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Jardins du littoral 142 avril 2017

Published by CEAFL, 2017-09-11 09:38:41

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Jardins du Littoral n° 142 Avril 2017Désherbage poireau : ModerniserVers une amélioration son irrigation,de la lutte réfléchircontre le souchet les outils de demain…Maladies et ravageurs :une activité contenue Supplément au nº 371 - Avril 2017en 2016• Gestion des Pythiacéesde la carotte – identifieret savoir diagnostiquerpour activer les bons leviers• Point d’étape sur quelquesexpérimentations menéesen 2016 au Sileban

Jardins du littoralSommaireSilebanLe point sur quelquesexpérimentations ................................... 3Une productivité bien supérieure des navets sous Filbio......................3Introduction de cultures «améliorantes» dans la rotation : évaluationdes effets positifs sur le sol et sur la culture de carotte........................4Vers une meilleure compréhension du Sclerotinia..................................5Pythiacées de la carotteIdentifier etsavoir diagnostiquer .............................6Moderniser son irrigationRéfléchir les outils de demain…..........8Développer des outils simpleset évolutifs................................................9Désherbage poireauVers une améliorationde la lutte contre le souchet...............13Maladies et ravageursune activité contenue en 2016...........16Plein champ : La météo souffle dans le bon sens.................................. 18Modélisation : Une vigilance accrue au bon moment........................... 19 Jardins du littoral Avril 2017 Directeur de la publication : Jean-Bernard Pouey Rédacteur en Chef : Jacques Dubois Supplément à Réussir Fruits et Légumes n° 371 - Avril 2017 Réalisation : Publications AgricolesSILEBAN - Maison de l’Agriculture, avenue de Paris, 50000 Saint Lô. Abonnements : Réussir Fruits et Légumes 51, rue Albert Camus Tél : 02 33 23 42 10. Fax : 02 33 23 42 29 BP 20131 - 47004 AGEN Cedex. Tél. 05 53 77 83 75/Fax : 05 53 77 83 71 Les textes sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. La reproduction même partielle des articles parus est interdite Impression : Centre Impression - 87220 Limoges Nº de CPPAP : 1120T 80058 sauf accord écrit préalable. Crédit Photos : SilebanLes travaux et études légumiers de la station Sileban bénéficient du concours financier des partenaires suivants : Union Européenne2 • Jardins du Littoral - Avril 2017

ActualitésSilebanLe point sur quelquesexpérimentationsComme tous les ans, de nombreuses thématiques ont été travaillées au Sileban en 2016. Beaucoupde ces sujets ont été présentés, discutés et parfois débattus à l’occasion de manifestationstechniques, d’articles et d’échanges avec les acteurs techniques de la filière. D’autres sujets, fautesd’occasions spécifiques, d’intérêt direct ou de matière suffisante pour communiquer ont été troppeu évoqués. Cet article propose de remédier à cela en proposant un tour d’horizon de ces actions :de la comparaison de filets anti insectes sur navets à l’étude et la compréhension du sclerotinia enpassant par l’appréciation de l’intérêt de cultures améliorantes dans les rotations de la côte ouest.1 Une productivité bien supérieure des navets sous FilbioEn culture de navet, l’utilisation de voiles début et fin août. L’analyse des tempéra- 33 jours après semis, le développementanti-insectes est la règle pour limiter les tures du lit de semence (de 0 à -1 cm) sous de la culture sous Filbio est clairementdégâts provoqués par les mouches. Ces les différents types de voiles au regard des supérieur par rapport aux modalités sousfilets, bien que contraignants, sont très températures du sol sans voile ainsi que MicroKlimat ou sans filet comme l’illustreefficaces pour contrôler ce ravageur. En celle de l’air (graphique ci-dessous), met la photographie ci après.modifiant les conditions climatiques sous en avant des effets bien différents du typele voile, ils ont également des effets sur le de voile. En période chaude de la journée, Figure 2: Photographie de navetsdéveloppement de la culture et les autres le MicroKlimat réchauffe beaucoup plus le 33 jours après semis cultivés sousbioagresseurs associés. Les filets de type sol en surface que le Filbio (48 contre 33°C différents types de filetsMicroKlimat sont les plus utilisés dans la au plus chaud). En période froide (entrerégion. L’expérimentation menée en 2016 18h et 6h), le Filbio conserve mieux lavisait à comparer les effets de deux types chaleur que le MicroKlimat. Les résultatsde filet (MicroKlimat et Filbio) sur le dé- ci-dessous ont été mesurés sur une cultureveloppement de cultures de navets semés au stade 1-2 feuilles (semis du 05/08).Figure 1 : Températures moyennes horaires de surface du sol (traits pleins) sousles différents type de filets et sans filets et température de l’air (trait pointillé)entre le 13 et le 15 août (culture semée le 05/08) Après 60 jours de culture, la mesure de rendement montre une productivité bien supérieure dans les modalités cultivées sous filet. Les poids moyen des navets étaient respectivement 30 et 78% plus gros avec le MicroKlimat et le Filbio par rapport à une culture sans filet. Pour cette dernière modalité, la part de navets verrés s’élevait à près de 60%. Aucune attaque de mouche n’a été décelée pour les cultures Avril 2017 - Jardins du Littoral • 3

Actualitésavec filet, ni aucun autre incident cultural 2 Introduction de culturesparticulier (pas d’attaque de champignons «améliorantes» dans la rotation :ni d’altises, ou de défauts de coloration). évaluation des effets positifs sur le solDeux mois après semis, les navets récol- et sur la culture de carottetés sous filet étaient en sur-maturité. Onestime le gain de précocité lié aux voiles Au SILEBAN, une série d’essais plurian- de la dégradation de la dhurrine). Le sor-entre 1 à 2 semaines (10 à 20%). En limi- nuels sont menés sur le principe de l’agro- gho dit « nématicide » produit quant à luitant les excès de température en période écologie (voir encadré), afin de construire un taux de dhurrine supérieur aux varié-chaude et en conservant mieux la chaleur des itinéraires de production performants tés actuellement présentes sur le marché.en période fraîche, les filets, et notam- pour les systèmes légumiers de pleinment le Filbio, améliorent la précocité et champ. Un essai FranceAgriMer porte sur Une première année d’essai trèsla régularité des productions par rapport l’évaluation de l’intérêt d’introduire une encourageanteau MicroKlimat. culture « améliorante » dans une rotation du bassin de production de la Côte Ouest Le mélange et le sorgho ont été semés dé-Figure 3: Poids moyen d’un navet du Cotentin. Le principe de cette tech- but juillet 2016 sur la parcelle et se sont60 jours après semis nique est de consacrer une année à la mise très bien implantés. Le sorgho némati-(S: 05/08/2016) en fonction du en place d’une ou plusieurs cultures non cide s’est moins bien développé, cela estfilet anti-insecte utilisé valorisées économiquement mais permet- surement dû à des conditions de semis et tant d’améliorer différents paramètres de d’humidité pas optimales pour cette varié-Du point de vue technico-économique, le l’agrosystème (état sanitaire, qualité du té. Ces 3 cultures ont été broyées en sep-Filbio côute 0.40€/m² contre 0.37 pour le sol…) et ainsi assurer la pérennité du sys- tembre et incorporés au sol, afin de créerMicroKlimat. Le Filbio est plus léger avec tème de production. des conditions idéales pour la biofumiga-17 g/m² contre 38 g/m² et paraît plus aisé L’objectif de l’essai est donc d’évaluer les tion et l’action nématicide du sorgho. Leà manipuler et à appliquer. Le Filbio est services agro-écologiques rendus par ray-grass a ensuite été semé sur une par-cependant plus fragile, sa durée de vie se l’introduction d’une ou deux cultures tie de l’essai, en tant que seconde culturelimite à un ou deux cycles de culture selon « améliorantes » successives au sein d’une améliorante, tandis qu’une autre partie deles conditions d’utilisations. La durée de succession culturale à dominante carotte. l’essai est restée en « sol nu ».vie des filets type MicroKlimat peut aller Les principaux effets étudiés sont les effetsjusqu’à 5 ans. agronomiques sur le sol et sa fertilité, ainsi Une diminution de la population de que les effets sur les équilibres biologiques nématode de la carotte attendue et la maîtrise du nématode et des maladies. La gestion des bio-agresseurs à l’échelle de Une culture de carotte révélatrice sera la succession, et non plus de la culture, semée en 2017, sans labour afin de préser- semble un levier important notamment ver les effets agronomiques des cultures en culture de carotte. (cf tableau) améliorantes dans la couche superficielle Le sorgho est connu pour son effet sur la de sol. Il faudra donc être attentif à l’état population de nématodes H. carotae car il du sol et à son humidité lors du semis et produit des molécules qui lors de leur dé- de la levée afin d’optimiser la production gradation dans le sol libèrent des compo- de carotte sans labour. sés nématicides (acide cyanhydrique issu Différentes notations sont faites sur cet essai pour suivre les évolutions agrono- Un choix de cultures améliorantes pour leurs effets positifs sur le sol et les bio-agresseurs Période Culture Effets attendus Eté Sorgho fourrager Structure et fertilité du sol + diminution de la population de nématodes dans le sol Eté Sorgho nématicide Structure et fertilité du sol + diminution de la population de nématodes dans le sol Eté Mélange à base Structure et fertilité du sol de millet perlé, + fixation d’azote par les légumineuses sorgho, vesce et trèfle + effet nématicide du sorgho Hiver Ray-grass italien (RGI) Structure et fertilité du sol + couvert hivernal + compétition adventices4 • Jardins du Littoral - Avril 2017

ActualitésFigure 4:Plan de l’essai etphotos illustrantles différentescultures«améliorantes»étudiéesmiques dues à ces cultures améliorantes : non rentables l’année de mise en place. tices (un autre essai est en cours avec pouranalyses de sol, dénombrement de kystes Cependant la rupture qu’elles entrainent cible le contrôle du souchet) sont des ar-et de larves de nématodes, développement et leurs effets à long terme sur la fertilité guments forts en faveur de l’introductiondes cultures…. L’évaluation du rendement du sol, sur le contrôle des populations de ces cultures, car elles permettent sanscommercial de carottes en 2017-2018 per- de nématodes H. carotae ainsi que sur le doute d’avoir une meilleur productivité lesmettra de confirmer ou pas l’effet béné- contrôle du développement des adven- années suivantes, et à long terme.fique d’une ou deux cultures améliorantesdans la rotation. 3 Vers une meilleure compréhension du SclerotiniaDes effets positifs à long terme En 2014, le Ctifl a initié le projet SCLE- sensibles (Choux, salades, carottes). ParLes cultures dites « améliorantes » ROLEG visant à proposer aux produc- ailleurs, une nouvelle technique de suivipeuvent être considérées comme difficiles teurs de légumes des stratégies de pro- des vols de spores dans l’atmosphère a étéà intégrer dans une rotation culturale car tection combinant différentes techniques développée. Les premiers résultats tendent pour une meilleure maîtrise des Scleroti- à démontrer que la source d’infestationL’agro-écologie nia, en s’appuyant sur de solides connais- d’une parcelle peut se faire non seulement sances du pathogène et de ses processus par le sol mais aussi par les airs. Ici, l’enjeu L’agro-écologie est une façon de conce- épidémiologiques. Les cultures travaillées est de pouvoir positionner les fongicides voir des systèmes de production qui sont la carotte, l’endive, le haricot et le en fonction de ces vols afin d’optimiser la s’appuient sur les fonctionnalités of- melon. Les travaux menés dans ce cadre protection. Les résultats complets de cette fertes par les écosystèmes. Elle les am- au Sileban démontrent entre autres que étude seront présentés à l’occasion d’une plifie tout en visant à diminuer les pres- les souches de Sclerotinia issues d’autres journée technique sur le Sclerotinia orga- sions sur l’environnement (ex : réduire espèces végétales cultivées ou non (adven- nisée sur le centre CTIFL de Lanxade le les émissions de gaz à effet de serre, li- tice) sont également virulentes sur carotte. 4 mai 2017. Pour plus d’informations à miter au maximum le recours aux engrais Il ne semble donc pas avoir de spécialisa- propos de cette journée, n’hésitez pas à de synthèse et aux produits phytosani- tion des souches pour une espèce en par- contacter le Sileban. taires...) et à préserver les ressources ticulier. Sur parcelle à risque Sclerotinia il naturelles (eau, énergie, éléments mi- est donc primordial d’éviter toutes espèces Maxime DAVY (CTIFL/SILEBAN) néraux...). Il s’agit d’utiliser au maxi- Noémie DESMOUCEAUX (SILEBAN) mum la nature comme facteur de produc- tion en maintenant ses capacités de re- nouvellement (Définition du Ministère de l’Agriculture). Avril 2017 - Jardins du Littoral • 5

TechniquePythiacées de la carotte :Identifier et savoirdiagnostiquerLes maladies telluriques de la carotte peuvent occasionner de fortes pertes en Carotte atteinte de cavity spotproduction en Normandie, que ce soit en termes de qualité ou de rendement. (Pythium sp)Une nécessité d’optimiser la lutte et d’améliorer les moyens de gestion se faitsentir. Mais comment lutter sans connaître réellement notre ennemi ?Le diagnostic, l’identification des pa- ponsables ainsi que les conséquences sur carottes présentant des symptômes sur thogènes et des facteurs de risques la culture et sur le rendement. L’étude se racines, parmi lesquels 5 à 10% de carottes sont notamment au centre du projet focalise sur la zone du Val de Saire. Plu- atteintes de cavity spot notable tout deGESTIphyto. La meilleure connaissance sieurs échantillons de carottes en conser- même. Cependant, il est à craindre unede ces éléments permettra de mieux cibler vation ont pu être prélevés sur début 2016 prochaine dégradation de la situationles leviers à mettre en œuvre. Les actions afin de réaliser des diagnostics et analyses. suite aux dernières fortes pluies de fin jan-du projet ont débuté en 2016 et se pour- Beaucoup de cavity spot et de sclérotinia vier / début février.suivent en 2017. En outre, des actions sont mais aussi un peu de tâche noire avaient Les observations mettent en évidence uneréalisées pour faire reconnaître et inscrire été observés. Pourtant, ces analyses font importante diversité dans l’expressionla problématique dans les futures orienta- ressortir de nombreux agents pathogènes des symptômes. Certains pathogènes netions du GIS PICleg. La problématique a dont Pythium, Phytophthora, Fusarium sont pas contrôlés (à défaut de substanced’ailleurs été exposée aux 9èmes rencontres mais aussi tout un cortège de champi- homologuée ou à cause de souches résis-du GIS PICleg en novembre dernier. gnons (Phoma, Cylindrocarpon… qui sont tantes) et d’autres ne font pas l’objet de des pathogènes secondaires) et bactéries. lutte chimique spécifique. En effet, quasiDiagnostiquer correctement Différentes espèces de Pythium étaient systématiquement des parasites secon-pour lutter efficacement présentes dont une majoritaire : P. inter- daires sont retrouvés et contribuent à dé- medium. Dans la bibliographie, c’est loin tériorer la situation.Le projet GESTIphyto (GESTIon inno- d’être l’espèce la plus citée et pourtant ilvante du risque phytosanitaire en cultures semble qu’elle est en recrudescence. « … une fois les symptômeslégumières - Conseil Régional de Nor- Les diagnostics se poursuivent sur 2017 ; détectés, il est bien souventmandie) est travaillé en 2016 et 2017 au des prélèvements ont été réalisés en début trop tard pour agir »sein du Sileban. Parmi les objectifs de ce de conservation et se poursuivent pour laprojet, figurent le diagnostic de maladies campagne actuelle. Les dernières obser- Ce projet met l’accent sur l’importance detelluriques de la carotte au sens large asso- vations réalisées début février ne mettent la gestion du risque et du diagnostic pré-cié à l’identification des pathogènes res- en évidence qu’une faible proportion de coce vis à vis des maladies telluriques de la carotte. En effet, la principale difficultéRésultats synthétiques des échantillonnages réalisés sur 2016 et 2017 dans la gestion de ces maladies est qu’une fois les symptômes détectés, il est bien10 parcelles échantillonnées - 1 date d’échantillonnage souvent trop tard pour agir. Les premiers symptômes observables, dus aux Pythium2015/2016 cavity spot bague sclérotinia notamment mais aussi aux Fusarium, sont les fontes de semis. Ces attaques pré-Moyenne 62,40% 2,70% 8,20% coces peuvent faire perdre une proportion importante de peuplement dès les 1èresMini 16,5% 0,0% 2,5% semaines de culture. Les maladies telluriques provoquant desMaxi 98,5% 11,5% 15,5% symptômes sur pivot sont nombreuses (cavity spot, bague, sclérotinia, taches7 parcelles échantillonnées - 2 dates d’échantillonnage noires…). Le diagnostic peut être compli- qué car différents bioagresseurs peuvent2016/2017 cavity spot bague sclérotinia provoquer le même symptôme. Par exemple, une racine fourchue peut avoirMoyenne 6,30% - 0,60%Mini 4,7% - 0,0%Maxi 9,8% - 3,9%Moyenne 3,54% 0,13% 0,04%Mini 0,8% 0,0% 0,0%Maxi 8,3% 0,5% 0,3%6 • Jardins du Littoral - Avril 2017

Technique Le point sur le GIS PIClegCarottes atteintes de bague Le GIS PICleg ou Groupement d’Intérêt Scientifique pour la Production Intégrée en(Phytophthora sp.) Cultures légumières, a pour objectifs de rassembler la recherche et le développement et de concevoir des systèmes de cultures respectueux de l’environnement et économi-été la cible d’un Pythium, de nématode, quement performants répondant aux attentes de la société. Il a été créé il y a 10 ans àde rhizoctone… ou plus simplement par l’initiative des producteurs de Légumes de France, de l’INRA et du Ctifl avec le soutiendes facteurs abiotiques comme des cail- du ministère de l’Agriculture. Les actions du GIS PICleg s’orientent selon 5 groupes thé-loux, des arrêts de croissance d’origines matiques : bioagresseurs aériens, fertilisation et eau, génétique et amélioration varié-diverses… L’identification en laboratoire tale, systèmes de culture et bioagresseurs telluriques. Les 24 et 25 novembre derniers,avec utilisation de techniques molécu- se sont tenues les 9èmes rencontres du GIS PICleg à Pont Saint Martin (44) rassemblant leslaires permet de détecter avec une bonne membres fondateurs ainsi que de nombreuses stations régionales et chambres d’agri-fiabilité les pathogènes en présence. culture (membres associés). L’objectif était dans un premier temps de présenter les ré-En l’absence de solutions curatives effi- sultats de projets labellisés PICleg et de permettre des échanges entre chercheurs et ex-caces, une fois les symptômes constatés, périmentateurs autour de 2 groupes thématiques : bioagresseurs foliaires et bioagres-il est malheureusement trop tard pour seurs telluriques. Dans un second temps, la vocation de ces rencontres était d’entamerenrayer les phénomènes, si ce n’est d’anti- la réflexion quant aux nouvelles orientations à donner au GIS PICleg en vue de la signa-ciper la récolte afin de ne pas laisser les ture d’une seconde convention. En effet, la convention initiale du GIS était signée pour 10maladies prendre de l’ampleur. Il convient ans ; elle arrive donc à son terme. Ces journées ont été l’occasion de faire un bilan et dedonc pour ces maladies de bien identi- définir des priorités pour la mise en place du prochain GIS PICleg.fier les risques dus à différents facteursavant même l’implantation de la culture et par foyers dans les parcelles. Dans le cadre GIS PICleg. De même que de nombreusesd’adapter une méthode de protection pré- du projet EcophytoSys-Légumes (labellisé stations régionales, chambres d’agricul-ventive en conséquence. GIS PICleg) a été élaboré un document ture, centres INRA et Ctifl. Les résultats intitulé BEPaL (Biologie et Ecologie des de différents projets étaient présentés.Savoir identifier Pathogènes des Légumes) qui reprend La réduction de l’utilisation des produitsles facteurs de risques les principaux traits de vie et facteurs phytosanitaires sur bioagresseurs aériens de risques de différents pathogènes des ou telluriques était au centre des préoc-Cela montre donc bien l’importance d’un cultures légumières dont les principaux cupations et tous avaient pour objectifdiagnostic précoce et surtout d’une iden- de la carotte. Ce document présente de commun de proposer et concevoir destification précoce des facteurs de risques nombreux leviers mais est encore délicat systèmes de culture économes en intrantstant dus au parcellaire qu’aux conditions à utiliser car des interactions complexes et économiquement performants. Diffé-météorologiques, la structure de sol, la interviennent. rentes techniques de biocontrôle ont étérotation ou encore les facteurs aggra- abordées : technique push/pull, engraisvants comme les stress abiotiques (nutri- Vers de nouvelles verts, solarisation, biostimulants, micro-tion hydrique, minérale…). En outre, un technologies pour organismes antagonistes….diagnostic plus précoce des symptômes un diagnostic précoce Ce fut l’occasion pour le Sileban de fairepourrait permettre de mieux gérer la un focus sur la gestion des pythiacées enconservation au champ. La mise en place En matière de diagnostic précoce, les culture de carotte dans la Manche. L’im-d’un échantillonnage régulier quadrillant OAD tels que pensés actuellement, sont pact économique important de cette pro-la parcelle pourrait aider à détecter les difficiles à mettre en place. Il est à espérer blématique sur les productions a été rap-premiers symptômes ainsi qu’à les loca- que, dans un futur proche, les nouvelles pelé ainsi que la nécessité de prospecter deliser dans le parcellaire. Cette indication technologies, notamment la télédétection nouvelles solutions et d’optimiser la luttepeut se révéler intéressante car même si la (par drone, satellite ou encore caméra dans un contexte réglementaire incertain.bague par exemple se développe de façon embarquée), apportent de nouveaux élé- Les différents travaux réalisés par le Sile-aléatoire dans la parcelle, il n’en est pas de ments. On pourrait espérer détecter des ban ou en cours sur le sujet ont été pré-même pour le Pythium qui se développe signes avant l’apparition de symptômes ou sentés : connaissances des bioagresseurs, du moins de façon très précoce ou encore diagnostic, évaluation de substances ac- de géolocaliser avec précision et de trai- tives chimiques et de biocontrôle (condi- ter de façon ciblée des zones affectées les tions contrôlées, plein champ), mise en années antérieures. pratique de solutions (substances actives, pratiques culturales). Dans un second La gestion des pythiacées - temps, l’objectif de cette intervention a été une problématique normande d’appuyer la volonté de faire reconnaître de poids exposée aux 9èmes et inscrire la problématique des pythia- rencontres du GIS PICleg cées et des maladies telluriques de façon plus large comme problématique priori- Les 24 et 25 novembre derniers, le Sile- taire pour les futures orientations du GIS ban était présent aux 9èmes rencontres du PICleg à définir prochainement. Emilie ROBILLIARD (SILEBAN) Avril 2017 - Jardins du Littoral • 7

TechniqueModerniser son irrigationRéfléchir les outilsde demain…Moderniser intelligemment les systèmes d’irrigation peut être considéré comme unfutur impératif pour produire de façon compétitive, en fonction d’exigences techniques,économiques et environnementales aussi diversifiées que complexes. Il faudra s’appuyersur le savoir faire d’une profession. Plus qu’une révolution, il s’agira de raisonner etd’investir par touche, collectivement ou individuellement, pour développer des solutionstoujours innovantes, parfois de précision, adaptées au besoin de chaque entreprise.L’irrigation, une assurance (cf. encart sur le projet Fertinnowa du JDL Des actions collaborativescompétitivité pour l’avenir n°140) ; pour progresser - les bases de connaissances sur les be-L’eau est indispensable à la sécurisation soins des cultures. Même si elles sont peu La démarche employée doit optimiserdes productions agricoles, à la fois assu- employées au quotidien, les réflexions l’existant cité ci-dessus, et prévoir l’exten-rance compétitivité et nécessité pour l’ave- des producteurs s’appuient sur ce savoir. sion des réseaux et la modernisation desnir. Les enjeux de maîtrise de l’irrigation Toutefois, ces connaissances sont encore outils. Elle a pour objectifs :pour les productions légumières régio- lacunaires au niveau des cultures légu- - la diminution de la pénibilité, directenales sont diversifiés. Pour le produit, il mières. Les coefficients culturaux sont (temps passé) et indirecte (écarts de qua-s’agit d’améliorer l’homogénéité, le rende- par exemple très généraux (pas de notion lité et tris de produits), liée à l’irrigationment, de maitriser les cycles de produc- de variété, de stade, de type) et les études des cultures.tion, de jouer sur un levier de gestion de complémentaires seraient longues et com- - le développement d’une agriculture denombreux ravageurs ou pathogènes mais plexes à mettre en œuvre. précision dédiée à l’irrigation des cultureségalement d’améliorer la qua-lité sanitaire du produit et saconservation. Pour la filière, il Figure 1 : Vers une modernisation intelligente de l’irrigations’agit de sécuriser des apportsvers un marché exigent, d’ac-tionner un levier fort pour ladiversification de gammes ouencore de faire face aux change-ments climatiques.La modernisation intelligente del’irrigation étant une demanderécurrente des professionnels, leSileban et ses partenaires filièreont essayé de l’organiser (voirfigure 1).Loin d’une révolution absolue,la modernisation de l’irrigations’appuie sur des acquis, parfoisencore lacunaires :- le savoir-faire incontournabledes producteurs et leur motiva-tion. Nos expériences mettenten avant cette connaissanceempirique, cette volonté et cetteconscience professionnelle ;- la connaissance et l’appro-priation des outils d’irrigation,même si les acquis sont perfec-tibles et doivent être renforcés8 • Jardins du Littoral - Avril 2017

Technique Moderniser son irrigation Développer des outils simplesqui permette de contourner partiellement et évolutifsle manque de connaissances des besoinsde chaque culture. Diminuer la pénibilité de la- l’accompagnement technique et la por- tâche, augmenter les surfacestée à connaissance des innovations sur les irriguées, bénéficier d’une eausujets cités en priorité par la profession de qualité et de données fiables(cf. JDL n°141), à savoir : points clés pour pour irriguer de manière efficace,alimenter un système d’irrigation, orien- sans gaspillage ni lessivage,tation du choix des systèmes et moyens constituent des défis majeursd’irrigation, automatisation et pilotage de pour l’agriculture de demain.l’irrigation adaptés à une culture, innova- Les technologies en constantetions technologiques… évolution et les développeursCompte tenu des difficultés financières de solutions techniquesd’investissement et de l’accès à l’eau délicat, accompagnent le producteurles démarches collectives, en accord avec dans cette tâche fastidieuse maisles autorités compétentes, doivent être rentable.un moteur de cette modernisation. Lessolutions doivent être réfléchies à court,moyen et long termes dans le cadre de lagestion de parcelles spécifiques commed’un bassin de production, en terme denutrition hydrominérale de la plante plu-tôt qu’en terme d’irrigation.Dès 2016, en lien avec la déclinaison de En 2016, des actions ont été conduites Figure 1 : Prototype du « systèmecette démarche, des actions ont été mises par le Sileban sur une parcelle de la autonome » de gestion multi-lignesen place sur une parcelle de la Côte Ouest. Côte Ouest afin d’améliorer l’effica- d’irrigationElles résultent de collaborations entre la cité de l’irrigation, de réduire l’empreinteproduction, les développeurs de solutions écologique des pratiques et de faire éco- à chaque mise en route et à chaque arrêttechniques et le Sileban, mais aussi d’im- nomiser du temps au producteur dans la de la pompe. Cet outil présente de nom-plication dans les réseaux thématiques gestion de ses irrigations. Ces actions ré- breux avantages  : simplicité d’utilisation,et de veille technologique (cf. encart sur sultent de collaborations entre la produc- neutralité énergétique (fonctionnement àle projet Fertinnowa du JDL n°140). Ces tion, les développeurs de solutions tech- l’aide d’un panneau solaire), mobilité, coûtactions visent par des moyens simples à : niques (Agralis, Emmanuel Gervais…) et à la parcelle limité par rapports à des au-- améliorer l’efficacité de l’irrigation et le Sileban. tomates standards et résistance à des élé-l’empreinte écologique des pratiques ; Un « système autonome » d’irrigation ments abrasifs comme le sable. Il permet- faire économiser du temps au produc- a été évalué et comparé, sur une même également un pilotage plus fin des apportsteur dans la gestion de ses irrigations. parcelle, à la « pratique traditionnelle » en eau par fractionnement sans générer du producteur. Ce système, constitué de de travail supplémentaire. De plus, si la Pauline Boutteaux, 3 lignes d’irrigation alimentées successi- pompe est utilisée par plusieurs exploi- Philippe D’Hooghe, vement, est connecté à un boitier com- tants, ce système peut être paramétré pour prenant une carte SIM et permettant la chacun d’entre eux. Franck Vial, commande à distance de la pompe via un (SILEBAN) simple appel (figure 1). Un SMS est en- voyé sur le téléphone à l’origine de l’appel Avril 2017 - Jardins du Littoral • 9

TechniqueFigure 2 : Suivi de l’humidité du sol le 21/07/2016 sur la zone de parcelle irriguée selon la « pratique traditionnelle » du producteur.I&P : irrigations et précipitations ; Teneur en eau du sol 2 : teneurs en eau dans les différents horizons de sol (1 : 0-10 cm ; 2 : 10-20 cm ; 3 : 20-30 cm ;4 : 30-40 cm ; 5 : 40-50 cm) ; Teneur en eau du sol : teneur en eau cumulée sur 50 cm de sol.Figure 3 : Suivi de l’humidité du sol le 22/07/2016 sur la zone de parcelle irriguée avec le « système autonome ».I&P : irrigations et précipitations ; Teneur en eau du sol 2 : teneurs en eau dans les différents horizons de sol (1 : 0-5 cm ; 2 : 5-15 cm ;3 : 15-25 cm ; 4 : 25-35 cm ; 5 : 35-45 cm ; 6 : 45-55 cm) ; Teneur en eau du sol : teneur en eau cumulée sur 55 cm de sol.L’impératif est de libérer rigation traditionnelle à une irrigation fai- tionnelle », ont également été présentés,du temps aux producteurs sant intervenir ce « système autonome ». avec une attention particulière portée sur Cette première année d’évaluation a égale- 2 dates d’irrigation (21-22 juillet et 29-30L’utilisation de ce système a pour objec- ment visé, dans une démarche collabora- aout) pour lesquelles le producteur a faittif d’améliorer le pilotage de l’irrigation tive et basée sur l’échange et la discussion, fonctionner le « système autonome » selonainsi que de libérer du temps et une par- à lever des obstacles liés à l’appropriation deux approches différentes.tie de l’énergie dépensés par l’exploitant de nouveaux outils.pour le fonctionnement de ses systèmes En septembre 2016, une demi-journée Une efficacitéd’irrigation. Le pilotage doit permettre, en d’information a été organisée à destina- d’irrigation amélioréeintégrant le sol, la culture et son stade de tion des producteurs et techniciens afin pour un drainage moindredéveloppement, de diminuer la quantité de présenter le prototype testé. Lors ded’eau utilisée et de limiter le lessivage d’élé- cet évènement, le producteur impliqué L’irrigation effectuée le 21 juillet 2016ments fertilisants par rapport à la pratique dans cet essai a présenté son point de vue, selon la « pratique traditionnelle » a per-d’irrigation traditionnelle. Pour vérifier positif et en adéquation avec les objectifs mis d’apporter 65 mm en 5h. Sur ces 65ces derniers points, nous avons comparé fixés, quant à l’utilisation de ce prototype. mm, 45 mm ont été drainés dans les 24sur une même parcelle, à l’aide de sondes Les premiers résultats, comparant le « heures suivant l’irrigation (voir figure 2).capacitives connectées, une pratique d’ir- système autonome » à la « pratique tradi- Le 22 juillet 2016, une irrigation avec le «10 • Jardins du Littoral - Avril 2017

TechniqueFigure 4 : Suivi de l’humidité du sol le 29/08/2016 sur la zone de parcelle irriguée selon la « pratique traditionnelle »du producteur.Figure 5 : Suivi de l’humidité du sol le 30/08/2016 sur la zone de parcelle irriguée avec le « système autonome »système autonome » a été réalisée avec un l’irrigation aurait pu être encore réduite, et minutes par ligne. Il a pris le parti de cal-cycle de 20 minutes par ligne. L’irrigation ce quel que soit le système considéré. quer son raisonnement sur sa pratiquea permis d’apporter 20 mm d’eau qui se habituelle en terme de quantité apportée,sont positionnés sur 40 cm de profondeur Des habitudes de fonctionne- ce qui l’a amené à arroser durant près deet qui ont permis de ramener le sol à sa ment parfois limitantes 20h. Dans ce cas, on peut observer surcapacité de rétention maximale (figure 3). la figure 5 que la capacité au champ estL’irrigation a donc été « efficace », dans la L’irrigation du 29 aout, réalisée selon la « atteinte après 5h d’irrigation, bien que lesmesure où toute l’eau apportée s’est posi- pratique traditionnelle », a duré 9h (figure horizons profonds restent sec. Au bout detionnée dans le sol et que les horizons se 4). Après 2h d’irrigation, la capacité au 10h d’irrigation, l’eau s’est répartie dans lessont remplis successivement. champ, c’est-à-dire la quantité d’eau maxi- différents horizons. Le sol est alors plei-Le « système autonome » a donc permis male pouvant être stockée par le sol, fut nement saturé et l’eau apportée percoleune réduction de 60% de la quantité d’eau atteinte. L’eau amenée par la suite ne peut directement vers la nappe, ce qui favoriseapportée, tout en maintenant un niveau donc pas être stockée dans le sol et est le lessivage des éléments nutritifs présentsde remplissage du sol équivalent à la « amenée à drainer. La figure 4 illustre ce dans le sol. Après 14h d’irrigation, le drai-pratique traditionnelle ». Aucun drainage phénomène : dans les 12h suivant l’arrêt nage s’arrête et l’eau s’accumule dans lesn’est survenu suite à l’irrigation par le « de l’irrigation, 42 mm d’eau ont effective- différents horizons. Comme pour l’irri-système autonome », limitant ainsi le les- ment été drainés. gation selon la « pratique traditionnelle »,sivage des éléments fertilisants. Ces résul- A cette date, le producteur a réglé le « 35 mm d’eau ont ainsi été drainés dans lestats suggèrent également que la durée de système autonome » sur des cycles de 40 24h suivant l’arrêt de l’irrigation. Avril 2017 - Jardins du Littoral • 11

Technique envisageable compte tenu du temps déjà consacré par les producteurs à l’irrigation. Par ailleurs, le suivi du niveau d’eau dans les différents horizons lors de l’irrigation du 22 juillet avec le « système autonome » montre l’intérêt d’une phase de « repos » entre deux cycles, phase au cours de laquelle l’eau apportée se positionne dans le sol.Parcelle de carottes irriguée aux sprinklers: la gestion de l’irrigation n’est pas toujours Cette première expérience est encoura-évidente geante mais des calages sont nécessaires pour valider les durées de cycles les plusLes réglages choisis par le producteur pour ralement trop conséquents et trop longs adaptées à chaque condition de culturecette date, tant en termes de durée de cycle pour un sol avec une capacité au champ (stade de culture, type de sol…). En ce quique de durée d’irrigation, n’ont permis de aussi basse que celle d’un sable. Une partie concerne ce « système autonome » d’irri-réduire ni les quantités d’eau apportées par de l’eau apportée est, de fait, inutile. gation, le producteur nous a fait part derapport à une « pratique traditionnelle », En raccourcissant la durée des irriga- points pouvant freiner son intégrationni les lessivages éventuels. tions, on peut envisager d’augmenter le dans les pratiques d’irrigation. Selon lui, nombre d’irrigations réalisées par le pro- il est nécessaire de réfléchir à un systèmeDes évolutions ducteur sans affecter le niveau d’humi- enterré afin de faciliter l’accès de la par-de pratiques simples à dité des différents horizons du sol. Dans celle aux engins lors des différentes inter-des coûts raisonnables cette optique, l’outil de déclenchement ventions en cours de culture. En effet, le à distance apparait comme une solution système utilisé dans cette expérience aAu vu des résultats présentés dans cet ar- indispensable et facilement mobilisable. été démonté à chaque intervention duticle, une réflexion peut être engagée sur En effet, sans cet outil, l’augmentation du producteur sur sa parcelle. Lors de cesla durée des irrigations et leur fractionne- nombre d’irrigations sur une journée se opérations, du sable ou des impuretés ontment. Les apports d’eau lors d’une irriga- traduirait par davantage de trajets entre pu rentrer dans les tuyaux, d’autant qu’ilstion en parcelle de production sont géné- l’exploitation et les pompes pour démarrer n’ont pas été systématiquement remontés et arrêter le(s) système(s), ce qui n’est pas immédiatement après intervention. Aussi, lors de la remise en route du système, le producteur a été amené à déboucher plu- sieurs fois des sprinklers. Le système de déclenchement à distance lui a cependant permis de gagner du temps pour résoudre ce problème, dans la mesure où il n’avait pas eu à faire les allers-retours entre sa pompe et le sprinkler bouché. Riche d’enseignements, cette première an- née d’évaluation laisse entrevoir des évo- lutions relativement simples à mettre en œuvre dans un futur très proche et à des coûts raisonnables afin de moderniser les pratiques d’irrigations. Pauline Boutteaux, Philippe D’HOOGHE, Franck Vial (SILEBAN)12 • Jardins du Littoral - Avril 2017

TechniqueDésherbage poireauVers une amélioration dela lutte contre le souchetLa décision obtenue en 2016 pour le projet BAS 769 H de BASF autorisant par dérogation son utilisationen culture de poireau pour une durée de 120 jours a permis de renforcer les programmes de désherbage.Mais surtout, l’efficacité spécifique de ce produit sur souchet (Cyperus Esculentus) représente un atoutimportant pour réduire l’impact de cette plante invasive dans les assolements légumiers.Cette spécialité herbicide, utilisable des cultures légumières. Dans ce cadre, graminées et de l’hypocotyle pour les di- à titre transitoire en 2016 pour une BAS 769H a permis de réduire et retarder cotylédones en cours de levée. BAS 769 H durée de 120 jours, sur cultures de significativement les émergences du sou- doit donc être appliqué en prélevée, voirepoireau a été particulièrement intéres- chet. Cette dérogation a donc représenté en post-levée très précoce, sur adventicessante pour son large spectre d’efficacité sur une avancée pour limiter le développe- en phase d’émergence.dicotylédones et graminées. Ce spectre ment de la cypéracée, dans un maximum Au même titre que d’autres spécialitésenglobe également un effet très significatif de conditions, à un niveau de concurrence contenant ces substances actives, l’auto-sur souchet (Cyperus Esculentus) et pourra acceptable pour les cultures. Cependant, risation à venir sur poireau sera soumisedonc s’avérer très utile tant la lutte contre dans l’hypothèse d’une future autorisation à des restrictions d’emploi pour protégercette espèce invasive est difficile. Obtenue de mise sur le marché sur poireau, cette les eaux souterraines. Ainsi, on ne devranotamment grâce aux travaux du Sileban solution seule ne sera pas suffisante pour pas dépasser 1000 gr de métazachlore enet à la mobilisation de la filière, retour sur espérer à terme faire reculer durablement dose cumulée sur 3 ans et plus limitant,les principaux éléments de connaissance la capacité d’émergence des stocks semen- ne pas appliquer cette spécialité, de mêmede l’usage du BAS 769 H en désherbage du ciers (tubercules) atteints dans un certain que toute spécialité contenant du Dmta-p,poireau. nombre de parcelles. plus d’une fois tous les 2 ans sur la même parcelle.Une dérogation 2016 « d’utili- Projet BAS 769 H : Eléments De plus, en l’état actuel et dans l’hypo-té publique » anti Cypéracées de connaissance du produit thèse d’une nouvelle dérogation d’usage en 2017, il sera nécessaire de respecter unSpécialement pour les producteurs Cet herbicide associe 2 substances actives délai entre l’application de Dmta-p et laconfrontés au risque d’envahissement des de la famille des chloroacétamides dont les culture suivante destinée à l’alimentationcultures légumières par le(s) souchet(s), modes d’action offrent une certaine com- humaine : 140 jours pour implanter unetelle que sur la côte Ouest, cette déroga- plémentarité. Le métazachlore inhibe la céréale, 300 jours pour implanter cer-tion a été particulièrement utile. En effet, germination des graines. Il est également taines autres cultures dont la carotte parface à une plante invasive qui se multiplie absorbé par l’axe hypocotylé et les racines exemple (voir conditions d’emploi).de façon exponentielle dans les parcelles des adventices. Le Dmta-p est absorbé par BAS 769 H possède un large spectre d’ef-de production, les moyens de lutte sont les organes souterrains, principalement ficacité sur graminées et dicotylédonestrès limités s’agissant d’herbicides sélectifs au niveau du noeud du coléoptile pour les annuelles (voir tableau) avec des spé- Avril 2017 - Jardins du Littoral • 13

TechniqueRappel Conditions d’emploi du BAS 769H (200 g/l métazachlore + 200 g/l dmtap)Usage (1) [déroga- Dose maxi Nbre Stade DAR ZNT Aqua tion 2016] l/ha d’applications d’application 5m F (couvert par les condi-Désherbage 2.5 1 application tous les 2 ans et BBCH 12-18 tions d’utilisation) Poireau au minimum 7 jours après plantation(1) Conditions d’emploi dans le cadre de la dérogation octroyée en 2016 cificités d’intérêt telles que sur Cypéra- cées et géraniums. Il présente un certain manque d’efficacité sur les Amaranthacées notamment. Des résultats d’essais régio- naux pour optimiser l’usage Plusieurs essais ont permis de préciser les futures conditions d’emploi en culture de poireau. BAS 769 H a été évalué au travers de plusieurs modalités en relation avec le positionnement, les doses d’utilisation (y compris en fractionnement), les associa- tions possibles en conditions de sol limo- no sableux (5 essais) et sableux (2 essais). Dans tous les cas, l’efficacité est optimi- sée par une bonne humidité du sol lors de l’application. Il faut appliquer le traite- ment sur sol frais. Le fractionnement de la dose maximale d’utilisation (2.5 l/ha) en 2 applications de 1.5 l/ha, 5-7 jours après plantation, puis 1 l/ha, 15 jours après le premier traitement pour rester en traite- ment de pré émergence des adventices, est apparu intéressant conjointement à des conditions d’humidité du sol optimales. En terme d’associations possibles, les essais ont montré également une bonne complémentarité avec Prowl 400 (pendi- méthaline) pour renforcer l’efficacité sur% de réduction des adventices par rapport au témoin Nombre de souchets/0,5 m2Synthèse des essais désherbage poireau 2014, 2015, 2016 – Essai souchet 2015 – Comparaison de l’efficacité sur leEfficacité par adventice du projet BAS 769 H à 2,5 et 1,5 l/ha souchet comestible du BAS769H apporté en à 2,5 l/haen comparaison avec la référence (Prowl – Cent 7) fractionné (1,5 + 1) ou non14 • Jardins du Littoral - Avril 2017

TechniquePolygonacées (ex : renouées) et Amaran- Résultat d’essai sélectivitéthacées (ex : chénopode) notamment. mené au SILEBAN en 2016Spécifiquement pour lutter contre lesouchet, quelques points importants ont Résultats de sélectivité selon différentes conditions d’irrigation post-traitementété démontrés dans les essais réalisés en pour un même apport de BAS 769 H post-plantationsituation de parcelles fortement infestées.L’effet de l’application herbicide se produit Conditions de l’essai : de phytotoxicité (retard de croissance),lorsque la plantule herbacée traverse le - Sol limono-sableux, bassin du Val de jusqu’à un mois après le traitement. 2 moisfilm herbicide, ce qui suppose un posi- Saire après le traitement, les symptômes ne sonttionnement en pré émergence stricte. Le - Plantation début juillet 2016 plus visibles, cependant les poireaux pré-fractionnement de la dose, tel que décrit - Traitement BAS 769 H post-plantation sentant ces symptômes en début de cycleci-contre, a donné de bons résultats dans à 2.5l/ha ont un rendement inférieur comparé auxles essais (voir graphique) même s’il ne ga- - Simulation de pluies plus ou moins deux autres modalités.rantit pas d’une persistance d’action per- importantes par des irrigations (aucune Conclusion de l’essai sélectivité :mettant d’éviter des levées plus tardives de irrigation/25mm/45mm) Dans nos conditions d’essai, la quantitéla plante invasive. Résultats : d’eau apportée post-traitement peut avoirPour optimiser son effet, il est important Les poireaux de la modalité simulant une influence sur la phytotoxicité dud’avoir une bonne humidité du sol lors une pluie importante (45mm apportés BAS 769 H et par conséquent impacter lade l’application et dans les jours suivants en 2 heures) présentent des symptômes culture de poireau à long terme.celle-ci. Dispositif d’essai éprouvant la sélectivité du BAS 769 H en fonction des apportsPrévenir les risques de d’eau post-traitementphytotoxicité (la planche de droite a subi une irrigation supérieure à celle de gauche : une différence deLes essais réalisés dans les conditions phytotoxicité est observée)régionales sur les périodes de planta-tion de juin –juillet n’ont pas montré de programmes de désherbage du poireau. Bruno PITREL,défauts de sélectivité dans les 2 types de Actuellement, cette spécialité reste soumise Noémie Desmouceaux,sols. Toutefois, un essai visant à éprouver à l’octroi d’une décision dérogatoire pourla sélectivité lors de l’application du BAS être utilisable sur la campagne de pro- Pauline Boutteaux769 H a montré certaines limites en cas duction 2017 en désherbage du poireau. (SILEBAN)d’irrigation très importante après planta- Ces résultats d’essais de valeur pratiquetion (voir résultat de l’essai ci-contre). En ont montré certaines limites, qui seront re-cas de fortes précipitations annoncées, il transcrites dans les futures préconisationsest donc conseillé de décaler le traitement. d’emploi, dont il faudra tenir compte pourPar ailleurs, des essais réalisés sur des optimiser et sécuriser l’utilisation de cetteplantations précoces (février à avril) dans nouvelle spécialité.d’autres bassins de production ont mon-tré dans certaines conditions (sol sableux)une phytotoxicité importante. En phaseavec le traitement herbicide, ces effetspeuvent être induits par plusieurs facteurstels que les températures basses, l’absencede pratique du pralinage des racines enpost plantation, l’application de l’herbi-cide le jour de la plantation, le confine-ment sous film de forçage …Pour éviter ces effets, il est capital de nepas avoir de contact direct entre l’herbi-cide et le système racinaire du poireau.Pour les plantations à trous, BAS 769 Hqui présente une sélectivité de positionest peu exposé à un risque de phytotoxi-cité si un pralinage par apport d’eau surle rang est réalisé après la plantation et sil’application est réalisée 5 à 7 jours aprèsla plantation.Par son spectre d’action très large et soneffet sur des flores difficiles (morelles,matricaires…) dont les Cypéracées, il seraparticulièrement intéressant d’inclure cettenouvelle solution herbicide dans les futurs Avril 2017 - Jardins du Littoral • 15

Technique Couple de syrphidae à la reproductionMaladies et ravageursune activitécontenue en 2016 Avec une pression parasitaire en baisse au Les maladies et ravageurs présents cours de la dernière campagne, en lien avec sur les cultures légumières suivies un contexte pédoclimatique favorable aux au cours de l’année 2016 dans les cultures, les résultats sanitaires ont été quatre bassins de production du Val de plutôt satisfaisants au niveau des récoltes. Saire, de Surtainville, de Créances, et du Mont-Saint-Michel ont eu globalement16 • Jardins du Littoral - Avril 2017 une activité contenue, sans engendrer des dégâts de masse ni de pertes généralisées à un légume en particulier. Les résultats sanitaires plutôt satisfaisants au niveau des récoltes sont à mettre sur le compte, pour partie, des conditions pédoclima- tiques favorables (lire par ailleurs) et de la pertinence des actions des contrôles des bio agresseurs mises en place par les exploitants.

TechniqueAu plus proche du terrain Œufs de piérides du chou partir de fin juillet et continuellement en- suite jusqu’en début novembre. Les bassinsAu total, ce ne sont pas moins de 132 placent en première position des légumes du Val de Saire et de Surtainville sont lesparcelles réparties sur les quatre bas- concernés par les avertissements. La mala- plus touchés. Dans les préconisations liéessins – 46 dans le Val de Saire, 25 autour die de l’Alternariose, majeure au cours de au légume, la Rouille est également unede Surtainville, 20 pour Créances, et 41 l’été et en début d’automne a été sans inci- maladie qui suscite un nombre d’avertis-près du Mont-Saint-Michel – qui ont fait dence sur les récoltes car elle touche prin- sements équivalent mais la pression restel’objet de suivis sanitaires. Si la veille est cipalement les feuilles basales,avec une plutôt faible dans l’ensemble et/ou mieuxpermanente tout au long de l’année, le pression plus forte dans le Val de Saire. Les maîtrisée ; en tous les cas sa présence estdispositif matériel a été mis en place au noctuelles et les teignes, bien présentes épisodique dans les parcelles et homogènechamp entre le 4 février et le 12 décembre dès la fin du printemps et jusqu’au début d’un bassin à l’autre. Du côté des rava-2016, et il aura mobilisé pas moins de 282 novembre, ont eu l’activité la plus impor- geurs, le thrips est présent sur une largepièges. Des échanges hebdomadaires avec tante et la plus longue chez les ravageurs. période, de fin mai à début décembre.les exploitants des parcelles suivies et les Les poireaux se placent en deuxième posi- Les vols observés et les dégâts occasion-différents services techniques des OP et tion avec 21,3 % des préconisations géné- nés sur les cultures sont modérés voirela FREDON Normande complètent les rales. Là encore, l’Alternariose est la mala- importants et équivalents entre les quatreinformations issues d’observations. 13 die principale observée sur les feuilles à bassins mais la pression est aléatoire d’unemaladies majeures et 19 ravageurs princi- parcelle à l’autre avec un impact qui variepaux ont été répertoriés au cours de cette en fonction des créneaux de production.campagne. Dans un contexte hydrique déficitaire, leDe la semaine 2 à la semaine 46, ce sont positionnement des irrigations a pu faire35 Avertissements Cultures Légumières la différence en régulant les populations(ACL), bulletins techniques de conseils sensibles à l’eau.de la filière, qui ont été envoyés à toutou partie des adhérents du réseau d’ACL Salades : le vol quasi continu(producteurs adhérents aux Organisations des noctuellesde Producteurs). Un bulletin techniquecarotte/poireau est remis aux exploitants Les salades se placent au troisième rangsous extension des règles. Dans le cadre de avec 16 % du volume des préconisations.cette expertise effectuée sur les parcelles La pression des maladies est restée plu-des producteurs, l’évaluation du risque tôt faible tout au long de la campagne.d’infestation au champ peut être réali- Souvent préjudiciables à la culture, lessée au travers de modèles de prévision sorties de tâches de Mildiou sont fai-de vols et de développements de certains blement apparues au cours de la saison.bioagresseurs (notre analyse). La modé- Avec des symptômes observés essentiel-lisation a le mérite de déclencher, le cas lement dans les bassins du Val de Saireéchéant, des mesures prophylactiques en et de Surtainville. Sclérotiniose et Botry-amont des infestations. tis ont fait également des apparitionsA la clé, l’analyse des risques de dégâts aux marginales.cultures à partir du diagnostic des mala-dies et ravageurs présents sur les partiesaériennes, voire au niveau des racines,des cultures ciblées par les observations etmodélisations. Les alertes de vigilance parcultures et ravageurs peuvent donner lieu àla préconisation d’actions de contrôles desbioagresseurs (produits phytosanitaires, àtitre d’exemples, et/ou de méthodes alter-natives comme moyens de lutte).Bioagresseurs : les choux les Autographa gamma : larve et papillonplus touchésSur la campagne 2016, ce sont 206 préco-nisations incluant 203 traitements phyto-sanitaires, 3 traitements minéraux (à basede soufre) et 111 méthodes alternativesqui ont ciblé les cultures maraîchères desquatre bassins de production. Avec 27,7%des préconisations totales émises sur toutela campagne, les choux (choux-fleurs, ca-bus rouges et blancs, choux de Milan) se Avril 2017 - Jardins du Littoral • 17

TechniquePlein champ La caractéristique de l’année est sans au- cun doute le vol des noctuelles, impor-La météo souffle tant, et quasi continu à partir du milieu dudans le bon sens printemps avec des pics d’activité de mi mai jusqu’à début octobre. Une préconi-Après un hiver excédentaire en eau, le prin- mois d’octobre, novembre, et décembre. sation sur deux, en salades, concerne lestemps légèrement déficitaire a rétabli la noctuelles. Dans une moindre mesure, lesbalance hydrique. Au cours de l’été – au- Les températures ont continué d’évoluer thrips, ponctuellement et sur la premièretomne 2016, il a plu aux bons moments quinzaine de septembre essentiellement,mais pas trop et même deux fois moins, au dessus des normales saisonnières dans investissent les cultures du côté du Mont-grosso modo, que d’habitude sur les deux Saint-Michel et plus faiblement dans lesaisons. Or on sait que ce sont les grosses tous les bassins de production (+ 0.7 Val de Saire.pluies d’automne qui sont souvent préjudi- Ex-aequo avec 16 % des préconisationsciables aux cultures. Avec un cumul du der- °C dans le Val de Saire) mais dans le Coten- annuelles, les céleris (branche et rave)nier trimestre qui compose sous la barre sont surtout touchés par la maladie de lades 200 litres au mètre carré, tout comme tin, depuis 2014, la moyenne annuelle enre- Septoriose qui se développe entre mi juil-l’année précédente, les automnes 2015 et let et début décembre. Avec une pression2016 sont les plus secs depuis 2001. Rap- gistre sa deuxième baisse consécutive. moyenne dans les zones de production dupelons nous des fins d’année 2012, 2013, et Val de Saire, de Créances et de Surtainville2014 avec, par ordre décroissant, quelque Les valeurs diurnes, dans tous les cas, n’ont où elle enregistre dans ce dernier bassin360, 460, et 520 l/m2 relevés sur les trois une activité maximale. Le Mont-Saint- pas enregistrées d’excès au niveau des Michel n’est pas impacté. Au niveau des ravageurs, la mouche de la carotte montre maximales et le rapport psychrométrique une activité majeure et durable avec des premières captures qui sont effectives sur au champ a certainement été défavorable pièges à partir de fin mai et jusqu’à fin novembre. Les vols sont homogènes et au développement des parasites. Le « coup touchent les bassins en même temps. Au cinquième rang des préconisations, les de chaud » s’observe de mai à septembre carottes représentent 11, 7 % des alertes prêtant vigilance ou recommandant des avec l’écart, par rapport aux normales, le interventions. Avec la maladie de l’Alterna- riose comme cible principale au niveau des plus remarquable pour le dernier mois d’été pathologies. Les symptômes apparaissent au début du mois d’août et vont crescendo (+ 2 °C) où il fait aussi chaud qu’en juillet. jusqu’à fin novembre. Avec une pression qui reste cependant moyenne et sans effetPluviométrie cumulée par saison sur les premières récoltes d’automne. LaPoste climatologique de Gatteville-le-Phare (SILEBAN) maladie est davantage observée sur les bassins du Val de Saire et de Surtainvil le.Températures maximales et minimales moyennes Carotte : les premiers vols dePoste climatologique de Gatteville-le-Phare (SILEBAN) mouche sur la côte Ouest Au niveau des ravageurs, la mouche de la carotte a également une activité majeure et durable avec des premières captures qui sont effectives sur pièges dès la mi-mai et jusqu’à début décembre en raison de conditions climatiques favorables. L’im- pact sur les cultures est homogène entre la côte Ouest et la côte Est mais les bas- sins de Créances et du Mont-Saint-Michel sont les premiers touchés par les vols du printemps. Avec 4,4 % des préconisations effectuées sur la campagne, les navets se placent à la sixième place des légumes ciblés dans les avertissements. La maladie du Mildiou, majeure dans les bassins du Val de Saire et de Surtainville, apparaît en deuxième par-18 • Jardins du Littoral - Avril 2017

Technique Modélisation Une vigilance accrue au bon moment Un cas concret d’évaluation du risque d’infestation au champ est illustré ici avec les pré- visions de vol de la mouche de la carotte, dans le Val de Saire, au travers du modèle Swat et comparé à l’évolution de nos captures réalisées sur le terrain au dessus d’une culture de carottes.Pucerons lanigères sur carottetie d’été sur le feuillage, à partir de début Evolution des capturesaoût et perdure ensuite jusqu’en décembre.L’infestation progresse très vite sous le bâ- Comparaison : mi mai le modèle annonce le début d’un 1er vol qui est confirmé le 20 maichage et toutes les parties aériennes sont sur nos pièges. Swat annonce un 2ème vol mi-août et nos captures enregistrent un pic d’acti-touchées dans ces zones de production vité une dizaine de jours plus tard. Enfin le modèle indique un 3ème petit mouvement fin sep-concernées. Sans incidence toutefois sur tembre et nos relevés de mouches signalent cette petite activité entre mi septembre et mila qualité racinaire des légumes prélevés. novembre.En automne, la Gale est observée sur desracines en récolte et en faible proportion, Critiques : le modèle nous donne une très bonne évaluation du risque d’infestation auà Surtainville. Dans les mêmes bassins, la champ en mai en anticipant l’arrivée des mouches de quelques jours ; il ne perçoit pasmouche du chou est le ravageur principal en revanche le pic de mi juillet que nous observons sur nos pièges. Au mois d’août aussi,qui continue d’affecter épisodiquement les l’alerte du modèle est pertinente et prévient d’un nouveau vol. En revanche, quand il n’y acultures. Cette mouche est moyennement pas de vol (à partir de mi septembre) et même si l’activité du ravageur se poursuit (jusqu’àvoire fortement présente (plusieurs pics de mi novembre), le modèle n’apporte qu’une réponse partielle et insuffisante sur les mouve-vol) de début août à début décembre. Avec ments de population ; en même temps il estime que le risque est minime et il ne le répercutecependant une pression contenue grâce pas ou peu graphiquement.aux méthodes alternatives de bâchage quipoussent la protection physique jusqu’enfin été. En début d’automne, après décou-verture, quelques dégâts sont observés surles premières récoltes.En septième place avec 2,9 % des préconi-sations globales, le persil du Val de Sairereste exempt de maladies tout au long dela saison qui a vu se succéder jusqu’à 4coupes pour une même implantation. Lamouche de la carotte reste le ravageur leplus actif sur une large période de piégeagecourant de fin mai à début décembre. Mal-gré une pression moyenne, la qualité desplants n’est pas impactée. Et contre touteattente, un des pics de vol est observé àla mi-novembre ; il est à mettre en lienavec des conditions atmosphériques quasiestivales. Christophe Luneau (SILEBAN) Conclusion : la vigilance sur le terrain a été accrue au bon moment grâce au modèle Swat qui n’a pas manqué le 1er vol du ravageur, le plus important dans la saison car c’est le point de départ de possibles attaques parasitaires. Les alertes données numériquement ont permis d’optimiser le calendrier des mesures sanitaires au cours de la campagne. Avril 2017 - Jardins du Littoral • 19

Vos rendez-vous • Le 14 juin 2017 Mécafruit – l’innovation au service des• Du 22 au 24 avril 2017 techniques d’application2e édition de Mac Fruit Attraction Un rendez-vous d’échanges et de démonstrations dynamiquesLa première édition a rassemblé plus de 10 000 visiteurs d’équipements/matériels/services innovants pour l’applicationd’Egypte, du Kenya, l’Algérie, de Tunisie, de Jordanie et des produits en arboriculture : atelier « drônes », atelierd’Arabie Saoudite. De nombreux opérateurs espagnols et « autonomie du tracteur-pulvérisateur », atelier « lesitaliens étaient présents parmi les 59 entreprises exposantes innovations pour améliorer la qualité d’application et leEn marge de Food Cairo quotidien de l’applicateur », atelier « projets sur les techniquesLe Caire – Égypte innovantes d’application des produits phytosanitaires enwww.ifema.es arboriculture ». Lieu : Ctifl, centre de Lanxade Contact : Véronique Bara [email protected] -05.53.58.00.05• Du 25 au 27 avril 2017Medfel 10 ans ! • Du 24 au 26 octobre 2017 11ème conférence Internationale sur lesRendez-vous d’affaires de la filière fruits et légumes ravageurs et auxiliaires en agriculturePalais des expositions de Perpignanwww.medfel.com LIEU : SupAgro Montpellier CONTACT : 01 41 79 19 80


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