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LUANG POU WAT PAKNAM หลวงปู่วัดปากน้ำ (French)

Published by kittivara.namwaan, 2021-01-11 03:47:22

Description: LUANG POU WAT PAKNAM หลวงปู่วัดปากน้ำ (French)

Keywords: หลวงปู่วัดปากน้ำ

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Candasaro de conduite « non convenable ». L’écho de ces plaintes parvint jusqu’à Candasaro ; par respect pour les autorités, il abandonna ce qu’il faisait − tout ce qu’il avait accompli − et retourna au Wat Chetu- phon afin d’ « éviter la tempête ».45 Le vaste hall de la chapelle du Wat Phra Che- tuphon était un lieu parfaitement adapté à la médita- tion. Néanmoins, il différa sa réinstallation en ces lieux, se rappelant qu’il avait une dette spirituelle en- vers son premier maître, Phra Ajahn « Chum », Véné- rable du Wat Bangkuvieng, à Bangkoknoi (Canal) qui lui avait enseigné le Mūlakaccāyana et le Dhammapa- da. Dans l’intention de payer cette dette, il présenta ses respects au Vénérable du Wat Phra Chetuphon, Somdej Phra Puthacharn (Khem Dhammasaro) et partit passer sa onzième retraite de la saison des pluies au Wat (Boatbon) Bangkuvieng avec l’objectif de pouvoir partager ce qu’il avait appris des textes cano- niques avec les moines et les novices de ce temple. Il se préparait donc à commencer la retraite des pluies au Wat Boatbon. Avant de partir ce matin-là pour sa tournée d’aumônes, il songea qu’il était ordonné de- puis onze longues années mais qu’il n’avait pas en- core fait l’expérience de la vérité découverte par le Bouddha ; il avait pourtant étudié durant tout ce temps, et sans trêve, les textes canoniques et la médi- 45 Cet épisode dénote la méfiance envers les traditions ré- gionales et envers les moines jugés trop proches des com- munautés locales, de la part d’autorités envoyées par Bang- kok précisément pour renforcer l’unité du pays et promou- voir le bouddhisme d’Etat. 52 www.kalyanamitra.org

tation. Il estima qu’il devrait se considérer comme un propre à rien s’il ne parvenait pas à progresser encore. Une fois sa tournée d’aumônes achevée, il remplit ses obligations quotidiennes afin de rejoindre le hall de la chapelle principale, pour méditer. Il décida que s’il n’entendait pas le son du tambour qui signalait le moment du repas, il n’interromprait pas sa méditation. De plus, il résolut de ne pas faiblir dans sa pratique de la méditation assise, quelle que soit la souffrance qui pourrait perturber sa concentration mentale. Il prit la décision de ne pas se détourner du but tant qu’il n’aurait pas reconnu une partie au moins de la vérité enseignée par le Bouddha. Il réalisa évidemment qu’une telle résolution pouvait lui coûter la santé ou même la vie, mais il avait également pleinement cons- cience qu’il ne pourrait se considérer comme un moine accompli tant qu’il n’aurait pas réalisé ceci. Il était huit heures du matin lorsqu’il débuta sa méditation avec la récitation du manta* « sammā- arahaṃ* ». Progressivement, une douleur intense dans les jambes lui fit prendre conscience que le temps passait vraiment très lentement. La douleur corporelle augmentait au point qu’il avait l’impression que chacun de ses os s’arrachait. Et la souffrance générait une agitation mentale, jusqu’à ce qu’il réalise soudain : Je n’ai jamais ressenti jusqu’ici une telle souf- france. Pourquoi, alors que j’ai juré de ne pas changer ma posture de méditation, la douleur est-elle plus intense que jamais ? Jamais mon esprit n’a été aussi agité. Combien de temps 53 www.kalyanamitra.org

encore dois-je endurer cette souffrance avant que ne soit frappé le tambour de onze heures ? Plus il pensait, plus il s’agitait. Il fut proche d’abandonner plusieurs fois. Mais, du fait de son es- prit combattif et de la résolution qu’il avait prise, il savait qu’il était indispensable d’aller jusqu’au bout, même si cela devait lui coûter la vie. Il comprit que tant que son esprit serait agité, il ne trouverait pas la paix. C’est ainsi qu’il s’éleva à un niveau supérieur de tolérance et commença à laisser passer la douleur, se détachant ainsi de la souffrance. Brusquement, son esprit devint calme et s’établit fermement au centre de son corps. Il perçut alors une claire et brillante sphère du Dhamma*. La taille de la sphère était équivalente au jaune d’un œuf. L’expérience qui emplissait son corps était une inexplicable béatitude qui effaçait toute la souffrance. C’est à ce moment qu’il entendit frapper le tambour de onze heures. Ce matin-là, son déjeuner avait un goût spécial, ja- mais encore expérimenté : celui du succès spirituel. Cette expérience méditative qui s’était élevée dans sa conscience devait inspirer son existence toute entière. Il pensa : Même si je suis assis ici et que je mange, je ne peux éviter de concentrer mon attention au coeur de cette sphère du Dhamma. En vérité, il est merveilleux d’observer la stabilité et la sé- curité de cette sphère du Dhamma. Et quelle clarté, aussi ! Même la clarté du soleil n’atteint pas cet éclat. La lumière du soleil est comme une luciole lorsqu’on la compare à l’immense luminosité de cette sphère du Dhamma ! 54 www.kalyanamitra.org

Tandis qu’il mangeait, il ne put s’empêcher de sourire en raison de l’invasion de bien être qui accompagnait sa béatitude. Il se souvenait d’une parole du Boudd- ha : natthi santi paraṃ sukhaṃ [« il n’est pas de bonheur plus élevé que celui de la paix mentale »]. Il pensa ensuite à l’importance de cette réussite, réali- sant que, pour lui, il ne s’agissait que du commence- ment… Tandis que Candasaro déjeunait, les autres moines furent intrigués par la face radieuse du jeune moine. Ils lui demandèrent : « Candasaro, pourquoi ce sourire en déjeunant ? De qui souris-tu, frère ? ». « De per- sonne », répondit-il, « je ne souris de personne. Je suis simplement en train de penser à la grandeur du Bouddha et je ne peux m’empêcher de sourire avec délice. » « Eh bien, frère, personne ne pourra jamais t’accuser d’être un bon à rien », observèrent les autres moines, « même durant le repas tu te remémores les qualités du Bouddha ; si le Bouddha vivait encore aujourd’hui, il te classerait certainement comme le plus méritant de ses disciples sans défaut ! » Tout au long de la journée, il demeura dans la béati- tude grâce à cette sphère du Dhamma si fermement établie à l’intérieur de son corps. Après le repas, il se reposa brièvement puis décida de méditer avec la plus grande attention. Il était prêt, ce soir-là, à méditer avec toutes les fibres de son être. Il prit la résolution suivante : Quoi qu’il arrive, si je ne peux atteindre même la plus petite partie de la vérité que connaissait le Bouddha, je resterai assis jusqu’à la mort. Si 55 www.kalyanamitra.org

je meurs, mes actes seront un modèle pour les moines et les bouddhistes des générations futu- res. Tel aura été mon mérite, si je dois mourir. L’après-midi, après avoir écouté la récitation du Pāṭimokkha* avec ses condisciples, il se sentit ex- trêmement heureux de s’être repenti de toutes ses transgressions mineures des règles monastiques. Son esprit était apaisé par la rectitude de sa conduite. Au cours de l’après-midi, il y eut une forte pluie ; de véritables torrents. Candasaro se lava et constata qu’il se détachait de plus en plus de ce qui l’entourait. Il pénétra ensuite dans l’enceinte du temple. La pluie continuait de s’abattre de façon anormalement lourde comme si elle annonçait la bonne fortune de ce jeune moine, comme si elle annonçait l’atteinte du but qu’il avait poursuivi durant toutes ces années. L’averse rinça tous les bâtiments et tout le terrain de la pous- sière et de la saleté, n’épargnant aucune fissure, aucun recoin. Rétrospectivement, on pourrait dire qu’il s’agissait d’un véritable présage : le secret de la médi- tation Dhammakāya*, que le monde avait perdu de- puis plus de deux mille ans, allait être redécouvert. Il s’assit pour méditer, avec la forte résolution de dédier sa vie à la recherche du discernement* : Ô Bouddha ! Transmets-moi le Dhamma que tu as atteint le jour de ton Eveil*. Si mon propre Eveil est le fruit de la vertu et profite au bouddhisme, alors, je t’en prie, ô Bouddha, transporte-moi vers le Dhamma parfait : je voudrais être celui qui préservera et développe- ra la grandeur de ton enseignement. Mais si 56 www.kalyanamitra.org

mon Eveil devait être inutile, sans bénéfice pour ton enseignement, je sacrifierais ma vie durant cette méditation, comme la seule of- frande que je puisse te faire. La pluie reprit de plus belle. L’atmosphère se fit moite dans le temple. Il vit une file de fourmis s’échappant d’une fissure du sol. Pendant un instant, il pensa que les fourmis pourraient se rapprocher et perturber sa méditation ; alors, il plongea son doigt dans une bouteille de kérosène et commença à tracer un cercle autour de lui. Mais il réalisa qu’il venait tout juste de dédier sa vie à l’enseignement du Bouddha : devait-il faiblir à la vue de quelques fourmis sans dé- fense ? Il écarta la bouteille et commença à méditer sans protection. La claire sphère du Dhamma qu’il avait perçue dans la matinée conservait la taille d’un jaune d’œuf et restait fermement établie au centre de son corps. Mais, tandis qu’il méditait, la sphère se fit de plus en plus claire, jusqu’à atteindre la transparence d’une boule de cristal. Sa luminosité augmenta au point de dépas- ser celle du soleil de midi. Il contempla cet objet de méditation heure après heure, du début de la soirée jusqu’à plus de minuit. Il réalisa que sa méditation ne pouvait plus progresser au-delà de cette sphère du Dhamma dans la mesure où il ne savait pas vraiment comment gérer ce nouvel objet de méditation. Durant tout son apprentissage de la méditation, aucun maître ne lui avait jamais décrit une technique comme celle-ci. C’est alors que, venant du centre de la sphère du Dhamma, s’éleva le doux son des anciens mots 57 www.kalyanamitra.org

« majjhimā paṭipadā », un terme technique pāli si- gnifiant « la voie du milieu ». Il pensa : Ah ! La «voie du milieu » ! L’étude des textes m’a appris que cela signifiait « la voie de la pratique qui passe entre les deux extrêmes des mortifications et de la complaisance envers les sens ». Mais voilà que ces mots venaient directement du cen- tre de son corps. Le centre de la sphère était devenu incroyablement clair, comme une source de clarté à l’intérieur de son corps − lumineuse, intense, froide et apaisante. La lumière était si resplendissante que la clarté se démultipliait : il sut qu’au plus profond de la clarté de la sphère du Dhamma se trouvait quelque chose qu’il n’avait jamais connu auparavant. Il réalisa alors qu’il y avait comme un sens caché dans cette « voie du milieu ». Ce point minuscule au milieu de son corps devait être comme une porte cachée ouvrant sur des dimensions intérieures. Il fit ensuite une expérience : en contemplant toujours plus profondément le centre, celui-ci grandissait jus- qu’à atteindre la taille d’un jaune d’œuf. Pendant ce temps, la sphère précédente augmentait de taille à un point tel qu’elle atteignait l’horizon et disparaissait au loin. Contemplant toujours plus profondément le cen- tre de la nouvelle sphère du Dhamma, une nouvelle sphère y apparaissait. Il continua cette expérience d’expansion et de concentration profonde au centre de chaque sphère successive. De plus en plus de sphères apparurent, des milliers, chacune remplaçant la précé- dente. Et avec l’approfondissement de sa méditation, 58 www.kalyanamitra.org

chaque sphère du Dhamma était plus lumineuse que la précédente. Continuant encore plus profondément, il pouvait voir à l’intérieur de chaque sphère du Dhamma des dimen- sions cachées de son propre corps. C’est alors, à la fin de cette succession couvrant toutes les dimensions de lui-même, qu’il redécouvrit la clef de la compréhen- sion de la nature humaine à travers ses innombrables dimensions. Au plus profond de chaque nature hu- maine, nichée parmi la myriade de corps multidimen- sionnels, se cache un « Corps de Bouddha », ainsi appelé parce que sa forme est celle d’un bouddha en posture de méditation assise ; et son sommet a la forme d’un bouton de lotus, magnifiquement clair et pur. Soudain, une voix s’éleva de cette forme de bouddha : « c’est cela ! » Puis la voix se tut immédia- tement. Le ravissement* envahit Candasaro. Il chuchota pour lui-même : Ah ! Comme c’est difficile ! Voilà pourquoi personne n’y parvient. Les sensations, les sou- venirs, les pensées, la connaissance : tout cela doit être concentré en un seul point. Une fois l’esprit apaisé, il cesse d’être. Une fois qu’il a cessé d’être, le nouveau peut enfin naître. Il continua à contempler ce qu’il venait de trouver durant un long moment ; craignant que sa découverte puisse disparaître, il resta assis durant une nou- velle période de trente minutes. Pendant cette courte session de méditation, l’image d’un temple lui appa- rut. Il s’agissait du Wat Bangpla, à Banglain, le tem- ple où il avait étudié il y a bien longtemps, lorsqu’il 59 www.kalyanamitra.org

avait onze ans. A ce moment, il eut l’impression d’être réellement présent dans le temple, ce qui lui fit sentir qu’il devait sans doute y avoir là-bas quelqu’un de mûr pour suivre la Voie. Le jour suivant, Candasaro prit l’initiative de se ren- dre au Wat Bangpla, acceptant d’y enseigner et d’y accompagner les cérémonies jusqu’à la fin de la re- traite des pluies. Durant cette période, il consacra tout son temps à sa nouvelle technique de méditation. Se plongeant toujours plus profondément dans les di- mensions intérieures de la méditation qu’il avait dé- couverte, il devint de plus en plus habile. Plus il étu- diait et plus il pratiquait la méditation, plus il décou- vrait ce qu’il y avait d’extraordinaire en lui et dans le Dhamma* du Bouddha. Vers la fin de la saison des pluies, il revint méditer dans la chapelle du Wat (Boatbon) Bangkuvieng. A la fin de cette retraite de vassa, une fois reçus les dons de Kaṭhina*, il prit congé du Vénérable du Wat Boatbon et retourna au Wat Bangpla afin d’y ensei- gner le Dhamma. Là, quatre mois plus tard, trois moi- nes (Phra Sangvarn, Phra Baen et Phra Oam) et quatre laïques atteignirent à leur tour Dhammakāya. Pour la treizième retraite des pluies, Candasaro em- mena avec lui au Wat Songpinong tous les moines qui avaient déjà atteint Dhammakāya ; durant toute la retraite, il enseigna le Dhamma aux moines et aux laïques intéressés. A la fin de cette période, un nou- veau moine atteignit Dhammakāya. Après avoir reçu les dons de Kaṭhina, il se rendit au Wat Pratusarn, dans la province de Suphanburi, où son précepteur, le dernier Phra Ajahn Dee, avait autrefois résidé. Canda- 60 www.kalyanamitra.org

saro y demeura durant quatre mois pour enseigner le Dhamma avant de retourner au Wat Phra Chetuphon. La chapelle du Wat (Boatbon) Bangkuvieng. Luang Pou y dédie sa vie à la méditation, atteint Dhammakāya, et redécouvre la voie perdue depuis des siècles. 61 www.kalyanamitra.org

Le Wat Paknam Bhasicharoen, Thonburi, de nos jours. L’un des grands centres du bouddhisme en Thaïlande. 62 www.kalyanamitra.org

A la tête du Wat Paknam La cessation de l’esprit est le point fondamental. La cessation, en matière de méditation c’est la manifestation du succès, depuis les débuts jusqu’à l’état d’arahā*. Phramongkolthepmuni En 1916, la place de Vénérable du Wat Pak- nam Bhasicharoen, un temple sous patronage royal, devint vacante. Son Excellence Phra Wanarat, du Wat Phra Chetuphon, également gouverneur monastique de Bhasicharoen, souhaitait trouver un temple de rési- dence stable pour Candasaro bhikkhu. Son Excellence proposa donc la place à Candasaro. Au début, Canda- saro repoussa l’offre, mais à la fin, bon gré mal gré, il dut l’accepter. Avant qu’il ne se rende au Wat Pak- nam Bhasicharoen, Somdej Phra Wanarat lui interdit d’accomplir des actes paranormaux ou de faire quoi que ce soit qui puisse froisser les Vénérables des tem- ples voisins.46 Son Excellence savait que Candasaro 46 Cet épisode dénote de nouveau la méfiance du boudd- hisme d’Etat, urbain et institutionnel, envers les moines errants et méditants. La hiérarchie du Saṅgha, à cette épo- que, décide de confier la responsabilité de temples impor- tants aux plus célèbres d’entre eux, dans l’espoir de les voir, 63 www.kalyanamitra.org

n’était pas homme à rester inactif et qu’il allait dyna- miser les activités du temple ; il insista sur le fait qu’il l’avait choisi pour conforter la paix entre les membres de la communauté monastique. Devant une telle ar- gumentation, Candasaro n’eut pas d’autre choix que d’accepter, avec, au début, l’intention de ne rester que trois mois au Wat Paknam. Au jour fixé, Candasaro quitta le Wat Chetuphon avec le titre de Vénérable en fonction du Wat Paknam Bha- sicharoen. Le ministère des affaires religieuses mit à sa disposition et à celle de ses quatre assistants mo- nastiques le canot à moteur qui leur permit de rejoin- dre le Wat Paknam. On lui offrit également tous les objets nécessaires à sa fonction. Luang Pou se vit ré- munérer princièrement à hauteur de trente bahts par mois et ses assistants à hauteur de vingt bahts. Somdej Phra Wanarat l’accompagna jusqu’à son nouveau temple. Moines, laïques, hommes et femmes, se mas- sèrent tout au long du canal pour les saluer. A cette époque, il avait déjà reçu du gouverneur monastique le titre de Phra Kru Samu Thananukrom. Le moment était donc venu d’occuper les fonc- tions de Vénérable du Wat Paknam. Sa première tâche fut de réprimer les mauvais com- portements des moines, de ceux placés sous sa direc- tion comme de tous ceux qui pouvaient affecter l’état du temple. De nombreux moines, en effet, n’étaient pas dignes de la confiance des laïques. Le gouverneur sous le poids des contraintes administratives, délaisser leurs pratiques ascétiques jugées suspectes. 64 www.kalyanamitra.org

du district lui-même et d’autres moines de rang élevé étaient mêlés à des affaires de corruption. Luang Pou évalua l’état du temple et invita le soir même toute la communauté monastique à assister à son premier sermon en tant que responsable : J’ai été invité par le gouverneur monastique de la région à diriger ce temple et à conseiller tous ses résidents sur leur conduite, en prenant pour guide le Dhamma-Vinaya*. La prospérité de ce temple dépendra de notre unité et de notre compréhension mutuelle. Aucun d’entre nous n’est né dans ce temple. Nous y sommes tous des nouveaux venus. Venir et demeurer ici, c’est comme être choisi en ignorant vers qui se tourner, car nous sommes tous des étrangers. Je suis persuadé que la vertu que vous avez tous accumulée par votre cheminement dans les pas du Bouddha apportera la tranquillité et la prospérité à tous ceux qui ont pratiqué de ma- nière correcte. La majorité d’entre vous ont été ordonnés il y a beaucoup, beaucoup d’années mais ont encore une connaissance insuffisante pour enseigner. Vous n’avez accompli qu’une chose : vous accrocher à la religion comme des parasites, sans rien faire qui puisse bénéficier aux autres. Bien plus, vous avez souillé le bouddhisme aux yeux des fidèles. Etre ordonné ainsi, c’est être comme le crabe errant qui, trop mou, s’efforce de trouver refuge de coquille en coquille. Dans ce cas, quel est l’intérêt d’être ordonné et de vivre dans un temple ? 65 www.kalyanamitra.org

En venant au Wat Paknam, je veux que tous mes actes soient une illustration du Dhamma- Vinaya. Les moines anciens peuvent faire de même ou ne pas suivre mon exemple. Vous pouvez m’accompagner dans cette voie ou faire ce que bon vous semble. Je n’ai pas l’intention de déranger qui que ce soit dans la mesure où nous savons tous que chacun est responsable de ses propres actions. Si vous choisissez de ne pas me suivre, je vous prie avec bienveillance de ne pas gêner les efforts des autres. Nous sommes autonomes mais nous devons nous en- traider pour maintenir l’ordre dans ce temple. Tous ceux qui arrivent ou qui partent doivent requérir mon autorisation. Nous passerons l’éponge sur ce qui s’est passé avant mon arri- vée, avant que je prenne ce poste. Mais main- tenant que je suis ici, j’ai un devoir à accom- plir… Tenir un tel discours était comme libérer une source. Un gant avait été jeté aux moines de ce temple. Cette nuit-là, en privé, face à l’autel de la chapelle princi- pale, Luang Pou médita et prit cette résolution : Puissent les moines continuer à venir résider dans ce temple. Puisse tout moine déjà ici y demeurer pour le reste de sa vie. Ces changements, même s’ils étaient justifiés, n’étaient pas du goût des nombreuses personnes des alentours qui avaient pris l’habitude d’utiliser le tem- ple comme base de leurs trafics illicites. Ils se retour- nèrent contre lui et le dénigrèrent. Certains tentèrent 66 www.kalyanamitra.org

même de le blesser physiquement. La situation se détériora à un point tel que les ivrognes venaient s’enivrer dans l’enceinte du temple et y faire des es- clandres ; elle se détériora également à un point tel que certains songèrent à piller et à tuer pendant que les bhikkhū tenaient leurs réunions. Une nuit, huit hommes vinrent en bande pour faire un sort à Luang Pou, bien qu’il soit à ce moment-là dans le hall de méditation. L’un des bhikkhū de garde sortit en hâte pour le défendre. Entendant ce désordre, Luang Pou sortit pour l’en empêcher : « nous, bhikkhū, ne devons jamais nous précipiter quelque part et encore moins nous battre », dit-il, « c’est la seule méthode permet- tant de gagner à chaque fois ». Les voyous disparurent dans l’obscurité. Une autre fois, Phra Kamol47, un disciple que Luang Pou appréciait pour la finesse de ses sermons, était en train d’enseigner à un large public un sujet en rapport avec la méditation. Cette nuit-là, Luang Pou s’était assis au premier rang pour écouter le sermon, un véri- table compliment à l’égard de la capacité d’enseignement du moine. Phra Kamol s’était installé sur le siège de l’enseignant (dhammāsana*). Il avait prit le manuscrit de feuilles de palmier qui contenait le sujet de son sermon. Il venait tout juste d’annoncer 47 Durant les trois ou quatre dernières années de sa vie, ce moine se vit confier par Luang Pou la tâche de répandre le Dhamma dans la province de Petchburi (sud ouest de la Thaïlande). 67 www.kalyanamitra.org

l’année48 lorsqu’un coup de feu éclata dans le hall. Phra Kamol se hâta de mettre fin au sermon par le mot evaṃ et tout le monde s’enquit de la victime. Luang Pou était bien la cible du tireur. Cette nuit-là, un assassin s’était caché dans l’ombre, en face du bâtiment. La balle avait déchiré la robe de Luang Pou et l’assassin s’était enfui dans l’obscurité. Luang Pou était indemne. Il dit : « ces gens-là ne font que renfor- cer ma recherche de la perfection* de la patience » et retourna à son kuti49 pour changer de robes. Sur le vêtement de Luang Pou, on voyait un large trou mais, comme par miracle, bien que les robes aient été étroi- tement fixées sur son corps, celui-ci était parfaitement indemne. C’était comme si la balle avait compris la gravité d’une blessure à l’encontre d’une personne aussi importante pour l’humanité : elle n’avait déchiré que les robes de Luang Pou sans même égratigner son corps. L’heure de Luang Pou n’était pas encore venue. Les policiers arrivèrent bientôt sur la scène de l’attaque. Ils emportèrent les robes trouées de Luang Pou à titre de preuves et finirent par attraper le coupa- ble, un voyou local nommé « Rod ». Luang Pou fut appelé à témoigner devant le tribunal. Il assista au procès avec la compassion peu commune d’un grand maître, avec son impartialité coutumière et libre de 48 Un sermon commence toujours par l’annonce de l’année et se termine toujours par le mot evaṃ, « c’est ainsi ». 49 Petit logement individuel du moine, généralement cons- truit sur pilotis, pour des raisons d’hygiène, de sécurité et d’isolement. 68 www.kalyanamitra.org

toute haine. Il demanda même au magistrat d’alléger la sentence de l’accusé. Cette escarmouche avec la mort n’était qu’un pro- blème parmi d’autres. Luang Pou assumait calmement sa responsabilité de réformer le temple, persuadé que « les obstacles sont faits pour être surmontés » et que « les difficultés alimentent la perfection ». « En tant que moine », proclamait-il, « je gagne toutes les ba- tailles sans même combattre ! ». Toute cette pression n’avait pour objet que de contraindre Luang Pou à changer. Mais Luang Pou fit comme s’il ne voyait pas ce qui se passait ; il ne se préoccupait pas des détails inutiles ; il se focalisait sur la fondation d’un enseignement formel de la médi- tation aux moines. Luang Pou était juste. Il ne faisait jamais preuve de partialité ; ses actes étaient à la fois clairs et judicieux. Il ne revenait jamais sur ses décisions. Le nombre des résidents du temple sous sa responsa- bilité commença à grandir et tous devaient prendre garde de rester dans les limites strictes de leur disci- pline* personnelle, de leurs Préceptes*. La discipline était le ciment de l’harmonie. Celui qui rompait la discipline ou portait atteinte au bien être des autres recevait d’abord un avertissement. S’il continuait à rompre la discipline, il était puni. Luang Pou disait : La contrainte doit être appliquée pour amélio- rer les vertus des gens. L’esprit est comme l’eau, cherchant toujours à plonger vers les pro- fondeurs. Sans effort, la vertu mentale, comme l’eau, tombera vers le plus bas niveau, c'est-à- 69 www.kalyanamitra.org

dire produira des actions non profitables. Si des personnes normales peuvent développer leur esprit jusqu’à atteindre l’état d’arahā*, cela si- gnifie a fortiori qu’il est possible de faire des efforts. L’esprit doit être gardé sous contrôle jusqu’à ce qu’il atteigne l’apaisement. Par conséquent, pour diriger les autres, il faut des règles. Il faut quelque chose qui contraigne les gens à devenir meilleur. Il faut des sanctions pour ceux qui enfreignent les règles. Si qui que ce soit dans le temple brisait les règles ou se comportait de manière inappropriée, Luang Pou l’avertissait lors de la première infraction. Il donnait un second avertissement si l’infraction se répétait. S’il commettait une troisième fois cette infraction, il était puni. S’il s’agissait d’un novice, le vieux moine Phra Pleaung Chupañña se chargeait de lui donner des coups de baguette. Parfois la punition consistait à ba- layer le temple ou à couper du bois pour la cuisine. Si, après tout cela, le coupable ne s’améliorait pas, il était expulsé. Luang Pou expliquait qu’il était contraint d’agir ainsi, sinon il gaspillerait son temps à négocier avec les autres au lieu de l’utiliser à enseigner la mé- ditation à un haut niveau. Luang Pou savait que la vertu la plus utile à la com- munauté monastique était l’unité. Et il insistait sur la participation aux rituels quotidiens comme base de l’harmonie de la communauté du temple, qu’il s’agisse de récitation des textes, d’écoute des sermons ou de méditation assise. Luang Pou enseignait : C’est ensemble que la communauté doit ac- complir toutes ses activités ; c’est cela l’esprit 70 www.kalyanamitra.org

de la communauté. Celui qui est pourvu d’esprit communautaire ne tombera jamais du mauvais côté. Il ne cessera jamais de progres- ser. Quelle que soit la tradition qu’il pratique, jamais il ne dénigrera les autres. Mais il est également nécessaire de savoir, à bon escient, critiquer un compagnon et, de la même manière, de savoir accepter la critique. Luang Pou soulignait que le sens de la communauté apporte le bonheur en prévenant les luttes internes, les désaccords et les problèmes sérieux au sein du tem- ple ; lorsque des problèmes surgissent, ils peuvent ainsi être aisément résolus. Chaque quinzaine, Luang Pou s’assurait que le rasage des crânes des moines, des novices et des renonçan- tes50 avait lieu, pour tous, le même jour. Si quelqu’un refusait d’être rasé en même temps que les autres, Luang Pou faisait cette remarque : « si même leurs crânes ne sont pas à l’unisson, comment leurs esprits peuvent-ils l’être ? ». Si une querelle quelconque surgissait au sein de la communauté, il recherchait quels moines étaient au 50 En raison de l’extinction historique (au XIIIe siècle) de la lignée d’ordination des bhikkhunī, les moines n’ont plus d’équivalent féminin dans le bouddhisme Theravāda*. Les « renonçantes » dont nous parlons ici appartiennent au statut intermédiaire des mae chi ; il peut également s’agir de laï- ques (upāsikā) vivant dans le temple. Toutes respectent huit ou dix Préceptes. Les réalisations spirituelles des renonçan- tes ne sont pas moindres que celles des hommes. Nombre d’entre elles ont joué un rôle de premier plan dans le déve- loppement du bouddhisme en Thaïlande. 71 www.kalyanamitra.org

cœur de cette querelle et les convoquait. Il ne s’enquérait jamais de l’objet de la querelle. Il deman- dait simplement : « êtes-vous capable de vous par- donner l’un à l’autre ? ». Si chacun d’eux était capa- ble de cesser cette querelle et de pardonner à l’autre, ils étaient autorisés à rester. Si par contre, l’un ou l’autre, ou les deux, se montraient incapables de sur- monter leur querelle et de se pardonner, alors les deux parties étaient renvoyées du temple ! Même si Luang Pou était très strict, il faisait preuve de bienveillance* et de compassion* envers tous, sans aucune distinction. Il expliquait : Regarder les autres de haut, même sans s’en rendre compte, voir les autres comme plus fai- bles que soi-même, leur parler de manière inso- lente, cela ressemble à l’incendie du haut d’une maison qui commencerait dans les étages infé- rieurs. Même l’incendie du rez-de-chaussée peut s’étendre jusqu’au toit. De la même façon, le ressentiment des plus jeunes peut détruire la personne qui les dirige, sauf s’il fait preuve de compassion et ne souhaite que le bonheur de ceux qui l’entourent, en particulier ceux qui n’ont pas ses privilèges. Luang Pou enseignait toujours à ses disciples d’éviter tout attachement envers les aliments, les vê- tements, l’abri, les médicaments qui leur étaient of- ferts pour leur propre usage et de se contenter de ce qu’ils possédaient déjà ou de ce qui leur avait été don- né. 72 www.kalyanamitra.org

Il disait qu’ils devaient être comme les chevaux ou les éléphants qui, eux, ne font pas les difficiles avec leur nourriture : Si on leur donne du foin, ils mangent du foin. Si on leur donne de l’herbe fraîche, ils mangent de l’herbe fraîche. Si on leur donne de l’avoine, ils en mangent aussi. Ils mangent tout ce qu’on leur donne et le mangent avec respect et sé- rieux. Les moines et les novices, de la même façon, doivent être faciles à entretenir, accepter tout ce qu’on leur offre pour faire plaisir aux donateurs. Les arahā eux-mêmes faisaient tout pour être faciles à entretenir et soulageaient ainsi ceux qui soutenaient la religion boudd- histe. Ceux qui sont encore sur la voie du pro- grès spirituel doivent a fortiori tout faire pour être faciles à entretenir, afin que la vie reli- gieuse puisse encore s’étendre. Luang Pou ne se contentait pas de prôner le non atta- chement aux moines et aux novices. Il enseignait à tous ses disciples l’art de faire des économies, l’absence d’extravagance. Il enseignait que la richesse est vitale pour le maître de maison, que chacun doit travailler dur afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, que celui qui ne comprend pas l’intérêt des économies ne pourra jamais réussir dans la vie. Si les moines et les novices doivent être faciles à entretenir, les laïques, eux aussi, doivent avoir un mode de vie correspondant à leur statut social. A l’occasion, Luang Pou enseignait à ses disciples laïcs un moyen de ne pas s’attacher à la nourriture… 73 www.kalyanamitra.org

en faisant de la soupe tom yam51 bon marché. Telle était sa recette : Faites de la soupe tom yam à partir d’une sauce de poisson. Si le poisson frais est utilisé pour confectionner la sauce de poisson, cette sauce sera de couleur claire et n’aura pas d’odeur dé- plaisante. La sauce de poisson sera douce et le goût pourra être réajusté pour être rendu aigre, salé ou épicé. Lorsque vous buvez la soupe, vous devez boire seulement le liquide, en lais- sant le poisson intact. Quand il n’y a plus de li- quide, vous pouvez compléter la soupe avec de l’eau bouillante, ajuster le goût et boire de nou- veau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de liquide. Vous pouvez compléter ainsi avec de l’eau bouillante jusqu’à ce que la soupe n’ait plus du tout le goût du poisson. Et même alors, le pois- son ne doit pas être jeté, mais utilisé comme ingrédient pour d’autres plats, comme par exemple pour augmenter la consistance de la sauce de poisson pimentée. Luang Pou enseignait : « les sages mangent pour vi- vre ; les sots vivent pour manger ». Ce qui était vrai de la nourriture, l’était du logement. La capacité d’hébergement des moines dans le temple était très limitée. Les nouveaux arrivants dans le tem- ple devaient prendre l’initiative de construire leur propre kuti. Au fur et à mesure de l’augmentation du nombre des arrivants, une sorte de village de cabanes 51 Le tom yam est l’un des symboles de l’art culinaire thaï- landais. 74 www.kalyanamitra.org

envahit chaque espace valable du temple. Tous les moines savaient qu’en l’absence de logement, Luang Pou ne leur permettrait pas de rester ; ils recherchaient tous les matériaux disponibles, ramassaient les plan- ches des cercueils trouvées aux alentours et construi- saient de macabres kuti qui ressemblaient plus à des cabanes à lapins ou à des nichoirs à oiseaux qu’à des logements dignes de moines. Les huttes étaient cons- truites sur pilotis au dessus de mares d’eau stagnante et putride. Aucune hutte n’avait de meuble, pas même un banc ou une chaise. La plupart des bhikkhū ne pos- sédait rien de plus qu’un simple thermos d’eau pota- ble. Chaque jour, dans l’après-midi, des formations étaient organisées pour les moines, les novices, les renonçantes, les laïques hommes et femmes. Luang Pou enseignait aux moines à prononcer des sermons, parfois seuls, parfois sous forme de débat entre deux ou trois moines. Luang Pou programmait des sermons durant toute la période de vassa. La conduite monastique appropriée commençait à devenir la norme. Le rayonnement de la bonté com- mençait à se répandre dans le temple ; mais quelques nuages, nés de la souffrance*, restaient menaçants. Des enfants vagabonds continuaient de courir dans l’enceinte du temple et perturbaient fortement la vie des moines. Les moines ne disposaient quasiment d’aucun moment de tranquillité pour se livrer à leurs activités. Les groupes d’enfants se réunissaient dans le temple pour tirer au lance-pierre sur les moineaux, un scandale dans un temple bouddhiste. Les enfants ne voulaient pas entendre raison et résistaient même 75 www.kalyanamitra.org

aux menaces de correction. Les moines devaient faire preuve de prudence et éviter l’escalade car les parents de ces enfants étaient justement les voisins qui refu- saient d’accepter les réformes de Luang Pou, ceux qui auraient préféré le statu quo… Luang Pou observa : Ces enfants sans éducation se répandent partout et démolissent ce temple avec leur oisiveté. Ils vont devenir des voyous. Il se mit à la recherche de soutiens financiers permet- tant la prise en charge de frais de scolarité et institua une école communautaire. Trois cents enfants s’y inscrivirent parce qu’elle était gratuite. Beaucoup de voisins, faisant jusque là partie des conspirateurs, ré- alisèrent ce que Luang Pou entreprenait pour eux et se mirent enfin à l’accepter. La mauvaise ambiance du temple commença à s’estomper. A peu près à la même époque, le roi Chulalongkorn commença à établir des écoles primaires publiques dans tout le royaume ; cette réforme aurait dû s’appliquer à Bhasicharoen. Mais, parce que la politi- que du ministère de l’instruction publique était sous- financée et lente à mettre en œuvre, c’est au contraire le monastère qui servit de levier pour l’introduction des nouveaux textes et des nouvelles techniques édu- catives. Lorsque le Vénérable du Wat Khunjan voisin décéda, Luang Pou en fut nommé provisoirement responsable. Ce temple avait également une école et Luang Pou en profita pour y déplacer progressivement toutes les activités éducatives. Au Wat Paknam, il put ainsi uti- liser l’ancienne école primaire pour y enseigner les 76 www.kalyanamitra.org

textes et le Dhamma* aux moines et aux novices du temple. Jusque là, les moines du Wat Paknam qui étu- diaient le pāli devaient se rendre dans d’autres tem- ples, comme les Wat Anong, Kalyanamitr, Phrayura- wong, Mahathat ou Phra Chetuphon. En ce temps-là, les bateaux du canal étaient l’unique moyen de trans- port. Thonburi n’avait pas de routes et le pont Rama Ier n’avait pas encore été construit. Ceux qui souhai- taient étudier devaient faire face aux difficultés que Luang Pou avait lui-même rencontrées dans ses pre- mières années ; le succès dans les études était plus étroitement lié à la persévérance dans l’assiduité qu’à la qualité en soi de l’enseignement ! Le plus simple, au fond, ce que firent progressivement tous les tem- ples, était de fournir un enseignement sur place. Les études scripturales et méditatives étaient menées de concert. Comme Luang Pou avait étudié à la fois les textes et la méditation, il attendait de ses disciples qu’ils fassent de même. Toutefois, celui qui présentait une aptitude particulière dans l’étude du pāli pouvait insister sur les études académiques (gantha-dhura) et celui qui présentait une aptitude particulière pour la méditation pouvait insister sur l’étude de la pratique (vipassanā-dhura). Celui qui n’avait ni l’une ni l’autre de ces aptitudes pouvait toujours collaborer à la gestion du temple. Luang Pou n’insistait pas pour que tous ses moines étudient, il insistait pour qu’ils soient tous actifs. Le temple établit bientôt son propre centre d’enseignement. Celui-ci occupait un bâtiment nou- 77 www.kalyanamitra.org

vellement construit, large de onze mètres et long de soixante mètres, qui avait coûté près de 2,5 millions de bahts. L’institut de pāli occupait les deux étages inférieurs. Le dernier étage était réservé à l’enseignement public de la méditation. Le bâtiment fut progressivement utilisé par près d’un millier de bhikkhū et de novices, non seulement les bhikkhū et novices résidents du Wat Paknam, mais également ceux d’autres temples. Tous les moines du district de Bhasicharoen déplacèrent d’ailleurs leur centre d’examen au Wat Paknam ; ils y trouvaient de surcroît la possibilité de prendre leur déjeuner dans le réfec- toire. Un jour, Luang Pou retourna au Wat Songpi- nong et y rencontra son neveu, ordonné sous le nom de Phra Kru « Chua » Obhaso, qui était devenu le gouverneur monastique de ce sous-district. Luang Pou lui dit simplement : « j’ai maintenant trouvé la véri- té* » ; et il le persuada de se rendre au Wat Paknam. Phra Kru Chua avait soif de parvenir au but et resta au Wat Paknam jusqu’à la fin de ses jours. Il eut l’honneur de partager le kuti en bois de Luang Pou, afin de méditer avec lui et de permettre à Luang Pou de l’aider à soigner son infirmité pulmonaire congéni- tale. Tout ce que Luang Pou pouvait découvrir dans sa méditation, il le racontait à Phra Kru Chua. D’ailleurs, Phra Kru Chua avait une excellente mémoire des ser- mons donnés par Luang Pou, que ce soit ceux donnés face à l’ensemble de la congrégation ou ceux donnés dans l’intimité d’un atelier. Phra Kru Chua fut égale- ment nommé par Luang Pou responsable de la disci- 78 www.kalyanamitra.org

pline (vinaithorn) pour la communauté monastique du Wat Paknam. Le nombre de moines et de novices du temple passa des treize d’origine… à un millier. Plus les moines étaient nombreux, plus Luang Pou était heureux, conformément au vœu qu’il avait formulé durant sa première nuit dans le temple. Certains se plaignaient du fait qu’il y avait trop de moines. Il riait et leur ré- pondait : « maintenant, vous voyez qu’il doit bien y avoir quelque vérité dans les enseignements du Bouddha ! » Il ne pensait jamais à la charge que re- présentait la recherche d’un appui matériel pour tous ces moines. Il se réjouissait que son rêve devienne réalité. Dans le temple, Luang Pou créa pour les renonçantes un espace séparé et clôturé. Chaque dortoir était oc- cupé par de nombreuses femmes. Aucune d’entre elles n’avait le droit de dormir seule. Luang Pou interdisait les contacts sans sa permission entre elles et les moi- nes. Si l’une d’entre elles ou l’un d’entre eux était autorisé à visiter « le camp opposé », ce ne pouvait être qu’accompagné. Même si le nombre de renonçan- tes s’accrut fortement avec le temps, il n’y eut jamais aucun scandale causé par cette mixité. Luang Pou suivait de très près tout ce qui se passait dans le tem- ple. Que ce soit en public ou derrière les portes closes. L’eau potable ne manquait plus dans le temple parce que Luang Pou avait conçu, avec l’aide de Phra Ra- jamoli (Narong Thitano, le dernier Vénérable du Wat Raja-orasam), un système de puits artésiens. Luang Pou était fier de ces résultats. 79 www.kalyanamitra.org

Contrairement aux moines de la forêt, éloignés des yeux indiscrets du public, tous et tout, au Wat Pak- nam, étaient au centre de la communauté et ouverts au contrôle du public. Luang Pou disait : Une fleur a son propre arôme, que tout le monde doit pouvoir sentir. Je n’ai nul besoin de rajouter du parfum pour qu’elles sentent encore meilleur. Un cadavre n’a nul besoin de moi pour ajouter de la pourriture et rendre son odeur plus repoussante ; il n’y a aucun moyen de cacher l’odeur. De la même façon, le Wat Paknam, répondait de tou- tes ses activités, bonnes ou mauvaises, devant le pu- blic. Luang Pou n’avait rien à cacher et nulle part où se cacher. Lorsqu’ils organisaient les activités de leur temple, nombre de moines contemporains avaient une arrière- pensée, celle de s’attirer une promotion de grade dans l’échelle de la hiérarchie monastique d’Etat. Luang Pou, lui, ne montrait aucun intérêt pour une telle pro- motion. Ses multiples activités et son engagement dans le travail de formation des moines, des novices et des laïques n’avaient pour objectif que la pérennité de la religion. Quelques moines, eux-mêmes à la re- cherche de promotion, se méprirent sur le dynamisme et les projets de Luang Pou. Ils voyaient, chaque an- née, des dizaines et des dizaines de jeunes gens venir au Wat Paknam pour une ordination et ils en ressen- taient une forme de jalousie. Si le Wat Paknam avait été un temple sous patronage royal n’importe où ailleurs, avec autant d’activités, 80 www.kalyanamitra.org

Luang Pou aurait été couvert de titres monastiques, ce qui lui aurait apporté influence et motivation pour continuer son œuvre. Il ne reçut, en 1921, que l’humble titre de Phra Kru Samana-thamm-samathan. Mais l’attribution du titre de Précepteur, dont il aurait réellement eu besoin dans son travail puisqu’elle lui aurait permis de prononcer lui-même des ordinations, fut différée par les autorités durant plus de trente ans. Et il dut attendre l’année 1949 pour recevoir son pre- mier titre royal. Mais Luang Pou avait à l’esprit des préoccupa- tions bien plus urgentes. Le manque de nourriture était, pour tous les moines, un problème récurrent. Afin de pallier définitivement cette difficulté, le Vé- nérable du Wat Paknam Bhasicharoen, pour la somme princière de 360.000 bahts, parvint à construire une cuisine capable d’alimenter une communauté forte d’un millier de moines, novices, renonçantes et laï- ques. Les femmes étaient chargées de faire fonction- ner la cuisine. Dans les premiers temps, il dut faire venir le riz de la ferme familiale de Songpinong. Plus tard, l’aide vint des laïques locaux, une tradition qui a perduré jusqu’à nos jours. C’était le premier réfectoire de temple bâti en Thaïlande. Lorsque Luang Pou prit ainsi la responsabilité de subvenir aux besoins de tous les moines et novices du temple, il expliqua : Mangez seul et vous n’en aurez jamais assez. Mangez tous ensemble et vous ne pourrez même pas en venir à bout. Attendez, vous ver- rez, le succès est proche ! 81 www.kalyanamitra.org

A titre personnel, Luang Pou recevait toujours une nourriture suffisante, parce que les donateurs avaient toujours une attention particulière pour un Vénérable. Pour autant, il ne pouvait laisser le reste de ses moines souffrir de la faim. C’est pour cette raison qu’il avait dû se résoudre à installer un réfectoire pour les médi- tants et les étudiants. Luang Pou commença à nourrir la communauté monastique en 1916 et continua ainsi durant quarante-trois ans. De nombreux miracles ont été associés à la capacité de Luang Pou de subvenir ainsi aux besoins de ceux qui fréquentaient son temple. Un jour, au milieu des années quarante, l’oncle Poong ramassa sur le plateau de Luang Pou les restes de son déjeuner. En général, un assistant considérait comme de bon augure de pouvoir se nourrir de la part laissée pour lui par le Maître. Normalement, il restait toujours suffisamment de nourriture sur le plateau pour l’un des assistants. Cette fois-là, l’oncle Poong allait prendre le plateau pour le laver lorsque les autres assistants proches de Luang Pou, Prayoon Sundara, Paeng, Kela et Orr se présentèrent, espérant eux aussi prendre leur repas avec les restes du Vénérable. Ce jour-là, étrangement, l’oncle Poong put remplir toutes les assiettes à partir du petit bol de riz du Vénérable. Pour l’oncle Poong, c’était comme si la bienveillante sympathie du Véné- rable ne pouvait jamais manquer à ses disciples, y compris lorsque, dans des circonstances normales, ils auraient dû se battre pour ses miettes. Lorsque l’on demandait à Luang Pou comment il parvenait à nourrir tous les jours autant de moines, 82 www.kalyanamitra.org

depuis tant d’années, et de continuer à construire des instituts et d’autres bâtiments autour du temple, il répondait : Nous sommes les enfants du Bouddha. Lorsque le corps, la parole et l’esprit sont purs, nous sommes en droit d’utiliser l’héritage du Bouddha durant toute une époque. Si nous n’étions pas vraiment purs, même si nous pre- nions l’héritage du Bouddha et l’utilisions, ses fruits ne pourraient pas durer aussi longtemps. 83 www.kalyanamitra.org

La communauté monastique du Wat Paknam. Au centre, Luang Pou. 84 www.kalyanamitra.org

L’enseignement de la tradition Depuis que j’ai été ordonné dans ma jeunesse, après toutes ces années passées en tant que moine, je ne vois rien de plus sacré que la méditation dans la tradition Dhammakāya. Phramongkolthepmuni Bien que la vie quotidienne de Luang Pou fut lourdement chargée de responsabilités, il s’astreignait à respecter un programme journalier très strict afin de pouvoir accomplir tous les devoirs que l’on attendait de lui sans pour autant sacrifier le temps nécessaire à l’enseignement de la méditation à ses proches disci- ples. Il instruisait les moines et les novices au moment des récitations rituelles du matin et du soir ; il prononçait un sermon sur le Dhamma-Vinaya* lors des assem- blées du matin et du soir. Les dimanches et les jours de fête, il prêchait dans la salle principale. Il supervi- sait l’enseignement de la méditation de haut niveau. Chaque mardi à 14 h, il enseignait lui-même la médi- tation aux moines, aux novices et aux laïques dans le hall principal ; en quinze ans, au moins 40.000 per- sonnes bénéficièrent de ses cours. Durant la seconde guerre mondiale, il fut contraint de déplacer l’enseignement de la méditation dans la demeure de 85 www.kalyanamitra.org

Nah Saiyud Peankertsuk, proche du temple ; cet en- seignement fut brièvement interrompu avant de re- prendre, après la guerre, dans le vihāra*. Il organisait l’enseignement du pāli et des textes au sein de l’Institut Pāli. Enfin, il recevait des invités après le repas de midi et le soir à 19 h. Pratiquer la méditation en suivant la méthode prescrite, la méthode suprême du bouddhisme, jus- qu’au niveau supramondain*, apporte au pratiquant un bonheur éternel. Même si le méditant ne parvient pas à atteindre un niveau supramondain, sa pratique lui apporte la pureté du corps, de la parole et de l’esprit, la libération des liens de la convoitise, de l’aversion et de l’illusion, la fermeté de l’établissement dans les principes bouddhistes et la certitude d’échapper aux voies du mal. L’esprit des moines, des novices et des renonçantes du Wat Paknam était si pur, un résultat de la médita- tion, qu’ils étaient parfois accusés de se poudrer le visage ! Les non initiés ignoraient que le teint lumi- neux et radieux des disciples de Luang Pou n’était que l’un des effets secondaires de leur pratique médita- tive. Luang Pou pratiquait afin d’éradiquer les racines de tout mal ; il pratiquait en accord avec la « voie du milieu » ; il n’était donc pas corrompu par la renom- mée. Il travaillait toujours pour le bien commun. Il faisait le meilleur usage de son temps pour le bien de tous. Lorsqu’il était invité à recevoir son repas dans la demeure de quelqu’un ou à entreprendre un voyage qui l’aurait contraint à passer une nuit en dehors du 86 www.kalyanamitra.org

temple, il acceptait rarement, préférant consacrer son temps à l’instruction ou à l’enseignement de la médi- tation. Si quelqu’un lui demandait de bien vouloir accepter une invitation en dehors du temple, il de- mandait en retour s’il était possible qu’un autre moine y aille à sa place ! Luang Pou était également beaucoup admiré pour sa gestion très stricte de l’argent, y compris des fonds donnés pour son usage personnel. Le moindre baht était remis à son fidèle assistant, l’oncle Prayoon. Bien qu’un immeuble élégant et cher ait été bâti pour l’Institut Pāli et pour la méditation, il ne sollicita ja- mais rien de fastueux pour son usage personnel. Son propre kuti était une simple construction de bois, qu’il partageait de surcroît, nous l’avons vu, avec Phra Kru Chua. Quelqu’un lui demanda pourquoi il ne construi- sait jamais rien pour lui-même. Il répondit qu’il était toujours heureux de ce qu’il avait ; pourquoi donc, à la place, ne pas apporter le bonheur aux autres ? Il avait une mission et il avait le courage de s’y tenir. Son but était de rendre pérenne la formation qu’il donnait. Pour lui, l’existence était bien trop courte. Sa vie était remplie de bonnes actions et il les rappelait régulièrement aux autres. Il ne craignait pas ceux qui l’accusaient de vantardise parce qu’il était persuadé que la véritable vertu doit être exposée en pleine lu- mière afin que tous puissent la voir, les seules choses indignes d’être répétées étant les fausses bonnes ac- tions accomplies par ceux qui n’ont rien d’autre à mettre en avant. 87 www.kalyanamitra.org

Pour Luang Pou, le bonheur de l’illumination née de l’atteinte de Dhammakāya* se situait au-delà des mots. Selon l’un de ses disciples : Le bonheur de la méditation, c’est un peu comme goûter aux mets délicats d’un buffet. Vous essayez le premier plat et il vous paraît délicieux. Mais, lorsque vous goûtez le met suivant, il vous semble encore meilleur que le premier. Le troisième est encore plus savou- reux. Chaque plat successif est meilleur que le précédent. C’est bien pour cela que le Bouddha enseigne que l’on doit sacrifier le bonheur pro- fane afin de pouvoir atteindre le vrai bonheur. Luang Pou disait que la béatitude de la méditation est si grande que… si vous avez une bonne santé et un esprit vide de toute anxiété, vous pouvez méditer au centre de votre corps durant sept jours et sept nuits sans interruption. Vous découvrirez ainsi un indescriptible bonheur ! Le bonheur de la méditation étant une réalisation à la portée de tous, Luang Pou avait pris la responsabilité d’enseigner à tous la Voie de Dhammakāya. La nou- velle de ces activités parvint jusqu’à Somdej Phra Wanarat. Un jour, Son Excellence le convoqua pour le réprimander : « ne sois pas insensé, mon ami ! Ne sais-tu pas qu’il ne peut plus, de nos jours, y avoir d’arahā* dans le monde ? Il serait bien plus utile que tu nous rejoignes pour administrer le Saṅgha* ! » Luang Pou savait que son ancien maître ne lui voulait que du bien, mais l’enseignement de Vijjā Dham- 88 www.kalyanamitra.org

makāya* était profond, et si quelqu’un ne percevait pas cette profondeur, il était normal qu’il soit sans foi. Il écouta donc la critique du Somdej avec respect, mais, de retour dans son temple, il continua à prati- quer et à enseigner la méditation de haut niveau. Il tomba de ce fait en défaveur auprès du Somdej. Pourtant, lorsque le Somdej vieillit et tomba malade, Luang Pou s’occupa bien de lui, envoyant à Son Ex- cellence, par bateau taxi, de la nourriture et de la soupe de nid d’hirondelles. Plus encore, il dépêcha auprès de lui quelques uns de ses disciples pour le soigner à l’aide des techniques de méditation. C’est alors seulement que le Somdej vit l’intérêt de lire les sermons de Luang Pou consacrés à la méditation Dhammakāya, qui avaient été compilés et publiés par des disciples laïcs. Le résultat fut que le Somdej commença à accepter la tradition Dhammakāya et offrit à Luang Pou de l’aider dans son œuvre. Chao Khun Bhimolthamm (Choy Thanadatto) du Wat Mahathat visitait aussi régulièrement le Somdej du- rant sa maladie. Un soir que celui-ci avait répondu à son appel, le Somdej lui demanda de préparer les do- cuments, si longtemps attendus, nommant Luang Pou Précepteur. Il fallut peu de temps pour que le titre de Précepteur soit enfin conféré dans les formes à Luang Pou. Dés l’attribution du nouveau titre, le nombre des ordinations prononcées au Wat Paknam se démultiplia. Chaque jour, le jeudi en particulier, des centai- nes de fidèles venaient chercher une aide spirituelle auprès de Luang Pou. A de nombreuses reprises 89 www.kalyanamitra.org

Luang Pou Wat Paknam parvint à guérir des malades en phase terminale. Tous ceux dont l’état était sans espoir étaient conduits à Luang Pou par leurs proches. Les étudiants les plus avancés de Luang Pou recherchaient, par la médita- tion, l’origine de la maladie. Si le patient était proche de sa fin, ils lui disaient. Si la maladie provenait des effets d’actions passées négatives, ils contribuaient à soigner la maladie en incitant le patient à accomplir un acte positif majeur à même de desserrer l’étreinte de leur kamma* négatif passé. Si la cause de la mala- die était physique, ils utilisaient la méditation pour équilibrer le fonctionnement interne du patient, conjointement avec l’administration de remèdes à base de plantes. Luang Pou soulignait qu’il ne « gué- rissait » pas les patients de leur maladie par la médita- tion, mais qu’il se limitait à repousser la maladie du corps. Même s’il aidait un nombre très important de malades, Luang Pou enseignait que les plus aptes à recouvrer la santé étaient toujours les plus avancés en méditation. Dans de tels cas, les vibrations mentales du soignant et du patient étaient en harmonie et les résultats apparaissaient bien plus rapidement. On cite l’exemple d’une famille musulmane dont la fille aînée était très attachée à sa propre foi. Le cou de cette femme était sujet à des éruptions de furoncles qui résistaient aux traitements médicaux, qu’ils soient conventionnels, homéopathiques, à base de plantes ou de pratiques magiques ! Les furoncles continuaient à apparaître sans arrêt, lui causant une douleur extrême. La patiente fut conduite par sa mère auprès de nom- breux médecins jusqu’à ce qu’on lui conseille de ren- dre visite à Luang Pou Wat Paknam, celui-ci ayant la 90 www.kalyanamitra.org

réputation d’être capable de guérir des cas sans espoir, sans se préoccuper des questions de race ou de reli- gion. La mère emmena donc sa fille présenter ses res- pects à Luang Pou. Luang Pou observa la patiente et resta silencieux pendant un moment. Puis il dit : Cette sorte de furoncle est appelée « furoncles de délivrance » parce qu’il n’est nul besoin pour le malade de faire appel à un médecin. Tout ce dont vous avez besoin est de répéter « sammā-arahaṃ » et d’imaginer en vous une boule de cristal. En sept ou huit jours, vous at- teindrez la délivrance ; vous n’avez qu’à prati- quer avec régularité cet exercice de méditation. Il leur enseigna immédiatement la méditation puis les laissa retourner chez elles. La jeune fille pratiqua sérieusement et découvrit que la douleur s’effaçait. Si la douleur revenait, elle médi- tait à nouveau et la souffrance disparaissait. Bien que la douleur puisse être contrôlée, les symptômes et la fièvre persistaient et s’aggravaient jour après jour. Les médecins étaient inquiets de cette situation qui appa- raissait sans espoir, mais la malade elle-même ne montrait aucun signe de désespoir. Les cinquième et sixième jours, la jeune fille cessa de parler mais continua à réciter le manta* « sammā arahaṃ », ses yeux plus brillants et plus heureux que jamais. La fièvre disparut mais les furoncles continuaient à sur- gir. Elle refusait les médicaments que d’autres lui apportaient, leur demandant de ne pas gaspiller leur argent. Elle informa sa mère qu’elle passerait de vie à trépas dans les deux ou trois jours à venir. En enten- dant ces mots, tous les habitants de la maison fondi- 91 www.kalyanamitra.org

rent en larmes et tentèrent de la réconforter par des mots apaisants. La fille leur demanda de s’épargner cette peine parce qu’elle savait que son temps était venu. Elle demanda même que chacun médite à l’aide des mots « sammā arahaṃ », mais cela n’intéressa personne. Le dernier jour de sa vie, le médecin fut appelé et, après un bref examen, déclara son cas sans espoir. La mère et la sœur de la malade vinrent auprès d’elle et lui dirent de réciter le nom d’Allah. La malade répon- dit : « non, non ! Il faut réciter sammā arahaṃ ! ». Elle demanda qu’après son décès mère et sa sœur se rendent auprès de Luang Pou Wat Paknam pour lui dire que « sammā arahaṃ » l’avait vraiment aidée et qu’elle pouvait maintenant voir le Bouddha à l’intérieur d’elle-même. Elle cessa de parler et, quel- ques instants après, décéda paisiblement. Après les funérailles, la mère et la sœur rendirent vi- site à Luang Pou, lui transmirent le message d’adieu et lui firent part du fait qu’elle avait vu le Bouddha en elle-même – quelle qu’en soit la signification. Luang Pou s’exclama : « ne vous l’avais-je pas dit ? …furoncles de délivrance ! » Il ajouta que cette exis- tence était la dernière dans laquelle la jeune fille souf- frirait d’une telle maladie, et que dorénavant, ayant atteint Dhammakāya, elle marcherait sur le chemin qui mène au nibbāna*. Sa plus jeune sœur se déclara soudainement inspirée par le bouddhisme, impressionnée par la rapidité avec laquelle sa sœur aînée, musulmane très stricte, avait, par reconnaissance, changé de religion. A partir de ce moment, la jeune sœur pratiqua régulièrement la mé- ditation et parvint, en un mois, à atteindre Dhammak- 92 www.kalyanamitra.org

āya. Sa mère la suivit et se convertit également au bouddhisme, tout en restant culturellement au sein de la communauté musulmane. Luang Pou soutint toujours l’idée que les méditants qui aident les autres à se soigner doivent s’assurer d’être eux-mêmes parfaitement purs. Luang Pou était si souvent sollicité pour soigner des laïques que, durant ses dernières années, il fit savoir que les malades n’avaient plus à se présenter devant lui en personne. Tout ce que les malades avaient à faire était de lui envoyer une lettre ou de déposer un mot dans une boîte installée à cet effet en face de son kuti ; ils devaient donner leur nom, le lieu et la date de leur naissance et la nature de leur maladie. C’était suffisant : les soins par l’esprit continuèrent, à dis- tance, de donner des résultats extraordinaires dans les cas de maladie en phase terminale. Même très âgé, Luang Pou continua à attacher une grande importance aux soins qu’il pouvait prodiguer aux visiteurs du temple. Il disait : « si je ne les aide pas, qui donc le fera ? Ils attendent de moi que je sois leur refuge… » Noyé sous le flot des visiteurs, Luang Pou faisait tou- jours preuve de compassion en s’enquérant, en leur absence, de la santé et de la prospérité des membres de sa congrégation, endossant la responsabilité de tous ses disciples, avec humilité toutefois, comme un berger gardant son troupeau. A cette époque, il était fréquent que les laïques à la recherche d’argent consultent des moines réputés afin de connaître leurs chiffres porte-bonheur pour la loterie nationale. S’ils venaient voir Luang Pou, ces 93 www.kalyanamitra.org

gens-là s’exposaient à être déçus car celui-ci ensei- gnait : Au Wat Paknam, il n’y a ni eau bénite, ni chif- fres porte-bonheur, ni formules magiques, ni prédictions. Tout ce que nous proposons, c’est la cessation de l’esprit ! Que voulez-vous reti- rer des enseignements du Bouddha : l’écorce ou le cœur ? Peu de temps après la seconde guerre mondiale, vers 1955, les loteries clandestines étaient monnaie cou- rante dans la société thaïlandaise. En principe, toute personne venant demander de gagner à la loterie était chassée du temple. Un jour, cependant, un disciple régulier de la congrégation qui pratiquait de temps à autre la méditation et avait un minimum d’intelligence, vint demander à Luang Pou des chif- fres porte-bonheur qui pourraient le sortir de la pau- vreté. Luang Pou ne prononça pas un mot mais se tourna vers l’un de ses novices pour demander un papier et un crayon. Luang Pou écrivit brièvement et glissa le mot dans une enveloppe. Le laïque tendit la main pour recevoir l’enveloppe, mais Luang Pou reti- ra un court instant l’enveloppe pour expliquer : N’oubliez pas que cette loterie va être le mo- ment le plus important de votre vie. Elle vous sera utile pour cette vie et pour la suivante. Elle vous apportera la richesse à la fois dans cette vie-ci et dans l’au-delà. Le laïque était en extase, souriant largement et son- geant à sa richesse future. Luang Pou, cependant, posa ses conditions : 94 www.kalyanamitra.org

N’oubliez pas. Ne vous empressez pas d’ouvrir cette enveloppe. Attendez d’être à la maison. Lavez-vous, rafraîchissez-vous. Prenez un bon repas. Récitez votre rituel du soir. Asseyez- vous pour méditer jusqu’à ce que votre esprit soit clair comme un diamant. Ne tentez pas d’ouvrir l’enveloppe si votre esprit n’est pas clair ; dans le cas contraire, vous manqueriez cette occasion de réussir. Lorsque votre esprit sera clair, alors seulement vous pourrez ouvrir l’enveloppe. A peine était-il descendu du kuti, qu’une foule l’entoura. Quelques personnes se disputèrent, chacun voulant lui acheter l’enveloppe au meilleur prix. Il refusa de la vendre. Il n’allait à aucun prix laisser échapper la chance de sa vie. Il rentra chez lui et, sans rien dire à personne, prit son bain et son repas, s’agenouilla pour sa récitation rituelle. Sa femme et ses enfants ne dirent rien mais remarquèrent qu’il méditait avec bien plus de sérieux que d’habitude. Lorsqu’il estima que son esprit était suffisamment clair, il se saisit de l’enveloppe et se prépara à prendre connaissance de son nombre fétiche. Il ouvrit l’enveloppe avec précaution et en retira la feuille de papier. Sur cette feuille, neuf mots étaient écrits : « plus vous jouez, plus vous vous volez vous-même ». Il était au bord de la crise cardiaque ; il était furieux. « Si Luang Pou ne voulait pas m’aider à gagner à la loterie, pourquoi ne l’a-t-il pas dit ? Pourquoi m’a-t-il insulté de la sorte ? », grognait-il. Il regretta ensuite de ne pas avoir vendu l’enveloppe lorsque tous ces gens lui en offraient un bon prix. Cependant, la paix 95 www.kalyanamitra.org

de l’esprit produite par sa méditation était toujours présente dans son être et il commença à penser : « si Luang Pou a été aussi loin juste pour me donner une leçon, cela doit signifier… que je n’aurais eu aucune chance de gagner à la loterie ». A partir de ce jour, il perdit tout intérêt pour la loterie. Ses anciens compagnons de jeu, qui avaient été plus chanceux que lui, firent progressivement faillite, l’un après l’autre. Certains ne gagnèrent plus jamais. Cer- tains gagnèrent mais la loterie refusa de les payer et ils moururent dans des règlements de compte au cou- teau. Notre disciple, lui, continua de gagner laborieu- sement et honnêtement sa vie ; des affaires réussies et les sommes économisées en ne jouant pas à la loterie lui permirent bientôt de devenir riche et de contribuer à la maintenance du temple. Il finit par réaliser que Luang Pou ne s’était pas moqué de lui plusieurs an- nées avant en lui promettant la richesse, mais qu’il avait voulu l’inciter à bâtir une fortune solide au lieu de laisser la loterie dévorer ses revenus. Luang Pou était célèbre pour l’exactitude de ses prédictions. Contrairement à d’autres, il avait le courage de faire des prédictions en public, qu’il s’agisse d’événements le concernant lui-même, concernant le temple, la nation ou même le monde. Il savait que ses prédictions étaient fiables et voulait les faire connaître afin que les personnes concernées puissent se préparer. Certains le critiquaient de risquer ainsi sa crédibilité, mais il répondait : Lorsque nous étudions les enseignements du Bouddha à une telle profondeur, nous savons 96 www.kalyanamitra.org

que ce qu’enseigne le Bouddha est la vérité*. Dhammakāya ne peut jamais tromper personne. Peu importe la vision prophétique ou la connaissance qui pouvaient apparaître à Luang Pou au cours de sa méditation, il en faisait part sans exagération ni inter- prétation. Le niveau de vie des moines s’améliorait peu à peu, parallèlement à l’augmentation de la réputation de Luang Pou et au développement de son temple. En une occasion, racontée par Son Excellence le Suprême Patriarche Somdej (Pa) Bun Punnasiri, quelqu’un vint demander à Luang Pou : « combien de kuti seront sponsorisés aujourd’hui par des parrains du temple ? » A cette époque, le Suprême Patriarche était un moine comme les autres, écoutant Luang Pou lorsqu’il rece- vait des hôtes. Luang Pou s’assit calmement durant un moment. Il ne fit rien d’autre que fermer les yeux, mais répondit : « ils vont sponsoriser cinq kuti ». Le futur Suprême Patriarche s’inquiéta pour Luang Pou. Si des donateurs venaient et sponsorisaient le nombre exact de kuti que Luang Pou avait annoncé, il n’y au- rait aucun mal. Mais que se passerait-il si personne ne venait sponsoriser de kuti ce jour-là ou si le nombre de kuti était inférieur ou supérieur au nombre annon- cé ? Cela porterait atteinte à la réputation de Luang Pou. Pourtant, quelques instants plus tard, une dame et ses amies se présentèrent et proposèrent de financer la construction de cinq kuti. Cela inspira au Suprême Patriarche, depuis lors, une pleine confiance dans la précision de Vijjā Dhammakāya. 97 www.kalyanamitra.org

Luang Pou Wat Paknam non seulement savait ce qui se passait dans l’esprit des autres mais connais- sait également le degré de maturité ou de réalisation atteint par ses disciples dans leur recherche de la per- fection*, que cette recherche se soit étalée sur un grand nombre d’existences ou qu’il ne s’agisse que d’un simple intérêt passager. Il savait quand les autres étaient proches d’atteindre Dhammakāya, sommet de la perfection recherchée durant un grand nombre d’existences. Luang Pou avait sa propre méthode pour tester la capacité des autres à atteindre Dhammakāya. Un après-midi, tandis que Luang Pou recevait des invités, un homme d’origine indienne, appelé « Bang », vint lui rendre visite, ayant eu vent de sa réputation. Il se prosterna devant lui en signe de res- pect et lui demanda si « quelqu’un comme lui », s’essayant à la méditation, avait une petite chance d’atteindre Dhammakāya. Luang Pou lui répondit qu’il avait une grande chance d’y parvenir parce que la multiplicité des actions profitables accomplies dans le passé lui avaient permis de rencontrer Luang Pou. La plupart des gens auraient pris ces mots pour une flatterie, mais Bang avait confiance dans le jugement de Luang Pou et l’interrogea encore : « en combien de jours pourrais-je atteindre Dhammakāya ? » Luang Pou s’assit pour méditer un moment et répondit : « si vous vous asseyez pour méditer une heure par jour, cela ne devrait pas prendre plus d’un mois ». Bang, déçu, répondit : « cela doit-il vraiment prendre un mois ? Je dois partir en Inde demain. Est-ce que je ne peux pas atteindre Dhammakāya dés aujourd’hui ? » Luang Pou médita encore un instant, ouvrit les yeux 98 www.kalyanamitra.org

et dit : « c’est possible, mais à certaines conditions. Vous devez méditer ici avec moi ; tant que je n’interromps par ma méditation, vous ne devez pas bouger. D’accord ? » « D’accord », accepta Bang. Luang Pou envoya Bang laver son visage, se rafraî- chir et passer aux toilettes ; il lui enseigna ensuite comment méditer, insistant de nouveau : « tant que je n’interromps par ma méditation, vous ne devez pas bouger. Si vous voulez atteindre Dhammakāya au- jourd’hui, vous devez suivre un cheminement spécial. Est-ce bien d’accord ? » Luang Pou dit à Bang de s’asseoir pour méditer. Bang fit ce qui lui était de- mandé et s’assit avec sérieux. Il voulait vraiment at- teindre Dhammakāya. Après une demi-heure, Bang jeta un coup d’œil furtif à Luang Pou et vit que celui- ci demeurait immobile. Il referma ses yeux et reprit sa méditation. Après une heure, il jeta un nouveau coup d’œil. Son propre corps était trempé de sueur. Bang persévéra. A l’issue de la première heure, Bang com- mença à trembler. Ses bras et ses jambes tremblaient parce qu’il ne s’était jamais auparavant assis pour une longue période de méditation. Bang ouvrit les yeux et regarda Luang Pou. Celui-ci restait immobile. Bang n’était âgé que de quarante ou cinquante ans. Luang Pou avait plus de soixante-dix ans. Bang reprit ses esprits en voyant le vieux moine immobile, serein, d’un aspect si radieux, ne présentant aucun signe d’inconfort, se préparer à une nouvelle heure de médi- tation tandis que son propre corps tremblait de ma- nière incontrôlée. Le tremblement cessa soudain. La sueur ne coulait plus sur son corps. Il devait être trois heures et demie 99 www.kalyanamitra.org

lorsque Bang retrouva ses esprits. Sa peau sombre prit un certain éclat. Tout inconfort disparut. La tension s’effaça et son corps se détendit. Luang Pou lui de- manda : « pouvez-vous voir clairement la luminosi- té ? » « Parfois oui, parfois non », répondit Bang. « Maintenez votre esprit à la septième base de l’esprit, au centre de votre ventre », expliqua Luang Pou. Le nombre de ceux qui s’étaient joints à Luang Pou pour méditer avait diminué ; il ne restait plus que quelques habitués. Après quelques instants, Bang dé- clara que dorénavant tout était plus clair. Luang Pou lui dit de conserver son attention au cœur de la sphère transparente, au centre de son ventre, ce qu’il appelait la sphère du paṭhama magga*. Après quelques ins- tants, Bang demanda pourquoi il pouvait se voir lui- même au centre de son propre ventre. « Allez plus profondément encore vers le centre », lui recommanda Luang Pou. « Je peux voir le Bouddha à l’intérieur de mon ven- tre », lui rapporta Bang. « C’est cela », s’exclama Luang Pou, « vous avez atteint Dhammakāya ». Cela lui avait pris de 1h à 4h du matin pour atteindre Dhammakāya. Il se prosterna devant Luang Pou avec le plus profond respect. Luang Pou lui demanda à quelle heure partait son vol, parce qu’il voulait assis- ter à son départ. Ceux qui étaient assis autour de Luang Pou s’étonnèrent de cette proposition de Luang Pou dans la mesure où ils ne l’avaient encore jamais vu accompagner quelqu’un à l’aéroport ! Trois ou quatre mois plus tard, Bang revint visiter Luang Pou, apportant un cadeau soigneusement em- 100 www.kalyanamitra.org

ballé. Il marqua son respect envers Luang Pou dans les formes habituelles et annonça : « je suis allé en Inde et j’en ai rapporté un cadeau pour vous. Pouvez- vous deviner de quoi il s’agit ? » Luang Pou rit et dit : « une pomme, justement ce que je souhaitais ». Une vague d’excitation traversa l’assemblée. Bang lui demanda : « comment se fait-il que le jour où je suis parti de l’aéroport de Don Muang, vous étiez au pied de la passerelle de l’avion et que lorsque je vous ai présenté mes respects en joignant les mains, vous avez disparu de ma vue ? » « Seul mon corps astral assistait à votre départ, le vé- ritable Luang Pou était dans le temple durant tout ce temps ! » « Et lorsque j’ai atterri en Inde, vous y étiez pour m’attendre ! » Quelques personnes s’étonnèrent que Bang ait pu at- teindre Dhammakāya à l’issue d’une unique séance de méditation. Bang confia : « j’ai vu comment se com- portait Luang Pou alors qu’il est bien plus âgé que moi et j’ai alors pensé : les soldats savent qu’ils doi- vent mourir lorsqu’ils partent à la guerre, mais ils sont néanmoins prêts à se battre jusqu’au dernier ; le seul combat que moi j’ai à mener, c’est contre l’inconfort physique ; si je ne peux gagner une bataille dans des conditions de vie normales, mieux vaut mourir ». Lorsque Luang Pou construisit l’Institut Pāli, il fabriqua 84.000 amulettes bouddhistes. Pour ce faire, il mélangea de la poudre avec de l’onguent provenant de diverses fleurs odorantes et plaça la mixture sur 101 www.kalyanamitra.org


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