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Published by AGEFI, 2015-05-19 07:27:27

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Les sœurs BottiglieriShipping des matières premières CHANTAL PEYER Négoce et enjeux humains VICTORIA ATTWOOD SCOTT Règlementation internationale MARGARITA LOUIS DREYFUS Actionnaires responsables BEATRICE HELG Légèreté du métal DÉCEMBRE 2014 NUMÉRO 5

Pour une réconciliation entrel’environnement et l’économie )RQGDWLRQUHFRQQXH G¶XWLOLWpSXEOLTXHGHSXLV 6287(1(=126352-(76 3$581'2148(9286 32855(='(),6&$/,6(5

EDITOCes matières premièressans lesquellesnous ne saurions vivre PAR NICOLETTE DE JONCAIRE et café) voyageaient. Aujourd’hui les ressources na- RÉDACTRICE EN CHEF turelles sont transportées par milliards de tonnes. L’ascension de nouvelles puissances économiques,M atières premières, ressources natu- la forte accélération de la croissance et la poussée relles, produits de base: trois termes démographique ont toutes été tributaires de la for- qui qualifient ce que la terre offre aux midable expansion du commerce mondial des deux hommes et dont le commerce a été, derniers siècles. Depuis le milieu du XIXe siècle, lade tous temps, un fondement de nos civilisations. population mondiale s’est multipliée par six, la pro-Routes de l’ambre, de l’argent, de l’or, des épices, duction par soixante et le commerce par 140. Surdu sel, de la soie. Depuis des temps immémoriaux, les 30 dernières années, le commerce mondial desles richesses de la terre sont portées et vendues là marchandises et des services commerciaux a aug-où elles font défaut. menté d’environ 7% par an en moyenne, pour at-La baisse spectaculaire des coûts de transport a teindre en 2011 un niveau de 22 000 milliards deentraîné l’augmentation et la diversification des dollars. En volume, les échanges de marchandiseséchanges. Trains et camions ont remplacé les cha- ont plus que quadruplé entre 1980 et 20111. Com-riots, tankers et vraquiers se sont substitués aux bustibles, produits miniers et produits agricoles re-barques. Autrefois, seuls les produits dont le prix présentent environ le tiers des exportationsau poids était élevé (épices, métaux précieux, thé mondiales. Une part qui tend à baisser vis-à-vis de celle des produits manufacturés avec la progres- sion économique des pays émergents. Avec ses déséquilibres et ses injustices, le com- merce des matières premières a aussi participé à la réduction de la pauvreté par une meilleure dis- tribution des ressources. Malgré une croissance démographique rapide, des terres arables limitées et un accroissement des revenus, le prix des produits agricoles sur les marchés internationaux est resté relativement stable sur les 20 dernières années. Maisons de négoce et sociétés de transport sont les grands acteurs du commerce des matières pre- mières. Leur rôle est peu connu, leur fonction mal comprise. C’est pourquoi nous sommes allées à la rencontre de celles qui travaillent dans ces secteurs afin de mieux saisir leur univers. — 1. Les chiffres sont extraits du Rapport sur le commerce mondial 2013, Organisation Mondiale du Commerce.— WORK #05 — 3

SOMMAIRE 05 NUMÉRO Sommaire 12 03 Edito IMPACT 08 Contributeurs4 © Ph. Micheli, Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping BUSINESS 10 Négoce et fret Par Yasmina Rauber, directrice générale d’Alcotra et présidente de WISTA Suisse 12 Mariella Bottiglieri Une affaire de famille 16 Le respect des droits humains Chantal Peyer, Pain pour le Prochain 18 Négoce du grain en Ukraine Yuliya Shekhovtsova, GrainBoard 20 Le négoce peu réglementé? Victoria Attwood Scott, Mercuria Energy Trading 24 Une large gamme de risques Emma Stroud, Trafigura 26 Produits de base, shipping et droit Par Kathryn Martin, Etude Holman Fenwick Willan 29 Matières premières et investissements Par Rima Haddad, ETF Securities 33 Négoce physique et règlementations Elizabeth Warren, Verena Ross, Lucy Neville Rolfe PHOTO DE COUVERTURE: M/T Mariella Bottiglieri, 40 000 T, construit en 2002 — WORK #05 —

Cette année, le plus beau cadeau de Noël ne pèse que 1,66gVotre don fait la différence ! 50 CHF 85 CHF 120 CHF et je finance les et je prends en et j’offre un moissemences et les outils charge le matériel d’alphabétisation pour la culture d’un scolaire d’un enfant à 40 jeunes. potager scolaire. pendant un an.ch. Frank-Thomas 31, 1223 Cologny - Genève Depuis plus de 50 ans, Terre des Hommes Suisse s’engageTél. (41) 022 737 36 36 pour l’enfance et un développement solidaire. Elle soutientwww.terredeshommessuisse.ch une cinquantaine de projets répartis dans dix pays du Sud. Grâce à vous, des dizaines de milliers d’enfants et leur famille ont pu bénéficier d’un appui en 2014. CCP 12-12176-2 IBAN CH56 0483 5036 4896 2102 2

SOMMAIRE 34 Des actionnaires responsables SOCIÉTÉ 20 Margarita Louis Dreyfus, Louis Dreyfus Holding 34 3 6 Les multiples visages du négoce Par Silviane Chatelain, GTSA 38 Eternel âge d’or Joana Vasconcelos, Sylvie Fleury 40 Partenariats et agenda 42 Paroxysme de la légèreté du metal Béatrice Helg 45 Livres TENDANCES Bernadette Mérenne-Schoumaker, Atlas mondial des matières premières, Les TOP de WORK 46 Design Nirvana Les étranges formes du plaisir 48 Mode Conscience éco-responsable © Courtoisie Mercuria Energy Trading Bina Baitel, Saddle Swing, 2013, © F. Kleinefenn, Courtoisie NextLevel Galerie466 — WORK #05 —

Family Score Award 2015 E FAVORABLE À LENTREPRIS A FAMILLEFAMI LY SCORE jo b e t f a m i l l e.c h 2015LA CLÉ DU SUCCÈS Entreprise favorable aux familles/H)DPLO\6FRUHHVWXQ FKL΍UH HQWUHHW  LOUHȵªWHOHpositionnement des entreprises favorables aux familles.Par tic ipe z au Fami ly Score Award ! jobetfamille.chFR3UR)DPLOLD6XLVVH 7HO LQIR#MREHWIDPLOOHFK 0DUNWJDVVH )D[ ZZZMREHWIDPLOOHFK%HUQH

CONTRIBUTEURS Avec nous Yasmina Rauber est directrice Rima Haddad est directrice des ventes Silviane Chatelain est au GTSA d’Alcotra, une société de négoce d’éthanol, institutionnelles pour la Grande-Bretagne devenu récemment STSA (Swiss Trading and depuis 2007. Elle a rejoint Alcotra en 1995 chez ETF Securities. Elle a rejoint la société Shipping Association) depuis 2008. Elle y est en 2009 pour y diriger la stratégie de notamment responsable du programme de après de nombreux séjours à l’étranger distribution en Europe et au Royaume-Uni.(NYC, Bruxelles, Tel Aviv, Lisbonne). Elle était En mars 2011, elle a repris le formation et des relations avec les responsable des achats depuis la Chine et développement des affaires et les ventes départements de ressources humaines des membres de l’association. Elle a occupé des l’Inde avant de gérer les affrètements par pour la Suisse et le Moyen-Orient jusqu’à sa fonctions dans une société de trading de navires «chimiquiers». Yasmina est nomination actuelle en juin 2014. Elle a auparavant passé 4 ans chez Bloomberg grains puis s’est tournée vers le pétrole.présidente de WISTA Suisse (Women in Ship- Elle a aussi travaillé à la conceptualisation ping and Trading Association), une associa- dans les ventes en Grèce et au Moyen-Orient d’un catalogue virtuel de camions réformés puis sur des projets auprès de grands clients tion dont le but est d’améliorer le niveau pour l’Afrique de l’Ouest et a été de compétence des femmes dans le ship- institutionnels. Rima est diplômée en responsable du personnel, puis de laping et le négoce et d’attirer plus de femmes Business Management du King’s College communication et du marketing dans la qualifiées dans ce secteur d’activité. de Londres. banque privée. Kathryn Martin est une juriste Catherine Chazelle Anne-Hélène Decaux est britannique qui appartient à l’étude Holman Chavassieu est journaliste et historienne et historienne de l’art. AprèsFenwick Willan à Genève. Elle est spécialiste spécialiste de l’art contemporain. Depuis son avoir étudié à la Sorbonne et à UNSW àdu droit et de la résolution des conflits dans arrivée à Genève, elle a géré une galerie Sydney, elle rejoint l’agence culturelle dule secteur du négoce des matières premières d’art moderne et contribué à Private Banking réseau Aga Khan de Développement. En sur le thème de l’art contemporain. 2007, elle se spécialise en art moderne et et dans l’industrie du shipping, devant la Parallèlement à ses études de Lettres, contemporain et intègre le post-graduate Haute Cour de Londres et devant les Catherine a suivi les cours de l’école du program de Christie’s New York. Trois ans Louvre et travaillé chez Artcurial. Critique tribunaux d’arbitrage. Elle représente un d’art chez Galerie et Jardin des Arts, elle après, elle crée Anne-Hélène Decaux large éventail de clients – affréteurs, s’est vu confier la rubrique l’Art au Conseils, agence de conseil en collection quotidien puis, très vite, en a créée une armateurs, compagnies d’assurances et de seconde consacrée à l’Avenir du portrait. et événements culturels. Elle dirige la réassurance (P&I Clubs) et négociants – à Ce qui lui a valu d’interviewer les plus communication d’ArtViatic, est rédactrice en Genève et dans le monde entier. Kathryn a étudié le droit en Grande-Bretagne. Elle a grands maîtres français actuels. chef du blog News of the Art World et contribue à plusieurs magazines. travaillé à Athènes et à Londres. Editeur AGEFI SA rue de Genève 17, CH-1002 Lausanne, tél. 021 331 41 41, fax 021 331 41 10 / www.agefi.com, [email protected] • Direction: Olivier Bloch – [email protected] • Rédactrice en Chef: Nicolette de Joncaire - [email protected] • Rédactrice Beauté & Mode: Lucie Notari - [email protected] • Réalisation Maquette: Dominique Berthet - [email protected] • Publicité: Christian Nicollier - [email protected] - +41 21 331 41 32 • Finance: Carole Bommottet - [email protected] • Marketing: Khadija Hemma - [email protected] • Backoffice & Abonnement: [email protected] • Impression: Kliemo Printing, Eupen • Parutions: 2 fois/an • Copyright © La rédaction décline toute responsabilité pour les manuscrits et photos qui lui sont envoyés directement. Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité du magazine. Toute reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés est interdite, sauf autorisation écrite de la rédaction.8 — WORK #05 —

La lèpre est guérissable mais elle reste une maladie trop souvent négligée, qui continue detoucher des centaines de milliers de personnes dans le monde.Sans un traitement adéquat, elle laisse des séquelles irréversibles et provoque de graves handicaps.Basée à Genève, la Fondation CIOMAL permet aux plus démunis d’être soignés et opérés.CIOMAL soutient les anciens malades, souvent victimes d’exclusion, dans leur réhabilitationéconomique et sociale.Ne les oublions pas. Merci de votre généreux soutien.La Fondation CIOMAL vous souhaite de joyeuses fêtes. CCP 12-13717-1 IBAN CH16 0900 0000 1201 3717 1 BIC POFICHBEXXX FONDATION CIOMAL, 28A CH.DU PETIT-SACONNEX, 1209 GENÈVE, [email protected]

IMPACTNégoceet fret PAR YASMINA RAUBER, DIRECTRICE GÉNÉRALE D’ALCOTRA ET PRÉSIDENTE DE WISTA SUISSEL e négoce des matières premières est un facteur essentiel de développement et de prospérité éco- nomique. Il répond au simple besoin de transférer des ressources en excédent dans certaines ré-gions vers des régions qui souffrent de pénurie de cesmêmes ressources. Là où des matières premières commele pétrole, les minerais ou les céréales sont excédentaires,les négociants les transportent à l’autre bout du monde oùelles seront consommées, soit directement soit pour pro-duire d’autres marchandises. 7000 ANS D’HISTOIRE Connect World, Essay on the Crazy World Of PhotographyLe commerce international des matières premières n’a rien OFFRE ET INNOVATIONde nouveau. Les Sumériens commanditaient déjà des ex-péditions commerciales 5000 ans avant J.-C. et les vastes La production et le commerce des matières premières n’estréseaux commerciaux phéniciens permettaient la livraison pas qu’affaire de demande. Il est aussi affaire d’innovationdu cuivre, de l’argent, du plomb, du fer mais aussi du vin, technologique. Le pic pétrolier (autrement dit la pénurie mon-du bois et de l’huile dans tout le bassin méditerranéen. diale de pétrole) et la hausse du cours du pétrole du débutL’histoire moderne du commerce international remonte à la des années 2000 ont aiguillonné l’innovation technologique,fin du XVIIIe siècle avec la première révolution industrielle. ouvrant la voie à la croissance des biocarburants d’origineElle s’amplifiera avec l’organisation de lignes de transport agricole puis à l’exploitation des réserves de pétrole et demaritime régulières dont la très fameuse Compagnie des gaz de schiste en Amérique du Nord. Sans oublier les foragesIndes et la percée de nouveaux passages dont les canaux à grande profondeur. De moins de 500 000 barils/ jours ende Suez ou de Panama. 2008, la production de pétrole américaine est passée à 4 mil-Avec l’émergence des pays du Sud à la fin du siècle der- lions de barils/jours en 2014. L’envol de sa production de gaznier, les volumes d’échanges de matières premières ont at- naturel est encore plus inouï. La production de biodiesel ateint une envergure inconcevable il y a encore vingt ans. plus que quintuplé depuis 2005, celle d’éthanol triplé. Résul-La consommation de pétrole chinoise s’est multipliée par tat? Le cours du pétrole vient de s’effondrer.2,5 entre 1998 et 2012 et la Chine est, depuis l’année der- L’épuisement des gisements anciens contraint les sociétésnière, le premier importateur net de brut, à égalité avec les minières à explorer toujours plus loin et plus profond. Et àEtats-Unis. Avec pour conséquence, le «supercycle des ma-tières premières», phase de réajustement des équilibresmondiaux.10 — W O R K # 0 5 —

IMPACT SHIPPING OUI, NÉGOCE NON Le milieu du négoce des matières premières reste très masculin malgré quelques exceptions comme celle de Margarita Louis Dreyfus. Les traders préfèrent traiter «entre eux». C’est un métier qui demande des prises de risque rapides. Une caractéristique perçue comme peu féminine, les femmes étant généralement considé- rées comme pesant le pour et le contre avant de pren- dre une décision. Les femmes trouvent souvent leur place dans des rôles de support (finance, affrètement, opérations) qui exigent beaucoup de minutie en sus de capacités de négociation. Le milieu du shipping a, quant à lui, très bien accueilli les femmes. Elles sont du reste nombreuses à diriger des sociétés maritimes, plus particulièrement en Europe du Nord où ce secteur est très développé.© Carol Holmes, janvier 2012 cacité des véhicules électriques est en amélioration conti- nuelle. En 2008, le coût d’une batterie était de l’ordre de 1000 dollars par kWh et sa densité énergétique de 60 Wh/L. Fin 2013, ce coût était entre 200 et 250 dollars par kWh et la densité énergétique aux environs de 150 Wh/L. Encore fai- ble, la demande de véhicules hybrides et rechargeables aux Etats-Unis marque une progression marquée. L’usage du gaz naturel compressé pour la motricité des véhicules routiers, et mieux encore pour les navires, gagne du terrain. Avec une ré- duction de 80% des émissions de gaz à effet de serre par rapport au carburant pétrolier. Les signes sont réunis pour in- diquer que l’industrie des transports est à la veille d’une ré- volution majeure qui réduira la demande d’énergies fossiles mais accroîtra celle d’autres ressources.compenser la pénurie de certains métaux par des procédés LE NÉGOCE AUJOURD’HUInouveaux. Pour faire face à la hausse du cours du nickel dudébut des années 2000, les Chinois ont mis au point un pro- Pour faire face à une demande en hausse et à une extrêmecédé de production, le Nickel Pig Iron, qui à partir de minerai diversification de l’offre et de la demande, l’acheminementde faible teneur leur permettait de disposer d’une alternative et la logistique se sont immensément complexifiés, avec unpour la production d’acier inoxydable. impact considérable sur le financement des flux commerciauxLa mise en valeur de vastes exploitations agricoles en Russie d’une part et des infrastructures de l’autre. De la culture desou en Amérique du Sud et demain en Afrique répond aux be- produits agricoles à l’extraction des métaux et des énergiessoins sans cesse croissants de peuples en pleine explosion fossiles, en passant par leur transformation et leur transport,démographique. L’amélioration des rendements agricoles par la chaîne de création de valeur inhérente au négoce de ma-la technologie est, de loin, la plus importante source de crois- tières premières s’est infiniment multipliée.sance de la production mondiale, puisqu’elle en représente En raison de la hausse des cours et de celle des besoins de78% entre 1961 et 1999. financement, les petits négociants se sont progressivement transformés en sociétés de négoce puissantes et diversifiées, DEMANDE ET INNOVATION intervenant à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionne- ment. Il y a moins de 20 ans, ils traitaient chacun une matièreLa technologie transforme aussi la demande. Avec des coûts première. Aujourd’hui, une quinzaine de grandes maisons àen baisse marquée et une densité toujours croissante, l’effi- l’échelle mondiale, couvrent une vaste gamme de produits, des métaux au pétrole en passant par le blé ou le sucre. Du simple statut d’intermédiaires, les négociants accroissent leur position sur la chaine de valeur en intervenant dans l’agricul- ture, les gisements pétroliers, les mines, les ports, le trans- port maritime, le raffinage et la fonderie. —— WORK #05 — 11

IMPACT © Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping Mariella, Manuela et Alessandra BottiglieriMariella BottiglieriUne affaire de familleLes sœurs Bottiglieri représentent la sixième Que signifie pour vous une «affaire de famille»?génération d’une famille d’armateurs. Elles sont C’est un engagement à vie que l’on le retrouve chez lesles descendantes du capitaine Giovanni familles d’armateurs grecs et italiens. Mais attention, leBottiglieri fondateur à Naples en 1850, de nom ne suffit pas. Il faut aussi prouver qu’on le mérite.ce qui est aujourd’hui la Giuseppe Bottiglieri Un sujet que j’ai abordé récemment à la Confindustria 1.Shipping Company. Les étapes indispensables pour qu’une nouvelle géné- ration entre dans une affaire de famille est qu’elle ait PAR NICOLETTE DE JONCAIRE d’abord fait ses preuves à l’extérieur. En commençant sa carrière dans le même type d’activité mais au sein L a marine marchande mondiale compte plus de de sociétés sans rapport avec les affaires familiales. Et 55 000 navires et le transport maritime reste il faut aimer le métier car on passe plus de temps au le mode de transport des marchandises le plus travail que dans la vie privée. Rien n’est plus domma- important. C’est aussi le moins polluant par geable qu’un héritier incompétent. tonne transportée. Le shipping est traditionnellement une affaire de famille. Il le reste pour certains comme 1. Confédération générale de l’industrie italienne nous l’explique Mariella Bottiglieri.12 — W O R K # 0 5 —

IMPACT © Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping M/T Alessandra Bottigilieri, 40 000 T, construit en 2002Dans votre cas, toute la famille s’est engagée. maritime continuent à commander des navires, le marché sera viteEffectivement, ma mère siège au conseil d’administration, ma sœur en surcapacité. Au lieu d’acquérir de nouveaux vaisseaux, ils fe-Alessandra est directeur, responsable des affaires financières et raient mieux de racheter des navires de seconde main.des opérations et mon autre sœur Manuela est directeur et res- Qui commande tous ces bateaux?,,ponsable du département légal. Je codirige l’entreprise avec mon Essentiellement les sociétés financées par le private equity. Elles placent des commandes parce que les navires sont peu coûteuxpère et mes sœurs et suis personnellement en charge de l’affrè- mais risquent surtout de déprimer le marché. Inutile de commandertement. des navires neufs. La surcapacité engendre la baisse des prix qui à son tour affaiblit la qualité. Nul n’y trouve son compte. Rien n’est plus dommageable qu’un Je vous ai déjà entendue dire que transport maritime et private equity ne faisaient pas bon ménage. ,,héritier incompétent. C’est un mariage difficile. Entre les affaires familiales qui fonction- nent sur la durée et le private equity, motivé par des gains rapides,Vos tankers portent votre nom, celui de votre mère et ceux les attentes sont incompatibles. Le problème vient de ce que lesde vos sœurs. compagnies de transport se tournent vers l’extérieur pour se fi-C’est une tradition méditerranéenne qui ne s’applique pas qu’aux nancer afin de préserver leur capital. Que ce soit sous forme defemmes. Plusieurs de nos vaisseaux portent aussi le nom de mem- prêts bancaires ou de private equity, les investisseurs externes exi-bres masculins de la famille. Notre plus gros vraquier 2 porte, par gent un rendement rapide. Nous existons depuis 1850. Nousexemple, celui de mon père Giuseppe Bottiglieri. sommes beaucoup moins pressés.Comment évolue actuellement le marché du vrac? 2. Un vraquier est un navire de charge destiné au transport deIl est un peu meilleur qu’en juin mais si les groupes de transport marchandises solides en vrac.— WORK #05 — 13

IMPACT © Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping M/T Manuela Bottiglieri, 40 000 T, construit en 2002 UN PEU D’HISTOIRELa Giuseppe Bottiglieri Shipping Company est une so- calisent la société à Athènes sous le nom d’Intermarciété de transport maritime privée, propriété de la fa- Ship Management d’où ils opèrent 8 navires de typemille Giuseppe Bottiglieri et créée il y a 175 ans par le Panamax, entre 25 000 et 69 000 tonnes, pour lecapitaine Giovanni Bottiglieri à Torre del Greco, près transport du soja et autres produits agricoles entrede Naples. Le premier navire enregistré par la compa- l’Amérique du Sud et l’Europe. Au cœur du shippinggnie fut le schooner Correale Secondo, lancé le 29 mondial, ils construisent un réseau solide qui leur per-mars 1877. Ce premier bateau fut suivi de trois voiliers mettra d’étendre encore leur flotte lors de leur retourtransocéaniques puis de quatre bateaux à vapeur. La en Italie 18 ans plus tard. En 1993, réinstallés à Naples,société perdit 7 navires au cours de la première guerre ils commandent une série de Panamax de 75 000mondiale. Reconstruite entre les deux guerres, la tonnes et en 1997, Giuseppe Bottiglieri diversifie les in-flotte en perdit huit autres lors de la seconde. Après la vestissements vers le time-chartering et les contratsguerre, Giovanni Battista Bottiglieri tire parti des na- charbonniers à long terme COA. En 2000, après la ca-vires Liberty, lancés aux Etats-Unis dans les années tastrophe de l’Erica, il se diversifie dans le marché des40, pour rééquiper sa flotte et les utiliser sur la route tankers et commande 4 tankers pour produits chi-du charbon entre la Russie et l’Italie. Au début des an- miques à double coque de 40 000 tonnes. En 2005, ànées 1970, la société investit dans des vaisseaux de la mort de Giovanni Battista, Giuseppe devient l’uniquetaille supérieure – des cargos à un pont de 15 000 actionnaire de la société qu’il gère avec sa femme ettonnes aux Handysize de 26 000 tonnes. En 1976, ses trois filles.Giovanni Battista Bottiglieri et son fils Giuseppe délo- © Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping © Courtoisie Giuseppe Bottiglieri Shipping Orsolina Bottiglieri, 668T, acheté en 1928 Orsolina, 709T, acheté en 192314 — W O R K # 0 5 —

IMPACTQuel est l’âge de votre flotte? QUELQUES CHIFFRESTous nos bateaux sont postérieurs à la catastrophe de l’Erica en1999. La vie moyenne d’un navire est de 20 ans pouvant aller La Giuseppe Bottiglieri Shipping Company opère sur lejusqu’à 30 dans certains cas. Notre politique est de renouveler la marché des tankers et du vrac sec. Elle possède 4flotte tous les 15 à 20 ans ce qui signifie que nous achetons un tankers et 11 cargos secs de type Post Panamax etbateau par an en moyenne. Outre quatre tankers de 40 000 tonnes Capesizes. Elle est active sur une série de navires endédiés essentiellement au transport des produits pétroliers propres, propriété et affrétés à long terme (COA ou Charternous possédons onze vraquiers dont dix sont des post-Panamax 3 Owner Agreements). Sa flotte de tankers a transportéde 93 000 tonnes capable de transporter 110 000 mètres cubes l’année dernière environ 10 millions de tonnes de pro-de grain. Le plus grand, le Giuseppe Bottiglieri, est un Capesize 4 duits pétroliers, essentiellement des produits pétro-d’une capacité de 176 000 tonnes. liers propres. Elle possède aussi en propre 11 vraquiers charroyant essentiellement du minerai de ferOù faites-vous construire vos navires? et du charbon. L’année dernière, sa flotte sèche aAu Danemark, en Italie, en Corée du Sud, au Japon et en Chine. transporté 18 millions de tonnes de marchandiseLes Italiens sont très attentifs aux intérieurs, les Chinois beaucoup sèche en vrac dont 44% de charbon et de coke, 35%moins! Quant aux Japonais, ils sont très efficaces et prêtent une de minerai de fer et de Pig Iron et le reste en grains.grande attention au service client. Dans tous les cas nous sommestrès satisfaits de nos fournisseurs. Il est vrai que nous ne nousadressons qu’aux chantiers navals de bonne réputation.Pourquoi ne possédez-vous pas d’éco-ships 5? © Ph. Micheli, Courtoisie Giuseppe Bottiglieri ShippingLe marché tel qu’il fonctionne actuellement n’offre aucune primeaux éco-ships. Ils sont plus coûteux à l’achat et consommentmoins de carburants (ou des carburants «propres») mais que laformule d’affrètement soit au voyage ou à temps, le coût initial dé-passe largement le bénéfice que l’on peut en retirer. Si le prix ducombustible de soute augmentait beaucoup, cela vaudrait la peinemais ce n’est pas le cas en ce moment. Je suis bien sûr en faveurdes politiques environnementales mais elles ne proposent aucunavantage économique. Il faudrait que la règlementation l’imposepour modifier le modèle économique du marché.Etes-vous considéré comme un transporteur important? PARCOURSComparé au groupe Maersk, certainement pas! Mais les classe-ments sont relatifs à la taille du pays et à la forme de l’entreprise. Mariella Bottiglieri est l’ainée des sœurs Bottiglieri. Dès la fin de sa licence en économie et affaires maritimes,,,Pour une entreprise familiale italienne, nous sommes d’une taille elle rejoint la société H. Clarksons à Londres comme courtier en pétroliers au département des produits pé-tout à fait raisonnable. — troliers propres. Tout en travaillant, elle passe un Mas- Les politiques ter en économie, droit et politique maritime (Rome, environnementales 2001), un Master en courtage et affrètement (Londres, 2002) et un Master en gestion de navires (Londres, n’offrent aucun 2004). En 2004, elle rejoint la Giuseppe Bottiglieri Shipping Company, comme directeur responsable de ,,a v a n t a g e . l’affrètement. Elle est actuellement membre du board de WISTA (Women’s International Shipping and Trading3. Les navires classés Panamax ont les dimensions maximum pour Association), de AIDDA (World Association of Women passer les écluses du canal de Panama Entrepreneurs), du UK Defence Club, et vice-prési- dente de l’Union Industrielle de Naples.4. Les navires de taille Capesize sont les navires trop gros pour passer par le canal de Suez ou le canal de Panamá. Ils doivent emprunter le cap de Bonne-Espérance pour contourner l’Afrique et le cap Horn pour contourner l’Amérique.5. Les eco-ships sont les bateaux dont la consommation en carbu- rant est inférieure à celle des navires de même classe.— WORK #05 — 15

IMPACT © Courtoisie de Pain pour le Prochain Workshop sur le code minier congolais et les standards internationaux, Kolwezi, Katanga (RDC)Chantal PeyerLe respect des droits humainsLe respect des droits humains doit être Car au-delà des cas d’espèces, la question à ses yeuxintégré aux devoirs des membres des conseils est de se demander comment rendre l’ensemble dud’administration. Un pas fondamental dans secteur plus durable en l’encadrant pour que les abusl’établissement d’une politique durable des en matière de droits humains et d’environnement quientreprises. ont eu lieu ne se reproduisent plus. Et pour que ces en- treprises intègrent les enjeux environnementaux et de PAR LISE MÉDIONI droits humains au cœur de leurs préoccupations. L’économie s’est globalisée. Les acteurs économiques L’ approvisionnement en matières premières les plus puissants déploient leurs activités dans le n’est pas sans poser des problèmes parfois monde entier, y compris des zones de conflits ou à faible graves dans les pays d’origine. Chantal Peyer gouvernance. Certains de ces acteurs économiques est cheffe d’équipe à Pain pour le Prochain sont parfois plus puissants que les Etats dans lesquels (PPP), une ONG qui entend que «Les Principes direc- ils opèrent mais la responsabilité en matière de droits teurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme» humains et d’environnement ne s’est pas globalisée. élaborés par John Ruggie soient appliqués aux activi- Les erreurs et manquements représentent des risques tés du secteur du négoce. «Notre objectif est de pous- internes – de réputation ou de conflits sociaux par ser les entreprises à s’améliorer via des études de cas exemple – mais ce que PPP cherche à établir est une précises, mais aussi à faire évoluer la politique prise de responsabilité non négociable envers la société. suisse». «Nous pensons qu’il y a actuellement un vide de gou- vernance» explique Chantal Peyer qui estime qu’il s’agit16 — W O R K # 0 5 —

IMPACTsimplement de créer un cadre clair, transparent et prévisible dans l’homme dans le cadre de leurs activités et leurs relationsce domaine. commerciales, aussi à l’étranger.Très active en Suisse, elle juge qu’au niveau politique, le dossier Ils reposent sur les trois piliers du cadre de référence desévolue mais pas suffisamment. Nations-Unies «Protéger, Respecter et Réparer» que leLe Conseil Fédéral reconnait les enjeux en matière de droits hu- Professeur Ruggie a proposé au Conseil des droitsmains et d’environnement posés par les entreprises du secteur du l’homme en 2008:négoce et des matières premières. Une reconnaissance visibledans plusieurs réponses données à diverses interpellations ou pos- • L’obligation qui incombe à l’Etat de protéger les droits de l’homme lorsque des tiers y portent atteinte, y compris,,tulats et aux textes de deux rapports récents. Par contre il n’y a des entreprises, par la mise en œuvre des politiques, des réglementations ou des décisions judiciaires néces-pas à ce stade de consensus sur les solutions à mettre en place. saires; Il faut une association • La responsabilité qui incombe aux entreprises de res- pecter les droits de l’homme, c’est-à-dire de prévenir entre initiatives volontaires avec diligence toute atteinte aux droits des tiers et de parer aux incidences négatives sur les droits de l’homme ,,et contrainte légale. dans lesquelles elles ont une part; etLe parlement suisse débat en décembre de la proposition d’intro- • La nécessité d’améliorer l’accès des victimes à des voiesduire un devoir de diligence en matière de droits humains dans le de recours efficaces, judiciaires ou non.code des obligations. La surveillance du respect des droits humainsferait ainsi partie des devoirs des membres des conseils d’admi- Comme le Professeur Ruggie l’a déclaré lors de la présenta-nistration, au sein de leurs entreprises et de leurs filiales. Cette tion des Principes directeurs au Conseil des droits demesure constituerait un pas très important dans l’établissement l’homme: «Chaque pilier est une composante essentielle d’und’une politique de droits humains crédible de la firme. Mais dans système interdépendant et dynamique de mesures de pré-les faits, la nécessité d’une norme contraignante pour ancrer le vention et de réparation: l’obligation de protéger incombantrespect des droits humains au cœur des processus de décision à l’Etat car c’est le cœur même du régime international desdes entreprises est encore peu acceptée. droits de l’homme; la responsabilité des entreprises de res-Pain pour le Prochain est convaincu qu’une telle norme est néces- pecter les droits de l’homme car la société attend d’elles ausaire. L’association est aussi persuadée que l’exemple des direc- minimum qu’elles les respectent; et l’accès à des mesures detions d’entreprise les plus responsables doit être soutenu. réparation parce que même les efforts les plus concertés ne«Dans un premier temps, nous souhaitons au moins qu’il y ait un peuvent prévenir toutes les pratiques abusives.»débat approfondi sur cet enjeu» explique Chantal Peyer. La réponsedonnée par le Conseil Fédéral est que les initiatives volontaires desfirmes sont plus efficaces et donc suffisantes. Une réponse discu-table selon PPP qui souhaite une association entre initiatives vo-lontaires et contrainte légale. Une complémentarité qui n’est pasencore reconnue en Suisse. —LES PRINCIPES DIRECTEURS RELATIFS AUX PARCOURSENTREPRISES ET AUX DROITS DE L’HOMME DE JOHN RUGGIEEn juin 2011, dans une démarche sans précédent, le Chantal Peyer est historienne et politologue. Titulaire d’unConseil des droits de l’homme des Nations Unies a ap- Master à l’Université de Lausanne, basé sur une année deprouvé à l’unanimité un ensemble de Principes directeurs recherches de terrain en Inde, elle s’est spécialisée enrelatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Elaborés «International Human Rights Law» à l’Université d’étépar John Ruggie, Représentant spécial du Secrétaire géné- d’Oxford. Elle a effectué ces dernières années des re-ral des Nations Unies pour les entreprises et les droits de cherches sur les conditions de travail dans la chaîne del’homme et professeur à la Harvard Kennedy School, cette production des ordinateurs et sur les abus en matière denorme mondiale fait autorité pour les rôles respectifs des droits humains et d’environnement dans le secteur minier.entreprises et des gouvernements et doit permettre de Elle est actuellement cheffe d’équipe du secteur «Entre-s’assurer que les entreprises respectent les droits de prises et droits humains» à Pain pour le Prochain.— WORK #05 — 17

IMPACTYuliya ShekhovtsovaNégoce du grain en UkraineLe négoce des grains est la principale source Depuis combien de temps exercez-vous cede revenus de l’Ukraine. Production et com- métier?mercialisation souffrent de la crise politique Je suis entrée dans le négoce des grains, comme cadreactuelle car les variations de prix et de taux de ventes, il y a 8 ans dès la fin de mes études. J’ai im-de change en limitent le bon fonctionnement. médiatement apprécié les aspects multiples du métier: les ventes, le courtage et la relation avec une vaste PAR SUZANNE REYSCHES gamme d’interlocuteurs et ai progressé jusqu’à ma si- tuation actuelle. E ldorado agricole, gisement vert 1 de l’Europe. L’Ukraine est l’un des pays les plus agricoles Quels grains traitez-vous? du monde. En 2013, elle exportait 28 millions GrainBoard a démarré avec le son de blé et nous nous de tonnes de céréales et devenait second ex- sommes diversifiés davantage chaque année. A l’heure portateur au monde tous grains confondus, avec la troi- actuelle, nous commercialisons le blé et le son de blé, sième place des ventes de maïs, la quatrième pour le maïs, les graines et tourteaux de tournesol, l’orge, la l’orge et la sixième pour le blé. Au terme de longues an- pulpe de betterave ainsi que les graines de colza et de nées de restructuration après l’indépendance, la pro- soja. Nos volumes se montent à environ 15 000 tonnes duction des fameuses «terres noires» a replacé le pays par mois, passant de 2 à 3 cargaisons de 3000 tonnes au sein des grands exportateurs mondiaux. Une place par mois à 4 ou 5 au cours des 2 dernières années. compromise par les troubles actuels. Responsable des GrainBoard connait une forte croissance. ventes de grains chez Grainboard, Yuliya Shekhovtsova est «tradeuse». Un métier que peu de femmes exercent Vendez-vous des grains génétiquement modifiés? dans le négoce physique. Le siège de GrainBoard se Jamais. Nos clients n’en veulent pas. trouve à Kherson au sud de l’Ukraine et la société opère des filiales en Russie, Turquie et Estonie. Comment vous approvisionnez-vous? L’essentiel de notre approvisionnement se fait auprès 1. L’Ukraine, un «gisement vert» au cœur de l’Europe, des producteurs, des fermiers individuels. Mais nous Michel Terestchenko, 201118 — W O R K # 0 5 —

IMPACT sèchent. Ceci dit, notre problème principal n’est pas la météo même si elle peut affecter la qualité des grains et le départ des expéditions. Le risque majeur que nous devons affronter est celui de la variation des prix. Vous couvrez-vous contre ces variations? Avec des dérivés par exemple? Nous avons essayé de couvrir le risque de prix mais n’en avons pas les moyens car nos marges sont beaucoup trop faibles. En termes de couverture, nous n’assurons que les expéditions. La compétition est dure. Il est difficile d’obtenir les quantités et les qualités dont nous avons besoin ce qui génère une pression im- portante sur les prix.avons aussi recours à d’autres négociants avec lesquels nous Quel est l’impact de la situation politique actuelle sur votresommes partenaires. Nous complétons également nos cargaisons activité?avec du grain russe en jouant sur les différences de prix. Il nous Le problème le plus sérieux est celui de la dévaluation de notrearrive même de vendre plus de grains russes que de grains devise. Nous achetons en hryvnia et en dollars et vendons en dol-ukrainiens. lars. Nos marges dépendent des taux de change et l’incertitude politique limite notre bon fonctionnement. Comment se passent vos journées de travail? Je commence tôt et je ne sais jamais quand j’aurai fini… —Avez-vous des contrats de longue durée avec les fermiersukrainiens?Non, nous opérons au coup par coup. Les prix sont beaucoup tropvolatils pour que nous prenions des engagements à terme.A quelle clientèle vous adressez-vous?Nos ventes se font dans le bassin méditerranéen auprès d’entre-prises privées, en Turquie, au Maroc et en Italie. Nous avons essayéde travailler avec des gouvernements mais les marchés d’état sontextrêmement difficiles à aborder. La compétition des grandes com-pagnies y est rude.D’où partent vos cargaisons?De Kherson où se trouve notre siège. C’est l’un des ports les plusimportants d’Ukraine, à cheval sur la mer Noire et le Dniepr. C’estlà que nous stockons les grains et que nous affrétons les navires.Avez-vous vos propres silos?Non, nous louons les espaces stockage.L’infrastructure ukrainienne vous pose-t-elle des pro- PARCOURSblèmes particuliers?De manière générale, tant sur le plan ferroviaire que routier, l’in- Yuliya Shekhovtsova a étudié l’économie et les affairesfrastructure ukrainienne est adéquate. internationales à Kherson. Elle a travaillé trois ans chez AgraHolding où elle est devenue responsableLes conditions météorologiques posent-elles problème? des ventes. Elle est ensuite passée chez InterOil, uneCela peut arriver. La qualité des grains dépend du temps. Lorsqu’il société de négoce de pétrole et de grains, où son rôlepleut trop, les produits sont mouillés et nous devons attendre qu’ils est devenu plus international, pour assumer aujourd’hui la direction des ventes de grains chez GrainBoard. — WORK #05 — 19

BUSINESS © Courtoisie MercuriaVictoria Attwood ScottLe négoce est-il peu réglementé?Peu d’activités sont aussi débattues que le négocedes matières premières. Mais est-il aussi peuréglementé que certains le disent? PAR NICOLETTE DE JONCAIRE Il est souvent question de carence de règlemen- tation du négoce des matières premières. Cette L’ un des reproches les plus couramment critique est-elle fondée? adressé au négoce des matières premières est Non, elle ne l’est pas. L’activité de négoce est lourde- la carence (certains prétendent même l’ab- ment règlementée. Il existe des règles de comportement sence) de règlementation. La Suisse abrite une et des obligations légales sur chacune des activités que importante concentration de maisons de négoce inter- nous menons et sur chacun des marchés sur lesquels national et le débat secoue les sphères politiques, la nous travaillons. Je vais vous en donner quelques exem- société civile et les médias. Pour éclairer ce débat, nous ples après avoir rappelé que toutes les sociétés euro- avons interrogé Victoria Attwood Scott, responsable de péennes en général – et suisses en particulier – sont la conformité aux règlementations chez Mercuria soumises aux lois générales sur la corruption ou le blan- Energy Trading. L’entreprise pour laquelle elle travaille chiment d’argent, assorties de peines pénales lourdes est soumise à un jeu de plus de 80 règlementations et applicables aux individus comme aux sociétés. Dans différentes, parfois d’une grande complexité. le champ plus spécifique de l’électricité et du gaz, l’Union européenne a mis en œuvre fin 2011 le Règle- ment concernant l’intégrité et la transparence du mar- ché de gros de l`énergie plus connu sous le nom de20 — W O R K # 0 5 —

BUSINESSREMIT. Ce règlement qui concerne simultanément le négoce phy-sique et financier de l’électricité et du gaz, interdit les opérationsd’initiés et les manipulations de marché et vise à assurer la trans-parence de l’information sur les marchés de gros de l’énergie.Notez que toutes les entreprises électriques y compris suissesayant des relations commerciales avec l’UE sont elles aussiconcernées par ce règlement. En outre, la couverture financièrede nos opérations physiques se fait par l’intermédiaire de marchésfinanciers qui sont, eux aussi, très réglementés. C’est particuliè-rement le cas des bourses de dérivés qui sont rigoureusement sur-veillées, que ce soit en Europe, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unisou en Asie.Pouvez-vous nous parler davantage des aspects tou- © Courtoisie Mercuriachant les mouvements physiques?Effectivement, nos entreprises sont soumises à une réglemen-tation qui couvre un éventail plus large que la législation pure-ment financière. Chaque pays a un arsenal de lois sur les fluxtransfrontaliers. Dans la plupart des juridictions, vous devez ob-tenir des licences d’importation. Aucun mouvement d’un paysà un autre ne peut se faire sans être soumis à des licences d’ex-portation ou d’importation en lien avec les procédures doua-nières et qui concernent donc à la fois les volumes et la qualitédes produits. Les produits sont couramment soumis à des ana-lyses de qualité sur la base d’échantillonnage et une cargaisoncomplète peut rester en attente ou être interdite de mouvement.,,Hygiène et sécurité ne sont pas non plus matières à plaisanterie.Il est capital que lesrègles soient définies à un niveau global pour législations ne nous l’imposent. C’est, entre autres, le cas lors de la procédure de validation d’un navire qui sera utilisé pour,,éviter toute incohérence. le transport de marchandise.Je ne pourrais vous énumérer toutes les obligations auxquelles Alors pourquoi tant de confusion?est soumis le transport de matières premières. Elles remplissent La confusion vient, à mon sens, de deux facteurs. Le premier etdes livres entiers. De plus, la régulation évolue dans le temps probablement le plus important est qu’une législation est appli-et tient compte des derniers évènements tout en s’enrichissant cable à une activité, et non à un secteur comme le réclamentdes meilleures pratiques. Quelques exemples toutefois. Depuis certaines ONG suisses. Nombre d’entreprises qui font du négocela catastrophe de l’Exxon Valdez, la législation américaine inter- de matières premières ne sont pas des négociants mais des in-dit la construction de tankers qui ne soient pourvus de coque dustriels ou des réseaux de distribution qui achètent et vendentdouble (Oil Pollution Act 1990). Les derniers navires à coque des matières premières pour leur propre usage ou celui de tiers.simple seront retirés du marché l’année prochaine. Les pétro- Prenez le cas d’Arcelor Mital, probablement le plus grandliers à simple coque ne sont pas autorisés à battre le pavillon groupe sidérurgique du monde. Il négocie davantage de métauxd’un pays de l’UE, ni à entrer dans les ports ou les terminaux que la plupart des purs négociants mais ne serait pas règle-en mer relevant de la juridiction d’un pays de l’UE. Ceci dit, il menté si les lois s’appliquaient par secteur. Il est équitable etest de notre propre intérêt d’être encore plus rigoureux que les efficace que les lois soient définies par activité et non par sec-— WORK #05 — 21

BUSINESS© Courtoisie Mercuria tives de divulgation des paiements effectués en faveur des Etats. teur. Si un comportement est condamnable, il ne l’est pas seu- Nous sommes favorables au principe de transparence. Cepen- lement pour les horlogers suisses! Le second facteur de confu- dant, les exigences qui s’appliqueraient au négoce restent en- sion provient de l’absence de règlementation globale et de la core à définir. Deux points me paraissent importants. Le premier prolifération de règles nationales ou régionales. L’incohérence est de bien comprendre l’objectif de cette divulgation afin que des règlementations internationales est devenue un vrai pro- l’information fournie soit bien pertinente. Le second est d’har- blème. Dans le négoce international, nous sommes souvent moniser les législations des différents pays afin que nous confrontés à des règles redondantes, voire contradictoires, d’un n’ayons pas continuellement à répondre à de nouvelles de- pays à l’autre. C’est particulièrement le cas lorsque nous ache- mandes de nature similaire mais suffisamment différentes pour tons de la marchandise dans un pays qui sera revendue plus nous obliger à faire le même travail de multiples fois. Il est sur- tard dans un autre pays. Les normes de qualité ne sont pas tou- tout capital que les règles soient définies à un niveau global jours les mêmes et nous pouvons être amenés à modifier le pro- pour éviter toute incohérence. duit pour le rendre conforme. L’interprétation d’un règlement n’est pas toujours évidente lorsque les activités sont menées à Que pensez-vous de la volonté d’introduire des obliga- travers de multiples juridictions. tions conformes aux principes de Ruggie 2 dans la pra- tique du négoce international? L’industrie du négoce travaille à l’élaboration d’un code de conduite qui devrait être en ligne avec les principes établis par John Ruggie. Nous avons mandaté des équipes en interne pour s’attacher à ce projet. Chez Mercuria, nous menons systémati- quement des opérations de vérification préalable («due dilli- gence») très strictes en utilisant nos moyens internes mais aussi avec l’aide d’outils externes. Les transactions seront refusées si les résultats des contrôles ne sont pas conformes aux critères que nous nous sommes fixés. — Mercuria est depuis peu enregistré auprès du FCA 1 Cet enregistrement correspond à l’accord de reprise des activités de JP Morgan signé en mars dernier. Il nous permet de nous pla- cer en conformité avec les exigences applicables aux devoirs rè- glementaires que nous avons contractés dans le contexte de cette reprise. Mais là encore il y a confusion, il s’agit là de conformité financière, or la règlementation du négoce est bien plus vaste que la seule règlementation financière qui ne touche qu’une partie de nos activités. Il est question d’accroitre la transparence du négoce en y appliquant les exigences faites aux industries extrac- 1. La Financial Conduct Authority (FCA) est l’organisme de règlemen- PARCOURS tation financière britannique Victoria Attwood Scott est responsable de la confor- 2. John Ruggie s’est attaché à développer un instrument permettant mité au niveau mondial chez Mercuria Energy Trading d’identifier et de prévenir les violations des droits de l’homme dans SA. Auparavant, Victoria a travaillé pour Goldman le cadre des activités économiques des entreprises. Le concept Sachs en Grande-Bretagne où elle était responsable repose sur trois piliers. Par le premier, les Etats sont tenus de mondiale de la conformité des produits de base. Avant veiller activement à ce que les entreprises ne portent pas atteinte de rejoindre Goldman Sachs en 2003, elle avait été à la protection des droits de l’homme. Le second engage la re- responsable de la conformité chez Investec et Bar- sponsabilité des entreprises à intégrer la protection des droits de clays Capital. Victoria a commencé sa carrière chez l’homme au sein de leur culture d’entreprise, de leur gouvernance Barclays, sur la bourse londonienne des dérivés et dans leurs processus internes. Le troisième pilier traite de la (LIFFE). question des victimes de violations des droits de l’homme com- mises par les entreprises et exige que soient mis en œuvre des mécanismes efficaces de réparation et de règlement des litiges. 22 — W O R K # 0 5 —

CICR - \" LE CERCLE DES AMIS DU CICR \"DES PARTENAIRES PRIVILÉGIÉSAUX CÔTÉS DU CICRFACE AUX URGENCES HUMANITAIRESÀ l’occasion du premier anniversaire du Cercle des Amis du CICR,Christine Beerli, vice-présidente du CICR, présente le rôle de ces partenairesprivilégiés dont le soutien permet de répondre plus efficacement auxsituations d’urgence humanitaire.Plus de 150 ans après sa création, où en est le CICR ? Des évènements en l’honneur des Amis du CICR ont été © CICR / KRZYSIEK, PawelEt quels sont les nouveaux besoins humanitaires ? organisés le mois dernier. Pouvez-vous nous en dire davantage ?Le CICR reste au cœur des urgences humanitaires, Pour marquer notre reconnaissance à nos Amis,nous avonsessentiellement pour répondre aux besoins vitaux des organisé deux conférences en novembre, l’une à Zurich etvictimes de conflits ou d’autres situations de violence l’autre à Genève, à l’occasion du premier anniversaire duet protéger les populations civiles. Il agit aussi lors de Cercle. J’y ai présenté, avec plusieurs collègues, le bilancatastrophes naturelles lorsqu’il est déjà sur place pour de cette année et les actions d’urgence soutenues parune situation de conflit. Depuis quelques années, voyant nos Amis, et nous avons discuté des perspectives pourse multiplier des situations d’urgence aussi extrêmes 2015. Du fait du succès de ces évènements et de l’intérêtqu’imprévisibles, comme les conflits irakien et syrien ou accru que suscite le Cercle des Amis du CICR, nous nousles typhons des Philippines, nous nous sommes dotés d’un préparons à accueillir en décembre à notre siège à Genèvedispositif de déploiement rapide prêt à être mobilisé à tout les nombreuses personnes qui nous ont contactés pour enmoment. savoir davantage sur les actions du Cercle.Quel est le rôle du Cercle des Amis du CICR face à ces Suleymanieh, Zerinok. Un garçon syrien pose pour la photo durant unenouvelles urgences ? distribution d’assistance aux réfugiés.Nous avons créé il y a un an ce cercle de partenairesprivilégiés dont les précieuses contributions nouspermettent d’optimiser notre efficacité. L’engagementdes Amis du CICR a notamment contribué à permettre derenforcer nos secours dans la bande de Gaza.Comment les Amis du CICR ont-ils été associés à vosactions ?Ils ont été conviés à des rencontres où des délégués du CICRleur ont présenté la situation humanitaire et les actionsrendues possibles par leur générosité, en Syrie, au Soudandu Sud et dans les territoires occupés. Nous les avonsaussi invités à des visites privées d’expositions comme« Humaniser la guerre ? CICR - 150 ans d’action humanitaire »au musée Rath, à Genève et « Avec les victimes de guerre -photographies de Jean Mohr » au Landesmuseum de Zurich.INVITATION SPÉCIALE AUX LECTEURS DE WORKNous sommes heureux d’adresser aux lecteurs de Work une invitation spéciale à venir nous rencontrer à notre siège à Genève.Vous pourrez échanger avec des représentants du CICR au sujet du Cercle des Amis et profiter d’une visite du Musée internationalde la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de nos archives. Nous vous ferons découvrir certaines de nos actions d’urgence etnous nous efforcerons de répondre à toutes vos questions. Ce sera pour nous un plaisir de vous accueillir ! Pour en savoir plus, veuillez contacter (en précisant que vous êtes lecteur/lectrice de Work) : Madame Sabrina Bordji-Michel Responsable philanthropie - Division de la recherche de fonds privés Tél. : +41 22 730 30 31 Q Email : [email protected] Q www.icrc.org/fre/donations/friends/

BUSINESS © Courtoisie TrafiguraEmma StroudUne large gammede risquesLes opérations de négoce physique Emma Stroud est responsable du middle-office (Deal Desk) desexigent un contrôle indépendant de distillats de pétrole – gasoil et autres carburants destinés à l’avia-chaque instant. Un suivi minutieux. tion ainsi que diesel pour les véhicules routiers – chez Trafigura. Proche du trader, elle suit les opérations en amont et en aval de PAR LISE MÉDIONI chaque contrat, en relation avec les différents autres départe- ments engagés dans la vie de la transaction. Son mandat s’arti-L es opérations de négoce sur les marchés physiques de cule autour d’une évaluation agrégée des risques, calculée avec matières premières sont d’une grande complexité et im- l’assistance de systèmes informatiques sophistiqués et destinée pliquent une exposition à une large gamme de risques à présenter à la direction les positions de négoce de manière syn- opérationnels et financiers souvent interconnectés, tels thétique. Il s’agit là d’une fonction de contrôle indépendant dule risque de prix 1 ou de change 2. Toute transaction engagée parun trader nécessite un suivi minutieux quantifié par des indica- 1. Le risque de prix résulte des fluctuations du prix des matièresteurs précis. premières traitées qui composent un portefeuille 2. Le risque de change est celui pesant sur une position concernée par l’évolution du cours des devises. La valeur d’une cargaison en dollars varie constamment en fonction de la fluctuation du cours de la monnaie.24 — W O R K # 0 5 —

BUSINESS© Courtoisie Trafigura des futures ou des swaps. Elle gère également les coûts de ré- clamations aux assurances en cas de perte ou de dommage et trader qui demande d’évaluer les décisions de ce dernier et l’au- gère celui des remplacements de cargaisons si nécessaire. torise à faire appel à la direction si elle perçoit que les risques En fin de journée, elle établit les performances des portefeuilles pris vont au-delà des limites autorisées. en calculant en toute indépendance du front office les pertes et Une journée type s’articule autour de tâches récurrentes. Chaque profits des différentes stratégies. Ce qui requiert une compréhen- matin, sa priorité est d’examiner les changements aux conditions sion poussée des mécanismes de formation des prix, mais aussi du marché et d’en estimer l’impact sur les positions existantes. une vision exhaustive des coûts opérationnels, logistiques ou fi- Lors d’une nouvelle transaction – le trader a par exemple acquis nanciers qui impactent l’activité de négoce. un cargo – elle établit une première évaluation en fonction des Emma travaille chez Trafigura depuis 2009. Elle a commencé à paramètres du contrat et enregistre le profit ou la perte potentiels Londres et n’est en Suisse que depuis trois ans et demi. Ce qu’elle de l’opération et l’intègre dans la position globale du portefeuille a apprécié dès son premier interview est l’enthousiasme… et de négoce, organisée par type de produits, nature des transac- une structure hiérarchique plate qui permet de faire ses preuves tions (purement physiques ou papier) et par maturité. rapidement. Même si la croissance rapide de Trafigura favorise davantage aujourd’hui une culture plus traditionnelle. «La plupart ,, de ceux qui entrent dans une maison de négoce veulent devenir La vision exhaustive traders. Ce n’est pas ce dont je rêve» explique-t-elle. «Le travail que j’accomplis offre une vision à la fois globale et détaillée de des coûts opérationnels l’activité». L’équipe qu’elle dirige est internationale, répartie entre Singapour, ,,est indispensable. Houston, Montevideo, Johannesburg et Mumbai où les trois quarts de son équipe est localisée et elle a été directement responsable de la formation des collaborateurs de Mumbai et de Johannes- burg. Elle passe ainsi la première moitié de la journée au contact de ses équipes asiatiques et l’autre avec celles situées en Amé- rique. Sauf crise majeure, elle rend visite à ses collaborateurs une fois par an, essentiellement dans le but de renforcer la cohésion des équipes. — Si le trader entend modifier la destination d’un cargo, par exemple PARCOURS de l’Europe vers l’Amérique du Sud, elle évalue cette décision en analysant l’ensemble des paramètres associés (coûts du trans- A l’issue d’une licence en mathématiques à l’Université de port, coûts de stockage, retards possibles, termes de règlement, Bath en Angleterre et d’un stage d’un an comme analyste coûts du financement, risque de piratage) et participe à la décision chez Goldman Sachs, Emma Stroud a rejoint le programme en y apportant tous les éléments de chiffrage nécessaires. Elle d’études supérieures de Trafigura en 2009. Elle y a suivi la s’assure de la bonne valorisation des positions en choisissant la formation du Deals Desk et des Opérations. Elle a terminé le référence de prix appropriée et en soulignant les risques de base programme d’études huit mois plus tôt que prévu pour reve- inhérents à l’activité de négoce physique. nir au Deal Desk où elle dirige maintenant les distillats. Elle se charge aussi de la couverture des risques sur les marchés des dérivés et des changes afin de préserver la profitabilité com- merciale des opérations. «Sur les produits pétroliers, la politique de la société est de couvrir toutes les transactions» nous explique- t-elle. Chaque portefeuille physique doit être couvert à 100% par — WORK #05 — 25

BUSINESSProduits de base,shipping et droitLe commerce international et le transport le risque de transporter de coûteuses cargaisons d’unemaritime obéissent à des règles juridiques extrémité à l’autre de la planète. Le fondement du né-complexes. Parmi lesquelles prime souvent goce est la confiance. Celle que chaque partie a quele droit anglais. l’autre honorera ses engagements. Les armateurs, les affréteurs et les négociants ont PAR KATHRYN MARTIN, aussi parfois besoin de conseils en matière de négoce ETUDE HOLMAN FENWICK WILLAN ou de financement, d’achat ou de vente d’un navire, ou encore de couverture d’assurance. Les juristes sont L’ univers du négoce des matières premières et souvent consultés dès l’origine d’un problème. Qu’il du transport maritime s’articule autour d’un s’agisse du retard de l’arrivée d’un navire au port ensemble de promesses: celle de payer le prix d’embarquement, de la contamination d’une cargaison, convenu d’un service ou d’un produit, celle de de l’impact d’une grève d’équipage ou du personnel charger un cargo à temps, celle de régler l’affrètement portuaire, de mauvais temps ou de piraterie, ou de tout d’un navire, celle d’ouvrir une lettre de crédit. Pour n’en évènement qui peut affecter la promesse originale de citer que quelques unes. Ces engagements, simples en manière significative, en altérant fondamentalement le apparence, impliquent souvent une combinaison com- sens de la transaction. La ligne de fond est que ces plexe de droits et d’obligations qui permettent de gérer altérations impliquent toujours des coûts.26 — W O R K # 0 5 —

BUSINESS qu’ils sont susceptibles d’utiliser sans la moindre légèreté. Le plus sérieux d’entre eux est l’injonction internationale de geler les actifs de la partie en défaut d’exécution. Dans ce cas, il nous faut obtenir des référés pour inspection ou des mesures de divulgation afin de protéger des preuves qui peuvent se situer n’importe où dans le monde.Les conseillers juridiques sont souvent engagés pour que les dis- POURQUOI LE DROIT ANGLAIS?putes se règlent en dehors des tribunaux. En cas de controverse,leur rôle principal est de trouver une solution à un différend com- Le droit anglais joue un rôle prépondérant dans le commerce in-mercial. Si les parties contractantes se trouvent dans une impasse ternational, et ce depuis des siècles. C’est fréquemment celui quealors qu’un cargo est en pleine mer, leur rôle est de les sortir de choisissent les parties contractantes, même si elles n’ont aucuncette impasse au plus vite. Si l’une des parties se soustrait lors lien avec l’Angleterre. Ce choix est en partie historique. Londres ad’une transaction, nous faisons l’impossible pour la ramener à la toujours été un foyer majeur du commerce mondial et un centretable des négociations. Si nécessaire et en dernier ressort, notre juridique florissant. Bien des disputes maritimes et commercialesrôle est d’intenter des poursuites pour le compte de nos clients ou furent résolues devant les cours anglaises au XIXe et au XXe siècle.de soutenir leurs revendications devant les tribunaux d’arbitrage. Ce faisant, les principes légaux maritimes et ceux qui s’appliquentLes juristes de notre domaine ne doivent pas simplement connaitre aux échanges de biens internationaux y sont solidement établis,le droit, ils doivent aussi comprendre les mécanismes du négoce développés par des juges et des juristes expérimentés. Les courset parfois même ceux de la salle des machines d’un navire! Mai- anglaises promeuvent avec vigueur le principe le plus important de tous. La certitude. C’est cette exigence de certitude et,,triser le fonctionnement du négoce ou de l’armement de nos d’équité – qui soude les contrats et permet de les restaurer quand ils se démantèlent – qui rapproche les parties par dizaine devantclients est la clef de voute de notre métier. ,,les Cours Royales de justice de Londres. Le fondement du Le principe le plus négoce est important? ,,la confiance. ,,La certitude.Malheureusement, les parties contractantes brisent parfois leurs Pour cette raison, on retrouve des juristes du négoce et de l’ar-promesses. Quand une transaction tourne mal, il est parfois tentant mement spécialisés en droit anglais dans tous les centres de né-de se détourner de ses obligations. Par conséquent, les tribunaux goce internationaux, de Sao Paulo à Singapour. Ils sont ainsibritanniques ont mis au point un arsenal impressionnant d’outils proches de leurs clients et disponibles quand nécessaire, qu’il s’agisse d’un petit négociant de café brésilien ou d’un armateur grec, d’un trader en métaux en Russie ou d’un majeur minier en Australie ou en Afrique. TENSIONS GÉOPOLITIQUES Les juristes doivent suivre de très près les dernières sanctions sus- ceptibles de restreindre le commerce international. C’est plus par- ticulièrement le cas à la lumière des événements récents en Ukraine. Les juristes dispensent les conseils indispensables en ma- tière de régime des sanctions prononcées à l’encontre de pays comme l’Iran, la Syrie, la Libye, le Soudan, l’Irak ou la Côte d’Ivoire. Pour les traders en matières premières, nous prêtons une attention toute particulière aux sanctions prononcées par les Nations-Unies et l’Union européenne, adoptées au niveau national. Transiger avec ces sanctions peut vite devenir une erreur coûteuse. —— WORK #05 — 27

Agir durablement pour la santé et la protection des enfants.Depuis 54 ans, Terre des hommes soutient les enfants malnutris etmalades, améliore l’accès à l’eau et promeut l’égalité d’accès auxservices de santé publique.Terre des hommes protège les enfants exploités, privés de liberté,placés en institution et en danger lors de catastrophes naturellesou de crises humanitaires. Votre testament en faveur de l'enfancecontribue à l'engagement de Terre des hommes.Commander gratuitement nos guides des successions à l'aide du coupon ci-dessous ou contactez directement votrepartenaire Vincent Maunoury, T +41 58 611 07 86, [email protected] d'infos: Calculez votre part d’héritage disponible sur www.tdh.ch/donate/legacyJe commande la documentation gratuite sur les guides des successions.Veuillez retourner ce bulletin par fax, e-mail ou par courrier.Nom : NPA / Lieu :Prénom : Tél :Adresse : E-mail : Siège | Hauptsitz | Sede | Headquarters Avenue de Montchoisi 15, CH-1006 Lausanne T +41 58 611 06 66, F +41 58 611 06 77 E-Mail : [email protected], CCP/PCK: 10-11504-8

BUSINESS © Courtoisie ETF SecuritiesMatières premières etinvestissementsDepuis une dizaine d’années, les investisseurss’intéressent aux placements sur les matièrespre m i è r e s . L ar g e m e n t s ou s for m e d’E T P.PAR RIMA HADDAD, ETF SECURITIES HISTOIRE D’UNE ENVOLÉE U n ETP (Exchange Traded Product) est un Partie de rien, l’industrie des ETP s’est transformée moyen de placement qui reflète la perfor- depuis l’émission des tous premiers produits cotés au mance d’un panier d’actifs. Les ETP portent New York Stock Exchange en 1993. Il existe au- sur des indices, des matières premières ou jourd’hui plus de 5000 produits couvrant une vaste des devises. Conçus pour refléter le cours d’un marché gamme d’expositions et offrant une grande diversité sous-jacent existant, ils sont considérés comme une aux investisseurs qui cherchent à accéder à plusieurs méthode d’investissement alternative et sont de plus en classes d’actifs. Les avoirs sous-gestion des ETP se plus recherchés. Un ETP se négocie sur une bourse ré- montaient à plus de 2600 milliards de dollars à fin oc- gulée, tout comme une action individuelle. Son prix est tobre dernier. Les Etats-Unis représentent 68% de ce continuellement réévalué au cours de la journée et il montant alors que l’Europe ne compte que pour 17%. peut acheté ou vendu à tout moment pendant les Le taux de croissance annuel composé de ces actifs heures d’ouverture du marché. s’est monté à 27% reflétant un appétit énorme pour ces instruments peu coûteux en frais, transparents et liquides.— WORK #05 — 29

BUSINESS LE CADRE RÈGLEMENTAIRE et des ventes. En d’autres termes, la liquidité d’un ETP sur le blé dé- rive de celle des futures auxquels il est adossé. Citons un exemple:Il existe deux grandes catégories d’ETP en Europe: les ETF et les en septembre, le tracker le plus important sur le blé négociait enETC. Les ETF (Exchange Traded Funds) sont des investissements moyenne 670 000 dollars par jour sur le marché de Londres. Tou-collectifs (comme les SICAV) qui répondent aux normes permettant tefois sa limite de négociation est basée sur celle du contrat sous-leur distribution auprès du grand public dans l’ensemble de l’Union jacent dont la moyenne journalière pour le même mois était de 1,16européenne. La directive UCITS assure que les normes de trans- milliards de dollars. Bien que l’ETP n’ait représenté que 0,06% duparence et de diversification requises soient respectées. Les ETC marché sous-jacent, il bénéficiait de la liquidité du produit de base.(Exchange Traded Commodities) portent sur les matières premièreset ne sont pas labellisés UCITS. Ils peuvent toutefois être intégrés OR ET DIVERSIFICATION STRATÉGIQUEau sein d’un portefeuille UCITS ce qui permet aux gérants d’offrirdes expositions spécifiques aux matières premières que les ETF Le premier ETP sur l’or 2 a été émis en 2003. Cet instrument estne permettent pas. En outre, les caisses de retraite qui ne pou- extrêmement populaire auprès des investisseurs. Avant sa créa-vaient auparavant allouer des fonds aux matières premières en tion, les placements sur l’or se faisaient soit par achat de métal,raison des restrictions sur la détention physique, peuvent mainte- soit par acquisitions d’actions de mines d’or, dont la valeur était censée suivre celle du métal. La crise de 2008 a démontré que,,nant y accéder grâce à ces produits physiquement adossés aux le mouvement des actions des sociétés aurifères se désolidarise de celui de l’or en période de troubles. En 2011, l’or montait dematières premières par le biais de swaps. 11% alors que les actions des producteurs d’or perdaient 18% 3. De manière plus générale, les investisseurs prennent des posi- La révolution tions sur l’or pour diversifier leurs risques car la corrélation de l’or aux autres classes d’actifs est faible. Valeur refuge tradition- des ETP ne ferait nelle, l’or a tendance à s’apprécier en période de turbulences économiques et politiques. ,,que commencer. L’interaction entre les ETC sur l’or et le marché physique est parfois inattendue. Après la formidable hausse du cours du métal entre ACCÈS AUX MATIÈRES PREMIÈRES PAR LES ETC 2003 et 2012, les capitaux se sont largement retirés du marché des ETC correspondants ce qui a dégagé un stock additionnel deUn ETC adossé à une matière première reflète le cours de cette ma- 850 tonnes d’or sur le marché physique. Presque immédiatementtière. Certains ETC reproduisent directement la performance d’une compensé par une demande d’or physique en Chine de 1110matière première précise, l’or ou le pétrole par exemple. D’autres tonnes 4. Un exemple des répercussions réciproques entre marchéreproduiront un indice de plusieurs matières premières. Ces ETC des ETP et marché de l’or physique.permettent l’accès aux rendements des marchés physiques (spot)ou de celui des futures1. Les ETC dits physiques sont adossés à une PÉTROLE ET PRINTEMPS ARABEquantité physique précise de la matière qu’ils représentent, typique-ment des métaux précieux, et permettent l’exposition aux mouve- La recherche démontre que les mouvements de prix sur les ma-ments des prix spot sous-jacents. Les ETC dits synthétiques suivent tières premières sont décorrélés de ceux sur les autres classesdes indices composés de contrats de futures sur les matières pre- d’actifs (actions ou obligations) et permettent de protéger un por-mières et offrent une exposition aux mouvements de ces contrats. tefeuille d’investissement pendant les périodes de troubles. CeDans les deux cas, l’investisseur peut se positionner sans avoir à phénomène était particulièrement évident sur la période d’insta-assumer la livraison physique de la matière première. bilité politique qui a accompagné le Printemps Arabe. Entre le 25 Janvier 2011 et le 26 Avril 2011, le sous-indice Bloom- ETP ET LIQUIDITÉ berg Brent Crude a augmenté de 24,6% 5. Simultanément, le cours de l’action BP s’est effondrée de 6,6% et le FTSE 100 a pris 2,6%.La liquidité d’un ETP est directement associée à celle du produit Les investisseurs qui se sont positionnés tactiquement sur l’or àsous-jacent qui est elle-même déterminée par le niveau des achats l’époque ont davantage profité de l’exposition aux futures sur l’or qu’à celle sur les actions illustrant les avantages de la diversifica-1. Un future ou contrat à terme est un contrat standardisé négocié tion vers les produits de base. sur un marché organisé permettant de s’assurer ou de s’engager sur un prix pour une quantité déterminée d’un produit donné (le L’AVENIR? sous-jacent) à une date future. La révolution des ETP ne ferait que commencer. McKinsey prévoit2. Graham Tuckwell, fondateur d’ETF Securities est le créateur du un doublement des fonds investis en ETP à 4700 milliards de dol- premier ETP sur l’or en 2003 et du premier ETP sur le pétrole en lars dans les 3 à 5 prochaines années 6. En ouvrant la porte au pu- 2005 blic, les ETP ont en quelque sorte démocratisé une part de l’investissement autrefois restreint aux professionnels. —3. Source Bloomberg .4. Source ETF Securities, Bloomberg, Hong Kong Consensus and Statistics Department5. Source Bloomberg6. Source Mckinsey, 201230 — W O R K # 0 5 —

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TILT C215 BEZT SMASH137 ERNEST ZACHAREVIC MAYA HAYUK SAINER BOM’K INTIwww.printthemall.com

BUSINESSNégoce physique etrèglementations BANQUES ET NÉGOCE PHYSIQUE© John Tlumacki, The Boston Globephysiques s’appuyaient pour rester en dehors du champ règle- mentaire, un indicateur clair de la volonté du régulateur de limiter Depuis trois ans, le contrôle du © Bloomberg Newsles exclusions actuellement disponibles à cette classe d’acteurs. négoce physique des matières Cette exemption, introduite à l’origine sur le postulat que les né-© ESMA par des groupes bancaires in- gociants ne posaient pas le même risque systémique que leurs quiète les autorités américaines. homologues financiers, ne sera plus acceptable. Les nouvelles rè- En 2003, la Réserve fédérale gles s’appliqueront à tous les instruments – futures, swaps et au- américaine autorisait les banques tres contrats de dérivés adossés à des matières premières – qui à entrer sur les marchés phy- peuvent faire l’objet d’un règlement physique et sont négociés sur siques. Une autorisation valable un marché réglementé. Pour chaque transaction, la chaine com- Elizabeth Warren pour 10 ans. Elles y prenaient ra- plète des contreparties touchées sera déclarée au régulateur.pidement une place importante. Goldman Sachs, JP Morgan etautres ténors de Wall Street se positionnaient sur le pétrole, le TRANSPARENCE DANS LES INDUSTRIEScuivre ou l’aluminium, rachetant stocks et entrepôts. Ils furentmême soupçonnés l’année dernière d’utiliser leur position do- EXTRACTIVESminante pour former des goulets d’étranglement afin de mani-puler les prix. Vrai ou faux? La sénatrice du Massachusetts, Sous la poussée de l’InitiativeElizabeth Warren, s’est insurgée de cette mainmise de la finance pour la Transparence dans les In-sur les approvisionnements et a exigé que leur activité soit limi- dustries Extractives (ITIE), c’esttée. «Je partage l’inquiétude des mes collègues que les gérants avec la section 1504 du Doddd’actifs de Wall Street exercent un contrôle sur de larges pans Frank Act que la transparence surde l’infrastructure américaine» déclarait-elle en 2013. Depuis les l’activité des industries extrac-banques ont cédé une grande partie de ces activités. Pas suffi- tives est apparue dans les règle-samment pour Saule Omarova, professeure de droit à l’Université mentations occidentales. Intégréede Cornell. «Historiquement, la politique des Etats-Unis a toujours au Dodd Frank pour répondre àété que les institutions bancaires ne devaient pas être impliquées Lucy Neville Rolfe une volonté de combattre la cor-dans les activités non-financières» expliquait-elle mi-novembre. ruption dans les pays riches en ressources naturelles en four-D’un point de vue règlementaire, c’est une contradiction. nissant aux citoyens de ces pays une information détaillée sur les paiements effectués par les sociétés d’extraction à leurs gou- RÈGLEMENTATION SUR LES DÉRIVÉS vernements et entités publiques, la section 1504 exige pour les sociétés cotées de l’industrie extractive (dont pétrole, gaz et mé- Cette année la règlementation taux) la déclaration de tous les paiements de plus de 100 000 européenne sur le marché des dé- dollars à des gouvernements ou à des entités publiques, dans rivés adossés aux matières pre- un état ventilé par pays et par projet. La directive européenne mières subit des changements d’octobre 2013, a été rédigée dans le même esprit bien que son majeurs. La directive MiFID2, spectre soit plus étendu. Elle s’applique à toutes les grandes so- conçue sous la direction de Cathe- ciétés cotées ou non cotées qui appartiennent au secteur des rine Sutcliffe, responsable senior industries extractives ou de l’exploitation des forêts primaires. pour le marché secondaire des Pour le reste, les règles sont similaires à celles du Dodd-Frank Verena Ross dérivés à l’Autorité européenne Act. L’introduction des normes ITIE dans la législation euro-des marchés financiers (AEMF) et soutenue par la directrice exé- péenne a été fortement encouragée par Lucy Neville Rolfe, di-cutive de l’AEMF, Verena Ross, élargit le périmètre des contrôles rectrice du Ministère de l’Entreprise, de l’Industrie et deset les durcit significativement. Le nouveau périmètre viendra se compétences, au Royaume-Uni. La représentante de la Grande-substituer aux directives MiFID1 et devrait être appliqué à fin 2016. Bretagne, Margaret Sutherland, vient d’ailleurs du même minis-Les exemptions seront dorénavant réduites. MiFID2 abroge la dé- tère. Ces lois ne s’appliquent pas au négoce mais certainesrogation sur la base de laquelle un certain nombre de négociants maisons de trading comme Trafigura y adhèrent déjà. — — WORK #05 — 33

SOCIÉTÉMargarita Louis DreyfusDes actionnairesresponsablesMargarita Louis Dreyfus est présidentedu groupe Louis-Dreyfus, une multinationalede négoce de matières premières. Elledirige une entreprise qui emploie plus de40 000 personnes. PAR Becky Anderson, pour CNN Leading Women. Certains diraient que votre poste est extrême-L’interview a été réalisée pendant la visite d’une usine de ment privilégié pour quelqu’un qui n’a pas eu de formation liée aux matières premières. Et que le production de jus d’orange au Brésil puis sur l’une des poste est difficile pour une femme dans un plantations du groupe, à l’extérieur de São Paulo. monde où évoluent essentiellement des hommes. A quel point cette transition a-t-elle,, Margarita Louis Dreyfus est à la tête du groupe depuis été difficile? 2011. Elle prend la relève à la mort de son mari Robert Je ne sais pas où nous en serions sans ces 3 ans à Dreyfus atteint d’une leucémie. Elle confie que la lutter pour la vie de Robert parce que le milieu médical longue maladie de son époux lui a permis d’apprendre est aussi un monde dominé par les hommes. Etre en quelques leçons en affaires. Le groupe Louis Dreyfus lien avec ses médecins était pour moi comme une a été fondé en 1851, puis dirigé par des hommes école, et je ne savais pas qu’un jour cela me serait jusqu’à l’arrivée de Margarita. Depuis qu’elle a repris utile. J’ai utilisé cette expérience lorsque je suis arrivée les affaires du groupe en 2011, dirigé auparavant par dans le secteur des matières premières, un univers des hommes, elle a appris à collaborer avec eux. dominé par des hommes avec de très gros égos. Per- sonne ne peut tout savoir, alors l’important c’est de L’important c’est de travailler ensemble. ,,travailler ensemble. Avez-vous ressenti le fait de ne pas être respectée simplement parce que vous êtes une «J’ai appris que les relations humaines sont une femme? chose primordiale dans les affaires. Il en va de même Bien sûr. Le fait d’être une femme, blonde, et comme pour nos contrats qui s’élèvent en centaines de mil- vous l’avez mentionné, sans aucune expérience dans lions d’euros. Bien que le business de l’orange ne soit le domaine, n’a pas aidé. Mais comme je n’avais ni pas aussi important que celui du maïs ou du soja, les mêmes ambitions, ni ce genre d’égo, cela ne m’a c’est l’essence même de nos activités en Amérique pas dérangée qu’ils me perçoivent ainsi. Je ne fais pas du Sud et au Brésil depuis plus de 100 ans. Je suis de différence entre moi en tant que femme et un venue il y a deux ans et demi, et je voudrais voir où homme. Je pense qu’être une femme est réellement en sont les choses à présent». un avantage pour rassembler ces hommes autour d’une seule et même table.34 — W O R K # 0 5 —

SOCIÉTÉComment décririez-vous votre style de management? ,,Je n’essaie pas de les manager, j'essaie de faire tout mon pos- La liberté de prendresible pour que tout le monde se sente à l’aise et responsable ,,ses responsabilités.dans son travail. J’essaie de donner à chacun, la liberté de pren-dre ses responsabilités. S’ils prennent une décision, ils doivent Mon mari venait tous les weekends en Suisse car son chien yen assumer les conséquences même s’ils ne sont pas d’accord. était.Il doit toujours y avoir une discussion constructive. Son chien? Oui, son chien. L’avion était vide à 6h du matin, et le système de réservation nous a installés côte à côte, et je me suis demandée pourquoi. C’était le destin. Est-ce que vos enfants vont eux aussi être impliqués dans les affaires? Si ce n’est pas le cas, alors la fondation? En réalité, personne ne le sait. Nos enfants sont libres. PARCOURS Selon vous, lequel de vos trois enfants pourrait être le plus dur en affaires?Margarita Louis Dreyfus est née à Leningrad en Russie à Je dirais mes deux jumeaux.l’époque de l’Union soviétique. Elle étudie le droit et l’éco-nomie, puis emménage en Suisse dans les années 80 pour Ont-ils déjà un sens de leur héritage?y travailler. Elle rencontre son défunt mari, Robert, lors d’un Je ne veux pas leur imposer de responsabilités, mais ils n’aurontvol Zurich-Londres en 1988. Le couple se marie 4 ans plus pas d’autre choix que d’être des actionnaires responsables.tard. Margarita Louis Dreyfus est passée de femme et mèreau foyer de trois enfants à femme d’affaires influente à la Retrouvez Leading Women chaque mois sur CNNtête d’une multinationale sans avoir eu de formation en af- International: www.cnn.com/leadingwomenfaires au préalable. Elle est devenue présidente du groupeà la suite du décès de son mari Robert alors qu’il luttait VIDEO: http://edition.cnn.com/video/data/2.0/video/busi-contre une leucémie depuis 12 ans. Son objectif: réaliser le ness/2014/02/18/spc-leading-women-margarita-louis-souhait de Robert pour que le groupe Louis Dreyfus re- dreyfus.cnn.htmlvienne à ses héritiers.— WORK #05 — 35

SOCIÉTÉLes multiples visagesdu négoceLe négociant en matières premières est aller à leur rencontre dans diverses universités ousouvent imaginé seul, derrière ses écrans, écoles suisses afin de leur présenter les opportunitésun téléphone collé à chaque oreille. de carrière qui s’offrent à eux dans cette industrie.Mais il n’en est rien. Le négociant est souvent imaginé, seul, derrière ses écrans, un téléphone collé à chaque oreille, mais il PAR SILVIANE CHATELAIN, GTSA n’en est rien. Il est le maillon d’une longue chaine au- tour duquel s’activent de nombreuses personnes aux B ien que très présent à Genève, le négoce in- profils divers et variés sans lesquelles rien ne serait ternational reste peu connu du grand public possible. Pour acheminer une cargaison d’un pays et les métiers qui s’y rapportent encore plus. producteur à un pays consommateur, la chaîne néces- Les jeunes sont l’avenir des sociétés et site l’intervention de nombreux spécialistes, dotés chaque année, GTSA prend son bâton de pèlerin pour d’une bonne connaissance du terrain et maîtrisant les36 — W O R K # 0 5 —

SOCIÉTÉrisques opérationnels et financiers à chaque étape de l’achemi- Cette formation offre aux opérateurs juniors, ainsi à ceux qui as-nement de la marchandise. Ces dernières années, le travail s’est pirent à le devenir, une excellente vue d’ensemble qui permetfortement complexifié et il est de plus en plus difficile de se «for- notamment d’approcher les trois principaux groupes de matièresmer sur le tas». premières (agriculture, énergie et métaux). Tous les formateursLe secteur du négoce international recherche en permanence de sont des gens du métier qui viennent transmettre leur passionnouveaux talents et des profils très spécialisés bien qu’il soit par- et leurs expériences en s’appuyant parfois sur des anecdotesfois difficile d’y entrer comme dans toute industrie. GTSA propose croustillantes. Ce certificat a rapidement gagné ses lettres deplusieurs programmes reconnus par la profession qui permettent noblesse et de nombreux employeurs cherchent désormais desaux entreprises de gagner un temps de formation précieux et candidats ayant complété cette formation.aux participants de découvrir de nouvelles opportunités profes-sionnelles. ,,Suite à la crise économique et aux nouvelles réglementations Ne pas céder àinternationales qu’elle a engendrées, de nouveaux métiers ontvu le jour, dont la fonction de contrôle qui s’assure que les en- la solution de facilitétreprises du secteur sont toujours en conformité avec les lois.Le développement durable occupe également une place de plus qui consiste àen plus importante chez les acteurs de la branche, conscientsde leur impact social et environnemental. Les systèmes d’in- n’engager queformation se développent toujours plus, notamment dans lagestion du risque commercial, mais également au niveau des ,,des spécialistes.ressources humaines qui se globalisent pour faire face à lacomplexification des échanges commerciaux. Les entreprises Le secteur administratif n’a pas non plus été oublié et une for-emploient des personnes capables non seulement d’utiliser, mation de quatre demi-journées leur est offerte deux fois par an.mais également de concevoir des outils informatiques très L’idée est de permettre aux collaborateurs actifs dans la comp- tabilité, les services légaux, l’assistanat et les ressources hu-,,pointus. maines, de très vite comprendre l’essence du métier de Les formations à négociant par la compréhension de toutes les étapes nécessaires pour mener une opération à son terme. La collaboration interdé- Genève sont partementale et l’interactivité entre les participants sont mises à l’honneur. considérées comme La Suisse a une solide expérience en matière d’apprentis et de- puis 2013, il est possible à Genève de suivre un cursus bilingue ,,uniques au monde. français/anglais, le Federal Vocational Education and Training (VET). GTSA étudie la possibilité d’ajouter à cette formation desPour une entreprise compétitive et dynamique, le maintien du ni- cours spécifiques afin de former de futurs opérateurs, compta-veau de connaissance de ses collaborateurs et la formation sont bles, middle-officers.un défi quotidien. Il est également crucial pour un centre de com- En plus des formations proposées, GTSA travaille au quotidienpétence tel que l’Arc Lémanique d’être en mesure d’offrir une auprès de ses membres pour les sensibiliser à la nécessité delarge gamme de formations afin d’assurer sa pérennité en ren- consacrer du temps à la formation des jeunes et de ne pas céderforçant l’expertise locale. à la solution de facilité qui consiste à n’engager que des spécia-Depuis 2008, GTSA travaille avec l’Université de Genève pour listes.proposer deux formations académiques: un Master pour les Pour saisir la variété des perspectives de carrière offertes, l’in-jeunes Bachelors et une formation continue pour les profession- fographie présentée ci-dessus décrit l’organisation d’une so-nels ayant au minimum trois ans d’expérience. Elles sont consi- ciété de négoce type avec une sélection de métiers de base.dérées comme uniques au monde. N’oublions pas tous les autres métiers existants et à venirL’industrie a également besoin de formations non-académiques, dans un secteur qui s’adapte constamment à un environne-orientées vers la pratique. Le GTSA Operator’s Certificate, existe ment en évolution. —depuis 2012 et s’étend sur une période de quatre mois.— WORK #05 — 37

SOCIÉTÉ © Luís Vasconcelos/Unidade Infinita Projectos, Courtoisie Galerie Nathalie Obadia, Paris / Bruxelles Joana Vasconcelos, Golden Valkyrie, 2012Eternel âge d’orGloire, fortune, immortalité… Parmi les ressources naturelles, l’or a de tout tempsoccupé une place à part. Hautement symbolique, surnaturelle, voire magique. PAR ANNE-HÉLÈNE DECAUX sant par Saint-Pétersbourg, il reflète l’éclat de la Jérusalem cé- leste. Après la Renaissance, si les commissions de fresques,L es Egyptiens pensaient que la chair des dieux était mosaïques ou autres retables sacrés sont de moins en moins d’or. Ils utilisaient le métal précieux dans leurs rituels nombreuses, l’or reste au cœur de la production artistique avec funéraires. En recouvrant leurs sarcophages d’or, ils l’avènement de l’esthétique baroque ou rococo. L’ornement, et préservaient leurs corps contre toute altération lors de plus particulièrement l’ornement doré, symbole de la puissanceson passage dans l’au-delà. Le tombeau de Toutankhamon à lui des grands monarques comme Louis XIV et Frédéric le Grand,seul (l’un des plus petits de la Vallée des Rois), contenait plus est prépondérant dans la création. Les châteaux de Versaillesd’une tonne d’or massif. Au Moyen-âge, l’or continue à être et de Sans-Souci en sont de parfaits exemples.objet de culte. Dans toute l’Europe, de Byzance à Rome, en pas- On retrouve l’or dans l’art moderne. Gustav Klimt, qui venait d’une famille d’orfèvres, y recourrait régulièrement pour subli- mer ses œuvres. Pour Le Baiser, sans aucun doute son œuvre la plus connue, Klimt a utilisé de la feuille d’or pur pour donner38 — W O R K # 0 5 —

SOCIÉTÉdu relief à son tableau et transfigurer la réalité. Le couple quis’embrasse sous nos yeux décolle littéralement du parterre defleurs sur lequel il repose pour s’envoler dans la nuit étoilée.Plus récemment, des artistes comme Sylvie Fleury et JoanaVasconcelos ont aussi eu recours à l’or, mais cette fois-ci plus,,pour transmettre un message que pour des raisons purementesthétiques. Les Walkyries renvoient à la frivolité obscène ,,du luxe versaillais. JOANA VASCONCELOS © Courtoisie de l’artiste et Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/SalzburgNée en 1971, en exil à Paris avant de regagner le Portugal aprèsla Révolution des Œillets, Joana Vasconcelos aborde à traversses œuvres la question du luxe, du beau et de ses implicationspolitiques et sociales. En associant des matériaux nobles et in-dustriels, comme l’or et le crochet, l’artiste met en exergue lasurproduction et la surconsommation des pays développés. AVersailles, où elle a exposé en 2012, Joana Vasconcelos pré-sentait dans la Galerie des Batailles trois gigantesques Walky-ries, faites de tissus cousus de fils d’or. Si, au premier coupd’œil, ces sortes de pieuvres géantes pouvaient sembler kitsch,à y regarder de plus près, la gaieté, l’humour, voire le rêvecontenus dans leur extravagance masquaient une toute autreréalité. Une vision du monde lucide et ironique, parfois mêmehabitée par la conscience du danger et de la tragédie. Loind’être de simples tapisseries tridimensionnelles qui occupentparfaitement l’espace, les Walkyries de Joana Vasconcelos ren-voient à la frivolité obscène du luxe versaillais qui mena à la Ré-,,volution française, dénonçant ainsi l’artificialité des frontièresentre culture populaire et culture d’élite, luxe et vulgarité. L’or, même à la Sylvie Fleury, Ladder, 2007 laideur, donne un teint utilise des formes exclusivement contemporaines, des objets ,,de beauté. qui nous ramènent à notre quotidien. Poubelles, chariots de su- permarché, sacs à main, échelles ou escaliers mécaniques – SYLVIE FLEURY symboles de l’ascension sociale –, l’artiste plaque tout à la feuille d’or, nous faisant doucement glisser sur la pente savon-Sylvie Fleury, née à Genève en 1961, fait aussi partie de ces ar- neuse du vice commercial. L’argent ne fait pas le bonheur. Ettistes qui puisent leur inspiration dans ce que certains critiques Sylvie Fleury nous le rappelle en nous amenant à questionnerappellent l’anti-art. Provocation? Parodie? Trip New-age? A mi- les liens étroits qu’entretiennent l’art, la culture et le produit.chemin entre ready-made et pop, Sylvie Fleury questionne elle «L’œuvre artistique n’est-elle pas une métaphore de l’alchimie?»aussi le consumérisme. Mais, a contrario de Joana Vasconcelos, interroge son galeriste Thaddaeus Ropac. Quoi qu’il en soit,qui nous ramène à une certaine tradition historique, la suissesse comme disait Boileau, «l’or, même à la laideur, donne un teint de beauté». —— WORK #05 — 39

SOCIÉTÉ Career Women’s Forum Ladies’ Lunch de LausanneCréé à Genève en 1982, le Career Women’s Forum (CWF) Le Ladies’ Lunch organise deux fois par an, au Lausannesoutient le développement professionnel des femmes ac- Palace & Spa, un repas de soutien en faveur d’une œuvretives à travers un réseau de relations. L’association organise caritative dont l’action d’entraide menée en Suisse Ro-des activités professionnelles et extra-professionnelles. Elle mande, lui semble mériter un encouragement particulier.établit un dialogue permanent avec les organisations pu- Chaque demande est étudiée par le comité. L’aide financièrebliques, privées et d’autres associations. Le 13 novembre, a grandi au fil des années, permettant au Ladies’ Lunch dele CWF recevait Charles Brulhart sur la gestion des com- soutenir des œuvres d’utilité publique, dont la plupart ontportements difficiles. 3 sessions, les 18, 19 et 20 novembre démarré de façon modeste, grâce à l’initiative de personnesétaient consacrées à la découverte du charisme personnel concernées par une épreuve de vie. Le 6 novembre, le dé-par Matthias-Leonhard Lang. Le 24 novembre, Alessandra jeuner d’automne s’est tenu au profit de la fondationLazazzara le thème des Générations au travail. Le 26 janvier Dr Combe et de l’école La Cassagne, spécialisée dans l’en-2015, le CWF tiendra le forum Women’s added value in the cadrement des enfants en situation de handicap physique.economy (WAVE) sur la Durabilité, avec la participation de La Fondation Dr Combe s’investit dans la collaboration entreBen Robinson, directeur de la stratégie chez Temenos, les nombreux intervenants autour des élèves en situation deNawal Ait Hocine, responsable de la responsabilité sociale handicap et leurs familles pour permettre à ces jeunes dechez Cartier et Daniel Rufenacht, vice-président de la du- faire partie de la société à part entière. Le prochain lunchrabilité à la SGS. Le débat sera animé par Marjorie Théry, aura lieu le jeudi 7 mai 2015 en faveur de la promotion dujournaliste économique à l’Agefi. sport pour les handicapés mentaux. Hélène Gache, présidente Dominique Brustlein, présidenteBusiness & Professional Women 100 Women in Hedge FundsBusiness and Professional Women (BPW) est la princi- Fondé en 2001, 100 Women in Hedge Funds est une as-pale organisation de femmes actives, en Suisse et dans sociation globale réunissant plus de 12 000 profession-le monde. Le réseau suisse compte 2500 membres, is- nelles dont l’effort bénévole cible l’éducation, lessues de professions très diverses et réparties dans initiatives professionnelles et la philanthropie. L’associa-40 clubs. Les BPW organisent des manifestations ré- tion soutient en particulier la formation des femmes dansgulières et disposent d’une bourse à l’emploi. Elles en- le domaine de la finance alternative et attribue, chaquetretiennent des partenariats dans les sphères année, dix bourses au programme d’enseignement duéconomique, sociale et politique et sont représentées Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA). Les évè-dans les commissions européennes et internationales. nements destinés à lever des fonds incluent quatre galasBPW soutient deux initiatives importantes en Suisse. (New York, Londres, Hong Kong et Genève). Au cours desLe Code suisse de bonnes pratiques pour la gouver- dix dernières années, l’association a levé près de 30 mil-nance des entreprises entend introduire des adapta- lions de dollars au bénéfice de nombreuses associationstions spécifiques sur la représentation des femmes caritatives et impacté de manière positive la vie de prèsdans les conseils d’administration. Le Département fé- de 400 000 personnes. Le 6 novembre, l’antenne de Ge-déral de justice et police (DFJP) élaborera d’ici le milieu nève organisait une levée de fonds au profit de la Liguede 2015 un projet de loi sur la lutte contre la discrimi- Suisse contre le Cancer. Le 6 décembre l’association ap-nation salariale qui imposera de procéder régulière- pelait ses membres à la Course de l’Escalade en soutienment à une analyse des salaires dans l’entreprise. des victimes de la violence domestique. Cathy Savioz, Board Member BPW Switzerland Claire Smith, fondatrice de l’association à Genève40 — W O R K # 0 5 —

SOCIÉTÉ WISTA WBSWomen’s International Shipping & Trading Association Women’s Business Society est une association, créée(WISTA) est une organisation internationale qui regroupe à Genève en 2012, dont l’objectif est la promotion deles femmes occupant des postes de direction dans les la carrière féminine dans les secteurs de la vie écono-secteurs du négoce, du transport maritime et des mé- mique, juridique, politique et sociale. La Women’s Bu-tiers connexes. L’association veut être un acteur majeur siness Society se dédie particulièrement aux femmespour attirer davantage de femmes dans ces industries dans les quinze premières années de leur carrière. Elleet soutenir les femmes qu’y occupent des postes de res- organise diverses activités afin que les membres seponsabilité. Les réseaux, l’éducation et l’encadrement rencontrent et puissent échanger leurs vues sur lessont au cœur de ses activités car WISTA cherche à amé- questions relatives aux carrières féminines. Dont desliorer la compétence de ses membres et à renforcer déjeuners autour de personnalités susceptibles deleurs succès. WISTA compte plus de 1800 membres servir de modèles de référence à ses adhérentes. L’as-dans 32 pays et soutient la création de relations entre sociation s’est tout particulièrement mobilisée, conjoin-entreprises au niveau national et international par le tement avec l’association Femmes et Sciences et enbiais de ses membres. Le 4 novembre, WISTA fêtait ses partenariat avec les associations Femmes et mathéma-40 ans. WISTA soutient le dialogue avec l’Union euro- tiques et Femmes Ingénieurs pour faire connaître lespéenne pour l’égalité des chances dans le secteur por- métiers scientifiques pour les femmes et contribuer àtuaire en termes de formation, de promotion des supprimer un certain nombre de stéréotypes présentsemplois, de recrutement et de salaires. chez les acteurs du système éducatif. Yasmina Rauber, présidente de WISTA Switzerland Julie Wynne, présidente ONU Femmes AgendaONU Femmes est l’organisation des Nations Unies pour l’auto- Faute de place, il nous est dorénavant difficile de pré-nomisation des femmes dans le monde. Elle est présente dans senter un échéancier des évènements organisés parprès de 80 pays en développement, au travers de bureaux lo- nos partenaires et nous le regrettons. Chaque associa-caux ou de projets et 18 pays – en Europe, Amérique du Nord tion présentant un agenda complet de ses activités suret Australie – ont établi des Comités nationaux. Tristement, le son site web, nous conseillons à nos lecteurs et lec-Conseil d’administration du Comité National Suisse d’ONU trices de s’y référer directement.Femmes a décidé de dissoudre l’organisation à fin juin 2014.Ce qui n’empêche pas ONU Femmes de rester actif. Mardi 14 Career Women’s Forum (CWF)octobre, la deuxième journée du Forum Mondial de l’Investis- Site internet: www.cwf.chsement de la CNUCED se clôturait par une session sur l’égalitédes genres et l’émancipation des femmes. A cette occasion, le Ladies Lunch de Lausannerapport de la CNUCED sur l’Investissement des multinationales Site internet: www.ladieslunch-lausanne.chdans l’égalité des genres était rendu public. Le 15 octobre auterme de la 3e journée du Forum, Phumzile Mlambo-ngcuk re- Business and Professional Women (BPW)mettait le prix de la femme d’affaires d’Empretec, l’agence des Site internet: www.bpw-geneve.chNations-Unies dédiées aux petites entreprises. 100 Women in Hedge Funds Phumzile Mlambo-ngcuk, directrice exécutive Site internet: www.100womeninhedgefunds.org d’ONU Femmes Women’s International Shipping & Trading Associa- tion (WISTA) Site internet: www.wista.net ONU Femmes Site internet: http://www.unwomen.org/fr Women’s Business Society (WBS) Site internet: http://www.wbsociety.org/— WORK #05 — 41

TENDANCES © Béatrice HELG, Courtoisie de Béatrice Helg Cosmos II, 2014, Tirage Ultrachrome, 115 x 135,3 cmBéatrice HelgParoxysme de lalégèreté du métalLa photographe transpose la matière et la Elle crée des espaces épurés et monumentaux.glorifie. Elle fait évoluer le métal et voue une L’équilibre des formes se transforme, il y a déséqui-importance fondamentale à sa métamorphose libre dans l’équilibre, Béatrice Helg fait danser lespar l’action de la lumière. plaques ou pièces de métal qui nous apparaissent soudain en lévitation; elle les illumine. Ces matériaux PAR CATHERINE CHAZELLE CHAVASSIEU de construction, révélés par l’alchimie de la lumière B éatrice Helg est photographe. Fascinée par ,,se mettent à chatoyer et renaissent sous l’effet des le fer, l’aluminium, le cuivre l’artiste met en scène ces métaux, provoque leur oxydation, projecteurs. agit sur la matière pour mieux la révéler. Le fer se mue en ,,aurore boréale.42 — W O R K # 0 5 —

TENDANCES C’est dans ce monde minutieusement construit que l’on s’évade, la géométrie rime avec la poésie, l’espace avec l’inti- mité. Béatrice Helg s’approprie les lois de la pesanteur, se joue de la lourdeur des éléments, de la perspective et magnifie les clairs obscurs. Elle revisite le concret pour nous ouvrir une ,, L’ o b s c u r i t é ,,devient flamme. porte vers l’infini, nous laissant rêver devant l’abstraction de son travail: ses photos... photos que dis-je? Monuments d’ar- chitecture, scénographies, tout autant que théâtres de lumière! Une myriade de tons oscillant entre le jaune, le cuivre, l’ocre, l’argent, le gris bleuté, l’or nous enivrent. En un mot cette artiste accomplie et comblée construit ses uni- vers, redéfinit ses critères de beauté pour ravir nos yeux!© Béatrice HELG, Courtoisie de Béatrice Helg ©JCF, Courtoisie de Béatrice HelgCrépuscule XVII, 2009, Tirage Ultrachrome, 130 x 105,8 cmLa photographe transpose la matière et la glorifie: le lourd de- PARCOURSvient léger, aérien, presque volatile! Son travail est scénique,tridimensionnel; Béatrice Helg fait évoluer le métal, voue une Béatrice Helg est née à Genève en 1956. Après avoirimportance fondamentale à sa métamorphose par l’action de étudié le violoncelle au Conservatoire de Genève, ellela lumière. poursuit ses études en photographie au California Col-La démarche de Béatrice Helg consiste non pas à intervenir lege of Arts and Crafts à Oakland et au Brooks Insti-dans la réalité, mais à inventer une nouvelle réalité. Elle inter- tute à Santa Barbara puis au Centre International deagit sur les couleurs de ces matériaux de construction trouvés photographie de New York (ICP). En 1979, elle parti-parfois sur des chantiers ou décharges publiques. Grâce à elle cipe à l’organisation de Venezia’79 – la Fotografia àleurs tonalités bleues, jaunes, ocres chatoient, leur apparence Venise. En 1981 et 1982, elle travaille au départementbrute se métamorphose: le fer se mue en aurore boréale, cré- des expositions de l’ICP à New York. Béatrice Helg vitpuscule ou coucher de soleil. et travaille à Genève.L’alchimie de son travail s’épanouit dans la mise en scène deses compositions. Tout à la fois sculpteur, peintre, architecte,Béatrice Helg photographie des œuvres qu’elle nomme Profon-deurs, Emergence, Crépuscule, Transparence, Eveil ou Espritfroissé; il s’agit là de créer l’espace et de magnifier la matière.Dans ses photographies, l’obscurité devient flamme, les ténè-bres rejaillissent de clarté, les lueurs éblouissent de soleil. Enjouant avec les éclats, les formes se révèlent, les proportionsse transforment, la réalité est réinventée.— WORK #05 — 43

SAATCHI & SAATCHI SIMKO Donnons aux enfants malades la chance d’être des enfants avant d’être des malades. Voir un vœu se réaliser donne plus de force à l’espoir et plus de magie à la réalité. La Fondation Make-A-Wish® de Suisse réalise les vœux d’enfants et de jeunes âgés de 3 à 18 ans vivant avec une grave maladie. Pour continuer d’offrir à ces enfants et à leur famille de grands moments de bonheur, nous avons besoin de vous. www.makeawish.ch

TENDANCESLivresAttrayant comme un manuel scolaire multicolore et cependant d’une incroyable densité Bernadette Mérenne-Schoumaker,d’information, cet Atlas pluridisciplinaire est un remarquable outil de compréhension du préface de Philippe Chalmin, Atlasmonde actuel, dont il éclaire toutes les facettes sans en nier la complexité, l’avouant même mondial des matières premières:parfois inextricable. La définition du concept même de «matière première», synthétisée endeux pages d’introduction, rend bien compte de la difficulté à cerner le sujet! Mais, passé Des ressources stratégiques,cet écueil, la démonstration est impressionnante. Les hydrocarbures, les métaux rares et Autrement, 2014 – 96 pages, Fr. 34.70les minerais radioactifs ouvrent le bal. Face à eux, céréales, café, coton, sucre, produits del’élevage et de la pêche, mais aussi l’eau ou le bois: tout aujourd’hui se négocie. A laconsommation qu’entraînent les marchés classiques ou naissants répondent des stratégiesgéopolitiques que la Chine et les Etats-Unis arbitrent de plus en plus difficilement, talonnéspar les nouvelles grandes puissances, les crises de toutes natures, l’exigence écologique.Joints à la raréfaction de matières premières non renouvelables et aux déséquilibres tou-jours plus explosifs entre les régions, ces facteurs défient le XXIe siècle avec une urgencecroissante: attachés au possible des solutions, les auteurs, positifs mais réalistes, ne ca-chent pas la difficulté à jouer la carte d’une gouvernance assagie face à la surpuissancedes marchés. Les TOP de WORK Spécialiste des mathématiques financières, Alors que les navires marchands de jadis Tant pis pour le solécisme du titre, voiciqu’elle modélise et enseigne au plus haut ni- font rêver avec leurs cargaisons roma- une étude qui a le mérite de faire le tour veau, la franco-américaine Hélyette Geman nesques, ceux d’aujourd’hui laissent froid – des questions, sinon des réponses. D’un et pourtant! Depuis les années 1970, l’écra- côté, Jean Ropers, président du Groupe- brosse pour la première fois le panorama sante majorité de ce qui fait notre quotidien ment des entreprises parapétrolières, biencomplet d’un secteur du commerce mondial personnel et l’économie de la planète, brut armé pour démontrer l’avantage d’une complexe, dont elle ne laisse aucun aspect ou manufacturé, sort d’un porte-containers. indépendance énergétique inespérée eninexploré, des stratégies d’investissement aux La journaliste britannique Rose George s’est donc embarquée sur les mers du globe à la période de crise mondiale. De l’autre, transports en passant par l’impact du rencontre des plus grands cargos, des plus Muriel Bodin, avocate en droit public, stockage, de l’agrochimie ou des biocarbu- étonnantes marchandises, des plus dange- fâcheusement minorisée, mais dont larants. Conçu comme un élément de réflexion reux aspects aussi du fret maritime: mafias sévère mise en garde contre les dangers pour les acteurs du marché (investisseurs, de la contrefaçon, piratage, pertes en mer… environnementaux, sanitaires, écono- assurances, etc.), Agricultural Finance est Une enquête dure, minutieuse et sans fards, miques et légaux est salutaire pour éclai-aussi une stupéfiante radiographie des méca- qui garde cependant un parfum d’aventure! rer les enjeux d’un duel absurde auxnismes qui régissent l’alimentation mondiale. Rose George, Ninety Percent of Eve- intérêts irréconciliables. Hélyette Geman, Agricultural rything: Inside Shipping, Picador, Finance: From Crops to Land, Water 2014 – 287 pages, Fr. 19.90 Muriel Bodin, Jean Ropers, Gaz de schiste: vraie ou fausse opportunité?, and Infrastructure, Wiley, 2015 – Le Muscadier, 2013 – 125 pages, Fr. 15.90 350 pages, Fr. 103.30 Libraire conseil: Payot — WORK #05 — 45

TENDANCES ᕢ ᕡᕣ Nirvana, les étranges ᕤ PAR KHADIJA HEMMA N irvana. Les étranges formes du plaisir est la première exposition d’envergure internationale en Suisse dédiée aux formes du plaisir dans la création contemporaine. Une enquête approfondie sur leur influence dans le design, la mode et l’art contemporain. Le Mudac nous dévoile les formes du plaisir à travers une riche collection d’objets et d’images insolites. Tour à tour audacieuse ou énigmatique, cette exposition présente quatre-vingts artistes, designers et créateurs de mode et plus de 200 objets et instal- lations. ᕥ Du 29 octobre 2014 au 26 avril 2015, l’exposi- tion propose une sélection de créateurs contem- porains utilisant une iconographie liée au plaisir, s’inspirant aussi bien de la littérature érotique et fétichiste que des images, objets ou vêtements associés à l’érotisme. Ces objets de belle facture sont réalisés dans des matériaux issus du monde du luxe, de l’artisanat et de l’art contemporain. Les créateurs habillent les corps de vêtements moulants aux matières sensuelles, les parent de bijoux ludiques, créent un mobilier aux formes évocatrices ou des œuvres d’art sulfureuses. 1. Petros Chrisostomou, Big Wig 5, 2006, Photographie couleur, 150 x 120 cm, Collection particulière, Paris, Courtesy Galerie Xippas2. Mark Woods, Blonde Bombshell, 2014, Rhodium plaqué argent, résine phénolique, cheveux, 68 x 27 x 6.5 cm, Prêt de l’artiste, Photo © Paul Tucker 3. Mark Woods, Brownie Box Fetish, 2014, Cuir, métal blanc, cheveux, 68 x 27 x 6.5 cm, Prêt de l’artiste, Photo © Paul Tucker 4. Vue de l’exposition Nirvana. Les étranges formes du plaisir, mudac, Lausanne 29.10.2014 – 26.04.2015, Photo © Olga Cafiero 5. Olivier Schawalder, Les Tricophiles, 2013, Cheveux, plastique, Photographie © Roberto Greco46 — W O R K # 0 5 —

TENDANCES ᕡ ᕢformes du plaisir ᕣNirvana affirme le rapport entre l’homme et le plaisir et invite levisiteur à se confronter à une vision de la sexualité dans laquelleil peut sans doute se reconnaître...Cette rétrospective nous renvoie à notre propre conception et per-ception du plaisir. Le tabou et l’interdit sont contournés par l’usagede formes ou de matériaux inédits et par un savoir-faire raffiné.Contempler une robe faite de peignes ou une table entourées deceintures cuivrées, humer des fragrances troublantes, détailler lecontenu d’une «mallette à adultère», telles sont les situations quele visiteur vit au fil de l’exposition.Et pour faire durer le plaisir, trois créateurs majeurs – les de-signers Mark Woods et Nika Zupanc et la créatrice de bijoux BetonyVernon – ont eu carte blanche pour offrirà l’œil public ce qui, jusqu’alors, étaitconfiné à l’intimité.L’exposition s’accompagne d’un richeprogramme d’activités, touchant aussi ᕤbien aux mots du plaisir qu’aux parfumssensuels. L’intervenante Maïa Mazau-rette, auteure, chroniqueuse et blo-gueuse, était notamment présente en ᕥnovembre pour délivrer son interpréta-tion de Nirvana. —Mudac, Place de la Cathédrale 6,1005 Lausanne, www.mudac.ch1. Nika Zupanc, Till death do us part (Black Cherry Lamps), 2009 – 2011, Verre soufflé, metal, plastic, 82 x 36 x 85 cm, Prêt de l’artiste, Photo © Dragan Arrigler 2. Dejana Kabiljo, PRETTYPRETTY, Marcellina, 2009, Crins de chevaux sur bois, construction en métal vintage, 77 x 45 x 56 cm, © Kabiljo Inc., Photo © Christian Maricic 3. Vue de l’exposition Nirvana. Les étranges formes du plaisir, mudac, Lausanne 29.10.2014 – 26.04.2015, Photo © Olga Cafiero4. Nika Zupanc, Till death do us part (Homework Table), 2009 – 2011, Bois, papier, aluminium, cuivre, 140 x 85 x 75 cm, Prêt de l’artiste, Photo © Dragan Arrigler5. Nika Zupanc, Till death do us part (Homework Chair), 2009 – 2011, Bois, papier, aluminium, cuivre, 140 x 85 x 75 cm, Prêt de l’artiste, Photo © Dragan Arrigler — WORK #05 — 47

TENDANCES © Loan NguyenConscience éco-responsable PAR DANNY BAUMANN © Loan Nguyen Laure Paschoud, la mode localeJeunes créateurs ou marque aguerries Le maître mot: respect desuisses font de leurs collections un l’environnement.projet environnemental et social. Consciente queExplications. l’industrie du textile est extrêmement polluante etL’éco-responsabilité n’est plus un sujet tabou. Barbara Steudler socialement peu humaine,directrice de NiceFuture, association de lutte pour l’environne- Laure Paschoud, lors de lament et l’équité sociale, abonde dans ce sens: «Les choses création de sa marque enchangent lentement, mais au moins elles bougent. Sous la pres- 2010, décide de trouversion des médias, comme par exemple suite à l’incident de l’usine les solutions les plus éco-qui c’est écroulé au Bengladesh, les marques ont été obligées logiques et respectueusesde prendre conscience de leurs responsabilités.» Le marché voit possible pour la produc-également la naissance de beaucoup de jeunes créateurs qui se tion de ses vêtements.tournent vers l’éco-responsabilité, tout comme certaines sociétés C’est pourquoi l’ensemblede la grande distribution. Quand est-il du marché suisse? «Aux de ses collections est faitUSA il est branché de s’habiller avec des vêtements éthiques, de tissus suisses, ce quien Suisse on est un peu en retard», nous répond Barbara Steud- permet un circuit trèsler. Petit florilège d’entreprises suisses qui font de leurs collec- court, et de grandes quali-tions des textiles et produits éco-responsables. — tés afin de garantir des produits finaux de très longue vie. Toute sa com- munication va également dans ce sens: papier recy- clé, look book en PDF ou étiquettes des vêtements faites de chutes de tissus récupérés.48 — W O R K # 0 5 —

TENDANCES © Coll.part. Coll.part., ou l’art de la seconde vie L’atout: des accessoires de modes et de décorations à partir de matériaux upcyclés, recyclage sans transformation chimique. Le matériau est toujours le point de départ d’une collection, comme ici des sacs d’aliments pour pois- son qui sont transformé en sac à main. Autre geste: tous les envois de colis depuis leur stock de Lausanne sont effectués avec des cartons recyclés. L’art d’utiliser les qualités de chaque objet pour leur offrir une deuxième vie.© Switcher © Pascal Grob Avoriaz Women – 60 bouteilles de PET E170 Female Workdress Switcher, le pionnier Freitag, la marque underground Le principe: toutes leurs actions sont influencées par un engagement social L’ADN de la marque: transformer des vieilles bâches de camions en sacs très et responsable pour l’environnement. Des labels qui garantissent une culture pratiques. Chaque pièce est unique. L’histoire débute en 1993 lorsque Markus du coton sans engrais chimiques ou encore une amélioration des conditions et Daniel Freitag ont besoin d’un sac résistant car bien souvent ils se trouvent de vie et de travail des ouvriers. Une véritable culture d’entreprise. Les habits sous la pluie, les vrais Zurichois se déplaçant à vélo. Leur vient l’idée de faits à partir de bouteilles de PET recyclés sont, dans ce sens, une avancée découper un sac dans une vieille bâche, d’utiliser une ancienne ceinture de extraordinaire. Autre point fort: la traçabilité de chaque produit. Vous pourrez sécurité pour la bandoulière et, pour les coutures, une chambre à air de vélo. ainsi le suivre étape par étape, la transparence est ainsi absolue. Les projets Sans vraiment le vouloir Freitag est né. La dernière nouveauté? F-ABRIC, environnementaux et sociaux ne sont pas prêts de s’arrêter chez Switcher. vêtements éco-responsables. L’avenir est en marche… — WORK #05 — 49


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