A+301 Six approches de l’habitat abordable 49 A+ Chez 51N4E, quand vous envisagez des manières l’échelle des revenus. Nous sommes en quête d’un modèle de de rendre le logement abordable, vous ne raisonnez « noyau d’habitat densifié, villageois ». C’est précisément la pas tant en termes de concepts alternatifs d’habitat raison pour laquelle ces espaces partagés sont si importants : social, modeste ou équitable, ni de modèles de finance- ils constituent un mécanisme d’accueil des résidents sociaux ment ou de formes de propriété, mais plutôt sous l’angle dans le quartier. d’interventions spatiales très concrètes permettant aux gens de se rencontrer. Pouvez-vous nous éclairer sur le A+ Pour vous, un logement abordable n’est pas seule- lien que vous faites entre un espace partagé et l’habitat ment une affaire de collectivité, mais aussi d’adaptabilité abordable ? et de densification. Pouvez-vous l’expliquer à partir de certains des projets sociaux auxquels vous travaillez ? 51N4E-Cast Quand on regarde les anciens modèles d’habi- tat social – mais aussi ceux d’aujourd’hui – on se rend compte 51N4E-Cast Des modèles adaptables intelligents peuvent qu’on raisonne trop souvent sous l’angle d’un minimum de mètres carrés ou de chambres à coucher, de luminosité, transformer les quartiers existants en lieux de vie attrayants, d’aération et d’hygiène, ou encore d’isolation, de ventilation, d’énergie et de consommation. C’est-à-dire des facteurs et apporter ainsi une réponse à l’évolution de la composition financièrement ou quantitativement mesurables. C’est bien entendu très important, mais nous trouvons cette approche des ménages. Par ailleurs, les cadres de vie collectifs robustes de la construction de logements sociaux un peu trop « tech- nique ». On n’accorde que peu d’importance à l’aspect « so- offrent des opportunités de préserver le peu d’espace ouvert cial » de l’habitat social : l’importance de la cohésion entre les habitants, de la faculté à s’intégrer dans une communauté qu’on y trouve, et d’en accroître le potentiel naturel. Plus de vie. Cela nous semble particulièrement essentiel pour les habitants vulnérables d’un quartier social. Vivre dans un on densifie, plus il y a d’espace pour la verdure : un jardin logement acceptable, ce n’est pas tout. Ils ont besoin de lien, d’intégration, d’un quartier où la bienveillance règne entre partagé ou un espace de jeu boisé, un petit parc ou un abri à les gens, notamment en dehors du noyau familial. Un lieu où on peut organiser une fête de famille élargie, jouer en vélos pour le quartier. Donc oui, densification et adaptabilité, sécurité, aider les enfants à faire leurs devoirs ou simplement les accueillir après l’école, un lieu où on peut spontanément collectivité et inclusion, végétalisation et écologie vont de papoter avec les voisins. Il s’agirait de combiner les espaces individuels et partagés, pair. Elles font partie d’un grand tout, où la création d’un pour renforcer l’esprit de quartier, une architecture qui fa- çonne les quartiers. Il y a un joli mot pour ça en français : « le espace ouvert partagé est fondamentale. voisinage ». En tant que concepteurs, nous pensons d’abord en termes d’espace. Nous sommes à la recherche d’un alpha- Comme les budgets de construction des habitations so- bet architectural susceptible de favoriser les rencontres, les relations et la collectivité. Par exemple, une terrasse ou un ciales sont limités, on doit surtout se concentrer en tant jardin partagé, un escalier large, une passerelle surdimen- sionnée ou un hall d’entrée ouvert pouvant servir de pièce que concepteur sur ce qui est essentiel pour favoriser l’im- extérieure. Des lieux propices aux rencontres fortuites, et où l’on peut simplement faire ensemble des petites choses plication. Nous optons souvent pour de petites interven- du quotidien. Mais il peut également s’agir de grandes baies vitrées générant un contact visuel entre les habitants et leur tions ayant un grand impact, les plus simples et qualitatives environnement. Grâce aux espaces partagés, au-delà d’offrir aux habitants possible. C’est notamment le cas de notre projet pour la précarisés davantage de place que ce qu’ils pourraient nor- malement se payer, on leur donne également l’opportunité cité-jardin de Homborch à Bruxelles, construite en 1930 par de s’intégrer dans un quartier, de s’approprier ensemble un endroit, de former une communauté. Pour créer un voisi- la Société coopérative uccloise de construction d’habitation nage dynamique où les anciens habitants vivent avec les nouveaux, non seulement en s’acceptant, mais aussi en s’ac- à bon marché. À la demande de la Société du logement social cueillant à bras ouverts, il faut de la mixité sociale. À défaut, on obtient de la ségrégation et de la ghettoïsation, avec, à une de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB), nous y réalisons extrémité du spectre, le quartier de villas flamandes, et, de l’autre, la banlieue sociale de la capitale. L’ambition de notre 90 unités d’habitat supplémentaires (logement social et pour architecture est de rassembler les gens et de créer de la mixité sociale entre les anciens et les nouveaux habitants, chacun classe moyenne) à prix abordable. Notre premier objectif est avec son identité et son histoire, et à différents niveaux de de commémorer la qualité paysagère de la cité-jardin afin qu’elle puisse remplir plusieurs rôles à la fois. C’est pourquoi nous devons miser le plus possible sur la densification des pôles et sur de nouvelles façons de traverser le quartier. Pour cela, nous exploitons la topographie du paysage. Le mono- tone paysage de pelouses disparaît et nous le remplaçons par différents types de lieux de rencontre végétalisés : tantôt sau- vages, tantôt aménagés, un potager ou un terrain de sport, parfois entièrement accessibles au public, puis un peu plus intimes et privés. Nous travaillons en étroite collaboration avec des sociologues et architectes paysagers (Coloco) ; notre but est en effet de mettre en place « un paysage partagé » susceptible de créer une communauté Homborch. En tant que concepteurs intégratifs, nous cherchons à créer un espace de qualité pour ces habitudes et ces vécus du quotidien, un cadre susceptible de demeurer adaptable et flexible afin que de nouvelles possibilités et circonstances puissent advenir. Quand un architecte effectue une interven- tion spatiale, il est responsable pendant longtemps de ce qu’il peut se passer – ou pas – dans le nouvel espace. Pour nous, cette attitude intégrative relève également d’une démarche inclusive, et d’une profonde bienveillance. →
+50 Six approches de l’habitat abordable A 301 4 Wooncoop Wooncoop À la demande des citoyens, nous achetons des Wooncoop est une organisation autonome de bénévoles bâtiments ou des terrains, nous planifions et accompagnons rassemblés pour représenter les besoins en logement dans la rénovation ou la construction du projet de logement, et toute la Flandre. A+ a rencontré Karel Lootens, cofondateur gérons le bien en cours d’occupation – ce qui « décharge » de la coopérative créée en 2018. les habitants. Pour cela, nous avons recours à différentes sources de financement : en premier lieu, les coopérateurs A+ Pourquoi avez-vous créé Wooncoop voici cinq ans ? eux-mêmes, qui vivent dans les lieux et achètent des parts Quel était le but ? de la coopérative. Plus l’apport en capital est important, plus les conditions de location sont avantageuses. En fonc- Wooncoop L’idée est avant tout née de considérations tion de leur situation financière, les résidents déterminent sociales et sociétales : se loger est un droit fondamental. donc eux-mêmes la charge mensuelle. Cela leur permet Mais comme les logements de qualité sont de plus en plus par ailleurs d’épargner plus ou moins de capital pendant chers, c’est un rêve qui s’éloigne pour beaucoup. Ce droit la période d’occupation du logement. La famille et les amis fondamental est donc de plus en plus mis sous pression. ou d’autres non-résidents peuvent également effectuer un Chez Wooncoop, nous rêvons d’un avenir où tout le monde apport de capital. Ces personnes s’engagent alors dans un pourrait vivre dans une habitation durable et de qualité. « investissement éthique ou à impact » en achetant des parts D’après nous, pour y parvenir, il faut commencer par com- de la coopérative, et contribuent à la réalisation d’un projet bler un trou dans le marché du logement. En Flandre, il d’habitat local susceptible de rapporter un rendement annuel n’existe plus grosso modo que deux types d’habitat, aux deux de 2 %. Et ceux qui souhaitent investir sans pour autant de- extrémités du spectre : d’une part le logement (social) locatif, venir coopérateurs peuvent prêter à Wooncoop un montant et de l’autre les biens immobiliers occupés par un proprié- de 5.000 euros ou plus, avec un rendement de 2 ou 3 %, selon taire fixe et qui sont lourdement soumis à la spéculation. la durée du prêt. Nous voulons offrir une alternative, un modèle d’habitat Au-delà de vouloir résoudre les problèmes du marché du radicalement nouveau, qui ne soit plus purement perçu sous logement, nous voulons aussi générer un impact social plus l’angle du rendement et où disparaîtrait la frontière entre large. Étant donné qu’on est propriétaire avec d’autres d’une location et achat. entreprise gérée et contrôlée de manière totalement démocra- tique, on abandonne rapidement toute velléité individualiste, A+ À quoi ressemble ce modèle d’habitat alternatif ? linéaire et monétaire, pour défendre les valeurs intrinsèques que je viens de mentionner. L’intérêt personnel cède le pas à ↓ Ectv, projet d’habitat groupé Moos°Herk, Sint-Lambrechts-Herk
A+301 Six approches de l’habitat abordable 51 l’intérêt commun. C’est pourquoi, même si nos résidents ayant 5 CLT Brussels accès à un habitat de qualité malgré des revenus limités pro- Le CLT Brussels, premier Community Land Trust de Belgique gressent en pourcentage, Wooncoop préfère parler d’« habitat inspiré du modèle américain, a été créé voici dix ans, ce qui lui durable et décent » que d’« habitat abordable ». a valu de remporter l’an dernier le World Habitat Award des Nations unies. A+ s’est entretenu avec le coordinateur Geert A+ Quelle est précisément la différence entre un habi- De Pauw sur ce que l’organisation apporte à Bruxelles du point tat abordable et un habitat décent ? de vue d’une politique de logement plus inclusive. Wooncoop « Abordable » ou « payable » sont des termes A+ Qui est CLT Brussels, et que faites-vous précisément ? subjectifs : ce qu’une personne est prête à payer peut être inabordable pour une autre. C’est pourquoi Wooncoop pré- CLTB CLT Brussels a vu le jour il y a dix ans, à l’initiative fère parler de « se loger à un prix correct », ou décent. C’est d’associations et d’activistes engagés pour le droit au loge- en cela que se loger par le biais de Wooncoop devient plus ment à Bruxelles. Nous partons du principe que le logement abordable. Pour y parvenir, nous avons mis au point une ne peut rester abordable qu’en neutralisant la spéculation série de « systèmes intelligents ». Le premier – et le plus im- qui fait artificiellement flamber les prix. Pour cela, il faut portant – est que lorsqu’on habite chez Wooncoop, on se loue exclure les terrains des opérations immobilières et faire en un logement à soi-même, au véritable prix de revient. Seuls sorte de limiter la plus-value sur la vente des habitations. les frais inhérents au bâtiment et à sa gestion sont portés en Nous bénéficions du soutien de la Région de B ruxelles- compte ; ni plus ni moins. On ne mange pas à deux râteliers, Capitale, et avons aujourd’hui six projets d’habitat en cours, et le logement est soustrait à toute forme de spéculation – qui pour un total de 120 habitations. Il ne s’agit pas uniquement est l’une des causes principales de la hausse de l’immobilier. de constructions neuves : le modèle CLT est parfaitement applicable aux rénovations. Mais dans chacun de ces projets, A+ Ce nouveau modèle de logement a-t-il par ailleurs nous restons propriétaires du terrain. Les habitations sont un impact sur l’architecture et la typologie de notre en partie construites ou rénovées au moyen de subsides, mode d’habitat ? tandis que le reste provient des emprunts hypothécaires des acquéreurs. Lorsque le propriétaire d’une de ces habitations Wooncoop C’est évident. Wooncoop est pionnier à tous les veut vendre son bien, le prix de vente sera limité au prix ini- égards. On trouve bien entendu des modèles de coopératives de tial majoré de 25 % de la plus-value estimée. Concrètement, logement à l’étranger, notamment en Autriche, en Suisse et en cela signifie qu’une habitation dont la valeur était estimée à Suède. Mais on ne peut cependant pas tout simplement les co- 250.000 euros lors de la construction et ayant bénéficié de pier ; nous devons tout réinventer, en tenant compte des spéci- 50.000 euros de subsides, si elle est estimée à 290.000 euros ficités et de l’histoire de notre culture de l’habitat. Les exemples pour la vente, ne pourra être vendue qu’à 210.000 euros. C’est à l’étranger nous ont beaucoup appris sur l’architecture et la ce qui fait chez nous la différence par rapport à d’autres typologie de l’habitat collectif ou partagé : la proportion entre biens immobiliers abordables : ils restent abordables même espaces collectifs et privés, la manière de centraliser les instal- en cas de changement de propriétaire. Si on ne parvient pas lations techniques, le choix des matériaux durables à mettre à réglementer la plus-value réalisée sur la vente d’un bien en œuvre (parce qu’on s’installe pour toute la vie), ou encore immobilier, ledit bien redevient un objet de spéculation et la manière d’organiser la circulation. Nous avons constitué un les subventions octroyées par les pouvoirs publics en soutien pôle d’architectes qui veulent contribuer à façonner cette idée de l’accès à la propriété sont de l’argent jeté par les fenêtres. d’habitat progressiste et qui misent sur une architecture de qualité reliant les individus. Actuellement, Wooncoop a 26 pro- A+ Vous misez sur la propriété et non sur le marché jets en cours, dont 16 en phase de construction, notamment De locatif. Pour quelles raisons précisément ? Et à qui sont Drukkerij (Havana) à Gand, Moos°Herk à Sint-Lambrechts- destinées ces habitations CLT ? Herk (Ectv) et De Wasserij à Anvers (Stramien). CLTB Nos habitations s’adressent aux classes de revenus A+ Quels seront d’après vous les effets à long terme de ce nouveau modèle d’habitat ? les plus faibles, les personnes qui ont droit à un logement Wooncoop Actuellement, nous ne possédons pas le recul social. Nous fonctionnons avec un système d’inscription et nécessaire pour en évaluer l’impact à long terme. Mais quand on regarde les exemples à l’étranger, on voit que les coopé- des listes d’attente. Le prix de vente dépend des revenus de ratives parviennent à proposer leurs logements 20 % sous les prix du marché. La coopérative de logement exige une l’acquéreur. Nous faisons en sorte que les remboursements réflexion progressiste – pas seulement des habitants et des architectes, mais aussi des pouvoirs publics, des banques, mensuels n’excèdent pas un tiers de ses revenus. des promoteurs et des fournisseurs. Comme ce modèle est en rupture avec la logique du système existant, le processus est Nous misons sur la propriété parce que nous pensons très lent et est un travail de longue haleine. On avance pas à pas. Notre devise : mieux qu’hier, mais encore mieux demain. qu’elle offre de nombreux avantages. Posséder son habi- tation, c’est avoir une sécurité de logement, se constituer un capital, être indépendant, et c’est aussi un patrimoine à transmettre à ses héritiers, ce qui rompt la spirale de la pauvreté héréditaire. Nous croyons que notre système est un bon complément aux logements sociaux proposés par les pouvoirs publics. →
+52 Six approches de l’habitat abordable A 301 6 Triple Living Il est important de préciser que le « métropolitain » n’est Fin 2022, le promoteur de projets anversois Triple Living pas l’« hyperurbanité », mais fait plutôt référence à une sorte a inauguré une exposition consacrée à l’habitat abordable de zone urbanisée pouvant accueillir toutes les formes d’ha- et aux logements d’urgence dans l’œuvre de l’architecte bitat. Le métropolitain se concentre sur une organisation japonais Shigeru Ban, avec qui il réalise actuellement un efficace des infrastructures et des transports publics, en immeuble résidentiel à Anvers. A+ a demandé au CEO Stefan s’appuyant sur une vision urbanistique de qualité. Paeleman comment il ambitionne de rendre ou de maintenir le logement abordable en Belgique. A+ Quels sont les obstacles à la construction d’un im- mobilier abordable dans cette zone métropolitaine ? A+ Que signifie exactement le logement abordable pour vous ? Triple Living Souvent, on considère que construire bon marché est en lien avec des techniques de construction Triple Living Le logement abordable, c’est un concept et des matériaux spécifiques, ou avec une autre façon de très vaste. En collaboration avec Architecture Workroom concevoir les projets, mais il n’y a plus grand-chose à tirer Brussels, nous avons mené une étude pour tenter de cerner la de cette approche – du moins si on veut construire décem- problématique et de définir comment, en tant que promoteur ment. Il existe de nombreuses façons d’aborder les choses, de projets, nous pouvons apporter une réponse. dans différents domaines, de la construction de systèmes Actuellement, une part toujours plus grande de la popu- aux modèles de Community Land Trusts, mais il manque lation – qui se situe dans le premier, second et parfois troi- une approche systémique – une vision holistique qui crée sième quintile de revenus – n’a plus les moyens de s’acheter des liens entre différentes thématiques sociétales et où la un logement. Pourtant, nous sommes convaincus qu’être solution à un problème peut également servir de levier pour propriétaire contribue largement à lutter contre la pauvreté. en résoudre un autre. Je suis d’avis que nos plans régionaux En Belgique, nous n’avons pas de fonds de pension bien sont défaillants – du moins en partie. Ils datent d’une époque alimenté comme aux Pays-Bas ou en Suisse, et vu les loyers où la voiture était considérée comme le moyen de transport actuels, nos retraites sont trop faibles pour permettre de par excellence. Je pense qu’on s’accorde de plus en plus vivre décemment, surtout pour les catégories de revenus les à dire que c’est une erreur. Pour cela, nous avons besoin plus faibles. Nous plaidons pour des habitations abordables d’une position foncière abordable, d’une sécurité juridique à l’achat, permettant de constituer un patrimoine susceptible et d’exigences réalistes. d’être un complément à la pension et un pilier de la sécurité Les terrains sont rares, mais ce sont les différents gouver- sociale. En outre, les propriétaires améliorent généralement nements qui ont généré eux-mêmes cette rareté. Il y a trop de la qualité du voisinage étant donné qu’ils sont souvent plus projets dont les demandes de permis aboutissent, mais qui, stables, et ont un impact positif sur la cohésion sociale au en raison de procédures juridiques, finissent par ne jamais sein d’un quartier… ce qui à son tour contribue à la sécurité. être réalisables. Parfois il faut construire moins dense, moins Nous pensons que l’accessibilité à un système qui consiste haut, les habitations doivent être plus grandes, ou il faut plus à « vivre grâce à son compte d’épargne » est importante parce de verdure. Si tout cela semble bien beau, le résultat est que que cela permet de réduire la dépendance aux subventions et les terrains deviennent de plus en plus rares, avec à la clé aux primes, ce qui rend les citoyens plus autonomes. En ce des prix inabordables, de même que les produits finaux. sens, c’est un scénario gagnant. C’est en outre la vision sur L’absence de sécurité juridique, ou de clarté quant à laquelle les générations précédentes ont misé et qui a créé ce qu’on peut précisément construire, comment et à quel beaucoup de richesse dans le passé. Il importe toutefois que endroit, et les risques inhérents de procédures pouvant ces habitations soient de qualité et durent dans le temps. mettre à l’arrêt un projet de construction sont autant d’élé- Nous estimons que les bâtiments « décents » que nous fa- ments qui ouvrent la porte à la spéculation et font décoller briquons répondent à ces critères. les prix. Quant aux normes et aux réglementations qui se Bien sûr, le marché immobilier propose des habitations multiplient, elles ne font que pousser à la hausse les coûts à prix abordable, mais elles obtiennent souvent des scores de construction, et là aussi, le risque de procédures supplé- énergétiques médiocres et sont généralement situées dans mentaires ne fait qu’augmenter. Il faut du courage politique des communes mal desservies par les transports en commun pour décider de ramener certaines choses à leur essence, en et où les opportunités de travail sont faibles. Indirectement, se demandant : « De quoi avons-nous vraiment besoin ? » ces habitations sont donc très chères, vu le budget à consa- C’est la condition sine qua non pour construire des habita- crer à la mobilité et à l’énergie. En outre, ce morcellement tions décentes. de l’aménagement du territoire entraîne une raréfaction de l’espace ouvert, et le coût de l’habitat à charge de la société augmente. C’est pourquoi nous devons construire dans les Vous pouvez lire l’intégralité des interviews à l’adresse suivante : zones où se concentre l’économie. Nous devons réfléchir à la manière dont nous souhaitons que cette zone métropolitaine a-plus.be/fr/revue/affordable-housing/ fonctionne, hyperconnectée, avec des transports publics efficaces. L’extension des villes aux endroits pertinents ne doit pas être un tabou, et peut même être un levier pour plus d’espace ouvert, d’agriculture, de nature et d’eau.
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A+301 55 En 2023, A+ fête ses 50 ans d’existence ! À cette occasion, nous replongeons dans les riches archives de la revue et rééditons d’anciens articles en lien avec la thématique abordée dans la nouvelle publication. Pour ce numéro consacré au logement abordable, re- tour sur les revues A+33 (1976), A+86 (1985), A+127 (1994), A+180 et A+181 (2003), et A+187 (2004). a5n0s d’hsaobciitaalteisons
56 50 ans d’habitations sociales A+301 Avec en moyenne un article par an, la thématique du logement so- cial n’a pas souvent retenu l’atten- tion d’A+ au cours de la dernière décennie. Ce n’est pourtant pas par manque d’intérêt. Il n’y avait tout simplement pas suffisam- ment de matière pour rédiger des articles à ce sujet. En revanche, plus récemment, de nombreux regards se sont tournés vers l’ha- bitat collectif. Le numéro A+280 (2019) y était même entièrement consacré. Les nouvelles formes d’habitat collectif telles que l’ha- bitat groupé (ou co-housing) et les coopératives traduisent une prise de conscience qui ne cesse de gagner du terrain : les lotisse- ments sont devenus inacceptables en termes d’écologie, mais aussi de responsabilité sociétale. Elles apportent en outre une réponse au problème croissant des habitats de ce genre qui deviennent im- payables pour près d’un tiers des Belges. Les 50 ans d’A+ révèlent étonnamment que les problèmes et les solutions d’aujourd’hui font écho à la situation du début du 20e siècle, et indiquent aussi que les pouvoirs publics belges – quel que soit leur nombre – n’ont hé- las que rarement abordé correc- tement le problème. Pieter T’Jonck ← Dans A+33 (1976), trois auteurs font le point sur le logement social en Belgique.
A+301 50 ans d’habitations sociales 57 Dans A+33 (1976), trois auteurs avaient dressé un état des lieux de la construc- tion de logements sociaux en Belgique. À l’époque, il n’était pas encore ques- tion de formules alternatives telles que le co-housing. L’esprit coopératif, qui est à la base de la Cité moderne de Victor Bourgeois et des cités-jardins Le Logis et Floréal d’Eggerickx et Van der Swaelmen, a été passé (à tort) sous silence. Cela n’a pas empêché Marcel Smets de blâmer dans des termes affû- tés à la fois les architectes modernistes et les pouvoirs publics. Il fustigeait les architectes parce qu’ils n’accordaient pas suffisamment d’attention aux besoins réels et à la culture de l’habitat des rési- dents. Il égratignait les pouvoirs publics parce qu’ils se mobilisaient trop peu en faveur de loyers décents et abordables, et misaient trop sur l’accession à la pro- priété, même si celle-ci n’était pas à la portée d’un grand nombre. En revanche, il encensait Le Logis et Floréal parce que le niveau des infrastructures, malgré la situation isolée du quartier, présentait une hiérarchie claire de son langage ar- chitectural. Marcel Smets y voyait un point de départ pour la construction d’habitations après la guerre. Quant à la production des années 1970, à aucun moment il n’aura de propos positifs à son égard. Dans A+86 (1985), on a l’impression que quelque chose a changé. Les Ré- gions fraîchement créées prennent des initiatives remarquables. En Flandre, à l’initiative de Jo Crepain, sont créés les concours WISH qui, pour la pre- mière fois, associent les marchés de construction d’habitations sociales à un concours – et donc à des critères de qualité architecturale. Ces projets ont abouti à des logements de bien meil- leure qualité que précédemment. Jo Crepain avait toutefois soulevé à juste titre que les efforts consentis par les → Dans A+86 (1985), le quartier Hors-Château de Charles Vandenhove à Liège représente l’un des exemples notables en termes de logements sociaux et de logements abordables améliorés. →
58 50 ans d’habitations sociales A+301 architectes pour arriver à ce résultat n’étaient pas reconnus, vu les hono- raires particulièrement bas applicables aux habitations sociales. En Wallonie, il y avait les « chantiers expérimentaux ». À Liège, cela s’est notamment traduit par une petite perle d’architecture contemporaine : le quartier Hors-Châ- teau de Charles Vandenhove, qui vaut toujours un détour par la Cité ardente. Pourtant, dans le même temps, l’am- pleur des projets de logements sociaux se réduisait comme une peau de cha- grin. L’époque des projets de grande envergure tels que le Luchtbal à Anvers, la Cité modèle à Bruxelles ou Droixhe à Liège était définitivement révolue. C’est en tout cas ce qu’on pensait. En 1994, le numéro 127 consacre cependant un article d’une longueur inhabituelle à un concours de la Ville de Gand, qui vou- lait construire environ 130 habitations sociales sur le terrain de l’ancienne ca- serne Hollain. Aujourd’hui, ce serait un lieu de premier choix, mais, à l’époque, les grandes villes étaient encore dans une sorte d’état comateux après l’exode urbain des années 1960-1970. Le pro- jet gagnant (qui fut ensuite réalisé) de Willem Jan Neutelings s’inspirait de la structure du béguinage : des habitations disposées autour d’une pelouse, avec en son centre une crèche pour enfants. L’ensemble était en outre en harmonie avec le béguinage tout proche. Les projets de ce genre ont démontré que les grands ensembles, par leur qua- lité d’habitat, pouvaient ressusciter un quartier urbain. On s’est donc mis à rêver çà et là à une construction d’habitations sociales qui agirait comme levier pour la densification de centres d’habitat exis- tants. Si c’était l’ambition explicite du Ruimtelijk Structuurplan Vlaanderen, l’idée faisait également son chemin en Wallonie. Le numéro 180 (2003), consa- cré à l’habitat individuel, p résentait deux ← En 1994, A+127 a consacré un article au concours lié à l’ancienne caserne Hollain à Gand, où la Ville voulait construire 130 logements sociaux.
A+301 50 ans d’habitations sociales 59 projets de ce genre. À Courtrai, le Pra- dopark agençait autour d’une cour inté- rieure des habitations sociales à densité élevée (50 habitations/ha). À Bruges, le Pandreitje signé H averhals-Heylen était un exemple précoce d’une tentative de la Ville de créer de l’habitat abordable en optant pour une densité inhabituelle- ment élevée (90 habitations/ha). Dans le numéro A+181 (2003), sur le thème de la construction d’habita- tions sociales, le ton était toutefois clairement pessimiste. À l’occasion d’un débat, Alain Malherbe, Pascal De Decker, Pierre Blondel, Jan Maenhout et Inès Camacho constataient que les décideurs politiques considéraient tou- jours la propriété de l’habitat comme la norme, au détriment du marché locatif et surtout du marché de l’habitation sociale, et ce, dans toutes les régions. (En termes de construction d’habita- tions sociales en Europe, la Belgique fait en effet figure de mauvais élève.) Les participants au débat de l’époque avaient vu, à leur grand désarroi, com- ment les campagnes de construction ne cessaient de rapetisser, et se trouvaient souvent dans des endroits reculés, de sorte que leur rôle en tant que promo- teurs d’un renouveau urbain – qui était également un sujet brûlant – se dissipait. D’après eux, de nombreuses sociétés de logement étaient elles aussi trop décou- ragées pour encore viser la qualité. Dans A+187 (2004), Amélie M outon rédigeait un rapport à propos d’un forum consacré à la qualité dans la construction d’habitations sociales, qui s’était déroulé à Bozar dans le sillage du numéro A+181. Au-delà du constat d’un intérêt restreint des sociétés pour la qualité architecturale et urbanistique, elle pointait également du doigt la cause : avec leurs moyens limités, ces sociétés ne pouvaient déjà plus répondre à la demande. Depuis, peu de choses ont changé. Le nombre → A+180 (2003), un numéro consacré à l’habitat individuel a également présenté Het Pandreitje de Haverhals-Heylen, un exemple précoce à Bruges de logements abordables ayant une densité inhabituel- lement élevée. →
60 50 ans d’habitations sociales A+301 d’habitations sociales stagne tant en Wal- lonie qu’en Flandre. Seule la Région de Bruxelles-Capitale a fait un effort digne de ce nom, mais, dans les trois régions, les listes d’attente sont kilométriques : par- tout, il y a autant de demandes en attente que d’habitations sociales. C’est pourquoi A+ n’a récemment fait que peu de publi- cations sur les projets de construction d’habitations sociales : l’offre est tout sim- plement trop réduite. Vingt ans plus tard, les conséquences sont là : nous sommes face à une menace de crise du logement considérable due au prix élevé des terrains et des bâtiments, à un marché locatif sous-dimensionné et à un manque d’habitations sociales. (Et si ce n’est pas abuser, serait-il possible de faire quelque chose pour les honoraires scandaleusement bas des architectes ?) Ces problèmes seraient fortement ré- duits si les pouvoirs publics stimulaient un marché locatif fort, de qualité, en étendant l’offre de logements sociaux à un groupe plus large que les seules personnes précarisées. Les locataires disposant de revenus supérieurs pour- raient venir renforcer financièrement les sociétés de logement tout en remédiant à la ghettoïsation des quartiers sociaux et en contrant la surchauffe du marché du logement. Ce genre d’opération, au-de- là d’être un puissant stimulant écono- mique, favoriserait également la densi- fication urbaine. Les pouvoirs publics ne sont même pas tenus d’être seuls à la barre : comme dans les années 1920, ils pourraient travailler avec le secteur privé – par exemple des coopératives de logement et des habitats groupés. Cela diluerait la charge financière. Et, last but not least, cela atténuerait les pro- blèmes de logement auxquels les jeunes sont les premiers confrontés. Ce genre de mesure serait en outre un argument électoral très performant. Alors, qu’at- tend le monde politique ? ← Dans A+181 (2003), consacré au logement social, le ton est carrément pessimiste. Le numéro dénonçait le fait que les politiciens considéraient toujours l’occupation par le propriétaire comme la norme, au détriment du marché locatif, et surtout du marché du logement social. Vous voulez en savoir plus sur les archives d’A+ ? Avec un abonnement A+ More, vous bénéficiez d’un accès gratuit à l’ensemble des archives d’A+, incluant toutes les revues de 1973 à nos jours ! Voir a-plus.be/fr/abonnement
A+301 61 Discrétion assurée Remplacement des fenêtres. La pose en rénovation sur cadre simplifie radicalement le remplacement d’anciennes fenêtres aluminium ou PVC. La rénovation énergétique des bâtiments est une tâche herculéenne. En Europe, elle progresse à un rythme de 1 % par an, ce qui est beaucoup trop peu. Pour l’accélérer, il faut recourir à des procédés intelligents, comme la méthode Finstral de rénovation sur dormant conservé PVC ou aluminium, qui simplifie considérablement le remplacement des fenêtres vétustes. Pour l’illustrer, un projet de rénovation de 1 359 fenêtres dans un quartier périphérique d’Erfurt en Allemagne. La pose en rénovation sur dormant PVC ou aluminium Le projet en bref : remplacement des fenêtres conservé Descriptif trois immeubles d’habitation de trois étages, pour un total Silencieuse, propre et sans échafaudage, cette méthode Intervention de 144 logements innovante de pose en rénovation simplifie et accélère le remplacement de 1 359 fenêtres remplacement des fenêtres en PVC ou en aluminium des années 1970, 80 et 90. Le dormant n’étant ni arraché, Localité Erfurt, Allemagne ni découpé, l’opération ne nécessite pas le démontage des systèmes d’isolation thermique ni le retrait des Année de construction 1972 (le dernier remplacement de fenêtres remontait à revêtements de façade existants. Rien ne change Année de rénovation début 1990) au niveau de la mise en œuvre sur le support et les 2021 dimensions de la surface vitrée restent les mêmes, ce qui signifie qu’il n’y a aucune perte de luminosité. À l’intérieur, Partenaire Finstral Gebrüder Allendorf, gebr-allendorf.de la fenêtre à ouvrant caché Nova-line qui vient recouvrir l’ancien dormant est disponible en différents matériaux : Durée des travaux trois mois PVC, aluminium ou bois. de rénovation six poseurs Effectifs mobilisés Fenêtres FIN-Window Nova-line 77 PVC-PVC, extérieur et intérieur Finstral 01 blanc extra-lisse, aérateur de fenêtre PassiveVent Mini, vitrage à légère protection solaire Mediterran 3 côté sud ↓ Avant le remplacement… ↓ … après le remplacement : l’aspect extérieur des fenêtres n’a pas changé. Plus d‘information finstral.com
It’s the62 A+301 ↘ Plusoffice – Citytools, plan d’aménagement directeur du quartier productif Heyvaert, Bruxelles : combinaison d’une vision stratégique des p rincipales structures (canal et route de la Senne) avec des règles de construction précises pour le développement futur de ce quartier résidentiel central à usage mixte de la ville. finance, stupid!
A+301 L’architecture ne peut pas résoudre la crise du logement 63 Pour que l’habitat reste abordable, on s’intéresse souvent permis de construire plus rapidement, pour des habitations à la manière de construire. Peut-on construire plus petit, plus denses et plus petites afin de réduire les coûts – n’a ou moins cher ? Pourtant, ce n’est qu’un emplâtre sur généré aucune différence. Au contraire, il a peut-être mené une jambe de bois. Le nœud du problème ne se situe pas au résultat inverse puisqu’il a souvent abouti à une situation dans le coût du bâtiment, mais dans le fait que le terrain « less value for more money » – moins bien et plus cher. soit un objet de spéculation. Intervention de l’État dans Kristiaan Borret, Ann De Cannière, Jean-Guy Pecher, Frederik un marché défaillant Serroen L’augmentation des prix du logement touche également la Quand les prix des matériaux vont-ils cesser d’augmenter ? classe moyenne. Les parents se rendent compte que leurs Est-il indispensable que les exigences de durabilité soient enfants ne pourront plus se loger comme ils l’ont toujours si élevées, vu leur effet sur le coût d’une construction ? Les fait. Cette situation est perçue comme une injustice dans la architectes ne peuvent-ils pas créer des projets moins chers ? mesure où, au siècle dernier, ils avaient intégré l’idée que les Faut-il différer les finitions, comme c’est le cas dans les habi- générations suivantes seraient, en principe, plus prospères. tations casco ou à parachever ? Par ailleurs, si tout le monde Pourtant, la crise s’était déjà annoncée avec virulence dans sait que les Belges vivent dans des espaces trop grands, il les catégories de revenus les plus faibles. Bruxelles ne fait pas reste encore à apprendre à nous contenter de moins, a fortiori exception et souffre déjà d’une pénurie du logement depuis lorsque des critères de budget entrent en considération. Qu’en un certain temps. Ces dix dernières années, la liste d’at- est-il des nouvelles formes d’habitat telles que le micro-loft ? tente pour un logement social a atteint près de 50.000 mé- Ou l’habitat groupé ? nages, soit 10 % de la population bruxelloise. Sans parler des Ces idées sont des écrans de fumée qui masquent le vé- 5.000 sans-abri qui vivent dans les rues de la capitale – et ce ritable problème : l’immobilier résidentiel est devenu un n’est qu’une estimation ! produit financier qui surfe sur la spéculation foncière. Quant Quand le marché est défaillant, l’État doit intervenir. En aux mécanismes financiers tels que les faibles taux d’intérêt l’occurrence, il s’agit de protéger le droit fondamental au et l’avantage fiscal lié aux emprunts hypothécaires, qui ont logement. Cela commence par l’obligation de construire des stimulé la hausse des prix, ils jouent, eux aussi, un rôle non logements sociaux. Dans le plan d’aménagement directeur négligeable. En comparaison, l’augmentation du coût d’une pour le quartier Heyvaert à Anderlecht, par exemple, un construction n’a qu’un effet très réduit. Même quand les minimum de 25 % d’habitations sociales a été imposé pour architectes, promoteurs et entrepreneurs réussissent à limi- tout projet à partir de 2.000 m2, et ce, également dans le ter le prix de conception et d’exécution d’une construction, cadre de projets privés. Ceci s’applique donc à chaque de- l’économie réalisée est parfois engloutie dans la financiari- mande de permis à partir de vingt appartements environ. Il sation du marché résidentiel, à l’instar de l’aide au logement serait judicieux de généraliser ce genre d’obligation sur tout en Flandre qui n’a eu aucun effet modérateur sur les prix. le territoire de la Région bruxelloise, car cela permettrait Le plaidoyer tenu par les promoteurs– à savoir obtenir des d’accélérer la construction de logements sociaux, surtout dans les communes qui sont généralement très réticentes. → ↘ Atelier avec les acteurs de la communauté autour de divers projets pour le quartier Heyvaert. © Citytools – Plusoffice, PAD Heyvaert
+64 L’architecture ne peut pas résoudre la crise du logement A 301 ↑ ↘ Le projet Tivoli signé V+ et Hbaat montre comment, grâce à l’ambition du CLTB, des projets dotés d’une forte personnalité architecturale voient le jour. Il s’agit de la construction de vingt-deux logements sur une parcelle d’angle située à l’entrée de Tivoli Green City à Laeken, la dernière parcelle constructible de cet éco-quartier.
A+301 L’architecture ne peut pas résoudre la crise du logement 65 Dissocier terrain et bâtiment un système de tarification adapté aux revenus. Ce modèle La première stratégie consiste à ne pas mettre sur le marché permet à des habitants à revenus modestes d’acquérir des les terrains appartenant aux pouvoirs publics, mais plutôt logements de qualité à un prix abordable : en moyenne 40 % de faire en sorte qu’ils restent dans leurs patrimoines par le de moins que dans le marché privé. En cas de revente, le biais d’une emphytéose. Citydev, le promoteur immobilier prix est plafonné pour que l’avantage obtenu lors du premier public de la Région bruxelloise, développe notamment des achat soit transmis à l’acquéreur suivant, ce qui assure la logements pour les ménages à revenus moyens et les vend pérennité du système. individuellement jusqu’à 20 % en dessous du prix du marché Dans ses projets, le CLTB cherche également à créer de la grâce à un subside. Dans les prochaines années, Citydev pro- cohésion sociale. Il implique étroitement les habitants et les posera une habitation sur cinq via un système d’emphytéose. associations locales dans l’élaboration des projets. Sous leur D’abord afin d’éviter que le patrimoine public ne soit morcelé impulsion, les projets du CLTB deviennent des laboratoires entre différents particuliers, mais aussi, à long terme, pour pour de nouvelles formes d’habitat, par exemple en intégrant garantir que les pouvoirs publics soient à nouveau partie un service de soins aux personnes, ou en choisissant de prenante à l’expiration de l’emphytéose. Cela permet de construire en misant sur la circularité. soustraire la valeur foncière du système spéculatif du mar- ché. Malheureusement, ce changement de cap favorable n’a Une architecture de caractère pas encore beaucoup d’effets visibles. Le projet Tivoli signé V+ et Hbaat montre comment, grâce à l’ambition du CLTB, des projets dotés d’une forte personna- Community Land Trust Brussels lité architecturale voient le jour. Il s’agit de la construction La deuxième stratégie mise en œuvre à Bruxelles consiste à de vingt-deux logements sur une parcelle d’angle située à dissocier totalement la propriété du sol de celle des briques. l’entrée de Tivoli Green City à Laeken, la dernière parcelle C’est l’approche adoptée par le Community Land Trust constructible de cet éco-quartier. Les architectes ont choisi Brussels (CLTB) (voir p. 51) dans une dizaine de projets de créer des appartements dans trois volumes distincts, afin achevés ou toujours en cours, dont les quatre plus récents que les différents types de logement soient rationnellement ont fait l’objet de concours accompagnés par le BMA. Le superposés. Cela engendre aussi un rythme dans la rue, avec CLTB est un organisme subsidié par la Région bruxelloise, une grande porosité, des variations de hauteurs, et ainsi mais dont les organes de gestion sont composés de pouvoirs s’établit une subtile transition entre les maisons étroites du publics, d’habitants et de simples membres. Il applique le tissu bruxellois et les blocs plus massifs du nouveau quartier. modèle du Community Land Trust, qui existe depuis près Au rez-de-chaussée du premier bâtiment sont aménagés de cinquante ans sous différentes formes à travers le monde. des duplex avec un jardin, et, dans les deux autres, deux es- À Bruxelles, le CLTB développe des projets de logement paces collectifs. Plus haut, on trouve une toiture végétalisée, où le sol est considéré comme la propriété collective de la une terrasse collective et un espace récréatif. À travers cet communauté, tandis que les bâtiments sont vendus suivant agencement s’incarnent les valeurs de diversité et d’identi- → → V+ et Hbaat ont choisi de loger les habitations dans trois volumes distincts, en empilant rationnellement les différents types de logements les uns sur les autres.
+66 L’architecture ne peut pas résoudre la crise du logement A 301 fication à son logement que défend le CLTB. Le traitement Le canton se porte garant des prêts hypothécaires et a intro- collectif et poreux du socle ainsi que les toitures joyeusement duit un système de contrôle principalement financier à long habitées apportent de la cohérence à ce jeu délicat de nuances. terme pour le choix des locataires, sélectionnés en fonction En phase de conception, le CLTB attache une grande de leurs revenus. Cependant, il délègue la réalisation et la importance à la cohésion du groupe des futurs habitants. L’ar- gestion des habitations à des instances non publiques : les chitecture reflète cette intention : tout est mis en œuvre pour coopératives. Le système semble plus émancipateur que la favoriser leur vie collective. Cela commence bien entendu par construction classique de logements sociaux. Ainsi, on a la mise à disposition d’un local commun de qualité, niché au vu des groupes concevoir des projets au caractère affirmé, cœur du projet et qui s’ouvre sur un espace extérieur reliant le et quelques coopératives se sont professionnalisées, telles jardin à la rue. Cela se poursuit par la qualité et le surdimen- que la Codha (Coopérative de l’habitat associatif). L’effet sionnement des zones de passage, qui peuvent ainsi favoriser est considérable puisqu’entre 2010 et 2022, la part des coo- la rencontre et la convivialité. L’activation des toitures joue pératives dans le marché du logement genevois est passée elle aussi un rôle fondamental à cet égard. Enfin, la conception de 2 % à 5 %, l’objectif étant d’atteindre les 10 %. Comme à des espaces collectifs fonctionnels – tels que les abris à vélo, Zurich, la présence d’un troisième pilier sur le marché du les cages d’escalier ou les accès – favorise leur appropriation logement a un effet modérateur sur les loyers qui, dans un par la collectivité, tout en respectant l’intimité de chacune et modèle coopératif, restent stables et ne suivent pas l’évo- chacun. lution du marché privé. Cet effet va encore se renforcer à l’avenir puisque dans ce modèle, la propriété n’est plus un Faisabilité objet de spéculation. L’exemple de Genève prouve qu’il est Une troisième stratégie consiste à faire de la coopérative possible d’agir sur le marché, et qu’une autre politique est de logement un pilier à part entière. Celui-ci se situe à la possible en matière de propriété foncière et de logement. charnière entre le logement social locatif et l’acquisition d’un Cette nouvelle politique est soutenue par les partis de gauche bien. À cet égard, le canton de Genève est un exemple éclai- comme de droite, qui veulent éviter que Genève ne devienne rant pour la Région bruxelloise. Le mouvement coopératif le « Monaco du lac Léman ». à Genève n’a pas suivi la même voie que celui de Zurich et, Quelles que soient les bonnes intentions en matière d’in- jusqu’à il y a une dizaine d’années, était même quasiment ventivité architecturale, à défaut d’une politique foncière inexistant, puisque le canton menait principalement une ou de mesures légales adéquates, il est actuellement très politique de logement social. Mais en 2007 est promulguée difficile de garantir des habitations abordables. L’architec- une loi sur la construction de logements neufs, à travers ture ne résoudra pas la crise du logement. En revanche, il va laquelle les pouvoirs publics soutiennent les coopératives falloir oser s’en prendre au système financier qui sous-tend de logement dans la première couronne de la ville. Depuis le marché du logement. 2010, des terrains sont systématiquement mis à disposition de ces coopératives et un soutien financier leur est accordé. En collaboration avec ↘ Au rez-de-chaussée, le premier bâtiment contient des appartements en duplex avec un jardin, et les deux autres les espaces collectifs. Plus haut, il y a un toit végétalisé, une terrasse collective et un espace de détente.
VOUS, LAURÉAT·E DE L’APPEL À PROJETS RENOLAB.B ? C’EST POSSIBLE ! Projet du bureau Ici Architectes sélectionné pour les volets Conception et Exécution DATES CLÉS Venez à la séance d’information du 25 avril, 25 avril découvrez les projets primés en 2021 et en 2022 et soumettez le vôtre ! Mise à l’honneur des projets lauréats « Une aide financière, une véritable mieux informés sur la rénovation durable, 2021 et 2022 et vitrine et un incitant à pousser la réflexion circulaire, les matériaux, les entreprises séance d’information durable et circulaire plus loin » voilà et les plateformes du secteur. Nous nous sur RENOLAB.B et comment Aurélie Maes, l’une des quatre sommes convaincus de l’importance de RENOLAB.ID, l’autre architectes du bureau Ici Architectes, nous libérer du béton et des dérivés du volet de l’appel à projet définit RENOLAB.B, l’appel à projets qui pétrole, de voir plus loin que notre propre qui stimule l’innovation soutient la conception et/ou la réalisation utilisation du bâtiment », explique-t-elle. circulaire et durable pour de projets de rénovation durable et rendre la rénovation plus circulaire en Région de Bruxelles- En plus d’une aide financière pouvant abordable et aisée. Capitale. aller jusqu’à 15 000 € pour le volet Conception et 150 €/m2 pour le volet 15 mai Leur projet ? La rénovation d’un intérieur Exécution, RENOLAB.B propose aussi d’îlot pour accueillir leurs bureaux et un accompagnement de la conception Échéance de remise des équipements publics. « Nous avions jusqu’au chantier, un soutien à des candidatures certaines habitudes de travail… Avec l’innovation, un test d’outils et une mise RENOLAB.B RENOLAB.B, nous sommes aujourd’hui en réseau. 15 juin Sélection RENOLAB.B > Inscription sur renolab.brussels
+68 Vers.a, Biestebroeck, Anderlecht A 301 Depuis longtemps, la communauté d’Anderlecht est étroi- tement liée aux industries installées sur les berges du canal Bruxelles-Charleroi. Celles-ci sont aujourd’hui largement accessibles aux cyclistes et aux promeneurs, mais, au quai de Biestebroeck, une zone d’activité industrielle – avec Un notamment un fournisseur de matériaux de construction et une brasserie – sépare encore les maisons mitoyennes en briques du canal Juste au début de cette bande, le bu- reau d’architecture Vers.a, à la demande de la commune d’Anderlecht, a réalisé un charmant bâtiment qui s’adapte habilement aux conditions difficiles d’une zone située entre un quartier d’habitation et une zone industrielle. dialogueTim Peeters – Photos Stijn Bollaert
A+301 Vers.a, Biestebroeck, Anderlecht 69 L’esthétique soignée du bâtiment est le principal atout d’un habitations tournent le dos. Ce contexte requiert un trialogue projet qui offre non seulement de l’espace, mais aussi de avec les alentours : le front demande une façade appropriée la lumière qui inonde les habitations par de grandes baies orientée vers une cour accessible au public, tandis que, de vitrées offrant de splendides vues sur la zone urbaine du part et d’autre, le nouveau bâtiment doit s’harmoniser à canal. Avec ce bâtiment construit sur un ancien terrain vague deux rues de natures très différentes. Le bâtiment réalisé à l’angle de la rue de Biestebroek et du quai de Biestebroek, peut donc également être lu comme une transition entre la un endroit ouvert de la ville a désormais trouvé une fonction rythmique d’une rangée typique de façades anderlechtoises équilibrée. Le projet qui, à première vue, pourrait sembler et celle du joyeux méli-mélo d’appentis, boxes de garages et simple est en réalité un geste urbanistique marquant, sans murs de jardin qui jouxtent le quai de Biestebroeck. toutefois se soustraire à son environnement immédiat. L’envie de réagir à la diversité des contextes a abouti à Kobe Van Praet, cofondateur de Vers.a, explique qu’une une série d’interventions qui, bien que motivées par une étude minutieuse de l’esthétique a été nécessaire pour trou- intégration urbaine, augmentent par ailleurs la qualité des ver le bon équilibre entre la volonté de se démarquer et celle habitations. Un léger pli dans le bâtiment du côté de la rue de s’intégrer. Cela s’explique principalement par l’emplace- de Biestebroeck crée une rupture dans un plan de façade trop ment insolite de la parcelle, une charnière entre un quartier long, et, grâce au recul de la masse ainsi produit, il y a désor- résidentiel et la berge du canal industriel, auquel toutes les mais la place requise pour un petit auvent triangulaire qui → ↓ Vers.a a dessiné un bâtiment de façade sur un terrain précédemment abandonné à l’angle de la rue et du quai de Biestebroeck. La conception, qui pourrait sembler simple, est un remplissage équilibré de l’espace ouvert de la ville. à trois → L’espace ensoleillé donne aux maisons une allure qui semble ne pas correspondre à la gamme de prix et à l’emplacement des appartements. La qualité atteinte est la preuve de la valeur d’un processus dans lequel le concepteur et le client ont toujours cherché ensemble des domaines d’amélioration.
+70 Vers.a, Biestebroeck, Anderlecht A 301 marque l’entrée commune. En outre, en haut à gauche de la occupe un étage entier, une seule cage d’escalier partagée même façade, un renfoncement agit comme médiateur avec n’est pas suffisante, mais les habitants peuvent admirer le la ligne des toits des maisons voisines, tout en fournissant lever et le coucher du soleil depuis leur séjour, qui s’étire un balcon (fût-il minuscule) à la chambre située à l’arrière. sur toute la façade avant du bâtiment. Cet espace baigné de L’opération la plus intéressante se situe toutefois du côté du soleil confère aux habitations une allure qui semble ne pas quai ; ici, l’intégration dans l’incohérence des façades arrière correspondre à la catégorie de prix et à l’emplacement des se fait en retirant quelques morceaux de la masse construite appartements. La qualité obtenue est une preuve convain- pour y créer des espaces extérieurs : un jardinet pour l’habi- cante de la valeur d’un processus où, d’après Kobe Van Praet, tation adaptée PMR au rez-de-chaussée, une vaste terrasse l’architecte et son client ont toujours cherché ensemble les en toiture pour l’appartement du dessus, et deux balcons points à améliorer. intérieurs pour les habitations des étages intermédiaires. Entre-temps, de l’autre côté du canal, s’élève un quartier Cette approche permet d’exploiter au maximum une contra- de nouvelles constructions de plusieurs centaines de milliers diction intéressante : bien que les autres bâtiments de la rue de mètres carrés, conçu selon un modèle d’autonomie à de Biestebroeck tournent complètement le dos au canal, c’est grande échelle : City Dox. Le contraste entre les deux nou- précisément l’arrière de l’îlot – le côté négligé – qui bénéficie veaux projets de construction sur des rives opposées du canal des plus belles vues ainsi que du meilleur ensoleillement (en ne pourrait être plus grand : là où Vers.a a explicitement cher- matinée). En plus d’imiter l’esthétique présente sur place, la ché une approche visant à s’intégrer dans l’environnement solution choisie la hisse au rang d’instrument permettant immédiat, à l’intérieur et entre les gigantesques blocs blancs d’optimiser les conditions sur le site et aux alentours. Grâce de City Dox, c’est tout un nouveau monde tourné vers lui- au traitement appliqué à ce côté du bâtiment, ce dernier pivote même qui voit le jour. Si la proximité de ces deux extrêmes en direction de la lumière et de l’air, et il accède à ce qu’on dans le spectre de la nouvelle construction urbaine invite pourrait qualifier de face arrière représentative. à approfondir la réflexion, on peut d’ores et déjà conclure Un plan d’étage simple, mais efficace vient compléter les que les habitants des logements de la rue de Biestebroeck interventions susmentionnées. Comme chaque habitation n’auront rien à envier à leurs voisins d’en face. Coupe Aa 0 2 4m Aa Niveau 0 02 5 10m Architect Programme Structural engineering 0 2 4m Vers.a Construction of 4 social housing JZH&Partners Total floor area units Website Building physics 562 m2 Procedure versa-architecture.be JZH&Partners Budget Competition with Brussels Project name Government Architect (BMA) Lead contractor € 1,260,415 (excl. VAT and fees) Biestebroeck Client Gillion Construct Location Municipality of Anderlecht Completion Biestebroeckkaai, Anderlecht October 2017 (Brussels)
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72 A+301 Logement 2.0
A+301 Artau, Logement Arc, Liège 73 Depuis une vingtaine d’années, des sociologues comme Life, un programme de co-living dans l’un des « paque- Monique Eleb nous éclairent sur les profondes évolu- bots » du Val-Benoît. Un projet qui enthousiasme par tions contemporaines de la notion de foyer et sur les sa justesse architecturale, mais nous livre une question transformations domestiques inévitables qui en dé- au goût amer : doit-on laisser le logement 2.0 aux mains coulent. À Liège, prenant fermement ce tournant, le des promoteurs ? projet Arc expérimente de nouvelles formes de coha- bitation en grandeur nature. Les architectes d’Artau Elodie Degavre – Photos Caroline Dethier y ont habilement inséré, pour le compte du promoteur ↓ L’ancien Institut de mécanique sur le site universitaire du Val-Benoît à Liège a été transformé par Artau en un projet de cohabitation, avec pas moins de 232 micro-logements de 35 à 55 m2 et un large éventail d’équipements communs.
+74 Artau, Logement Arc, Liège A 301 C’est un site qui draine des ambitions folles depuis des de la Meuse. La gloire du campus est courte : la Seconde décennies. Le Val-Benoît annonçait, à son inauguration en 1938, les lendemains prometteurs de l’industrie wallonne. Guerre mondiale y provoque des dégradations que la recons- L’Université de Liège (ULiège) y formerait ses meilleurs ingénieurs en mécanique, métallurgie et mines, et leur truction ne suffira jamais à endiguer. Le Sart-Tilman, qui réputation dépasserait nos frontières. Sur l’ancien domaine abbatial qu’elle acquiert, l’ULiège envisage une architecture sort de terre en 1967, amène le Val-Benoît à se vider progres- à la hauteur de l’audace : Puters, Moutschen, Duesberg et Burton sont invités à concevoir des bâtiments aussi perfor- sivement. S’ouvre alors un nouveau chapitre : le Val-Benoît mants qu’élégants. Ils convoquent l’esprit du Bauhaus, du Corbusier et du modernisme néerlandais dans de grandes devient une star de l’Urbex, pratique d’exploration urbaine structures qui, tant par leurs dimensions que par leurs ex- croissances, évoquent d’austères paquebots parqués le long transgressive, consistant à parcourir et à photographier des bâtisses abandonnées. Différents sites web, tous plus fascinants les uns que les autres, documentent de façon remarquable les splendeurs passées de ces architectures modernes, ainsi que les dernières traces de leurs usages : éprouvettes, appareils de mesure et mobiliers dessinés spé- cialement pour les scientifiques. → Coupe Aa 0 5 10 15 m aA Niveau 0 0 5 10 15 m 02 10 20m Architect Collective spaces: a projection Structural engineering Total floor area room, a multifunctional space, a Artau architectures wellness area with hammam, sau- Lemaire Ingénieurs 14,500 m2 na and rest area, a fitness room, Website a kitchen with its shared dining Service engineering Budget room and a bar with a rooftop. artau.be Creteq € 12,500,000 (excl. VAT and fees) Procedure Project name Acoustics Product/Supplier Direct Commission Résidence ARC Bureau De Fonseca Schüco (window frame), Client Skylux (ventilation system), Location Sustainability Gyproc (light weight partition) Life Rue Albert Duesberg, Liège Lemaire Ingénieurs Interior architect: Programme Lead contractor Studio Contekst Renovation of the former Val Moury Construct Benoit Mechanical Institute into 232 co-living units on 3 floors. Completion June 2021
A+301 Artau, Logement Arc, Liège 75
+76 Artau, Logement Arc, Liège A 301 Aujourd’hui, le Val-Benoît entame une énième vie, dédiée contrats courts, expatriés, doctorants … et quelques personnes au développement économique de la province : SPI y est le âgées qui font ce choix par peur de l’isolement. propriétaire majoritaire. Seule exception, l’ancien Institut de Passons outre l’affichage décomplexé de ce caractère mécanique a été racheté, et c’est intrigant, par un promoteur commercial… car le projet propose une rencontre réellement anversois intéressé d’y développer Arc, un projet de « co-li- adéquate entre une structure préexistante et une nouvelle ving ». Ce projet reste unique en Belgique à ce jour, tant par sa typologie de logements. Le co-living a trouvé chaussure à taille que par son programme : il rassemble 232 micro-unités son pied, dans un bâtiment dont les proportions n’étaient, de 35 à 55 m2, habitées par des personnes majoritairement au départ, pas favorables à de l’habitat : grands plateaux et seules, de 17 à 73 ans, bénéficiant d’une offre diversifiée d’es- hauts plafonds, espaces de circulation surdimensionnés. paces partagés. Ce qu’on ne peut faire chez soi faute de place, Artau dit avoir « écouté le bâtiment », et on les croit. En on le fait en communauté : plusieurs locaux sont dédiés au proposant des studios qui exploitent les grandes hauteurs bien-être – sauna, fitness, yoga –, d’autres sont dédiés au tra- sous plafond en duplex, et en glissant les espaces partagés vail – bibliothèque collective équipée d’une salle de réunion dans les coins anguleux, Artau fait preuve d’une belle agi- isolée – d’autres encore aux loisirs festifs : salon de cinéma et lité. La démolition des amphithéâtres, situés au cœur du cuisine commune. Deux lavoirs et un garage à vélos viennent bâtiment, donne lieu aujourd’hui à une cour généreuse : compléter ce catalogue. On vante ici les mérites d’un budget on y découvre de belles façades en béton lavé, tramées de maîtrisé, « all inclusive » : le logement est proposé sous la forme grandes baies carrées. Du côté de la rue, les briques jaunes d’un « package » locatif – en moyenne 700 € – qui inclut l’accès rénovées, marqueuses d’une époque, rétablissent le cachet aux espaces communs et les charges. Pour les vrai·e·s nomades du bâtiment. À l’intérieur, c’est le squelette qui est mis en urbain·e·s, il est possible de louer en sus un assortiment de valeur : visible tant dans les espaces communs que dans les meubles, et chacun·e peut choisir le look de son intérieur, dé- studios, il est le digne témoin de l’architecture rationnelle du cliné en trois versions par les architectes d’intérieur Contekst. Val-Benoît. La rénovation semble juste, efficace : elle tient L’extrême compacité des studios exclut d’office les foyers de sur ces quelques choix, qui révèlent les qualités, simples et plus de deux personnes : ce sont les jeunes professionnels qui franches, du bâtiment d’origine, tout en offrant une réponse sont visés ici. Le développeur envisage le co-living comme le adéquate à un programme inhabituel. maillon manquant dans le parcours immobilier d’une classe Terminons par une rêverie. Pour qui a lu les propositions privilégiée : après le passage en kot étudiant, puis en colocation, anarchi-tecturales de Hans Widmer, l’Institut de mécanique le co-living devient le marchepied manquant avant l’acquisition rénové est le contenant idéal pour le « Bolo’bolo », modèle d’un bien ou l’installation en couple. On s’effraye un peu de de communauté égalitaire, travaillant et vivant sous un cette normalisation des parcours de vie ; n’existe-t-il pas bien même toit, qui s’apparente au logement coopératif suisse. d’autres cas de figure et besoins ? Fait-on « communauté » avec À l’inverse d’Arc, cette utopie accueille en son sein une autant de profils similaires ? On s’effraye encore plus lorsque grande diversité de parcours personnels et son économie la présentation des services et options se clôture fièrement d’échelle est dénuée d’objectifs de rentabilité. Elle propose par : « C’est le Netflix du logement. » Néanmoins, il faut bien un mode de vie, pas un produit. Continuons de rêver : et si l’admettre au vu du succès du modèle : la demande existe, et, nos patrimoines singuliers, ingrats, issus de l’industrie et du depuis deux ans, Arc, rempli à craquer, accueille toutes sortes tertiaire, nous montraient la voie vers le véritable logement de situations de transition qui forcent à nuancer l’analyse. Ha- accessible, le logement 2.0. ? bitent là, personnes en cours de divorce, jeunes professionnels à ↘ L’extrême compacité des studios est compensée par des espaces communs. Après les logements d’étudiants et les appartements partagés avec des amis, le « cohabitat » est l’étape intermédiaire qui manque avant d’acheter son propre logement.
Rénover avec respect La métamorphose de l’ancien institut de mécanique Val-Benoît à Liège a permis de redonner au bâtiment son lustre d’antan. Les utilisateurs de ces unités résidentielles durables disposent d’un cadre de vie unique et fonctionnel grâce à l’application de produits adéquats. Schüco a donc des solutions pour chaque exigence : de la rénovation traditionnelle à la nouvelle construction minimaliste et du classique au moderniste. www.schueco.be
78DensificatioA+30n1 ↘ Le Kolderbos est un quartier de près de 64 hectares situé juste au sud du centre-ville de Genk. Plus d’un millier de logements sociaux y ont été construits entre 1964 et 1975 ; immeubles de grande hauteur, à quatre étages, mais aussi bungalows et maisons. et
A+301 Metapolis, Master-plan Kolderbos, Genk 79 La Ville de Genk souhaite, en concertation avec ses habi- Le quartier de Kolderbos couvre près de 64 ha au sud du tants, développer un master-plan pour la revalorisation centre de Genk. Entre 1964 et 1975, plus de mille habitations du quartier Kolderbos. Une équipe pluridisciplinaire sociales y ont été construites sous forme de tours résiden- constituée autour de Metapolis a imaginé une méthode tielles, immeubles de quatre étages ou encore bungalows pour y parvenir, en modifiant le schéma des rues et en et maisons unifamiliales. Ces dernières appartiennent au- augmentant la densité par de nouvelles habitations, jourd’hui en grande partie à des particuliers. Le quartier tout en désartificialisant les sols et en augmentant les compte actuellement 1.210 unités d’habitation, pour environ zones vertes. 2.865 habitants. Huit cents de ces unités sont des habitations sociales mises en location par la société de logement social Anne Malliet – Photos Tim Van de Velde Nieuw Dak. Ces dernières années, les infrastructures du quar- tier, les routes, les trottoirs, les parkings et les espaces verts ont déjà été rénovés en différentes phases, et, depuis un certain temps, Nieuw Dak a entrepris de rénover son patrimoine. → ↘ Master-plan de Metapolis : une alternance de rues résidentielles et de jardins communaux, avec préservation des arbres existants. végétalisation
+80 Metapolis, Master-plan Kolderbos, Genk A 301 Au classement de l’indice de bien-être des grandes villes Ruth Soenen, ces « populations d’appartements » consti- flamandes, Genk arrive à l’avant-dernière place (2015, tuent une communauté plus urbaine, dont les membres se Statbel). Au Kolderbos, les chiffres sont encore plus pro- rencontrent spontanément au quotidien – et, s’ils le sou- blématiques que la moyenne de Genk, avec une proportion haitent, s’évitent parfois. L’anthropologue formule égale- plus importante d’élèves en retard scolaire et de chômeurs ment un objectif pour l’avenir : respecter l’esprit de village peu qualifiés. Les habitants se plaignent du fait qu’on ne du Kolderbos tout en le modifiant par l’ajout d’une dose parle que des problèmes du quartier, alors qu’il y fait tout d’urbanité. Il faut connecter le quartier avec l’extérieur, et de même bon vivre. Lors de ma première promenade dans le le centre doit être conçu de telle sorte que les non-résidents parc, j’ai vu un habitant ramasser spontanément des saletés aient eux aussi une raison de le fréquenter. balayées par le vent. Pour inverser l’image négative qui colle Le master-plan de l’équipe constituée autour de Metapo- à la peau du quartier, la Ville veut y investir, en collaboration lis 2 présente un concept urbanistique clair pour modifier avec les habitants. le tracé des rues, avec de la place pour la densification et Via la procédure d’Open Oproep du Vlaams Bouwmees- davantage de jardins et d’espaces verts. Le concept urbanis- ter, une équipe composée d’architectes, d’urbanistes et tique actuel du quartier est un espace « moderniste » où les d’experts en participation a été sélectionnée pour rédiger blocs d’habitations sont alignés en série, et sont parcourus un master-plan afin que les divers investissements dans de nombreuses rues. La répétition de ces bandes crée un les bâtiments et le domaine public, répartis dans le temps, espace ouvert monotone, avec des lieux sans caractère, où puissent aboutir à une transformation cohérente. La société on a du mal à s’orienter. de logement social Nieuw Dak est elle aussi impliquée dans Metapolis propose de végétaliser un côté de l’espace entre ce projet. Une première partie du projet concernera le centre les immeubles existants, et de créer une zone d’habitat de du Kolderbos, où Nieuw Dak prévoit de démolir en 2023 deux l’autre côté. Cela permet de supprimer la moitié des voiries grands immeubles à appartements et un autre, plus petit, desservant les immeubles : une belle désartificialisation des pour les remplacer par 99 nouvelles unités d’habitation. sols qui favorise la végétation et la percolation de l’eau de Selon une étude préalable réalisée par l’anthropologue pluie. Là où précédemment les faces avant et arrière des Ruth Soenen 1, le quartier du Kolderbos est perçu comme bâtiments étaient totalement neutres, on voit apparaître très « populaire », et on y vit comme dans un village qu’on a une alternance avec d’un côté une rue résidentielle, et, de tendance à ne pas quitter et où tout le monde se connaît. C’est l’autre, une bande de végétation en jardin partagé, adossée un quartier dont on est fier, une mosaïque d’univers composée aux autres immeubles. d’habitants aux horizons ethnico-culturels très variés. Le Lidl Les actuels blocs d’habitations parallèles sont intégrés y a remplacé le légendaire clocher d’église et tout le monde – dans des « îlots » plus grands. Dans ces îlots, entre les im- même ceux qui se plaignent le plus – apprécie les nombreux meubles, il reste de la place à combler à l’avenir. C’est éga- espaces verts. lement possible avec les nouveaux immeubles. Côté rue, les Le centre du quartier, avec les immeubles à appartements anciens et nouveaux immeubles formeront des murs plus « Hooiweg 105 » et « de Kaasblok », est perçu négativement contigus, renforçant la distinction entre la zone d’habitat à par les riverains, de sorte que la société de logement social l’avant et les jardins partagés à l’arrière. Les nouveaux im- a décidé de les démolir. Pourtant, ceux qui y habitent sont meubles peuvent ajouter une variante typologique à l’offre plutôt positifs quant à la convivialité de leur immeuble. Pour existante, qui ne proposait que des appartements. Ceux-ci → ↘ Le master-plan de Metapolis présente un concept urbanistique clair pour modifier le tracé des rues, avec de la place pour la densification et davantage de jardins et d’espaces verts. L’espace entre les blocs résidentiels existants sera végétalisé d’un côté, et transformé en zone d’habitats de l’autre côté.
A+301 Metapolis, Master-plan Kolderbos, Genk 81 ↘ Au centre, Metapolis fournira une nouvelle construction en remplacement d’un immeuble qui sera démoli. De nouvelles fonctions ou des équipements collectifs seront accueillis au rez-de-chaussée de nouveaux immeubles d’habitation disposés autour d’une la place centrale. Assignment Location Estimated budget Selected offices All-inclusive study assignment Hooiweg, 3600 Genk € 500.000 (incl. VAT, excl. fees) — Metapolis Architects (winner) for the preparation of a master — 2DVW vision and an urban-development Client — Architecture Workroom Brussels study for the Kolderbos area in Genk Stadsbestuur Genk – Plus office — De Nijl Allocation — Studio Paola Viganò – vvv Open Call of the Flemish Government Architect (OO3903)
+82 Metapolis, Master-plan Kolderbos, Genk A 301 ne doivent pas exclusivement être de l’habitat social. Le rénové. De nouvelles affectations attrayantes peuvent sor- système de l’emphytéose ou les Community Land Trusts tir le quartier de son isolement. Il y a beaucoup de place (CLT) permettent de proposer des biens à louer ou à vendre pour des réalisations potentielles en concertation avec les à prix abordable, pour que les habitants dont les revenus sont habitants. Le centre de la place a un imposant format de trop élevés pour avoir droit à un habitat social ne doivent 110 mètres sur 50. Son revêtement est artificialisé, mais on pas quitter le quartier, mais puissent envisager de monter y trouve également des îlots de verdure. en gamme dans leur logement. L’idée moderniste de créer des quartiers à part pour les Les concepteurs envisagent de repenser totalement l’aména- personnes âgées, comme ici dans la Rustlaan, peut être je- gement du quartier : un concept où les voitures emprunte- tée aux orties. Les seniors pourraient venir s’installer dans ront d’autres voies que les piétons et les cyclistes. Le dédale quelques nouveaux bâtiments construits çà et là dans le de ruelles doit céder la place à des façades avant et arrière quartier, entre les immeubles existants. Quant au site de la claires. Avec plus de place pour la végétation. Plus d’espace Rustlaan, il pourrait ensuite faire l’objet de plans à dévelop- que les habitants peuvent s’approprier. Plus de place pour per avec les riverains. Il pourrait accueillir un bosquet ouvert l’intégration de nouveaux types d’habitat. Plus de place pour aux jeux, un parc familial ou autre chose. L’espace entre les de nouveaux habitants et de nouveaux modèles d’habitat immeubles à appartements actuels peut donc être program- comme les groupes de construction, d’habitat partagé ou mé en fonction des besoins. Au-delà d’habitations supplé- les CLT. Pour la société de logement social et la Ville, c’est mentaires, il y aurait également de la place pour installer un une nouvelle voie qui s’ouvre sur de nouvelles aventures, abri à vélo pour le voisinage ou d’autres infrastructures dont mais c’est avant tout une magnifique opportunité pour les les habitants pourraient profiter. Et pourquoi pas des places initiatives citoyennes, et donc la cocréation. Le processus de parking, vu que la voiture est également une réalité dont participatif après l’attribution du marché est un bon début. il faut tenir compte dans le quartier. Ceci dit, de nombreux Ici, l’« esprit de village » peut être préservé, tout en l’enri- boxes de garage pourraient être supprimés à différents en- chissant d’une dose d’urbanité. droits, au bénéfice des zones vertes environnantes. Au centre, l’immeuble à appartements démoli lors de la 1 « Étude de “la vie telle qu’elle est” dans le quartier Kolderbos – en première phase va être remplacé par une nouvelle construc- attachant une attention particulière à la signification socio-cultu- tion conçue par Metapolis. Les nouveaux immeubles auront relle de l’espace », une pré-étude dans le cadre de la définition de une implantation différente. Avec le « Kaasblok », qui appar- projets à la demande des ASBL Nieuw Dak et Architectuurwijzer. tient à des privés et ne sera donc pas démoli, ils entourent une place centrale qui pourra accueillir de nouvelles fonc- 2 Metapolis – Mama – Createlli – M.A. Palumbo – Idea Consult – tions ou des infrastructures collectives au niveau des rez-de- Traject – Hydrio. chaussée. Cette place marquera clairement le centre. Elle est adjacente au Lidl et à l’école, dont l’accès sera totalement En collaboration avec ↘ L’espace libre entre les immeubles d’habitation actuels est programmable en fonction des besoins. Il y a de la place pour des jeux, un jardin familial, un abri à vélos pour le quartier ou d’autres installations appréciées par les habitants.
A+301 83 Les briquettes de parement Meldorfer Outre les enduits décoratifs, cette finition en brique constitue une belle alternative. De fines briquettes de parement minérales sont disponibles en toutes sortes de formats, textures et coloris. Ici, les possibilités de design sont quasi infinies. Les briquettes sont de poids léger et leur application est dès lors très flexible. Ces briquettes de parement sont directement collées sur le système d’isolation par l’extérieur soit avec un joint classique ou avec un aspect collé. www.caparol.be
Bruther84 A+301
A+301 Interview Bruther 85 Ce 25 avril, A+ Architecture in Belgium et Bozar ont le A+ La Maison des médias à Bruxelles, réalisée en plaisir d’accueillir Stéphanie Bru et Alexandre Thériot collaboration avec le bureau bruxellois Baukunst, est du bureau français Bruther pour une conférence au actuellement en chantier. En quoi ce projet est-il repré- Palais des Beaux-Arts à Bruxelles. À cette occasion, sentatif de votre pratique architecturale ? Lisa De Visscher, rédactrice en chef de la revue A+, s’est entretenue avec les architectes sur les défis et les Stéphanie Bru La Maison des médias se situe dans la obsessions relevés dans leur pratique. continuité de tout ce qu’on a mis en place depuis la créa- tion de notre bureau. Ce projet est conceptuellement lié à Lisa De Visscher – Photos Maxime Delvaux la Maison de la recherche et de l’imagination à Caen, livrée → proFgtliruqaiudmeitmé a- ← Maison de la recherche et de l’imagination, Caen (France), 2015
+86 Interview Bruther A 301 en 2015. Il est composé d’un programme un peu plus défini Cette idée du « non-programme » est venue très tôt dans et à une autre échelle. Nous y avons mis la même attention notre travail, avec le projet de Caen. Nous avons eu l’opportu- dans la recherche de légèreté, l’optimisation et l’habitabilité nité d’avoir une commande sans programme, ce qui implique maximale des espaces. qu’il fallait tous les envisager. C’était une expérience très Pour libérer l’espace, nous avons, d’une part, travaillé enrichissante qui nous a instruits sur la vraie signification sur la trame de la structure et l’extériorisation des espaces de la flexibilité d’une structure. Depuis, cette transversalité de services et de connexion, offrant ainsi des planchers de programmatique, cette réinjection d’une grande liberté sur grande portée. tous types de programmes, fait partie de nos outils, d’une Et, d’autre part, nous avons proposé des « scénographies base de données dans notre travail. en blanc » afin de pouvoir accueillir n’importe quelle fonc- Nous l’appliquons maintenant aussi à la question du tion, de l’enseignement aux studios de musique. logement. Nous cherchons à y intégrer la plus grande mal- léabilité d’espace possible. Alexandre Thério Ces interventions donnent beaucoup de lisibilité et de présence aux éléments techniques. On AT Il s’agit aussi d’évaluer notre pratique. En interro- a renversé le dispositif en rendant visible tout ce qui est habituellement camouflé, caché. Ce n’est évidemment pas geant les programmes, on se demande : qu’est-ce que l’archi- une nouvelle histoire ; Beaubourg l’a fait il y a cinquante ans déjà. En revanche, les choses ont été remises au goût du tecture ? Qu’est-ce qu’un bâtiment ? Est-il strictement lié à jour dans la mesure où les attentes ne sont plus les mêmes. Il s’agit d’utiliser les éléments triviaux tels que la structure, l’usage ou est-il, au contraire, lié à une potentialité d’usages ? les gaines et les espaces servants, pour fabriquer et façonner l’image du bâtiment. Toutes ces questions-là nous obsèdent depuis un certain A+ Pour le projet de logements étudiants à Saclay, temps et nous ouvrent à des opportunités intéressantes. près de Paris, vous avez, aussi en collaboration avec Baukunst, intégré un parking qui a le potentiel d’une Il est vrai que tout a commencé avec le projet de Caen. Lors reconversion en logements. Il s’agit ici non seulement d’une flexibilité de l’espace, mais aussi d’une fluidité du du concours, nous étions convaincus que le projet n’abou- programme ? tirait pas. Que le maître d’ouvrage n’allait finalement pas SB La fluidité programmatique et la non-attribution des fonctions sont une constante dans notre œuvre. Pour le réaliser un bâtiment sans fonctions claires. Et puis, tout à projet de Saclay, il s’agissait d’une donnée de la commande. Même si après, lors du concours, certains autres bureaux coup, il y a eu une sorte d’émulation collective de la Ville, de ont proposé un projet avec une séparation verticale des fonctions, là où nous avions proposé une hybridation plutôt tous les acteurs concernés, qui ont eu envie de porter l’idée horizontale. qu’un bâtiment n’a peut-être pas besoin d’être défini une fois pour toutes dans ses usages et dans son occupation. Ce projet-là est donc la première réelle expérimenta- tion nous ayant permis de développer des études avec un programme inconnu qui puisse accueillir toute typologie d’usages. Ce qui implique un travail technique assez poussé sur les questions de réglementation incendie : un bâtiment qui accueille un centre de conférences n’a pas les mêmes exigences qu’un espace sportif, car la densité de personnes accueillies n’est pas la même. →
A+301 Interview Bruther 87 ↙ Résidence étudiante et parking réversible, Paris Saclay, Palaiseau (France), 2020 (en collaboration avec Baukunst)
+88 Interview Bruther A 301 A+ Vous construisez actuellement le département plus dynamiques et engagés politiquement. Ils se posent des sciences de la vie de l’Université de Lausanne, un des questions, nous interrogent. Les questions dépassent autre projet en lien avec l’enseignement. En quoi votre la simple incidence du Covid parce que nous connaissons manière de travailler le projet a-t-elle été impactée par aujourd’hui une accumulation de crises – une crise sanitaire, les besoins générés par ce genre de programme ? une guerre, des forêts qui brûlent – qui induisent une volonté de faire autrement. On ne peut pas débattre de cette question AT Les projets d’enseignement sont très stimulants, car concernant les lieux d’enseignement et de pédagogie, de on touche à toute une série de questions : qu’est-ce qu’en- ce que l’on enseigne, comment et dans quels espaces, sans seigner ? Est-ce que l’objectif d’une école d’architecture est accorder une importance à la façon dont la société semble d’apprendre à dessiner des détails ? Est-ce qu’il s’agit de la collectivement évoluer. transmission d’un savoir technique ? Ou s’agit-il de savoir se poser des questions et de trouver des chemins et des mo- A+ Avant de créer l’agence Bruther, vous avez habi- dalités pour y répondre ? De quel espace a-t-on besoin pour té au Japon. Cette année, A+U a consacré un numéro à transmettre ou fabriquer un savoir ? votre œuvre. Qu’est-ce que le Japon signifie pour vous ? En ce qui concerne le département des sciences de la vie Comment ce pays a-t-il influencé votre travail ? de l’Université de Lausanne, il comprend des espaces qui sont extrêmement high tech, très pointus, comme les lieux SB Le Japon nous a décomplexés. Quand nous étions d’expérimentation en biochimie (ou d’autres sciences), là-bas, nous sommes repartis à zéro par rapport à tout ce que qui ont été le point de départ pour réfléchir à la question nous avions appris à l’école. Nous avons découvert que ce typologique. qui nous avait été présenté comme impossible pouvait être possible, et vice versa. C’était une expérience extrêmement SB Du point de vue du bâti, je ne sais pas si les typolo- riche. gies ont tellement évolué à la suite des changements de mé- thodologies d’enseignement ou de pédagogie. En revanche, AT En effet, le Japon était un bon moyen pour désap- il y a eu un bouleversement du rôle du professeur, surtout prendre ce qu’on avait pu accumuler à la fois dans le cadre après la crise sanitaire. Étant enseignants tous les deux, nous académique, en tant qu’étudiant, ou en tant que jeune ar- nous en apercevons également. chitecte travaillant en agence. C’était également un moyen de passer six mois à réfléchir sans être dans un cadre pro- AT Les incidences de la crise sont considérables. Mais il ductif (sans avoir la pression de devoir produire un plan, est difficile de les évaluer, car nous n’avons pas encore la dis- une coupe…), d’être complètement libre de nos pensées et tance critique. Il est certain que c’est un épiphénomène, qui de pouvoir nous interroger. Le Japon a été pour nous un révèle des changements beaucoup plus importants. Je pense cadre particulièrement singulier et décisif qui nous a permis que les étudiants ont changé d’attitude. Ils sont beaucoup ensuite de démarrer notre propre bureau. ↘ Maison Julie-Victoire Daubié, Paris (France), 2018 © Filip Dujardin A+ Lecture When Where Language Info and tickets Free admission for A+ More subscribers! Bruther 25.04.2023, 20:00 Bozar, Brussels English a-plus.be
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+90 Label, Love pt. II, Loverval A 301 Le doublé
A+301 91 ↙ → « Love pt. II » de Label est la deuxième phase de la rénovation et de l’extension d’un complexe sportif à Loverval. Les architectes ont conçu un dialogue entre l’existant et le nouveau, basé sur un socle commun qui rassemble les bâtiments dans une topographie globale. gagnant Le projet « Love pt. II » du bureau d’architecture bruxellois Label est fait de ressemblances et de mises en relation et nous amène dans une fiction étrange, sans origines ni vérités. Ce projet est la deuxième phase d’un projet de rénovation et d’extension du complexe sportif de la commune de Loverval. Plus d’une dizaine d’années après le début de la « pt. I », la « pt. II » sort de terre. Il s’agit d’une extension de la salle de sport existante qui comprend un nouveau terrain multisport intérieur, une salle de blocs, ainsi que des vestiaires. Carla Frick-Cloupet – Photos Stijn Bollaert Imaginez : vous êtes à Rome, Piazza del Popolo, vous vous asseyez sur les marches de l’obélisque pour vous reposer un instant. Le soleil est déjà chaud, des groupes de touristes rem- plissent l’espace, le bruit de la circulation sur les pavés vous isole dans vos pensées. Face à vous, les deux églises jumelles : Santa Maria dei Miracoli et Santa Maria di Montesanto. Vous les regardez et laissez votre esprit divaguer. Vous vous →
+92 Label, Love pt. II, Loverval A 301
A+301 Label, Love pt. II, Loverval 93 demandez si elles sont identiques, mais vous remarquez des commun qui réunit les bâtiments au sein d’une topographie différences. Vous vous demandez si elles ont été construites en même temps et par la même personne tout en ignorant globale. Ce socle accueille deux terrains de tennis extérieurs, qu’il n’en est rien. Finalement, vous vous demandez s’il s’agit de deux églises jumelles ou bien s’il faut plutôt considérer une galerie souterraine qui relie les deux salles et répercute l’ensemble comme une porte urbaine qui ouvre vers la ville. Entre doublure et mise en commun, vous hésitez. les différents niveaux que le site convoque. Le niveau de la Imaginez maintenant une salle de sport de 1978. Sa grande structure de bois courbé dans son vernis jaune, son lambris nouvelle salle diffère de celui de l’ancienne afin de franchir intérieur, son revêtement extérieur en tôle ondulée dont la pluie a effacé la couleur, son toit à deux pentes et son profil de la route pour se lier à la « pt. I » du projet. Le socle parvient hangar un peu plat. Le projet « Love pt. II » est une extension de cette salle de sport qui met au défi les architectes de à unir ces deux niveaux dans une ligne horizontale blanche parvenir à construire une rencontre entre l’ancien et le nouveau. Porté par un désir farouche de dialogue avec la continue qui constitue la façade principale du site. salle existante, le projet de Label opte pour une posture modeste qui se construit par la mise en référence. « On se En plus de cette assise commune, le projet développe un voit mal faire un bel objet à côté d’un vieux machin » explique l’architecte Thibaut Rome. Le projet tente alors par tous vocabulaire architectural à la croisée des deux salles. L’an- les moyens d’inclure les différences des deux salles pour en faire un ensemble où l’origine et sa doublure deviennent cienne salle devient alors un référentiel sur lequel se basent indissociables, façon Piazza del Popolo. Pour ce faire, les architectes procèdent de plusieurs ma- les architectes pour concevoir la nouvelle salle. Ses briques nières. D’abord, ils conçoivent un projet à partir d’un socle rouges et son bardage en tôle sont récupérés et intégrés dans l’extension. Une peinture verte vient homogénéiser l’ensemble des tôles, rendant indistinctes les nouvelles des anciennes. Le rythme des descentes d’eaux pluviales en façade de l’ancienne salle, ainsi que son toit à deux pentes sont repris. Pourtant, dans cette citation, des différences persistent. Par exemple, la nouvelle salle est plus petite : sa structure est économe et les briques sont remplacées par des blocs de terre cuite. Si l’ancien inspire, l’actualisation des matériaux et des techniques constructives complexi- fient la référence. Il ne s’agit pas de pasticher, mais bien de poursuivre. →
+94 Label, Love pt. II, Loverval A 301 Enfin, le projet construit un jeu complexe d’inversion des se change en paroi, tant et si bien qu’on finit par s’y perdre murs intérieurs et extérieurs. Les murs extérieurs existants, pour ne plus apprécier que la proposition globale, sa sensi- et plus spécifiquement leurs revêtements, sont utilisés en bilité s’affirmant dans ses contradictions. Soudainement, il murs intérieurs dans les nouveaux espaces. Et inversement, ne s’agit plus d’origine ni de référence, mais d’un ensemble des fenêtres nouvelles sont ajoutées à l’ancienne salle. De sportif et territorial sans âge ni auteur unique. même, on peut trouver des inversions entre les sols et les Imaginez maintenant que vous êtes face aux églises ju- parois qui se glissent ici et là. melles, mais sur la colline wallonne de Loverval. Vous sentez Parmi tous ces jeux logiques, les architectes créent libre- le vent frais qui remonte de la Sambre et vous entendez la ment. Parfois l’ancien prime, parfois le nouveau, parfois circulation sur les pavés romains. C’est ça le projet « Love c’est l’intérieur qui devient extérieur, parfois c’est le sol qui pt. II », quelque chose d’ici et d’ailleurs, d’avant et d’après. Coupe Aa Coupe Bb B Sections S0 e5ction1s5 05 15 a A 0 15 N 05 Niveau 0 0 5 10 20m b Architect Programme Client Completion Label architecture Sports centre Fédération Wallonie-Bruxelles April 2021 Website Procedure Structural engineering Total floor area labelarchitecture.be Selection procedure of the Util 5,927 m2 Cellule architecture of the Project name Wallonia-Brussels Federation Service engineering Budget (FWB) Love pt. II Détang € 7,878,062 (excl. VAT and fees) Location Lead contractor Product/Supplier Loverval Koeckelberg Wienerberger (Porotherm MasterBloc)
A+301 95 CONCOURS D’ARCHITECTURE INSCRIPTIONS JUSQU’AU 27.04.23 Le ‘‘Prix International d’Architecture BigMat’’ cherche à reconnaître les oeuvres d’architecture de toute taille et catégorie, particulière- ment les oeuvres résidentielles de petite échelle ayant été capables d’apporter des espaces de qualité aux habitants. INSCRIPTIONS, INFORMATIONS ET CONDITIONS SUR www.architectureaward.bigmat.com
96 A+301 → En 2012, ZNA a attribué le contrat à un consortium composé de Robbrecht en Daem architects et de VK architects+engineers, sur un site situé à la pointe du Park Spoor Noord, où un campus de bâtiments publics et résidentiels est en train de voir le jour.
A+301 Robbrecht en Daem – VK, Hôpital ZNA Cadix, Anvers 97 Entre Robbrecht en Daem et VK ont conçu un hôpital à la Le nouvel hôpital a déjà pris vie lorsque, à la fin de l’an- pointe du Park Spoor Noord. Si l’établissement n’entre née dernière, l’Architectuurboek fut présenté dans son hall en service qu’en septembre, les espaces vides démontrent d’entrée. Dans ce bâtiment qui, à l’époque, était encore d’ores et déjà tout leur potentiel. De généreux espaces vide, le hall de 150 mètres de long avait été transformé en publics font entrer la ville dans le bâtiment, estompant petit auditoire avec salle des fêtes, et, derrière la scène, une la frontière entre patients et passants. vue en apparence infinie sur le lointain. Cette occupation temporaire a permis de montrer tout ce que les nouveaux Emmanuel van der Beek – Photos Filip Dujardin espaces ont à offrir, même si elle n’avait pas grand-chose à voir avec le milieu hospitalier. Le bâtiment entrera en service après l’été. Le ZNA Cadix, qui remplace l’hôpital du Stuivenberg qui datait du 19e siècle, accueillera désormais des services ambulatoires supplémen- taires. L’établissement est stratégiquement situé entre la ville historique, le Park Spoor Noord et l’ancien port, qui n’est quasiment plus fréquenté que par des bateaux de plaisance. lesLe bâtiment devient le point de repère du nouveau quartier Cadix, qui se prolonge jusqu’à l’intérieur de l’hôpital. → lignes ← Robbrecht en Daem et VK ont conçu une façade en céramique qui ose défier sa propre rectitude. Les fenêtres échappent ici et là à la danse de la grille rigide. Les couleurs, qui font référence à l’eau et au parc environnants, changent aussi subtilement.
98 A+301 ↑ Les étages ouverts, le boulevard, l’atrium et les patios ne répondent pas à une question concrète, mais laissent la place à des remplissages inattendus qui brouillent la frontière entre les malades et les non-malades.
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