LITTERATURE Nos compagnons de la rentrée DESIGN Quand la mode s’invite sur nos sofas BIJOUX Tiffany, l’histoire d’un mythe BEAUTE Les indispensables du sac à mainL’HIVERSpécial mode AVECALLURE NOS SIGNATURES : ANTOINE JAQUIER, JULIEN FAVREAU, FRÉDÉRIC MAIRE, DANY HASSENSTEIN, NICOLAS BOS, SERGE LUTENS, ALEXIS GEORGACOPOULOS, THIBAUT PANAS, BENOÎT VIOLIER 139
ÉDITOPar Lucie Notari, rédactrice en chefRéinventer la roue radicalement la notion même de se © DENIS HAYOUN vêtir ? Vous désirez un élément de ré-Peut-on encore innover dans l’univers de la création ? Inéluc- ponse ? Pour ma part, je n’en ai mal-tablement, vous me direz en chœur : « oui ». Mais la question heureusement pas. La question restesemble bien plus épineuse qu’il n’y paraît. Si l’on se fie à la dé- ouverte, même si ma tête a envie definition de l’honorable Larousse, l’innovation est « le fait d’in- vous répondre non, mon cœur voustroduire quelque chose de nouveau pour remplacer quelque dira oui. J’apprécie encore et toujourschose d’ancien dans un domaine quelconque ». Quelque chose des mythes du vestiaire réinterpré-de nouveau… bien ! Et si, à tout hasard, nous nous penchons tés ou encore la valse des tendancesdu côté de la création vestimentaire (à tout hasard bien évi- de la rentrée qui fait la part belle àdemment, cette édition étant un Spécial Mode), innover, d’un quelques périodes légendaires de lapoint de vue textile, me semble totalement opportun. Il suffit mode… Mais je ne sais pas s’il restede pianoter IFM (Institut Français de la Mode) sur votre clavier des choses à inventer et préfère rester ouverte aux surprenantesd’ordinateur pour trouver la réponse à notre question. Soit, d’in- découvertes. Car finalement, à chaque styliste sa propre visionnombrables articles citant des innovations textiles telles que les de la création ; et force est de constater qu’elles divergent toutes.matériaux thermorégulants ou encore les vêtements jetables Pour certains, la mode est un processus évolutif et il n’est pasréalisés avec des milliers de fibres pulvérisées directement sur nécessaire de toujours être radical (dixit Marc Jacobs), pourla peau… Maintenant, si l’on s’intéresse à la création pure, celle d’autres, les idées se créent dans le laboratoire créatif qu’estde la coupe du styliste qui imagine de nouvelles manières de la Haute Couture (Pierre Cardin). Pour ma part, j’en garde unese vêtir, tant pour l’homme que pour la femme, la véritable qui finalement, sera ma piste de réflexion : « Je ne crée pas desrévolution est-elle encore possible ? Notre fidèle Larousse nous vêtements, je crée des rêves » (Ralph Lauren). Que l’on aime oul’indique : « La création est une action d’établir quelque chose qui non le style Ralph Lauren, une chose est vraie, la création, qu’ellen’existait pas encore ». C’est là que le bât blesse : a-t-on déjà tout soit innovante ou pas, doit avant tout créer une chose : l’émotion.inventé ? La technologie sera-t-elle la figure de proue du ves-tiaire de demain ? L’innovation se définit-elle désormais par la Belles découvertes à vous !réinterprétation de pièces emblématiques ? Ou, doit-on réviserILNECSOTNRTOOISURNABLES Cara Delevingne n’était pasDU MAG la première à avoir rendu Créer du neuf avec du « tendance » les sourcils vieux… Certains groupes fournis. Retour sur un atout de beauté utilisé depuis la de mode misent sur le revi- nuit des temps.Best Friends : parce que val de maisons de coutureles sites d’aujourd’hui ne mythiques.se cantonnent pas auxrencontres amoureuses,la preuve.© SAM BISSO POUR FOLIO ID © DR © VERONICA DALL’ANTONIAp.20 p.58 p.77 5 INTRO Profil 139
SOMMAIRE MODE© QUENTIN LEGALLO p.40 Carnet de styleL’élégance, autrement, p. 36 • Falling in love, p. 39 • Besaces et bottines, le shopping, p. 56 • Le réveil des belles endormies, p. 58 • La slow attitude, un nouvel art devivre, p. 60 • L’interview express de Corto Moltedo, p. 62 INTRO Edito, p. 3 • Courrier des lecteurs, p. 8 • Moodboard, p.10 • Accessoires mais indispensables, p. 12 • Places to be, p. 14 • La liste de nos envies, p.15 • Le cliché, p. 16 • L’épingleuse épinglée, p.18 SOCIÉTÉ Recherche d’amis.com, p. 20 CULTURE L’agenda culturel, p. 24 • Billet : l’angoisse de la page blanche par Antoine Jaquier, p. 25 • Rentrée littéraire, p. 26 • Le génie d’Omar Porras, p. 29 • Martin Szekely, l’art discret, p. 30 • Billet : les petits pas de danse de Julien Favreau, p. 31 • Billet : le coup de projo de Frédéric Maire, p. 32 • Billet : paroles de mélomane de Dany Hassenstein, p. 34INTRO 6Profil 139
SOMMAIRE DESIGN© MISSONI p.84 Quand les marques de vêtements se mettent au design Archi Design, p. 82 • Billet : les coups de cœur art & design d’Alexis Georgacopoulos, p. 83 • Le soleil avant la grisaille, p. 86 HORLOGERIE Tendances brillantes, p. 64 • Joyeux Joyaux, p. 65 • Cartier de la mode, p. 66 • La clef du succès selon Tiffany, p. 68 • Billet : flairs horlogers de Nicolas Bos, p. 70 BEAUTÉ Beauté en rafale, p. 72 • Billet: les coups de fragrances de Serge Lutens, p. 73 • Mode et maquillage, la part du rêve, p. 74 • La tentation, p. 76 • Tendance beauté : les sourcils, p. 77 • Oh my Must!, p.78 ART DE VIVRE Billet:lenezdeThibautPanas,p.90 •LesrecettesdeBenoîtViolier,p.92•Hambourg,lavilleenmouvement,p.94•Unjour,uneville,p.96•Instastyle, p. 97 • Concours d’été, le best of, p. 98 INTRO ERRATUM : une erreur s’est glissée dans notre dernière édition. Nous avons en effet omis de citer le nom du mannequin de notre shooting coloré « Tutti Frutti ». Toutes nos excuses à Chrystelle de l’agence Square Agency. Profil 139 8
eric-bompard.comGenève Rue du Vieux Collège 7 - 022 310 96 16 Lausanne Rue de la Paix 4 - 021 312 69 23 Zurich Kappelergasse 13 - 043 497 39 13
ÉNCORUISV!EZ Cher Profil, Mode, Culture, Sport, Beauté, Musique, Art de Vivre, La Dolce Vita (nos bons plans pour croquer la vie) et beaucoup plus… quelle diversité ! Comme à chaque fois, vous m’avez fait rêver… On se laisse volontiers inspirer par un voyage découvert dans vos pages, nous avons suivi, avec mon mari, vos bons plans pour le Tessin ! Comme quoi, même les âmes viriles - pourtant un véritable routard - tombent sous le charme de Profil. On ne se lasse pas (oui, oui, j’inclus encore une fois mon homme) de parcourir vos pages et de se laisser envoûter par tant de beauté… Bref, PROFIL Magazine is THE BEST in Switzerland ! Therese, de FroidevilleAmandine de l’agence Ford est pho- …Et gagnez...tographiée par Quentin Legallo. Elleporte un ensemble veste et jupe en tweed Un foulard 1001 Nights signé Fabric Frontline d’unede laine avec souliers en chèvre gros grain beige, valeur de Frs. 450.-le tout signé CHANEL. Mise en beauté par William Oliver Robinsonpour Lancôme avec la base Pro Hydraglow, Miracle Cushion – Beige Félicitation à Therese, l’heureuseRosé 02, Touche Miracle – Voile de lumière 01, Belle de Teint-Belle de gagnante, qui pourra affronterMoka 07, Blush Subtil – Brun Roche 011. Yeux : La base Paupière Pro l’automne en toute quiétude grâceAquatique – Beige Porceleine 02, Hypnôse Palette Star Eyes – Brun au foulard 1001 Nights, 100% soieau Naturel, Hypnôse Palette Star Eyes –Terre d’Ivoire, Hypnôse Doll de Fabric Frontline. Ce foulard estEyes – Noir 01, Sourcil Gel – Châtain 04. Lèvres : L’absolu Rouge – Beige issu de la collection automne-hiverMirage 250, le tout Lancôme. de cette indétrônable marque nichée en plein cœur de Zurich. Une pièce 100% Swiss made aux inspirations florales !© BULGARI © FABRIC FRONTLINE Alors qu’attendez-vous pour nous écrire? Le mois prochain, écrivez-nous à [email protected] pour remporter le set beauté Goldea, signé Bulgari, composé de deux parfums, d’un gel douche, d’une huile et d’un lait pour le corps, d’une valeur de Frs. 432.- Nos coups de cœur, vos envies & des concours, suivez Profil sur Facebook: www.facebook.com/profilmagÉDITEUR AGEFI SA DIRECTION CEO OLIVIER BLOCH, [email protected] RÉDACTRICE EN CHEF LUCIE NOTARI, [email protected] JOURNALISTE DANNY BAUMANN, [email protected] ADMINISTRATION AGEFISA, RUE DE GENÈVE 17, CASE POSTALE 5031, 1003 LAUSANNE, TÉL. 021 331 41 41, WWW.AGEFI.COM RÉDACTEURS EXCLUSIFS ANTOINE JAQUIER, JULIEN FAVREAU, NICOLAS BOS, BENOÎT VIOLIER, ALEXIS GEORGACOPOULOS,SERGE LUTENS, FRÉDÉRIC MAIRE, DANY HASSENSTEIN, THIBAUT PANAS CONTRIBUTEURS SYLVIE ULMANN, JULIE DE LOS RIOS, EDITH JEAN, STEPHANIE BOULOT, RÉMY HAAS, RODOLPH DE MARCO, JEANNE DUBUIS,LENAKA PHOTOGRAPHY, GAËLLE SINNASSAMY, QUENTIN LEGALLO, MATTHIEU SOLAL, NICOLAS BRUNNER, ELIANE BOOM, VERONICA DALL’ANTONIA, MARIE-FRANCE RIGATAUX-LONGERSTAY, BARBARA STEUDLER, ALEXANDERFRIEDMAN GRAPHISME FABIAN ECHEVERRIA, WWW.FABIANECHEVERRIA.CH, BENJAMIN PICHONNAZ, WWW.LAPROD.TV STAGIAIRE GRAPHISME TIAGO LAMEIRO, WWW.LAPROD.TV CONTRÔLE GRAPHISME SIGRID VANHOVE, [email protected] SECRÉTAIRE DE RÉDACTION RÉMY ARNAUD, [email protected] RESPONSABLE MARKETING KHADIJA HEMMA, [email protected] FINANCES CAROLE BOMMOTTET,[email protected], PATRICIA CHEVALLEY, [email protected] ABONNEMENTS JESSICA MAQUELIN, RUE DE GENÈVE 17, CASE POSTALE 5031, 1002 LAUSANNE, [email protected], SUISSE FRS. 29 .-,ÉTRANGER 29 €, ( FRAIS DE PORT INCLUS + TVA 2,5 % INCL. ) PUBLICITÉ SUISSE NATHALIE DI RITO, [email protected] AGEFI SA TÉL. 021 331 41 24 PUBLICITÉ ITALIE STUDIO VILLA MEDIA PROMOTION S.R.L., [email protected], VIA LUCA COMERIO 1, I-20145 MILANO, ITALIE, TEL +39 (0)2 311 662 PUBLICITÉ FRANCE AFFINITY MEDIA, [email protected], 53 RUE DE MAUBEUGE, F-75009 PARIS, FRANCE, TEL. +33 (0)153 05 94 04 PUBLICITÉ BENELUX MEDIACONTACT INTERNATIONAL, [email protected], AVENUE BRUGMANN 157, B-1190 BRUXELLES, BELGIUM, TEL. +32 (0)2 343 43 71 PUBLICITÉ GRANDE-BRETAGNE PRIMEMEDIA INTERNATIONAL, [email protected], 31, OLD COMPTON STREET, GB-LONDON, W1D 5JT, TEL: +44 207 2872904 IMPRESSION KLIEMO PRINTING, WWW.KLIEMO.BE PARUTIONS 7 X PAR AN DIFFUSIONNAVILLE SA ET VALORA AG. PRIX : FRS. 4.80 . ( TVA 2,5 % INCL. ). MAGAZINE ADRESSÉ EN PARTIE AUX ADHÉRENTS DU MAMCO À GENÈVE, DU THÉÂTRE VIDY ET DU MUSÉE DE L’ELYSÉE À LAUSANNE, DU MUSEE DE L’ART BRUTA LAUSANNE COPYRIGHT ©. LA RÉDACTION DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES MANUSCRITS ET PHOTOS QUI LUI SONT ENVOYÉS DIRECTEMENT. LES TEXTES DES JOURNALISTES HORS DE LA RÉDACTION NEPEUVENT ENGAGER LA RESPONSABILITÉ DU MAGAZINE. TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DES ARTICLES ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS EST INTERDITE, SAUF AUTORISATION ÉCRITE DE LA RÉDACTION. ISSN 1661-2248INTRO 10Profil 139
DGrosmangin/MMorazzani collection « flora » www.adler.ch BOUTIQUE GENÈVE 23 rue du Rhône +41 22 819 80 26 GSTAAD . LONDON . DOHA . BAKU . HONG KONG
BMOOAORDD Par Tiphaine – Tiphaine’s Diary Suivieparprèsde30’000followers,lablogueuselausannoiseTiphaine partage avec ses lecteurs ses découvertes, ses inspirations et ses envies. Pour Profil, elle s’intéresse à des thématiques qui lui sont chères. Dans cette première chronique, Tiphaine se penche avec poésie sur les instants que l’on garde de nos vacances mais aussi sur les must-have à glisser dans son sac.Pour apprivoiser la rentrée en beauté, et éviter les déprimespost-vacances, on adopte le mouvement back to school, prétextequi permet de se réinventer et de craquer pour quelquesnouvelles pièces à ajouter à sa garde-robe tout en gardant entête les souvenirs de ce bel été qui s’achève. 3. 1. 5. 6. 4. © LUCA TORNESE 2.1. Coup de cœur pour l’Olympus PEN E-PL7. Cet appareil photo crée le buzz sur les réseaux sociaux grâce à son look rétro cool et sonprix accessible de CHF 400.-. http://www.olympus-europa.com/s/PENgeneration/ 2. Pour garder un petit bout d’été avec soi, rien detel que les sacs imprimés à tomber par terre de la marque Son Noguera. Venus tout droit de Majorque et réalisés artisanalemententre les Baléares et la France, on adore! http://sonnoguera.com/ 3. Un autre coup de cœur : cet étui pour smartphone qu’on visseautour de son joujou pour une protection optimale. Il s’agit d’une création de la marque américaine REVISIT qui d’ailleurs travailleà la préservation des parcs naturels en plus de proposer des accessoires ultra cool. Win win win! http://www.revisitproducts.com/4. Johnny Depp, vous aimez ? Pourquoi ne pas craquer et s’offrir une paire de lunettes (solaires) de sa marque fétiche, Moscot, quicélèbre justement ses 100 ans cette année. Dispo à la Lunetterie de Pépinet à Lausanne. http://www.lunetteriedepepinet.ch/ 5. L’arrivéede l’automne, c’est le prétexte idéal pour s’offrir une nouvelle paire de boots, qu’on va pouvoir porter avec absolument tout : petitesrobes, shorts, et puis bien sûr avec des pantalons aussi, quand il fera plus froid ! Bottines Rag & Bone http://www.rag-bone.com/6. Inspiration : les détails et les couleurs très douces de la façade principale du dôme de Florence, où j’ai passé quelques jours cet été.INTRO 12Profil 139
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IAMNCADCIISESSPSEONSIRAEBSLES CeinturéPar Lucie Notari Atelier parisien, 1925, Jacques Hopenstand s’attelle à sa passion, développer de la petite maroquinerie.Parmi la myriade d’objets et d’accessoires disponibles dans les échoppes les Pour perpétuer la tradition, ses arrières petits-filsplus branchées, notre rédaction a sélectionné ses must-have. ont décidé de faire revivre la marque aujourd’hui disparue. Désormais suisse, la griffe propose des BEST FRIEND ceintures pour elle & lui totalement réversibles, le tout étant personnalisable : du fil utilisé au cuir en passant par la boucle… Bref tout est fait pour trou- ver la ceinture qui se mariera le mieux à vos tenues. Côté prix, au vu de la distribution presque exclusive sur le web, il est possible de s’offrir une pièce collec- tor sans se ruiner puisqu’ils démarrent à CHF 200.- www.jhopenstand.ch © PRADA©LANCÔME ©JHOPENSTANDAprès s’être fait connaître avec son livre sur le style «How to be a Parisian», Caroline de Maigret, muse de Lancôme, continue sur la lancée avec un essentiel de maquillage pour savoir se sublimer à la Parisienne «Parisian Inspiration by Caroline de Maigret». Une palette habillée d’un effet cuir grainé qui res- semblerait à s’y méprendre à un cale- pin. Ce qu’on y trouve ? Des petits joyaux pour se faire belle avec une palette de tonalités sable pour maquiller son re- gard mais aussi un kit à sourcils ainsi qu’un blush rose pâle, adapté à toutes les carnations. Le truc en plus réside dans le système de dépôt des pinceaux aimantés qui permet de ne pas les lais- ser filer. Un essentiel qui deviendra bientôt un incontournable, à prendre dans son sac et en vacances, of course. Lancôme, «Mes incontournables de Parisienne» by Caroline de Maigret, palette en édition collector. CHF 99.- Pochette surprise C’est l’histoire d’un sac qui en cache un autre… Miuccia Prada sort, pour cet automne, de quoi vêtir ses tenues de jour comme de soir avec l’astucieux Prada Inside Bag. Et surprise, on découvre, en glis- sant le zip du sac en cuir souple, une maxi pochette. Afin de personnaliser votre nouvel allié du quotidien, vous pouvez choisir une version ton sur ton ou oser les contrastes, comme le suggère avec brio la créa- trice de la griffe italienne. Un sac tel un joyau qui a nécessité une technicité ingénieuse afin de rassembler deux parties via deux plis extérieurs. Nous, à Profil, on est particulièrement fans du modèle gris avec sa pochette jaune. Espiègle, subversif et élégant à la fois, nul doute que celui-ci ne tardera pas à être au bras de certaines et sur la wish-list des autres. Prada, sac Inside Bag, dès CHF 2’450.- www.prada.comINTRO 14Profil 139
NOUVEAU HONDA HR-VÀ PARTIR DE CHF 22 500.–Leasing 1.9 % 48 mois dès CHF 159.–/mois Timea Bacsinszky,ambassadrice du nouveau Honda HR-V.Leasing valable jusqu’au 31.12.2015. Exemple de calcul pour la HR-V 1.5i Comfort, 5 portes, 96 kW/130 ch, 1498 cm3 : prix catalogue CHF 22 500.–. Valeur de reprise CHF 9450.–. Pour un 1er loyer facultatifde 30 % du prix catalogue, 10 000 km par an et 48 mensualités : leasing CHF 159.–/mois. Coût annuel total : CHF 239.– (amortissement et assurance de l’objet de leasing exclus) avec un taux d’intérêt de 1,9 %(taux effectif 1,92 %). Aucun leasing ne sera accordé s’il occasionne le surendettement de la cliente ou du client. Consommation mixte (80/1268/CEE) : 5,6 l/100 kremn.dEemmiessnitoénnsemrgixétteiqsIudNee:TAC,ROprO2ix: 1c3at0algo/gkume(moyenne de tous les modèles neufs 144 g/km). Catégorie de rendement énergétique : D. (photo : HR-V 1.6 i-DTEC Exclusive, 5 portes, 88 kW/120 ch, 1597 cm3, Cat. deCHF 27 600.–). Financement par Cembra Money Bank. 15 Profil 139
Places Mamma Mia !BEto Des rues pavées, des senteurs de cuisine d’Italie, des pâtes fraîches… On se croirait en Italie! La Bottega est la nouvelle adresse tendancePar Danny Baumann de la gastronomie transalpine en vieille ville de Genève. Le concept : tout est fait maison avec des produits italiens locaux de grande qualité. Un régal ! La Bottega, Grand Rue 3, 1204 Genève, Ouver- ture du lundi au vendredi entre 12:00 – 14:30 et 19:00 – 22:00, www.labottegatrattoria.com © ALEX TEUSCHER© DR So chic !MODE À TOUT Le nouvel écrin de la bijouterie Guillard à Lausanne offre © GUILLARDPRIX un espace fait de bois naturel et de vitrines en suspension, où les garde-temps et les bijoux ont une place de choix…Après Lausanne, la marque Rencontre avec M. Berbard Metzger, propriétaire desromantique signée Agnès Boudry lieux.dépose ses malles aux trésors Profil : Quelle est la marque incontournable des lieux ?du côté de Genève. On y déniche Bernard Metger : Incontournable… Je dirais Cartier pourles codes chers à la griffe tels son histoire, Chopard pour son côté familial et Chanelque les imprimés, le style pour le glamour. Et bien évidemment, ces 3 marques pourannées 40 ou encore les couleurs leur qualité infinie !tendres, le tout décliné pour elle L’automne approche, quelle tendance horlogèreet lui. Venez vous laisser tenter... verra-t-on au poignet féminin cet hiver ? Question difficile… Les femmes d’aujourd’hui ont uneCollection 66, Rue de Lausanne 30, tendance assez marquée à porter des montres masculines.1201 Genève, www.collection66.com Plutôt sport, dans un style chronographe, avec bien évide- mment beaucoup de diamants que ce soit sur le cadran ouINTRO la lunette. Et pour les bijoux, un trend particulier ?Profil 139 On note un fort retour de la pierre de couleur, avec plus de fantaisie, afin de s’éloigner un peu du diamant qui a été la dominante du marché ces dernières années. Les bracelets et les bagues sont en vogue, les colliers sont actuellement un peu boudés. Guillard, Horlogers-Joailliers, place de la Palud 1, 1003 Lausanne, www.guillard.ch 16
LNLAIOSSTEENDVEIESPar Lucie NotariSoleil, sel… pour sublimer sa chevelure après l’avoir laissé affronter ses ennemis durant toutl’été, les marques ont redoublé d’efforts afin de trouver la gamme qui réparera la crinière dechacune, des racines à la pointe. Petit tour d’horizon. 7 12 59 3© DR 4 861. Gel spray épaississant, ligne Couture Styling, KÉRASTASE, CHF 34.- / 2. Masque anti-chute à la kératine végétale, PYTHOKÉRATINE, CHF 54.90 / 3. Gamme de soins répara-teurs Pro Fiber (3 lignes pour les différents types de cheveux) L’ORÉAL Professionnel Paris, dès CHF 20.- / 4. Shampoing fortifiant au ginseng et à la caféine RAUSCH, CHF 16.90 /5. Huile sublimatrice 5 sens de RENÉ FURTERER, CHF 39.90 / 6. Shampoing Hydratant rééquilibrant, SHU UEMURA, CHF 30.50 / 7. Baume réparateur au dattier du désert,KLORANE, CHF 26.90 / 8. Après-shampoing nourrissant Nutri-Gloss Luminizer, Elseve, L’ORÉAL Paris, CHF 4.- / 9. Elixir huile reconstructive, SP Luxe Oil 30 ou 100 ML, dès CHF 14.50 INTRO 17 Profil 139
© VICTORIA AND ALBERT MUSEUM CLELICHÉ 1. Lotus shoe, Par Jeanne Dubuis China Coulisses d’expositions, backstage de spectacles, mises en scène photographiques… Profil vous dévoile, dans chacune de ses éditions, les inspirations des artistes et ce qui se cache derrière leurs créations. P énétrer dans la nouvelle exposition du V&A à Londres, c’est comme plonger dans la chambre d’une princesse dotée de la plus impressionnante collection de chaussures au monde ! Ambiance feutrée, murs roses bonbon, lumières qui scin- tillent…. et quelque 250 paires de chaussures ! On pourrait rester là pendant des heures. Parmi les modèles, des escarpins portés par Rihanna, Marilyn Monroe ou la reine Victoria, les créations de Roger Vivier pour Christian Dior, de Christian Louboutin ou Jimmy Choo pour n’en citer que quelques-unes. Toutes ces pièces posent la même question : pourquoi les chaussures représentent-elles un tel objet de désir alors que, comme on le sait si bien, les plus belles paires sont très souvent celles qui font souffrir le plus nos pauvres petits petons? Pour Helen Persson, curatrice de l’exposition, les chaussures ont un lien direct avec qui nous sommes : « Elles montrent à quel groupe de personnes nous appartenons, notre rang social. Les chaussures peuvent vraiment procurer un sentiment de pou- voir, comme les hauts talons par exemple. Ils changent notre façon de nous mouvoir. » Plus qu’une robe ou un sac à main d’une grande marque de luxe, les chaussures sont intimement liées à notre corps. Certaines nous aident à courir, à sauter, à supporter la pluie. D’autres nous permettent de nous sentir plus élégant(e)s, de nous évader un instant de notre réalité. Ce sentiment se concrétise dans certains contes pour enfants, avec par exemple le soulier magique de Cendrillon, que l’on retrouve parmi les modèles exposés au V&A. « Les chaussures ont le pou- voir de nous transporter d’un endroit à l’autre, de transformer la manière dont nous marchons et ainsi toute notre allure. La souffrance parfois liée est totalement acceptée depuis bien long- temps », explique Helen Persson. Peu importe les blessures, le sentiment de confiance apporté l’emporte donc sur la douleur. © DR RiRi, Sophia Webster,INTRO Spring Summer 2013Profil 139 18
Des tr ésors porteurs © VICTORIA AND ALBERT MUSEUM Roger Vivier (1907–98)d’une histoire for Christian Dior © ANDREW BRADLEY(1905–1957).Immergée dans l’immense collection du Evening shoe, beadedV&A, Helen Persson découvre des chaus- silk and leather, France,sures du 18e siècle pour homme prove- 1958-60nant de l’élite indienne, ornées de véri-tables diamants, de saphirs et de rubis. 2. Invisible NakedElles avaient été conçues pour montrerle pouvoir de leur heureux propriétaire. Version Andreia Chaves,Elle est subjuguée. Au fil des recherches 2011parmi les archives du musée, il apparaîtcomme une évidence pour la curatrice INTROque toutes les paires rencontrées donnentla même indication : le statut social de Profil 139l’acquéreur. « C’est comme si toutes ceschaussures me parlaient, me racontaientleur histoire. J’ai eu envie de montrerleur relation avec l’être humain. C’estainsi que l’exposition a vu le jour. J’ai puensuite les classer selon des catégories »,commente-t-elle. 70% des pièces rassem-blées proviennent des archives du musée.Parmi ces nombreux trésors, certains ontvéritablement surpris Helen Persson. Lemodèle le plus douloureux pour elle :sans hésiter, les très petites chaussureschinoises pour pieds bandés (1), unetradition perpétuée entre le 10e et le 20esiècle et pratiquée en premier lieu sur lesjeunes femmes issues de classes socialesfavorisées pour montrer leur richesse.Des chaussures en 3DDe nos jours, les chaussures « extrêmes »montrent toujours la même chose quepar le passé : l’appartenance à un cercleexclusif. Les prix des chaussures de de-signers ont beaucoup augmenté. PourHelen Persson : « Plus les prix augmen-tent, plus le public les désire ! Prenez unepaire de Louboutin, tout le monde saitles reconnaître. Le nom de la marque faitdésormais partie du vocabulaire. Et dansl’imaginaire collectif, il paraît évident queles personnes chaussées de Louboutin ontune vie meilleure. » Avec l’apparition del’impression en 3D, la possibilité pourchacun de créer sa paire de rêve pourraitdevenir réalité d’ici peu, avec quelquesmoyens financiers bien sûr. Le designerbrésilien Andreia Chaves a lancé le mou-vement avec une collection confection-née à l’aide de cette nouvelle technolo-gie 3D. Et devinez quoi ? L’accent n’a pasété mis sur la discrétion et la simplicité.On aurait plutôt l’impression qu’avec detelles chaussures aux pieds, on pourraits’envoler vers d’autres horizons (2).« Shoes : Pleasure and Pain », au V&A àLondres jusqu’au 31 janvier 2016. 19
© NICOLAS SCHOPFER LÉ’ÉPPININGLGEULSEÉE Par Stéphanie Boulot Belle, douée, intelligente, Eileen Hofer a de quoi agacer : elle est à la fois blogueuse (eileenexpresso.com), journaliste et réalisatrice de talent. Son nouveau film Horizons, magnifique et sensible, est encensé par la critique internationale... oui, il y a vraiment de quoi agacer ! Profil : Etre jolie pour diriger un film ça aide ou ça complique ? Eileen Hofer : Ça complique sachant que le milieu est quoi qu’on en dise un peu machiste. Pour mon premier court métrage Ra- cines, je travaillais avec huit garçons derrière la caméra. Comme je n’ai pas fait d’école de cinéma, je n’étais pas forcément en confiance à l’idée de diriger cette équipe. Du coup, dans ma va- lise je n’ai emporté que des habits masculins et surtout pas de maquillage. Pendant le tournage je me précipitais pour porter du matériel lourd et prouver une force physique désarmante ! Pour mon deuxième court, j’avais obtenu une respectabilité in- ternationale. J’ai donc décidé d’affirmer un peu plus ma féminité. Et dans le journalisme, ton physique est-il parfois aussi un obstacle? ? C’est aussi parfois un problème. A Cannes, il y a souvent une drague qui s’installe lors des interviews. Alors qu’on veut être prise au sérieux. Je dois parfois remettre les choses au clair. Il m’est déjà arrivé par exemple qu’un réalisateur me donne à l’issue de notre rencontre le numéro de sa chambre, ce que je trouve inadmissible. C’est quoi ta motivation, ce n’est pas l’argent ? « Un jeune Non. Je suis psychologiquement considérée comme hyperactive, garçon de 10 ans du coup je me lasse très rapidement de ce que je fais et je dois m’a écrit une lettre courir plusieurs lièvres à la fois : je jongle donc aisément entre manuscrite dans plusieurs activités professionnelles. laquelle il analysait Tu as été primée pour tes films, les récompenses, ça motive ? mon film.» Oui mais encore plus les e-mails ou lettres de spectateurs. Une grand-mère turque qui avait vu Racines a demandé à son fils de me remercier par e-mail. Un jeune de 10 ans m’a aussi envoyé une lettre manuscrite dans laquelle il analysait le film et me félicitait. Ton nouveau film en deux mots ? C’est un portrait croisé de 3 danseuses classiques à Cuba. Trois générations : la plus jeune a 14 ans et rêve de devenir danseuse étoile, la deuxième, c’est la danseuse étoile - à 35 ans elle est au top de sa carrière mais doit songer bientôt à sa retraite - et la troisième a 94 ans, elle a dansé sur les scènes de ballet les plus prestigieuses du monde, aujourd’hui son corps ne peut plus danser et elle vit la danse par procuration. Pour suivre les projections des films d’Eileen Hofer, rendez-vous sur : www.eileenhofer.ch Horizons sortira en salle le 1er octobre en Suisse romande INTRO 20 Profil 139
© :SOLSTOCK SOCIÉTÉ p.20 SOCIÉTÉ Recherche Profil 139 d’amis.com 21
© SAM BISSO POUR FOLIO ID D’ARMECIHSER.CCHOE M Par Jeanne Dubuis Trouver des amis grâce à des plateformes internet… La formule semble convaincre toujours plus de nouveaux adeptes et ce, dans de nombreux pays. En Suisse, des groupes de rencontres amicales éclosent de tous les côtés via le réseau Meetup, autour de centres d’intérêt très variés. Rencontre avec quelques fans de ces espaces de réseautage.R ebecca et sa petite Milla, deux mois et demi, amicales autour d’intérêts communs -, les jeunes femmes sont les premières arrivées. En ce mardi matin, semblent ravies de se retrouver. Organisatrice de ce grou- elles ont prévu de retrouver d’autres mamans et pe pour mamans et leurs bébés, Rebecca explique ne plus leurs petits pour un café nourri d’échanges au- pouvoir se passer de Meetup : « J’étais enceinte et j’avais envie tour de la maternité, de conseils et de soutien. d’échanger. Ma famille ne se trouve pas en Suisse et mon « C’est ici le groupe des mamans ? », demande copain m’a conseillé cette plateforme. Aujourd’hui, je suis de-une jeune femme en entrant dans le café du sud lausan- venue accro ! » Samedi, cette Allemande prévoit une journéenois. Dans l’espace « salon », une dizaine de poussettes fini- de troc d’habits et d’accessoires pour enfants et dans quelquesssent par s’accumuler rapidement. Petites voitures et crayons jours, une après-midi « grimpe » avec d’autres mères afin de sede couleur pour Xavier, deux ans, sont étalés sur la table relayer pour garder les petits restés au sol. Le tout en passantet le groupe peut commencer à discuter. Réunies grâce à par l’application Meetup, téléchargée sur son portable pourMeetup - une plateforme internet favorisant les rencontres avoir accès au calendrier des événements.SOCIÉTÉ 22Profil 139
Brigitte, quant à elle, n’a pas d’amie se trouvant en congé ma- Créé en 2002 par trois cofondateurs aux Etats-Unis, la plateformeternité en même temps qu’elle. Ressentant le besoin de sortir de réseautage a depuis largement dépassé les frontières amé-de chez elle malgré la fatigue éprouvée avec l’arrivée du bébé, ricaines et fait ses preuves jusqu’en Suisse notamment. Selonelle est ravie d’avoir trouvé ce groupe : « Ici, ce n’est pas grave si les informations trouvées sur la toile : « En novembre 2014, laon est fatigué, tout le monde est dans la même situation. J’ai été société revendique 19,6 millions de membres au total, 179’800très bien accueillie la première fois, j’espère pouvoir en faire de groupes dans 177 pays, pour 502’898 rencontres mensuelles. » Cemême avec les nouvelles venues. » Questions sur les vacances serait après une réflexion sur « la perte de capital social qu’en-des unes et des autres, conseils pour prendre l’avion sans trop de traîne la vie moderne aux États-Unis » que Scott Heiferman,difficulté avec un tout petit, les jeunes femmes semblent avoir l’un des fondateurs, aurait souhaité favoriser les rencontrescréé de véritables liens. « C’est sûr que c’est beaucoup plus que entre habitants d’une même région. La mise en relation établiedes rencontres. On peut vraiment créer des amitiés. Une parti- sur Meetup a toujours lieu effectivement en fonction de la po-cipante habite à côté de chez moi, on se voit tout le temps, en sition géographie des participants et autour de centres d’intérêtdehors des rendez-vous Meetup », explique Rebecca. Une heure communs. Sorties en clubs, sports, balades en montagne, visitesaprès le début de la rencontre, les nouvelles mamans semblent culturelles, apprentissage des langues, il est impossible d’énu-avoir déjà trouvé leur place au sein du groupe et leur bout de mérer toutes les activités proposées par les internautes sur lachou, confortablement installé dans leurs bras, se laissent bercer plateforme. D’autres sites de rencontres amicales existent bienpar le son des paroles échangées. évidemment. Mais, à notre connaissance, les échanges ont lieu, dans un premier temps en tout cas, beaucoup plus en ligne avanttDaersdrdeanncosnlatrnesujiut sque d’éventuellement se rencontrer. Ou alors il s’agit de réunir un groupe autour d’un seul centre d’intérêt.Autre lieu, autre ambiance. L’Américaine Krista, arrivée enSuisse récemment, propose également des rencontres entre dPelussapmoisssisbalnesdiensteerfnaeirte ?femmes, entre mamans, mais les rendez-vous se déroulentsans enfants et autour d’une bière, une fois la nuit tombée. « J’ai Alors que Meetup semble combler tous les participants interro-essayé de rencontrer du monde, mais ce n’est pas facile. Pour gés (aucune de la quinzaine de personnes approchées n’a unese faire des amis, il faut redoubler d’effort et savoir où cher- mauvaise expérience à son actif ) et gagner de plus en plus decher. Il y a peu de gens ouverts à de nouvelles amitiés, surtout terrain dans notre région, se pose la question suivante : Nouslorsqu’ils sont très occupés et bénéficient déjà d’une vie sociale est-il devenu difficile de créer de nouvelles amitiés sans l’aidebien établie. Meetup a été la façon la plus concluante de voir du d’internet ? Pour le sociologue à l’Université de Lausanne Oli-monde », explique-t-elle. vier Voirol, « ce qui a certainement changé depuis environ un quart de siècle, mais qui a finalement peu à voir avec internet,A Genève, Hervé vit sa première expérience Meetup fin 2014 en c’est l’organisation du temps social et professionnel, et la com-se joignant à un groupe de sorties dans un bar de la ville. Très pression des activités que nous effectuons. Et c’est aussi le faitenthousiasmé par les soirées passées, il en reprend rapidement que notre vie affective, amicale et relationnelle est sans doutel’administration, malgré le temps qu’il faut alors consacrer à moins fixée qu’auparavant sur des codes traditionnels, qu’ellel’organisation des rendez-vous : « Les gens peuvent être parfois tend à être plus précaire, « expérimentale », et sans doute aussiassez froids en Suisse, comparé à d’autres pays. Bien que je sois un peu plus inventive... » Ce spécialiste de la théorie de la com-de nationalité suisse, il n’a pas été très facile et rapide de me créer munication fait référence à Georg Simmel, célèbre sociologueun réseau en déménageant à Genève et débutant ma carrière du siècle passé, qui utilisait l’image des « cercles » pour parlerprofessionnelle. » Grâce aux rencontres réalisées à travers son de la société moderne : « Selon lui, les individus font partie degroupe, Hervé s’est fait de nouveaux amis qu’il fréquente dé- plusieurs « cercles » en même temps (familial, professionnel,sormais régulièrement, également en dehors des évènements. sportif, etc.). A l’heure actuelle, dans la « société connectée », nous assistons à un processus assez similaire : grâce aux tech- « Les gens peuvent être parfois nologies de la communication, des cercles relationnels variés assez froids en Suisse, et étendus tendent à accroître les possibilités d’interaction. Mais ces nouveaux cercles ne se substituent pas pour autant en comparaison avec d’autres aux anciens. C’est, bien davantage, une couche relationnelle pays. Bien que je sois de nationa- supplémentaire qui se superpose aux autres préexistantes. » lité suisse, il n’a pas été très facile Un peu plus de moyens donc d’accroître son réseau et un coupet rapide de me créer un réseau en de pouce lorsqu’il devient difficile de trouver du temps pourdéménageant à Genève et débutant des rencontres, entre activités professionnelles intenses et des modes de vie qui évoluent. ma carrière professionnelle. » Si les sites de rencontres amicales restent moins connus du grand public que les sites pour des relations amoureuses, les participants à des groupes tels que Meetup tentent-ils tout de même de trouver l’âme sœur ? Pour l’organisateur de soirées Hervé : « Ce n’est clairement pas le but principal, car il y a déjà de nombreux sites de rencontre qui existent sur la toile. Chacun participe à ces évènements pour des raisons diverses : se faire des amis, un réseau professionnel, trouver des gens avec des centres d’intérêt communs, améliorer leur niveau d’anglais, etc. Mais cela arrive aussi que des membres s’étant rencontrés à un évènement deviennent partenaires. » SOCIÉTÉ 23 Profil 139
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CULTURE© SHUTTERSTOCK p.30 Martin Szekely, l’art discret 25 CULTURE Profil 139
PR ÈL ’SAÇGDAEESNCEDHPAEA:ZSSVEOUS Par Jeanne Dubuis 2.© GREGORY BATARDON 12 RICK GARDNER, HOUSTON©2014, PROLITTERIS, ZURICH © DR 34© JACQUES D. ROUILLER1 2 La saison 2015-2016 est placée sous le signe de la fête pour l’ADC, On se laisse transporter vers d’autres horizons grâce à la voix l’Association pour la Danse Contemporaine Genève, puisqu’elle envoûtante de la chanteuse franco-israélienne Yael Naïm, en concert célèbre son 30ème anniversaire. L’occasion de réinviter les artistes ayant au Théâtre du Jorat le 25 septembre. Personne n’a oublié les titres New marqué le public au cours des dernières années, ainsi que de proposer soul et Come Home respectivement utilisés pour les publicités d’Apple de nouvelles créations – 8 au total –, dont Narsarsuaq, de la Nyonnaise et de Nestlé et qui ont fait le tour de la planète. Avec son dernier album Maud Liardon pour ouvrir la saison. La chorégraphe propose une Older (« plus âgée » en français), sorti ce printemps, elle livre un opus autofiction qui emmène le spectateur à Narsarsuaq, petite ville dans le sud du Groenland émouvant et personnel, entre folk, soul, blues et pop rafraîchissante qui pourrait bien lui et questionne « avec humour et sur fond de glace, l’empreinte laissée par les choses, la valoir une troisième récompense aux Victoires de la musique. Une chose est sûre, ni Yael famille et les hommes. » Le coup de cœur de la rédaction va à Atomos du célébrissime Naim ni sa musique n’ont à craindre le temps qui passe. chorégraphe et danseur britannique Wayne Mc Gregor (en deuxième partie de saison). 3Toute la programmation sur www.adc-geneve.ch 4 Si ce n’est pas encore fait, on se dirige au plus vite au Musée interna- La Fondation de l’Hermitage à Lausanne présente une grande tional de la Croix-Rouge à Genève pour y découvrir l’exposition en rétrospective consacrée à un acteur qui a marqué la création artistique l’honneur de Gandhi. Des origines de la pensée du guide spirituel de vaudoise du début du XXe siècle : le peintre Marius Borgeaud, né à l’Inde à sa très large influence, elle met en résonance parchemins du Lausanne et actif en France. Paysages, intérieurs, scènes de vie… ses Coran, peintures tantriques et œuvres d’artistes contemporains. Pour toiles s’intègrent à merveille dans les différents espaces intimistes de la Fondation de l’Hermitage. Pour le commissaire de l’exposition Roger Mayou, directeur du musée: « Alors que chaque jour de nou- Philippe Kaenel, ce qui fascine chez Marius Borgeaud « c’est l’intelligence avec laquelle velles étapes sont franchies dans la violence et dans sa mise en scène, il nous est apparu il arrive à construire des espaces qui, à travers la couleur, la disposition des objets et des nécessaire de nous pencher sur la non-violence comme attitude politique, comme pos- figures, racontent des intrigues et des histoires ; des histoires que l’on regarde de l’exté- sibilité d’atteindre des buts autrement qu’en laissant derrière soi victimes et cadavres. » rieur. » A découvrir jusqu’au 25 octobre. Expériences de vérité: Gandhi et l’art de la non-violence, jusqu’au 3 janvier 2016. CULTURE 26 Profil 139
Billet JPDBLA’ALEAQRANLUNAAGCINOEPHTRAISEOGSIENEENommé révélation de la rentrée 2013 et primé du prestigieux© EMILIE MULLER nouveaux auteurs sur la scène littéraire suisse ? On sait que laprix Edouard Rod 2014, l’écrivain lausannois Antoine Jaquier © SHUTTERSTOCK.COM - COFFEE LOVERmajorité en vendront quelques centaines, de rares exceptionscaptive les lecteurs par sa plume parfois piquante mais quelques milliers et un, quelques dizaines de milliers avanttoujours enivrante. Après Ils sont tous morts aux éditions l’Age les fêtes. Jean-Michel Olivier, grand écrivain genevois et Prixd’Homme, il vient de publier Avec les chiens. Aujourd’hui pour Interallié 2010 a fait dire à un de ses personnages une chose trèsProfil, il nous parle de l’angoisse de tout écrivain mais aussi juste dans son roman L’ami barbare : « Les Suisses écrivent parcedes choix de la rentrée littéraire. qu’ils ne parlent pas. Ils gardent le silence, jalousement, comme un trésor enterré sous un arbre. Ils cultivent leurs secrets. IlsL e blocage de l’écrivain a un nom : la leucosélopho- refusent de céder à la jactance du monde. » Et je pense qu’il a bie. Mais la peur de la page blanche ne serait-elle mis le doigt sur une chose importante : les Suisses sont taiseux. pas plutôt celle de ce qui pourrait sortir de nous ? La De plus, nous n’aimons pas être interrompus alors que nos amis peur de se découvrir dans les deux sens du terme ? les Français ont eux la culture du débat enflammé. Il n’y a qu’à La peur d’être médiocre ? La peur d’être jugé ? Une ti- voir nos talk-shows : les animateurs peinent à induire le dia- midité enracinée dans une forme d’orgueil ? Je crois logue alors que les invités aiment venir dire ce qu’ils ont à direque l’écriture d’un roman doit se faire comme s’il ne sera jamais et s’en aller. La forme écrite est donc notre botte secrète, reste àlu par un autre que soi-même. La question « puis-je montrer ça à savoir s’il s’agit à chaque fois de littérature. En voici au passagequi voudra le lire ? », ne se pose chez moi que suite au point final la définition : usage esthétique du langage écrit. Juste raconterdu livre. Sans ça, l’œuvre est dénaturée. Je ne peux pas écrire en une histoire en trois cents pages sans faute d’orthographe et deentretenant des angoisses telles que : « Mes personnages fémi- grammaire n’induit donc pas la littérature. Et voici la définitionnins sont ignobles, on va m’accuser de misogynie. Que va penser d’esthétique : qui est motivé par la perception et la sensation duma mère ? Cette scène de sexe va trop loin, c’est foutu pour la sé- beau, reste à savoir ce qu’est le beau…lection du Prix du Roman des Romands, etc. » Toutes ces penséesdoivent glisser sur l’écrivain comme l’eau sur les plumes d’un Je ne donnerai aucun conseil de livre pour cette rentrée carcolvert. Écrire peut se faire avec la tête ou avec les tripes mais chaque lecteur est unique. Soyez curieux et intuitifs et pasun roman qui touche et imprime quelque chose de durable au consommateurs-suiveurs. Jetez un œil au rayon littératurelecteur, est un roman où l’écrivain a sans cesse alterné entre son suisse que nos libraires s’appliquent à mettre en valeur. Osezimaginaire, ses émotions et son intellect. Un bon livre est pour la découverte et soyez fous, des auteurs vivants, des inconnus,moi un livre qui démontre une recherche et une cohérence dans même. Et délestez-vous de quelques dizaines de francs une foisla construction des phrases, le choix du vocabulaire, la structure ou deux par année. Le prix d’une amende de stationnement. Oui,des dialogues et l’enchaînement des chapitres, le tout puisé à la jeter un œil ne suffit pas, il faut acheter pour ne pas risquer quesource de l’inconscient collectif. Victor Hugo a dit : « La forme, tout s’arrête. La littérature d’un pays, c’est son intimité, son cœurc’est le fond qui remonte à la surface. » Me concernant, l’artiste qui bat, sa colère qui gronde et son énergie qui bouillonne. Nosqui m’habite doit être libre de jeter sur la page les mots qui lui livres sont des fleurs qui prennent parfois racine dans la boueviennent sur le sujet choisi, puis l’artisan prend le relai et met et parfois dans la soie. Certains sont très bons. Tous méritent letout ça en place, comme autant de petits réglages techniques respect. Notre littérature, il faut l’entretenir comme un jardinpour que la structure s’accorde au ton général du livre. secret dans un monde en proie au consumérisme. Soyons sub- versifs : achetons le roman d’un auteur de chez nous et dont Ruquier n’a pas parlé. Personne ne fait fortune sur notre dos et vous verrez, ce simple geste nous grandit.Arrive donc une peur que l’on connaît moins : la peur d’êtrepublié. Paradoxale et justifiée, cette crainte touche de nom-breux auteurs. Une fois votre livre édité, même le lecteur denature bienveillante vous jugera. Vos propos seront interprétéset souvent sortis de leur contexte. Les pensées du plus vil de vosnarrateurs vous seront attribuées et chacun aura son opinionet ses certitudes sur ce que vous valez et sur ce que vous êtes.On aime ou on déteste Houellebecq, sans pourtant le connaître.Quelle autre forme d’art provoque ça ? Aucune je crois. Au pireon attribue à tel peintre ou musicien de bien noires obsessionsou des diffuses névroses. L’écrivain, lui, on croit le cerner. Sortirun livre, pour un auteur, c’est beaucoup de soucis pour très peude bénéfices. Alors pourquoi cette profusion de romans et de CULTURE 27 Profil 139
RLAENTRÉEPar Rémy Haas et La librairie des Livres et VousCette année ne déroge pas à l’habituelle rentrée littéraire, toujours riche en nouveautés.Entre les incontournables tant attendus, les découvertes surprenantes et la littératureétrangère, nos croqueurs de livres s’en sont donnés à cœur joie afin de vous offrir unesélection pointue et passionnante.L’ ATTENDU ! CONFIRMATION DÉCOUVERTE LITTÉRAIRELe cru de cette rentrée littéraire faitparticulièrement place aux nouveaux Ce premier roman en appelle d’autres.talents mais certains grands noms L’auteure nous plonge dans une Angle-étaient attendus et Carole Martinez n’y terre victime de sécheresse. De par le su-fait pas défaut ! La coquetterie : l’auteure jet, l’improbable est au rendez-vous. L’his-nous replonge dans l’univers de son toire commence avec Ruth, grand-mèresurprenant roman précédent Le domaine en détention puis assignée à domicile,des murmures mais attention, deux siècles accusée d’avoir tué son petit-fils. Juste-plus tard. Nous y découvrons Blanche, ment son domicile sera le point culmi-menée au château des Murmures pour nant de son récit. Cette maison appeléey apprendre à parfaire son éducation «La Source» est complètement épargnéede jeune noble en vue d’une noce. La de la sécheresse. Superbe propriété enplume inspirée de l’auteure fait une pleine campagne où tout n’est que paradisnouvelle fois la différence dans cette et luxuriance, du moins en apparence. Leépopée médiévale où les légendes, la fil de la lecture nous révèle l’autre versantpoésie, le merveilleux accompagnent de ce «paradis». L’ambiance y est confinée,sans fausse note la quête identitaire de déstabilisante, mystérieuse. ImpossibleBlanche. Très beau roman de rentrée. de poser ce livre avant la dernière page.Claire de la Librairie Des Livres et Vous Amélie de la Librairie Des Livres et VousLa terre qui penche. Là où tombe la pluie.Carole Martinez - Ed. Gallimard Catherine Chanter - Ed. Les Escales Avec ce deuxième roman, Diane Brasseur, auteure franco-suisse, nous fait vivre en alternance sa relation avec son père - em- preinte de nostalgie, de petits bonheurs et de fusion pas toujours bien gérée - et revient sur sa dernière relation amou- reuse. Les deux histoires se croisent, se parlent, se font écho l’une à l’autre. L’auteure transforme et fait vivre ces petits instants de vie, que ce soit durant l’enfance ou en couple. Elle réussit le tour de force de parler d’amour simple et pur en le rendant magique, beau, émouvant de par son écriture hypno- tique qui nous reste sous la peau. On garde ce roman comme un cadeau. Amélie de la Librairie Des Livres et Vous. Je ne veux pas d’une passion. Diane Brasseur - Ed. AllaryCULTURE 28Profil 139
1DEH1N’IASUQTTOUEIÊRUTREESS Par Rémy Haas Parolier, chroniqueur, auteur entre autres de Phénomène Stalker, La vallée de la jeunesse et de Pamukalie, pays fabuleux, Eugène Meiltz dit « Eugène » nous invite avec son dernier opus à un fabuleux voyage. Proposition littéraire aussi bien qu’œuvre accomplie, Le livre des débuts est bel et bien le livre événement de cette rentrée littéraire.Voici un recueil de premiers chapitres qui en compte onze au WORK IN PROGRESStotal, onze chapitre 1, onze débuts de romans : libre au lecteurd’en imaginer la suite. Chaque ébauche laissée en suspens(e), Œuvre sur l’inachèvement, work in progress, réflexion sur lacomme autant de points de suspension ou d’interrogation. création interrogeant ouvertement la place du lecteur, Le livre des débuts, loin d’être exclusivement conceptuel – ce qui pourraitLe non finito ou l’esthétique de n’être qu’un exercice de style un peu vain fonctionne ici à pleinl’inachèvement régime – s’empare avec maestria d’un phénomène moderne particulièrement actif sur les réseaux sociaux. Sans sacrifier leDans cet ouvrage au très beau titre, Eugène s’empare de la tradi- style, ici exceptionnel : à chaque chapitre son genre, sa pulsation,tion du non finito (littéralement « non terminé ») qui consiste à son ton, son mode narratif.laisser une œuvre inachevée, qu’elle soit sculpturale, picturaleou littéraire. Genre, esthétique ou encore technique dont on « Leurs œuvres devenaienttrouve les traces les plus évidentes chez Michel-Ange qui aban- collectives. Elles appartenaientdonnait ses statues à leur état d’incomplétude, « laissant le restesommeiller dans le marbre ». autant au créateur qu’au spectateur ou au lecteur ».Si une œuvre d’art quelle qu’elle soit est forcément participa-tive dans la mesure où elle propose à chacun d’y projeter ses A l’heure du crowdfunding* de plus en plus exploité pour mon-fantasmes, de l’investir de sa propre histoire, Le livre des débuts ter des projets dits « collaboratifs » en marge des réseaux etparachève ce projet par une invitation explicite à s’approprier acteurs traditionnels de financement, voilà une œuvre ironi-chaque chapitre, à en « écrire » soi-même la suite. Tour à tour quement participative dont le propos est autant esthétique quedélicat, poétique, pathétique, absurde, féroce et corrosif (mon- politique. Auteur d’ouvrages collectifs, Eugène perpétue avecdialisation, ultra-libéralisme et culture helvétique ne sont pas Le livre des débuts ce qui ressemble à une étroite et délicieuseépargnés), cette collection de débuts de romans nous fait voya- collaboration - ici avec le lecteur.ger de Londres à New York, d’Ostende à Kiev, aussi bien dansles méandres de la mode que dans ceux de la guerre. Le regard *crowdfunding (littéralement « financement par la foule » ou financement parti-tendre qu’Eugène porte sur les marginaux, les laissés-pour- cipatif) : désigne tous les outils et méthodes de transactions financières qui fontcompte ou les invisibles, aussi empreint de comique soit-il, appel à un grand nombre de personnes pour financer un projet.leur redonne vie, dignité. Et si certains chapitres se font échos,d’autres offrent une drôle et subtile mise en abyme – le nonfinito est le sujet de thèse de l’un des personnages. Le Livre des débuts, Editions l’Age d’Homme CULTURE 29 Profil 139
KLE PANCOL © SYLVIE LANCRENONAuteure à succès, Katherine Pancol fut du 4 au 6 septembrela présidente d’honneur de la manifestation « Le Livre sur lesQuais », événement littéraire majeur de Morges qui a accueilliprès de 300 auteurs et de nombreux éditeurs. Conversation.PROFIL: Vous avez animé « Le Livre sur les quais » au traversd’entretiens publics et de rencontres avec les médias. Qu’est-ce qui a motivé votre décision d’accepter cette proposition?KATHERINE PANCOL : Je suis venue l’an passé en tant qu’in-vitée et c’était formidable. Il y a un côté à la fois raffiné, dé-contracté, et très exigeant en termes de rencontres. C’est trèsagréable. J’ai donc été très heureuse, d’autant qu’à l’heure d’in-ternet et de l’inquiétude quant à la pérennité du livre-papier,c’est une manière de rendre hommage à cet objet qui résiste.Vous avez d’abord été journaliste, entre autres pour LeJournal du dimanche, Elle et Paris Match, vous avez inter-viewé des célébrités telles que Ronald Reagan, Meryl Streep,Johnny Halliday, Jacques Chirac et Louise Brooks dont vousêtre devenue proche. Pouvez-vous nous en parler ?Louise Brooks, ça a été la plus belle rencontre de ma vie. J’ai misun an avant de retrouver sa trace lorsque je vivais à New York,puis je suis rentrée en contact avec elle, c’était formidable ! Onest devenues très amies, elle reprisait mes écharpes, faisait mesourlets d’imperméables, je lui lavais les cheveux, lui coupaisles ongles... Elle me racontait sa vie, une vie incroyable !Depuis Muchachas - un manuscrit de 1500 pages que vous avezdû diviser en 3 volumes-, qu’en est-il de vos projets d’écriture ?J’ai recommencé à écrire il y a 6 mois, je suis très lente (rires) !J’ai mis 3 ans pour écrire Muchachas, je ne fais que ça, que ça. Jem’en sors mais en travaillant 5, 6 heures par jour. Je ne suis pasrapide contrairement à Simenon qui écrivait 4 livres par an.Aujourd’hui, quel est votre quotidien ?Bien qu’à 2 heures de Paris, je suis au fin fond de ma Nor-mandie, au bout du monde, avec internet depuis peu. J’adorele fait de n’être au courant de rien, et j’espère que ça va durerlongtemps ! Même pour le téléphone, la connexion est trèsaléatoire. Je n’achète même plus les journaux, c’est inquiétant(rires) ! On s’aperçoit qu’on peut très bien vivre sans 10 000coups de fil par jour, ni mails… c’est une grande liberté !
LPDE’OOGRÉMNRIAEARSPar Danny BaumannComédien à succès, metteur en scène du Teatro Malandro etfraîchement nommé directeur du prestigieux théâtreKléber-Méleau (TKM) à Renens, Omar Porras est un homme auxmultiples facettes. Son talent ? Savoir affronter le théâtre soustrois angles bien différents. Portrait de ce caméléon des planches.sOumrparreonuanlatemise en scèneArrivé à Genève en 1990, ce colombien d’origine atterrit dans « Le © MARIO DEL CURTOGarage », célèbre squat genevois, et y fonde le Teatro Malandro.Dès sa première pièce, Ubu roi d’Alfred Jarry, le style Omar Por- Omar le directeur New Lookras s’affirme et devient immédiatement identifiable : métissagedes cultures, conscience du corps, masques, musiques mais aussi « Je ne le vois pas comme un poste de travail ni comme unedanses. « J’aime miser sur la musique et la danse car un théâtre a ascension dans l’échelle sociale mais comme une mission »,besoin de vie », développe Omar Porras. Des pièces qui s’apparen- annonce d’emblée Omar Porras. Il sera le premier à ajouter unetent à des tableaux où les corps seraient en mouvement. « Mon nouvelle vision au TKM après Philippe Mentha, qui dirigeait leprocessus de création est un voyage, un pèlerinage mêlant tant théâtre depuis 1979. « Je rentre dans cet environnement avec mesun objectif collectif qu’une profonde découverte de soi-même », outils qui ne sont rien d’autre que ma passion pour le métissage.ajoute-t-il. Une particularité surprenante ressort dans sa façon Renens étant cette ville qui représente un faisceau richissime,de créer : l’attribution des rôles. Les comédiens sont « jetés » sur un arc-en-ciel de cultures », nous explique-t-il.scène avant de connaître la distribution et le dernier état dutexte ; l’acteur ne connait son rôle qu’après plusieurs semaines est u«ln’apcatesuserur»de répétition. « Ce n’est pas moi qui définit leur rôle mais le tra-vail lui-même, c’est l’évidence, l’expérience. Dans mon processus Dans ses bagages, il emmène avec lui tout son vécu mais égale-j’essaie d’accompagner les acteurs dans cette traversée et parfois, ment les nombreux liens qu’il a créés dans la cité de Calvin dansils se rendent compte qu’ils n’ont plus la force, l’envie ou que la le but de pouvoir collaborer avec différentes institutions gene-situation ne leur permet plus d’avancer et ils transmettent le voises telles que le théâtre de Carouge ou le théâtre Am Stramtémoin à un autre comédien », nous confie-t-il. Toutes ces parti- Gram afin de casser les frontières entre le canton de Vaud etcularités font d’Omar Porras un metteur en scène incontestable, Genève. « Le théâtre doit nous servir de passerelle afin de laisseret incontesté, dans le paysage culturel suisse. de côté ces frictions », clame-t-il. Le résultat de son travail ? Une programmation qui alterne à merveille pièces de théâtre, dontOmar le comédien poignant La Visite de la vieille dame, soirées dansantes – avec le bal litté- raire latino – ou encore musicales avec la rencontre autour deCelui qui épouse à merveille le rôle de Clara Zahanassian dans Schumann. Un challenge de taille pour cette maison qui aspireLa Visite de la vieille dame – succès fulgurant qui a ouvert les à devenir un théâtre populaire et surtout un lieu de création.portes internationales au Teatro Malandro et qui ouvrira la nou-velle saison du TKM – sait se plier en quatre pour entrer dansses personnages. Dès sa plus tendre enfance, Omar Porras sentcette fibre particulière de la comédie. Enfant de chœur dansson quartier de Bogota, il se nourrit déjà de toutes ces culturesthéâtrales, de toutes ces images qui sont des racines de traditionprofonde. « Un acteur doit avoir un sens aigu de l’observation,c’est dans les détails que l’on voit l’âme des choses. Pour moi, ilest fondamental de garder son esprit d’enfant afin de conservercette créativité », explique Omar Porras. Mais au fond, commentdéfinirait-il le rôle d’un acteur ? « L’acteur ou plutôt l’hommede théâtre est un passeur, il doit donc être disponible, ouvertet déchargé afin de pouvoir se remplir et traverser le pont, del’adversité ou de la joie, afin de transmettre son message ». CULTURE 31 Profil 139
© : LUXPRODUCTIONLSMDZ’IAASERRCKTTREILENYT, Manière © FABRICE GOUSSET Noire Tower 1 ,Par Danny Baumann 2013 156 x 69 x 69 cmLe designer Martin Szekely façonne son identité sur la Édition de 10 + 2 APscène internationale tant par ses projets industriels que sespièces uniques – et en séries limitées – collectionnées dans Pour Manière Noire, ce qui apparaît au premier regard être unle monde entier. Le rapport de l’objet au corps et à son monolithe, est en réalité un corps vide : un assemblage de boîtesenvironnement est au cœur de son travail, rencontre… rectangulaires et carrées, ouvertes sur une face, aux parois de cinq millimètres d’épaisseur. Elles sont collées et dépendantesProfil : Vous exposez en septembre au dernier étage des espaces les unes des autres dans l’effort qui leur sera demandé une foisBlondeau & Cie, une série intitulée « Manière Noire », qui est remplies. Le tissu de carbone imprégné par la résine et ainsicomposée de deux ensembles d’étagères – Shelf et Tower – en solidifié, trame l’ensemble et le structure.fibre de carbone. Expliquez-nous votre démarche artistique… Vous devenez designer industriel en 1977 avec vos premiers mo-Martin Szekely : Jamais, je ne me suis posé cette question en dèles, une table en bois et le tabouret AR, et en 1983, la consé-termes de « démarches artistiques ». Certes je suis un auteur, cration avec la chaise longue Pi, emblématique du design desmais pas un artiste, tout au plus un constructeur. Je construis, années 80. Comment expliquez-vous ce succès ?comme je l’ai fait pour Manière Noire exposé cet automne chezBlondeau & Cie. À l’origine de ce travail, une boîte en carton Le tabouret AR de 1977, auquel vous faites référence, était monondulé, clouée au mur de mon studio : j’y rangeais et y exposais premier meuble exposé. Je l’avais fabriqué moi-même. J’étaisdes cartes postales. La boîte était légère et faisait son office. C’est alors apprenti menuisier, après avoir suivi une formation dece bricolage qui est à l’origine de Manière Noire. Quant à faire graveur sur cuivre. Il y a eu de nombreuses publications de laun lien avec une œuvre d’artiste en particulier, je vous laisse le chaise longue PI. Quant à son succès, ce devait être un objet ensoin de faire ce rapprochement, mais je ne suis pas sûr que cela phase avec son époque ! Mais qui sait vraiment pourquoi unaide à la compréhension du propos. objet fait converger les regards à un moment donné et en un lieu donné ?Retour à la fibre de carbone pour cette exposition… Que vous D’autres succès suivent dont celui des verres « Perrier » vendusapporte cette matière du point de vue artistique ? à plus de 20 millions d’exemplaires. Travaillez-vous de la même manière pour une firme à la démarche mass-market ?Une résistance effective pour une relative légèreté mais éga-lement une richesse esthétique due à la texture de la fibre de Travailler pour l’industrie oblige à prendre en compte en toutcarbone noire emprisonnée dans la résine. J’avais expérimenté premier lieu la culture de la marque et le public à qui l’once matériau dans le cadre domestique en 1985 (la chaise Car- s’adresse afin d’apporter un projet qui pourra entre autres êtrebone), matériau jusqu’alors utilisé exclusivement dans l’aéro- assimilé immédiatement par le plus grand nombre. Quant ànautique, et plus tard, en 2010, initié la série Heroic Carbon, suite mon travail de recherche, j’en suis le seul moteur et m’adressede mobiliers réalisés à partir de profilés en carbone non tissé. à un public hypothétique. Cela vous amène, en 1996, à votre déclaration de « ne plus dessi- ner ». Est-ce une contrainte supplémentaire de travail ou bien au contraire, un rapport plus accessible à l’objet ? Ne plus dessiner, c’est se mettre à une distance objective du pro- jet. Ne plus s’en remettre à l’imagination individuelle et son corollaire le dessin ou la recherche d’une ligne, comme ce fut mon cas dans les années 1980 et 1990. C’est établir une méthode de travail basée sur des données extérieures à ma personne et partageables par tout un chacun, celles que je nomme « les pierres dures » : l’intitulé du projet, sa dimension culturelle, les modalités de réalisation qui comprennent bien évidemment le choix du matériau, et enfin sa destination contextuelle. Cette méthode de création me laisse envisager d’infinies possibilités, étant donné la richesse du monde qui m’environne et que je côtoie. Galerie Blondeau & Cie, rue de la Muse 5, 1205 Genève Exposition Manière Noire de Martin Szekely jusqu’au 31 octobre 2015CULTURE 32Profil 139
Billet PLFDAEAESSVDJPREUEETDLIAATINESUSNE© BÉJART BALLET LAUSANNEJulien Favreau est né des chaussons de danse lacés aux pieds. exceptionnelle mais en maîtresse absolue de son parcours, en © BILL COOPERAprès avoir étudié la danse classique et contemporainemesure de dire oui ou non à sa façon.sous la direction de Colette Milner, il part rejoindre l’école- Life in Progress n'est pas un gala habituel d'un ou une étoileatelier Rudra Béjart à Lausanne, puis entre au Béjart Ballet entouré(e) d'amis et de partenaires. Le programme est enLausanne. Récompensé de nombreux prix prestigieux, il vérité le portrait d'un parcours partagé entre la danseuse etdanse aux quatre coins de la planète. Aujourd’hui, au travers ses chorégraphes. On y retrouve Mats Ek, William Forsythe,de ses mots, il partage ses découvertes. Akram Khan et Russell Maliphant, créateurs fidèles, qui ont ponctué le chemin professionnel de l'extraordinaire Sylvie, quiL ondres, Lyon, Paris, Tokyo… voici quelques villes se présente à nous impeccablement. Si impeccable qu'on se dit de la tournée d'adieu de la grande ballerine Sylvie alors: Pourquoi tirer sa révérence? Guillem qui a choisi à 50 ans de quitter la scène Cohérente et franche sur la question, elle annonce vouloir avec un programme d'auteur Life in Progress. s'arrêter avant que son corps ne commence à la lâcher. Avant Intime, contemporain, surprenant car jamais que le public ne s'en rende compte. \"Mieux vaut une coupure exploité auparavant pour des adieux, la Guillem nette et une blessure nettoyée plutôt qu'une douleur qui tueest anticonformiste. Ne nous l’a-t-elle pas déjà démontré tout comme le poison.\"au long de sa carrière? Dans Techne de Khan, nous la découvrons bouger comme uneFormée initialement à la gymnastique puis à la danse classique araignée, au sol, ventre à terre, s'articulant patte après patte afinà l’école de l’Opéra de Paris sous la direction de Madame de dialoguer avec une lampe microphone qui ne lui obéit qu'enClaude Bessy, elle intègre le Ballet de l’Opéra en 1981. Cinq partie. Dans la création de Maliphant Here & After, elle nousjours seulement après sa nomination de première danseuse apparaît souple et délicate. Dans un sensuel duo féminin, elleen décembre 1984, elle est couronnée Danseuse Étoile par Rudolf séduit au travers de sa silhouette et de son ombre, mélangeantNoureev et devient ainsi la plus jeune étoile de l'histoire du énergie et douceur méditative. Mais le point d'orgue de ceballet. Les plus beaux et les plus grands rôles s'offrent alors programme est sans conteste Bye de Mats Ek. Autoportraità elle, avec parfois Noureev lui-même comme partenaire, et d'une femme et d'une danseuse, éternelle jeune fille inquiète,le monde entier ne parle que de cette rousse flamboyante au aux prises avec ses émotions, ses fantasmes, les images qui luiregard glacial. Elle quitte sèchement Paris en 1989 en raison de traversent l'esprit. Et ici, Madame Sylvie Guillem montre sesrègles contractuelles imposantes, et poursuit plus librement talents d'introspection et d'actrice, traduits dans son physiquemais non sans fracas sa carrière au Royal Ballet de Londres en et son visage ravissant.tant que Principal Guest, tout en continuant de collaborer avec La vie progresse, le corps change et la danse aussi. La « diva »de grands chorégraphes tels que Forsythe, Béjart, Ek. à contre-courant le sait très bien et a su imposer ses choix enA 50 ans, plus que jamais consciente d’elle-même et de son art, féministe, ou mieux en artiste tout court. Depuis ses débuts,elle a décidé comment et avec qui se présenter pour saluer le public et la critique ont idolâtré ou détesté La Guillem. Jeson public une dernière fois. Une carrière non seulement garde pour ma part bien précieusement ces instants partagés sur scène ou en studio: Boléro, Sisi, Racine Cubique. Et cela grâce à Maurice qui disait d'elle: « Comment parler de Sylvie? Le talent est unique mais la personnalité est multiple, évidente et insaisissable comme tout ce qui dépasse les normes et rejoint cette zone mystérieuse où les grands poètes s'embarquent dans leur Bateau Ivre...! Elle nous sort de la grisaille quotidienne et d'un coup de pied aux étoiles nous précipite dans le futur. Merci Sylvie. »Sylvie Guillem dans son dernier spectacleavant son au-revoir à la scène CULTURE 33 Profil 139
Billet FPMLERRAOCÉOIJDROUÉEPDREDIEC© CARINE ROTH Journaliste, réalisateur, Frédéric Maire collabore dès 1986 d’arriver. Tant mieux ? Comédie noire sur la question de la mort avec plusieurs festivals. Après avoir été directeur du Festival (et par conséquent de la vie), La vanité est un film à tiroirs qui de Locarno de 2005 à 2009, il occupe désormais le poste de s’amuse à mélanger les cartes de l’humour et du suspense, tour directeur de la Cinémathèque suisse. à tour poignant et marrant, léger et violent. Il y a du Hitchcock dans la manière de construire le suspense du récit, de provoquer I l y a des sujets qui fâchent, des sujets qui gênent, des sujets des rebondissements qui approchent ou éloignent l’issue fatale. tabous. Le nouveau film de Lionel Baier, La vanité, ose en Il y aussi du Lubitsch dans la façon de dessiner le jeu de piste, les affronter un en face : le suicide assisté, ou l’aide à la mort. différents accrocs qui vont faire avancer l’histoire, de surprise Il le fait sans pathos, avec un humour consommé, dans en surprise. une comédie noire qui n’est pas sans rappeler Alfred Hitchcock. C’est l’histoire de David Miller, architecte, Construit à partir de la chambre, un lieu clos vert sombre et veuf, malade d’un cancer du cerveau, qui décide de se donner la tapissé de tentures qui évoque forcément le théâtre (Baier cite mort avec l’aide d’une association qui favorise le suicide assisté. Tchékhov), La vanité s’ouvre pourtant sur des espaces vivants Symboliquement, M. Miller veut mourir dans la chambre d’un qui incarnent à la fois la mémoire de l’architecte, ses créations Motel qu’il avait dessiné, avec sa femme, dans les années 60 – passées, et les signes de la décrépitude, de la fin, du changement. un bâtiment voué à la démolition… Seulement, son témoin lui Comme la piscine de cet hôtel futuriste devenue, avec le temps, fait faux bond et celle qui devait venir l’assister et lui fournir un triste parking. L’architecture se reflète aussi dans les rêves, le cocktail « définitif » n’est pas aussi professionnelle qu’il n’y les échecs et les rides des deux personnages principaux. David paraît. Bref, de quiproquos en maladresses, la mort n’est pas près Miller incarné par un Patrick Lapp au crâne rasé – qui nous fait nous demander une fois de plus pourquoi on ne l’a pas repéré plus tôt au cinéma. Et en « tueuse » de charme, l’Espagnole Carmen Maura, formidable, émouvante, capable de porter à la fois la passion et la mort comme dans une corrida funèbre revue et corrigée par Almodovar. La confrontation entre le Suisse bien rationaliste et la flamboyante Madrilène fait des étincelles et ne conduit pas forcément le récit là où il aurait dû aller. Et Lionel Baier joue habilement de nos attentes – et de notre amour pour ses personnages blessés – pour nous conduire sur les routes de la réflexion et, qui sait, de l’amour. « La vanité » de Lionel Baier. Sortie le 30 septembre en Suisse romande © FRENETIC FILMS CULTURE 34 Profil 139
« La confrontation entre © FRENETIC FILMSliepfealtaaiSlstauudfriofesalrassicetméédbtmbiûineoecnaynealtrlllnealeerttseir»oeéMtncnaiateldilàscrtoieolnèùndeuit CULTURE 35 Profil 139
Billet HDPMAEAÉRSLDOSOAELMNNEAYSSNTDEEEINDans les coulisses du Paléo depuis 15 ans, Dany Hassenstein beaux-parents. On ne sait jamais s’il y aura une tension ou unea débuté l’aventure du festival en tant que stagiaire avant entente absolue. Avec un concert, on peut s’imaginer la mêmed’embrasser une carrière de programmateur depuis 2009. situation : comment les deux parties réagiront-elles ? L’incerti-Il nous explique son Paléo, celui qui se passe en coulisses, tude est totale ! Cette alchimie-là est toujours incroyable à obser-derrière le feu des projecteurs. ver ! Plus je voyage, plus je me rends compte que dans certains festivals, la foule ne s’intéresse pas au travail de l’artiste, les ¾L a pression retombe, le Paléo, c’est terminé pour étant en train de parler devant la scène durant le show. A Nyon, cette année. Un mélange de sentiments me tra- on sent que les gens viennent encore pour voir des concerts (on verse l’esprit, je me sens las, soulagé, fier du travail touche du bois). La preuve la plus évidente nous a été donnée accompli par toutes les équipes, le festival s’étant par des soirées comme celle que nous avons vécue samedi soir : déroulé sans encombre. Pas d’annulation, pas d’ar- Joan Baez, Patti Smith et Robert Plant sur la grande scène – un tiste oublié à l’aéroport (et oui ça arrive !) et aucun trio de légende – qui sont venus s’écouter les uns les autres. Joanévénement majeur à déplorer sur la plaine de l’Asse. Les vingt Baez, ce bout de femme de 74 ans, rempli de classe et d’une spi-heures de travail par jour ont porté leurs fruits ! Malgré tout, ritualité émouvante qui, après 1H30 de concert, est retournéequelques frustrations persistent, rien de grave, mais elles sont voir Patti Smith pour chanter une chanson avec elle sur scène,présentes. Dans mon quotidien de programmateur, je parcours pour terminer, encore plus tard, en dansant avec Robert Plant.le globe afin de dénicher des talents et il est toujours décevantde ne pas pouvoir les voir sur scène. Quand on prend la décision, Quelles belles images ! A la fin de la soirée, ils se sont retrouvésqu’on négocie avec l’agent et, enfin, que l’offre est envoyée, j’ima- tous les trois en loge, à se raconter leurs parcours de vie. Ongine déjà l’artiste se produisant sur scène, le public, le coucher était là, plongés dans cet univers absurde d’une époque passée,de soleil, bref j’y suis déjà. L’autre déception est de ne pas voir avec les yeux humides et les jambes qui tremblent… Robert Plantla réaction du public ! La relation public-artiste est – j’aime uti- qui est venu vers moi, le petit bernois d’Interlaken, me raconterliser cette métaphore – comme la première rencontre avec ses des anecdotes avec Led Zeppelin : un moment inoubliable et extrêmement gratifiant ! Autre moment magique, celui où Ben Harper et son équipe allongée dans les loges débriefaient durant une heure leur concert ; dernière date de leur tournée, ils étaient lessivés d’avoir joué devant 30’000 personnes! Ces moments-là nous font prendre conscience qu’un métier comme le nôtre est tout bonnement un cadeau. Et surtout, qu’un festival se déguste autant de l’intérieur que de l’extérieur, avec peut-être même un meilleur goût depuis le cœur de l’événement…© DR © PALÉO LIONEL FLUSINCULTURE 36Profil 139
MODEp.40 CULTURE Carnet de style, Profil 139 les tendances de la rentrée 37
© MAX MARAL’ÉLÉGANCE, AUTREMENT Par Lucie Notari Ian Griffiths est à la tête de la création de la maison Max Mara depuis plus de 25 ans et continue à distiller son style à la fois moderne et atemporel aux acheteuses de la marque.L’adage qui dit : « montre-moi ce que tu fais je te dirai qui tu es » dirige. Un homme d’une élégance raffinée et d’une discrétionse révèle souvent juste dans l’univers de la mode. Certains ego « low profile » qui laisse entièrement place à la création et autransparaissent au travers de collections importables, d’autres succès de la maison italienne. Une réussite qui ne faiblit pasâmes torturées se distinguent dans leur vision souvent triste de d’année en année en réinterprétant l’élégance universelle. Lala femme… Ces exemples sont aux antipodes de ce que représente collection automne-hiver en dit long sur ce créateur talentueux :Ian Griffiths. A la tête de la création pour l’intemporelle marque une véritable ode à la femme et à sa beauté avec une silhouetteMax Mara depuis 1987, le créateur ressemble à la griffe qu’il inspirée par Marilyn Monroe… back to basics.MODE 38Profil 139
«Beaucoup de jeunes femmes piquent le manteau Max Mara dans la garde-robe de leur mère et ça, c’est le signe que cette pièce est devenue iconique » Qu’est-ce qui vous fascine dans cette maison? Je travaille dans cette maison depuis que je suis diplômé, Max Mara est ma deuxième famille. Je collabore avec des personnes formidables que je connais depuis de nombreuses années, des personnes que je connais assez pour que nous puissions avoir des débats animés concernant les collections sans crainte des conséquences (rires) ! Il existe une incroyable énergie dans cette entreprise ; avec un tel état d’esprit, il est impossible de ne pas être inspiré !PROFIL : Lorsque nous découvrons votre nouvelle collection … justement, vous travaillez depuis 1987 pour la même marque.automne-hiver, nous retournons vers l’âge d’or du cinéma. C’est très rare. Pensez-vous avoir encore beaucoup d’histoiresDes femmes à l’élégance intemporelle… Parlez-nous de votre à raconter avec Max Mara ?approche. Je m’identifie complètement à la marque ! Max Mara respecteIAN GRIFFITHS : Notre collection automne-hiver est inspirée ses clientes et s’adapte continuellement à leur mode de vie afinpar les mythiques photographies de Marilyn Monroe, sur la de répondre, au mieux, à leurs besoins. Les femmes continuentplage avec son grand cardigan… Ces clichés qui ont traversé les à porter la griffe car elle leur permet de se sentir belles, valori-époques sans perdre de leur magie ont été réalisés par George sées. Il ne s’agit pas juste d’une marque à la mode. C’est pour cesBarris. Nous avons voulu explorer également l’intelligence raisons que je suis toujours au sein de la maison depuis plus dehors-norme de la star, un élément malheureusement souvent 25 ans ! J’ai toujours beaucoup d’inspiration et d’admiration pouroublié… Saviez-vous qu’elle avait une immense bibliothèque cette société et j’essaie, saison après saison, de réinterpréter sesde 400 références composée des poids lourds de la littérature ? codes pour chaque génération de femmes.Nous voulions une collection dans ce sens : chic, élégante et sexy,comme la vraie Marilyn, cette femme à la beauté insolente,avide de lecture.…de l’intemporalité aussi niveau couleurs avec l’indétrônablecamel, signature de Max Mara. Désirez-vous revenir aux fon-damentaux – aux prémices de la griffe ?Max Mara est une marque en lutte constante pour la perfec-tion, spécialement au niveau des manteaux. Les meilleurs tis-sus, le plus beau tombés, le volume et la proportion parfaite.Un manteau Max Mara n’est jamais fantaisiste, complètementavant-gardiste ou étrange. Ce n’est pas l’adage de la marque,désireuse de proposer des pièces que la cliente pourra porteravec fidélité durant de nombreuses années voire même, lestransmettre. C’est un message fort que nous ressentons : beau-coup de jeunes femmes piquent le manteau Max Mara de leurmère et ça, c’est le signe que cette pièce est devenue iconique.Quelle pièce de la collection automne-hiver est votre préférée ? Le manteau camel enveloppant porté par Gigi Hadid, qui faitl’ouverture du défilé. Il représente totalement l’esprit de lamarque, mais aussi une intemporalité moderne avec sa coupeparfaite, à la fois luxueuse et séduisante.Si vous deviez définir Max Mara en une phrase, quelle Le manteau d’ouvertureserait-elle ? du défilé, pièce féticheMax Mara habille des femmes fortes avec des vêtements qui les du créateurfont se sentir bien, peu importe les circonstances. Il en ressortune élégance non étudiée ainsi qu’un luxe frais. MODE 39 Profil 139
«Dans le stylisme,il n’y a pas de place pour l’ego. Il faut d’abord penserà la personne que l’on habille avant de penser à se satisfaire soi-même »La marque a été frappée, en 2005, par le décès d’ArchilleMaramotti, fondateur de la maison. Qu’est-ce que cet événe-ment a concrètement changé pour vous ?L’une des raisons pour lesquelles notre marque est si forteest que les principes sur lesquelles elle a été fondée sont trèssolides. « Real clothes for real women »*. La vie de la femmea changé avec le temps et la marque a évolué avec ces modi-fications mais les valeurs sont toujours les mêmes depuis lafondation de la marque en 1951.Max Mara est une maison qui ne starifie pas les créateurs, cen’est pas dans l’ADN de la marque de travailler de cette manière.Est-ce essentiel pour vous, afin d’être créatif, de ne pas ressentircette pression supplémentaire ?C’est en effet une approche que la griffe a adoptée depuis long- vions rencontrer auparavant sont complètement désuètes de-temps et nous sommes également partis sur cette base lors de puis l’arrivée d’internet et des informations instantanées etmon arrivée. Je pense que créer est un travail de concepteur, multiples. Ce que je peux dire est que, quel que soit le lieu oùil faut penser à la personne qui portera vos vêtements et pas à je voyage sur la planète, je peux voir au moins une femme quevotre propre ego. Pour moi, si les choses vont dans ce sens, il en j’identifie au style Max Mara. Pour moi, il s’agit de la confirma-résulte une perception professionnelle du travail qui se perçoit tion que notre mode est une mode universelle.au travers du regard des clients : si le styliste a pensé à l’autreavant de penser à lui, sa collection se vendra.Côté créatif, vous travaillez avec des stylistes extérieurs à la Pouvez-vous nous dévoiler quelques pistes sur les tendancessociété, pourriez-vous nous expliquer ce que cela représente ? que vous présenterez pour la collection printemps-été ?En tant que directeur de création, je briefe notre équipe de Notre collection Resort 2016 célèbre notre nouveau point dedesigners mais je collabore également avec des stylistes, pho- vente fraîchement installé sur Old Bond Steet à Londres. Cettetographes, musiciens, scénographes, directeurs artistiques, collection est un hommage au style que l’on retrouve sur place.coiffeurs, maquilleurs… la liste est longue ! J’aime rendre vi- C’est une sorte de lettre d’amour à cette ville que j’appellevantes ces collaborations avec des effusions d’idées, c’est de là « maison ». D’un côté, elle est inspiré par l’élégance de l’ouestque naissent de belles histoires comme celle que nous racontons de Londres avec pour muses le photographe Cecil Beaton et leavec la collection automne-hiver autour de Marilyn. dramaturge Noël Coward ; de l’autre côté, c’est un tout autre univers qu’est la boxe de l’East London. Le livre Boxer HandsomeVous avez débuté votre carrière en étudiant l’architecture. d’Anna Whitewham m’a subjugué et a réellement été l’une deQuelle empreinte de cet univers peut-on retrouver dans vos mes sources d’inspiration.créations ? Finalement, si vous ne deviez garder qu’un seul conseil prodi-La conception d’un manteau se rapproche énormément de l’ar- gué par l’un de vos mentors durant votre carrière, quel serait-il ?chitecture, un peu comme une maison ou une rue. Un manteau,c’est plus que de la mode car il doit être fonctionnel, protéger la Celui de ma directrice d’études au Royal College of Art, Madamepersonne qui le porte, la sécuriser. En comparaison avec d’autres Anne Tyrrell, malheureusement disparue il y a peu de temps.pièces du vestiaire féminin, le manteau restera de nombreuses Elle m’a beaucoup aidé dans ma carrière avec ses précieuxannées, sera porté au quotidien et doit être pensé ainsi. Et sa conseils dont principalement celui me disant que pour chaquecoupe doit être aussi irréprochable après 10 ans que lors de son tenue, je devais imaginer une femme marcher dans la rue avec.achat. Pour moi, les meilleurs concepteurs de manteaux sont Lorsque je suis devenu un jeune designer, je demandais du coupceux qui ont adopté cette démarche architecturale. sans cesse à propos de mes créations : « Qui la porterait ? », si j’avais la réponse, j’étais heureux, cela prouvait que mes créa-Max Mara représente l’élégance. Quelle nationalité utilise- tions étaient portables.riez-vous pour la définir : la femme italienne, américaine et…suisse ? * traduit littéralement par « de vrais vêtements pour de vraies femmes ».Je pense réellement que les variations de style que nous pou-MODE 40Profil 139
IFNALLLOINVGE Souvent adulées, parfois décriées, une chose est sûre : les collections présentées Par Lucie Notari lors des semaines de la mode font parler d’elles. Au travers de cette chronique, nous vous exposons les silhouettes qui se distinguent de par leur créativité.© BALENCIAGA Pull manches longues en tweed noir & blanc, 795€, jupe fendue en laine à carreaux noir & blanc 199€, E xpérimental, épuré, sculp- Chelsea boots en cuir blanc 995€ différentes broches en métal, strass et perles dès 595€, différentes boucles tural… le style Balenciaga, d’oreilles en métal et strass dès 465€, le tout Balenciaga. un joyeux mélange de tout cela à la fois. Un créateur 41 de génie qui reçevait les louanges de Coco Chanel… difficile pour les stylistes qui lui ont suc- cédé d’être à la hauteur d’un si grand en- jeu. Et pourtant, Alexander Wang, à la tête de la maison depuis 2012 (et bientôt parti déjà… dommage!) réussit avec brio son tour de piste. Sa collection automne-hi- ver 2015-16 pourrait paraître à première vue totalement classique : des tailleurs, des robes taille haute… et pourtant celle-ci se révèle être d’une étonnante moderni- té. Les jupes en lainage de style écossais ne révèlent leurs secrets qu’une fois la démarche entammée : une longue fente remontant jusqu’en haut des cuisses per- met d’apercevoir les jambes d’une inso- lente longueur des mannequins. Les jeux de volumes - apportés notamment par l’arrondi des épaules - qui s’opèrent sur les vestes et manteaux, ajoutent à la sil- houette équilibre et structure. Les ajouts de cuir et les boucles d’oreilles maxi roc- kabilisent et donnent un coup de jeune au tout. Quant au contraste noir et blanc, fil conducteur de la collection, il représente la madeleine de Proust de la griffe. Une nouvelle silhouette est ainsi proposée par Alexander Wang. Des tenues pensées tant en termes d’esthétisme et de créativité qu’en termes de commercialisation. Une collection portant sur un héritage réin- terprété, réalisée avec brio par un styliste de génie, Alexander Wang, qui a compris qu’avant tout, pour séduire la femme, il faut innover tout en la valorisant. MODE Profil 139
DCEASRTNYELTE La mode sera bohême cette saison. Elle vagabonde à travers le temps à la quête des pièces emblématiques de notre passé. Années 20, 40, 70, 80 ou encore 90, les sil- houettes s’affichent en mode rétro-modernisme pour notre plus grand plaisir… Photographe : Quentin Legallo Réalisation : Lucie Notari Styliste : Tatiana Dumabin assisted by : Geoffrey Mingot Maquillage : William Oliver Robinson, Make-up artist national pour Lancôme Coiffure : Rosalina Johnson, Mannequin : Amandine, agence Ford Retouches : Yelena Popova Merci à Nicolas Guerin & Jonathan GimbordPull col roulé à grosses côtes en laine et robe en agneau 42plongé AZZEDINE ALAÏA / Lunette optique ronde en acétateécaille PAUL SMITH / Boots à lacets en cuir AZZEDINE ALAÏAMODEProfil 139
MODE43 Profil 139
Robe en crêpe de satin de soie retourné CELINE / 44Col roulé en maille ESCADA / Manteau en poulainimprimé AZZEDINE ALAÏATeint : La Base Pro Hydraglow, Miracle Cushion - BeigeRosé 02, Touche Miracle - Voile de lumière 01,Belle de Teint - Belle de Moka 07, Blush Subtil - Brun Roche 011.Yeux : La Base Paupières Pro Aquatique - Beige Porcelaine 02,Hypnôse Palette Star Eyes - Brun au Naturel ST7, HypnôsePalette Star Eyes - Terre d’Ivoire ST03, HypnôseDoll Eyes – Noir 01, Sourcils Gel - Châtain 04.Lèvres : L’Absolu Rouge - Beige Mirage 250, le tout de LancômeMODEProfil 139
Top et pantalon EMPORIO ARMANI Trench en PVC INGIE PARIS Veste transparente effet reptile HUBER EGLOFF Boots en cuir à semelle caoutchouc VIC MATIÉ MODE45 Profil 139
Ensemble veste et jupe en tweed de laine avec souliersen chèvre gros grain beige, le tout signé CHANEL
Robe en maille MICHAEL KORS Jupe en cuir d’agneau plongé BALLYPochette à poil court jaune canari AKRIS Chaussures en cuir MICHAEL KORS
Pull en mohair et laine rose pâle COURREGESJupe en maille IRIS & INK / Chaussettes en maille rose pastelécrue chinés MARIE SIXTINE / Sandales à talonset frange en veau velours et sac en cuir ROGER VIVIER
Teint : La Base Pro Hydraglow, Miracle Air de Teint - Beige Noisette 05, Touche Miracle - Rose lumière 02, Blush Subtil - Brun Roche 011. Le regard : La Base Paupières Pro Aquatique - Beige Porcelaine 02,Ombre Hypnôse Stylo - Taupe Quartz 03,Hypnôse Palette Star Eyes - Terre d’Ivoire, Grandiôse - Bleu Mirifique 03, Hypnôse Volume-à-porter - Noir 01, Sourcils Définis - Auburn 02. Les lèvres : Lip Lover - Rose Ballet 313 et les ongles : Vernis in Love - Sugar Rose 301M, le tout LANCÔME.
Manteau en laine et col de fourrure ELIE SAAB 50Col roulé ELISABETTA FRANCHITop et pantalon EMPORIO ARMANIEscarpins en cuir JIMMY CHOOMODEProfil 139
Trench coat MICHAEL KORS Robe courte à volant GRETA CONSTANTINE Pantalon ajouré en grillage AKRIS Chaussures en cuir vinyle WALTER STEIGER MODE51 Profil 139
Manteau en peluche de laine BY MALENE BIRGERRobe en cuir d’agneau TODS / Col roulé à grosses côtes en laine AZZEDINE ALAÏACuissardes en cuir vinyle et talons en plexiglas CHRISTIAN DIORMODE 52Profil 139
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