JEUNESSE ComprendreJeunesse, stable, mais aussi temps d’apprentissage denom féminin : la citoyenneté ». Espace de réflexion et de« Période de concertation des jeunes, le FFJ a émis sixla vie entre avis et une centaine de propositions thé-l’enfance et matisées afin de construire des proposi-l’âge mûr chez tions relatives aux problématiques de cettel’homme. » génération (« Représentation des jeunes enUne période France », « Nouvelles politiques en direc-de transition, tion des jeunes », « Droit à la santé », « Votesi l’on se fie à la et participation des jeunes », « Formationdéfinition stricte et insertion professionnelles », « Enjeuxdu dictionnaire. climatiques et environnementaux »). La jeunesse est donc une situation de pas- sage, que Michel Fize, sociologue, cher- cheur au CNRS, spécialiste des questions de l’adolescence, de la jeunesse et de la famille, auteur de Jeunesses à l’abandon (Mimésis, 2016), délimite en ces termes : « La « jeunesse » est une dénomination géné- rique. Elle recouvre une pluralité de situations et des conditions qui varient selon les origines sociales et les parcours scolaires, notamment. Il n’existe donc pas d’unicité de situations deJEUNESSE, LÈVE-TOI !REPORTAGE, NICOLAS ROUSSEAUActeurs de l’économie-La Tribune a souhaité comprendre à travers une série de trois reportages,comment et par quel moyen la jeunesse française, dynamique, énergique et combative, néanmoinstrop souvent absente du débat politique, s’engage pour bousculer l’ordre établi. Marquée parun chômage massif, sou rant d’une image peu flatteuse auprès des générations aînées- suspectée d’être peu ou pas mobilisée - cette jeunesse pourtant s’engage via des modesalternatifs (réseaux sociaux, entrepreneuriat social et solidaire, engagement hyper local)qui échappent aux politiques publiques et aux dispositifs traditionnels d’évaluation.Des investissements protéiformes dont les valeurs sont aussi fortes que plurielles. Premier volet.Une définition que complète le Forum la jeunesse. Cela dit, je m’interdis de parlerfrançais de la jeunesse, prenant en compte « des » jeunesses, un pluriel qui laisseraitles disparités de situations et les réalités considérer que nous assistons à un éclate-diverses des personnes concernées. Struc- ment de ces situations et une impossibilitéture rassemblant les principales organisa- de connexions entre elles. Au final, la jeu-tions nationales gérées et animées par les nesse recouvre des situations diverses au seinjeunes, associatives, syndicales, politiques d’une seule et même génération qui possèdeet mutualistes, le FFJ désigne la jeunesse les mêmes aspirations et rencontre les mêmescomme une « période de transitions de dif- difficultés. »férents ordres : passage du domicile familial Et face à ces difficultés, la générationau domicile autonome, transition vers la jeune est unanime quand elle parlemise en couple, temps entre la fin de la sco- d’elle-même : le regard que portent leslarité obligatoire et l’acquisition d’un emploi jeunes sur le destin de leur générationN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 101 Elsa, 27 ans.
Comprendre JEUNESSE « Certains jeunes continuent, malgré est extrêmement sombre. Vingt ans n’est ACTE VOLONTAIREcette absence de perspectives, de s’engager pas le plus bel âge de la vie, pensent-ils Pourtant, « certains jeunes continuent, mal- majoritairement (à 51%), selon l’enquête gré cette absence de perspectives, de s’engager « positivement ». C’est sans doute ici que « Génération quoi ? » menée auprès de « positivement », relève le sociologue. C’est des traits de caractère et de personnalité 210 000 jeunes et conduite par deux sans doute ici que des traits de caractère et entrent en ligne de compte. En dépit de la sociologues de la jeunesse, Cécile Van de de personnalité entrent en ligne de compte. Velde et Camille Peugny, alors maîtres En dépit de la noirceur de sa situation, cette noirceur de sa situation, cette jeunesse de conférences respectivement à l’École jeunesse demeure combative, trace sa route et demeure combative, trace sa route des hautes études en sciences sociales construit son destin ». La jeunesse qui s’en- et construit sondestin. » (EHESS) et à l’université Paris-VIII. Les gage possède au moins trois qualités tient Michel Fize mots-clés librement choisis pour définir à rappeler Brieuc Guinard, président, à 28 leur génération sont édifiants : « sacri- ans du MRJC (Mouvement rural de jeu- fiée », « perdue ». Et encore (après « Y », nesse chrétienne), géré et animé par des « internet », « connectée »), « désabusée », jeunes âgés de 13 à 30 ans : « Volonté, téna- « désenchantée », « galère »… « La jeunesse cité et sens du collectif ».Mais qu’entendre fait face à des difficultés persistantes, géné- par engagement ? D’emblée, il peut sem- ration après génération, constate Michel bler difficile de définir et de circonscrire Fize. À commencer par la réussite scolaire, cette notion. « Or c’est bien à ce préalable qui demeure ciblée, l’élite parvenant globa- que nous avons été confrontés lors de la rédac- lement toujours à s’en sortir. Une autre diffi- tion du rapport », confie Beligh Nabli, uni- culté réside dans l’accès au monde de l’emploi, versitaire, enseignant-chercheur en droit plus ou moins facilité selon que vous êtes issus public, co-auteur du rapport « Recon- d’un milieu social favorisé ou non, ou d’une naître, valoriser, encourager l’engagement zone géographique spécifique. Le chômage des jeunes ». Commandé à France Stra- des jeunes est un chômage de masse : près tégie et remis au ministre de la Ville, de d’un quart de la population active juvénile la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner est actuellement sans-emploi. La jeunesse en juin 2015, ce rapport lance 25 pistes demeure par ailleurs sous le joug de la pré- pour favoriser l’engagement des jeunes carité, enfilant les CDD comme des perles. » dans la vie publique. « Il n’existe pas, a © Simon Lambert / Haytham-Réa102 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
TRAVAIL D’INTÉRÊT GÉNÉRAL ComprendreLA RÉPONSE AUX BESOINSDES ACTEURS ÉCONOMIQUESLa mise à disposition La formation tout au long O re de formation : données 2016-2017 / Partenariats : données 2015-2016 . Création : sedemarquer.com - Réalisation : direction communication USMB - Crédit photo : Yannick Perrinde compétences de la vie professionnelleDE DIPLÔMÉ-E-S SE PERFECTIONNER ET ACQUÉRIR DE NOUVELLES COMPÉTENCES De tous les secteurs et à tous les niveaux de diplôme (bac+2 à bac+8) Formations diplômantes Issu-e-s de formations élaborées avec les Journées de formation acteurs socio-économiques Formations sur mesure Reprises d’étudesD’ÉTUDIANT-E-S CPF / CIF / PLAN DE FORMATION Avec des formules adaptées aux besoins des PROFESSIONNALISATION entreprises : stages, missions, alternance, etc. [email protected] / 04 50 09 22 50 Rencontrez vos futur-e-s alternant-e-s : VALORISER SES COMPÉTENCES Job Dating de l’alternance : 1er juin 2017 PROFESSIONNELLES POUR ACQUÉRIR www.club-entreprises.univ-smb.fr UN DIPLÔMEDE CHERCHEUR-E-S Validation des acquis de l’expérience (VAE) Validation des acquis personnels et Issu-e-s de 19 laboratoires répartis au sein de professionnels (VAPP) 5 domaines de compétences transversaux : Sciences Fondamentales, Terre, Environnement Cellule VAE / VAPP ■ Technologies : Mécatronique, Énergie- [email protected] / 04 79 75 91 76 Bâtiment, Numérique ■ Entreprise, Gouvernance, Responsabilités ■ Comportements, Images, REPRENDRE SES ÉTUDES Cultures et Sociétés ■ Montagne, Tourisme, Sport, Santé Diplôme d’accès aux études universitaires (équivalent national du BAC) [email protected] / 04 79 75 84 03 70 1 120Plus de 1 1 000Plus de formations service de contrats signés cellule de valorisation entreprises et institutions en alternance développement chaque année de la recherche facilitant partenaires de la formation tout entre les laboratoires les relations entreprises/ 1 au long de la vie et de USMB et les acteurs laboratoires USMB et le 1 Fondation socio-économiques universitaireClub d’entreprises l’alternance : transfert d’innovation :unique en France [email protected] [email protected] • CHAMBÉRY / JACOB-BELLECOMBETTE • LE BOURGET-DU-LACN°133 Décembre 2016 www.univ-smb.frActeurs de l’économie - La Tribune 103
© DRComprendre JEUNESSE « La jeunesse cherche un sens aux actions qu’elle engage. Les jeunes se révèlent attachés à des valeurs humaines et sociales très fortes. Ils apparaissent en quête d’idéal » Brieuc Guinard, président du MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne)© DR «L’engagement, c’est d’abord une envie d’agir pour porter des projets qui ne sont pas © Marta Nascimento / Réa individuels mais, au contraire, qui permettent de répondre à des besoins de la société. » Majdi Chaarana, président de l’Unef Lyon (Union nationale des étudiants de France) Claire de Mazancourt, directrice de l’Institut de l’engagement.104 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
executive.em-lyon.com LE PATRIMOINE DES HCL Comprendreentrepreneursare makerswe makeentrepreneursPROGRAMMES DE FORMATION CONTINUEPOUR MANAGERS & DIRIGEANTSProgrammes courts - Certificats - MBA - DiplômesProgrammes intra-entreprises et sur-mesureLYON . SHANGHAI . SAINT-ETIENNE . CASABLANCA . PARISN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 105*Les entrepreneurs sont des créateurs. Nous créons des entrepreneurs. **Entrepreneurs visionnaires. Centre pour le Développement du Management Entrepreneurial - C.D.M.E. Sociétépar actions simplifiée au capital de 4.352.710 euros - Siège social : 23 avenue Guy de Collongue - 69130 ECULLY - 505 388 017 RCS LYON. Copyright : Jasper James - Création : - Mise en page : K-zen
Comprendre JEUNESSE « L’idée d’une priori, de définition consensuelle de l’enga- traditionnelle ne fait plus rêver les jeunes, limitation plus gement, ajoute Beligh Nabli. C’est pourquoi ou alors beaucoup moins que ses aînés, stricte du cumul nous avons dû construire notre propre défini- indique Thibault de Saint-Simon, direc- des mandats vise tion. Ce qui nous a semblé essentiel et fonda- teur de la communication et du développe- mental, c’est qu’il s’agit d’un acte volontaire. ment durable au sein d’Aviva, par ailleurs à faciliter la Cette condition préalable est essentielle : elle en charge de la Fabrique Aviva. Celle-ci représentation exclut des actes d’engagement tous les actes a permis de soutenir financièrement 183 contraints, rendus obligatoires par des dis- projets, dont une part importante conduite des jeunes positifs à l’endroit des jeunes qui ne relèvent par de jeunes entrepreneurs. « Entamer au sein de pas, bien que présentés parfois comme tels, une aventure, qui plus est collaborative, qui la représentation de dispositifs d’engagement. Car c’est bien puisse donner un sens à l’action, et ce dans nationale. l’acte volontaire qui caractérise l’engagement. une logique économique, est fondamental pour C’est une manière Celui-ci peut être animé par des convictions bon nombre de jeunes au sortir de leur par- de promouvoir le ou des valeurs diverses, mais il doit procéder cours de formation. Les projets que nous avons rajeunissement d’une liberté et non d’une obligation. » soutenus portent tous cette notion de sens et de des institutions Au sein de l’Institut de l’engagement, il responsabilité sociétale et environnementale. » démocratiques n’existe pas non plus une seule définition et d’améliorer la de l’engagement. «L’engagement est par ENGAGEMENT ALTERNATIF représentation nature trop multiple pour répondre à une défi- Il existe cependant un contraste, un de la jeunesse nition unique », reconnaît Claire de Mazan- décalage, entre d’un côté ce désir d’en- comme segment court, sa directrice, qui a pour mission de gagement, protéiforme et réel chez les du corps social » donner un avenir à certains jeunes repé- jeunes, cette quête de sens, et de l’autre, rés pendant leur Service civique (période une représentation, de la part d’un pan106 Acteurs de l’économie - La Tribune de volontariat), et les aide à mener à bien de la société, d’une jeunesse désengagée un projet d’avenir : formation, recherche ou, à tout le moins, qui ne serait pas ou d’emploi ou création d’activités. peu engagée. « La jeunesse souffre d’un « L’engagement pourrait néanmoins corres- niveau de défiance assez élevé de la part de pondre à une force vitale qui permet à un ses aînés. Nous demeurons dans une vision individu ne pas rester spectateur mais de assez négative des jeunes, à qui il manque s’impliquer activement pour faire bouger les toujours quelque chose par rapport à la réfé- choses. » Majdi Chaarana, président de rence adulte : déficit d’expérience, déficit l’Unef Lyon (Union nationale des étudiants de maturité, déficit de sagesse », déplore de France), âgé de 20 ans, confirme : Michel Fize. Or, « il faut absolument lut- « S’engager, c’est agir. C’est entreprendre une ter contre les préjugés établis et fatalistes à aventure et faire en sorte qu’elle se concrétise l’endroit de la jeunesse, engage Sabine de par une réussite. C’est devenir acteur et ne Beaulieu, déléguée générale de l’associa- pas demeurer spectateur, pour tenter de chan- tion Jeunesse et Entreprise, dont le but est ger les choses et bousculer l’ordre établi. » De de généraliser et d’améliorer l’apport des concert, Claire de Mazancourt : « L’enga- entreprises à l’information, à la formation gement correspond à une envie d’agir pour et à l’insertion des jeunes. Car les jeunes porter des projets qui ne sont pas individuels disposent d’une capacité, presque innée, de mais, au contraire, qui permettent de répondre rebond et de réaction, et d’un formidable à des besoins de la société. Ces projets peuvent potentiel d’innovation. » Et Beligh Nabli s’inscrire de manière naturelle dans le champ d’avoir « constaté ce décalage entre la réa- de l’économie sociale et solidaire, mais égale- lité et ce qui relève de la perception. Celle-ci ment dans une économie lucrative et dans un rejoint celle plus globale et plutôt négative de contexte concurrentiel, dans un établissement la jeunesse, comme le révèlent fréquemment d’enseignement ou dans une association aussi les sondages d’opinion. Ce décalage s’explique bien que dans une entreprise. » Pour Brieuc par les formes d’engagement de la jeunesse. Guinard, « s'engager, c'est d'abord faire un Celles-ci ne sont pas forcément visibles ou choix, celui de s'investir pour une mission ou adaptées aux cadres institutionnels ou aux une cause, dans une association ou un parti dispositifs existants. » politique, par exemple, ou à travers un man- Dès lors, les modes d’expression des opi- dat électif. C'est aussi faire un choix de société nions ou les façons de concevoir des opé- qui tende vers un idéal. » rations, en s’appuyant notamment sur les Et Milena Lebreton-Chebouba, déléguée technologies de l’information et de la com- générale du Forum français de la jeunesse, munication ou les réseaux sociaux, privilé- confirme : « L’économie sociale et solidaire giés par les jeunes, constituent des modes est un secteur prisé par la jeunesse pour tenter d’engagement qui ne sont pas classiques de nouvelles aventures et lancer des projets et échappent aux dispositifs publics. Or entrepreneuriaux qui répondent directement ceux-ci, informels, parfois ponctuels, aux grands enjeux sociétaux. » L’entreprise caractérisent celui des jeunes. « Par rapport N°133 Décembre 2016
JEUNESSE Comprendreaux formes traditionnelles d’engagement, à exemple concret. « L’idée d’une limitation « La jeunessecommencer par le vote et la participation élec- plus stricte du cumul des mandats vise à faci- souffre d’untorale, on observe une distanciation de la part liter la représentation des jeunes au sein de niveau de défiancede la jeunesse qui ne privilégie pas ou plus les la représentation nationale, expose Beligh assez élevé de laformes classiques d’action », ajoute le cher- Nabli. C’est une manière de promouvoir le part de ses aînés.cheur, rejoint par Milena Lebreton-Che- rajeunissement des institutions démocratiques Nous demeuronsbouba : « L’engagement de la part des jeunes et d’améliorer la représentation de la jeunesse dans une visionemprunte aujourd’hui des voies alternatives, comme segment du corps social. » Michel assez négative desvia les réseaux sociaux, par exemple, ou dans Fize relève par ailleurs qu’il incombe à jeunes, à qui ille cadre de projets et d’actions concrets très la classe politique dirigeante de fixer des manque toujourslocalisés, à l’échelle d’un quartier. » Ce que perspectives d’avenir aux jeunes dans leur quelque choseconfirme Brieuc Guinard : « Nos engage- ensemble. « Dans le cas contraire, nous pou- par rapport à laments et nos modes d’action diffèrent de ceux vons assister à une radicalisation de franges référence adulte :des générations aînées, à qui ils échappent de la jeunesse, tentées par le vote frontiste, déficit d’expérience,parfois » D’où la difficulté de le percevoir par l’engagement djihadiste, alors synonymes déficit de maturité,et de le mesurer. d’aventure aux yeux de ces jeunes. Ces enga- déficit de sagesse »L’envie d’engagement existe réellement gements font figure de compensation à unechez les jeunes. « Les valeurs auxquelles il société mal-accueillante. Or, il est impératif desont attachés sont très fortes. Le problème de se soucier de notre jeunesse, en perte de sens,l’engagement des jeunes réside donc davantage de repères et d’espoirs, sans réelles perspectivesdans la nature des dispositifs censés encou- d’avenir ou alors peu glorieuses. Notre sociétérager et favoriser les formes d’engagement », leur refusant notamment l’emploi, elle leursouligne Beligh Nabli. « La jeunesse cherche refuse du même coup la construction d’uneun sens aux actions qu’elle engage. Les jeunes identité positive. »se révèlent attachés à des valeurs humaines et Second volet sur la Jeunesse à retrouversociales très fortes. Ils apparaissent en quête dans le numéro de février d’Acteurs ded’idéal », confirme Sabine de Beaulieu. l’économie-La Tribune.L’engagement politique et civique est unRÉVÉLEZ LES TALENTS Programmes sur mesureDE VOTRE ENTREPRISE Formations courtesCHOISISSEZ L’UNIVERSITÉ E-learningJEAN MOULIN , LA RÉFÉRENCEEN FORMATION CONTINUEN°133 Décembre 2016 Contactez nos équipes et bénéficiez d’une expertise de haut niveau au service de vos projets innovants. + D’INFOS 04 26 31 87 47 | [email protected] Acteurs de l’économie - La Tribune 107
Comprendre RUBRIQUE DE NOM108 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreENTREPRISE ET RELIGIONLA TENTATION En cristallisant les débats publics, la question de la religion a rattrapé les entreprises. Pour celles engagées sur le terrain du vivre-ensemble, peu de surprises. À l’écoute des tendances, elles ont su anticiper et adopter, sans pression, chartes et postures nécessaires dans leur management quotidien. Les autres, qui ne s’interrogent que face à un cas précis, tentent, à défaut de réflexion approfondie, de se raccrocher à la stricte application de la loi. Ensemble, elles adoptent globalement la posture de l’arrangement raisonnable. Et, malgré les apparences, les conflits déclarés et ouverts restent mineurs. REPORTAGE, STÉPHANIE BORGN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 109 © iStock by Getty Images
Comprendre ENTREPRISE ET RELIGIONMorancé, dans le Beaujolais, l’usine de fabrication de joints Un phénomène marginal dans l’usine – il concernerait trois oud’étanchéité Techné France autorise ses salariés à prier pendant quatre personnes sur les 150 salariés que compte cet atelier –,les heures de pause. Il n’existe pas de lieu de culte clairement qui s’inscrit dans la tradition d’ouverture et de managementidentifié, mais un petit coin confortable a été aménagé au sein de l’entreprise. « Nous n’imposons ni horaire rigide ni pointeuse.de l’une des salles de pause. « Quand les uns prennent un café, Tout se passe dans la liberté et la confiance », poursuit-il. Technéd’autres utilisent ce temps pour prier. C’est aussi simple que cela », fait partie des rares entreprises de la région tolérant la prière etassure Georges Fontaines, son président. Le dirigeant a pris osant le dire ouvertement. Car la question de la religion dérange.cette décision en 2011, alors qu’il se rend compte que certains se Sollicitées sur le sujet, quelques-unes préfèrent garder le silencecachent dans les vestiaires, peu adaptés à la pratique religieuse. et faire profil bas. Pourtant, la demande d’ouverture d’un lieu de prière au sein de l’entreprise n’est pas la première requête des110 Acteurs de l’économie - La Tribune salariés. Selon une enquête menée auprès de 1 296 salariés entre février et mars 2015 sur la base d’un questionnaire en ligne par l’Institut Ranstad/Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE), elle concernerait seulement 7% des sollicitations. Ce sont les absences pour les fêtes religieuses (19%) et la question du port ostentatoire de signe religieux (17%) – comme la croix, la kippa, le foulard ou le turban –, qui sont en tête des questions relevant du fait religieux dans l’entreprise. Si une entreprise sur deux déclare y avoir fait face, la tendance ne s’est pas accélérée avec la vague d’attentats qui a ensanglanté la France en 2015 et 2016. « Ce chiffre reste stable depuis plusieurs années. Nous n’obser- vons pas d’explosion du fait religieux dans les entreprises, confirme Lionel Honoré, directeur de l’OFRE, un fonds de dotation qui abrite une chaire de recherche sur les questions liées aux dif- férentes formes du fait religieux en entreprise, associant plu- sieurs institutions, dont les universités de Lyon, de Grenoble et emlyon. Cependant, les cas compliqués, voire conflictuels, à résoudre augmentent. » La plupart du temps cristallisés autour de ce qui se « voit » : le port visible de signes extérieurs d’appartenance à une religion. LAÏCITÉ ET ENTREPRISE PRIVÉE Poser la question de la religion dans l’entreprise, c’est introduire la notion de laïcité dans le débat. Un concept qui fait figure d’ex- ception française. « Demandez à plusieurs personnes de vous donner une définition de la laïcité et vous n’obtiendrez pas de consensus. Toute la difficulté vient de là. C’est une notion très personnelle. Chacun s’est construit son propre modèle », souligne Maëlle Comte, maître de conférences en droit public à l’université de Saint-Étienne et directrice par délégation du diplôme universitaire « religion, liberté religieuse et laïcité » dispensé par l’Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité (Iserl), rattaché à l’université Lyon 2. Cette multiplicité est souvent à l’origine des incompré- hensions et des conflits autour de la religion, notamment sur la question de la visibilité des signes religieux. Or, l’entreprise privée n’est pas soumise aux règles de neutralité qui s’appliquent aux acteurs publics ou à vocation de service public. À ce sujet, le droit français – et notamment l’article L.1 121-1 du code du tra- vail – est assez clair : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché. » En conséquence, « la liberté religieuse n’est pas interdite dans l’entreprise privée, dans la limite du respect de la sécurité des salariés et de la bonne marche de l’entreprise », résume Myriam Plet, avocate au barreau de Lyon et experte qualifiée auprès de l’Observatoire régional de la laïcité. En d’autres mots : porter un signe religieux discret (croix, voile simple, barbe taillée, etc.) au bureau ou prier pendant sa pause est possible, dès lors que la pratique ne remet pas en cause le travail. Un droit malmené au quotidien. Ainsi, 75% des personnes interrogées par l’OFRE se prononcent pour une interdiction du port visible du signe religieux. En réalité, les signes extérieurs N°133 Décembre 2016
ESKER Comprendre O R G A N I S AT I O N PARTENAIRES MÉDIA FETEDESLUMIERES.LYON.FR PARTENAIRES FONDATEURS TÉLÉCHARGEZ L’APPLIN°133 Décembre 2016 #FDL2016 Programme détaillé, carte interactive, parcours, infos pratiques, vidéos, photos, trophées… Partagez votre sélection d'installations Participez au concours photo Instagram #jeumeslumières2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 111
Comprendre ENTREPRISE ET RELIGION « La thématique de la religion ne peut pas s’étudier sans un accompagnement intellectuel », explique Joël Tronchon (groupe Seb). © DRreligieux dérangent les salariés ou les clients. « C’est la majorité transports et de la sécurité, qui sont confrontés à des questions de sécu-des cas qui arrivent devant les tribunaux », reconnaît l’avocate. Une rité », poursuit-elle. Un accommodement raisonnable qui permetquestion qui divise et qui trouve sa source dans cette fameuse une forme de sérénité dans les entreprises. D’ailleurs, les salariéslaïcité, censée s’arrêter aux portes de l’entreprise privée. « Des ne veulent pas forcément aller plus loin. Toujours selon l’OFRE,intolérances qui s’expliquent aussi par des a priori sur les signes reli- les personnes interrogées « ne souhaitent pas que les entreprisesgieux et leurs significations, fondées ou non », explique Guy Trolliet, bannissent le fait religieux de l’espace de travail, mais restent opposéesconsultant formateur en management interculturel à Paris et à une adaptation collective de l’entreprise à la question ».spécialiste de l’islam. La plupart intègrent la religion dans la grande famille de la diver-ÉVITER LA RUPTURE sité, où la limite avec la discrimination est parfois tout aussiPour éviter la rupture et ne pas laisser les questions religieuses ténue. « Cela fait partie de nos valeurs, au même titre que l’interdictionphagocyter les relations au travail, les entreprises se doivent de la misogynie, le racisme… Des choses simples, dites et respectées.d’étudier la question. « Au cours de mon expérience professionnelle, Mais attention, le prosélytisme reste bien interdit », affirme Georgesje me suis rendu compte que les conflits professionnels prennent parfois Fontaines. Là encore, c’est un risque sous-jacent, et jamais claire-leurs sources dans les préjugés culturels », indique Patricia Traver- ment énoncé, qui pointe quand la religion au travail est évoquée.saz, directeur des ressources humaines de l’Hôpital de Four- « Mais quand un témoin de Jéhovah glisse un prospectus dans une sallevière, à Lyon, et présidente de l’association des DRH (ANDRH) d’attente, c’est déjà du prosélytisme », rappelle Myriam Plet.du Rhône. Ses 400 adhérents, dont 300 DRH, ne l’ont jamaisinterpellée sur le sujet, même si un groupe de travail national RÉFLEXIONS COLLECTIVESa travaillé et émis un rapport sur la question. « Cela ne veut pas Certaines structures se sont engagées dans une démarche col-dire que des problèmes ne sont pas soulevés, mais nous sommes dans lective. Avec, comme point de départ, la remontée des managersle bon sens : l’expression religieuse ne doit pas nuire aux relations de et de l’encadrement. Dans le groupe Seb, la réflexion a démarrétravail. Néanmoins, nous restons attentifs au secteur du bâtiment, des en 2011. « Il y a quelques années, c’était un sujet émergent. Il nous est rapidement apparu que nous devions adopter une attitude et« La liberté religieuse une démarche communes pour anticiper son traitement », expliquen’est pas interdite Joël Tronchon, directeur du développement durable du groupe.dans l’entreprise privée, Rapidement, une commission s’organise autour de l’égalité et de la diversité, accompagnée par la Licra (Ligue internationaledans la limite du respect de contre le racisme et l'antisémitisme). « Ils ont le recul nécessairela sécurité des salariés et de la pour accompagner la réflexion. La thématique de la religion ne peutbonne marche de l’entreprise » pas s’étudier sans un accompagnement intellectuel, poursuit-il. Il est nécessaire d’en passer par un rappel académique. » Pendant112 Acteurs de l’économie - La Tribune six mois, la commission, largement ouverte aux syndicats, passe en revue toutes les pratiques religieuses et émet un guide d’une quinzaine de pages détaillant demandes, tenues, com- portements et dates de fêtes religieuses. « Nous ne pouvons pas N°133 Décembre 2016
ENTREPRISE ET RELIGION Comprendre « Nous avons construit nos valeurs autour de la diversité. Cela fait partie de notre culture d’entreprise » indique Benoit Bourg (Thuasne).Depuis 2011, Techné France autorise ses salariés © iStock by Getty Imagesà prier pendant les heures de pause quand d’autres © iStock by Getty Imagesutilisent ce temps pour prendre un café.délibérément ignorer qu’une demande, aussi personnelle soit-elle, en autorisant le passage en équipe de nuit lors du ramadan, afin qu’ilss’inscrive dans le cadre de la célébration d’une fête. Il n’existe aucune soient moins exposés à la fatigue. C’est simple. Cela ne désorganise pasraison de refuser une absence quand elle est compatible avec la vie de l’activité. Nous sommes habitués à la gestion du temps. » Néanmoins,l’entreprise. » Chez Seb, la question du signe religieux apparent l’affichage religieux n’a rien d’ostentatoire. « Il est porté avec élé-est aussi la plus délicate. « Cela a donné lieu à des débats animés gance et discrétion ; il n’est en aucun cas une marque de distinction »,par la Licra. Ils ont permis de « remettre les pendules à l’heure » et poursuit le DRH. Même posture à l’Hôpital de Fourvière. Lade purger tous les poncifs sur le sujet », explique Joël Tronchon. structure associative n’est pas soumise à la loi sur le serviceDisponible pour tous les managers, le guide a également été public. Elle n’a donc pas entamé de consultations particulières,présenté lors de réunions dans les entrepôts et les sites logis- mais adopté le principe du cas par cas. « Sur 300 CDI, donttiques où la question était parfois plus prégnante qu’ailleurs. 80% de personnel soignant, les demandes concernent deux à trois casDans la région, les groupes Casino ou Sanofi ont entamé une depuis sept ans. C’est anecdotique. À chaque fois, nous trouvons desdémarche similaire. solutions ensemble », poursuit Patricia Traversaz. Et estime quePour le moment, seul Paprec Group (4 000 collaborateurs, dont c’est plus facile dans un secteur soumis à des règles d’hygièneplusieurs centaines en Auvergne Rhône-Alpes) a choisi de bou- strictes. « L’activité est incompatible avec des manches longues, uneleverser ce genre de compromis. Avec sa « charte de la laïcité » barbe trop fournie et non taillée ou une croix qui pend et qui pourraitintégrée au règlement intérieur, le spécialiste du recyclage « inter- s’accrocher pendant les soins. Quant aux repas, nous n’offrons quedit le port de signes ou de tenues trahissant une foi », se basant sur la celui de la nuit, il est sous la forme viande ou poisson. Pour ceux quidiversité et les différentes nationalités qui composent le groupe. ont un régime alimentaire différent, comme c’est offert, libre à eux deContrairement à la loi, sur le fond, elle a été adoptée par les sala- s’y plier ou pas », souligne la DRH.riés et négociée avec les syndicats, mais pourrait être attaquée parles défenseurs de la liberté individuelle. « Poser la question de la religion dans l’entreprise,AU CAS PAR CASLa majorité des structures n’a pas ressenti le besoin d’édicter c’est introduire la notionune charte. Certaines indiquent même ne pas avoir étudié la de laïcité dans le débat »question. Chez le stéphanois Thuasne, pas de plan d’actionspécifique. Dans cette ETI spécialisée dans la fabrication et la Comme le relèvent les conclusions de l’étude menée par l’OFRE :commercialisation de produits médicaux, la cohabitation entre « Le fait religieux acceptable au travail est celui qui n’en est pas un oules différentes religions de l’entreprise est perçue comme posi- qui peut être traité comme s’il n’en était pas un. » La religion dans lative. « Nous avons construit nos valeurs autour de la diversité. Cela limite de ce qui se voit, s’entend et se ressent. Une position quifait partie de notre culture d’entreprise », indique Benoit Bourg, reste, pour le moment, celle des employeurs privés.directeur des ressources humaines de l’entreprise. Sur 2 000collaborateurs, la question de la religion concerne environ 450 Acteurs de l’économie - La Tribune 113personnes. « Nous traitons la question de façon individuelle. Pourceux qui le souhaitent, nous aménageons volontiers le temps de travailN°133 Décembre 2016
Comprendre CONFÉRENCE La digitalisation est un passage obligé pour les entreprises mais elle implique, plus largement, un basculement culturel en son sein. A l’occasion de la conférence, « Les défis du dirigeant », emlyon et son programme AMP en partenariat avec Acteurs de l’économie- La Tribune ont proposé, en novembre, une vision innovante de la digitalisation.Patrick Repetto et Francis Pallini COMPTE-RENDU, LAURENCE JAILLARD PHOTOGRAPHIE, LAURENT CERINO / ADELA DIGITALISATION, bien plusqu'un simple enjeu technologique« Il n'existe voulu nous positionner comme un disrup- Selon ce dernier, la transformation digi-aucun secteur teur. Nous avons donc réinventé les process tale passe par la réinvention de partena-qui échappe des courtiers en assurance, cassé les usages, riats, la co-construction de projets avecdésormais à la repensé l'expérience client ; seulement clients et fournisseurs. « L'important esttransformation ensuite nous avons réfléchi à l'informa- de partager la même vision stratégique,digitale », tique », décrit Patrick Repetto (diplômé profitons donc de cet environnement tech- AMP 2013) qui, après 25 ans d'expé- nologique qui bouge tant pour proposer desouligne Frank Benedic, fondateur rience dans les assurances, créait Izeho, nouveaux services. »d’Idstrat et intervenant pour le pro- grossiste en assurance. De son côté, Francis Pallini a constatégramme APM d’emlyon. Il décrit ainsi Dans cet univers très réglementé, son que les entreprises freinaient souventla technologie d'aujourd'hui faite de web entreprise a associé à sa « révolution » devant la transformation digitale. Ilcollaboratif, robotisation, plateformes, les grandes compagnies d'assurance dont pense lui aussi avoir dépassé le simpleintelligence artificielle... avec un client elle est le mandant, avec pour objectif aspect « tuyaux informatiques ». « Il fauten face qui zappe, veut de l'immédiateté, d'apporter aux courtiers les moyens de mettre la relation client au centre, se nourrirdu sur-mesure, et préfère la gratuité. faire mieux et plus vite. d'eux, repenser la manière dont on travailleOn comprend ainsi qu'il ne suffit pas ensemble. »de nommer un « chief digital officer » « Le client apporte ses idées pour la concep-et se doter de nouveaux outils infor- CO-CONSTRUCTIONmatiques, mais d'engager l'entreprisedans un vrai bouleversement culturel. Il a aussi embarqué dans ce mouvement tion, la création d'une nouvelle offre, il« Partis d'une feuille blanche, nous avons ses fournisseurs, en particulier Francis peut même en réaliser une partie. Trop de Pallini, dont l'entreprise informatique dirigeants restent « bunkerisés » dans leur114 Acteurs de l’économie - La Tribune Ecilia s'est spécialisée dans les projets entreprise, leur filière. Qui est déjà allé dans innovants et l'intégration de logiciels un fab Lab ? Comme les startups, fonction- pour le secteur de l'assurance. « Nous nez à 360° ! La transformation digitale, cela avons de fait déporté notre service Rinefopremttao-.Jean-Msneeirc,vhaeevuletBcpélaerascrlddiei,rnPetD,êqGtruede’tEteoscukhtenreospthpiolessmibalei.s »pen- tique chez eux », informe Patrick N°133 Décembre 2016
INVENTING HEALTH CONFÉRENCE ComprendreBEYOND BORDERSthéra • Photo: N. Bouchut PIONEERING DIAGNOSTICS Les infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient entraîner près de 10 millions de décès supplémentaires par an d'ici 2050* La résistance aux antibiotiques, un enjeu majeur de santé publique, est au cœur de nos préoccupations. Pionnier du diagnostic, nous sommes fortement engagés dans la lutte contre cette menace. bioMérieux développe des solutions de diagnostic qui permettent d’identifier la bactérie à l’origine d’une infection, de choisir le traitement antibiotique le plus adapté et d’éviter un traitement inutile, afin de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des patients, partout dans le monde. * Source : rapport de Jim O’Neill sur la résistance aux antibiotiques - janvier 2016 www.biomerieux.com Acteurs de l’économie - La Tribune 115 NF°a13ir3e pDréocgermesbsreer 2la0s16anté au-delà des frontières Pionnier du diagnostic
Comprendre CHRONIQUESVIE PRIVÉE ET DONNÉES PERSONNELLES :la nouvelle donne Albane Lafanechère, permettant d’identifier directement ou indirectement une DPO Avocat associée, cabinet Colbert personne physique) sont partout qu’elles soient relatives - L’obligation de tenir à jour un registre recensant les aux salariés, aux clients, aux partenaires ou fournisseurs.Le nouveau règlement européen 2016/679 du Voici quelques changements incontournables à mettre en traitements de données et leurs caractéristiques. 27 avril 2016 sur la protection des données œuvre sous 18 mois. Cette obligation s’impose aux entreprises de plus de personnelles modifie le régime juridique du - La suppression de l’obligation de notification préalable 250 salariés, et à celles, quelle que soit leur taille, qui traitement des données personnelles, et l’har- effectuent un traitement de données « non occasion- monise au niveau européen. Il sera applicable à du traitement à la Cnil. L’ancien système, lourd à gérer nel » ce qui recouvre, en pratique, la plupart des trai- compter du 25 mai 2018. et peu efficace, a été remplacé par un système de « tements relatifs aux salariés ou aux clients. De plus, Toutes les entreprises sont concernées, quelle protection des données dès la conception » (« Privacy la tenue de ce registre apparaît comme l’une des que soit leur taille ou leur forme juridique. Les by design ») : il s’agit de responsabiliser les entreprises étapes indispensables à la mise en œuvre du principe données personnelles (définies comme les données et de les pousser à intégrer la protection de la vie pri- du « Privacy by design » évoqué plus haut, et semble vée dans leurs process internes. Le responsable devra devoir donc s’imposer à toutes les organisations. mettre en place toutes les mesures techniques et orga- - L’obligation de nommer un délégué à la protection nisationnelles nécessaires pour que les données soient des données (DPO). Cette désignation est obliga- traitées dans le respect des obligations légales : infor- toire dès lors que le responsable met en œuvre mation des personnes concernées, durée de conserva- des traitements de données à grande échelle ou tion des données limitée, proportionnalité des données des traitements de données sensibles. En pratique, recueillies eu égard à la finalité du traitement, sécu- cette désignation est fortement conseillée pour les risation des données, etc. Pour se conformer à cette entreprises d’une certaine taille et pour les groupes. obligation, les entreprises pourront appliquer un code de Le DPO, dont l’indépendance doit être garantie, a conduite approuvé, ou mettre en place un mécanisme pour mission d’informer et de conseiller le respon- de certification. Il s’agit donc d’engager un programme sable du traitement, de contrôler le respect de la loi de conformité, de le documenter et de l’actualiser au fil et d’être l’interlocuteur de la Cnil, notamment en cas du temps. de contrôle.Les atouts DES PLANS D’ÉPARGNE EN ACTIONS Olivier Morin, sociaux seront exigibles au moment des rachats. Les PEA sont ouverts sortie anticipée avant huit ans sans entraîner sa clôture, en cas de création © Alain Rico - DR Responsable du service gestion privée, aux contribuables résidant en France qui souhaitent investir au capital ou de reprise d’entreprise. La sortie anticipée s’effectue alors en franchise Banque Populaire des Alpes de sociétés de l’Union européenne, soit directement, soit par le biais de d’impôt sur le revenu, même avant cinq ans. Le PEA s’est révélé un outil fonds communs de placement éligibles. Le PEA PME-ETI est réservé aux privilégié pour les investisseurs souhaitant acquérir des titres non côtés, leLes PEA ont été créés pour inciter les contribuables à investir en investissements réalisés au profit d’ETI et de PME. Cette contrainte liée délai de cinq ans étant apprécié au niveau de l’enveloppe fiscale. Exemple : actions de sociétés françaises, puis européennes. En contre- à la taille des sociétés n’existe pas dans le PEA. Un contribuable pourra un investisseur a ouvert un PEA pour souscrire au capital d’une société non partie du risque pris, les PEA bénéficient d’une exonération cumuler l’ouverture d’un PEA (limite de versements 150 000 euros) et un cotée. Après quatre ans, il bénéficie d’une opportunité de cession. Il pourra d’impôt sur le revenu (sur les plus-values et produits générés PEA PME-ETI (limite de versements 75 000 euros). Le PEA est une revendre avant l’expiration du délai de cinq ans, tout en profitant des avan- par les titres achetés). L’exonération est acquise si aucun retrait enveloppe de capitalisation : le contribuable qui n’effectue tages fiscaux. Il lui faudra simplement respecter les conditions de fonc- n’est effectué avant cinq ans, dans le respect des autres condi- aucun retrait pourra arbitrer les titres contenus au sein du tionnement du PEA jusqu’à l’expiration. Deux limites ont été apportées : tions de fonctionnement du PEA. Dans ce cadre, seuls les prélèvements PEA, en franchise d’impôts, sans limite de durée. Il s’agit donc - Les sociétés dont le groupe familial du contribuable a détenu plus de d’un produit adapté pour gérer la partie risquée du patrimoine d’un contri- 25% dans les bénéfices sociaux, au cours des cinq années précédant 116 Acteurs de l’économie - La Tribune buable, par exemple, dans la perspective de constituer un complément leur acquisition dans le PEA, ou à un moment quelconque pendant toute de retraite. Le contribuable pourra opter pour une sortie en rente viagère la durée du PEA, ne sont pas éligibles ; ou choisir d’effectuer des rachats. Les rachats effectués avant la huitième - La franchise fiscale est limitée dans le cas de titres non cotés : les année entraînent la clôture du PEA ; en revanche, après huit ans, les produits (principalement les dividendes) des titres non cotés ne sont exo- rachats empêchent tout nouveau versement, sans clôture du plan, dont les nérés que dans la limite annuelle de 10 % de rendement. En revanche, avantages fiscaux sont maintenus. les plus-values sont exonérées sans limite. Précautions : il est nécessaire d’ouvrir un PEA, puis d’investir les sommes Limites et précautions versées sur le PEA au capital de sociétés, pour leur valeur de marché À court terme, en cas de sortie anticipée avant cinq ans, l’imposition au (et non pour une valeur de convenance). De même, les opérations de titre de l’impôt sur le revenu n’est pas catastrophique, car un taux forfaitaire ventes croisées ou de « vente à soi-même », réalisées a posteriori par s’applique, de 22,5 % en cas de sortie avant deux ans et de 19 % en cas des investisseurs ayant oublié d’ouvrir un PEA sont à éviter, afin d’éviter de sortie entre deux et cinq ans. Le PEA prévoit aussi une possibilité de tout abus de droit. N°133 Décembre 2016
CHRONIQUES ComprendreLa confiance,CLEF D’UN DIALOGUE SOCIAL PERFORMANT Bruno Dupuis, d’exercice que sont les processus d’information, de une voie médiane exigeante, différente de celle de nos Senior advisor associé, Alixio consultation et de négociation ne peuvent fonctionner et voisins allemands, avec la cogestion, ou de l’approche produire des résultats utiles pour tous que si les acteurs des pays anglo-saxons.Les entreprises sont en permanence confron- se font confiance et se respectent en vitesse de croisière. Pour bien fonctionner dans les périodes ou les passages tées à de nombreux défis pour rester dans la C’est malheureusement là que, plus ou moins ouverte- de caps exigeants, les acteurs doivent se faire confiance, course, maintenir ou adapter leurs activités ou ment d’ailleurs, le bât blesse. Que n’entend-on pas pour éviter les postures enfermantes, savoir se parler, parta- encore créer de nouvelles activités, en par- louer les vertus du dialogue social, alors qu’au pied du ger des diagnostics et mesurer jusqu’où ils peuvent aller ticulier liées à la transformation digitale. On mur, des actes moins vertueux, plus expéditifs, résul- ensemble, dans des stratégies qui donnent la priorité au parle souvent d’agilité, de réactivité, et le dia- tant dans le meilleur des cas d’une méconnaissance, compromis et maximisent le bien commun. La confiance logue social, qui nécessite un peu de temps, peut alors de la confusion entre vitesse et précipitation, et dans est la clef d’un dialogue social performant. Pour l’entre- être perçu comme facteur de lenteur ou vécu comme le pire, d’un manque de considération voire de mépris tenir, il faut envoyer des signaux au plus haut niveau de une course d’obstacles. Pourtant le dialogue social peut sous-jacent entre les acteurs. C’est alors la France de la l’entreprise, relayés au sein des différents niveaux de la aussi être un facteur de performance et un formidable société de défiance, où chacun se méfie de l’autre, qui ligne managériale et jouer la carte d’acteurs compétents levier d’accélération, moins visible, pour embarquer tout ressurgit, s’exprime selon des postures avec des situa- et bien formés qui auront un haut niveau d’exigence le monde, en particulier dans des périodes plus « chahu- tions conflictuelles larvées, plus ou moins inextricables dans les informations qui leur sont fournies et dans la tées » pour l’entreprise et ses parties prenantes internes. et chronophages. façon de problématiser tel ou tel sujet. De ce point de Toutefois, le dialogue social et ses différents vecteurs vue, les grandes centrales syndicales ont aussi un vaste Confiance défi à relever en termes de GPEC (gestion prévision- Dans ce type de situation, il faut parfois accep- nelle de l’emploi et des compétences) dans les années ter de tourner la page d’histoires coconstruites à venir, pour assurer la relève, attirer les plus jeunes et dans l’affrontement dont on oublie l’origine, professionnaliser leurs représentants. Les entreprises comme dans la querelle des familles Mon- ont tout intérêt à les accompagner pour réussir cette taigu et Capulet, pour repartir d’un bon pied mutation et ce challenge qui est devant elles. et accepter aussi quelques imperfections de Un certain nombre d’outils sont sur l’établi, avec la loi Reb- part et d’autre. À la différence des piles électriques samen qui permet déjà d’impulser de nouvelles approches au slogan longtemps célèbre, le dialogue social s’use dans l’organisation et le rythme du dialogue social, ainsi lorsque l’on ne s’en sert pas au quotidien, comme mon- que le traitement de ses acteurs, au cours de leur vie sieur Jourdain faisait de la prose. C’est un outil et un professionnelle. Il y a une certaine urgence à s’en emparer choix de régulation, pour les adaptations des statuts et dans des approches innovantes et constructives à froid contrats collectifs notamment, qu’a fait notre pays, avec pour renforcer chaque jour un peu plus la confiance.ÉDUCATION ?Les Primaires sont en route, de part et d’autre engluées dans leurs querelles actuels. À force de vouloir nier les réalités naturelles, à force d’oublier que « les intestines, mobilisant pour des mois la sphère médiatique, alternant les hommes naissent égaux. Dès le lendemain, ils ne le sont plus » (J. Renard), à force séquences people et les joutes oratoires. Les programmes s’affichent, de vouloir imposer, contre toute évidence, que l’égalitarisme doit tenir se succèdent, se proclament, emplis des certitudes que peu de doutes lieu d’égalité, on n’a cessé de concevoir et de construire des systèmes viennent altérer. À chacun sa vérité, sachant que « les doctrines ont cet où l’inévitable se produit : le nivellement par le bas, en même temps queavantage qu’elles dispensent d’avoir des idées » (É. Herriot), sans oublier l’eldorado serait que 90 % d’une classe d’âge doit avoir le baccalauréat (celui d’au- jourd’hui !). Bien sûr que des organisations adéquates doivent contribuer à corriger que « l’idéologie, c’est ce qui pense à votre place » (J.-F. le mieux possible les conséquences d’injustes inégalités naturelles ou sociologiques. Encore faut-il ne pas se tromper dans le choix des moyens au lieu de s’enfermer dans Revel). Tel sera en effet l’affrontement final, dans des principes d’autant plus néfastes qu’ils s’emploient à nier des évidences. cette éternelle confusion des genres. Espoirs Les disciplines enseignées sont-elles une fin ou seulement et, plus modestement, des Parmi tous, il en est qui, plus que d’autres, sont moyens, ceux qui peuvent permettre d’acquérir les outils, - savoir, savoir-faire et savoir- être - qui redonnent les vraies chances de trouver ou retrouver sa place ? au cœur des enjeux, quand ce n’est pas des Alors quelles promesses allons-nous encore entendre, quels espoirs de vraie rupture positive pourrons-nous nourrir une fois encore face à ce champ d’avenir extraordinaire, polémiques : l’instruction et la formation, celles le premier qui, peut-être et d’abord, devrait réunir et faire travailler de concert les intel- ligences et les volontés de vrai « service », en lieu et place des querelles qui stérilisent qui ont pour vocation de construire le futur et nourrissent le pessimisme ambiant ? du pays, ce que seront ses forces ou ses fai- Acteurs de l’économie - La Tribune 117 blesses, ses espérances ou ses replis, qu’ils soient sociaux, sociétaux ou économiques. Pour s’en convaincre, un seul regard sur nombre de causes des déséquilibres actuels suffit à déceler la part prépondérante qui © DRJean Lafay revient aux déficiences des dispositifsN°133 Décembre 2016
Comprendre TRIBUNELA PRATIQUE Àpremière vue, cette question peut paraître non seulement incongrue, maisD’UNE LAÏCITÉ parfaitement illégitime. Incongrue, parce que l’on est plutôt enclin àD’INTELLIGENCE percevoir la religion comme un facteur de tensions et de divisions, unET DE facteur qui pourrait même nuire à la bonne marche de l’entreprise, à sonDIALOGUE, image, voire à la réussite de ses affaires. Illégitime, car l’opinion domi-PRENANT nante est que l’entreprise et la religion n’ont rien à voir, chacun étantEN COMPTE invité à laisser ses options spirituelles, religieuses ou non, en dehors deLES DIMENSIONS son lieu de travail. D’ailleurs, les entreprises privées, comme les institu-RELIGIEUSES tions publiques, c’est d’abord la chance, à l’embauche, puis dans son activitéDES PERSONNES professionnelle, de ne pas devoir décliner sa religion ou sa non-religion.ET DES L’appartenance ou la non-appartenance à une religion ne devant aucunementTERRAINS, compter parmi les critères d’embauche ou d’accès à une formation ce qui n’em-NE PEUT pêche pas que, dans les faits, l’on constate des discriminations à l’embaucheQU’ÊTRE à l’encontre de personnes musulmanes ou présumées telles).BÉNÉFICE.LA RELIGION, UNE CHANCEPOUR L’ENTREPRISE ?Jean-Paul Willaime, NEUTRALITÉ RESPECTUEUSE © DRDirecteur d’études émériteà l’Ecole pratique Si la liberté de manifester sa religion est permise au sein de l’entreprise,des hautes études, elle fait l’objet de diverses restrictions aisément compréhensibles1. Mais si,sociologue des religions dans le cadre d’inévitables et nécessaires limites, les entreprises mani- festent une neutralité respectueuse des options religieuses de leurs person-1 Voir la note La gestion du fait religieux dans nels, ceux-ci se sentiront d’autant mieux intégrés dans l’entreprise qu’ils l’entreprise privée élaborée par l’Observatoire auront été reconnus dans leurs spécificités. Rien n’est en effet pire que le de la laïcité présidée par Jean-Louis Bianco. sentiment d’être discriminé parce que l’on incarne une altérité spirituelle par rapport à la religion majoritaire, laquelle a l’avantage de voir ses fêtes2 Il s’agit du colloque « Religion et politique reconnues par le calendrier civil. insi faciliter l’ d el- ébir musulman ou étrangère » qui s’est tenu à Paris le om ippour juif pour les personnes concernées témoignera d’une neutralité les 5-6 novembre 2013. respectueuse de la diversité religieuse. Christophe de Margerie, alors PDG de Les actes de colloque ont été publiés sous Total, expliquait, à l’occasion d’un colloque2, combien il était indispensable le titre La diplomatie au défi des religions. pour une entreprise comme Total, présente dans 130 pays, de prendre en compte Tensions, guerres, médiations (sous la direction les dimensions religieuses des terrains très divers dans lesquels elle était de Denis Lacorne, Justin Vaïsse, Jean-Paul impliquée. Selon lui, « les femmes et les hommes inspirés par leurs convic- Willaime), Paris, Odile Jacob, 2014. tions religieuses » étaient « des partenaires indispensables et précieux », et il lui paraissait « légitime et souhaitable » d’entretenir des dialoguesLire le dossier sur avec les organisations religieuses.la religion en entreprise,page 108. ant dans la vie interne d’une entreprise que dans ses engagements interna- tionaux, l’ignorance des dimensions religieuses serait à notre sens fort dom- mageable. Par contre, la pratique d’une laïcité d’intelligence et de dialogue, prenant en compte les dimensions religieuses des personnes et des terrains, tout en signifiant clairement les limites d’une telle prise en compte, ne peut qu’être bénéfice. l’heure de la mondialisation et des migrations, l’entre- prise doit de plus en plus intégrer le fait qu’elle mobilise des hommes et des femmes enracinés dans des cultures et traditions diverses. C’est aussi la chance de découvrir la variété des langages symboliques à travers lesquels se disent la condition humaine et le sens qu’y revêt le travail.118 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 119
Comprendre RUBRIQUE DE NOM120 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 121
Comprendre RUBRIQUE DE NOM122 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 123
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COUP DE CRAYON DE KANELLOS COB SUR... Respirer Cette année, LA FÊTE DES LUMIÈRES DE LYON AURA UNE SAVEUR PARTICULIÈRE PUISQU’ELLE SERA CONFINÉE À LA PRESQU’ÎLE, pour des raisons de sécurité.N°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 125
Respirer DAVID DÉCAMP126 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
DAVID DÉCAMP Respirer Au-delà de la riche collection qui le compose, le musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon occupe une place dominante, certainement moins connue comme tel, pour le milieu de la recherche. Aussi, l’établissement inspire les artistes du monde entier et constitue un formidable outil pour la création. Dès lors, comment ce joyau du patrimoine peut-il être menacé de fermeture ? REPORTAGE, MAÏTÉ DARNAULT/WE REPORT PHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEMUSÉE DES TISSUSL’INCOMPRISN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 127
Respirer LE MUSÉE DES TISSUS« Sauvetage » Ces multiples rebondissements (lire enca- SALLE DE CLASSEpour les uns, dré) auront au moins eu « le mérite de Le musée des Tissus mène une politique« nouvelle faire bouger les lignes », estime Emmanuel dynamique en la matière : en moyenne,donne » pour Imberton, président de la chambre de une trentaine d’œuvres circulent simul-les autres : commerce et d’industrie de Lyon Métro- tanément à travers le monde. Au-delà dula question du pole Saint-Étienne Roanne, à qui appar- rayonnement des arts textiles et du lieufinancement du tient le musée mais qui n’a plus les moyens de conservation originel de la pièce, cettemusée des Tissus d’en assurer le fonctionnement : « Il n’était mobilité soutenue est la garantie de laet des Arts pas acquis, il y a un an et demi, de faire com- « bonne santé » des collections. « Un prêt,décoratifs de prendre qu’il s’agit d’une collection de grande ce n’est pas seulement montrer l’œuvre, c’estLyon, et son valeur », rappelle-t-il. aussi lui faire réaliser toute la chaîne opéra-éventuelle Fondé en 1856 par les industriels de la toire », explique Maximilien Durand, lefermeture – soierie lyonnaise, ce fonds de 2,5 millions directeur du musée des Tissus de Lyon.un sacrifice d’œuvres est un « réservoir unique au monde Avant chaque sortie, elle est soumise à« impensable » par sa richesse, sa variété chronologique et un constat d’état, une étude, une cam-de l’avis par la disponibilité de ses conservateurs suc- pagne de prise de vue et une restaurationgénéral –, cessifs », considère Dominique Cardon, au besoin. L’atelier de la rue de la Charitéalimente depuis directrice de recherche émérite au CNRS, est d’ailleurs le premier à avoir été fondéplus d’un an spécialiste de l’histoire et de l’archéolo- au sein d’un musée français, en 1985. Ilun véritable gie du textile et de la teinture. Le musée emploie deux restauratrices et accueillefeuilleton. des Tissus de Lyon n’est donc pas seule- régulièrement, pour des missions ponc- ment une incroyable malle aux trésors du tuelles, d’autres spécialistes, notamment128 Acteurs de l’économie - La Tribune point de vue patrimonial. Il est également dans le domaine des arts décoratifs. « un lieu où les chercheurs peuvent trouver Cette concentration d’expertises fait logi- un accueil compétent et efficace », souligne quement du musée un centre d’enseigne- l’historienne. « C’est une malle aux trésors, ment actif, en lien direct avec l’Institut renchérit Pascale Gorguet-Ballesteros, national du patrimoine, où sont formés conservatrice du patrimoine au Palais Gal- conservateurs et restaurateurs, et le mas- liera, le musée de la mode de la Ville de ter patrimoine et musées de l’université Paris. Quel que soit le sujet sur lequel vous Paris-Ouest Nanterre-La Défense. Média- travaillez, vous trouvez toujours des docu- tion, régie des œuvres, conservation : une ments, des ressources. » soixantaine d’étudiants de ces cursus tran- Ce sont près de 400 demandes de consul- sitent ici chaque année en stage. Maximi- tations ciblées que le musée honore chaque lien Durand occupe par ailleurs les chaires année, de la part de conservateurs ou d’archéologie paléochrétienne et des arts d’universitaires, sans compter le grand byzantins à l’École du Louvre. nombre de requêtes plus prospectives for- L’institution a ainsi l’habitude de se trans- mulées par des institutions préparant des former en salle de classe, où les collections expositions sur un thème spécifique, ou de deviennent le support de travaux dirigés. la part de collectionneurs privés curieux « J’ai pu organiser des séminaires et mener d’approfondir la connaissance de leurs des encadrements de thèse dans les salles acquisitions. mêmes du musée, parfois en commun avec les Sis depuis 1945 dans deux hôtels particu- stagiaires de l’atelier de restauration, raconte liers attenants rue de la Charité, dans le 2e l’historienne Dominique Cardon. Ce sont arrondissement de Lyon, le musée des Tis- autant d’occasions de rencontrer des collègues, sus abrite les pièces collectées évidemment, d’entretenir les liens. » mais aussi un centre de documentation, La vocation pédagogique des lieux est doté d’une photothèque de 500 000 clichés également portée par le programme de et une bibliothèque spécialisée d’excep- formation continue que constituent les tion, riche de 70 000 références, ouverte au sessions techniques du Centre interna- public sur rendez-vous. Manuscrits médié- tional d’étude des textiles anciens (Cieta), vaux, enluminés du 14e siècle, incunables, dont l’existence est intimement liée à la éditions rares de la Renaissance, ouvrages rue de la Charité. Ce réseau de chercheurs des 17e et 18e siècles côtoient ainsi les dos- fondé en 1954 siège depuis sa création au siers d’œuvres contemporaines. Ces der- musée, un « point de rencontre naturel » niers compilent l’histoire de l’objet, les dans le sillage de la « Fabrique lyonnaise », échanges scientifiques existants à son sujet estime Birgitt Borkopp-Restle, directrice et les différents événements de son « exis- de la chaire d’histoire des arts textiles de tence », tels les prêts. l’Institut d’histoire de l’art de l’université de Berne (Suisse) et présidente du Cieta. Composé à l’origine de 25 personnes, il compte aujourd’hui 500 membres N°133 Décembre 2016
LE MUSÉE DES TISSUS Respirerinstitutionnels, parmi lesquels de grands Cette analyse technique de pointe est favo- COLLABORATIONS ORIGINALESmusées internationaux, mais il a conservé risée par les partenariats liés par le musée Si l’excellence reste un impératif pour lesa particularité : susciter des échanges avec des instituts de recherche, à l’instar du musée des Tissus, la vulgarisation en est« très concrets » entre chercheurs, s’at- CNRS, dont des archéologues travaillent un autre : « La recherche est notre colonnetacher en priorité à la « matérialité » des sur la question de la soierie lyonnaise ou vertébrale. Mais ses résultats doivent êtrepièces et aux formes d’« innovation » dont du département d’analyse scientifique des transmis en permanence et adaptés auxelles témoignent, détaille Birgitt Bor- musées nationaux d’Édimbourg, qui se différents publics », souligne Maximilienkopp-Restle. Un congrès réunit tous les penche tout particulièrement depuis 2013 Durand. Ses équipes travaillent notam-deux ans cette communauté scientifique – sur les colorants textiles, de l’Antiquité au ment à l’élaboration d’une base de don-le prochain aura lieu en 2017 au musée de 18e siècle. « Les innovations techniques dans nées numérique accessible à tous en lignel’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, en Russie. l’univers textile ont souvent précédé des bou- ou proposent des conférences publiquesLes temps forts du Cieta demeurent les leversements dans le domaine de la mode au mensuelles sur une œuvre inédite des col-sessions de formation organisées au sens large, de l’habillement à l’ameublement », lections. Cette activité constante et protéi-musée des Tissus de Lyon, ouvertes à une rappelle la conservatrice en chef à Galliera, forme aimante une autre population « enquinzaine de candidats... et dont la liste Pascale Gorguet-Ballesteros. recherche » : les créateurs. Lieu de flâneried’attente atteint cinq ans ! Le profil des ou de découverte, source d’inspiration, le« élèves » ? Des conservateurs de toutes musée a su initier des collaborations ori-nationalités, mais aussi des antiquaires, ginales. Il a, par exemple, monté fin 2013des restaurateurs, des universitaires et par- une exposition avec Hermès – dont unfois quelques tisserands de maisons presti- certain nombre de créations figurent déjàgieuses. Durant quatre semaines, reparties parmi les collections de l’institution – afinsur deux ans, ils planchent sur les condi- de retracer la genèse du fameux carré detions d’exécution, le type de tissage et de soie emblématique de la marque de luxe.métier employé pour produire un matériau Pour l’occasion, Christine Henry, l’unedonné. des dessinatrices de la vénérable maison, L’institution a l’habitude de se transformer en salle de classe, où les collections deviennent le support de travaux dirigés.N°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 129
Respirer LE MUSÉE DES TISSUSa imaginé, à partir du fonds du musée, un ne s’est jamais diversifiée, à l’inverse de ses « développer [sa] propre recherche, d’ouvrirmotif pour une pièce baptisée « Fleurs et quelques concurrents. Sa niche : la repro- des schémas dans [son] travail ». L’artisanPapillons de Tissus ». « Les motifs floraux duction de tissus anciens patrimoniaux ou d’art a pu quant à lui porter un regardreprésentés sur les étoffes ont été le critère destinés à la décoration privée. Son fonds renouvelé sur son savoir-faire ancestral.essentiel de sélection des tissus que j’ai rete- d’archives est lui aussi unique, souvent Ainsi, quelle que soit la nature des res-nus, explique Christine Henry. De l’Égypte complémentaire de ceux des musées des sources que chacun y trouve, l’éventua-copte à nos jours, les artistes qui ont réalisé ces Tissus de Lyon et du Mobilier national, à lité de la fermeture du musée des Tissustissus ont très souvent trouvé leur inspiration Paris. « La rencontre avec la maison Prelle a et des Arts décoratifs est unanimementdans la nature et bien évidemment dans les été passionnante, raconte Ruth Gurvich. Le vécue comme une « perte incroyable »,fleurs. J’ai essayé de représenter ce lien invi- travail d’ajustement pour passer d’une aqua- se désole Birgitt Borkopp-Restle : « Celasible qui unit le travail de ces artistes que des relle à une carte à trous (l’équivalent de la me semble inconcevable qu’un pays commesiècles séparent parfois. À cet effet, j’ai choisi le « partition » d’un métier à tisser ancien, la France, tellement fier de ses œuvres d’art,symbole des papillons et de leurs ailes en éven- NDLR) a été assez long. Mais cet aspect arts puisse le laisser disparaître. »tail. » Vingt-huit cadres d’impression ont appliqués de la création m’intéresse énormé- Un lieu « mythique », selon le terme deété nécessaires pour parvenir à transcrire ment et il y a eu des moments sublimes dans Pascale Gorguet-Ballesteros, qui restela subtilité des coloris et la finesse du tracé. nos échanges. » Si la tenture a rejoint les intimement lié à l’histoire lyonnaise,C’est là tout le challenge de ces compa- collections de la rue de la Charité, Guil- tout comme le Cieta, dont personne ne laume Verzier en conserve de son côté un se risque à évoquer un éventuel transfert.« Le fonds du échantillon : « C’est une prouesse technique, « Ce serait infiniment plus compliqué de tra-musée doté le résultat est spectaculaire, commente-t-il en vailler sans le musée, renchérit Guillaumede 2,5 millions le déployant. Il a fallu trouver un compromis : Verzier. Et cela affaiblirait toute la filière :d’œuvres est un Ruth Gurvich voulait une certaine brillance. c’est grâce à l’héritage de l’expérience des filsréservoir unique Or nous ne disposions que de quatre couleurs fins que la région Auvergne Rhône-Alpes estau monde par sa de fil. À nous de travailler le dessin pour don- leader du tissu technique. » Une industrierichesse, sa variété ner l’impression d’en avoir davantage ! » Ce qui représente aujourd’hui plusieurs mil-chronologique et projet d’une année a permis à l’artiste de liers d’emplois.par la disponibilitéde ses Guillaume Verzier, PDGconservateurs de la manufacture Prelle,successifs » avec l’étoffe dessinée par l’artiste Ruth Gurvich.gnonnages éphémères : confronter un L’AVENIRartiste à des contraintes technologiques Les réunions de la « dernière chance » se sont succédées en 2016 sous l’égide de la préfec-qu’il ignore souvent, pour parvenir à les ture de région. Des rendez-vous au fil desquels les acteurs concernés (chambre de commercedépasser avec l’aide du fabricant. La plasti- et d’industrie, État, Région, Métropole, Ville, Unitex (Union inter-entreprises textile)) n’ont cessécienne Ruth Gurvich en a fait l’expérience de se renvoyer la balle, en dépit des recommandations formulées par le rapport Le Roy remisau travers d’une carte blanche proposée au printemps dernier. En cause, un tour de table financier encore insuffisant pour couvrir, àpar le musée en 2012. Titrée « Rivages », terme, les frais de fonctionnement du lieu ainsi que les investissements nécessaires, notam-l’exposition des œuvres de cette spécialiste ment à destination du volet « arts décoratifs » du musée.de la céramique a finalement réuni despièces d’argenterie, conçues avec l’atelier N°133 Décembre 2016parisien d’orfèvrerie Richard, des papierspeints gaufrés élaborés au côté de l’atelierd’Offard de Tours et une étoffe tissée encollaboration avec la manufacture lyon-naise Prelle.Cette dernière fait figure de « dinosaure »de l’industrie textile, aux dires mêmes deson PDG, Guillaume Verzier. L’entreprisefamiliale, spécialiste de l’ameublement,produit tissus et soieries depuis 1752, et130 Acteurs de l’économie - La Tribune
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Respirer RUBRIQUE DE NOM© Laurent Cerino / Acteurs de l’économie PIANO À LYON CONCERTS N°133 Décembre 2016 25 novembre Philippe Bianconi jouera Beethoven, Schumann et Liszt 3 décembre Gautier Capuçon et Franck Braley joueront de grands extraits de l’intégrale des œuvres pour piano et violoncelle de Beethoven 14 décembre Nicholas Angelich jouera Schumann, 1C3h2oApcinteeurtsLdisezl’téconomie - La Tribune
JÉRÔME CHABANNES RespirerJérôme ChabannesIL JOUE DU PIANO DEBOUTPORTRAIT, GÉRARD CORNELOUPAimer et faire aimer la musique, vivre et faire vivre la musique : voilà le double credo deJérôme Chabannes, qui a fait de la musique sa vie. Amoureux de piano, ce Lyonnais touche-à-touts’emploie à transmettre et à faire découvrir « son art » au travers du cycle « Piano à Lyon »,dont il mène avec brio l’accomplissement aussi bien artistique que financier. Si les plus grandssolistes font escale à Lyon, c’est grâce à lui.« C’est un organisateur connaisseur, attentif, chanteuse, m’a transmis cette passion. De leur côté, mes parents m’ont attentionné avec l’artiste qu’il reçoit, dont la fait découvrir la musique à travers les grands festivals de France et de composante humaine égale la composante Suisse. » Le véritable coup d’envoi est donné par le biais d’une professionnelle. Il écoute l’artiste. C’est un formation universitaire en droit du spectacle, avec licence d’agent jeune qui a rajeuni la musique à Lyon, en artistique et entrée dans la carrière via un poste au réputé bureauparticulier le piano, comme le public en la matière. Avec lui, le courant Musicaglotz, créé par Michel Glotz, une figure qui fut l’agentpasse, dans une ville où cet instrument a toujours occupé une place de des « icônes » Maria Callas et Herbert Von Karajan. Puis Jérômechoix. Du coup, on aime venir y jouer et y revenir. » De la bouche de Chabannes entre chez Sony Music Entertainment, multinationaleMichel Dalberto, pianiste de renommée internationale, le verdict japonaise, active dans toute une série de domaines, de la télépho-tombe, enjoué, visant l’initiateur, créateur, animateur et directeur nie au jeu vidéo, de l’informatique à la musique et au disque. Uneartistique du cycle « Piano à Lyon », Jérôme Chabannes. entrée bien évidemment dans ce dernier secteur, où il travailleL’avis d’un habitué qui vient et revient. En novembre 2005, sur plusieurs enregistrements. Il fait ensuite escale comme chargéle pianiste, issu d’une famille grenobloise, était l’artiste choisi de production au Festival international de musique de Salon-de-pour donner le coup d’envoi de cette première saison musicale, Provence, « Musique à l’Empéri », où le Lyonnais participe à laavec un concert Schubert donné dans le cadre idéal de la salle communication, aux tournées d’orchestre et de récitals, aux pro-Molière et de son excellente acoustique. Un pianiste resté un ductions discographiques. Puis il revient à Lyon et fait cette tristehabitué : en juin 2017, il clôturera la saison qui vient de s’ouvrir, constatation : alors que le public des cycles musicaux tentent,avec un nouveau concert en compagnie de Beethoven, Franck et bon gré mal gré, de se renouveler et de se rajeunir, il n’existe pas,Fauré. Une saison qui aura vu et entendu d’autres habitués de dans sa ville, de cycles de concerts de piano.la même pointure, ayant suivi plusieurs fois le même chemin,de François-Frédéric Guy, avec Brahms, à Martha Argerich et UN PIANO ET UN LIEUStephen Kovacevich, avec Mozart, Debussy et Rachmaninov, en Avec audace, Jérôme Chabannes se lance. Fort de sa formationpassant par les sœurs Katia et Marielle Labèque, avec Stravinsky et de ses contacts, il crée le cycle « Piano à Lyon » en avril 2005,et Bartók. Et après que le cycle 2016-2017 a été précédé par l’ha- avec un premier concert à l’automne suivant. « Grâce à sa jauge debituel concert-prélude permettant d’écouter et de découvrir l’un 600 personnes et à son excellente acoustique, l’une des meilleures d’Eu-de ces pianistes de la nouvelle génération que Jérôme Chabannes rope, la salle Molière me semblait être le théâtre idéal pour ce genreaime aussi faire venir à Lyon et mêler aux grands anciens. En de programmation. Je crois que les Lyonnais y sont attachés, mais ill’occurrence Luis Fernando Pérez, un Madrilène qui magnifia convenait de leur rappeler son importance. Le premier soir, avec MichelChopin, Debussy et Granados. Dalberto, nous avons d’emblée réuni 500 personnes. »FAMILLE MUSICIENNE « Lyon possède une vieLe gone de la Croix-Rousse, où il naît en 1973 avant d’étudier musicale intense, très fournie,au lycée Saint-Exupéry, mène sa barque, tant financière quemusicale, avec succès. Dans la continuité et l’innovation mêlées. trop sans doute par rapport auIl écoute, voit, choisit, invite, contacte, convainc et trouve des public lyonnais et de la métropole »partenaires tant côté mécénat que côté musical. Cet amou-reux du piano aime à rappeler les origines de son engagement : Acteurs de l’économie - La Tribune 133« Ma grand-mère paternelle, elle-même pianiste amateur mais aussiN°133 Décembre 2016
Respirer JÉRÔME CHABANNESLe coup d’envoi est donné, prélude à une suite de saisons, en © Oram Dannreutherterritoriale tout au long du Rhône, de Génissiat à Arles, elle possèdeappelant principalement au piano, à deux ou quatre mains. Après également une solide culture d’entreprise qui s’est ouverte récemmentune décennie, l’approche, simple, et une politique dynamique vers de nouvelles orientations, comme l’aide aux banques alimentaires,en direction des jeunes attirent un public de plus en plus large. mais aussi le mécénat, à la fois sportif et culturel ». La CNR est doncAujourd’hui, Piano à Lyon sait fidéliser plus de 5 000 spectateurs engagée auprès de l’Opéra de Lyon pour ses activités extérieures,pas an, dont 40 % d’abonnés. Même si les travaux engagés salle de la Maison de la Danse et de la Fête des Lumières, et accom-Molière sur plusieurs années ont provoqué le déménagement des pagne Piano à Lyon. « Investir auprès des institutions culturelles hautconcerts dans la plus vaste, mais nettement moins adaptée, salle de gamme, pour soutenir des initiatives de qualité, bien pensées et bienRameau. « J’ai suggéré un projet de restauration de la salle Rameau menées, est notre volonté », souligne Thomas San Marco.qui aurait pu devenir un pôle culturel du 1er arrondissement, mais la « PIANO AILLEURS »Ville de Lyon n’a pas suivi », signale Jérôme Chabannes. Alors que Ce qui ne peut que combler Jérôme Chabannes, lequel peutmille bruits courent sur l’avenir de ce bâtiment Art Nouveau, qui revendiquer une décennie de réussite, mais lui a aussi permisrisque de devenir un pôle commercial, une chose est sûre : Piano de constater une carence : « Lyon possède une vie musicale intense,à Lyon doit retrouver sa salle originelle, enfin restaurée, pour la très fournie, trop sans doute par rapport au public lyonnais et de lasaison 2017-2018. métropole. À côté des grands classiques de la fonction publique, comme l’Opéra et l’Orchestre national de Lyon et d’une brochette d’initiatives« Ma grand-mère privées telle que la nôtre, nous constatons un véritable problème : celuipaternelle, elle-même de la gestion, et conséquemment de la location, des salles municipales.pianiste amateur mais aussi Des locataires s’y installent trop souvent pour lancer des programma- tions de trois ou quatre concerts, de faible niveau, qui n’attirent pas,chanteuse, m’a transmis cette ne s’imposent pas et disparaissent. Des programmations parasites quipassion » n’apportent rien quant au rayonnement de la cité et rien au niveau économique. Un problème qu’il faudrait s’employer à régler. »Changement de site donc et retour vers l’idéal musical, mais sans Après toutes ces années de réussite, de continuité et de saisonschangement de programmation ou d’organigramme. D’autant déclinant chaque fois une dizaine de rendez-vous musicaux hautplus que les chiffres ne font pas fausse note, annonçant, pour 13 de gamme, le créateur de Piano à Lyon connaît la musique etconcerts annuels habituels, un autofinancement de 70 %, avec voit l’avenir du cycle avec optimisme. Intramuros et extramuros.une participation de la Ville de Lyon de 9 % en subvention et « Nous avons régulièrement des appels du pied, venant de Paris commela mise à disposition de la salle, ainsi qu’un partenariat de 2 % de Saint-Étienne. Des dialogues se sont engagés. Nous envisageonsavec Radio France, qui retransmet certains concerts sur France d’exporter une sorte de « Piano ailleurs ». » Autre désir, personnelMusique. Aussi, Piano à Lyon bénéficie d’un financement porté celui-là, que le jeune Lyonnais aimerait concrétiser prochaine-à 19 % par du mécénat, avec en tête la Compagnie nationale ment : prendre la responsabilité d’un poste, évidemment musical,du Rhône (CNR) et le Groupe Axotel, ainsi que la Spedidam, lié à une institution lyonnaise tout aussi musicale. Un appel lancésociété civile gérant les droits des artistes-interprètes et la fon- à la collectivité.dation Safran pour la musique, qui « accompagne des jeunes musi-ciens particulièrement prometteurs dans leur formation ou leur essor Les concerts de Piano à Lyon donnés salle Rameau,professionnel ». fidélisent plus de 5 000 spectateurs pas an, dont 40 % d’abonnés.THÉRAPIE DOUCEPour sa part, Axotel qui compte trois hôtels à Lyon, peut revendi- N°133 Décembre 2016quer le titre de doyen des partenaires, comme le rappelle son actif« patron », Roland Bernard, pionnier de la Confluence, conseillermétropolitain et président de l’association Piano à Lyon. « Dès lelancement de l’idée par Jérôme Chabannes et mon homonyme RolandBernard, alors maire d’Oullins, mélomane averti et passionné, j’airépondu présent. La musique n’est pas, pour moi, une passion, maisun plaisir, un remède contre le stress, une thérapie douce sans antibio-tique. Une sorte d’anxiolytique qui crée un climat dans lequel on se sentbien. » Ainsi est né ce partenariat d’entreprise, qui amène aidefinancière, mais aussi achat de places à destination du personnelet des fidèles clients des hôtels, où sont logés les artistes invités.Dans le cadre de ses diverses activités, l’infatigable chef d’en-treprise et homme politique se trouve être en relation avec lesgrands gestionnaires des fleuves, dont la CNR, dont le siège cen-tral se trouve à Lyon et qui a elle aussi rejoint les partenairesde Piano à Lyon. Thomas San Marco, délégué régional, aime àpréciser que « si la CNR a pour vocation première de créer une valeur134 Acteurs de l’économie - La Tribune
RUBRIQUE DE NOM RespirerPUBLICITÉ ICA À INSÉRERN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 135
Respirer RUBRIQUE DE NOMAUDREY LATARDLE VIN AU FÉMININÀ Vinsobres, au cœur de la Drôme provençale, Audrey Latard fait partie de la dizaine de vigneronstrentenaires qui cherchent à vivre, « au pays », de leur métier. Elle a créé sa propre cave, réalisantle rêve des générations qui l’ont précédée, notamment de Gustave, le grand-père, honoré dans lechoix du nom de son domaine. Au sein d’une région essentiellement viticole, et dans ce village de1 100 habitants qui compte 24 domaines et trois caves coopératives remarquables par leur qualité,la jeune femme pleine d’allant, peut compter sur le soutien de ses proches.REPORTAGE, DOMINIQUE MYRIAM DORNIER aul Cézanne vert argenté des oliviers et, à la mi-juin,PHOTOGRAPHIE, LAURENT CERINO / ADE aurait appré- le mauve parfumé des lavandes. Une cié le paysage : terre bénie des dieux, où fourmillentAudrey Latard sculpté à vif par durant la période estivale les touristes enDomaine du Tave la lumière, le vil- quête de bons flacons. Et quand l’hiverVinsobres (Drôme) lage de pierres approche, on peut retrouver, dans le vin,5,5 hectares blanches décline, la sensation tangible et réconfortante de dans un espace l’été lointain.PRouge : côtes-du-rhône villages, à la géométrie C’est le gel de 1956, responsable de la tendre, les ocres disparition des oliviers, culture essen- d’un terroir bai- tielle de la région, qui a fait naître levinsobres gné de soleil vignoble. Et dans cette enclave proven-Blanc et rosé. çale, il existe une quantité étonnante toute l’année, le136 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
VIN Respirerde vignerons, de vins, d’appellations, à la retraite et vend, cela lui fait toujours terres à son père, pour avoir la surfacequi présentent un rapport qualité/prix quelque chose de céder son outil de travail minimum d’exploitation : en cause, laexceptionnel dans l’Hexagone. À Vin- car l’argent ne fait pas tout », déplore la Safer, qui fait l’unanimité contre elle.sobres, le paysage, préservé de tout jeune femme, qui a commencé d’abord Sans compter la quasi-impossibiliténivellement par une monoculture à des par l’achat de trois hectares de terres. pour les jeunes qui ne sont pas issus defins exclusives de rentabilité, donne nais- Dans son discours, très affectif, une familles de vignerons de s’installer : « Àsance à une multitude de bouteilles de pointe d’amertume, plus qu’une reven- moins d’être milliardaire », déplore-t-elle.qualité. Chacune possède une spécifi- dication, ressort. Au fond, le vrai révolté, Émue et fière d’exporter aux États-Unis,cité et des subtilités dues aussi à la fortepersonnalité des gens d’ici. Être classé « À Vinsobres, le paysage, préservéen cru pour une partie des vignes de de tout nivellement par uneVinsobres – après 17 longues années de monoculture à des fins exclusivesnégociations avec l’Inao (Institut natio- de rentabilité, donne naissance à unenal des appellations d’origine) –, c’est sedémarquer du terme généraliste par le multitude de bouteilles de qualité »nom du village sur l’étiquette. Un atoutsupplémentaire pour la commercialisa- c’est son père, bien au fait de l’injustice malgré sa petite surface, elle a dû pas-tion, et pour un foncier qui prend de la avec laquelle sont traités ceux qui nour- ser le cap de deux millésimes successifsvaleur. D’où quelques querelles épiques rissent le pays et de la paupérisation qui avant de fidéliser un importateur de Chi-qui concernent les délimitations « sou- frappe, entre autres, les arboriculteurs, cago. Elle porte le vœu d’indépendancevent arbitraires » des terres, évoque Pierre nombreux dans la région. Une catégo- des trois générations qui l’ont précédée :Latard, dit « Pierrot », le père d’Audrey, rie moins bien lotie que celle des vigne- faire sa cave, se démarquer, acquérir unejeune vigneronne de 32 ans installée sur rons. Dans ses doléances, tout y passe : identité, et tout cela en tant que femme.cette terre. Dans la mémoire collective de l’Europe, la fiscalité, la Société d’aména- Ce qui n’est pas rien dans le secteur agri-ces villages, il existe toujours un grand- gement foncier et d’établissement rural cole qui tend à privilégier le masculin,père dont tout le monde se souvient ; (Safer)… L’homme dresse le tableau par préjugé et atavisme. Audrey Latardun brave homme, le verbe haut, pétri de baroque d’un monde quelque peu chao- a fait un stage d’installation – nécessairebon sens et d’humanité, qui se méfiait tique : « On vend les cerises et les abricots pour prétendre aux aides financières –,de l’administration comme de la peste, au même prix qu’en 1985 : 80 centimes le chez un vigneron reconnu de Mercurollaissant en héritage, une forme de révolte kilo alors que les producteurs doivent déjà (Drôme) qui ne voulait pas accueillir…« à la Candide ». C’est d’ailleurs l’arrière- 40 centimes de charges ! L’agriculture vit de de femmes ! Audrey, présentée par songrand-père d’Audrey, Gustave, qui a créé subventions, sauf la viticulture. Nos diri- père, a dû faire ses preuves plutôt deuxla première cave coopérative à Nyons, geants syndicaux ne sont pas tellement révo- fois qu’une : « Je lui ai montré que je nealors que celle-ci portait, à l’époque, lutionnaires, car ils gagnent bien leur vie ! », sortais pas de n’importe où ! » La jeunel’idéal d’un esprit communautaire et remarque-t-il, avec une pointe d’humour. femme, consciente que la génération toutavait une vocation sociale, « financée par La coopérative où Pierre Latard continue « phyto » de son père s’est faite abuser parles coopérateurs eux-mêmes, mettant sur la de porter la quasi-totalité de ses 25 hec- un commerce peu scrupuleux, s’orientetable leurs propres deniers », précise Pierre tares de vigne, est justifiée, malgré les progressivement vers les techniques de laLatard. Aujourd’hui, celui-ci déplore critiques récurrentes qu’il nourrit à son biodynamie, convaincue par le travail decette culture de l’argent, cette mentalité encontre, un peu « à la méridionale ». En deux de ses collègues du village, conver-où « il faut manger l’autre », alors qu’il a cause, des emprunts pour l’acquisition tis à cette approche. Et ne pas confondreconnu une époque de solidarité, de plai- des terres qui constituent aujourd’hui le avec le vin bio, labellisé pour permettresir à être ensemble et à s’entraider. patrimoine et qui le liaient à cette fatalité aux lobbies de pénétrer le marché, avec à laquelle lui, comme son père, n’a jamais les adeptes de la biodynamie. Ceux-làPATRIMOINE osé échapper. Malgré tout, le vin qui en ont un supplément d’âme, et leur travailAu domaine du Tave, Audrey Latard a sort le satisfait. « Audrey porte notre idéal : long et passionné, très pointu, force l’ad-réalisé son premier millésime en 2009, elle est fantastique, elle sait tout faire ! » miration des anciennes générations. « Ondans une grange restaurée. Elle consti- La jeune femme a passé son enfance s’essaie au purin d’ortie, de prêle, de sureautue la 4e génération de vignerons. auprès de lui, entre amandiers, oliviers et d’autres plantes. Et ça marche ! », confieAujourd’hui, son caveau est flambant et vignes, dans le chant des cigales. Un « Pierrot ».neuf. Armée d’un BTS « viti-œno », elle apprentissage fabuleux et vivant. Déjà repérée par les guides, Audreya conscience qu’ici, la terre incarne autre Latard souhaiterait développer sa com-chose qu’un simple enjeu spéculatif. FAMILLE mercialisation et améliorer désormaisL’hectare à plus ou moins 45 000 euros, Présente sur tous les fronts avec l’appui sa vinification. Elle se prépare à louerun prix bas, attire les investisseurs de de son compagnon, elle admet aisément d’autres terres à son père, heureusetous horizons, comme récemment l’hu- que l’aide de l’entourage est indispen- d’être un maillon de la chaîne. Ici, àmoriste Laurent Gerra : « Mon père se sable. La jeune femme a dû louer des Vinsobres.plaignait de ne pas avoir de garçon, et avaitpeur de ne pas avoir de repreneur. Mais Acteurs de l’économie - La Tribune 137le domaine du Tave, c’est moi qui l’ai créé.Nous possédons un patrimoine que chaquegénération a su faire évoluer. Celui qui partN°133 Décembre 2016
Respirer TRIBUNE Le musée des Tissus et le musée des Arts décoratifs disposent d’une force dans leurs équipements et d’un potentiel dans leurs équipes qui justifient« TRANSMISSION, que les regards des institutions culturelles du monde entier soient actuelle-DÉBATS ET ment rivés sur eux, en attente d’une décision ! Comment laisser échapper ce pôleRECHERCHES d’activités, muni de dispositifs performants aux mains d’un personnel motivé auxCARACTÉRISENT compétences rares ? Beaucoup a été dit sur la richesse des collections, l’histoireLE MTMAD » des textiles et des objets conservés mais il est important de souligner que le MTMAD est aussi un lieu interactif de recherches et d’échange des savoirs. Le MTMAD remplit - et comment ! - les missions d’animation et d’éducation de tout musée tourné vers l’avenir et ouvert aux innovations les plus contemporaines. Fonds et réserves sont la base de nombreux travaux : inventaire systématique, mise en activité d’un site des collections en ligne, à la disposition de tous, his- toriens ou visiteurs, recherches effectuées par des experts internationaux, comme le prouvent les liens étroits avec les universités françaises et étrangères qui publient les fruits des derniers travaux de spécialistes. La création, en 1990, à Lyon, de l’ niversité de la ode, filière spécialisée de l’université Lumière Lyon 2, s’est réalisée dans une proximité étroite et entretenue jusqu’à ce jour avec le musée des Tissus, la CCI de Lyon et les industriels du secteur. Les collabo- rations du MTMAD avec les établissements d’enseignement supérieur sont multiples – École du Louvre, EHESS, Institut national du patrimoine, Esmod, Fachhochschule de Cologne – sur le plan pédagogique et sur le plan de la recherche ; le MTMAD accueille par ailleurs 60 stagiaires par an, toutes nationalités confondues ; il est en réseau avec l’ensemble des chercheurs travaillant sur le textile dans le monde et avec de très nombreux musées – Victoria & Albert museum, le musée de l’Ermitage, le musée du costume de Shanghai, pour ne citer que trois exemples. Aujourd’hui, le MTMAD prend en compte les dernières innovations technologiques et les textiles les plus attendus dans l’industrie et dans la mode.LE MUSÉE DES TISSUS, UN LIEUOUVERT AUX INNOVATIONSLES PLUS CONTEMPORAINESMartine Villelongue, TRANSMISSION © DRMaître de conférences,université Lumière Lyon 2, À une époque où le renouveau des artisanats, la connaissance des techniques etdirectrice de l’Université la qualité des matières préoccupent un public de plus en plus averti et exigeant,de la Mode de 2009 à 2016 le D permet l’exploration, de manière scientifique et rigoureuse, de ces sec-Lire le dossier sur teurs. Dans les domaines de la connaissance, de l’activité scolaire la plus simplele musée des Tissus, à l’enquête universitaire la plus pointue, le MTMAD est d’abord un lieu de trans-page 126. mission, de débats et de recherches. L’atelier de restauration, aux compétences spécifiques au service de la conser- vation des textiles selon la rigoureuse déontologie en vigueur, a la mission de surveiller l’état des pièces, de présenter textiles et costumes en vue des expo- sitions permanentes ou temporaires et des prêts. Il s’est ouvert depuis 1998 à la clientèle extérieure. Il conseille musées et collectionneurs. Il a aujourd’hui la visibilité internationale qu’il mérite et encadre des étudiants-restaurateurs spécialisés de haut niveau. Les équipes du MTMAD, qu’elles soient aux services inventaire des collections, au centre de documentation, service des publics ou atelier de restauration, ont conscience de la chance de travailler pour une institution d’exception. Leurs compétences spécifiques, quotidiennement mises à l’épreuve, et leurs motivations assurent la qualité de ce centre d’activités. Tous contribuent à faire du MTMAD, en plus d’un lieu de découverte et de sensibilité, un espace d’échanges des savoirs, dynamique et ouvert au monde. Comment Lyon pourrait-elle se priver de cet outil de rayonnement touristique et de développement culturel et scientifique ?138 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016
Une industrie française plus compétitive ? Une industrie française plus compétCitieverta?inement. Certainement. iddAdiRARAdidnnn'''''BBBeetttAAAeeeeeennBBBfffBBBlllfifififfllliiiooBBBcccgggiiinnnrriiieeeeeeccvvvpppnnnnnneeeeeeeetttccczzssseeerrreeemmmtttsssvviiittt,,,ooeeeeedddccctttttttrrtttaaaoooeedddeeennnnneeennnccsssnnntttoopppeeelllddd'''mmrrrcccIIIooo'''nnnoootttppdddééédddrrrééeeeuuueeeuuuttssscccsssssiittttttttiieeeeeerrriiivvvvviiittttttiieeeiiitttttéérrrdddéééooodddéééaabbbuuudddjjjvvàààoooeeefffeetttuuudddcciiilllsss'''ttteeeiiiuuuééénnnlleerrreeedddcccsspppsssooouuuooossnnnssspppoouuutttttlllrrrrruuullrrriiiôôôuueeesssrrrllltteeeéééiifffooeeerrrrrpppaaafffnnlllooofififieeennnsscccnnnsssçççaaadddddaaammmccc''rrrAAiiieeessseeaaaBBeeesssaaaccc...BBeeeuuuhhhLLL..tttxxxiiinnneeewwfffeeeaaaaaassswwsssmmmvvvtttoooeeewwdddbbbrrrccceeeiiiiii..sssttthhhaaiiieeeooommmnnnbbrrrnnnooobbaaalllssslll'''ooonnn..éééffdddgggiiimmmrrèèèeeeiiirrreeeeeeeeesssppprrrgggssseeeiiinnneeeûûûrrrffftttnnnrrroooeeeeeeccclllrrrllleeemmmiiieegggtttdddaaaeeeeee'''nnnnnuuuffftttcccfififissseeeeeeccciiisssnnn,,,aaaeeecccssseee... Renforcez votre compétitivité avec les solutions d'ABB. www.abb.frCAACBBoonnBBttaaFFccrrttaaCCnncceenneetteerrABB FranceContact Center
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