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Atypeek Mag N°3

Published by Atypeek Mag, 2017-09-14 18:02:44

Description: Magazine collaboratif d'Atypeek (Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - Sexy - BD...) www.atypeek.fr

Keywords: Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - Sexy - BD

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ARTICLE PAR : © Shutterstock À SAVOIR « UNE VRAIE DU PLUMOIR À L’ISOLOIR : Depuis 1972, le magazine POITRINE… ON FAIT TOUT À DEUX ! pionnier Union est un moyen d’expression libre sur le sexe, C’EST ROND, D’après un sondage IFOP l’érotisme et les relationsC’EST CONFORTABLE, pour Wyylde, la politique se fait amoureuses. de plus en plus d’un commun C’EST ACCUEILLANT accord sur l’oreiller ! PLUS D’INFOSET ON DOIT POUVOIR 75 % des personnes en couple www.union.fr METTRE SON NEZ AU MILIEU AVEC se déclarent du « même bord ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 251 JUBILATION » politique » que leur conjoint (ou du moins le pensent) et 84 % des personnes interrogées ont affirmé aller voter pour le même candidat que leur conjoint à l’élection présiden- © Shutterstock tielle 2017. Cette belle synergie gagne du terrain d’années en années : en 1978 ils n’étaient, paraît-il, que la moitié à s’accorder sur le même vote ! Et les jeunes de moins de 25 ans seraient les plus « ou- verts » à un partenaire idéologiquement différent, ils seraient près de 41 % à voter différemment.Pour plus de news insolites, rendez-vous sur : www.union.fr

LE CAHIER SEXY Alt : (Autoportrait) - © Delphine Cencig Delphine Cencig - Photographiste LA GALERIE l’iMAgE À flEUR DE PEAU - DElPhinE cEncig - Interview originale « J’ai grandi avec un crayon entre les mains en cherchant mon chemin à travers un parcours très éclectique qui m’a permis d’explorer l’Art sous différentes formes, en passant de l’esthétique au graphique, de la somato-psycho à la communication visuelle, où j’ai exercé en tant que Directrice Artistique dans différentes sociétés. Je me suis ensuite découverte une passion, et j’ai décidé de passer du crayon à la digitalisation, … Je suis Photographiste » EN SAVOIR PLUS : https://www.delphinecencig.com/ https://www.facebook.com/D.Cencig/r Merci à Audrey Charles, Joanna Pham, Sokhna Niang, Romy Bondy, Kermaron Zot, Jonathan Herzog252 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

2.0 (Madone) : Modèle: Audrey Charles - © Delphine CencigATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 253

Escape : © Delphine Cencig254 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

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256 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 Débordé : Modèle: Joanna Pham - © Delphine Cencig

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258 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 Poulpe Fiction : Modèle: Audrey Charles - © Delphine Cencig

Blackbird : Modèle: Sokhna Niang - Hair: Jonathan Herzog - © Delphine CencigATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 259

260 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 Faune : Modèle: Romy Bondy - © Delphine Cencig Je te vois, je t’entends, je te parle : Modèle: Joanna Pham - © Delphine Cencig

Madone 2.0 : Modèle: Audrey Charles - Kermaron Zot - © Delphine Cencig Instinct Sauvage : Modèle: Audrey Charles - Hair: Jonathan Herzog - © Delphine CencigATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 261 Body Spirit : Modèle: Joanna Pham - © Delphine Cencig Insolence : Modèle: Audrey Charles - Hair: Jonathan Herzog - © Delphine Cencig

262 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 Par le vide : Modèle: Joanna Pham - © Delphine Cencig

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266 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 La culture fait-elle l’homme ? (ou la femme)

TRIANNUEL 2017 ©Mael Le BrazMaxime Lachaud - JournalisteLE CAHIER CULTURELTOUTEs lEs cOUlEURs liTTéRATURE DU Bis LYDIA LUNCH :Article Cinéma et DVD DéséQUiliBREs synThéTiQUEsJérôme Tranchant, Journaliste ET AUTREs vOMissUREs vERBAlEsIlA fAcE cAchéE DEs “WhiTE TRAsh” Chronique The Artchemists Padme Purple, JournalisteROBERTO MinERvini Interview cUlTURE fAnZinE Maxime lachaud, Journaliste lOBOTOMy cOnTingEnTvERnOn sUBUTEx 3 PRODUcTiOns fRAcTiOn Chronique WAW Un-liMiTED Un adieu à la hauteur, chronique IArticle L’hirsute fanzine “Des livres et nous” John hirsut, JournalistelE livRE DU MOis lA scènE inDéPEnDAnTE En iMAgEs ALAIN GARLAN Galerie Photos Rois de la forêt hazam, Journaliste / Photographe ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 267

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANTDOSSIER CINÉMA BISLES TDCOUOUBUTELISESURS268 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY©DR - Le chien des baskerville — LES DÉBUTS DU BIS — GOTHIQUE BRITANNIQUE GOTHIQUE ESPAGNOLE allemand des années 20. L’interprétation est de qualité et même le monolithique Howard Vernon Le chien L’horrible compose un personnage inquiétant. Enfin, le cinéaste des baskerville docteur Orloff a recours à une musique contemporaine déstructurée de Terence Fisher (1959) de Jesus Franco (1961) et atonale, particulièrement bienvenue pour susciter avec Peter Cushing, André avec Howard Vernon, la peur. Cette première œuvre fantastique de Franco Morel et Christopher Lee distribué en DVD par explique sa popularité, même s’il a ensuite plongé Distribué en DVD et Blu-ray Openning. Espagne/France dans les profondeurs du cinéma Z en tournant par MGM Grande Bretagne plus que de raison (pas loin de deux cents films Un docteur fou enlève et tue des en seulement quarante ans de carrière). Il a lui- La plus célèbre aventure de jeunes femmes afin de prélever même réalisé en 1988 un bien triste remake des Sherlock Holmes, adaptée par la peau de leur visage, comptant Yeux sans visage intitulé Les prédateurs de la nuitHammer Film Productions. Le fameux détective est ainsi sauver sa propre fille défigurée par sa faute. avec l’inénarrable Brigitte Lahaie. Une chute trèschargé de protéger un aristocrate, menacé par une Ce Docteur Orlof est le quatrième film de l’Espagnol sévère pour un cinéaste sympathique ayant luttémalédiction mortelle. Habitué aux films d’horreurs, Jesus Franco et il marque sa première incursion dans dans les années 60 contre la censure franquiste.le studio britannique injecte dans cette histoire le domaine de l’horreur, genre auquel son nom resteune touche bienvenue de fantastique, lorgnant par attaché. Racontant exactement la même histoire que ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 269moments vers l’épouvante. Conjugué à de superbes Les yeux sans visage (1960), chef-d’œuvre horrifiquedécors gothiques (la demeure inquiétante, la lande de Georges Franju, Franco délaisse le mystère ensinistre…), cet ensemble dispose d’une ambiance exposant très rapidement la situation. Pourtant,stylisée. Par ailleurs, la réalisation de Terence son film reste intéressant à suivre grâce à un vraiFisher est assez inspirée, et l’enquête, mêlant sens de la mise en scène et de l’atmosphère. Ilintrigues secondaires et faux coupables, s’avère utilise judicieusement son décor et privilégie uneprenante. Enfin, si Christopher Lee fait comme photographie noir et blanc très contrastée. On sentsouvent forte impression, on relèvera un Peter à chaque instant l’influence du cinéma américainCushing délectable en Sherlock Holmes malicieux, des années 30, comme celui de Tod Browning ouingénieux, et flegmatique. Probablement l’un des de James Whale, mais aussi de l’expressionnismemeilleurs films de la Hammer.©DR - Peter Cushing / Le chien des baskerville ©DR - L’horrible docteur Orloff

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — PERSONNALITÉ DU GOTHIQUE — — GOTHIQUE — LES DÉBUTS DU BIS BARBARA STEELE ©DR - Barbara SteeleVisage parmi les plus célèbres du cinéma d’horreur italien,Barbara Steele a bien failli exercer ses talents dans d’autres GOTHIQUE ITALIEN Alfred Hitchcock pour ce film qui s’inspire assezregistres et pays. Née en Angleterre, elle étudie d’abord franchement de “Rebecca”, même s’il n’en a pas loinpour être peintre, puis devient modèle, et ce n’est qu’à L’effroyable de là, la cohérence scénaristique. Le charme opèrela fin des années 50 qu’elle rejoint la compagnie de J. secret du docteur Hichcock essentiellement grâce à l’attention toute particulièreArthur Rank et fait ses premiers pas à l’écran, dans la De Riccardo Freda (1964) que porte Freda à son actrice principale la trèscomédie « Bachelor of Hearts » (1958). Un petit rôle qui avec Barbara Steele et Robert étrange Barbara Steele, actrice anglaise devenuesera suivi par d’autres, jusqu’à ce qu’Hollywood ne la Flemyng. culte depuis son apparition dans “Le masque duremarque et l’engage pour donner la réplique à Elvis Distribué en DVD par Artus démon” de Mario Bava. Si son jeu n’est pas dePresley dans Les Rodeurs de la plaine. Italie/Grande Bretagne première qualité, son regard tout à la fois inquiet etSauf que l’expérience tourne court, ses nombreuses prises inquiétant renforcé par ses yeux globuleux convientde bec avec le réalisateur Don Siegel ayant raison de sa En pleine vague “Hammer” le parfaitement au genre dont elle n’arrivera jamaisparticipation au long-métrage. Remplacée par une autre cinéaste transalpin Riccardo vraiment à s’extraire. Robert Flemyng au regardBarbara (Eden), elle rentre en Europe aussi vite qu’elle Freda entend ne pas s’en laisser compter, lui qui marmoréen et au jeu minimaliste fait froid dans leen est partie. Pas en Grande-Bretagne, mais en Italie, où comme son chef opérateur Mario Bava a déjà tâté dos dans ce rôle de médecin nécrophile. C’est iciMario Bava lui confie le rôle principal de son premier du genre avec “Les vampires” en 1957. Riccardo l’innovation de Freda qui pousse un peu plus loinfilm : Le Masque du démon (1960). Salué pour la qualité Freda qui est alors un cinéaste reconnu en Italie le propos que les films de la Hammer en abordantde sa photographie et son atmosphère inquiétante, le n’en est pas moins pragmatique comme le sont de front un tabou quasiment absent de l’histoire dulong-métrage fait de Barbara Steele une icône instantanée souvent les Italiens. Pour surfer sur la vague qui cinéma mondial. Le tout est parfaitement mis endu cinéma fantastique. porte les films de vampires made in England, il image par un Freda très soucieux de l’esthétiqueUn succès qui lui vaut de repartir aussitôt aux États-Unis n’hésite pas à angliciser son propre nom qui devient dont il sait bien qu’elle importe plus dans le genrepour jouer sous la direction de Roger Corman dans La ici Robert Hampton. Le titre indique clairement que la rigueur du scénario ou le jeu des acteurs.Chambre des tortures, puis dans un épisode de la série un hommage appuyé au maître du suspenseAlfred Hitchcock Présente, avant de remettre le couverten Italie, avec L’Effroyable secret du Docteur Hichcock. Unfilm qui a d’ailleurs réduit son temps de présence dansle Huit et demi de Federico Fellini : séduit par son visagevoluptueux et sa voix sensuelle, le metteur en scène àen effet dû se résoudre à ne pas lui confier plus que lepetit (mais marquant) rôle qu’elle tient dans son film, àcause de son engagement dans le suivant.Bien que remarquée chez Fellini, Barbara Steele ne sedéfait pas si facilement de l’étiquette acquise chezMario Bava, et les années 60 la voient apparaître dansLe Spectre du Professeur Hichcock, Danse macabre, LaSorcière sanglante, Cinq tombes pour un médium, LesAmants d’outre-tombe, Un Ange pour Satan ou La Maisonensorcelée avec, toutefois, quelques pauses grâce auxLes Heures de l’amour, à « Amours sans lendemain », LeSexe des anges ou Le Monocle rit jaune, sous la directionde Georges Lautner.L’année 1968 est celle où, trouvant sa couronne dereine de l’horreur trop pesante, elle déclare qu’on ne lareverra plus jamais « dans un foutu cercueil ». Mais leschoses ne sont pas si faciles pour autant : si son mari, lescénariste James Poe, lui écrit un rôle dans l’adaptationd’On achève bien les chevaux (1969), ce dernier revientfinalement à une autre Anglaise, Susannah York. Il fautdonc attendre 1974 pour revoir Barbara Steele sur grandécran, grâce à 5 femmes à abattre, premier long-métragede Jonathan Demme.C’est aussi à ce moment-là qu’elle replonge dans l’horreur,devant la caméra de deux jeunes réalisateurs, DavidCronenberg et Joe Dante, qui lui offrent de participer àFrissons et Piranhas, puis elle apparaît dans « Le Silence quitue » (1979), après une légère parenthèse plus dramatiqueface à Patrick Dewaere et Annie Girardot (La Clé sur laporte). Éloignée des écrans pendant quelques années,elle revient d’abord sur le petit, par le biais de séries, etil faut attendre 1994 pour la revoir dans un long-métrage.Mais, de Prophet (1999) à « The Butterfly Room » (2012),en passant « The Boneyard Collection » (2006) ou HerMorbid Desires (2008), elle s’affiche surtout dans desthrillers mineurs, à tendance plus ou moins horrifique.Reine de l’horreur un jour, reine de l’horreur toujours…270 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY WESTERN PRO-INDIEN — WESTERN — WESTERN BAROQUE L’AGE D’OR Tire encore La révolte des indiens apaches (Win- WESTERN SOUS LEONE si tu peux netou) de Giulio Questi (1967) de Harald Reinl (1963) Django avec Tomás Milián, Ray Love- avec Pierre Brice et Lex Barker de Sergio Corbucci (1966) lock, Piero Lulli Allemagne/France/Yougoslavie avec Franco Nero Distribué en DVD et Blu-Ray Coffret DVD distribué par Distribué en DVD par Wild Side par Rimini. Espagnol, Italien M6 vidéo Comme son compatriote Sergio Film maudit à l’époque de sa Adaptation des Romans de Karl Leone, Sergio Corbucci a lui sortie, victime de la censure quiMay, contemporain de Jules Vernes, les aventures aussi influencé le cinéma et plus tailla dans les débordements sadiques et sexuelsdu chef Winnetou et du Cow Boy justicier Old particulièrement le genre des de ses images, le western de Giulio Questi estShatterland furent un grand succès littéraire, westerns. Et justement, l’un de devenu au moment de la redécouverte du cinémacinématographique et télévisuel, jusqu’au milieu ses films qui a le plus influencé n’est autre que son bis transalpin un objet de culte, adulé par lesdes années 1990. Bien sûr, Pierre Brice, un grand « Django », réalisé en 1966. Ce film a eu beaucoup de amateurs de pellicules déviantes.acteur Français qui incarnait Winnetou et qui succès et de nombreux autres westerns ont tenté deoutre Rhin, en Russie, jusqu’aux USA, fut une star surfer sur la vague de ce succès en reprenant dans Tire encore si tu peux est l’avatar monstrueux etinternationale adulée des enfants qui le voyait leur titre le nom de Django. Mais tout le monde ne westernien de la modernité italienne, dans la lignéedéfiler à cheval dans son costume d’Indien était s’appelle pas Sergio. Pour en revenir à ce qui nous des films de Tinto Brass et Bernardo Bertolucci,complètement ignoré dans son propre pays. Un intéresse, « Django » retrace l’histoire de Django eux-mêmes sous l’influence croisée de Godard etgrand bonhomme qui ne fut l’interprète que d’un (on s’y attendait un peu en même temps) de son d’Antonioni. Le rapprochement n’est pas fortuitseul personnage, mais quel personnage ! Il est mort arrivée dans une petite ville fantôme jusqu’à son puisque Brass, Bertolucci et Questi partagent alorsl’été dernier dans l’indifférence totale des Français départ, sur pied ou dans un cercueil. Le cercueil le même scénariste et monteur, Franco Arcallialors que toute l’Allemagne lui a rendu hommage. justement, parlons-en ! Django transporte avec lui surnommé Kim Arcalli, personnage assez génialCe film, le premier d’une série aux belles couleurs pendant une bonne partie du film un cercueil dont qui aura une influence artistique et intellectuelleet à la superbe photographie, qu’il tourna jusqu’en on ignorera pendant un temps ce qui s’y cache. Ce souterraine et néanmoins déterminante sur tout un1970, est un excellent divertissement d’aventure. cercueil devient rapidement un personnage à part pan du cinéma moderne italien jusqu’à son décès entière du film, il est à la fois intriguant et plein prématuré en 1978. ©DR - La révolte des indiens apaches de surprise. Bon, bien sûr, il n’a pas beaucoup de temps de parole mais c’est là toute la force de ce C’est peut-être le western psychédélique ultime – du film. Sergio Corbucci est parvenu à rendre vivant moins le plus réussi – qui pousse à leur paroxysme un cercueil (fallait le faire quand même !) grâce à la transgression, la distorsion voire la destruction sa mise en scène où il n’hésite pas à donner plus non seulement des figures du genre, mais aussi de d’importance à une boîte qu’à ses acteurs. Les acteurs la narration classique. Un métis bisexuel (Tomás justement, parlons-en ! Tous sont convenables mais Milián), héraut prolétaire des westerns de Sollima il y en a un qui attire toute l’attention. Cet acteur – photo en tête de texte), trahi et enterré vivant est Franco Nero, c’est lui qui joue Django et il est par ses complices, débarque dans une ville pourrie épatant de charisme ainsi que de confiance en lui. où deux clans se disputent de l’or volé. Il fait un peu penser à un mélange entre Terrence Hill et Clint Eastwood, autant physiquement et dans Tire encore si tu peux n’est pas le seul western son jeu d’acteur. Il est parfait dans son rôle, tout italien à lorgner vers le film d’horreur, mais ce comme la BO. La BO justement, parlons-en (que résumé ne donne qu’une faible idée du vent de de transitions aujourd’hui !) ! Composée par Luis démence qui souffle sur le film, véritablement Bacalov, elle accompagne ce western spaghetti avec possédé par la mauvaise pulsion (torture, viol toutes les épices qu’il faut. Elle conclut la scène collectif homosexuel, inserts gore) et le fétichisme. finale qui est de toute beauté. Ce n’est pas pour Tomás Milián, comme un ange ivre, incarne une rien si Tarantino la reprendra dans son « Django sorte d’icône christique – il ressuscite au début Unchained » (excellente idée qu’il a eu d’ailleurs du film, puis se fait crucifier à moitié nu dans une le grand Quentin). Longtemps considéré comme le geôle – déchiré entre le souvenir d’un éphèbe blond plus violent de tous les westerns (spaghetti à la et une prostituée. (suite page suivante) bolognaise alors - jeu de mot facile), « Django » est un très bon représentant du genre. ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 271

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ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 273 ©DR - Barbara Steele / Le Masque du démon

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANT Ennio Morricone, auteur de musiques pour Bernardo Bertolucci ou Marco Bellocchio, c’est surtout avec Sergio Leone et la partition de Pour une poignée de dollars qu’il acquiert une renommée internationale et la reconnaissance quasi immédiate de ses pairs.274 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — WESTERN — — PERSONNALITÉ DU WESTERN — L’AGE D’OR ENNIO MORRICONE ©DR - Tire encore si tu peux WESTERN ZAPATISTE Élève de Goffredo Petrassi et diplômé de l’Académie©Pascal Le Segretain - Ennio Morricone L’acteur cabotin au charisme El Chuncho Santa Cecilia de Rome, où il a raflé les premiers prix ©DR - Ennio Morricone indéniable trouve l’un de ses de Damiano Damiani (1967) de composition, d’instrumentation et de direction rôles le plus grandioses dans ce avec Gian Maria Volonté, d’orchestre, Ennio Morricone débute dans la musique film infernal, véritable chaînon Lou Castel et Klaus Kinki. dite “sérieuse” ou expérimentale, évoluant dans des manquant entre les collages Distribué en DVD par Wild Side groupes d’improvisation, avant de s’intéresser peu à pop de Tinto Brass et l’érotisme Italie. peu à la musique de film à partir de 1961. pasolinien. La violence du film Auteur de musiques pour Bernardo Bertolucci ou n’est pas seulement graphique Travaillant dans l’ombre du Marco Bellocchio, c’est surtout avec Sergio Leone et la et outrancière, elle est aussi maestro Sergio Leone, Damiano partition de Pour une poignée de dollars qu’il acquiert politique. Ancien résistant Damiani a lui aussi réalisé une renommée internationale et la reconnaissance quasi comme son ami et complice quelques films solides. Collaborant avec Gian immédiate de ses pairs. Kim Arcalli Giulio Questi transpose dans ce western Maria Volonte et Ennio Morricone, le réalisateur Réitérant avec succès sa collaboration avec Leone, pour des épisodes de son expérience dans le maquis transalpin, donc auteur de westerns spaghettis des classiques comme Le Bon, la brute et le truand ou et les souvenirs de tortures et de massacres de s’attaque à un sujet politique qu’est celui de la Il était une fois dans l’Ouest qui obtient un triomphe populations civiles. Tire encore si tu peux, qui révolution mexicaine, un thème qui sera repris discographique sans précédent, ou encore avec Il était provoqua un terrible scandale à sa sortie, fut ainsi par Sergio Leone quelques années plus tard dans une fois la révolution, Morricone poursuit également expurgé de ses passages les plus explicitement « Il était une fois la Révolution ». « El chuncho » son travail dans des domaines de plus en plus divers, sadiens et homophiles qui furent ensuite restitués relate l’histoire et l’amitié de deux hommes, l’un touchant à tous les genres. lors d’une première diffusion télévisée dans les Mexicain, l’autre Américain, chacun ayant un objectif Au cours des années 60, 70 et 80, son style fait de années 90 en France et dans les différentes éditions radicalement différent mais nous ne donnerons pas nervosité et de lyrisme est maintes fois imité tout en DVD qui suivirent. Le film devint alors l’un des titres la raison pour laisser la surprise aux spectateurs de inspirant également l’univers des variétés. Le succès favoris d’une nouvelle génération de cinéphiles et ce long-métrage. Au menu de ce western spaghetti : discographique accompagne par ailleurs souvent ses de cinéastes amateurs d’objets déviants, comme de très nombreuses fusillades, la guerre dans son œuvres, comme la chanson Here’s to You que chante Nicolas Winding Refn qui le cite souvent parmi état le plus répugnant avec un début qui annonce Joan Baez pour Sacco et Vanzetti ou le fameux Chi Maï ses films de chevet. La scène dans laquelle Uma la couleur de ce film. Ici, pas de pitié, on tue qui rythme Le Professionnel avec Jean-Paul Belmondo. Thurman est enterrée vivante dans Kill Bill vol. 2 pour un rien, même entre amis pour des motifs À partir de 2001, le Maestro ralentit son travail pour le provient directement de Tire encore si tu peux (et dérisoires et idiots. Que veut montrer le réalisateur grand écran, souhaitant aller à la rencontre du public, à de Frayeurs de Lucio Fulci). en fin de compte ? Il désire simplement montrer travers une tournée musicale où il se produit à la tête qu’une révolution se fait dans l’ignominie et dans de l’Orchestre Symphonique de Rome, jouant à cette le sang et que les hommes qui participent à cet occasion quelques-unes de ses pages les plus belles, évènement finissent par devenir tous plus fous et comme Mission ou Cinema Paradiso. Ennio Morricone est plus sauvages les uns que les autres autrement dit l’auteur de plus de 500 partitions pour le grand écran. la vie là-bas ne vaut rien, seuls la gnôle, l’argent, Le musicien est sorti plusieurs fois de sa retraite dans les la bagarre, le respect comptent. Et attention avec années 2010, collaborant notamment avec Christian Carion le mot respect ! Celui qui provoque un autre avec pour En mai fais ce qu’il te plaît et Quentin Tarantino une simple phrase peut recevoir une balle dans la pour Les Huit salopards. tête ! Le film, vous l’aurez compris est une critique Le compositeur de 88 ans remporte d’ailleurs en 2016 de cette guerre au Mexique où se multiplient les l’Oscar de la meilleure musique pour son travail sur ce meurtres gratuits et sans motif valable mais il reflète western, le seul de sa brillante carrière. également comment deux hommes si différents l’un de l’autre peuvent s’entraider, les deux protagonistes ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 275 étant et restant très proches tout le long du film. Amitié, haine, trahison, meurtres, voici le quatuor de ce western qui ne laisse jamais place à l’amour entre homme et femme. Damiano Damiani élabore un long-métrage au scénario très riche et très dense et donne au spectateur un spectacle de très grande qualité, prouvant la magnificence du cinéma italien.

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY— PERSONNALITÉ DU WESTERN — — WESTERN — L’AGE D’OR SERGIO LEONE WESTERN PARODIQUENé le 3 janvier 1929 à Rome, fils du metteur en scène Le troisième volet de sa trilogie, Le Bon, la brute et le On l’appelle ©DR - On l’appelle Trinitaitalien Roberto Roberti et de l’actrice Bice Valerian, Sergio truand (1966), peut se voir comme l’affirmation pleineLeone était, comme qui dirait, prédestiné au cinéma. Il et entière de son style, auquel il adjoint une dimension Trinitadébute dans le milieu en tant qu’assistant, aussi bien historique. Clint Eastwood partage l’affiche avec Lee Van De Enzo Barboni (1971)de cinéastes italiens (Le Voleur de bicyclette de Vittorio Cleef et Eli Wallach. avec Terence Hill, Bud Spencer.De Sica, 1949) que de cinéastes américains tournant en Distribué en DVD par TF1.Italie (Quo Vadis de Mervyn LeRoy, 1951 ; Ben-Hur de Malgré une certaine lassitude face aux westerns, Leone ItalieWilliam Wyler, 1960). C’est vers la fin des années 50 s’associe à la Paramount pour réaliser l’ambitieux Il était Le duo Terence Hill/Bud Spencerqu’il commence à écrire ses premiers scénarios, puis une fois dans l’Ouest (1968), véritable opéra moderne dans est ancré dans les annéesremplace le réalisateur Mario Bonnard sur le tournage lequel le cinéaste convie des stars internationales comme 70/80, ayant inventé à partir desde Les Derniers Jours de Pompéi (1959), au générique Henry Fonda, Charles Bronson et Claudia Cardinale. Le recettes du western spaghetti un genre basé surduquel il sera crédité comme coréalisateur. film s’effondre au box-office américain, mais triomphe en une opposition de personnalités dans la lignée deSuite au succès de cette aventure, il se voit confier la France (14 millions d’entrées). Beaucoup le considèrent leurs illustres prédécesseurs, Laurel et Hardy. Lesréalisation d’un péplum, Le Colosse de Rhodes (1961). comme son chef-d’œuvre. Il était une fois dans l’Ouest, gags ne sont pas toujours très fins et les tempsAprès avoir dirigé la seconde équipe du film de Robert dont l’histoire fut cosignée par Bernardo Bertolucci et Dario morts ne sont pas absents dans une intrigue desAldrich, Sodome et Gomorrhe (1961), et face au déclin Argento, est aussi l’œuvre introductrice d’une seconde plus simplistes mais la bande de pleutres quiprogressif du western américain, le cinéaste italien trilogie, consacrée à l’histoire de l’Amérique. Après trois entourent les deux héros contribue largement às’approprie ce genre en accouchant d’un remake du film années d’absence, Leone réalise péniblement Il était une déclencher les rires avec à leur tête un RiccardoLe Garde du corps d’Akira Kurosawa : Pour une poignée fois la révolution (1971), avec Rod Steiger et James Coburn, Pizutti dont il convient ici de saluer la force comique.de dollars (1964), qu’il réalise sous le pseudonyme de film dans lequel il dépeint la révolution mexicaine et les L’acteur né à Catrato en Calabre sera d’ailleursBob Robertson. Par ce deuxième long-métrage, Leone massacres de 1913. Par ailleurs, il produit et participe de pratiquement toutes les aventures des deuxs’impose comme le chantre d’un style nouveau, celui à la réalisation de deux westerns spaghettis, Mon nom compères. Sa manière d’attirer sur lui les claquesdu western “spaghetti”. Le cinéaste s’évertue en effet à est Personne (1973) de Tonino Valerii et Un génie, deux est impayable. En réalité on devrait plutôt parlerbriser les codes du western traditionnel, en en parodiant associés, une cloche (1975) de Damiano Damiani, tous d’un trio, mais comme souvent l’histoire est injuste.les situations typiques, en privilégiant la lenteur et en deux avec Terence Hill. Tout ceci n’est pas sérieux et n’entrera pas auétirant les scènes à l’excès, en usant des gros plans (colts, panthéon du cinéma mondial mais il se dégage unevisages, regards) comme s’il filmait des paysages… La Après avoir décliné la réalisation du premier Le Parrain telle bonne humeur de ces films qu’on peut être sûrnaissance de ce style propre à Leone marque aussi la (1972), qui sera finalement confiée au jeune Francis qu’à un moment ou à un autre nos zygomatiquespremière collaboration du maître avec le décorateur Carlo Ford Coppola, le cinéaste italien se penche sur son vont se distendre.Simi et le compositeur Ennio Morricone, qui signera la propre projet de film de gangsters, Il était une fois enbande originale de tous ses autres films. En plus d’être Amérique (1984). Leone mettra plus de dix ans à monterun succès mondial, le film contribue à l’émergence d’une cette fresque new-yorkaise, qui s’étend des années 20star américaine, Clint Eastwood, qui reprendra d’ailleurs aux années 60, et dans laquelle on retrouve notammentle rôle du célèbre Homme sans nom dans les deux autres Robert De Niro, James Woods et Joe Pesci.opus de la trilogie dite “des dollars”. Dans Et pour quelques dollars de plus (1965), Leone peaufine Peu avant sa mort, qui survient le 30 avril 1989, le cinéasteet approfondit ce qui faisait l’esprit et l’atmosphère de son avait développé un ultime scénario, construit autour dupremier western, et travaille avec des pointures comme siège de Leningrad entre 1941 et 1944. En seulement sixles comédiens Lee Van Cleef et Gian Maria Volonte (que films, Leone a su imposer un style cinématographiquel’on avait déjà vu dans Pour une poignée de dollars). personnel. Son œuvre a exercé une influence fondamentale sur le cinéma contemporain, particulièrement chez les réalisateurs cinéphiles comme Quentin Tarantino. ©DR - Sergio Leone276 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PEPLUM — AVENTURE — L’esthétique visuelle et la bande sonore des différents films s’en trouvent dépassées, bien que parfaitement Les Titans L’AGE D’OR SECONDE PARTIE adaptées à l’époque de réalisation. Par ailleurs, si le de Dussio Tessari (1962) jeu caricatural des comédiens, les scènes érotiques avec Giuliano Gemma CAPES ET D’ÉPÉES excessivement pudiques, le manque de rythme dans Distribué par René Château l’action, de réalisme dans l’élaboration des combats vidéo France. Italie Angélique, ou de dynamisme dans les mouvements de caméra marquise des anges peuvent déstabiliser les jeunes générations, la beauté Réalisé à l’époque où les péplums de Bernard Borderie (1964) de la saga n’en demeure pas moins intacte, éternelle, italiens mettaient en valeur les avec Michèle Mercier, Robert intouchable. L’érotisme – concernant principalement héros à force virile avec sérieux Hossein, Jean Rochefort, la nudité féminine et masculine – est effectivement (Les Travaux d’Hercules), les Claude Giraud et Giuliano bridé au profit d’une pudeur certes louable, puisqueTitans prend le genre à contre-courant en adoptant Gemma. Distribué en DVD pure, sensuelle, élégante, mais étonnante au regardcomme ton celui de l’humour décontractée sans et Blu-Ray par Studiocanal du paradoxe crée au niveau de la violence physiquejamais tomber dans la parodie, ni dans le ridicule. France/Italie/Allemagne. affichée lors de quelques épisodes de viol, parMais l’humour provient surtout du héros incarné par exemple. Concernant les vrais points problématiques,le superbe Giulano Gemma, bondissant, charmeur, La saga Angélique (1964-1968) réalisée par Bernard il est bon d’évoquer les relations entre les différentsmoqueur et qui se sert de son intelligence et non Borderie est une adaptation cinématographique de la protagonistes qui, à l’image de certains passages,de ses muscles pour triompher, évoquant de ce série de romans historiques écrite par Anne Golon à manquent cruellement de profondeur. L’émotionfait un Robin des Bois égaré plutôt qu’un ersatz partir des années 1950. Charme, douceur et sensualité s’en trouve automatiquement amoindrie. En ced’Hercule ou de Masciste. s’entremêlent autour de l’envoûtante Angélique, sens, l’idylle entre Jeoffrey de Peyrac et Angélique dont l’image filmique semble immortalisée sous les n’exhale pas l’intensité espérée légitimement et laBien qu’il soit un péplum mythologique, le film traits de la belle Michèle Mercier, accompagnée par fin de leur épopée, plus que décevante, ne présenteévite, à juste titre, toute représentation des dieux des acteurs charismatiques tels que Robert Hossein rien de palpitant, piquant, percutant. Unanimementgrecs, leur présence étant seulement évoquée dans et Jean Rochefort. Le bal passionné entre romance, désirée, convoitée, aimée, la parfaite jeune femme,le dialogue (soulignant ainsi sans l’illustrer leur Histoire et aventure entraîne le spectateur dans un dévoilée dans toute sa splendeur, serait toutefois àimportance dans le quotidien de ces croyances) univers poétique, pittoresque, romantique, tout aussi même de créer des complexes féminins auprès deou de manière assez discrète tel la séquence cruel et sauvage. Ce mélange judicieux assure au ses spectatrices, tant l’adoration de la gent masculinetrès réussi avec Pluton. Le cinéaste Ducio Tessari, fond, éloigné du simple récit à l’eau de rose, une à son égard détonne avec la réalité du monde de lascénariste ayant beaucoup œuvré dans le péplum couleur authentique. La chute de chaque épisode, séduction. Cette saga, bien que romancée à souhait,italien, et qui réalisera plus tard le célèbre un attise la curiosité du public, l’invitant à poursuivre le se savoure le temps d’un rêve, à condition d’êtrepistolet pour Ringo et l’excellent Zorro, nous offre tumultueux voyage aux côtés d’attachants personnages sensible au registre, mais aussi à la singularité desune mise en scène de qualité, aidé d’un scénario au destin souvent tragique. L’élégance à toute œuvres passées.qui recycle habilement plusieurs éléments de la épreuve de ces derniers est, cela dit en passant,mythologie grecque. à souligner. Les costumes somptueux -notamment les robes- l’atmosphère douce-amère, les décorsParmi les très bons moments, les scènes de champêtres ou les vastes étendues offrent, deséduction entre Gemma et l’incroyable beauté qu’est surcroît, un spectacle inoubliable aux amoureux duJacqueline Sassard sont charmantes notamment genre. Le temps a malheureusement fait son œuvre.grâce à la candeur de cette dernière en Antiopeinconsciente de son charme. ©DR - Angélique, marquise des anges - Michèle MercierUn héros parfait, drôle, fier et bondissant, unebelle princesse à charmer et à secourir, un méchantroi despotique, du fantastique, de l’action, de laromance, et de l’humour dans le pur style d’Astérix(le dialogue entre deux soldats l’un poète l’autregrognon, la baston finale où les Titans ridiculisentl’armée de Cadmos)… tous les ingrédients sontprésents pour un film familial, très sympathique,bien divertissant et agréablement jouissif à partageravec ses enfants. ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 277

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANT Angelique, marquise des anges : Charme, douceur et sensualité s’entremêlent autour de l’envoûtante Angélique, dont l’image filmique semble immortalisée sous les traits de la belle Michèle Mercier, accompagnée par des acteurs charismatiques tels que Robert Hossein et Jean Rochefort. Le bal passionné entre romance, Histoire et aventure entraîne le spectateur dans un univers poétique, pittoresque, romantique, tout aussi cruel et sauvage.278 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY ©DR -B anco à Bangkok pour OSS 117— AVENTURE — ©DR - Barbarella L’AGE D’OR SECONDE PARTIE ESPIONNAGE SCIENCE-FICTION Banco à FUMETTI Barbarella Danger Diabolik Bangkok pour OSS 117 de Roger Vadim (1968) D’André Hunnebelle (1964) de Mario Bava (1968) avec Jane Fonda, Ugo Tognazzi, avec Kerwin Mathews, avec John Phillip Law, Marisa David Hemmings Robert Hossein, Pier Angeli Mell, Michel Piccoli Distribué en DVD et Blu-Ray Distribué en DVD et Blu-Ray Inédit en DVD Italie/France par Paramount France/Italie par GAUMONT. Le plus célèbre personnage des Objet de tous les fantasmes, Un an après OSS 117 se déchaîne, fumetti, ces petites bandes Barbarella la « meilleur pilote revoici le tandem André Hunebelle dessinées italiennes à la mode spatial du XXXXIème siècle » doit,/ Kerwin Mathews pour une nouvelle aventure tirée dans les années soixante, a sur ordre du président de la terre, retrouver le savantdu personnage de Jean Bruce. Oubliant la Corse logiquement été le premier à être mis en scène disparu Durand-Durand, inventeur d’une armepour la Thaïlande, notre espion va vite multiplier dans une œuvre cinématographique. absolue qu’il veut vendre à une planète ennemie.les scènes d’action et rencontrer de nouveaux Tout est ancré dans son époque, le message (« faitepersonnages intrigants au cours de son enquête Le premier film dit “fumetti” donc, mais aussi le l’amour par la guerre », il se salue en levant lavisant à démanteler une organisation criminelle qui plus mémorable grâce au savoir-faire de Mario Bava main et en disant « Love », c’est impensable qu’unéchange des vaccins contre des bacilles de peste. qui s’exerce à un genre pas si loin du fantastique type puisse construire une arme…), la musique, dans lequel il a acquis sa renommée. ou encore les décors mais c’est aussi ces excèsCette fois-ci en couleurs et en cinémascope, ce de tout et cette extravagance qui fait une partiequatrième film joue sur l’exotisme de Bangkok, Le rôle-titre de Diabolik, qu’incarne l’américain de son charme. L’autre élément important, c’estses habitants respectueux et ses paysages de rêves John Philip Law, est un cambrioleur implacable, que Vadim a l’excellente idée d’inclure une trèspour totalement nous dépayser. En ce qui concerne que ses créatrices (les sœurs Angela et Luciana sensuelle (que ce soit son strip-tease qui ouvre leKerwin Mathews, on le sent plus à l’aise dans la Giussani) reconnaissent être inspirées de Fantomas, film ou lorsqu’elle est nue sous les fourrures) Janepeau d’un OSS 117 encore plus cynique, misogyne, qui multiplie sans vergogne ses crimes malgré les Fonda sur quasiment tous les plans. D’ailleurs,hautain et quasi-raciste. efforts vains d’un inspecteur de police interprété toute la laideur qui l’entoure (le monde inventé, par Michel Piccoli. les décors…) ne fait que la sublimer. Néanmoins,L’aventure se rapproche encore une fois énormément l’absence de véritable scénario devient un obstaclede Dr No avec son pays exotique, ses sbires Ce casting international est mis au service d’une bien trop important pour pleinement apprécier lemuets et surtout son grand méchant mégalo, ici série B pleine de rythme, délicieusement kitsch film avec notamment quelques passages qui sontle Dr Sinn, interprété avec malice par le savoureux et accompagnée d’une excellente bande originale assez ennuyeux et trop longs (lorsqu’elle rencontreRobert Hossein. Ainsi, malgré des tics de réalisation signée par Ennio Morricone qui nous fait découvrir l’ange, en milieu de film…) et ce malgré quelquestricolores, des dialogues toujours aussi simplistes et un aspect méconnu de ce que fut le cinéma italien trouvailles plutôt sympathique et parfois trèsde nombreux combats mano a mano, cette “suite” sous les années de plomb. inattendues (comme cette sorte de raie orangea le mérite de suffisamment divertir, surpassant qui glisse sur la glace).de loin son prédécesseur.©DR - Angélique, marquise des anges - Michèle Mercier ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 279 ©DR - Danger Diabolik

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©DR - BarbarellaATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 281

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — POLAR URBAIN — LES ANNÉES SOMBRES ©DR - L’étrange vice de madame Wardh POLAR ANTI-MAFIA ©DR - Big racket GIALLO Lucia POLAR FACHO ©DR - L’étrange vice de madame Wardh et les gouapes L’étrange vice de Pasquale Squitier (1974) Big racket de madame Wardh avec Claudia Cardinale, de G. Castellari (1976) de Sergio Martino (1971) Franco Nero, Fabio Testi. avec Fabio Testi, Vincent Gar- avec Edwige Fenech, Distribué en Dvd par Seven- denia, Renzo Palmer. George Hilton. sept. Italie Distribué en DVD chez Artus. Distribué en DVD par Neo Italie Publishing. Italie La beauté du vieux Naples et les étonnements qu’elle procure dans S’il était avant tout récupérateur Dans le rôle de Julie Wardh, ce quartier misérable de la fin du XIXe siècle n’ont d’une mouvance qui connaissait Edwige Fenech, déploie toute sa pas laissè insensible Pasquale Squitieri (cinéaste un fort succès populaire à l’époque,sensualité. La première partie du film est baignée italien ambitieux dont l’oeuvre mèrite d’être Big Racket (et le néo-polar italien en général n’en estd’érotisme et les formes de l’actrice, largement rèhabilitèe à sa juste valeur) qui installa en 1974 pas moins pour autant le résultat d’une productiondévoilées, n’y sont pas étrangères. sa caméra pour tourner “I Guappi” avec un casting bisseuse née d’une logique implacable. parfait : Claudia Cardinale (juste belle à tomber) Le film de Castellari profitait d’un contexte spécifiqueL’intrigue, qui enchaîne les rebondissements sans en Lucia Esposita, Franco Nero en ex-détenu sans qui lui donnait presque des allures d’exutoirecraindre les excès dans sa conclusion, emprunte le sous et Fabio Testi en maître de quartier ! Son cinématographique, le cinéaste portant aveccertaines des caractéristiques de deux chefs-d’œuvre atmosphère si particulière de ses rues a contribué fracas à l’écran, un quotidien devenu banalementd’Henri-Georges Clouzot et d’Alfred Hitchcock. à la célébrité de la ville mais il fallait aussi compter insoutenable à l’époque. sur la surveillance très précise de la Camorra ! CarLes citer risquerait de spoiler le fin mot de l’histoire. même si “I Guappi” se passe dans un autre siècle Violence, insécurité, pègre locale se livrant au racketMais que l’ombre de ces grands noms recouvre que le notre, la puissance de celle-ci est tout aussi et aux trafics en tout genre, crime organisé venule film donne une idée du suspense qu’a voulu réelle de nos jours ! des quatre coins du monde, drogue, corruptionéchafauder -avec succès- Sergio Martino. Plusieurs L’autre atout de Squitieri, c’est qu’il fait tout policière, morale jetée en pâture aux cochons,scènes mémorables jalonnent le film. Celle du simplement confiance à son sens de cinéma ! justice entravée par l’inertie de la bureaucratie…“verre pilé”, onirique et sensuelle, celle du parking D’abord parce que son film témoigne d’une maîtrisesouterrain, mais surtout celle du parc. L’étrange rare (violence, lyrisme, caméra à l’épaule, plan Avec Big Racket, Castellari livre finalement plusvice de Mme Wardh constitue une parfaite première séquence, direction d’acteurs…). Ensuite, parce qu’un simple polar « vigilantesque » violent. Il signeapproche du giallo. que, comme il ne met pas en doute sa démarche un film-témoin et cathartique, certes d’exploitation une seule seconde, son mélange de flamme (Testi) et cédant aux viles pulsions du registre avec touteEt pour tous les amateurs du genre, le visionnage et d’innocence (Nero) lui permet d’avancer droit la générosité reconnue du cinéaste, mais dontde cette pièce maîtresse est inévitable. au but et d’atteindre des sommets de vérité et les fondations sont à piocher dans les maux qui d’émotion, avec une très belle réplique de Testi à scarifiaient la société italienne de son temps. Nero : “Ce vieux est comme toi, il m’appartient”. Même si Nicola n’approuve pas les méthodes de Marqué par les nombreux faits divers sur la l’organisation de Gaetano, on voit bien qu’il y criminalité romaine et les commerçants dépouillés a de l’amitié entre les deux hommes ! Certaines par des gangs organisés, le cinéaste aura su tirer scènes sont tout de même d’une violence qui une œuvre finalement plus ambitieuse qu’il n’y peuvent mettre mal à l’aise, plus particulièrement paraît au premier coup d’œil, brassant tout ce climat la torture infligée à Don Gaetano ! Mais à la manière terrifiant dans un film-miroir à l’efficace sans faille. d’un Mauro Bolognini, le cinéaste n’hésite pas à convertir cette violence en un romantisme fiévreux et noir, placé sous le signe de la douleur et du pessimisme ! C’est en tout cas un grand film, indiscutablement, qui figure parmi les plus belles réussites du cinéma italien des années 70 ! Avec la formidable musique de Gigi et Franco Campanino qui accompagne le tout ! La vie est un droit, pas une aumône ! Souvenons-nous en...282 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANT L’étrange vice de Mme Wardh constitue une parfaite première approche du giallo. Et pour tous les amateurs du genre, le visionnage de cette pièce maîtresse est inévitable. ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 283

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANT Remake inavoué de La Dernier maison sur la gauche de Wes Craven ou Macha Méril interprète une étrange femme bourgeoise perverse, nymphomane et manipulatrice… une belle garce anthologique pousse au crime… et aux pires délits entre torture et viol…284 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY©DR - Le dernier train de la nuit RAPE AND REVENGE — L’HORREUR — ZOMBIE LA DÉGÉNÉRESCENCE Le dernier train L’au-Delà de la nuit CANNIBAL de Lucio Fulci (1981) d’Aldo Lado (1975) avec Catriona MacColl, David avec Macha Meril et Enrico Cannibal Warbeck. Maria Salermo. Holocaust Bientôt en Blu-Ray et DVD Distribué en DVD par Neopub- de Ruggero Deodato (1981) chez Artus. Italie lishing. Italie avec Robert Kerman, Franc- esca Ciardi, Perry Pirkanen Le scénario de son côté est Le dernier train de la nuit (titre Distribué en DVD et Blu-RAY intéressant. C’est un très bon original : L’Ultimo treno della par Openning. Italie/ Colombie point du métrage. On retrouve le notte) ou La Bête tue de sang-froid est un bon Rape style un peu saccadé de Fulci, avec un film davantage et Revenge italien réalisé par Aldo Lado, écrit par Cannibal Holocaust est un film composé de tableaux, que d’une narration fluide Roberto Infascelli et Ettore Sanzò qui met en scène à voir avec l’objectivité du vrai traditionnelle. Il y a de superbes moments, un rythme Lisa Stradi (jouée par Laura D’Angelo), une jeune critique, qui ne doit avoir, pour seuls éléments dans soutenu, et comme dans Frayeurs une gradation étudiante italienne vivant en Allemagne et avec l’une le jugement d’un film, que le métrage lui-même et parfaitement maîtrisée qui triomphe dans un final de ses amies Margaret Hoffenbach (jouée par Irène la fiche technique. Franchement, Deodato livre une anthologique. L’au-delà propose une des fins les Miracle qui reverra par la suite dans dans Midnight œuvre choc, brut de décoffrage, qui a révolutionné plus marquantes du cinéma. Visuellement, c’est un Express d’Alan Parker ou elle joue Susan, la petite le cinéma de genre et consacré un sous-genre, celui triomphe. Fulci livre une mise en scène absolument amie de Billy Hayes et dans Inferno de Dario Argento) des films de cannibales. Certes la photographie est magistrale, avec des passages magnifiques. L’arrivée rentre par train de nuit pour voir sa famille pendant lègère, certes il y a quelques longueurs, mais enfin de la voiture au milieu du désert par exemple, sur les vacances de Noël… Pendant leur trajet en train, il faut être honnête : Cannibal Holocaust est un film le début du film, au moment ou McColl rencontre elles font la connaissance de deux fraudeurs un peu abouti, qui fait beaucoup avec un budget totalement l’aveugle est sublime. Il parvient par son travail de étranges qui seront rejoints par une mystérieuse dérisoire et dont il faut tenir compte. Tourné en décors réalisation à sauver des séquences aux trucages femme (superbe Macha Méril) qui est une véritable naturels, ceux-ci sont d’une grande beauté, et donne discutables (les araignées par exemple), et il magnifie pousse au crime… car les deux jeunes femmes vont au film une réelle atmosphère. C’est l’enfer vert, et les passages gores avec ses gros plans inimitables. subir la pire nuit de leur vie… Remake inavoué de non la forêt du coin avec des chemins de randonnées. Là-dessus il dépasse Frayeurs sans problème. La La Dernier maison sur la gauche de Wes Craven ou La musique de Riz Ortolani est un classique devenu photographie est elle aussi parfaite. Le début en Macha Méril interprète (son meilleur rôle… Pourquoi culte aujourd’hui. Les effets gores sont une grande sépia est une grande réussite, mais la suite du film pas ?) une étrange femme bourgeoise perverse, réussite, et si certains ne feront peut-être plus ne l’est pas moins, avec des contrastes lumineux nymphomane et manipulatrice… une belle garce parfaitement illusions aujourd’hui, la majorité reste parfaitement gérés. Le final, tout de gris et de noir est anthologique pousse au crime… et aux pires délits impressionnante et plante un demi-siècle en arrière une pépite, avec une vision de l’au-delà qui scotche entre torture et viol… La Bête tue de sang-froid… qui les effets numériques approximatifs de beaucoup de littéralement en un seul plan. L’hôtel a vraiment une consiste à reprendre fidèlement le contenu du très productions actuelles. Le scénario est pour sa part âme, on sent le poids de la malédiction qui pèse sur mauvais La Dernière maison sur la gauche de Wes très intelligent. Sa construction via l’intermédiaire le lieu. Les effets gores sont à la hauteur. Ils sont Craven (il y a la même fin… À noter par ailleurs, que d’une bande-vidéo retrouvée était précurseur en son pour certains franchement impressionnants, et les c’est l’acteur Enrico Maria Salerno qui joue le père temps, et il évite le manichéisme ridicule avec d’un maquillages des zombis ne tiennent pas en deux de la jeune étudiante)… Mais en beaucoup mieux côté les méchants et de l’autre les gentils, chacun coups de peintures vertes ! Là-dessus les amateurs sur une très bonne musique d’Ennio Morricone (A donnant et subissant son lot de cruautés. La fin est seront ravis. Enfin, que dire sur la musique ? C’est noter par ailleurs, que la chanson du générique est parfaitement celle qui convenait, et au final voilà une bande-son magistrale, lourde, épique, tragique, interprétée par Demis Roussos) et une très belle un film qui fait réfléchir. Il ne faut sûrement pas lyrique, tous les sentiments passent dans la musique, photographie (ce qui n’est absolument pas le cas s’arrêter à l’aspect visuel, et quoique Deodato n’aille et elle est littéralement envoûtante. C’est l’élément du film de Craven) de Gábor Pogány (Spartacus de pas avec le dos de la cuillère, ce qui séduit le plus grandiose du film. Au final, que dire de L’au-delà ? Si Riccardo Freda, Les Adolescentes d’Alberto Lattuada)… dans Cannibal Holocaust c’est le fond. La violence Fulci a un chef-d’œuvre, c’est bien ce film. En dehors Ce film est aussi une sorte de métaphore politique et la perversité sont sans borne, et le pire est de de quelques interprètes faiblards et de quelques ou la classe dominante exploite le prolétariat pour savoir que ce film n’est qu’une vision édulcorée de éléments discutables dans l’histoire, L’au-delà est son propre plaisir… Réalisé par Aldo Lado a qui on tant de réalités passées et présentes. Dans l’enfer un film parfaitement maîtrisé, qui appartient aux doit l’étrange giallo Je suis vivant (La corta notte vert, ou dans nos sociétés urbanisées. Alors certes incontournables de l’horreur. Un très bon choix en delle bambole di vetro) et L’Humanoïde avec Richard l’équipe de tournage a rentabilisé au maximum le tout cas pour l’amateur, qui désire savoir s’il est Kiel, Corinne Clery et Barbara Bach… signe un petit budget (en utilisant des scènes d’abattages des sensible au style fulcien ou s’il est irrémédiablement classique du cinéma Bis et malsain… animaux qui on servit à nourrir l’équipe pour gonfler allergique à celui-ci. le métrage), mais on ne peut pas s’arrêter à cela, et après tout, combien de végétarien sont nés avec Cannibal Holocaust ? ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 285

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — PERSONNALITÉ DE L’ÉROTIQUE — — ÉROTIQUE — EROS ET THANATOS BRIGITTE LAHAIE ÉROTIQUE/ FANTASTIQUE sous les pseudonymes Robert Xavier et autre Michel Brigitte Lahaie commence sa carrière de comédienne vers Gentil où il tourna par exemple les “mémorables” : l’âge de vingt ans en tournant des films pornographiques Fascination Lèvres entrouvertes pour sexes chauds (1978) mais de 1976 à 1980, parmi lesquels La Clinique des fantasmes de Jean Rollin (1979) encore La romancière lubrique (1976), Rollin s’essaie (1978) de Gérard Kikoïne, Bordel SS (id.) de José Bénazéraf avec Brigitte Lahaie, Franca de nouveau au cinéma fantastique. Fascination, ou encore Les Petites écolières (1980) de Claude Mulot. Maï, Jean-Marie Lemaire, éloigné du pur vampirisme cher à son auteur, n’en Parallèlement, elle s’illustre dans quelques films Distribué en DVD par LCJ. demeure pas moins marqué par le sceau made in d’horreur réalisés par Jean Rollin, dont Les Raisins de la France Rollin. L’amateur de Rollinades saura retrouver les mort (1978), Fascination (1979) et La Nuit des traquées caractéristiques propres à la production cheap du (1980). Leur fructueuse collaboration se poursuivra en Fascination s’il n’est pas un des cinéaste : des dialogues faiblards, une interprétation 1997 avec Les Deux Orphelines vampires et en 2000 avec films les plus connus de son hasardeuse, un érotisme lesbien plus ou moins La Fiancée de Dracula. auteur n’en reste pas moins éventé… à ceci près qu’étonnamment ses défauts En 1980, celle qui est devenue l’égérie de l’âge d’or du un des plus accessibles et recommandables pour qui provoquent les sarcasmes ou les sourires en X décide de mettre un terme à sa carrière sulfureuse et l’imprudent qui aimerait découvrir l’œuvre du général n’entachent en rien les autres qualités de s’oriente vers le cinéma dit “traditionnel”. Brigitte Lahaie sieur qui fut estampillé de manière triviale “pape ce présent film. multiplie alors les courtes apparitions dans de grosses du Z français”. Accessible et par conséquent (?) productions comme I comme Icare d’Henri Verneuil, légèrement à part dans la filmographie du réalisateur ACTION où elle incarne une prostituée retrouvée pendue, Diva de la Vampire nue, le long-métrage s’écarte quelque Crime à froid (1980) de Jean-Jacques Beineix, Pour la peau d’un flic peu du thème central cher au cinéaste pour en (1981), où, encouragée par Alain Delon, elle joue le rôle proposer une version alternative car suggérée. de Bo Arne Vibenius (1973) d’une infirmière, et Henry & June du cinéaste américain Rollin quitte le fantastique tel qu’on l’entend de avec Christina Lindberg Philip Kaufman, où elle se glisse à nouveau dans la peau nos jours pour revenir aux racines du genre, à Distribué en DVD par Bach d’une prostituée. la croisée du surnaturel et de l’étrange dans le Films. Suède Toutefois, dans les années quatre-vingt, elle continue sillage d’un Edgar Allan Poe. 1905, pour combattre à jouer dans quelques films érotiques. Parmi les plus l’anémie des jeunes filles de la bonne société, une Madeleine se fait violer par célèbres figurent Erotica (1981) de Brian Smedley-Aston, thérapeutique nouvelle leur est proscrite, boire du un vieux clodo dans la forêt Joy & Joan (1985) de Jacques Saurel, ou encore Le Diable sang frais de bœuf. Voici en quelques mots, la scène quand elle est encore gamine, rose (1987) de Pierre B. Reinhard, où elle interprète une introductive de Fascination, scène “anodine” qui traumatisée elle ne parle plus, danseuse de cabaret durant la Seconde Guerre mondiale. aura néanmoins de graves répercussions par la suite un jour elle tombe sur Tony qui semble sympa En 1986, Michel Caputo lui offre le rôle-titre dans son tant sur le récit que sur ses divers protagonistes. mais qui va vite finir par montrer sa véritable polar L’Exécutrice, tandis que Jesus Franco l’imagine en Quelque temps plus tard, Marc (Jean-Marie Lemaire, facette, un manipulateur qui va la forcer à prendre infirmière machiavélique dans son film d’horreur Les mix improbable entre Plastic Bertrand et François de l’héroïne pour ensuite la forcer a se prostituer Prédateurs de la nuit (1988). Valéry, et ayant la particularité d’avoir un talent contre sa dose quotidienne de drogue. Madeleine En 1990, elle est dirigée par Philip Kaufman dans Henry similaire à celui des deux chanteurs précités…) détruite par ce qui lui arrive ne se laisse pas abattre & June avec Uma Thurman et trois ans plus tard, elle chef d’un groupe de malfrats, fuit ses anciens et commence peu à peu à planifier sa vengeance. joue aux côtés d’Elise Tielrooy dans Illusions Fatales. Jean condisciples, ces derniers appréciant peu sa trahison Ce rape and revenge se démarque des autres par Rollin l’a fait tourner en 1997 dans Les deux Orphelines et ses envies égoïstes légitimes de vouloir garder sa froideur et sa violence viscéral très osée pour vampires puis en 2002 pour La Fiancée de Dracula, dans le magot, soit quelques pièces d’or pour lui seul. l’époque, chaque exécution est filmé au ralenti, lequel elle interprète le personnage La Louve. Toujours Il trouve refuge non loin de là dans un château ça saigne et c’est cru. Cru aussi dans les scènes dans le registre de l’épouvante, elle apparaît dans le gardé par deux jeunes femmes mystérieuses, Eva de sexe non simulées ou l’on voit tout en gros film de Fabrice Du Welz, le très violent Calvaire (2005). (Brigitte Lahaie) et Elisabeth (Franca Maï). Dans un plan (bon après vu que ce sont des gros plans je Parallèlement à sa carrière cinématographique, elle premier temps, les deux jeunes domestiques restent ne sais pas si c’est bien l’actrice principale). Cru intervient à la radio dans l’émission “Les Grosses Têtes” soumises au bon vouloir du nouveau maître des entre un film x et froid entre le film de vengeance sur RTL, puis tente une entrée dans le milieu musical lieux, mais celles-ci n’ont qu’un seul but, que Marc sans répit, crime a froid est un de ces films ancré avec le titre “Caresse tendresse” qui ne rencontre pas soit leur hôte et reste au château jusqu’à minuit. dans les années 70 qui n’aura malheureusement le succès voulu. Elle publie plusieurs romans et essais Le soir même, le jeune homme devient le pôle pas réussi a se forger une grande réputation en sur la sexualité, tout en présentant des émissions à la d’attraction des diverses invités féminines au cours dehors de ces années-là. On ressent tout de même thématique semblable sur des chaînes câblées. Plus d’une étrange cérémonie… Seconde collaboration que ce film fut une source d’inspiration pour une tard, Brigitte Lahaie présente sur RMC sa propre émission avec la jeune Brigitte Lahaie après (justement) les réalisation réputée de nos jours. A ranger dans la avec “Lahaie, l’Amour et Vous”. Elle revient au cinéma Raisins de la Mort (1), Fascination est comme il l’a catégorie classique du rape and revenge, ce Crime en 2013 dans un drame de Fabrice Grange, Le Bonheur, été écrit plus haut un film “à part” chez ce cinéaste a froid montre que les Suédois pouvaient aller très puis dans un documentaire de Denys Maury Les Filles estampillé Z. Après plusieurs années de mise en loin dans les années 70 . d’Eve et du Serpent. scène alimentaire à partir de la moitié des années 70 ©DR - Joy and Joan / Brigitte Lahaie286 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 ©DR - Joy and Joan / Brigitte Lahaie

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY PAR JÉROME TRANCHANTBrigitte Lahaie débute sa carrière de comédienne vers l’âge de vingt ans en tournant des filmspornographiques de 1976 à 1980, parmi lesquels La Clinique des fantasmes (1978) de Gérard Kikoïne, Bordel SS (id.) de José Bénazéraf ou encore Les Petitesécolières (1980) de Claude Mulot. Parallèlement, elle s’illustre dans quelques films d’horreur réalisés par Jean Rollin… ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 287

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©DR - FascinationATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 289

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — ÉROTIQUE — EROS ET THANATOS NAZI-EXPLOITATION un autre personnage clé en mettant en avant le trois détenues privilégiée à l’écran. Doté d’un budget gouverneur Santos. La suite verra d’abord Marie confortable, Jess Franco nous livrera une œuvre 99 Femmes essayer d’alerter sans succès les gardiennes classieuse dans ses décors et sa mise en scène de Jésus Franco (1969) sur l’état de santé de Nathalie (une droguée en pour dérouler une intrigue certes assez classique avec aria Schell, Herbert Lom, manque arrêtée en possession d’héroïne) qui se dans son déroulement et ses situations pour laisser Mercedes McCambridge dégradera jusqu’à ce qu’elle en meure, ce qui présager des sévices à venir qui ne seront ici que ennuiera profondément le gouverneur et Thelma sous-entendus ou très rapidement montrés (les Distribué en DVD par OPEN- puisque cela portera à trois le nombre de décès coups de fouets du final) et entériner la plupart NING. Britannique, Espagnol, dans la prison au cours d’une même année, ceux-ci des passages obligés du sous-genre en gestation, Italien, Ouest-Allemand, redoutant que le ministère de la justice cherche à avec cette tentative d’évasion, ces bagarres entre en savoir plus sur ce qui se passe à l’intérieur de détenues, ces descentes aux cachots servant à Premier film de “W.I.P.” (Women la prison, tandis qu’après une bagarre initiale entre calmer les récalcitrantes ou encore en avançant cette in Prison) réalisé par Jess Franco Helga et Zoé, une autre détenue, va se terminer par directrice à la sévérité sans limite et qui sera une et considéré comme l’un des films précurseurs la mise à l’écart dans l’infirmerie de Helga et de adepte des gifles pour se faire respecter, tandis que de ce sous-genre sulfureux, ce 99 women (connu Marie qui aura voulu s’interposer, et ce sera dans les rapports saphiques entre les détenues privées chez nous sous ses titres alternatifs de L’amour cet endroit que le gouverneur va venir trouver les d’hommes seront eux aussi évoqués. Mais même dans les prisons de femmes et de Les brûlantes deux jeunes femmes, sous-entendant un rapport au travers d’une œuvre formellement classique, pour sa version comportant des inserts “hardcore” sexuel forcé pour Marie. on retrouvera quand même sporadiquement la disgracieux et disponible sur cette édition DVD) “patte” de Jess Franco, notamment lors d’un tranchera avec les autres titres du sous-genre Le premier tournant du métrage surviendra avec flash-back retraçant les motifs de l’incarcération (comme Women in cellblock 9, Barbed wire dolls l’arrivée au pénitencier de Leonie Caroll, missionnée de Helga et qui préfigurera de manière évidente les ou encore Sadomania) tournés ultérieurement par par le ministère pour enquêter sur Thelma et sur phases érotiques de Vampyros lesbos aussi bien le réalisateur en étant guidé par une suggestion ce qui se passe dans la prison, cette jeune femme avec ce spectacle érotique éclairé aux chandelles écartant toute dérive graphique ou trop érotique se liant d’entrée d’amitié avec Marie au point de la que par cet amalgame de plans érotiques certes au sein d’une intrigue dévoilant déjà les situations croire innocente de son crime (avoir tué un de ses guère osés mais qui trancheront avec la retenue du récurrentes à venir et portée par une salve sociale violeurs) et de chercher à faire réviser son procès reste du film, si on excepte ces inserts “hardcore” guère optimiste qu’il conviendra de replacer dans tandis que bien entendu Thelma et le gouverneur disséminés tout au long du métrage et qui ne le contexte de la fin des années soixante. Le script Santos vont voir d’un très mauvais œil l’arrivée serviront franchement à rien car en plus d’être va laisser de nouvelles détenues débarquer sur de ce personnage qui va restreindre les punitions d’une laideur absolue, ces plans ne parviendront une île où se tient un pénitencier destiné aux infligées aux détenues, bridant ainsi les pulsions même pas à cacher les “acteurs” différents de ceux femmes dirigé par une femme sévère et sadique. de deux comparses. Cela donnera lieu à quelques du montage d’origine qui se livreront à quelques Et effectivement, dès sa première séquence, Jess situations tendues au cours desquelles Leonie va ébats classiques filmés par des gros plans sals et Franco va nous présenter ces trois demoiselles s’imposer à la plus grande joie des prisonnières contrastant avec une certaine fraîcheur se dégageant arrivant sur cette île isolée et notamment Nathalie mais le métrage orientera par la suite son action en du montage “classique”, en plus de venir également et Marie une jeune femme blonde dont ce sera le amorçant une tentative d’évasion de trois femmes, perturber de manière inopportune le déroulement premier séjour dans cet endroit décrit comme un Marie bien entendu, Zoé et Rosalie, une détenue de l’action. La mise en scène de Jess Franco est ici enfer à cause de cette directrice réputée pour sa devant retrouver son petit ami incarcéré quant à plutôt classique pour ainsi rendre le métrage bien méchanceté. Et nous allons pouvoir rapidement lui dans la prison réservée aux hommes de l’île et rythmé et lisible, tandis que quels tics de son style pouvoir constater l’étendue de la mesquinerie ayant projeté de s’enfuir. se retrouveront quand même déjà, car s’il évite ses de cette responsable, prénommée Thelma, qui va gros plans intempestifs sur l’anatomie des actrices, commencer par houspiller les gardiennes ayant Cette dernière partie qui verra les trois femmes sa propension à cadrer des éléments extérieurs à accompagné les nouvelles détenues à cause de bientôt rejointe par un autre prisonnier tenter l’action se retrouve régulièrement. leur retard, pour ensuite recevoir les prisonnières d’échapper aux gardiens lancés à leurs trousses dans et leur indiquer leur matricule qui devra être la jungle reprendra à son compte quelques clichés Donc, ce 99 women, pierre angulaire du “W.I.P.”, désormais la seule façon pour elles de s’identifier, du “film de jungle” (le serpent par exemple) avant offrira l’occasion à Jess franco de démontrer sa leur nom et prénom devant être oublié. Cette entame de faire preuve d’un sadisme typique du réalisateur capacité de mise en scène au service d’une intrigue restera assez classique dans son agencement pour avec ce viol collectif imagé plutôt que montré pour impliquant, judicieuse et prenante qui ne versera immédiatement indiquer quel sera le personnage laisser déjà une note terriblement pessimiste clore jamais dans le sordide ou l’abject pour laisser central du film, cette jeune et fraîche Marie qui va le métrage, ce qui se retrouvera souvent par la suite travailler l’imagination du spectateur, conservant très vite faire la connaissance de ses compagnonnes dans les autres “W.I.P.” de l’auteur, même si ici le ainsi intact son pouvoir de séduction malgré le de cellule et principalement de Helga qui s’exposera final éludera grandement quelques sous-intrigues poids des années ! en collant devant elle pour l’accueillir et exprimer embryonnaires laissées à l’abandon par la fuite des sa supériorité de fait. Le métrage va alors avancer290 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017

SUR VOS LECTEURS DVD, BLU-RAY — PERSONNALITÉ DE L’EROTIQUE —— ÉROTIQUE — JESUS FRANCO EROS ET THANATOS Personnage de légende Jesus Franco peut s’enorgueillir MÉLODRAME ÉROTIQUE COMÉDIE d’une filmographie aussi prolifique que celle d’un John ©DR - Jesus Franco Bananes Ford ou d’un Raoul Walsh. Plus de 170 réalisations au total, La clef signés de l’un des 60 pseudonymes (parmi lesquels Jess de Tinto Brass (1983) mécaniques Frank ou encore Jack Griffin) dont il usa au cours d’une avec Stefania Sandrelli et de Jean-François Davy (1973) carrière débutée comme assistant réalisateur sur Cosmitos Frank Finlay. avec Marie-Claire Davy, (Juan Antonio Bardem, 1954). Son premier long métrage, Distribué en DVD par BACH Elisabeth Drancourt (L’Horrible Docteur Orlof en 1963) est placé sous le signe de FILMS. Italie Distribué en DVD l’horreur. Mêlant l’érotisme à l’épouvante (Les Avaleuses), par Potemkine. France passant allégrement du polar à l’anticipation, adaptant Quatre ans après avoir réalisé des classiques de la littérature fantastique (Dracula : Les le sulfureux “Caligula”, Tinto Bananes mécaniques n’est Nuits de Dracula, Fu Manchu : Blood for Fu Manchu et The Brass reste dans le registre de en fait pas vraiment un film Torture Chamber of Fu Manchu d’après Sax Rohmer, avecl’érotisme mais contrairement à son précédent érotique, c’est plus une comédie avec un peu de Christopher Lee), faisant même quelques incursions, àfilm, le spectateur n’est soumis à aucune image sexe, mais c’est surtout un document seventies son corps défendant, dans le porno, Jesus Franco s’estviolente ou choquante, au contraire le réalisateur des plus typé. Coté acteur on a une belle galerie imposé comme le maître incontesté du cinéma bis, qu’ilqui a écrit lui-même le scénario de ce long-métrage de jeunes femmes, à vrai dire pas des plus sert avec respect et un enthousiasme inaltérable.veut passionner le spectateur sur une simple talentueuses, mais indéniablement charmantes Adulé par certains, honni par d’autres, ce cinéphilehistoire d’érotisme qui sépare un homme et sa (quoique casse-pieds) et pleine de naturel. Elle fou, Jesus Franco ne cesse de rendre hommage à sesfemme en intégrant des éléments qui poussent le dégage une agréable fraîcheur, et elles font plaisir glorieux aïeuls et à ses pairs, de Fritz Lang à Godard.spectateur à pouffer de rire dans chaque situation à voir dans cette décontraction, cette joie de vivre, Mais le réalisateur ne se contente pas d’admirer, il suscitesoit en insérant des dialogues d’une crudité sans même si, et je le reprécise, on n’a pas à faire à également l’intérêt de ses modèles. Ainsi, en 1965, Orsonnulle autre pareille soit en mettant en scène des des talents mirobolants. Le casting masculin n’a Welles lui offre de superviser la deuxième équipe depersonnages qui effectuent des actes qui vont à d’ailleurs guère plus d’intérêt, avec des acteurs tournage sur Falstaff. Par ailleurs, Jesus Franco reprend,l’encontre de la moralité. plus là pour agrémenter l’histoire que pour avoir au début des années 1990, le montage de l’adaptation une réelle place. Le scénario n’a pas grand sens. de Don Quixote que Welles ne put mener à bien, fauteTinto Brass est un provocateur puisqu’il installe cette En fait on assiste aux tribulations d’une bande de de moyens. Ce travail mobilise Franco durant un an ethistoire en 1940 donc en pleine période pendant filles dans les années 70. demi, une durée peu habituelle pour le cinéaste, quilaquelle le pays est dominé par le fascisme de réalise de trois à quatre longs métrages chaque année.Mussolini. L’histoire se passe dans l’un des sites On est aujourd’hui quasiment dans le documentaire,les plus convoités au monde, Venise. car si l’humour ne vole pas haut et laissera souvent parfois des effets de style aujourd’hui très ringards pantois, si l’érotisme est somme toute très limité, comme des accélérations impromptues (vous savez,Le scénario pour un film purement érotique est en revanche l’atmosphère seventies est terrible. l’effet « Benny Hill »). Malgré cela la mise en scèneextrêmement riche, le réalisateur désirant attirer le Souffle libertaire, love and peace à outrance, on est convenable, mais elle ne fait pas d’étincellesregard du spectateur du début à la fin sans l’ennuyer cite Mao Zedong sans problème, bref, le film dans les scènes érotiques. Clairement Bananeset il y parvient et sans image répugnante, c’est ce est devenu assez fascinant aujourd’hui par cet mécaniques n’est pas dans ce registre-là, et vousque l’on pourrait appeler l’hymne à la joie et au aspect-là. Si l’intérêt global reste limité, avec une verrez certes de très jolies jeunes femmes nues,plaisir culinaire et sexuel. Le réalisateur sait très comédie qui n’est par ailleurs pas très bien écrite mais rien de plus. Je dirai qu’il y a un côté naturistebien que la musique compte énormément dans un mais bien rythmée, en revanche ceux qui veulent dans Bananes mécaniques, avec une nudité qui nefilm et il a donc engagé le plus grand compositeur se replonger dans leurs jeunes années trouveront à semble visiblement choquer pas grand monde dansItalien Ennio Morricone. n’en pas douter ici un métrage des plus plaisants, le film. En tous les cas ce n’est pas désagréable à qui souvent ressemble à ces vieux films de famille l’œil, il faut l’avouer, et il se dégage un réel charmeCe qui est plus surprenant, c’est le choix de l’actrice, tournés l’été en vacance. typique de cette candeur seventies. Niveau bande-elle qui a enchaîné les longs-métrages dont “Police son, j’ai trouvé l’ensemble plutôt convaincant,Python 357” et “1900” sans jamais vraiment dévoiler Visuellement l’ambiance est là aussi très seventies. sans être non plus tout à fait en adéquation avecson corps par pudeur décide de briser le tabou en La photographie est haute en couleur, les costumes l’ambiance du film. En clair Bananes mécaniqueslaissant le réalisateur filmer ses formes généreuses les accessoires sont d’un rétro réjouissant, quant est un film sympa des années 70.et la montrer nue en train de faire l’amour avec un aux décors ils restent tout de même un peu faible.homme beaucoup plus jeune qu’elle. On sent que Bananes mécaniques n’avait pas un ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 291 gros budget, et les lieux sont peu nombreux, etTout ce que l’on peut dire, c’est que le réalisateur souvent des plus modestement aménagés. Quantsait faire rire le spectateur sans le dégoûter, chose à la mise en scène elle est assez dégingandé. Àqui lui avait été reprochée auparavant. l’image du film d’ailleurs qui part dans tous les sens, Davy livre un travail éclectique, avec mêmeIci, le sexe est bonheur et nature et c’est cetteconception de cette liberté sexuelle qui rend le filmsi touchant. Stefania Sandrelli est sublime dans cefilm si intimiste!JOURNALISTE : JÉROME TRANCHANT - BLOG : www.facebook.com/jerome.cineradical





294 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017INTERVIEWLA FACE CACHÉERODEBS E“WRHTITOE TRMASHIN” ERVINIENTRETIEN : MAXIME LACHAUD INFOS : HTTP://URLZ.FR/5KCJ C’est avec Le cœur battant (Stop offrant une vision glaçante de la Louisiane des laissés-pour-compte. the Pounding Heart), découvert Un cinéma définitivement moderne, ayant su tirer les meilleures sur les écrans français en 2014, leçons du cinéma-vérité et de l’« anthropologie partagée » selon que l’œuvre de Roberto Minervini Jean Rouch. Repoussant sans arrêt les limites d’un langage filmique est arrivée pour la première fois qui ne laisse pas indemne, Minervini ne s’impose aucune censure, à nous. Brouillant les frontières met les âmes à nu, brouille les pistes et questionne aussi notre entre documentaire et fiction, propre rapport au médium. C’est dans un café de Houston où il le cinéaste n’en était pourtant se rend régulièrement, A 2nd Cup, que nous avons pu rencontrer pas à son coup d’essai, vu qu’il le plus américain des metteurs en scène italiens, le lieu lui-même s’agissait du dernier volet d’une étant assez insolite car les bénéfices y sont entièrement reversés trilogie sur le Texas, commencée à la lutte contre l’esclavage et le trafic humain tel qu’il se pratique avec The Passage (2011) puis Low encore de nos jours. Tide (2012). Roberto, j’ai découvert ton travail avec le film The Passage mais peux-tuInstaurant une intimité rarement vue à l’écran avec cette revenir sur les courts-métrages que tu as faits avant ce film ?classe blanche qu’on nomme les rednecks ou white trash,le réalisateur a apporté une dimension beaucoup plus J’ai fait environ cinq courts-métrages avant mais, étant donné quepolitique, physique et rentre-dedans à son cinéma avec je suis un mauvais archiviste, j’ai perdu beaucoup de matériaux origi-son dernier film en date, le bouleversant The Other Side, nels, j’ai aussi perdu des négatifs de The Passage. Je suis un archiviste catastrophique, dangereusement mauvais. Je ne retrouve jamais mes boîtes de négatifs. J’ai fait beaucoup de petites choses pour moi-même en commençant par des travaux vidéo expérimentaux où je faisais tout. J’ai aussi réalisé deux clips vidéo, mais j’ai surtout fait beaucoup de documentaires photo, en Thaïlande notamment pendant le coup d’État

“J’AI TOUJOURS ©DR / ROBERTO MINERVINI DIRIGÉ MON REGARD VERS LE MONDE RÉEL, EN PARTICULIER AVEC L’APPROCHE DE PHOTOJOURNALISTE. MES VIDÉOS ET MES PREMIERS FILMS PEUVENT ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME DES DOCUMENTAIRES EXPÉRIMENTAUX, EN PARTICULIER LESTRAVAUX QUE J’AI FAITS SUR MOI-MÊME.PUIS IL Y A EU DES FIC- TIONS PURES, MÊME SI ELLES SE BASAIENT SUR DES HISTOIRES VRAIES. EN THÉORIE, JE ME SUIS TOUJOURS PLUS INTÉRESSÉ À LA FORME DOCUMENTAIRE” ROBERTO MINERVINI RÉALISATEUR ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 295

296 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017©DR / ROBERTO MINERVINI À SAVOIRFICTION OU Le DVD du dernier filmDOCUMENTAIRE ? de Minervini, THE OTHER SIDE, est paru en Francecontre Thaksin. J’ai aussi fait un documentaire sur les transgenres dans la en mai 2016, distribué parThaïlande rurale. Seules quelques photographies ont survécu à mon manque les éditions Shellac.d’organisation. Donc j’ai fait plusieurs choses mais je me destinais à une car-rière universitaire, pas à celle d’un réalisateur de films. PLUS D’INFOSDonc dès le départ, tes travaux s’orientaient vers la forme documentaire ou www.shellac-altern.orgest-ce que parfois tu commençais à y intégrer des éléments fictionnels ? D’où est venue l’idée de ton premier long-métrage, The Passage, et ce désir J’ai toujours dirigé mon regard vers le monde réel, en particulier avec de suivre ces trois personnages ?l’approche de photojournaliste. Mes vidéos et mes premiers films peuventêtre considérés comme des documentaires expérimentaux, en particulier les J’étais à Houston et bien que je travaillais toujours sur mon doctorattravaux que j’ai faits sur moi-même. Puis il y a eu des fictions pures, même en Espagne en histoire du cinéma, je pensais avoir définitivement arrêtési elles se basaient sur des histoires vraies. En théorie, je me suis toujours toute forme de réalisation de films. Puis ma belle-mère est tombée malade,plus intéressé à la forme documentaire, mon travail vidéo était au service de elle était condamnée par le cancer. Elle s’est alors mise au bouddhismemon approche théorique et de mes recherches académiques. Le travail vidéo avec moi. Je pratique le bouddhisme tibétain depuis longtemps. Le film aest devenu un terrain d’étude pour moi. été inspiré par son trajet mental, vers l’acceptation ou le rejet, alors qu’elle approchait de la mort. J’ai trouvé cette femme qui avait survécu au cancer, qui est devenue la protagoniste, puis j’ai trouvé des personnes autour d’elle qui ont apporté leurs propres histoires. L’Anglais est en fait un ancien de mes étudiants quand je travaillais dans les Philippines, il a fui de là-bas après avoir été abandonné par sa femme. Et Gene, l’homme aux cheveux longs, est aussi quelqu’un qui avait perdu sa famille, il ne pouvait plus voir son fils. Il transportait cette douleur avec lui. Le film est né de ces trois personnages, solitaires face à leur propre souffrance. Dans ce film, les personnages jouent leur propre vie. Comment parvient-on à obtenir de personnes qu’elles se prêtent à ce jeu d’acteurs ? Mon approche n’était pas très bien définie à l’époque. J’avais écrit un scénario de 58 pages, avec des parties de dialogue. Dans la première partie du film, on peut voir que ces non-acteurs jouent, ils récitent des phrases.

“C’EST PENDANT LA PHASE Chaque étape est prise avec beaucoup de sérieux, Et dans The Other Side,DE MONTAGE QUE J’AI RÉALISÉ de profondeur. Il y a un investissement total dans un je suis allé encore plus loin. CarQUE L’IMPROVISATION projet ouvert, sans beaucoup d’argent mais avec beau- là j’ai commencé à questionnerET LE FAIT DE LAISSER UNE coup de risques. Ce fut la leçon que j’ai apprise. Cela le système de contrôle qui estHISTOIRE OUVERTE OFFRENT m’a libéré. Je pouvais me lancer dans un autre film et représenté par le réalisateur.BEAUCOUP D’OPPORTUNITÉS. je serai prêt à travailler avec le sens de l’urgence et de Ce film garde mon style, ilCELA M’A AIDÉ POUR LES FILMS l’immédiateté, sachant qu’on peut aussi échouer. Cela représente mon évolution surSUIVANTS” demande plus de force de travailler sur un projet qui le plan conceptuel. Dans The peut mener nulle part. J’ai alors commencé une trilogie Other Side, je me suis donc misC’est seulement après avoir quitté la ville physiquement basée sur des éléments communs comme les différents également en retrait, j’avaisdans le film et que le road trip commence, que j’ai alors âges de la vie. J’avais commencé par la mort puis je un autre chef opérateur, et ilcompris, en rencontrant des gens, que je n’avais pas me suis tourné vers la jeunesse puis la naissance et y a eu plusieurs moments oùbesoin d’un scénario comme guide. À ce moment-là, le peut-être la renaissance avec Stop the Pounding Heart je n’étais pas présent sur lefilm est devenu plus improvisé, à l’exception de la fin. dans lequel on trouve une scène de naissance que je tournage. Je me suis retiré. Il yJ’avais peur des fins ouvertes, ne pas savoir où cela cherchais vraiment. avait de l’absence physique deallait me mener. Cela me terrifiait à l’époque. Je pensais contrôle.qu’il fallait une résolution à l’histoire. C’est pendant la Comme tu l’as dit, tu viens du cinéma expérimental,phase de montage que j’ai réalisé que l’improvisation et est-ce que c’est important pour toi de continuer à expé- Ce fut une expérimen-le fait de laisser une histoire ouverte offrent beaucoup rimenter que ce soit sur le plan visuel ou de l’écriture et tation vraiment importanted’opportunités. Cela m’a aidé pour les films suivants. dans la façon de travailler avec les “acteurs” ? pour moi : réduire mon rôle de contrôle. Au final, je peux parlerQuelles sont ces leçons que tu as apprises avec ce film Oui, j’ai toujours expérimenté. C’est aussi d’une approche libre mais quiqui t’ont mené à travailler sur ce qui allait s’appeler la quelque chose qui a évolué entre The Passage, Low Tide, reste malgré tout en mon pou-trilogie texane ? Stop the Pounding Heart et The Other Side. Pour The Pas- voir, même si je suis physique- sage, je pensais que la caméra devait tout enregistrer, et ment absent. Même moi j’ai été Il fallait que je fasse confiance au processus la caméra bouge violemment d’un lieu à l’autre. Elle suit surpris par ce qui se produisait.même de filmer, se libérer de toutes les contraintes d’un presque l’œil de façon schizophrène. C’est une façon de C’était un sacré pari que de sescénario car un scénario n’est pas qu’un guide pour les filmer très agressive. Je domine le film car j’avais besoin dire que la présence physiqueacteurs mais aussi pour la production. Cette pré-produc- de tout contrôler. Avec Low Tide, l’expérimentation était n’est parfois pas nécessaire.tion est la plus grande des limites. Je devais prendre le justement de se mettre en retrait et laisser les sujetsrisque de ne pas avoir cette organisation a priori, ce qui mener le film. La caméra ne devait pas savoir quoi filmer Est-ce que cela se rapproche deest très angoissant. Cela peut être suicidaire financière- et s’ajuster aux mouvements des personnages. Cela l’idée d’être plus un observa-ment. Je dis que c’est suicidaire en raison de l’urgence a été poussé plus loin dans Stop the Pounding Heart. teur plutôt qu’un réalisateurde faire un film comme si c’était une raison de vie ou de Je suis passé au digital car je ne voulais pas cutter. qui maîtrise tout ce qui semort. Tout ce que l’on filme quand on improvise pourrait Low Tide était encore tourné en 35 mm. Les dernières passe ?être la dernière chose que l’on filme car tu n’auras peut- semaines, chaque scène représentait un rouleau. Carêtre plus de monnaie pour continuer. suivre les gens dans l’improvisation, cela demandait des Je le pense. En même prises longues. Avec le digital, on peut tourner trente temps, je change à nouveau à minutes sans faire de coupure et en changeant le point présent. Comment être un ob- de vue en permanence. servateur après avoir défini les paramètres de la situation ? ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 297





300 ATYPEEK MAG #03 TRIANNUEL 2017 La culture des armes à feu, c’est quelque chose “LA NATURE AU TEXAS que je ne connaissais pas du tout par exemple. Vu que C’EST DE LA NATURE Dois-je définir les paramètres à l’avance, les j’ai ce sens de ne pas appartenir à mon milieu, j’aspire SOUS STÉROÏDES.prémices de chaque moment que l’on voit ? Comment à comprendre la culture. Pour moi il était essentiel de C’EST AGRESSIF, TRÈSapporter des règles et observer ce qu’ils font de ces comprendre les racines de certaines croyances, comme VARIÉ, ÇA NErègles ? Ils peuvent briser ces règles. Ces limitations sont la culture de la chasse, des armes à feu. Et aussi à PARDONNE PAS POURmon intervention forte. Mais après cela, voir leurs réac- chaque fois que j’ai vécu dans un pays étranger - ce que LES NAÏFS ET LEStions. C’est comme un laboratoire, un atelier. Observer j’ai commencé à faire très tôt, j’ai quitté l’Italie à 21 ans INNOCENTS, ELLE PEUTleur réaction face à une opinion. Du coup, cela va un -, j’ai longtemps été un étranger et la seule façon de ÊTRE MORTELLE.peu au-delà de l’observation, c’est regarder comment survivre pour moi était d’apprendre la culture locale. J’ai POUR MOI ÇA A ÉTÉils réagissent. C’est plus anthropologique d’une certaine été coupé de mes racines assez tôt, donc il fallait que je COMME UN GROSfaçon. m’ouvre aux autres cultures et que je les fasse miennes COURS INTENSIF SUR pour me sentir mieux intégré en tant qu’immigrant. LA NATURE”Cette focalisation sur cette partie des États-Unis et cette C’est donc à la fois un désir de comprendre l’autre maiscommunauté que l’on identifie souvent comme les white il y a aussi cette raison égoïste, ce besoin d’être intégré. La souffrance de la soli-trash, les pauvres Blancs, pourquoi l’envie de s’attarder tude est donc vitale, primordiale.sur cette version de l’humanité au sein des États-Unis ? Ce thème de l’appartenance est intéressant car dans tes Si je me sens seul, comment films on retrouve toujours le thème de l’isolement et de puis-je survivre ? C’est un com- Il y a une dimension personnelle là-dedans. Mes la communauté. portement lié à l’enfance. Il y aorigines sont ouvrières. J’ai connu la misère, devoir donc une histoire vraie à laquellealler travailler à 14 ans, sans ambition, sans possi- C’est vrai qu’on trouve toujours cela dans mes je me sens lié. C’est toujoursbilité d’aller à l’école, même le lycée. Là où j’en suis films, l’isolement, la volonté d’être intégré et la peur comme cela que j’opère. Jearrivé aujourd’hui ce sont des coïncidences. Je suis d’être seul, qui sont des thèmes très personnels. recherche des histoires réellesallé au lycée car il y avait des cours en informatique dont je me sens proche.qui pouvaient m’ouvrir les portes de la grande ville. Je Pour Low Tide, ton second film, nous sommes plus dansviens d’un endroit où il n’y avait que 7 000 habitants. l’esprit d’un adolescent isolé et sa relation avec sa mère. Sur un plan psychologique,Tous mes amis travaillaient. À 14 ans, ils gagnaient mille Pourquoi le désir de se focaliser sur ce personnage et de n’est-ce pas dangereux d’amenereuros. En général, quand tu gagnes cet argent si jeune, le suivre ? les gens dans ce monde et ytu fais des choses autodestructrices. J’ai vu beaucoup a-t-il des moments où l’on perdde drogues, de morts, de suicides, de violence, des Après The Passage, je voulais me recentrer sur le contrôle ? Y a-t-il aussi desfamilles se déchirer. Je haïssais l’école, je n’avais pas la réalité. L’idée de Low Tide est venue de l’histoire de situations où il devient tropd’argent mais je voulais devenir fabricant de chaussures. ce jeune garçon et de sa sœur qui joue la mère dans le difficile d’être un réalisateurPuis j’ai étudié le monde des affaires, j’ai trouvé un film. Cela aurait été trop douloureux pour la vraie mère psychologiquement ?boulot, je suis parti en Espagne, donc le pacte pour moi de jouer son propre rôle. La mère était alcoolique eta été différent. En regardant d’où je viens, je me sens elle a négligé ses enfants jusqu’à un certain moment Oui, c’est très cathartiquequelque part coupable, je suis devenu un privilégié qui où elle a fait face à une crise dans sa vie. Maintenant mais la catharsis c’est aussis’adresse à des intellectuels, et je sais que je ne suis là elle est une mère dévouée. Ils étaient amis avec Gene, très dangereux. Pendant uneque par coïncidences. Je me sens coupable, comme si je le personnage de The Passage. Quand je les ai rencon- phase très difficile de ma vie – iln’appartenais pas à ce monde. Entrer en connexion avec trés, j’ai eu envie de raconter leur histoire mais de y a environ neuf ans – j’ai toutdes gens qui viennent des couches les plus basses, qui protéger les enfants avec une aura de fiction. Le garçon quitté et j’ai suivi une psy-font face au monde, je me sens bien et en lien avec eux. découvrait l’histoire au fur et à mesure du tournage. La chanalyse pendant deux ans. J’aiJe comprends leur colère, leur monde. sœur comprenait et c’était très douloureux. Là encore, appris beaucoup d’outils et aussi il y a quelque chose d’autobiographique, se battre avec le pouvoir de la catharsis et laCet apprentissage de ce contexte américain répond à la solitude, un environnement dysfonctionnel mais le connaissance de soi.des codes qui sont très différents des codes européens, thème de la peur de la solitude pour un enfant, c’estcomment s’est-il passé ? souvent un manque d’amour, et ce manque d’amour pour lui représente la mort. Cela a été bien plus doux que ce que je pensais.C’est sûr qu’il y a un clash des cultures.


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