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Matières premières 2014

Published by AGEFI, 2015-07-20 05:18:24

Description: Février 2014

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INDICESFévrier 2014 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°02Matières premièresL’industrie du négoce à un tournant Le rôle des marchands Décalage entre perception et réalité pages 10 à 12Réorientation du secteurL’adaptation à l’évolution des flux pages 13 à 17 Le financement du trading Innovation face aux récents défis pages 18 à 22Transparence et éthiqueVers de nouveaux partenariats pp.24à26Le guide des métiers pages 28 à 35Vos besoins · nos solutions B<E;I@JJ8\jkcXgclj`dgfikXek\jfZ`„k„ 5 :fdgkXY`c`k„kiX[`e^1ZfdgkXY`c`k„^„e„iXc\# jl`jj\ `e[„g\e[Xek\ jg„Z`Xc`j„\ [Xej c\j  gcXe`ÔZXk`feÔeXeZ`…i\\kZfekifcc`e^ j\im`Z\j Ô[lZ`X`i\j \k [\ ]Xd`cp f]ÔZ\# cX 5 >\jk`fe[\jjXcX`i\j\k[\jXjjliXeZ\jjfZ`Xc\j ZfdgkXY`c`k„ \k cËflkjfliZ`e^ gfli Zc`\ekj 5 <mXclXk`fe[Ë\eki\gi`j\ gi`m„j \k Zfdd\iZ`Xlo# c\ Zfej\`c ÔjZXc 5 Jpjk…d\[\Zfekic\`ek\ie\ \k ali`[`hl\ eXk`feXc \k `ek\ieXk`feXc# cËXik 5 :fej\`cali`[`hl\1Zi„Xk`fe[\jfZ`„k„j#ZfekiXkj# dXeX^\d\ek# X`ej` hl\ [Xej cX d`j\ \e  ]feZk`fe[ËX[d`e`jkiXk\li gcXZ\\kcX^\jk`fe[\jkiljkj% 5 :fej\`cÔjZXc1„kXYc`jj\d\ek[\[„ZcXiXk`fej  [Ë`dgk#e„^fZ`Xk`fe[ËXZZfi[jÔjZXlo#d`j\\e  gcXZ\[\jkilZkli\jÔjZXc\jfgk`d`j„\j GflikflkZfdgc„d\ek[Ë`e]fidXk`fe#m\l`cc\q >\e…m\sCXljXee\snnn%b\e[i`j%Zfd \emfp\ile\$dX`c~ifdXe[`\7b\e[i`j%Zfd



PAGE . Indices | | Février 2014 | Matières premièresIndices Piliers de l’économie Métiers aux multiples facettes En constante évolution Le secteur du négoce et du fret représente environ 3,5% Bien que très présent à Genève, le négoce international reste du produit intérieur brut de la Suisse et il est enraciné peu connu du grand public et les métiers qui s’y rapportent En achetant des matières premières sur les lieux dans l’économie helvétique depuis des décennies. encore moins. Le trading ne se limite pas à un écran et à un téléphone. de production pour les livrer aux lieux de D’où la nécessité d’expliquer en quoi consistent Acheminer une cargaison d’un pays producteur à consommation, le négociant contribue à une ces activités et comment elles fonctionnent. un pays consommateur nécessite l’intervention meilleure allocation des ressources. Les exigences David Fransen, GTSA. page 11 de nombreux spécialistes maîtrisant chaque étape. de la société civile sont élevées, mais elles Franca Tufo, TBS Human Resources & Services.. devraient être conditionnées à une bonne page 28 compréhension du métier. Yves Simon, Université de Paris Dauphine. page 8Éditorial Les tensions d’une mutation extrêmeAvec l’émergence des pays du Sud à la fin des flux mondiaux, battait son plein. Pour des raisons historiques, la Suisse – et plusdes années 1990, les volumes et montants des Aux mutations de la demande succèdent particulièrement l’arc lémanique – abrite unéchanges de matières premières ont atteint une aujourd’hui celles de l’offre. La hausse du cours nombre important de maisons de négoce etenvergure impensable il y a encore quinze ans. du pétrole a galvanisé l’innovation technolo- de services associés dont les chiffres d’affairesA la demande accrue de la Chine, de l’Inde mais gique, ouvrant la voie à l’exploitation d’im- ont cru avec l’intensification des échanges et laaussi de la Corée, de Taiwan ou de la Turquie, menses réserves de pétrole et de gaz de schiste hausse des cours. Volontiers qualifiées de secrè-l’offre – insuffisante par défaut d’investisse- en Amérique du Nord et, ailleurs, de forages tes et certainement mal comprises, ces sociétésments dans les années précédentes – n’a su plus conventionnels non rentables auparavant. sous l’égide de leurs associations entreprennentrépondre, générant une forte pression sur les L’épuisement des gisements anciens contraint aujourd’hui de clarifier leur fonctionnementcours. La Chine dont la consommation de pé- les sociétés minières à explorer toujours plus et les moteurs d’une expansion qui n’est pastrole s’est multipliée par 2,5 entre 1998 et 2012, loin et plus profond. La mise en valeur de vastes fondamentalement associée à celle de la finan-est depuis septembre 2013 le premier importa- exploitations agricoles en Russie ou en Amé- ciarisation.teur net de brut, à égalité avec les états-Unis. En rique du Sud et demain en Afrique tente de Car ces questions, d’ampleur inédite, ne sontvaleur nominale, le cours du pétrole est passé répondre aux besoins sans cesse croissants de pas en voie de disparaitre. Tout porte à croirede 12 dollars le baril en 1998 à plus de 102 en peuples en pleine explosion démographique. que les équilibres mondiaux continueront à se2012, avec un pic à 147 dollars en juillet 2008. Pour faire face à une demande en hausse et à réajuster. Et que les flux de matières premièresMétaux et denrées ont également affiché des une extrême diversification de l’offre, l’ache- les accompagneront avec un effet positif sur lesprix encore jamais observés, sous l’effet conju- minement et la logistique, cœurs du métier de opérations du secteur en Suisse. gué de la hausse des coûts de l’énergie, d’une négociant, se sont immensément complexifiés.demande renforcée et, pour les produits agrico- Avec un impact considérable sur le financement Nicolette de Joncaireles, de conditions climatiques adverses. des flux commerciaux d’une part et des infras- Journaliste à L’AgefiLe prix du blé a augmenté de 250% entre 1998 tructures de l’autre, à un moment où la criseet aujourd’hui. Le supercycle des matières pre- financière restreignait la capacité d’interventionmières, phase de réajustement des équilibres et des banques.Sommaire du 24 février 201404. Livres par HEG-Arc 15. L’évolution du rôle des grands 26. Entretien. David Rosenberg, Ecom06. Marchés émergents: un air de déjà vu négociants. David Fyfe, Directeur recherche & analyse AgroindustrialChronique F.-S. Lhabitant marché, Gunvor || Les denrées agricoles à la06. Marchés. étranges perspectives. merci de la météo. M. Von Luehrte, Noble Resources Thème: Guide des métiers 16. Le dragon chinois bien placé dans les 28. Les multiples visages des métiers du négoce.Ph. Schindler, Blue Lakes Advisors non-ferreux. Antoine Carassus, Transamine Trading Franca Tufo, TBS Human Resources & Services || Vers un réajustement du transport. 31. Une large gamme de formations métier.Matières premières Silviane Chatelain, GTSA08. Pour cerner les contours d’un secteur Eric André, Président et directeur de Suisse-Atlantiqueen constante évolution. Yves Simon, 35. Entretien. Bernard Morard, UNIGE 17. Entretien. Steve Terry, VitolProfesseur de Finance à l’Université de Paris Dauphine Marchés Thème: Le financement du trading 36 Opinion. La banque centrale la plus stupideThème: Le rôle des marchands 18. Les leçons de la crise. du monde? François Savary, Groupe Reyl10. Une activité mal appréhendée. 36. EN DROIT. Opérations sur dérivés OTC: Guillaume de La Ville, Milio International DMCC la LIMF. Thierry Amy, Associé, BCCC Avocats SarlStephane Graber, Secrétaire général, GTSA 37. Contre la psychologisation en gestion. 19. Ajustement au nouvel environnement. F. De Geuser, ESCP Europe et A. M. Guénette, HEG Arc11. Négoce et fret: piliers de l’économie Pierre Glauser, Crédit Agricole (Suisse) 37 Leadership. Se montrer humain nesuisse. David Fransen, Président, GTSA 20. Les fonds de financement du négoce. signifie pas être gentil. Daniel Held, PI Management12. Entretien. Marco Dunand, Mercuria 38. Création d’entreprise: l’innovation dans Nicolas Sanchez, EuroFin Asia Swiss l’artisanat de bijoux. Didier Planche, GENILEMThème: L’industrie à un tournant 39. La communication d’entreprise entre canaux13. Le hub suisse: l’histoire remonte 21. Le recours à l’innovation. traditionnels et numériques. T. Amaudruz, GENILEMau Moyen-âge. Urs Schneider, Finance Watch Christophe Salmon, Trafigura || L’envolée des fonds 39. Pharma. La santé n’a pas de prix mais14. Le grand virage de l’ouverture. crédit négoce en 2013. Philippe Steiner, Trade Invest elle a un coût. Thierry Mauvernay, Debiopharm Group 22. Entretien. Alexandre Karrer, SFIBenoît Lioud, Mercuria Energy Trading Thème: Transparence et éthique|| Marchés mondiaux: les sources 24. La gouvernance en pleine mutation.d’incertitude. Philippe Chalmin, Professeur Samuel K. Gayi, Directeur UNCTAD 25. Entretien. Claude Wild, DFAEd’histoire économique à l’Université Paris-DauphineIndices est un supplément de L’AGEFI, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève | Président Alain Duménil | Administrateur délégué-Rédacteur en chef François Schaller | CEO Agefi SA Olivier Bloch | Directeur adjoint, développements Lionel Rouge | Directeur adjoint,commercial Norbert Fouchault | Rédactrice en chef Indices Danielle Hennard | Journalistes Nicolette de Joncaire, Olivier Pellegrinelli | Production médias Guy-Marc Aprin | Graphisme Sigrid Van Hove | Traduction Intertexto Gabrielle Rivier | Contributeurs réguliers Alain-Max Guénette, DanielHeld, François-Serge Lhabitant, Thierry Mauvernay, François Savary, Philippe Schindler | Administration Rolande Voisard | Marketing Khadija Hemma (Responsable) (021) 331 41 09 | Abonnements (021) 331 41 01 – [email protected] | Publicité Suisse romande Ludovic Lejeune Tél. (021) 331 41 12– [email protected] – Suisse alémanique Béatrice Leuenberger Tél. 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PAGE . Indices | | Février 2014 | Les livres par HEG-ArcComputational Intelligence Techniques La coopération est le fondement des relationsfor Trading and Investment humaines. Cette compétence se trouve pourtantChristian DUNIS, Spiros LIKOTHANASSIS, affaiblie dans les sociétés modernes.Andreas KARATHANASOPOULOS,Georgios SERMPINIS (Dir.) Pour réhabiliter la coopérationÉditions Routledge, 2014, 210 pages, 111.50 francs sur l’organisation du travail en introduisant, auISBN 978-0-4156-3680-3 nom de l’efficacité économique, des formes de Jérôme Heim compétitions entre travailleurs. Celles-ci érodent Sous-domaine de l’intelligence des relations de respect et de solidarité qui, bien artificielle (IA), l’intelligence computa- LIMSI, Haute école de gestion Arc qu’informelles, facilitent le bon déroulement des tionnelle étudie le comportement dans a coopération est au fondement du activités tout en entretenant une estime de soi. des environnements complexes. Cet développement humain. Pour évi- Ces deux forces affaiblissant la coopéra- ouvrage articule une compréhension dente qu’elle soit, cette vérité mérite tion entraînent, selon Sennett, l’apparition d’un des progrès technologiques à l’applica- d’être réaffirmée aujourd’hui. C’est type de caractère singulier et caractéristique de tion des techniques d’IA aux prévisions du moins le crédo de l’historien et des séries chronologiques financières, sociologue Richard Sennett dans l’individualisme contemporain, le «moi non coo- au négoce et à l’investissement. son dernier ouvrage intitulé Ensemble. Pour une pératif». Parfois incapable de gérer des formes éthique de la coopération. Après Ce que sait la main. d’engagement complexes et exigeantes, habituéHypermarché: 50 ans déjà! La culture de l’artisanat, il poursuit ses réflexions au court terme économique et poussé à l’auto-Claude SORDET Ensemble. Pour une éthique sur les compétences dont les gens ont besoin dans satisfaction à travers l’acquisition d’objet de de la coopération la vie quotidienne. consommation, l’individu des sociétés occiden-Éditions de L’Harmattan, 2014, 168 pages, 26.40 francs Richard SENNETT La coopération est en effet indispensable à la réa- tales tend de plus en plus à se mettre en retraitISBN 978-2-3430-2615-2 lisation des choses que nous ne sommes pas ca- des relations sociales. La troisième partie du livre Éditions Albin Michel, 2013 pables de faire seuls et compense par conséquent se veut plus positive en traitant des formes de Ce livre revient sur l’épopée de la créa- 378 pages, 40.60 francs les lacunes individuelles. Nous ne saurions vivre coopération renforcées. Sennett analyse ainsi le tion des hypermarchés en France au mi- ISBN 978-2-226-25370-5 sans collaborer avec les autres. travail concret de collaboration dans des ateliers lieu du siècle dernier, l’auteur rendant hommage à ses pionniers. L’hypermar- d’artisans, des bureaux de chômage ou encore ché comme modalité du commerce est Pourtant programmée génétiquement chez de communautés engagées dans la défense de mis en perspective et présenté comme tous les animaux sociaux, la coopération n’en re- personnes défavorisées. le résultat d’une démarche marketing quiert pas moins des capacités sociales acquises À partir de nombreux exemples tirés des scien- qui répond à la question: quel produit dès la prime enfance. Dans ces humaines et de l’étholo- pour quel marché? de nombreuses situations, Sennett critique gie mais aussi de son propre nous n’avons d’autres choix le repli communautaire parcours de chercheur, deLe travail en évolution que d’interagir avec des gens qui réduit la solidarité musicien et d’enfant issu desSabrina LABBÉ, que nous craignons, que nous classes populaires, RichardPatricia CHAMPY-REMOUSSENARD n’aimons pas ou que nous ne Sennett propose ici une ex- comprenons tout simplement à un nous contre eux ploration des modes de coo-Éditions Presses Universitaires du Mirail pas. L’impossibilité de sonder que l’on retrouve pérations dans les sociétés2014, 200 pages l’autre ne nous empêche pas modernes. Cette richesseISBN 978-2-8107-0277-0 d’interagir avec lui. Au cours par exemple conduit néanmoins l’auteur à de notre socialisation, nous dans le rejet des des détours et des digressions Ce numéro des Dossiers des Sciences avons tous incorporé des étrangers et de dont on peine parfois à en de l’Éducation se concentre sur les rituels de comportements, leur mode de vie. comprendre le sens pour l’ex- transformations des savoirs et les pro- aussi banals que le fait de se posé. Celui-ci gagnerait à no- cessus effectifs de professionnalisation saluer ou d’écouter un inter- tre avis en force en étudiant dans le domaine de l’éducation et la locuteur sans le couper sans des modes contemporains formation. Les textes abordent le travail cesse, lesquels permettent la vie en commun. de coopération, notamment ceux qui s’opèrent et sa relation avec du point de vue de Ces modes de coopérations informels, présents à travers internet. Alors même qu’il considère la construction des diplômes et des dans nos gestes et nos paroles, sont plus impor- les effets de l’invention de l’imprimerie sur les référentiels de compétences. tants pour œuvrer collectivement que n’importe relations de travail en ateliers, l’auteur évacue quel règlement formel ou autre protocole écrit. rapidement de sa réflexion les bouleversementsLettres béninoises Or, si les capacités et les compétences en matière qu’induisent inévitablement l’échange simultanéNicolas BAVEREZ de coopération sont nécessaires et complexes, la d’information sur notre rapport à l’autre et sur société moderne contribuerait à les diminuer en notre manière de collaborer.Éditions Albin Michel, 2014, 186 pages affaiblissant l’importance des rituels collectifs au25.60 francs, ISBN 978-2-2262-5469-6 profit d’un fonctionnement davantage centré sur «Ensemble» a pourtant le mérite de proposer l’individu. une éthique de la coopération dans une société En 2040, le nouveau directeur du FMI, globalisée qui contraint les individus à vivre et à un béninois, arrive à Paris, capitale d’un La première partie du livre s’attache à décrire interagir avec ceux qui sont différents de par leur pays en pleine débâcle économique, les nombreux rituels de la vie quotidienne et des culture ou leur origine sociale. pour organiser l’aide internationale. affaires politiques et économiques. Sennett ana- Sennett critique le repli communautaire qui ré- L’auteur de cet ouvrage de fiction, lyse comment ils établissent un équilibre entre duit la solidarité à un «nous-contre-eux» que l’on journaliste économique, emprunte coopération et compétition qui sont deux facettes retrouve par exemple dans le rejet des étrangers au genre épistolaire pour raconter ce majeures des relations humaines. Ces rituels ont et de leur mode de vie. Enfin, ce livre s’inscrit que l’on pourrait appeler, si on le suit, évolué depuis la Réforme en raison particuliè- dans le projet homo faber de l’auteur, baptisé ainsi le déni français. rement de la diffusion d’un éthos de la civilité pour défendre l’idée que l’Homme est son propre instaurant une attitude de retenue dans les rela- auteur, un fabricant de vie à travers des pratiquesPaolo Renati tions que nous entretenons avec nos partenaires concrètes. Ce noyau éthique remet en questionFlavio GRANITO d’interactions. la valeur occidentale de l’autonomie personnelle La deuxième partie de l’ouvrage traite de la associée à l’idée que l’individu autosuffisant estÉditions Baudelaire, 2014, 186 pages manière dont la coopération est fragilisée dans libre et que les liens sociaux engendrent une dé-25 francs, ISBN 979-1-0203-0248-9 nos sociétés contemporaines occidentales. Tout pendance. Au contraire de l’autonomie qui consti- d’abord, l’accroissement des inégalités socio-éco- tue une liberté «négative», sans les autres, l’inter- L’auteur, ingénieur dans le domaine de nomiques au sein d’une population a pour consé- dépendance qui favorise coopération et entraide la microtechnique, passionné de littéra- quence une diminution des liens de sociabilité peut être vue comme une liberté positive, avec ture, possède un talent d’écriture. Voici et une augmentation de la dépendance aux ob- les autres, permettant aux humains de mieux vi- son premier roman, un polar mettant jets. Ensuite, l’essor d’un capitalisme flexible agit vre. Nous ne pouvons être libre qu’ensemble.  en scène un ancien flic borderline en proie à la dépression qui quitte Mar- seille et ceux qu’il aime, pour atterrir à Bordeaux. Mais voilà, on a beau fuir, le passé souvent resurgit…Business and the Meeting of Westernand Asian CivilizationsDaniel HABERÉditions de L’Harmattan, 2014248 pages, 42.20 francsISBN 978-2-3430-2278-9Un des défis majeurs auxquels managers et dirigeantssont confrontés est le saisissement des signaux faibles dumonde dans lequel ils vivent. Un monde où des informationsde plus en plus abondantes déferlent… Comment lesanalyser, en rendre compte pour mieux s’en servir est ceà quoi s’emploie l’auteur de cet ouvrage.

PAGE . Indices | | Février 2014 | Les livres par HEG-ArcPhoto Pascal Deloche Lytta Basset Comprendre le débat européen Michel DÉVOLUY Professeure de théologie à l’Université de Neuchâtel 1950-1960. Enfance en Polynésie française. Éditions du Seuil, 2014, 158 pages, 10.90 francs 1971. Maîtrise de philosophie à l’Université de Strasbourg. ISBN 978-2-7578-3659-0 1986. Pasteure de l’Église protestante de Genève. 1993. Doctorat en théologie à l’Université de Genève. L’ouvrage remet en perspective 1998. Professeure de théologie aux Universités de Lausanne puis de Neuchâtel. le projet européen en perspec- tive depuis les premières idées auLa fin de la culpabilité 18e siècle notamment jusqu’à la L ytta Basset est doyenne de la Faculté de théologie déclaration du 9 mai 1950. Histoire de l’Université de Neuchâtel où elle est profes- de relations justes entre nous… et du coup, elle produit du fruit et atouts de l’Union européenne for- seure de théologie pratique. Elle a été auparavant dans nos vies personnelles. ment les deux premiers chapitres de pasteure de l’Église réformée à Genève. Elle est l’opus. S’ensuit un chapitre central auteure d’une quinzaine d’ouvrages dont Aimer Votre livre est donc une invitation à porter un autre regard sur mettant l’accent sur le besoin ardent sans dévorer (2010), Au-delà du pardon. Le désir de l’humanité? de revivifier l’idée européenne à tourner la page (2006), Culpabilité, paralysie du cœur (2003) ou travers les institutions pour plus de encore Sainte colère, Jacob, Job, Jésus (2002)… Dans son ouvrage Oui, j’ai à cœur de réhabiliter l’être humain. Ce qui m’inspire démocratie (chap. 3), condition de de 2002, elle défend l’idée qu’une foi adulte et personnelle ne particulièrement, c’est le récit où Jésus s’invite chez Zachée, un la formation d’une véritable identité européenne (chap. 4). se construit que par la colère. Madame Basset dirige en outre la «collabo» des autorités romaines montré du doigt parce qu’en Deux autres chapitres ferment l’ouvrage qui abordent des revue internationale de théologie et de spiritualité «La Chair et récoltant les impôts pour l’occupant, il s’en mettait plein les controverses comme autant de sujets qui parfois fâchent, par le Souffle». Interview. poches (Lc 19,1-10). Or, Jésus, de passage dans sa ville, l’ayant exemple la monnaie unique, pour finalement poser la seule aperçu lui demande l’hospitalité: il se montre assoiffé de rela- question qui vaille en économie: pour qui? Voici un petit Vous contestez le dogme du péché originel: pourquoi? tion. Or, il ne fera pas la moindre allusion aux malversations ouvrage éclairant pour des citoyens européens en proie au de Zachée. Celui-ci le reçoit tout joyeux et décide alors de lui- doute quant à la pertinence et à la solidité du projet d’union. Lytta Basset: Parce qu’il ne se trouve ni dans la Bible ni dans même de réparer ses torts… et Jésus s’émerveille de son «re- Pris entre des discours renvoyant à des débats techniques ou le christianisme des quatre premiers siècles (jusqu’à St. Augus- tour» à l’Autre, aux autres. La foule, malveillante à l’égard de à des appels émus à la raison, les dits citoyens ne s’y retrou- tin, son inventeur) et parce qu’il a plongé tout l’Occident chré- Zachée, l’est désormais aussi à l’égard de Jésus. C’est donc le vent en effet pas. Peut-être un tel ouvrage leur permettra de tien pendant plus de 15 siècles dans la culpabilité, la peur de regard bienveillant de Jésus sur son être qui a éveillé en Za- se situer face aux enjeux de taille. l’enfer et le sentiment d’indignité. Que nous soyons croyants, chée son sens des responsabilités. L’atmosphère de méfiance qui agnostiques, athées ou indifférents, ce dénigrement radical de règne dans nos sociétés aujourd’hui est à mes yeux le fruit de Un destin d’européen. De l’utopie à l’espérance la nature humaine habite notre inconscient collectif; il continue siècles de culpabilisation. Or, personne ne bouge, ne grandit, ne Georges BERTHOIN, Entretiens avec Gérard D. KHOURY à faire des ravages dans notre vie quotidienne… et, sous cou- se responsabilise tant qu’on le soupçonne systématiquement du et Danièle SALLENAVE vert d’objectivité, jusque dans les sciences humaines, dans nos pire et qu’on ne s’attend à rien de bon de sa part. pratiques sociales et surtout dans nos méthodes éducatives: la L’Evangile s’inscrit en faux contre le pessimisme désespérant Éditions Albin Michel, 2014, 240 pages, 32.30 francs violence éducative, cautionnée et encouragée pendant des siè- dont on a plus tard affublé le christianisme. Jésus, lui, incar- ISBN 978-2-2262-5374-3 cles – seul moyen de «redresser» l’enfant dès le berceau! – reste nait par toute sa manière d’être, sa conviction que chaque être largement un sujet tabou malgré les chiffres effarants de la mal- humain a été créé capable de «répondre» à l’Autre, donc de Directeur de cabinet du père de traitance. Voilà un héritage religieux non digéré qui encombre devenir «responsable» (il s’agit de la même racine). Personne l’Europe Jean Monnet de 1952 à 1955, notre culture et nous interdit l’accès au pays de la bienveillance n’est par nature bon ou mauvais. C’est la bienveillance, et non Georges Berthoin est un européen à l’égard de nous-mêmes et d’autrui. la culpabilisation qui me sensibilise à ma liberté de dire «je» de la première heure. L’ouvrage offre et d’agir en conséquence: il suffit d’un regard bienveillant sur notamment des portraits saisissant En quoi votre approche touche-t-elle la question du vivre-ensemble? mon être – quoi que j’aie pu faire, subir, ou laisser faire et je d’hommes des décennies post-seconde (re)commence à avoir envie de me responsabiliser. Pourquoi ne guerre mondiale. À lire au moment où J’ai toujours entendu les textes bibliques, y compris les évan- pas oser la bienveillance, juste pour voir si cela n’améliorerait des lézardes apparaissent sur l’édifice giles, comme une invitation à vivre intensément des relations pas le vivre-ensemble?  inauguré dans les années 1950. de respect avec les autres et, indissociablement, avec soi-même. Interview par Alain Max Guénette, Ce qui retentit dans toute la Bible, c’est l’appel à revenir à la IMSI, HEG Arc Pivots, Patterns, and Intraday Swing Trades relation – revenir aux autres et au Tout-Autre. Voilà pourquoi Derivatives Analysis with the e-mini and Russell le «péché» signifie exclusivement la non-relation, le repli sur Oser la bienveillance Futures Contracts (+ Website) soi, l’enfermement – et certainement pas une nature mauvaise Lytta BASSET William M. SCHEIER et corrompue dès le sein maternel. On voit bien que les conseils d’Ami qui y sont donnés favorisent tous le vivre-ensemble: les Éditions Albin Michel, 2014, 422 pages Éditions John Wiley & Sons, 2014, pages, 89.60 francs Dix Paroles (le Décalogue) par exemple, sont des garde-fous 37.30 francs, ISBN 978-2-2262-5388-0 ISBN 978-1-1187-7579-0 destinés à rendre cette terre habitable dans la mesure où autrui est respecté – son corps, son couple, ses biens etc. Une parole de Voici un guide qui marie robustesse Jésus me paraît bien illustrer cela: «Cherchez d’abord le Royau- de contenu et finesse pédagogique, me de Dieu et sa justice, et toutes choses vous seront données en constituant de fait une ressource plus!» (Mt 6,33): la quête de Dieu est indissociable de la quête fiable pour les amateurs de calculs boursiers. Des modèles techniques Gestion d’entreprise: éloge de l’hétérarchie sont présentés et détaillés et des méthodologies innovantes expliquées. Éric Albert est l’auteur de plusieurs parvenue à résoudre un problème que véritable projet de l’ouvrage. Psychiatre L’auteur propose une approche ouvrages aux intitulés claquant comme des scientifiques dans des laboratoires de d’obédience comportementale, surfant permettant la création de repères de des mots d’ordre définitifs: Le mana- recherche du monde entier n’étaient pas sur la vague de la psychologisation (voir sorte à faciliter les décisions. ger est un psy (1998), Au lieu de motiver, arrivés à identifier; et puis, la victoire de page 37), surinvestissant le rôle des diri- mettez-vous à coacher ! (1999), N’obéissez Wikipedia sur Encarta. S’appuyant sur geants,… l’auteur n’est pas à une contra- Cryptologie et mathématiques plus! (2001), etc. Il s’intéresse au stress des bonnes et des mauvaises pratiques de diction près. À consommer sans modéra- Une mutation des enjeux des collaborateurs d’entreprises et fustige management, l’auteur revisite alors les tion de sens critique.  Marie-José DURAND-RICHARD, Philippe GUILLOT (Dir.) les certitudes managériales sur lesquelles pratiques de la motivation et de l’engage- Alain Max Guénette reposent les croyances des dirigeants et ment. En deux idées essentielles: oser la Éditions de L’Harmattan, 2014, 310 pages managers. confiance et partager le pouvoir, de sorte Partager le pouvoir, 44.80 francs, ISBN 978-2-3430-2522-3 «Les valeurs, le rapport au travail, la rela- à donner envie aux personnes de s’inves- c’est possible tion à l’autre, la façon de s’investir, la pro- tir dans leur travail. Éric ALBERT Installée au cœur des mathématiques, jection dans le temps, tout évolue», écrit Les ouvrages de cet auteur présentent gé- la cryptologie, soit la science des d’emblée Albert. L’idée essentielle qui néralement des passages stimulants mal- Éditions Albin Michel secrets, est récemment devenue une traverse son ouvrage est qu’il convient gré l’absence d’une véritable théorisation. 2014, 196 pages discipline académique. Les appli- de prendre en compte l’évolution socié- Son nouvel ouvrage n’échappe pas à la 29 francs cations pratiques sont de plus en tale majeure que constituent les réseaux limite liée à la juxtaposition de vignet- ISBN 978-2-2262-5476-4 plus importantes – cartes bancaires, interconnectés. Deux anecdotes servent tes – i.e. de situations – qui lui servent à opérations en ligne, télécoms, etc. – et d’exemples, comme des preuves: celle poser des diagnostics et tracer des pistes la question de la sécurité des systèmes où la communauté des internautes est pour la «refondation des entreprises», devenue prégnante. Cet ouvrage analyse une véritable mutation. Vino Business Isabelle SAPORTA Éditions Albin Michel, 2014, 230 pages, 32.30 francs ISBN 978-2-2262-5479-5 Voici un Dallas, Iliade ou Odyssée comme on voudra, bref une épopée en or rouge! L’auteure du Livre noir de l’agriculture (2011) porte son dévolu journalistique sur les terroirs de la viticulture française, où derrière les étiquettes prestigieuses des plus grands vins se jouent rivalités et haines viscérales, intrigues et coups bas. Libraire conseil: Payot Neuchâtel

PAGE . Indices | | Février 2014 | La Chronique de François-Serge LhabitantMarchés émergents: un air de déjà vuA lors qu’ils étaient perçus il y a peu comme les futurs piliers de se, je sais que j’ai raison. Les pays émergents Les capitaux des scandales de corruption, le Venezuela et l’Ar- l’économie mondiale, les mar- d’aujourd’hui sont-ils différents de ceux d’hier? se sont retirés gentine doivent dévaluer pour des raisons écono- chés émergents sont devenus Certes, ils semblent avoir des avantages struc- aussi vite qu’ils miques, la Chine ralentit et cherche à endiguer en quelques mois les parias du turels dont ils ne bénéficiaient pas il y a dix ou affluaient. une crise de crédit, l’Afrique du Sud a du mal à système financier. Les capitaux vingt ans. En particulier, (a) ils ont accumulé des En provoquant faire face au niveau record du déficit de sa ba-se sont retirés aussi vite qu’ils affluaient, provo- excédents considérables ce qui leur donne une au passage des lance courante, la Russie traverse une période dequant au passage des dévaluations importantes marge de manœuvre budgétaire importante; (b) dévaluations stagflation (faible croissance et inflation), etc.de devises, la chute de nombreux marchés d’ac- leur part dans la production de richesse mondiale importantes A notre avis, tous ces évènements sont certestions, et la hausse massive des taux d’intérêt par a fortement augmenté; et (c) leurs systèmes fi- de devises. importants, mais restent secondaires. Le véri-les banques centrales tentant d’enrayer la chute nanciers sont bien plus libéralisés et dérégulés table problème est double. D’une part, les pays– sans succès jusqu’ici. qu’il y a dix ou vingt ans. Mais le résultat de leur émergents sont tous des victimes collatérales duPour certains investisseurs, nourris à l’illusion du plus grande ouverture est qu’ils ont été nourris virage monétaire de la Fed. Et nous n’en som-succès découplé des BRIC (Brésil, Russie, Inde, depuis 2008 au biberon de la Fed, c’est-à-dire mes qu’au tout début du virage! D’autre part, etChine), la situation est nouvelle et choquante. grâce à des injections massives de liquidités. Les c’est le point le plus important, un grand nombrePour d’autres, plus jeunes et éternels optimistes, investisseurs des pays développés à la recherche de pays émergents n’ont pas su diversifier leursles BRIC sont has been et le futur appartiendrait de rendement ont massivement investi dans lesdésormais aux MINT (Mexique, Indonésie, Ni- pays émergents, et en particulier dans leur dette Beaucoup de pays n’ont pasgéria, Turquie). Pour les plus vieux d’entre nous, et dans leurs actions. En quelque sorte, l’argent su diversifier leurs sourcesil flotte un air de déjà vu dans cette situation. de la Fed finissait par aller dans les pays émer- de revenus et améliorerLes marchés émergents sont tout simplement ré- gents, puisque les obligations américaines ne leur compétitivité.gulièrement en situation de crise. Qui se souvient rapportaient plus rien. Ces flux massifs de fondsqu’en 1991, l’Inde avait dû transporter physique- ont entraîné une hausse des cours des actions et sources de revenus et améliorer leur compétiti-ment par avion et remettre en garantie 47 tonnes obligations, ce qui a attiré encore plus d’inves- vité. Lorsque l’argent affluait, cela n’était pas und’or à la Banque d’Angleterre et 20 tonnes d’or tisseurs. Et tout le monde était content! Quand problème. Mais aujourd’hui, ils combinent unà l’UBS pour obtenir un prêt de 600 millions de la musique a changé et que la Fed a évoqué une gros déficit de leurs comptes courants avec desdollars? Qui se rappelle encore qu’en 1998, la Rus- possible réduction du rythme de rachats d’actifs, difficultés à se financer et une inflation crois-sie avait dévalué le rouble de 35%, décrété un mo- le flux s’est inversé. Les rendements des bons du sante. Leurs fragilités structurelles sont visibles,ratoire unilatéral sur sa dette extérieure, et forcé Trésor américain sont repartis à la hausse et les et elles inquiètent les investisseurs ainsi que lesses épargnants à convertir leurs dollars en rouble liquidités ont commencé à refluer des émergents populations locales – à juste titre. D’autant plusà un taux de change inférieur à celui du marché? vers les obligations et les actions américaines. On qu’il faudra au mieux plusieurs années pour lesAvez-vous oublié qu’en 2001, l’Argentine, alors connaît la suite: une seule porte de sortie, et plus résoudre. confrontée à une crise de sa dette et à des fuites de aucun acheteur pour soutenir les cours.capitaux, avait décrété un gel des comptes bancai- Certains affirment que la crise actuelle dans les François-Serge Lhabitant est Professeur de Finance à l’EDHECres et fait défaut sur sa dette extérieure? Et nous pays émergents n’est pas systémique, mais serait Business School.L’article ne reflète que les vues personnelles depourrions citer bien d’autres cas… plus liée à des problèmes spécifiques et différents l’auteur.«Cette fois-ci, c’est différent». Chaque fois que qui seraient arrivés simultanément, un peu parj’entends quelqu’un m’opposer cette répon- hasard. L’Ukraine et la Thaïlande sont en pleine crise politique, la Turquie est embourbée dansFrançois Savary OpinionDirecteur des Investissements, Groupe ReylLa Banque Centrale la plus stupide du monde?La BCE continue à N’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, vigueur excessive de l’euro sont loin d’être sans surprendre. Qu’a-t-on à gagner à attendre unignorer l’environnement la Banque Centrale Européenne a donc décidé de intérêt. En effet, le phénomène est certainement mois supplémentaire pour agir si, comme les pro-de guerre des monnaies laisser sa politique monétaire inchangée à l’issue une des raisons qui expliquent la faible reprise pos de M. Draghi semblent l’indiquer, une baissequi prévaut depuis de sa dernière réunion. Qu’importe que l’inflation économique européenne d’une part et des des taux ou tout au moins une action plus ac-quelques années et dont globale continue de fléchir dans la zone euro, la perspectives d’accélération de cette dernière qui commodante sont de l’ordre du possible au coursla devise européenne BCE se réfugie derrière le fait que celle hors éner- doivent demeurer modérées d’autre part. des prochains mois? Pourquoi ne pas agir deest la première victime. gie donne des signes de stabilisation. Qu’importe En cela, le ministre français à raison de pointer manière plus franche et arrêter avec ce sophisme que la dévaluation de certaines monnaies émer- du doigt la négligence «coupable» de la banque qui voudrait que l’euro fort sanctionne la santé gentes au cours des dernières semaines renforce centrale, surtout lorsque l’inflation annuelle flirte de l’économie européenne. Si certains ont pu se le risque déflationniste en Europe en favorisant péniblement avec les 0,7%. laisser berner à ce sujet avant la crise de 2008, une nouvelle fois une vigueur excessive de l’euro Toutefois, ce qui est plus grave encore c’est le leur nombre a très certainement diminué au cours sur le marché des changes. danger déflationniste que la force de l’euro fait des dernières années, très légitimement si l’on M. Draghi et ses collègues continuent à ignorer peser sur l’économie européenne à moyen terme. en juge par la situation économique européenne l’environnement de guerre des monnaies qui Alors que cette dernière se situe sur le fil du qui, malgré des signes d’amélioration, reste bien prévaut depuis quelques années et dont la rasoir en ce qui concerne l’évolution du niveau morose en comparaison internationale. devise européenne est la première victime, général des prix, l’émergence d’une déflation Il est à espérer que les membres de la BCE si l’on considère la faiblesse excessive du dollar, franche serait une catastrophe pour l’Europe. reviendront à de meilleurs sentiments et agiront la politique de dépréciation du yen voulue Nul ne peut en effet souhaiter que cette dernière courageusement lors de la prochaine réunion par le gouvernement Abe et la chute des devises suive la voie empruntée par le Japon depuis du conseil de la BCE en adoptant une politique émergentes alimentée par de nouvelles craintes 1991. En raison de l’importance de l’endettement monétaire plus souple. des investisseurs. privé et publique, la déflation serait le pire des Restons néanmoins réalistes. N’oublions pas Nous n’avons pas d’inclinaison particulière pour scénarios pour l’économie européenne. qu’au cours des dernières années la Banque Arnaud Montebourg et son activisme verbal en Il faut donc bien avouer que le manque de réac- Centrale Européenne a trouvé le moyen de faveur du retour du «made in France», mais il tion de M. Draghi et de ses collègues lors de la relever ses taux au pire moment et contre faut reconnaître que ses propos récents sur la dernière réunion du conseil de la BCE a de quoi toute logique, à deux reprises au moins! 



PAGE . Indices | | Février 2014 |matières premières Le cœur du métier de négociant en matières premières résulte de l’adaptation continuelle à un monde qui change sans cesse.Yves Simon / Professeur de Finance, Université de Paris Dauphine Pour cerner les contours d’unsecteur en constante évolutionL e métier de négociant a beaucoup évolué depuis le milieu des années s’étendre au monde entier. L’innovation ne s’est plus sensible avec le CFTC Act de 1973. Peu cri- 1980. L’évolution s’est accentuée pas cantonnée aux marchés boursiers. A partir tiquable, cette loi a rendu les marchés plus trans- depuis 2005, mais les aspects fon- de 1985-1990, les dérivés négociés sur les mar- parents et accru la sécurité des transactions et des damentaux demeurent aujourd’hui chés de gré à gré touchèrent les matières premiè- opérateurs. res. Les options, swaps, caps, floors et collars se Avec Bâle 3, la loi Dodd-Frank et EMIR, la ré- ce qu’ils étaient in the good old développèrent, avec moins d’intensité que dans glementation change de dimension. Pour les né-times. En achetant des matières premières sur les les marchés financiers, mais se développèrent gociants, l’impact de la réglementation bancairelieux de production pour les vendre sur les lieux malgré tout. L’innovation financière est allée fut indirect, mais immédiat. Les banques ont ende consommation, le négociant contribue à une très loin avec les placements des investisseurs effet réduit les crédits qu’elles accordaient pour lemeilleure allocation des ressources. Il le fait en long only, les investissements des index traders financement des opérations de négoce. La situa-opérant sur le marché des produits physiques et et la création des ETF/ETC adossés à des matiè- tion fut très tendue et ne s’est débloquée qu’avecen couvrant les risques qu’il prend par des tran- res premières. Autres tendances à long terme, la les deux LTRO de 500 milliards d’euros chacune.sactions sur les marchés dérivés. concurrence entre les négociants, la compétence Le problème du financement des opérations deEn 1973, les céréales et les oléagineux étaient les de plus en plus pointue des producteurs/ven- négoce n’est pas pour autant structurellementprincipales matières premières négociées. Entre deurs et des utilisateurs/acheteurs de matières réglé. Les négociants vont devoir trouver de nou-1974 et 1980 ont émergé les marchés spot de pro- premières eurent pour conséquence de réduire velles modalités de financement.duits pétroliers et de pétrole brut. Les transactions les marges des négociants. Dans l’ambiance actuelle de re-réglementation,sur ces marchés n’allaient pas tarder à surpasser les banques ont réduit leurs opérations sur lesles volumes échangés sur les autres matières pre- Pour stabiliser leurs résultats et leurs mar- marchés physiques. Elles ont même annoncémières. La progressive dislocation de l’OPEP ges, les sociétés de négoce ont acquis des actifs qu’elles cherchaient à vendre leurs actifs adossés allait «ouvrir un boulevard» industriels et logistiques. Cette intégration par à des matières premières. Un grand vide. Qui va aux négociants qui se spéciali- l’aval et l’amont les expose toutefois à deux ris- les acquérir et que vont devenir les activités quiL’essor des marchés saient dans le négoce des pro- ques: celui de faire évoluer le style de leur mana- leur sont associées? Les nouveaux propriétairesphysiques de matières duits énergétiques. L’essor, à gement et celui de perdre en flexibilité ce qu’elles auront-ils la culture du risque et le savoir-fairepremières a jouxté la partir de 1978, des marchés ont gagné en sécurité. Cette intégration a pour des grandes banques?révolution des marchés à terme sur le fioul, l’essence, dernière conséquence d’accroître leurs besoins de Dernière «anecdote». En septembre 2012, le rôledérivés financiers. le brut et le gaz permettait financement à long terme. C’est un nouveau défi. des négociants opérant dans l’énergie a conduitL’innovation ne s’est à de nouveaux opérateurs Comment le régler? Par l’introduction en bour- le Gouverneur-adjoint de la Banque du Canada financiers (fonds d’investis- se? L’endettement à long terme? Le recours aux a évoquer le risque systémique! Mais où sont les sement, hedge funds, arbi- fonds souverains? effets de levier et le shadow banking qui pour-pas cantonnée aux tragistes, «raffineurs de Wall La prise de contrôle en 1981 de J. Aron par Gold- raient justifier un tel risque? Street») d’intervenir sur ces man Sachs a marqué l’irruption des banquesmarchés boursiers. marchés. Ce formidable ap- d’investissement dans les matières premières, pas Le degré d’exigence de la société civile est de- port de liquidité au profit des seulement le négoce des instruments financiers puis longtemps très élevé. La demande formulée opérateurs qui cherchaient à adossés aux commodities, mais celui des produits aux négociants d’avoir un comportement éthiquecouvrir leurs risques de prix avait cependant un physiques. Les négociants n’étaient plus seuls à est légitime. Il n’y a rien à redire. La transparencerevers. Avant 1974, les négociants étant les prin- jouer dans la cour des grands. Dans leurs activi- est une autre exigence. Elle n’a pas toujours étécipaux opérateurs sur les marchés de futures, les tés sur les marchés physiques, les banques ne du- le point fort des négociants, mais les choses ontdéterminants des prix à terme étaient fondamen- pliquaient pas exactement le métier des sociétés beaucoup changé. De nombreuses sociétés detalement associés aux marchés physiques. Depuis de négoce, mais elles participaient au tour de ta- négoce sont désormais cotées en bourse et les exi-1985, les volumes initiés par les négociants aug- ble et leurs objectifs n’étaient pas nécessairement gences règlementaires dans ce domaine sont trèsmentent, mais le poids relatif de ces opérateurs ceux des négociants. fortes. Par ailleurs, les négociants non cotés, maisdiminue au profit des opérateurs financiers. Non seulement les acteurs se diversifiaient, mais désireux de se financer par de la dette à long ter-La même évolution fut constatée sur les métaux le monde s’ouvrait et la concurrence s’intensi- me, sont contraints de révéler aux investisseursavec l’émergence du marché à terme de l’alu- fiait. De nouveaux producteurs apparaissaient. leur situation financière. Certes, tous les négo-minium, la perte d’influence des grands pro- De nouveaux clients se manifestaient, dont les ciants ne sont pas cotés en bourse et ceux qui neducteurs et le développement des transactions besoins allaient devenir supérieurs à ceux des le sont pas ne font pas tous appel à de l’endette-initiées par des intérêts financiers sur tous les dé- pays développés. Comment y faire face? ment, mais ceux qui ne sont ni cotés ni endettés àrivés de métaux non ferreux. Ce qui était vrai de La financiarisation des matières premières ne fut long terme sont peu nombreux.l’énergie et des métaux le fut de toutes les autres pas le seul facteur d’évolution. La règlementation Le degré d’exigence de la société civile est trèscommodities. en est un autre. Bien qu’indirect, son impact est élevé, mais il devrait être conditionné à uneCette évolution des marchés physiques de matiè- significatif depuis 2008. bonne connaissance du métier de négociant. Telres premières a jouxté la révolution des marchés Les négociants ne sont pas régulés en tant que est l’objectif des différentes contributions de cedérivés financiers avec l’émergence à Chicago tels, mais les marchés dérivés qui sont indispen- magazine. Elles permettent de mieux cerner leentre 1975 et 1981 des contrats à terme adossés sables à leur activité le sont. Sans être vraiment visage et les contours d’un secteur en permanenteà des instruments financiers, révolution qui allait contraignante, la règlementation est devenue évolution. 



PAGE 10. Indices | | Février 2014 | Matières premièresThème Le rôle des marchands Une bonne compréhension du secteur suisse du négoce et de l’affrètement est vitale pour en déchiffrer les défis.Le négoce de matières premières:une activité mal appréhendée tée et contribuerait à 3,5% du PIB, plus que le besoins accrus en financement bancaire consécu- tourisme (2,7%) ou l’industrie pharmaceutique tifs à la hausse du prix des matières premières a Stephane Graber (3,3%). «Selon les estimations, quelques 500 en- renforcé encore la nécessité pour les marchands treprises et plus de 10.000 personnes œuvrent d’accroître leur crédibilité et de garantir leurLSecrétaire général, GTSA dans ce secteur1». En tenant compte de l’impact bonne réputation. Cette volonté s’est traduite e commerce de matières premières induit, l’emploi total généré par ces sociétés en par l’établissement de codes de conduite contrai- est une activité présente en Suisse Suisse s’élèverait à plus de 27.300 postes2. Pour gnants enseignés à tous les employés et l’essor des depuis le Moyen-âge grâce à sa le seul canton de Genève, la contribution du départements de contrôle interne. Ils ont égale- position géographique avantageu- secteur à titre d’impôts avoisinerait les 400 mil- ment intensifié leur dialogue avec les producteurs se à la croisée des routes commer- lions et bien davantage si les impôts des banques via des plateformes multipartites ainsi que des ciales en Europe. Pourtant le rôle actives dans le financement de cette activité partenariats avec les communautés, les coopéra-des marchands reste encore méconnu, car ils ne étaient prises en compte. tives de producteurs, les organisations interna-sont pas en contact direct avec le consommateur La Suisse occupe la première place dans le tionales et les ONG locales.final. commerce international de plusieurs matières premières (cf. le graphique ci-dessous), mais éga- A ces mesures s’ajoute un réseau de légis-L’histoire nous apprend l’importance déter- lement dans l’inspection, la certification et le lations suisses et internationales formant unminante des négociants pour garantir aux pro- financement. Cette réussite est la combinaison cadre légal de plus en plus dense et complexeducteurs un accès aux marchés et aux clients un de facteurs historiques, d’une expertise locale qui s’exprime au niveau des matières premièresaccès à la ressource. La chaîne de valeur des ma- reconnue internationalement, ainsi que de la traitées, des activités déployées et des différentstières premières implique une très large variété compétitivité et de l’ouverture de la Suisse dans pays dans lesquels opèrent les sociétés de négoce,d’acteurs tels que: états, sociétés extractives et l’économie mondiale. à commencer par les législations américaines etminières, exploitations et coopératives agricoles, européennes auxquelles elles sont soumises denégociants, sociétés maritimes et transporteurs, Les activités des négociants dépendent facto. Pour les principaux acteurs du secteur, ceindustries de transformation, assureurs et ban- étroitement de l’évolution des échanges com- ne sont pas moins de 70 autorités réglementairesques de financement du commerce. Dans un merciaux internationaux. La croissance du sec- qui supervisent et contrôlent leurs activités.monde en constante évolution et de plus en plus teur ces dix dernières années est le reflet de la Il faut également mentionner le rôle détermi-globalisé, une bonne compréhension de la fonc- globalisation de l’économie qui a favorisé le dé- nant joué ces dernières années par les négociantstion des négociants dans cette chaîne de valeur veloppement des BRIC et l’essor phénoménal dans l’essor de produits équitables, dont l’actionest essentielle pour appréhender correctement du commerce international. Cette augmentation est essentielle en matière de promotion et diffu-les défis auxquels elle est confrontée. exceptionnelle de la demande est à l’origine du sion, d’adaptation des circuits logistiques et deParce que les matières premières sont inégale- «supercycle» des matières premières. formation des producteurs. De tels efforts nement réparties dans le monde, le négoce consiste Les économies en développement, particuliè- peuvent toutefois se concrétiser qu’avec la de-à en équilibrer l’offre et la demande par des opé- rement l’Asie, ont d’énormes besoins dans tou- mande du consommateur, qui trop souvent faitrations de transport, d’entreposage et de trans- tes les catégories de matières premières. L’Asie défaut, à l’exception de matières premières com-formation. Il joue un rôle essentiel entre produc- investit fortement dans ses outils de produc- me le café, le cacao ou l’huile de palme.teurs et consommateurs en tant qu’organisateur tion qui attirent progressivement un éventailde la chaîne de valeur. Dans une économie mon- plus large de qualités de matières premières. Le Une compétition accrue existe entre lesdialisée où les flux s’intensifient et se complexi- négoce, dont c’est le rôle, se retrouve en premiè- principaux centres de négoce dans le monde.fient, le négociant doit assurer un relai en ma- re ligne pour développer ces nouveaux flux, de Pour défendre cette source de richesse pourtière d’accès à l’information, à la liquidité, aux nouvelles routes commerciales et satisfaire cette notre pays et nos emplois face aux appétits deoutils de crédit et de contrôle du risque, entre des demande en termes de volumes additionnels Londres, Dubaï ou Singapour, il est impératifagents économiques aux expertises différentes. Il et de diversité qualitative, contribuant ainsi à pour la Suisse de maintenir sa compétitivité éco-devient ainsi l’interface entre tous les niveaux de l’essor de sa propre activité économique. nomique et son expertise tout en favorisant lala chaîne logistique et facilite la réalisation des promotion de bonnes pratiques. Genève offretransactions par la gestion des risques opération- L’essor significatif du négoce de matières pre- une plateforme multipartite unique pour la ré-nels et commerciaux. Ce service est réalisé et mières en Suisse a suscité un intérêt accru pour flexion et l’amélioration de la gestion des matiè-déployé en Suisse par les sociétés de négoce en cette branche, révélant un décalage entre la per- res premières au plan international dans le res-s’appuyant sur une expertise locale et une main- ception de ce secteur et son fonctionnement réel. pect des impératifs commerciaux du secteur etd’œuvre multiculturelle et multilingue. En pleine réflexion sur la transparence et la res- dans la prise en compte de tous les acteurs deLa parution du rapport sur les matières premiè- ponsabilité sociale des entreprises, les sociétés de la chaîne de valeur: consommateurs, sociétés deres du Conseil fédéral en mars 2013 a révélé le négoce sont parfaitement conscientes des enjeux transformation, négociants, producteurs et états.poids économique de ce secteur en Suisse. Il se et se sont engagées proactivement dans l’amé- C’est pourquoi le secteur au travers de GTSAcaractérise par des emplois à haute valeur ajou- lioration volontaire de leur gouvernance. Les soutient activement le dialogue multipartite sur des mesures volon-LA RÉGION LÉMANIQUE DANS LE COMMERCE MONDIAL DES MATIÈRES PREMIÈRES taires initié par les autorités suisses.  5% 10% 15% Autres 5% Autres Amériques New York 15% 35% 20% 35% (1) Rapport de base: Ma-S5i%ngapour (USA & Brésil) Singapour Arc Autres Arc tières premières, rapport de lémanique 10% lémanique la plateforme interdéparte- 50% 15% 50% Europe mentale matières premières Arc Paris Arc à l’intention du Conseil1Zu0r%ich lémanique lémanique 20% Fédéral. (2) Estimation qui New York s’appuie sur le multipli- 20% 20% & Houston 15% cateur de l’emploi de 2,6 Hambourg Londres Amériques 20% 25% Londres Singapour calculé par l’institut Créa CAFÉ SUCRE PÉTROLE CÉRÉALES, RIZ ET OLÉAGINEUX dans le cadre de l’étudeSource: GTSA mandatée par le Canton de Genève en décembre 2012.

PAGE 11. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le rôle des marchandsNégoce et fret: piliers de l’économie suisse David Fransen années. Nous espérons que cela mènera à une le secteur civile et le public en général. Ainsi au travers de meilleure compréhension de notre secteur, qui représente GTSA, le secteur contribue significativementLPrésident, GTSA au cours du dernier siècle est devenu un pilier autour de 3,5% au programme d’éducation de l’Université de a Suisse, et Genève en particulier, important de l’économie de la région lémanique du produit Genève, qui a pour objectif principal le dévelop- s’est imposée ces dernières décen- et plus généralement de toute la Suisse. intérieur brut pement des talents locaux qui souhaitent travailler nies comme une plateforme in- La croissance et l’engagement de la Suisse dans de la Suisse dans cette industrie. Le secteur des matières pre- ternationale pour les sociétés de l’industrie du négoce et de l’affrètement sont Aujourd’hui. mières est enraciné dans l’économie suisse depuis négoce de matières premières et liés à un environnement politique et économi- des décennies. En encourageant une formation d’affrètement. Par nature, notre que stable, à la proximité des banques finançant professionnelle accessible localement, nous per-activité consiste à transporter physiquement des le négoce et à l’ouverture traditionnelle du pays mettons aux jeunes de mieux pouvoir envisagermatières premières d’un point du globe à l’autre, envers les marchés internationaux. Comme nous une carrière dans ce domaine stimulant.afin de fournir à l’économie mondiale les ressour- pouvons l’observer facilement dans le dévelop- Soutenir la formation afin d’employer des per-ces dont elle a besoin – que ce soit de l’énergie, pement du secteur technologique dans la Silicon sonnes qualifiées n’est qu’un des aspects béné-des aliments ou des métaux et des minéraux. Par Valley, les industries se développent générale- fiques pour la Suisse et la communauté gene-ailleurs, elle implique de garantir que le bon pro- ment selon des modèles d’interdépendances qui voise de notre secteur. Nous nous engageonsduit est au bon endroit au bon moment, ce qui améliorent les intérêts communs. Similairement, également à travailler avec les autorités suissesrelève d’un processus très complexe, nécessitant la région lémanique est devenue le centre d’undes connaissances techniques approfondies. Une grand nombre d’entreprises fournissant des ser- la région lémanique estcargaison d’essence ou une livraison de grain vices sur toute la chaîne de valeur, du négoce devenue le centre d’unn’est jamais comparable à une autre. Les carac- physique à l’affrètement, le financement du grand nombre d’entreprisestéristiques des produits varient et la logistique négoce, la logistique, l’inspection et la certifica- fournissant des services surimpliquée dans le transport à travers le monde tion des cargaisons, l’assurance et d’innombrables toute la chaîne de valeur.est influencée par une multitude de facteurs, tels services connexes. Aujourd’hui, le secteur repré-que le climat, la disponibilité et la distance que sente autour de 3,5% du produit intérieur brut sur des dossiers de la réglementation de certainsles produits ont à parcourir. de la Suisse, issu de près de 500 entreprises de marchés et de la transparence, afin de nous assu-Notre secteur a profité de ce numéro spécial matières premières situées dans la région. rer que la Suisse reste une place favorable auxd’Indices consacré au négoce de matières premiè- N’oublions pas non plus les avantages moins affaires en cohérence avec les standards glo-res en Suisse pour tenter de mieux expliquer ce visibles de la présence de notre secteur. Un bon baux. Nous espérons que notre participation àque nous faisons et comment. C’est pourquoi exemple, et d’ailleurs un signe fort de notre en- cette édition d’Indices contribuera davantage à cecette édition réunit des articles d’un nombre d’ac- gagement envers Genève, est la création en 2006 dialogue continu. teurs appartenant à notre industrie, dont certains de GTSA, l’association professionnelle du négocesont domiciliés dans la région depuis de longues et de l’affrètement, qui offre une plateforme de collaboration unique entre tous les acteurs de la branche et d’échange avec les autorités, la société 2014 TRADING FORUM COMMODITY MARKETS AT A TURNING POINT Business, social community and regulatory bodies analysis In a constant evolving commodity landscape, the Trading Forum is a unique opportunity to learn from experts and stakeholders. TUESDAY, MARCH 18 FER - GENEVA FÉDÉRATION DES ENTREPRISES ROMANDES 14:15 – 18:15 (followed by a networking cocktail) For detailed program and registration: www.internationaltrading.unige.chSponsored by:

PAGE 12. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le rôle des marchands EntretienMarco Dunand | Mercuria«Le négoce des matières premières est unvecteur de flexibilité et d’optimisation »enégocedesmatièrespremiè- res attire beaucoup d’atten- tion. Mais que comprend-on vraiment de la fonction de ce L secteur? Quelle est sa contri- Cette sophistication rend votre activité sensible à des risques très divers. Comment les gérez-vous? Par une consolidation des risques de chaque catégorie et de chaque région, y compris les bution économique? Quelles risques croisés entre matières premièrescompétences apporte-t-il? Pourquoi in- afin d’éviter les dangers du cloisonnementvestit-il dans des infrastructures apparem- d’une vision en silo. Les risques sont évaluésment si étrangères à son activité de base? par une équipe centralisée en Hollande quiEt quelle est sa place en matière d’éthique fixe les limites de trading. Et le respect deet de partage de la valeur? Marco Dunand, ces limites pour chaque trader est contrôléfondateur avec Daniel Jaeggi, du groupe de par des superviseurs indépendants.négoce pétrolier Mercuria nous répond. Vous avez acquis des infrastructures de typesEn quoi le rôle du négociant a-t-il évolué dans divers. Qu’apportent-elles à vos services?les dix dernières années ? Notre fonction est d’optimiser la chaîneLe rôle du négociant est d’apparier l’offre d’approvisionnement et donc d’en iden-à la demande, une fonction basée sur une tifier points faibles et goulots d’étrangle-information autrefois limitée. L’évolution ment. Lorsque nous percevons une ineffi-technique, celle de l’information et une cience dans cette chaîne, nous acquéronsconcurrence renforcée ont profondément des actifs y correspondant pour améliorermodifié les pratiques anciennes. Les indi- le fonctionnement de l’ensemble. Cela peutcations de prix, par exemple, ne sont plus se concrétiser sous forme d’exploration deprivilégiées; elles sont disponibles sur tous gaz ou de pétrole, d’unités d’entreposage oules écrans, seconde par seconde. De fait, les de raffinage. L’objectif de ces actifs est d’as-simples marges du négoce ont fondu et pour sister et de compléter l’approvisionnement.perdurer un négociant doit créer de la va- Nous ne sommes pas des industriels, et unleur en optimisant la chaîne d’approvision- investissement en infrastructure ne repré-nement. Une tendance qui s’est intensifiée sente pas pour nous une fin en soi. Il arrivedavantage dans les trois ou quatre dernières même qu’une activité particulière ne gé-années que dans les 30 précédentes. nère aucune marge, voire une perte. C’est son rôle de maillon dans la chaîne qui nousQuelle est cette valeur ajoutée? intéresse. Lorsque les inefficiences d’uneEn équilibrant efficacement l’offre et la de- Marco Dunand. Co-fondateur de Mercuria chaîne d’approvisionnement se résolventmande, les négociants génèrent de la valeur Energy Trading avec le temps parce que d’autres acteurs seajoutée économique tant dans les pays ex- 1980 Etudes d’économie et de management à l’Université de Genève. présentent, nous cédons les actifs. La racineportateurs que dans les pays importateurs. 1986 Entre chez Cargill à Genève dans le négoce du pétrole. de notre métier est d’intervenir là où lesLe principe sous-jacent à notre pérennité 1987 Rejoint J. Aron, la division négoce de Goldman Sachs basée à Lon- choses se passent mal.est d’assurer le prix le plus élevé possible dres où il est directeur du négoce de pétrole brut pour l’Europe.au producteur et le plus faible possible à 1994 Nommé directeur des opérations européennes et asiatiques de Peut-on parler de verticalisation de l’activité?l’acheteur. Nous ne sommes pas de simples Phibo, Salomon Brothers à Londres. Toutes les maisons de négoce sont diffé-courtiers qui prélevons une marge entre 1999 Organise le lancement de Sempra Energy Trading en Europe et Asie. rentes mais, à de très rares exceptions près,un prix d’achat et de vente. Nous achetons 2004 Fonde le groupe Mercuria en association avec Daniel Jaeggi. aucune ne cherche la verticalité. Celles quila marchandise au lieu de production, la s’y engageraient ne seraient vite plus consi-conservons et la traitons si nécessaire puis dérées comme appartenant à notre secteurla transportons et la livrons aux utilisateurs. mais relèveraient, par exemple, de celui des industries extractives ou de la distribution. En réalité, s’il faut absolument un mot pour définir notre diver-Quelles sont les compétences nécessaires? sification, je parlerai plus volontiers «d’horizontalisation» car notre savoir-En premier lieu, la connaissance fine des matières échangées et de leurs faire s’étend en travers de la chaîne.flux ce qui fait appel à des disciplines très diverses. Notre bureau de Ge-nève emploie 220 personnes et recense 40 professions différentes. Parmi Il existe justement une confusion entre trading physique et industries extractiveselles vous trouverez des opérateurs logistiques spécialistes de réseaux élec- qui attire la vindicte des ONG.triques qu’ils surveillent 24 heures sur 24. Ou des météorologues, capables Effectivement l’amalgame est fréquent alors que nous exerçons des acti-de prévoir le temps à 1, 2 ou 5 jours (et même à Houston heure par heure). vités fondamentalement différentes. En ce qui nous concerne, les règlesIl nous faut aussi bien connaître les plans de maintenance des centrales sont bien établies. Par exemple, nous ne traitons pas avec des groupes ounucléaires (ou tout incident qui leur est associé) que le niveau des stocks des pays soumis aux sanctions de la communauté internationale. Ce n’estde charbon. La collecte et la consolidation des données permettant de pré- toutefois pas à nous de décider de ces règles et sanctions. La responsabilitévoir l’offre et la demande d’électricité sont devenues infiniment complexes. morale en incombe aux états ou à l’ONU. Nous opérons toutefois un sys-Mais la compréhension nécessaire ne se limite pas aux aspects techniques. tème interne de vetting – assisté par un abonnement à un service spécialiséNos spécialistes financiers gèrent les flux de trésorerie et nos responsables dans la recherche des passés judiciaires – car nous ne désirons pas traiterde la conformité font appliquer toutes les règlementations en vigueur, qu’il avec n’importe qui. A ce titre, nous sommes souvent plus regardants que less’agisse de normes de sécurité, de pollution ou de blanchiment d’argent. lois et règlements ne nous l’imposent.Un éventail immense qui se déploie sur la cinquantaine de pays où nousopérons avec toutes les ambiguïtés et contradictions possibles entre les L’entreprise a-t-elle une responsabilité éthique vis-à-vis de son environnement?différents contextes légaux. Sans oublier l’internalisation de compétences Je préfère vous répondre par un exemple. Nous nous sommes engagés il ycomplémentaires en aval, dans des domaines comme le raffinage par exem- a quelques années dans le négoce de biocarburants et, dans ce cadre, avonsple. La combinaison de ces savoirs nous permet de comprendre où est la traité l’huile de palme. Avant qu’une quelconque législation européenne nedemande et comment la satisfaire au mieux. soit mise en place, nous avons adhéré à la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO) par souci du respect de l’environnement, devançant ainsiLa gestion de l’énergie s’est-elle complexifiée? les législateurs. En matière de pollution nous plaçons la barre plus haut queIl existe aujourd’hui 5 à 7 sources d’énergie différentes intégrées sur un ce que nous imposent les exigences légales.même réseau électrique pour lequel le prix est fusionné de manière à op-timiser les capacités. Le déploiement des énergies renouvelables, en parti- Les négociants jouent-ils un rôle dans une répartition plus équitable de la valeur?culier solaires et éoliennes, modifie la stabilité des réseaux ce qui nécessite Le monde évolue. Il est juste que les pays d’origine tirent un bénéfice deà tout moment un rééquilibrage entre offre et demande à très court terme. la production des matières premières sur leur territoire et leurs citoyens seDans un pays comme l’Allemagne, qui tire 27% de sa production d’électri- sont mobilisés dans ce sens. Il y a dix ou quinze ans, les groupes étrangerscité du solaire ou des éoliennes, l’impact de la météo sur les prix est signi- contrôlaient la production. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui et la partficatif, avec une volatilité qui peut varier de 1 à 1000 pour retomber à 1 des droits d’extraction reversée aux pays producteurs est de plus en plus im-en quelques heures. Par ailleurs, une même centrale peut passer du gaz au portante. Ceci étant, ce rééquilibrage – assuré par des royalties plus élevéescharbon et réciproquement. Sans oublier l’impact sur le prix des certificats – se joue au niveau des sociétés pétrolières ou extractives, pas du négoce. Co2 en fonction de la nature de la matière première.  Propos recueillis par Nicolette de Joncaire

PAGE 13. Indices | | Février 2014 | Matières premièresThème Réorientation du secteur Les sociétés de trading de matières premières ont graduellement transformé leur modèle d’affaires pour accompagner les profondes mutations des marchés. Le hub suisse remonte au Moyen-âge Urs Schneider groupes comme Noble; que fut créée la future Le secteur des transports a également investi la Directeur, IFCI, International Finance Société générale de surveillance (SGS) qui, au dé- place genevoise: Suisse-Atlantique, fondée en part, proposait des services de contrôle à quai des 1941 par le groupe André, existe encore; la com-I & Commodities Institute chargements de céréales – une révolution pour le pagnie privée MSC, fondée en 1970 à Genève, est l peut être surprenant que le commerce négoce européen – et qui, par la suite, déploya des aujourd’hui la deuxième société de navigation au international soit aussi solidement an- services de test, de vérification et d’homologation, monde du point de vue de la capacité des porte- cré, et depuis si longtemps, dans un pays dans des pôles d’activités aussi divers que l’indus- conteneurs; depuis 2013, l’armateur équipe 474 qui n’a aucun accès à la mer. La tradition trie, les minerais, le pétrole, le gaz, les produits navires, présents dans tous les ports les plus im- commerciale suisse remonte au Moyen- chimiques. portants du monde. Age: les places marchandes d’alors La sombre période des deux guerres mondiales et Dans les années 1970, sous l’impulsion de Chris-– Genève ou Bâle – se sont développées au fil de la guerre froide passée, la cité de Calvin, de la tian Weyer, la Banque Paribas (BNP Paribas)des siècles pour devenir les importants centres Croix Rouge et de l’humanitaire est devenue l’un lance le financement transactionnel du négoce etde négoce de matières premières d’aujourd’hui. des pôles clés des Nations Unies. Genève a no- contribue largement au développement de ce sec-Entre l’époque romaine et le Moyen-âge, ces vil- tamment accueilli la CNUCED, l’UIT et l’OMC, teur en Suisse. Son modèle inspire des banquesles étaient déjà des plaques tournantes sur les axes qui entraînèrent dans leur sillage des centaines telles que le Crédit Agricole, Credit Suisse, UBScommerciaux nord-sud et est-ouest de l’Europe. d’ONG. Parallèlement, elle a attiré des sociétés et bien d’autres: elles développent des activitésMais c’est au 19e siècle que les compagnies mar- de négoce de matières premières et les services de financement du négoce à Genève, alors qu’unchandes suisses ont connu leur véritable âge d’or, correspondants, tels l’arbitrage international, ap- réseau de compagnies d’assurances propose desavec l’instauration du régime libéral et démocra- paru dans les années 20. Cet engouement était produits complémentaires. L’offre de formationtique (1815-1848). évidemment lié à l’environnement cosmopolite ne tarde pas à répondre à la demande: IMD Bu-C’est à cette époque qu’un certain J.R. Geigy et multilingue, mais deux autres facteurs ont été siness School (1946), IFCI (1984), formation enfonda le négoce de produits coloniaux ancêtre déterminants: les premières installations de télé- partenariat entre GTSA et HEC Genève (2006),de Novartis (1759); qu’un Henri Nestlé fonda communication et le franc suisse, seule monnaie HEID. L’explosion des sociétés étrangères faisantla firme devenue aujourd’hui le leader mondial avec le dollar à être alors librement convertible. leur négoce depuis la Suisse remonte en fait à lades produits alimentaires et des boissons (1866); Après le coup d’état égyptien de 1956, la Suisse première crise pétrolière, dans les années 1970.que le groupe Louis Dreyfus vit le jour (1851, a aussi offert un environnement commercial sta- Cet ébranlement à permis au pays de devenir leaux portes de Bâle en Alsace); que les frères ble et une monnaie sûre aux négociants levantins, plus grand cluster mondial.Volkart fondèrent la maison de commerce Vol- turcs et arabes, spécialisés dans le coton égyptien Dans les années 1990, la dislocation de l’URSS akart Gebrüder (1851, Winterthour), qui se hissa et les denrées coloniales, ainsi qu’à des indus- encore fait venir de nouvelles sociétés à Genèverapidement aux premiers rangs pour les produits triels comme Nick Hayeck, dont Swatch a fait la (dont Gunvor et Litasco). Il en résulte une concen-coloniaux, au 4e rang mondial pour le coton jus- célébrité. Quant au leader américain du négoce tration unique d’acteurs des matières premières etqu’en 1989, avant d’être rachetée par DKSH; que agricole, Cargill/Tradax, il ouvrit ses bureaux ge- donc un afflux de travailleurs qualifiés, multicul-trois entrepreneurs suisses firent la traversée jus- nevois en 1956, rapidement suivi par une série de turels et multilingues. Le décalage horaire y estqu’en Asie (années 1860) et créèrent ce qui allait multinationales américaines. optimal – l’Asie et les états-Unis sont à équidis-devenir le groupe DKSH, avec ses quatre secteurs Vitol s’installa à Genève en 1972 et Marc Rich, tance horaire de la Suisse – et l’environnementcommerciaux – biens de consommation, santé, après avoir quitté Philip Brothers, fut à l’origine fiscal y est favorable: deux atouts supplémentai-matériaux haute performance, technologie – et de Glencore (1974, Zoug). Le négociant déve- res, qui contribuent à la solidité d’un hub large-ses 680 sites de vente; que quelques riches familles loppa alors le marché spot du pétrole brut et put ment soutenu par les autorités politiques suissesbâloises fondèrent l’UTC (1859, Bâle), alors ac- se lancer, grâce au soutien financier des banques, et genevoises.tive principalement dans le pétrole africain sous dans des transactions nécessitant moins de capital Rien qu’entre 2003 et 2011, les revenus suissesle nom de Missions-Handlungs-Gesellschaft; que et un nombre réduit d’actifs. Son exemple fit des issus du négoce de matières premières ont bondiles André fondèrent leur entreprise familiale, An- émules, y compris parmi ses anciens partenaires, de 2 à 20 milliards de francs. Le secteur fournitdré & Cie (1877, Lausanne), active pendant 123 notamment Trafigura. En 1976, Bunge installe plus de 10.000 emplois spécialisés, répartis en-ans dans le négoce des matières premières agri- à son tour le siège de son pôle Europe/EMEA tre quelques grosses sociétés et des centaines decoles, à l’origine d’un puissant cluster de sociétés à Genève. La société compte 35.000 employés petites maisons de négoce. Il contribue à hauteurbasées dans l’arc lémanique, duquel sont issus des et déploie son activité sur tous les continents, de 3,5% au PIB, c’est-à-dire plus que l’industrie principalement dans le secteur agro-industriel. chimique et que le tourisme. 

PAGE 14. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Réorientation du secteurSynergie des activités marchés mondiauxLe grand virage Les sourcesde l’ouverture d’incertitudeLes sociétés de trading tout naturellement à diversifier et accroître leurs Philippe Chalminde matières premières sources de financement. Professeur d’histoire économiqueont étendu leurs activités à Tournées plus volontiers vers l’Asie où les res-de nombreux autres secteurs. sources financières accompagnent la croissance AUniversité de Paris-DauphineLeur modèle d’affaires s’est économique, les sociétés de négoce se plient à lors que l’économie mondiale peine à sortir de cedonc transformé. l’exercice de la transparence financière et se doi- que Joseph Stiglitz appelle «le grand malaise», les vent d’être convaincantes sur leurs procédures et marchés mondiaux de matières premières sont Benoît Lioud sur leurs modèles d’affaires. C’est aussi un pré- restés en 2013 à des niveaux élevés qui permettent Senior Business Analyst requis pour approcher l’énorme potentiel offert d’affirmer que le choc majeur intervenu à partir par le marché de la dette privée ou des fonds. de 2006 est loin d’être terminé. L’année 2013 a étéAMercuria Energy Trading Obtenir un rating est aujourd’hui un signe marquée par la relative stabilité du prix du pétrole, par la baisse u cours de la dernière décennie, tangible de cette plus grande ouverture. du cours des produits agricoles, du maïs au café, et par la bonne les marchés de matières pre- Devenus plus visibles, les groupes de matières tenue des marchés de métaux, les hausses des uns compensant mières ont connu de nombreux premières sont interpellés par la société civile plus au moins les baisses des autres. Cependant, dans un contexte bouleversements qui ont favo- qui leur demande de contribuer à éclairer les dé- macro-économique sans véritable ligne de fracture, chaque marché risé leur globalisation et leur bats en cours et de participer à la diffusion de a connu sa propre histoire, réagissant de manière plus ou moins intégration. Spécialistes de ces meilleures pratiques. Au cœur des enjeux éco- forte à trois sources majeures d’incertitude: la Chine, le climat etmarchés, les négociants ont graduellement fait nomiques et environnementaux, le monde des les tensions géopolitiques.évoluer leur modèle d’affaires afin de s’adapter matières premières est stratégique pour bon La Chine, en quelques années, est devenue le facteur détermi-à ces changements structurels. Poussés vers plus nombre de pays. Il est aussi à la croisée de plu- nant pour pratiquement tous les marchés mondiaux: il est plusde diversification, ils ont étendu leurs activités à sieurs domaines. Observateurs et acteurs de pre- simple d’énumérer les produits pour lesquels elle compte peude nombreux autres secteurs et ont élargi l’éven- mier plan, les négociants ont naturellement une comme le café ou le cacao. Mais en 2013, la Chine est devenuetail de leurs activités. Devenu plus visible et plus contribution importante à une des clefs du marché céréalier mondial dont elle était presqueprésent dans la chaine de valeur, le secteur du apporter au débat. Atten- le monde absente jusque-là. Et que dire des 820 millions de tonnes de mine-négoce paraît arrivé à un tournant, le tournant tifs à la moindre situation des matières rai de fer (+10%) ou des 63 millions de tonnes de graines de sojad’une plus grande ouverture vers le monde qui de déséquilibres, ils sont premières est (+8,6%) qu’elle a importées! Les marchés ont donc vécu au rythmel’entoure. au cœur des changements stratégique pour des pulsations économiques – mais aussi politiques – de l’EmpireLe modèle d’affaires s’est donc transformé qui s’opèrent. Véritables bon nombre du Milieu. En 2013, la croissance de la demande chinoise est restéeet s’est enrichi de nouveaux aspects. Les sociétés courroies de transmission, de pays. Les le principal élément de soutien des marchés mondiaux. Et en toutede négoce s’éloignent de leur modèle historique ils sont amenés à jouer un négociants sont logique il en sera de même en 2014.principalement centré sur la logistique liée au dé- rôle moteur dans la diffu- amenés à jouer un Sur le plan climatique, 2013 aura été une année presque «normale»placement de la marchandise. Vecteurs de flexi- sion des meilleures prati- et en conséquence les productions agricoles ont battu de nouveauxbilité et ouvrant de nombreuses voies d’optiona- ques et des standards pro- records: près de 2,5 milliards de tonnes de céréales par exemple!lité, les actifs physiques assurent aux sociétés de posés par les partenaires Ceci a eu un impact fort logique à la baisse sur les marchés desnégoce une présence essentielle dans la chaine de sociaux. Quel rôle veut-on grains notamment sur le maïs et les oléagineux, le blé résistantvaleur qui leur permet de rester compétitifs. Pré- les voir jouer? Quelle est rôle moteur dans mieux grâce aux besoins de la Méditerranée et… de la Chine.sents dans de nombreux segments de marché et la contribution du secteur la diffusion En matière géopolitique, nous sommes bien loin de quelque «fin desur différents produits, ils peuvent ainsi dévelop- à l’équilibre économique l’histoire». Force est de constater cependant que les tensions actuel-per des synergies entre leurs différentes activités global et à l’allocation op- des meilleures les ont eu peu d’impact sur les marchés. La guerre civile en Syrie, leet accroître la connaissance qu’ils ont des tendan- timale des ressources à tra- pratiques et problème du nucléaire avec l’Iran, les guerres africaines, du Mali auces. Mais cet élargissement vers la sphère plus vers le monde? Comment des standards Sud-Soudan, les tensions en Égypte, en Tunisie et en Libye, n’ontindustrielle de leur métier pose aux négociants les autorités politiques ou proposés par pas entamé la sérénité du marché du pétrole qui a fait preuve d’unele défi de l’intégration. Nouvelles compétences, les organisations non gou- les partenaires étonnante stabilité. Ceci est lié à l’ajustement réalisé par l’OPEPnouveaux métiers, nouveaux partenaires; gra- vernementales peuvent- sociaux. et surtout par l’Arabie Saoudite, le déclin des besoins américainsduellement, une nouvelle organisation interne elles s’appuyer sur le avec le développement de la production de pétrole de schiste étantse met en place pour intégrer harmonieusement négoce pour aborder les compensé pour partie par l’appétit chinois et indien.des cultures d’entreprise bien différentes. Inté- grands défis d’aujourd’hui? Où en est le cycle de l’investissement? Les fortes tensions sur lesgration rime ainsi avec communication. Autant de questions qui sont désormais adressées prix depuis 2006 avaient remis les matières premières en tête desLes négociants doivent toujours s’assurer qu’ils à un secteur qui avait plutôt l’habitude d’évoluer thèmes d’investissement. Contrairement aux idées reçues, le faitont les moyens nécessaires pour continuer à an- en marge des grandes questions politiques. que les matières premières soient devenues une classe d’actifs àticiper les tendances. Les marchés sont de plus part entière, augmentant de manière considérable les volumes trai-en plus interconnectés et les dynamiques de prix L’intégration grandissante des marchés de tés sur les marchés dérivés de la planète, n’a pas eu d’effet négatifsont devenues complexes à appréhender. Dans matières premières avec les marchés financiers sur le comportement des prix à moyen terme. Au contraire même,ce contexte, les négociants privilégient les par- pose, de la même manière, de véritables défis il a eu le mérite d’apporter au marché de la liquidité suffisante pourtenariats avec leurs contreparties d’affaires. Que aux autorités responsables de la stabilité, de la permettre aux opérateurs de couvrir leurs risques y compris sur lece soit à travers des liens capitalistiques ou des sécurité et de l’efficacité de ces marchés. Après long terme. D’une tout autre nature sont les décisions d’investisse-montages commerciaux mêlant échange de pro- une crise financière sans précédent, le réflexe ment dans de nouvelles capacités de production pour répondre àduits physiques, dette ou prise de participation, réglementaire est naturel, mais l’élan juridique se la demande: c’est la faiblesse des investissements liée à l’atonie desle rapprochement entre les partenaires est es- heurte parfois à une réalité bien complexe. Par la prix à la fin du XXe siècle qui est à l’origine des déséquilibres ins-sentiel, surtout lorsque le risque de crédit reste diversité de leurs opérations, les négociants sont tigateurs des flambées de cours des années 2006/2013. Il est mani-souvent un obstacle important à contourner. au cœur d’un maillage juridique qui leur pose feste que l’investissement en capacités nouvelles reste insuffisant.Nouer des relations d’affaires au-delà du sim- souvent des problèmes de cohérence. Dans ce Si on réfléchit à l’impact que pourra avoir, au-delà de la Chine, laple échange d’une marchandise est un exercice tournant législatif qui mêle gouvernance inter- décennie à venir, on comprend mieux le message adressé par lesexigeant pour des sociétés historiquement réti- nationale et régulation inter-marchés, les négo- prix élevés sur les marchés.centes à partager leur savoir-faire. ciants sont appelés à apporter leur contribution Qu’attendre de 2014? La plupart des analystes s’accordent àLadiversificationacependantuncoûtetles dans la définition de ce qui sera le cadre régle- penser que la croissance économique mondiale sera plus forte enbesoins de financement des négociants ont évolué mentaire de demain. Un grand partage d’expé- 2014. Toutefois, bien des paramètres – climatiques ou géopoliti-de manière spectaculaire. La hausse des prix des rience en perspective. ques – peuvent affecter cette relative sérénité.matières premières est bien entendu responsable On le voit, le négoce s’est lentement méta- Le monde n’a guère fait de progrès en matière de gestion de l’ins-de l’inflation des lignes de crédit, mais l’intérêt morphosé pour accompagner les profondes tabilité. La coordination économique internationale demeure lar-grandissant des négociants pour les actifs physi- mutations des marchés. Ce long mouvement gement un vœu pieux. Par leur hétérogénéité, par leur sensibilitéques tant logistiques que productifs les conduit d’adaptation s’est opéré sans grande publicité aux moindres accidents économiques, géopolitiques ou naturels, et souvent de manière autonome. Pourtant, les les marchés de matières premières sont probablement le meilleur défis qui s’ouvrent aujourd’hui ne sauraient être reflet des tensions d’un monde qui trace sa voie à l’orée du siècle, appréhendés par un seul; désormais plus enclins souvent pour le meilleur, parfois pour le pire. Le «grand malaise» à s’ouvrir sur l’extérieur, les négociants semblent n’est pas terminé.  prêts à aborder le virage de la coopération où chacun aura un rôle à jouer pour transformer les attentes en résultats. 

PAGE 15. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Réorientation du secteurL’évolution du rôle des grands négociantsLes grandes maisons denégoce physique sont de plus Certes, il est peu probable que ces maisons de Le changement exemple, a investi dans les actifs, aussi bien enen plus présentes à tous les négoce soient aussi intégrées verticalement que de stratégie a amont, en intermédiaire qu’en aval. Cette stra-échelons de la chaîne d’approvi- ne l’ont été les plus grandes multinationales – les entraîné des tégie vise à renforcer l’activité quotidienne desionnement. Alors qu’au départ «international majors» –, mais les sociétés qui conséquences négoce. Gunvor possède désormais plus de deuxelles étaient seulement actives obtiennent de bons résultats ont trouvé des importantes milliards de dollars d’investissements dans desdans le commerce. moyens rentables de diversifier leurs activités. sur la manière actifs industriels dans le monde entier (Europe, Plusieurs éléments ont favorisé cette évolution, d’exploiter. Amérique du Sud, Amérique du Nord, Afrique, David Fyfe notamment: Asie). Chaque actif lui permet de mieux gérer  la nécessité, pour les négociants en énergie, de sa plateforme de négoce en offrant une compré-LDirecteur recherche & analyse marché, Gunvor trouver des solutions face à la diminution des hension plus large de l’approvisionnement et des es négociants en énergie sont flexi- marges d’exploitation pures, due à une volatilité composants de distribution, en diversifiant ses bles par nature: ce sont les cham- des prix extrêmement réduite depuis 2009; flux de revenus et en renforçant sa compétitivité pions de l’innovation rapide et de  le souhait de diversifier leur portefeuille (pro- sur des marchés très mouvants. la gestion efficace du risque. Ils duits et zones géographiques) afin de répartir le Le cas de l’Ust Luga Oil Products Terminal, sur savent faire face à un environne- risque; la mer Baltique, est emblématique: Gunvor a fait ment commercial instable par des  les occasions à saisir, comme lorsque des com- construire ce terminal pétrolier sur un site viergeajustements de localisation, de structure, de finan- pagnies pétrolières internationales, des sociétés et la société en est entièrement propriétaire. Lecement, de régime opérationnel et de stratégie. indépendantes ou des banques d’investissement terminal de transport ferro-maritime est consi-La taille importe – «size matters» –, certes, mais la cèdent des actifs physiques sur une base géogra- déré comme le plus important au monde; il a unesouplesse importe tout autant lorsque se présente phique ou sectorielle; capacité projetée de plus de 30 millions de tonnesun nouvel investissement ou une nouvelle tran-  le besoin d’optionalité accrue pour les opéra- métriques par an et de 960.000 mètres cubes desaction. Ainsi, au cours de la dernière décennie, tions de négoce (accès au «flow»), avec des effi- stockage, et il peut recevoir 300.000 tonnes decertains des plus grands négociants en énergie se ciences adaptées dans la logistique, l’arbitrage et port en lourd. Le terminal accroît sensiblementsont adaptés; ils ont diversifié progressivement l’opérationnalité. les capacités logistiques de Gunvor dans le trans-leur activité commerciale en se positionnant à Pour les compagnies, le changement de position- port de produits raffinés du pétrole. Par ailleurs,tous les échelons de la chaîne d’approvisionne- nement des négociants en énergie a entraîné des il procure à la société des revenus stables.ment énergétique. conséquences importantes sur leur manière d’ex- De tels investissements font partie de la stratégieAujourd’hui, la plupart des négociants sont de ploiter, sur leur structure d’entreprise, et sur la à long terme de Gunvor. Objectif: poursuivre laplus en plus engagés sur les actifs industriels manière dont elles sont financées. Elles ont été croissance du chiffre d’affaires et de la rentabi-concrets; le phénomène atteint des proportions davantage exposées à l’opinion publique et elles lité, tout en maintenant les spécificités commer-historiques si on le compare au profil industriel ont été soumises à une surveillance accrue de la ciales qui font la réputation des négociants. Latraditionnel. Les négociants sont présents sur les part des régulateurs nationaux et internationaux structure de la société a été adaptée, sa présenceraffineries, les gazoducs, le stockage, les termi- puisqu’il y a désormais plus de 70 autorités de géographique et sectorielle s’est diversifiée, et sanaux et les secteurs de transformation en amont. régulation dans le monde, tous domaines confon- stratégie a évolué de sorte à être en phase avec dus: santé et sécurité, assurances, émissions toxi- les conditions du marché. Gunvor, tout comme ques et protection de l’environnement, produits, ses rivaux, continuera à réagir de manière dyna- fret et devoir de diligence, commerce internatio- mique aux conditions d’un marché en mutation, nal et législation des sanctions; banque, échange tout en préservant le cœur de métier: le transport et règles propres au marché des dérivés. sécurisé et efficace des produits énergétiques, Pour se mouvoir dans ce nouvel environnement, depuis leur site d’exploitation et de stockage, chaque négociant a fait ses choix. Gunvor, par jusqu’à leur lieu de livraison final. Les denrées agricoles à la merci de la météo Michael Von Luehrte la productivité. Les prix du cacao sont restés trop La demande rique du Sud et Mer Noire) et renforcé les liens Global Head of Agricultural Commodities bas trop longtemps pour déclencher un essor. principale avec la Chine et d’autres importateurs asiatiques. Les marchés des céréales bénéficient du cycle de est venue des Les investissements dans les ports et la logisti-LResearch, Noble Resources plantation de 6 mois entre les hémisphères nord consommateurs que interne restent à la traîne comme démontré es marchés de matières premières et sud. Les incitations économiques sont des chinois à la par les temps d’attente de 30 à 45 jours des ba- agricoles sont essentiellement axés signaux importants lorsque les fermiers décident recherche d’une teaux dans les ports brésiliens (avec un record de sur l’offre et la météo est une va- de l’espèce à planter. Un des changements ma- alimentation 90 jours en 2013). L’incendie d’un entrepôt de riable clé. Ils passent par des cycles jeurs des années 90 a été l’ouverture des provin- plus protéique. sucre à Santos a aussi aggravé le goulot d’étran- d’expansion et de ralentissement ces occidentales du Brésil. Les fermiers peuvent glement logistique brésilien. Les investissements pour ajuster l’offre et la demande. faire deux récoltes – une grande culture d’été logistiques sont en augmentation en Mer NoireAu cours de la période 2009-2012, ils ont béné- pour les haricots et le coton et une plus petite et démarrent en Afrique.ficié d’une tendance à la hausse résultant d’une l’hiver pour le maïs ou le coton. Ce qui a stimulé Les perturbations météorologiques sont le défioffre sous-jacente restreinte et d’une forte de- les rendements et a fait du Mato Grosso l’une des constant du négoce agricole. Mais l’instabilitémande, accentuée par une augmentation limi- principales régions agricoles du monde. L’aug- politique de certains pays producteurs devienttée des surfaces cultivées, une population mon- mentation de la production est également remar- inquiétante car elle peut entraver les flux com-diale croissante et la modification des habitudes quable en Mer Noire. merciaux, conduire à des interventions gouver-alimentaires. La demande principale est venue Ces exemples démontrent à quel point la produc- nementales, au retrait de produits, à une imposi-des consommateurs chinois à la recherche d’une tion et la chaîne d’approvisionnement des denrées tion accrue des producteurs, voire à des barrièresalimentation plus protéique. Pendant cette pé- sont globales et intégrées. Par ailleurs, la consom- commerciales en dépit des accords de l’OMC.riode, les producteurs ont augmenté les niveaux mation provient surtout de la demande crois- Comme décrit précédemment, les marchés dede production et étendu les surfaces cultivées sante des marchés émergents, l’augmentation du matières premières agricoles entrent dans une pé-– avec un décalage dans le temps puisque les sols niveau de vie restant le facteur principal d’une riode de surplus et de pression sur les marges desdoivent être préparés et qu’il faut se procurer demande soutenue. Après des années d’équilibre fermiers. La fonction des marchés sera de limitersemences et engrais. serré, les marchés agricoles s’orientent à nouveau l’offre pour retrouver l’équilibre d’ici 2 à 3 ans.L’essor principal a eu lieu en Amérique du Sud, vers des surplus et un cycle de prix à la baisse. Le D’ici à 2050, le défi majeur pour les producteursprincipalement dans le soja, le maïs et le sucre. découplage entre les différents produits s’expli- sera de nourrir 3 milliards d’humains supplémen-Les niveaux de production de palme ont aussi cru que par des équilibres offre/demande spécifiques taires. Etant donné que les surfaces sont limitées,en Indonésie, et l’Inde est passée d’importateur à chaque marché. Comparées aux actions et obli- les technologies des semences et phytosanitairesnet de nourriture à exportateur, avec un surplus gations, les matières premières ont sous-performé gagnent en importance. La course à la nourriturenotable de production de sucre, de blé et de riz en 2012, conduisant les investisseurs à diminuer ouvrira de nouvelles frontières en Afrique, conti-mais aussi avec une augmentation de 25% de la leur exposition. La baisse de l’investissement et nent riche en terres arables. Augmenter la pro-production de coton grâce à l’introduction de va- une offre excédentaire contribuent à maintenir duction est important mais il faut simultanémentriétés à rendement supérieur. La sécheresse record des niveaux de volatilité faibles. La baisse de la construire des infrastructures, un processus plusde 2012 aux états-Unis a entraîné une chute bru- participation des banques au négoce des matiè- lent et à plus long terme.tale de la production de céréales et l’émergence res premières laisse davantage de place aux né- Sécurité alimentaire, traçabilité, durabilité, tousdu Brésil et de l’Ukraine comme principaux ex- gociants traditionnels. Les acteurs mondiaux sont ces sujets concernent les producteurs, les négo-portateurs mondiaux de maïs. L’offre de céréales concentrés pour faire face aux obligations en ciants, les transformateurs et les consommateursa réagi immédiatement et fortement aux prix éle- capital et résister aux risques afférant. de matières premières agricoles. Ces défis sontvés. Pour le café et le sucre, il a fallu plus de temps Pour s’adapter aux nouveaux flux et au déve- autant d’opportunités de croissance pour les en-pour augmenter les surfaces de production et/ou loppement des BRIC, les maisons de négoce ont treprises de négoce. Cette expansion exigera du investi dans deux régions de production (Amé- capital mais aussi des compétences. 

PAGE 16. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Réorientation du secteurLa Chine préfère investir sous forme de partenariats ou d’acquisitionde sociétés extractives pour se prémunir contre une pénurie.Le dragon chinois s’est hissé aux premiersrangs de l’industrie des métaux non-ferreux Antoine Carassus rangs, en quantité et en qualité. Amorcée dans les Le pays ne peut Chinois préfèrent investir sous forme de parte- années 95, cette progression fulgurante a anéanti pas couvrir ses nariats ou d’acquisition du capital des sociétésASenior Copper Trader, Transamine Trading le marché occidental, qui a vu ses fonderies et propres besoins extractives plutôt que d’importer des marchan- u cours des 20 dernières années, ses raffineries fermer les unes après les autres. Le de cuivre. La dises achetées à des tiers. la croissance industrielle de la groupe américain Herculanaem est le dernier en croissance de L’implantation chinoise est particulièrement Chine a complètement changé date à avoir succombé. Les contraintes environ- sa production frappante en Afrique, mais elle ne se limite sû- la dynamique du commerce des nementales jouent néanmoins un rôle indéniable intérieure reste rement pas à ce continent. Des sociétés chinoises métaux non-ferreux, non seule- dans ces fermetures. Quant à la consommation marginale. ont investi dans des unités entières de production: ment au niveau de la production intérieure chinoise, elle a connu la même évolu- par exemple, la fonderie de cuivre Chambishi enet de la consommation, mais aussi des services. tion pour le plomb que pour les autres métaux: le Zambie produit quelque 200.000 millions de ton-Ce phénomène peut être vu sous l’angle des gros exportateur est devenu un importateur net, nes de blister et de cuivre métallique. Force a étématières premières et sous celui du rapport pro- industrie des batteries oblige. de constater, lors de l’inspection d’une autre usineduction/consommation de métal. L’exemple des Pour le cuivre, l’histoire est encore plus en phase de mise en service, que la grande majo-concentrés de zinc est parlant: d’exportatrice impressionnante: ces dix dernières années, les rité des ouvriers étaient chinois. La Chine ne senette au début des années 90, la Chine est deve- fonderies et les raffineries ont pullulé, et les contente donc pas d’investir financièrement, ellenue, en moins de cinq ans, importatrice nette; en importations de concentrés de cuivre ont suivi. contrôle également l’ensemble du processus de2011, elle n’importait pas moins de trois millions En d’autres termes: si la production chinoise de construction; de la main-d’œuvre aux engins etde tonnes de concentrés de zinc ! Cependant la concentrés de cuivre est restée assez faible entre aux machines de chantier, tout est chinois.production locale ayant augmenté d’un million 2011 et 2013, passant de 1,5 à 1,8 million de ton- Sa participation dans des sociétés d’ex-de tonnes (passant de quatre à cinq millions) en- nes, ses importations, elles, ont bondi de 4 mil- traction et de fusion est peut-être moins visibletre 2011 et 2013, les importations sont désormais lions de tonnes, franchissant le cap des 10 mil- dans d’autres pays, mais le schéma est le mêmerepassées à deux millions de tonnes. lions. L’avenir dira si ce taux de croissance peut partout. La Chine dispose d’énormément de li-On peut observer le même phénomène pour être maintenu, mais les importations semblent quidités, mais elle a compris qu’elle ne disposaitle plomb: augmentation des importations de être durablement à la hausse, même en période pas des ressources suffisantes pour répondre à laconcentrés et explosion de la production locale. de croissance «ralentie» sur le marché chinois. demande actuelle, et encore moins à la demandeCependant, alors que la majeure partie de la pro- Depuis les années 90, le monde est donc témoin future, vu la croissance de sa classe moyenne.duction mondiale de plomb atteignait un niveau du potentiel chinois dans la production métal- Le pays doit donc s’assurer un volume suffisantde raffinage compris entre 99,97 et 99,99%, le lurgique. Cependant, comme cela apparaît avec de matières premières à long terme, sans avoir àplomb chinois se développait essentiellement du le cuivre, le pays ne peut absolument pas couvrir compter sur des tiers, ce qu’il fait en maîtrisantcôté de l’électrolytique, atteignant des degrés de ses propres besoins, et la croissance de sa produc- les gisements. S’ils veulent résister au dragonpureté pouvant aller jusqu’à 99,999%. En moins tion intérieure reste marginale, ce qui implique chinois, les négociants de matières premières de-de dix ans, la Chine s’est ainsi hissée aux premiers un déploiement nouveau: afin de se prémunir vront s’adapter à ces nouveaux modèles et conti- contre une pénurie de matières premières, les nuer à accroître la valeur de leurs services. Vers un réajustement du transportLa mutation des ressources ni pétrole ni gaz et deviendront alors exporta- Le principal ment influencé par ces nouvelles requêtes qui de-énergétiques bouleverse teurs peu d’années après. impact sur vront compenser l’arrêt des centrales nucléaires.l’acheminement du pétrole, La production de gaz naturel aux états-Unis a aug- le transport L’ouverture à l’exportation du gaz de Russie, quidu gaz et du charbon. menté de 20 millions de Mmcf (millions de pieds maritime est vient d’être annoncée, changera également le flux cubiques) en 2007 à 25 millions en 2012. L’im- le nombre de des acheminements de gaz de ce pays qui touche Eric André portation a, elle, chuté de 5 millions de Mmcf par liaisons vers autant l’Est que l’Ouest. Président et directeur, Suisse-Atlantique jour en 2007 à 3,5 millions en 2012, tandis que l’Asie et non Le gaz naturel comme concurrent direct du les exportations de 0,8 million de Mmcf en 2008 plus vers les pétrole prendra toujours plus de place dans laL’ouverture de l’extraction du pétro- ont atteint 1,6 million en 2012. L’indépendance Etats-Unis. production d’énergie mondiale avec des liaisons le et du gaz de schiste aux états- des états-Unis, qui a été le plus gros importateur allant des états-Unis et de la Russie vers l’Asie en Unis et en Chine, l’indépendance de pétrole du monde suivi directement par la compensation de l’importation de pétrole. des états-Unis en matière de pé- Chine, change complètement la donnée du trans- Dans les marchandises sèches, l’augmentation de trole et de gaz, les futures expor- port maritime. L’importation de pétrole transfor- la demande de charbon, tant pour la production tations de gaz des états-Unis et mée en exportation de gaz donne une possibilité à d’énergie que pour la production d’acier, inten-l’autonomie de la Chine d’ici 2020 à 30% du gaz la Chine de pouvoir importer plus facilement le sifiera considérablement les transports par mersont des facteurs qui bouleversent le transport pétrole dans les contingents actuels. durant la prochaine décennie.maritime. Les réserves mondiales de pétrole sont consi- La réduction mondiale de la consomma-Entre 2007 et 2012, l’importation d’huile lourde dérables tout comme les réserves de gaz, en pleine tion d’énergie, due à la crise universelle actuelle,aux états-Unis a diminué de 13 millions de barils découverte. Les états-Unis n’ayant plus besoin du a fortement diminué les transports de pétrole quipar jour à 7 millions de barils par jour, soit une pétrole du Moyen-Orient, la situation géopoliti- seront compensés, à la reprise, par une grandebaisse de 50%. En ce qui concerne l’exportation que change. En outre, l’ouverture de l’Iran offrira partie de transports de gaz. Une restructurationde produits pétroliers des états-Unis, celle-ci s’est une nouvelle source de pétrole intéressante pour du transport pétrolier, et particulièrement deintensifiée de 1,2 million de barils par jour à 2,6 l’Asie et une bonne partie des liaisons qui exis- produits pétroliers dont les transformations sontmillions de barils par jour. La production de pé- taient pour les états-Unis se transformeront en effectuées essentiellement au Moyen-Orient, mo-trole aux états-Unis a atteint sa plus importante transports additionnels pour l’Asie. difiera les acheminements sur des bateaux pluscapacité de ces 10 dernières années. La diminution de la production d’énergie par les sophistiqués.D’ici 2015, les états-Unis seront certainement centrales nucléaires, particulièrement en Europe L’impact principal pour le transport maritimeautonomes. Ils n’auront plus besoin d’importer et au Japon, évoluera en une production d’éner- est le nombre important de liaisons vers l’Asie gie au charbon qui amènera une demande élevée et non plus vers les Etats-Unis avec une forte d’importations de charbon, spécialement dans les concentration sur le développement du transport pays tels que le Japon qui n’ont pas les ressources de gaz naturel. Nous sommes sortis des angois- naturelles suffisantes. ses de la pénurie d’énergie fossile et les réserves Le transport de marchandises sèches sera forte- s’accroissent d’année en année. 

PAGE 17. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Réorientation du secteur EntretienSteve Terry | Vitol«Le rééquilibrage de la production mondiale depétrole était impensable il y a encore cinq ans »L’offre et la demande d’énergie subissent une états-Unis une réduction de 15 dol- mutation radicale. La lars par baril s’alignant sur des prix consommation s’est dé- américains nettement plus bas que placée à «l’est du canal dans le reste du monde. de Suez» et la révolution Le grand perdant serait donc l’Europe?des schistes a libéré le vaste potentiel des Effectivement. L’Europe a perdu sonréserves nord-américaines. Steve Terry, principal marché de l’essence et faitchef stratégiste chez Vitol, revient sur la face à une concurrence sévère surtransformation des flux d’énergie. les produits pétrochimiques. Treize raffineries y ont fermé leurs portesPouvez-vous brosser à grands traits dans les cinq dernières années et leles mutations des dernières années? reste est menacé par les capacités enL’offre et la demande ont été profondé- construction au Moyen-Orient. Surment affectées au cours de la dernière les prochaines années, le Golfe Persi-décennie. La demande, en baisse signifi- que accroitra sa capacité de raffinagecative dans les pays développés – Euro- de 1,5 million de barils/jour à coupspe, Japon, Océanie, Corée ou Amérique d’unités de 400.000 barils jours.du Nord – s’est déplacée à «l’Est du canal L’Inde opère des unités encore plusde Suez», vers la Chine et l’Asie du Sud importantes de 600.000 barils jours.et du Sud-est. Les importations chinoises De son côté, la Russie développe sasont désormais à un niveau comparable capacité de raffinage et d’exportationà celui des états-Unis qui reste le plus de diesel à faible contenu en soufre,grand importateur de brut du monde. La même si son programme sembleconsommation chinoise de brut excède retardé. Les états-Unis, le Moyen-sa production d’environ 6,3 millions Orient et l’Inde sont mieux position-de barils/jour et elle importe le solde. nés qu’un raffinage européen devenuPar ailleurs, les énergies fossiles sont le peu compétitif, à l’exception de quel-théâtre d’un extraordinaire boulever- ques marchés niche.sement. La hausse du cours du pétroledu début des années 2000 a encouragé Quel est l’impact des règlementationsl’innovation technologique permettant sur les produits pétroliers?d’exploiter les gigantesques réserves de Steve Terry. chef stratège, Vitol La règlementation est un paramè-pétrole et de gaz issus des schistes nord- 1977-80 Etudie l’économie et les sciences sociales à l’Université de Leicester. tre majeur en matière d’extraction,américains ainsi que de mettre en valeur 1981 Entre comme chercheur chez Petroleum Economics, une société de traitement, de consommation etdes gisements plus conventionnels non de conseil spécialisée. de flux d’échanges. Pour ne prendrerentables auparavant. Un rééquilibrage 1996 Devient CEO de Petroleum Economics. que quelques exemples, citons l’inter-impensable il y a à peine cinq ans. 2002 Reprise de Petroleum Economics par KBC Advanced Technologies plc. diction d’exporter du brut des états- 2005 Entre chez Vitol comme Directeur de la recherche. Unis dont l’abolition est un sujet desQuel est l’impact de la production plus disputés à l’heure actuelle. Ci-de gaz et de pétrole non-conventionnels tons également les législations relati-aux états-Unis? ves à la fracturation hydraulique, favorables aux états-Unis et restrictivesLa production de brut des états-Unis a augmenté d’un million de barils par en Europe. La consommation de diesel est subventionnée en Europe, cellejour l’an dernier. Celle du gaz naturel bénéficie également des techniques de l’essence en Arabie Saoudite ou au Venezuela. Les raffineries asiatiquesde fracturation et son prix a baissé à 25 dollars le baril en équivalent pétro- bénéficient d’aides étatiques et le régime fiscal consenti par la Corée dule. Ces facteurs, conjugués à l’interdiction d’exporter le brut des États-Unis, Nord au brut de la Mer du Nord crée un flux qui n’aurait autrement aucunont réduit le prix du brut, rendant le raffinage nettement plus rentable aux sens. La législation sur l’émission contrôlée de soufre des carburants deÉtats-Unis. Ce qui pousse les raffineurs à maximiser leur production, avec soute en Mer du Nord, dans la Baltique et sur les côtes américaines et cana-pour conséquence une diminution considérable des importations américai- diennes, imposera au 1er janvier 2015 une teneur en soufre de 0,1% (contrenes de brut et de produits pétroliers, de l’ordre de 7% par an sur les deux 1% actuellement). Ce qui invitera les navires à passer du fuel au gasoil surdernières années. ces eaux. Les règlementations font et défont les marchés.L’énergie de schiste n’est pas limitée à l’Amérique du Nord... La mutation des ressources demande-t-elle d’importantes modifications des infrastructures de traitement et de transport?Le gaz de schiste existe dans de nombreux pays. La Chine en détient les ré-serves les plus importantes, suivie par les états-Unis et l’Argentine. Reste Considérables. Aux états-Unis, le transport du brut du Dakota du Nord ouà savoir si ces réserves peuvent être exploitées de manière viable écono- du Canada vers les raffineries exige le renversement du sens des pipelinesmiquement. existants – ce fut le cas du Seaway pipeline entre Cushing et le Golfe du Mexique en 2012 – ou la construction de nouveaux ouvrages. Les capaci-Quelles sont les régions les plus affaiblies par ces changements? tés en construction se comptent par plusieurs millions de barils/jour. En attendant, le rail est le principal moyen de transport pour les destinationsLes pays les plus affectés sont ceux qui produisent du brut léger non sulfu- mal desservies. Sans compter le transport routier bien qu’il se prête mal auxreux de qualité similaire à celui extrait aux Etats-Unis. Une grande partie de économies d’échelle. Les besoins d’installations de stockage ne cessent dece type de brut était exportée de l’Afrique de l’Ouest aux États-Unis aupa- croître avec l’évolution de la structure des échanges. L’exportation de gazravant. Il est aujourd’hui plus rentable de le rediriger vers d’autres destina- naturel liquéfié (GNL) issu du gaz de schiste américain a exigé des inves-tions notamment l’Asie. En outre, les états-Unis ont imposé une mutation tissements importants. Mais il n’y a pas qu’aux états-Unis que les besoinscomplète du marché des produits pétroliers. Pendant de nombreuses années en infrastructure explosent. Le brut sud-américain est l’un des nombreuxles États-Unis offraient un énorme marché à l’essence des raffineurs euro- autres exemples. Originellement destiné aux états-Unis, il devra prendrepéens qui y exportaient 0,6 million de barils par jour. Bien que les états- le chemin de l’Asie, ce qui nécessitera la construction de facilités portuairesUnis importent encore de l’essence, selon les saisons, ils en sont devenus capables d’accueillir des tankers d’un ou deux millions de barils. Le défi seraexportateurs net. Depuis peu, ils exportent également des distillats, essen- de trouver les compétences capables de gérer tous ces développements.tiellement du diesel, pour des volumes supérieurs à 1,3 million de baril/jour.En dépit de la demande chancelante des raffineries européennes, les débou- Quel rôle jouent les négociants en pétrole dans cette révolution?chés du pétrole de la Mer du Nord restent élevés grâce aux exportationsvers la Corée du Sud, négociées dans le cadre de l’accord de libre-échange Ce qui est pain quotidien à un moment donné peut se tarir comme dansavec l’Europe. Notez que ces changements ont un impact profond sur le le cas du transport de l’essence européenne vers les états-Unis. Les né-prix du Brent qui reste la référence mondiale du cours du pétrole. gociants savent réagir rapidement car ils mènent une veille constante sur les nouveaux marchés et leurs opportunités. Il nous faut nous réinventerLe brut du Moyen-Orient n’est-il pas affecté? continuellement pour conserver notre avantage compétitif. L’exportation de l’essence européenne vers les états-Unis s’est évaporée? Le défi est doré-Le Moyen-Orient est le fournisseur historique des états-Unis où de nom- navant d’acheminer les produits pétroliers américains ou le brut sud-amé-breuses raffineries ont été construites pour traiter son brut lourd corrosif. ricain vers l’Asie. Par conséquent, le brut importé aux états-Unis correspond majoritaire-  Propos recueillis par Nicolette de Joncairement à cette qualité. En outre, les pays du Golfe persique consentent aux

PAGE 18. Indices | | Février 2014 | Matières premièresThème Le financement du trading Le secteur s’est aperçu depuis 2008 que capitaux et liquidités étaient des ressources limitées et coûteuses.Les banques et les sociétés de négoceont tiré les leçons de la crise Guillaume de La Ville emprunter; la préfinance ou le prépaiement lors- avec d’autres banques (syndication). De même, Directeur financier du groupe que l’argent doit être viré au fournisseur avant les banques ont également eu recours depuis des que la marchandise puisse être livrée; le finance- années aux marchés des assurances pour couvrirLMilio International DMCC ment avant exportation lorsque les producteurs une partie de leurs risques, et ainsi permettre des es lettres de crédit sont supposées re- ont besoin de liquidités… Ensemble, ces diverses expositions accrues au crédit de parties contrac- monter aux temps les plus anciens. techniques élaborées pour dégager des liquidités tantes et/ou aux pays, pour le même niveau de Elles étaient largement utilisées et gérer les risques dans le négoce international capital. Comme présenté dans l’article de l’AGE- au cours des XIIe et XIIIe siècles à de matières premières représentent plus d’un FI du 26 août 2013, il est également assez logi- Gênes, Venise et Florence puis sont trillion de dollars. que que la banque la plus active dans le domaine ensuite plus ou moins tombées en Même si le négoce de matières premières et son de la finance du négoce de matières premièresdésuétude. Jusqu’aux années 1970, époque à la- secteur financier ont fait preuve d’une capacité (BNP Paribas) ait annoncé fin août 2013 le lan-quelle M. Christian Weyer1 s’est rendu compte de rebondissement étonnante lors de la crise de cement d’un programme de titrisation baptiséqu’elles étaient susceptibles de représenter un 2008 et pendant les années qui ont suivi2, cette Lighthouse Trade Finance. Si le principe de re-instrument puissant de soutien et de financement crise a néanmoins constitué un choc pour tout le grouper des prêts dans un véhicule afin de lesdu négoce international. Faisant fi des habitudes, secteur du financement, qui s’est rendu compte distribuer aux investisseurs des marchés finan-et selon le principe du financement hypothécaire, que capitaux et liquidités étaient des ressources ciers est déjà connu, c’était la première fois queil fut aussi le premier à concevoir d’utiliser les bien plus limitées et plus coûteuses que jamais. cela se faisait avec des prêts à court terme auxcargaisons physiques de matières premières au Comme expliqué plus bas, ces faits ont contribué entreprises, utilisés pour financer des flux com-titre de nantissement. La finance du négoce de à une forte réduction de ce type de financement merciaux de matières premières tels que des car-matières premières était née. de la part des fournisseurs traditionnels de liqui- gaisons de pétrole et de métaux acheminés par dités (c’est-à-dire des grandes banques européen- bateau ou par oléoduc.Cette méthode de financement est générale- nes). Selon les banques et les sociétés, cela s’est Les petites sociétés de négoce qui ont le plusment appelée transactionnelle, à court terme, non traduit différemment: désendettement, vente souffert de la réduction se sont tournées vers deengagée (uncommitted), garantie (safely secured) d’actifs ou fermeture de bureaux… nouveaux fournisseurs de liquidités. Quelqueset auto-liquidatrice (self-liquidating). Les transac- Si nous analysons les raisons de cette réduction, nouvelles banques de financement du négoce,tions (généralement d’une durée de 10 à 90 jours) à elles sont de deux natures: à la fois exogènes et qui n’étaient pas particulièrement actives dansfinancersontsoigneusementanalyséesaucasparcas endogènes. ce domaine, ont mis sur pied des bureaux spé-(i.e. «financement transactionnel»). Si la banque Les facteurs exogènes peuvent être résumés cialisés. Des fonds de financement du négoce rechigne à financer une tran- ainsi: tels que Galena, EurofinAsia, Barak Fund Ma-Les grandes sociétés saction du fait de son éva-  L’accroissement de la réglementation: Bâle III, nagement Fund, Commodity Trade Invest, etc.de négoce continuent luation des risques courus, Dodd-Frank, EMIR, MiFID II ou Volcker pour ont également gagné en taille et en attractivité,de diversifier leurs elle en déclinera le finan- ne citer que les plus connus. offrant une réelle alternative aux sociétés desources de liquidités. cement («uncommitted»).  La pénurie de dollars et la difficulté qu’ont ren- négoce qui n’avaient pas suffisamment accès auLes petites sociétés Comme mentionné briève- contrée les banques européennes à s’en procurer. financement bancaire.se sont tournées ment ci-dessus, étant donné  Un marché interbancaire extrêmement limité Les grandes sociétés de négoce continuent à di-vers de nouveaux l’ampleur des financements par la perte de confiance. versifier leurs sources de liquidités. Elles sont requis par rapport à l’assiette  La crise de la dette souveraine qui a contraint la de plus en plus nombreuses à avoir organisé financière des clients, les ban- plupart des banques à subir des pertes colossales. des placements privés. En effet, depuis la crise, ques exigent que la cargaison  La consolidation des entreprises du secteur et et malgré leur coût relativement élevé par rap- de matières premières fasse l’intégration dans la chaîne de valeur. port aux financements traditionnels et le besoinfournisseurs. office de sous-jacent, afin de  La consolidation du secteur bancaire en géné- de transparence accrue et de notation, les place- ral, et plus particulièrement celle des banques de ments privés ont attiré les plus grandes sociétés garantir la transaction en financement du négoce de matières premières. de négoce telles que Trafigura, Vitol, Mercuria, tout temps. Dernier point,  L’augmentation spectaculaire du prix des ma- et plus récemment, Louis Dreyfus Commoditiesmais non des moindres, si le financement rend tières premières sur les douze dernières années. et Gunvor. Elles ont, ainsi que d’autres, investipossible l’achat et le transport des marchandises Les facteurs endogènes sont spécifiques à la différents marchés, en dollars aux États Unis ouphysiques par la société de négoce, le produit de finance traditionnelle du négoce de matières pre- en Asie, en euros au moyen d’euro-obligations,la vente des marchandises permet le rembourse- mières: ou même en dollars canadiens.ment des sommes engagées par la banque («self  L’exposition à court terme, c’est-à-dire la capa- Pour finir, ceux détenant des actifs au niveauliquidating»). cité des banques actives sur ce marché à réduire upstream, midstream ou downstream, ont forméAvec la promotion du libre-échange et l’accélé- rapidement leur bilan relatif à cette activité; des alliances et vendu une partie de leurs place-ration de la croissance et de l’industrialisation  Self liquidating, les banques n’ont pas besoin ments à des partenaires stratégiques (par exem-dans les pays en développement au cours des 50 d’exiger les remboursements car ils se font d’eux- ple, Vitol a vendu 50% de Vitol Tank Terminaldernières années, les matières premières sont de- mêmes en temps normal. à la compagnie pétrolière nationale malaisiennevenues un composant-clé du commerce mondial.  Uncommitted, c’est-à-dire l’absence d’obliga- Petronas, ou, plus récemment, Trafigura a venduLes banques pionnières dans le domaine du fi- tion pour les banques de financer de nouvelles un intérêt supplémentaire de 10% de sa filialenancement du négoce de matières premières (des transactions. Puma Energy à Sonangol, la compagnie pétro-banques européennes à l’origine) ont à la fois Dans l’environnement actuel où les prix restent lière d’État angolaise).renforcé leur soutien à cette activité et élaboré de élevés, principalement sous l’influence de l’Asie, Ainsi, le financement du commerce de matièresnouvelles méthodes de financement destinées à et en particulier de la Chine, et où l’huile et le premières, qui soutient une activité de négoce àrépondre aux besoins particuliers de leurs clients: gaz de schiste ébranlent l’ordre établi, examinons hauteur de quelque six trillions, n’a d’autre choixle financement sur stocks lorsque les marchandi- comment les divers participants relèvent les défis que de trouver des moyens créatifs pour attirer leses ne peuvent être vendues immédiatement et auxquels ils sont confrontés. financement vital dont il a besoin afin de s’appro-doivent être mises en attente; les bases de prêts, Les banques qui avaient jusqu’alors financé ces visionner en matières premières, de les transpor-inventées aux États-Unis dans les entreprises de activités continuent à trouver des idées et des ter et de les distribuer dans le monde. distribution; les prêts garantis par les réserves solutions, par exemple en privilégiant des ins-(Reserve Based Lending) pour les entreprises truments financiers tels que le crédit permanent (1) M. Weyer, alors cadre à la Banque de Paris et des Pays-Basdétenant des réserves telles que pétrole, gaz ou et les bases de prêts qui peuvent être partagées (depuis BNP Paribas), est considéré comme le fondateur ducharbon et qui mettent en gage ces réserves pour financement du négoce (2) «Global Risks – Trade Finance 2013», Chambre de commerce internationale.

PAGE 19. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le financement du tradingAjustement réussi au nouvel environnementLe Commodity Trade Financeà Genève relève avec créativité qualifiées de «deleveraging»). Le financement du Les volumes Credit Facility (RCF). Mieux, on a vu les ban-et flexibilité les défis du contexte négoce des matières premières est effectivement globaux du ques proposer des tranches en euro dans ces RCF,financier. entre les mains des banques européennes qui, par négoce vont d’ailleurs très bien accueillies par les emprun- essence, reposent sur des sources de trésorerie en continuer de teurs soucieux de limiter la dérive des marges Pierre Glauser euro alors que le dollar est la monnaie de réfé- progresser. en dollars. De la même manière, les banques ont Directeur Général de Crédit Agricole (Suisse), rence de la plupart des échanges de ressources Le Trade Finance proposé aux grands traders d’utiliser de manière Responsable Mondial du Financement naturelles. Lorsqu’elles se sont retrouvées en s’est adapté plus systématique le marché de la dette obligatai- difficulté pour emprunter en dollars ou que les et trouve re. De créancières, les banques se sont muées enLdes Matières Premières. coûts sont devenus prohibitifs (pour mémoire, les solutions intermédiaires, en intéressant des investisseurs e Commodity Trade Finance (CTF) les banques américaines comme les money mar- pour financer tels que des fonds de pension, des assurances et opère dans trois domaines d’activi- ket funds avaient quasiment retiré leurs pla- les besoins des investisseurs internationaux privés. tés principaux: l’énergie (pétrole, cements en dollars lors de la phase d’aggrava- du trading. Depuis maintenant trois ans, on voit également produits dérivés, charbon et bio- tion de la crise dans la zone euro), elles ont dû l’utilisation plus fréquente en Europe d’un type carburants), l’agro-alimentaire et rapidement réagir en réduisant leur participation de financement structuré appelé «Borrowing les métaux. Il propose une gamme au financement des flux de matières premières et Base», très fréquent aux états-Unis pour desétendue de financements transactionnels dans le revoir à la hausse la facturation à leur clientèle raisons d’environnement légal favorable (Uni-secteur des flux de matières premières depuis la (hausse de la marge bancaire). form Code of Commerce), qui s’adresse à uneproduction jusqu’aux lieux de transformation. Les banques ont alors adapté leur stratégie de gamme de clientèle plus large. Une BorrowingCes financements à court terme sont accordés crédit afin d’alléger les activités de bilan et Base consiste à financer le négoce de matièresprincipalement sous forme d’engagements par favoriser notamment les engagements hors bilan. premières non plus transaction par transactionsignature (lettres de crédit et garanties), accom- Ils représentent par exemple 70% de l’activité de mais sur un ensemble d’actifs circulants iden-pagnés de relais de trésorerie. Les prêts proposés Crédit Agricole (Suisse) SA à Genève. Bien en- tifiés et le plus souvent gagés au bénéfice desprésentent le grand avantage pour les banques tendu, les engagements de type court terme et banques (stocks, créances). Ce type de finance-d’être gagés sur la marchandise et directement gagés consomment moins de capital que les prêts ment peut se partager (syndiquer) facilement en-remboursés par le produit de la vente de cette long terme de type financement de projet ou tre plusieurs banques, réduisant ainsi le niveaumarchandise. Face à la crise financière qui s’est préfinancement et sont restés privilégiés dans les d’engagement de chacune d’entre elles.propagée en 2008 des états-Unis vers l’Europe, allocations de ressources des banques. Les prévisions sont claires: les volumes globauxet pour répondre aux exigences de Bâle III et Mais surtout, les banques traditionnelles du né- du négoce de matières premières vont continuerdes contraintes resserrées des régulateurs bancai- goce ont opté pour des modèles de distribution à croître, la demande en matières premièresres locaux, les banques spécialisées dans le Trade de leurs prêts (syndication) à des banques plus restant forte. Malgré le coup de rabot imposé parFinance – et plus spécifiquement les grandes ban- petites ou n’ayant pas forcément d’accès au sec- la crise de la dette dans la zone euro et l’appli-ques européennes – ont commencé dans un pre- teur des matières premières. Nous avons ainsi cation accélérée de Bâle III qui rend ces activi-mier temps à réduire leur total de bilan (opérations assisté depuis cinq ans à une augmentation signi- tés plus coûteuses en fonds propres et liquidité, ficative des crédits syndiqués au bénéfice des plus le Trade Finance s’est adapté depuis cinq ans et grands négociants incluant la mise en place de trouve les solutions pour financer les besoins financements de type corporate, appelés Revolver croissants du trading.  Découvrez l’univers de la Maison Francesco Smalto et profitez, du 10 février au 31 mars 2014, d’avantages exclusifs allant jusqu’à -70% sur nos collections de Prêt-à-Porter et jusqu’à -20% sur la Mesure* *Offre valable dans notre boutique de Genève 19, quai du Mont Blanc – Genève - +411 22 818 47 24

PAGE 20. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le financement du tradingFonds de financement du négoce: solutionfavorable aux négociants et investisseursCes fonds représentent nes qui fournissent l’essentiel des financements La valeur du au contraire, ils doivent proposer des solutionsun investissement alternatif de négoce. Résultat: les banques, obligées de commerce de crédit et les mettre en œuvre, dédiées exclu-qui a l’avantage de résoudre réduire les bilans, ont considéré les actifs de international sivement au financement des flux physiques dedeux problèmes. Ils financent financement de négoce à court terme comme a été multipliée matières premières.des flux commerciaux une solution de facilité. par six dans Les fonds de financement du négoce sont es-de matières premières et Comme les prix des matières premières sont les produits sentiellement destinés aux sociétés appartenant àgarantissent un rendement devenus plus transparents et que les actifs immo- agricoles et leurs dirigeants, et la préférence va aux flux ré-absolu non corrélé. bilisés coûtent cher, les négociants ont tendance par quinze dans currents davantage qu’aux transactions spots. Ces à préserver leurs niches et leurs marges en s’ap- les combustibles fonds prévoient un financement sécurisé, avec Nicolas Sanchez puyant sur une logistique solide et sur un finan- et les produits contrôle étroit des marchandises physiques et Partenaire et membre du conseil cement à court terme. Cependant, les entreprises miniers. des flux de trésorerie. Cela nécessite une compré- de taille petite et moyenne sont rarement capa- hension fine de l’activité commerciale du client,Sd’administration, EuroFin Asia Swiss bles d’émettre des instruments obligataires ou de une exposition bien identifiée et limitée, répartie ur les 20 dernières années, la valeur titriser des créances. Soit elles utilisent le crédit dans un portefeuille diversifié en termes de pays, du commerce international a été fournisseur, soit elles trouvent un peu de répit, au de matières premières et de schémas de finance- multipliée par six dans les produits prix fort, en recourant à de plus petites banques. ment. Les opérations effectuées par un gestion- agro et par quinze dans les combus- Pour remédier à cette situation, quelques fonds naire de fonds sont généralement surveillées par tibles et les produits miniers. Le coût de financement du négoce ont vu le jour, chacun un régulateur. Les gestionnaires peuvent subir des transports a explosé: fois trois avec sa spécificité géographique. Ils injectent de des audits indépendants et les actifs sont soumispour un cargo de blé, fois quatre pour du cuivre, la liquidité en agissant sur une palette d’alternati- à la garde d’un tiers.fois six pour du brut. La fusion des banques, vu ves intéressantes: facilités de transactions, finan- Pour recevoir le produit des ventes etles limites de concentration des risques, n’a pas cement d’une partie des 10 à 20% du collatéral émettre les instruments de paiement (par ex.démultiplié les facilités de crédit. Avec la crise promis par les emprunteurs aux banques, partici- crédits documentaires), les emprunteurs doiventfinancière, le dollar américain s’est raréfié, et pation aux crédits syndiqués, rachat de créances administrer un compte ségrégé, prouver le rôleil est devenu cher pour les banques européen- ou de prêts sur le marché secondaire. complémentaire des fonds de financement qui Les fonds de financement du négoce doivent cor- fournissent des liquidités alternatives à la fois respondre au modèle d’affaires des négociants: aux négociants et aux banquiers, permettre les s’ils veulent garantir le meilleur rapport rende- flux de matières premières et offrir une classe ment/risque (faible volatilité) à leurs investis- d’actifs performante aux investisseurs.  seurs, ils ne peuvent pas thésauriser les liquidités;

PAGE 21. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le financement du tradingLe recours à l’innovation pour faire faceà la problématique du financementRester à l’avant-garde dessolutions de financement est Pour exemple, en octobre 2013, Trafigura a re- les banques de 200 millions d’euros a été placée auprès d’unessentiel pour satisfaire des conduit ses facilités de crédit renouvelable et de européennes seul investisseur, suivie par un Eurobond de 500besoins en constante croissance. crédit à terme destinée au marché bancaire asiati- ont laissé millions d’euros inscrit à la Bourse de Dublin. que pour un montant de 1,76 milliard de dollars les institutions Les montants levés à travers ces obligations per- Christophe Salmon US, soit 500 millions de dollars US de plus que financières mettent de soutenir les plans d’investissement à Directeur financier, Trafigura Europe l’objectif fixé au lancement. Qui plus est, la so- de la région long terme tout en améliorant la qualité du profil ciété a lancé une facilité de crédit libellée en yuan Asie-Pacifique de crédit auprès des investisseurs. À l’instar desPMoyen-Orient et Afrique chinois, permettant ainsi l’entrée de sept nouvel- puis des récentes facilités de crédit renouvelable, les obli- endant de nombreuses années, les les banques dans ce crédit avec un accroissement Amériques gations émises à Singapour et à Dublin ont été principaux négociants internatio- de la participation des banques taïwanaises. assumer un largement sursouscrites, preuve du solide soutien naux en matières premières ont Tandis que les activités de négoce et l’accès aux rôle plus à cette stratégie de financement diversifiée. dû faire face aux mêmes besoins lignes de crédit continuent d’être étendue, il est important. Un dernier exemple d’innovation financière en financement court terme pour prévisible de voir un nombre croissant de ban- consiste à prépayer certains fournisseurs contre soutenir leurs opérations. Récem- ques désireuses de soutenir de tels modèles de l’approvisionnement futur en produits. Ce ser-ment, cette uniformité a commencé à s’estomper croissance. vice peut se révéler par exemple très utile pouravec le développement par certaines sociétés de Parallèlement à l’expansion des accords de les sociétés productrices de matières premièresnouvelles sources pour soutenir leurs intérêts financement traditionnels, le développement de situées dans des régions difficiles d’accès et quicommerciaux et leurs responsabilités en conti- nouvelles sources de financement ont été initiées. font face des difficultés pour attirer le finance-nuelle croissance. Le financement typique des Ce changement est le fruit du développement ment de banques internationales. Par ailleurs,sociétés de négoce repose sur des lignes de crédit naturel du rôle de négociant international vers d’autres entreprises trouvent ces accords de pré-mises à disposition par un ensemble de groupes l’acquisition de participations dans des actifs phy- paiement attractifs car ils les aident à diversifierbancaires. Ces crédits sont composés de finance- siques. Pour soutenir les activités de négoce, des leurs sources de financement.ments autoliquidatifs et de facilités de crédit re- investissements considérables ont été réalisés en L’accord de Trafigura avec le producteur de pé-nouvelables qui assurent une liquidité pour une infrastructure tels qu’entrepôts, cuves de stockage trole russe Rosneft en est un bon exemple. Enpériode de un à trois ans. et autres actifs industriels. Ces actifs permettent septembre 2013, un prépaiement commercialLe recours à ces financements court terme sécuri- en effet d’éliminer les contraintes logistiques et de 1,5 milliard de dollars US a été bouclé avecsés et aux facilités de crédit renouvelables facilite d’améliorer le service offert aux clients. Rosneft en échange de la livraison de 10 millionsla gestion des opérations quotidiennes de négoce, Toutefois, le financement de ces acquisitions de- de tonnes de produits pétroliers sur une périodeconsistant en l’acheminement de cargaisons de mande une nouvelle approche. Pour une société de cinq ans. Ce contrat a été le plus importantpétrole et de métaux à travers le monde pour sa- privée les capacités de levée de fonds propres sont de ce type pour ce négociant et des accords si-tisfaire les besoins particuliers des clients en ter- limitées. Les lignes de crédit renouvelable à court milaires avec d’autres sociétés sont prévisibles aumes de spécification et de délai de livraison. terme ne sont pas adaptées au financement d’ac- fur et à mesure de l’expansion de ses opérationsCependant, depuis la crise financière de 2008, tifs détenus et opérés sur de nombreuses années. mondiales.un changement dans la composition des grou- En outre, et ce pour diverses raisons réglementai- Pour ce qui est de l’avenir, les négociants devrontpes bancaires participants aux facilités de crédit res et de liquidité, nombre de banques sont moins affronter divers défis, et ce en dépit de perspecti-renouvelables a été observé. Confrontées à un désireuses de mettre à disposition de la dette long ves économiques mondiales encourageantes. Lacontexte difficile au sein de leurs propres mar- terme, ce qui a conduit au développement de détermination à offrir un soutien et des serviceschés nationaux, les banques européennes ont ren- nouvelles alternatives. supplémentaires aux fournisseurs et aux clientscontré des problèmes de liquidité menant à une Un exemple d’alternative est l’émission par Tra- seront essentiels, tout en continuant à investirréduction de leur contribution, laissant ainsi les figura en avril 2013 d’une obligation perpétuelle, dans des projets d’infrastructure améliorant leinstitutions financières de la région Asie-Pacifi- qui correspond à un titre hybride possédant des flux crucial de matières premières à travers leque, puis récemment des Amériques, assumer des caractéristiques obligataires mais considéré com- monde.rôles plus importants. me partie des fonds propres au bilan. Après avoir Par conséquent, il sera essentiel pour les négo- suscité un fort intérêt de la part des investisseurs ciants de matières premières de rester à l’avant- institutionnels et de banques privées, cette obli- garde des solutions de financement innovantes gation a permis de lever 500 millions de dollars afin de satisfaire les besoins sans cesse changeants US à Singapour. Depuis, une obligation privée de marchés en constante croissance. L’envolée des fonds crédit négoce en 2013Les fonds de placement spécia-lisés crédit négoce offrent des pres). A fin 2008, l’introduction forcée pour les Il est beaucoup  Opportunités d’affaires croisées sur d’autressolutions procurées par d’autres banques des notations de crédit dans leur calcul moins coûteux métiers de la banque comme la gestion de for-acteurs que les banques. de consommation de fonds propres, a eu un effet pour une banque tune, le négoce de dérivés de change ou de ma- dévastateur. de prêter à tières premières... Philippe Steiner En effet avec Bâle II, il coûte désormais à la ban- un poids lourd Ceci a eu comme corollaire que tout un segment Expert fédéral en économie bancaire que 7 fois moins de capital de prêter à un poids comme BP qu’à un de clientèle, à savoir les petites et moyennes en- lourd comme BP au bénéfice d’une notation cré- petit négociant treprises du négoce ont dû se tourner vers desL’Associé gérant, Commodity Trade Invest dit supérieure ou équivalente à AA- par l’institut de niche. solutions alternatives de crédit. intégralité des besoins de finan- Standard & Poors (Facteur de pondération risque En conséquence les années 2010 à nos jours se cement du négoce des matières crédit de 20%) qu’à un petit négociant de niche sont traduites par une envolée de solutions cré- premières pouvait être assuré au ayant le handicap d’être établi ou d’opérer dans dits négoce procurées par d’autres acteurs que les travers des banques spécialisées un pays dit à risque flanqué d’un B+, se voyant banques, à savoir plus particulièrement le lance- du secteur de la place genevoise infliger pas moins de 150% de facteur de pondé- ment de plusieurs fonds de placement spécialisés et ce, tant pour une société au dé- ration risque crédit. dans le crédit négoce.marrage de son activité dite «start-up» que pour Je vous laisse imaginer les conséquences au S’il est navrant de constater que cette nouvelleles grands acteurs tels que Vitol, Mercuria ou niveau de la rentabilité des dossiers négoces pour génération de fonds se développe principalementTrafigura. Jusqu’en 2008. la banque basée sur un ratio dit RAROC («Risk hors des murs de notre belle cité genevoise (no-Cet avantage compétitif de notre centre financier Adjusted Return on Capital») où une grande tamment à Singapour et Londres), et ce en raisona été rendu possible grâce à une méthode inno- portion de leur clientèle est composée de ce type d’un certain manque d’engouement de la part devatrice de financement dite «transactionnelle» d’acteurs de niche. Certains résultats on été sim- la communauté financière suisse, Genève jouitintroduite par Chrtistian Weyer dans les années plement divisés par moitié. toujours d’une expertise reconnue comme inéga-70-80. Dans cette approche nouvelle, la décision A partir de 2009, les banques ont donc été lée dans ce métier. C’est dans ce cadre que des dé-de crédit reposait d’avantage sur la qualité et la contraintes d’ajuster progressivement mais dras- veloppements favorables sont perceptibles avecsolidité des sûretés crédits procurées par la car- tiquement à la hausse leurs critères d’entrée en des projets ambitieux tels que le fonds de finan-gaison financée (gage sur la marchandise, cession relation d’affaire avec ce type de clientèle en cement du négoce charbon vapeur (en cours dedes produits de la revente) que par la surface prenant comme critères d’entrée en relation les lancement). Il est à espérer que 2014 apporte lefinancière de l’emprunteur (base de fonds pro- éléments suivants: soutien et la considération de nos autorités pour  Base de fonds propres du client supérieure défendre notre place financière et nous permette à 5 millions de francs, de conserver notre première place dans le négoce  Revenus crédits annuels supérieurs à 250.000 mondial, résultat de tant d’années d’innovation francs et de compétitivité. 

PAGE 22. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Le financement du trading EntretienAlexandre Karrer | SFI«Notre premier objectif est de dialoguer avecles acteurs du négoce et pas de règlementer. »L e Secrétariat d’Etat aux ques- tions financières internationa- La Suisse peut-elle agir seule pour réglementer les (SFI) vise à renforcer la po- le commerce? sition de la Suisse sur la scène internationale dans les domai- Non, nous ne pouvons agir seuls. Pour que nes financier et fiscal. Chef de ces règles soient efficaces, elles doivent être harmonisées au niveau international et appliquées par toutes les grandes placesla Division Affaires multilatérales depuis financières afin de garantir une égalité de2009, Alexander Karrer a pour tâche de traitement (level playing field) à tous.défendre les intérêts de la Suisse auprès duFonds monétaire international et du Conseil La voie multilatérale est donc privilégiée?de stabilité financière. Oui, clairement. Nous sommes très actifs dans l’élaboration des standards internationaux duDepuis quand le Département fédéral des finan- commerce. En 2013, nous avons participé àces s’intéresse-t-il au secteur du négoce? plusieurs initiatives du G20: par exemple,Depuis 2009 environ, quand le secteur nous avons contribué à améliorer la transpa-a commencé à faire l’objet d’un débat rence de la base de données internationale surinternational. A la suite de la crise écono- le gaz et le pétrole. Au niveau financier, nousmique, le besoin d’établir des standards s’est avons participé à l’élaboration des nouvellesimposé. Le but était notamment de définir des règles internationales sur les produits dérivésrègles générales pour le négoce, dont le finan- négociés hors bourse (OTC) et on est en traincement fait partie intégrante. Cela étant, la de transposer une bonne partie de ces règles.question de la réglementation du secteur ne Nous avons également des projets législatifsrelève pas que du Département des finances, bien avancés en matière de lutte contre lemais aussi du Département de l’économie et blanchiment d’argent.de celui des affaires étrangères. Pensez-vous qu’on en ait fait assez en matièreEn avril 2012, vous disiez au FT Commodities de régulation des échanges OTC?Summit que vous étiez confiant que la Suisse Alexandre Karrer. Ambassadeur Secrétaire Les standards internationaux du Forum deresterait une excellente localisation pour les stabilité financière me semblent suffisants. Laactivités de négoce. Est-ce toujours le cas d’Etat suppléant aux questions financières règle de base est que toutes les transactions internationales (SFI) et chef de la division Affaires multilatérales. financières OTC passent par une chambreaujourd’hui? de compensation et qu’elles soient inscrites dans une base de données. Certaines excep-Oui, nous sommes toujours confiants. Le né- 1981 Licence en Sciences politiques de l’Institut Universitairegoce est une activité traditionnelle pour la des Hautes Etudes Internationales de Genève.Suisse, qui remonte au 19e siècle. Même si la 1992 Muté à Tokyo, travaille pour l’Ambassade de Suisse en tant tions pour la compensation sont prévues s’ilconcurrence entre les places internationales que conseiller aux questions économiques et financières. n’existe pas de contrat standardisé pour uneest rude, nous gardons un avantage concur- 1996 Devient collaborateur personnel du chef du Département matière première donnée ou s’il s’agit d’unerentiel important, qui découle directement fédéral des finances. contrepartie non financière. Il est importantde notre passé. Un véritable noyau englobant 2002 Nommé par le Conseil fédéral comme ambassadeur et chef que les règles s’adaptent à la réalité des marchés.toutes les activités liées au négoce s’est en de la Division des questions financières internationales En Suisse, nous avons ouvert la consultationeffet développé en Suisse. De plus, le Conseil et de la politique monétaire auprès de l’Administration relative à la loi fédérale sur les infrastructuresfédéral a été très clair sur le fait que les condi- fédérale des Finances. financières le 13 décembre dernier. Elle devraittions cadres doivent rester favorables, tout en 2009 Elu par le Conseil fédéral Secrétaire d’Etat suppléant auprès du être soumise au Parlement l’été prochain.maintenant des exigences strictes en matière Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales (SFI).d’intégrité et de transparence. L’objectif d’une place de négoce transparente et socialement responsable est-il réaliste?Vous aviez à cette occasion incité les négociants à engager un dialogue avec Oui, nous pouvons améliorer la transparence à la fois des flux financiers etles autorités et plus généralement avec le public pour expliquer leur métier. des flux physiques et promouvoir l’application de règles de bonne gouver-Vous ont-ils entendus? nance. Mais encore une fois, la Suisse ne peut rien faire seule. Il est essentielTrès clairement, oui. GTSA est beaucoup plus actif qu’avant. Cela nous per- de soutenir toutes les initiatives internationales qui vont dans ce sens et demet d’avoir un dialogue constructif et continu avec les membres de l’associa- participer à leur élaboration. Ce que nous observons actuellement va danstion. Ils ont compris qu’il était dans leur intérêt de s’exprimer dans le cadre ce sens, au-delà des simples déclarations de bonne volonté.des consultations sur les différents projets de loi. Je pense aussi qu’ils ontmaintenant une réelle volonté d’ouverture, qui leur permet de communi- La réforme de l’imposition des entreprises, présentée en décembre dernierquer plus adéquatement qu’avant. par le Conseil fédéral, va-t-elle dans le bon sens pour le secteur du négoce? Oui, car elle définit des objectifs clairs. Il s’agit de maintenir des conditionsAvez-vous un dialogue avec d’autres parties prenantes? favorables pour les entreprises suisses et étrangères, d’adapter les régimesOui, nous avons mis en place depuis deux ans une plateforme de discussion fiscaux pour qu’ils soient conformes aux standards internationaux et enfin deau sein de l’administration fédérale pour toutes les questions liées au né- limiter les conséquences financières de cette réforme pour la Confédération etgoce. En outre, une des recommandations du rapport de base publié en mars les cantons. Pour remplacer les régimes actuels, une baisse générale des tauxdernier est d’approfondir les contacts entre toutes les organisations concer- d’imposition est la mesure la plus appropriée pour la branche du négoce.nées. La dernière journée de dialogue a eu lieu à Berne récemment. Nousdiscutons d’une part avec les entreprises de la branche et d’autre part avec Est-ce que le succès du hub suisse de négoce dépend de la réussite de la réformeles ONG. Les cantons participent également à ces deux discussions. fiscale? Bien sûr, le facteur fiscal est important pour le choix des sociétés, maisAvez-vous comme objectif de réglementer le secteur de manière spécifique? comme je l’ai dit précédemment, la Suisse a d’autres atouts à faire valoir.Non, notre approche n’est pas sectorielle. Nous raisonnons toujours sur D’ailleurs si vous comparez le taux actuel d’imposition (11,5% en moyennel’ensemble des sociétés, suisses et étrangères afin de garantir une bonne pour le négoce), il est clair que certaines localisations à l’étranger propo-gouvernance générale. Nous veillons à ce que l’intégrité du secteur com- sent des taux plus attractifs que Genève ou Zoug. Je pense donc que nousmercial soit assurée car une rupture des échanges aurait des répercussions possédons une marge de manœuvre sur le plan fiscal puisque les autrestrès graves sur l’économie. Nous estimons aussi qu’il est important d’amé- conditions cadres resteront fortes.liorer la transparence de certains marchés. Le but de tout cela n’est surtoutpas de rendre la vie plus difficile aux négociants mais de s’assurer que le Pensez-vous que les négociants sont plus soucieux de la dégradation des condi-secteur ne pose pas de problème de stabilité financière ni de réputation. tions fiscales ou des exigences en matière de transparence qui pourraient être relevées à l’avenir?Vous ne discutez donc pas de règles spécifiques? Il est difficile de répondre à cette question. Le choix de la localisation estUne des seules initiatives spécifiques au secteur concerne l’analyse des rè- multifactoriel et ce, pour toute entreprise multinationale. La qualité desgles comptables de ces entreprises. Le Département fédéral de justice tra- infrastructures, du système scolaire, des transports et du marché du travailvaille sur ce sujet afin de déterminer s’il est possible d’imposer une comp- constituent autant d’avantages intrinsèques à la Suisse. Il faut donc veillertabilité pays par pays relative aux flux financiers entre les entreprises et les à les préserver, voire à les renforcer. gouvernements. Les autres entreprises internationales comme Nestlé nesont pas soumises à de telles règles comptables.  Propos recueillis par Olivier Pellegrinelli

Fidelity Funds – China RMB Bond FundLe «China RMB Bond Fund» fournit l‘accès au marché renminbi, permettant Investir dansd’investir en obligations et instruments du marché monétaire chinois. la devise chinoiseLe gérant du fonds sélectionne des émetteurs chinois bénéficiant d’unenote de crédit élevée (rating minimal BBB), assurant ainsi une protection Avec le «Chinaoptimale contre d‘éventuelles pertes sur prêts. Les titres sont sélectionnés Renminbi Bond Fund»par une analyse fondamentale approfondie, basée sur le principe de de Fidelityrecherche «bottom-up». Pour en savoir plus, consultezwww.fidelity.chFidelity Funds - China RMB Bond Fund (ISIN LU0715234463) est un compartiment de Fidelity Funds («FF»), une société d’investissement à capital variable de droit luxembourgeois (SICAV). Nous vous recommandons de vous informer soigneusement avant toute décisiond’investissement. Les revenus dérivés de vos investissements et dividendes peuvent chuter et ne sont pas garantis. Tout investissement doit se faire sur la base du prospectus, du document d’informations clés pour l’investisseur et des rapports annuel et semi-annuel actuelle-ment en vigueur, disponibles sur simple demande auprès de nos Distributeurs, de notre Centre de Service Européen à Luxembourg et de notre Représentant en Suisse: BNP Paribas Securities Services, Paris, succursale de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich. Agent pour leservice des paiements en Suisse est BNP Paribas Securities Services, Paris, succursale de Zurich, Selnaustrasse 16, 8002 Zurich. Fidelity fournit uniquement des informations sur ses produits et n’émet pas de recommandations d’investissement fondées sur des circonstancesspécifiques. Pour les compartiments qui investissent dans certains marchés étrangers, la valeur des investissements est susceptible de varier en fonction des fluctuations des taux de change. Fidelity, Fidelity World-wide Investment, le logo Fidelity Worldwide Investment et lesymbole F sont des marques déposées de FIL Limited. Publié par: FIL Investment Switzerland AG, autorisée et supervisée par l‘Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. 12CH081952_Fidelity_Inseratschaltungen_2013_RMB_INS_281x396_L_Agefi_FR_RZ.indd 1 23.01.14 14:45

PAGE 24. Indices | | Février 2014 | Matières premièresThème Transparence et éthique La réforme du secteur doit s’inscrire dans une démarche collective et consensuelle. Ce qui lui donnera une assise plus robuste à long terme.La gouvernance en pleine mutation Samuel K. Gayi Lieu idéal pour concevoir une nouvelle structure dans le processus de réforme consiste à garantir Directeur, Unité spéciale des matières de gouvernance du domaine des matières pre- une plate-forme neutre et affranchie des tensions premières, Conférence des Nations Unies mières, Genève héberge certains des plus grands qui peuvent exister entre les concurrents, ainsi acteurs de l’industrie et la CNUCED, dont le qu’entre l’industrie, les organismes de contrôle etLsur le commerce et le développement mandat se situe à mi-chemin entre commerce et la société civile. Recueillir un consensus est l’un a dynamique qui se crée en faveur développement. Dans la lignée de l’engagement des trois piliers des activités de la CNUCED – la d’une réforme de la gouvernance plus général de la CNUCED en faveur d’une recherche et l’analyse, ainsi que la coopération dans le secteur du commerce inter- «mondialisation centrée sur le développement», technique constituent les deux autres. La CNU- national des matières premières re- la production et le commerce de matières pre- CED peut soutenir le processus de réforme en présente une belle promesse. Cette mières passent par des chaînes de valeur globa- n’en n’excluant aucun acteur et en mettant à dis- dynamique s’explique notamment les. Contrairement aux principes autocentrés de position des moyens, une as-par les répercussions des réformes récentes dans réduction de coûts de la traditionnelle «chaîne sistance et des compétences. Il est impossibleles secteurs concernés. Le secteur bancaire, ce- d’approvisionnement», le concept de chaîne de de mettre sur piedlui des produits dérivés et celui de l’extraction valeur mondiale met l’accent sur une gouver- Le processus une fois des réglementationsont tous été soumis à de nouvelles réglementa- nance mondiale, au sein de laquelle acteurs pu- engagé, la recherche et efficaces et d’assurertions. Chacune de ces réglementations a eu des blics et privés interagissent pour définir les pa- l’analyse peuvent aider lesincidences sur la gouvernance et sur les modèles ramètres qui déterminent la valeur que chaque acteurs à définir et à éva-commerciaux du secteur du négoce. La leçon à acteur en retirera. luer les choix politiques vi- leur applicationtirer de l’expérience tentée ailleurs: le secteur pri- La divulgation des flux physiques, finan- sant à atteindre les objectifs équitable sur unvé a résisté aux réformes, pour y être finalement ciers et informationnels du secteur sera sans dou- convenus. La fonction de marché concurrentielcontraint par les organismes de contrôle. te davantage sujette à controverse que la forme coopération technique entre sans une bonneDe son siège de Genève, plaque tournante du réglementaire et institutionnelle à long terme de ensuite en jeu, une fois la visibilité des transac-négoce mondial de matières premières, la CNU- la structure émergente de gouvernance. Le sec- mise en application lancée. tions sous-jacentes.CED estime que la réforme dans le secteur du teur du négoce est traditionnellement discret sur Les projets typiques dans cenégoce doit se réaliser avec davantage de colla- ses transactions commerciales car la nature de domaine s’organisent autourboration entre industrie, organismes de contrôle ses services le rend vulnérable à la concurrence. de la construction d’infras-et autres acteurs. De toute évidence, la réforme Certaines habitudes devront néanmoins évoluer tructures incitant les pays ende la gouvernance concernant les matières pre- pour qu’une gouvernance efficace s’instaure du- développement à tirer pleinement parti de leurmières appelle des changements de fond, sujets à rablement. Car il est impossible de mettre sur pied participation. Mais ses projets de coopérationcontroverse: une transparence accrue, davantage des réglementations efficaces et d’assurer leur variant en fonction du contexte, la CNUCEDde réglementations et une part accrue de la va- application équitable sur un marché concurren- doit d’abord définir avec les entités concernéesleur à attribuer aux propriétaires de ressources tiel sans une bonne visibilité des transactions comment chacun des participants peut recevoirdans les pays en développement. sous-jacentes. Instaurer des pratiques commer- une valeur équitable dans le cadre des nouvellesCependant, une structure de gouvernance plus ciales transparentes et une culture d’ouverture structures. Ainsi les compétences et les serviceséquitable, transparente, s’inscrivant dans une dé- est un défi. Même les traders qui ont exprimé le de la CNUCED peuvent-ils contribuer à unemarche collective et consensuelle, donnera une souhait d’aller dans ce sens peuvent trouver le évolution positive, collective et dynamique dumeilleure assise à long terme au secteur du négo- processus décourageant, une fois celui-ci engagé. secteur des matières premières en faveur de tousce des matières premières. Un certain nombre de L’approche collaborative est donc indispensable les acteurs concernés. déclarations récentes exprimées par des membres si l’on veut élaborer avec succès une nouvelleproéminents du secteur du négoce, ainsi qu’un structure de gouvernance de l’industrie. * Cet article a été rédigé à titre personnel et ne peutpostulat récent du Gouvernement suisse, ont ren- La première étape pour inclure tous les acteurs en aucun cas être attribué au Secrétariat de la CNUCEDforcé l’espoir d’un dialogue sur cette réforme. ou à son Secrétaire général.ACADEMIC PROGRAMS IN COMMODITY TRADING A UNIQUE OPPORTUNITY TO LINK THE ACADEMIC AND PROFESSIONAL WORLD Master of Arts in International Trading, Commodity Finance and Shipping This innovative academic program for young students with a Bachelor Degree is conducted to best fit in with the demands of working while studying www.tradingmaster.ch Diploma of Advanced Studies in Commodity Trading The Executive Diploma of Advanced Studies in Commodity Trading provides professionals with a strong and thorough program of study www.commoditytrading.ch

PAGE 25. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Transparence et éthique EntretienC Wlaude ild | Affaires étrangères«Les progrès en matière de transparence tiennent à lacoopération des partenaires économiques et sociaux »L e rapport sur les matières pre- mières remis au Conseil fé- en complément de conventions internatio- déral en mars dernier était nales déjà existantes. une première. Trois départe- ments fédéraux ont collaboré Que couvrirait un tel code de conduite? Le concept d’un tel code, ou standards ou pour établir un état des lieux principes directeurs, pourrait par exempleexhaustif des activités associées aux matiè- être inspiré du Code de conduite internatio-res premières en Suisse car la problémati- nal des entreprises de sécurité privées, signéque concerne simultanément l’économie, la par plus de 700 entreprises privées de sécu-finance et le Département fédéral des affaires rité, mais sur la base d’exigences moduléesétrangères (DFAE) où se situe la Division de en fonction des spécificités du secteur. Les so-la Sécurité humaine. L’ambassadeur Claude ciétés actives dans le négoce des matières pre-Wild, responsable de cette division, défend mières – à différencier des entreprises extrac-et promeut les valeurs de paix ainsi que les tives – doivent intégrer un modus operandidroits de l’homme, qui sont des thématiques reconnu comme étant socialement responsa-ancrées dans la Constitution. Il revient sur ble dans la conduite de leurs affaires. Ellesl’approche holistique de ce dossier et sur les contribuent ainsi au développement et auprogrès déjà accomplis par sa division vis-à- bien-être social des populations dans les ré-vis des recommandations du rapport qui en- gions où elles sont amenées à travailler, sanstrent dans son domaine de compétence. chercher à profiter de la faiblesse de certains états car le paradigme responsable dépasse leMonsieur l’Ambassadeur, pourquoi une paradigme légal stricto sensu. Leur compor-approche gouvernementale tripartite tement ne doit pas différer selon le lieu oùétait-elle nécessaire? elles opèrent – que ce soit en Norvège ou parHistoriquement chaque dossier se rapportant exemple au Nigeria – car nul ne peut se voi-de près ou de loin aux matières premières a ler la face sur les conditions d’exploitationtoujours été traité à travers un prisme indivi- Claude Wild. Ambassadeur, Chef de la Division des matières premières. Par ailleurs, ce seraitduel. La promotion de la place économique Sécurité humaine, Direction politique, DFAE un paradoxe inacceptable que la Suisse, enétait de la responsabilité du Secrétariat d’Etat 1984-89 Sciences Politiques et relations internationales (IUHEI, Genève) tant qu’état, soit indirectement amenée à de-à l’économie (SECO), les affaires fiscales de 1989-92 Officier du contingent militaire auprès de l’ONU en voir «réparer» via son aide au développementcelle du Département fédéral des finances Namibie. Entre au service diplomatique. Envoyé en poste des dommages causés à l’étranger par des so-(DFF) et la défense des droits de l’homme de au Nigeria et en Autriche. ciétés basées en Suisse qui opèrent en zonescelle du DFAE. Or la gouvernance d’un sec- 1997 Premier secrétaire puis Conseiller à l’Ambassade à Moscou. fragiles sans critères adéquats de responsabi-teur comporte des aspects multiples surtout 2000-10 Chef de Mission avec rang de Ministre auprès de l’UE. lité sociale. Pour progresser nous faisons ap-lorsqu’il prend l’importance nationale et in- Négociations des accords bilatéraux. pel à la coopération de partenaires économi-ternationale de celui des matières premières 2010 Ambassadeur, Directeur de la Division Sécurité humaine, DFAE. ques qui doivent se convaincre qu’une actionet est aussi étroitement lié au paradigme de préventive est plus efficace que de provision-la responsabilité sociale. L’interdépendance ner des sommes importantes pour pallier àentre économie et droits de l’homme est cruciale lorsque des acteurs établis d’éventuels dégâts. Ce que John Ruggie a d’ailleurs démontré.en Suisse jouent un rôle de premier plan dans des zones particulièrementfragiles, ce qui est le cas des entreprises extractives mais aussi des sociétés L’une des recommandations du rapport vise à intensifier le dialogue entre lesde négoce. De plus, l’importance stratégique des matières négociées à partir partenaires économiques et sociaux. Comment progresse ce dialogue?de la Suisse doit être soulignée. Pour mémoire, 70% du pétrole russe est Les départements fédéraux jouent le rôle de partenaire dans le dialoguenégocié en Suisse et, à plus de 3,5% du total, le PIB dégagé par le secteur avec l’industrie, les ONG et les cantons. Notre division a déjà mené desdes matières premières dépasse celui du tourisme. Il est du devoir du gou- ateliers avec les représentants de l’industrie, dont GTSA, et a amorcé levernement d’assurer un terreau à la prospérité nationale mais il convient de dialogue avec les ONG. Nous aborderons les responsables cantonaux enrappeler que la défense de la paix et les droits de l’homme sont un thème dernier lieu. La première étape est de tracer la carte de l’existant et de com-central de la politique étrangère de la Suisse comme le stipule notamment prendre la perception des manquements et des atouts du secteur qu’ont lesl’article 54 de notre Constitution. En outre, il est important de traiter ce différents acteurs du dialogue.dossier dans un contexte international et non pas sur la base du seul droitsuisse afin d’éviter les écueils rencontrés dans d’autres secteurs. Quel est le degré d’avancement d’établissement de normes CSR recommandé dans le rapport?Sur quels principes fondez-vous votre approche? Nous progressons sur la base des normes existant tant ici même qu’auxSur ceux établis en 2011 par John Ruggie, ex- rapporteur spécial du Conseil états-Unis et dans l’Union européenne. Mais elles sont encore bien jeunes.des Droits de l’homme, institution onusienne qui est basée à Genève. Ces La réflexion commune que mènent les partenaires du dialogue se fait enprincipes directeurs sont une réponse au constat d’échec des efforts fournis référence à une série de thématiques adressées dans une étude que nouspar le passé pour créer des normes universelles contraignantes sur la res- avons commandée à l’Institut d’Ethique de la Haute Ecole de Saint-Gallponsabilité des états et des entreprises en matière de droits de l’homme. Ils qui a établi un état des lieux de la perception du secteur du négoce desforment un cadre souple qui vise à intégrer la protection de ces droits dans matières premières.la culture des entreprises et à s’assurer que les états veillent à ce que cesdernières ne portent pas atteinte à l’intégrité de ces droits. Ils traitent aussi Le rapport prévoyait également une étude comparative de l’environnement légalde la question des victimes et des mécanismes de réparation. Ce cadre est international.souple car il permet d’associer mesures volontaires et/ou contraignantes en Cette étude est terminée. Elle a été réalisée sous la forme d’un rapport defonction des politiques nationales et des secteurs concernés. droit comparé. Le Conseil fédéral se prononcera prochainement sur une proposition de suivi qui a été formulée par le Département fédéral de jus-Comment comptez-vous appliquer ces principes? tice et police et par le Département fédéral des affaires étrangères.Il existe deux manières de progresser. L’une consiste à passer par la pro-mulgation de lois. Or, l’appareil législatif requière un processus long et Quels sont les efforts faits par les autorités pour mieux informer le public?complexe en amont et exige aussi, en aval, un processus judiciaire parfois A ce stade des travaux, notre tâche est de faire, plus que de dire. Toute-interminable, notamment s’il porte sur des délits commis hors du territoire fois, nous sommes toujours disponibles pour répondre aux questions dessuisse. Une méthode difficile à mettre en œuvre – regardez ce qui est ad- citoyens et citoyennes, des médias et des parlementaires, lors des multiplesvenu des dispositions du Dodd-Frank Act concernant la divulgation des débats sur le sujet, ainsi qu’à celles de l’ensemble des acteurs économiquespaiements aux gouvernements étrangers des industries extractives, qui ont et sociaux. Sans oublier que nous répondons volontiers à toute invitation àété suspendues suite à un recours de l’industrie aux états-Unis. La seconde participer à des panels dans le contexte de conférences ou de forums.– qui correspond davantage à la culture politique suisse – est d’établir parexemple un code de conduite qui remporte l’adhésion des parties. Nous ne Quelle est la prochaine grande étape?cherchons pas à élever des obstacles règlementaires mais à convaincre les Un compte rendu de l’administration sur l’état des travaux concernant lessociétés de l’inévitabilité d’un comportement socialement responsable – car 17 recommandations émises dans le Rapport de base sur les matières pre-le statu quo n’est pas une option – à travers une approche participative et mières du 27 mars 2013 sera transmis au Conseil fédéral. crédible parce que nous estimons que les résultats en seront plus rapidesque par la méthode de normes nationales imposées d’autant qu’elle vient  Propos recueillis par Nicolette de Joncaire

PAGE 26. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| Transparence et éthique EntretienDavid Rosenberg | Ecom Agroindustrial«La durabilité est une question de survie pour lesmarchands de produits agricoles. Pas une option.»L a durabilité de la chaîne de pro- duction des denrées est un im- ONG dans le champ de la formation. L’une pératif pour le négociant. C’est des clés du succès est d’assurer des solutions la conviction que partagent viables de financement. Or, la microfinance, Ramon Esteve et David Rosen- très développée en milieu urbain, l’est peu en berg d’ECOM Agroindustrial. milieu rural où les cycles d’investissement sont longs, jusqu’à 8 ans lorsqu’il s’agit de planterPour cette maison spécialisée dans le café, le des arbres. Nul ne peut réussir seul et nul necacao et, dans une moindre mesure, le coton, peut maintenir un îlot de durabilité dans unla pérennité de l’approvisionnement venu océan de misère. Un investissement isolé, side régions en développement exige un en- considérable soit-il, reste simplement… isolé.gagement de fond vis-à-vis des producteurs. Il est essentiel d’expliquer l’importance d’uneUn principe qui garantit la viabilité des ex- chaîne d’approvisionnement saine et continueploitants et la qualité des produits livrés aux aux grandes marques. La loyauté des agricul-consommateurs. teurs est la clé de voûte de l’ensemble. Elle ne peut s’acquérir et se conserver qu’avec laVotre approche s’inscrit-t-elle dans une promo- coopération de toutes les parties prenantes ettion de la responsabilité sociale des entreprises? l’origine des produits doit compter aux yeuxIl ne s’agit pas simplement de responsabilité du consommateur final.sociale et encore moins de charité. La durabi-lité est un impératif et non une option. No- La traçabilité est-elle une complication?tre propre durabilité s’inscrit dans une rela- Ce n’est pas une complication. Si vous êtes réel-tion solide avec les producteurs de café ou de lement engagé la traçabilité devient un atout.cacao car notre activité ne se conçoit pas entermes de marchandisation dépersonnalisée Quels sont vos projets les plus porteurs?où seul importe le prix. En tant que négo- Le Kenya est un terrain très favorable grâceciants physiques, nous devons assurer le prix à son système légal, et plus particulièrementle plus élevé possible aux exploitants agricoles celui de ses coopératives, à la très bonne forma-tout en maintenant notre compétitivité vis-à- tion de ses agronomes et à l’excellence de sonvis des acheteurs. Il est impensable d’augmen- café. Certains pays n’offrent ni infrastructureter le rendement du café sans agir de manière David Rosenberg. Group Sustainability suffisante ni cadre légal adéquat. Chaque paysresponsable, c’est-à-dire sans améliorer les Advisor, Ecom Agroindustrial Corp. Suisse. est unique, chaque projet un cas à part. Lespratiques des fermiers, leur éducation et leur 1982-1986 Licence en Génie Civil, Université de Princeton. recettes du succès ne sont pas transférablessanté. L’essence de notre métier est donc de 1989-1992 Guide de rafting et de kayak au Costa Rica. d’une expérience à l’autre.nous inscrire dans un contexte professionnel Fonde l’ONG «Pro Rios» pour la protection desrégional et un investissement dans des com- rivières costaricaines. Comment opérez-vous au Kenya?munautés locales. L’avenir appartient aux 1992-1993 Master en études de l’énergie et de l’environnement, Sur le plan commercial, nous traitons avecvrais marchands et non aux simples traders Université de Boston. les coopératives agricoles qui peuvent dénon-qui n’apportent aucune valeur ajoutée. 1997-2003 Directeur de la Responsabilité sociale des cer les contrats chaque année. Sur celui de entreprises, Royal Ahold (supermarchés), Pays-Bas. la formation, nos agronomes forment sur lePourquoi cette approche vous est-elle nécessaire? 2003-2007 Directeur exécutif, UTZ Certified, Pays-Bas. terrain les chefs d’équipe qui, à leur tour, assu-Pour prévenir les ruptures d’approvisionne- Dès 2008 Responsable de la durabilité, Ecom Agroindustrial rent l’éducation des exploitants; ce qui permet,ment qui engendrent pénurie, rationnement Corp., Suisse. en moyenne, à un agronome de former uneet volatilité. Ce qui nous importe est d’assurer centaine de fermiers. Plus de 80.000 fermiersdes livraisons dont la qualité, la sécurité et la sont enregistrés chez nous et nous travaillonsstabilité sont garanties. avec environ 250.000 exploitants. La formation de base couvre les bonnes pratiques agricoles, de la taille à la conservation des récoltes en passantPar quelles étapes passe-t-elle? par le paillage et la gestion des sols. Nous menons les exploitants à uneEn premier lieu par un engagement à long terme vis-à-vis des producteurs. certification qui n’est pas une fin en soi mais une première étape, un instru-Les contrats à un an précarisent les fermiers et ne permettent pas leur déve- ment d’évaluation. 20% des ventes de café d’Ecom Agro sont certifiées ouloppement. En conséquence nous nous engageons sur 3 à 5 ans. La popula- produites par des fermiers certifiés. Dans une seconde étape, la formationtion rurale des pays en développement vieillit car son mode de vie ne séduit couvre des pratiques plus évoluées qui visent à accroître les rendements enguère les plus jeunes qui quittent les campagnes pour des existences moins usant de méthodes améliorées.difficiles. Un engagement à long terme de notre part donne aux produc-teurs le temps d’améliorer leur rendement et d’accroître leur revenu. Mais Qu’entendez-vous par méthodes améliorées?cet engagement n’est pas seulement commercial; nous faisons des efforts Au Kenya où les fermiers élèvent en moyenne deux vaches, ils apprennentconsidérables dans la formation agronomique qui ne peut se faire que dans à utiliser le fumier comme engrais. Le projet, mené en collaboration avecla durée mais porte indéniablement ses fruits. Nous avons constaté qu’au des ONG locales, permet d’améliorer les rendements et la qualité du café etbout de 3 ans, la productivité des fermiers augmente de 30% en moyenne. de fournir, en complément, les biogaz qui servent à cuisiner.Est-ce un défi? Avez-vous d’autres exemples?C’est un énorme défi. Les surfaces de production sont minuscules, parfois Au Nicaragua, au Honduras et au Guatemala où nous travaillons avec plusun demi à 2 hectares. Ce qui signifie que nous devons travailler avec des de 100.000 fermiers, nous soutenons la chaîne complète de production,milliers d’exploitants. Nous nous engageons parfois pour deux sacs de café de la distribution de plantes résistantes à la formation en passant par leen fin d’année. Etant donné que nous traitons environ 11 millions de sacs financement. Nous collaborons, par exemple, avec le CIRAD*pour iden-par an, vous pouvez facilement en déduire l’ampleur de l’effort nécessaire. tifier et produire des espèces hybrides susceptibles de résister à la rouille du caféier qui sévit depuis 2012 en Amérique Centrale et a détruit entreQuels en sont les risques? 10 et 30% des récoltes. Nous distribuons des millions de jeunes plants aux agriculteurs.L’infrastructure de formation que nous construisons n’est pas physiquecomme le seraient des plantations ou des usines. En construisant une capa- Vous travaillez avec l’IDH, l’initiative hollandaise pour un négoce durable.cité de production non matérielle, nous courons le risque que notre inves- Pourquoi pas directement avec les autorités suisses?tissement s’évapore pour se déployer en faveur d’autres acheteurs car lesfermiers que nous formons peuvent choisir de vendre à d’autres. La loyauté Le gouvernement suisse a choisi de coopérer avec les institutions qui ont faitbâtie sur des années peut s’effriter d’un seul coup. Sans parler des troubles leurs preuves comme l’IFC ou l’IDH (l’Initiative néerlandaise pour le com-politiques, comme en Côte-d’Ivoire par exemple. Et nos clients peuvent merce durable). Il est inutile de dupliquer les plateformes et l’IDH fait unégalement se tourner vers d’autres fournisseurs. travail fantastique. Les Suisses savent qu’il vaut mieux collaborer à l’échelle paneuropéenne ou à l’échelle mondiale que de faire cavalier seul. Comment atténuer ces risques?  Propos recueillis par Nicolette de JoncaireAgir seul est une folie. Nous collaborons avec les autorités publiques etles grandes marques commerciales pour construire un modèle qui amé- *Centre de recherche de Montpellier qui répond aux enjeux internationaux de l’agricultureliore la durabilité des fermiers. Nous travaillons aussi avec les banques de et du développement.développement comme l’IFC ou l’IDB et faisons front commun avec les

SOCIÉTÉ DE L'AGENCE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE SA L’intelligence économique à portée de main INDICESJanvier 2014 | Supplément mensuel du quotidien L’Agefi | N°09 | Fonds de placement bimestriel EntrEtiEn Décembre 2013 / CHF 5.50 L’économiste Hiroko SHimizu explique pourquoi les technophobies entraînent des Carole Hubscher coûts et délais réglementaires croissants. «Nous nous battons sans cesse pour UNIVERS LUXE pouvoir continuer de L’apparence de stabilité produire en Suisse» Présidente de Caran d’Ache PAGE 26 LE thèmE Fonds dE pLacEmEnt Les marchés actions conditionnés pour une nouvelle année de hausse Une meilleure conjoncture et la hausse des résultats des entreprises vont relayer le soutien des banques centrales PAGE8à23 AndreAs HöFert / Vincent JuVyns / cHristinA Böck / nicolAs Pelletier / cHristoPHer MAHon / dAVid kneAle / Guido Veul didier sAint-GeorGes / FiliPPo riMA / BirGitte olsen / MicHel keuscH / JereMy WHitley / MicHAel BretscHer / tiM loVe keVin corriGAn / Vikki lindstroM / dAniel VArelA / lAurence kuBli / MAttHiAs WildHABer / nicolAs cAMPicHe / MArkus FucHs angebault.ch Les parts de fonds de placements Nécessaire philanthropie La performance historique ne représente pas un indicateur de performanceimmobiliers: le complément idéal actuelle ou future.pour apporter de la performance à un portefeuille équilibré. Performance de La Foncière au 31.12.2013 1 an: + 0.65% CréatION CONtrôLE MENtaLItéS L’originalité La BCE favorise La soumission Il est dans notre nature 3 ans: + 19.43% ne résulte pas la centralisation aux structures de vous faire progresser d’une intuition des institutions publiques relève www.lafonciere.ch 5 ans: + 55.13% soudaine politiques de l’UE du masochisme 10 ans: + 94.01% LF_AGEFIindice_281x80_NEWSP.indd 1 20.01.14 12:32 Site internet 24h / 24h 10 parutions 6 parutions Encarté dans L’Agefi Kiosque / Abonnement 6 parutions 7 parutions 3 parutions 4 parutionsKiosque / Abonnement Kiosque / Abonnement Abonnement AbonnementSWISS BANKING | FINANCE | SERVICES | INDUSTRIE | HIGH TECH | IT | ENTREPRISESCOMMERCE | AUTOMOBILES | LUXE | TRADING | COMMODITIES | ENERGIES | FORMATIONHAUTES ÉCOLES | MANAGEMENT | RESSOURCES HUMAINES | MARKETING | LIBÉRALISMEPOLITIQUE ÉCONOMIQUE | PHARMA | www.agefi.com/abo LES MAGAzINES ÉCO-FINANCIERS ET LIFESTyLE ÉDITÉS PAR LE GROUPE

PAGE 28. Indices | | Février 2014 | Matières premièresThème Le Guide des métiersLes multiples facettes des métiers du négoceLe négoce international reste de l’acheminement de la marchandise. Ces der- Le travail de nouveaux métiers de contrôle ont vu le jourpeu connu du grand public nières années, le travail s’est fortement complexi- s’est fortement afin d’assurer que les entreprises du secteur sontet les métiers qui s’y rapportent fié et il est de plus en plus difficile de se «former complexifié toujours en conformité avec les lois. Pas facile,encore moins. Il est pourtant sur le tas» comme il était courant de le faire jus- et il est de plus quand il faut jongler avec plus de 70 autoritéstrès présent à Genève. qu’au début des années 2000. en plus difficile réglementaires dont certaines peuvent parfois La mondialisation a conduit de nombreuses so- de se «former entrer en conflit. Le développement durable Franca Tufo ciétés de négoce de matières premières à ouvrir sur le tas». occupe également une place de plus en plus im- des antennes dans d’autres pays leur permettant portante pour les acteurs de la branche, conscientsOHead hunter, TBS Human Resources & Services ainsi d’offrir aux jeunes de belles perspectives de de leur impact social et environnemental. n imagine souvent le négociant carrière à l’international. En plus d’une solide Les systèmes d’information se développent derrière ses écrans, un télépho- formation de base, il est essentiel de maîtriser toujours plus, notamment dans la gestion du ris- ne collé à chaque oreille, mais parfaitement la langue de Shakespeare, qui est que commercial, mais également au niveau des on ne sait pas toujours qu’il la langue par excellence du commerce interna- ressources humaines qui se globalisent pour faire n’est que le maillon d’une lon- tional, avant d’occuper quelque poste que ce soit face à la complexification des échanges commer- gue chaine et qu’autour de lui dans cette industrie. ciaux. Les entreprises emploient des personness’activent de nombreuses personnes aux profils Le secteur du négoce international recherche capables non seulement d’utiliser, mais égale-divers et variés sans lesquelles rien n’est possible. en permanence de nouveaux talents et des profils ment de concevoir ces outils informatiques trèsPour acheminer une cargaison d’un pays produc- très spécialisés bien qu’il soit parfois difficile d’y pointus.teur à un pays consommateur, nécessite l’inter- entrer, comme dans toute industrie. Il existe plu- Pour saisir la variété des perspectives de carrièrevention de nombreux spécialistes maîtrisant les sieurs programmes reconnus qui permettent aux offertes, l’infographie présentée ci-dessous décritrisques opérationnels et financiers à chaque étape entreprises de gagner un temps de formation pré- l’organisation d’une société de négoce type avec cieux et aux participants de découvrir de nouvel- une sélection de métiers de base. N’oublions pas les opportunités professionnelles. tous les autres métiers existants et à venir dans Suite à la crise économique et aux nouvelles régle- un secteur qui s’adapte constamment à un envi- mentations internationales qu’elle a engendrées, ronnement en évolution. Négoce de matières premières : une conjugaison d'expertises Analyste Coordinateur Opérateur Maritime Logistique Responsable Ressources Humaines Affrètement Responsable DE LA NEGOCIATION Responsable Commercial A LA LIVRAISON Communication Négociant L'énergie de toute une équipe Assistante Senior/Junior Administrative Experts Techniques Comptable (Agronome, Météorologue, Contrôleur de Gestion Mélangeur, Chimiste…) Responsable Technologie & Equipe Trésorier Juriste Responsable Risques Responsable Conformité Directeur Financier (juridique) Responsable Crédit Responsable Développement Durable (RSE)

PAGE 29. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERSRôle d’un négociant Analysteen matières premières Poste d’observation de l’économie Maha Daoudi le transport d’une cargaison de minerai de Responsable des concentrés cuivre de Zambie jusqu’en Chine. Fabio Gabrieli c’est l’occasion idéale pour confronter de cuivre, Trafigura D’abord, vous devez organiser le transport Directeur, Dry Bulk Analysis des modèles théoriques, quantitatifs et routier, ferroviaire et maritime entre deux and Strategy, Mercuria analytiques à des points de vue qualitatifs,Un certain don pour les chiffres, continents. Ensuite, il faut gérer les nom- éclairants, quelquefois inestimables. associé à un bon esprit d’équipe breuses exigences légales, réglementaires Généralement, dans le domaine des Il va sans dire que pour maîtriser l’énorme et à la capacité d’assimiler des et administratives en vigueur tout en matières premières, la notion d’ana- quantité de données qui lui est soumise,informations issues de sources multiples concluant des accords financiers. En même lyse se rapporte à celle d’analyse l’analyste devrait avoir des compétencesdu monde entier avant de prendre des temps, vous devez également surveiller fondamentale, qui est définie comme numériques solides, et qu’un diplôme dansdécisions commerciales réfléchies. Toutes de près d’autres facteurs qui risquent un moyen de prédire l’évolution du prix une discipline quantitative constitue unces qualités combinées décrivent le profil d’influencer vos plans d’action, tels que d’une matière première sur la base des atout.idéal pour devenir un bon négociant de les conditions climatiques mondiales, les fondamentaux de l’offre et de la demande. Dans le secteur des matières premières, lematières premières. routes commerciales internationales et L’analyse fondamentale se distingue de charbon est indubitablement un excellentJe travaille dans le département de la né- l’évolution du contexte politique. l’analyse technique, qui est une méthode poste d’observation des évolutions écono-gociation de cuivre de Trafigura. Bien que Quoi qu’il arrive, les fournisseurs et permettant de prédire l’évolution du prix miques. L’analyste charbon est à l’interfacebasée à Genève, mon travail m’amène l’acheteur comptent sur nous pour assurer sur la base de statistiques générées par entre au minimum deux macro-groupes:à voyager régulièrement en Afrique, la livraison de la cargaison dans les temps. l’activité du marché, notamment celles des les matières premières énergétiques et lesAustralie et Amérique du Nord, ainsi Imaginez que cette situation se produise prix et des volumes négociés. L’offre et la matières premières industrielles. Bien queque dans diverses zones d’Europe. simultanément à plusieurs endroits dif- demande sont rarement en équilibre. Le le charbon soit essentiellement destinéLe monde actuel repose sur le cuivre. férents du monde, et vous comprendrez déséquilibre se traduit par de l’excédent à la production d’électricité, c’est aussiSans cuivre, nous n’aurions ni téléphones quelles sont les défis auxquels doit faire ou du déficit; or, dès qu’un certain seuil de une ressource de base pour la productionni équipements électriques et les réseaux face un négociant. prix est atteint, des possibilités d’arbitrage d’acier. Ainsi, il est d’une part en concur-de transport internationaux cesseraient Je passe environ un tiers de mon temps se profilent, déclenchant des mouvements rence avec le gaz et d’autres combustiblesde fonctionner. hors de mon bureau de Genève à visiter de prix relatifs et/ou absolus. Les analys- pour la production électrique, d’autre partMon rôle se situe entre les mines de les mines, les fonderies, les ports et les tes les plus perspicaces se focalisent sur soumis aux fluctuations de la productioncuivre, souvent situées dans des endroits entrepôts. Je dois voir les choses de mes la prévision de potentiels déséquilibres d’acier et de la demande énergétiqueisolés, et les usines de production, qui propres yeux, obtenir des informations sur à court terme et/ou de futurs arbitrages, liée. Le charbon joue aussi un rôle essen-transforment la matière première en fils et le terrain et échanger régulièrement avec afin d’en déduire des stratégies de négoce tiel dans le marché du transport du vracalliages de cuivre destinés à une gamme nos partenaires commerciaux. lucratives. sec, puisqu’un navire de fret de vrac secvariée d’usages industriels. Il est difficile de toujours prendre la bonne La plupart du temps, l’analyste travaille sur trois en transporte; or, comme celaImaginez les enjeux que représente décision si l’on reste assis devant son dans le cœur de la salle des marchés, à représente vraiment un marché global, ordinateur.  côté des négociants, de sorte à être pleine- les taux de fret jouent un grand rôle pour ment exposé aux fluctuations quotidiennes déterminer l’évolution des flux de charbon.Ship operator des prix et aux évolutions du marché. L’analyste charbon est donc au croisementou l’optimisation Idéalement, il devrait régulièrement des matières premières, interconnecté à dedu transport assister à des réunions clients et aux multiples paramètres, c’est-à-dire idéale- discussions qui en découlent. En effet, ment positionné pour passer le marché à la loupe.  Azadeh Amini Agronome «Les fleurs Ship Operator sont le rire de la terre» Shipping Asset Management du transport et dans la manière de gérer Lara Moutin tés en même temps: physiologie et gestionLe transport maritime est un moyen le risque de contrepartie. Il facture la loca- Senior Advisor, développement des cultures, technologie, rendement, efficace de livrer les marchandises à tion/le fret, il règle les frais portuaires, la durable, Sucafina résistance aux maladies et lutte antipara- l’international. Il permet de convoyer location et gère les flux de trésorerie. sitaire, conservation et fertilité des sols,des biens précieux dont la valeur est éle- Le transport par bateau est un domaine Le terme agronomie vient du grec agro, nutriments, protection de la biodiversité,vée. Cependant, les risques ne se limitent très dynamique et donc relativement im- le champ, et nomos, administrer. utilisation de l’énergie et de l’eau…pas aux aspects financiers mais s’étendent prévisible. La tâche de l’opérateur est loin L’intérêt porté à l’agronomie grandit Ils jouent aussi un rôle éducatif. Ce sontà la sécurité des équipages et à la pollu- d’être routinière. Il peut s’attendre à avoir d’année en année. En effet, il s’agit d’une eux qui transmettent, via les collectifstion (et ses conséquences dramatiques). des surprises même sur les routes dont discipline dynamique au niveau internatio- d’agriculteurs, les connaissances nécessai-Un ship operator est un fournisseur de il a le plus l’habitude. nal, qui considère l’agriculture de manière res pour cultiver de la façon la plus effi-services, qui répond à la demande par des L’opérateur travaille en équipe, il doit se intégrative et holistique. cace, efficiente et rentable possible, toutcontrats d’affrètement, ou «fixtures». Il distinguer par de bonnes compétences Deux facteurs expliquent cet intérêt crois- en préservant les ressources naturellesreçoit un contrat et gère la comptabilité organisationnelles et des bases solides en sant: d’une part, la nécessité de nourrir et en protégeant l’environnement.du voyage. Dans le cas d’un affrètement finance. Bien sûr, il doit surtout maîtriser une population mondiale ayant en peu de Quel est l’essentiel de leur mission?au forfait, il planifie le transport de A à Z, la communication, afin d’entretenir des temps gagné un milliard de personnes et Participer au maintien de sols sains, assu-c’est-à-dire du point de chargement du na- liens avec les différentes parties (maître, d’autre part l’importance clé de la notion rer la qualité de la nutrition des sols, aidervire au point de déchargement: vitesse et affréteurs, propriétaires, inspecteur…). de confiance dans un monde où le choix se à sélectionner les meilleures combinaisonsconsommation, cargaison, carburant, opé- Il ne doit laisser passer aucun détail. décline à l’infini, où le temps est compté et récolte/sol/climat en fonction des condi-rations de manutention du fret dans les Il doit être résistant au stress et capable où la société est confrontée à une multipli- tions environnementales et économiques,ports, rien ne doit lui échapper. Tout doit de prendre des décisions dans l’urgence. cité de risques. Ce changement de para- définir le mode d’utilisation des intrantsêtre calculé de sorte à minimiser les coûts Des bases en droit sont un plus pour trai- digme a fait de la durabilité une question selon les cycles des cultures (par exempleet à maximiser la performance. Quand il a ter les réclamations qui lui sont adressées qui se pose au stade préconcurrentiel. quantité de pesticides, d’eau, d’énergie),fini de régler tous les paramètres, l’opé- quotidiennement. Les populations et les communautés ont développer des modes de culture respec-rateur donne ses instructions au maître Encore quelques précisions sur mon cursus: des attentes très élevées en matière de tueux de la biodiversité, des paysages, deet aux agents ainsi qu’aux autres parties je suis titulaire d’un master en Interna- garantie de la sécurité alimentaire (par le la faune et de la flore, identifier les risquesimpliquées, et surveille leur exécution. Il tional trading commodity finance and recours à des ressources renouvelables), environnementaux et les atténuer, trouverarrive assez souvent que les circonstan- shipping de l’Université de Genève. Cette de traçabilité et de transparence. des solutions pour réduire la consomma-ces l’obligent à revoir les échéances en formation m’a montré l’importance de cha- Les agronomes sont des scientifiques et tion énergétique, optimiser l’usage decours de route. S’il s’agit d’un affrètement cun des maillons de la chaîne du négoce des praticiens. Ils sont spécialistes des l’eau (par ex. compteurs d’eau, irrigationà temps, le processus demande moins de matières premières. Elle m’a également plantes et des sols. Le rôle de ces experts goutte à goutte). d’effort et, si tout se déroule bien, la permis d’approfondir mes connaissances a évolué au fil des années. Ils sont passéstâche est moins chronophage. L’opérateur sur les différents types de cargaisons né- d’une approche verticale à une approchevérifie que les instructions de l’affréteur gociés à l’international et sur les exigences holistique et intégrative, ce qui leur per-sont conformes pour éviter tout risque au dans le domaine du financement. Enfin, met de s’atteler à de nombreuses difficul-bateau. Le ship operator a une responsa- elle m’a donné des bases de droit. bilité majeure dans la gestion financière

PAGE 30. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERSOpérateur Conseiller juridiqueSa place dans une Faire cohabiter lessociété de négoce affaires et le droit Annelyse Piaut désigner une société d’inspection pour Simeon Lachev tions, bureau d’exécution Operation Manager superviser les opérations de chargement Conseiller juridique des contrats, traitement des réclamations, Quadra Commodities et de déchargement, faire en sorte que les Metinvest International «dépannage», surveillance des sanctions, ordres concernant l’établissement des do- du dumping, de la concurrence et dePendant longtemps, l’opérateur a cuments d’expédition soient reçus et trans- Avez-vous déjà demandé à des l’application des lois; été considéré comme le secrétaire mis dans les délais, contrôler la conformité négociants en matières premières  Résolution de conflits: du négociant. Pourtant, l’opérateur des documents aux spécifications contrac- de vous donner la recette de leur Arbitrage et médiation, procéduresexerce un vrai métier, qui requiert des tuelles et à la demande de l’acheteur, réussite en affaires? Je suis sûr que si vous judiciaires et exécution du droit;compétences spécifiques et qui apporte ou aux termes de la lettre de crédit. l’aviez fait, ils vous auraient dressé une  Entreprise et finance:une plus-value aux activités d’une société Un opérateur qui a de l’expérience gère liste d’ingrédients aussi divers que la qua- Relations secrétariat et actionnaires,de négoce. une bonne dizaine de bateaux à la fois. lité du produit ou des services fournis au représentation et participation,Les tâches qu’il accomplit peuvent varier Pour exercer son métier, il doit donc non client, la connaissance du marché, la flexi- conformité, etc.en fonction de la taille de la société, mais seulement s’y connaître en instruments bilité et l’anticipation, la gestion du risque, Le juriste interne doit avant tout êtreson travail essentiel consiste à exécuter financiers, en fret et en conditions d’assu- etc. Mais je suis aussi persuadé qu’aucun extrêmement courageux: pour dire non àles opérations réalisées par le négociant, rance, en Incoterms, en géographie d’entre eux n’y aurait inclus le travail de la direction, pour suggérer des solutionsautrement dit à convertir en espèces le et en anglais, mais aussi être doté d’un l’homme de loi. Pour nous, juristes, rien alternatives, pour manifester son désac-produit des ventes de marchandises. bon sens à toute épreuve. n’est moins surprenant: nous savons que cord à des collègues de longue date quiLa mission est plus compliquée qu’elle Il arrive que l’opérateur soit chargé de nous sommes perçus comme les ennemis sont souvent des amis, pour admettre sesn’en a l’air. gérer les contrats de négoce: cela requiert jurés du négoce, comme les empêcheurs propres erreurs…En effet, avant de pouvoir procéder à l’en- une compréhension globale de l’affaire et de tourner en rond, les éternels fauteurs Et pour dire même ce que ses interlocu-caissement, il faut avoir financé et garanti des clauses liées au contrat, c’est-à-dire de troubles. Bref, les négociants vien- teurs risquent de ne pas apprécier: s’illa transaction, affrété un bateau, produit un bon esprit d’analyse. Comme les socié- nent rarement nous annoncer de bonnes a l’intime conviction qu’il plaide pour leune série de documents conformes aux tés s’exposent quelquefois à des risques nouvelles. En général, quand ils frappent bien de la compagnie, c’est son devoir despécifications contractuelles et aux importants avec ces contrats, elles ont à la porte, ils sont déjà en rade et n’ont s’exprimer.exigences légales: la coordination de tou- tout intérêt à compter sur un opérateur sur les lèvres qu’un: «Houston, we have a Un petit conseil à mes futurs collègues: sites ces actions – à l’interne, et à l’externe qui les aide à évaluer ces risques et à problem»! Chez Metinvest International, vous n’avez pas le sens de l’humour, abste-avec les contreparties – incombe les minimiser, et qui confirme leur capa- nous sommes six dans l’équipe juridique et nez-vous. Mon chef n’arrête pas de répéterprécisément à l’opérateur. cité à respecter les modalités du contrat. nous avons quatre domaines de compéten- que la vie est une longue plaisanterieAutrement dit, pour que les marchandises Un bon opérateur se doit donc d’être ces principaux: et que même en temps de très grossessoient payées et, partant, que les espèces un très bon organisateur et un excellent  Stratégie: turbulences dans le négoce, un sourire nerentrent en caisse et que le feu vert soit communicateur.  Bonne gouvernance et statut juridique, mange pas de pain… Pensez-y: sourire,donné à l’expédition, l’opérateur doit assistance juridique sur alliances stratégi- c’est 100% légal! préalablement accomplir les formalités ques, projets juridiques et initiatives (ensuivantes: informer les contreparties particulier formations et promotion durespectives des accords d’affrètement, droit dans la compagnie);  Opérations: Révision des contrats, bureau des négocia-Responsable compliance Responsable durabilitéUne relation fructueuse Lorsque le futur compte avant tout Odile Roy de Puyfontaine Head of Compliance EMEA & ne s’ennuie jamais au bureau! Je fais face à Guy Hogge nées, ce principe de durabilité permet de Asia, Vitol Group de nombreux défis à mon poste, mais deux Global Sustainability nouer et d’entretenir des relations avec prédominent. Le premier consiste à amé- Louis Dreyfus Commodities de nombreuses entités externes à laJ’ai rejoint Vitol en janvier 2010 liorer la compréhension de notre activité société. Cela se concrétise soit directe- pour prendre la tête du service de parmi les décideurs, surtout considérant La préoccupation de durabilité est du ment, soit par le biais d’institutions inter- Compliance Europe, Moyen-Orient, l’ensemble spécifique de défis auxquels les ressort du département «complian- nationales consacrées au commerce et auxAfrique et Asie, après quinze ans passés au marchés physiques de matières premiè- ce». L’un des quatre postes de respon- matières premières, telles que les diversesLondon Metal Exchange et chez Macquarie res font face. L’autre est de convaincre, sables chez Louis Dreyfus Commodities tables rondes et les autres forums destinésBank. Au départ, notre relation s’apparen- en permanence, l’industrie que le service lui est consacré. C’est au «Responsable à faire progresser la politique de durabi-tait à un mariage tumultueux: nous savions compliance est une «unité de facilitation durabilité» qu’incombent l’élaboration lité. Ainsi, le profil et le programmeque nous étions faits l’un pour l’autre mais des affaires». Avec le temps, et la mise en application de ce principe. de Louis Dreyfus Commodities en matièrequ’il fallait du temps pour apprendre à on a appris qu’une bonne décision d’af- Nous nous efforçons en permanence de durabilité sont communiqués aux ONG,nous connaître. Quatre ans, de multiples faire est une décision qui prend en compte d’adopter une démarche durable plus aux institutions financières, aux clients,politiques, des heures de formation et un ce paramètre et qui, en cas de doute, structurée et uniforme dans toutes nos aux fournisseurs et aux autres entitéscertain nombre de cheveux gris plus tard, opte pour la prudence. Nous avons réalisé activités. Il est important pour nos divers concernées. tout fonctionne. ceci grâce à une approche collégiale: du services commerciaux d’être consultés, as-Mon rôle va du conseil sur des transactions service juridique aux finances, en passant sistés, et, si nécessaire, formés en matièred’affaires, à la fourniture d’informations par l’informatique, le risque, le middle et de démarche durable. Nous devons éga-sur un nombre croissant de réglementa- back office, nous travaillons ensemble. lement fixer des objectifs de mise en ap-tions en préparation, en passant par la Récemment, une publication financière a plication et d’amélioration le cas échéant.mise en place de politiques internes pour classé le rôle de compliance au troisième Lorsque des risques liés à la durabilité sontrespecter les réglementations internationa- rang des métiers les plus stressants après identifiés dans notre éventail d’activitésles, la conception de systèmes et contrôles le banquier d’affaire et le trader financier commerciales, il incombe au départementpour s’assurer que nos collaborateurs et mais je n’échangerais ma place pour rien durabilité de les gérer et de les limiter,nos compagnies sont conformes en tout au monde et me réjouis de fêter mes si nécessaire en définissant et en mettanttemps, ainsi que la participation à des 10 ans à ce poste.  en application des mesures correctives.groupes de travail entre professionnels Au-delà des activités internes susmention-pour que notre industrie soit mieux com-prise par les principaux intervenants – on

PAGE 31. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERSUne large gamme de formations métierL’industrie a aussi besoin de l’affrètement, sous le contrôle de responsables des GTSA a coordonné Suisse, mais également à l’étranger. Plus de 70formations non académiques. ressources humaines. Ce travail a abouti au lan- un groupe de personnes ont participé à ces cours et les retoursElles sont orientées vers cement du GTSA Operator’s Certificate en 2012. travail composé sont si positifs que certaines entreprises prévoientla pratique pour soutenir les Ce programme est unique puisque toutes les spé- d’experts dans déjà une nouvelle session afin d’approfondirefforts envers les débutants. cificités des trois principaux groupes de matières les opérations les sujets abordés. En fonction des sujets à traiter, premières (agriculture, énergie et métaux) sont et l’affrètement, de la durée souhaitée, du nombre de participants Silviane Chatelain abordées par les experts. Ces derniers sont épau- sous le contrôle et de leur niveau de connaissance, nous établis- lés par des intervenants et des consultants afin de responsables sons un projet de formation qui sert de base dePEducation & Training Manager, GTSA d’approfondir les sujets et varier les perspectives. des ressources travail dans une approche collaborative. our une entreprise compétitive et Cette formation offre aux opérateurs juniors humaines. Nous proposons également un cours de deux dynamique, le maintien du niveau ainsi qu’à ceux qui aspirent à le devenir, une ex- jours destiné à améliorer la collaboration interdé- de connaissance de ses collabora- cellente vue d’ensemble et la capacité à pouvoir partementale. Le but est d’offrir aux participants teurs et la formation continue sont passer d’un département à l’autre quelle que soit une bonne compréhension de toutes les étapes un défi quotidien. Il est également la matière première traitée. nécessaires pour mener une opération à terme. crucial pour un centre de compé- Les participants externes à l’industrie ap- Chaque phase est étudiée et l’accent mis sur lestences tel que l’Arc lémanique, d’être en mesure précient tout particulièrement d’en apprendre interactions entre intervenants. Ce cours a étéd’offrir une large gamme de formations afin d’as- suffisamment sur le négoce international, sur dispensé à plus de 40 personnes et une sessionsurer sa pérennité en renforçant l’expertise locale. une courte période (4 mois), pour estimer com- ouverte à toutes les entreprises sera organiséeGTSA travaille depuis 2008 avec l’Université de ment leur expérience et connaissances peuvent dans le courant de l’année.Genève pour proposer deux formations académi- s’intégrer dans le secteur. Ce concept est particulièrement intéressantques: un Master pour les jeunes diplômés et une Les cours sont organisés hors des heures de tra- pour les collaborateurs qui rejoignent l’industrieformation continue pour les professionnels ayant vail afin de ne pas interférer avec une activité ou les fonctions de support – tels que compta-au minimum deux ans d’expérience. professionnelle. Etant donné la demande impor- bles, ressources humaines, IT – afin d’accélérerL’industrie avait aussi besoin de formations non- tante, deux sessions sont organisées par an. leur compréhension des spécificités du négoce deacadémiques, orientées vers la pratique, pour Le GTSA Operator’s Certificate a rapidement matières premières.soutenir les efforts envers les débutants. Pour obtenu la reconnaissance de l’industrie et des L’association GTSA a acquis une grande expé-concevoir ce programme, L’association GTSA a employeurs commencent à contacter l’associa- rience dans le développement de cours offrantorganisé et coordonné un groupe de travail com- tion pour y trouver de bons candidats ayant suivi aux participants une application immédiate grâ-posé d’experts spécialisés dans les opérations et cette formation. ce à une excellente connaissance des besoins spé- En 2013, le GTSA a dispensé plusieurs cours à la cifiques de chaque compagnie. Notre collabora- carte à différents types de sociétés (grande socié- tion avec de nombreux formateurs du meilleur té de négoce international, société d’extraction niveau nous permet de contribuer au renforce- et société de service) dans différentes villes de ment de la compétitivité du secteur. 

PAGE 32. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERSRisk Manager Le Middle-officeConcentration à la croisée desde compétences métiers du négoce Laurence Lenfant avec les divers départements afin de récol- Lionel Crivelli de la bonne valorisation de ces positions Responsable des risques, Lia Oil ter les informations nécessaires à l’analyse Middle Office Distillates en choisissant la référence de prix appro- des risques non couverts. Il organise ainsi & Biofuels, Mercuria priée et en soulignant les risques de baseDans une société de trading en le suivi des risques en vue de permettre inhérents à l’activité de négoce physique. matières premières, la fonction de la mise en place d’une stratégie de Les opérations de trading sur les Il se charge de la couverture de ces risques «gestionnaire des risques» (Risk couverture ou non par la conclusion de marchés physiques entraînent une sur les marchés des dérivés et des changesManager) consiste en premier lieu dans le contrats papier (hedging) selon les risques exposition à un large éventail de afin de préserver la profitabilité commer-contrôle de l’application des règles et des que la société est disposée à prendre et risques, qu’ils soient opérationnels ou ciale des opérations. Enfin, il établit leslimites en matière de risques, approuvées qui sont généralement définis dans une financiers, comme le risque de prix ou de performances des portefeuilles en calcu-par le conseil d’administration, et le cas «Hedging Policy». change. Complexes et variés ces risques lant en toute indépendance du front officeéchéant de l’informer des dépassements et La fonction de «risk management» est sont souvent interconnectés. les pertes et profits des différentes stra-d’en expliquer les raisons. Son rôle s’étend très complète, du moins dans les petites Le Middle-Officer a pour fonction de tégies. Cela requiert une compréhensionégalement au support à la prise de déci- à moyennes sociétés de trading, car elle rendre compte de ces risques au travers poussée des mécanismes de formation dession du trading par l’analyse et l’encadre- nécessite de concentrer des compétences d’indicateurs précis et clairs. Cela néces- prix, mais aussi une vision exhaustive desment de ses objectifs en visant à sécuriser tant «classiques financières» liées aux site à la fois un suivi individuel de chaque coûts opérationnels, logistiques ou finan-la valeur des transactions. aspects risques de marché, que la com- opération exécutée par le front office, ciers qui impactent l’activité de négoce.Le Risk Manager se concentre surtout préhension des spécificités du trading mais aussi une approche synthétique et Bien que s’inscrivant dans un cadre précis,sur le risque marché (risque de variation physique de matières premières tel que agrégée des risques qui leur sont associés. ces analyses portent sur des opérationsde prix) ainsi que les risques associés pratiqué dans sa société. Assisté par des systèmes informatiques qui ont chacune leurs spécificités. Leà la couverture de ces variations de prix Le trading évoluant constamment, il faut spécialisés, il se doit également de Middle-Officer se doit d’être rigoureux,(risque de liquidité, basis risk, etc.). également adapter la gestion des risques suivre les opérations d’amont en aval, analytique et bon communicant afin deLes autres types de risque associés au et ses outils de mesure aux nouveaux en favorisant la communication entre s’assurer que l’intégralité des risques esttrading – et non négligeables – tels que les besoins. les différents départements impliqués bien retranscrite. C’est un excellent pointrisques de contreparties (politiques / finan- «Pour gagner, il faut risquer de perdre» pendant la durée de vie d’un contrat. d’entrée dans le secteur du négoce deciers / bancaires) ou risques opérationnels (Jean-Claude Killy, triple champion olympi- Sa journée type s’articule autour de grands matières premières, offrant une vision à la(shipping / marchandise) sont en général que). A chacun de définir combien il veut axes récurrents. En premier lieu, il pré- fois globale et détaillée de l’activité. suivis par d’autres départements tels gagner et d’en contrôler les risques.  sente la position globale du portefeuilleque Finances, Shipping ou Opérations. de négoce, organisée par type de produits,Au quotidien, le Risk Manager et son nature des transactions (purement physi-équipe sont en contact permanent ques ou papier) et par maturité. Il s’assureContrôleur de gestion Assistant administratifRôle décisif dans le L’ambassadeurprocessus décisionnel de l’entreprise Georgy Roshchin le département des finances pour décorti- Catherine Violet de professionnalisme. Il s’agit notamment Contrôleur de gestion quer les coûts financiers. Ce long processus Assistante administrative, d’assurer l’organisation de A à Z des Neste Oil (Suisse) permet de donner sens aux chiffres. Sucafina réunions internes et externes, de veiller C’est connu: pour bien gérer, il faut à leur bon déroulement, dans un environ-Comment passe-t-on d’un concept pouvoir compter sur de bonnes mesures. L’assistant administratif assure toutes nement favorable et avec une logistique commercial imaginé par un diri- Dans le cas d’un contrôleur de gestion, il les activités de relations publiques irréprochable. Cette tâche peut inclure geant à sa concrétisation en modèle faudrait ajouter: pour bien mesurer, il faut d’une société et veille à la qualité la gestion des emplois du temps.commercial? Comment détermine-t-on si pouvoir compter sur de solides procédures de l’environnement de travail. Ses tâches Tâche n°3: gestion de l’accueil.les résultats finaux d’une activité commer- internes. Sans bonnes procédures com- sont diverses et variées, et plus ou moins Cette tâche consiste en particulier àciale correspondent aux attentes initiales? merciales, pas de bonne gestion: c’est le exigeantes: il veille à ce que la réception organiser les voyages des employés – ceuxC’est à ces questions que doit répondre un secret! Toute société qui se veut ouverte et les salles de conférence soient en per- qui travaillent sur le site et ceux qui sont àcontrôleur de gestion. Ce travail lui permet et dynamique veille donc en priorité à la manence impeccablement tenues, trie le l’étranger –, des invités et des clients,d’accompagner les processus commerciaux transparence et à la fluidité de ses procé- courrier et, surtout, répond sans délai aux à s’occuper des formalités de visas eten apportant son éclairage sur les activités dures. Quant au contrôleur, il les analyse requêtes administratives des membres de d’assurances, à réserver les hôtels.de négoce de la compagnie. et formule des recommandations pour les la direction. L’assistant administratif est Chez Sucafina, l’assistant administratifEn analysant un large éventail de données, améliorer. véritablement l’ambassadeur de la société. assume en outre le secrétariat de la SCTAil accède à une perception fine de l’activité Comment devenir contrôleur de gestion Tâche n°1: gestion de la réception. (Swiss Coffee Trade Association).sous différentes facettes, et peut fournir chez Neste Oil? Je suis arrivé à ce poste Cette tâche consiste en particulier à Il joue un rôle essentiel dans l’organisationaux dirigeants les clés des meilleures après un parcours qui a commencé en assurer l’efficacité des communications té- de l’AG annuelle: il maintient les contactsdécisions. Deux tâches essentielles lui Russie par des études de chimie, s’est léphoniques et électroniques, à l’interne et avec les acteurs individuels et avec lesincombent: l’analyse de la performance poursuivi en Finlande par une expérience à l’externe, et à toujours renvoyer l’image organismes externes les plus importants, ilfinancière, en recourant à la modélisation dans l’ingénierie, et m’a conduit à Genève d’un grand professionnalisme. Il s’agit rédige l’ordre du jour et le PV provisoire.et aux feuilles de calcul et, sur cette base, où j’ai suivi une formation universitaire en notamment d’assurer l’accueil des visiteurs S’il le souhaite, il peut également s’en-la préparation d’un rapport financier; gestion commerciale. Mon travail au sein venant de l’extérieur et de prévenir les in- gager dans des projets aussi stimulantsla communication avec l’ensemble des d’une équipe de professionnels me permet terlocuteurs concernés; de tenir à jour les que l’organisation du repas annuel depersonnes engagées dans le processus d’acquérir une précieuse expérience de listes du personnel et des numéros de té- l’association, auquel sont conviées 700de négoce. terrain. Un contrôleur de gestion a bien léphone; de prendre les appels entrants et personnes.Tous les jours, le contrôleur de gestion fait son travail s’il a fourni aux dirigeants de les transmettre, sans exception, vite et Cette liste de tâches n’est pas exhaustive:doit surveiller les résultats financiers, les informations qui leur permettront de correctement; de veiller à ce que le bureau en fonction de l’adaptabilité de l’assistant,rassembler les données logistiques des donner le bon cap à la société.  soit rangé et à ce que tout y fonctionne de sa flexibilité et de sa direction, elleopérations, discuter du marché avec les bien. La gestion des stocks de matériel de peut s’allonger et toucher encore d’autresnégociants, collaborer avec le département bureau relève de cette tâche. domaines. de la gestion des risques pour étudier Tâche n°2: assistance administrative.l’exposition au risque de marché, et avec Cette tâche consiste fournir un appui ad- ministratif et bureautique aux membres de la direction, à faire preuve d’efficacité et

PAGE 33. Indices | | Février 2014Technologies de BORDEAUX - GENÈVEl’information et échangesinternationaux SPÉCIALISTE DE L’ASSURANCE DES MATIÈRES PREMIÈRES Mike Davies sez bien nos activités, processus et projets Directeur des technologies futurs. C’est pourquoi nous développons Céréales Cacao Café Coton Riz Sucre de l’information, Trafigura constamment de nouveaux logiciels et mettons à jour les programmes existants, Acier Minerais Pétrole Gaz naturel EngraisCela faciliterait les choses de pouvoir afin de répondre aux besoins en constante acheter un logiciel de négociation évolution de nos négociants. de matières premières. Mais même Avec la croissance permanente et le dé-si c’était possible, le programme serait veloppement d’activités sur de nouveauxprobablement déjà obsolète avant même sites, nous devons trouver des solutionsque l’on ait fini de l’installer. pour ajouter de nouveaux serveurs etAlors que notre société s’est rapidement relier les bureaux situés dans des zonesdéveloppée au cours des dix dernières isolées, sans affecter le déroulement desannées, son réseau informatique est opérations quotidiennes dans d’autresdevenu de plus en plus vaste et complexe. régions du monde.Nos transactions de pétrole et de métaux Les employés d’une société de négoceaugmentent tous les jours et touchent de doivent prendre des centaines de décisionsplus en plus de régions du monde comparé commerciales chaque jour en se basant surà notre situation en 2004. des informations pertinentes. Ce travailNous devons recueillir les informations est impossible sans un accès continu à desconcernant chaque étape de chaque tran- connexions informatiques rapides, fiablessaction et s’assurer que ces données sont et sécurisées.accessibles à différents départements de Protéger l’entreprise contre les menacesl’entreprise. électroniques est un autre défi sans fin.Si l’on prend également en compte les Les cybercriminels cherchent toujours unactivités minières et d’entreposage de la moyen d’attaquer les sociétés. Nous nesociété, on se rend bien compte des défis pouvons nous permettre de baisser laà relever pour relier entre elles toutes les garde ne serait-ce qu’un instant. Dans laactivités et les personnes impliquées. mesure du possible, nous devons garderDeux de mes principales missions concer- un temps d’avance, afin de développernent le développement des logiciels et de nouvelles protections et de tester leurl’entretien de l’infrastructure informatique efficacité.» globale. Nous ne pouvons compter entière-ment sur nos fournisseurs extérieurs pourdévelopper les programmes dont nousavons besoin, car ils ne connaissent pas as-L’assurance comme « VOUS VOUS ENGAGEZ SUR LES MARCHÉSoutil de financement NOUS NOUS ENGAGEONS À VOS CÔTÉS »des risques Des solutions d’assurances : Alexandre Sœur étroite collaboration avec des courtiers Global Head of Insurance qui négocient avec les assureurs ayant une U Facultés Maritimes Mercuria Energy Trading bonne compréhension des défis auxquels U Stockage les sociétés de négoce sont confrontées. U Responsabilité Civile Affréteur / FDDLes sociétés actives dans le négoce Cela implique d’établir des relations de U Risques Politiques et Risques de Guerre de matières premières sont naturel- confiance avec des acteurs qui restent peu U Pertes d’Exploitation lement exposées à des risques qui nombreux. L’étendue des garanties, le prix, U Risques Créditpeuvent compromettre leurs opérations, mais aussi les services qui sont fournis U Frustration de Contratleur profitabilité, voire leur résilience. Les sont les principaux critères de sélection et U Défense et Recoursproduits dont nous faisons le commerce il appartient aux personnes chargées dessont parfois dangereux, polluants, fragi- assurances de trouver le meilleur équilibre [email protected] - www.famarit.comles, destinés à la consommation humaine, entre ces paramètres.périssables, dématérialisés, ou de grande Finalement, il incombe à l’équipe assu-valeur, et les standards de qualité sont rance de gérer les sinistres qui surviennentchaque fois différents en fonction des pays et qui sont parfois complexes, du fait desdans lesquels nous opérons. Qu’il s’agisse produits concernés, des pays dans lesquelsde risques de dommages à ces produits, de ces incidents se déroulent, ou simplementrisques de responsabilité, ou de risques de de la rapidité croissante de la logistique. Ilpertes de revenus, les sociétés de négoce importe d’avoir des plans de gestion prêtsont besoin d’assurance pour financer ces pour faire face à un maximum de situa-accidents. tions. Tout ceci fait l’objet d’une grandeLes fonctions liées à l’assurance requièrent synergie avec les équipes juridiques,donc une compréhension holistique des auxquelles les fonctions assurance sontactivités de la société pour identifier ces d’ailleurs parfois rattachées.risques accidentels et mieux les maîtriser. Bien qu’aucune voie spécifique ne mèneCela implique donc une grande interaction à ces fonctions au sein des sociétés deavec les équipes chargées des opérations, négoce, beaucoup de confrères ont unede l’affrètement et de la finance. formation juridique ou économique et ilsLes risques accidentels ne pouvant être ont souvent passé la première partie deainsi encadrés sont alors transférés sur les leur carrière dans le secteur de l’assurance,marchés d’assurance. Nous travaillons en au sein de compagnies d’assurance ou de courtage.  FAMDEC013-Pubgenerique_ok_138,5x396_FR_GB.indd 1 30/01/2014 09:40

PAGE 34. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERSLe responsable financier La comptabilité danssous l’angle du crédit une société de négocetransactionnel Christine Callewaert Jean Christophe Bel tra de déterminer les termes de paiement; Finance and administration de contrôler la marge commerciale. Elle General Manager, Webcor une analyse des risques pays et besoins Manager, Alcotra s’appuie sur un critère opérationnel: la de couvertures («hedging») en fonction livraison par bateau. Un numéro de bateauEtre responsable financier dans une des matières premières; la préparation L’activité comptable est essentielle est attribué à chaque affaire (= livraison), maison de négoce est une fonction des états financiers… Comme on peut le dans la gestion de toute société. Elle dès l’ouverture de la ligne de crédit y essentielle au bon fonctionnement voir, les éléments sont nombreux et divers sert de base à la collecte d’informa- relative auprès d’une banque partenaire.et à la performance de cette dernière. En avant de pouvoir franchir le cap de la tions financières sur son fonctionnement Le comptable associe ce numéro à chacuneeffet, sous l’angle des crédits à l’appro- demande et de l’obtention du crédit. opérationnel et à la prise de décision. des pièces et écritures comptables (vente,che «transactionnelle», telle que la place Il incombera par la suite au responsable Le compte de résultat en est la pièce achat, frais,…) ce qui lui permet de déga-financière de Genève s’en est faite la d’établir une relation de confiance et de centrale. Il permet de déterminer comment ger une marge précise par bateau (diffé-spécialiste depuis des décennies, le rôle du totale transparence avec son chargé de l’entreprise vend et comment elle achète rence entre le montant de la vente et leresponsable financier sera varié et deman- relation bancaire afin d’apprécier toute et dépense. Il se divise en deux éléments: montant de tous les achats et frais). Ainsi,dera une excellente compréhension du mé- situation critique, qui sera solutionnée la marge et les frais généraux. les pièces encodées dans les comptestier de négociant afin de pouvoir traduire en général avec le concours de toutes Dans notre industrie, la marge commer- généraux et liées à la marge commercialeles besoins en termes de financement. les parties. ciale représente le résultat opérationnel sont simultanément saisies dans la comp-Une des premières tâches sera de définir la Une communication aisée alliée à une dégagé par l’activité de négoce. Elle se tabilité analytique. Notons que la compta-structuration des lignes de crédit qui pour- bonne compréhension des matières pre- calcule en déduisant des ventes, les achats bilité d’une société de négoce est généra-ra s’étendre de la production au transport, mières et des mécanismes de financement de produits ainsi que les frais directe- lement tenue en dollars US, car le travailà l’entreposage jusqu’à la distribution. transactionnels seront un atout majeur ment liés aux opérations, dont le fret, le s’effectue exclusivement avec l’étranger etS’ensuivra: la définition des besoins en ter- pour le succès du négociant.  stockage, les frais de surveillance et les la majorité des factures sont émises dansmes de volume et de cycle de financement intérêts. A ces frais s’ajoutent tous les frais cette monnaie. Les comptes sont convertis«Short Term/Long Term basis»; une analyse généraux (salaires, frais de bureau et de en francs suisses à la fin de l’année pourapprofondie des contreparties qui permet- voyage, amortissements, frais financiers établir les comptes statutaires officiels.  et taxes). Conjointement à la comptabilité générale, la société établit une compta- bilité analytique, qui permet entre autres la gestion du capital santé www.gsmn.chGSMN_Ad_281x198.indd 6 24.7.2009 13:12:49

PAGE 35. Indices | | Février 2014 | Matières premières ||| GUIDE DES MéTIERS EntretienBernard Morard | UNIGE«Le master en trading de l’Université de Genèvedétient le monopole mondial grâce aux stages »Doyen de la Faculté des Sciences Econo- Comment sélectionnez-vous les candidats? miques et Sociales (SES) de l’Université Nous présélectionnons les dossiers qui de Genève et direc- révèlent un bon niveau de bachelor et teur de la Formation un minimum de 500 points au GMAT. Les étudiants présélectionnés ont ensuite jusqu’en août pour trouver leContinue de la Faculté SES, le pro- stage obligatoire auprès d’une entre-fesseur Morard a été à l’origine de la prise de la place. Nous les aidons encréation du master en trading interna- diffusant leurs cv sur le site intranet dutional, commodity finance et shipping. GTSA, mais aussi en organisant uneIl nous explique comment la forma- journée de Speed Recruiting au courstion est devenue une référence mon- de laquelle les candidats ont neuf mi-diale en à peine six ans. nutes pour se présenter auprès d’une dizaine de sociétés. Ce système permetLe master en trading international, com- d’ajuster exactement le nombre d’étu-modity finance et shipping accueille cette diants formés aux besoins réels desannée sa sixième volée. Est-ce un succès? entreprises de la place genevoise.Absolument. Nous demeurons le seulmaster spécialisé dans le trading de Quel est le profil type d’un major de promo?matières premières à offrir une im- Il n’existe pas! L’année dernière, c’étaitmersion en entreprise. Les sociétés qui un étudiant issu de médecine. Si beau-participent au programme ont pour la coup d’étudiants viennent de bache-plupart collaboré à son élaboration, et lors en finance ou management (60%),sont très satisfaites des résultats. C’est d’autres font le master après des étudeségalement un succès auprès des étu- en droit, relations internationales, in-diants, qui sont pour la plupart enga- génierie ou encore sciences naturelles.gés à la fin du cursus. Le secteur du trading ne souffre t-il pasExiste-t-il des cursus concurrents ailleurs? d’un déficit d’image auprès des jeunes?Des formations dispensées par la Cass Oui, il existe un déficit auprès du grandBusiness School à Londres ou par le public en général, car les gros acteursSingapore Management Institute se du secteur ont pendant très longtempsrapprochent de ce que nous faisons, refuser de communiquer. Et quand ilsmais elles n’offrent pas de passerelle ont commencé à le faire, il faut avouerétroite avec le monde professionnel. qu’ils ont assez mal plaidé leur cause.Je pense cependant que des organis- Cela va prendre beaucoup de tempsmes privés vont à l’avenir essayer de Bernard Morard, Doyen de la Faculté des Sciences avant de rétablir une image plus pro-mettre sur pied des cursus semblables Economiques et Sociales (SES) de l’Université de Genève che de la réalité, et cela passera par laau nôtre, le potentiel étant important. et Directeur de la Formation Continue de la Faculté SES. prise en compte des vrais problèmes,Il faut aussi noter que certains négo- 1985 Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion. notamment sociaux et environnemen-ciants comme Cargill ou Trafigura ont 1987 Maître de conférence à la Faculté d’Economie Appliquée Centre d’Econo- taux. Cela dit, beaucoup de jeunes gensdes programmes en interne qui fonc- mie et de Technique du Financement (CETFI) Université de Droit, d’Econo- n’ont pas d’a priori sur le secteur.tionnent très bien. mie et de Sciences d’Aix-en-Provence. Professeur régulier au département des Sciences Comptables de l’Université du Québec à Montréal. Quel est l’avenir de la place genevoise?Comment le cursus est-il structuré? 1990 Professeur ordinaire d’HEC, Faculté des Sciences Economiques et Sociales. Selon moi, tout repose sur la fiscalité.Nous avons deux programmes. Le 1995 Directeur de la Formation Continue HEC Executive. Le passage à un taux unique de 13%,master en trading est dispensé sur 18 2007 Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et Sociales. contre 11,5% actuellement pour lemois et s’adresse aux étudiants ne pos- secteur, ne représente pas une réellesédant pas ou peu d’expérience profes- menace pour la place. En revanche, ilsionnelle. Le diplôme en commodity s’agit maintenant de déterminer surtrading, qui peut être couplé à un MBA, est destiné aux professionnels quelle assiette sera appliqué ce taux. Si le statut de société auxiliaire dispa-désireux de se réorienter dans le secteur. Le cursus est raccourci à 12 mois. raît, la facture fiscale des négociants pourrait s’envoler. A part cela, je suisLes deux programmes abordent tous les aspects du négoce: produits, logis- confiant que Genève restera compétitif sur le plan international.tique, finance, droit, éthique, etc. Certains ont identifié un risque réputationnel pour Genève et la Suisse lié auxIl n’est donc pas destiné uniquement aux futurs traders? activités des négociants. Comment appréhendez-vous cette problématique?Non, pas du tout. La diversité des métiers auxquels nous formons nos étu- Nous la prenons très au sérieux. Je fais moi-même partie d’une commis-diants est très vaste. Elle englobe des analystes, des logisticiens, des finan- sion à l’Etat de Genève qui pousse dans la direction d’une responsabilitéciers, des juristes, des traders et même des comptables. Ces métiers sont en accrue des acteurs. Au sein de notre cursus, nous insistons sur les risquespleine mutation puisque les grandes sociétés de négoce deviennent de plus réglementaires, environnementaux et sociaux que le trading de matièresen plus des sociétés industrielles, impliquant un besoin en compétences premières implique. Nous avons également invité la Déclaration de Berneélargies. A côté des sociétés de trading, des banques et des cabinets d’audit (ndlr: l’ong suisse qui milite pour une plus grande réglementation deengagent également chaque année des étudiants du master. l’activité des négociants) à donner un cours sur l’éthique que les profes- sionnels doivent avoir.Le nombre de candidatures reçues s’est établi à 119 pour la volée actuelle,contre 150 il y a deux ans. Comment expliquez-vous ce recul? Le futur de votre cursus se présente donc bien?La plupart des candidats savent désormais que le processus de sélection Oui. Nous travaillons désormais au développement de la recherche àest contraignant puisque seuls 20% d’entre eux parviennent finalement à travers une fondation qui regrouperait les professionnels de la branche,décrocher le stage obligatoire. De plus, nous ne communiquons pas énor- l’Etat de Genève et l’Université. Le nombre de thèmes de recherche liés aumément pour faire connaître le cursus car notre stratégie est de garantir la secteur est presque infini.qualité des cours avec moins de 30 élèves par volée. Par exemple?Est-ce que le profil des étudiants a évolué depuis la première volée de 2008? Le financement du trading de matières premières peut encore beaucoupOui, car la crise du secteur bancaire a poussé nombre de professionnels de évoluer. Chaque cargaison mobilise énormément de capital, mais sur desla branche à se réorienter. Le secteur des matières premières est perçu à cet périodes assez courtes de trois à six mois. Une solution serait d’émettreégard comme une solution alternative attractive. Par ailleurs, le nombre des bonds pour financer chaque cargaison. Cela permettrait aux banquesd’étudiants extra européens a diminué car les sociétés préfèrent utiliser de préserver leurs liquidités, de plus en plus réduites dans le cadre deleurs quotas de permis de travail pour des profils plus seniors. Il y a cette Bâle 3. Mais les défis liés à la titrisation des créances sont nombreux,année 42% d’étudiants détenant un bachelor suisse et 42% un bachelor ils offrent donc des opportunités de recherche très intéressantes. obtenu dans l’Union Européenne.  Propos recueillis par Olivier Pellegrinelli

PAGE 36. Indices | | Février 2014Philippe Schindler MarchésCIO, Blue Lakes AdvisorsLe début d’année ouvre d’étranges perspectives……et remet en question Cinq ans après l’une des plus graves crises écono- la fébrilité s’installe et les bourses plongent. très soudaine hausse de l’euro contre yen, en finun grand nombre mico-financières, l’économie américaine donne de En Suisse, le pays affronte la vindicte internationale d’année, consacre l’augmentation des opérationsde certitudes relatives bien meilleurs signes de santé. Le secteur privé a (notamment en matière bancaire), le pouvoir politi- de portage (spéculation) des gérants alternatifs,aux mécanismes de sérieusement réduit son endettement net, l’immobi- que balbutie et improvise, la stabilité du franc n’est en quête de rachat à la fin d’une année difficile.l’économie et de la lier résidentiel se redresse, la répression financière due qu’à des actions sans précédents de la banque Pourtant, au concret, la dispersion effective, que cefinance. de la Réserve fédérale s’amenuise, les graves cliva- centrale, et pourtant la croissance est respectable, soit en termes de cycles de croissance, d’inflation ges politiques s’estompent, les taux longs remon- le chômage raisonnable, la bourse et les marchés de ou de liquidités augmente. Moyennant quoi, les tent, la bourse se porte très bien, mais le dollar, taux très porteurs. derniers chiffres décevants de l’ISM et de l’emploi pourquoi reste-t-il si calme et pourquoi quelques Le monde serait-il sans dessus-dessous? Ou, plus ont pris le marché à revers, tout comme les données chiffres macro sèment-ils une quasi-panique? prosaïquement, n’assisterait-on pas une fois de plus très contrastées en provenance de la zone euro. It’s Dans la zone Euro, le crédit se contracte, la défla- à un déphasage entre attentes et espoirs d’un côté investors’ psychology, stupid! Rien de très nouveau, tion menace, la vision politique, la force commune (fantasmes des financiers) et réalité pure et dure en fait, donc probablement des émois (et le dénoue- manquent, le chômage explose, les tentations de l’autre (développements concrets de la sphère ment débridé des positions à levier), sans sérieux centrifuges, séparatistes progressent, la BCE fait réelle). Rien ne serait plus normal en économie/ changements de tendance. des acrobaties, mais la bourse et l’euro montent, et finance, sciences sociales par excellence (donc Avec du recul, nous ne voyons par conséquent pas les capitaux affluent dans la périphérie «sinistrée». «non-exactes» par nature)? Une sorte de confirma- de raison à ce stade de revoir notre scénario réso- Même les très conservateurs fonds monétaires et tion des mérites de la finance «comportementale», lument constructif où les actifs risqués, notamment caisses de pension du nouveau monde se pressent qui s’affirme d’ailleurs de plus en plus comme une les actions se comportent mieux en 2014 que les aux portes du Vieux-continent. discipline académique outre-Atlantique! «actifs-refuge» comme les bons du Trésor. Dans les pays émergents, certes l’activité ralentit, En fait, dès la fin 2013, les marchés ont effective- En effet, les chiffres macro-économiques mensuels mais les ferments d’une grave crise manquent: les ment montré des signes manifestes d’exagération sont par nature erratiques, et dans le cas précis réserves monétaires sont conséquentes, l’endet- car les attentes, donc la psychologie, ont joué un influencés par les facteurs politique et climatique. tement public est raisonnable, la dette en devises rôle déterminant. Un fort consensus s’est notam- Néanmoins, il faudra se montrer sélectif et mobile, (dollars) est bien inférieure aux cycles précédents, ment forgé pour largement escompter l’embellie et surveiller de près l’évolution politique en zone les monnaies flottent (plus, voire mieux), les ban- conjoncturelle. De nombreux indices l’attestent, Euro, avec des votes et élections délicats (sur les quiers centraux plus réalistes (jusqu’à en monter comme la compression des spreads, la hausse velléités indépendantistes) qui se profilent en promptement les taux). Pourtant les capitaux fuient, des multiples (PER) et la faible volatilité, etc. La Ecosse, Grèce, Espagne… Thierry Amy En droitAssocié, BCCC Avocats SarlDérivés OTC: nouvelle réglementation fédéraleLa nouvelle Loi fédéralesur l’infrastructuredes marchés financiersS(LIMF) représente unerefonte fondamentale uite à la crise financière survenue en ché concernés se conformant d’ores et déjà aux fisamment standardisés, seront tenus (i) de com- 2008, les autorités de contrôle natio- exigences internationales et européennes en vi- penser leurs opérations par l’intermédiaire d’une nales et internationales des marchés gueur en la matière. Afin d’éviter tout arbitrage contrepartie centrale autorisée en Suisse ou dans financiers ont pris conscience des ris- réglementaire au niveau international et surtout une autre juridiction (94 P-LIMF) et (ii) de com- ques inhérents au négoce des dérivés l’apparition d’un paradis réglementaire en Suis- muniquer à un référentiel central autorisé les négociés hors bourse (dérivés OTC) se, le Conseil fédéral a décidé que le négoce de caractéristiques essentielles de leurs opérations pour la stabilité de l’ensemble du système finan- dérivés sera désormais soumis dans notre pays à sur dérivés (à l’exclusion toutefois du nom des cier. Depuis lors, les Etats membres du G20 (lors une réglementation conforme aux normes inter- ayants droit économiques contrairement à ce quedu droit suisse en du sommet de Pittsburgh de septembre 2009) ont nationales, dans le cadre d’une nouvelle Loi fé- prévoit EMIR), et ceci au plus tard le jour ouvra-particulier sur le pris un certain nombre d’engagements politiques dérale sur l’infrastructure des marchés financiers ble qui suit la conclusion, la modification ou lanégoce de gré à gré et ont chargé le Conseil de stabilité financière (LIMF), dont elle vient de mettre en consulta- fin de l’opération sur dérivés (97 P-LIMF).de valeurs mobilières. (CSF) de promulguer des recommandations en tion un premier projet en date du 13 décembre Pour toutes les opérations sur dérivés OTC non vue de leur mise en œuvre. 2013 (P-LIMF). suffisamment standardisés, notamment lorsqu’il Publiées en 2010, ces recommandations ont A l’instar d’EMIR, dont elle s’inspire largement, n’existe aucun marché ou un marché peu li- servi de base pour l’élaboration non seulement la LIMF portera non seulement sur les dérivés quide, les participants, en l’absence d’obligation de réglementations nationales dans les pays du de gré à gré, mais également sur tous les produits de passer par une contrepartie centrale, devront G20 – même si aujourd’hui le processus n’est dérivés. La LIMF consacrera trois obligations se conformer aux obligations de réduction des pas très avancé –, mais également du Règlement essentielles: obligation de compenser les opéra- risques prévues par les articles 99 et suivants européen relatif aux produits dérivés négociés tions sur dérivés par une contrepartie centrale P-LIMF (gestion continue des risques opéra- de gré à gré, aux contreparties centrales et aux (clearing), obligation de déclarer les opérations à tionnels et de contrepartie, échange de garanties référentiels centraux (EMIR – «European Mar- un référentiel central et obligation de réduire les appropriées, évaluation quotidienne au prix du ket Infrastructure Regulation») entré en vigueur risques. A ce stade, aucune obligation d’effectuer marché, etc.). Faute de place ici, nous ne pouvons le 16 août 2012. les opérations sur dérivés par l’intermédiaire entrer dans davantage de détails notamment sur Complété par neuf Normes techniques de régle- d’une plateforme de négociation n’est introduite, les règles applicables aux opérations intragrou- mentation et d’exécution adoptées le 19 décem- même si la LIMF contient déjà les bases léga- pes ainsi que sur les diverses exemptions prévues bre 2012, EMIR constitue la réglementation la les nécessaires à cet effet en prévision de l’entrée par ce projet de loi. plus aboutie et certainement la plus exigeante en en vigueur d’une telle obligation dans les Etats En définitive, contrairement à EMIR, la LIMF la matière, à l’instar du Dodd-Frank Act du 21 partenaires. Il est prévu que la LIMF entre en semble adopter une approche plus pragmatique juillet 2010, qui ne vise toutefois prioritairement vigueur mi-2015. et plus respectueuse des intérêts économiques qu’à réglementer les swaps. A l’instar d’EMIR, les dispositions de la LIMF des participants sur le marché des dérivés OTC, En Suisse, actuellement, le négoce de dérivés en matière de négoce de dérivés s’appliqueront se rapprochant en cela de la réglementation amé- OTC n’est pas soumis à une réglementation largement, notamment au négoce de gré à gré ricaine. La LIMF constitue néanmoins une re- conforme aux normes du CSF, ni dès lors équi- de dérivés sur matières premières et sur devi- fonte fondamentale du droit suisse en matière de valente à celles d’EMIR; ces opérations sont en ses (forex), pour autant que les seuils applica- réglementation des infrastructures financières et effet conclues individuellement entre les par- bles aux positions brutes moyennes prévus par plus particulièrement du négoce de gré à gré de ties, obéissent aux dispositions du droit privé du cette réglementation – dont le montant que leur valeurs mobilières. code des obligations et se réfèrent à des modèles méthode de calcul devront être déterminés par Nous n’aurons dès lors une vision claire des de contrats standards (ISDA ou contrat-cadre le Conseil fédéral par voie d’ordonnance (92 conséquences de l’introduction de cette nouvelle OTC de l’ASB). Ceci n’empêche toutefois pas P-LIMF) – soient atteints par les contreparties réglementation que lorsque nous connaîtrons les que la grande majorité des opérations sur dé- (financières ou non) concernées. Il s’ensuit que dispositions d’exécution que le Conseil fédéral rivés suisses soient transfrontières et se fassent les acteurs sur ces marchés, pour autant que les respectivement ou la FINMA édicteront par avec l’Union européenne, les acteurs du mar- dérivés de gré à gré qu’ils négocient soient suf- voie d’ordonnances. 

PAGE 37. Indices | | Février 2014ManagementContre la psychologisation en gestionIl faut en appeler au retour lité et il va alors mobiliser des registres à celle-ci Le manager fonctionnalisme et son ancrage dans l’héritagede la raison gestionnaire contre en tous points opposés. Le management devient fragilisé par du management scientifique, visait aussi à modi-la tendance psychologisante alors un art, une rhétorique, une esthétique, un sa blessure fier les comportements des personnes pour qu’ilsqui se développe depuis trois bon sens, etc., et les ressources dont il a besoin narcissique aillent dans le sens de la stratégie avec ses objec-décennies déjà. vont par conséquent se trouver du côté des sen- accepte de plus tifs négociés, ses primes à l’atteinte des objectifs; timents, des affects, des valeurs… et non plus de en plus souvent il visait aussi à transformer les comportementsFabien De Geuser, ESCP Europe la logique formelle. Quand la peur et le désarroi comme un fait mais sans en passer par le tripotage des esprits, rencontrent l’irrationnel, on peut craindre le pire. inéluctable pourrait-on dire, que semble impliquer le lea-LAlain Max Guénette, HEG Arc Le manager devient un fou et le management la mort de sa dership. Refusons au manager la responsabilité es chercheurs en sciences humaines une magie. C’est à cela qu’il faut s’opposer. rationalité. de s’attaquer à la psyché et acceptons de le limiter et sociales se sont attachés depuis La dénonciation d’une certaine rationalité ma- aux comportements. longtemps déjà à remettre en cause nagériale n’équivaut en effet pas au rejet de Cette tendance à la psychologisation des l’hypothèse de rationalité du mana- toute forme de raison gestionnaire. Dire que les questions managériales, en mobilisant une doxa ger. Ils ont fait vaciller la statue du raisonnements de nos cadres sont parfaitement probablement seulement pseudo-psychologique, manager scientifique, raisonneur, discutables n’implique pas qu’ils ne doivent plus a de plus amené le management à réintroduirerigoureux, qu’avaient contribué à construire les raisonner. Il convient par conséquent de recons- en son sein un conflit des facultés que sa dimen-premiers penseurs du management. Le royau- truire un management réellement scientifique, sion profondément clinique lui avait évité jusqueme de la raison managériale a vécu, semble-t-il, rationnel au sens de la prépondérance d’une pen- là. En effet, les questions de gestion intégraientabattu par la rationalité limitée, le déterminisme sée réfléchie, consciente de ses limites mais rigou- et intègrent vraisemblablement des dimensionsculturel ou professionnel, les mimétismes et les reuse, explicite et responsable dans ses postulats anthropologiques variées: économiques, politi-phénomènes de mode. Le manager, autrefois si de causalité. ques, sociologiques, ergonomiques, psychologi-puissant, a cédé devant les coups portés par les Pour cela nous proposons de dé-psychologiser ques… La mode psychologisante, en ramenantthèses de nombreux auteur∙e∙s critiques. Le roi le management. De plus en plus, les recherches ces problèmes à une lecture unique, floute alorsgestionnaire serait nu. La raison managériale s’ef- comme les pratiques situent le métier du mana- les autres dimensions. Le manager n’a plus alorsface. L’heure du désarroi managérial a sonné, cel- ger avant tout dans le registre des valeurs et de d’appartenance de classe, de corps, de sociologie,le des passions et des sentiments vient ensuite. la subjectivité. Le manager doit mobiliser des d’environnement politique. Les egos se gonflentLe manager dérationalisé, fragilisé par sa bles- subjectivités et des valeurs à travers des «techni- à mesure que disparaît le monde dans lequel ilssure narcissique, accepte de plus en plus souvent ques» regroupées principalement sous l’ombrelle se déploient.comme un fait inéluctable la mort de sa rationa- du leadership. L’idée est donc de transformer Cela ne veut pas dire qu’il faut rejeter les appro- les esprits, les modes de pensées, les sources de ches de la psychologie mais, encore une fois, plu- croyances,… à travers la manipulation des désirs tôt le faire scientifiquement. En définissant l’épis- et des valeurs des managés. Manipulation est à témologie et la pratique de la science de gestion prendre au sens fort. Il y a manipulation car il y comme une discipline clinique qui mobilisera au a tentative de transformation profonde des per- gré des problèmes auxquels elle se confronte les sonnes, quelques fois sans qu’elles le souhaitent facultés et les disciplines qui, par opportunisme, ou en soient conscientes. Le contrôle de gestion lui seront nécessaires.  classique, avec son parfum suranné de structuro-Daniel Held LeadershipDirecteur, PI Management, Lutry*Etre humain ne signifie pas être gentilPeut-on être humain Jour après jour, nous observons combien de fois, la personne est à une ou deux deux années de la fois-ci. Cela revient à donner un poisson, mais neen licenciant des en voulant se montrer humain, on ne fait qu’être retraite. En associant le fait d’aborder le problème pas apprendre à pêcher. A laisser quelqu’un surcollaborateurs? gentil, tolérant et manquer de courage. Avec à se séparer de la personne, et en oubliant deux place, en mode survie, sans lui donner une réelleEt dangereux en se beaucoup de souffrance humaine qui en découle, choses: que l’entourage de la personne endure occasion de donner une nouvelle orientation à samontrant tolérant? bien pire que ce que l’on a voulu éviter. pendant ce temps encore de la souffrance; et que le vie (professionnelle). Prenons à titre d’illustration trois exemples risque que le départ à la retraite se fasse mal, que En d’autres termes, en voulant en apparence préser- fréquents, parmi plein d’autres: la personne s’en aille en mauvais état, déçue voire ver la situation, respecter l’autre, on fait générale-  La faible performance d’une personne qui se humiliée, sur un conflit ou un échec, est grand. Là ment exactement l’inverse: on crée les conditions donne de la peine: nombreux sont les managers qui aussi, en faisant preuve soi-disant d’humanisme, pour l’enfermer définitivement dans un schéma de ne donnent pas un feedback clair à une personne on cultive les non-dits, on entretient des situations dépendance, dans une situation qui plus le temps qui se donne de la peine mais ne répond pas aux toxiques et l’on crée toutes les conditions pour une avance, devient vraiment sans issue, dans une attentes. Le nombre d’évaluations qui sont entre frustration intense par rapport à ce qu’on a donné spirale négative qui ne peut se terminer que dans bonnes à très bonnes, alors qu’il y a des lacunes à une organisation tout au long de sa carrière. la rupture ou la maladie. manifestes, reste beaucoup trop élevé. Les collabo-  La situation de dépendance (ex. alcoolisme): Or, tout ceci n’est pas une fatalité, parce qu’il s’agit rateurs savent en général que les choses ne vont cette situation fait aussi partie de nombreux non- de «cesser d’être gentil pour devenir vrai»2, de pas très bien, mais on ne le leur dit pas. dits, où tout le monde sait et se tait, par peur de quitter le besoin de protéger et de sauver les autres Les managers se justifient invariablement par un la réaction et par laxisme qui se sera déguisé en et le monde pour une posture où l’on est ferme et argument humaniste: «la personne se donne de la discours humaniste. Ce n’est pourtant qu’en plaçant juste, mais où l’on donne une vraie chance de s’en peine; elle a progressé un peu; elle est dans une la personne face à un choix qui serait plus dange- sortir. On n’aidera jamais quelqu’un à quitter une situation difficile; je ne veux pas l’enfoncer...» qui reux et inconfortable (p.ex. le licenciement, spirale négative par la compassion. Il faudra inévi- généralement cache un manque de courage et la rupture) que le changement de comportement tablement le sortir de sa zone de confort, au risque surtout une peur de ne pas savoir gérer les événe- attendu que l’individu aura une chance de s’en qu’il n’apprécie pas et le fasse savoir. Mais c’est ments qui pourraient en résulter. Ce faisant, on sortir. Pas en faisant preuve de tolérance. à ce prix, avec une réelle intention d’aider l’autre laisse pourrir une situation qui ne peut que condui- Derrière l’humanisme se cachent donc des attitudes à trouver une solution, que l’on sera vraiment re à terme à une rupture, qui sera d’autant plus et schémas comportementaux inadéquats de la part humain.  pénible que la personne sera dans un état plus des managers. Parmi ceux-ci, nous retrouvons des critique (épuisée, déprimée, malade, sans confiance sujets que nous avons déjà traités dans ces lignes1, (1) Par exemple «Ne pas confondre confrontation et conflits»; en elle) et qu’elle aura perdu plusieurs années telles que la peur du conflit, de faire mal à l’autre «Ces peurs qui nous gouvernent»; «Gérer la faible performance»; précieuses dans la recherche d’une autre voie ou de ne pas maîtriser ce qui pourrait résulter de la «Où est passé le courage managérial». Voir www.piman.ch, ou pour changer quelque chose dans sa vie. situation, parce qu’on n’a pas la solution toute faite. publications AGEFI. (2) Titre d’un best-seller de En étant soi-disant humain, on l’a en fait condam- Ce faisant, on choisit donc clairement de privilégier Th. D’Ansembourg, qui mérite d’être lu sur le sujet. née sans lui donner de vraie chance de s’en sortir. le court terme et une situation de confort – pour-  L’attente de la retraite: l’on nous dit souvent aussi tant hautement inconfortable pour tout le monde * Directeur du cabinet PI Management, Empowering que cela ne vaut plus la peine d’aborder un dysfonc- – à un inconfort passager qui pourrait mener à une for change (www.piman.ch). Enseignant dans plusieurs hautes tionnement ou une inadéquation de rôle, parce que nouvelle situation de confort – confortable cette écoles. Partenaire et certificateur Savilleconsulting et Career4life.

PAGE 38. Indices | | Février 2014Création d’entrepriseL’innovation dans l’artisanat de bijouxRenata Bossetti et Sara Mesquida «Notre cliente et prochainement de Globus à Lausanne, Aiko àont créé en avril dernier à Vevey est une femme La Tour-de-Peilz et Il Duomo à Novara, en Italie.une nouvelle marque de bijoux épicurienne En outre, les deux fondatrices organisent régu-haut de gamme distribués de 25 à 55 ans lièrement des ventes privées pour leurs clientes,essentiellement via internet. qui apprécie les dans des boutiques ou des hôtels de luxe. belles choses Focalisée sur l’innovation, la marque deDidier Planche et valorise bijoux Pépit9s jouit d’avantages concurrentiels le travail indéniables. A commencer par un style uniquePJournaliste économique pour GENILEM artisanal et et des séries limitées, répondant aux besoins assionnées par les bijoux et par- son expression d’individualité et d’exclusivité de la clientèle; la tageant les mêmes valeurs de artistique.» très large variété des créations et la qualité du qualité liées à la fabrication arti- fait-main suisse sont encore des atouts prépondé- sanale, ainsi qu’une vision identi- Renata Bossetti (à gauche) et Sara Mesquida rants, auxquels il faut ajouter un service person- que d’une esthétique résolument ont fondé Pépit9s en avril 2013, à Vevey. nalisé et une distribution dynamique fonction- contemporaine, les deux créa- mes ont des profils professionnels parfaitement nant sur le principe de l’e-commerce, couplée entrices, l’italienne Renata Bossetti (35 ans) et la complémentaires. plus à des partenariats avec un nombre restreintfranco-libanaise Sara Mesquida (32 ans), ont Chaque collection comporte dix-huit de boutiques.fondé Pépit9s en avril 2013, à Vevey. Non, le lignes de créations, dont chacune d’elles forme Pour les deux fondatrices de Pépit9s, l’enjeu,9 figurant dans l’identité de leur marque n’est un groupe comprenant un collier, un bracelet aujourd’hui, et davantage encore le challengenullement une coquille d’édition; il désigne un et une paire de boucles d’oreilles assortis. A ce consistent à profiler la notoriété et la crédibi-chiffre symbolique, auquel elles tiennent comme jour, il existe 54 créations différentes et, dès ce lité de la marque, afin de l’ancrer durablementà la prunelle de leurs yeux, puisque les deux mois de mars, elles grimperont à 116 réparties auprès de la gent féminine. Pour y parvenir,jeunes femmes sont devenues mamans le même entre deux collections. Quant aux prix de ventejour, un 9 septembre... Ces deux-là étaient donc à l’unité, ils oscillent de 170 à 300 francs et bien Les deux créatrices ontidéalement vouées à se rencontrer. Preuve en sûr au-delà, en cas de création d’une pièce uni- l’ambition de positionnerest la naissance d’un partenariat créatif qui s’est que. «Notre cliente est une femme épicurienne leur marque comme uneimposé comme une progression naturelle de de 25 à 55 ans, qui apprécie les belles choses, va- référence dans les bijouxleur amitié. lorise le travail artisanal et son expression artisti- fabriqués en Suisse.C’est ainsi que cette jeune pousse, sélectionnée que», confie Sara Mesquida.puis accompagnée par un coach de GENILEM En constante augmentation, les ventes des bijoux leur meilleur outil reste le bouche-à-oreille quedepuis l’année dernière, conçoit, fabrique et vend Pépit9s s’effectuent principalement via un e- pratiquent leurs clientes comblées, mais encoredes bijoux haut de gamme, sous la forme de col- shop, le site internet de la marque (www.pepit9s. des annonces en ligne ciblées, des collaborationsliers, bracelets et boucles d’oreilles. Chaque créa- com). Les clientes peuvent cependant les trouver avec des blogueuses de mode et la tenue pro-tion est réalisée à la main en série limitée de 99 également dans une poignée de boutiques, sélec- chaine d’une conférence de presse, en espérantpièces numérotées – toujours pour marquer ce tionnées selon des critères qualitatifs en termes que les médias fonctionnent comme une caissefameux 9 septembre lorsque Renata et Sara ont d’image et de service. C’est le cas de Tonja à Bâle de résonance efficace.donné la vie – et garanties par un certificat. A moyen terme, elles ambitionnent de po-Alliant finesse, originalité et perfection, leurs sitionner Pépit9s comme une référence dans lesbijoux se composent de pierres fines et semi-pré- bijoux fabriqués en Suisse, puis de développercieuses, de laiton revêtu d’or ou de rhodium re- des lignes pour les hommes et les enfants, toutflétant une élégance audacieuse et intemporelle, en mettant davantage l’accent sur la personnali-mais aussi de corne naturelle et de corail bambou, sation des bijoux pour femmes.entre autres, provenant de sources respectueuses «A plus long terme, nous souhaitons implan-de l’environnement. «Les miracles de la nature ter notre marque à l’étranger et peut-être nouset son éternelle transformation constituent une diversifier dans divers accessoires, comme dessource infinie d’inspiration pour nos créations», sacs», relève Sara Mesquida, précisant que «com-commente la cofondatrice de la marque Pépit9s, me notre ADN est lié à notre touche artistiqueSara Mesquida, spécialiste de marketing en char- sur la collection, qui change continuellement, lage de la direction opérationnelle de la société, variété devient intrinsèque à notre marque». tandis que sa collègue Renata, styliste de profes- www.pepit9s.comsion, s’occupe de la création et de la manufacturedes bijoux. Autant dire que les deux jeunes fem-

PAGE 39. Indices | | Février 2014La communication d’entreprise entrecanaux traditionnels et numériquesLes nouvelles technologiesimposent un vrai changement moteurs de recherche et sur les réseaux sociaux, Les entreprises aux enjeux des médias sociaux, quels que soienten termes de modèles de plutôt que d’aller le chercher avec les techniques souhaitant leur fonction et leurs départements. Un contenucommunication. Faut-il de communication traditionnelles. développer créé et partagé par un «influenceur», interne oupour autant renoncer aux Conscientes de ces nouveaux paramètres, une stratégie de externe, sera perçu comme authentique et aurainstruments traditionnels? les entreprises désireuses de mettre en œuvre communication plus d’impact qu’une campagne de communica- une stratégie de communication digitale efficace digitale efficace tion officielle. L’opinion d’une personne proche Tatiana Amaudruz doivent adapter leurs pratiques, voire même par- doivent adapter n’inspire-t-elle pas plus confiance qu’un logo? fois leur organisation. Communiquer sa marque leurs pratiques. Que l’on parle de communication tradition-LResponsable Communication GENILEM en ligne nécessite d’inclure les médias sociaux en nelle ou numérique, il subsiste toutefois quelques a communication sur les médias amont, dans les réflexions stratégiques, et d’inté- règles universelles à respecter. Comme pour toute numériques se distingue de la com- grer une vision relationnelle et participative de réflexion stratégique, il convient en premier lieu munication traditionnelle par sa la communication où l’échange se situe au cœur de répondre à certaines questions fondamentales: constante évolution en matière de des considérations. Contrairement aux médias quels objectifs de communication, quels messages technologies et d’utilisations. Au- traditionnels, la communication via les médias pour quels publics-cibles, quels outils employer à delà des nouvelles compétences sociaux permet aux utilisateurs de réagir immé- quel moment. Etre présent sur les medias sociauxtechniques à acquérir, ces moyens de diffusion de diatement au travers de feedbacks et de commen- par mimétisme, parce que les concurrents s’yl’ère 2.0 – terminologie par ailleurs déjà obsolète, taires, véritable opportunité pour l’entreprise de trouvent, n’apportera guère de résultats, si celapuisqu’elle laisse désormais sa place au inbound mesurer l’impact de ses actions en temps réel et ne s’inscrit pas dans une stratégie avec des objec-marketing – impliquent une mutation profonde de rectifier le tir, le cas échéant. tifs clairs. En outre, quelles que soient les actionsdes mentalités au sein des entreprises. Appréhen- Puisque la diffusion unilatérale de contenus entreprises, il est indispensable de rester fidèle àder les médias sociaux de manière statique avec anonymes vers son public-cible ne suffit plus, il l’ADN de sa marque et de construire intelligem-les mécanismes de la communication tradition- faut repenser le schéma relationnel entre la mar- ment autour de cette identité pour la renforcer.nelle est une erreur souvent commise. que et son consommateur, en lui proposant des Enfin, un bon contenu reste un bon contenu, peuQu’est-ce qui change fondamentalement? Les contenus pertinents et personnalisés (opinions, importe le format et le canal de diffusion. Unenouvelles technologies imposent un vrai change- tendances, conseils, expériences, etc.) qui crée- marque doit savoir raconter de belles histoiresment en termes de modèles de communication. ront le dialogue et favoriseront de ce fait l’inte- (storytelling), celles qui donnent du sens et ap-Il n’est effectivement plus possible de s’appuyer raction au sein d’une communauté. Se donner portent une information utile au consommateur:sur un modèle traditionnel dans lequel 90% des l’objectif d’atteindre un million de fans (ou de des histoires susceptibles d’instaurer le dialoguemédias sont achetés sous forme d’espaces publi- followers) qui resteront inactifs sur sa platefor- et de créer une relation.citaires. Le modèle de référence actuel s’articule me en ligne n’aura que peu de valeur ajoutée. Outils traditionnels ou numériques, chaque ac-différemment: 90% des médias sont ceux que l’on En revanche, l’opération se révélera bien plus tion menée doit, dans les deux cas, s’inscrire dansdétient ou que l’on conquiert (owned/earned me- fructueuse – en termes d’image et de crédibilité un plan de bataille structuré, s’appuyant sur unedia), à l’exemple d’un site internet d’entreprise – si le degré d’interactivité est élevé. Mieux vaut réflexion centrée sur le consommateur et non sur(owned) ou de toute forme de contenus échangés donc miser sur une communauté qualifiée que son propre produit/service. Introduire les médiassur les plateformes en ligne, blog, vidéos et autres quantifiée, ainsi que sur la pertinence de conte- sociaux dans les réflexions initiales et donner plustweets (earned). L’inbound marketing se définit nus de haute qualité. d’importance aux canaux digitaux n’entraînentprécisément comme une stratégie marketing Aller à la rencontre de la communauté existante pas l’abandon total des outils traditionnels. Auvisant à amener le client vers soi et à attirer le de sa marque consiste avant tout à identifier les contraire, ils pourront se compléter et se soutenirprospect par la qualité du contenu diffusé sur les «influenceurs», ces ambassadeurs aux profils bien mutuellement. La vision strictement dualiste qui ciblés, dont l’avis compte et qui raconteront spon- tendrait à mettre des barrières entre ces deux uni- tanément votre histoire sur la toile. Ces forces ne vers n’a donc pas lieu d’exister. Online ou offline, se trouvent pas uniquement à l’extérieur de l’en- l’expérience du consommateur doit être vécue de treprise. Un élément-clé dans la communication manière cohérente, avec la même intensité.  relationnelle est de savoir reconnaître ces talents en interne en sensibilisant tous les collaborateurs www.genilem.chThierry Mauvernay PharmaAdministrateur-délégué, Debiopharm Group™La santé n’a pas de prix mais elle a un coûtL’industrie pharmaceutique est complexe car elle exige de différente. A chaque étape du parcours industriel, un autre spé- mations lues sur des blogs en ligne qu’à l’avis des médecins. Onhautes compétences dans des domaines scientifiques comme cialiste prend le relais et vient seconder le global project mana- peut parfois le regretter, mais c’est un fait dont nous devonsla chimie, la pharmacie, la médecine, la biologie. Mais l’avenir ger, qui assure la continuité du processus, et avec qui il forme obligatoirement tenir compte. La pharma devra donc se rappro-est à la convergence des sciences. Si cette évolution contribuera un binôme temporaire. Ensemble, ils vont donner le timing. Pour cher du patient, l’écouter davantage et entrer plus souvent enà accroître les interconnexions que doivent maîtriser les entre- gérer un portefeuille de 30 produits, contre 15 actuellement, contact direct avec le consommateur final. Ce qu’elle ne se per-prises pharmaceutiques, en faisant appel à des bio-informati- une grande pharma devra donc s’organiser de manière plus mettait pas jusqu’ici, souvent pour des raisons réglementaires.ciens, à des mathématiciens, à des statisticiens, à des experts flexible et plus souple. Avec des centres de décisions décentra- Avant, le produit était roi. Aujourd’hui, c’est le patient qui esten technologies de l’information, elle multiplie l’efficacité des lisés et des hiérarchies plates, le travail en matrice permet de le président. Le secteur pharmaceutique devra passer progres-entreprises pharmaceutiques et apporte de nouveaux outils prendre des décisions en quelques jours contre des mois d’at- sivement d’un modèle B2B (business to business) à un modèleextraordinaires qui ouvrent des champs de recherche inexplorés. tente dans une entreprise très hiérarchisée. Etre plus efficient, B2C (business to consumer). C’est une évolution qu’ont connueCe nouveau contexte propulse à la tête des industries pharma- plus efficace et plus rapide est aussi une nécessité économique d’autres secteurs économiques.ceutiques souvent des gestionnaires dont la tâche est de pour la pharma. Car, si la santé n’a pas de prix, elle a un coût. A l’avenir, l’importance des blockbusters pourrait égalementpiloter de multiples projets complexes. Ces managers doivent Notre devoir est d’améliorer notre efficience pour permettre s’atténuer progressivement jusqu’à disparaître. L’industrieêtre à même de gérer ces grandes organisations en mutation, de soigner mieux et plus de patients avec proportionnellement pharmaceutique sera contrainte de commercialiser par exemplecontraintes d’abandonner leur structure pyramidale tradition- moins de moyens financiers. 20 médicaments qui génèrent de 300 à 500 millions par an, aunelle, pour adopter une organisation du travail plus souple, Car, la société nous demande de soigner toujours plus de lieu de gérer cinq produits qui affichent chacun des revenus deplus rapide et plus efficiente. patients, plus longtemps, mieux et avec proportionnellement plus d’un milliard par an. La médecine personnalisée, qui offreL’une des manières pour la pharma de gagner en efficience moins d’argent. Leurs nouveaux managers doivent aussi avoir la possibilité de stratifier les patients, permet de recourir à desconsiste à travailler non plus en silos hermétiques où chacun une vision à long terme capable d’intégrer les ruptures tech- traitements, qui, parce qu’ils s’adressent à une portion plusdéfend son projet, mais en matrice. Autrefois, le chef de produit, nologiques et des changements de comportement. Dans la ciblée de la population, vont générer moins de revenus.souvent le directeur médical, accompagnait le futur traitement pharma, l’avenir ne sera plus une simple suite ou une répétition Cela n’est pas forcément négatif. Actuellement, 900 millionsde A à Z, du début à la fin du processus. Seulement, ce dernier des modèles passés. d’occidentaux bénéficient de soins de qualité. Bientôt 7 mil-n’était pas toujours le plus compétent dans tous les domai- Sous l’impulsion des nouvelles technologies, et des associations liards d’êtres humains accèderont à un système de santénes. Il est difficile d’être le meilleur à la fois en toxicologie, en de patients, la donne a changé dans le monde de la santé. En presque comparable. Quoi qu’il arrive, le marché des produitsformulation, en essais cliniques, dans le secteur réglementaire cas de maladie, 75% des patients s’informent sur Internet. Mais pharmaceutiques ne se réduira pas. Mais il faudra l’alimenteret commercial. L’organisation matricielle prévoit une approche surtout, 25% d’entre eux font davantage confiance aux infor- avec des médicaments plus ciblés. 


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