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Docta_magazine_N°2[2]

Published by wanedenis3, 2016-08-03 02:04:00

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Edito Fumer tue !!!!Le tabac reste le produit nocif dont la consom- chercheurs de l’université américaine de Pittsburg, est mation provoque le plus de dégâts dans le parvenue à la conclusion que la chicha ferait inhaler 25 monde, aussi bien sur le plan sanitaire qu’éco- fois plus de goudron, 10 fois plus de monoxyde de car- nomique. Selon un rapport de la banque mon- bone et 2,5 fois plus de nicotine qu’une cigarette. Endiale, sur les 1,1 milliard de personnes qui utilisaient France en 2014, environ 25% des jeunes âgés de 17 ansle tabac dans le monde en 2015, 80% vivent dans les déclaraient avoir déjà utilisé le narguilé plus de 10 foispays en développement, sachant qu’un décès sur dix dans leur vie, selon la revue Prescrire de Juin 2016 .est lié à ce fléau, appelons-le ainsi. Le tabac est éga- Pour faire reculer ce fléau, des initiatives se multiplient.lement connu comme étant la cause de Sur le plan mondial, l’objectif de développement du-mortalité chez 50% de ses utilisateurs rable 3a a choisi de renforcer dans tous les pays, selonLe Cameroun n’est pas épargné par cefléau, avec ses 1.1 millions de consom- qu’il convient, l’application de la Convention-cadremateurs recensés en 2013, d’après une de l’OMS pour la lutte antitabac ; l’OMS juste-enquête conduite par l’Institut national ment, lors de la journée mondiale de la lutte contrede statistiques. La même enquête indiquaitune demande intérieure en cigarettes le tabagisme 2016 a opté pour la promotion duet en produits à base de tabac es- paquet neutre, stratégie qui s’ajoute auxtimée à 15 milliards de F. CFA multiples campagnes de sensibilisa- tion, à la taxation, à l’interdiction de fumer dans les lieux publics.Les jeunes sont malheureu- La rédaction de DOCTA a voulusement atteints par le fléau. marquer un temps d’arrêt sur ceUne enquête de la coalition phénomène qui détruit des vies etcontre le tabac menée cette des familles en y consacrant l’es-année autour de 20 établisse- sentiel du numéro 2. C’est en effetments scolaires a observé une publicité agressive des à une véritable icône de la lutte contre le tabagismeproduits liés au tabac, et 160 points de ventes dans au Cameroun que la rédaction a tendu son micro celes 100 m autour des établissements. La conséquence mois, afin d’édifier le public sur les stratégies de lutteest que 31,2% des jeunes âgés de 13-15 ans ont essayé contre le tabagisme au Cameroun ; au fil de la lecture,de fumer avant l’âge de 10 ans, selon l’enquête glo- on apprendra certainement un peu plus sur les actionsbale sur le tabagisme en milieu jeune (GYTS 2008). entreprises par la coalition contre le tabagisme qu’elleLes autres produits justement, parlons-en. La chicha ou préside et la loi anti-tabac en étude à l’assemblée natio-narguilé, produit d’origine orientale, semble séduire de nale. Le lecteur de ce numéro devrait également êtreplus en plus les jeunes générations car supposée moins plus édifié sur les effets de la cigarette électronique,nocive que la cigarette. Il est de plus en plus fréquent et les astuces de grand-mère pour se libérer du taba-de trouver des zones de consommation de ce produit gisme. Enfin, on apprendra plus sur le fonctionnementdans les milieux jeunes, et des clubs y dédiés sortent de des unités de santé de reproduction des adolescents.terre dans les localités urbaines du pays. La réalité estpourtant différente : une méta-analyse menée par des Dr Aubin Baleba Directeur de Publication : Dr Aubin Nino Baleba Rédacteur en chef: Alexandra Kamdem Equipe de rédaction: Charnelle Momo, Yasmine Mayo, Dorine Tekam, Monique Angoula, Cyrielle Malonga, Roly Nguemechio , Nefertiti Dakenyo, Amélie Makala, Emilie Zogning Création/Mise en page : Blake Nkemnguh, Dr Aubin Baleba Distribution: www.keyopress.com Conception & réalisation : K’mer Health Mag Tel : [email protected]; www.facebook.com/kmerhealthmag 3 Docta Magazine N°2-Juillet 2016



SOMMAIRE 2 EDITO: * Fumer Tue !!!!! 5 5 BREVES 8 * Banque Mondiale: 64 milliards pour accroi- 15 tre le PBF au Cameroun * Hopital laquintinie: les actes visibles du nouveau directeur * CHRACERH: les premiers bébés-éprouvettes voient le jour * Réforme Hospitalière, assurance maladie: le système de santé camerounais bouge 8 ENTRETIEN * Florence ndembiyembe: « Pour agir il ne faut pas nécessairement avoir beaucoup d’argent » 15 DOSSIER: LE TABAGISME & SES DAN- GERS * Les formes du tabagisme * Les effets du tabagisme sur l’organisme * Le tabagisme, un problème de santé pu- blique et d’économie * Le tabagisme: stratégies de lutte 27 FOCUS: * La clinique des adolescents 30 OPINION: * Et si le peuple camerounais combattait pour et avec ses médecins au lieu de les combattre 31 ASTUCES: * Arreter de fumer naturellement 32 DIVERS *La cigarette électronique *Le livre du mois * Humour27 32 5 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Breves CamerounCoopération Cameroun-Banque Mondiale: 64 milliards pour accroitre le programme PBFLa banque Mondiale a approuvé ce financement dans l’optique d’étendre le programme de financement basé sur les performances; le financement comporte un don de 13.5 milliards de FCFA. En rappel, leProgramme de finacement basé sur la performance vise à améliorer la qualité des soins dans les forma-tions sanitaires à travers des financements basés sur les résul-tats. Le programme qui depuis 2011 couvrait les régions du Lit-toral, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Est, pour 25% de la populationcouverte de 25 s’étendra dans les trois régions septentrionnales.Hopital Laquintinie de Douala: Des avancées dans le domaine de la actes visibles du nouveau Directeur suppression du système des Co- des, le financement basé sur lesEn poste depuis le 18 Avril 2016, performances, la création d’un les actes du nouveau directeur service de facturation, la dispa-sont visibles et salués par l’associa- rition des corbillards auparavanttion pour l’humanisation des ho- massés aux abords de l’entrée depitaux. Mr Locka Eitel, président la morgue et la présence d’an-de cette organisation de la société ti-rabatteurs autour de l’Hopital.civile, note avec satisfaction les CHRACERH: les premiers bébés-éprouvettes voient le jour L’équipe du Pr Kasia, administrateur directeur général du tout nouveau Centre de chirurgie endoscopique et de reproduction humaine, récemment inauguré par la pre- mière dame du Cameroun, a vu naitre ses trois premiers bébés dont les mamans ont bénéficié de la technique de Fécondation In vitro. C’est une véritable avancée dans la lutte contre l’infertilité des couples au Cameroun, l’une des mamans ayant l’age de 52 ans. Concernant les consi- dérations éthiques, le Pr Kasia a rappelé que cette tech- nologie ne sera disponible que pour les couples mariés.Réforme Hospitalière, assu- ministère, des partenaires tech-rance maladie: le système de niques et financiers que de lasanté camerounais bouge société civile. Organisés en 12 chantiers, les travaux devraientLe Cameroun a mal a son aboutir à des changements no- système de santé, et les évè- tables aussi bien dans l’accueilnements scandaleux survenus des patients que dans le finan-depuis le début d’année ont en- cement des hopitaux. Dans letrainé les autorités à prendre meme ordre d’idée, l’Etat, àdes mesures visant à limiter ces travers les ministères de la san-scandales. C’est ainsi que une té publique et du travail a pro-réflexion est en cours sur la ré- cédé au lancement des travauxforme hospitalière, réflexion à d’élaboration de l’architecturelaquelle le ministère de la santé de la couverture santé univer-publique a convié près de 180 selle au cameroun. de bonnesexperts provenant aussi bien du perspectives pour le systèmeDocta Magazine N°2-Juillet 2016 6

Lutte contre la fievre typhoideUn traitement expérimental à bases de plantes au-rait prouvé son efficacitéGilles Martin Assako, tradithérapeute, a présen- té lors des journées d’excellence scientifique duSud un traitement de la typhoide à base de planteset à dose unique. Le traitement est délivré d’après luidepuis 17 ans pour un résultat négatif au prochaintest de widal. Plébiscité par les autorités régionalesscientifiques, la recherche sur ce médicament devraitse poursuivre pour une plus grande production.Mais également... actuellement son extension dans personnage dans l’amélioration desProjet chèque santé: Un an les districts non couverts jusqu’ici. conditions de vie des populations.après le lancement, 20000 femmes Nécrologie: Pr Tazoacha Asongany, Syndicat: le syndicat des méde-couvertes plus tard, un atelier de homme de sciences, homme poli- cins du Cameroun a vu le jour aureprogrammation du projet s’est tique et surtout formateur de toute cours d’une assemblée généralketenu à yaoundé du 18 au 20 juil- une génération de médecins came- constitutive. Le Dr Pierre Bassong,let, occasion de réorienter certaines rounais, est décédé. Le magazine sa- neurologue à l’Hopital Régional dedispositions. Le projet poursquit lue les multiples combats de l’illustre Bamenda en est le premier présidentInternational Changements climatiques: L’OMS annonce 250.000 décès annuels supplémentaires si rien n’est fait. Ces décès seront notamment liés au paludisme, à la mal- nutrition, la diarrhée et au stress thermique, selon les experts. Pour y faire face, ces derniers pres- crivent le transport durable en privilégiant la marche, le vélo et les transports publics, mais égale- ment des systèmes d’alimentation durables ainsi qu’une alimenta- tion saine qui réduira les risquesAssemblée générale de l’OMS: de nouvelles résolutions LONUSIDA e nombre de personnes sous traitementLa Soixante-Neuvième Assemblée mondiale de la Santé antirétroviral dans le monde est passé a pris fin aujourd’hui après l’adoption de nouvelles ré- de 700.000 à 17.000.000, selon l’organisationsolutions sur le cadre de collaboration avec les acteurs non en charge de faire regresser la pandémie. Laétatiques de l’OMS, les objectifs de développement durable; meme organisation signale durant la memele Règlement sanitaire international; la lutte antitabac; les période une réduction de 35% des nouvellesdécès et les traumatismes dus aux accidents de la route; la infections.nutrition; le VIH, l’hépatite et les infections sexuellementtransmissibles; le mycétome; la recherche et développement;l’accès aux médicaments et les services de santé intégrés. 7 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

« Pour agir il nefaut pas nécessaire-ment avoir beaucoup d’argent »

Entretien ND EMBEEFlMoreBnIcYec’est une grande dame qui a fait l’honneur à votre magazine de par-ler d’elle ce mois. Inconnue ou méconnue du grand public, elle estpourtant de tous les combats contre le tabagisme au Cameroun de-puis plusieurs années, autant à travers ses fonctions de secré-taire permanent du Comité Natiolal de Lutte contre la drogue quesous la casquette de présidente de la coalition contre la tabacBonjour Docteur, merci de nous accor- il faut croire qu’il faut continuer à éduquer. der un peu de votre précieux temps; Conseillez-vous cette spécialité à vos d’entrée de jeu, une question nous jeunes confrères ?taraude l’esprit : le Cameroun ne compte Bien sûr ! il y a beaucoup de patients allergiquespas beaucoup de spécialistes en immu- chez nous. Les causes de l’allergie sont multi-no-allergologie, comment faites-vous ples avec en premier lieu les acariens mais aussipour vous retrouver dans cette spécialité? les pollens, les aliments, les poils d’animaux etcL’immuno-allergologue dans sa pratique cou- …L’allergie peut causer des maladies très invali-rante traite des maladies allergiques dont les dantes. Ce n’est pas une médecine de confort ouplus connues sont les asthmes, les rhinites, les de gens bien. Dans les pays développés les aller-eczémas, les urticaires. L’allergie se manifeste gologues sont submergés de travail à la saisonaussi par des affections plus graves comme la pollinique. Les modifications dans notre envi-stérilité ou syndrome de Lyell. Elle peut cau- ronnement font naitre de nouvelles allergies.ser la mort subite comme dans le cas des al- lergies médicamenteuses et alimentaires. De l’immuno-allergologie à la lutte contreJ’ai décidé de faire cette spécialité médicale le tabagisme, il n’y a à première vue aucunlorsque, en 1991, le pédiatre de mon bébé lien direct. Comment vous êtes-vous re-m’ayant conseillé de le faire suivre par un al- trouvée dans ce combat anti tabagisme ?lergologue, je n’en ai trouvé aucun localement, Le lien n’a pas été direct. Il est bien vrai queà mon grand désarroi. C’est donc ainsi que je la fumée du tabac est un irritant pour les al-décide de me spécialiser en immuno-allergolo- lergiques qui ont des muqueuses fragiles. Legie. Ce que j’ai fait à la faculté Necker à Paris. tabagisme est aussi un facteur de risque pourVous êtes pratiquement la seule dans les affections respiratoires chroniques commecette spécialité au Cameroun, pourquoi les asthmes. Je suis arrivée au tabac en pas-d’après vous elle n’est pas si courue, sant par la lutte contre la drogue au MinistèreC’est une spécialité relativement jeune en mé- de la Santé Publique où j’ai animé le Secréta-decine. Elle n’est pas assez connue dans notre riat Permanent qui lui était consacré. C’est à cepays aussi bien par le personnel médical que poste que j’ai pu mesurer les dégâts causés parpar les populations. C’est dommage. J’ai fait le tabagisme, plus précisément son rôle facili-ce que je pouvais pour la faire connaitre mais tateur dans la consommation des stupéfiants. 9 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Vous êtes portée à la tête du Comité Na- « LA VIE » à l’Hôpital Central de Yaoundé.tional de Lutte contre la Drogue au Came- Voilà ce que je retiens comme réalisations im-roun en 1997. Parlez- nous de cette struc- portantes. Je dois avouer que ces années étaientture qui est méconnue du grand public ? des années très difficiles parce que tout était à faire et surtout beaucoup de personnes auraientLe CNLD est une structure du Ministère de la San- préféré que le sujet ne soit pas abordé publique-té Publique chargé de la coordination de la lutte ment. J’étais considérée par certains comme uncontre la drogue. Elle s’occupe donc des activités de obstacle à leur business. Pendant cette périoderéduction de l’offre ainsi que de la demande de psy- nous avons subi toutes sortes de menaces et inti-chotropes et de stupéfiants. Quand j’en étais le Secré- midations, il faut bien le savoir, la lutte contretaire Permanent, seules les drogues comme la co- la drogue va à l’encontre de puissants intérêts.caïne, l’héroïne, le cannabis étaient concernées. Unedizaine de ministères sont membres de ce Comité qui Vous êtes également très active au sein deest divisé en sous-comités ayant des objectifs précis. la société civile, chose rare dans le domaine médical. Le médecin que vous êtes ne devraitSecrétaire permanent durant plusieurs an- ’-il pas plutôt se concentrer sur les malades ?nées, quelles actions d’envergure avez- C’est une remarque que l’on me fait souvent. Maisvous entreprise au sein de cette structure ? pour moi, dans mon combat contre le tabagisme, je poursuis le même but que le médecin que je suis, celuiJe pense avoir permis que l’administration d’abord d’améliorer le bien-être des populations et de sauveret le grand public s’intéresse un peu plus aux pro- des vies. En tant que médecin j’ai côtoyé la misère,blèmes de toxicomanie. Ce n’était pas évident parce la souffrance et la mort. J’ai pu me rendre compteque c’était une période pendant laquelle tout le que beaucoup de morts pouvaient être évitées simonde était concentré sur le VIH/SIDA. Il a fal- l’information et l’éducation nécessaires avaient étélu se battre pour attirer l’attention sur les drogues. données au bon moment. Et cela se passe avant l’hô-Nous avons supervisé la première en- pital qui a évidemment toute son importance. Maisquête nationale sur la situation de la drogue je suis persuadée qu’en faisant de la bonne préven-au Cameroun en 2004. Cela a permis de tion, l’on sauverait un plus grand nombre de vies.prendre la mesure du fléau dans notre pays.De manière générale, nous avons réactivé le fonc- 10tionnement du Comité dont nous avons rendu les ac-tivités visibles, notamment en produisant le premierplan national stratégique de lutte contre la drogueet la toxicomanie et en créant le logo du CNLD.«Dans mon combat contrele tabagisme, je poursuis lemême but que le médecinque je suis, celui d’amélio-rer le bien-être des popula-tions et de sauver des vies»Des campagnes de prévention ont été organi-sées principalement en direction des jeunes avecla production des supports de sensibilisation.Par ailleurs, les relations avec l’Office des NationsUnies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) ontété normalisées et la célébration de la journée inter-nationale de lutte contre l’abus et trafic illicite desdrogues le 26 juin est rentrée dans les habitudes.Je précise qu’à l’occasion de cette célébrationnous avons suscité destruction symbolique desdrogues saisies qui continue d’être pratiquée.Dans le même ordre d’idées, je peux citer aus-si la création du premier centre d’informationet de prévention des toxicomanies, le centre Docta Magazine N°2-Juillet 2016

En la matière l’Etat ne peut pas tout faire par- nous de créer un cadre adéquat rassemblant destout. Je l’ai bien compris de l’intérieur, en travail- personnes de bonne volonté pour réaliser les idéeslant au sein de l’Administration. Au contact avec que je nourrissais sans pouvoir les mettre à exécu-les patients, j’ai également pu me rendre compte tion au ministère. L’Association reçu le soutien duque ces derniers ne recoivent pas souvent l’infor- Ministère de la Santé Publique dès sa naissance.mation de base sur les comportements sains. Voi- Parlez-nous de cette initiative…quelles actionslà comment j’ai pensé à contribuer à l’accompa- menez-vous, et quelles sont vos plus grandesgnement de l’administration en matière de santé. réussites ?C’est ainsi que j’ai créé l’Association dénommée‘’Health Promotion Watch’’. Avant cela, j’avais C’est dans ce cadre que nous avons amorcécréé pour mon village l’association dénommée la lutte contre le tabac. Nous avons débuté par des causeries éducatives avec des asso- ciations de femmes, des enfants scolarisés et des enfants de la rue à travers les projets comme « Femmes pour la lutte anti tabac » et « jeunesse sans tabac ».Nous organisions des descentes sur le terrain lors des célébra-«Quand on n’a pas d’argent, il faut etre ingénieux. Je dissouvent qu’il faut utiliser son cerveau, il est inusable»‘’Femmes pour le Développement de Nitoukou tion de la fête de la Jeunesse ou de la Journée(FEDENI)’’ dont l’objectif était le bien-être et l’épa- Internationale de la femme pour des actionsnouissement des populations. Je suis convaincue de sensibilisation. Cependant l’Associationque la société civile a un rôle important à jouer dans Health Promotion Watch est surtout connuetous les secteurs, notamment en médecine où elle comme l’association qui a organisé la pre-remplit une importante fonction de veille sanitaire mière campagne nationale au Cameroun sur le lavage des mains comme facteur détermi- nant de prévention des maladies. C’était en 2007. La campagne que vous avez certaine- ment suivie s’intitulait « mains propres, as- surance santé ». C’est une campagne qui a fait grand bruit, si vous me permettez l’expres- sion. Nous en étions très heureux, surtout que quelque temps après, les Nations Unies ont initié la journée mondiale de lavage des mains qui se célèbre désormais chaque an- née. Pour nous cela signifiait que nous avions vu juste. Faire vivre une association requiert certaine- ment d’importantes ressources financières. Comment faites-vous pour soutenir cette initia- tive et vos actions sur le terrainQu’est-ce qui vous a motivé en créant cette Au moment où Health Promotion Watch a été crééel’association camerounaise HEALTH PROMO- nous n’avions que notre envie pour ressources. AuTION WATCH dont vous êtes la Présidente. début nous avons fonctionné avec les cotisationsComme je viens de vous le dire, Health Promotion des membres mais pas longtemps. Nous mettionsWatch (HPW) est une association de prévention à contribution la famille et les amis. Quand onet d’éducation pour la santé. Ses domaines d’ac- n’a pas d’argent il faut être ingénieux. Je dis sou-tion sont l’hygiène, l’éducation de la jeune fille et vent qu’il faut utiliser son cerveau. Il est inusable.la prévention des toxicomanies. Il s’agissait pour 11 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Au début nous concevions et produisions nous Maladies Non Transmissibles (MNT) à travers lemême les dépliants de sensibilisation. L’impor- thème « espaces sans fumée, espaces sains ». Noustant c’était le message. Lorsque l’évènement était avons voulu à cette occasion montrer le lien entreimportant comme la campagne « mains propres, le tabagisme et la plupart des affections mortellesassurances santé » organisée en 2007 ou encore la tlévisés, affiches, insertions dans la presse écrite)célébration des 10 ans de la Coalition camerou- Le plaidoyer a pour but l’obtention de l’engagementnaise contre le tabac, nous faisions appel à diffé- des personnes et administrations impliquées à larents soutiens et les générosités s’exprimaient. Je lutte anti-tabac mais surtout l’adoption d’une légis-dois reconnaitre que les Camerounais savent être lation forte sur le contrôle de tabac au Cameroungénéreux pour les causes qu’ils estiment nobles. Nous avons aussi organisé plusieurs ateliers deEn ce qui concerne la Coalition Camerounaise renforcement des capacités des Organisation de lacontre le Tabac, elle bénéficie depuis 3 ans envi- Société Civile , des conseillers municipaux et desron de soutiens d’organisations partenaires in- journalistes sur le contrôle du tabac , le plaidoyer etternationales ayant les mêmes objectifs. Notre le monitoring des activités de l’industrie du tabac.principal partenaire Campaign for Tobacco Free En fait, les stratégies de la C3T sont axées sur lesKids (CTFK) nous permet de travailler dans des objectifs, les principes et obligations de la Conven-conditions convenables. Localement nous bé- tion Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-tabac denéficions de l’assistance du Ministère de la San- l’OMS (CCLAT), que notre pays a ratifiée en 2006.té Publique et du soutien institutionnel du Bu- La Coalition travaille également pour promouvoirreau de l’Organisation Mondiale de la Santé. et surveiller la mise en œuvre de la Convention etJe saisis l’occasion que vous me donner pour remer- de ses directives par le gouvernement camerounais.cier tous ceux qui nous ont soutenus jusqu’à ce jour Enfin, il convient de souligner que notre actionet sans qui évidemment rien n’aurait été possible. Ils a permis à la C3T de représenter la société civilesont très nombreux et je ne peux pas tous les citer. camerounaise aux niveaux national et interna-Ce que je retiens de mon expérience au sein de tional dans le cadre des rencontres importantes.la Coalition, c’est que pour agir, l’argent n’est pas Ainsi donc, nous pouvons dire en toute hu-nécessairement la première ressource à mobili- milité que la décennie qui s’achève a permis àser. Il y a beaucoup de personnes qui peuvent la C3T d’enregistrer des résultats importants.vous apporter leur expertise gratuitement. Mais ce dur combat se poursuit.A travers Health Promotion watch vous vousretrouvez à la tête de la coalition contre letabagisme, dont le dixième anniversaire aété célébré cette année. Qui peut faire par-tie de cette coalition ? Combien de membrescompte-t-elle et quels sont ses objectifs ?Comme je l’ai déjà dit plus haut, Health PromotionWatch avait des activités de prévention du taba-gisme, mais très rapidement, à la vue de l’ampleurde la tâche , il nous est venu l’idée de passer à unniveau supérieur . C’est ainsi que la C3T est née en2006. Au début nous étions une dizaine d’associa-tions. Les autres avaient d’autres domaines d’acti-vités (Défense des consommateurs, lutte contre lecancer, prévention du SIDA,etc…), mais avaientaccepter de s’unir pour lutter contre le tabac.La coalition est aujourd’hui constituée d’une tren-taine d’associations, des membres individuels etde bénévoles. Comme vous l’avez dit, nous avonsdurant le mois de mai 2016, célébré notre dixièmeanniversaire sous le signe de la prévention desDocta Magazine N°2-Juillet 2016 12

car, de milliers de contribution à la lutte anti-tabac dans notre pays. Camerounaises et de Camerounais La coalition mène plusieurs combats d’enver- s ’e m p o i s o n n e n t gure, parmi lesquels la sensibilisation des élus, quotidiennement. les rencontres de plaidoyer avec les membres L’industrie du ta- du gouvernement, les consultations et le sui- bac continue des vi des fumeurs pour le sevrage tabagique et recruter massive- la contribution à l’adoption d’une loi antita- ment de nouveaux bac au Cameroun. Après dix années d’exis- fumeurs, jeunes en tence, quel bilan peut-on tirer de vos actions ? particulier, à travers une publicité tou- En plus de celles que vous avez citées, il y a eu jours plus agressive. des activités de prévention organisées à l’inten- D’où la nécessité de tion des jeunes (scolarisés et non scolarisés); l’adoption d’une loi des campagnes de sensibilisation de masse par antitabac forte et le biais des médias (spots publicitaires radio té- l’implication de tous lévisés, affiches, insertions dans la presse écrite) dans ce combats. Le plaidoyer a pour but l’obtention de l’engagement Nous pensons des personnes et administrations impliquées à la m o d e s t e m e n t lutte anti-tabac mais surtout l’adoption d’une légis- que notre action lation forte sur le contrôle de tabac au Cameroun a contribué à une Nous avons aussi organisé plusieurs ateliers de prise de conscience renforcement des capacités des Organisation de la nationale qui se Société Civile , des conseillers municipaux et destraduit par par l’engagement formel des pou- journalistes sur le contrôle du tabac , le plaidoyer etvoirs publics. Il existe aujourd’hui au Parle- le monitoring des activités de l’industrie du tabac.ment, un Réseau des parlementaires camerou- En fait, les stratégies de la C3T sont axées sur lesnais pour la lutte antitabac (le réseau Oxygène). objectifs, les principes et obligations de la Conven-Au niveau du Gouvernement, nous pouvons relever tion Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-tabac deles initiatives du Ministère des Finances sur le plan (CCLAT), que notre pays a ratifiée en 2006. Lafiscal et douanier, celles du Coalition travaille égalementMinistère du Commerce en pour promouvoir et surveillermatière des prix des cigarettes «L’argent n’est pas la mise en œuvre de la Conven-et surtout celles du Ministère forcément la première tion et de ses directives par lede la Santé Publique. Ce der- gouvernement camerounais.nier, dans son rôle de point ressource à mobiliser, Pendant ses 10 années, la C3Tfocal anti-tabac et garant de il ya beaucoup de per- a vu l’émergence de championsla santé Publique a initié un sonnes qui peuvent anti-tabac qu’elle a primés auavant-projet de loi nationale vous apporter leur ex- mois de mai 2016 pendant laantitabac dont la présentation célébration de son anniver-au Parlement est très attendue. pertise gratuitement» saire lors d’une cérémonie desLe tabac est en effet le « C3T Tobacco control Awar-facteur de risque commun à toutes ces affec- ds ». Parmi ces champions j’aimerais citer la com-tions (cancers, maladies respiratoires chro- mune de Bamenda 1er, première commune « sansniques, diabète, maladies cardio-vasculaires,…) fumée du Cameroun ».Un des champions a in-Cette célébration nous a donné l’occasion de jeter un troduit un message de prévention dans des livresregard critique sur la lutte antitabac au Cameroun au programme des enseignements secondaires.et de mobiliser davantage de personnes. Parce que J’ai présidé de 2013 à 2016 le conseil d’adminis-nous sommes convaincus que c’est par un sursaut tration de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac encollectif que nous réussirons le défi de l’avènement Afrique (ATCA), le plus grand réseau des organisa-d’une première génération sans tabac au Cameroun. tions de lutte anti-tabac en Afrique. Cette respon-Les portes de la C3T sont de ce fait ouvertes à toutes sabilité a apporté plus de visibilité à la C3T et aules personnes ou entités qui souhaitent apporter leur Cameroun dans le domaine de la lutte antitabac. 13 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Nous pensons modestement que per les journées et les nuits de garde. Le reste estnotre action a contribué à une prise une question de rodage et d’expériences de la vie.de conscience nationale qui se tra- N’oublions pas la vie sociale qui est très im-duit par par l’engagement formel des portante aussi et qui contribue pour beau-pouvoirs publics. Il existe aujourd’hui coup à l’épanouissement de l’individu.au Parlement, un Réseau des par- Docteur, une nouvelle forme de tabagismelementaires camerounais pour la semble attirer la jeunesse, il s’agit de la Chi-lutte antitabac (le réseau Oxygène). cha. Pouvez-vous nous parler de ses dan-Au niveau du Gouvernement, nous gers, et la coalition a-t-elle envisagé despouvons relever les initiatives du actions à l’encontre de ce nouveau fléau ?Ministère des Finances sur le plan Au Cameroun, la consommation de la chicha oufiscal et douanier, celles du Ministère narghilé se présente comme étant la nouvelle ten-du Commerce en matière des prix dance en termes de distraction chez les jeunes. Lades cigarettes et surtout celles du chicha est composée de 25% de tabac mélangée à deMinistère de la Santé Publique. Ce la mélasse et un arôme de fruit qui lui donne ce côtédernier, dans son rôle de point focal acidulé et parfumé qui trompe les fumeurs et qui leuranti-tabac et garant de la santé Pu- donne l’impression que cette sensation de plaisir neblique a initié un avant-projet de loi peut pas être provoquée par des produits toxiques.nationale antitabac dont la présenta- Fumer la chicha comme la cigarette est très nociftion au Parlement est très attendue. pour la santé. Des études faites sur le sujet à tra-Enfin, il convient de souli- vers le monde révèlent que: les substances toxiquesgner que notre action a per- inhaler à la fin d’une séance de chicha équivalent àmis à la C3T de représenter la société civile celles absorbées lors de la consommation de deuxcamerounaise aux niveaux national et interna- paquets de cigarettes.Aussi, le narghilé selon l’Or-tional dans le cadre des rencontres importantes. ganisation Mondiale de la Santé expose à un taba-Ainsi donc, nous pouvons dire en toute hu- gisme passif plus intense .De plus, l’usage collectifmilité que la décennie qui s’achève a permis à du narghilé favorise la transmission des maladiesla C3T d’enregistrer des résultats importants. dangereuses comme la tuberculose, les hépatites…Mais ce dur combat se poursuit, car des milliers deCamerounaises et de Camerounais s’empoisonnentquotidiennement. L’industrie du tabac continue derecruter massivement de nouveaux fumeurs, jeunesen particulier, à travers une publicité toujours plusagressive. D’où la nécessité de l’adoption d’une loi an-titabac forte et l’implication de tous dans ce combats.Vous êtes très active à travers vos multi-ples casquettes. Comment avez-vous faitpour concilier pendant de longues annéesvotre vie professionnelle et votre vie fa-miliale ? auriez-vous un conseil pour lesjeunes docta qui peinent à gérer les deux ?Ma réponse va vous sembler d’une extrême banalitémais il s’agit d’organisation. A mon humble avis il nefaut sacrifier ni l’une ni l’autre. La variable pour moic’est le temps consacré à sa famille ou à son travail quipeut fluctuer selon les périodes et les circonstances.Ce temps doit pouvoir s’équilibrer dans la journée,la semaine, le mois où même l’année pourquoi pas.Les jeunes médecins ont déjà pendant leurs étudesappris à s’organiser. Ils savent comment rattra-Docta Magazine N°2-Juillet 2016 14

Face a l’ampleur du phénomène et des consé- non-fumeurs involontairement exposés à la fu-quences liées à la consommation de la chicha, la mée. Ainsi, toutes les 6 secondes, une personneCoalition Camerounaise Contre le Tabac multiplie meurt du tabac. Ce produit, consommé dans tousen direction des jeunes, des campagnes de sensibili- les pays, est le seul produit qui tue prématuré-sation sur les dangers du tabagisme en général et du ment un de ses consommateurs sur deux. Pour-narghilé en particulier. Nous menons également un tant, il reste la première cause de décès évitable.plaidoyer auprès du Gouvernent pour l’interdiction Plus d’un million de camerounais étaient fumeursde la vente de toutes formes de tabac aux mineurs; en 2013. Plus de 14% des élèves du secondaireA côté de la chicha, les jeunes sont également ont déjà eu un premier contact avec la cigarette.piégés par la cigarette électronique Notre sou- Le Cameroun souhaite atteindre l’émer-hait est que la cigarette électronique, en atten- gence en 2035. Quels conseils pou-dant d’y voir plus clair, soit soumise aux mêmes vez-vous donner aux jeunes professionnelsrestrictions que tous les autres produits du tabac de la santé pour faire face à ces défis ?Lorsquevousregardezlerétroviseurdevotreriche Les jeunes professionnels de la santé doivent contri-carrière, qu’est-ce que vous souhaiteriez chan- buer à la bonne santé des camerounais, facteur ba-ger ou effacer ? avez-vous eu des déceptions ? sique et indispensable à l’émergence.Notre pays neJe suis croyante et je crois donc que le che- disposant pas de ressources suffisantes, ils doiventmin que je suis est celui que Dieu a tra- être ingénieux pour identifier les moyens simplescé pour moi. Il n’est pas toujours très linéaire pour parvenir à ce résultat .Il faudrait à mon avisni très logique mais je suis mon instinct. privilégier la promotion de la santé. Dans ce cadreDes déceptions ? bien sûr, comme partout. la prévention des maladies, le tabagisme occupe uneLorsque que l’on a l’impression que les choses place particulière. Elle est la première cause de mortn’avancent pas assez vite où quand les moyens évitable. Il faut pour cela intégrer la question sur lemanquent lorsqu’il faut réagir dans l’urgence. tabagisme dans l’interrogatoire de tous les patients.Mais plus que des déceptions, des incompréhen- Il est aussi important qu’ils acceptent d’aller soignersions lorsque la politique et les intérêts personnels partout dans le pays et d’embrasser toutes les spéciali-bloquent les choses alors que les données sont claires tés,pas seulementcellesquisemblent lesplusréputées.Le tabagisme fait près de 6 millions de victimespar an dans le monde et plus de 600 000, des Un mot pour notre magazine Le magazine DOCTA se positionne comme un élé- ment essentiel du dispositif de promotion de la santé au Cameroun. Il vient com- bler un vide et montre que la santé n’est pas de la seule responsabilité du personnel soignant. Je ne peux qu’en- courager une telle initiative. Je voudrais aussi vous re- mercier de m’avoir of- fert cette belle tribune Toutes mes félicitations à DOCTA, Plein de suc- cès et surtout longue vie Merci Docteur. Propos recuillis par Dr Aubin Nino BALEBA 15 Docta Magazine N°2-Juillet 2016



DossierLe tabagisme Et ses dangersLe tabagisme se définit comme la consommation de ta- bac mais est aussi le comportement des personnes dé- pendantes au tabac qui est une toxicomanie résultant de l’accoutumance à l’un ou l’autre des produits fabriqués à partir des feuilles de tabac : cigarettes, cigares, tabac à pipe, tabac à priser, à sucer et à chiquer. Il est parfois spécifié tabagisme actif par opposition au tabagisme passif qui qualifie l’inhalation involontaire de la fumée de tabac contenue dans l’air environ- nant, ou l’inhalation de dépôts secondairement en suspension dans l’air (tabagisme résiduel). A ce jour, plus de 4 000 subs- tances chimiques ont été identifiées dans la fumée du tabac incluant du monoxyde de carbone, du goudron, de l’arsenic, du formaldéhyde et du benzène. Parmi celles-ci, une cinquantaine est cancérigène pour l’humain (le fumeur et son entourage). Dossier réalisé par Charnelle MOMO, Nefertiti DAKENYO, Cyrielle MALONGA & Paulette MAKALA 17 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Le tabac tue un adulte sur dix sur la planète Les formes d où il représente la 2ème cause de mortali- té évitable ; surtout que les problèmes de (World Health Statistics 2016: monitoring health for the SDGs (Sustainable Development Goals) Au Cameroun, le tabagisme gagne de l’ampleursanté qui lui sont liés prennent une ampleur co- avec plus d’un million de fumeurs actifs et pluslossale dans les pays en développement. En effet, de 6 720 000 fumeurs passifs ; la prévalence sel’Organisation mondiale de la Santé évalue qu’en- normalise selon l’âge de tabagisme chez les per-viron 70 % des décès en-gendrés par la dépendanceau tabac surviennent dansles pays en développement.Dans l’ODD 3a, qui portesur la mise en œuvre de laConvention-cadre pour lalutte antitabac (CCLAT)avec l’usage du tabac sélec-tionné comme indicateurde progrès, l’utilisation dutabac constitue un facteurde risque important pour les «Le tabagisme cause le décès d’un adulte sur dix dansmaladies non transmissibles. le monde dont 70% dans les pays en développement»En 2015, plus de 1,1 milliardde personnes utilisaient le ta-bac, avec beaucoup plus d’hommes (945 millions) sonnes de 15 ans et plus étant de 43.8% chez lesque les femmes (180 millions).cependant, même hommes et 0.9% chez les femmes. Ainsi, parsi la prévalence du tabagisme est en déclin dans le rapport au classement sanitaire mondial, le Ca-monde entier et dans de nombreux pays, il semble meroun dans la Région Africaine de l’OMS estêtre de plus en plus élevé dans la Région Est de vingt-troisième et dans le monde le quatre-vingtla Méditerranée et la Région africaine de l’OMS. quinzième pays où on rencontre plus de fumeursLe tabac non fuméDans certaines régions du monde, la consommation de tabac oral sans fumée de-meure la forme la plus répandue du tabagisme. Ces formes de tabac sont aunombre de quatre : tabac à chiquer, tabac à priser, le gutka, le Swedish snuff.FL--e--g-u--t-k-a------------------------ Tabac à chiquer, tabac à priser, Snuff orme très particulière de tabac oral ______________________ sans fumée. C’est un mélange aroma-tisé et adouci de noix d’arec, de cachou, Avant la période industrielle qui a intro-de chaux, de tabac et d’autres condi- duit la cigarette, le tabac était consomméments. La production commerciale et le sous forme de chique (feuille de tabac roulée etmarketing des produits à base de tabac mastiquée) ou de prise (tabac émietté et intro-ayant fortement augmenté, le gutka at- duit dans le nez). Ces modes de consommationtire davantage les jeunes générations que sont plus en vue dans les pays en voie de déve-les précédentes, les femmes et leur per- loppement ; un nouveau mode de consomma-met de chiquer sans s’attirer de sanction tion appelé Snuff est le croisement de la chiquesociale. Le gutka a été fortement mis en et de la prise. Notons qu’une dose moyenne decause dans la récente augmentation de tabac à priser conservée dans la bouche, du-l’incidence de la fibrose sous-muqueuse. rant une trentaine de minutes, procure autant de nicotine que quatre bâtons de cigarettes.Docta Magazine N°2-Juillet 2016 18

du tabagismeLe tabac fuméLa cigarette est le mode le plus répandu de consommation dans cette catégorie. Néan-moins il existe aussi d’autres formes qui attirent des consommateurs de plus en plusjeunes: tabac à rouler, pipe à eau, le cigare, les bidies, la pipe et les kreteks.CLa cigarette manufacturée sauf que la durée d’exposition au onstituées de papier et de tabac, les ciga- tabac est généralement longue, autour de 45 mi- rettes ont depuis les années 60 de plus en nutes, et le tabac contenu équivaut à 10 cigarettes.plus d’ajouts divers et variés. Au total, on compte Les Bidiesplus de 4000 substances chimiques inhalées par Il s’agit des cigarettes indiennes composéesla fumée de la cigarette dont plus de 50 clas- d’une feuille d’eucalyptus roulée dont le conte-sées cancérigènes par le Comité International de nu peut varier en fonction du type de bidies : ta-Recherche sur le Cancer. Les plus nocives sont bac pur, tabac aromatisé, tabac et herbes aroma-Le tabac à rouler tiques, herbes aromatiques sans tabac. Sa toxicitéMoins cher que la cigarette car moins taxé, il est d’autant plus grande qu’il n’existe pas de filtre.conquiert d’année en année de plus en plusd’adeptes, surtout les jeunes. Le tabac à rou-ler est plus nocif que les cigarettes manufac-turées car les rendements de goudrons et denicotine sont nettement supérieurs. De plusles cigarettes roulées doivent être rallumées àplusieurs reprises ce qui renforce l’expositionau monoxyde de carbone et aux goudrons.Les cigares et la pipe Les kreteksDu fait de la composition de la fumée, la Encore appelés cigarettes aux clous de girofle ennicotine est plus facilement absorbée par la raison de leur contenance, en général 40% demuqueuse buccale. C’est pourquoi ceux qui clous de girofle et 60% de tabac. Ils constituent lan’ont jamais consommé de tabac sous d’autres forme de cigarette dominante en Indonésie, et sontformes n’avalent pas la fumée puisqu’elle aujourd’hui commercialisés dans d’autres paysest inutile pour ressentir l’effet de la nicotine. Enrevanche, les fumeurs qui consomment les ciga-rettes ont du mal, du fait de l’habitude à ne pasinhaler la fumée, entraînant ainsi une absorptionde produits plus nocifs. Ainsi, les pipes et les ci-gares sont plus nocifs que les cigarettes classiques. Lespipesàeau,lenarguiléoulaChicha _______________________________ C’est une pratique de plus en plus popu- laire surtout pour les jeunes : à 18 ans, un jeune sur deux a déjà tenté l’expérience! Pire encore, les jeunes sont nombreux à considé- rer la chicha comme complètement inoffen- sive alors qu’elle est largement aussi néfaste que la cigarette. La pipe a eau permet de fumer du tabac, aromatisé ou pas, chauffé grâce à un charbon et dont la fumée est refroidie en pas- sant à travers de l’eau. Outre ce passage, la fu- mée n’en demeure pas moins nocive. La toxicité est toutefois équivalente à celle de la cigarette 19 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Les effets du tabagisLe tabagisme a un impact majeur sur la santé. En effet, il accroît le risque de survenue de nom- breuses maladies. Il provoque 7 500 000 morts chaque année et réduirait l’espérance de vie de plus de 10 ans ; la fumée de tabac est un cocktail de produits toxiques et elle représenteun aérocontaminant presque parfait à l’origine de nombreux problèmes de santé des individus.Bien que l’appareil respiratoire soit la cible directe et privilégiée du ta-bac et la bronchite chronique une conséquence inéluctable, le tabagismeaffecte également la bouche, les lèvres, la langue, le larynx, le pharynx, il touche aussi l’œso-phage, la vessie, les reins, l’estomac, le pancréas, le col utérin pour ne citer que ces organes. ganisme, diminuant votre résistance à l’ef- fort et votre énergie. Les substances irri- tantes telles que l’acétone entraînent une inflammation des bronches et vous font tousser. «Le tabac est la première cause de mortalité par cancers» Tabagisme et sphère pulmonaire La fumée de cigarette est une agression directe du système respiratoire qui explique la survenueLe fumeur respire un air chargé de produits chez les fumeurs de différents types de maladies: toxiques qui s’attaquent aux cellules tapissant - Infections: les fumeurs font plus fréquemmentles parois des organes du système respiratoire : des otites, sinusites, angines, bronchites, grippesnez, bouche, gorge, trachée, bronches et poumons. et pneumonies ; ce risque est d’autant plus éle-Les goudrons inhalés via la fumée de cigarette se vé que leur consommation est importante.déposent dans les bronches et poumons des fu- - inflammations: il s’agit essentiellement demeurs, provoquant une diminution importante bronchites chroniques et d’emphysèmes (dilata-du souffle. Le monoxyde de carbone se fixe aux tion permanente des alvéoles pulmonaires) ; cesglobules rouges et perturbe l’oxygénation de l’or- maladies sont dues à la destruction progressive des bronches et poumons des fumeurs par le tabagisme. -Maladies allergiques : la maladie asthma- tique est plus fréquente et plus grave chez les fu- meurs ; il en est de même du rhume des foins. - Cancers: la fumée de cigarette provoque des cancers dans tout l’appareil respiratoire : lèvres, langue, gorge, cordes vocales, trachée, bronches, poumons, etc. Le risque de cancer augmente en fonction de la quantité de tabac fumée et du nombre d’années de tabagisme, le nombre d’années étant le facteur le plus important.Tabac et sang « Vous fumez pendant la grossesse, votre bébé aussi»______________________________________Chez les fumeurs on note une diminution signifi-cative des taux d’immunoglobulines qui assurentla défense de l’organisme contre les infections ; etpar conséquent une diminution des défenses an-ti-infectieuses vis à vis des bactéries et des virus,notamment au niveau des voies respiratoires et di-gestives. Leur taux redevient normal après un and’arrêt de tabac.Docta Magazine N°2-Juillet 2016 20

sme sur l’organismeLe tabagisme et les osLes os font partie des premières parties du corps subissant les attaques du tabac.Les fumeurs ont un plus grand risque de fractures et d’ostéoporose que les non fumeurs. Les os des fumeurs sontenmoyennemoinssolides,lafragilitéosseuseétantd’ailleursproportionnelle aunombred’annéedetabagisme.Le tabac est délé- sage des corps caverneux de la provoquant une baisse de la li-tère sur la fertilité verge et provoque l’impuissance. bido. Les spermatozoïdes sont Le risque est d’autant plus élevé moins nombreux et moins mo------------------- que la consommation quotidienne biles, ce qui diminue la ferti-chez l’homme : Le tabac en- est importante, mais les petits lité. Le tabac altère égalementtraine des troubles de l’érection fumeurs ne sont pas épargnés. l’ADN des spermatozoïdeset multiplie par 27 le risque d’im- En effet, la nicotine et le monoxyde Chez la femme : Le tabagismepuissance, et ce même chez les de carbone affectent les capacités réduit la fertilité et avance l’âgejeunes. Les substances chimiques érectiles, ceci même dans le cadre de la ménopause. En moyenne,contenues dans la fumée dimi- d’une consommation modérée. les fumeuses mettent deux foisnuent le débit de pression arté- La fumée de cigarette ralen- plus de temps que les non-fu-rielle, ce qui entrave le remplis- tit la sécrétion de testostérone, meuses pour avoir un enfant.«Chaque fois que la durée de consommation de tabac est mul-tipliée par 2, les risques pour la santé sont multipliés par 20» Tabagisme et Maladies cardiovasculaires Le tabac et le système digestifL________________________________________________ I- - - - - - - - - - - - - - - - - - e tabac est un facteur de risque majeur de maladies car- l provoque des gingivites inflamma- dio-vasculaires, tout particulièrement chez les sujets toires favorisant l’infection et entraî- jeunes. En effet, 80 % des victimes d’infarctus du myo- nant une haleine fétide caractéristique.carde avant 45 ans sont des fumeurs. Il s’agit principalement Il favorise les caries, notamment la di-de : minution des sécrétions salivaires. Les dents imprégnées de produits taba-Artérite des membres inférieurs giques sont jaunies, leurs racines dénu- dées. Le tabac provoque des plaques deLe tabac est responsable de 90% des artérites survenant avant leucoplasie de la bouche et du pharynx,l’âge de 65 ans, Le vieillissement des artères du fumeur étant qui font le lit du cancer et sont à l’ori-accélérées en moyenne d’environ 10 ans. gine de 6 à 7% des tumeurs malignes.Ne pas fumer est la meilleure prévention de l’artérite ; cesser Les plaques de leucoplasie se loca-de fumer est l’impératif de base du traitement de l’artérite lisent surtout sur la langue, les gen- cives et les lèvres, mais elles peuventCoronarite : angine de poitrine – Infarctus du myocarde aussi atteindre le voile du palais, le plancher de la bouche et le pharynx.Il est responsable d’un grand nombre de morts par infarc- Facteur de risque et de gravi-tus, qui sont souvent des morts prématurées, frappant des té pour l’ulcère gastroduodénal.hommes dans la force de l’âge. Le risque d’infarctus est multi- En effet, il entraine une résistance auxplié par 34 chez la fumeuse prenant des contraceptifs (pilule). traitements actifs alors qu’on observe 100% de guérison chez les non-fumeursL’Hypertension artérielle ; favorise la récidive et est responsable de la plupart des perforations d’ulcère.Le tabac est la cause majeure de l’hypertension artérielle du Il faut conseiller aux ulcéreux l’ar-sujet jeune, et accroît le risque d’hypertension artérielle résis- rêt total et définitif du tabactante au traitement et d’hypertension artérielle par athéromede l’artère rénale.Les Accidents vasculaires cérébrauxLe tabac multiplie son risque de survenue par 3 en moyenne 21 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Le tabagisme, un problème deLes recherches épidémiologiques mènent de sécurité alimentaire dans les pays d’Afrique: à une conclusion selon laquelle le ta- on estime que 200 000 hectares de forêts dis- bac est la première cause de morta- paraissent chaque année en raison de la plan-lité évitable dans le monde. En effet, le ta- tation de tabac, cette déforestation touchebac tue petit à petit et par conséquent est principalement les pays en développement.un tueur silencieux qui constitue réellement Les maladies non transmissibles( MNT)un problème de santé publique important. telles que les maladiesLe tabagisme est la première cause d’incendie : cardiovasculairesLes appartements habités par des fumeurs ont les cancers, le5 fois plus de chances de connaître un incen- diabète et lesdie que les appartements de non-fumeurs. maladiesLa baisse de la productivité : les victimes meurent respiratoirespendant la période la plus productive de leur vie, chroniquesprivant ainsi les familles de leur soutien et les sont désor-nations d’une main d’œuvre en sante. même en- mais lescore en vie les fumeurs sont aussi moins produc-tifs en raison de l’augmentation de la morbidité. princi-L’Appauvrissement des ménages : il existe un lien pales causes deindissociable entre le tabac et la pau- mortalité dans la plupart desvreté. De nombreuses régions du monde et le tabac consti-études ont montré tue le principal facteur de risque de ces mala-que, dans certains dies chroniques. En effet, il est responsable à 71pays à faible reve- % de tous les décès dus au cancer du poumon,nus, les ménages à 42 % des maladies respiratoires chroniquesles plus pauvres et a près de 10 % des maladies cardiovascu-consacraient jusqu’à laires. Il est aussi responsable de 7 % des dé-10% de leur dépenses au cès dus à la tuberculose et 12 % des décès dustabac. cela signifie que ces familles ont moinsd’argent pour satisfaire des besoins essentielscomme l’alimentation, l’éducation ou les soins.L’Altération de la qualité de vie des malades du fait desnombreuses pathologies dont ils sont victimes.Détournement des terres cultivables qui auraientpu contribuer à résoudre l’épineux problèmeDocta Magazine N°2-Juillet 2016 22

santé publique et d’économie?Deuxième cause de mortalité et quatrième mort prématurée attribuable au tabagisme, coût facteur de morbidité dans le monde, Les de mortalité lié à la perte de gain futur due à coûts économiques du tabagisme sont tout la mort prématurée attribuable au tabagismeaussi dévastateurs et ne se limitent pas aux dépenses Coûts externes : en fait, les consommateurs dude santé publiques pour traiter les maladies pro- tabac deviennent dépendants et dépensent énormé-voquées par le tabac. Il existe différentes manières ment pour se procurer une quantité souhaitée ded’évaluer les coûts du tabagisme et il est impossible tabac. Le montant moyen consacré à 20 cigarettesde tous les chiffrer. Les économistes ont cependant manufacturées étant de 436 F CFA au Camerounélaboré des modèles qui permettent d’évaluer et de Coût pour les finances pu-chiffrer le coût de cette drogue pour la collectivité et bliques : il s’agit du coût pour les soinspour les finances publiques. Il s’agit entre autre de : et dépenses en matière de prévention.Coût direct : les dépenses engagées par l’état pour En outre, contrairement aux idées reçues, le tabaclutter contre les maladies dues au tabagisme et ses ne rapporte pas ; mais induit un coût extrêmementconséquences (les dépenses publiquesrétractées dans le bud- élevé à la collectivité : Tabac et pauvreté formentget de l’état). à eux deux un cercle vicieux. Dans la plu- part des pays, le tabagisme est générale- Egale- ment plus répandu parmi les pauvres. ment les res- C’est pourquoi les dépenses de tabac sources engagées par représentent une part importante les collectivités locales du revenu des familles défavorisées. Coût indirects : les jour- Au Cameroun, chaque fumeur dé- nées de travail perdues et leur indem- pense en moyenne la somme de 4691nisation en raison des arrêts maladies, coût de francs Cfa par mois, pour acheter desmorbidité associé au manque à gagner dû à la cigarettes. Ce qui correspond à 8,9% du Produit intérieur brut (PIB) mensuel par habitant, révèle le Global Adult To- bacco Survey (GATS), enquête réalisée par l’Institut national de la statistique (INS), avec le concours du ministère camerounais de la Santé publique et l’Organisation mondiale de la Santé. A en croire la même source, le phénomène du tabagisme au Cameroun est plus accentué chez les personnes située dans la tranche d’âge 25- 44 ans, où la dépense mensuelle pour l’achat de cigarettes dépasse 5000 francs Cfa par fu- meur ; tandis que les 15-24 ans dépensent en- viron 4123 francs Cfa chaque mois pour fumer 23 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Le tabagisme, stFace au tabagisme et ses conséquences, l’OMS s’est engagée dans la lutte contre ce fléau en adoptant à sa 56éme assemblée tenue en Mai 2003 : La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antita- bac (CCLAT). Entrée en vigueur en février 2005, elle est un instrument juridique international depromotion de la santé, qui vise à préserver les générations présentes et futures des effets dévastateurs du ta-bac, par la mise en œuvre des mécanismes de réduction de l’offre et de la demande du tabac et de ses produits.En 2008, l’OMS a également lancé une démarche d’un bon rapport coût/efficacité pour accélérer l’applica-tion des dispositions de la Convention-cadre de l’OMS. Intitulée MPOWER, celle-ci se décline en une sériede «bonnes pratiques» et de «meilleures pratiques» destinées à réduire la consommation de tabac. Chacuned’elles correspond à au moins une disposition de laConvention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.MPOWER :une conception de la lutte antitabacMonitor: Surveiller la consommation de tabacet les politiques de préventionProtect: Protéger la population contre la fuméedu tabacOffer: Offrir une aide à ceux qui veulent renon-cer au tabacWarn: Mettre en garde contre les dangers dutabagismeEnforce: Faire respecter l’interdiction de la pu-blicité en faveur du tabac, de la promotion et duparrainage Raise: Augmenter les taxes sur le tabac la consommation parmi les fumeurs actuels et elle empêche les anciens fumeurs de recommencer. LesDans le cadre de l’engagement envers une nouveaux fumeurs, qui sont souvent pauvres et « Afrique sans tabac », la majorité des pays jeunes, sont les plus sensibles au prix africains ont ratifié ou adhéré à la Conven- La Protection contre l’exposition au tabagisme passiftion-cadre de l’OMS. En Afrique, il existe une com- Souvent appelés « espaces non-fumeurs », les en-mission pour la lutte antitabac dont le rôle principal droits publics interdisant le tabagisme constituentest de mettre en place des stratégies visant à réduire une étape importante vers la réduction de l’expo-les effets dus au tabac. Cette commission, après une sition au tabagisme environnemental et la protec-analyse des efforts de la convention cadre de l’OMS tion des non-fumeurs. Dans les pays et États ayantpour la lutte antitabac (CCLAT) visant à prévenir et adoptés des interdictions de fumer, on a noté uneà lutter contre le tabagisme a opté pour l’adoption réduction de la prévalence de tabagisme et une amé-et la ratification de cette convention. Ainsi, sur cette lioration des résultats dans le domaine de la sante.base la Commission est parvenue à un consensus sur Ces pays ont interdit de fumer dans les établisse-les mesures que les responsables africains et autres ments de soins de santé, établissements d’enseigne-parties prenantes devraient prendre pour combattre ment autres que les universités, services publics, bu-cette menace croissante. Il s’agit notamment de : reaux et autres lieux de travail non pris en compteLa réduction de la demande par le biais de la politique ailleurs, restaurants ou installations principalementfiscale; C’est une stratégie importante dans la lutte consacrées à la restauration, et transports publics.antitabac, La consommation de tabac étant affec- Protection de l’environnement: Dans le cadre des obli-tée par le prix du produit, l’augmentation du prix gations énoncées dans l’article 18 de la CCLAT, lesest l’un des moyens les plus efficaces de réduire les Parties conviennent de protéger l’environnement etachats. L’imposition de taxes à près de 70 % aurait la santé des personnes participant à la culture et à laun triple effet sur la limitation de la consommation fabrication du tabac.: elle constitue un obstacle à l’initiation, elle réduitDocta Magazine N°2-Juillet 2016 24

tratégies de lutteL’Interdictions de la publicité en faveur du tabac, de la du produit, mais des données factuelles indiquentpromotion et du parrainage; L’industrie du tabac uti- que les mises en garde sanitaires encouragent les fu-lise la publicité directe et indirecte, et des stratégies de meurs à cesser et aident les jeunes à ne pas commen-commercialisation pour cibler les fumeurs actuels et cer à fumer. Exiger que les produits du tabac soienten recruter de nouveau. Ces stratégies ont du succès, vendus dans des paquets sans ornementation, sansparticulièrement pour les jeunes. logo, sans marque de commerce, sans décoration enEn effet les adolescents ont plus tendance à fumer couleur, mais incluant des mises en garde sanitaireslorsqu’ils sont exposés à des efforts de promotion réduit l’attractivité des produits et communique au consommateur l’effet qu’ils ont sur sa Santé. Aussi, baisse de prix ; aussi les enfants lorsqu’elles sont combinées à des campagnes média- achètent les marques qui font tiques nationales, les mises en garde présentes sur les l’objet de la publicité la plus in- paquets peuvent augmenter les taux de sevrage de 23 tense ; ils sont par ailleurs trois % et réduire les taux d’initiation de 20 %. fois plus influencés par la publi- Éducation, communication, formation et sensibilisation cité que les adultes. Cela est par- ticulièrement alarmant pour des du public pays africains ou la moitié de la En dépit des multiples publications de résultat d’études population constitue des jeunes. sur les effets nocifs du tabac, de nombreuses per- Cependant, L’article 13 de la sonnes ne sont pas conscientes des risques posés par CCLAT stipule que les Parties sa consommation ou les sous-estiment. Pourtant des devraient appliquer une inter- données factuelles exhaustives montrent que les cam- diction globale sur toute publi- pagnes médiatiques de masse (moyens de communica- cité en faveur du tabac, toute tion via la télévision, la radio, les panneaux d’affichage promotion et tout parrainage et l’internet) encouragent efficacement les fumeurs dans les 5 années suivant l’en- à cesser de fumer et dissuadent les jeunes de com- trée en vigueur de la Convention mencer, particulièrement lorsque ces campagnes sont Le Conditionnement et étiquetage accompagnées par d’autres interventions, telles que l’augmentation des taxes, des politiques non-fumeurs des produits du tabac : les fameux et des programmes de sensibilisation au niveau de lapaquets neutre: Les fabricants conditionnent les pro- communauté ou de l’établissement d’enseignement.duits du tabac de manière à rehausser la désirabilitéCameroun - Lutte La protection contre l’exposition Le Conditionnement et étique-contre le tabagisme à la fumée du tabac dans l’envi- tage adopté via la signature du ronnement qui est appliquée via 08 Juin 1999 de l`arrêté conjointLa lutte contre le tabagisme la décision du 08 Novembre 1988 MINSANTE/MINDIC sur le au Cameroun s’appuie non du ministre de la santé portant marquage des paquets de tabacpas seulement sur de multiples sur l’interdiction de fumer dans Interdictioncomplèteetrestrictiondécisions du Ministre de la San- les institutions et formations de la publicité en faveur du tabac,té Publique, mais aussi sur les sanitaires publiques. le Came- de la promotion et du parrainageapports de groupe d’experts sur roun pourrait suivre le modèle Élimination du commerce il-le tabagisme au Cameroun no- de sa commune de Bamenda 1er licite des produits du tabactamment la coalition camerou- qui est la première commune et Au Cameroun, la mesure de pré-naise contre le tabac (C3T) . la seule déclarée non-fumeurs. vention à travers l’éducation, laOutre cela, le Cameroun se Les mesures financières et fis- communication, la formation et lacompte parmi les pays ayant ra- cales : il s’agit là d’augmenter sensibilisation du public reste as-tifié la convention cadre de lutte de 10% le prix de la cigarette sez faible tout comme l’insertionantitabac de l’OMS par laquelle et de 70% pour les produits is- des enseignements portant sur lebon nombres de dispositions qui sus du tabac afin de faire bais- tabagisme dans les programmesy sont prévues sont appliquées au ser sa consommation et freiner pourtant, elles seraient d’une effi-Cameroun il s’agit entre autre de : les plus pauvres dans leur élan cacité indéniable dans cette lutte 25 Docta Magazine N°2-Juillet 2016



Focus La Clinique des a d o l e s c e n t s par Alexandra KAMDEM & Dr Aubin BALEBASelon l’OMS, l’adolescence est la période de croissance et de développement humain qui se restreignent l’accès des adolescents aux informations situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges et services de santé génésique et lorsque ces servicesde 10 et 19 ans. Il s’agit d’une période de transition existent, l’attitude des prestataires vis-à-vis des ado-critique dans la vie avec l’apparition de la puberté. lescents sexuellement actifs constitue un obstacle.Pendant cette période, nous assistons à de nom-breux changements parmi lesquels l’évolution des Au Cameroun en Octobre 2015, les jeunes deattitudes, des comportements sexuels, acquisition 10 à 24 ans constituaient 34,1% de la popula-des compétences nécessaires pour remplir son rôle tion et déjà 50% de filles et plus de la moitiéd’adulte et établir des relations d’adulte…, s’il s’agit des garçons, âgés de 15 à 19 ans était sexuellementd’un moment de croissance et de potentiel excep- actifs. Pour augmenter l’adhérence de ces adoles-tionnel, c’est également un moment où les risques cents aux services et suivi médical qui leur sontsont importants et au cours duquel le contexte offert, il a été mis sur pied par l’UNFPA une initia-social peut exercer une influence déterminante. tive « youth friendly services » ou services adaptésDe nombreux adolescents doivent faire face à des aux jeunes dans 5 hôpitaux du pays pour un débutpressions qui les poussent à consommer alcool, dro- (hôpital régional de Bertoua, hôpital régional degues, tabac,… et à avoir des relations sexuelles pré- Ngaoundéré, hôpital régional de Maroua, hôpitalcoce ce qui leur fait courir un risque élevé de gros- régional de Garoua, district d’Abong-Mbang) et quisesse indésirée, d’IST, de VIH, … la consommation vise d’ici 2017, la création dans le pays de 25 pointsde ce qui a été cité plus haut peut avoir un impact sur de prestation offrant des services en santé de la re-la santé mentale et peut causer un problème d’adap- production des adolescents. Ces unités de santé detation à long terme. Face à ces différentes pressions la reproduction permettent aux adolescents d’avoirl’adolescent a besoin de beaucoup de soutien de sa un espace qui leur ai dédié, un personnel formé pourfamille, communauté, services de santé pour réussir les écouter, les conseiller, les orienter et répondreun passage serein de l’enfance à l’âge adulte, ces ac- à leurs préoccupations relatives à la santé sexuelle.teurs ayant pour rôle de promouvoir le développe- Dans la même lancée, le 21 juin dernier, le Ministrement et l’adaptation des adolescents et d’intervenir de la Santé Publique a inauguré officiellement l’uni-efficacement lorsque des problèmes se posent. Mais té santé de reproduction des adolescents de l’hôpi-il est à noter que très souvent les lois et politiques tal Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé.

Dr Afounde Jeannette, Mdeésdeacdionlespscéecniatlsisetet ddeesSaaunttréesPugbroliuqpuees ciblesChef de service de la santéau Ministère de la Santé Publique, éclaire sur les cliniques des adolescents comanie et autres pratiques néfastes; • préparer les individus, à une vie familiale harmonieuse et à une vie sexuelle saine et responsable. Le ministre de la santé vient d’inaugurer la clinique des adolescents de l’Hôpital gy- néco-obstétrique et pédiatrique de Yaoun- dé. Quelles activités y seront menées? De manière générale comme pour toutes cliniques on y assure des consultations mais avec la particula- rité que les horaires sont adaptés, les consultationsysontgratuitesetleper- sonnel est formé pour gérer les pro- blèmes spécifiques des adolescents. Ils peuvent venir y poser des ques- tions relatives à la sexualité et tous autres troubles. il y a des psycholo- gues prêts et on y retrouve aussi des groupes d’éducations thérapeutiques pour les adolescents qui vivent avec des pathologies chroniques. Bref ils ont tous les soins et toute l’attention dont ils ont besoin Quel est le lien entre ces unités SRA et les centres multifonctionnels de promotion de la jeunesse?La santé de reproduction des adolescents semble Le lien est en train de se formaliser,etre un concept nouveau au Cameroun. Pou- bref on souhaiterait que ses structures d’encadre- ment des jeunes, puisse servir de base arrière desvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ? unité SRA, que l’on puisse y recevoir des jeunes qui pourront être référés dans les unités au besoin.En fait, ce n’est pas un concept nouveau, cette emphase vient du fait que la commu- Après Ngaoundéré, Garoua , maroua, Abong Mbang et Yaoun- nauté internationale c’est rendue compte dé, quel bilan a-t-on à ce jour du fonctionnement de ces struc-qu’investir sur la santé des adolescents est le tures,etquellessontlesperspectivespourcetteannée2016?meilleur risque à prendre, car les acquis pour-ront être transmis de génération en génération. Comme toutes les nouvelles structures, les chosesElle consiste à : avancent doucement, les unités se font de plus en plus• assurer la prévention et la prise en charge connaitre par les jeunes et les parents, et le taux de fré-des pathologies, des dysfonctionnements quentations vont crescendo. Mais beaucoup reste en-sexuels et des troubles de la sexualité ; core à faire. Pour 2016,notre objectif est de réellement• réduire les taux de morbidité et mortalité liés aux IST faire connaitre les unités et faire en sorte que toutes/VIH et sida, aux maternités précoces, aux grossesses les régions puissent avoir au moins une unité SRA.non désirées, aux avortements, à l’excision, à la toxi-Docta Magazine N°2-Juillet 2016 28

Rencontre avec... Mme ADAMOU née MISSA Christine Noelle, Responsable de l’unité SRA de l’Hopital régional de MarouaVous êtes responsables de l’Unité SRA de l’Hô- tations, les IST avec 43 cas, le counselling de 42pital régional de Maroua. Pouvez-vous nous jeunes vivant avec le Vih/sida, 35 jeunes avaient consultés dans le cadre de la communication pourLdécrire le fonctionnement de cette unité? le développement et 33 pour des grossesses in- ’unité SRA existe depuis deux ans, par un ap- désirées, et nous avons eu à gérer 12 cas de viols. pui de l’UNFPA, qui a également fourni les in-trants. Elle accueille les adolescents de 10 à 24 ans, Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre pratiqueet est ouverte du lundi au vendredi entre 8h et quotidienne ?15h30. Nous pouvons toutefois intervenir à toute La première difficulté est liée aux ressources hu-heure en cas d’urgence, notamment les cas de viol. maines, je travaille toute seule au sein de l’unité.Quelles sont les activités menées au sein de cette unité ? Egalement, je n’ai pas de moyens à ma disposi-L’unité mène auprès des jeunes des activités de tion pour faire connaitre l’unité et attirer plus desensibilisation, de planification familiale, d’édu- jeunes, par conséquent nous ne menons pas des ac-cation thérapeutique chez des patients envoyés tivités de sensibilisation ou des séances d’IEC. Enpar le centre de traitement agréé du VIH/Sida. interne nous pouvons noter le circuit du maladeNous sommes également amenés à faire des qui n’est pas bien établi et la plupart des patientsconsultations prénatales chez les adolescents que jeunes s’arretent au service de Plnaification fami-nous avons convaincu de préserver la grossesse. lale. Nous souffrons aussi du manque d’intrants per- mettant d’assurer la gratuité des soins aux jeunes.Après deux années de mise en œuvre, combien de per-sonnes avez-vous déjà effectivement prises en charge ? Que pouvez-vous suggérer pour améliorer la pris enNous avons accueilli environ 1000 jeunes depuis charge au sein de l’unité SRA ?l’ouverture du centre. En 2015 spécifiquement, Nous souhaitons avoir du personnel supplémentaire,le centre a reçu en matière de planification fami- des intrants pour permettre aux jeunes d’etre pris enliale 198 demandes de préservatifs masculins, 68 chargeetdesmoyensnouspermettantd’attirerlesjeunes.cas d’injection de contraceptifs et 29 jeunes dési-rant la pilule du lendemain. Sur le plan des consul- 29 Docta Magazine N°2-Juillet 2016

Opinion Dr Joseph Mekong* Et si le peuple camerounais combattait pour et avec ses médecins au lieu de les combattreDes événements pathétiques se produisent dans nos hôpitaux borde on ne peut empêcher que l’eau se verse. ces derniers mois. L’affaire Kou- Le visage serein que présente le médecin en mateke de Laquintinie à Doua- tout temps c’est juste que, pour le bien du pa-la, l’affaire des bébés prématurés de l’hôpi- tient le soignant doit presenter une allure detal central de Yaoundé, récemment l’affaire dignité, ne pas laisser transparaitre ses pro-Guiffo de la Quintini et bien d’autres affaires blèmes. Mais Savez vous qu’il y a des méde-plus ou moins médiatisées, sont autant d’évé- cins qui viennent à l’hôpital à pied, ont à peinenements malheureux qui ont fini par ter- un repas par jour, qui n’arrivent pas à payer lesnir l’image de l’hôpital et de son personnel. soins de santé de leur femme ou enfants, qui emprunte des couches ou utilisent de viellesNous avons été marqué par un fait: le traite- couches pour leurs nouveaux né, qui parfoisment de l’information a été fait de manière sont obligés d’accoucher leurs femmes à laà incriminer au forceps les médecins dans maison, qui n’arrivent pas à payer convenable-ces affaires où pour la plus part, ils n’inter- ment la scolarité de leurs enfants? Savez-vousvenaient pas directement ou avait fait le né- que lorsqu’un médecin arrive à l’hôpital aucessaire pour leurs patients. Parfois même Cameroun il doit payer ses soins au mêmej’ai cru voir ce peuple oublier que même titre que les autres usagers, sans aucune ré-quand on a fait le nécessaire, le patient duction, sans aucun avantage lié à la profes- l’étranger (France, USA, Canada, ...).peut toujours mourir, sinon en occident les sion? Avant l’affaire Koumateke, une jeunegens ne mourraient pas dans les hôpitaux, femme (d’ailleurs amie personnelle) médecin Un peuple conscient et sérieux dans ce cadresinon tous ceux qui bénéficient d’évacua- est décédé dans l’hôpital où elle travaillait à se lèverait pour combattre pour son médecin,tions sanitaires reviendraient sains et saufs. Douala parce que ses soins avaient été différés mais le peuple camerounais combat plutôt fautes d’argent pour payer la caution exigée. son médecin. Nous comprenons que l’étaitLoin de moi l’idée de dédouaner qui que ce Savez-vous que malgré les risques, l’exposi- de pauvreté, de précarité, de malaise danssoit. Sauf qu’il m’est apparu que le peuple et tion aux maladies diverses et quotidienne, le lequel vit le peuple camerounais le pousseles journalistes n’ont pas cherché à investi- médecin Camerounais ne bénéficie d’aucune à chercher qui sacrifier, le médecin a été unguer sur les vrais problèmes, mais ont fait prime de risque comme cela est le cas ailleurs? bouc émissaire facile. Face à cette situation lesdu médecin un bouc émissaire; d’ailleurs le médecins toujours animés du soucis de bienGouvernement l’a tellement bien compris La société camerounaise a clochardisé son traiter leurs patients, se sont organisés récem-qu’il a limogé les Directeurs des hôpitaux médecin et maintenant qu’elle récolte le ment en syndicat pour défendre leurs intérêtsincriminés, sanctionnés des médecins et fruit de son travail, elle le crucifie. Est-ce bien-sûr mais aussi les intérêts du patients,le peuple un peu bête (excusez du peu) s’en vraiment là tout ce que ce peuple peut faire car il n’y a pas de médecin sans patient. Leest réjouit et s’est tassé. Mais est-ce pour au- pour ses médecins? Tous les pays du monde le souhait est de voir ce peuple se rallier auxtant que les problèmes ont cessés? Que non! et même d’Afrique qui ont des systèmes de médecins pour mener le combat pour l’amé-L’hôpital la Quintini a continué à compter santé qui fonctionnent bien ont d’abord mis lioration du système de santé au Cameroun.ses morts, pour ne prendre que cet exemple. leurs médecins à l’abri du besoin. Quelques exemples: le médecin a un salaire de base au- En conclusion, lorqu’un enfant de 18 ans, sonQuel est donc le problème ? La réponse est tour 1000€ (600000 à 700000 FCFA) dans les BACC D ou C en poche, s’engage à entrer enfacile: le peuple s’est trompé de cible. J’avoue pays comme le Gabon, le Sénégal, la Burundi, faculté de médecine, supporter 7 ans d’études,que depuis la faculté de médecines, il y a des etc. En Afrique du Sud les internes des hôpi- 11 à 14 ans pour les spécialistes, c’est la pas-brebis galeuses. Il y a des étudiants qui ne taux (plus petit salaire) ont 2000€ ( équivalent sion ou l’amour pour le métier qui l’y amène.viennent pas au cours; il y en a qui en stage 1 310 000 FCFA) à la base. Or au Cameroun, La médecine est un métier de prestige, maisse faufilent, jouent au chat et la souris; il y en le médecin après 7 ans d’étude a un salaire de le Cameroun en a fait un metier de clochards.a qui passent des nuits blanches en boite de 155 à 300€ (entre 100000 et 200000 FCFA). Lorsque ce médecin fait la triste expérience denuit, cabarets pendant que les autres passent Vous comprenez que pendant que les autres ce système, il est obligé de prendre des déci-des nuits blanches à étudier; il y en a qui sont sérieux, nous jouons et nous voulons sions au forceps pour joindre les deux bouts:trichent aux examens, etc. Il est claire que avoir la même qualité qu’eux dans les soins. certains font de l’élevage ou de l’agriculture,sur le terrain ceux là se remarqueront néga- d’autres consultent dans plusieurs formationstivement. Cependant l’immense majorité des On peut compléter ce tableau avec l’in- sanitaires, d’autres s’envolent vers des hori-médecins ne demande qu’à avoir les condi- suffisance du personnel qui augmente la zons où l’on traite le médecin à sa juste valeur,tions de travail et de vie qui lui permettent charge du travail au Cameroun; il y a chez certains sont hommes d’affaire, etc. Bien en-de travailler en toute quiétude et conscience. nous 1 médecin pour 10 000 habitants, tendu tout ceci, ajouté aux autres problèmes alors qu’en France on a 40 médecin pour le du système détériore la qualité des soins.La cible véritable est le système et la poli- même nombre d’habitants. Il y a le manque Nous devons combattre pour que les chosestique sanitaire du Cameroun, qui n’est ni de médicaments, le manque d’équipement, changent, et le médecin ne peut pas mener ceavant-gardiste ni volontaire et où les acteurs le délabrement des hôpitaux, l’insuffisance combat tout seul, le soutien du peuple, auxde premiers plan que sont les médecins et les des formation sanitaires, etc. Tout cela rend côtés de ses médecins, est plus que nécessaire.paramédicaux (infirmiers, aides-soignants,...) le travail du personnel de la santé très diffi-sont clochardisés, traités avec le plus grand cile au Cameroun. Le médecin camerounaismépris, croupissant dans la misère totale. consent donc d’énormes sacrifices pour exer- * Dr Joseph Mekong est Médecin généraliste Ac-En fait le peuple doit savoir que le personnel cer chez lui. Le problème de la qualité de la tuellement médecin-chef du Centre Médical d’Ar-de la santé au Cameroun consent des sacri- formation est un faux débat, puisque 30% des rondissement de Makak, il est également membrefices pour le soigner, mais lorsque le vase dé- médecins formés au Cameroun exercent à fondateur et commissaire aux comptes du Réseau des Médecins de District du Cameroun (REMEDIC)Docta Magazine N°2-Juillet 2016 30

AstuceLa nicotine contenue dans les cigarettes est une réelle drogue addictive. La dé-pendance au tabac est plus forte que celle à la cocaïne, c’est pourquoi le se-vrage tabagique est difficile provoquant également pas mal de désagréments.LLE GINGEMBRE sont quasi nuls. C’est à vous de tester, si ça ne marche e tabac contient des toxines qui sont des substances pas inutile d’insister. car d’autres moyens existent. nocives pour le fumeur. Accumulées dans l’orga- nisme , elles peuvent FAIRE DU SPORT : UNE MÉ-entraîner de nom- THODE EFFICACE POUR ARRÊ-breuses complications TER DE FUMERgravissimes. Lorsqu’on Le sport pour arrêter de fumer... unearrête de fumer, il est méthode imparable qui a déjà faitdonc essentiel d’élimi- ses preuves. La pratique d’une activi-ner au plus vite toutes té physique est une aide très précieuseces mauvaises toxines dans le combat contre la cigarette.qui contaminent tout Tout exercice physique accélère le se-l’organisme. Un des vrage pour plusieurs raisons. En pre-symptômes de sevrage mier lieu, parce que lorsqu’on fait dules plus courants du sport, on ne fume pas ! Ensuite, aprèstabagisme est la nausée, un bel effort sportif, on a envie dequi peut être facilement tout, excepté de fumer une cigarette !atténué par la prise Enfin, toute activité physique entraînede jus de gingembre. La une production d’endorphines : cesprise de gingembre favorise également la transpiration dernières procurent une sensation de bien-être in-etaideàl’éliminationdestoxinesdutabacdel’organisme. tense et profond. Les mêmes sentiments éprouvés lorsqu’on fume une cigarette ! Chaque bouffée deLE SEL POUR ARRÊTER DE FUMER : UN nicotine apporte des sentiments de plaisir au cer-PEU DE SEL À CHAQUE ENVIE ! veau qui se met à produire des endorphines. LaDepuis 2 jours vous n’avez pas touché à une cigarette méthode consiste donc à faire du sport pour pro-et vous êtes fermement décidé à arrêter de fumer pour duire des endorphines : du coup, vous vous sentezde bon. Mais l’envie est toujours là, elle ne vous lâche heureux comme-ci vous aviez fumez une cigarette !pas et vous avez le sentiment que vous finirez par céder.Pas de panique. A chaque fois que vous avez envie defumer, mettez une pincée de sel sur la langue, ou bu-vez un verre d’eau salée. Attention à ne pas mettre tropde sel, sinon vous allez avoir envie de vomir. Aussi,lorsque vous êtes en manque de nicotine, votre orga-nisme réagit à ce manque non pas de manière continu,mais à intervalle régulier. En règle générale, une enviene dure pas plus de 3 minutes. Durant ce laps de temps,le sel peut vous être très utile pour limiter le pouvoir «attractif » de la cigarette ! Pour certaines personnes cetteméthode fonctionne très bien, pour d’autres les effets 31

L’EAU La cigarette électroniqueDiversBoire beaucoup d’eau est l’ultime recours pourtraiter l’habitude de fumer. L’eau aidera à détoxi- par Yasmine MAYOfier le corps. Chaque fois que vous avez l’enviede fumer, prenez un verre d’eau. Cela permettra EORIGINE ET HISTORIQUEnon seulement de réduire l’envie, mais permettra n 2000 le pharmacien chinois et fumeur invé-également de réduire les symptômes de sevrage. téré HON LICK aurait eu l’idée de la cigaretteLE POIVRE DE CAYENNE électronique dans son rêve .Selon ses propresLe poivre de Cayenne est aussi l’un des meilleurs mots « l’idée de la cigarette électronique m’est venuremèdes naturels pour arrêter de fumer. Inclure les dans un rêve j’avais de la toux et une inspira-épices dans votre alimentation ou mélanger quelques tion sifflatante, j’imaginais que je me noyais jusqu’a cepincées dans un verre d’eau. Le poivre de Cayenne que soudain les eaux autour de moi se sont le-aide à désensibiliser le système respiratoire à toutes vées dans un brouillard. » Mais ce n’est qu’en 2003les choses de dépendance, comme le tabac et la nico- suite à la mort de son père par un cancer de pou-tine. Il contribue également à réduire l’envie de fumer. mon et voulant éviter de subir le même sort queL’EXTRAIT DE PÉPINS DE RAISIN son père, LICK a concrétisé l’idée de son rêve et aConsommez de l’extrait de pépins de raisin pour créé la première cigarette électronique. Il présenteréparer les dégâts des poumons, dus au tabagisme. une invention concernant une cigarette électro-LE JUS DE RAISIN nique avec atomiseur qui contient la nicotine sansLe contenu acide de jus de raisin aidera à rincer la ni- nocivité au goudron, l’avantage de cet inventioncotine dans le corps, donc boire du jus de raisin tous est de pouvoir fumer sans goudron et donc réduireles jours pendant que vous êtes prêt à arrêter de fumer. significativement les risques de cancer de pou-LE GINSENG mon de plus les utilisateurs continuent d’avoir uneAjouter une cuillère à café de poudre de ginseng sensation de fumer. Il faut annoter que l’idée n’estdans votre petit déjeuner pour aider à réduire l’en- pas nouvelle et que des brevets ont été déposévie de fumer. Le ginseng est un remède efficace pour antérieurement à l’instar de JOSEPH ROBIN-empêcher la libération de la dopamine, l’un des SON et d’autres mais l’idée n’était pas de proposer uneprincipaux composants trouvés dans la nicotine. alternative aux fumeurs d’où le premier a été LICKLE MIEL FONCTIONNEMENT ET DESCRIPTIONLe miel est un excellent remède dans le trai- Le principe de la cigarette électronique est l’inha-tement du processus de cessation du taba- lation de vapeur aromatisée obtenu grâce à unegisme. Le miel contient des vitamines béné- réaction chimique. La cigarette électronique fonc-fiques, des enzymes et des protéines, qui aident tionne toujours quelque soit sa marque selon leà renoncer à l’habitude de fumer avec facilité. même principe, un atomiseur qui envoi de la va-ESSAYEZ LES CIGARETTES À BASE DE peur dans une cartouche, grâce à une réactionPLANTES provoque par un système électronique alimenteVous pouvez également essayer les cigarettes à par une bactérie. Dans l’atomiseur la lumière enbase de plantes qui ont 0% de nicotine en eux. coton est trempée dans un e‐liquide, par pres-Elles sont faites avec des herbes, comme la men- sion de l’utilisateur sur le bouton de démarrage unethe, la cannelle, réglisse, citronnelle, maïs, ou résistance entourant la mèche est créée et lale trèfle. Mais, elles ne devraient pas être utili- mèche se met à chauffer, mélangeant la vapeursées pendant une longue période de temps, car dégagée à l’air ; ce mélange est ensuite entrai-elles contiennent également des agents cancéri- né par l’aspiration de l’utilisateur dans la cartouchegènes et vous gardez toujours le geste de fumer. directement en contact avec les lèvres. LE PRIX par Christelle Monique ANGOULA Le prix de la cigarette électronique est sou- vent exprimé en dollars car la majorité des cigarettes électroniques proviennent de la chine, mais en te- nant compte de la marque et de chaque pays se prix varie énormément (en tenant compte de la conversion des frais de transport et la douane ainsi que les bénéfices) par exemple en France le prix varie de 6 à 10 euros .Docta Magazine N°2-Juillet 2016 32

Le livre du moisLEFFICACITE ET MECANISME D’ACTION par Emilie ZOGNING es données sont bien claires au- jourd’hui, les risques liés à la ci- garette électronique sont bieninferieurs à ceux que l’on retrouve avec le tabac.Un pneumologue affirme que un an de cigaretteélectronique est équivalent à un jour d’usagedu tabac, la cigarette électronique à un effet surl’arrêt du tabagisme. Une nouvelle étude enFrance montre le taux d’efficacité de 36% dans lesevrage tabagique. efficacité L’ effi-cacité de la cigarette électroniquea double effets ,le fort pouvoiradditif de la fumée de tabac est lié en effet à l’ex-trême rapidité avec la nicotine jusqu’au cerveauprocurant une sensation de vou-loir fumer immédiat fortement as-socie au tabac ,avec le vapotagede la cigarette électronique la nicotine parvientlégèrementmoinsviteaucerveau,lesutilisateursparviennent plus facilement à espacer les priseset à diminuer les doses ,à condition de ne pasentretenir le processus de récom-pense immédiat comme avec le tabac .LES RISQUESLe principal risque aujourd’hui pro-vient du sur chauffage des dispo-sitifs quand le réservoir est vide,les températures élevées pro-voquent en effet la formation dessubstances extrêmement toxiquescomme les formaldéhydes ou del’acroléine ,un effet d’ailleurs res- Les actions de sante publique étudiées dans cet ouvrage concernent la priseponsable de la grande toxicité du en charge de la tuberculose en Afrique, les difficiles relations entre soi-tabac .L ‘accumulation des microbes dans la gnant et malades ,les raisons du non -recours spontané aux soins ainsi quecartouched’aspirationlorsquel’usagess’estfaite la complexité du traitements son appréhendées à travers le vécu des ma-plusieurs fois est souvent responsable des infec- lades . En dépit des quelques succès, les auteurs constatent des discordances.tions( dus à la pénétration des microbes dans les Ce livre vient rappeler que la lutte contre les maladies requiert une compré-muqueuses perméables) . Cer- hension du mode d organisation sociale dans laquelle évolue les individus.taine personne utilise encore la ciga-rette électronique et n’arrive plus à Humourse débarrasser de cet outil, qui perd donc sonefficacité qui était d’aider au sevrage tabagiqueDISPONIBILITE DE LA CIGARETTTE ELEC-TRONIQUE AU CAMEROUNLes étrangers et certains camerou-nais qui vivent dans les pays étran-gers sont les principaux livreursde cigarette électroniques au Ca-meroun, ils fournissent la ciga-rette électroniques dans les supersmarchés, ainsi qu’a leurs connais-sances pour qu’ils la vendent dansleurs entourages. Au Camerounles principaux consommateurs de ci-garettes électroniques son lesjeunes (car ils les trouvent plusfacilement grâce à leurs connais-sances) à titre de vanterie et de pres-tige dans les boites de nuits ; lesprix varient en fonction de lamarque allant de 14000 à 45000milles, cet outil n’est pas encore bienconnu ainsi que son impor-tance dans le sevrage du tabagisme. 33 Docta Magazine N°2-Juillet 2016


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