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Supplément Spécial Indépendance

Published by DEFIMEDIA.INFO, 2018-03-12 04:52:05

Description: 12 MARS 1968 - Il y a 50 ans

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SUPPLÉMENT SPÉCIAL INDÉPENDANCE DÉFI QUOTIDIEN | LUNDI 12 MARS 2018 | 24 PAGES 12 MARS 1968 50 aIlnysa> L’ÉPOPÉE EN DENTS > SABEETREE CALCHAND : > LE 12 MARS AU PAYS DE SCIE DU SUCRE « LES PARENTS DOIVENT DE SA MAJESTÉ ET ASSUMER LEURS EN AFRIQUE DU SUD> C ES MESURES ET DÉCISIONS RESPONSABILITÉS » QUI ONT FAIT LA FORCE > « MOTHERLAND » : LE MYSTÈRE D’UNE NATION > G ANNY JOONAS : « J’AI DIT À SSR DE LA CRÉATION DE NE PAS NATIONALISER LES> N ICOLE LARUSÉE : ENTREPRISES » > LES 50 PROCHAINES ANNÉES AU CHEVET DE LA CHAMBRE VUES PAR LA JEUNESSE > M ICRO-TROTTOIR : QUELS SONT> Z ONE FRANCHE : VOS VOEUX POUR L'ÎLE MAURICE > NOTRE MUSIQUE, UNE CROISSANCE À LA SUEUR DE DEMAIN ? NOTRE PATRIMOINE DE LEUR FRONT > CES MAURICIENS > LA ROUTE VERS> C ES HOMMES AYANT PARTICIPÉ QUI SONT AILLEURS L’INDÉPENDANCE À LA CONSTRUCTION DU PAYS > CHAGOS : PARADISE LOST

SUPPLÉMENT SPÉCIALMoris mo Péi50 ans d'Indépendance18 - LUNDI 12 MARS 2018« Libération nationale, renaissance nationale, restitution de la nation au peuple, Commonwealth,quelles que soient les rubriques utilisées ou les formules nouvelles introduites, la décolonisationest toujours un phénomène violent. » Frantz Fanon - Les Damnés de la TerreI1l2yMa A50RSan1s968 VINE RAMNAUTH leurs maisons. Des commerces 'réalisme politique des dirigeants L'Union Jack est C’est dans le chaos que ciblés sont incendiés. Ces mauriciens' that made him and descendu dul’Île Maurice sous-développée, dérapages sont commandités. his party break faith with Hon. mât, symbolisantsoumise à une excision Une atmosphère d’anarchie Atchia at the time? No, Mr. Rivet, la proclamationterritoriale, divisée, voire s’installe dans le pays. Ces these words mean opportunism de notrefracturée par la violence raciale, violents incidents qui prennent and monopoly for only a few indépendance.accède à l’indépendance, le la dimension des bagarres people. »mardi 12 mars 1968. Aujourd’hui, communautaires sont vite SSR : « Such words soumis à l’épreuve de la barbariecinquante ans après – jour pour maitrisés à la suite des appels au Plus loin, le Dr Seewoosagur as Mauricien, des impérialistes américains etjour – Maurice s’offre comme calme lancés par le chef de l’État Ramgoolam – qui allait être Mauricianisme, britanniques. Victimes d’actesun exemple au monde sur d’alors, Cassam Uteem, le leader proclamé père de la nation Mauricianisme de violence physique et morale,divers plans : unité nationale, de l’opposition, Paul Bérenger  et après l’indépendance –  précisait ils sont  chassés manu militariharmonie communautaire, les chefs religieux du pays. Cette que le mauricianisme devrait intégral, and a host de leurs maisons et forcésstabilité sociale, succès affaire reste essentiellement signifier  « a well-balanced of others, as far as à prendre place à bord deséconomique, démocratie et une manifestation violente des and model community of a we are aware, seem rafiots bondés destinés à descombat agressif pour recouvrer fans et sympathisants de Kaya happy and harmonious people to have one meaning quais desserts où ils sont jetés.sa souveraineté sur les Chagos, y contre l’autorité policière et des wherein every section of the at Port Louis, another Certains à Mahé, aux Seychelles,compris Diego Garcia. policiers en particulier. population worked for the et d’autres à Port-Louis. CesUN ÉTAT-NATION LE MAURICIANISME INTÉGRAL progress and protection of at Beau-Bassin, terres d’exil, vendues comme desARC-EN-CIEL each and all.» Six ans après and another still at coins de paradis par des agences Nous sommes un S’il est vrai que l’unité l’indépendance, en 1974, sir Curepipe; but their de voyages, ont été les dédales deÉtat-nation arc-en-ciel, fiers nationale et l’harmonie Seewoosagur Ramgoolam, real meaning seems l’enfer pour nombre d’entre eux.de nos racines identitaires. communautaire éclairent notre répondant aux critiques to be shrouded inNous avons appris au gré arc-en-ciel, il ne reste pas d’un étudiant qui regrettait a kind of mystery L’indépendance que nousde notre itinéraire, semé moins que notre volonté pour que le mauricianisme était into which only the fêtons aujourd’hui avec faste ad’embûches, à vivre dans l’unité bâtir la nation mauricienne est encore une utopie lors d’une initiated few can couté cher aux Chagossiens –et l’harmonie. L’unité dans la souvent compromise par des cérémonie de remise des ces hommes et femmes  perdus,diversité, n’est pas un slogan forces occultes, maquillées en prix, lance à l’assistance : « Ki enter. » venus d’ailleurs que nouscreux pour les Mauriciens, associations socioculturelles. mauricianisme intégral ?  » appelions les Îlois. Ils ont su,traumatisés par les bagarres Ces organisations asociales C’est un concept abstrait qui ne en septembre 1965 à Londres dans leur combat, se forger uneraciales de 1965 et de 1967 – qui opèrent avec la complicité profite qu’à certains, dit-il. Son entre le Premier ministre identité : le Chagossien.1968,  qui ont su dompter la de personnalités politiques lieutenant, sir Kher Jagatsingh, britannique Harold Wilson et lesbête communale qui sommeille expertes en communalisme alors ministre du Plan et du dirigeants politiques mauriciens. Bénéficiant du soutien deen eux. Nous vivons cette unité scientifique, freinent l’émergence Développement économique, L’indépendance est troquée l’Inde, Maurice a mené uneintensément. Cinquante ans du Mauricianisme intégral que sort alors cette fameuse contre l’excision des Chagos et lutte agressive sur le planaprès les bagarres sanglantes le pays rêve de construire depuis question : « Ki ça bébête qui l'expulsion de ses habitants. international, notamment auxqui ont précédé l’indépendance, les années ’30. Le Mauricianisme appelle Mauricien là ? » Ce tribunes des Nations unies pourl’harmonie raciale est une réalité est un gargarisme politique, commentaire scandalise nombre La violence que la revendiquer la rétrocession desque chaque Mauricien vit au dénonçait le Dr Seewoosagur de Mauriciens. Pourtant, population chagossienne subit Chagos au territoire mauricienquotidien. Ramgoolam, dans une dans ses écrits il prônait le dans le sillage de l’excision des et des compensations adéquates Les tristes événements de polémique avec Raoul Rivet mauricianisme. Chagos afin de construire la aux déracinés de l’archipel etfévrier 1999 sont un accident député et rédacteur en chef du base militaire américaine à leurs descendants en exil àde parcours. Aucun Mauricien journal Le Mauricien, dans les  Aujourd’hui encore le Diego Garcia, est inqualifiable. Maurice, aux Seychelles et enbien-pensant n’a souhaité années ’40. Le Dr Seewoosagur mauricianisme demeure ce Les îles sont dépeuplées avec Angleterre. Aujourd’hui, nonces émeutes fomentées sur Ramgoolam écrivait : gargarisme politique que le violence. Les habitants sont seulement l’appui de l’Inde maisle cadavre de Kaya, roi du Dr Seewoosagur Ramgoolam aussi celui des pays africainsseggae, par des  politiciens « In our painful journey dénonçait. est acquis pour soutenir lacalculateurs, divisionnistes, through la politique LAPRESCRIPTION DEJAMES revendication mauriciennepervers dans l’âme, qui tentaient mauricienne we have come EDWARD MEADEAPPLIQUÉE devant la Cour Internationalede déstabiliser le pays. Les across many high-sounding de Justice qui a été invitée parémeutiers, fans de Kaya dans epithets, and most of the Après l’indépendance, l’Assemblée générale des Nationsleur majorité, exaspérés par time we have been at a loss Maurice n’a pas lésiné sur unies à statuer sur le litige enles brutalités policières, ciblent to apprehend what they les moyens pour vaincre guise d’un avis consultatif.dans un premier temps la police, really stand for. Such words son sous-développement :s’en prenant aux postes de as Mauricien, Mauricianisme, la prescription de l’expert La lutte pour l’indépendancepolice qu’ils lapident, saccagent Mauricianisme intégral, and James Edward Meade est et la décolonisation totale estet incendient. Souvent sur les a host of others, as far as we appliquée, des mesures loin d’être gagnée.ordres des certains meneurs, are aware, seem to have one sont prises pour diversifierintoxiqués à la marijuana. meaning at Port Louis, another l’économie, des investissementsDans cette escalade de violence at Beau-Bassin, and another locaux et étrangers sontqui se répand à des villages still at Curepipe; but their real sollicités, les fondements dehors de Port-Louis, des bandits meaning seems to be shrouded l’industrie manufacturièretéléguidés agressent des paisibles in a kind of mystery into which sont posés. Parallèlement,citoyens – hommes, femmes et only the initiated few can enter. Maurice intensifie sa lutte deenfants – lapident et brûlent Was it that formula which décolonisation, proclame la prevented Mr. Rivet from voting République, et réaffirme  sa for the Hon. Atchia to be the souveraineté sur les Chagos, Mayor for 1935? Was it that excisé du territoire mauricien au moment des discussions

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance19 - LUNDI 12 MARS 2018Après des décennies de bonset loyaux services, le sucresemble à bout de souffle. Ilne peut plus compter sur lesérum des quotas européenspour régner sur le marché.Désormais, ce sont plutôt lessous-produits de la cannequi représentent l’avenirdes planteurs. Le boomdes années '70 — dont laconvention de Yaoundéet les pays ACP ont été lesdétonateurs — est désormaisun souvenir lointain. RONNIE ANTOINE [email protected] L’histoire et la réussite de L’épopée en dentsl’île Maurice indépendante ont de scie du sucreété pendant longtemps liées ausort de la canne à sucre. Le hic, évoque une production de sucre de massue, les années '70 seront Les années '80 verront même année verra aussi le passagec’est que l’industrie du sucre a qui atteint à peine la moitié des particulièrement bonnes pour plusieurs efforts pour tenter de de Hollanda, qui fera autant deconnu un parcours en dents de projections : 300 000 au lieu des l’industrie sucrière. Des percées pérenniser l’industrie sucrière. mal que ses prédécesseurs, Alixscie. S’il y a bien eu quelques 600 000 tonnes prévues. Les dans la diplomatie économique D’abord la construction du Bulk et Carol. Le manque à gagner :booms qui ont bénéficié au pertes cumulées pour l’industrie expliquent en partie ce deuxième Sugar Terminal en 1982 pour Rs 500 millions. Puis, en 1999,pays, par exemple durant la s’élèvent à Rs 13 millions. boom après celui des années '50. réduire l’influence des dockers c’est la sécheresse qui s’abat surdeuxième moitié des années PROTOCOLE SUCRE sur l’industrie, puis en 1983, en le pays et ses champs de canne.'70, les difficultés financières, Au mois de juin 1973, Maurice nommant une des commissionsnotamment de graves problèmes La décennie suivante, les rejoint la convention de Yaoundé, les plus influentes qu’ait connue S’il faut retenir une chose desde liquidité dans les années '80, années '60, sera témoin d’une notamment avec l’intervention de l’industrie : la commission du Dr années 2000, c’est l’officialisationont souvent requis l’intervention et succession de rapports et de la France qui craint une percée Avramovich, épaulé par Rama de la relégation du sucre audes perfusions du gouvernement. débats sur l’avenir de l’industrie. du communisme si l’économie Sithanen et le Prof. Manrakhan. second plan. En 1999, le budget duRoland Lamusse, dans son ouvrage L’économiste James Edward du pays venait à s’effondrer. Les recommandations sont gouvernement fait provision pourintitulé « The Supremacy and the Meade, celui-là même qui avait Cet accord entre l’Europe et ses à l’origine de la création de la la conversion de 5 000 hectaresTwilight of the Mauritius Sugar condamné d’avance Maurice, anciennes colonies jouera un rôle Mauritius Sugar Authority (MSA) sous culture de canne pour lesIndustry », explique les détails recommande l’introduction d’une crucial dans le développement en 1984, afin de déterminer projets de logements sociaux.de ces mouvements de yo-yo de taxe de sortie de 5 % sur le sucre économique. Surtout qu’au mois l’orientation globale de l’industrie Un vrai séisme quand on sait quel’industrie sucrière. en 1960. Le but est de ralentir la d’octobre de la même année, et verra le gouvernement changer sir Seewoosagur Ramgoolam production et d'encourager la l’African Caribbean and Pacific de stratégie pour s’impliquer de refusait farouchement qu’on D’une économie de diversification. Les acteurs de (ACP) Group se réunit pour manière plus directe dans les touche aux terres sous canne.monoculture, les piliers se l’industrie lutteront pendant 34 la première fois et aboutit au affaires de l’industrie sucrière. Ce précédent lancera unsont toutefois multipliés au fil ans contre cette taxe avant d’en célèbre protocole sucre annexé à processus dont on peut encoredes ans, réduisant rapidement venir à bout. la convention de Yaoundé et qui C’est la MSA qui décide de la témoigner aujourd’hui : outre lel’importance du sucre, jusqu’au garantit 457 200 tonnes de sucre fermeture de nombreuses usines, deal Illovo, qui concerne 10 000point où aujourd’hui on préfère En 1963, il y a la commission raffiné à Maurice sur le marché dont Solitude, Saint-Antoine, hectares, sous le gouvernementparler de l’industrie de la canne. d’enquête de Balogh & Bennett européen. Une manne dont le Reufac, Saint-Félix et Bel-Ombre, Mouvement socialiste militant/Les sous-produits, comme la sur les conditions d’emploi dans pays profitera amplement. entre autres. La centralisation vers MMM de 2000-2005, le Smart Citybagasse et la mélasse, utilisés le secteur. Cette commission CHANGEMENTS quatre méga-usines régionales Scheme de l’actuel gouvernementpour la production d’électricité débouchera sur la création d’un STRUCTURELS est la pierre angulaire du plan permet aussi aux établissementset de carburant respectivement, Wages Council qui déterminera les d’action proposé par la MSA. de convertir leurs terres agricolesont pris le pas sur le sucre comme salaires et les conditions d’emploi Un tableau rose qui ne durera Un plan d’action qui amènera sans avoir à payer de taxe. Dessources de revenus. C’est sur ces du secteur. L’augmentation pas longtemps. En 1976, d’abord, le la disparition progressive des centaines de millions d’économiesproduits, plutôt que sur le sucre, salariale endettera cependant cours du sucre s’effondre, affectant usines qui pullulaient à travers qui sont une invitation claire à seque les planteurs font désormais davantage le secteur. toute l’industrie et l’économie du le pays. Ces changements débarrasser de la canne.pression sur les autorités pour pays par ricochet. Les revenus structurels semblent inévitablesaugmenter leurs revenus. Les années '70 resteront des producteurs chutent de tant l’industrie a souffert. En Même les planteurs ne luttent sans doute dans les annales manière continue. En 1979, les 1983, rappelle Roland Lamusse, plus vraiment pour leur sucre. Ce Pourtant, il n’y a pas si pour avoir été les années de grèves font leur retour et c’est les dettes de l’industrie avaient n’est plus là que se trouve l’argentlongtemps, Maurice vivait par et braise du Mouvement militant bien pire qu’en 1971 : les dockers atteint Rs 245 millions et 15 des 21 depuis la fin des quotas européens.pour le sucre. Il faut remonter mauricien (MMM) et les ouvriers font un go-slow et empêchent établissements sucriers affichaient Les betteraviers ont gagné laavant l’indépendance pour de l’industrie sucrière ont été au le chargement du sucre dans le des pertes. guerre du sucre. Les planteursretrouver le premier âge d’or cœur des tensions syndicales de port. Quand vient un nouveau réclament plutôt une « equityde l’industrie. Durant les années l’époque. Des tensions qui ont cyclone en décembre, la crise Les années '90 verront se participation » qui leur permettrait'50, la colonie bat le record de aussi mis à mal toute l’industrie, n’est pas loin. Le gouvernement poursuivre la mécanisation et de profiter des revenus de laproduction de manière régulière : surtout avec les grèves de 1971. Le doit allonger un prêt de Rs 56 la modernisation du secteur, production d’électricité et de512 225 tonnes en 1953, 533 341 pays n’arrive pas à respecter son millions au Syndicat des sucres avec une profitabilité qui s’étiole la vente d'éthanol. Alors qu’ilstonnes en 1955, 572 512 tonnes en quota d’exportation. La crise prend pour pallier ses soucis de liquidités. malgré tout. Ce qui fera date, c’est attendent toujours, les usiniers1956 et 580 372 tonnes en 1959. En fin avec une négociation de hausse L’industrie est alors au plus mal. l’abolition de la taxe de sortie qui restent se sont désormaisces temps de préindépendance, salariale. Malgré ce premier coup en 1994, critiquée depuis son tournés vers l’Afrique pour lala croissance signifie simplement introduction en 1960. Mais la production de sucre.la croissance du volume de sucreproduit. Dans une colonie qui aéradiqué la malaria et doit faire faceà une explosion démographique,cette croissance est une nécessité. Comme souvent dans sonhistoire, les choses vont rarementbien pendant très longtemps. 1960sera une catastrophe. La furiecombinée d’Alix, en janvier et deCarol, en février, deux des cyclonesles plus forts que le pays ait connusdévaste les plantations. Dansson ouvrage, Roland Lamusse

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance20 - LUNDI 12 MARS 2018Ces mesures et décisions quiont fait la force d’une nationDe l’éducation gratuite aux grandes coalitions politiques, en passant par l’État providence,Maurice a, en 50 ans d’histoire, été marquée par des décisions courageuses qui ontfaçonné notre destin. Retour sur ces décisions qui ont été des ‘games changers’ pournotre pays. THIERRY LAURENTÉDUCATION GRATUITE Une décision aussiimportante que l’accessionà l’indépendance L’histoire de l’éducation l’Éducation. Le cheminement de tenace avec les représentants Education Commission (TEC), cap important », souligne-t-il.gratuite comprend deux tournants l’éducation gratuite comprend de la Banque mondiale », ajoute se souvient, pour sa part, de la À l’époque, chaque familleimportants. Si la paternité de aussi une autre étape décisive, cet interlocuteur. C’est vers mars mauvaise planification autour decette mesure annoncée dans celle de 1983, ajoute l’ancien 1983 qu’Armoogum Parsuramen l’éducation gratuite. Le succès dépensait, en moyenne,le manifeste électoral du Parti ministre. Il se souvient en se rend lui-même à Washington de cette mesure a, selon lui, été Rs 16 par mois pour financer latravailliste en 1976, revient effet du Structural Adjustment pour discuter avec les cadres possible grâce aux efforts de scolarité d’un enfant. « Ce quiavant tout à sir Seewoosagur Programme qui avait été proposé de la Banque mondiale des la Private Secondary Schools équivaut à environ Rs 10 000Ramgoolam, le maintien de par la Banque mondiale au conditions attachées au maintien Authority (PSSA). « L’annonce par an de nos jours », expliquel’éducation gratuite doit pour gouvernement mauricien de l’éducation gratuite. « Nous de l’éducation gratuite avait Vinod Seegum, président de lasa part être attribué à un autre en 1982. « Ce programme avons insisté aussi pour que aussi provoqué une vague Government Teachers’ UnionPremier ministre, sir Anerood proposait de supprimer les fonds l’accès à l’enseignement supérieur de mécontentement chez des (GTU). Autant dire que l’accès àJugnauth. « L’éducation gratuite pour l’éducation gratuite et la à l’Université de Maurice reste managers des collèges privés, l’éducation était un luxe. Et malgrécomprend l’empreinte de deux fermeture de plusieurs collèges », gratuit », dit-il. Ce dernier est car cela représentait un manque les efforts des parents, il étaitpersonnes. Celles de sir Anerood et explique-t-il. La mise à exécution d’avis qu’il s’agissait d’une prise à gagner important pour eux. Il parfois difficile à l’époque pourde sir Seewoosagur. L’éducation est de ce plan avait déjà commencé de position stratégique et que si y avait donc un fort lobby pour un enfant modeste de se rendre àun grand facteur d’émancipation à la fin de 1982, ce qui avait le Premier ministre d’alors n’avait faire reculer le gouvernement », se l’école tous les jours. Les familleset un pilier pour le développement occasionné le limogeage de 220 pas durci le ton vis-à-vis de la remémore-t-il. Le rôle de la PSSA nombreuses étaient légion. « Unesocial et politique d’un pays. enseignants, explique Armoogum Banque mondiale, le pays aurait s’est, selon lui, révélé crucial, car famille comprenait généralementRendre l’éducation gratuite a Parsuramen. « Ce n’est qu’après la certainement connu un tout autre il incombait à cet organisme de cinq enfants. C’était souvent lesété une mesure visionnaire cassure de mars 1983, survenue au destin. calculer le montant des grants, aînés qui avaient la chance d’êtreet ce, malgré les contraintes sein du gouvernement Mouvement ainsi que la mise en place des scolarisés et les filles devaientéconomiques qui prévalaient militant mauricien/Parti socialiste La mise en œuvre de structures nécessaires. « Mais rester à la maison », raconte leau moment de son introduction mauricien que sir Anerood décide l’éducation gratuite a aussi été quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui syndicaliste. L’introduction de laen 1977 », explique Armoogum de prendre les choses en main et laborieuse. Suren Bissoondoyal, sans regret, car l’éducation gratuite scolarité gratuite, en janvier 1977,Parsuramen, ancien ministre de s’engage dans une discussion président du conseil a permis au pays de franchir un a été d’un grand soulagement d’administration de la Tertiary pour des milliers de familles.ÉCONOMIE Politiciens et ouvriers, artisans du succès Les origines du succès mauricien, un parti de droite », Maurice adopte une nouvelleéconomique du pays remontent souligne-t-il. « Sir Seewoosagur stratégie économique avec la Une nouvelle stratégie permet la création de la zone franche.à l’ère de Ramgoolam père. C’est décide aussi de tendre la main zone franche qui permet de créerl’avis de l'économiste Pierre aux patrons de l’industrie 10 000 emplois.Dinan. Ce dernier considère sucrière et commence alorsen effet que la décision de une collaboration », poursuit-il. Par ailleurs, en dehorssir Seewoosagur Ramgoolam La démocratisation de l’économie des dirigeants politiques,de résister à la tentation de a aussi permis de poser les bases l’économiste soutient qu’ilnationaliser l’industrie sucrière d'un pays moderne. Pierre Dinan faut surtout rendre hommagea été une étape cruciale. « La se souvient de l’ouverture de à l’ensemble des Mauriciens.nationalisation était à l’époque plusieurs usines : Phoenix « Les Mauriciens ont décidéun concept à la mode. L’Angleterre Beverages, Blendax, Margarine de se retrousser les manchesavait, après la Deuxième guerre Industries, entre autres, des non et se mettre au travail à partirmondiale, adopté cette stratégie. Il sugar enterprises. de 1980. Ils ont bien réagi à las'agissait de la pensée moderne de nouvelle direction économiquel’époque », soutient l’économiste. « En parallèle avec l’ouverture établie par le gouvernement. LesPierre Dinan se souvient que la de ces usines, le gouvernement Mauriciens en avaient marrenationalisation faisait partie du se met à imposer des taxes des confrontations et voulaientprogramme du Parti travailliste douanières. Cela afin d’encourager travailler. La réduction du nombredans les années '50. les Mauriciens à consommer des de jours fériés n’avait d’ailleurs produits fabriqués à Maurice », pas suscité de grincement de « Mais lorsque Ramgoolam raconte notre interlocuteur. dents, ce qui témoignait de lavient au pouvoir il n’en parle Mais Pierre Dinan reconnaît détermination de la populationplus et va plus loin en scellant aussi que c’est véritablement à œuvrer pour des lendemainsune alliance avec le Parti vers la fin des années '70, que meilleurs », dit-il.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance21 - LUNDI 12 MARS 2018STABILITÉPOLITIQUELa Constitution et lesalliances politiques crucialesMalgré les incessantes 1968, car quelques mois plus tôt, Soins de santé gratuits ETAT PROVIDENCEconfrontations politiques 44 % des Mauriciens s’étaient pour tous.qui ont secoué le pays, la prononcés contre l’indépendance. L’état à la rescoussestabilité politique a été une Milan Meetarbhan va encore plus on a heureusement su résister àconstance pendant ces 50 loin dans ses observations en cette tentation, car il a au final Bien que l’économiste Swadicq Nuthay plaide pour unedernières années. Ce qui affirmant que les alliances qui été décidé que la Constitution doit révision de l’état providence, il reconnaît que ce concept a étéa été un gage d’harmonie ont été contractées depuis 1968 protéger les droits individuels, cesociale et de prospérité. ont évité la polarisation ethnique qui a ainsi évité d’institutionnaliser d’une nécessité cruciale. « Les poches de pauvreté étaient au moment des élections. L’ancien la division », fait-il remarquer. nombreuses., spécialement dans les régions rurales », fait Plusieurs décisions politiques député, Reza Issack, abonde dansmajeures ont permis au pays le même sens : « Beaucoup de ressortir l’économiste. « L’état devait de ce fait donner tout sonde se relever et d'affronter de politiciens ont su faire prévaloir la soutien, afin de permettre au pays de décoller », ajoute-t-il.nombreux défis. Observateurs et sagesse dans leurs considérations Swadicq Nuthay explique aussi que Maurice ne disposaitacteurs politiques ne manquent politiques ». Il cite pour sa part d’aucune ressource naturelle. « La force du pays était sapas de saluer la coalition de 1969 l’alliance MMM/PSM de 1982 main-d’œuvre. Il fallait donc investir dans cette ressource »,entre le Parti travailliste (PTr) et le qui a, selon lui, contribué à la affirme-t-il. Ce dernier soutient cependant qu’en 2018, leParti mauricien social-démocrate réconciliation d’une nation gouvernement gagnerait plus à miser sur une aide sociale(PMSD). Une alliance qui a certes entière. « La foule qui s’était basée sur la qualité au lieu de la quantité. Car cela a unbeaucoup surpris, tenant en amassée au Champ-de-Mars impact conséquent sur les finances publiques, dit-il.compte la rivalité politique illustre bien cette démonstrationfarouche entre les rouges et d’unité nationale, car à ce jourles bleus. Les deux formations personne n’a pu autant fédérer »,politiques s’affrontaient en dit-il. Mais au-delà des alliances1967 sur l’accession du pays et les rapports qu’entretiennentà l’indépendance. Milan les politiciens, Milan MeetarbhanMeetarbhan, expert en droit met aussi en avant le fait queconstitutionnel, soutient que la Constitution du pays a étécette alliance entre les rouges un garant de la stabilité. « Laet les bleus reste historique. « Il Constitution assure l’indépendancen’y a rien de comparable, car cette des institutions », déclare-t-il.alliance a grandement contribué L’avocat tient aussi à rappelerà promouvoir la stabilité et l’unité qu’il y a eu à un moment unnationale », estime-t-il. débat sur si la Constitution devait assurer la protection C’est un pays fracturé qui des droits des groupes. « Maisaccède à l’indépendance enSANTÉLe système de santé gratuit est un atoutMaurice est un des rarespays où la santé publique est sans aucune distinction. À travers n'accède à l'indépendance en 1968. de la santé des Mauriciens », de personnel et la création dugratuite. Nous devons être cela, Maurice a pu éradiquer Les gouvernements qui se sont souligne le Dr Patrick Chui Wan système de médecin de famille.fiers de cela, estiment le Dr certaines maladies, telle la malaria. succédé n'y ont pas touché. Ce Cheong. Il est d'avis qu'avec un Avec l'avancement du secteur deDawood Oaris, président de Ce qui fait que c'est un atout qui qui a permis la mise en place de partenariat plus solide, il sera la santé à Maurice, il souhaitel'Association des cliniques permet à tout un chacun d'avoir divers programmes de prévention possible de proposer un prix aussi la création de super-privées, et le Dr Patrick Chui accès à des soins. contre diverses maladies. Parmi, forfaitaire aux personnes à faibles spécialisations dans diversWan Cheong de la City Clinic. la malaria, dont les quelques cas revenus désirant se faire soigner secteurs, comme la pédiatrie Hormis le problème avec enregistrés sont des cas importés. dans une clinique privée pour un et la neurochirurgie. JEAN-MARIE ST CYR les maladies non transmissibles « Nous avons un bon système de service plus personnalisé. [email protected] comme le diabète, l'hypertension surveillance des maladies au port Les Drs Chui Wan Cheong Rs 11,6 milliards. C'est la et les maladies cardiovasculaires, et à l'aéroport », souligne le Dr Pour lui, cela pourrait et Oaris sont aussi d'avis que lesomme votée lors de l'exercice nous avons une population Oaris. contribuer à diminuer les pays a tout à gagner à perpétuerbudgétaire 2017-2018 pour le relativement en bonne santé. Un longues files d'attente dans le système de santé gratuit poursecteur de la santé. Chaque \"succès\" qui peut être attribué Les deux médecins font les hôpitaux pour certaines le bénéfice de l'ensemble de lagouvernement a ainsi perpétué à cette politique de maintenir ressortir qu'il est important de maladies. « Les deux secteurs sont population. Certains n'ont pasl'État providence en offrant les les soins gratuits pour tous dans maintenir ce système de santé complémentaires », ajoute le Dr encore les moyens d'aller verssoins et traitements de santé le service public, expliquent gratuit, mais qu'il devrait y avoir Oaris qui espère voir les médecins la consultation privée ou dansgratuitement à toute la population, Dawood Oaris et Patrick Chui une plus grande collaboration passer plus de temps avec les les cliniques, disent-ils. Pour eux, Wan Cheong. Ils affirment que entre le service de santé public patients et leur accorder plus de c'est encore réalisable d'autant le service de santé public était et celui du privé. « Nous œuvrons temps lors de leur consultation. que la population finance le gratuit avant même que le pays tous les deux pour le bien-être Cela avec le recrutement de plus système à travers la taxe.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance 22 - LUNDI 12 MARS 2018NICOLELARUSÉE Au chevet de laÊtre ou ne pas être. Aimer chambreet savoir donner. C'estl'apanage de Nicole, 56 beau village de La Gaulette. Elle l'époque. Cette tradition s'est aussi client entre dans une chambre quelque peu gênée.ans, valet de chambre. trime et galère sa vie chaque matin perpétuée dans la famille, car son alors qu'elle nettoie, souvent elle Une femme, un métier noble,Une trentaine d'années que Dieu donne pour remplir sa frère Ilric est chef au restaurant reçoit des tips qu'elle accepte,au service du groupe tâche. Avec douceur, la même que Brabant, son fils est stewarding comme tous les autres employés un attachement à un groupe.Beachcomber. Elle est sa voix et sa personnalité toute dans le même établissement d'hôtels du pays. « C'est une façon Nicole est de celles qu'on n'enau Paradis, dans le sens simpliste. Une femme de village hôtelier. Bref, Beahcomber est de me remercier du bon travail fait plus. La simplicité partagée,large du terme, ce depuis comme on les adore, comme comme une deuxième maison abattu, car je ne demande jamais la modestie à fleur de peau, la30 ans. Elle s'y plaît. C'est on n'en fait plus. Pieuse, sans pour la maisonnée. rien et ce tips je les partage avec femme dans toute son originalité.sa deuxième chambre. Elle aucun artifice, à l'approche facile, les miens », nous dit une Nicole Une pure Mauricienne. Uneen fait huit par jour. aimable et très Mauricienne. Il Nicole passe une moyenne de patriote tout simplement. faut dire que son frottement huit heures par jour à panosser, Pour lundi, jour de avec des touristes venus de la cirer, frotter, balayer, dégivrer, quel'indépendance, elle sera au France, de l'Allemagne, de l'Inde, ce soit les chambres, les toilettes,rendez-vous avec le travail, du Singapour lui ont donné une les salles de bains, les terrasses.mais elle se souvient de 1968, elle certaine assurance, un aura qu'elle Ouf, la galère. Pour elle, non :avait six ans : « Je me souviens n'aurait jamais eu sans doute. « Quand il y a des enfants envaguement du 12 mars 1968, bas âge, c'est un peu compliqué,on avait eu des gâteaux et une Elle le sait : « Moi, je suis une je l'admets, il y a des jouets, desboisson gazeuse, on voyait flotter femme simple, je ne cherche pas la couches, des babiolles, des gâteaux.le drapeau à l'école, on chantait lune. J'ai appris à me débrouiller Bref, c'est le désordre total, maisl'hymne national, puis chaque en français et en anglais, mais en je m'y fais, je ne me plains pas,année à l'hôtel, on assistait à la allemand et en italien, je piétine, c'est le boulot. »cérémonie du drapeau, il y a une mais j'arrive à comprendre quelquecollation pour tout le monde et c'est peu », nous dit timidement Nicole. Elle reconnaît quele plus âgé des employés qui avait maintenant, sa tâche est renduele loisir de lever le drapeau et on Mère d'une fratrie de quatre plus facile avec l'électroménager,chante l'hymne en choeur. » Pour enfants et épouse de Roseire et l'aspirateur et d'autreselle, c'est une joie maintenant de grand-mère de six petits-enfants, équipements, « mais il me fautvoir ses petits-enfants revenir de elle était toute destinée à atterrir rendre une chambre impeccablel'école avec le drapeau en main au groupe Beachcomber. Elle a avant la venue de nouveauxet des gâteaux : « C'est à mon suivi les traces de sa maman, clients, j'aime faire plaisir. »tour de passer le flambeau à mes elle aussi valet de chambre à Nicole admet que, quand unpetits bouts de chou », dit-elle. Sinon, pour Nicole, sa viese résume à sa maison et sontravail. Serpillère, balais, chiffons,plumeau, liquide vaisselle, pelleet sac poubelle. Ce sont là lesaccessoires qui accompagnentNicole, petit bout de femme duELISABETH HA-SENG, GUIDE TOURISTIQUE« Le plus beau métier du monde »,dit-elle sans détours Mère de deux enfants, cette n’a jamais voulu repartir. Elle est retrouvée en face de 19 touristes c’est bien en grande partie grâce toujours en plein apprentissage.habitante de Rose-Hill a débuté restée et ne regrette d’aileurs pas dans le car. Je leur ai annoncé que aux interactions avec les guides. Je bouquine, je surfe sur le web,dans le métier il y a un peu plus son choix. Dans l’intervalle, elle j’étais débutante et qu’ils avaient « Le sens de l’accueil, le sourire car je n’ai pas fini d’apprendre.d’une décennie. Elle revenait s’est mariée et a eu deux enfants. intérêt à être gentils avec moi », spontané et la gentillesse jouent un Chaque jour qui passe, je découvred’Allemagne, où elle a été jeune On dit volontiers que l’amour du s’esclaffe-t-elle, tout en invoquant rôle prépondérant, car les visiteurs de nouvelles choses sur mon pays.fille au pair. Elle courrait sur ses 20 travail rend la tache aisée. C’est en l’aventure burlesque mais réussie, en redemandent. Guide touristique, Guide touristique est le plus beauans et souhaitait vivement intégrer somme ce qui s’est passé dans le lors de la tournée les conduisant c’est aussi un corps de métier soudé métier du monde. Il permet dele monde du travail pour assurer parcours professionnel d’Elisabeth. aux endroits suivants : Trou-aux- où l’ego n’a pas sa place », affirme voir Maurice à travers les yeuxson indépendance. « Le travail n’a pas été difficile, Cerfs, Grand-Bassin, Les Gorges la jeune femme. de nos clients. La redécouvrir au car j’aime le contact humain », de la Rivière-Noire, Chamarel, les quotidien. Je connais des collègues Sa cousine, Spring, qui était glisse-t-elle, tout en concédant Cascades, Les Terres des Sept Les plus anciens n’hésitent qui ont trente à quarante ans dedéjà guide touristique chez qu’elle doit savoir gérer son temps Couleurs, La Tour Martello et La pas à prodiguer des conseils aux métier et qui ont gardé le mêmeSummerTimes, lui a suggéré de pour être présente auprès de sa Preneuse. plus jeunes. Cela, pour éviter des enthousiasme », confie Elisabethrejoindre la société quatrebornaise, famille. faux pas ou tout simplement Ha-Seng.le temps de trouver mieux. Elle Le métier de guide touristique pour venir en aide aux moinss’est jetée dans le bain, mais pas Parmi les souvenirs de ses est quelque peu sous-évalué dans expérimentés, leur permettantdans l’intention de s’éterniser débuts, elle en a une bonne à le secteur, déplore Elizabeth, cette d’évoluer. « Nous sommes unedans ce premier job. Mais c’est raconter. « À l’occasion de mon fois d’une voix grave. Elle explique grande famille. J’ai beau avoirle contraire qui s’est produit. Elle premier jour de travail, je me suis que si le touriste revient au pays, douze ans de métier. Je suis

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SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi 50 ans d'Indépendance 24 - LUNDI 12 MARS 2018ZONE FRANCHEUne croissanceà la sueur de leur frontElles ont été les chevillesouvrières de l'industrie.Quant on parle de textile, cesont des femmes sortant desusines qui nous viennent àl'esprit. Certaines y ont passétoute leur jeunesse et sontparties à la retraite en tantqu'ouvrières. D'autres ontabandonné le secteur encours de route. Deux d'entreelles témoignent. FABRICE JAULIM [email protected] Mariam Sumputh, 63 ans, a Jeannine Veersamy (en haut) etpassé plus de la moitié de sa vie Mariam Sumputh ont passé unedans la zone franche. C'est vers le bonne partie de leur vie dansmilieu des années 1980 qu'elle a les usines.rejoint une petite usine textile deRose-Belle. Elle venait, alors, de jour à quatre heures du matinmettre au monde son quatrième pour préparer le petit déjeunerenfant. « Il fallait travailler pour sa famille avant de se rendrepour subvenir aux besoins de la au travail. « Cela n'a pas été facile,famille.  » Cette mère de famille certains supérieurs nous criaienttouchait, alors, Rs 1 500 par mois. dessus et nous insultaient maisÀ cette époque beaucoup de il faut persévérer. C'est grâce àjeunes filles et mères de famille notre force que les usines onttrouvaient dans les usines, un amélioré leurs performances etmoyen d'aider leur famille. Elle se sont épanouies. Les jeunesraconte qu'avant la zone franche, d'aujourd'hui ne pourront pasles femmes travaillaient comme endurer cela. »femmes de ménage ou dans des Aujourd'hui Mariamcommerces comme vendeuses. Sumputh est veuve et vit deSon travail à l'une consistait à sa pension. Toutefois, elle a leassembler des vêtements. «Nous sentiment d'avoir contribué auavions un quotta à respecter, sinon développement du pays à travers Elle a débuté comme machiniste « Il y avait des compétitions entre comme elles que ce secteurnous obtenions en dessous des les usines où elle a trimé pendant en 1978. « À l'époque les machines ceux qui produisaient le plus et s'est développé. « Nous avons sué,Rs 1 500 par mois », raconte plus de 30 ans. n'étaient pas automatisées. Nous nous obtenions des cadeaux à pleuré et certaines sont mortesMariam Sumputh. étions nous-mêmes les machines la fin du mois », raconte cette avant de prendre leurs retraite » « NOUS ÉTIONS NOUS- il fallait faire fonctionner le ancienne ouvrière. Toutefois, les confie Jeannine Veerasamy, les Vers 1991, elle était fatiguée MÊMES LES MACHINES » mécanisme à la main pendant ouvrières travaillaient sans obtenir larmes aux yeux.de travailler dans le textile. Mais des heures. » Elle gagnait Rs 450 de compensation, d'allocationsoù trouver un autre emploi? « Jeannine Veerasamy garde, par semaine et devait subvenir transport ou d'assurance 50 ans après l'IndépendanceJe ne savais qu'assembler des elle, les séquelles de plusieurs aux besoins de sa famille. Jeannine médicale. Elle cessa de travailler l'économie est en pleinevêtements, je n'ai appris que ça années passées dans la zone Veerasamy raconte que dans les peu avant ses cinquante ans. croissance, grâce aux effortset travailler comme femme de franche. Son bras droit est année 1980 c'était la nouvelle Toutefois, elle affirme que c'est des ouvriers de la zone francheménage n'était plus considéré endolori depuis presque 25 ans. mode de travailler dans les usines. grâce aux efforts de femmes qui se comptent par dizaines decomme un métier honorable.» milliers.C'est alors qu'elle fit un saut parl'usine Floreal Knitwear avant derejoindre l'usine Tropic Knits etConsolidated Fabrics Ltd. Elle apassé 23 ans dans cette usineavant de prendre sa retraite en2016. Depuis les années 1980et jusqu'à sa retraite, MariamSumputh se réveillait chaque

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance25 - LUNDI 12 MARS 2018Il fallait faire bouillir lamarmite et, comme il n'ya pas de sot métier, ilssont nombreux à avoirépousé le métier demaçon. Battre du béton,transporter à bras le corpsdes parpaings et travaillersur des échafaudages pourquelques sous, étaient lequotidien de ces hommesjuste après l'indépendance. CHRISTOPHER SOWAMBER CES HOMMES AYANT PARTICIPÉ À LA CONSTRUCTION DU PAYS CHRISTOPHE YANNICK SOWAMBER Être maçon était tout sauf un plaisir La vie, même si elle n'étaitpas aussi chère qu'elle l'est RE 1,50 DE SALAIRE POUR Rhumerie-de-chamarel. Rs 2000 en une journée. « Deactuellement, 50 ans après notre UN AIDE-MAÇON nos jours, on attend longtempsindépendance, était difficile, Roger Derpaul, 63 ans, ancien maçon, et Teddy, qui a travaillé avant d’être payé. Dans le passé,se rappelle Teddy Vincent, un Roger Derpaul, âgé de 63ans, pendant plus de 20 ans. on était tout le temps payé leshabitant de L’Escalier. Il explique est un ancien maçon. Il nous vendredis à 10 heures au plusque le métier de maçon, il y a raconte qu’il a commencé à l’âge aucune expérience, et qui se disent À ce jour, selon lui, un tard », soutient-il. L’ancien maçon30 ans, n’était pas le même : « Je de 12 ans. « Je suis issu d’une famille ouvriers », confie le pensionnaire. ouvrier peut toucher jusqu’à est d’avis que la vie à Mauricetravaillais dans le domaine de pauvre. À peine entré au collège, est devenue plus compliquée.l’hôtellerie, mais étant donné le mon père est décédé ; à cette époque « C’était facile auparavant de vivremanque de travail dans ce secteur, l’éducation était payante et je en pratiquant son métier, parcej’ai dû me reconvertir dans un n’avais pas les moyens de continuer que la vie n’était pas chère commeautre domaine ». C’est de là que lui l’école. J’ai dû trouver du travail elle l'est aujourd’hui ».est venue l’idée de devenir maçon. pour aider ma famille », explique« J’avais déjà la notion du métier, Roger. « J’ai trouvé du travail avec Interrogé au sujet de sonje n’ai pas eu de grande difficulté un maçon qui s’appelait Esther meilleur souvenir de ce métier,à le pratiquer parfaitement, j’ai et nous travaillions la pierre, je il confie qu’il se sent fier d’avoirégalement travaillé parallèlement n’avais d’autre choix que de me participé à de nombreusescomme charpentier puis pour lancer dans ce métier. C’était en constructions à travers l’île.une compagnie de construction. 1970. Un aide-maçon étaient « La construction de la RhumerieCe métier m’a aidé à grandir payé Re 1,50 à cette époque et les de Chamarel, celle de la Banquemes enfants et à subvenir à nos ouvriers touchaient entre Rs 4 de Maurice et aussi le Caudanbesoins. Auparavant, nous devions et Rs 5 la journée. Malgré cela, Waterfront sont aujourd’huientreprendre plusieurs travaux mon employeur ne me payait pas des bâtiments qui font partiepour joindre les deux bouts », mon salaire régulièrement », se intégrante de notre paysage etconfie Teddy. remémore Roger. Huit années resteront gravés à jamais dans plus tard, soit en 1978, après ma mémoire », soutient-il.REVENUS MINIMES avoir acquis de l’expérience, il s’est fait employer par la General Le retraité, âgé aujourd’hui Construction, où il a totaliséde 60 ans, explique que dans 37 ans de service. « Je pratiqueles années '80, le métier n’était depuis maintenant 51 ans ce métierpas comme il est aujourd’hui. », dit-il.« Auparavant, le métier était SALAIRE PAYÉ LESplus facile mais très physique. VENDREDISLors de la construction de grandsbâtiments, nous devions déplacer Le retraité soutient égalementdes parpaings et des matériaux que les conditions de travaildu premier au troisième étage et dans le passé n’étaient pas lescela se faisait à l’aide de cordes », mêmes. « Pour obtenir du travail,se souvient-il. l’employeur se renseignait sur nous et surveillait nos faits et gestes Qu’en était-il du salaire sur notre lieu de travail avant ded’antan ? « Un aide-maçon nous embaucher. Tel n’est plus lepercevait uniquement Rs 200 à cas aujourd’hui. Nombreux sontRs 250 la journée et un ouvrier ceux qui cherchent du travail, sansRs 500 au grand maximum etaujourd’hui, la donne a changé.Un ouvrier peut toucher jusqu’àRs 1 000 ou plus, dépendant deson expérience », dit-il. Selon lesdires de notre interlocuteur, il estdéplorable que le travail se soitbeaucoup détérioré. « Les maçonsd'aujourd’hui travaillent beaucoupmais gagnent peu, ce salaire n’estnullement suffisant, leur revenussont très minimes. Il est très difficilede soigner sa famille avec un telsalaire, plusieurs maçons doivent,aujourd’hui, cumuler les boulotspour joindre les deux bouts »,confie Teddy. Son meilleur souvenirc’est d’avoir pu participer à laconstruction de la première phasedu nouvel aéroport de Plaisance,mais aussi la construction denombreux hôtels du littoral.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance26 - LUNDI 12 MARS 2018SABEETREECALCHAND :« Les parents doivent assumerleurs responsabilités »Sabeetree Calchand est d'expérience au sein de cet permission de le prendre en d'urgence l'enseignant. savent même pas écrire leursune de ces enseignantes établissement, elle soutient qu'à photo. Personnellement, je suis L'attitude des parents a aussi prénoms, ce qui ne permet pasqui, au fil des ans, continuent l'époque, les enfants n'avaient contre cette idée. C'est en vérifiant de respecter le travail que nousà former les élèves. Les pas de moyens, mais faisaient les notes copiées, que j'arrive à beaucoup changé au fil des ans. faisons d’habitude. Nous devonsdéfis sont multiples, avec tout pour réussir. « Au collège savoir si l'élève a compris ou Plusieurs enseignants évoquent la nous adapter à la situation, cel'attitude des élèves et des Modern, nous accueillons des non », explique l'enseignante. démission des parents. « De nos qui n'est pas évident. »parents, qui a changé, et enfants avec un faible niveau, mais jours, les parents ne viennent plusun programme d'études au fil des années, ils ont réussi à De plus, malgré toutes les à l'école s'enquérir des forces et L’enseignante, qui estévoluant sans cesse. force de travail, de rigueur et de mesures prises sur l'interdiction faiblesses de leurs enfants. Malgré aussi mère de famille, propose discipline. » du portable en classe, ils sont les appels téléphoniques, les lettres certaines solutions pour ANNICK DANIELLA RIVET nombreux à enregistrer envoyées, ils restent absents. » Il y améliorer la situation. « La a,[email protected] En effet, avec le soutien de l'enseignant. Cette situation cause a également ceux qui s'avouent réussite de tout élève dépend la direction, les enseignants se des inconvénients sur le respect vaincus devant le comportement beaucoup de la collaboration des « Autrefois, les parents avaient dévouent à accorder aux élèves que doit avoir l'élève vis-à-vis de de leurs enfants et demandent parents. Ces derniers ne doiventplus d'enfants et avaient du du temps pour les classes de son enseignant. aux responsables des écoles pas démissionner devant leurstemps pour passer à l'école pour rattrapage. Celles-ci se tiennent RÔLE DU PARENT d'agir, car ils ne savent plus responsabilités. Au lieu d'éviters'enquérir de ce qu’ils faisaient. avant les cours, pendant la comment faire face à la situation. le problème, il faut l'affronter.Ils étaient sévères et attendaient récréation ou après les heures Par ailleurs, plusieurs PROGRAMME D'ÉTUDES Ils doivent se rendre à l'écoleà ce que les enfants réussissent de classe. enseignants se sont vus pris au régulièrement, effectuer des visitesleur scolarité. Aujourd'hui, tout LES MÉFAITS DU PORTABLE dépourvu après avoir grondé un Sabeetree Calchand attend surprises, assister aux rencontresa changé. Les parents ont en élève en classe pour un mauvais de voir les résultats des élèves parents/enseignants. Ainsi, l'élèvemoyenne deux enfants et ne sont Avec le temps, le comportement. Sabeetree avec la réforme éducative. Elle saura qu'il n'a pas droit à l'erreur etpratiquement pas à l'école. » C'est comportement des enfants a Calchand explique que juste souligne que le continu des qu’il doit faire preuve de sérieux. »le constat que fait Sabeetree évolué. Aujourd'hui, pratiquement après une réprimande, certains manuels de Grade 7 est tropCalchand, enseignante au Collège tous possèdent un portable. enfants envoient un texto à leurs élevé pour certains apprenants. Au bout de 40 ans de service,Modern de Flacq. « Lorsque nous écrivons un texte parents pour leur dire qu'ils ont « Tous les élèves, indistinctement Sabeetree Calchand soutient au tableau, nous demandons été grondés. Résultat, en peu de leur niveau, doivent travailler qu'elle aime son métier. « Si Comptant 40 années aux enfants de le copier, mais de temps, ce parent se pointe dans ce manuel. Parmi les élèves c'était à refaire, j’aurais fait le beaucoup nous demandent la au collège et demande à voir que nous accueillons, certains ne même choix, car je crois en la formation des jeunes pour bâtir une société meilleure ».PUSHPADUTH JUGNARAIN, HUISSIER DE JUSTICE :« Travailler à la Cour suscitait plusde respect avant » Après plus de quarante ans discipline. Vous ne pouviez entrer en jeu. Les relations créancières inversées. Une salle d’audience doit L’huissier de justice s’est mis àdans les couloirs des tribunaux, dans une salle d’audience en ou débitrices sont déjà entamées régulièrement accommoder deux son propre compte depuis 2012.Pushpaduth Jugnarain livre son chemise et pantalon uniquement. lorsque nous entrons en scène. magistrats quotidiennement. »regard sur l’administration de La cravate et le costume étaient de Ils sont nombreux, à éviter lesla justice. Il est le secrétaire de rigueur. En Cour, c’était une autre huissiers de justice. Quand vous Il explique que la technologiel’Union des huissiers libéraux génération d’avocats. Si autour allez servir des ordres de saisie a énormément facilité les choses.de l’île Maurice, association de vous, quelqu’un apprend que ou d’éviction, vous n’êtes pas le Si auparavant les recherches seconstituée cette année pour vous travaillez à la Cour, vous bienvenu. » faisaient à la bibliothèque de lareprésenter les huissiers libéraux. étiez respecté. Les avocats, le Cour suprême, aujourd’hui, lesIl détient une licence en droit de personnel et le judiciaire dans son Autre constat de l’huissier jugements sont disponibles enl’Université de la Réunion. C’est ensemble, suscitaient bien plus de libéral, le nombre de procès un clic, grâce au site Web de laen 1977 qu’il a débuté sa carrière respect », lâche le secrétaire de a énormément augmenté. Cour suprême, souligne notrecomme clerc d’avoué. Après 40 l’Union des huissiers. Il ajoute « Aujourd’hui, on dénombre plus de interlocuteur. Il précise que lesans passés dans le voisinage des « qu’aujourd’hui, les choses sont 800 avocats. À mes débuts dans le avoués disposent, de nos jours,tribunaux, l’homme revient sur différentes. Les mentalités ont service judiciaire, ils n’étaient pas du système e-judiciary pourl’administration de la justice et changé. Plus de facilités de crédit plus d’une centaine. Je me souviens loger leurs plaintes. Puspaduthle changement qui a été opéré ont fait que les gens s’endettent avant, il y avait un seul magistrat Jugnarain se dit confiant endepuis ses débuts. plus et souvent les institutions pour présider deux tribunaux à la l’avenir. Son message aux jeunes financières se voient obligées de fois. Ce fut le cas pour le tribunal étudiants en droit : « N’hésitez « Il faut dire qu’à l’époque, sévir. C’est là que nous entrons de Moka et celui de Bambous. pas à vous lancer dans le métieril y régnait un autre genre de Aujourd’hui, les choses se sont d’huissier de justice libéral ».

SUPPLÉMENT SPÉCIALMoris mo Péi50 ans d'Indépendance 27 - LUNDI 12 MARS 2018GANNY JOONAS CONSEILLER DE L’OMBRE« J’ai dit à SSR de ne pasnationaliser les entreprises »Directeur du groupe A.G. où il est aujourd’hui. On comprend « À SAJ, j'ai dit seraient partis. Les capitaines du frictions, le pays n’avanceraitJoonas, Ganny Joonas a ce qui se passe dans le monde et qu'un Premier secteur privé auraient pris tout pas. Il proposa de nouveauxété un homme influent on comprend les enjeux. ministre ne leur argent et seraient partis. Il pôles de développement pourauprès de sir Seewoosagur peut être dirigé y aurait eu plus de chômage. Ça créer de l’emploi et faire avancerRamgoolam et sirAnerood l De quelle façon aviez-vous par un comité aurait été une catastrophe pour l’économie. Chacha accepta.Jugnauth. Âgé de 84 ans, Maurice.il raconte comment il a conseillé SSR ? central » l Étiez-vous aussi procheaidé à créer la State Bank, Je le rencontrais chaque l Comment a-t-il réagila Banque de Maurice et samedi au déjeuner. Nous terrains, tout. Mais j’y ai objecté. de sir Anerood Jugnauth ?à introduire l’éducation discutions pour voir ce qui devait Il m’a écouté. quand vous aviez objecté à Effectivement. À un certaingratuite. être fait pour améliorer l’état de moment, je me suis rapproché de l’économie. Après l’Indépendance, l Pourquoi ne vouliez-vous la nationalisation ? lui. D’ailleurs, je suis l’un de ceux PATRICK HILBERT j’ai continué à l’épauler. C’est pas ça ? SSR était quelqu’un de très qui lui ont dit de ne pas rester [email protected] ainsi que j’ai aidé à créer la State À l’époque, nous n’avions compréhensible. Je lui ai expliqué avec Paul Bérenger. Si j'ai soutenu Bank of Mauritius et la Banque pas les gens qualifiés pour faire pourquoi il ne fallait pas le faire. SAJ à l’époque, c’est parce que l Vous avez joué un rôle de Maurice avec un capital de bouger le pays et gérer tout J’ai présenté mes arguments. j’étais convaincu qu’il était plus important, mais effacé, à Rs 10 millions. C’est moi qui ai cela. Il fallait admettre que le Tout le monde, peu importe vif et compréhensif que SSR l’époque de l’Indépendance. conseillé cette création. Notre secteur privé avait l’argent, grâce ses origines, est Mauricien. pour amener des changements Pouvez-vous nous en dire entreprise familiale fera d’ailleurs à la Banque Commerciale, les Ensuite avec Jagatsingh, on rend économiques. plus ? don de meubles à la Banque de compétences, l’expérience et l’éducation gratuite. L’idée de Cela dit, je suis resté en bons J’étais un homme d’affaires et Maurice. Certains sont encore là. le savoir-faire… Bref, tout pour rendre l’éducation gratuite est termes avec SSR qui a occupéj’étais actif dans notre business l Aprѐs avoir acquis leur faire avancer le pays. Au lieu de inscrite dans le manifeste des le poste de gouverneur-généralfamilial, le groupe Joonas. Sir nationaliser, j’ai conseillé à SSR de élections générales de 1976. sous SAJ, jusqu'à sa mort.Abdool Razack Mohamed, leader souveraineté, beaucoup de taxer l’exportation du sucre. J’ai lui l D’où vient cette idée ? l Pourquoi fallait-il quitterdu Comité d’Action Musulam ai dit qu’il fallait laisser travailler Je voyageais beaucoup depuis(CAM) était mon oncle. À l’époque nations indépendantes ont le secteur privé librement. Cela mes 19-20 ans. Je m’inspirais Bérenger ?de l’Indépendance, j’avais de très a fait entrer des sous dans les de ce que je voyais ailleurs. Je Lors d’une réunion avecbonnes relations avec lui, mais nationalisé à tour de bras, caisses de l’État et nous permettait m’intéressais aux modèles de SAJ, je lui ai dit qu’un Premieraussi avec sir Seewoosagur d’avoir le contrôle sur l’argent. développement. Je n’ai pas été ministre doit pouvoir prendreRamgoolam et sir Gaëtan Duval. mais pas Maurice. Elle a su l Que se serait-il passé si à l’Université. Mon université, ça ses décisions. Il ne peut êtreJ’étais du voyage en Inde pour nous avions nationalisé ? a été les voyages, développer le dirigé par un comité central ourencontrer Mme Indira Gandhi, éviter ce piège… Davantage de gens auraient business, des partenariats avec quelque chose de ce genre, sinonvers 1956. J’avais dit non à Chacha. Je quitté le pays. Tous les cerveaux des entreprises à l’étranger. il ne pourra jamais prendre de l À l’époque, on ne parlait pas l’ai fait acheter Rose-Belle Sugar À SSR, je disais que notre décisions. C’est partout ainsi dans encore de l’Indépendance ? Estate pour Rs 19 millions. Je lui ai peuple ne jouissait pas d’une le monde. C’est là qu’il réalise qu’il Non, c’est à cette époque que dit d’essayer avec cela pour voir bonne éducation et qu’il avait doit partir et former son propreje suis entré dans le business, au ce que cela donnait. Résultat : droit à une éducation digne de ce parti.début des années ’60. Il fallait toutes les compagnies sucrières nom. Je lui ai dit : pour remporter l Auriez-vous cru àtravailler dur pour mener Maurice réalisaient des profits, nous étions les élections, rendez l’éducationvers l’Indépendance. les seuls à perdre de l’argent, gratuite. l’époque que Maurice l Vous étiez en quelque sorte car nous n’avons pas su gérer. Après les élections, sir Kher un conseiller économique de Au lieu d’employer le nombre Jagatsingh me demande comment atteindrait un tel niveau sir Seewoosagur Ramgoolam. requis d'employés, on en avait faire maintenant ? On n’a pas Oui. Mon père et lui étaient deux, trois fois plus. On en a su d’argent. Je lui ai conseillé d’utiliser de développement ?bons amis. SSR cherchait tirer les leçons. ce qu’il y avait dans les caisses J’y ai toujours cru. Avecquelqu’un de jeune pour le l Sir Seewoosagur et de construire 20 collèges l’éducation et une bonne entente,conseiller. C’est tout naturellement éparpillés dans le pays afin que tout est possible. Nous sommesque mon père lui dit de me Ramgoolam voulait-il tout le monde puisse bénéficier un peuple éduqué.prendre pour l’épauler. Mon des mêmes bases. l La politique ne vous apetit frère, Rashid Joonas, était nationaliser ? l Mais en 1969, il y avait laavec Razack Mohamed au sein Oui. Le but était de tout jamais tenté ?du CAM. Il a même été candidat prendre, les propriétés, les grande coalition entre le J’ai toujours été tenté de resteraux élections. Il était politicienet docteur, mais concernant le PTr et le PMSD alors que dans l’ombre, à m’occuper desecteur financier et banquier, mon business, avoir de bonnesj’étais plus calé. J’étais proche de ce dernier s’était opposé à relations avec les politiciens etRamgoolam, membre actif du les laisser faire leur travail.Parti travailliste, mais j’oeuvrais l’Indépendance ?dans l’ombre. Sir Veerasamy Gaëtan était un bon ami. Il a Puis, il faut avoir un certainRingadoo, sir Harold Walter, sir fait comprendre à SSR qu’il fallait caractère et une certaine volonté.Kher Jagatsingh étaient de bons travailler ensemble. Chacha a Ce qui m’intéressait, c’était deamis. Si nous sommes arrivés là accepté toutes les idées qu’il développer le business familial etoù nous sommes aujourd’hui, a présentées dans l’intérêt du de travailler comme un citoyenc’est parce qu’à la base, il y a eu peuple, afin de conclure une honnête et sincère.l’éducation et des gens qui ont alliance pour créer de nouvellestravaillé dur pour mener le pays là industries. Certains font de la politique Sir Gaëtan Duval était un pour se faire de l’argent. Ils ne homme très intelligent, il a voient que leur poche. On en a vu toujours entretenu de bonnes beaucoup comme ça. Je ne suis relations avec Chacha, même pas d’accord avec cela. Il faut être s’ils n’étaient pas du même bord sérieux avec l’argent du peuple. politique. Après l’Indépendance, Je pense que les grands comme Gaëtan était d’avis qu’avec ces SSR et SAJ avaient une sincérité et une volonté. Aujourd’hui, le volume d’argent qui circule dans le pays attise bien des appétits.

Le Défi Quotidien - Lundi 12 mars 2018 – 28

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance 29 - LUNDI 12 MARS 2018Quels sont vos vœuxMICRO-TROTTOIRpour Maurice de demain?Aussitôt le 50e anniversaire de l'indépendence célébrée, la jeune génération a les yeux rivés sur l'avenir du pays. L'emploi, la sécurité, et la baissedu coût de la vie sont parmi les voeux les plus chers pour Maurice de demain. NAUSHAD KORIMDUNELVUNA VELLOO JASON MASSON24 ans et habitant 26 ans et habitantPointe-aux-Sables de Port-Louis « Afin de porter Maurice vers d'autres sommets, « Maurice de demain doit impérativement être libéréeil nous faut un renouveau de la classe politique. des divers fléaux qui rongent les jeunes et détruisent desEncore plus de femmes et de jeunes au Parlement, familles entières. Car, tel un cercle vicieux, la prostitution,mais avec la fibre patriotique en filigrane. Je souhaite les vols et l'insécurité trouvent leurs origines dans laque cesse la discrimination envers les filles. Maurice drogue. »de demain doit aussi éliminer l'extrême pauvreté. »KIRAN GUNGARAM ARVI TOOLSY33 ans et habitant 25 ans et habitantBambous Hermitage « Mon souhait pour Maurice, dans les 50 ans à « Je suis pour une forte baisse des prix de la nourriture.venir, est que les gens se sentent plus en sécurité. Pour Je crois que Maurice doit investir dans la productioncela, il faut que ceux qui font partie de la génération de légumes, de fruits et de la viande. On ne peut pasfuture soient des enseignants qui ont plus d'autorité acheter une banane à Rs 4 ou et un œuf entre Rs 5 etsur les élèves, comme c'était le cas dans les années '60. 8, deux produits de consommation courante. Maurice Il faut que les policiers aient davantage de moyens. » doit pouvoir assurer une nourriture abondante à tous. »DANYEL SALESSE AURELIE DANTIER54 ans et habitant 21 ans et habitantSolitude Rose-Hill « Ce qui m'inquiète, ce sont les endettements « Je souhaite que les jeunes parviennent à trouvermassifs. Non seulement Maurice est-elle endettée, un emploi dès la fin de leurs études. Il faut qu'ils bossentplus de 60 % des ménages sont dans la dette et, pour dans la filière dans laquelle ils ont entrepris des études.bon nombre de gens, ils sont déjà dans la 'debt trap'. Il y a une grande disparité entre les salaires dans leDonc, je souhaite que Maurice de demain soit un gouvernement et ceux pratiqués dans le privé. L'écartpays où les dettes soient ramenées à son niveau le est nettement à l'avantage des fonctionnaires. »plus bas. Les gens vivront alors mieux. »ASHWINI DIGPAUL SOUMAYYAH ALLYMAMODE22 ans et habitantQuatre-Bornes 22 ans et habitant Goodlands «  Pour moi, jeune universitaire, je crois queMaurice de demain doit se faire à travers les chances « Maurice dispose de moyens pour devenir une îleégales. Un cas qui m'exaspère, c'est la disparité dans moins polluée et plus écologique. On doit poursuivreles conditions de travail, en termes de salaires, de avec la politique de zéro plastique, du recyclable toutcongé, de pension, etc, entre les fonctionnaires, très en éliminant l'utilisation de produits chimiques. Il nouschoyés, et les travailleurs du privé.  » faudra nous plonger dans l'agriculture organique. »MERYL CHUNG NADEELA LAGAN 27 ans et habitant 22 ans et habitant de Coromandel Pamplemousses « Parmi tant de souhaits qu'il y a à formuler, j'y « Après avoir réussi son industrialisation et instauré vais pour ma profession, soit la santé paramédicale. le concept de cyber-île, il faut que Maurice du futur puisse Dans ce domaine, indispensable à la médecine, il mettre en valeur les talents artistiques des jeunes. Il y a, faut encore plus d'opportunités. Maurice gagnera à Maurice, de nombreux jeunes aux talents cachés, qu'il en soutenant ceux qui opèrent dans le privé dans faut dénicher. On peut ouvrir une école internationale la santé paramédicale. Sinon, en tant que jeune d'arts. Autrement, Maurice de l'avenir devrait offrir un femme, Maurice de demain doit être plus juste ». travail pour chacun et la prospérité pour tous. »

SUPPLÉMENT SPÉCIALMoris mo Péi50 ans d'Indépendance30 - LUNDI 12 MARS 2018DIASPORACes Mauriciens qui sont ailleursS’ils sont oubliés par la gouvernements successifs. Selon et d’inquiétude. Quitter tout pour ans. Étudiant, il s’est installé des études de premier ou demère patrie, eux ne l’ont Monique Dinan, qui a écrit un aller vers l’inconnu, car je ne savais à Melbourne. « Je n’avais pas deuxième cycle. Combien d’entrejamais oubliée. Depuis livre, « Une île éclatée » en 1985 pas du tout où j’allais mettre les prévu de rester, mais j’ai trouvé eux retourneront au pays ? Siles années ’60, plusieurs sur l’émigration mauricienne pieds, ni même si j’allais un jour un travail. J’ai ensuite fondé une le climat actuel d’accueil, decentaines de milliers de de 1960 à 1982, le chiffre de revoir mes parents, mes frères, famille. Je me suis bien adapté à motivation et de salaires n’estMauriciens ont plié bagage 100 000 est très largement mes amis. Puis, j’avais quelque part la vie australienne. Je ne dirai pas sensiblement amélioré, notrepour aller s’installer sous dépassé. Elle estime, après une l’impression de les abandonner », pas que je ne reviendrai pas, car République subira un exode ded’autres cieux. Même s’ils analyse pointue, que de 1960 à confie-t-elle. rien n’est définitif. Puis, Maurice cerveaux et il aura à subir lessont loin, Maurice reste dans 2000, 113 651 Mauriciens ont reste présent dans mon esprit. Je conséquences. »leur cœur. émigré et que la vague continue Aujourd’hui, la Portlouisienne suis en contact avec des membres de plus belle, même si les raisons de naissance est plus Française de ma famille plusieurs fois par Monique Dinan est d’avis que PATRICK HILBERT ont progressivement changé. que Mauricienne, mais beaucoup semaine, que ce soit à travers nous avons tort d’oublier ceux [email protected] de questions lui trottent dans la Skype, WhatsApp ou Facebook. qui partent. « Une diaspora peut Mathilde Mootoocurpen se tête. « Plus les années passent, plus Puis, je continue à m’intéresser s’avérer une richesse si on arrive En absence de statistiques souvient encore très bien de ce je me demande ce que je serais à l’actualité du pays à travers à la mobiliser et à maintenir desofficielles, il est impossible jour où elle a quitté Maurice. devenue si j’étais restée au pays. Il y l'Internet. » liens d’amitié et de solidarité.de chiffrer avec exactitude le C’était il y a 43 ans. « Toute la a des regrets », confie-t-elle, avant comme cela se fait actuellementnombre de Mauriciens qui ont famille s’était réunie dans la cour de préciser qu’elle est trop vieille Au cours de ces dernières au sein de la GOPIO – Globalémigré depuis les années ’60. familiale à Port-Louis. C’était pour quitter son pays d’adoption années, il a été noté que les Organisation of People of IndianCertains parlent de plus de un sentiment de grande fierté et venir s’installer dans celui de jeunes intellectuels mauriciens Origin. Ils ont tracé les avenues200 000, d’autres de 500 000, d’être parmi ceux qui avaient son enfance. sont attirés ailleurs, selon qui permettent aux émigrés desoit un peu moins de la moitié l’opportunité de partir. J’étais celle EN CONTACT AVEC MAURICE Monique Dinan  : « Les plus devenir une force pour leur paysde la population mauricienne. qui allait trouver le bonheur en GRÂCE À INTERNET exposés à l’émigration et qui d’origine. Qu’apprendrons-nous France, dans un pays développé. continueront à être constamment dans ce domaine  pour que notre En fait, le sujet n’a jamais J’allais voir la Tour Eiffel, côtoyer Raj Sunghoon a quitté le sollicités appartiennent à l’élite diaspora garde des liens de cœurété d’un grand intérêt pour les des Français. Mais, c’était aussi un pays pour l’Australie il y a huit du pays. Quelque mille étudiants qui vont au-delà de la famille très grand sentiment de tristesse s’exilent chaque année pour restée à Maurice ? »ALAIN GORDON-GENTIL« Il y a encore un immense attachementde la diaspora pour Maurice »n En novembre dernier, n’est-elle qu’un lointain Non, pas une seule fois. l'indépendance, n'ont rien à sont nombreux à parler de vous avez lancé le souvenir ? Même s’ils ont des regrets, voir avec un jeune qui part plafond de verre qui les film-documentaire « Les Malgré la colère et c'est ils n'en parlent pas. J'ai aujourd'hui pour le Canada, empêche d'avancer. Ils sont enfants de l’exil » et dans cela qui est paradoxal, il y a rencontré des personnes par exemple. Parce que inquiets du niveau de l’élaboration de votre encore un immense qui pensaient beaucoup de celui-ci a envie de voir le corruption, de protection, projet, vous avez entrepris attachement. mal de Maurice, mais qui ne monde et qu'il pense que de népotisme. Ils sont beaucoup de recherches n E st-ce que vous avez voulaient pas le dire devant Maurice est trop petite. Puis inquiets pour nombre sur la diaspora constaté chez eux un la caméra. C'est une il y a l'avènement de la d'entre eux. mauricienne. Est-ce qu’il y désir de retour ? attitude qui veut dire communication qui a n À combien estimez-vous a une caractéristique en Cela varie selon la situation tellement de choses. absolument tout changé. particulier que vous de chacun. Certains, même Quitter son pays n'est pas Aujourd'hui, on parle tous la diaspora mauricienne ? retrouvez chez eux ? s'ils ont envie de revenir, ont une décision facile à les jours à ses amis, à ses Il y a un fait qui dit leur vie incrustée dans le prendre, même quand tout parents. Il n'y a plus cette beaucoup de choses : tousJe crois qu'il existe chez pays d'adoption. Il y a se passe bien. Quitter son terrible solitude que les gouvernements depuistous les Mauriciens de la l'attachement avec les pays, c'est quitter son ressentaient ceux qui sont l'indépendance ne se sontdiaspora une place spéciale enfants et les petits-enfants enfance, ses joies, les lieux partis en 1970/80. Cela jamais intéressés à notrepour Maurice. Pour certains, qu'on n’a pas envie de et les personnes qu'on rend l'éloignement moins diaspora. La preuve : ilune douleur difficile à quitter. Sur ce plan, on peut aime. Quitter sa terre n'est dur. Partir en 2018, n'est n'existe aucun chiffre officieloublier, pour d'autres juste parler d'un certain jamais un acte anodin. On plus un acte définitif. Le aujourd'hui sur le nombreun éloignement. Tous lisent déchirement. Souvent, chez part par obligation. monde s'est rapetissé. On de Mauriciens qui résident àles journaux et écoutent les ceux que j'ai rencontrés, il y L'équation est simple: on part, aujourd’hui, en sachant l'étranger. Mais, selonradios mauriciennes. Mais, il a un désir de revenir part parce qu'on n’est pas qu'on pourra revenir un jour. certains chiffres, on parle dey a une grande différence lorsqu’ils auront atteint bien et qu'on pense Aujourd'hui on est là, 500 000 sans compter ladans les rapports qu'ils l’âge de la retraite. qu'ailleurs ce sera mieux. demain peut-être ailleurs. deuxième génération. Maisentretiennent avec leur Nombreux sont ceux qui ont C'est donc rarement avec Dans les années '60 quand je le répète: Il n'y a pas depays, selon la période où ils acheté un petit terrain et joie qu'on décide de le faire. on partait, on tirait un trait chiffres officiels. Commeont quitté Maurice. La qui nourrissent le rêve de n Y a-t-il une différence sur le pays. C'était un acte s’ils n'existaient pas...relation sans doute la plus venir finir leurs jours à définitif et c'est bien pourdouloureuse se retrouve Maurice. D'autres ont fait dans l’attitude des cela que c'était aussi dur etchez ceux qui sont partis au une croix dessus. Tout émigrés mauriciens, selon douloureux de partir.moment de l'indépendance simplement parce qu'ils le pays d’adoption qu’ils n Quelle est l’opinion despour aller s’installer en sont bien dans leur pays ont choisi ? grand nombre en Australie. d'adoption, qu'ils y ont Enormément. Il y a autant émigrés mauriciens surIls sont partis le cœur lourd, construit une vie. de raisons de partir qu'il y a Maurice ?avec beaucoup de colère et n Est-ce que vous avez d'émigrants. Même s'il y a Cela varie, mais il y acertains la portent encore rencontré beaucoup de toujours un déchirement. presqu'une constance. Àdans leur cœur. Mauriciens qui regrettent Ceux qui sont partis au Maurice, il n'y a pas lan Y a-t-il encore de leur départ ? moment des luttes possibilité de s'épanouir politiques pour professionnellement. Ils l’attachement ou Maurice

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance31 - LUNDI 12 MARS 2018 LE 12 MARS AU PAYS DE SA MAJESTÉChez nos amis mauriciensd'AngleterreLe 12 mars, on célèbre aussi le Commonwealth Day. Un animer ce débat. Je penseMauricien défilera avec le quadricolore en présence de la que face aux dures réalitésreine Elizabeth II. Une cérémonie prestigieuse aura lieu à d’une vie à l’étranger, il estl’Abbaye deWestminster en présence de la reine d'Angleterre tout à fait humain d’idéaliseret du gratin politique britannique. Les hauts commissaires notre terre natale, d’autantreprésentants les États membres du Commonwealth y plus que Maurice proposeseront au premier plan. Un jeune mauricien défilera avec une qualité de vie qui suscitenotre quadricolore, juste avant le discours de sa Majesté. l’envie de beaucoup de paysGirishNunkoo, haut commissaire mauricien, nous livre plus développés. J’encourageses sentiments. donc les Mauriciens à œuvrer pour préserver cela. NAJETTE [email protected] l Comment promouvoir le mauricianisme ? l Que représente ces 50 Commonwealth : le dur labeur, Je déplore une érosion des ans d’Indépendance pour la famille, l’esprit de partage. valeurs transmises par nos aïeux vous ? Les touristes britanniques et sur lesquelles a reposé notre L’accession à la souveraineté qui visitent notre île ont aussi réussite. Il faut inculquer lesnous libérait du joug colonial. appris à connaître notre sens valeurs humaines et universellesCette liberté n’a pas de prix. Mais de l’accueil, notre sourire. à nos jeunes : sens du civisme,comme le disait Montesquieu : ouverture d’esprit, dialogue et« La liberté est le droit de faire l À l’étranger, les générosité envers nos prochains.tout ce que les lois permettent.» Mauriciens se montrent l Quelle perception ont très patriotiques, mais de « Les Mauriciens des îles britanniques les Anglais des Mauriciens retour au pays natal, ils ont réussi leur vie sur des valeurs partagées aujourd’hui ? prennent le mauricianisme La majorité des Mauriciens pour acquis. Votre avis? dans le Commonwealth »vivant dans les îles Britanniques (Rires) Ne dit-on pas qu’onont réussi leur vie sur des connaît la valeur du sel quandvaleurs partagées dans le il n’y en a plus ? Je ne suis ni sociologue, ni philosophe pourLes 50 ans de l’Indépendance fêtésen Afrique du Sud Les Mauriciens d'Afrique du Sud attendent le 12 mars avec impatience. NAJETTE TOORAB billets d’avion pour Maurice « Maurice est un pays phare quadricolore. J’en ai encore les sa culture, ses plages et du sens [email protected] et séjours dans les hôtels qui a pris les rênes dans divers larmes aux yeux. » de l’hospitalité de ses habitants. mauriciens cinq étoiles, sont secteurs en Afrique, notamment en PROMOUVOIR LE SENS DU À 3 637 km de nos côtes, en prévues pour marquer ces 50ans matière de bonne gouvernance ou PATRIOTISME « En 2005, alors que j’étaisAfrique du Sud, des expatriés de l’Indépendance de Maurice. de business. Le Mo Ibrahim Index candidat dans la circonscriptionmauriciens attendent avec «  L’ambassade prévoit une soirée a classé notre pays au premier Vue d’Afrique du Sud, la no 6, j’ai proposé l’introductionimpatience le 12 mars. Une fête où l’on projettera trois courts rang en 2017 », dit-il. question qui taraude de nombreux d’un ‘National Youth Service’se tiendra à l’hôtel Sheraton de métrages réalisés par la  Mauritius Sud-Africains sur Maurice : comme dans d’autres pays,Pretoria. Une troupe sud-africaine Film Development Corporation  », Il se souvient du 12 mars 1968. comment faire pour vivre dans pour développer le civisme, ledansera sur des chansons indique le haut commissaire « Je présidais un club de jeunesse à ce paradis? Maurice a conquis patriotisme, la discipline et lebollywoodiennes et du sega mauricien, Prakarmajith Vijaye Beau-Bassin. Nous étions tellement les cœurs des Sud-Africains en volontariat chez les jeunes. Iltypique ! Lutchmun. heureux et animés par ce sentiment raison de la paix, de la sécurité faut leur enseigner l’histoire de de libération. Nous avons défilé à qui y règnent, de son authenticité, notre pays, les valeurs qui les Des remises de trophées, Que représentent ces 50 pied de Beau-Bassin au Champ- préviendraient des fléaux les ans d’Independence pour lui ? de-Mars en tenant fièrement notre affectant aujourd’hui. »

SUPPLÉMENT SPÉCIALMoris mo Péi50 ans d'Indépendance32 - LUNDI 12 MARS 2018 RETOUR DANS LE PASSÉ« MOTHERLAND »Le mystère de la créationIl est entonné lors de « Les paroles que l’hymne ne soit pas interprété P ORTRAITSl’assemblée des écoliers et la musique dans sa version originale. Il estime Philippe Gentil, l’autodidactechaque matin, les s’emboîtaient que ce serait une bonne chose Philippe Gentil est violoniste. Maiscérémonies protocolaires ou comme les qu’il soit invité à jouer sa musique il jouait également commedans tout autre lieu où l’âme pièces d’un dans les écoles, dans l’intérêt de trompettiste dans le Police Band,mauricienne est mise en la nation. où il a d’ailleurs fait ses débuts enavant, avec le quadricolore. puzzle. » L'AVIS DE SSR 1952. Passionné de musiqueL’hymne national a toute classique, il a toujours écrit lesune histoire. Rencontre avec alors partie de l’orchestre de la Jean-Georges Prosper, qui mélodies qu’il entendait. Il al’auteur de la musique et police de l’interpréter. Philippe fêtera ses 85 ans le 23 août appris le solfège seul. Marié àcelui des paroles. Gentil confiera que le maestro prochain, parle de mystère Claudette, il a eu deux enfants, Philippe Ohsan lui a même lancé : quand il décrit la production de Mario et Marie-Danielle (décédée ANNICK DANIELLA RIVET « C’est comme si c’était notre futur l’hymne national. « J’avais écrit un l’année dernière). Philippe Gentil [email protected] hymne national. » poème de trois versets qui célèbre a été fait Member of the Order of l’indépendance de l’île Maurice. the British Empire (MBE) ; Officer C’est en leur résidence En 1967, les autorités On n’a retenu que le premier et of the Order of the Star and Key ofà Quatre-Bornes que nous recherchaient un hymne qui serait la musique de Philippe Gentil the Indian Ocean (OSK) etrencontrons Philippe Gentil et retenu pour les célébrations de concordait parfaitement avec Commander of the Order of theJean-Georges Prosper. Deux l’indépendance du 12 mars 1968. les paroles. C’est ce que j’appelle Star and Key of the Indian Oceanhommes empreints d’humilité Le Dr Seewoosagur Ramgoolam le mystère de la création de l’hymne (CSK).et d’humour qui nous content lance ainsi un concours public national », confie l’écrivain etla création de l’hymne national de musique et de paroles. poète qu’on ne présente plus. Jean-Georges Prosper, un écrivainmauricien. Cet hymne, qui sera accomplientonné le 12 mars, à l’occasion des Philippe Ohsan, qui avait déjà Selon ce dernier, il estcélébrations du 50e anniversaire écouté la musique de Philippe heureux et fier d’avoir conçu L’écrivain et poète Jean-Georgesde l’indépendance de Maurice. Gentil, lui demanda deux jours une œuvre qui honore le pays Prosper est Docteur-ès-lettres plus tard de chanter le poème pour son indépendance et la (Paris-Sorbonne). Commandeur Tous deux utilisent qu’avait écrit Jean-Georges République depuis 26 ans. En des Palmes académiquespratiquement les mêmes mots Prosper sur la mélodie en effet, l’île Maurice, dont il reste françaises, il a été conseillerpour relater ce qui s’est produit question. Grande a été la surprise amoureux et qui l’a vu grandir, culturel à l’ambassade deà la fin de 1967 et au début de des deux hommes de découvrir est, pour lui, un pays riche de par Maurice à Paris. Jean-Georges1968. Philippe Gentil a écrit la que la musique et les paroles son héritage culturel. D’ailleurs, Prosper est rentré au pays en juinmusique et Jean-Georges Prosper concordaient. les œuvres de Jean-Georges 2015. Tout comme Philippeles paroles, mais comme dans la Prosper parlent presque toutes Gentil, il a été fait Member of thephrase d’une chanson, ils diront Philippe Gentil a donc été des contributions apportées à la Order of the British Empire (MBE)chacun de leur côté : « Les paroles le premier Mauricien à chanter construction de la nation. et Commander of the Order ofet la musique s’emboîtaient comme l’hymne national. Alors que les the Star and Key of the Indianles pièces d’un puzzle que l’on années passent, il regrette parfois Dans son ouvrage intitulé Ocean (CSK). Jean-Georgesassemble. C’est Dieu qui nous a Gloire à la Mère Patrie, Prosper est marié à Jeanine. Deinspirés. » Jean-Georges Prosper écrit : leur union sont nés trois enfants : « (…) le pays Maurice, libre, sœurAurette qui est religieuse, Philippe Gentil, qui a fêté indépendant ; un pays qui a sa Edouard qui est cadreses 90 ans le 9 février dernier, place entière, bien à lui, à côté informatique en France et Elvitase souvient, comme si c’était hier, des autres pays du monde, avec qui est employée de banque.de la façon dont il a composé L’écrivain a deux petits-enfants,la musique de l’hymne national. Xavier et Yann.« J’avais pour habitude de marcheret de fredonner des chansons ou son propre drapeau, son propre Ramgoolam (SSR) son avis surdes mélodies que j’entendais. De hymne national… » les paroles. Il se remémoreretour à la maison, j’écrivais la cet échange avec une pointemusique. Un jour, en marchant, L’hymne a d’abord été écrit d’émotion. « Je lui ai demandé :j’ai eu cette mélodie en tête. Le soir, en anglais. Puis il a été traduit 'Alors chacha, ou kontan ?' » Laavant de me coucher, cet air m’est en français, en hindi et en réponse que SSR lui donnerarevenu. Pour ne pas l’oublier, je d’autres langues ancestrales. résonne encore à ses oreillessuis rapidement sorti du lit pour Chacun des vers du poème : « To finn ekrir enn zoli kitsozécrire les partitions. J’en ai écrit rend hommage au pays, à sa pou to pei. »une bonne partie. Le lendemain, lutte pour l’indépendance et àj’ai fini ma composition. » ses réalisations. À l’occasion des célébrationsMUSIQUE ET PAROLES du 50e anniversaire deCONCORDAIENT Le 12 mars 1968, l’orchestre de l’indépendance, Jean-Georges la police, dirigé par l’inspecteur Prosper souhaite adresser le À aucun moment, insiste-t-il, Freddy Lorrens, a joué l’hymne message suivant à son pays :il n’écrivait de musique pour national devant les Mauriciens « Vive l’éblouissant progrès del’hymne national mauricien. rassemblés au Champ-de-Mars. Maurice, Rodrigues et Agaléga,« J’aime bien l’hymne anglais, 'God Quelques jours après les qui ne cesse de nous assurer unSave the Queen'. Jamais l’idée ne festivités, Jean-Georges Prosper avenir de plus en plus glorieux ! »m’est venue que ma musique serait a demandé à sir Seewoosagurretenue pour l’hymne nationalmauricien. » Après avoir complétéson œuvre le lendemain, il ademandé à des amis qui faisaient

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance33 - LUNDI 12 MARS 2018Les 50 prochaines annéesvues par la jeunesseQuelques élèves du UpperVI du collège Adventistelivrent leurs impressionsdes 50 ans de Maurice. Ilspartagent aussi leurvisionconcernant l’île Maurice dedemain… MÉLANIE DUVAL D’emblée, les avis divergent 19 ans, qui est d’avis que trop Quand les enfants nous parlentsur la question d’indépendance. d’accent est mis sur le tourisme d'indépendancePour certains, le pays aurait sans que les Mauriciens ne soientconnu des développements consultés au préalable. Quand, Soumis à un petit test sur leurs éducation et surtout être bien élevé. »considérables, en très peu en 2018, on interdit l’accès à connaissances des 50 ans d'indépendance Aussi, être indépendant pour Wayne Lide temps, après la gestion des plages au public en vue de Maurice, les élèves de l'école primaire Yaw Hay, c'est avoir un Premier ministre àanglaise. Yanis Bodhoo, 20 ans, de construire des hôtels, le Safe and Sound Academy nous ont fait rire la tête du pays. Justement, qui est lepense surtout au progrès que développement est mal perçu. aux larmes parfois, mais nous ont aussi Premier ministre de notre pays? « Pravindle pays aurait pu faire dans le Pour lui, ce sont les touristes qui surpris par le niveau de leur savoir. Un Kumar Jugnauth », cantonnent les élèves àdomaine sportif. Le sport a été profitent des plages. exercice pris très au sérieux par ces l’exception de Sharvin pour lequel lelonguement au centre des débats. enfants âgés entre six et 10 ans. 50 ans Premier ministre, c’est Navin Ramgoolam.Ils sont unanimes sur le fait que En 50 ans d’indépendance, d'indépendance... 50 ans d'histoire Et avant Pravind Kumar Jugnauth, Zeeshanles autorités locales n’accordent ce groupe de jeunes est racontés par nos petits futés. Coorbanally sait que c'est sir Aneroodpas assez d’importance au convaincu que plusieurs aspects Qui est sir Seewoosagur Ramgoolam? Jugnauth qui dirigeait le pays.domaine sportif. Le cas de Ranini de la société n’ont pas connu « C'est le père de Navin Ramgoolam », « Aujourd'hui il est ministre Mentor, c'est-à-Cundasawmy a été évoqué. Selon d’amélioration. « En 2018, la s'exclame un des élèves. « Non, c'est le dire qu'il aide le Premier ministre à diriger leces jeunes, c’est « une injustice pauvreté ronge encore la société. Père de la nation », rétorquent en cœur le pays. »à l’égard d’une jeune sportive Le nombre de squatters fait peur », reste de la classe. Et qu'a-t-il fait SSR pour Quel est le rôle d'un Premier ministre ? Àprometteuse à la veille des 50 ans font-ils observer. qu'on le prénomme père de la nation? cette question, ils ne se sont pas privés dede l’indépendance ». « Le sport « C'est lui qui est à l'origine de notre commentaires. « Il prend soin des habitantslocal n’est pas assez favorisé. Bruno La corruption est un autre indépendance acquise le 12 mars 1968 », de Maurice. Il donne l'éducation gratuite àJulie est le seul médaillé des jeux fléau qui gangrène la société, répond Zeeshan Coorbanally, 10 ans. tous les enfants. Il donne des ordres auxOlympiques que Maurice ait eu et estiment les jeunes. « En tant que « Avant, nous étions dirigés par les Anglais policiers aussi pour qu'ils arrêtent lespourtant il a dû se battre pour avoir jeunes, nous rêvons d’une Maurice jusqu'à ce que SSR se batte pour que nous méchants. ».une place au soleil chez nous », sans corruption. Toutefois, c’est le ayions notre indépendance », poursuit ce Quand il n'est pas au travail, le Premierpoursuivent-ils. contraire que nous constatons. On dernier. ministre fait des recherches. Il se repose et n’arrive pas à en venir à bout. Les Pour Sharvin Isserheea et Logan Joyeuse, regarde la télévision et il se fait remplacer Pour sa part, Lorna Raya, inégalités et les discriminations sept ans, il était nécessaire, voire crucial, par quelqu'un d'autre quand il est en17 ans, est d’avis que le pays n’aurait ont la peau dure dans certains de se battre pour être indépendants, car vacances. Le chef du pays vit dans unpas bénéficié de l’éducation et secteurs. On ne généralise pas, « avant nous n'étions pas un pays reconnu, Chateau au Réduit. Il vit à Vacoas de tempsde la santé gratuites s’il était un mais la méritocratie peine ni même un pays développé. Nous vivions en temps, à La Caverne aussi et vit audépartement anglais. « Il ne faut à trouver sa voie dans notre en tant que captifs ». Prime Minister's Office quand ça lui chante.pas être pessimiste. Nous avons culture. » C'EST QUOI ÊTRE INDÉPENDANT ? Il porte des costumes, des lunettes et estquand même très bien progressé Question qui a, au début, fait tiquer nos très gentil. Que savent-ils de ladepuis l’indépendance. » Nous ne pouvons évoquer petits futés, mais qui se sont donnés à République? les fléaux de notre société cœur joie d'y répondre. Pour certains, être Rien n'a changé à ce qu'ils avaient De son côté, Connie Palmyre, sans parler de la situation de la indépendant, c'est avoir notre propre répondu l'année dernière quand on leur17 ans, soutient que Maurice drogue à Maurice. Pour Megane langue et notre propre culture. Pour un avait posé les mêmes questions dans len’a pas fait beaucoup d’efforts, Lafolle, 18 ans, l’absence d’études autre, cela aide le Premier ministre à savoir cadre des 25 ans d'accession de Mauricecompte tenu de l’avancement approfondies sur la drogue quoi faire, alors que pour un autre, être au statut de République. Le nom de lafait par d’autres pays, tels que synthétique est une faille qui indépendant, c'est avoir le droit de faire la présidente a encore une fois connu desSingapour ou la Malaisie. « J’ai empêche d’en venir à bout. Que fête. Bah oui ! Sinon, être indépendant variations orthographiques plutôtl’impression que nous manquons faut-il faire pour l’éradiquer ? pour le reste de la classe, c'est « être hilarantes. « Ameera Gurry Fakim », quid’idées innovantes qui pourraient « Pas en étant répressif envers gentil, savoir écouter et obéir à sa maman, habite un château et qui porte toujours sanous propulser parmi les pays les les consommateurs », soutient aller à l'école pour avoir une bonne couronne pointue en or.plus développés. Nous faisons des Guillaume Parfait, 18 ans.efforts, certes, mais ce n’est pas M.D.suffisant. Les jeunes d’aujourd’hui Pour ces jeunes, Maurice desont prêts à faire avancer ce pays. demain sera un pays sans drogue,Il faut juste qu’on nous fasse sans corruption, indiquent-ils.confiance », dit-elle. Yanis est contre ledéveloppement touristique. Celapeut paraître paradoxal, mais saréflexion mérite d’être prise enconsidération : « Maurice estconnu pour sa faune et sa floreet surtout pour son paysageparadisiaque. C’est d’ailleurs cequi attire les touristes chez nous.Toutefois, ce même paysage estdétruit par les développementshôteliers ». Il est rejoint par Jason Gervel,

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance34 - LUNDI 12 MARS 2018NOTRE MUSIQUE, notre patrimoine  P ORTRAITSNotre musique traditionnelle Sylvain Donice, ségatier et présidentest intrinsèquement liée à de l'Association Pratikan Sega Tipik la diversité culturelle del'île. Trois de nos héritages L'Association Pratikan Sega Tipik a vu le jour l'année dernière.musicaux sont aujourd'hui D'après son président Sylvain Donice, le sega tipik est né durantreconnus comme patrimoine la période de l'esclavage. « Nos ancêtres se servaient de laculturel immatériel de musique comme un moyen pour se défouler quand ils étaientl'humanité. Il s'agit, en effet, libres pendant la soirée. Le sega tipik est transmis de générationdu sega tipik, du geet gawai en génération, mais sa nature a été modifiée pour se transformeret du sega tambour. en sega moderne. Nous avons donc une lourde responsabilité pour préserver le sega tipik. Il nous faut effectuer des recherches, RAJMEELA SEETAMONEE Pradeep Roopun en compagnie de Rose de Lima Édouard, la mais les finances font défaut », dit-il. Sylvain Donice indique qu'il [email protected] Commissaire de culture de Rodrigues, lors de leur descente d'avion faut, par exemple, les permis nécessaires des autorités après que le dossier ait été voté sans amendement. concernées pour pouvoir organiser une prestation de sega tipik Le sega tipik est le premier sur la plage et pour « sof ravann la. » « Le sega tipik est commeà s’être classé au patrimoine été examiné et approuvé par le du corps d'évaluation lors de une marche. Les bons pas nous mèneront dans la bonnemondial de l’UNESCO. Le Comité intergouvernemental sa présentation au Centre de direction », fait-il comprendre.dossier a été soumis le 30 mars de sauvegarde du patrimoine conférences international (ICC2013 et le sega a été reconnu le culturel immatériel de l'UNESCO, Jeju) sur l'île de Jeju en République Jayshree Mungur-Medhi,27 novembre 2014. À cette époque, qui s'est tenu à Addis-Abeba en de Corée. Pradeep Roopun, Manager Technical Section au NationalMookhesswur Choonee, qui Éthiopie. Dan Baboo, fraîchement ministre des Arts et de la Culture, Heritage Fund était le ministre des Arts et de élu ministre des Arts et de la a indiqué que le dossier a étéla Culture, a fait le déplacement Culture sous la bannière de soumis depuis le 25 mars 2016 Le National Heritage Fund (NHF) a effectué des recherches pourà Paris en France. « Nous vivons l'Alliance Lepep, s'y est rendu et faisait partie des 35 nominés. étoffer les dossiers « geet gawai », sega tipik et sega tambourun grand moment historique », avec une délégation. « Il faut maintenant continuer avant de les envoyer à l'UNESCO. « Nous travaillonsdisait-il. Les officiers de son à travailler d'arrache-pied pour actuellement sur le dossier sega Chagos et nous devons leministère ont également travaillé L'année suivante, plus promouvoir et préserver ces trois soumettre au plus tard ce 31 mars », annonce Jayshree Mungur-sur le dossier geet gawai. Le précisément le 7 décembre 2017, patrimoines », a-t-il fait ressortir. Medhi, ManagerTechnical Section au NHF. Elle explique que ledossier a été rejeté une première le sega tambour de Rodrigues Notons que Maurice sega tambourvient de la période esclavage et a été fusionné àfois en 2013. Puis, des experts de s'est frayé un chemin sur la Liste accueillera le Comité la musique aux influences européennes à Rodrigues. « Lal'UNESCO sont venus à Maurice représentative du patrimoine intergouvernemental de musique et la danse vont de pair dans le sega tambour. Il étaitpour le consulter et l'ont étoffé culturel immatériel de l'humanité. sauvegarde du patrimoine culturel autrefois utilisé pour passer des messages. Les Rodriguais sonten collaboration avec certains « Sega tambour de Rodrigues a immatériel de l'UNESCO entre très dévoués et travaillent d'arrache-pied pour promouvoir etartistes. Le dossier a été envoyé été un vecteur important pour le 26 novembre et 1er décembre préserver le sega tambour. Il existe de nombreux centres et desune nouvelle fois à l'UNESCO en résoudre les conflits et consolider 2018. volontaires qui enseignent le sega tambour à travers l'île »,mars 2015. les liens », a expliqué le président dit-elle. Le 1er décembre 2016, il aLe sega tipik résiste Sarita Boodhoo, présidente du Bhojpurià l’épreuve du temps Speaking Union : Sarita Boodhoo, présidente du Bhojpuri Speaking Union, annonce l'ouverture de 26Le sega tipik ne disparaît pas, mais il évolue. Il À chaque apparition sur scène ou avec ses autres écoles de « geet gawai »demeure la base de plusieurs genres pour amis, il ne rate jamais une occasion pour à travers le pays dans le cadredifférentes générations d’artistes locaux présenter un 'ti jam' autour du sega tipik. des 50 ans de l’indépendancecomme Serge Lebrasse, Désiré François et « Des fois, j’adapte mes chansons au sega tipik de Maurice. Ce sera tout au longLudovic Lamarque, alias Mr Love. Ces trois et j’entonne un morceau d’un autre artiste. Là de l'année. L'île en compteartistes font de leur mieux pour préserver et où je vais, je fais de mon mieux pour mettre en actuellement 24. « Lespromouvoir le sega tipik à Maurice comme à avant ou exporter la musique de nos ancêtres. immigrants indiens, plusl’étranger. En tant qu’ambassadeur de la musique locale, précisément ceux qui sont venusD’après Mr Love, les esclaves utilisaient les je raconte l’histoire de notre sega au monde », de Bihar, ont emmené la 'geetmoyens du bord dont la peau des animaux confie le jeune homme. gawai' Maurice. Cette musique etpour confectionner leur ravanne et d'autres Désiré François, 53 ans, abonde dans le chanson font partie de leurinstruments de musique. « Le sega tipik a même sens. « Sega tipik li racinn nou sega identité. Elle a été perpétué parainsi pris naissance et a transcendé des zordi ! J’ai grandi au rythme du sega tipik. nos grands-parents, puis nosgénérations. Ces sonorités rythmées se sont Tou les samedis tantot ravann ti p sofe et parents et ainsi de suite »,imposées comme notre identité. Chaque sega tipik ti p zoue dan lendrwa. Le son de la relate-t-elle. Même si laMauricien se reconnaît au sega tipik », dit-il ravann résonne toujours dans mon coeur et nouvelle génération s'intéressed’emblée. je l’emmène partout où je vais », explique davantage à la « geetCependant, la musique ne cesse d’évoluer au l’’interprète de Dipain Griye. En grandissant, gawai », il est plus que jamaisfil du temps. La technologie et la modernité il se met à écrire des chansons, mais important de préserver ceencouragent le développement des certaines paroles exigent d’autres sonorités folklore. « La moderniténouveaux instruments de musique que celles de la ravanne. La guitare entre représente un grand danger pour passage, mariage, naissance ettransformant ainsi les sonorités. « Chaque en jeu et graduellement Désiré François et un héritage culturel intangible. autres évènements. Lesgénération a donné un nouveau souffle au Cassiya sont venus avec un style différent C'est pour cela que nous avons paroles sont en bhojpuri et lessega tipik. Le sega moderne prend naissance », de sega. « Nou ine donn ene lot couler au préparé un dossier pour instruments utilisés sont « lota,soutient Mr Love. L’interprète de Mone envi sega tipik. Aujourd’hui, quand je livre des l'UNESCO, dit-elle. Sarita dholak, lakri taal » et deskoner, connu pour ses chansons romantiques, prestations à l’étranger, il m’arrive de Boodhoo ajoute que la « geet capsules. « La 'geet gawai'baigne dans l’univers musical depuis 19 ans. Il chanter en caressant uniquement la gawai » est symbolique, symbolise la joie et l'harmonie »,avance qu’il pratique de la 'world music'. ravanne », dit-il. notamment comme un rite de dit-elle.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance 35 - LUNDI 12 MARS 2018 La route versL’INDÉPENDANCE50 ans après l’indépendance,les Mauriciens sontunanimes pour se féliciterdu chemin parcouru. Maisla route menant au 12 mars1968 fut longue et seméed'embûches. THIERRY CHATEAU Environ 100 000 personnes s'étaient rassemblées au Champ-de-Mars (ci-dessus). En 1965 et 1966 une coalition gouvernmentale se rendit (Article extrait du blog www. à Londres (à droite). histoiresmauriciennes.com) à se dessiner, d’autant que le Lorsque les urnes rendirent de la capitale dut se réfugier dans délégations étrangères étaient Au terme de la Seconde processus de décolonisation en leur verdict, le Parti de les villes des Plaines-Wilhems. également présentes dans lesGuerre mondiale, les choses Afrique anglophone avait débuté l’Indépendance récolta 454 000 Les bagarres firent officiellement loges du Mauritius Turf Club : celleavaient commencé à bouger au Ghana en 1957. votes, issus principalement des 29 morts. de Grande-Bretagne, bien sûr,au sein de l’empire britannique. régions rurales. Son adversaire mais aussi celles des États-Unis, deLondres lâchait du lest. Le Colonial CONFÉRENCES À LONDRES recueillit, lui, 341 000 voix Puis, la situation retourna peu la France, de l’Inde, du Vatican, deOffice voulait instituer des d’électeurs essentiellement à peu à la normale. Le 17 février, la Tchécoslovaquie, de l’Italie, de laadministrations indépendantes En 1963, les élections se urbains. Le Parti de l’Indépendance Motherland, l’hymne national République fédérale d’Allemagne,dans ses colonies. Dès le début deroulèrent suivant le même enleva ainsi 39 des 62 sièges signé Jean-Georges Prosper et de la Belgique, des Pays-Bas, dudes années 1940, le combat modèle, avec un élu pour disponibles, obtenant du même Philippe Gentil, fut présenté à la Luxembourg, d’URSS, d’Israël, depour améliorer le sort de la chacune des 40 circonscriptions. coup l’indépendance de Maurice. population. Le pays pansait ses Guinée, du Kenya…classe ouvrière et élargir la Elles accouchèrent d’une blessures… AUBE NOUVELLEreprésentation politique au sein coalition gouvernementale, En attendant les célébrationsde la population s’était intensifié qui entama des discussions officielles qui devaient se tenir Quelques jours avant les Dans son discours,dans la petite île Maurice. constitutionnelles avec le six mois plus tard, le nouveau célébrations, le 10 mars 1968, SSR fit allusion aux colonisateur. Les conférences gouvernement eut toutes les Londres annonçait que la princesse anti-indépendantistes, les Le 13 septembre 1943, une constitutionnelles se peines du monde à s’installer, dans Alexandra ne représenterait pas qualifiant de « parasites » etgrève sur la plantation sucrière succédèrent à Londres, en un contexte socio-économique la reine à la cérémonie officielle, ne manqua pas de mentionnerde Belle-Vue Harel avait fait 1965, puis en 1966, traçant les difficile et une ambiance politique « en raison de l’état d’urgence »… ses nombreux amis qui l’avaientquatre morts, dont une femme, lignes de la Constitution et en ébullition. Un plan d’austérité accompagné dans la longue lutteAnjalay Coopen, âgée de 32 ans et les contours économiques et mena au licenciement de près de 12 mars 1968, le jour-J. Les menée pour l’indépendance,enceinte. Ce drame allait accélérer sociaux d’une île Maurice qui 10 000 travailleurs. Le 2 octobre, Mauriciens étaient nombreux au notamment Emmanuel Anquetil,le processus d’émancipation de se voyait déjà indépendante. des manifestations eurent Champ-de-Mars, 100 000 selon la Guy Rozemont et Renganadenla classe laborieuse. L’année 1967 fut marquée lieu, suivies de désordres aux presse. L’ambiance était enjouée. Seeneevassen, décédés depuis. par les élections qui allaient rues Desforges et Virgil Naz. Les anti-indépendantistes cloîtrés De son côté, le Secrétaire d’État En 1945, le Gouverneur Mac décider de l’indépendance et Durant la nuit, des magasins et déçus, suivaient les cérémonies britannique aux colonies, AnthonyKenzie Kennedy prit en main la déterminer l’avenir de Maurice. furent saccagés et incendiés, à la télé. Les élus du PMSD, Greenwood, fit l’éloge desrévision constitutionnelle. À Dès le 29 juillet, les partis certains au cocktail Molotov. observant la consigne de boycott Mauriciens, issus de toutes lesl’époque, il n’y avait que 11 000 politiques s’étaient succédé à la Le gouvernement envisagea le de Gaëtan Duval, leader du PMSD parties du monde qui ont su,électeurs pour une population de télévision pour présenter leurs recours à l’état d’urgence et un et de l’opposition parlementaire, selon lui, garder vivantes leurs419 000 habitants. Le Gouverneur programmes. À l’approche de appel aux troupes britanniques. n’étaient pas présents au Champ- religions et cultures.proposa un cens électoral plus l’échéance électorale, les esprits de-Mars. La mairie de Port-Louissatisfaisant pour la population, commencèrent à s’échauffer. Quelque 1 300 personnes s'était mise en deuil en hommage Le lendemain de la cérémoniede l’ordre de 79 000 électeurs. Le 31 juillet, le Commissaire de choisirent l’immigration, afin aux victimes des bagarres de eut lieu la prestation de sermentLe Secrétaire d’État accepta police appela les Mauriciens d’échapper à un « engrenage janvier. du nouveau Cabinet. Il étaitses recommandations et une à respecter l’ordre et la paix infernal », qui menaçait d’entraîner constitué, entre autres, denouvelle Constitution vit le publique… le pays dans la misère. Sur une À midi, la cérémonie Forget, Ringadoo, Mohamed,jour en mars 1948. C’était une Aux élections générales note plus optimiste, le 5 décembre elle-même commença. Au pied Boolell, Bissoondoyal, Balancy… 18première étape dans la marche du 7 août 1967, le Parti de 1967, les couleurs du quadricolore du mât dressé au centre du ministres formaient ce nouveauvers le suffrage universel, l’Indépendance, constitué du rouge-bleu-jaune-vert, étaient Champ-de-Mars, sir John Shaw Cabinet, avec SSR comme Premierconformément aux idéaux des Parti travailliste, du CAM et de dévoilées à la MBC. Rennie, dernier Gouverneur et ministre.Travaillistes britanniques qui l’Independent Forward Block, fut ÈTAT D'URGENCE sir Seewoosagur Ramgoolamvoulaient conduire les colonies opposé au Parti Mauricien Social- (SSR), nouveau Premier ministre, Cette semaine historiquevers l’autonomie. démocrate (PMSD), qui souhaitait Mais au milieu du mois assistèrent solennellement au fut clôturée par un banquet et une association avec la Grande- de janvier 1968, la situation se remplacement de l’Union Jack une garden party. Le banquet Aux élections de 1953, le Parti Bretagne. Le jour du scrutin, des dégrada lorsque des bagarres par le quadricolore. La cérémonie officiel eut lieu au collège Queentravailliste (PTr), devenu la force incidents isolés éclatèrent, plus éclatèrent dans les quartiers fut ponctuée de 31 coups de canon, Elizabeth, servi par la maisonmajeure dans le paysage politique violents dans la circonscription nord de Port-Louis. Cette fois, tirés par la SMF, puis par les navires Vatel. La garden party réunit plusmauricien, gagna les élections. no 3 de Port-Louis. Ils firent un le gouvernement fut contraint de guerre de quatre nations — de 3 000 personnes au Jardin dePuis, en 1958, la colonie fut dotée mort. À Port-Louis, des maisons d’introduire l’état d’urgence, qui fut britannique, américaine, française Pamplemousses et se terminade 40 circonscriptions à siège furent endommagées et il fallut effectif le 21 janvier. À Port-Louis, et indienne. par des feux d’artifices, dansunique, permettant à toutes les l’intervention de la Special Mobile des centaines de maisons furent la joie d’une aube nouvelle quicommunautes d’être representées Force (SMF) et de la Riot Unit. saccagées et une large partie de La presse internationale était s’ouvrait pour la petite perle deau conseil. Aux élections de mars la population des quartiers nord largement représentée : BBC, l’océan Indien…1959, les Travaillistes menés par ORTF, Daily Mail, Financial Times,le Dr Seewoosagur Ramgoolam, The Guardian, Le Figaro, Agenceavec son allié, le Comité d’Action Tass, United Press, HindustanMusulman (CAM), rafla 29 des 40 Times… De nombreusessièges. Iain McLeod, le Secrétaired’État britannique, dut ainsi se plieraux exigences d’un parti largementmajoritaire et accorder le suffrageuniversel. Dans la foulée, il promitaux Mauriciens une conférenceconstitutionnelle. La voie versl’indépendance commençait

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance 36 - LUNDI 12 MARS 2018 CHAGOSParadise LostComment, pourquoi etdans quelles circonstances géantes ainsi que d’autres animaux est scellé. Greenwood, Foreign Secretary Ramgoolam, accompagné d’autresMaurice a-t-elle été privée sauvages. Ils ont donc choisi Diego Julien Durup, ancien britannique, se met à la tâche. ministres mauriciens, proposepar la Grande-Bretagne Garcia, qui était un bon compromis En avril 1965, avant la conférence un bail de 99 ans à un taux ded’une partie de son entre l’US Navy et l’Air Force », conservateur des Archives constitutionnelle pour 7 millions de livres sterling pourterritoire peu avant son affirmait Robin Cook, en 2000, nationales de Mahé, aux l’Indépendance mauricienne, il en les 20 premières années etindépendance  ? Et dans alors qu’il était ministre des Seychelles, écrit dans The Chagos. parle à Seewoosagur Ramgoolam, 2 millions par la suite.quelles conditions toute Affaires étrangères britannique. A short history and its legal qui n’est pas encore anobli parune population a-t-elle été identity : « Nous sommes ici dans la reine. Il le sera le 12 juin 1965. Comme le témoigne CCPdéportée pour faire place Mais voilà, les Chagos étaient un cas unique où la Grande- Il lui dit que Maurice aura son Heathcote-Smith, « Ramgoolam aà une base militaire ? habités alors que l’amiral américain Bretagne est forcée par son indépendance, mais sans les dit fermement que le gouvernement Elmo Zumwait avait clairement dit ancienne colonie, les États-Unis, Chagos. Certaines sources mauricien n’est pas intéressé par PATRICK HILBERT - aux Anglais, selon des documents de déplacer toute une population soutiennent que sir Seewoosagur une excision et préfère un bail [email protected] officiels déclassifiés, que « (mon) et de l’exiler dans un pays étranger Ramgoolam n’est pas contre l’idée de 99 ans. » désir personnel est qu’il n’y ait et cela, contre tous les principes de céder l’archipel. En effet, la  Après avoir plongé ses pieds pas de population indigène sur des Nations-unies, des Droits de perte des Chagos permettra à En fait, les Mauriciens fontdans le lagon cristallin et fait le l’île, car cela pourrait provoquer l’Homme et du Magna Carta. » Maurice de toucher une somme monter les enchères. Maistour des Chagos, sir Robert des complications politiques. de 3 millions de livres sterling. le groupe n’aura pas ce qu’ilScott, Gouverneur de Maurice, C’est pourquoi je suis fortement Mais, avant de pouvoir Ce montant n’a pas été décidé cherche. Trois jours après,décrit l’archipel comme une en faveur qu’il n’y en ait pas déplacer la population, il faut par hasard. Lors d’une réunion sir Seewoosagur Ramgoolam« dream island ». Nous sommes quand nous prenons le contrôle d’abord mettre la main sur les au Colonial Office anglais le 20 accepte la contre-propositionalors dans les années '50 et et établissons notre base. » À partir Chagos, qui est alors encore septembre 1965, sir Seewoosagur britannique de 3 millions de livresenviron mille personnes, pour de là, le destin des Chagossiens rattaché à Maurice, toujours sterling comme compensationla plupart nées là-bas, y vivent. colonie britannique. Anthony pour le détachement des Chagos.À ce moment précis, il n’est pasencore question du drame quiva s’y jouer quelques années plustard : celui de la déportation detoute une population. Tout commence en 1962 lorsde la guerre sino-indienne. Ellefait prendre conscience à lasuperpuissance américaine qu’illui manque une solide base arrièredans la zone Asie/océan Indien.Alors que les Chagossiens viventpaisiblement au paradis perdu,d’autres complotent dans leur dos. Dans un premier temps,les Américains considèrentque l’endroit idéal pour leurinstallation militaire est l’îled’Aldabra. Mais, en fin de compte,c’est Diego Garcia, principale îledes Chagos, qui accueillera lesmilitaires. « L’île d’Aldabra était lepremier choix, mais cette optiona été rejetée parce qu’y aménagerune base aurait dérangé les tortuesUne longue bataille légaleLes efforts pour reprendre possession des Le 1er avril 2010, l’archipel est déclaré ZoneChagos se multiplient. D’un côté, il y a les marine protégée. Des câbles diplomatiquesChagossiens eux-mêmes qui bataillent entre la Grande-Bretagne et les États-Unisdevant les Cours de justice pour pouvoir font penser que c’est un subterfuge pours’installer sur l’archipel. En 2000, la Haute rendre un retour permanent des ChagossiensCour britannique leur accorde ce droit, mais impossible. Le 21 décembre 2010, l’Étatdeux Orders in Council, promulgués par le mauricien porte l’affaire devant le Tribunalgouvernement britannique en juin 2004, les international du droit de la mer. Le 18 marsempêchent d’y retourner. En mai 2006, la 2015, ce dernier donne raison à Maurice. Lemême Haute Cour annule les Orders in jugement stipule que Maurice aurait dû êtreCouncil, mais en 2008, le gouvernement consultée, car elle détient une souverainetébritannique va en appel et obtient gain de sur le territoire maritime des Chagos.cause. Le 29 juin 2016, la décision est Le 8 février dernier, la Cour suprême demaintenue par la Cour suprême britannique. Londres estime que la création de ce parcDevant la Cour européenne des Droits de marin ne découle pas nécessairement d’unel’Homme, 1 786 Chagossiens poursuivent mauvaise intention. En ce moment, lel’Angleterre pour les traitements inhumains gouvernement mauricien traîne la Grande-qui leur sont infligés. Le 11 décembre 2012, Bretagne devant la Cour internationale del’application est rejetée, car cette instance justice pour avoir un avis consultatif sur laconsidère que la BIOT ne tombe pas sous sa légalité de l’excision.juridiction.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance37 - LUNDI 12 MARS 2018 Plus tard, sir John Shaw Rennie, gouvernement mauricien, impuissant. l’archipel. Fiche identitairedernier gouverneur anglais de De 1965 à 1973, l’archipel est vidé Combien de ces Chagossiens des Chagos Maurice, dira que si sir SeewoosagurRamgoolam a cédé sur Diego Garcia, de ses habitants. Si dans un premier se retrouvent à Maurice ? Selon les Archipel riche de 55 îles réparties enc’est parce qu’il était convaincu que s’il temps, on les « encourage » à quitter les sources, les chiffres varient. Mais, sept atolls, les Chagos se situent àse montrait conciliant sur la question, le îles par petits groupes, dans un second en 1972, le Royaume-Uni et Maurice 1 174 km de Male au Sud des Maldivesgouvernement britannique opterait pour temps, quand le temps presse, l’on parle tombent d’accord sur le chiffre de 426 et à 1 832 km à l’Est de Victoria, quil’Indépendance à l’issue de la conférence carrément de déportation. familles d’îlois, soit 1 151 individus, qui appartient aux Seychelles. Parconstitutionnelle. ont quitté les Chagos volontairement ou rapport à Maurice, l’archipel se situe Ainsi, le premier gros contingent involontairement pour Maurice de 1965 au Nord-Est. Depuis les années '70, En novembre de la même année, le de déportés arrive aux Seychelles le à 1973. Mais, en 1977, le gouvernement Diego Garcia, son île principale, estBritish Indian Ocean Territory (BIOT) 30 septembre 1971 sur le Nordvaer mauricien fait un nouveau recensement occupée par une base militairedevient une réalité et un bail de 50 ans avec 146 personnes à son bord alors qui démontre qu’il y a 557 familles, soit américaine où travaillent et résidentest concédé le 30 décembre 1966 aux que le navire était légalement censé 2 323 personnes. Depuis l’Indépendance, quelque 4 000 personnes. PlusieursÉtats-Unis pour leur permettre d’utiliser transporter 12 passagers dans ses presque chaque gouvernement a indiqué nationalités y cohabitent, mais lesDiego Garcia à des fins militaires. En cabines. Officiellement, le 27 avril vouloir récupérer l’archipel. Mais en vain. Chagossiens y sont persona non1973, la base militaire est pleinement 1973, plus aucun îlois ne se trouve dans grata. Administré par le British Indianopérationnelle, selon SR Ashton, Ocean Territory (BIOT), entitéchercheur à l’Université de Londres, appartenant à la Grande-Bretagne,et Roger Louis, professeur d’Histoire et l’archipel est revendiqué par l’Étatculture anglaise de l’Université de Texas, mauricien en insistant sur le fait queà partir de documents britanniques l’archipel avait été détaché le 8couvrant la fin de l’empire britannique. novembre 1965. Trois ans avant queLe bail est renouvelé en décembre Maurice ne devienne indépendante.2016 malgré les protestations du Maurice étant encore une colonie britannique, elle n’a, par conséquent,Peuplement des Chagos pas vraiment eu son mot à dire. Pour Maurice, cette excision va à l’encontre Si l’archipel était connu par les Entre-temps, d’autres planteurs des travailleurs engagés indiens y des conventions des Nations unies.Austronesiens, Javanais et Malais, l’on en provenance de l’île-de-France s’y sont envoyés et se sont mariés avec Notons que le BIOT a vu le jour enattribue sa découverte au Portuguais installent pour exploiter de l’huile des esclaves libérés. Au début du 20e 1965 et que Maurice ne l’a jamaisPedro de Mascarenhas en 1512. Il est de coco et du coprah. L’un d’eux, un siècle, selon les registres officiels, reconnu. Dans les documentsle premier à mentionner Bassas de certain Lapotaire, possédait vers la population était composée de officiels, Maurice le nomme « theChagas, première appellation connue, 1810 une centaine d’esclaves à Diego 60 % de personnes de descendance so-called BIOT ». La surface émergéesur une carte. L’étymologie du terme Garcia et une centaine d’autres à Peros africaine et malgache et le reste des Chagos est de 60 km2. À ellese rapporte à « blessures du Christ. » Banhos. d’origine tamoule. La majorité de la seule, Diego Garcia fait 40 km2. Le population était alors née aux Chagos. réchauffement climatique avec la La première puissance à À l’époque, l’archipel des Chagos Ce sont principalement trois îles fonte des glaces qu’il entraîne est unrevendiquer les Chagos est la France en était plus fréquenté que Rodrigues. 81 qui étaient peuplées, à savoir Diego danger immédiat, car le relief des îles1744, mais il faut attendre exactement navires marchands y jettent l’ancre Garcia, Peros Banhos et Salomon. Le n’est pas très élevé, avec une altitude40 ans avant que les Chagos ne soient contre 30 pour Rodrigues. On parle, 31 août 1903, l’archipel passe sous la moyenne de moins de deux mètres.occupés de manière permanente. ici, de la période entre 1773 et 1810. colonie mauricienne pour finalement Le point le plus haut se situe à DiegoProvenant de l’île Maurice, alors être détaché en 1965, trois ans avant Garcia et culmine à 15 mètres. Lenommée île-de-France, le planteur Le 30 mai 1814, grâce au traité de l’Indépendance mauricienne. littoral fait 698 kilomètres dePierre Marie Le Normand y obtient Paris, la Grande-Bretagne devient le longueur et la zone économiqueune concession le 17 novembre 1783. maître des lieux et intègre l’archipel à exclusive conférée à l’archipel est de la colonie seychelloise. Chagos porte 636 600 km2. Pour les besoins de sa plantation alors le nom d’Oil Islands. L’archipelde noix de coco, il amène 22 esclaves continue à prendre du galon.malgaches et 79 esclaves mozambicainsainsi que quelques gens de couleur, Selon les archives, en 1826, 375mais certaines sources de l’époque esclaves, neuf blancs, 22 « libres desoutiennent que la majorité des couleur » et 42 lépreux habitaient dansesclaves provenaient du Sénégal. l’archipel. À noter qu’à l’époque, unL’empire britannique entre en jeu le certain nombre de lépreux y avait4 mai 1786 en prenant possession de été envoyé en isolement. En 1881, 789Diego Garcia, avant d’abandonner les personnes y étaient enregistrées, selonlieux quelques années plus tard. le recensement officiel. Après l’abolition de l’esclavage,

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d’Indépendance 38 - LUNDI 12 MARS 2018 Anerood Jugnauth VINTAGE MAURITIUS est au micro lors du meeting de remerciement de l’alliance du Mouvement militant mauricien (MMM) et du Parti socialiste mauricien (PSM) au Champ-de-Mars, le 20 juin 1982. Il s’agit alors de la plus écrasante victoire électorale de la jeune histoire du pays, l’alliance raflant les 60 sièges en jeu. La foule massive est estimée à 100 000 personnes. MMM En 1972, la reine Elizabeth visite Maurice. SSR la suit de près et les sourires présents sur tous les visages sont le signe que la reine exerce toujours une fascination sur son ancienne colonie.L’Indépendance célébrée dans les écoles. En 1979, l’heure est à la grève de la faim au nom des réclamations de la General Workers’ Federation (GWF). Ici, Harish Boodhoo (de dos), MMM visite les grévistes, dont Paul Bérenger. GIS « Alexandra takes our money », scandent les jeunes du Club des étudiants mauriciens (CEM), le 12 septembre 1969, pour protester contre la visite de la princesse Alexandra. Il s’agit sans doute de l’acte marquant la naissance du Mouvement militant mauricien (MMM), prochaine incarnation du CEM. C’est le début de nombreuses altercations et d’interpellations par les forces de l’ordre. Les actions syndicales et les grèves ont émaillé l’histoire politique des années '70. En 1971, laPort-Louis Harbour and Docks and Workers Union entre en grève et paralyse le pays.GIS En 1989, le pape Jean-Paul II ANAND MULLOO embrasse le sol mauricien. Il réunira une foule immense pour la messe qu’il prononcera à Marie Reine de la Paix. Le premier cabinet de SAJ, en 1982, prend la pose après la TRISTAN BRÉVILLE Un autre 12 mars. 1965 sera une année cruciale prestation de serment. Il aura une durée de vie de moins d’un an. Cette fois, en 1992. Le pour le pays : son avenir se Pour une histoire d’hymne nationale en créole. dernier Gouverneur jouera durant la conférence général de Maurice, sir constitutionnelle à LancasterLa réaction à la violence de l’incendie de la maison Veerasamy Ringadoo, House, Londres, au mois dede jeu l’Amicale, en 1999, provoquera un élan de s’apprête à entrer dans septembre. On voit, ici, Aneroodsolidarité dans la population, qui se mobilisera l’histoire comme le Jugnauth, jeune représentantpour une marche organisée en mémoire des premier président de la de l’Independent Forwardvictimes. République. Un Block (IFB), et Dr Seewoosagur poste qu’il n’occupera Ramgoolam, fervent partisan de que pendant trois mois l’Indépendance depuis 1959, sur de manière transitoire. le départ. Une légende de la musique locale, Kaya, décédera en cellule policière en février 1999 pour avoir fumé du gandia lors d’un concert en faveur de la dépénalisation. Son décès déclenchera une réaction en chaîne, qui mènera aux émeutes qui firent trembler tout le pays, rappelant à ceux qui l’avaient vécu, les violences de '68. Un autre musicien, Berger Agathe, décédera aussi lors des affrontements entre la police et les émeutiers. Roches-Bois, Triolet, Beau-Bassin, Goodlands, Bambous… Les émeutes ont affecté plusieurs endroits. On a, ici, une image de l’autoroute, près de Roche-Bois.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'indépendance 39 - LUNDI 12 MARS 2018 LES PERSONNALITÉS VARMA Emmanuel Anquetil. Jules Koenig. Guy Rozemont. Pandit Sahadeo. Sookdeo Bissoondoyal. SSR et AR Mohamed.GIS GIS Une légende de la lutte contre la répression, mais surtout de GIS MULLOO la réconciliation, Nelson Mandela visite Maurice en 1998. En ANAND MULOT compagnie de son épouse et du couple Uteem, il partage un En 1968, lors des célébrations de l’Indépendance, on rappelle Basdeo Bissoondoyal. l’histoire, notamment l’arrivée des premiers colons par l’océan. moment privilégié avec des enfants venus à sa rencontre. Indira Gandhi, Premier ministre indien, accueillie à sa descente d’avion par SAJ.5 mai 1996 : sir Gaëtan Duval, leader iconique du Parti mauricien social démocrate(PMSD) meurt. Et c’est une foule massive qui se déplace pour lui faire ses derniers adieux.Certains militants ont attendu toute leur vie pour voir enfin le rêve se réaliser : PaulBérenger devient enfin Premier ministre en 2003. Même sir Anerood Jugnauth, qui luicède sa place, semble accueillir l’occasion à bras ouverts. Et sur la Place d’Armes, lessoldats de la Special Mobile Force saluent leur nouveau chef. MOOTINDRA NATH VARMA Mai 75 .En 1984, des journalistes font un 'sit-in' devant l’Hôtel du Michel Debré ministre des Affaires scelle l'alliance PTr-PMSD Gervaise en 1975gouvernement pour protester contre des amendements à étrangères français lors de sa visite en 1969.la Newspapers and Periodicals Act.

SUPPLÉMENT SPÉCIAL Moris mo Péi50 ans d'Indépendance40 - LUNDI 12 MARS 2018BENYPARSADSINGH DEWNARAINArtisan et fier de l'êtreIl a connu la misère mais Je me souviens des années où on Cet artisan de l'usinen'a jamais baissé les bras. avait trois vaches et on vendait sucrière de Solitude a touché àDe par son courage et son le lait à 10 sous le quart, ma tout. Depuis laboureur, jusqu'àenvie de réussir, il a tout maman était modiste et mon sprayer, et chauffeur de carfait pour ses trois enfants papa petit planteur, la vie était pour les employés et étudiantsqui sont des professionnels dure, mais on se débrouillait de Solitude, Beny a est passéaujourd'hui. Il se souvient avec le peu de moyens qu'on par tous les postes. Il a prisde sa présence au Champ- avait », dit ce natif de Triolet. sa retraite, mais le travailde-Mars le 12 mars 1968 social coule dans ses veines.comme si c'était hier. Aurions-nous été mieux Il aime apporter son aide àBenyparsadsingh Dewnarain si on était resté sous l'empire son quartier, son village. Et ense dit fier d'être Mauricien et britannique ? Sa réponse est 2016, il est fait Officer of theartisan d'un moulin à sucre. simple : « À cette époque, les Star and Key pour ses actions. Britanniques étaient endettés, JEAN-CLAUDE DEDANS ils étaient obligés de lâcher les « Je pense que j'ai bien À 68 ans, il se la coule douce colonies, car ils n'arrivaient rempli ma vie, mes enfantsaprès plus d'un demi-siècle à même pas à payer les soldats, les ont réussi la leur, mon épouseracler pour gagner sa vie. Il a fonctionnaires. Donc, la liberté Amrita m'a bien soutenu, je suisbien galéré depuis ses 17 ans. « était inévitable et le pays s'est un homme heureux et fier d'être très bien débrouillé depuis 1968 Mauricien, ayant apporté à ma et on peut être fier de ce qu'on façon ma pierre à l'édifice », a accompli jusqu'ici ». conclut-il.PLANTEUR DEPUIS PLUS DE 50 ANS« Pa ti ena problem lanvironman,lavi ti pli zoli ek pli fasil » NAJETTE TOORAB travail est dur, on doit se rendre et de fruits et cela nécessite comme il se doit. » Anirood Fawdar est un homme [email protected] dès 6 heures au champ. Puis, on moins de temps. Les machines De nos jours, il est difficile qui appartient à la terre. doit aussi s’occuper de la vente lui facilitent la tâche. Autrefois, nous l'avons vu, les qui commence très tôt. Voilà, c’est de trouver des laboureurs. C’estterres, dans leur quasi-totalité, ça ma routine. Je le fais pour mes « Auparavant, un laboureur un métier qui disparaît au fil duétaient entre les mains d'un petit enfants, car je n’ai pas envie qu’ils gagnait Rs 30 par journée. temps, alors qu’il reste essentiel.nombre de riches planteurs. travaillent aussi dur que moi », Maintenant, il gagne Rs 300 à Son message aux Mauriciens :Anirood Fawdar, un homme qui confie-t-il. Rs 400, de 7 à 11 heures. Cependant, « Mo frer Anand ek mwa, Anirood,appartient à la terre, travaille nous les planteurs, nous sommes nu travay dan plantasyon e noucomme planteur depuis plus de Pour Anirood, l’unique point obligés de rester très souvent swet zot tou enn zwaye 50 an50 ans. Âgé de 68 ans, il nous fait positif de ces 50 dernières années jusqu'à fort tard dans la nuit lindepandans. Ek mo remersieun constat de l’époque actuelle est le fait qu’il est possible de afin de veiller sur nos plantes Défi Media Group pour so leklerazet de celle d’antan concernant planter davantage de légumes et s’assurer que tout se passe lor bann planter. »le travail de la terre à Maurice… Malgré le fait qu’il est àla retraite, Anirood ne peuts’empêcher d’aller tous les joursdans son champ à Camp La Boue,Montagne-Longue, très tôt lematin. Ce sont ses parents quilui ont enseigné le métier deplanteur. « 50 an avan, pa ti enaproblem lanvironman. Lavi tipli zoli ek pli fasil », constate levieil homme quand il comparenotre environnement à celuid'avant. Il explique qu’à cetteépoque, « la terre était fertile.On n’avait pas besoin d’utiliserdes pesticides ou herbicides. Toutétait bon marché, je me rappelleavoir acheté un sac de sel à Rs 2 ». De son côté, Anand, le frèred'Anirood, cultive des carottes,du gingembre et d'autres fruitset légumes. « Il est vrai que ce


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