© Epfl - Alain Herzog                                                                                                                                                                      © Epfl - Alain Herzog© Epfl - Alain Herzog                                                                                                                                                 © Epfl - Alain HerzogLE MAILLON STRATÉGIQUEl’innovation et la valorisation, un programme de liaison permet             ou privé », poursuit Luciana Vaccaro. Et ils amènent bien souventd’orienter les entreprises vers le partenariat adapté, et un office de       avec eux des places de stage réservées chaque année aux étudiantstransfert de technologies s’occupe de gérer et négocier la propriété        de leur filière…intellectuelle issue de la recherche. Le système “spin-off” a quantà lui été élaboré pour aider les chercheurs à fonder leur entreprise        UNE R D FINANCÉE PAR DES ENTREPRISES PRIVÉESafin de coopérer avec le secteur privé. Selon le partenariat conclu,         La Suisse ne cesse d’intensifier ses activités de recherche et déve-l’entreprise qui finance une start-up ou un projet a droit à des             loppement, atteignant en 2004 des dépenses équivalentes à prèsconditions particulières (pour éventuellement profiter d’un avan-            de 3 % de son PIB. Un chiffre qui place le pays dans le peloton detage concurrentiel), voire à l’obtention des droits sur les découvertes     tête de l’OCDE. Environ 12 milliards d’euros y sont consacrés,du laboratoire. L’approche est identique dans les hautes écoles spé-        financés à 23 % par le secteur public et à 70 % par les entreprisescialisées, sans financement de chaires mais où les partenariats avec         privées. Dans certains établissements suisses, ce financement privéles entreprises « font partie de la ligne stratégique », assure Luciana     atteint même près de la moitié du budget global et les financementsVaccaro, rectrice de la HES-SO. «  Les partenariats sont nombreux           de chaires sont nombreux (surtout en sciences, droit et gestion).et multiformes, tant pour de la mise à disposition d’infrastructures que    Le groupe pharmaceutique Merk Serono a par exemple signé enpour des ateliers ou pour des projets spécifiques.  » La pratique en         2007 une contribution à trois chaires de recherche avec l’EPFL,milieu professionnel, tout au long des formations, est également            dédiées aux maladies neurodégénératives, au cancer et aux nou-une pierre angulaire : « C’est une porte d’entrée royale pour les étu-      velles technologies d’administrations de médicaments - comme desdiants qui se font souvent repérer par les institutions où ils effectuent   vaccins à nanoparticules. De l’avis de hauts fonctionnaires suisses,leurs stages. » Le corps académique est lui aussi à l’image de cette        cette proximité entre universités et entreprises est un «  modèleproximité puisque sur 10 000 enseignants, la HES-SO ne compte               des plus aboutis  » qui ne remplace pas des financements publics,que 1 700 équivalents temps plein. « Huit mille enseignants sont à          mais qui complète le domaine pour le renforcer à la pointe demoins de 25 % chez nous et travaillent en parallèle dans le secteur public  l’innovation.N°129 Février 2016                                                                                                            Acteurs de l’économie - La Tribune 101
102 Acteurs de l’économie - La Tribune  N°129 Février 2016
IMAGETSEDRERMIATROQIRUEESS                                                                                                           DOSSIER, YANN PETITEAUX                    © OnlyLyonN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 103
Comprendre TERRITOIRES : IMAGES DE MARQUESLa fusion des régions                   uvre collective ou simple gadget  ? Stra-         UNE OPPORTUNITÉ POURRhône-Alpes et Auvergne                 tégie à long terme ou coup de communi-            LES TERRITOIRES CENTRAUXne devrait pas renverser                cation  ? Étendard commun ou coûteux              Assez logiquement, les marques territo-la donne en matière de mar-             caprice d'élu  ? Depuis une quinzaine             riales situées en bordure de la nouvelleketing territorial. Dans la             d'années qu'elles fleurissent un peu par-          région se sentent peu concernées parmesure où l'identité                    tout, les marques de territoire ont pris          la fusion Auvergne Rhône-Alpes. C'estd'un territoire – et par                des formes très diverses avec toutefois des       notamment le cas de Savoie Mont-Blanc,conséquent son message de               enjeux communs  : mobiliser les acteurs           naturellement tournée vers les métro-communication - transcende              locaux, développer l'attractivité, travailler     poles de Lyon et Genève, ou encore deles frontières administratives,         l'image et se positionner vis-à-vis des ter-      l'Ain dont une grande partie (Bugey etles nombreuses marques                  ritoires concurrents. Aujourd'hui, rares          Pays de Gex) est inscrite dans le pay-existantes vont continuer à             sont les départements qui ne comptent             sage des monts du Jura. «  Il est trop tôtfaire valoir leurs spécificités          pas au moins une marque territoriale.             pour savoir si la physionomie de la nouvellepropres. Un paysage dense               En Auvergne Rhône-Alpes, une douzaine             région aura un impact sur notre stratégie »,qui n'est pas toujours lisible          existe. Un paysage relativement dense             estime Gilles Brevet, chargé de commu-ni aisé à mettre en cohérence           dont la donne ne devrait pas être inversée        nication à l'Agence de développementtant les positionnements,               avec la nouvelle région. Celle-ci étant géo-      touristique de l'Ain et de la marque « Ain,les moyens et les cibles                graphiquement et culturellement hétéro-           mon luxe au naturel  ». À la pointe ouestdes marques sont divers.                gène, ce sont bien les identités locales qui      de l'Auvergne, le Cantal n'attend pas                                        vont continuer de primer. En clair, si les        beaucoup de la nouvelle région dont il104 Acteurs de l’économie - La Tribune  marques jouent parfois la complémenta-            est le plus petit département. « Avec seu-                                        rité entre elles, les territoires conservent      lement quatre élus sur 204, nous sommes                                        bel et bien leur spécificité et cohérence          très faiblement représentés au conseil régio-                                        propres. Par conséquent, les stratégies           nal  », rappelle François-Xavier Montil,                                        marketing territoriales ne vont pas beau-         directeur de cabinet du président du                                        coup changer. « Ce n'est pas parce que l'on       conseil départemental du Cantal. Les                                        fusionne avec Rhône-Alpes qu'il va cesser         territoires centraux perçoivent davan-                                        de neiger chez nous, résume Jean Pinard,          tage la fusion des deux régions comme                                        délégué général de la marque Auvergne             une opportunité. «  Dans un contexte où                                        Nouveau Monde. Certes le conseil régio-           la centralisation sur Paris pénalise des villes                                        nal d'Auvergne disparaît, mais le territoire      comme Lyon, tout ce qui donne du poids à                                        continue d'exister. » Marc Thébault, ancien       la région donne de l'importance à la ville-                                        directeur de la communication de la               centre, analyse Lionel Flasseur, directeur                                        Ville de Saint-Étienne (de 1998 à 2003)           du programme Onlylyon. Aujourd'hui, nous                                        et spécialiste du marketing territorial,          recevons des appels de territoires de la région                                        confirme  : «  Le marketing cherche avant          qui veulent se placer derrière l'étendard Only-                                        tout à identifier le territoire le plus pertinent  lon. Pour nous, tout cela va dans le bon sens. »                                        sur lequel s'appuyer. Le discours de commu-       C'est le cas de l'agglomération de Saint-                                        nication est indépendant des frontières admi-     Étienne métropole, dont le président Gaël                                        nistratives. L'Auvergne, par exemple, possède     Perdriau a décidé d'abandonner la signa-                                        une notoriété et je ne vois pas pourquoi elle     ture «  Saint-Étienne atelier visionnaire  »,                                        s'en priverait. »                                 initiée par son prédécesseur socialiste,                                                                                          pour se placer sous la marque ombrelle                                                                                          Onlylyon. « Vues de New York ou de Pékin,                                                                                          Saint-Étienne et Lyon font partie d'un même                                                                                          ensemble », argumente-t-il. L'élu est égale-                                                                                          ment convaincu que la deuxième ville de                                                                                          la région peut tirer profit de sa nouvelle                                                                                          position géographique centrale.                                                                                          CACOPHONIE                                                                                          En présence d'un trop grand nombre de                                                                                          marques de territoires, il existe pourtant                                                                                          un risque d'empilement des messages.                                                                                          «  Il peut y avoir une certaine cacophonie                                                                                          lorsque plusieurs marques communiquent                                                                                          de manières différentes sur un même ter-                                                                                          ritoire  », confirme Marc Thébault. Une                                                                                          telle superposition s’observe dans les                                                                                          Alpes avec Savoie Mont-Blanc et Cham-                                                                                          béry Grand Lac. Fondée en 2006, la pre-                                                                                          mière s'étend sur les deux départements                                                                                          savoyards dans une optique d'attractivité                                                                                                                                  N°129 Février 2016
TERRITOIRES : IMAGES DE MARQUES ComprendreN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 105
Comprendre TERRITOIRES : IMAGES DE MARQUES                                     « Cantal Auvergne      touristique. La seconde est née fin 2015           BTOB OU BTOC                                        est une initiative  du rapprochement de cinq structures de            Vue d'en haut, Auvergne Rhône-Alpes                                            pragmatique     développement économique du bassin de             offre une mosaïque de territoires aux                                        et simple, issue    Chambéry avec un objectif clair : attirer         identités plus ou moins fortes dont les                                                            des entreprises. «  Savoie Mont-Blanc est         atouts sont variés et les stratégies mar-                                      de la base et non     une marque qui véhicule parfois une image         keting parfois difficiles à mettre en cohé-                                           d'une agence     très montagnarde. Or, nous disposons égale-       rence. Pour y voir plus clair, il faut tout                                                            ment d’un foncier autour de Chambéry dont         d'abord distinguer les marques axées sur                                   de communication.        l'accessibilité est totale, insiste le président  le développement économique, et dont la                                                            de Chambéry métropole, Xavier Dullin.             cible est essentiellement BtoB, de celles                                    Cette marque            Nous ne renions pas du tout notre identité,       qui s'appuient sur le développement tou-                                         appartient         mais il faut aussi expliquer aux gens que nous    ristique, et dont la cible est surtout BtoC.                                                            pouvons proposer des espaces de vie dédiés à      Dans la première catégorie, se rangent                                   aux Cantaliens           l'industrie, à la logistique et aux services. À   des marques telles que Chambéry Grand                                          alors qu'à        un moment où les métropoles sont confrontées      Lac, et dans l'autre des marques comme                                           l'inverse,       à des enjeux de densité et de mobilité, nous      Savoie Mont-Blanc ou « L'Ain, mon luxe                                                            voulons exercer un rôle de bassin versant. »      au naturel  ». Certaines jouent plus ou                                       les gens ne          Côté Savoie Mont-Blanc, il existe déjà de         moins sur les deux tableaux. C'est notam-                                       se sont pas          nombreuses marques dans les Alpes, à              ment le cas d'Onlylyon.                                        appropriés          commencer par les noms des grandes                Les marques territoriales se distinguent                                                            stations elles-mêmes : Courchevel, Cha-           également par leur force de frappe et donc                                          Auvergne          monix, Méribel, Megève, Val d'Isère...            leurs ambitions. En haut de l'échelle se                                           Nouveau          «  Je comprends que chacun ait besoin de          classe la marque lyonnaise qui mobilise                                            Monde »         s'organiser, mais il faut conserver une même      à elle seule 2,2 millions d'euros de bud-                                                            dynamique  », répond Côme Vermersch,              get de communication, 21 000 ambassa-                                                            directeur général de Savoie Mont-Blanc.           deurs et sept collaborateurs œuvrant au                                                            Le même schéma de superposition s’ob-             quotidien pour que la capitale de région                                                            serve entre la marque régionale Auvergne          accède au top 15 des métropoles euro-                                                            Nouveau Monde et celle du département             péennes. « Si l'on ajoute les actions menées                                                            du Cantal, Cantal Auvergne, qui mène              directement par les partenaires d'Onlylyon                                                            ses propres actions de promotion. « Nous          (Aderly, Métropole, etc.), nous arrivons à un                                                            sommes Auvergnats mais avant tout Canta-          budget total compris entre cinq et six millions                                                            lous, clame François-Xavier Montil. Can-          d'euros et environ 200 personnes », précise                                                            tal Auvergne est une initiative pragmatique       Lionel Flasseur. En tête de file également,                                                            et simple qui vient de la base et non pas d'une   Savoie Mont-Blanc dispose d'un budget                                                            agence de communication. C'est une marque         de quatre millions d'euros pour assurer                                                            qui appartient aux Cantaliens. À l'inverse,       sa promotion en France et à l'internatio-                                                            les gens ne se sont pas appropriés Auvergne       nal. «  Face à des concurrents comme l'Au-                                                            Nouveau Monde. »                                  triche et, dans une moindre mesure la Suisse,Savoit Mont Blanc n'hésite pas à recourir à des canaux «de puissance» (publicité TV, a chage dynamique...)pour toucher un public très large.© Christophe Pallot / Agence zoom106 Acteurs de l’économie - La Tribune                                       N°129 Février 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 107
Comprendre TERRITOIRES : IMAGES DE MARQUESil nous fallait créer une marque forte  »,          acteurs comme Onlylyon ou Auvergne Nou-         les Corses », affirme François-Xavier Mon-souligne Côme Vermersch. Une marque                 veau Monde, note Elsa Oblette, chargée de       til. Et de citer pour preuve le compte Face-qui n'hésite pas à recourir à des canaux            mission de la marque. Tout notre travail        book de la marque qui a attiré quelque 16« de puissance » (publicité TV, affichage            consiste à proposer autre chose, à trouver un   000 fans pour 150 000 habitants seule-dynamique...) pour toucher un public                angle de vue différent.  » «  Roanne tout &     ment sur le département  ! L'absence detrès large. Avec des résultats : « Ces cinq         simplement » a donc choisi de délivrer un       budget n'empêche pas Cantal Auvergnedernières années, nous avons été par trois          message axé sur les facilités offertes par      de mener des actions offensives. Ainsi lefois la première destination mondiale de ski        le cadre de vie de la région roannaise  :       26 février, elle investira le 27e étage dedevant les États-Unis. »                            foncier disponible, proximité des acteurs       la tour Oxygène, au côté d'Onlylyon, à                                                    publics, environnement naturel... Un            l'occasion du match retour opposant leACTIONS OFFENSIVES                                  argumentaire qui transite notamment par         Lou Rugby à l'équipe d'Aurillac. QuaranteÀ l'autre extrémité du spectre, les                 un réseau de 440 ambassadeurs. De son           entreprises cantaliennes seront également«  petites  » marques territoriales doivent         côté, Cantal Auvergne mise beaucoup sur         de la partie. « Notre démarche a vocation àfaire preuve d'astuce pour espérer se faire         la fierté d'appartenance des Cantaliens.         générer du business, assure François-Xavierremarquer. Avec ses 150 000 euros de                « Il y existe chez nous un fort attachement au  Montil. Aujourd'hui, notre objectif est clair :budget, «  Roanne tout & simplement  »              territoire, un peu comme chez les Basques ou    c'est Lyon. »joue dans cette cour. Officialisée fin2014, cette marque de territoire est née            « Lorsque plusieurs marques communiquentde la collaboration de plusieurs institu-           de manières différentes sur un même territoire,tions locales dans le but d'attirer les por-teurs de projets. « Naturellement, nous ne          le risque de cacophonie est grand »sommes pas en concurrence frontale avec des12                                              © DR                                                     © Chambéry métropole1 La toute jeune marque « Roanne tout simplement » lancée en 2014 bénéficie d’un réseau              3   de 440 ambassadeurs.2 La marque Chambéry Grand Lac est avant axée sur le développement économique avec    une cible essentiellement BtoB. (A droite Xavier Dullin, président de Chambéry Métropole)3 Cantal Auvergne mise beaucoup sur la fierté d'appartenance des Cantaliens. La marque    a attiré quelque 16 000 fans pour 150 000 habitants seulement sur le département.                                                                                                       © DR108 Acteurs de l’économie - La Tribune                                                                 N°129 Février 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreEn vivant l’immensité des plus grands domaines skiables, en profitant de stations skis au pied, en contemplant les plus hautssommets, en découvrant des villages authentiques, en savourant le plaisir d’une fondue, en s’émerveillant devant nos tablesétoilées, en partageant des moments cosy ou des après-ski de folie, vos plus beaux souvenirs vous attendent ici.Nw°12w9wFé.vsraievr 2o0i1e6montblanc.com  Acteurs de l’écon#osmaiev-oLiaeTmribounnetb10la9nc
Comprendre RUBRIQUE DE NOM110 Acteurs de l’économie - La Tribune  N°129 Février 2016
RUBRIQUE DE NOM Comprendre                                                                                          En Savoie et Haute-Savoie,     © Petar Chernaev - iStock by Getty Images                                                                                        la réussite des professionnels                                                                                          du tourisme à se fédérer fait                                                                                       rêver les acteurs économiques                                                                                        des autres secteurs d’activité.                                                                                       Ces derniers, notamment dans                                                                                  l’industrie et le numérique, tentent                                                              de développer de nouveaux réseaux de dirigeants.                                                      En complément des structures traditionnelles existantes,                                       ils initient, non sans mal parfois, de nouvelles formes de partenariats.                                 À multiplier les dispositifs, existe-t-il un risque de confusion et d'illisibilité ?                                   Les Savoies ne manquent pas d’ambassadeurs potentiels, encore faut-il                                                                        les fédérer sous des bannières communes.RÉSEAUX D’ENTREPRENEURSFAIRE ENTENDRE SAVOIESENQUÊTE, DIDIER BERTN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 111
Comprendre FAIRE ENTENDRE SAVOIES                                        La Haute-Savoie   Les clients viennent du monde entier                                        a le regard       pour commander des pièces de très                                        tourné à la fois  haute technologie, par exemple, pour les                                        vers Genève,      industries automobile et aéronautique.                                        où le quart de    Dans les entreprises de décolletage de                                        sa population     la vallée de l’Arve, le travail s'effectue en                                        active est        salles blanches. Mais la vallée reste plus                                        employée,         médiatisée pour la pollution de son air                                        et vers           que pour sa haute technologie.                                        son icône                                        mondiale,         L'EXEMPLE DU DÉCOLLETAGE                                        le Mont-Blanc.    Pourtant, c'est bien à partir de ce terri-                                        Ironie de la      toire, qui concentre 400 des 600 entre-                                        situation, c’est  prises françaises du décolletage, que ce                                        dans la vallée    secteur a su se fédérer. Et même si cela est                                        de l’Arve,        ancien − le Syndicat national du décolle-                                        menant de la      tage (SNDEC) a vu le jour en 1897 −, la                                        métropole suisse  profession a réussi à utiliser son union                                        au toit de        pour s'adapter aux évolutions de ses                                        l’Europe,         marchés.                                        que certaines     Le Plan expansion 2020 du SNDEC                                        des plus belles   a ainsi permis de créer le Fonds Arve                                        réussites         Industries Capital, qui a investi 19,6                                        industrielles du  millions d'euros depuis cinq ans dans                                        département se    11 entreprises pour les accompagner                                        construisent.     dans leurs projets de développement.                                                          Le syndicat professionnel a aussi lancé112 Acteurs de l’économie - La Tribune                    des structures de mutualisation des res-                                                          sources humaines, et favorisé le rappro-                                                          chement entre le Centre technique de                                                          l'industrie du décolletage (CTDEC) et le                                                          Centre technique des industries méca-                                                          niques (CETIM) en vue de créer un tech-                                                          no-centre appelé à devenir la vitrine de                                                          l'industrie française du décolletage.                                                          «  La Haute-Savoie concentre une densité                                                          d'acteurs qui, chacun dans son domaine, a                                                          envie de concourir au développement non                                                          seulement des entreprises, mais aussi du                                                          territoire, commente Jérôme Akmouche,                                                          directeur du SNDEC. Cette proximité aide                                                          à travailler ensemble, et à le faire vite. Même                                                          si on n'est pas toujours d'accord, on peut                                                          rapidement évoquer les projets. »                                                          Plus au sud, «  la Savoie est un petit vil-                                                          lage », selon les mots de Frédéric Danqui-                                                          gny, le directeur du Réseau Entreprendre                                                          Savoie. Ce «  petit village  » tire la moitié                                                          de sa richesse du secteur du tourisme.                                                          Pas étonnant que le vœu du président                                                          du conseil départemental Hervé Gay-                                                          mard d’unifier les deux Savoies ait connu                                                          comme première étape la fusion des                                                          forces départementales de promotion                                                          touristique avec la création en 2005 de                                                          Savoie Mont Blanc Tourisme. Cent dix                                                          stations, soit les deux tiers du domaine                                                          skiable français, se dotaient alors d’une                                                          force commune.                                                                                                  N°129 Février 2016
FAIRE ENTENDRE SAVOIES ComprendreDONNER UNE IMAGE PLUS COMPLÈTE              Savoie  », explique Guy Lecomte, initia-               René Nantua. Président d’honneur du                                                                                                   centre de ressources en mécatroniqueCette force fait rêver les autres secteurs             teur du club. Il constate que les entre-    Thésame, et ancien dirigeant du pôle ded’activité. Des tentatives de fédéra-                  preneurs locaux se sont regroupés           compétitivité Arve Industries, il a fait sation des entrepreneurs des Pays de                     jusqu’à présent par secteur d’acti-         carrière chez NTN-SNR, spécialiste desSavoie ont été initiées, dans une                      vité. «  Le territoire est structuré par    roulements, implanté à Annecy et qua-démarche de marketing territorial                      les chambres consulaires, les pôles         trième plus grande entreprise des Paysqui transcenderait tous les sec-                       de compétitivité, les filières.... Or, il    de Savoie. « Aujourd’hui, il est compliqué deteurs. Un processus engagé,                            faut arriver à communiquer                  créer une dynamique, témoigne le co-fon-par exemple, par le club                               de manière transversale, pas                dateur du club. Pourtant, elle n’a jamaisd’entrepreneurs Choisir                                seulement par métiers.  »                   été aussi nécessaire. Nous voyons bien laSavoie depuis un an.                                   Cette inquiétude de ne                      fracture entre les élus et la société civile. ElleFace aux métropoles                                                   pas parvenir à faire         est pour tous, préjudiciable. Nous voulonstoujours plus puis-                                                   entendre la voix             donc être une force de proposition construc-santes que sont                                                               des entreprises,     tive.  » Choisir Savoie se positionneraitLyon, Genève                                                                    autres que celles  alors comme un laboratoire d’idées apo-et Grenoble,                                                                    œuvrant dans       litique, pour faire émerger de la société                                  VERS UNE AGENCE                                                  civile, des idées à destination des élus. La                                                                                                   résidentialisation de l’économie, sous la«  nous visons                    ÉCONOMIQUE GLOBALE                              le domaine       double poussée du tourisme et du travail                                                                                                   frontalier, constitue par exemple une desà donner une         Hervé Gaymard, le président du conseil départe-              phare du         inquiétudes du club. «  Un territoire per-image plus                                                                        tourisme,        formant trouve un équilibre entre l’économiecomplète            mental de la Savoie, compte jeter dès cette année les         est par-         résidentielle et l’économie productive, affirme                    bases d’un Savoir Mont Blanc Économie (SMBE), qui serait                       René Nantua. Veut-on favoriser cet aspira-des                 à l’attractivité économique ce que SMBT est à la promotion    tagée            teur à compétences qu’est le travail frontalier,Pays                                                                              par              au détriment des entreprises locales, ou biend e touristique. « La logique serait d’harmoniser les outils d’attractivité                        souhaite-t-on parvenir à davantage d’équi-              dans Savoie Mont Blanc Économie », indique-t-il, confiant que cette                   libre ? » Plusieurs dizaines d’entreprises,            agence économique est déjà sur les rails.N°129 Février 2016                                                                                 Acteurs de l’économie - La Tribune 113
Comprendre FAIRE ENTENDRE SAVOIES                       Les professionnels du tourisme ont réussi à se fédérer autour                       de Savoie Mont Blanc Tourisme, de quoi faire rêver les acteurs                       économiques de l’industrie et du numérique notamment.                                                                                       © DR                                                                                       © DR« Chaque collectivité                                                                                       a créé ses propres outils,114 Acteurs de l’économie - La Tribune                                                                                           mais il faut améliorer                                                                                       leur lisibilité. Et surtout,                                                                                           réaliser des fusions »                                                                                        Annecy a tenté en solo en 2015                                                                                        la labellisation French Tech,                                                                                        mais sans succès. Début 2016,                                                                                        la tendance est à un rapprochement                                                                                        avec la voisine Digital Grenoble, la seule                                                                                        association labellisée, dans le sillon alpin,                                                                                        sous la bannière French Tech in the Alps.                                                                                                                                                       N°129 Février 2016
FAIRE ENTENDRE SAVOIES Comprendredont Entremont et Tivoly, ont déjà rejoint      SE RETROUVER ENTRE PAIRS                       nombreuses habitudes. Néanmoins, lesChoisir Savoie, qui vise à rassembler 350       D’autres tentent également de fédérer          entreprises digitales ont dû prendre leurmembres a minima. Un nombre néces-              les chefs d’entreprises, et pas seulement      mal en patience avant d’être reconnuessaire et suffisant pour «  alimenter nos         pour promouvoir le territoire des pays         par leurs aînées. Revenant une quinzaineréflexions », explique René Nantua. Toute-       de Savoie. Les entrepreneurs eux-mêmes         d’années en arrière, au moment de lafois, le club « n’a pas encore trouvé le moyen  ressentent le besoin de se retrouver           création de son agence web NOE Interac-d’intéresser les entreprises, observe Serge     entre pairs. «  Il est important de rompre     tive, à Aix-les-Bains, Jean-Baptiste DavidDelémontex, animateur référent des clubs        la solitude, témoigne Pierre Arboireau,        se rappelle du regard des chefs d’entre-Association Progrès Management (APM)            président de Savoie-Transmissions, entre-      prises et des institutionnels de l’époque.pour le sud-est de la France. La dyna-          prise haut-savoyarde spécialisée dans la       «  On nous prenait pour des rigolos  !  », semique de la candidature d’Annecy aux Jeux       distribution de composants et de sys-          souvient celui qui a créé son entrepriseolympiques d’hiver 2018 aurait pu servir de     tèmes d’entraînement mécaniques. Le            à l’âge de 26 ans. En Pays de Savoie, lesrampe de lancement », regrette-t-il.            réseautage n’est pas du copinage, mais bien    entrepreneurs du numérique ont cher-                                                un moyen d’apprendre à se connaître pour       ché à se rassembler, d’abord au sein de                                                pouvoir, plus tard, collaborer.  » Et cette    l’association G147 − comme Groupement                                                capacité à se retrouver dans des réseaux       147, soit 73+74 −, demeurée largement                                                est encore plus nécessaire en Pays de          méconnue hors de la filière. « Nous avons                                                Savoie. « Notre tissu économique est avant     alors compris qu’il nous faudrait réaliser                                                tout constitué de PME, observe le diri-        notre business dans notre coin  », analyse                                                geant. Les grands groupes ont moins besoin     Jean-Baptiste David.                                                de réseaux, parce qu’ils ont déjà toutes les                                                compétences en interne. » Mais entre diri-                                                geants de PME, « il est essentiel de s’inté-                                                resser et de comprendre les problématiques                                                que rencontrent les autres pour s’inspirer de                                                leurs solutions, d’autant plus dans un monde                                                hyper-connecté où tout va vite ».                                                Ce monde connecté, les entrepreneurs                                                du numérique le connaissent bien, tout                                                autant que les règles de la nouvelle éco-                                                nomie, qui bousculent les entreprises tra-                                                ditionnelles et remettent en question de« La complémentarité est devenue indispensable entreles acteurs, en raison de la raréfaction des fonds publics »                                                CITIA                                                                                                                            photo : LR Photographie                                                cité de l’image                                                en mouvement                                                 ANNECY        UNE POLITIQUE AMBITIEUSE                UN ÉCOSYSTÈME PERFORMANT   DES ÉVÉNEMENTS INTERNATIONAUX                                 UN LIEU TOTEM       POUR LES INDUSTRIES CRÉATIVES,SUR LE TERRITOIRE ET À L’INTERNATIONAL          ■ plus de 300 entreprises  ■ FESTIVAL et MARCHÉ international du film d’animation (Mifa)  dédié au développement des entreprises                                                ■ 9 formations             ■ FORUM BLANC le RV du transmédia                             ■ LES PAPETERIES — IMAGE FACTORY                                                ■ 450 étudiants                                                                          7 000 m2 au cœur de l’ Agglomération                                                                                                                                         d’Annecy                                        IMAGINEZ VOTRE FUTUR SUR NOTRE TERRITOIRE !                                                                                                                                                  www.citia.orgN°129 Février 2016                                                                                                                       Acteurs de l’économie - La Tribune 115     pub_citia_190x45mm.indd 1                                                                                                                                             26/01/2016 15:47:04
Comprendre FAIRE ENTENDRE SAVOIESUNE RÉVOLUTION NÉE À PARIS                       lancer « Digital Savoie ». Dans les deux                                        SAVOIR VERS QUI SE TOURNER« Les chefs d’entreprise du numérique ne sont    cas, les agglomérations – Annecy et                                             Pour de nombreux entrepreneurs, se fairepas représentés dans les organismes profes-      Chambéry – ont elles-mêmes donné le                                             connaître prend du temps et demande desionnels classiques, telles les CCI, parce que   coup d’envoi. Début 2016, la tendance                                           l’énergie pour trouver son chemin parmice ne sont pas nos réseaux. Nous ne nous y       est à un rapprochement des deux enti-                                           l’ensemble des organismes de soutienretrouvons pas, déplore encore Jean-Bap-         tés avec la voisine Digital Grenoble, la                                        auxquels ils peuvent s’adresser. Danstiste David. Ils ne nous comprennent pas         seule association labellisée, dans le sillon                                    ce paradis de l’industrie touristique,vraiment. Aussi nous restons entre nous.  »      alpin, sous la bannière French Tech in the                                      même les entreprises du secteur peuventJusque tout récemment. En 2014, en effet,        Alps. Annecy a tenté la labellisation en                                        être déroutées. Ainsi, jusqu’en 2015, lesla filière numérique des Pays de Savoie           solo en 2015, mais sans succès. Digital                                         entrepreneurs du secteur de la saisonna-a trouvé sa bannière rassembleuse, avec          Savoie est moins avancée. L’association                                         lité ne pouvaient pas s’adresser au Réseaula création du label French Tech par le          de 90 membres a connu un début plu-                                             Entreprendre de Savoie. «  Auparavant,gouvernement. Ce label « nous a parado-          tôt calme. « La première année a été celle                                      notre culture était très industrielle », justifiexalement réunis, alors qu’il visait d’abord      de l’évangélisation  », résume Dominique                                        Frédéric Danquigny, directeur du réseau,à labelliser des métropoles  », constate         Favario, président de Savoie Mont Blanc                                         depuis ouvert au secteur du tourisme quiJean-Baptiste-David. Il aura donc fallu          Angels et l’un des initiateurs de l’asso-                                       doit relever des défis entrepreneuriauxune initiative parisienne pour que les           ciation savoyarde. Mais Jean-Baptiste                                           majeurs. Des dizaines d’établissementsentreprises locales du numérique sus-                                                                                            hôteliers et de restaurants cherchent encitent l’intérêt de « l’ancienne économie »              David, aujourd’hui vice-président                                       effet des repreneurs dans le département.et des élus. « Il est effectivement difficile de             de Digital Savoie, observe tout                                      « Il est difficile pour un chef d’entreprise defaire émerger des démarches nouvelles tant                   de même le chemin par-                                              se retrouver parmi les structures existantes,que les politiques n’ont pas pris conscience                   couru durant cet intervalle :                                     reconnaît Dominique Favario. Un éclair-de l’enjeu  », acquiesce l’entrepreneur du                       «  Aujourd’hui, ce sont eux                                     cissement doit être engagé. Chaque collec-numérique.                                                        (les organismes profes-                                        tivité a créé ses propres outils, mais encoreEn Pays de Savoie, la                                               sionnels classiques,                                         faut-il améliorer leur lisibilité. Et surtout,filière numérique                                                    NDLR) qui sont deman-                                       réaliser des fusions.  » Cette identifications’est rassemblée en                                                    deurs et viennent nous                                    est d’autant plus impérieuse avec l’unionseptembre 2014,                                                         chercher. »                                              des régions Auvergne et Rhône-Alpes,à Annecy, pour                                                                                                                   selon Dominique Favario. «  Si la compé-fonder les « Val-                                                                                                                tence économique relève de la Région, deslées du numé-                                                                                                                    relais locaux seront nécessaires. Mais quelsrique  », puis                                                                                                                   seront-ils  ? L’Agglomération  ? Une agenceen janvier                                                                                                                       économique comme celle qui existe en Savoie,2015, à                                                                                                                          mais pas en Haute-Savoie ? Le Centre régio-Alpespace                                                                                                                        nal d’innovation et de transfert de technologie(Savoie),                                                                                                                        (Critt) en Savoie et Thésame en Haute-Sa-pour                                                                                                                             voie, avec leurs historiques territoriaux res-                                                                                                                                 pectifs  ? Une structure de développement  CLUSTER MONTAGNE                                                                                                               sur chaque secteur ? », interroge-t-il. « Un                                                                                                                                 guichet unique serait intéressant, répond UN RÉSEAU TERRITORIAL TOURNÉ                                                                                                    Arnaud Busquet, président d’Initiative                                                                                                                                 Grand Annecy et directeur général deVERS L’INTERNATIONAL                                                                                                             Bureau Alpes-Contrôles, car il susciterait                                                                                                                                 un effet d’entonnoir. Il présenterait toutes les                        Le Cluster Montagne est né en 2012 de la fusion du Clus-                                                 aides existantes, de la part de tous les orga-                      ter des Industries de la Montagne (Cluster CIM) et de France                                               nismes. Aujourd’hui, nous sommes complé-                     Neige International (FNI). Il réunit des entreprises et des ins-                                            mentaires, mais tous un peu éclatés. » « Un                    titutionnels. Passé de 60 à 180 membres en quatre ans − dont                                                 guichet unique ? Dans un monde idéal, oui.                  80 % en région Auvergne Rhône-Alpes −, il mise sur une vingtaine de                                            Cela ne devrait pas être très compliqué  »,                nouvelles adhésions en 2016, selon son président Xavier Gallot-Lavallée                                          avance à demi-mot Dominique Favario.               (par ailleurs Pdg de Montagne et Neige Développement). Ce lieu de réseau              sectoriel centré sur l’aménagement et le tourisme, en lien avec les Domaines                                                                               N°129 Février 2016            skiables de France, est tourné vers l’international avec des missions régulières           dans les pays émergents (Inde, Iran, etc.). Il vise également le renforcement de son          antenne locale dans le Sichuan, en Chine, en prévision des Jeux olympiques d’hiver        2022 à Pékin. « Le potentiel est important pour nos entreprises », souligne Xavier Gallot-      Lavallée. Cette année, le Cluster Montagne s’apprête à lancer un fonds de 2,5 millions     d’euros pour l’aménagement de la montagne et l’outdoor. Là aussi, le Cluster Montagne a fait    jouer ses réseaux. Le projet d’abord élaboré avec Savoie Mont Blanc Angels s’est ensuite ouvert à  Outdo1o1r6SApcotretsurVsadlleeyl’é(cOoSnVo)m, ilea -gLraapTpreibudn’eentreprises basée à Annecy qui fédère 220 entreprises de l’outdoor sur l’arc alpin. Le Cluster Montagne sert également de relais aux entreprises en vue de trouverle bon interlocuteur parmi les différentes structures d’accompagnement.
FAIRE ENTENDRE SAVOIES ComprendreLe RéseauEntreprendrede Savoie n'estouvert au secteurdu tourisme quedepuis 2015.                                                                                                © DREN FINIR AVEC LA COMPÉTITION                    temps est révolu assure-t-il : « La complé-     élargir nos champs d’action avec une politiqueDu côté institutionnel, l’efficience se situe    mentarité est devenue indispensable entre les   globale d’attractivité plus efficace.  » Parmiparfois au bout d’un parcours suivi bon         acteurs, en raison de la raréfaction des fonds  les rapprochements possibles, il cite lagré mal gré. À la chambre de commerce           publics. »                                      convergence entre le tourisme et l’agricul-et d’industrie de la Haute-Savoie, on se        Et si la complémentarité se traduisait aussi    ture. « Nous disposons, avec le monde agri-rappelle encore des mesures d’austérité         entre le phare économique qu’est le tou-        cole, de nombreux programmes de promotionque le gouvernement a prises fin 2014. « Il      risme et les autres secteurs économiques ?      communs.  » Pour le directeur général deexiste une volonté avérée de mettre les CCI à   En charge depuis 2006 de la promotion           SMBT, les Pays de Savoie doivent se dotergenou  », critiquait Guy Métral, président      du tourisme des deux départements par           des mêmes outils que les grandes agglo-de la chambre consulaire, tout en se disant     l’Assemblée des Pays de Savoie − l’éta-         mérations. « Les métropoles sont à la pointeprêt à contribuer à l’effort de redressement    blissement public qui réunit les deux           dans ce domaine parce que leurs acteurs sontdu pays. La CCI annonçait notamment la          conseils départementaux −, Savoie Mont          davantage concentrés », explique-t-il. Parmifermeture d’antennes décentralisées dans        Blanc Tourisme a acquis une puissance           ces outils figure le réseau d’ambassadeursle Genevois, le Chablais et dans la vallée      certaine en matière de marketing. « Nous        ONLYLYON, marque créée pour améliorerde l’Arve. Un an plus tard, Guy Métral          touchons chaque semaine plus d’un million de    la notoriété internationale de la métropoleappelle les différents organismes de sou-       personnes, et même presque deux millions à      lyonnaise. L’idée pourrait faire des émulestien aux entreprises à travailler ensemble.     travers les réseaux sociaux », indique Côme     en terres savoyardes, où le sentiment« Peu importe le leadership, peu importe qui    Vermersch, directeur général de SMBT            d’appartenance est prégnant. Les velléi-est sur la photo dans le journal, affirme-t-il,  (lire aussi notre dossier sur le marketing      tés existent. Les potentialités sont nom-avant de reconnaître «  l’esprit de compé-      territorial, page 102). Or, SMBT veut fran-     breuses. Restent à les fédérer pour ne pastition  » existant entre les différents orga-   chir une nouvelle étape à l’occasion de         brouiller durablement l’image des Pays denismes de soutien aux entreprises. Mais ce      son dixième anniversaire. «  Nous devons        Savoie.                   ADVANCED MANAGEMENT PROGRAMME ex CPA                   Entraînez-vous à la direction générale avec d’autres dirigeants  Prochaine rentrée AMP en mai 2016                                                             Acteurs de l’économie - La Tribune 117  www.executive.em-lyon.com / [email protected] / 04 78 33 78 38                                                                                                                                          25/01/16 13:22N°129 Février 2016     eml147-Bandeau AMP-190x35_acterueco.indd 1
Comprendre CONFÉRENCE                                                 © Laurent Cerino / Acteurs de l’économie           « Entreprises, apprenez à                                                                                                    collaborer ! » Ce mot d’ordre                                                                                                    était lancé aux dirigeants,                                                                                                    de PME notamment, au cours                                                                                                    de la conférence-débat                                                                                                    proposée le 15 janvier par                                                                                                    EMLYON et Acteurs de                                                                                                    l’économie-La Tribune.                                                                                                    Où il fut question des                                                                                                    nouvelles formes d’entreprises                                                                                                    collaboratives, pôles                                                                                                    et clusters notamment.                                                                                                    COMPTE-RENDU,                                                                                                    LAURENCE JAILLARDENTREPRISES COLLABORATIVESPasser du je au nousLe cluster Eden est un bel exemple               Berthelier, professeur de stratégie et orga-       difficultés. Il décide alors de le réorienter         de collaboration réussie entre de       nisation à EMLYON.                                 sur les secteurs du nucléaire et de l’hy-         nombreuses PME. Créé en 2008 par        Les groupements sont un véritable appel            draulique. Problème, il s’agit de marchés         six dirigeants de PME high-tech,        d’air pour des PME souvent freinées à              nationaux. Or Cote ne dispose que de         il rassemble aujourd’hui quelque        cause de leur taille et leur surface finan-         deux entités basées en Isère là où il devient 130 entreprises, dont 60 en Rhône-Alpes,        cière pour innover, décrocher de nouveaux          nécessaire sur le plan logistique de s’ap- toutes dédiées au secteur sécurité-défense.     marchés, se développer à l’international.          puyer sur un réseau national d’agences. Il Preuve de son succès, Eden est devenu,                                                             frappe donc à la porte du géant mondial de au fil des ans, une fédération de clusters,      400 PROJETS COLLABORATIFS                          a distribution de matériel électrique Rexel essaimant en Bretagne, en région Centre et      Depuis ses débuts, Eden a ainsi fait émer-         (deux milliards d’euros de chiffre d’affaires dans les Pays de la Loire.                      ger 400 projets collaboratifs. La règle du         en France, 460 agences sur le territoire). Un exemple exposé aux dirigeants d’entre-       jeu est simple : partager en toute transpa-        Et signe avec son directeur régional : « J’ai prises réunis le 15 janvier à l’occasion de la  rence et ne pas se faire concurrence. « Les        démontré que Cote leur apporterait du volume conférence débat proposée par EMLYON            dirigeants d’entreprise sont nos interlocuteurs    d’affaires. Ils trouveraient donc un intérêt et Acteurs de l’économie-La Tribune et          exclusivement. Nous leur disons : vous ne rece-    dans ce partenariat. » Après quatre mois de intitulée « Entreprise, apprenez à collabo-     vrez rien du cluster si vous n’apportez rien.      négociations, l’accord est conclu. rer ! », dans le cadre du cycle « Les Défis      Eden est avant tout orienté business », précise du dirigeant. «  Ces PME qui emploient de       Manon Moreau. Michel Berthelier relève             LE POIDS DE LA CONFIANCE 5 à 350 personnes, découvrant leur existence    l’importance du facteur humain dans de             Fort de cette nouvelle configuration, réciproque, ont décidé de partager les infor-   tels schémas  : «  Le dirigeant doit avoir la      Cote peut aujourd’hui se porter candidat mations remontées du terrain, par exemple       capacité de travailler avec d’autres dirigeants,   pour la rénovation des centrales hydrau- international. Cette intelligence économique    passer du « je » au « nous » collectif, suppor-    lique d’EDF et remporte le marché face à mutualisée se révèle très efficace  », décrit    ter de s’exposer à la critique d’autrui. Ce n’est  quatre concurrents. «  Ce partenariat avec Manon Moreau, directrice opérationnelle         pas évident pour ces responsables de PME qui       Rexel apporte de la crédibilité à notre offre. d’Eden.                                         se sont faits souvent tout seuls. D’où l’impor-    Aujourd’hui le montant de nos contrats est Trouver la bonne entreprise étrangère pour      tance de la gouvernance dans ces structures        passé de 1,5 million d’euros à 4 à 5 millions envisager une coentreprise, remporter un        collaboratives. Il est indispensable de se poser   d’euros. » marché en jouant sur leur complémenta-          la question  : comment allons-nous travailler      Le dirigeant insiste néanmoins sur la rité technologique, partager ses agents à       ensemble ? »                                       condition indispensable de réussite  : l’export, optimiser une organisation logis-     En 2010, Thierry Combet préside du                 « Au-delà des intérêts partagés, on doit instau- tique  : les bénéfices du cluster sont fort      Groupe Cote, spécialisé dans l’installation        rer une relation de confiance, démontrer qu’on nombreux. « Un cluster favorise les échanges,   électrique industrielle (280 collaborateurs,       s’inscrit dans la durée.  » Dans tout projet le partage d’expériences entre dirigeants et    un chiffre d’affaires de 26 millions d’eu-         collaboratif, afin d’en assurer le dévelop- se révèle un bon terreau pour créer des grou-   ros), diplômé Advanced Management Pro-             pement pérenne, la confiance, une fois éta- pements d’entreprises  », confirme Michel        gram à EMLYON mais connaît quelques                blie, doit être entretenue au fil du temps. 118 Acteurs de l’économie - La Tribune                                                                                                     N°129 Février 2016
CHRONIQUES ComprendreLe paradoxeD’ENTREPRENDRE«  Lorsqu'on ne sait pas la vérité d'une chose, il est bon                                                                                Par Henri-Louis Delsol,                   qu'il y ait une erreur commune qui fixe l'esprit des                                                               Avocat associé, Delsol Avocats                   hommes.  » Cette «  pensée  » de Blaise Pascal doit                   résonner dans l’esprit de nombre d’entrepreneurs et                           DE LA PERTE DE LA                                                                                               QUALITÉ D’ASSOCIÉ                   de ceux qui les accompagnent. Ils savent combien                                                                                                            dans les SAS                   il leur est impossible d’accéder à la « vérité » de ce                    que sera précisément leur offre, des usages retenus                     Les associés de sociétés par actions simplifiées souhaitent fréquem-                                                                                                                ment organiser en amont les modalités de sortie d’un associé en cas                    par les clients, ou de leur capacité à capter la valeur.                                    de mésentente ou pour toute autre raison qui leur appartient. Deux                                                                                                                moyens de contraindre un associé au départ sont habituellementTous doivent se résoudre à des approximations, des propositions dont on sait qu’elles                           utilisés par les praticiens : la clause d’exclusion et la promesse de                                                                                                                cession de titres. En effet, d’une part, la loi autorise expressément lessont erronées, mais suffisamment élaborées pour permettre aux acteurs de « fixer leur                             associés d’une société par actions simplifiée à prévoir qu’un associé                                                                                                                sera tenu de céder ses actions dans des situations prédéfinies ; cetteesprit » afin de s’organiser et de pouvoir avancer. On est au cœur de la conception                              clause d’exclusion devra nécessairement être insérée dans les statuts                                                                                                                et elle devra faire l’unanimité lors de son adoption comme lors de sad’Herbert Simon, prix Nobel d’économie 1977, d’une science de l’artificiel. Piloter un          modification. D’autre part, la pratique des promesses de cession de titres s’est répan-                                                                                               due ; une telle promesse peut figurer dans les statuts, mais elle peut aussi et surtoutprocessus entrepreneurial ne consiste pas à en établir une vérité naturelle, mais à en         figurer dans un pacte d’associés si l’on souhaite lui assurer une certaine confidentialité.                                                                                               La distinction entre les notions de clause d’exclusion et de promesse de cession deconstruire une représentation socialement acceptée, utile à faire progresser le projet.        titres a pu paraître un temps très théorique. En effet, quelle qu’en soit la qualification                                                                                               juridique, la clause contraignant un associé à céder ses titres aboutit au même résultat :Les temps impartis, les jalons ou les ressources nécessaires ne sont pas issus d’une           l’associé concerné perd sa qualité d’associé et les droits qui y sont attachés.                                                                                               Toutefois, la Cour de cassation devient de plus en plus stricte sur l’application desévaluation objective. Ils relèvent d’abord de l’appréciation de ce qui est acceptable pour     clauses statutaires d’exclusion, en exigeant par exemple le respect des droits de la                                                                                               défense et en prévoyant la nullité des clauses d’exclusion privant l’associé concerné deun financeur, de ce qui est enviable pour un partenaire, de ce qui permet de fédérer            son droit de vote (sur sa propre exclusion).les collaborateurs. Il n’est qu’à considérer l’usage de l’outil emblématique qu’est le         Éviction                                                                                               C’est dans ce contexte qu’au printemps 2014, la Cour de cassation a affirmé quebusiness plan. On s’accorde à le voir aujourd’hui comme un construit plausible, qui per-       l’engagement pris dans un pacte par un associé conférant à un autre associé « une                                                                                               option d’achat de ses droits sociaux en cas de cessation de ses fonctions devaitmet de penser le projet et d’en montrer la cohérence. Il y a bien là, la formation d’une       recevoir la qualification de promesse unilatérale de vente » (Cass. com., 6 mai 2014,                                                                                               n°13-17.349). Cet engagement était donc validé, bien qu’il ne respectait aucune des« erreur commune » pour fixer les représentations des parties, ce qui est nécessaire            conditions de validité d’une clause d’exclusion, ne figurant pas dans les statuts et                                                                                               ne prévoyant pas de manière suffisamment précise ses motifs et ses conditions depour engager l’action. Mais l’entrepreneur doit prendre sur lui les tensions qui naissent      mise en œuvre. Les choses se compliquent davantage à l’automne 2015 puisque                                                                                               la Cour de cassation considère dorénavant que la clause selon laquelle tout associéentre d’une part cette conception qu’il sait artificielle, et d’autre part un discours de       cessant d’être salarié perd dès ce moment sa qualité d’associé constitue non pas                                                                                               une clause d’exclusion, mais une clause d’éviction (Cass. com., 29 septembre 2015,certitude qu’il doit présenter à ceux qui lui demandent des garanties.                         n°14-17.343). Consacrant une notion d’«  éviction  » de l’associé, distincte de celle                                                                                               de l’« exclusion », cette décision – surprenante - de la Cour de cassationÉvolution des représentations                                                                  réjouira les praticiens qui ne manqueront pas de multiplier les clauses                     © David Venier - DAVM Universite Jean Moulin Lyon3 - Aline PerierAinsi, l’entrepreneur navigue dans l’univers pascalien alors que ses ayants droit se           d’éviction, s’affranchissant ainsi des contraintes et des limites liées à ladrapent souvent dans une logique cartésienne bien utile. En effet, ces derniers ne sont        clause d’exclusion.pas naïfs des conditions dans lesquelles par exemple un business plan est écrit, maiscette posture leur permet de faire valoir leurs droits en cas d’échec. Une compétencecentrale de l’entrepreneur est donc de mettre ces deux logiques en discussion sansjamais vouloir n’en éliminer aucune. Il doit créer, au sens d’Edgar Morin, une dialogie,c’est-à-dire un dialogue créatif entre ces deux logiques antinomiques, concurrentes,mais indissociables et complémentaires. Entreprendre c’est non seulementaccepter de vivre avec ce paradoxe, mais savoir le rendre créatif. C’estpeut être sous cet angle que l’on comprend que l’une des qualités essentielles d’unentrepreneur est d’être constamment capable de faire évoluer les représentations etles repères de son projet en fonction de ses apprentissages sans pour autant nierce qui a été établi précédemment. Le risque serait sinon que ce qui a été affirmé untemps et qui se trouve remis en cause, ne vienne décrédibiliser la nouvelle affirmationet génère de la défiance. Cette capacité à donner du sens pour « tenir » la cohérenced’une trajectoire entrepreneuriale est essentielle pour progressivement inventer unevérité qui de toute façon n’existait pas de manière préalable. Finalement, les entrepre-neurs sont peut-être ceux qui transforment les « erreurs communes » en « vérité ».            Par Alain Asquin,Vice-président de l’université           Jean-Moulin Lyon 3,     directeur de l’innovation          et du développementN°129 Février 2016                                                                          Acteurs de l’économie - La Tribune 119
Comprendre CHRONIQUESLes bienfaits DU PEAPar Philippe Charton,                                   Sont éligibles au PEA-PME les actions des PME et des          plan. Seule exception, les dividendes qui proviennentDirecteur de l'ingénierie financière                     ETI, cotées ou non cotées, et les SICAV et FCP, à la          de titres de sociétés non cotées sont exonérés, dans laet patrimoniale CIC Banque privée                       condition qu’ils soient investis à 75 % en titres émis par    limite de 10% du prix d’acquisition de ces titres.                                                        des PME et ETI. L’achat des titres peut se faire auprès       Le retrait avant l’expiration de la cinquième année deContrairement aux idées reçues, le Plan                 d’un tiers ou par voie de souscription au capital de la       fonctionnement du PEA entraîne, en principe, l’impo-           d’épargne en actions (PEA) n’est pas         société émettrice. Seuls les versements en numéraires         sition du gain net réalisé depuis l’ouverture du plan.           réservé aux titres cotés et OPCVM. Asso-     sont autorisés afin d’alimenter le PEA. Les transferts         Aujourd’hui, les OPCVM monétaires ont un rendement           ciés minoritaires de SARL, SA, SAS, vous     de titres sur un PEA sont interdits. Dans un arrêt du 14      très faible, mais peuvent receler d’importantes plus-va-           pouvez gérer vos participations via un PEA   octobre 2015, le Conseil d’État a admis la possibilité        lues qui sont un obstacle pour les arbitrer. Le législateuret bénéficier d’avantages fiscaux. Un seul PEA peut être  de reclasser, a posteriori, dans son PEA, des titres          vient de corriger cette situation (dernière loi de financesouvert par contribuable. Le plafond des versements      dont on est déjà propriétaire, mais le législateur n’a pas    rectificative) en encourageant le remploi du prix dene peut excéder 150 000 euros, hors produits ou         encore tiré les conséquences de cet arrêt. Il est inter-      cession d’OPCVM monétaire dans un PEA PME-ETI.plus-values (300 000 euros pour un couple marié ou      dit de détenir, avec son conjoint ou ses descendants,         Les gains résultant de cessions de parts de FCP oupacsé). Depuis 2014, vous pouvez également ouvrir un    directement ou indirectement, plus de 25 % des droits         Sicav monétaires intervenant entre le 1er avril 2016 etPEA-PME, avec un plafond de versement de 75 000         dans les bénéfices sociaux de la société au cours des          le 31 mars 2017 bénéficieront d’un report d’impositioneuros. Ce PEA-PME dispose des mêmes avantages           cinq années précédant l’acquisition des titres. S’il n’est    sous condition de remploi du prix de cession net desfiscaux que le PEA et fonctionne de la même manière.     pas possible de détenir des parts de SCI, il est tout à       prélèvements sociaux sur un PEA PME-ETI. Le retrait                                                        fait possible d’inscrire, dans un PEA, les titres d’une       de titres ou de liquidités ou le rachat effectué sur le                                                        holding dont l’activité serait la gestion de participations.  plan avant l’expiration d’un délai de cinq ans rendrait                                                        Quels sont les avantages du PEA ? Pendant la durée du         l’imposition exigible au titre de l’année où intervient                                                        plan, les dividendes et plus-values de cession ne sont        l’événement. L’exonération sera définitivement acquise                                                        pas imposables dès lors qu’ils sont réinvestis dans le        à l’issue de ce délai de cinq ans. C’est un bon plan !                                                              Date du retrait                          Imposition (1)                          Clôture du plan                                                        Avant 2 ans (2)                   Fiscalité                   Prélèvements sociaux           oui                                                        Entre 2 et 5 ans (2)                                                                         oui                                                        Entre 5 et 8 ans (2)              22,50 %                      15,5 %                       oui (4)                                                        Après 8 ans (2)                                                                     non, mais plus de (4)                                                        (retrait partiel ou total)        19 % 15,5 %                                       versements possibles                                                                                          exonération                  15,5 % (3)                                                                                          exonération                  15,5 % (3)(1) Le gain net imposable est égal à la différence entre la valeur liquidative du plan et le total des versements effectués depuis l’ouverture. (2) La durée s’apprécie à compter de la date du premier versement.(3) Pour la fraction acquise à partir du 1er juillet 2012 et fonction des taux historiques pour les produits acquis antérieurement. (4) Prise en compte de la moins-value éventuelle si les titres ont tous été vendus avant la clôture.VALEURS                                                                                   projets politiques trop souvent opposés, confirmant cette générosité utilitaire et trop                                                          © DR                                                                                          pratique ?Que ne l’entendons-nous pas, en cette période troublée, comme                       si le mot incarnait une sorte de phare, de repère dans un          Désillusions                       sombre fatras politico-médiatico-événementiel chargé ! Ne          Valeurs ? Toujours au pluriel en la circonstance pour lui donner ce spectre universel,                       finit-il pas par être indigeste à force d’être mis à toutes les     mais toujours muet dans ses implications dès lors que l’on oublie – et pour cause                       sauces ? Mot à la mode ou mot magique, abri facile, mais sans      – de le décliner en termes des vertus chargées de lui donner son sens et sa portée                       fondation, ou mot galvaudé, bien utilitaire ? Outil de référence   véritables. Ces valeurs « républicaines » auraient-elles, par exemple, une existence                       noble ou de manipulation perverse ? Il est permis de se le         en dehors déjà de l’exercice de la vérité (à commencer par la reconnaissance des                       demander quand on discerne l’infinie géométrie variable des         réalités les plus évidentes et par le renoncement aux promesses fallacieuses qui ne                       traductions que d’aucuns lui attribuent et l’usage qui peut en     durent que le temps d’une campagne), en dehors aussi de l’intégrité morale hors de                           être fait à des fins peu… valeureuses !                         laquelle toute crédibilité et toute adhésion sont compromises, en dehors de l’exempla-                              Les valeurs « républicaines » ou autres ? Elles sont bien   rité aussi, plus pédagogique et plus convaincante que tous les discours, sans oublier                               généreuses, qui drapent à longueur de discours enflam-      aussi le courage ?                                més les envolées d’orateurs « républicains » en mal de    Ce qui est vrai pour que le politicien devienne politique l’est tout autant dans la vie                                vrais projets. Cette générosité du mot va jusqu’à cou-    de l’entreprise. Que de désillusions n’ont-elles pas été engendrées par la publication                                vrir de son manteau et de son auréole discours, décla-    de « chartes », de déclarations « marketing », de « projets d’entreprise » véhiculant                               rations, propos, interviews, écrits, puisque le mot peut   la référence à des « valeurs » ne résistant pas, en interne, aux confrontations quoti-                                  être servi aussi bien en introduction, au détour d’une  diennes et impitoyables au réel ? Pour parodier un ancien humoriste, intelligence et                                  phrase qu’en conclusion. Une question toutefois  :      modestie seraient tellement bien partagées qu’il en resterait trop peu pour chacun.                                  quelle « valeur » accorder à ces invocations répétées                                  pour ne pas dire ressassées, mises au service de                                                                                      N°129 Février 2016 Par Jean Lafay  120 Acteurs de l’économie - La Tribune
TRIBUNE ComprendreSÉLECTIVITÉ,                 Sur les radars des classements internationaux, clignotent régulièrementAUTONOMIE,                          les « pépites » de la Confédération helvétique : IMD, Université deDIVERSITÉ                           Saint-Gaal, Écoles Polytechniques fédérales de Lausanne et de Zürich,ET COMPLÉMEN-                École hôtelière de Lausanne, Institut des Hautes Études internationales deTARITÉ.                      Genève… La liste est longue. Elle révèle l’excellence de ces établissementsUN MODÈLE                    et leur très grande diversité sans compter les collèges et lycées où se formeÀ REPRENDRE                  la progéniture de la Nomenklatura internationale.POUR                         Comment peut-on expliquer le succès de ce « petit » pays dont la structureLA FRANCE ?                  tant politique (cantonale) que linguistique (quatre langues officielles) ne                             constitue pas, a priori, un atout ? Cinq ingrédients composent la recette du                             succès suisse. Premièrement, elle bénéficie d’une offre de formation cohérente,                             segmentée et complémentaire. L’enseignement supérieur suisse se répartit en                             quatre pôles : les universités et EPF (Établissements Polytechniques Fédé-                             raux), les Hautes Études spécialisées (HES), les Écoles supérieures et les                             autres écoles pédagogiques. Chaque école, dans cet environnement, se posi-                             tionne clairement sur un segment pour remplir sa mission. L’offre est ainsi                             complémentaire en ciblant des publics particuliers. En matière de recherche,                             il y a aussi une segmentation. Les universités se concentrent sur la recherche                             fondamentale tandis que les HES traitent de la recherche appliquée et de son                             développement économique.                             Deuxièmement, elle connaît peu de bacheliers et d’écoles professionnelles                             reconnues. Cet élitisme a pour conséquence d’éviter l’engorgement de l’en-                             seignement supérieur. Il explique son libre accès et la quasi-gratuité de la                             scolarité, le supérieur étant considéré par les Suisses comme un investisse-                             ment d’avenir. Parallèlement, la qualité des écoles professionnelles attire                             les jeunes dans les HES qui servent un tissu économique de PME très dyna-                             mique offrant de nombreux emplois et de réelles perspectives d’évolution. Au                             final, le système permet à chacun de trouver la formation qui lui convient,                             courte ou longue, universitaire ou professionnelle.LA SUISSE,UN PARADIS ÉDUCATIFJean-François Fiorina,       UNE IMAGE HAUT DE GAMME                                                                                                                            © Agence Prisme - Pierre Jayetdirecteur adjointde Grenoble école            Troisièmement, la Suisse possède des établissements autonomes et concurrents.de management et             L’autonomie laissée aux acteurs de l’enseignement supérieur permet une réelledirecteur de l’ESC Grenoble  agilité. Les établissements affirment et défendent ainsi leur positionnement                             dans un environnement très compétitif. Ces paramètres concourent à un posi-Lire le dossier              tionnement haut de gamme que reflète une réflexion stratégique permanente. SurEnseignement Supérieur       l’école du futur et les Mooc, par exemple, l’EPFL dispose d’une expertise deL’eldorado suisse, page 94.  pointe.                             Quatrièmement, elle bénéficie de l’importance du secteur privé dans son sys-N°129 Février 2016           tème éducatif. L’analyse des chiffres montre que les pouvoirs publics et les                             entreprises privées se répartissent l’effort d’investissement dans la forma-                             tion. Si les dépenses de formation en pourcentage du PIB sont plutôt faibles                             dans le classement de l’OCDE (5,6 % en 2013, 20e rang sur 25), le montant des                             dépenses de formation par étudiant/élève s’élève à 14 922 dollars US, plaçant                             la Suisse en 2e position après les États-Unis. Le secteur privé fait claire-                             ment la différence en finançant le modèle.                             Enfin, la Suisse bénéficie d’un positionnement idéal avec une image haut de                             gamme du pays en matière bancaire, financière et diplomatique.                             Les infrastructures (dont deux aéroports internationaux), les services, la                             stabilité politique et la qualité de vie, participent également au dévelop-                             pement de cet écosystème éducatif.                             Pour résumer, que du bon sens : sélectivité, autonomie, diversité et complé-                             mentarité. Un modèle à reprendre pour la France ?                                                                                                                                         Acteurs de l’économie - La Tribune 121
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RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 123
Comprendre RUBRIQUE DE NOM124 Acteurs de l’économie - La Tribune  N°129 Février 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreCNR, le gestionnaire                                                                                                                    / Crédit Photo : La Griffe / Février 2016de ports fluviauxen Vallée du RhôneDu port de Lyon à la Méditerranée, nous vous accueillons sur nos 18 plateformes portuaires multimodales.Ces implantations favorisent le report de 265 000 camions par an de la route vers la voie d’eau.Nous contribuons ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, plus de 200 clients, industriels et logisticiens,bénéficient de solutions d’implantation et de prestations portuaires, générant 4 500 emplois directs.CNR soutient le développement du transport fluvial en poursuivant la créationde nouvelles infrastructures.N°129 Février 2016    Acteurs de l’économie - La Tribune 125
Comprendre RUBRIQUE DE NOM126 Acteurs de l’économie - La Tribune  N°129 Février 2016
RUBRIQUE DE NOM ComprendreN°129 Février 2016  Acteurs de l’économie - La Tribune 127
                                
                                
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