ces chiffres entrevités sont tenues légalement de le diminuer. 5 % et 7 % à 50 km/h, et 2 % à 3 % à 30 km/h. Les risques de décès sont légèrement plus élevés, mais les zonesVos opposants parlent d’une déresponsabilisation 30 km/h engendrent plus d’accidents. Cela dit, quelledes piétons qui, en l’absence de passages cloutés, que soit la vitesse, l’humain sera toujours le perdant ! Adeviennent plus téméraires, et prédisent une commencer par les seniors, qui sont moins alertes.augmentation des accidents ... Ces zones vont-elles se généraliser ? Avec les zones 30 km/h, on hiérarchise différemmentl’espace public, afin de favoriser la cohabitation dans les Seule une nouvelle votation, qui coûterait des millionssecteurs habités. Il me semble normal que les automobi- de francs, pourrait s’y opposer !listes ne bénéficient pas de la priorité absolue. On évoque aussi moins de bruit et de pollution ...De fait, ces zones sont très profitables auxseniors ? C’est de la poudre aux yeux ! Pour que le 30 km/h soit respecté, il faut qu’il y ait des ralentisseurs, genre dos Si la zone 30 km/h est bien faite et bien marquée, d’âne, qui augmentent ces nuisances, car les voituresc’est certain. D’autant plus que, devant les endroits sen- freinent, puis accélèrent.sibles, comme les EMS et les écoles, on peut continuerde mettre des passages pour piétons. La diminution Quelle solution préconisez-vous ?de vitesse réduit le risque. Un exemple : dans le centrede Köniz (BE), où transitent 17 000 véhicules chaque jour, Plus les gens se sentent responsables de leurs actes,il y a un tiers moins d’accidents et moitié moins de blessés mieux c’est. Il faudrait au moins laisser les zonesdepuis l’installation de la zone 30 km/h. J’espère donc que 50 km/h, où il y a un certain respect entre les différentscela se généralisera en Suisse romande. utilisateurs. F.R.18 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 TRADITION La Fête des Vignerons, cette grande familleChez les Cottet, quatre générations auront tenu un rôle dans quatre Fêtes,de 1955 à 2019. Cette famille en témoigne, l’enthousiasme et la créativité serenouvellent tous les quarts de siècle sur la place du Marché de Vevey.L a Fête des Vignerons est une his- maine et fraternelle de cette expérience Et c’est précisément à Bossonnens toire de générations. Née Cottet, hors du commun. (FR), face à Teysachaux et à la Dent-de- Zoé Schneider en sait quelque Lys, chez Joseph Cottet, 95 ans, et son Aussi, tout naturellement, ont-ilschose. En 2019, elle fêtera un double décidé de s’inscrire en famille pour celle épouse Odile Cottet, 91 ans, les grands-anniversaire, étroitement lié aux célé- de 2019. Tous les quatre ont intégré la parents de Zoé, que nous évoquons cesbrations : sa rencontre, lors de la Fête troupe des convives de la noce. Fêtes mémorables. Conseiller d’Etatde 1999, avec Christophe Schneider, A elle seule, la famille Cottet, quatre fribourgeois en 1977, Joseph Cottet avaitson amoureux, qu’elle épousera dix ans générations confondues, réunit les va- alors déjà vécu deux Fêtes : celle de 1927plus tard. leurs cardinales de l’esprit de la Fête des et celle de 1955. La première, il l’avaitZoé, 37 ans, et Christophe, 38 ans, Vignerons : attachement à la terre et à vécue en culottes courtes, après être des-aiment à rappeler à leurs enfants, Yo- une tradition vivante, engagement, foi cendu en famille en char à cheval jusqu’àhan, 7 ans et demi, et Thibault, 6 ans, dans l’avenir et liens ancestraux entre la Vevey. La deuxième, il y avait participéqu’ils s’étaient trouvés dans la liesse hu- Veveyse fribourgeoise et la ville de Vevey. comme figurant. Il avait alors >>>La cartejournalière pour 2.Profitez de l’automne doré à deux. CARTE JOURNALIÈRE POUR 2Avec la carte journalière pour 2, voyagezà deux durant toute une journée 1 50.–AU LIEUavec les transports publics jusqu’au28 octobre 2018, et ce dans toute DE CHFla Suisse. Pour cela, il suffit qu’une seulepersonne possède un demi-tarif en 75.–*cours de validité. CHFcff.ch/automne* Prix normal: CHF 150.– pour 2 personnes, avec demi-tarif et cartes journalières pour le demi-tarif en 2e classe. Prix promotionnel: CHF 75.– 19 pour deux personnes voyageant ensemble en 2e classe. L’une des deux personnes doit être titulaire d’un demi-tarif. Billet ni échangeable ni remboursable, disponible à la vente et valable du 17.9 au 28.10.2018. Les autres dispositions mentionnées sur cff.ch/automne s’appliquent. www.generations-plus.ch
TRADITION OCTOBRE 2018endossé ce costume d’armailli que porte « Une par semaine jusqu’à l’été 2019 », En haut, de g. à dr. :aujourd’hui son petit-fils Antoine sur la précise Martine qui sera en fourmi dans Antoine Cottet, 35 ans,photo ci-contre. la troupe des choristes-percutionnistes. Zoé Schneider, 37 ans, Christophe Schneider, « Je me souviens notamment d’avoir Pour le plus grand bonheur de la fa- 38 ans, Amélie Sculati,trinqué avec Charlie Chaplin, présent mille, Anne Cottet, 65 ans, participera, 12 ans, Matteo Sculati,dans le public et que nous avions porté elle aussi, pour la première fois à une 13 ans et demi, Roberten triomphe. » Pour cet homme qui tra- Fête. Avec Robert, son mari, elle chan- Sculati, 44 ans, Martinevailla la terre à Bossonnens, et dont le tera dans un chœur. Faites le compte : Sculati, 39 ans, Robertpère posséda quelques vignes à Char- avec leurs trois enfants Martine, Zoé et Cottet, 66 ans.donne, la Fête est aussi celle d’une Antoine et leur beau-fils Christophe ain-région. Odile, son épouse, attendit si qu’avec leurs quatre petits-enfants, ils En bas, de g. à dr. : Thi-la Fête de 1977 pour faire le cortège en seront dix à contribuer à la réussite de la bault Schneider, 6 ans,« dzaquillon », le costume gruyérien tra- Fête des Vignerons 2019. Odile Cottet, 91 ans,ditionnel. Autant dire qu’elle se réjouit Joseph Cottet, 95 ans,« infiniment » de l’été 2019, où elle verra Christophe Schneider, qui fut ban- Anne Cottet, 65 ans,toute une partie de sa famille participer neret de Vevey en 1999, a hésité à se Yohan Schneider, 7 ans.aux célébrations en tant que figurants. lancer de nouveau l’été prochain. IlA commencer par Robert, 66 ans, qui a s’est laissé gagner par l’enthousiasme « Un rendez-vous ponctueljoué les armaillis remplaçants en 1977 général. D’ailleurs, son frère y partici- qui se répète et qui aet en 1999. Jeune retraité, cet ancien pera aussi avec femme et enfants. Leurdoyen de l’Ecole supérieure d’arts appli- grand-père, qui était pasteur, jouait un l’avantage de réchauffer lequés de Vevey est sensible à l’esprit de le rôle de curé des armaillis en 1999. Un “ Ranz des vaches ” »cette tradition vivante qui sait com- prodigue œcuménique comme seul lement impliquer, à chaque fois, près de permet la Fête. JOSEPH COTTET, 95 ANS6000 personnes de la région : « En 1977,nous étions à peine dix ans après Mai Comme son frère aîné Yohan, Thi- Yves Leresche68 et cela représentait un défi pour les bault, le fils cadet de Zoé et de Chris-jeunes comme moi de nous reconnecter tophe ne tient plus en place. Il y a tantà nos racines. » de réjouissance dans l’air. En attendant, tous les lundis, il feuillette les albums desJOLIE SURPRISE anciennes Fêtes que lui commente avec Et de s’amuser en repensant à Charles expertise son grand-père Robert. Sur une photo, tiens ! ne serait-ce pas lui en « bre-Apothéloz, le metteur en scène d’alors : dzon », conduisant une vache au licol ? Si,« Un intellectuel de gauche qui avait of- si, et cette bonne compagne de cortègefert un spectacle folklorique grandiose. » portait un doux nom lacustre : Onde. ZoéAujourd’hui, pour Robert Cottet, « les Schneider cultive elle aussi la nostalgiesouvenirs de 1999 sont si importants de 99. Elle en conserve précieusementqu’ils éclipsent ceux de 1977 ». Vingt ans quelques reliques : horaires des répéti-auparavant, quelle ne fut pas sa suprise tions, photos, articles de presse, livres.de découvrir que Zoé, alors âgée de Mais surtout, pour la photo, elle a res-18 ans, s’était inscrite comme figurante. sorti de l’armoire, comme aujourd’hui,Sa fille se souvient de l’émotion de son son costume de l’époque : la robe despapa quand elle lui annonça « s’être lan- bacchantes.cée dans cette aventure avec un groupede copines du gymnase ». Dans le calme de leur campagne fri- bourgeoise, en cet été indien, Joseph et Sa sœur Martine Sculati, 39 ans, Odile Cottet sentent monter l’excitationquant à elle, s’était montrée plus sage qui a déjà gagné les bords tout prochesen se concentrant sur ses études. « Cela du Léman. Odile presse chaque jour sonfait bientôt vingt ans que je regrette de mari d’acheter les billets. Pour rien aune pas avoir participé à la Fête de 1999 », monde ces deux ne manqueraient celance-t-elle avec humour. Pour elle, 2019 nouveau rendez-vous avec les vigne-sera la bonne. Elle a fait le pas avec ses rons, où chantera et dansera leur des-deux enfants, Amélie, 12 ans et Matteo, cendance. En 2019, la Fête sera la plus13 ans et demi. Robert Sculati, le papa, belle. Comme à chaque fois.sera dans les arènes pour les applaudir.Un poste de cadre dans le futur Hôpi- NICOLAS VERDANtal Riviera-Chablais ne lui laisse pasle temps de participer aux répétitions. Fête des Vignerons, du 18 juillet au 11 août 2019. www.fetedesvignerons.ch20 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 TRADITION « La Fête ? « Je suis consciente « Un grand moment pour laDu succès et de la valorisation du population qui est impliquéeune tradition travail des vignerons etfamiliale ! » profondément dans une des armaillis » création artistique » AMÉLIE SCULATI, 12 ANS ZOÉ SCHNEIDER, 37 ANS ROBERT COTTET, 66 ANS www.generations-plus.ch 21
INTERVIEW OCTOBRE 2018« A la retraite, il faut fairel’apprentissage de sa liberté »Un an après l’obtention du Prix Nobel de chimie, Jacques Dubochet n’a presquerien changé à sa vie, et ses convictions sont restées les mêmes. Sa récompense luioffre toutefois un porte-voix international inespéré.Sur les sentiers du site bucolique de ce n’est pas la personne mais le Nobel qui large, il y a tout l’enseignement, tous l’UNIL, un cycliste rallie son parc intéresse avant tout. Vous savez, depuis les étudiants, la politique universitaire. à vélos. Une plaque lui réserve un le jour de notre découverte à la base de Il n’y avait pas tout cela à Heidelberg :emplacement marqué de bleu : Prix ce prix, j’ai vécu trente-huit ans avec tu bosses, tu bosses, tu inventes, tuNobel 2017, Jacques Dubochet. A 76 ans, un Nobel potentiel. Aujourd’hui, il est produis et puis bravo ! Je me souviensle fringant scientifique est tel qu’en devenu réalité. d’un épisode quelque peu traumatisant.lui-même : tout à la fois hypersensible J’avais un groupe avec un jeune postdocet frondeur, réfléchi et impulsif, drôle Est-ce que ce Nobel vous aide dans très brillant qui jouait des coudes. Jeet très sérieux. Et toujours aimable. votre combat politique ou est-ce me suis dit : « Non, pas ça ! Vingt ans de qu’il représente un handicap ? confrontations et de combats très durs, Un an après l’obtention du Nobel pas pour moi. Je préfère essayer de m’ou-de chimie, Jacques Dubochet l’admet Bon, c’est évident que ce Prix Nobel vrir. » Depuis que je suis à la retraite, lesvolontiers : il a beau rester fidèle à sonmode de vie, cette distinction n’en est donne une voix. Maintenant, quand choses ont changé. Je suis resté actif,pas moins une charge qu’il s’agit d’ho- j’ouvre le « clapet », eh bien, tout le mais pas conquérant. Contrairementnorer. Aujourd’hui, sa voix porte au- monde me prend au sérieux et avec res- à beaucoup de gens, je n’ai pas perdudelà de son laboratoire et de la Salle du pect. Ce qui est assez ridicule, parce que l’accès à mon lieu de travail. J’ai uneConseil de Morges. Désormais célèbre, je n’ai pas changé. J’étais le même avant très grande reconnaissance pour l’UNILJacques Dubochet conserve les pieds sur et je pouvais dire tout ce que je voulais, qui m’a offert des conditions de travailterre. C’est ainsi qu’il ne se gêne pas de tout le monde s’en fichait. A part ça, je excellentes.décliner des invitations à l’autre bout du ne suis plus tout jeune, j’ai 76 ans, cemonde. L’avion, ça pollue. Et il y a tant à qui ne m’empêche pas d’occuper très Vous dites, dans votre livre, quefaire quand on est à la retraite. largement mes vingt-quatre heures les gens ont tendance à ne pas quotidiennes. Il n’y en a pas plus. Alors, comprendre le réchauffementLe 4 octobre 2017, vous obtenez le qu’est-ce qu’on fait ? C’est quand même climatique, sauf si cela passe parPrix Nobel de chimie. Un an plus assez lourd. Evidemment, on fait assez l’émotion. Et c’est un scientifiquetard, comment allez-vous ? vite le tour de la satisfaction de l’ego. Je qui parle. Etonnant, non ? Pour le moment, j’ai un problème, ne compte plus les hommages, les invi- Parce que vous croyez que le penseurcar j’ai perdu mon crayon (rires). Bien sûr, tations et les compliments. A chaque de Rodin, avec sa tête et son air concen-je vais bien, c’est évidemment satisfai- fois, il reste quand même un petit sur- tré, a raison ? Mais non ! C’est le consti-sant. J’ai des possibilités nouvelles d’oc- saut. pé de Rodin. « Je pense donc je suis … » :cuper ma vie. C’est rare d’avoir une telle Et en quoi votre vie professionnelle la grande erreur de Descartes ! En fait,occasion. Quand on reçoit un cadeau, a-t-elle changé ? « je suis » parce que cela me gratte ici ouon ne le laisse pas tomber. En vieux cal- là, parce que j’ai des émotions. A Hei-viniste que je suis, il me faut utiliser Une fois à la retraite, j’avais décidé delberg, comme à Lausanne, j’ai tou-chaque seconde offerte par le Prix Nobel. d’arrêter mes recherches. J’étais très jours cultivé le jogging et les balades.C’est vrai aussi que la vie n’est pas deve- content de ma carrière, et il y avait de Mon Prix Nobel, je le dois à mon jog-nue plus facile. Pour toute la famille, quoi. J’avais envie d’élargir mon hori- ging dans la forêt. Ces temps-ci, levous imaginez bien. Avec ma femme, zon, comme d’ailleurs quand j’étais moment de la journée où je suis le plusnous sommes mariés depuis quarante à Heidelberg, l’endroit où nous avons créatif, c’est sous la douche, le matin.ans, on avait nos routines qui sont mené ces travaux de base. J’avais un C’est étonnant toutes les pensées quimaintenant bousculées. Parmi toutes poste permanent. J’aurais pu rester. viennent. Tous les matins, j’ai des pen-les interviews que j’ai données, j’en En 1987, j’ai préféré saisir cette offre à sées géniales. Bon, quand je suis sec,retiens une, durant laquelle le journa- Lausanne. Un bel endroit, chez moi, elles se sont un peu dégonflées. Cetteliste a accordé autant d’attention à mon somme toute. Professeur dans une ins- idée du scientifique qui pense très fort …épouse qu’à moi. Preuve, s’il en est, que titution comme l’université, c’est plus Mais non ! >>>22 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 INTERVIEWYves Leresche Le Prix Nobel se rend en vélo à l’Université de Lausanne. Pour garder la forme, polluer moins et ... réfléchir. 23 www.generations-plus.ch
INTERVIEW OCTOBRE 2018Attendez, ce n’est pas l’image d’un coup, on arrive à soixante-cinq ans: pied d’Afghanistan, dans les conditionsdu scientifique terre à terre qui en gros, un âge longtemps synonyme de qu’on sait. Et on se retrouve les deux au-m’étonne dans votre livre. C’est fin dans notre société. A propos du retrai- tour d’une table à faire des calculs (2+3plutôt le fait que vous dites té, n’avait-on pas tendance à dire: il est = ?). C’est quand même quelque choseque, pour alerter les gens sur out, il va tranquillement mourir. Mais d’extraordinaire: le paradigme de deuxle changement climatique, les ce n’est pas vrai. La statistique lui donne êtres humains qui se rencontrent, sansémotions valent mieux que des vingt ans de bonne santé en moyenne. formalité aucune, sans étiquettes « pro-paquets de données factuelles. Là, naturellement, jamais on n’a eu une fesseur » et « étudiant ». L’intérêt de cette offre de vie aussi considérable, à ce point chose: il ne me doit rien, je ne lui dois Je suis bien embêté. Je sais avant libre. Quand vous êtes en milieu profes- rien. Je dois dire que, dans ma retraite,tout fournir des données scientifiques. sionnel, vous avez toute votre journée qui cela a été la chose la plus simple et la plusJe peux aller fournir à mon Conseil com- est occupée. Vous avez vos rendez-vous évidemment positive que j’aie vécue. A lamunal les informations recueilles par fin d’une journée, si l’on se demande cele physicien et climatologue suisse Tho- « C’est un très qui avait de bien et de plus important,mas Stocker sur la fonte des glaces. Pour beau but de se c’est le plus souvent une rencontre aveccelles et ceux qui les analysent, qui faire des amis quelqu’un. Cette essence de rencontre,les comprennent, cela peut deve- en ayant éliminé tout le reste, c’est sché-nir bouleversant. C’est rare que dans l’âge » matique et rigolo.l’on fasse cet effort d’assimila-tion d’une information intel- JACQUES DUBOCHET Etes-vous grands-parents aveclectuelle pour la transformer en votre épouse ?émotion. C’est facile d’aller dans le pour toute la journée. Le soir, vous voussens de l’émotion à la compréhension. dites que vous n’avez pas eu le temps de Non et nous sommes très embê-C’est très difficile dans le sens contraire. faire ceci ou cela et que vous devrez le tés (rires). Nos enfants sont en âge d’enPour intégrer un savoir intellectuel, il faire le lendemain. Tout est réglé. avoir, mais ils ne nous ont pas encorefaut qu’il soit émotionnel. Nous exis- fait grands-parents. En revanche, noustons par notre corps, par notre ventre. Cette nouvelle liberté, elle se sommes très actifs dans le mouve-Il y a plus de récepteurs d’odeurs dans décline comment au quotidien ? ment « Grands-parents pour le climat ».l’intestin que dans le nez. Bon, heureu- A notre âge, nous sommes concernéssement qu’ils ne nous disent pas tout ce Moi, quand je me lève le matin, par le réchauffement en cours. Et, siqu’ils sentent. tout est ouvert, à quelques rendez-vous nous avons contribué à cette horreur, près. Le Prix Nobel est venu perturber nous ne serons pas ceux qui en subirontVotre vision des seniors en Suisse ? cette agréable tranquillité. Le retraité les effets. On sera dehors avant. doit faire apprentissage de la liberté et Il faut bien s’occuper d’eux. Comme beaucoup se sont mal exercés. Tout ce Vous avez conduit une voiturel’écrit le professeur suisse de politique que peut faire un « vieux » : je le dis en durant votre vie ?sociale Jean-Pierre Fragnière, on pense plaisantant, car je ne me sens pas encoresa vie par tranches de dix ans. Et, tout vieux. Chaque individu, dès sa retraite, Ah oui. Nous avons une voiture. On doit inventer une nouvelle façon de ne la conduit pas beaucoup. Reste qu’ilA l’université, une place est réservée vivre, chose à laquelle il est le plus sou- faut arrêter de brûler du carbone, duau vélo d’un Prix Nobel ! vent mal préparé et dont il n’exploite pas charbon. Pour cela, il faudra une révo- toutes les possibilités. Je préconise un lution des personnes. Il est temps d’en deal avec le toubib: on arrête les médica- finir avec la bagnole individuelle. Je ments contre les petits maux divers tant rêve de voitures autoconduites qui nous qu’un rapport n’a pas été remis au mé- amènent où l’on veut. L’autoroute Lau- decin sur un engagement bénévole à la sanne-Genève, avec des voitures de ce Croix-Rouge, à Appartenances ou autre. genre, dégagées des misérables réflexes Ce serait la meilleure thérapie. de conduite du chauffeur, qui permettent de mettre trois fois plus de monde sur la Vous la pratiquez vous-même ? route. Et puis, fini les ahuris qui veulent faire du 160 kilomètres à l’heure. J’ai cru Dès la retraite, je me suis moi-même comprendre que la ville de Singapour lancé dans un engagement bénévole en voulait faire ça dans les trois ans. Tech- faveur des réfugiés mineurs non accom- niquement, on y est presque. Le centre pagnés. Vous voyez la chose : le vieux de Londres et de Paris applique des me- bonhomme qui a derrière lui toute sa sures en jouant l’alternance des numéros vie et puis le petit jeune qui arrive à d’immatriculation pairs ou impairs pour limiter l’accès en ville. Eh bien, on arrête avec les numéros et on ne prend que les voitures électriques ou autoconduites. La24 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 INTERVIEW « Nous avons une voiture. On ne la conduit pas beaucoup. Reste qu’il faut arrêter de brûler du carbone, du charbon. Pour cela, il faudra une révolution des personnes. Il est temps d’en finir avec la bagnole individuelle. » Chine pourrait le faire très vite. C’est ce La retraite, ça se construit. C’est difficile d’offrir aux gens les moyens de que j’espère. Quand les Chinois l’auront l’occasion de choisir et de consolider fait, peut-être que les Morgiens y pen- ses contacts. Le plus souvent, on croit pouvoir vivre libres, de ne plus avoir à seront. Les solutions technologiques ne que les amis les plus chers sont les amis sont pas le problème. Si l’on veut appli- d’enfance. Ce n’est pas vrai. C’est un très courir après les moyens de vivre. Le Prix quer les Accords de Paris en contenant le beau but de se faire des amis dans l’âge. réchauffement climatique en dessous de Mais cela veut dire qu’il faut s’y mettre Nobel m’offre des possibilités énormes 2 degrés par rapport aux niveaux préin- et prendre le temps de se construire son dustriels et limiter la hausse des tempé- milieu social. Pendant la vie profession- et m’oblige à choisir : je prends ou je ratures à 1,5 degré, on sait combien de nelle, il est donné. On arrive à la retraite CO2 on peut donner. Il faut qu’on soit à et on perd son milieu social. Les gens ne ne prends pas. Très souvent, on me de- zéro CO2 dans 25 ans. Si je peux, je ne se rendent pas compte à quel point les voyage plus en avion. Je ne vais pas aux amitiés se cultivent. Avec les Lumières, mande quels sont mes conseils aux éco- Etats-Unis ni en Chine en avion. Et pour- la notion de liberté est devenue impor- tant. les invitations ne manquent pas. tante. On a encore bien du travail à faire. liers dans une classe. Les voici : « Tu ne Vous vous rappelez le vote sur le revenu Un conseil aux lecteurs de de base ? Je me suis beaucoup engagé peux pas savoir quels sont tes talents, si générations ? pour ça et je me rends compte que ce sera tu vas être un artiste ou un ingénieur. Par contre, tu peux chercher — ce n’est pas facile — ce que tu aimes et, alors, tu le cultives. » PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS VERDANYves Leresche Parcours, Jacques Dubochet, Rosso Editions, 2018 www.generations-plus.ch 25
DÉFI OCTOBRE 2018Le bonheur au fond des mersLa soixantaine passée, grands-parents, Alexandre est vaste. « Moi, je dirais les Philip-et Danièle Petit-Pierre continuent de plonger aux pines, relève Danièle. On plonge avecquatre coins du monde. Un sport que ces Genevois des loupes pour découvrir un fabuleuxont pourtant commencé sur le tard … univers microscopique, des crevettesI ls s’y sont mis sur le tard, il y a minuscules notamment. » une dizaine d’années, mais, de- mance avait suscité une véritable psy- puis, ils ne s’arrêtent plus. Ainsi, chose chez lui, alors qu’il avait 20 ans. Alexandre cite plutôt Mayotte, près Près de quarante ans plus tard, il a donc de Zanzibar. « Des immenses tortues vertes viennent y pondre et des baleineslorsque nous avons rencontré Alexandre réussi à vaincre le traumatisme, fût-ce se reproduire, c’est fabuleux. » Comme d’autres plongeurs, ils ont aussi un(66 ans) et Danièle (65 ans) Petit-Pierre, difficilement. « J’avais un blocage psy- faible pour la découverte des épaves qui jalonnent les fonds marins. « On a visi-à la fin d’août, dans leur belle villa de chologique, je plongeais en apnée mais té, par exemple, le bien connu Umbria, face à Port-Soudan dans le sud de la merConfignon dans la campagne gene- avec les bonbonnes, je n’osais pas aller Rouge, ce bateau italien qui, durant la Seconde Guerre mondiale, s’était sabor-voise, ils s’apprêtaient à partir pour plus bas que 2 mètres 50. Ce fut pour moi dé pour échapper aux Anglais, enchaîne Alexandre. Des fours à pizzas aux petitesOman. « Lors de ces croisières au large, comme une psychothérapie. » Danièle, Topolino, tout est resté intact à l’inté- rieur. Mais le plus intéressant est d’yon plonge trois fois par jour. On ne parle de son côté, y a vite pris goût, comme le aller la nuit, éclairés par des torches. Des cigales de mer aux barracudas, lesque de cela. Il y a des gens de tous les raconte son mari. « Au début, c’est moi poissons sortent comme d’un monde disparu au milieu de lumières bleu-vertâges, de toutes les professions, mais on qui l’ai poussée, mais aujourd’hui, elle pétantes, extraordinaires. »a un point commun: nous sommes tous est devenue insatiable. » LES JOIES DU LÉMAN Même si c’est moins exotique, les Pe-des passionnés absolus », racontent- Gregoire Boss, l’un de leurs instruc- tit-Pierre ne dédaignent pas le Léman,t-ils. Et d’ajouter. « Les côtes d’Oman teurs aux Dauphins de Meyrin, leur club, là où ils ont tout appris et continuent de plonger avec les membres des Dauphinssont constellées de petites îles. On peut ne cache pas son admiration. « Ce qui de Meyrin, leur club. « L’eau trouble et opaque n’empêche pas de découvrirvoir notamment des requins baleine, de est phénoménal, dans leur cas et au des brochets, des perches. Au-delà de 30 mètres, on ne voit plus rien. Mais,plus de huit mètres, toujours la gueule niveau où ils sont aujourd’hui, c’est entre copains, on y plonge toujours avec le même plaisir », sourit Danièle.ouverte mais totalement inoffensifs. » l’âge où ils s’y sont mis, car la plupart Pourtant derrière la beauté desCette année, avant Oman, les Petit- des plongeurs ont commencé jeunes. images, la plongée reste un sport à risque qui exige de la prudence. « Un dePierre avaient déjà plongé en Espagne et Alexandre et Danièle ont toujours eu nos amis est mort récemment au large de Meillerie, dans le Léman. A plus deaux Maldives. En novembre, ils enchaî- une très grosse motivation. Ce sont, 25 à 30 mètres, on peut être victime de l’ivresse des profondeurs, on peutneront avec l’Egypte, en mer Rouge, pour nous, des exemples de sagesse et perdre la boule. C’est pour cela que, entre nous, nous nous soumettons, auoù ils sont déjà allés plusieurs fois. En de persévérance, qui ont toujours le fond de l’eau, à des calculs, 3 fois 4 par exemple, pour vérifier notre lucidité »,moyenne, ils partent quatre fois par an- sourire. Mais à condition d’avoir la san- témoigne Alexandre.née s’adonner à leur passion aux quatre té, on peut s’adonner à ce sport jusqu’à Pour un moment d’inattention, Danièle a risqué le pire en mer Rouge,coins de la planète, dans des endroits 80 ans. Plein de seniors continuent en Egypte, face à un requin océanique, très dangereux, réputé pour être unqui font rêver. d’ailleurs à pratiquer la plongée, qui a mangeur d’hommes, qui avait déjà des vertus très relaxantes et apprend àUN TRAUMATISME À VAINCRE gérer le stress. »Ingénieur de formation, Alexandrea dirigé plusieurs sociétés. Institutrice, DE PLUS EN PLUS FORTDanièle, curieuse de tout, a continué, Plus fort encore. Alexandre et Da-une fois à la retraite à 59 ans, à prendre nièle viennent de passer leur brevet dedes cours de criminologie notamment. plongée en décompression à 45 mètres.Marié depuis 40 ans, le couple a deux Jusqu’à 20 mètres, on parle de plon-grands garçons de 31 et 34 et une petite gée de loisirs. Plus bas, cela devientfille de 11 mois. Plonger à leur âge n’a en de la plongée dite technique, de hautsoi rien d’exceptionnel. Mais ce qui fait niveau. Madame ne cache pas une légi-la particularité de ces duettistes, c’est time fierté. « Il a fallu faire travailler nosqu’ils ont effectivement commencé sur neurones vieillissants, s’amuse-t-elle.le tard. « Voilà une dizaine d’années, on Cela exige une vingtaine d’heures des’est dit tous les deux : « Mais qu’est-ce formation tant pratique que théoriquequ’on va faire ensemble à la retraite ? » et un examen de deux heures et demie. »« C’est comme cela que tout a démarré », Quand on leur demande, àraconte Alexandre. La mer, l’eau, ils ont Alexandre et à Danièle, de quelles des-toujours adoré, mais un accident de tinations ils gardent les plus beauxplongée évité de justesse au large d’Her- souvenirs, ils hésitent tant le choix26 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 DÉFI Heureux comme des poissons dans l’eau : l’expression correspond parfaitement à Danièle et à Alexandre, 65 et 66 ans. fait plusieurs victimes dans la région. au fond des mers, on ne le soupçonne « A 70, 75 ans, à un moment, il faut « Les requins ont peur de la masse, pas. On prend aussi conscience à quel savoir s’arrêter. » En attendant, cap c’est, pourquoi dans ces régions, on point c’est un monde qu’il faut proté- sur Oman. doit toujours rester groupés, raconte ger. Aux Maldives, nous avons nagé Alexandre. Mais, ma femme se trou- près de majestueuses raies manta de BERTRAND MONNARD vait isolée quand un autre plongeur a huit mètres, sans avoir le droit de les fait une photo au flash. Le requin océa- toucher, et c’est très bien. » « La plon- ET VOUS ? nique s’est retourné, lui a foncé des- gée, c’est comme un shoot, on devient sus et a passé à 20 centimètres de son addict », enchaîne Alexandre. Tous les Peut-être avez-vous profité visage. » Danièle n’a pas eu le temps deux apprécient l’ambiance très cha- de votre retraite pour vous lancer d’avoir peur. « Dans de tels cas, il faut leureuse qui unit les plongeurs. « On rester à la verticale et ne pas gesticuler, s’entraide, on se prête du matériel. » un défi ? c’est ce que j’ai fait. Le requin ne s’est pas énervé. Mais je n’avais pas vu qu’il Et que pensent leurs deux garçons de Si vous souhaitez qu’on en parle, s’agissait d’une espèce si dangereuse. » la passion de papa et de maman, à un contactez-nous par écrit à âge déjà respectable ? « Ils trouvent cela [email protected], COMME UN SHOOT plus que impressionnant. Ils nous ont ou générations, rue des Au fond, qu’aiment-ils tant dans la félicité pour la récente réussite de nos examens. » Au programme du couple, Fontenailles 16, 1007 Lausanne. plongée ? « Voir tous ces poissons qui il y a encore plein de fonds sous-marinsDR volent autour de vous, c’est magique, à découvrir à Tahiti, à Bali, aux Galá- raconte Danièle. Il y a une telle vie pagos. Se fixent-ils une limite d’âge ? www.generations-plus.ch 27
PORTRAIT OCTOBRE 2018L’ancien gendarme quipomponne les défunts Dominique Bolay reconnaît Yves Leresche qu’il faut du sang-froid et des qualités humaines pour www.generations-plus.ch exercer ce métier.28
OCTOBRE 2018 PORTRAITA Pampigny, Dominique Bolay est assistant funéraire. rendu visite à la vieille dame. Jusqu’à ceA l’approche de la Toussaint, il raconte son quotidien, dernier coup de fil, où elle lui a glissé àdes murmures de la chambre de soins à la course à pied. l’oreille : « Au revoir, Dominique. C’est vous mon véritable ami. »I l est fan de Bourvil et de De Funès. raison que le cinquantenaire, à la mise « MAIS QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI ? » D’ailleurs, quand on arrive devant toujours impeccable, et généreusement Et puis, il y a ces heures passées dans son logement, à Pampigny, une parfumé, se sent parfaitement à sa placephoto du héros du Gendarme de Saint-Tro- dans ce métier qui requiert un mental la chambre de soins, où il pomponne lespez est affichée sur la porte. L’engoue- de fer. Il dit que sa profession actuelle défunts : « Pour moi, c’est comme si cesment de l’ancien policier vaudois, convient à son sang-froid, qui l’a tou- gens étaient encore vivants. Parfois, sidevenu assistant funéraire, ne s’arrête jours accompagné dans les épreuves. je connaissais la personne, je lui parlepas là. Des dizaines de DVD et de livres Contrairement à certains de ses anciens et lui demande tout bas : « Mais qu’est-de ses deux artistes favoris sont rangés collègues, qui subissaient parfois de ce que tu fais ici ? » Il arrive, en effet,sur des étagères avec un soin clinique. longues déprimes après avoir vu un ca- que Dominique passe de longs momentsQuestion : ce temple de l’humour davre, lui a toujours gardé la tête haute en tête à tête avec un mort. « Je l’ha-qu’est la maison de Dominique Bolay et cherché l’action, le service, le mot qui bille avec le même respect que s’il étaitserait-il un exutoire à la dureté de sa rassurent. Ce que confirme son amie, conscient », dit-il en baissant la voix. Ilprofession de l’ombre, qui le met en Lucilia, rencontrée tout récemment : faut parfois raser la barbe des messieurscontact permanent avec des personnes ou appliquer une fine couche de maquil-attristées et fragiles ? «Pour moi, c’est lage. Le pro explique que les familles ont comme si ces gens la possibilité de choisir les vêtementsUN FARCEUR TENDRE que porteront leur proche. Certains mi- Dominique Bolay a commen- étaient encore litaires font leur dernier voyage en uni- vivants » forme. Une maman a tenu à ce que sacé sa vie active comme agricul- petite fille, disparue bien trop vite, soitteur. Il a cependant vite cédé sa DOMINIQUE BOLAY habillée en Cendrillon.place à son petit frère, agriculteurlui aussi, à la tête du domaine fa- « Dominique est calme et empathique. Je Quand on lui demande comment ilmilial. « Il n’y avait plus assez d’ouvrage crois que ce sont ces qualités humaines- envisage sa propre mort, ou commentà la ferme pour que nous travaillions à là qui expliquent cette vocation pour une il se représente l’au-delà, Dominique Bo-deux », explique-t-il. Alors, il s’est réo- profession si taboue. » lay se fait pudique : « Je garde cela pourrienté. Pourtant, et aussi étrange que moi », glisse-t-il. Tout en affirmant :cela puisse paraître, cet heureux « papa EN DIALOGUE AVEC LA FAUCHEUSE « Dans le meilleur des cas, je quitterai cepoule », comme il dit, de trois enfants Cela fait bientôt dix ans que le fils de monde en vieillard, dans le feu de l’ac-ados, se souvient d’avoir, par la suite, tion, en pleine course ! » Et de se prêterété profondément attiré par le métier paysan officie dans ces limbes si pénibles au jeu des métaphores : pour lui, si lad’assistant funéraire. En ce temps-là, il de l’existence, entre les proches qui mort était une femme, « elle serait pos-travaillait encore pour la gendarmerie. restent et le corps inerte de la personne sessive, parce que, quoi qu’il arrive, elleCe sportif dans l’âme, qui fut un cham- décédée qu’il faut prendre en charge. finit par vous avoir rien que pour elle ». Etpion de course à pied (un des meubles « Quand on se retrouve si près de la mort, si la faucheuse revêtait l’apparence d’undu salon croule sous le poids des mé- on parle tous le même langage », lâche- homme, le Vaudois le verrait commedailles), assure que c’est la délicatesse t-il. Et d’affirmer que certains de ses « un ennemi qu’on ne peut même pasdes gestes et des paroles de circonstance, clients deviennent proches en un temps haïr, puisque c’est forcément lui qui aemployées par les pompes funèbres avec éclair. Comme cette vieille femme, seule le dernier mot ». Le ton se fait plus in-les familles des personnes décédées, qui au monde qui, sentant sa fin arriver, a quiet. Difficile en effet, quand il s’agitl’ont convaincu de changer une seconde contacté les Pompes Funèbres Gaillard et de se représenter sa propre disparition,et dernière fois d’orientation profession- Pittet, à Morges, pour préparer ses ob- de convoquer l’humour ou le dépasse-nelle. « J’ai toujours aimé tendre la main sèques. Ce jour-là, c’est Dominique qui a ment de soi du coureur de fond ... Saaux personnes en difficulté, plutôt que répondu au téléphone. « Cette inconnue sœur cadette, Christine, remarque : « Do-de réprimer à coups d’amendes », af- m’a dit : “ Il y aura bientôt un bijou à ve- minique est content quand il va au boutfirme le croquemort. Porter l’uniforme, nir ramasser à mon adresse ; il fait plus de lui-même. Enfant, lorsqu’il s’entraî-représenter la loi, cette cuirasse de « gros de 100 kilos. Le bijou ... c’est moi ! ” » De nait à la course à pied, il avait constam-dur » a fini par lui peser. Comme de nom- fil en aiguille, et parce que le courant ment des champions olympiques dansbreux farceurs, il semblait fait pour plus passait bien entre ces deux blagueurs, la tête. » Cette humilité envers plus fortd’humanité et de tendresse. l’assistant funéraire a régulièrement que soi, assumée jusqu’à l’ultime face- à-face : serait-ce là le secret de la mysté- Aujourd’hui, c’est absolument clair rieuse vocation de l’ancien gendarme dedans sa tête : il n’y aura plus de recon- Pampigny ?version professionnelle. Pour la simple JEANINE ANDREY www.generations-plus.ch 29
L’ AC T U OCTOBRE 2018 LE MONDE EN BREF Commerce Une plainte vieille de 4000 ansEtudes Université gratuite pour les plusde 100 ans Cela ne date pas d’hier. La plus vieille plainte d’un client envers un commerçant date de 4000 ans ! ElleConfrontées à une pénurie d’étudiants, conséquence du vieillissement a été retrouvée sur une tablette babylonienne, gardéede la population, les universités japonaises sont prêtes à tout pour au British Museum de Londres. Ecrit dans la ville d’Ursurvivre, y compris en recrutant des seniors. Une fac de Kyoto a ainsi fait en Mésopotamie (Irak), le message est signé Nanni etsavoir qu’elle offrirait des études gratuites aux plus de 100 ans. Et elle il est destiné à Ea-nasir. Le premier nommé protestea prévu des rabais importants pour les plus « jeunes » : 50 % de moins contre la mauvaise qualité des lingots de cuivre dupour les quinquagénaires, 60 % pour les sexagénaires et ainsi de suite. second et il conclut sèchement : « Pour qui me prenez-Pourquoi pas ? Cela dit, les profs risquent bien d’être les plus jeunes au vous, pour me traiter avec un tel mépris ? » Hélas, on nesein de l’établissement si cette initiative s’avère payante. connaît pas la réponse et on ne saura jamais si Nanni a finalement bénéficié d’un geste commercial.Insolite Mariage 821 Progrès Desposthume en Utah enterrements sur MILLIONS DE PERSONNES internet en BelgiqueEtonnant ! Aux Etats-Unis, un juge de l’Utah EN MANQUE CHRONIQUEa officiellement reconnu le mariage d’une DE NOURRITURE DANS LE A Malines, en Belgique, on pense à tout.septuagénaire avec sa défunte compagne de longue La salle des funérailles du cimetièredate, trois mois après son décès. Le cas est rare, mais MONDE. a ainsi été équipée de camérasil avait déjà eu lieu en 2014 dans cet Etat américain, permettant de diffuser en streaming,qui a reconnu l’union homosexuelle en 2013. via internet, les cérémonies funéraires.Concrètement, la demande doit être introduite dans Cette initiative est destinée aux prochesl’année qui suit la mort et les personnes doivent avoir qui ne pourraient être présents à lavécu ensemble. Dans ce cas précis, Bonnie Foster et cérémonie. Ils pourront ainsi tout deBerverly Grossaint vivaient ensemble depuis 50 ans. même rendre un dernier hommage auPar ailleurs, le couple s’était déjà uni, en 1975 à New défunt. Le coût de cette innovation : unYork, mais lors d’une cérémonie non reconnue. peu de moins de 15 000 fr., sans compter la formation du personnel. Où est Emma ? Charlie Riedel/keystone et DR Vous connaissez sûre- www.generations-plus.ch ment le jeu anglais mondialement connu, « Où est Charlie ? » Servi par la nature, le photographe s’est ici amusé à nous offrir un remake, mais cette fois avec Emma Fischer, âgée de 5 ans, dont seule la tête apparaît dans ce champ de tournesols près de Lawrence, dans l’Etat américain du Kansas. L’effet est saisissant.30
OCTOBRE 2018 COMMUNAUTÉ FORUMSur le web ACTIVITÉS RÉSEAUX D É B AT S JEUXLa vidéo du moment Votre magazine générations est aussi sur le web ! Retrouvez chaque jour sur notre site de nouveaux articles, des sorties, des petites annonces, des voyages, une boutique et des astuces pour mieux vivre au quotidien. generations- plus.chNellia et Dietmar, un couple de seniors autri- d’une soirée de gala de leur école de danse. + de contenuchiens, galvanisent les foules grâce à une vidéo vidéos, témoi-postée il y a quelques jours sur le web. Pleins Ils ne s’arrêtent pas là, puisqu’ils transmettent gnages, bons plansd’énergie et de joie communicative, les deux et conseils pratiquesAutrichiens enflamment le dance floor lors également leur art en donnant des cours et des + d’échanges ateliers à de jeunes danseurs ! une plateforme de rencontres et de www.generations-plus.ch/videos K.L. sorties avec plus de 4000 seniors inscritsRepérés pour vous Nos internautes + de réactionsQWANT Biscotte vous invite à découvrir le un forum pour poser traditionnel Marché aux carottes vos questions etLe moteur de recherche respectueux de qui se tient le 1er mercredi du mois partager vos expé-la vie privée ! Téléchargez et vous pour- de novembre dans la vieille ville riencesrez naviguer sur internet sans jamais d’Aarau ! Près de 140 marchands Facile et gratuit,être tracé. seront présents et mettront le sur tous les sup- légume à l’honneur. ports.FACEBOOK MESSENGER Plus d’informations et inscrip- AUSSI SURJoignez instantanément et gratuite- tions sur : FACEBOOKment les personnes de votre entourage. generations-plus.ch/ Rendez-vous sur notreMessenger, c’est comme les SMS, sauf communaute/activites page Facebook etque vous ne devez pas payer. cliquez sur « J’aime » pour être informé deGOOGLE DOCS tous nos repérages sur internet :Permet de créer, de consulter et de facebook.com/modifier des documents Google ainsi GenerationsPlusque des fichiers Microsoft Word® direc-tement depuis votre téléphone.NOTESCette application vous permet de créerdes listes de tâches ou des notes et d’yajouter des pièces jointes, des photosou des vidéos. www.generations-plus.ch 31
CHRONIQUE OCTOBRE 2018Ma pipe d’opiumLes Fantaisies de la vieille que je découvrais dans mes voyages de jeu-de Jean-François Duval nesse au Moyen-Orient. C’était délectable : j’observais dans les villages des vieillards assis sur le pas de leurL ’ humanité qui regarde la télévision est coupée porte, tirant sur un narguilé dans la tranquillité du en deux. Une moitié ne regarde que les films, soir, se vidant l’esprit. J’étais séduit par leur force de l’autre ne jure que par les séries télévisées. J’ap- renoncement à une quelconque activité. Ces gens, mepartiens en ce moment à la deuxième catégorie. Je suis disais-je, sont des sages, ils connaissent la béatitude. Jetombé dans la marmite avec Desperate Housewives. Depuis, les enviais. Je me dis que je suis enfin devenu commej’ai vu de rares perles et des tonnes d’inepsies : Mad Men, eux. Car, à l’évidence, les séries télévisées m’offrent unedes polars nordiques, Profilage, The Good Wife, The Mentalist, même sérénité : mes pensées flottent dans une sorteGood Doctor … mille autres à vrai dire, dont j’oublie tout. de brume, je regarde à peine ce que je vois, j’atteinsCe n’est pas grave. Je trouve beaucoup de vertu à cette à une sorte de néant mental très reposant. Je sais queimmense vacuité, où l’humanité prend les visages plus j’avancerai en âge, plus il en sera ainsi. Je serai làles plus abominables : crimes atroces, morts brutales, sur mon canapé à aller de saison en saison, ces saisonscadavres disséqués, scènes de crime, perversités men- s’étireront en années, et ces années en décennies … Jetales, urgences médicales sanguinolentes. jouirai toujours de la douce impression que, en décou- pant ainsi pour moi le temps en tranches et en saisons, Bah ! ça ne fait rien, car je n’attends des séries aucun on est en train de me conduire quelque part, vers unecontenu réel. Ni la joie que je tirais jadis d’un Bergman ultime saison, car, si cette suite de saisons n’allait pasou d’un Fellini. Ni le bonheur de lecture d’un bon livre. quelque part, ça n’aurait aucun sens, n’est-ce pas ?Non, je ne les regarde que pour meubler le temps vide,occuper mon regard jusqu’à l’heure d’aller au lit. Un Ah ! heureux qui comme moi devant sa TV savourepeu comme si je regardais le soleil se coucher, en moins son moderne narguilé. J’ai enfin appris à respirer lajoli. J’adore, car j’ai l’impression d’être l’un de ces vieux paix du soir.Ensemble pour partager canton de Vauddes moments, vivre de nouvellesexpériences, bouger ou s’informer. vd.prosenectute.chDécouvrez nos activités, devenez bénévoles ou consultez notre point Info-seniors. Bienvenue ! 021 646 17 21
OCTOBRE 2018 ALZHEIMER 36 RECHERCHE Les traitements Les superpouvoirs prescrits aujourd’hui de l’intestin sont-ils efficaces ? DIABÈTE 38 La pollution se retrouve désormais sur le banc des accusés. ALIMENTATION 39 Tendance en cuisine, l’huile de coco serait- elle un poison ? REINS DÉFAILLANTS 40 L’insuffisance rénale est silencieuse. il convient pourtant de la dépister au plus vite. En modifiant la flore intestinale, les chercheurs espèrent guérir, un jour, le diabète, les allergies, l’obésité et même des maladies neurologiques. D epuis une dizaine d’années, grâce au séquençage de l’ADN, l’intestin n’en finit pas de dé- voiler ses secrets et d’offrir de nouvelles perspectives thérapeutiques. Au centre des recherches médicales : le micro- biote. De quoi s’agit-il ? De l’ensemble des bactéries et des micro-organismes qui colonisent notre corps et la surface de notre peau. On sait aujourd’hui que la santé dépend, en partie, de l’équi- libre de cette flore bactérienne, concen- trée essentiellement dans l’intestin.Sol Stock LES BACTÉRIES MATERNELLES Si l’intestin n’en finit pas de dévoiler ses secrets, il conserve encore nombre de Tout commence au moment de la mystères et d’espoir pour les chercheurs. naissance, c’est là que la flore intes- tinale de l’enfant se constitue. Aupa- ravant, son tube digestif était stérile. Lors de l’accouchement par voie basse, le bébé hérite d’un microbiote en ab- sorbant par la peau et les voies diges- tives les bactéries provenant du vagin et du rectum de sa mère. Chez les bé- bés nés par césarienne, le microbiote met plus de temps à s’installer et à se diversifier. La hausse du nombre de césariennes depuis une cinquantaine d’années pourrait expliquer — mais ce n’est qu’une hypothèse — l’impor- tante augmentation des cas d’allergies constatés chez les enfants. Pen- >>> www.generations-plus.ch 33
RECHERCHE OCTOBRE 2018Les bactéries contenues dans l’intestin pourraient un jour contribuer à guérir déjà permis d’améliorer l’état de cer-de nombreuses maladies comme le diabète ou alzheimer. tains patients souffrant de graves colites récidivantes. Les hôpitauxdant la croissance, d’autres facteurs patients ? C’est la question sur laquelle suisses se sont initiés à cette pratiqueinfluencent la composition du micro- travaillent de nombreuses équipes de depuis peu.biote, comme l’alimentation, les anti- chercheurs dans le monde entier.biotiques et l’environnement. A l’âge Le fait d’introduire dans l’intes-adulte, la flore intestinale reste relati- Diverses études menées sur des tin du patient les selles d’un don-vement stable. souris semblent prometteuses, même neur sain permet de rééquilibrer une s’il est encore difficile d’en tirer des flore bactérienne défaillante. A prioriUN PROCESSUS COMPLEXE conclusions définitives. Ainsi cette surprenante, cette intervention est Les fonctions de l’intestin sont expérience réalisée par des cher- réalisée avec un maximum de précau- cheurs américains : lorsque des bêtes tions. Le donneur est généralementmultiples. Il transforme les aliments élevées en milieu stérile reçoivent un membre de l’entourage du patienten nutriments indispensables au bon le microbiote de souris obèses, elles que les médecins ont soumis à unfonctionnement de l’organisme, et le deviennent également, avec une interrogatoire approfondi, semblableles absorbe sous forme de macronutri- augmentation de de 60 % de la propor- à celui que subissent les donneursments (glucides, lipides et protéines), tion de graisse dans leur corps, et ce de sang, afin de s’assurer de son bontout comme les vitamines, les oligo- malgré un apport alimentaire réduit. état de santé. Les selles sont filtréeséléments et les sels minéraux. Il as- A l’inverse, quand des souris élevées en selon un protocole rigoureux, puis lasure également l’équilibre du système milieu stérile reçoivent le microbiote solution liquide est introduite dans leimmunitaire. de souris minces, elles le restent, quel colon du malade lors d’une coloscopie que soit l’apport alimentaire. ou par le biais d’une sonde naso-gas- Une perturbation de cette flore bac- trique. Le marché semble porteur.térienne peut se traduire par des infec- TRANSPLANTATION FÉCALE Aux Pays-Bas et aux Etats-Unis onttions ou d’autres pathologies. Dès lors, En gastroentérologie, les premiers déjà été créées des banques de micro-est-il envisageable de guérir des mala- biote fécal, à l’image des banques dudies en modifiant le microbiote des essais de transfert de microbiote ont sang et des banques de sperme ! UN DEUXIÈME CERVEAU ? D’autres propriétés de l’intestin focalisent l’attention du monde mé- dical. Si des spécialistes ont qualifié l’intestin de « deuxième cerveau », c’est parce qu’il est très richement innervé, connecté au cerveau, et qu’il comprend plus de 100 millions de neurones. Ceux-ci sont regrou- pés au sein d’un système nerveux qui commande les contractions et les sécrétions du tube digestif, indé- pendamment de la volonté du sujet.L’INTESTIN EN CHIFFRES200 m2 100 000 90% 100 150 g DR, ChrisChrisW et yodiyim C’EST LA MILLIARDS DE DE LA SÉROTONINE MILLIONS DE DE SELLES SONTSUPERFICIE TOTALE BACTÉRIES LE (« HORMONE DU NEURONES Y ÉVACUÉES POUR 1500 ML COLONISENT. BIEN-ÊTRE ») Y EST ÉCHANGENT DES DE L’INTESTIN. SYNTHÉTISÉE. INFORMATIONS. DE RÉSIDUS ENTRÉS DANS L’INTESTIN.34 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 RECHERCHED’autre part, l’intestin produit des sérotonine dans l’organisme, peut point de mire des recherches : lesneurotransmetteurs, des substances être soignée par un antidépresseur maladies d’Alzheimer et de Parkin-chimiques qui jouent un rôle impor- comme le Prozac qui régularise le son. Quant au Laboratoire genevoistant dans le fonctionnement du cer- flux de sérotonine. de recherche génomique, il focaliseveau en assurant, par exemple, la ses travaux sur la cachexie : la fonterégulation de l’humeur, de l’appétit, Certaines maladies psychiques et des muscles et la perte de poidsdu sommeil ou du contrôle moteur. neurologiques auraient-elles leur ori- constatées chez des malades atteintsC’est le cas notamment de la séroto- gine dans l’intestin ? Inauguré en fé- de cancer ou dialysés, qui pourraientnine, qu’on a appelée parfois « l’hor- vrier dernier à Genève par les HUG, le être liées à un mauvais fonctionne-mone du bien-être ». On sait que la Centre de la mémoire participe à des ment du microbiote.dépression, quand elle est causée par études internationales sur les causesune concentration insuffisante de possibles de la neurodégénérescence, MARLYSE TSCHUI comme le microbiote intestinal. En« Il s’agit d’une techniqueefficace, mais artisanale »L es fonctions du microbiote sont si complexes qu’il fau- dra encore du temps avant de déterminer avec précision Mais il est difficile de savoir si c’est parce que, à partir d’un les interactions des bactéries et leur rôle dans la surve- certain âge, les gens mangent moins ou différemment, ounue des maladies. Interview du professeur Jacques Schren- qu’ils ont moins d’activités physiques.zel, directeur du Laboratoire de recherche génomique auxHUG à Genève. La mode est aux régimes restrictifs, sans gluten, sans lactose ou végétariens, souvent conseillésQuelle est, à ce jour, l’expérience la plus par des personnes qui ne sont pas forcément desconvaincante ? médecins et qui prescrivent divers compléments alimentaires. Qu’en pensez-vous ? Le transfert de microbiote. Avec la transplantation fécale, C’est certain, la façon la plus efficace de modifier son mi-on commence à comprendre le fonctionnement du méca- crobiote est de changer son alimentation ! Mais, quand on saitnisme à l’intérieur de l’intestin. Mais qu’est-ce qui améliore qu’intervenir sur le microbiote est puissant, est-ce qu’on vala santé du patient ? Le fait de lui administrer un autre micro- faire des bricolages ? Non, les connaissances sont encore insuf-biote ? De le diluer ? Est-ce que la quantité joue un rôle ? On ne fisantes. Ce qui est gênant, c’est que certains semblent profi-sait pas encore très bien ce qui se passe. Pour l’instant, il s’agit ter du malaise d’une personne pour prescrire des choses quid’une technique efficace, mais artisanale, et qui demande sont inutiles et chères, au risque d’avoir un régime carencé.beaucoup de précautions. Elle ne peut être utilisée que pourun nombre restreint de patients. Est-il utile de prendre des probiotiques ?Quel est l’avenir de cette découverte ? Si vous êtes en bonne santé, si vous avez une nourriture va- riée ainsi qu’une activité motrice et sociale correcte, pourquoi L’étape suivante consistera probablement à remplacer le prendre des probiotiques ? Les probiotiques sont des bactéries vivantes qui sont administréestransfert de selles purifiées par un médicament composé decinq ou de six espèces bactériennes sélectionnées et cultivées en grande quantité. Cesen laboratoire, de manière à cibler telle ou telle maladie. bactéries ne sont pas inno- centes, elles sont activesCela contribuerait au développement d’une nouvelle et produisent des subs-industrie … tances qui vont modi- Exactement. En industrialisant le procédé, cela permet- fier le microbiote entrait de donner un mélange standard à un nombre plus élevé agissant sur certainsde patients. Certains labos travaillent déjà dans cette perspec- équilibres qu’on netive en s’appuyant sur les données médicales qui ont été pu- connaît pas bien. Unebliées. Mais nous en sommes encore au stade des hypothèses. étude récente montre que le résultat d’une telleEst-ce que le microbiote se modifie au cours du supplémentation n’est pasvieillissement ? forcément positif.Il reste stable jusqu’à un âge relativement avancé. Au-delàd’une septantaine d’années, on constate des changements. www.generations-plus.ch 35
SANTÉ OCTOBRE 2018Les médicaments anti-alzheimerDepuis cet été, ces traitements ne sont plusremboursés en France. Deux spécialistes romands, quiont des avis opposés, commentent cette décision.La nouvelle est tombée en août tion, mémoire, comportement), pas La quasi- Solidcolours et DR comme un couperet: en France, sur les lésions qui, elles, évoluent totalité de les quatre uniques médicaments avec le temps à une vitesse variableanti-alzheimer validés ne seront en fonction de multiples paramètres. la com-plus remboursés en raison de leur La recherche se poursuit donc pour munautémanque d’efficacité et de leur dan- identifier des thérapies curatives, quigerosité. Un choix que n’approuve devront très probablement considé- scien-pas le neurologue Olivier Rouaud, rer des combinaisons de traitements tifiquemédecin associé au Centre Leenaards agissant sur plusieurs cibles, et bien estime quede la mémoire, au CHUV : « Il s’agit plus précocement. » la maladielà d’une décision incohérente, car, existe beldepuis la mise sur le marché de ces « UNE DÉCISION COURAGEUSE » et bien.médicaments, dans les années 1990, Martial Van der Linden, docteuraucun des pays où ils sont disponibles Deux spécialistes, deux avis dia-n’ont émis de signal de pharmacovi- en psychologie, professeur de neu- métralement opposés, mais qui segilance. Deux récentes études ont, en ropsychologie et de psychopatholo- rejoignent sur le fait que la prise enplus, confirmé l’absence de risques de gie aux Universités de Genève et de charge doit intégrer un volet non médi- Liège, évoque, quant à lui, une « déci- camenteux et un soutien aux familles. « Ces sion française courageuse qui devrait « Les deux grands axes de recherches médicaments aussi être adoptée en Suisse. A mon actuels consistent à prévenir les symp- ont certes leurs sens, traiter avec une même molécule tômes et à préserver la part d’autono- limites, mais toutes les personnes ayant été dia- mie liée à la maladie, détaille Olivier ont également gnostiquées « maladie d’Alzheimer » Rouaud. Dès le plus jeune âge, il faut éduquer les individus par rapport à des effets est illusoire, du fait de la com- leur mode de vie, corriger les facteurs significatifs » plexité et de l’hétérogénéité des de risque modifiables et dépister la manifestations neuropatho- maladie avant que les premiers signes DR ROUAND OLIVIER logiques. D’ailleurs, durant n’apparaissent, afin de ralentir ou de ces quinze dernières années, bloquer les processus dégénératifs. »surmortalité chez les personnes trai- 400 essais cliniques visant destées, alors qu’une autre attestait de UNE PRISE EN CHARGE NON MÉDICALEl’effet favorable à long terme sur les traitements médicamenteux de Et Martial Van der Linden de pour-symptômes et sur l’autonomie. Cette cette pathologie ont été faits, avecdernière a aussi montré le rapport un taux d’échec avoisinant les 100 % ! suivre : « Il convient de s’affranchir decoût-bénéfice de ces traitements, et Malgré tout, certains continuent l’approche réductionniste basée surque l’interruption brutale d’un traite- de défendre l’idée selon laquelle la l’exploration de cascades de petitesment augmentait significativement recherche neurobiologique est en molécules qui seraient à l’originele risque d’institutionnalisation dans marche et qu’un espoir de guérisonl’année qui suivait. Ces médicaments est en vue. Il y a très certainementont certes leurs limites, connues des dans cette négation de la réalité desprofessionnels, mais ont également raisons qui s’éloignent du domainedes effets significatifs. Ils ont un im- strictement scientifique et quipact sur certains symptômes (atten- touchent aux enjeux économiques et financiers. Cette vision dominée par le médicament néglige le fait que les troubles cognitifs et fonctionnels des personnes âgées ne se réduisent pas à leurs dimensions neurobiologique et médicale, et que des interventions psychosociales et de prévention sont à même de réduire les manifestations problématiques du vieillissement. »36 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 SANTÉsont-ils vraiment efficaces ?des troubles pour explorer d’autres biologiques : une approche prenant CETTE MALADIEhypothèses, impliquant, en particu- réellement en compte la multiplicité des mécanismes et des facteurs qui EXISTE-T-ELLE « Une décision française influent sur le vieillissement cérébral courageuse qui devrait et cognitif (biologiques, médicaux, VRAIMENT ? aussi être adoptée en psychologiques, en lien avec le style de vie, sociaux, culturels, environ- La maladie d’Alzheimer serait- Suisse » nementaux), et ce, tout au long de la elle une construction sociale vie. Il s’agit d’un changement de pa- pour décrire le vieillissement ? DR MARTIAL VAN DER LINDEN radigme sur le plan de la recherche. C’est l’idée développée par Dans un même temps, il est indis- Martial Van der Linden et parlier, des interactions entre diverses pensable d’allouer des moyens plus d’autres spécialistes. « Facecombinaisons de mécanismes neuro- importants pour mettre en place, au à l’important accroissement sein même de la société, des actions de l’espérance de vie observé favorisant l’engagement des per- dans les pays occidentaux et sonnes qui présentent une démence, aux problèmes qui y étaient grâce à des activités qui leur per- associés, il fallait financer la mettent d’interagir avec d’autres, de recherche et il était plus facile prendre du plaisir, de se développer d’obtenir des crédits pour une personnellement et d’avoir un rôle « abominable maladie contre social valorisant. » laquelle on doit se battre » que pour des difficultés — plus La maladie d’Alzheimer n’a pas fini ou moins problématiques de faire parler d’elle. FRÉDÉRIC REIN — liées au vieillissement de l’organisme, note-t-il. De plus, décrire le vieillissement du cerveau en identifiant diverses maladies — dont celle d’Alzheimer — qu’on arrivera à guérir, c’est aussi entretenir le mythe de l’immortalité. » PREUVE PEU DISCUTABLE Pour Olivier Rouaud, qui se rallie à l’avis de la quasi-tota- lité de la communauté scien- tifique et médicale internatio- nale, la maladie d’Alzheimer existe bel et bien. « L’élément nouveau par rapport à la description initiale est qu’il en existe plusieurs formes, et une multitude d’études, se basant sur des techniques très diffé- rentes, montrent qu’il s’agit de processus pathologiques diffé- rents du vieillissement, même s’ils en partagent des éléments communs. D’autre part, l’exis- tence de modèles génétiques de cette maladie représente un niveau de preuve difficilement discutable ... » www.generations-plus.ch 37
OCTOBRE 2018Le bon choix LA SANTÉ EN BREFcontre les douleurs. Sommeil La bonne humeurEn cas de douleurs est du côté droit !articulaires et musculaires• apaise les douleurs Vous êtes grincheux au réveil ? C’est peut-être que vous avez sombré• inhibe les inflammations dans les bras de Morphée du mauvais côté. C’est en tout cas ce que• désenflant suggère un sondage britannique réalisé auprès de 3000 adultes. Les personnes dormant du côté droit du lit se lèveraient « plus heureuxCeci est un médicament autorisé. Lisez la notice d‘emballage. et mieux équipés pour faire face au stress et aux pressions de la vieVente en pharmacies et drogueries. Iromedica SA, St-Gall. quotidienne ». Plus sérieusement, on rappelle que le premier com- mandement pour se lever du bon pied est de respecter un rythme adéquat, soit en moyenne sept heures de sommeil. Cerveau Ne restez pas assis ! Mais qu’est-ce qui n’est pas néfaste pour notre orga- nisme ? A force, on finit par se poser la question. Ainsi, des chercheurs anglais ont déterminé qu’une position assise prolongée peut ralentir l’afflux sanguin vers le cer- veau, diminuant ainsi notre productivité et nos capacités cérébrales, sans oublier un risque accru de certaines maladies neurodégénératives, comme la démence. Diabète Pollu- Consultation Vous avez Dean Drobot, alikemalkarasu, JuSun et Lorado tion sur le banc 11 secondes des accusés Mieux vaut être concis. Selon une La pollution serait-elle étude américaine, les patients sont responsable de 14 % interrompus en moyenne au bout de des nouveaux cas de 11 secondes lorsqu’ils expliquent leurs diabète dans le monde ? symptômes à un médecin lors d’un C’est en tout cas ce rendez-vous. A noter que les géné- qu’affirme une étude ralistes accordent plus de temps de américaine, publiée parole à leurs patients que les spé- dans The Lancet Plane- cialistes et les interrompent tary Health. Ses auteurs également moins pensent que l’accusée souvent. Lesdits spé- réduirait la production cialistes ont rétorqué naturelle d’insuline, que cela venait du empêchant de convertir fait qu’ils connais- le glucose sanguin en saient déjà le motif énergie. de la visite du patient. www.generations-plus.ch
OCTOBRE 2018Insolite Payés pour attraper la grippeAu Missouri (Etats-Unis), un ancien hôtel de la ville a ététransformé en centre de recherches. Ses clients, triéssur le volet évidemment, peuvent ainsi y séjourner unedouzaine de jours gratuitement et en pension com-plète. Mieux, ils sont payés 3500 dollars. Il y a toute-fois une condition : ils doivent accepter d’être exposésau virus grippal. Là, c’est tout de suite moins drôle. 8 Polémique L’huile de DORMIR AVEC SES LENTILLES coco, un « poison » ? MULTIPLIE PAR 8 LE RISQUE Particulièrement D’INFECTION OCULAIRE. tendance en cuisine, l’huile de coco ne se-Assurances Trop de rait pas si bonne queperfusions de fer ça pour la santé. Un professeur de l’EcolePour combattre l’anémie, rien ne vaut de santé publique deune perfusion de fer. Enfin, c’est l’avis Harvard, aux Etats-de nombreux médecins suisses qui Unis, affirme mêmeprescrivent ce traitement pour un coût que c’est « un poisonannuel de 51 millions de francs. Mais ce pur », plus dangereuxn’est pas celui des assureurs qui estiment que le saindoux, car ilqu’une injection (entre 600 fr. et 900 fr.) contient presque exclu-pourrait, dans de nombreux cas, être sivement des acidesremplacée par la prise de comprimés, gras saturés, quivoire par un autre traitement. Ils ont peuvent obstruer lesdonc demandé à l’Office fédéral de la artères coronaires. Cesanté publique d’examiner les cas dans n’est pas la premièrelesquels un apport de fer est vraiment fois que cette huileindispensable. végétale est pointée du doigt. Il y a un an, l’Association améri- caine de cardiologie avait déconseillé sa consommation après avoir constaté une augmentation du taux de cholestérol chez des consommateurs.Vieillesse Des muscles régénérés ? Oui, cette étude n’a pour l’instant porté que sur des souris. Il n’empêche, la trouvaille des chercheurs français de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université de Toulouse ouvre des perspectives plutôt séduisantes. Alors que la masse musculaire diminue inéluctablement avec le temps, ils ont prouvé qu’une hormone particulière, l’apeline, restaurait les capacités des souris âgées. Des essais sur l’homme sont donc logi- quement prévus pour 2019 déjà ! www.generations-plus.ch 39
SANTÉ OCTOBRE 2018Insuffisance rénale, une maladiesilencieuse à dépisterL’insuffisance rénale chronique n’est souvent d’hormones, dont l’érythropoïétinediagnostiquée qu’à un stade avancé. D’où l’importance (EPO) participant à la fabrication desde la dépister au plus tôt, en particulier chez globules rouges, et la rénine, régulantles personnes à risque. la pression sanguine ; production deL ’ insuffisance rénale chro- vitamine D active, nécessaire à la santé nique (IRC) est une mala- cholestérol, autres facteurs de risque osseuse. die insidieuse, progressive, cardiovasculaire. Si, la plupart du temps, le patient Des antécédents familiaux d’insuf- ne ressent initialement pas de symp- tôme, selon la cause de la maladie, onconséquence de lésions irréversibles fisance rénale constituent un autre peut observer une urine mousseuse et/ou foncée, de la rétention d’eau etdes reins : « Nous naissons avec un facteur de vulnérabilité. La maladie des maux de tête ou des vertiges liés à l’hypertension. A cela peuvent s’ajou-important capital rénal, si bien que peut être consécutive aussi à des mal- ter, au stade avancé : des troubles di- gestifs (nausées, vomissements), uneles reins peuvent perdre plus de 70 % formations rénales, des maladies gé- perte de poids, des démangeaisons, des crampes, de la fatigue, des troublesde leur fonction sans qu’on en res- nétiques (par exemple polykystose) ou du sommeil et de la concentration, des troubles du désir ou de l’excitationsente les effets », explique la Dr Anne inflammatoires (glomérulonéphrite), sexuelle, entre autres.Cherpillod. Elle est coresponsable des tumeurs, des infections urinaires DÉPISTAGE RÉGULIER L’insuffisance rénale chroniquemédicale du Centre de dialyse Cecil à récidivantes ou des calculs rénaux à peut se déclarer à tout âge, avec uneLausanne, avec le Dʳ David Fumeaux. répétition. La consommation régulière prévalence accrue après 65 ans. Pour la détecter au plus tôt, un dépistageTous les deux sont spécialistes en de produits toxiques — antalgiques régulier est conseillé aux personnes à risque — hypertendues, diabétiques,néphrologie et en médecine interne en surpoids — ou avec des antécédents familiaux d’atteinte rénale.générale. Dans la population générale, le « Sauf infections ou calculs « Les traitements contrôle de la fonction rénale fait par-rénaux, les maladies rénales visent à retarder tie des tests de routine effectués parrestent longtemps indolores, le généraliste, dès l’âge de 45-50 ans. Un examen simple : une prise de sangsilencieuses. Les premiers l’évolution de la pour doser la créatinine, dont le tauxsymptômes de l’insuffisance maladie » augmente en cas d’atteinte rénale ;rénale chronique, tels que fa- une analyse d’urine pour recherchertigue, manque d’appétit ou fri- DR DAVID FUMEAUX du sang et de l’albumine — signes quelosité, n’apparaissent qu’à un stade les filtres rénaux sont endommagés. La mesure de la tension artérielle va détec-avancé. De surcroît, ils ne sont pas ter une éventuelle hypertension, autre signe d’une possible atteinte rénale.spécifiques et on peut les attribuer ADOPTER UNE BONNE HYGIÈNE DE VIEà d’autres causes », précise le Dʳ Fu- (anti-inflammatoires non stéroïdiens), En cas d’anomalies, des examensmeaux. stupéfiants (cocaïne, héroïne) et tabac complémentaires (bilans sanguins et urinaires, échographie, scintigra- — peut également détruire les reins. phie, IRM, biopsie) seront effectués par un néphrologue, pour poser unCAUSES ET FACTEURS DE RISQUEBeaucoup de patients ne sont ain- COMPLICATIONS GRAVESsi diagnostiqués qu’à un stade déjà Sans prise en charge, l’IRC entraîneavancé. En Suisse, environ 200 000 de graves complications : maladies car-personnes souffrent d’IRC, dont près diovasculaires (AVC, infarctus, etc.),de 5 % au stade terminal et traités par anémie, fragilité osseuse et suscep-dialyse ou au bénéfice d’une greffe tibilité aux infections. Car les reinsde rein. Toutefois, les progrès thé- assurent de multiples fonctions vi-rapeutiques permettent aujourd’hui tales : régulation du volume de liquided’arrêter ou de freiner l’évolution de (excès ou déshydratation); épuration Yodiyim, Dolgachov et DRla maladie et de réduire le risque d’in- du sang par les glomérules (structuressuffisance rénale terminale. constituant les reins) pour en éliminerPlus de 50 % des cas d’IRC sont les toxines (urée, créatinine, etc.) etdus au diabète ou à l’hypertension les acides en excès; régulation des mi-artérielle. Ces maladies sont fré- néraux essentiels (calcium, phosphate,quemment associées à l’obésité et au potassium, sodium, etc.) ; production40 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 SANTÉL’insuffisance rénale chronique peut se déclencher à tout âge. Pour les personnes à risque(hypertendues, diabétiques, en surpoids), un dépistager régulier s’impose donc.diagnostic précis et déterminer les Le patient devra aussi adopter une de santé et, bien sûr, le désir du pa-traitements ad hoc. Ceux-ci vont ci- bonne hygiène de vie — primordialebler la cause de l’insuffisance rénale aussi pour prévenir la maladie rénale ! tient », explique la Dr Cherpillod. Laet les maladies associées. En paral- — avec une activité physique régulière et une alimentation adaptée (pauvre en greffe permet de restituer l’ensemble « Les reins peuvent sel et sans excès de protéines animales perdre plus de 70% de notamment). des fonctions des reins et offre la meil- leur fonction sans qu’on en ressente les effets » « Les traitements visent à ralentir leure qualité de vie. La dialyse, elle, l’évolution de la maladie et permettre DR ANNE CHERPILLOD aux patients de ne pas en ressentir est souvent un traitement transitoire les symptômes. Dans bien des cas, ilslèle, on va corriger les dérèglements vivent ainsi assez bien jusqu’à la fin de dans l’attente d’une transplantation.dus à l’IRC par une supplémentation, leurs jours, malgré une fonction rénaleen fer et en érythropoïétine, vita- très réduite, constate le Dʳ Fumeaux. La Mais c’est aussi le traitement de choixmine D, etc. maladie étant très progressive, les pa- tients ont souvent adapté leur rythme pour les patients non éligibles pour un de vie et peinent parfois à comprendre la nécessité de suivre des traitements. » greffe en raison de leurs nombreuses TRAITEMENT DE SUPPLÉANCE maladies associées. L’évolution vers la phase terminale « La dialyse est souvent perçue très (fonction rénale réduite à 10 %-15 %) est inéluctable pour une minorité de négativement. Or, les patients ayant patients. « Dès lors, nous proposons un traitement de suppléance : la dia- été longtemps en insuffisance rénale lyse ou une greffe rénale, selon l’état avancée en ressentent rapidement les bénéfices », note le Dʳ Fumeaux. Et de citer l’exemple de ce patient octogé- naire, sportif amoureux de montagne, réticent à commencer une dialyse et qui a pu reprendre le ski quelques se- maines après le début du traitement, ravi. « Quant aux patients plus âgés ne souhaitant pas ou plus de dialyse, nous les accompagnons pour leur offrir la meilleure qualité de vie possible », souligne-t-il. ELLEN WEIGAND www.generations-plus.ch 41
CHRONIQUE OCTOBRE 2018Métamorphoses ou nous devançant à pas de saucisson … Bien qu’avançant toujours à la même cadence, il nous donne l’impressionpar Véronique Emmenegger, écrivaine d’être long ou trop court, selon l’emprise de la douleur ou l’offrande d’un plaisir, sorte de barbapapa qui se métamor-L’âge, cette fiction … phose, paresseux ou guépard, limace ou faucon pèlerin.Parler de l’âge n’est finalement que la tentative déses- Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Quelle heure est- pérément poétique de cerner une comète qui nous il ? Une main nous force à avancer, debout comme cou- fuit et rechigne à se laisser observer de manière chés, en mouvement comme en position de chien d’ar-fixe. Ainsi, parvenir à prendre l’âge en photo reste mis- rêt. On a beau procrastiner, le temps nous attend appuyésion impossible. contre le chambranle, imperturbable, toujours gagnant. Pourtant, l’âge se quantifie, seconde après année, L’âge est le fruit du temps, plus proche de la pommechaque matin ajoutant une goutte d’huile sur le feu des qui se fripe dans le compotier que celle cueillie par Eve iljours. On peut l’avouer ou même tricher, la date de la y a un certain temps. Il est par essence ce qui fuit, ce quinaissance reste fixe, imparable, notée à l’état civil, même fut et, si au moins, il nous fuyait nous, mais non, il courtsi personne en nous inspectant ne peut avancer sans se tout seul, sans ami ni trompettes, chasseur solitaire detromper ce chiffre qui nous est chevillé au corps. néant, bien décidé à être toujours devant. Grand bien lui fasse ! Il n’a qu’à être en tête cet éclaireur incontournable, Autrement dit, bien que l’âge existe, il ne se voit pas il n’est finalement qu’une avant-dernière couleur entr’aperçueen tant que tel. avant l’obscurité comme le dit si joliment Philippe Jaccottet, un point lumineux avant la douce éternité. Regarder les grains s’écouler dans le sablier de manièrehypnotique ne nous en apprend pas plus sur les facétiesinfatigables du temps, car c’est bien lui le véritable auteurde ce drame. Le problème de l’âge est de s’être acoquiné avec letemps, ce géant ou ce lilliputien, ce traître ou cette ar-mure fidèle, chaussé par moments de bottes de sept lieues Catégorie de chambre «Gstaad» Aqua-dôme (37 °C) Hall d’hôtel «Bärgblick»BAIN SALIN – BAIN SAIN – JEUNE À 60 ANS:Il n’y a que chez nous que vous pouvez décider vous-même comment gérer agréablement votre santé pour vous sentir durablementbien. Dans notre oasis de bien-être avec bains salins couverts et en plein air à 35 °C et piscine sportive en plein air à 29 °C vousattendent mille et une possibilités pour vous laisser complètement choyer. Elisabeth, Ruth et Christian, vos animateurs, feront devos vacances un événement unique avec des excursions accompagnées et détendront votre corps et votre esprit dans des mondesmerveilleux à l’intérieur et à l’extérieur.Offre valide jusqu’au 21 décembre 2018 * 4 nuits 4 nuits 7 nuits Piscine 765.– 1’107.– sportive (29 °C)Prix en francs par hôte 645.– 925.– 1’373.– Bain salin 805.– 825.– 1’205.– en plein air (35 °C)* Arrivée dimanche ou lundi 705.– 1’604.– 945.– 1’065.– Réservation:Chambre à deux lits côté nord dès 235.– 033 748 04 30Chambre à deux lits côté sud dès 205.– 85.– [email protected] individuelle côté nord dès www.ermitage.chChambre individuelle côté sud dès☛ Votre avantageNous vous avons réservé un arrangement à la hauteur de vos rêves:– 4 ou 7 nuitées dans la chambre de votre choix– 1 massage complet à 50 minutes– Pension ¾ pour connaisseurs avec buffet petit-déjeuner, buffet de salades et soupe, l’après-midi plateau de gâteaux «Chuechetisch» et le soir «culture de la table de l’ERMITAGE» avec un large choix de menus basses calories, végétariens ou gastronomiques– Services de notre équipe d’encadrement: Programme de randonnées accompagnées (du lundi au vendredi), programme de gymnastique quotidien– 4 bassins (env. 320 m2), BAINS SALINS couverts et en plein air 35 °C, piscine sportive extérieure 29 °C, aqua-dôme 37 °C– Parc de saunas avec 10 saunas et bains vapeur, Lady’s Spa (sauna bio et bain vapeur), salle de repos avec 32 chaises-longues de bien-être et matelas à eau
OCTOBRE 2018 VACANCES 46 A quoi faut-il penser CONCOURS avant de partir serein ? Ils sont accros et ils PRO SENECTUTE 48 gagnent ! Enquête : un senior sur quatre est victime de malfrats. INAPTITUDE 51 Quand l’oncle Albert fatigue, il est temps de rédiger un mandat pour cause d’inaptitude. MULTIMÉDIA 53 Un clavier intuitif testé par générations. Pas une journée ne passe sans qu’ils remplissent un bulletin de participation, avec l’espoir de remporter un lot intéressant. Rencontre avec des joueurs. Quand la chance vous sourit ! Oui, ce couple valaisan a gagné tous ces objets et d’autres prix encore. Impressionnant.Corinne Cuendet Ils n’ont pas besoin de faire un saut cœur bat sensiblement plus vite. Car, s’y prête ! Ce « serial participant » n’a en parachute pour ressentir une pe- au fond d’eux, ils ont l’indicible espoir toutefois pas le profil type de l’ama- tite montée d’adrénaline. Le simple d’avoir remporté le gros lot. teur de concours, d’après Olivier Mori- fait d’ouvrir leur boîte aux lettres — setti, chef de produit à concours.ch, classique ou virtuelle — leur suffit ! « Le passage du facteur me met tou- site internet qui compile en moyenne Comme le soulignent de nombreux jours en joie, d’autant plus si j’ai rem- 40 concours par jour et abrite la plus amateurs de jeux-concours, à chaque porté un prix », confirme Daniel, Fri- vaste communauté romande : « Par- fois qu’ils relèvent leur courrier, leur bourgeois de 83 ans, accro à ce genre mi nos 73 000 membres, nous >>> de jeux. Pas un jour ne passe sans qu’il www.generations-plus.ch 43
CONCOURS OCTOBRE 2018comptons 70 % de femmes, pour beau- compliqués, ils découragent rapide- tage au tirage au sort qu’au savoir oucoup des mères au foyer âgées de 30 à ment les participants, remarque Oli- à l’originalité d’un cliché.35 ans. » vier Morisetti. Dans la vaste panoplie des concours, on trouve notamment Mais la vraie question, celle queDEUX HEURES PAR JOUR ceux qui demandent de répondre à des tout le monde se pose, est de savoir Cela dit, les plus de 50 ans ne si la chance est souvent au rendez- 5 % vous ... Tous nos témoins affichentsont pas non plus en reste, puisqu’ils une réussite presque insolente. Da-représentent environ un quart des DE L’ENSEMBLE DES PARTICIPANTS niel évoque plusieurs voyages, commemembres de cette plateforme gra- À DES JEUX-CONCOURS ce séjour dans un luxueux château al-tuite, active depuis dix ans. Mais, à DEVIENDRAIENT ACCROS. lemand ou cette semaine de vacancesen croire une étude menée en France, dans le Tessin, mais aussi des appa-seulement 5 % de l’ensemble de tous questions (NDLR, concours.ch est le seul reils ménagers, des bons d’achat etces joueurs développerait une envie site de Suisse à donner les réponses à tous les des bijoux, pour faire court. « Je gagneirrépressible de compléter quotidien- concours qu’il publie) ou ceux qui néces- en moyenne un prix chaque deuxnement un bulletin. sitent l’envoi de photos. Mais ce sont semaines », souligne-t-il. Même im- les traditionnels, où il suffit d’ins- pression de facilité chez Valérie, qui S’agit-il pour autant d’une pra- crire ses coordonnées, qui marchent ne compte plus les billets de concerttique chronophage ? Si Daniel avoue le mieux.» Le plus souvent, les par- et les bons pour les restaurants. « J’aiy consacrer en moyenne près deux ticipants s’en remettent donc davan- aussi remporté un vol en hélicoptèreheures par jour, Valérie, Vaudoise de et un voyage au Maroc », ajoute-t-elle.49 ans, est moins assidue. « J’ai décidéde ne pas investir plus de dix minutes DES OPPORTUNITÉS SUPPLÉMENTAIRESpar jour, explique-t-elle. A l’heure du Au classement des lots les plus pri-tout connecté, ce laps de temps mesuffit amplement pour participer à sés, on trouve, évidemment, les voi-plusieurs concours, car c’est fait en tures, les voyages de rêve et l’argent.quelques clics. » Mais est-ce vraiment l’appât du gain qui les motive ? « Je participe avantUNE RÉUSSITE PRESQUE INSOLENTE tout par plaisir, pour occuper mon Les concours doivent en effet rele- temps et faire des heureux autour de moi », répond Daniel. Le discoursver du jeu d’enfant, sans quoi ils ne de Valérie est plus pragmatique :fonctionnent pas bien. « S’ils sont trop« UN ROBOT MÉNAGER COMME TROPHÉE » LILLY WICHESon robot ménager trône dans sa cuisine comme 77 ANS, MOUTIER (BE)un trophée ! Avec le voyage à Europa Park qu’elle agagné et offert à son fils et à ses petits-enfants, cesont certainement les deux plus beaux lots rempor-tés par Lilly Wiche lors de jeux-concours. A quois’ajoutent de nombreux bons et des babioles en toutgenre. « Je gagne un à deux prix par mois, commentecelle qui s’adonne aussi aux mots croisés et auxpuzzles sur internet. Je garde ceux dont j’ai l’utilité etje fais passer plus loin ceux qui ne me servent à rien.Au-delà du lot lui-même ou de sa valeur, c’est d’abordpour moi une façon de me divertir, un réel plaisirau quotidien. Et si, en plus, je peux me faire plaisirou gâter mon entourage grâce à la nature du prix,que demander de mieux. » Elle avoue y consacrerprès de deux heures par jour. « J’ai commencé il y aune dizaine d’années, quand j’ai eu mon ordinateur.Avant, je remplissais parfois des bulletins dans lesmagasins quand j’en avais l’occasion. Avec internet,c’est devenu facile et rapide de le faire. » Lilly Wicheest une vraie grand-mère 2.0 !44 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 WEB Vous aussi, vous êtes fous des concours ? CONCOURS Témoignez sur www.generations-plus.ch « Soyons honnêtes, c’est le prix mis en possibilité de s’offrir. J’en veux pour niquer en Suisse. » N’y a-t-il toutefois jeu qui guide mes choix, car, en soi, preuve les 1000 francs en cash propo- pas des prix qui ne correspondent pas remplir des bulletins ou répondre à sés par l’un de nos clients. Nous avons à ce à quoi on pourrait s’attendre ? des questions, ce n’est pas ma grande eu des milliers de participants. » « Presque jamais, répond Daniel, du passion. Je ne joue donc que si le lot haut de sa dizaine d’années d’expé- pourrait me faire plaisir, intéresser EN SUISSE, IL Y A DES GAINS rience dans les jeux-concours. Pour la l’un de mes proches ou représenter INTÉRESSANTS petite histoire, j’ai une fois gagné un une façon de mettre du beurre dans échantillon de parfum, que je pensais mes épinards. » Une tendance que re- Des Romands qui privilégient sur- offrir à ma voisine qui faisait la col- marque de plus en plus Olivier Mori- tout les concours proposés dans leur lection des flacons, mais j’ai reçu une setti. « Je constate une augmentation propre pays. Les lots y sont-ils plus lingette imbibée de la flagrance en constante du nombre de participants, attractifs qu’à l’étranger ? « Oui, af- question ! » Du côté de Valérie, aucune résume-t-il. Pour beaucoup d’entre firme Olivier Morisetti. Je n’ai jamais désillusion à signaler. eux, il s’agit de personnes de la classe vu une montre à 8000 francs ou une moyenne qui éprouvent toujours plus voiture de luxe valant plus de 70 000 A noter encore que nos interlocu- de difficultés à boucler leurs fins de francs sur le marché français, par teurs n’échangent généralement pas mois. A une époque où le coût de la exemple. D’une part, les cadeaux à avec leurs concurrents et néanmoins vie ne cesse d’augmenter, ils y voient gagner s’alignent généralement sur le amis, et qu’ils n’ont pas d’astuces par- l’opportunité de faire des activités niveau de vie de chaque pays, d’autre ticulières dans leur quête du gros lot. qu’ils n’auraient pas forcément eu la part, les marques de luxe semblent Ils savent juste que 100 % des gagnants particulièrement bien aimer commu- ont tenté leur chance ! FRÉDÉRIC REIN « NOUS GAGNONS AU MOINS UN LOT PAR SEMAINE » CHANTAL LÉGER ET « J’ai contaminé tout mon entourage, de mon ami à mes col- sur internet via mon compte Facebook, ce SÉBASTIEN VONNEZ 42 ET 39 ANS, SAINT- MAURICE (VS) lègues, en passant par mes voisins ou mon facteur », avoue qui me permet de les partager avec mes amis. Chantal Léger, en rigolant. Et tous la remercient certaine- Revers de la médaille : je reçois une trentaine de ment de les avoir incités à participer à des jeux-concours. publicités par e-mail chaque jour, qui sont heureusement « J’ai entre autres gagné vite effacées. » Chantal Léger 10 000 francs en cash, et ne joue en outre que lorsque une console de jeu », détaille c’est gratuit. « Pour moi, cela son compagnon. D’ailleurs, représente un vrai moment depuis quatre ans, le couple de détente, note-t-elle. Et tient à jour un calepin dans j’adore par-dessus tout cette lequel figurent leurs gains. petite montée d’adrénaline Et une ligne s’y ajoute au au moment d’ouvrir ma boîte moins chaque semaine ! Que aux lettres. C’est presque trouve-t-on ? Un week-end plus important que le gain. en Provence, un autre sur le Cela dit, j’aime bien les gros circuit de Spa, en Belgique, à lots et les cadeaux surprises. tester des bolides, des appa- Comme nous sommes une reils électroménagers, des famille recomposée avec meubles, de la viande, quatre enfants, cela nous per- des invitations pour des met également de réaliser des sorties et des repas ou, activités que nous n’aurions encore, des bons divers et pas forcément faites, comme variés. La liste semble sans une nuit dans un igloo ou, fin. Au point que les doublons tout récemment, une soiréeCorinne Cuendet et Alain Germond sont offerts ou revendus. « Je ciné en voiture. » Cela fait joue entre 15 et 20 minutes par jour, mon ami un peu moins, aussi cinq ans qu’elle n’a plus acheté sa vignette automo- confie cette assistante clientèle dans une grande entreprise bile, et elle a même un siège d’avion qui porte son nom et de transport, qui se définit elle-même comme une accro aux celui de la localité où elle réside ! Ont-ils des astuces ? « Pour jeux-concours. C’est une passion de longue date. J’ai com- les concours photos, nous faisons parfois participer nos mencé par organiser des concours pour mes camarades enfants, afin d’attendrir le jury ! Cet été, nous avons ainsi d’école, puis je me suis mise à remplir des cartes-concours, gagné un écran télé durant la Coupe du monde de foot- pour finir par passer, il y a environ quatre ans, aux concours ball. » www.generations-plus.ch 45
ARGENT OCTOBRE 2018 Précautions financières avant les vacances « A quoi dois-je penser en matière d’argent quand je prépare mes vacances ? » ÉLISE, LAUSANNE (VD) Sébastien Rod, change la veille du départ à un cours imposé par les responsable Clientèle privée, BCV conditions du moment. L ors de la préparation de vos vacances, il est im- UNE CARTE DE DÉBIT (DE TYPE MAESTRO®) portant de vous soucier des moyens de paiement Vous avez une carte de débit liée à votre compte. que vous aurez à disposition dans le pays que vous comptez visiter et de prévoir plusieurs solutions Elle sera utile aussi en vacances, mais il est néces- pour éviter les mauvaises surprises. saire, au préalable, de vérifier la limite de dépenses (journalière, mensuelle) qui y est liée, notamment En règle générale, il est toujours pratique d’avoir pour une utilisation à l’étranger, en particulier à sa disposition différents moyens de paiement: de hors de l’Europe. Cette limite (généralement fixée à l’argent liquide pour les menues dépenses et des cartes 5000 francs par jour en Europe) peut être abaissée hors bancaires, qu’il convient d’utiliser à bon escient pour du Vieux-Continent entre 300 fr. et 1000 fr., la carte les retraits en liquide ou les achats dans les commerces. pouvant aussi être inutilisable dans certains pays (blocage géographique). Ces mesures servent à limi- DE L’ARGENT LIQUIDE ter les pertes en cas de vol ou de skimming (automates Pour obtenir des devises de votre pays de destina- de paiement piratés) N’oubliez pas de vous renseigner auprès de votre banque sur la validité et sur les condi- tion, vous avez la possibilité de faire du change dans tions d’utilisation de vos cartes de débit à l’étranger. votre banque en Suisse. Les devises courantes sont Et demandez s’il est possible de la débloquer si votre disponibles facilement (notamment euros, dollars et pays de destination se situe hors zone d’utilisation. livres sterling) et, pour les autres, il est possible de les A noter que certains distributeurs peuvent limiter les commander à votre banque et de venir les chercher retraits, sans que votre émetteur de carte ou votre dans une agence ou de vous les faire livrer à domicile. banque puisse intervenir. A noter que, s’il vous reste des billets à votre retour, vous ne pourrez les échanger qu’auprès de Swiss Ban- Pour les retraits aux appareils automatiques (ban- kers ou dans une gare qui traite ces devises. Si vous comats), privilégiez la carte de débit dont les opérations avez le temps sur votre lieu de destination, vous pouvez sont moins coûteuses. En matière de frais, la Maestro aussi faire le change sur place (des informations utiles facture un montant et un pourcentage forfaitaires lors par pays se trouvent sur www.swissbankers.ch → in- d’un retrait au bancomat (environ 5 fr. et 0,5% maxi- fos produits → Travel Cash → Infos pays). Vous devrez mum) ou lors d’un achat (environ 1 fr. 50 par opéra- alors déterminer quelle monnaie de départ sera la plus tion). Le taux de change sera appliqué par l’émetteur appréciée sur votre lieu de destination (francs suisses, de la carte et peut donc varier selon l’établissement. dollars ou euros, par exemple). UNE CARTE DE CRÉDIT Pour les destinations européennes, la situation La carte de crédit présente l’avantage de différer géographique de la Suisse implique que l’euro agisse comme monnaie parallèle et se révèle quasi indis- le règlement des dépenses, parfois imprévues. Cer- pensable lorsqu’on sort des frontières. La plupart des taines offrent, en outre, des couvertures d’assurance établissements bancaires proposent, aujourd’hui, utiles dans le cadre des voyages et des achats. Si l’on des comptes courants en euro, qui fonctionnent veut maîtriser son budget, la carte rechargeable (par comme des comptes en franc suisse, avec la possibilité exemple Prepaid) n’autorise à dépenser que le montant d’utiliser une carte de débit. Ils permettent d’acheter chargé dans la puce, donc pas de surprise au retour. des euros quand leur cours paraît avantageux et de constituer des réserves en prévision de déplacements La carte de crédit facture un pourcentage du mon- futurs en Europe, plutôt que de faire une opération de tant retiré au distributeur (environ 4 %, au minimum 10 fr.) ou déboursé dans un magasin (environ 1,75 %). Le taux de change sera appliqué par l’émetteur de la carte et peut donc varier selon l’établissement. La carte de crédit reste indispensable lorsque la limite fixée sur votre Maestro est dépassée.46 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 ARGENT Deux cartes valant toujours mieux qu’une seule, chacune d’elles pourra vous dépanner selon la situa- tion dans quelle vous vous trouvez : bancomat ou ter- minal ne lisant pas l’une des cartes, location d’une voiture, achat important ou limite de débit atteinte.Illustration: Helen Tilbury PAYER EN FRANCS SUISSES OU EN EUROS AVEC UNE 10 000 et 20 000 fr. par carte et par année selon votre CARTE ? genre de carte. D’autres risques peuvent aussi être cou- verts, comme l’assurance médicale durant le voyage Certains terminaux identifient désormais le pays ou les assurances pour les bagages si vous possédez d’origine de la carte et permettent de payer en francs une carte or ou équivalent. suisses. Le principal avantage pour le consommateur est de connaître le montant exact qui sera débité de VOS VALEURS EN SÉCURITÉ son compte, y compris une marge de conversion (envi- Et enfin, avant de partir, pensez également à mettre ron 3 %). vos valeurs en sécurité : vos bijoux, vos montres ou Si vous choisissez l’option de payer en mon- tout objet précieux dans un coffre à la banque (safe). naie locale, vous devrez vous acquitter d’une taxe de traitement pouvant varier, selon BON À SAVOIR l’émetteur de votre carte, entre 0,9 % et 2,5 % ➤ Disposer de plusieurs moyens de paiement du montant de l’achat. Sur votre facture de carte de crédit, la dépense apparaî- offre une sécurité supplémentaire pour des tra en francs après conversion au cours vacances réussies. devises. Si vous choisissez l’option de ➤ La carte Maestro est soumise à certaines payer en francs, le cours de change limites qu’il faut connaître avant le départ. sera fixé par le commerçant et sera ➤ La carte de crédit facture un pourcentage sans doute moins favorable que lors d’un retrait ou d’un achat, ce qui n’est le cours des devises. A noter que pas toujours avantageux pour l’utilisateur. certains émetteurs facturent éga- lement la taxe de traitement. L’avantage de payer en mon- naie locale réside dans une plus grande transparence en matière de frais et de taux de change. Une autre solution réside dans la détention d’une carte libellée dans une autre monnaie (le plus souvent en euros ou en dollars), puisque les frais de traitement ne s’appliquent pas dans ce cas. Cette so- lution sera avantageuse pour des dépenses réalisées dans la même monnaie que la carte. ASSURANCES LIÉES AUX CARTES Si le fait de se munir d’une carte de crédit quand on voyage est devenu une pratique courante, il est également important de savoir que ce moyen de paie- ment peut aussi vous apporter des solutions en cas de problèmes à l’étranger. Si toutes les cartes n’offrent pas les mêmes presta- tions, les sites internet des émetteurs en Suisse per- mettent de comprendre ce qui est couvert et à quelles conditions. Selon votre carte, si vous avez payé au moins 60 % de votre voyage privé avec votre carte de crédit et que vous devez le reporter ou l’annuler, vous pourrez prétendre à un remboursement des frais de déplacement, d’hébergement, voire d’activités déjà réservées. Cela bien sûr à certaines conditions. Votre décision doit être due à une maladie grave ou à un accident, au décès d’un parent, à la perte de votre emploi, à des catastrophes naturelles et autres épi- démies, etc. La couverture s’étend aux personnes vivant sous votre toit et le montant peut varier entre www.generations-plus.ch 47
PRO SENECTUTE OCTOBRE 2018Un senior sur quatre victimeUne enquête inédite en Suisse dévoile un phénomène peu étudié : la criminalité dont sontLes «abus financiers» causent des pertes d’argent importantes, mais provoquent aussi desCes cinq dernières années, une écrit au moyen d’un questionnaire «Partant du principe que certains des personne sur quatre âgée de élaboré à partir d’entretiens avec des abus, notamment via internet, sont plus de 55 ans a été victime, experts dans les trois régions linguis- perpétrés depuis l’étranger et que laen Suisse, d’un vol, d’une arnaque, tiques du pays. langue française est plus répandue qued’un détournement, soit près de les deux autres, cela permettrait d’ex-700 000 personnes. Et une sur cinq L’étude relève que les deux tiers desa perdu de l’argent. Globalement, le abusés préfèrent ne pas parler de leurs 28 %préjudice pour les seniors serait de mésaventures à des proches ou à desplus de deux milliards de francs, sur professionnels. Ce qui pourrait laisser DES PERSONNES INTERROGÉEScette période. L’équivalent du budget penser que le phénomène soit encore ONT VÉCU UNE TENTATIVE DEde la ville de Lausanne. plus étendu, observe Alain Huber, secrétaire romand de Pro Senectute. CYBERCRIMINALITÉ. 4,2 % D’ENTRE Ces résultats — nombre élevé de En même temps, plus de la moitié des ELLES ONT SUBI UN PRÉJUDICE.cas, montants en jeu — sont jugés personnes sondées s’informe des abuspréoccupants par Pro Senectute qui financiers au moyen des médias tradi- Le sondage représentatif de la populationa financé l’étude inédite en Suisse. tionnels. de 55 ans et plus a été réalisé par l’InstitutPubliée en septembre, cette première de recherches M.I.S Trend auprès deenquête représentative a été réalisée On note encore que les abus finan- 1257 personnes. Les résultats sont indiquéspar l’Institut de lutte contre la crimi- ciers commis par des professionnels, en termes de pourcentage ainsi que par des membres de la famille ou des extrapolation sur la base de l’effectif de « L’étude a mis en connaissances ont lésé 4,6 % des 55 ans population de 55 ans et plus (Base pour évidence la nécessité de et plus. l’extrapolation : nombre de personnes âgées sensibiliser davantage de 55 ans et plus en Suisse = 2 707 198 (Office LES HOMMES PLUS TOUCHÉS fédéral de la statistique, 2017). les seniors » Par ailleurs, les hommes (28,2 %) ALAIN HUBER, PRO SENECTUTE sont davantage touchés que les femmes (23,3 %). « Cette différence pourrait s’ex-nalité économique (ILCE) de la Haute pliquer par le fait que les hommes sontEcole de gestion Arc à Neuchâtel. plus nombreux à s’occuper eux-mêmes de leurs finances (78,9 % des hommes Pour ce faire, 1257 personnes ont contre 66,9 % des femmes). En outre,été interrogées par téléphone et par selon les résultats de l’enquête, les hommes utilisent davantage les diffé- rentes technologies de l’information, et sont donc plus exposés aux formes d’abus qui relèvent de la cybercrimi- nalité », explique Olivier Beaudet- Labrecque, criminologue responsable de l’étude. Finalement, la proportion de vic- times est plus élevée en Suisse romande (36,5 %), suivie par la Suisse alémanique (22,8 %) et la Suisse italienne (11,7 %).Présentation de l’étudeL’étude sera présentée par Olivier Beaudet-Labrecque le 22 novembre 2018, de13 h 30 à 16 h 45, à Neuchâtel, dans les locaux de l’ILCE. La police cantonaledonnera des informations sur la prévention. Inscriptions obligatoires. Pro-gramme, infos, renseignements et PDF de l’étude sur www.prosenectute.ch ousecré[email protected] ou 021 925 70 10.48 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
OCTOBRE 2018 PRO SENECTUTEdes malfrats BIENNE Rue Centrale 40, CP 940 victimes les personnes âgées de 55 ans et plus. 2501 Bienne dommages psychiques et sociaux. [email protected] Tél. 032 328 31 11pliquer en partie les distinctions entre des abus financiers que leurs voisins et Fax 032 328 31 00régions linguistiques, suggère encore mieux armés pour s’en protéger. » FRIBOURGOlivier Beaudet-Labrecque. D’autre Passage du Cardinal 18part, les résidents de Suisse aléma- Forte de cette étude, Pro Senectute CP 169 - 1705 Fribourg 5nique seraient mieux informés au sujet entend s’activer auprès des aînés, [email protected] indique Alain Huber. « Des >>> Tél. 026 347 12 40 Fax 026 347 12 41 59 % 13,5 % GENÈVE Rue de la Maladière 4, 1205 GenèveDE L’ÉCHANTILLON RETENU A SUBI DES PERSONNES ONT ÉTÉ [email protected] PRATIQUES COMMERCIALES VICTIMES D’UNE TENTATIVE Tél. 022 807 05 65 DE VOLS À L’ASTUCE ET DE Fax 022 807 05 89 DOUTEUSES, 6,8 % EN ONT ÉTÉ TAVANNES EFFECTIVEMENT VICTIMES. VOLS À LA TIRE. Chemin de la Forge 1, 2710 Tavannes ET 2,9 % ONT DÉCLARÉ [email protected] UNE PERTE FINANCIÈRE. Tél. 032 886 83 80 Fax 032 886 83 89 www.generations-plus.ch DELÉMONT Centre d’action sociale des aînés Ch. du Puits 4, CP 800 2800 Delémont [email protected] Tél. 032 886 83 20 Fax 032 886 83 19 NEUCHÂTEL Bureau régional Neuchâtel Rue de la Côte 48a 2000 Neuchâtel [email protected] Tél. 032 886 83 40 Fax 032 886 83 41 LA CHAUX-DE-FONDS Rue du Pont 25 2300 La Chaux-de-Fonds [email protected] Tél. 032 886 83 00 Fax 032 886 83 09 VAUD Rue du Maupas 51 1004 Lausanne [email protected] Tél. 021 646 17 21 Fax 021 646 05 06 VALAIS Siège et centre d’information Rue de la Porte-Neuve 20, 1950 Sion [email protected] Tél. 027 322 07 41 Fax 027 322 89 16 49
PRO SENECTUTE OCTOBRE 2018modules destinés aux professionnels niors. A partir du printemps de 2019, romande et au Tessin où les taux deseront mis en place rapidement pour des formations spécifiques serontleur permettre de sensibiliser les se- proposées, par exemple, en Suisse personnes qui disent être informées sont insuffisants. » MARCO DANESIUn couple de retraités raconte le vol subiaprès avoir retiré de l’argent à un bancomatAlain Ottavy , retraité de 79 ans , raconte comment on a volé le sac de sa femme en chaiseroulante. C’était dans un ascenseur des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).« C ’est un petit ascenseur pour handicapés. Il y Si l’enquête sur la criminalité touchant les seniors a a la place seulement pour deux personnes. montré la propension des victimes à se taire, Alain n’a pas On venait de retirer 1400 francs à un banco- hésité à porter plainte, à appeler à l’aide Pro Senectutemat installé dans les HUG. Avant et à interpeller les autorités.que la porte ne se referme deux « Etre à la merci du premier venu « C’est incroyable, répète-t-il,hommes sont entrés. Un grand aux HUG, il n’y a pas de ca-type m’a coincé contre la paroi. même dans un hôpital, je n’en méras de surveillance. Alors,Je lui ai dit de sortir. Il a répondu revenais pas. » j’ai écrit un courrier pour endans une langue que je ne com- réclamer. On nous dit d’êtreprenais pas. Ma femme était sur prudents quand on retire desa chaise roulante, elle ne pouvait pas voir ce qui se pas- l’argent, de se contenter de petites sommes, mais on nesait. Quand l’ascenseur s’est ouvert, ils sont repartis à toute place pas des caméras qui pourraient dissuader les voleursvitesse. C’est seulement dans un tea room voisin que nous ou permettre de les attraper. On invoque la protection denous sommes aperçus que le sac n’était plus accroché à la la sphère privée, mais des caméras, il y en a partout. Sa-chaise. J’ai couru vers vez-vous combien enl’ascenseur espérant compte Londres ? Plusle retrouver. En fait, de 6000, alors … »on nous l’avait volé. Alain ne s’apitoieOn a perdu l’aide sociale pas sur son sort. Touteplus un smartphone, sa vie, il a défendudes pièces d’identité, la cause animale. Ildes clés. » a créé une organisa-Ce qui est arrivé tion internationale,à Alain Ottavy et à toujours active, quisa femme est emblé- se bat contre l’exploi-matique d’un phéno- tation des mammi-mène dont l’ampleur fères marins. Toutevient d’être dévoilé par sa vie, il a défenduune étude inédite sur également ses droits.les « abus financiers » « Je ne vais rien lâ-subis par les aînés (lire cher. Et, comme jepages 48-49). Des abus l’ai toujours fait,qui laissent des traces. Le couple venait je m’adresse directe-« J’en avais la boule au de retirer ment aux dieux plutôtventre », avoue Alain. 1400 fr. à un qu’aux apôtres. » C’estEtre à la merci du pre- automate. de cette manière qu’ilmier venu même dans a connu des person-un hôpital, je n’en re- nalités célèbres dontvenais pas. » Le couple les photos tapissentvit dans un appartement subventionné avec sa rente AVS son salon : Jacques Mayol, Jacques Cousteau, Brigitte Bar-et des aides cantonales. « Remplacer les papiers et les effets dot. Avant de nous quitter, il évoque ses origines corses Yves Lereschepersonnels, nous a coûté, en gros, 500 francs. » Le vol a été qui sont peut-être pour quelque chose dans son acharne-un coup dur. ment têtu à exiger réparation.50 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h
Search