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No 133 Acteurs de l'économie

Published by AGEFI, 2016-12-16 05:31:59

Description: Décembre 2016

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RUBRIQUE DE NOM Entreprendre Rencontrons-nous au SIMI Salon de l’immobilier de l’entreprise au palais des congrès à Paris du 30 novembre au 2 décembreUn territoire, quatre espaces dédiés à l’innovation, un cadre de vie PATRIARCHE & CO LAURENT MADELON PHOTEC / SAVOIE TECHNOLAC SAVOIE HEXAPOLECASSINE ALPESPACE SAVOIE TECHNOLAC SAVOIE HEXAPOLEInnovations technologiques Ingénierie et aménagement Pôle d’excellence Eco-parc d’activités dédié àet sociétales. de la montagne Énergie et Réseaux l’outdoor et au bien-êtreWWW.CHAMBERYGRANDLAC.FR l ECONOMIE CHAMBERYGRANDLAC.FRN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 51

Entreprendre RUBRIQUE DE NOMINCUBATEUR LYON 3AUX SOURCES DE L’IMMERSION, ROMAIN CHARBONNIERPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEEncore étudiants à l’université Jean-Moulin Lyon 3, ils sont plusieurs, chaque année, à choisirl’aventure entrepreneuriale, motivés par l’envie d’être utiles et maîtres de leur destin. Et pour leurdonner les moyens de les accompagner dans ce grand bain, l’établissement met à disposition unincubateur d’entreprises afin de les guider dans les meilleures conditions. Une structure un peuparticulière dans l’écosystème entrepreneurial lyonnais puisque son modèle repose sur la gratuitéet la confiance entre les individus.52 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

RUBRIQUE DE NOM EntreprendreENTREPRENEURIAT ls s’appellent Lucas, Matthias, Lorraine, Marion, Béren- « Le modèle de l’entreprise est-il viable et pérenne ? » Et « Up », « pour gère, Julie, Laure, Mathilde ou encore Baudouin. Ils par- ceux qui possèdent déjà des clients mais ont besoin d’être boostés  ». tagent ce point commun d’être de jeunes entrepreneurs. Une structure « originale » et « différente » des autres programmes Pour certains, réalisant déjà un chiffre d’affaires et se d’incubation du territoire et qui en fait sa singularité. D’abord versant même un salaire  ; pour les autres, au début de parce que cet incubateur est « l’un des seuls en France à être financé l’aventure de la création d’une entreprise, affinant encore et hébergé par une université  », souligne fièrement Pierre Poizat, leur modèle. De nouveaux chefs d’entreprise pour qui offrant aux incubés un accompagnement gratuit. Un argument l’acte même d’entreprendre est synonyme de liberté, de qui convainc la majorité des bénéficiaires qui, encore étudiants, passion et d’envie. Tous sont logés à la même enseigne, peuvent concilier leurs deux activités, déboursant seulement les celle de l’incubateur de l’université Jean-Moulin Lyon 3 frais universitaires. Une raison qui a, « en partie », motivé Laure qui accompagne les jeunes pousses suivant deux pro- Cavallini et Mathilde du Gardin, 22 et 23 ans, issues de la der- grammes : « Start », que décrit le directeur Pierre Poizat nière promotion. En master 2e année d’ingénierie financière, elles par la question « Faut-il y aller ou pas ? ». Comprendre : développent, avec le programme Start et en parallèle de leursN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 53

Entreprendre INCUBATEUR LYON 3études, Extra Vacant, une start-up permettant à un restaurateur « HYBRIDE »de trouver un extra en quelques minutes. «  C’est très important Iconoclaste, l’incubateur de l’université «  n’a pas de programmepour nous de pouvoir créer notre entreprise en étant accompagnées défini ; celui-ci est à la carte », « ni de modèle économique établi ».de manière gratuite. Étudiantes, nous n’aurions pas eu les moyens de Une caractéristique propre, fruit du soutien de l’universitépouvoir le faire ailleurs », souligne Mathilde du Gardin, à l’origine Jean-Moulin Lyon 3 (140 000 euros de budget annuel « réel ») etdu projet et dirigeante associée. Autre particularité de l’incuba- de moyens alloués par des partenaires privés (Caisse d’Épargneteur : l’idée retenue, le projet sélectionné. « Nous avons la volonté Rhône-Alpes et Alptis, entre autres) qui lui permettent d’accom-de privilégier des dossiers qui ne sont pas dans l’air du temps », précise pagner les projets « sans rechercher la rentabilité ». Avec son lot dePierre Poizat. Ces derniers peuvent donc aussi bien être rangés réussites et d’échecs. « Nous prenons le risque, car il est importantdans les catégories numérique, agroalimentaire, artistique ou ser- d’aider des projets qui ne sont pas « bankables » et ne trouvent pasvice. « De plus, nous choisissons des projets qui créeront des emplois d’écho ailleurs », indique Pierre Poizat. Un modèle « hybride » quidans le futur.  » L’une des conditions sine qua non que le futur plaît puisque les effectifs des promotions augmentent chaqueincubé doit inscrire à son dossier. Ce sera bientôt le cas pour Bau- année un peu plus et, avec eux, le nombre de candidatures – cinqdouin Niogret. Ingénieur en agroalimentaire, sorti de l’Isara, il a ont été retenues la première année pour le programme Start,créé avec un associé, en mai 2015, l’entreprise Cultures Chefs qui puis neuf, 13 et 25 actuellement. Ce sont ainsi 60 dossiers reçusmet en relation, sans intermédiaire, les restaurateurs et les pro- pour composer la dernière promotion. Au jury d’une quinzaineducteurs locaux. Un concept qui séduit puisqu’au-delà de Lyon de professionnels, de faire son choix sur des critères «  subjec-et Saint-Étienne, il sera bientôt développé à Grenoble et Valence. tifs » : « Nous nous concentrons à la fois sur la personnalité du por-Pour cela, le dirigeant prévoit de recruter trois personnes d’ici à teur de projet, sur la faisabilité de celui-ci et déterminons, en fonctionquelques mois avec, en vue, une levée de fonds prévue au prin- de ce projet, si nous sommes en mesure de l’accompagner », énoncetemps 2017. «  Pour y parvenir, nous avons besoin de disposer dementors au plus proche de nous afin d’apporter de la valeur au projet », « Il est important d’aiderexplique le jeune homme, dont la start-up a intégré le programme des projets qui ne sont pasUp. Marion Derouvroy et Bérengère Wolff, fondatrices de Tra- « bankables » et ne trouventfalgar, « première » maison de portraits écrits, ont déjà réussi ce pas d’écho »pari, outre d’avoir créé leur propre emploi – « ma première fichede paie fut celle de Trafalgar », se souvient d’ailleurs la première –,surtout d’en fédérer une multitude autour d’elles, photographeset nouvelles plumes, et ce, à chaque commande.54 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

INCUBATEUR LYON 3 Entreprendrele directeur. Une fois sélectionnés, les projets demandent mûre des enfants, à la manière des filles au pair. Nous avons tous desréflexion pour certains, d’être totalement revus pour d’autres et, cursus différents, et nos échanges, la confrontation de nos points depour quelques-uns, d’être seulement affinés. vue et la relation humaine m’aident indiscutablement dans mon déve- loppement.  » Passée par le programme Start puis Up, son siteHUMAIN compte désormais 600 inscrits. «  La personnalité de l’incubé estPour développer leur projet, les entrepreneurs disposent des res- primordiale et fonde l’esprit de l’incubateur », annonce Pierre Poizat.sources de l’université  : audiovisuel, communication, édition, « Ici, tous les projets se construisent autour de la personnalité de cha-mais également de la communauté de professeurs et d’étudiants cun, remarque Matthias Bruno, fondateur de Submind, marquesollicités parfois pour tester des concepts. De plus, ils bénéficient d’équipement pour la pratique de l’apnée. Nous sommes sélection-d’un cercle de professionnels disponibles et «  bienveillants  », à nés pour ce que nous sommes et ce que nous pouvons apporter auxl’écoute de leurs interrogations lors d’ateliers (portant sur la stra- autres, quand les incubateurs existants sont plus orientés business, cetégie, l’aide au financement, le marketing, etc.) ou de rendez-vous que nous n’occultons pas néanmoins. » Une particularité à laquelleindividuels. « Nous sommes dans la discussion et l’échange », sou- tous doivent adhérer. C’est ainsi qu’une relation de confiance seligne le chef d’entreprise Daniel Coster qui intervient notamment crée entre incubés, professionnels et encadrants. Avec, en ligne desur la partie business modèle. «  Nous savons peu de choses au compte, un contrat moral liant les entrepreneurs à l’incubateur.lancement d’un projet. Nous avons donc besoin d’eux, car ils apportentun regard extérieur, une expertise et peuvent nous dire si nous prenons CONFIANCEune mauvaise direction », admet Laure Cavallini dont l’entreprise Car si leur accompagnement est gratuit, les incubés se doivent ded’extras pour la restauration affiche une vingtaine de clients. rendre, peu ou prou, la monnaie de la pièce, et ce « tôt ou tard »,Leur rôle se résume ainsi à conseiller et « intervenir pour éclairer en « remettant au pot », dès lors qu’ils commencent à gagner suf-des situations », ajoute l’entrepreneur Pierre-Yves Nury. Engagés fisamment d’argent avec leur entreprise. « Si nous devions définirde manière bénévole, ces professionnels volontaires trouvent en le modèle économique de l’incubateur, ce serait sans doute celui-ci »,cette expérience un acte de «  transmission  », une «  satisfaction résume, convaincu, Pierre Poizat. Ici, rien n’est écrit, tout reposede voir des personnes motivées réussir ». Et « en retour, nous appre- sur la confiance. Un fonctionnement particulier qui fait desnons énormément », reconnaît Pierre-Yves Nury. Une dimension adeptes. « Nous le ferons avec plaisir, annonce Baudouin Niogret.humaine qui résonne avec l’atmosphère générale qui se dégage Venir en aide aux suivants, c’est un état d’esprit très nord-américain. »du lieu, installé au cœur de l’université de la Manufacture des « Ce contrat moral est inscrit dans mon business plan, et lorsque cetabacs, dans le 8e arrondissement de Lyon. « Un aspect essentiel, jour viendra, je serai fier de l’avoir fait », confie Matthias Bruno. Uneaffirme Julie Autonès, fondatrice de Mamieadom.com, plateforme démarche qui a pour but de soutenir la structure et les généra-en ligne qui s’adresse aux personnes âgées souhaitant garder tions futures d’incubés. Un aspect plus symbolique que rentableN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 55

Entreprendre INCUBATEUR LYON 3 Mathilde du Gardin et Laure Cavallini Pierre Poizat Lorraine Alamartine et Alexandre Boulmé Matthias Bruno Marion Derouvroy et Bérangère Volff Lucas Gebhardt Baudoin Niogret Julie Autonès N°133 Décembre 201656 Acteurs de l’économie - La Tribune

INCUBATEUR LYON 3 Entreprendrepour l’incubateur mais « un juste retour des choses » pour l’univer- entretien individuel toutes les trois semaines. Entreprendre, c’estsité qui soutient activement l’entrepreneuriat en son sein ; l’une aussi « partir de sa créativité pour construire un autre modèle, ne pasdes seules en France à héberger, financer et accompagner un avoir peur de prendre le risque », reconnaît Lorraine Alamartine,incubateur d’entreprises. cofondatrice de SameSame, une application mobile permettant aux voyageurs de se faire comprendre facilement partout dans leRÉVOLTE ET AMBITION monde, en utilisant des images. De « changer le monde » à l’imageÀ ce jour, difficile de connaître le nombre d’entreprises encore de Lucas Gebhardt, créateur d’Handivoyage, un «  Airbnb pouren activité après leur passage par l’incubateur, « le but étant de personnes handicapées qui répertorie les logements accessibles  » Ales laisser voler de leurs propres ailes ensuite  », estime Pierre Poi- 19 ans, l’ambition est grande pour ce jeune étudiant en 2e annéezat qui avance le nombre d’une vingtaine. Toujours est-il que de licence de gestion à l’IAE puisqu’il entend « devenir le leaders’ils échouent, l’expérience ne peut être que constructive pour européen sur ce marché d’ici à cinq ans ». Preuve que le monde uni-ces jeunes motivés par l’envie de faire autrement et de rester versitaire et l’entrepreneuriat peuvent faire bon ménage.maître de leur destin. Dans cet environnement favorable, toutesles conditions sont alors réunies pour qu’ils développent leurprojet. Des entrepreneurs en herbe en licence, master ou doctorat(certains ne sont plus étudiants et ont déjà une expérience pro-fessionnelle mais ont le droit aussi à l’incubation) et dont la voieuniversitaire classique était toute tracée mais qui, à un momentde leur vie, sont pourtant tentés par l’aventure entrepreneurialesans trop savoir où elle les mènera. Une chose est sûre, tous pos-sèdent cette envie d’être utiles et de faire bouger l’ordre établi.Marion Derouvroy définit cet engagement comme un «  acte derévolte. Une volonté de construire sa vie ». Tous avancent aussi cedésir d’autonomie qui exige débrouillardise et inventivité. L’es-sence même de l’université. « Ils sont amenés à prendre du recul età se poser les bonnes questions », assure Pierre Poizat qui les suit en« Nous sommes sélectionnés pour ce que nous sommeset ce que nous pouvons apporter aux autres »N°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 57

Entreprendre CHRONIQUESCLIMAT ANXIOGÈNEautour de l’assurance-vie ?Les taux de rendements des fonds euros chutent de façon durable et iné- Patrick Martin, luctable en raison de la baisse prolongée des taux d’intérêt. Le rendement Président du Medef moyen des portefeuilles obligataires, principal actif des fonds euros, est Auvergne Rhône-Alpes ainsi progressivement dilué par l’achat d’obligations offrant une rémunération très faible et très inférieure au taux de rendement moyen des portefeuilles NOTRE PAYS existants. Au-delà de ce contexte de taux peu favorable, que penser d’une nouvelle SE RÉFORME mesure qui pourrait geler les rachats sur contrat d’assurance ? (quand même) La loi Sapin II relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la moder- nisation de la vie économique, dans son article 21 bis, étend les compétences et En tectonique des plaques, de puissants mouvements se produisent renforce les pouvoirs du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) en matière de imperceptiblement, avant de marquer la surface, parfois brutalement. Il régulation des activités de crédit et d’assurance. Il pourra prendre à titre conservatoire en va de même de l’évolution des mentalités. Beaucoup n’en sont pas plusieurs mesures à l’égard d’une partie de l’ensemble des organismes d’assurance conscients, certains s’en inquiètent, je m’en réjouis : notre pays glisse pour préserver la stabilité du système financier. Ces mesures conservatoires ne ainsi, de plus en plus vite, vers l’entrepreneuriat. C’est probablement ce constituent en rien une innovation puisqu’elles peuvent déjà être prises compagnie qui peut lui arriver de mieux, si nous voulons le sortir de la médiocrité anxiogène par compagnie par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Ainsi, le qui le mine. Un récent sondage Ifop(1) établit ainsi une hiérarchie sans appel quant HCSF pourrait : à l’utilité des uns et des autres pour la société : en tête de classement, à 88% - Limiter temporairement l'exercice de certaines opérations ou activités, y compris d’opinions favorables, les dirigeants de PME, suivis immédiatement (62%) par ceux des grandes entreprises. La France est désormais le pays d’Europe où se l'acceptation de primes ou versements ; créent le plus d’entreprises – et ce n’est pas lié qu’aux seuls auto-entrepreneurs. - Suspendre ou restreindre temporairement la libre disposition de tout ou partie des actifs ; Sur le premier semestre 2016, notre pays a battu un record en matière d’inves- - Limiter temporairement la distribution d'un dividende aux actionnaires, d'une rému- tissement par les capital risqueurs. Les chiffres publiés par le ministère du Travail s’analysent de même : l’organisation syndicale la plus virulente au niveau national nération des certificats mutualistes ou paritaires ou d'une rémunération des parts a signé, l’an passé, 84% des accords d’entreprise ! sociales aux sociétaires ; - Suspendre, retarder ou limiter temporairement, pour tout ou partie du portefeuille, Bousculant le paiement des valeurs de rachat, la faculté d'arbitrages ou le versement d'avances Dans les grandes écoles, les étudiants s’orientent désormais massivement vers sur contrat pour une durée limitée (pour une période de trois mois renouvelables). les formations «  création d’entreprise  », dédaigneusement considérées il y a D’aucuns y voient une menace sur l’assurance-vie pour les épargnants qui ne pour- quelques années encore. Ces formations ont débouché sur plusieurs « success raient plus récupérer leur épargne en cas de crise majeure. stories » entrepreneuriales spectaculaires, qui suscitent elles-mêmes des voca- tions. Dans un autre registre enfin, des programmes tels que « Les Déterminés » Attractivité – co-initié par le Medef et Agir pour Réussir (en partenariat avec la Direccte Pourquoi une telle mesure ? L’objectif du législateur est d’imposer aux assureurs de Auvergne Rhône-Alpes et la Fondation OL) en faveur de l’entrepreneuriat dans conserver en réserve des capitaux par la constitution d’un coussin de fonds propres les zones urbaines sensibles, donne des résultats très encourageants – dont, et d’éviter une décollecte par rachat massif des souscripteurs en cas d’une brusque c’est le but, aux yeux de nos concitoyens tentés par la résignation ou la révolte. remontée des taux. Dans cette situation, les souscripteurs pourraient C’est en bousculant les mentalités et les réflexes trop conservateurs ou frileux demander massivement le rachat de leurs contrats pour percevoir une que notre pays s’en sortira. meilleure rémunération. Ce qui mettrait en péril les compagnies d’assurance obligées de vendre de façon précipitée, et pas dans les meilleures conditions, leur (1) Les Échos du 15/09/2016 portefeuille en moins-value pour rembourser les porteurs avec un risque d’illiquidité. Ce texte vise en fait à renforcer le dispositif de protection de l’épargne en préservant « Notre pays glisse, de plus en plus vite, les intérêts des épargnants et la solvabilité des assureurs. C’est le gage de la pérennité des compagnies d’assurance et donc des avoirs des souscripteurs. vers l’entrepreneuriat » Il convient de rappeler qu’il s’agit de mesures exceptionnelles en vue de prévenir des risques représentant une menace grave et caractérisée pour la stabilité du système financier avec un encadrement très précis sous le contrôle du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel, et une limitation dans le temps qui n’ont pas pour objectif de bloquer de façon arbitraire et permanente les capitaux investis dans les contrats d’assurance-vie. L’assurance-vie reste attractive et conserve encore de nombreux atouts patrimoniaux et fiscaux. Elle est le placement idéal pour répondre à trois objectifs principaux : valoriser des capitaux en neutralité fiscale, percevoir des revenus com- plémentaires faiblement fiscalisés notamment en vue de la retraite, organiser et programmer la transmission de son patrimoine. Philippe Charton, © DR Directeur de l'ingénierie financière et patrimoniale, CIC Banque privée N°133 Décembre 201658 Acteurs de l’économie - La Tribune

TRIBUNE EntreprendreLES JEUNES Les jeunes partagent avec leurs ainés une même défiance à l’égard de laÉLECTEURS classe politique et des institutions. ept jeunes sur dix n’ont confianceSONT DEVENUS ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner. ais l’impact deDES ÉLECTEURS cette défiance a des conséquences différentes, dans la mesure o les nouvellesINTERMITTENTS générations découvrent la politique dans ce contexte particulier. Ce qui n’est naturellement pas le cas de leurs prédécesseurs qui ont été socialisés à la politique à des époques plus porteuses en termes de confiance et d’adhé- sion partisane ou idéologique. ujourd’hui, les organisations traditionnelles de la médiation politique sont contournées au profit d’un fonctionnement en réseaux, privilégiant les initiatives individuelles et des fédérations d’al- ter ego. Les jeunes veulent conserver leur libre arbitre, et ne veulent plus avoir à épouser une ligne politique, à intégrer un discours unique et dogma- tique. Leurs engagements sont plus réflexifs, plus courts et réversibles, mais aussi plus exigeants quant à leur efficacité et leurs résultats. Le rapport au vote est de ce point de vue significatif. Les jeunes électeurs sont devenus des électeurs intermittents, faisant un usage alterné du vote et de l’abstention. Ils sont moins sensibles au devoir qu’implique l’usage citoyen du vote et plus réactifs aux enjeux de l’élection ou à la personna- lisation de la compétition électorale. Il leur faut un enjeu fort et perçu en tant que tel pour aller voter. L’intermittence de leur mobilisation élec- torale est étroitement liée à la façon dont ils vont considérer l’importance des enjeux de l’élection. C’est ainsi qu’ils se sont relativement bien mobi- lisés pour voter lors de la dernière élection présidentielle de 2012, mais lors des législatives et de toutes les élections qui ont suivi, déjà fortement marquées par l’abstention, ils sont restés nettement en retrait.LA JEUNESSE EN DEMANDEDE POLITIQUEAnne Muxel, EN QUÊTE © DRDirectrice de rechercheau Cevipof Instrument de connaissance et d’échange, internet est aussi un outil de(CNRS/Sciences Po) dénonciation et de médiatisation qui induit de nouveaux usages de la citoyen- neté. u travers des réseaux sociaux, il favorise des mobilisations collec-Lire le dossier sur tives en temps réel, entretient une culture de la dérision et une dispositionla jeunesse, page 100. critique. Le règne de l’image et de l’instantanéité fixe une obligation de transparence et d’authenticité. ais les demandes de renouveau et de change-N°133 Décembre 2016 ment n’ont pas nécessairement le même débouché politique. On voit coexister au sein de la jeunesse à la fois des revendications pour davantage de démo- cratie participative et directe, et des demandes d’ordre et de leadership autoritaire, pouvant remettre en cause certains piliers de la démocratie. Il n’y a pas d’homogénéité dans la jeunesse, mais une place pour des comporte- ments radicaux pouvant séduire ceux qui entendent déverrouiller le système. Les jeunes sont en quête de repères et d’incarnation de projets portés par des personnalités fortes et engagées. Cela peut déboucher sur des réponses poli- tiques favorisant la montée des populismes de gauche comme de droite, dont les rhétoriques sont articulées sur la peur et la crainte de l’avenir. ais cela peut aussi favoriser un surcro t de vitalité politique et démocratique dès lors que le lien entre les gouvernés et les gouvernants se retisse sur la base d’une confiance réciproque et que l’espace de la politique redevient fécond, c’est-à-dire novateur et prospectif. Faire voir et faire entendre l’avenir au travers de tous ses possibles et de toutes ses promesses, n’est-ce pas ce qui peut réconcilier les jeunes avec l’action publique ? quelques mois de l’élection présidentielle, c’est le défi des politiques d’esquisser des réponses et de permettre aux jeunes de se projeter plus que jamais person- nellement et collectivement dans un monde en plein mouvement. Acteurs de l’économie - La Tribune 59

“ L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE EN DIRECT ”1 mois *29 .-d’essai à CHFPapier (uniquement en Suisse) L'Agefi Indices Nos autres titres (selon périodicité)Numérique Code d'accès Tous les contenus agefi.com Archives en ligne, + de 420’000 articles Tous nos titres sur notre App iPad NewsletterAbonnement sur www.agefi.com/abo agefi.com*Cette offre est valable toute l’année et non renouvelable. TVA et frais de port inclus.

LE RÊVE Inventer LE RÊVE CORINNE VIGREUX‘‘Finis les embouteillages, l’âcre odeur de la pollution qui nous surprend, parfois dès le réveil. Le bruit des klaxons des conducteurs aca- riâtres, toujours plus pressés. Les piétons et les cyclistes se frayant un chemin, au péril de leur vie, dans cette jungle infernale. Et ce stress quand, à la dernière minute, il nous faut trouver « la » place de parking, ultime condition à notre ponctualité. Fini tout cela ! Les arbres et les espaces verts reconquièrent la ville, les « voitures électriques », nécessaires au déplacement des citadins de demain, se meuvent en un ballet harmonieux et silencieux, au milieu des vélos, skates, « long boards » et scooters urbains. Les piétons flânent et respirent à nouveau un air moins pollué dont ils avaient oublié le goût. La totalité des voitures en mouvement ne représente guère plus de 15% du parc total français actuel. Nous pouvons donc imaginer un monde où 85% du parc de voitures actuel aurait disparu. Les parkings ont laissé la place aux espaces verts que les citadins se réapproprient. Une mobilité nouvelle et harmonieuse, sereine et sécurisante voit le jour. Les véhicules de demain se conduisent « tout seuls » et sont programmés pour déterminer exactement où et quand vous voulez vous déplacer. Une place de choix est faite aux transports en commun, tels ces nouveaux trains évoluant sur coussin d’air, en lévitation, ainsi qu’un système souterrain propre et sûr pour les grandes métropoles. Cette nouvelle conception des déplacements dans la ville, confère aux citadins de demain, le choix de leur mobilité. Alors, cette idée de la ville de demain est-elle science-fiction ? Pas vraiment. Cette vision détermine la feuille de route des acteurs technologiques qui partagent ce désir d’éliminer les problèmes auxquels sont confrontés les citadins d’au- ’’jourd’hui, et nous avançons à grands pas vers cette ville où il fait bon vivre. Corinne Vigreux, PDG et cofondatrice de TomTomN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 61

Inventer TRIBUNE62 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016 Photomontage.

EMMANUEL MACRON Inventer2020MACRON,MAIRE DELYONL’énarque philosophe a l’art de ringardiser les antécédents de la politique politicienne par sajeunesse et son parler-vrai. Adoubé par le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb dont il partagel’idéal « social-démocrate » – ou « social-libéral », ou « social-réformiste »… –, Emmanuel Macrona raté la marche des présidentielles de 2017, mais gravit avec panache celles de l’hôtel de ville deLyon, trois ans plus tard. Reportage-fiction sur l’ascension de l’ancien ministre de l’Économie,devenu premier édile de la capitale des Gaules. Et si c’était vrai ?FICTION, MARIE-ANNICK DEPAGNEUX ET JOCELYNE VIDALPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 63

Inventer EMMANUEL MACRONAvril 2020. Avant la proclamation des résultats offi- de Gerland, locaux autrefois occupés parEmmanuel ciels, il s’est retiré dans son futur bureau FagorBrandt pour la fabrication de lave-Macron, 42 ans, d’édile, avec le maire sortant Gérard Col- linge. La reconversion dans les véhiculesvainqueur lomb, pour mettre la dernière main à son électriques sous l’égide d’un consortiumdu scrutin discours dans le salon rouge. Un discours sino-américain s’était terminée par unmunicipal bref, mais éclairé. « Lyon n’est jamais aussi fiasco. Aux anciens ouvriers restés surlyonnais, est prospère que lorsqu’elle s’ouvre sur le monde, le carreau, Emmanuel Macron a souhaitéintronisé disiez-vous cher Gérard, en citant Fernand donner une autre chance. Au premiernouveau Braudel. Capitale de la Renaissance doublée abord, ils l’ont pris de haut, fustigeantlocataire de aujourd’hui d’une capitale économique parmi son costume « so chic ». Cependant, cettel’hôtel de la les plus attractives au monde, Lyon va faire fois, il a tiré les enseignements de sesplace de la renaître avec nous tous le désir d’Europe anciennes maladresses. Et la réunion s’estComédie, quatre étouffé depuis des lustres par des politiques déroulée dans un climat de confiance.ans après le engluées dans des croissances molles. Quelles À son arrivée à Lyon, le promoteur desdébut de sa que soient nos sensibilités, nos provenances autocars «  low cost  » a craqué pour« love story » et nos destinées, nous allons converger pour Navya, la navette autonome, du dernieravec la cité relever un défi commun : faire de Lyon l’épi- kilomètre, qui roule à la Confluence aprèsrhodanienne. centre de l’économie et de la culture euro- une expérimentation de deux années. péenne. D’ores et déjà, nous avons réfléchi à Outrepassant ses prérogatives – GérardSa liste a conquis huit des neuf arrondis- trois projets phares  : une biennale de street Collomb ne lui en fera néanmoins passements de la capitale des Gaules. Son art, le premier Forum mondial de l’économie grief – il a négocié avec Keolis, l’exploi-échec dans le 6e, le plus bourgeois, lui sociale et solidaire, et la résurrection d’un tant des transports en commun lyonnais,a fait manquer de peu le grand chelem. vieux désir : l’installation d’un Musée Gug- pour proposer un circuit plus ambitieux : genheim » Sa prise de parole s’achèvera en une liaison qui connecte les différents64 Acteurs de l’économie - La Tribune musique, sur un air de tango qu’il adore campus universitaires intra-muros, via danser avec sa femme, Brigitte. des sites propres. Favoriser l’interdisci- plinarité reste son credo. Sa figure tuté- UN MÉGA INCUBATEUR laire lyonnaise lui a également laissé les Auteur d’un mémoire sur l’intérêt géné- coudées franches pour prendre à bras le ral, l’énarque philosophe s’est donné 100 corps la question du logement dans les jours pour incarner les promesses qu’il zones en tension. Mais le nouveau maire n’a pas voulu faire. Sous le regard com- laissera à son mentor quelques chantiers plice de Gérard Collomb, il a accéléré le sensibles : le redimensionnement de la tempo des chantiers. En trois coups de gare de la Part-Dieu, la fermeture de baguette, il trouvera de riches mécènes, l’autoroute intra-muros à Perrache et le en France et à l’étranger, pour ressus- soutien à l’entreprise OL dont le club est citer le musée des Tissus, englué dans englué en L2. une impasse financière depuis que la chambre de commerce et d’industrie de PIED DE NEZ Lyon a souhaité se désengager de sa ges- Avec le recul, de nombreuses interro- tion il y a quatre ans, et le faire rayonner gations demeurent, notamment quant à travers le monde. François Pinault lui aux raisons ayant conduit Gérard Col- a même promis de l’aide pour organiser lomb à rouler – encore et toujours, une somptueuse exposition, en 2021, quatre ans après leur rencontre en 2016 consacrée aux grands faiseurs de cos- – pour Emmanuel Macron. Les proposi- tumes de la commedia dell’arte revisités tions économiques du second étaient en par Gucci et Saint Laurent. L’animateur phase avec les options du premier, qui Stephane Bern ne pensait pas si bien dire siège dans plusieurs cercles de réflexion. quand il avait conseillé à Gérard Col- «  L’économie a toujours été un sujet prio- lomb, alors maire, de s’adresser à son ami ritaire pour Gérard Collomb. De plus, ils Macron pour sauver l’institution de la partagent le principe qu’il faut d’abord jouer rue de la Charité. sur le levier de la croissance pour pouvoir Sitôt réussi son examen de passage dans en distribuer les richesses », décrypte Jean- l’univers de la vieille économie, le nou- Louis Touraine, député socialiste de la 3e veau maire de Lyon imagine un méga circonscription de Lyon. «  Que Collomb incubateur consacré au numérique pour mise sur Macron ne m’a pas surpris. Il est conforter le totem dédié à cette filière cohérent. Tous deux épousent la même phi- dans le quartier de la Confluence. De ses losophie sociale-démocrate, renchérit Yves nombreuses visites dans la Silicon Valley Blein, député PS de Feyzin et membre de et de ses échanges directs à Bercy avec la commission des affaires économiques les startuppers, il a conclu qu’il fallait à l’Assemblée nationale. Pour autant, voir grand, très grand. En intelligence je ne suis pas sûr que Gérard Collomb ait avec Gérard Collomb, qui préside la eu d’arrière-pensées. Il avait un bon bilan, métropole de Lyon, il a jeté son dévolu valorisant. Pourquoi serait-il allé s’embêter sur une friche industrielle du quartier à Paris ? » N°133 Décembre 2016

EMMANUEL MACRON InventerFaire Macron prince et l’aider à gagner les « apporter son soutien à Macron, c’était un à la députation à Marseille, il s’est alorsprésidentielles en 2017, n’était-ce pas la pied de nez  ». À supposer que son pro- rabattu sur Lyon. Une ville ni à droite ni àrevanche de celui qui fut maire de Lyon tégé ait remporté l’Olympe du faubourg gauche, toute désignée pour lui. Une villedurant près de 20 ans  ? Sans doute le Saint-Honoré en 2017, il se serait sans qui, d’emblée, l’a séduit pour « ses traditionsseptuagénaire entrevoyait-il, malgré tout, doute dit : « J’étais à côté du petit jeune. » locales d’humanisme et de réconciliation ».une opportunité d’être ministre, voire Mais les urnes ont parlé autrement. Pour parer à toute accusation de parachu-d’élire domicile à Matignon, histoire d’ef- Emmanuel Macron a un temps ima- tage, Emmanuel Macron a intuitivementfacer une frustration légitime. François giné retourner dans la finance et créer appliqué les conseils de Michel Noir : « UnHollande ne l’avait jamais appelé à des une société. Mais il n’était pas homme à postulant à la mairie doit se donner le tempsfonctions dans son gouvernement et ne renoncer face à une déconvenue. de prendre ses quartiers de lyonnitude. Lesl’avait pas plus invité à concilier un poste Lyonnais préfèrent que leur premier édile sede ministre avec son mandat local. « LYONNITUDE » « pradélise ». »De surcroît, ajoute un de ses anciens Pour capitaliser sur l’acquis de sa campagne L’ex-premier magistrat de la ville (de 1989adjoints, «  Gérard Collomb avait le senti- présidentielle et sa centaine de milliers de à 1995) faisait ainsi référence à l’un de sesment de ne pas avoir été assez écouté dans sympathisants, il a répondu aux avances de prédécesseurs, Louis Pradel. Élu maire enses propositions économiques. Lui qui avait Gérard Collomb. Les années qui ont suivi 1959, celui-ci s’était donné corps et âme,développé un système loco-régional qui fonc- sa défaite (malgré un honorable 8 % au de façon exclusive, à sa ville. « Pour être untionnait bien, mais auquel personne ne prê- scrutin national) et sont marquées par un bon maire, il faut être amoureux de sa ville.tait attention au niveau national, éprouvait quinquennat Juppé entamé avec vista, l’ont Je l’étais. Un candidat ne se présente pas poursans doute un sentiment d’inachevé dans sa convaincu de faire contre mauvaise fortune saisir une opportunité », témoignait-il en soncarrière. » Dit autrement par Michel Noir, bon cœur. Après avoir essuyé un échec temps.« Faire Macron prince et l’aider à gagnerles présidentielles en 2017, n’était-ce pas la revanchede celui qui fut maire de Lyon durant près de 20 ans ?Sans doute Gérard Collomb entrevoyait-il là l’opportunité d’être enfinministre et d’effacer une frustration légitime » Entre Gérard Collomb et Emmanuel Macron, c’est une histoire d’amitié politique née en 2016.N°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 65

Inventer EMMANUEL MACRONCoaché par l’équipe rapprochée du maire « Impossible « une affirmation de la différenciation, unesortant, qui s’est réservé la Métropole de supporter médiatisation, une réponse à l’attente depour poursuivre son œuvre en s’offrant plus longtemps nouveauté qui provoque l’adhésion. Tous lesun 4e mandat, l’ancien collègue de Michel le larmoiement des ingrédients constitutifs d’un phénomène deSapin entreprend donc le tour des bou- politiques classiques, mode ont été réunis par Emmanuel Macron.chons et marchés lyonnais. Toujours S’il s’est posé dans la rupture, celle-ci n’a pasattentif à sa ligne, le jeune sportif fait devenons avec été inquiétante. En témoignent les camaïeuxquelques détours remarqués dans les QG Emmanuel gris bleu de ses costumes, aux couleurs qui nedes patrons lyonnais, histoire de vaincre Macron les font pas de vague ».la réserve de certains chefs d’entreprise. chevaliers Son élégance empreinte de classicismeLeur problématique ? Maintenir leur neu- du possible, n’a pas exclu l’audace, diagnostiquetralité, pour préserver la bonne marche et mettons Pascal Verrier. «  Ce beau ténor ringardisede leurs affaires. du Lyon dans par sa jeunesse et son parler-vrai tous les la France » antécédents de la politique politicienne. Ce« DES SOUS POUR LA RUE DE LA RÉ ! » « sexo sapiens » aime séduire et être séduitEncouragé par les sondages publiés par Erik Orsenna par l’intelligence.  » Un observateur poli-la presse régionale et fidèle à sa straté- tique loue, à son tour, l’aisance oratoiregie de la rencontre avec les citoyens, ou de «  cheval de Troie  » de la finance, du personnage, ancien khâgneux à Henryl’ancien banquier gagne peu à peu l’ad- « son esprit fédérateur situé bien au-dessus IV. « Il a du souffle et peut parler 40 minuteshésion d’une ville de marchands. « Pour des débats politiques classiques lui a permis sans notes. Dans sa façon de s’adresser à l’au-l’image de Lyon et son rayonnement inter- de l’emporter. Et il fera un très bon maire ditoire, il change en quelque sorte de dimen-national, Emmanuel Macron serait l’homme de Lyon », commente Pascal Verrier. Et la sion.  » Avec sa fougue naturelle, Brunode la situation. Et l’on peut se demander prophétie se vérifie. Bonnell brandit l’image de «  Bonapartesi Gérard Collomb ne l’a pas secrètement L’écharpe tricolore attendait Emmanuel au pont d’Arcole. J’ai vu une référence his-adoubé pour se prolonger lui-même, en le Macron au bout de ce marathon lyonnais torique lors de son discours du 2 juin 2016,désignant comme dauphin », avait anticipé avec, à la clé, l’ancrage local, incontour- à Lyon. Il est parti devant en sachant quele psychiatre lyonnais Pascal Verrier. Le nable en France. Un parcours imposé ça allait tirer dans tous les sens et qu’il setitre de dauphin officiel avait, dès la fin auquel il avait succombé malgré lui. « Le mettait en danger. Mais il était convaincu,août 2016, été accordé, sans surprise, cursus honorum existait sous la Rome déterminé et habité par son projet ». Recon-à David Kimelfeld, son fidèle premier antique, il serait peut-être temps d’arrêter », verti dans la robotique, l’entrepreneur avice-président à la Métropole et maire du moquait-il pourtant dans une interview été bluffé par Emmanuel Macron et ce,4e arrondissement. « C’était, pour Gérard au magazine Challenge, daté d’octobre dès leur rencontre à Bercy, aux côtés deCollomb, le meilleur moyen d’affirmer que sa 2016. 34 chefs d’entreprise concernés par lessuccession était établie. Mais l’annoncer aussi plans ministériels de prospective éco-vite, argumente un militant, n’était-ce pas « SEXO-SAPIENS » nomique. «  J’ai pu apprécier sa capacitéun leurre ? » Lyon a-t-elle succombé à la Macron-ma- d’écoute et de synthèse, sa faculté de décisionEn attendant, la partie municipale ne nia  ? L’engouement des Lyonnais pour et d’absorption de données complexes. Il nesemblait pas gagnée pour le jeune stra- leur nouveau maire résulte de « l’effet d’un s’est pas contenté de proposer des voyages entège politique. Les uns arguant de son bon produit marketing », selon Michel Noir, car, même si c’est fondamental pour amélio-manque d’épaisseur, les autres ne le consultant en marketing au début de sa rer la vie des gens. »voyant pas dans le rôle de gestionnaire vie professionnelle. «  Un phénomène de Contrairement à d’autres qui, en culottesde finances locales. Bien que fidèle par- mode à part entière », pour Nadine Gelas, courtes, se rêvaient présidents de latisan, le bouillonnant Bruno Bonnell, longtemps vice-présidente du Grand République, ce fils de médecins, en admi-cofondateur de feu la société de jeux Lyon, en charge des industries créatives. ration devant sa grand-mère enseignante,vidéo Infogrames, doutait alors de l’inté- Par ailleurs sémiologue, elle décrypte ne s’inscrit pas dans ce registre. «  Il arêt de Macron pour la fonction de maire senti grandir en lui, lors de son passage aude Lyon. « Ce n’est pas du tout sa priorité. gouvernement, une volonté forte de partici-Chaque homme politique possède son propre per à la transformation du pays, interprètelogiciel. Et le sien se conforme plus à celui de Bruno Bonnell. Il s’est fixé ce cap. Encorechef d’État. En même temps, c’est un homme aujourd’hui, j’aime quand il est lui-même,de bon sens en phase avec Lyon, où l’on est sans se laisser influencer par les communi-pragmatique », disait-il. cants. Il excelle lorsqu’il dit les choses avecLe réalisme impose aussi de considé- ses tripes. »rer que les maires des communes de lamétropole n’ont plus guère de pouvoir. ADOUBEMENT«  Nous n’imaginons pas Macron dire à Parler du fond de soi-même, c’est sansCollomb  : «  S’il te plaît, Gérard, donne- doute ce qui a emporté et conquis Gérardmoi des sous pour refaire la rue de la Collomb. «  Vous tenez un langage neuf.République  !  », raillait un observateur, Vous exprimez des idées qui correspondent àinterrogé un an avant les élections muni- la société d’aujourd’hui. Vous ne vous conten-cipales. Ce serait une humiliation, une tez pas de ressasser les dogmes d’hier désor-demi-succession.  » Mais l’ancien ministre mais périmés. La venue de beaucoup est icide l’Économie, tennisman averti, adore un acte de confiance. C’est à toi maintenantmonter au filet. Malgré les critiques de de montrer que tu es à même de répondre àses détracteurs le taxant « d’hologramme » cette espérance », s’enflammait à l’époque66 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

La synergiede nos expertises :la réponse à vos enjeuxNos équipes d’avocats experts en droit et © DRfiscalité, tant en conseil qu’en contentieux,offrent à leurs clients des solutions à hautevaleur ajoutée.Notre engagement :vous accompagner dans la durée.Notre force :vous conseiller partout où vous opérez,y compris à l’international.Notre aptitude :sécuriser vos décisions grâce à la synergiede nos compétences pluLrEidSisFcEipMlinMaEirSe,sP. REMIÈRES VICTIMES ? L’impact de l’uberisation serait particulièrement néfaste pour les femmes, selon Marie-AgnèsNotre garantie : Barrère-Maurisson, sociologue spécialiste de la famille et de l’emploi, auteure de Travail, safauumxrimlplela u:rgsleesdnodeuuv4se5aaluaarcianotns, tardavetec(Gpdaerllasimtciaaqrrdrui,èer2e.0s0d3is).c«o nHtiinstuoerisq.uEelmlesennt’,olnetssfoeumvemnetsdoisnptossoéuqveunet étéune réputation fondée des miettes du travail masculin qualifié. » Conséquence : elles seront en première ligne face aux nouvelles formes d’atomisation de l’emploi. Si la flexibilisation n’est pas mauvaise en soi, estime la chercheuse, le développement intensif du télétravail constitue un leurre : « Il soulève le problème de la conciliation avec les impératifs familiaux dans un même espace. Et cet enchevêtrement peut être une source de stress considérable. » CMS Bureau Francis Lefebvre Lyon cms.law/bfl/lyon 174 rue Créqui - CS 23516 - 69422 Lyon Cedex 03 - FranceN°13T3 +D3éc3e4mb7r8e 29051647 99 Acteurs de l’économie - La Tribune 67

Inventer EMMANUEL MACRON« Un postulant à La famille Collomb, au complet, entourait Lyonnais, avec lui, prêts, comme l’asse-la mairie doit se alors le « fils prodige » devant la passerelle nera l’académicien Erik Orsenna, à deve-donner le temps Raymond Barre qu’ils venaient de fran- nir « les chevaliers du possible » et mettrede prendre ses chir avec solennité entre deux haies de «  du Lyon dans la France  ». Reste que lequartiers de micros et caméras. Une « Macron bulle » plus dur est à venir : faire la démons-lyonnitude. décuplée par les médias ? « Tout cela fera tration que sous l’enveloppe séduisante pschitt, pronostiquait à cet instant Michel progressent une épaisseur, un courageLes Lyonnais préfèrent Noir. La bulle est à la mesure de la déception politique, une détermination, une imagi-que leur premier édile des Français envers les acteurs politiques. » nation et des convictions qui, quatre ansse « pradélise » » Mais la bulle n’a pas éclaté. En ce soir après qu’il se soit déclaré à la Présiden- d’avril 2020, Emmanuel Macron est le tielle demeurent encore peu lisibles. LesMichel Noir nouveau maire de Lyon. En marche. Et les Lyonnais aiment « saisir » leur maire.le maire de Lyon, en basculant dans le « EMMANUEL MACRON A UN CÔTÉ TRANSGRESSIF »tutoiement. Emmanuel Macron se montraà peine surpris de l’enthousiasme local Pour le psychiatre Pascal Verrier, le style de l’ex-ministre de l’Économie ressemblepour son mouvement « En Marche », lancé symboliquement à celui de Kennedy. Il décrypte sa personnalité.le 6 avril 2016, à Amiens, ville natale de Quels ressorts psychologiques font avancer Emmanuel Macron, l’ex-cerveau droitcet enfant surdoué, tour à tour inspec- de François Hollande ?teur des finances, banquier d’affaires À nombre de niveaux, il est précoce. Il a toujours eu des centres d’intérêt qui n’étaient paschez Rothschild et ministre. Quelques de son âge. Il fut donc très intéressé par sa professeure de français et ses relations avec sessemaines plus tard, le 2 juin, Gérard Col- mentors montrent qu’il a privilégié des discussions avec des personnes plus mûres que lui.lomb, qui deviendra très vite son mentor Son parcours fait dire à certains qu’il est un séducteur de vieux.en politique, l’accueillera sous les ors de Comment expliquez-vous qu’il suscite de nombreux commentaires inspirés de lal’hôtel de ville de Lyon, en présence d’un mythologie ?millier de personnes. Une réception qui Ces références font rêver et incarnent l’espoir donné à la jeunesse par un homme élégant etfit tiquer la droite locale, réclamant la au langage châtié évoquant le style Kennedy. À 38 ans, il a déjà eu, comme Ulysse, plusieurstransparence sur les dépenses engagées. vies. Si l’on se réfère encore à la mythologie, on peut trouver le personnage très œdipien :Emmanuel Macron était encore membre il a tué le père, François Hollande, et a épousé une femme de 23 ans son aînée. Un côtédu gouvernement de François Hollande, transgressif qu’il assume avec modernité en suscitant la sympathie des couples atypiques.à qui il allait remettre sa démission du Quelle pourrait être sa devise ?poste de ministre de l’Économie, près « Vivre sans exister est la plus lourde des souffrances », un extrait du poème de Victor Hugo,de trois mois plus tard. Un départ diver- « Les Conquérants ».sement apprécié. Pour Michel Noir, il yavait trahison. « Il vaut mieux perdre une « Quelles que soient nos sensibilités, nos provenances et nos destinées, nous allonsélection que perdre son âme  », assénait, converger pour relever un défi commun : faire de Lyon l’épicentre de l’économie eten 1987, le jeune secrétaire national du de la culture européennes. » Une phrase d’Emmanuel Macron imaginée au soir deRPR de l’époque, qui prononcera cette sa victoire aux Municipales de 2020. Sera-t-elle réalité ?phrase devenue célèbre, opposé qu’ilétait à la stratégie de Jacques Chirac face N°133 Décembre 2016au Front national. « Je pouvais alors fairevaloir mes galons d’homme politique gagnéssur le terrain. Je n’enfreignais pas le prin-cipe de loyauté. Lui, en revanche, devait toutà l’homme qui lui avait ouvert les portes del’Élysée en le nommant secrétaire généraladjoint avec les pouvoirs liés à la fonction »,analysait l’ex-ministre reconverti dansl’entrepreneuriat.« Il fallait que je quitte mon poste de ministrepour être en cohérence avec moi-même. J’aipris ma décision en responsabilité et je m’ensuis expliqué  », se défendit EmmanuelMacron. C’était le samedi 24 septembre2016. Un air d’adoubement flottait surle parvis du musée des Confluences oùle Sommet des réformistes européensse mua en meeting pro-Macron, avecGérard Collomb en maître de cérémonie.68 Acteurs de l’économie - La Tribune

RUBRIQUE DE NOM InventerL’ART ET LA MANIÈREDE MARIER LES EXPERTISESChoisir Mazars, pour les directions comptables photos © Thinkstocket financières, c’est bénéficier de solutionscomptables opérationnelles, de la gestion Mazars est un groupe international d’audit, decourante à la mise en œuvre de projets complexes. conseil, d’expertise comptable et de services fiscaux et juridiques qui fédère les compétencesMazars à vos côtés, c’est une garantie d’écoute de 17 000 professionnels dans 77 pays.et de réactivité pour vous aider à élaborer etproduire une information financière de qualité L’offre conseil de Mazars reflète l’ambitionet pour vous conseiller dans l’évolution de votre pluridisciplinaire du Groupe : faire bénéficier sesorganisation comptable. clients - grandes sociétés internationales, PME et organismes publics - de solutions globales etMazars, c’est l’art et la manière de marier les sur mesure qui les aident à mettre en œuvre unecompétences de vos équipes à l’expertise de nos dynamique de croissance durable.professionnels pour un transfert de savoir-fairepérennisé.Lyon Annecy Valence Grenoble 441, rue Charles de GaulleLe Premium PAE Les Glaisins Le Forum Le Venturi 38920 Crolles131, boulevard de 13, avenue du Pré Félin 5, avenue de Verdun 4, rue Paul Valérien Perrin Tél. : 04 76 84 43 43Stalingrad 74940 Annecy-le-Vieux 26000 Valence 38172 Seyssinet Cedex Fax : 04 38 12 09 6669624 Villeurbanne cedex Tél. : 04 50 45 08 88 Tél. : 04 75 78 06 74 Tél. : 04 76 84 43 43Tél. : 04 26 84 52 52 Fax : 04 50 45 83 02 Fax : 04 75 55 13 94 Fax : 04 76 48 49 43Fax : 04 26 84 52 59 www.mazars.frN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 69

Inventer TRIBUNE© Saint-Etienne Métropole / Sonia Barcet SAINTÉ, CITÉ SANTÉ REPORTAGE, YANN PETITEAUX Plus discret que les filières numérique et design, le secteur stéphanois de la santé n’en est pas moins innovant et structuré. Il repose sur un important tissu de PME, des compétences historiques en matière d’ingénierie industrielle, un enseignement et une recherche réunis autour du Campus santé innovations, et une volonté politique a rmée. Si bien que le territoire entend devenir un acteur référent au niveau national dans un domaine encore trop peu examiné : la prévention. 70 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

RUBRIQUE DE NOM Inventer deux pas de la Cité du design, au deu- ses bureaux et ses ateliers. De là, elle xième étage d’un ancien bâtiment indus- pourrait bien révolutionner la chirurgie triel, un espace rénové de 600 m2, avec de l’œil dans les années à venir. Elle met de la moquette verte au sol. C’est ici, en en effet au point un dispositif permettant plein cœur du quartier créatif de Saint- de réduire les procédures chirurgicales et Étienne, que la start-up Keranova vient les interventions manuelles. Un procédé d’inaugurer son nouveau siège. La petite rapide, précis, économique et reproduc- entreprise très prometteuse y a installé tible qui devrait arriver sur le marché finN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 71

Inventer SAINTÉ, CITÉ SANTÉ2019. «  En France, on estime à un millier « Keranova est l’exemple même des potentia- compétences disponibles, c’est phénoménal.le nombre d’hôpitaux et de cliniques pra- lités et surtout des capacités de ce territoire », Tout le savoir-faire dont nous avons besoin esttiquant la chirurgie ophtalmologique et 10 se félicite Gaël Perdriau, président de là. » Pour l’entrepreneur, le bassin stépha-millions de patients sont concernés chaque Saint-Étienne métropole. Le projet est né nois se caractérise par une réelle facultéannée dans le monde  », souligne Fabrice de la rencontre de deux médecins oph- d’innovation dans le domaine de la santé.Romano, ancien fondateur d’EyeTechCare talmologistes du CHU de Saint-Étienne «  Saint-Étienne possède une concentrationet dirigeant de Keranova. Pour financer et d’un chercheur du laboratoire univer- de savoir-faire différents d’envergure interna-ses recherches, la start-up medtech a levé sitaire Hubert Curien, spécialisé dans tionale. J’ai également été stupéfait par l’in-cinq millions d’euros en début d’année, le domaine de l’optique. Pour la dimen- telligence de la volonté politique en matièreauprès de Mérieux développement, CEA sion entrepreneuriale, ces chercheurs de santé. Les services de la Métropole sontinvestissement et Bpifrance. ont décidé de faire appel aux services de des facilitateurs. Quand je les appelle au Fabrice Romano et à ses 30 années d’ex- secours, j’ai une réponse dans la demi-heure. périence dans le domaine de l’ophtalmo- Ici, en tant que start-up, nous sommes beau- logie. Keranova emploie, à ce jour, cinq coup plus remarqués qu’à Lyon, donc mieux collaborateurs à Vénissieux et 12 à Saint- soutenus. » Étienne, dont neuf docteurs principale- ment issus du territoire. « Ici, les ingénieurs acceptent de parler aux médecins, apprécie Fabrice Romano. Quand nous mesurons les SAINT-ÉTIENNE SE RÊVE EN N°133 Décembre 2016 RÉFÉRENCE FRANÇAISE DE LA PRÉVENTION C’est une ambition encore discrète, mais bien réelle. Le territoire stéphanois entend se posi- tionner comme une référence nationale dans les domaines de la prévention et de la recherche interventionnelle (mise en œuvre et évaluation scientifique d’interventions en santé publique). Il est déjà en pointe au niveau régional en matière de prévention du cancer grâce à la pré- sence du Centre Hygée, plateforme dédiée, créée en 2004 par le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (Clara). Implanté au sein du Campus santé innovations de Saint-Étienne, ce centre de recherche traite à la fois de prévention primaire (lutte contre les comportements à risque), secondaire (dépistage) et tertiaire (amoindrissement des effets de la maladie). Il dispose de deux living lab permettant de tester des solutions innovantes, notamment sur les changements de comportement. Un pôle de recherche en matière de prévention est actuel- lement en cours de constitution. Il réunira le Centre Hygée ainsi que d’autres acteurs de la prévention traitant notamment des maladies chroniques, cardio-vasculaires et de la santé des aînés. La présidente de l’université Jean-Monnet, Michèle Cottier, par ailleurs professeur des universités et praticien hospitalier, n’a pas souhaité répondre aux sollicitations d’Acteurs de l’économie-La Tribune. Retard La création d’un pôle de référence national autour de la prévention se justifie par les faibles résultats de la France en la matière. « Le système français est très axé sur les soins, mais accuse beaucoup de retard quant à la prévention, constate le professeur Franck Chauvin, res- ponsable scientifique du Centre Hygée et vice-président du haut conseil de la santé publique (HCSP). Globalement, la France se situe dans la moyenne basse européenne. Par exemple, nous sommes les moins bons en ce qui concerne la mortalité prématurée des hommes, essentiellement à cause de la prévalence du tabac. » À la rentrée, Saint-Étienne métropole a lancé la communauté d’innovation Prodige (Prevention oncology digital) réunissant le centre Hygée, le cluster I-care et le Clara. Objectif : soutenir les projets numériques autour de la prévention du cancer. L’initiative s’inscrit dans le cadre du programme D2IN. Elle va notamment accompagner le développement des outils de la start-up Dowino. Cette société spécialisée dans la conception de « serious games » a notamment mis au point une exposition interactive pour le Centre Hygée et Smokitten, un jeu vidéo d’aide aux personnes souhaitant arrêter de fumer. « Nous changeons d’époque en matière de prévention, souligne Franck Chauvin. Le numérique nous apporte des outils permettant de développer une action mieux ciblée, donc beaucoup plus efficace et facile à maintenir dans le temps. »72 Acteurs de l’économie - La Tribune

SAINTÉ, CITÉ SANTÉ InventerNICHE d’ingénierie industrielle », analyse Anne-So- de niche. Elles ont ici accès à des ressourcesLe positionnement du territoire en phie Gouzy, directrice du Pôle des tech- humaines hautement qualifiées du pointmatière d’innovation médicale n’est pas nologies médicales (Saint-Étienne). Un de vue technique.  » Le bassin stéphanoisrécent. Il est né de l’évolution de secteurs positionnement très différent et complé- compte une trentaine d’entreprises inté-industriels historiques vers les dispo- mentaire de celui du bassin lyonnais clai- gralement dédiées au secteur de la santésitifs de santé. Du secteur textile tradi- rement tourné vers les biotechs. « Nous ne et une quinzaine qui y réalisent unetionnel ont ainsi émergé des spécialistes sommes pas non plus sur les mêmes échelles, part seulement de leur chiffre d’affaires.du textile médical, qui emploient 10% poursuit-elle. Un vaccin antigrippal, ce sont Deux – HEF (ingénierie des surfaces) etdes effectifs français du secteur. Parmi des millions de doses, alors que les prothèses Novaressort (ressorts de compression) –eux, Thuasne, Gibaud, Sigvaris, Aspide de hanche, ce sont 150 000 exemplaires par ont notamment participé à l’élaborationmédical, Cardial et Richard Frères. Les an. Les entreprises stéphanoises du secteur de la prothèse de cœur artificiel conçuecompétences du territoire en matière de médical sont essentiellement des PME de 30 en 2014 par Carmat.mécanique de précision ont également à 70 salariés, positionnées sur des marchés Avec ses 2 000 salariés à travers le monde,trouvé des débouchés dans le domaine Thuasne fait un peu figure d’exception.des implants orthopédiques, avec des © Thuasne Cette ETI compte parmi les leaders euro-entreprises telles qu’Aston médical, péens sur les dispositifs médicaux tex-Finortho ou Cefimeca. « Comme Grenoble, tiles. Sa dirigeante, Elizabeth Ducottet,Saint-Étienne dispose d’une technologie médi- affirme régulièrement le profond atta-cale très liée à son savoir-faire en matière chement de l’entreprise au territoire au sein duquel le groupe possède quatreN°133 Décembre 2016 usines. En juin 2015, Thuasne a ren- forcé cet ancrage en inaugurant l’Agora, son «  centre névralgique mondial  ». Un espace qui, équipé d’un show-room et d’un fab lab qui s’étendent sur 2 600 m2, aura demandé quatre millions d’euros d’investissement. « Ce territoire possède de vraies compétences industrielles, un savoir- faire spécifique et extrêmement technique », affirme Elizabeth Ducottet. Thuasne entretient des relations étroites avec le CHU et l’École des Mines avec qui une chaire est en cours de création. La société est également partenaire permanent de la Cité du design. « Tout cela crée un éco- système avec des personnalités résilientes qui s’inscrivent dans une dynamique bien contemporaine  », estime la PDG qui pré- side par ailleurs le comité d’orientation de la French tech-Design tech stéphanoise. CAMPUS Pour réunir l’ensemble des acteurs locaux en matière d’enseignement et de recherche dans le domaine de la santé, Saint-Étienne métropole a inauguré le Campus santé innovations en juin 2015. Implanté sur le site de l’Hôpital Nord, cet ensemble immobilier de 15 000 m2 réunit les 3 000 étudiants et les dix labo- ratoires de recherche de la faculté de médecine, l’Institut régional de méde- cine et d’ingénierie du sport (Irmis), le Centre Hygée (lire encadré) et le Centre ingénierie santé de l’École des Mines de Saint-Étienne. Ce dernier fait travailler une soixantaine de permanents et de chercheurs, et dispose du seul laboratoire au monde capable d’imprimer de l’os en 3D. Le Campus santé innovations abrite notamment Sainbiose (Santé ingénierie Acteurs de l’économie - La Tribune 73

Inventer SAINTÉ, CITÉ SANTÉ © Thuasne74 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

SAINTÉ, CITÉ SANTÉ Inventersanté Saint-Étienne), une unité Inserm de « L’objectif de à Saint-Étienne, vise à fédérer les acteurs120 personnes née en début d’année du Saint-Étienne est de la santé autour du vieillissement. Pourrapprochement de quatre laboratoires. de jouer collectif soutenir financièrement les porteurs deSainbiose étudie les pathologies chro- avec Lyon, de se projets, notamment en matière de santé,niques et du vieillissement des systèmes satelliser autour Saint-Étienne métropole a mis en placevasculaire et ostéo-articulaire. Elle dis- du soleil pour D2IN (Dispositif intégré pour l’innova-pose d’une expertise unique en Europe bénéficier de tion et le numérique). Ce fonds constituésur la question de la perte osseuse des son influence » en association avec le conseil régional etspationautes. «  Le Campus santé innova- Bpifrance, est doté de plus de deux mil-tions, c’est une unité de site unique qui facilite qui regroupe le Pôle des technologies lions d’euros pour la période 2015-2016.grandement le travail des hospitalo-univer- médicales, l’Ifresis (structure fédérative À l’échelle métropolitaine, la stratégie dusitaires, témoigne Laurence Vico, direc- de recherche), le cluster I-care, Minalo- bassin stéphanois en matière de santé esttrice de l’unité Inserm. L’avantage d’une gic, l’université Jean-Monnet, l’École des celle du cheval de Troie. « Les acteurs deville de taille intermédiaire, c’est que tous les Mines et la Cité du design. Gaël Perdriau l’industrie pharmaceutique à Lyon sont deacteurs de la santé se connaissent bien et que insiste également sur le nouveau Géron- bons moteurs de l’image régionale en matièrela convergence entre différents secteurs peut topôle Auvergne Rhône-Alpes qui, basé de santé, estime Anne-Sophie Gouzy. L’ob-aller plus vite qu’ailleurs. » jectif de Saint-Étienne est de jouer collectif avec Lyon, de se satelliser autour du soleilCHEVAL DE TROIE pour bénéficier de son influence.  » Gaël« Ma principale préoccupation, c’est de faire Perdriau espère bien profiter de la pré-le lien entre la capacité de nos chercheurs à sidence du Pôle métropolitain en 2017innover et les suites que l’on peut donner en pour renforcer les interactions entre Lyontermes de transfert technologique, affirme et Saint-Étienne dans le domaine médi-Gaël Perdriau. Jusqu’alors, les acteurs de la cal. « Il faut que les entreprises stéphanoisessanté étaient assez isolés et peu accompa- puissent profiter du rayonnement des entre-gnés. » Outre l’intégration d’un volet santé prises lyonnaises, d’autant que leurs activitésdans le dossier French tech stéphanois, sont très complémentaires. On ne se situe pasaux côtés du design et du numérique, sur les mêmes champs concurrentiels. Or,Saint-Étienne métropole a également créé jusqu’à présent, les synergies n’étaient pasune communauté d’innovations TechMed suffisamment travaillées. »N°133 Décembre 2016 Le trajet naturel Lyon-Aéroport Avec 30 fois moins d’émission de CO₂ qu’une voiture, adoptez la Green touch** *lien malin. Green touch : touche verte. **Calcul du taux d’émission de CO2 pour Rhônexpress selon la méthode ADEME soit 0,146 kg sur 22km par voyage vs 4,532 kg pour la même distance en voiture. Les émissions de la voiture sont calculées en fonction du taux d’émission du parc français (source : Observatoire Energie Environnement des Transports, Commission Technique Voyageur, Mars 2010). Acteurs de l’économie - La Tribune 75

Inventer TRIBUNE76 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

RUBRIQUE DE NOM InventerImmobilierLE CROWDFUNDINGEMPILE LES BRIQUESENQUÊTE, FRANÇOISE SIGOT Dans un univers très consommateur de cash où les colosses © Fotolia de l’investissement spécialistes de l’immobilier règnent en maîtres,N°133 Décembre 2016 l’investissement participatif, simple et rapide, gagne du terrain. Les fonds ainsi collectés – jusqu’à un million d’euros – tombent à pic pour des promoteurs en mal de fonds propres. Ces dispositifs peinent encore à convaincre certains sceptiques, tant chez les promoteurs qu’au sein du milieu bancaire, mais séduisent toujours plus de particuliers. Acteurs de l’économie - La Tribune 77

Inventer CROWDFUNDING IMMOBILIER78 Acteurs de l’économie - La Tribune près les startups, les projets culturels, les promoteurs immobiliers s’emparent à leur tour du crowdfunding. L’an dernier, 50 millions d’euros ont été levés grâce à cette formule pour des projets immobiliers, soit dix fois plus qu’en 2014. En Grande- Bretagne, où elle fait fureur, la plateforme de crowdfunding immobilier Realty Mogul a déjà permis aux promoteurs de lever plus de 30 millions de dollars (27 millions d’euros). Un secteur où, force est de le reconnaître, il y a encore quatre ans, personne ne s’attendait à voir cette forme de financement par- ticipatif percer. Pour cause, la pierre est certainement l’un des domaines mobilisant le plus de cash. Bien difficile en effet d’élever des locaux d’ac- tivité à moins de dix millions d’euros et quand il s’agit d’un immeuble de logements et plus encore un immeuble tertiaire, les dizaines s’accumulent. L’immobilier est aussi le secteur mobilisant le plus de fonds propres que nombre de promoteurs avaient, jusque-là, des difficultés à réunir pour satisfaire les exigences des banques, de plus en plus regardantes sur le montant de ces apports (qui doivent s’élever à au moins 10% du montant de l’opération en moyenne aujourd’hui) pour délivrer un crédit. Autant dire que les quelque dizaines, voire centaines de milliers d’euros  – pas plus d’un million aujourd’hui – apportés par les crowdfunders tombent à point nommé pour débloquer les projets. «  Évidemment que nous obtenons des financements bancaires, mais sous conditions. Les fonds propres constituent la véritable problématique pour des promoteurs comme nous. Certes, il est toujours possible d’ouvrir le capital, mais on ampute la marge et il faut savoir diluer. Le crowdfunding est bien plus simple et surtout bien plus rapide », s’enthousiasme Pierre Nallet, PDG d’AnaHome Immobilier. Basée à Lyon, cette structure créée en 2010, a ainsi levé 350 000 euros en trois semaines afin de financer un programme de 40 logements dont sept sociaux, N°133 Décembre 2016

Paris RUBRIQUE DE NOM InventerSaint-Denis Le temps respecte ce qui est construitLyon La Part-Dieu avec passionVilleurbanne SadenaEcully VilleurbanneLyon Gerland 21 Ecully Parc EcullyPlaine Commune Tour IncityLyon Est Lyon Part-DieuParis Rive Gauche Le 107Lyon Ouest Lyon Part-DieuAubervilliers Urban Garden Lyon GerlandLyon Saint-Exupéry MANAGEMENT DE PROJETS – FINANCEMENT – CORPORATE REAL ESTATEParis La Défense 139 rue Vendôme – 69006 LYON Tél. : 04 72 74 69 69Boulogne sogelym-dixence.frActeurs de l’économie - La Tribune 79GrenobleLyon BrotteauxN°133 Décembre 2016

Inventer CROWDFUNDING IMMOBILIER« La seule limite que nous posons est que les opérateurs restent majoritairesdans leurs projets, car nous estimons que l’on travaille toujoursmieux lorsque l’on engage ses propres fonds »à Annemasse et lance une nouvelle opération de financement qui a mis un premier pied dans l’immobilier en 2014. Pour avan-participatif sur une opération à Meyzieu, en banlieue lyonnaise. cer leurs pions, les acteurs du financement participatif pourraientAutre avantage mis en avant par Pierre Nallet : l’effet de levier. bénéficier d’un coup de pouce du gouvernement, qui envisage« Avec le crowdfunding, je peux mener davantage d’opérations puisque de porter le montant maximal de financement en capital collectéje consacre 200 000 euros à cinq programmes au lieu de réserver par les plateformes de crowdfunding à 2,5 millions d’euros parun million à un seul.  » Portée par la nouveauté sûrement, mais projet. Et aussi de l’appétence des collectivités pour l’innovation,aussi par ces avantages, en région Auvergne Rhône-Alpes, la pra- puisqu’elles exigent des montages financiers toujours plus nova-tique se développe à grands pas. À Villefranche-sur-Saône, le teurs dans leurs cahiers des charges de projets immobiliers.groupe Boyer a lui aussi fait appel aux crowdfunders pour finan-cer l’extension de La Lagune, une zone commerciale composée PRESSIONSde quatre lots qui accueilleront trois grandes enseignes sur une Malgré ces signaux favorables, un frein subsiste de la part dusuperficie de 13 119 m². L’Art de Construire, basée à Lissieu monde bancaire. « Le crowdfunding ne remplacera jamais nos par-(Rhône), est quant à elle parvenue à lever plus de 900 000 euros tenaires financiers. Nous travaillons de manière fidèle et étroite avecpour réaliser un programme d’activité de 100 000 m² en région eux. Aussi, nous ne souhaitons pas témoigner d’un sujet qui puisseparisienne. Et le groupe Capelli, créé en 1976 et coté à la Bourse nous mettre dans une position délicate vis-à-vis d’eux  », fait savoirde Paris depuis 2004, a lui aussi eu recours au crowdfunding un acteur en vue de l’immobilier local. Lequel a financé unesur plusieurs opérations. « Nous proposons aux promoteurs soit de opération via le crowdfunding et s’est entendu dire par l’une deles aider à lancer une opération en complétant leurs fonds propres, ses banques que s’il optait désormais pour cette source de finan-soit, sur des opérations déjà lancées, en accord avec la banque, de cement, elle ne donnerait pas de suite favorable à ses demandesremplacer tout ou partie des fonds propres du promoteur », explique de prêts. Une exception ? « Il existe des banques progressistes quiSouleymane Galadima, directeur général de Wizeed Immobilier. comprennent que, sans fonds propres, elles ne peuvent pas prêter etDe l’argent facile, mais relativement cher. « Nous facturons notre d’autres, rétrogrades, qui voient toute innovation, dont le crowdfunding,prestation entre 8 et 10% au promoteur  », poursuit-il. «  C’est un d’un mauvais œil », botte en touche Joachim Dupont. « Nous faisonscoût élevé, mais gérable, c’est-à-dire absorbable, car il permet d’ac- beaucoup de pédagogie auprès des banques. La grande majorité a biencroître notre développement », estime Christophe Capelli, président compris que nous étions complémentaires, nous en fonds propres, euxdu groupe lyonnais éponyme, spécialiste de la construction de en dette », assure pour sa part Souleymane Galadima. La plupartlogements. L’analyse ne convainc pourtant pas tous les acteurs, des promoteurs acquiescent, mais certains avouent discrètementnotamment régionaux. que l’entreprise de conviction du banquier est bien plus ardue lorsqu’une partie de fonds propres vient du financement partici-HÉSITATIONS patif. Une affirmation réfutée par Thierry de Vincenzi, directeur« Il est toujours intéressant de diversifier ses sources de financement, des professionnels de l’immobilier à la Caisse d’Épargne Rhô-mais pour l’instant, je n’ai pas envie d’acheter des quasi-fonds propres. ne-Alpes. « Nous nous sommes toujours inscrits en accompagnementNous sommes plutôt dans une logique d’endettement en constituant des acteurs de l’immobilier pratiquant le crowdfunding. La seule limitenos fonds propres avec le temps. Pour nous, il s’agit aussi d’une cer- que nous posons est que les opérateurs restent majoritaires dans leurstaine sécurité financière. Nous préférons réaliser des opérations bien projets, car nous estimons que l’on travaille toujours mieux lorsque l’onsélectionnées qui permettent un taux de pré-commercialisation rapide engage ses propres fonds. En termes de financement, nous ne pouvonset donc un endettement classique, plutôt que de multiplier les pro- pas véritablement parler de concurrence avec le crowdfunding. Lejets. D’autant que nous savons gérer nos fonds propres en fonction des rendement qu’il offre aux promoteurs est possible uniquement parvolumes que nous réalisons », avance Guillaume Masset, directeur l’effet de levier et cette voie de financement ne sera jamais en concur-financier du promoteur lyonnais Groupe Cardinal, qualifiant rence avec le crédit. Par ailleurs, les promoteurs auront toujours besointoutefois le crowdfunding « d’intéressant et d’intelligent ». « Sur des d’un banquier pour leur GFA (Garantie financière d’achèvement). Leopérations significatives, je n’ai encore jamais vu de crowdfunding, que crowdfunding est donc un outil de financement supplémentaire, mais ilce soit en France ou à l’étranger car, pour l’heure, l’argent est assez ne constitue pas une solution de remplacement du crédit », défend-il.facile à obtenir pour les majors de la promotion. En revanche, sur des Un outil de financement dont le pouvoir de séduction sembleopérations plus petites, ce mode de financement se développe. D’une néanmoins sans limites.part, cela permet aux acteurs immobiliers de « sortir » leurs projets etd’autre part cela correspond à une montée en puissance de l’économie RISQUÉ, MAIS ADULÉcollaborative  », analyse Vincent Delattre, directeur associé chez En effet, si ce dispositif a le vent en poupe auprès des promo-JLL, responsable de l’investissement en régions. Le message est teurs, il séduit aussi les particuliers qui se ruent sur les offresentendu. « Les ténors de la promotion n’ont pas besoin de nos services, immobilières accessibles à partir de 1 000 euros en moyenne.mais le marché de la promotion immobilière étant très atomisé en «  La confiance des investisseurs est très forte sur l’immobilier, plusFrance, nous avons tout de même de quoi faire », observe le directeur que sur les startups  », reconnaît Souleymane Galadima. «  Dansgénéral de Wizeed Immobilier. « Certes, nous restons sur des pro- ces opérations, un côté ludique transparaît. Les investisseurs peuventjets limités en taille, même si nous avons participé au financement de suivre l’avancée du programme qu’ils financent sur internet. Ils sont en160 logements à Marseille. Les promoteurs ont compris que nous leur quelque sorte promoteurs. Par ailleurs, cela crée une forme de com-permettions d’accélérer leur croissance en réalisant davantage d’opéra- munauté entre investisseurs  », abonde Pierre Nallet. Il faut diretions. C’est pourquoi ils nous sollicitent de plus en plus », abonde Joa- que les taux sont alléchants. Pas moins de 8% de gains et sanschim Dupont, président d’Anaxago, spécialiste du crowdfunding, doute davantage – 10% voire 12% – sont promis par les acteurs80 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

QUARTIER D’AFFAIRES RUBRIQUE DE NOM InventerSAINT ÉTIENNECHÂTEAUCREUX OU BIEN : RCS PARIS 505 351 775INVESTIR•SE DÉVELOPPER•ANTICIPER GARE TGV • MIN DE LYON • H DE PARISN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 81

Inventer CROWDFUNDING IMMOBILIERdu crowdfunding immobilier. Sans compter la rapidité du retour. « Dans ces opérations,« Sur les startups, les investisseurs s’engagent sur cinq à sept ans, alors un côté ludique transparaît.que dans l’immobilier, nous avons réalisé des opérations en 12 mois,même si la moyenne est aux alentours de deux ans  », explique le Les investisseurs peuventprésident d’Anaxago. Pour l’heure, les revers ne semblent pas suivre l’avancée(encore ?) de mise, mais personne, dans l’univers de la finance du programme qu’ilscomme de l’immobilier, ne se voile la face. À l’image des star- financent sur internet.tups, certains programmes n’iront pas au bout et les déconvenuessurviendront tôt ou tard. Et ce, même si l’Autorité des marchés Ils sont en quelque sortefinanciers veille et que les acteurs du crowdfunding immobilier promoteurs »affûtent leurs plans de communication pour faire valoir leurstechniques de sélection des programmes et des montages d’in-vestissement. «  Notre valeur ajoutée réside véritablement dans laqualité des programmes que nous proposons. Nous réalisons non seu-lement une analyse corporate du promoteur et de l’opération, mais enplus nous disposons de développeurs qui visitent les programmes pourvérifier que les produits correspondent au marché », fait valoir Sou-leymane Galadima. Portés par la vague, certains seront sûrementmoins scrupuleux : en quelques mois, le nombre d’acteurs actifssur le crowdfunding immobilier a explosé. Difficile d’ailleurs d’enévaluer précisément le nombre. Selon les montages financiers,les investisseurs peuvent donc perdre tout ou une partie de leurmise de départ. Pas de quoi décourager les adeptes de l’économiecollaborative. Ni ceux de l’immobilier qui arrivent toujours loindevant (65%, selon le Cercle de l’épargne) quand les Françaissont interrogés sur leurs placements préférés. Avec l’immobilier,le crowdfunding devrait donc tenir un bon filon.Si le crowdfundinga le vent en poupeauprès des promoteurs,il séduit aussi lesparticuliers quise ruent sur les offresimmobilières accessiblesà partir de 1 000 eurosen moyenne.© Laurent Cerino / Acteurs de l’économie82 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

RUBRIQUE DE NOM InventerSILEX1& SILEX2CRÉATEURSDE BIEN ÊTREPOUR UNE VIEACTIVE - www.saentys.com Crédit photo : Asylum / Conception-création : DÉCOUVREZ DÈS MAINTENANT Acteurs de l’économie - La Tribune 83 NOS NOUVEAUX PROGRAMMES PREMIUM SILEX1 & SILEX2 AU CŒUR DE LYON PART DIEU SUR FONCIEREDESREGIONS.FR Imaginer et concevoir des immeubles tertiaires multi-services, générateurs d’activité, de connectivité et d’innovation… Chez Foncière des Régions c’est, depuis toujours, notre raison d’être.N°133 Décembre 2016

Inventer TRIBUNE Avec un débit jusqu’à 100 fois plus rapide que le wifi, la technologie lifi (« light fidelity ») pourrait révolutionner les communications sans fil, en se servant de la lumière pour faire transiter des informations. Santé, sécurité, transports, commerce… les domaines d’application sont multiples et ouvrent d’immenses perspectives de développement. Plongée dans un monde qui n’est plus science-fiction, où des acteurs grenoblois travaillent à faire émerger l’internet de demain.QUE LA LUMIÈRE SOITET L’INTERNET FUTDOSSIER, MARIE LYAN84 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

RUBRIQUE DE NOM InventerN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 85 © iStock by Getty Images

Inventer ET L’INTERNET FUTIl tire son nom « Nous sommes passés d’un stade, au début comme dans un train  », suggère-t-elle.de « light des années 2000, où les gens fournissaient Autre possibilité : se servir des LED utili-fidelity », avec uniquement des luminaires, à une approche sées pour l’éclairage des boutiques en vueune référence plus globale avec, par exemple, des solu- de faire passer des informations cibléesà peine voilée tions d’économie d’énergie ou des dimen- aux consommateurs, en fonction de leurà son cousin, le sions de smart lighting, explique Patrick positionnement dans les rayons d’unewifi (« wireless Clert-Girard, délégué général du Cluster boutique.fidelity »). Le lifi, Lumière. En prenant pour support une LED, «  Nous pouvons imaginer la même chosesoit l’internet il est possible de superposer un signal numé- dans l’industrie, où un opérateur pourraitpar la lumière, rique au signal lumineux, qui n’a plus rien recevoir un faisceau d’informations grâceest peut-être à voir avec la lumière mais qui relève des à une tablette sur l’état d’entretien de lala solution communications. » machine et son cycle de révision à venir  »,qui permettra ajoute l’enseignante. «  Toutes les appli-demain d’équiper LIFI ET VLC cations naturelles se trouvent dans desbureaux, Si, contrairement au wifi, le lifi ne tra- domaines où l’on a besoin de davantage demaisons, verse pas les murs, il offre justement une sécurité, comme les agences d’armement oucrèches ou meilleure sécurisation des accès, rendant de sécurité, mais aussi le domaine de la santéencore centres ainsi possible son utilisation au sein des afin de limiter l’exposition du public auxcommerciaux. crèches, des hôpitaux ou du secteur de ondes électromagnétiques », résume Patrick la défense. « Il a aussi l’avantage d’être plus Clert-Girard.Plus performant et plus stable que le inoffensif en matière de production de rayonswifi, ce système utilisant les fréquences électromagnétiques et est donc mieux perçucréées par une ampoule LED pour trans- en termes de santé  », complète Patrickmettre de l’information ouvrirait la voie Clert-Girard.à des applications dans de nombreux Encore faudra-t-il faire une distinctiondomaines  : santé, sécurité, transports, entre le lifi et sa cousine, la VLC (visiblecommerce, etc. D’après les experts, la light communication)  : «  Cette technolo-vitesse de connexion atteinte en labo- gie permet de pousser une information des-ratoire permettrait de télécharger pas cendante vers le consommateur, tandis quemoins de 23 DVD en l’espace d’une le lifi comprend à la fois une informationseconde, offrant ainsi des débits jusqu’à descendante et remontante permettant des100 fois supérieurs au wifi. L’utilisation échanges d’informations dans les deux sens,du lifi pourrait alors avoir un impact sur soit des envois d’emails, par exemple », pré-le risque de saturation des réseaux, à cise Sylvie Blanco, professeur de manage-l’heure où 50 milliards d’objets connectés ment de l’innovation à Grenoble école desont annoncés d’ici à 2020. Des géants management. Dès lors, les applicationscomme Apple et Philips ont même com- potentielles sont multiples  : «  Dans desmencé à étudier la possibilité d’intégrer espaces comme les musées ou les gares, ondes récepteurs lifi sur leurs prochains pourrait permettre aux gens de se connectermodèles de smartphones. sous un cône de lumière, avec un signal qui se déplace en même temps que l’utilisateur,86 Acteurs de l’économie - La Tribune UNE INTÉGRATION COÛTEUSE ? Si plusieurs industriels songent déjà à développer des appareils compatibles avec le lifi, les débuts pourraient se dérouler de la même manière qu’avec le wifi : « Il faudra certainement ajouter dans un premier temps une clé USB à son PC pour pouvoir capter le signal », avance Sylvie Blanco, professeure de management de l’innovation à Grenoble école de management. Mais son intégration finale au sein des appareils connectés ne devrait pas poser de défis majeurs d’après Martin Gallezot, chef de projet au CEA-Leti, à Grenoble : « Il n’existe pas de barrière technologique à franchir, car les composants dont nous avons besoin, tels que les récepteurs ou émetteurs infrarouges, existent déjà. » Pour Joris Gaudion, président de SMLS, joint-venture créé entre Schneider Electric et l’entreprise Lucibel, le déploiement de ce type de solutions nécessite au minimum le remplacement des luminaires existants par des produits pensés pour la lumière connectée, afin d’atteindre le même seuil de performance que les expériences réalisées en laboratoire. Si un surcoût est à prévoir à l’installation, afin d‘équiper notamment les LED de récepteurs, l’installation se révélerait cependant ensuite moins consommatrice d’énergie. « D’ici à deux ans, nous constaterons une relative parité des prix entre la lumière LED et celle fournie par les bornes wifi, car la technologie aura progressé », estime Joris Gaudion. N°133 Décembre 2016

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Inventer ET L’INTERNET FUTPOLE POSITION « En prenant L’INTERNET DE DEMAIN ?Bien que fonctionnant sur un principe pour support Le lifi remplacera-t-il pour autant l’usagedéjà démontré en 1880 par l’inventeur une LED, du wifi  ? «  Nous devrions plutôt cumulerdu téléphone, Alexander Graham Bell, il est possible différentes technologies  », pense Martinle lifi a vraiment émergé en 2011 à la de superposer Gallezot. « Le lifi apporte un accès internetsuite d’une conférence TED menée par un signal plus sécurisé et plus difficile à détourner, cele professeur Harald Haas, de l’université numérique au qui pourrait être utile pour toutes les zones oùd’Édimbourg. La technologie a depuis signal lumineux, il existe des enjeux de sécurisation, estimefait l’objet de tests et de développe- Sylvie Blanco, qui observe dans l’essor dements dans plusieurs laboratoires, dont qui n’a plus rien à cette technologie une « resegmentation »le CEA-Leti, à Grenoble, qui travaille voir avec la lumière de l’offre présente sur le marché. Mais celaconjointement avec l’entreprise Luciom mais qui relève des ne concernera pas forcément tout le monde,depuis 2012 sur les nouvelles générations communications » car il faut au préalable changer ses lampa-de LED. «  Il existe des développements en daires pour des LED et ajouter des récepteurscours au niveau industriel pour faciliter les Une dimension qui intéresse donc les et émetteurs pour avoir accès à internet. Ledéploiements et obtenir une meilleure perfor- groupes spécialisés dans les secteurs de marché des particuliers ne sera donc pas lemance en matière d’augmentation du débit la lumière et de l’énergie, comme l’indus- premier visé.  » Cependant la professeureou d’intégration de composants. L’autre spé- triel Schneider Electric, Philips ou encore projette que ceux-ci pourraient voir lescificité, c’est que nous voulons conserver la Panasonic, mais aussi des startups et premières applications d’ici à quatre ans.même qualité d’éclairage tout en y intégrant ETI du secteur. « Au sein du cluster, nous « Le lifi vient compléter l’offre wifi existanteun échange d’informations », précise Martin accueillons des sociétés comme Oledcomm et déjà dans les mains des consommateurs »,Gallezot, chef de projet du laboratoire. ou Luciom qui fournissent des solutions lifi. estime Joris Gaudion, rappelant que les Mais nous en sommes vraiment au démar- secteurs du commerce de détail et de ET LES FOURNISSEURS rage. Lucibel commence tout juste à fabri- l’événementiel sont souvent ceux qui font D’ACCÈS, DANS TOUT ÇA ? quer ses solutions en grande série », avance émerger les tendances. Contacté, Orange n’a pas donné suite Patrick Clert-Girard. aux demandes d’Acteurs de l’éco- 101 MILLIARDS DE DOLLARS nomie-La Tribune. Si la plupart des DES INVESTIGATIONS DE MARCHÉ D’après les premiers chiffres avancés fournisseurs restent encore assez Fin novembre 2015, Schneider Electric a par les experts américains, le marché discrets sur l’utilisation de cette tech- créé un joint-venture avec Lucibel, SLMS des technologies VLC aux États-Unis nologie, Joris Gaudion, président du (Schneider Lucibel Managed Services), pourrait atteindre les 101 milliards de joint-venture SMLS, rappelle que le lifi en vue de développer de nouveaux ser- dollars d’ici à 2024 (90 milliards d’eu- ne concernera que la couche transport vices autour de cette technologie et de ros), contre 500 millions de dollars du signal. « Il sera donc probablement la VLC, principalement à destination aujourd’hui (450 millions d’euros). Il opéré par les mêmes opérateurs que de clients du domaine du commerce de sera concentré dans six domaines  : ceux qui fournissent le wifi, car nous détail. «  Il s’agissait avant tout pour Sch- le commerce de détail, les transports, aurons toujours besoin d’un portail neider de réaliser une investigation de mar- les produits électroniques, la santé, captif pour se connecter et s’identifier ché, à partir d’idées issues d’un processus la défense et la sécurité. Et la France au réseau pour des raisons de sécu- d’innovation en interne  », explique Joris représentera « plusieurs millions d’euros rité. Tout l’enjeu sera donc pour eux de Gaudion, président de SMLS. L’un de ses dès l’année prochaine et plusieurs cen- construire de nouvelles offres. » produits phares ? Un pop-up store, avec taines après  », avance Joris Gaudion, comme référence la tournée événement président du joint-venture SMLS.88 Acteurs de l’économie - La Tribune des Citroën C3. «  Nous livrons des par- cours interactifs et ludiques grâce à la tech- N°133 Décembre 2016 nologie VLC, qui permettent de gérer jusqu’à dix clients autour d’une voiture pour un seul vendeur. » Des solutions de balisage positionnées au sein de grands ensembles, tels que des gares ou des aéroports, sont également en projet pour 2017. Selon lui, l’un des principaux avantages de ce type de tech- nologie est sa facilité d’accès. « Plus besoin de devoir cliquer, les clients reçoivent direc- tement les informations lorsqu’ils se trouvent sous le faisceau de lumière. »

PUBLI-RÉDRAUCBTIORNINQEULEl RDoEanNnOeMTouItn&veSinmtpelrementPour séduire les entreprises, Pour booster l’activité économique du territoire,ROANNE RENFORCE SES Roanne qui se situe aujourd’hui à moins d’une heure deCAPACITES D’ACCUEIL Lyon, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, joue la carteIMMOBILIERES de l’immobilier d’entreprises.En 2016, le territoire offre à la location deux hôtels d’entreprises flambant Ouverture de l’hôtel d’entreprises neufs. Une belle opportunité pour tous les entrepreneurs cherchant à de Bonvert améliorer leur qualité de vie, à deux pas de la métropole lyonnaise, et àréduire leurs charges liées au foncier. Elysé Botellé, dirigeant de l’entreprise Parallèlement au projet d’hôtel d’entreprises de Neulise, un nouveau bâtimentde mécanique Evaflo témoigne : Il y a quelques années, dans un contexte « en blanc » de 2500 m² ouvre ses portes début 2017 sur le territoirede crise économique, nous avons choisi de déménager notre entreprise de roannais. Situé à quelques encablures du centre ville, ce projet immobilierLyon à Roanne réduisant ainsi par deux les coûts liés au foncier. L’entreprise porté par Roannais Agglomération vient renforcer l’offre locative disponibleétant située à 500 m de l’A89, nous bénéficions d’un emplacement idéal, à immédiatement sur le territoire. Les surfaces proposées, totalement modulables,la croisée des chemins des centres décisionnels rhônalpins. se divisent en plusieurs lots de 550 m² : une partie atelier de 500 m² environ en rez-de-chaussée et une partie bureau en mezzanine d’environ 50 m². Le prixL’hôtel d’entreprises de Neulise est également fixé à 45€/m².En 2016, la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne a construit un hôtelentreprises de 3140 m² destiné à accueillir des entreprises industrielles (horsagroalimentaire) et des entreprises de services. Situé à 10 minutes de Roanneet à 5 minutes du nœud autoroutier A89 - A72, l’hôtel entreprises de Neuliseest proposé à la location pour 45€/m² et se compose aujourd’hui de 8 lots de390 m² avec possibilité d’en regrouper plusieurs. Hôtel entreprises de Neulise Contact : Elsa OBLETTE PAPUT [email protected] 04 77 44 54 23 www.toutetsimplement.frN°133 Décembre 2016 Hôtel entreprises de Bonvert Acteurs de l’économie - La Tribune 89

Inventer INNOWARDS Nicolas Huchet, cofondateur de My Human Kit et de Bionicohand, et président d’honneur de la première édition des InnoWards.INNOWARDS, l’audace de créerLors de la première édition des InnoWards (prix de l’innovation Auvergne Rhône-Alpes, éditionSavoie Mont Blanc, en partenariat avec BDO et Harmonie Mutuelle) Acteurs de l’économie-La Tribune a mis en lumière des trajectoires singulières d’entrepreneurs, des idées révolutionnaires,des modèles en devenir sur le territoire, prospère dans ce domaine, des deux Savoies.Si chacun des lauréats reste maître de sa propre histoire et de son destin, tous partagentune même audace : innover.COMPTE-RENDU, STÉPHANIE BORGPHOTOGRAPHIES, LAURENT CERINO / ADEL’innovation n’est ni révolutionnaire ou nécessite des années le 27 octobre. Néanmoins, elle puise sa la chasse gardée pour convertir un marché. Elle est diffuse source dans l’humain. Des hommes et des startups ni l’ex- ou disruptive. L’innovation est plurielle, des femmes au parcours singulier, unique clusivité des entre- mais « l’innovation n’est pas le progrès, elle et inédit, capables «  d’initier un nouveau preneurs. Elle ne n’est qu’un véhicule du progrès  », indique rapport à l’avenir puis d’agréger l’innovation se résume pas à la Denis Lafay, directeur de la publication au progrès », poursuit-il. Et avec, comme technologie ou à de d’Acteurs de l’économie-La Tribune, orga- point commun, une forte dose de liberté. nouveaux modèles nisateur des InnoWards, prix de l’inno- « Il faut oser sortir du cadre et être un peu d ’org a n i s at ion . vation Auvergne Rhône-Alpes, édition rebelle pour innover », résume André Mon- Elle est fulgurante, Savoie Mont Blanc, qui se déroulait à taud, directeur général de Thésame et immédiatement Annecy devant plus de 300 spectateurs membre du jury. 90 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016

INNOWARDS InventerL’équipe d’In&Motion vainqueur du prix InnoJump après un vote du public sur internet et un pitch, le soir de la cérémonie.« La dimension Désormais, Nicolas Huchet milite avec entre 15 et 20 000 jeunes. Aujourd’hui,humaine demeure son association My Human Kit (quatre à l’échelle de notre territoire, les effectifsau cœur de salariés, un fonds de dotation d’un mil- d’apprenants dans les sections industriellesl’innovation » lion d’euros, dont une partie versée par affichent complet. Contrairement à d’autres Google) pour l’accès universel pour tous régions  », lance-t-il, fièrement. Pour par-Chez Nicolas Huchet, fondateur de Bio- à la santé. Au quotidien, elle apporte des venir à convaincre, ces entrepreneursnicohand et cofondateur de l’associa- aides techniques au handicap en conce- doivent faire preuve d’obstination. Àtion My Human Kit, ce refus d’accepter vant des mains bioniques, des gants l’image de Jérôme Akmouche, qui a connul’ordre des choses est à la source de sa sonar pour s’orienter dans les zones quelques difficultés avant le succès, ourévolution. À 18 ans, il est victime d’un sombres, des aides à l’audition, des fau- Pascal Toschi (lauréat prix InnoSanté).accident du travail. Amputé de la main, teuils roulants en palette ou sur la base Le fondateur de Cevres Santé a mis 10équipé d’une prothèse qui ne lui convient d’une trottinette électrique. ans pour imposer son chausson bioméca-pas - elle ne lui permet que de réaliser un nique capable d’analyser les entorses demouvement d’ouverture et de fermeture PERSÉVÉRANCE cheville. Aujourd’hui, celui-ci est utiliséavec deux doigts -, il cherche une alter- Tous les lauréats de cette première édition par les grandes équipes de football dunative. En vain. «  Il existait bien d’autres des InnoWards (choisis par un jury de championnat français (Paris Saint-Ger-modèles de prothèse de main, mais cela coûte professionnels) ont chacun, à leur façon, main, Olympique lyonnais, AS Monaco)un bras  », lance avec humour Nicolas bousculé les modèles. Et certains sou- et prescrit par de nombreux chirurgiens.Huchet, président d’honneur de la céré- haitent même aller plus loin que d’autres. «  L’innovation est comme une citadelle àmonie. Jusqu’à ce qu’il rencontre une Comme dans l’éducation, où le poids des prendre. Elle peut heurter et il faut du tempscommunauté réunie autour d’un fab lab habitudes et des traditions pédagogiques pour que les intéressés la comprennent  »,basé à Rennes, sa ville natale. Ensemble, rend le mouvement plus difficile. Jérome analyse Nicolas Forestier, vice-président àils vont fabriquer, à l’aide d’une impri- Akmouche (lauréat prix InnoÉducation) la valorisation de l’université Savoie-Montmante 3D, une prothèse adaptée à son a imaginé un modèle qui renouvelle un Blanc et membre du jury.bras, sur la base de plans open source classique de l’orientation. Avec son salondénichés sur internet. Smile des métiers industriels et de l’en- INNOVER ET APRÈS ? treprise, il permet aux collégiens de vivre « Avec la technologie, chacun peut se réparer.N°133 Décembre 2016 une véritable expérience au cœur de l’en- Mais dès que nous avons innové, il faut sans treprise industrielle en la reconstituant, cesse s’améliorer. Et c’est peut-être ce qui est le en l’état. « En neuf ans, nous avons accueilli plus difficile », reconnaît Nicolas Huchet. Acteurs de l’économie - La Tribune 91

Inventer INNOWARDS Lauréats et remettants sur scène. Hervé Le Curieux-Belfond (BDO) et Jean-Marc Pambet, prix InnoIndustrie (groupe Salomon).« L’innovation, chasse gardée des startups ? », Nicolas Huchet et Serge Delémontexétait le thème de la table-ronde animée par (animateur).Serge Delémontex, avec Alain Charrier(Fab lab 74), Hervé Le Curieux-Belfond (BDO) Abdel Belaroussi (Harmonie Mutuelle) etet Abdel Belaroussi (Harmonie Mutuelle). Pascal Toschi, prix InnoSanté (Cevres Santé)..Ce n’est pas le grand groupe Salomon et Denis Lafay (Acteurs de l’économie-La Tribune)son président Jean-Marc Pambet (lauréat et Jean-Michel Verthuy, prix InnoManagementprix InnoIndustrie) qui le contredira,récompensé pour avoir introduit l’inno- (Haute-Savoie Habitat).vation au cœur du processus interne del’entreprise. Une démarche doublée d’un La dimension humaine demeure au cœur LES MEMBRES DU JURYpivot historique  : enrichir son cœur de de l’innovation. Elle a inspiré l’ensemble • Patrick Emin,métier, le ski, et impulser le mouvement des lauréats et continue d’être le moteurvers le running. « Neuf cent personnes tra- du duo Rémi Thomas et Pierre-François président de FrenchTech in the Alps,vaillent chaque jour sur le territoire à l’inno- Tissot, fondateurs de l’entreprise In&- vice-président du Clust’R Numériquevation dans le sport. À 70 ans, nous pouvons Motion (prix InnoJump, décerné par le • Pauline Raud,encore faire de l’innovation  », s’amuse le vote du public, devançant deux autres responsable de la communicationlauréat. entreprises en lice, Zag skis et Klokers) de digiSchool qui ont inventé un système capable de • Isabelle Guillaume,« Avec la réduire les blessures en cas de chute avec déléguée générale de Minalogictechnologie, un airbag tout terrain. Cette dimension • Véronique Trillet-Lenoir,chacun peut se est également le moteur des intrapre- présidente du comité de directionréparer. Mais dès neurs. Jean-Michel Verthuy, directeur du Claraque nous avons des ressources humaines et moyens • Nicolas Forestier,innové, il faut généraux de Haute-Savoie Habitat (prix vice-président de l’universitésans cesse InnoManagement), a permis au bailleur, Savoie Mont-Blanc en charges’améliorer. Et c’est malgré son statut d’établissement public, de la valorisationpeut-être ce qui est de s’inspirer du mouvement proche de • André Montaud,le plus difficile » l’entreprise libérée. Depuis trois ans, il directeur général de Thésame mène une réflexion sur la confiance qui • Et l’équipe d’Acteurs92 Acteurs de l’économie - La Tribune a mené à une libération des rythmes de de l’économie - La Tribune travail. Pas de contrôle, une cadence de travail déterminée par chaque équipe, à N°133 Décembre 2016 partir du moment où la qualité de service n’est pas dégradée. L’innovation, source de liberté pour tous. Définitivement.

RUBRIQUE DE NOM Inventer« J’ai déjà contacté BDO. Ils nous envoient une équipe. » BDO, au service des entreprises innovantes5ème réseau mondial d’audit et de conseil, BDO est présent dans 154 pays dans le monde etcompte 40 bureaux en France.Nos équipes dédiées aux jeunes entreprises innovantes, start-up et entreprises de croissancefournissent ainsi des solutions sur mesure : financement – innovation – CIR – JEI – coaching –stratégie de croissance. [email protected] Acteurs de l’économie - La Tribune 93 04 72 61 05 76 Audit | Conseil | Expertise comptable www.bdo.fr BDO est la marque utilisée pour désigner le réseau BDO et chacune de ses sociétés membres. Tous droits réservés BDO 2015 .N°133 Décembre 2016

Inventer INNOWARDS Julien Cachat, PDG de 8 Mont Blanc et Jérôme Akmouche, prix InnoEducation (salon Smile). Plus de 300 spectateurs.Nicolas Boutherin, cofondateur de la marque de montres Klockers concourrait dans la catégorie InnoJump. Pour le prix InnoJump, Caroline Wailly N°133 Décembre 2016 avait 180 secondes pour présenter sa société Zag skis.94 Acteurs de l’économie - La Tribune

RUBRIQUE DE NOM InventerN°133 Décembre 2016 Acteurs de l’économie - La Tribune 95 En harmonie avec votre vie

Inventer CHRONIQUES Éric Gérard, © DR - Valérie Couteron Directeur des assurances de personnes, Groupe Agrica Le taylorisme DIGITAL LES NOUVEAUX DÉFISL’essor de la numérisation et le poids croissant du digital S de l’assurancei la généralisation de la complémentaire santé a induit des efforts de dans l’économie remettent d’actualité les vieux principes distribution aux assureurs, les échanges générés avec les entreprises du taylorisme : ils ont même plus de réalité que jamais. et les salariés les ont sensibilisés au changement de paradigme du sec- Cette thèse, qui apparaissait provocatrice et iconoclaste il teur. Confrontés aux nouveaux comportements et à la diversification des y a encore quelques années, commence à être des plus besoins des clients, les acteurs de la protection sociale n’ont d’autre choix défendables. que d’accompagner cette rupture par l’innovation, appliquée tant aux Pour rappel, la pensée de Taylor s’appuie sur trois piliers : produits et services qu’à l’interlocution. 1) l’analyse fine de la chaîne de valeur permettant de la Cette transformation de l’assurance est portée par un mouvement sociétal parcelliser ; 2) la recherche permanente d’une optimisa- majeur qui se traduit par des attentes de rapidité, de disponibilité, de cir- tion des tâches ; 3) la rétribution des salariés sur la base cuits courts et de performance économique. Le produit générique, censé de leur performance. Cette approche « scientifique » du travail induit une répondre aux besoins du plus grand nombre, cède sa place à la personnalisation d’une offre séparation entre la conception et l’exécution du travail. Lorsque l’on analyse dont l’individu entend être coconstructeur. Une évolution significative rendue possible par la les principaux modèles issus de l’économie numérique, on constate des révolution numérique et digitale qui modifie une relation client jusqu’ici portée par d’imposants analogies troublantes avec les organisations de type taylorien. back office de gestion. On remarque tout d’abord une recomposition des chaînes de valeurs, tra- Vérifier en temps réel l’adéquation entre attentes et prestations, en mettant en œuvre des duite par une nouvelle parcellisation des tâches à des fins de productivité. net promotor score (satisfaction client sondée par internet), en privilégiant l’échange par mail, En effet, les nouvelles technologies permettent de segmenter le travail de SMS, chat ou web call back, devient incontournable. Permettre à chacun de souscrire en ligne façon différente : les « concepteurs » des nouveaux modèles d’affaires ont des compléments de garanties adaptées s’avère indispensable. Laisser un adhérent réaliser souvent besoin de « producteurs » pour les déployer. Ces producteurs, qui certaines tâches à faible valeur ajoutée, telle que l’édition d’attestations apparaît comme un peuvent être des travailleurs indépendants, se retrouvent dans des positions nouveau standard. d’exécution de tâches comme dans une chaîne de production taylorienne dématérialisée. De plus, les nouvelles technologies permettent de piloter et Prévention de contrôler l’activité en continu, en étant au plus proche des opérateurs. Mais au-delà du seul produit et dans une logique de promotion et de protection de la santé, les Les performances seront aussi beaucoup mieux mesurées, échantillonnées attentes en matière de prévention militent pour un véritable accompagnement. et évaluées. Habitudes alimentaires, activité physique, tabac, alcool, sont les quatre facteurs principaux des maladies non transmissibles – cardiovasculaires, cancers, diabète, maladies respiratoires « Cols bleu ciel » chroniques – qui concentrent aujourd’hui 70% des prestations de l’assurance-maladie et La réalité est bien sûr plus complexe et ces analogies ne reflètent pas concourent au doublement du taux d’absentéisme observé entre 1990 et 2010. l’intégralité des univers économiques du numérique. Certains prédisent la Face à de tels enjeux, la prévention constitue une préoccupation grandissante fin des cols blancs et des cols bleus, et l’émergence de « cols bleu ciel », au sein d’une population réceptive, disposée dans ce cadre, à partager ses plus indépendants et plus libres. On peut en douter, car l’augmentation de données comportementales et physiologiques, via la multitude d’objets connectés la productivité et la rémunération à la performance, chers à Taylor, sont bien déjà disponibles en France. présentes dans la nouvelle économie qui repose, elle aussi, sur la normali- Fortes de ce constat, les insurtech, startups dédiées aux services d’assurance, multiplient les sation et la rationalisation. innovations et proposent informations en ligne, programmes santé personnalisés, applications Le taylorisme digital est là et concerne un grand nombre d’emplois, car les mobiles, diagnostic santé, dépistage, téléconseil, ou encore plateforme bien-être, s’imposant technologies numériques permettront un déploiement à grande échelle. Il ainsi comme partenaires naturels des assureurs. reste à inventer des modes de régulation efficaces pour en juguler les excès Placer l’écosystème client au cœur de la chaîne de valeur, offrir des parcours rapides et omni- qui sont déjà en train d’apparaître, tout comme il a été fait pour le taylorisme canal, rendre les organisations flexibles, préfigurent l’architecture de l’assurance de demain industriel. et représentent un pari autant qu’un risque dans un environnement juridique et règlementaire récemment renouvelé. « Lorsque l’on analyse les principaux N°133 Décembre 2016 modèles issus de l’économie numérique, on constate des analogies troublantes avec les organisations de type taylorien » Pascal Gustin, Président d’Algoé 96 Acteurs de l’économie - La Tribune

NOUS SOMMES TRIBUNE InventerDANS UNE ÈREOÙ LA FUSION Imaginer aujourd’hui ce que sera notre monde en 2050, revient à avoir imaginéPROGRESSIVE nos sociétés actuelles au début des années 1950, juste après la démonstra-ENTRE LE MONDE tion du transistor. En effet, nous sommes à l’aube du développement de nom-RÉEL ET breuses technologies qui ont le potentiel de transformer le monde de manièreLE MONDE bien plus profonde que ne l’ont fait les technologies de l’information dans lesNUMÉRIQUE dernières décennies. Depuis quelques années, nous sommes entrés dans une èreINDUIT DES où la fusion progressive entre le monde réel et le monde numérique induit desCHANGEMENTS changements profonds dans tous les secteurs d’activité. Le monde numérique aPROFONDS la capacité d’observer le monde réel grâce à un déploiement massif de capteursDANS TOUS connectés. Cela rend possible, par exemple, des systèmes de santé basés sur leLES SECTEURS suivi continu de l’état de santé des citoyens. Les capteurs diminuent en tailleD’ACTIVITÉ et deviendront imperceptibles. Demain, ils pourront être portés par de minus- cules robots nanobots et se déplacer à l’intérieur du corps. fin que le monde numérique « comprenne » ce qui se passe dans le monde réel, il doit transformer les données capturées dans de l’information et de la connaissance. Il peut ainsi prendre en continu des décisions de plus en plus complexes en interaction avec le monde réel. A titre d’exemple, cela permet de rendre les véhicules autonomes (sans conducteur). Ces transformations sont possibles grâce aux développements de l’intelligence artificielle et à la capacité de traiter rapidement de grands volumes de données en provenance de sources multiples, ce qui est appelé le big data. Finalement, le monde numérique agit sur le réel grâce à l’internet des objets : la plus part des objets de nos vies courantes devenant connectés, il est possible de les contrôler à distance.QUEL MONDE CONNECTÉ EN 2050 ?Daniel Kofman, DONNÉES © DRProfesseur àl’Ecole nationale supérieure Cette boucle - « observation continue du monde réel, apprentissage automatique,des télécommunications, décision, action » - s’applique à tous les domaines d’activité. Cela mène notam-Télécom ParisTech ment au paradigme industrie 4.0, lequel facilite la production de masse de pro- duits fortement personnalisés : les divers composants du produit final ainsi queLire le dossier sur les robots (physiques et logiciels) et imprimantes 3D de l’usine communiquentle futur d’internet page 84. et s’organisent entre eux pour mener à bien une production optimisée. A horizon 2050, il est crédible de prévoir que la production agroalimentaire aura éga-N°133 Décembre 2016 lement été fortement transformée par la capacité d’imprimer de la nourriture. cet hori on, il semble également crédible pour certains scientifiques que l’intelligence artificielle devienne indiscernable - pour un humain - de l’in- telligence humaine. De même, il deviendrait possible d’étendre virtuellement le cerveau humain par de l’intelligence artificielle se trouvant à distance. Nos capacités cognitives seraient ainsi étendues ; une vieille idée qui deviendrait viable. En revanche, l’idée de pouvoir transférer nos mémoires vers un système informatique devient moins crédible, suite aux compréhensions récentes du fonc- tionnement de la mémoire. Nous pourrions également acquérir le don d’ubiquité et cela gr ce à une réalité virtuelle devenue indiscernable du monde physique. Les deux mondes convergeront grâce, par exemple, au développement de la capacité déjà existante de superposer au monde réel des hologrammes représentant des mondes virtuels, et cela par le simple port de lunettes intelligentes. Les évolutions des dernières décennies ont été possibles grâce à la croissance exponentielle de la capacité de calcul et de stockage de données. On oppose sou- vent aux futurs possibles cités plus haut, le fait qu’il soit fort probable que cette croissance atteigne rapidement ses limites. Mais des progrès très récents nous approchent de facteurs de croissance encore plus importants, nous parlons en particulier du calcul quantique. L’évolution vers un humain étendu cognitivement, doté du don d’ubiquité, en interaction avec une convergence de mondes physiques et réels, soulève avant tout une multitude de questions éthiques, juridiques, sociétales et économiques dont, pour certaines, nous commençons à esquisser leur formulation. Acteurs de l’économie - La Tribune 97

Comprendre RUBRIQUE DE NOM SCHOOL OF MANAGEMENT RÉUNION S’ouvrir, D’INFORMATION s’enrichir, s’épanouir ENTRÉE LIBRE 29 novembre 2016 Julie - Master Contrôle de Gestion Audit (Formation Continue) à 18h think* Aller au-delà. large* FORMATION DES MANAGERS : iaelyon School of Management ouvre trois Diplômes d’Université en janvier 2017 D.U. NOUVELLES D.U. MANAGEMENT D.U. NÉGOCIATION ET PRATIQUES OPÉRATIONNEL ET PILOTAGE DE L’ACTION MANAGÉRIALES PILOTAGE COMMERCIALE DU CHANGEMENT Déployer un management Apporter aux commerciaux humaniste mobilisant Une formation pour les une prise de recul par rapport réellement les collaborateurs nouveaux ou futurs managers à la pratique professionnelle • Public : managers expérimentés • Public : managers venant • Public : commerciaux dotés d’une • Durée : 8 mois d’accéder à une fonction expérience de 3 ans minimum • Volume total : 18 jours (126 h) • Volume total : 25 jours (175 h) • Rythme : 3-4 jours par mois managériale ou en passe • Rythme : 2 à 4 jours par mois de le devenir • Durée : 8 mois • Volume total : 24 jours (168 h) • Rythme : 2 à 3 jours par mois Pour plus d’informations : iae.univ-lyon3.fr iaelyon School of Management | Formation Continue N°133 Décembre 2016 T9é8l.A:ct0eu4rs d7e8l’é7co8no7m1ie -8L8a T|[email protected]

LÉTHICIA RANCUREL, l’industrieuse PORTRAIT Comprendre © Laurent Cerino / Acteurs de l’économieUNIVERSITAIREN°133 Décembre 2016 Pour Léthicia Rancurel, la science est une histoire ancienne. Et, avec les années, elle a fini par devenir son quotidien. Passionnée de biologie, la jeune femme s’oriente naturellement, à la fin de son Deug, dans des études en physico-chimie de la formation doctorale d’Alain Fuchs actuel président du CNRS. La recherche à l’université aurait pu être la voie toute tracée pour cette native de Bourgogne, mais «  le manque de moyens et la finalité des projets » lui feront préférer le monde de l’entreprise. « Encore aujourd’hui, le cher- cheur est dans son rôle d’expert. On ne lui demande pas d’aller plus loin. » Dans le privé, et avec un master en marketing stratégique «  qui me permet d’appré- hender la réalité du marché d’une innovation  », elle réussira à allier cette dimension et à s’épanouir. SAINT-GOBAIN Après une multitude de stages dans des labora- toires universitaires, se confrontant ainsi à la réalité du milieu, Léthicia Rancurel fait le choix d’intégrer Saint-Gobain, un peu par facilité «  car proche de la maison familiale » d’Aubervilliers, avoue-t-elle. Mais surtout pour apprécier la recherche dans le privé, au cœur d’un laboratoire à la pointe et premier du genre au début des années 1990 à fonctionner en collabo- ration avec le public. «  J’avais ce souhait d’intégrer l’industrie, car je pense fondamentalement que nous pouvons faire avancer la science avec les moyens du privé. » Dès lors, elle ne quittera plus ce groupe spé- cialisé dans l’habitat et, pendant 15 ans, gravira les échelons en multipliant les casquettes dans di érents services de recherche et développement. Des années qui l’auront « révélée », reconnaît-elle. CITOYEN Avide de nouveaux challenges, Léthicia Rancurel dirige, depuis trois ans, à Lyon, le Tubà, un lieu dédié à l’innovation qui pense la ville de demain, avec cette dimension inscrite dans une démarche collaborative entre partenaires privés et publics. Ici, elle retrouve ce qui a caractérisé ses années Saint-Gobain : « Com- ment valoriser une avancée technologique ou un pro- cessus en identifiant un marché ? » Mais la particularité du lieu réside ailleurs : donner aux citoyens le pouvoir d’être acteurs des transformations et des évolutions de la ville. «  Il faut savoir écouter leur besoin, qu’ils soient ou non intéressés par l’innovation. Ce sont eux les premiers concernés par la ville intelligente.  » Une dimension sociétale que Léthicia Rancurel prend aussi à cœur en intraprenant quotidiennement auprès de sa petite équipe de cinq personnes. Acteurs de l’économie - La Tribune 99

Comprendre RUBRIQUE DE NOM© Laurent Cerino / Acteurs de l’économie 100 Acteurs de l’économie - La Tribune N°133 Décembre 2016


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