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946 LUANG POU WAT PAKNAM หลวงปู่วัดปากน้ำ (French)

Description: 946 LUANG POU WAT PAKNAM หลวงปู่วัดปากน้ำ (French)

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sermons des moines ne peuvent parvenir, limi- tés qu’ils sont par le temps, le lieu et l’opportunité. Māra nous a dépassé, nous, moi- nes ; Māra nous devance ; nous avons perdu, nous sommes battus dans nos propres cham- bres ! Autrefois, le théâtre, l’opéra, la musique étaient confinés dans les théâtres ou sur les champs de foire. Les moines avaient leur mot à dire et pouvaient au moins s’opposer à la diffu- sion des plaisirs des sens. Plus maintenant ! Maintenant, les moines sont confinés dans les temples tandis que les plaisirs des sens sont dif- fusés jusque dans les chambres à coucher, sous les moustiquaires, jusque dans les lits ! Nous avons une nouvelle fois été vaincus par Māra ! Luang Pou continua : Toutes ces choses interfèrent avec l’appui à la religion bouddhiste. Même dans les demeures les plus riches, les résidents n’ont plus le temps de venir offrir des aumônes aux moines parce qu’ils regardent la télévision jusqu’à des heures tardives et ils ne peuvent se lever à temps pour offrir de la nourriture. Tous les gens aisés, de nos jours, ont une télévision. Seuls les pauvres ne peuvent en avoir une compte tenu de son coût. En fait, il n’y a là rien de bien surpre- nant : les riches maîtres de maison ont toujours été les plus faibles soutiens de la communauté monastique. Les gens très pauvres n’ont guère plus d’opportunité de donner des aumônes. Ceux qui appartiennent aux classes moyennes sont les plus fermes soutiens du bouddhisme. 152 www.kalyanamitra.org

Les riches ne donnent des aumônes que dans les grandes occasions ou envoient des domesti- ques faire des dons en leur nom ; c’est finale- ment ceux qui, dans une maisonnée, ont la plus faible compréhension du bouddhisme qui re- cueillent le plus de mérites*. Plus la télévision sera bon marché, plus elle sera accessible aux classes moyennes, plus les donateurs se feront rares. Le montant des aumônes données à Bangkok est déjà insuffisant pour permettre à tous les moines de survivre. Si la situation pré- sente s’accentue, avec nos foyers pleins de vice et de déchéance, ce n’est pas seulement le bouddhisme qui en souffrira mais aussi l’éducation de nos enfants et le comportement de ceux-ci en société. Le bouddhisme évoluait avec son temps et la réputation de Dhammakāya était exportée par des voyageurs qui venaient solliciter la bénédiction de Luang Pou avant d’entamer leur périple international. Sans en parler à personne, Luang Pou nourrissait de- puis longtemps le souhait de diffuser l’enseignement de Dhammakāya au sein de la communauté interna- tionale. En un temps où le transport jusqu’au temple ne bénéficiait même pas d’une route carrossable, Luang Pou dressait des plans à long terme pour que le temple se dote d’un avion permettant d’envoyer des moines au loin répandre le Dhamma et revenir ac- compagnés de disciples étrangers souhaitant être or- donnés en Thaïlande. 153 www.kalyanamitra.org

L’un des premiers bhikkhū du Wat Paknam à voyager à l’étranger fut Thitavedo bhikkhu qui fit une courte visite en Angleterre en 1953. Grâce à ses relations au sein de la Buddhist Society of London, il fut introduit auprès d’un enseignant bouddhiste laïc du nom de William Purfurst (alias Richard Randall) qui envisa- geait de solliciter l’ordination. Thitavedo bhikkhu se chargea d’organiser la formation préalable à l’ordination au sein du Wat Paknam et servit de guide et de traducteur lorsque Purfurst s’envola pour la Thaïlande en février 1954. Purfurst fut accueilli avec un grand intérêt par la communauté thaïe parce qu’aucun européen, avant lui, n’avait jamais formulé le vœu d’être ordonné au sein du Saṅgha bouddhiste thaïlandais. Il fut installé dans un logement réaménagé à son intention au sein du Wat Paknam. Luang Pou donna des cours indivi- duels à Purfurst et après quelques expériences médita- tives initiales, lorsqu’il fut capable de percevoir une lumière intérieure au centre de son corps, Luang Pou lui permit de recevoir l’ordination en tant que novice. Durant cette ordination, Luang Pou appliqua son cri- tère habituel selon lequel l’expérience intérieure de l’illumination est un pré-requis indispensable pour devenir moine. Tous les moines participant à l’ordination étaient des méditants qualifiés et aidèrent Luang Pou à étendre l’expérience méditative de Pur- furst jusqu’à ce qu’il atteigne Dhammakāya. La cérémonie d’ordination prit quatre heures. De nou- veau, dans la solitude de son logement, le sāmaṇera* William progressa dans sa méditation durant cinq mois jusqu’à la fête de Visakha 1954, lorsque Luang 154 www.kalyanamitra.org

Pou lui fit le grand honneur de lui conférer l’ordination plénière et de lui donner le nom de Kapilavaḍḍho. Luang Pou déclara avec fierté à ses partisans : Demain, un étranger sera ordonné. Il a sacrifié son bonheur personnel, quitté son peuple et tra- versé les mers pour rechercher ce qui est bon et vrai. Pour dire la vérité, nous, Thaïs, sommes bouddhistes de naissance, nous suivons naturel- lement la religion du Bouddha. Ne serait-il pas pertinent que nous profitions de cette opportu- nité de vivre selon ce qui est bon et vrai, et de ne pas laisser passer les jours en vain ? Dix mille personnes assistaient à l’ordination. Elle suscita chez nombre d’entre elles le désir d’être éga- lement ordonnées. Kapilavaḍḍho pratiqua la médita- tion dans la solitude pendant quatre mois encore. A l’issue de cette période, Luang Pou l’autorisa à accep- ter des invitations extérieures et, le 8 novembre 1954, il fut renvoyé en Angleterre afin d’y rechercher d’autres fidèles intéressés par l’ordination. Kapilavaḍḍho prêcha à Londres et Manchester et fit l’objet de nombreux articles de journaux. Il posa les fondations de l’English Saṅgha Trust (qui continue, depuis lors, de soutenir l’œuvre de la communauté monastique anglaise). Trois jeunes gens vinrent lui demander l’ordination et Kapilavaḍḍho leur conféra le noviciat. En décembre 1955, lorsqu’il eut rassemblé des fonds suffisants pour l’achat des billets d’avion, il accompagna les novices en Thaïlande et les soumit au strict régime qui avait été auparavant le sien. 155 www.kalyanamitra.org

Les nouvelles recrues reçurent la même hospitalité généreuse et furent tellement gâtés qu’ils oublièrent leur statut de nouveaux venus dans la communauté. Pendant que les moines nouvellement ordonnés s’asseyaient à table pour déguster un véritable petit déjeuner anglais, leurs aînés s’asseyaient sur des nat- tes, à même le sol, et se satisfaisaient d’une simple soupe de riz. Kapilavaḍḍho passa l’examen d’accès aux fonctions d’anusāvanācāriya* et le réussit. Il put donc officier lui-même pour la pleine ordination de ses disciples. Terry Magnus devint Suddhāvaḍḍho bhikkhu. Les autres furent ordonnés sous les noms de Paññāvaḍḍho bhikku et Vijjāvaḍḍho bhikkhu. Les moines étrangers devaient manquer du sens du respect envers leurs maîtres qui caractérise leurs condisciples thaïs. En une occasion, un malentendu surgit entre Luang Pou et les moines étrangers. Durant une réunion plénière de la communauté monastique, les moines étrangers demandèrent à Luang Pou, par l’intermédiaire de leur interprète, un privilège particu- lier. Il n’y a rien de grave dans un malentendu mais, dans ce cas, les moines se levèrent et quittèrent déli- bérément l’assemblée. Dans la tradition bouddhiste, une telle réunion, convoquée par le Vénérable du temple, exige la participation de tous les moines, no- vices, renonçantes et laïques présents, sans aucune exception. Quitter ainsi l’assemblée était perçu comme le summum des mauvaises manières. Ils s’étaient lourdement mépris en négligeant leur devoir de respect envers Luang Pou, leur maître ; ils étaient impardonnables. Luang Pou se trouvait face à un im- portant dilemme : il savait qu’il serait impuissant si 156 www.kalyanamitra.org

une situation similaire se reproduisait. Luang Pou se dit : Je ne peux laisser passer cet incident, ou ils continueront à faire preuve d’irrespect concer- nant d’autres points de la religion bouddhiste. Ils doivent comprendre comment se comporter dans ce pays si religieux. Vivant avec d’autres, ils doivent apprendre à ne pas penser seulement par eux-mêmes. Malheureusement, le traducteur ne fit rien pour remé- dier au malentendu. Les trois moines quittèrent le temple. Ils revinrent par intervalle et laissèrent enten- dre qu’ils ne réintégreraient le temple qu’à certaines conditions. Luang Pou n’acceptait pas les marchanda- ges et refusa de les recevoir. A cette même époque, il tomba malade. Kapilavaḍḍho revint en Thaïlande afin de solliciter une forme de pardon ; mais il était déjà trop tard, parce que Luang Pou, accablé par la maladie, ne pou- vait plus recevoir personne. Les problèmes cardiaques de Luang Pou s’aggravèrent, comme si les difficultés rencontrées sur le chemin de l’expansion mondiale du Dhamma avaient miné sa santé. Kapilavaḍḍho retour- na en Angleterre en mars 1956 pour remplir ses fonc- tions au sein de l’English Saṅgha Trust ; il quitta fina- lement la vie monastique en raison d’une santé défail- lante. 157 www.kalyanamitra.org

Ordination de William Purfurst à l’occasion de la fête de Visakha 1954. Luang Pou lui remet les trois robes. 158 www.kalyanamitra.org

Le décès – Un nouvel espoir Placez votre esprit au centre du Bouddha, à l’intérieur de vous-même. Cela permet de toucher du doigt l’incalculable myriade des Bouddhas au sein du nibbāna. Phramongkolthepmuni De l’œuvre de Luang Pou Wat Paknam, il est aisé de déduire que sa sagesse et sa compassion étaient immenses. Lorsque les premiers signes de la maladie commencèrent à se manifester, Luang Pou parut anxieux, non parce que sa propre vie touchait à sa fin, mais, comme il le confia à quelques proches, parce qu’il n’avait pas de véritable héritier dans la tradition Dhammakāya. Il craignait que la tradition ne disparaisse peu de temps après sa mort. Un jour de 1944, cinq proches vinrent lui rendre vi- site ; en dépit de sa maladie, ils distinguèrent un sou- rire sur le visage de Luang Pou. Lorsqu’ils demandè- rent à Luang Pou la raison de son sourire, il expliqua qu’il était soulagé de savoir que celui qui allait perpé- tuer la tradition Dhammakāya venait de naître dans la 159 www.kalyanamitra.org

province de Singburi. Il dit que trouver un héritier pour cette tradition avait été la chose la plus difficile au monde, mais que l’héritier était enfin né ; son apti- tude à méditer serait sans égale et son pouvoir plus important encore que celui de Luang Pou, suffisam- ment puissant pour diffuser Vijjā Dhammakāya dans le monde entier. Luang Pou savait que sa maladie était incura- ble. Il ne prenait des médicaments que pour retarder l’échéance. Il disait calmement : Cette maladie est liée au mûrissement de mes actions négatives du passé ; elle est inévitable. Les médicaments que l’on me donne ne peu- vent soigner la maladie intérieure. C’est comme si un énorme rocher fermait la route aux médicaments, empêchant les remèdes de parvenir là où ils seraient véritablement néces- saires. En 1956, on avait diagnostiqué une hypertension chez Luang Pou et ses chances de guérir diminuaient pro- portionnellement à l’augmentation de ses responsabi- lités monastiques. Luang Pou avait planifié d’inviter 2.500 moines pour célébrer, en 1957, les 2.500 ans du bouddhisme ; il dut cependant annuler cette cérémo- nie en raison de sa santé défaillante. Il était très conscient de sa situation mais ne pouvait s’aider lui-même. Malgré sa souffrance physique, il conservait un esprit ferme, ne se plaignant jamais de sa douleur ou de ses malaises. Les médecins ne pou- vaient savoir s’il avait mal ou non qu’en le question- 160 www.kalyanamitra.org

nant directement. Il écartait toujours ceux qui ten- taient de l’aider à se lever ou à s’asseoir. Il se considé- rait toujours, en toutes circonstances, comme une per- sonne bien portante, même s’il courait le risque de décéder en public. Malgré sa souffrance, il refusa d’interrompre sa re- traite de la saison des pluies et il se soigna à l’extérieur du temple jusqu’à la fin de la retraite. A côté de cette hypertension, Luang Pou souffrait également d’une hernie, qui nécessita une opération chirurgicale à l’hôpital Siriraj64 et à l’hôpital monasti- que. Lorsqu’il accepta d’entrer à l’hôpital, il demeura aussi strict que dans son temple. Un personnel infir- mier devait veiller Luang Pou durant la première nuit ; or, tous les infirmiers de sexe masculin étaient retournés chez eux. Luang Pou demanda à son assis- tant, Poong Mikaewnoi, qui devait venir s’occuper de lui. Quand Luang Pou découvrit qu’il s’agissait d’une infirmière, il dit : « c’est ce que je voulais savoir ; ramenez-moi au temple tout de suite ! » Luang Pou aurait préféré mourir, ne pas subir son opération, plutôt que de permettre un contact physi- que entre une femme et lui. L’oncle Poong ne savait pas quoi faire. Il appela Somdej Phra Wanarat et lui demanda de parler au directeur de l’hôpital. Son Ex- cellence fit ce qu’on lui avait demandé et s’arrangea pour organiser des tours de gardes d’infirmiers. A partir de 1957, l’état de Luang Pou s’aggrava. Il savait qu’il ne vivrait pas beaucoup plus longtemps et 64 Le plus ancien et l’un des plus importants hôpitaux de Thaïlande. 161 www.kalyanamitra.org

organisa à l’avance les funérailles de sa propre mère afin d’être absolument certain de pouvoir payer cette ultime dette de gratitude. Même lorsque Luang Pou était sévèrement malade, son esprit restait absorbé par le Dhamma* et la re- cherche méditative. Chaque soir il demandait aux moines de venir méditer auprès de lui durant une ou deux heures. Durant la nuit, il demandait à tous de méditer. Durant sa maladie, il ne demanda jamais de nourriture spéciale ou de traitement particulier. Il continua de manger ce qui lui était offert. Il ne cessa jamais d’enseigner la méditation jusqu’à son dernier jour. Avant son décès, il réprimanda ses disciples en di- sant : Notre temps est trop bref. Nous ne pouvons vaincre Māra* durant cette existence-ci. Nous restons prisonniers de son étreinte. Ces mots ne devaient pas être pris comme une mise en cause de la capacité à méditer de ses disciples. Il ne les accusait pas d’avoir échoué. Il voulait qu’il soit bien clair dans leur esprit que leur tâche n’était pas encore achevée et qu’ils ne devaient pas se reposer sur leurs lauriers avant que la victoire ne soit certaine. Avant de mourir, Luang Pou fit diverses prédictions concernant le temple. Il annonça que le Wat Paknam deviendrait très populaire et qu’un grand nombre de nouveaux étudiants viendraient rejoindre la congréga- tion. Il ordonna aux renonçantes de ne pas brûler son corps mais de l’embaumer. Sa dépouille continuerait à assurer la prospérité du temple, elle continuerait à nourrir ses habitants en attirant les pèlerins venus visi- 162 www.kalyanamitra.org

ter le Wat Paknam et lui rendre hommage. Des ins- tructions pour la méditation, enregistrées sur des cas- settes audio, seraient diffusées dans la pièce où son corps reposerait. Tous les visiteurs pourraient ainsi continuer à faire des donations pour assurer la prospé- rité du temple. La santé de Luang Pou déclinant, il n’eut plus la force de continuer à former les nouveaux méditants de l’atelier, ni celle de diriger les sessions de méditation. Un jour, Luang Pou appela Kuhn Yay Chandra et lui ordonna : Ne soyez pas pressée de mourir ! N’abandonnez pas la vie d’enseignante pour la solitude des forêts ! Après mon départ, les au- tres devront s’appuyer sur vous pour enseigner Vijjā Dhammakāya* et pour les maintenir dans la juste mais si étroite voie. Si vous n’êtes pas leur enseignante, ils tomberont, victimes de l’œuvre de Māra. En effet, sans l’implication de Luang Pou, l’orientation du temple avait tendance à dévier de plus en plus vers des études académiques et les adeptes appartenant au petit noyau des méditants quittaient peu à peu le temple pour pratiquer la méditation en d’autres lieux. Les dernières paroles de Luang Pou furent les suivantes : Continuez à travailler comme si j’étais encore vivant. Ne cessez jamais de méditer. Continuez de faire le bien et de soutenir les moines. 163 www.kalyanamitra.org

Luang Pou décéda le 3 février 1959 à l’âge de soixante-treize ans. Malgré la grandeur résultant du sacrifice de toute une existence, lorsqu’il disparut, seule une petite poignée de disciples – principalement les renonçantes qui étaient restées à ses côtés durant toutes ces années – continua la mission de Luang Pou en en conservant l’esprit originel. Nombre de disciples tentèrent de leur côté de retrouver le niveau de méditation qu’ils avaient atteint avec Luang Pou en quittant le temple et en se retirant dans des ermitages forestiers. Un jour que Kuhn Yay Chandra revenait à son kuti, elle trouva un chiromancien assis sur le seuil. « Vous allez avoir un grand nombre d’étudiants et vous serez un refuge pour des milliers de personnes », expliqua le devin, lui proposant une consultation gra- tuite. « Sottises ! », lui répondit Kuhn Yay, « je vis seule et je ne possède rien ; je n’ai aucun étudiant ; je n’ai rien d’autre que ce petit kuti ». Pourtant, en réponse aux prédictions de Luang Pou, une nouvelle génération d’étudiants intéressés par la méditation prit le chemin du Wat Paknam Bhasicha- roen et vint chercher Kuhn Yay Upāsikā Chandra Kohn.nok.yoong dans son humble kuti. Kuhn Yay n’y attacha pas trop d’attention mais, se rappelant les mots de Luang Pou, elle commença à enseigner en faisant de son mieux. Elle enseigna jusqu’à ce que le groupe devienne trop grand pour son humble kuti et, bientôt, pour le Wat Paknam. 164 www.kalyanamitra.org

Pour pallier ce manque d’espace, à l’âge de soixante ans, elle fonda un nouveau temple dans la province de Patumthani : le Wat Phra Dhammakāya. De nos jours, la personnalité de Luang Pou reste une force vivante. Le fait que Luang Pou ait pu exercer une telle influence sur les esprits des fidèles, y compris après sa mort, reste un sujet d’admiration pour beaucoup de religieux de haut rang. La grande compassion dont Luang Pou Wat Paknam faisait preuve en enseignant Vijjā Dhammakāya permit, en l’espace d’une seule existence, de faire croître sans fin le petit noyau originel des disciples, comme les va- gues toujours plus amples de l’océan. Aujourd’hui, les disciples de Luang Pou Wat Paknam, étudiants de la méditation Dhammakāya, se comptent par millions dans le monde entier. Plus que jamais, de jeunes étudiants, inspirés par cette tradition, sont curieux de connaître la vie exemplaire de ceux qui ont solidement établi la tradition du Vijjā Dhammakāya. 165 www.kalyanamitra.org

Kuhn Yay Mahāratana Upāsikā Chandra Kohn.nok.yoong 1909-2000 Disciple majeure de Luang Pou Wat Paknam Fondatrice du Wat Phra Dhammakāya. 166 www.kalyanamitra.org

Epilogue Le bouddhisme ne peut durer qu’aussi longtemps que les gens ordinaires comprennent la valeur du don*. Si les gens cessaient de donner nourriture et moyens de subsistance, ne serait-ce que durant un seul mois, le bouddhisme disparaîtrait de Thaïlande. Tous les moines et les novices seraient contraints d’abandonner la vie de renoncement. Phramongkolthepmuni La foi et le soutien que les laïques apportent au bouddhisme est rigoureusement proportionnelle à la dévotion et à la discipline* de la communauté mo- nastique. L’époque de Luang Pou Wat Paknam avait été une époque de grandes épreuves pour la commu- nauté monastique de Thaïlande. En de nombreux en- droits, les moines n’étaient ordonnés que temporaire- ment et ne favorisaient guère la foi des laïques, ceux- ci attendant des enseignements plus profonds que ceux qui pouvaient être appréhendés à travers une ordination de quelques jours. Dans les villes, en parti- culier, les moines consacraient toute leur énergie à l’étude des textes mais oubliaient que les études scrip- turales n’ont d’utilité que si elles servent de base à la méditation*. 167 www.kalyanamitra.org

L’étude de la méditation, avant l’époque de Luang Pou Wat Paknam, était l’apanage des moines de la forêt, et la croyance était de surcroît largement répan- due que la possibilité d’atteindre l’état d’arahā* s’était éteinte avec le Bouddha ; de ce fait, il était inu- tile de proposer aux fidèles d’imiter les grands disci- ples des temps passés. Même si certains des moines de la forêt accédaient à des réalisations, la probabilité que le bénéfice de ces réalisations profite au grand public était aussi éloignée que les ermitages forestiers eux-mêmes. De ce fait, en dehors des quelques initiés qui avaient une expérience directe de l’ordination, le processus de sécularisation des études monastiques n’incitait plus le public à pratiquer le bouddhisme. Ainsi s’expliquait le fait qu’au tournant du siècle pré- cédent, les moines de Bangkok étaient proches de mourir de faim ! La plus importante découverte de Luang Pou Wat Paknam fut que le jeune Gotama n’avait pu at- teindre l’illumination et devenir le Bouddha qu’après avoir médité jusqu’à ce qu’il atteigne, à l’intérieur de lui-même, le « corps de l’illumination », le Dham- makāya*. Ayant pénétré l’essence réelle du bouddhisme, Luang Pou fut capable d’enseigner au public à pratiquer le don*, à suivre les Préceptes* et à méditer, au point d’en tirer des bénéfices immédiats pour leur vie quo- tidienne ; il leur enseigna à immobiliser leur esprit au centre de leur corps. Parce que Luang Pou, malgré la lourdeur de ses tâ- ches, était toujours disponible pour recevoir les visi- 168 www.kalyanamitra.org

teurs du temple, le nombre des personnes ayant pu bénéficier directement de ses enseignements fut véri- tablement considérable. Luang Pou était tout à fait ouvert aux idées nouvelles. Il fut le pionnier de l’enseignement de masse de la méditation, rendu possible par la toute récente techno- logie du microphone. Il donna par centaines des ser- mons et des enseignements au grand public. Il enre- gistra également, pour la postérité, des cassettes de ses enseignements. Une autre avancée réalisée par Luang Pou fut l’introduction d’une véritable « révolution indus- trielle » dans l’enseignement de la méditation : son atelier de méditation et son système de méditation ininterrompue étaient de véritables innovations. La profondeur des enseignements de Vijjā Dhammakāya* découverts par Luang Pou est parti- culièrement difficile à traduire en mots. Vijjā Dham- makāya peut être considéré comme l’équivalent des « Trois sciences »*, de la « sextuple connaissance suprême » ou de l’« octuple connaissance supranor- male »* acquises par les arahā au temps du Bouddha. A partir du Ve siècle qui suivit le parinibbāna* du Bouddha et jusqu’en 1914, date de la redécouverte de Dhammakāya par Luang Pou, les arahā parvenaient sans conteste à mettre fin à leurs fermentations menta- les*, mais ils n’atteignaient généralement pas l’étape ultérieure, celle du discernement* du fonctionnement du réel. C’est ce règne de la connaissance supramon- daine* que Luang Pou redécouvrit et qu’il utilisa pour le bénéfice du monde. Toutefois, il ne déclara jamais 169 www.kalyanamitra.org

lui-même être un arahā ou avoir atteint l’un des der- niers degrés de la « sainteté » bouddhiste. Il ne pré- tendit jamais être un bouddha ou un bodhisatta*. La connaissance de ses enseignements tirée d’une simple biographie ne peut être que très superfi- cielle. En Thaïlande, bien des gens ne connaissent Luang Pou qu’à travers les miracles associés à ses amulettes. En revanche, pour tous ceux qui sont avi- des de connaissance, la véritable tradition de médita- tion de Luang Pou Wat Paknam est restée vivante grâce à sa transmission assurée de nos jours au sein du Wat Phra Dhammakāya et d’autres institutions. La tradition est intacte, toujours aussi efficace. Elle conti- nue de rassembler en une pratique harmonieusement unifiée les traditions, auparavant séparées, de l’apprentissage scriptural et de la méditation. La personnalité de Luang Pou Wat Paknam reste chère au cœur de tous ceux qui pratiquent la méditation. Sa ferveur et son engagement en faveur de la méditation constituent pour tous un héritage éter- nel. 170 www.kalyanamitra.org

Remerciements Cet ouvrage n’aurait pu être écrit sans les no- tes autobiographiques de Luang Pou Wat Paknam (Phramonkolthepmuni), les biographies rédigées par le dernier Patriarche Suprême de Thaïlande Ariya- wongsakatañana (Bun Punnasiri Mahāthera), Phra Thip Pariñña, Phra Bhavanakosolthera (Vira Gunut- tamo) et les souvenirs oraux de ses proches disciples, comme Son Excellence Phra Maharajamangalacharn (Chuang Varapuñño), actuel Vénérable du Wat Pak- nam Bhasicharoen, Phrarajabhavanavisudh (Chaiboon Dhammajayo), actuel président de la Fondation Dhammakāya, Phrabhavanaviriyakhun (Phadet Datta- jeevo), actuel vice-président de la Fondation Dham- makāya, Kuhn Yay Chandra Kohn.nok.yoong, fonda- trice du Wat Phra Dhammakāya, Ajahn Treeta Niem- kam, président de l’association des anciens élèves du Wat Paknam Bhasicharoen, Kuhn Poong Mikaewnoi et Kuhn Srinuan Mikaewnoi. Remerciements égale- ment à Phra Nicholas Thanissaro pour la traduction finale en langue anglaise et la compilation du manus- crit, à Warangkana Tempati pour ses traductions, ainsi qu’à Manikanto bhikkhu, Ajahn Manit Ratanasuwan, Ajahn Suwanee Srisopha et Aroonlak Jayanandana pour leurs critiques constructives. Remerciements enfin à Robert Mawson et Upāsaka Chatchai Sribun- dith pour leur révision de la seconde et de la troisième édition en langue anglaise. 171 www.kalyanamitra.org

Luang Pou enseignant les « bases de l’esprit » 172 www.kalyanamitra.org

Comment méditer ? La méditation est un état de bien-être, de paix intérieure et de bonheur que nous pouvons engendrer nous-mêmes. C’est une pratique, recommandée par le bouddhisme, permettant d’atteindre le bonheur, l’insouciance, la plénitude mentale et la sagesse dans la vie quotidienne. La méditation n’a rien de mysté- rieux ; elle peut être aisément pratiquée par chacun en suivant la technique enseignée par Phramonkolthep- muni (Sodh Candasaro), Luang Pou Wat Paknam, telle qu’elle est décrite ci-dessous. La technique de méditation pas à pas 1) Rendre hommage aux Trois joyaux Pour commencer, il est profitable de rendre hommage aux Trois joyaux* – le Bouddha, le Dhamma* et le Saṅgha* – puis de prendre les Cinq ou les Huit Pré- ceptes* pour affermir sa vertu. 2) Méditer sur sa bonté Agenouillez-vous ou asseyez-vous avec les jambes sur le côté et pensez à tout ce que vous avez pu réali- ser de positif durant la journée, dans le passé et à tout ce que vous projetez de réaliser de positif dans le fu- 173 www.kalyanamitra.org

tur. Méditez sur ces bonnes actions de telle façon que votre corps tout entier semble composé de minuscules particules de bonté. 3) S’asseoir pour méditer, détendre son corps et son esprit Asseyez-vous dans la position du demi-lotus, le dos bien droit, la jambe droite croisée au dessus de la jambe gauche65. Vos mains doivent reposer dans votre giron, les paumes vers le haut, les poignets reposant sur le sommet des cuisses, la pointe de l’index droit devant toucher celle du pouce gauche. Essayez de trouver la position la plus stable. Ne prenez pas une position non naturelle qui vous contraindrait à vous forcer et serait source de douleurs ; mais en même temps, ne vous affaissez pas ! Fermez doucement les yeux comme si vous vous en- dormiez. Ne vous forcez pas à fermer les yeux. Assu- rez-vous qu’aucune tension ne subsiste au niveau de vos sourcils. Détendez chaque partie de votre corps, en commen- çant par les muscles de la face, les épaules, les bras, la poitrine, le tronc et les jambes. Concentrez-vous sur chacune de ces tâches, en créant dans votre esprit un sentiment de bien être. Développez la sensation que vous êtes en train d’entrer dans un état de calme et de 65 Cette posture est la position idéale. Si elle est source d’un inconfort pouvant perturber la méditation, toute position confortable - et permettant néanmoins de ne pas s’assoupir - fera l’affaire. 174 www.kalyanamitra.org

tranquillité, tant dans votre corps que dans votre es- prit. 4) Prendre une boule de cristal comme sup- port de méditation Imaginez une boule de cristal claire, lumineuse, sans défaut, flottant au centre de votre corps (la « septième base de l’esprit » de l’illustration). Cette boule de cristal doit être pure et apaisante, comme la lumière scintillante d’une étoile. En même temps, répétez doucement en vous-même le son du manta* « sammā arahaṃ66 », encore et encore. Une solution alternative consiste à imaginer une boule de cristal, de petite taille (comme celle d’une grosse perle) au niveau de la première base de l’esprit, puis de la déplacer doucement jusqu’à la septième base de l’esprit en passant par chacune des autres bases ; à chacune de ces étapes, on peut répéter trois fois, en soi-même, le manta « sammā arahaṃ ». Les sept bases de l’esprit sont : Base 1 - L’entrée de la narine (narine gauche pour les femmes, narine droite pour les hommes) Base 2 - Le coin de l’œil, au point où naissent les larmes (œil gauche pour les femmes, droit pour les hommes) 66 Le son pāli ā est un a long et le ṃ se prononce quasiment comme le ng anglais. Le manta se prononce donc « sam- maaa arahang ». 175 www.kalyanamitra.org

Base 3 - Le centre de la tête Base 4 - Le haut du palais Base 5 - Dans la gorge (derrière la pomme d’Adam) Base 6 - Dans le ventre, à l’arrière du nombril Base 7 - Le centre de gravité du corps, à deux doigts d’épaisseur au dessus du point précédent Le centre du corps (7ème base) à 2 doigts d’épaisseur au dessus du niveau du nombril Une fois la boule de cristal devenue visible au centre de votre corps, continuez de maintenir votre sensation de calme, comme si l’objet faisait lui-même partie de cette sensation. Si la boule de cristal s’estompe ou 176 www.kalyanamitra.org

disparaît, ne soyez pas déçu, continuez de maintenir le sentiment de calme et imaginez une nouvelle boule de cristal à la place de l’autre. Si l’objet mental apparaît ailleurs qu’au centre du corps, ramenez-le doucement vers le centre, sans, surtout, faire le moindre effort. Lorsque l’objet mental est stabilisé au centre du corps, fixez votre attention au centre de la sphère, en imagi- nant qu’il s’y trouve une toute petite étoile. Maintenez en permanence votre concentration sur cette petite étoile. L’esprit va se régler de lui-même jusqu’à s’immobiliser parfaitement. A cette étape, l’esprit va plonger doucement dans ce centre, où une nouvelle sphère lumineuse va apparaître. Cette nouvelle sphère est connue sous le nom de « sphère du paṭhama mag- ga* » ou « sphère du Dhamma ». Cette sphère est une porte d’entrée, le début du chemin menant au nibb- āna*. Imaginer ainsi l’objet de méditation est quelque chose que vous pouvez faire n’importe quand, en tout lieu, que vous soyez assis, debout, en train de marcher, allongé ou en train de faire n’importe quelle activité. Il est d’ailleurs conseillé d’imaginer cet objet en per- manence, tout au long de la journée, sans faire d’effort. Peu importe comment vous gérez tout cela, vous de- vez vous satisfaire du niveau que vous atteignez, afin d’éviter qu’une attente excessive de résultats immé- diats ne devienne un obstacle pour votre progression. Si vous méditez jusqu’à atteindre, au centre du corps, une « sphère du Dhamma » stable et brillante comme un diamant, vous devez tenter de l’y maintenir en 177 www.kalyanamitra.org

méditant sur elle de manière aussi continue que possi- ble. De cette façon, les fruits de votre méditation permet- tront de maintenir votre vie sur le chemin du bonheur, du succès, de l’insouciance, et de garantir votre pro- grès continu en matière de méditation. Conseils complémentaires 1) Eviter l’effort Durant votre méditation, ne vous forcez jamais. Ne fermez pas les yeux trop fortement en pensant que vous verrez ainsi plus vite l’objet de méditation. Ne raidissez pas vos bras, votre abdomen ou votre corps, parce que toute forme de tension a pour effet d’éloigner l’esprit du centre du corps vers le lieu de la tension. 2) Ne pas chercher à voir quelque chose à tout prix Vous devez en permanence conserver un esprit neutre. Ne laissez pas votre esprit être distrait de sa focalisa- tion sur l’objet de méditation et le manta. Ne vous souciez pas du moment où l’objet de méditation va enfin apparaître. L’image apparaîtra d’elle-même lorsque le moment sera venu, tout comme le soleil se lève en suivant son propre rythme. 178 www.kalyanamitra.org

3) Ne pas se soucier de sa respiration La méditation, suivant cette technique, débute avec la visualisation d’un objet lumineux (āloka kasiṇa). Une fois atteinte la « sphère du Dhamma », la médita- tion se prolonge en passant par le corps humain subtil (« corps astral »), le corps « angélique », le corps « de brahmā avec forme », le corps de « brahmā sans forme »67 ; et enfin elle atteint Dhammakāya. Il est alors possible d’orienter sa méditation vers le discer- nement (vipassanā*). Par conséquent, aucune étape n’exige de pratiquer la concentration sur la respiration. 4) Maintenir en permanence l’esprit au cen- tre du corps Même lorsque vous en avez terminé avec votre médi- tation assise formelle, continuez à maintenir votre esprit au centre de votre corps. Peu importe que vous vous teniez debout, que vous marchiez, que vous soyez assis ou couché, ne laissez pas votre esprit s’écarter du centre de votre corps. Continuez à répéter en vous-même le manta « sammā arahaṃ » tout en visualisant la sphère de cristal au centre de votre corps. 67 Ces « corps » correspondent respectivement aux plans d’existence* sensuels terrestres, aux plans d’existence sen- suels célestes, aux plans d’existence des devā avec forme et aux plans d’existence des devā sans forme. Ils permettent d’y accéder durant la méditation et éventuellement d’y sé- journer à l’occasion d’une renaissance. 179 www.kalyanamitra.org

5) Déplacer tous les objets apparaissant dans l’esprit vers le centre du corps Quoi qui puisse apparaître dans l’esprit, déplacez-le (doucement) vers le centre de votre corps. Si l’objet disparaît, inutile de le rechercher tout autour. Conti- nuez à maintenir votre attention au centre du corps en répétant le manta. De fait, lorsque l’esprit deviendra plus paisible, un nouvel objet apparaîtra. * La méditation de base résumée ici mène à un approfondissement du bien être. Celui qui ne cesse de pratiquer, qui cultive une méditation régulière et qui accède à la « sphère du Dhamma », doit essayer de maintenir cette sphère au centre de son corps pour le reste de son existence, tout en menant une vie ver- tueuse. Cette pratique constitue un refuge pour la vie et ap- porte le bonheur, dans l’existence présente comme dans son au-delà. 180 www.kalyanamitra.org

Résumé des bienfaits de la méditation 1) Bienfaits personnels pour le méditant L’esprit : l’esprit se sent à l’aise ; il est calme et apai- sé. La mémoire s’améliore. La personnalité : la confiance en soi augmente. Le calme devient apparent. L’irritation diminue, laissant la place à un sentiment de gentillesse envers les au- tres. La vie quotidienne : du fait de l’absence de stress, la vie quotidienne s’améliore. Le travail ou les études sont couronnées de succès. Le méditant jouit d’une meilleure santé, tant mentale que physique. Ethique et prise de décision : chaque situation don- née est éclairée par une compréhension juste de ce qui est bien et de ce qui est mal. Les décisions importan- tes ne suscitent plus d’inquiétude, le méditant com- prenant mieux les résultats de ses actes. Le méditant peut éviter les actions et les décisions négatives ; il est satisfait et confiant à propos de ses choix. 2) Bienfaits pour la famille du méditant La paix et le succès : la vie de famille devient plus harmonieuse, du fait de l’accroissement du respect mutuel et de la considération entre les membres de la famille. Les parents sont plus aptes à diriger leur fa- mille avec succès. 181 www.kalyanamitra.org

Coopération : les membres de la famille sont plus nombreux à honorer leurs obligations et à coopérer pour résoudre les problèmes communs. 3) Bienfaits pour la société Une société paisible : les problèmes sociaux les plus graves trouvent leur origine dans des états d’esprit malsains. Si chacun apprenait à méditer et à vivre paisiblement, les problèmes « endémiques » comme le crime et la toxicomanie diminueraient. Respect : le respect envers les autres augmente sim- plement grâce à la pratique régulière de la méditation et à l’application des préceptes moraux. L’honnêteté fait naturellement baisser la suspicion. Une société à visage humain : le calme de la vie quo- tidienne résultant de la méditation peut être partagé et largement répandu autour de soi grâce au travail so- cial. 4) Bienfaits spirituels La compréhension de l’éternité : chacun, qu’il ait ou non une foi personnelle, peut approfondir sa propre spiritualité à travers la méditation. Les fidèles de tou- tes les religions, par la pratique de la méditation, peu- vent explorer en profondeur leur propre croyance, et en particulier comprendre ce qu’ils conçoivent comme étant « l’éternité ». L’inspiration : le méditant, en réalisant le profond bonheur qui peut être acquis par la méditation, peut trouver de nouvelles sources d’inspiration dans sa propre tradition spirituelle. 182 www.kalyanamitra.org

Glossaire Abhidhamma : cf. Tipiṭaka et Paramattha Abrégé de discipline : cf. Pātimokkha Anusāvanācāriya Le second, dans l’ordre hiérarchique, des deux moines présidant à une ordination. Sa tâche est de former et de conseiller le postulant. Arahā L’ultime stade de la progression spirituelle. L’arahā, ayant mis fin aux āsavā*, cesse de renaître au sein du saṃsāra* et atteint le nibbāna*. Āsavā Au temps du Bouddha, āsava désignait l’alcool issu de la fermentation, qui provoque l’ivresse et fausse ainsi la vision de la réalité. Le Bouddha employait le terme de manière métaphorique pour parler des ten- dances, habitudes et illusions nées de « fermentations mentales » dont il faut se déprendre si l’on veut ap- préhender la réalité. Ces āsavā sont au nombre de trois ou quatre selon les textes : l’ignorance (avijjā*), le devenir (bhava), les désirs (kāmā) et les opinions erronées (diṭṭhī). Avijjā-paccaya La condition de l’ignorance. Le premier des douze maillons de la chaîne de la « coproduction condition- 183 www.kalyanamitra.org

nelle » (paṭicca-samuppāda) ; cet entrelacement com- plexe de conditions permet de rendre compte à la fois de la co-production d’un unique moment de cons- cience, de l’enchaînement des moments de conscience durant l’existence et de l’enchaînement des moments de conscience entre cette existence-ci et la suivante. Bhāvanā La culture mentale, la méditation. L’une des trois pra- tiques du bouddhiste, les deux autres étant la pratique du don (dāna*) et celle de la morale (sīla*) Les divers objets et méthodes de méditation exposés dans le Canon du bouddhisme Theravāda* se répartis- sent entre deux systèmes complémentaires. L’un est consacré au développement de la sérénité (samatha*) également appelé développement de la concentration (samādhi*), l’autre est consacré au développement du discernement (vipassanā*), également appelé déve- loppement de la sagesse (paññā). Bhikkhu Littéralement, « celui qui recueille les aumônes ». Membre pleinement ordonné de la communauté mo- nastique. Bienveillance : cf. Mettā Bodhi « L’Eveil », la connaissance suprême d’un bouddha. Bouddha signifie « l’Eveillé ». Bodhisatta Dans le bouddhisme Theravāda*, il s’agit de celui qui aspire à devenir un bouddha. Le Bouddha Gotama, durant ses multiples existences précédentes, fut donc 184 www.kalyanamitra.org

un bodhisatta. Dans le bouddhisme Mahāyāna, le bodhisattva est celui qui fait vœu de renoncer au nibbāna afin de pouvoir aider tous les êtres à attein- dre l’Eveil. Buddha sāsana « L’instruction du Bouddha », expression utilisée pour désigner le bouddhisme en tant que religion. Compassion : cf. Karuṇā Conditions : cf. Paccayā Culture mentale : cf. Bhāvanā Cycle des existences : cf. Saṃsāra Dāna La pratique du don. L’une des trois pratiques du bouddhiste, les deux autres étant la pratique de la mo- rale (sīla*) et celle de la méditation (bhāvanā*). Dhamma (Dharma en sanskrit) Le mot provient de la racine dhṛ : « ce qui maintient », « ce qui soutient » ; il fait par conséquent d’abord référence à ce qui maintient le monde, c'est-à-dire aux lois naturelles, à l’ordre des choses. Il fait ensuite référence à la doctrine du Bouddha, en tant qu’elle rend compte du jeu des cho- ses, de la réalité, de la vérité* et enseigne la meilleure façon d’en tirer parti. De fait, le dhamma, le Dham- ma du Bouddha, la réalité et la vérité sont synonymes. Dhammakāya « Le corps du Dhamma ». Au sens premier, le corpus des enseignements du Bouddha. Au sens profond, la 185 www.kalyanamitra.org

transmutation du corps par le Dhamma, la voie d’accès à la réalité ultime*. Au sens technique, le corps d’illumination du Bouddha. Dhammāsana Siège occupé par le moine en charge du sermon. On remarque que ce siège est celui « du Dhamma » : l’enseignant est donc moins important que son ensei- gnement. Dhamma-Vinaya Ce qui devait devenir le « bouddhisme » en Occident, était nommé par le Bouddha lui-même dhamma- vinaya. Dhamma renvoie dans cette expression à l’ensemble des aspects théoriques du bouddhisme et Vinaya à l’ensemble de ses aspects pratiques. Dhātū Substances élémentaires : l’élément d’extension est dominant dans la terre, l’élément de cohésion dans l’eau, l’élément de chaleur dans le feu et l’élément de mouvement dans l’air ; ces prédominances expliquent que ces quatre éléments soient étiquetés comme les éléments « terre », « eau », « feu » et « air » ; il n’existe aucune unité de matière qui ne contienne ces quatre éléments dans des proportions variables. Dhutaṅga La pratique (pas nécessairement simultanée) de 13 austérités autorisées par le Bouddha68 : se vêtir de tissus jetés, n’avoir que trois robes, se nourrir exclusi- vement d’aumônes, mendier de maison en maison 68 Sappurisa-sutta (S/MAJ III/2/3/n°106) 186 www.kalyanamitra.org

sans les choisir, ne prendre qu’un repas par jour, n’utiliser qu’un seul bol (par conséquent ne pas trier les aliments donnés), refuser toute nourriture supplé- mentaire, demeurer dans la forêt, résider au pied d’un arbre, demeurer en plein air, demeurer dans un cime- tière ou un charnier, accepter le premier logement attribué dans un monastère, ne jamais se coucher. Discernement : cf. Vipassanā Discipline : cf. Vinaya Don : cf. Dāna Dukkha « La souffrance ». Notion très riche qui renvoie à tou- tes les formes de souffrance : la souffrance ordinaire, physique et psychique ; la souffrance due au change- ment, physique et psychique ; la souffrance due à la nature conditionnée de toute chose ; la conscience de ces souffrances. Ecritures : cf. Tipiṭaka Equanimité : cf. Upekkhā Eveil : cf. Bodhi Fermentations mentales : cf. Āsavā Générosité : cf. Dāna Iddhi-vidhā « Les exploits du pouvoir », pouvoirs psychiques ac- cessibles à travers un degré élevé de méditation. Ces 187 www.kalyanamitra.org

pouvoirs sont ainsi listés69 : étant un, devenir plu- sieurs ; (se) rendre visible, (se) rendre invisible ; pas- ser à travers la matière ; plonger dans la terre comme si c’était de l’eau ; marcher sur l’eau comme si c’était de la terre ; se déplacer dans l’espace comme sur terre ; toucher d’autres planètes ; accéder aux mondes des Brahmā par l’intermédiaire d’un double de soi- même ; raccourcir ou rallonger les distances ; multi- plier ou réduire la nourriture ; en modifier le goût ; se métamorphoser. Itipi so La stance commençant par ces mots est extraite du Dhajagga-sutta70; elle énumère les qualités (guṇā) du Bouddha, du Dhamma et du Saṅgha. Sous des for- mes résumées, elle est fréquemment utilisée comme manta. Kamma (Karma en sanskrit). Il peut être ainsi défini : « action volontaire, consciemment acceptée, issue du corps, de la parole ou de la pensée », « action intentionnelle dans laquelle le résultat est inhérent », « impulsions qui résultent d’actions antérieures et qui produiront des effets en relation avec la continuité de l’existence ». Tous ces actes constituent un flux com- plexe qui imprime ses effets sur nos corps, nos pen- sées et nos nouvelles actions ; à leur tour, les actions que nous effectuons avec notre corps, notre langage et 69 Kevaṭṭa-sutta (S/DĪG I/11/n°484) ; Sāmaññaphala-sutta (S/DĪG I/2/n°238 à 249) ; Paṭisambhidāmagga (S/KHU XVIII/1). 70 S/SAṂ I/11/1/3/n°249 188 www.kalyanamitra.org

notre esprit produisent de nouvelles impulsions, qui déterminent la nature et la qualité de nos existences futures. Ce flux complexe est en quelque sorte « notre énergie en devenir ». Kammavācāriya Le premier, dans l’ordre hiérarchique, des deux moi- nes présidant à une ordination. Sa tâche est notam- ment de rapporter à l’assemblée des moines l’existence ou l’absence d’obstacles à l’intégration du postulant. Karuṇā La compassion, faculté de ressentir la souffrance d’autrui. L’une des quatre méditations « illimitées » (appamaññā) appelées également les « demeures divines » (brahma-vihārā) reposant sur le dévelop- pement sans limite de la bienveillance (mettā*), de la compassion (karuṇā*), de la joie bienveillante (mu- ditā) et de l’équanimité (upekkhā*). Kaṭhina L’une des principales fêtes bouddhistes marquant la fin de la retraite des pluies (vassa) ; des robes sont alors offertes aux moines. Manta (Mantra en sanskrit) Mots ou formules répétés dou- cement ou en silence durant la méditation pour facili- ter la concentration de l’esprit. Māra Dans les textes bouddhiques, māra (étymologique- ment « celui qui fait mourir ») a plusieurs sens : le nom d’un deva (māra-deva-putta) ; le nom d’une 189 www.kalyanamitra.org

catégorie entière de déités, les mārā ; la personnifica- tion de la mort (maccu-rāja, « le roi de la mort ») ; l’ensemble des plans d’existence soumis à la mort et à la renaissance (māra-dheyya, « le royaume de Māra ») ; une allégorie, la personnification de la tenta- tion extérieure comme du conflit intérieur, ses trois filles se prénommant Désir, Paresse et Luxure, et ses trois fils Confusion, Gaieté et Fierté. Méditation : cf. Bhāvanā Mérite : cf. Puñña Mettā La bienveillance, le sens de la gratitude et de la pa- tience. L’une des quatre méditations « illimitées ». Cf. Karuṇā. Monarque universel Durant les époques où aucun bouddha n’existe (ou n’enseigne), la tradition veut qu’un monarque univer- sel apparaisse et fasse régner la justice. Respectant de fait les Préceptes*, ce monarque possède sept catégo- ries de joyaux lui permettant d’asseoir son pouvoir. La découverte et la possession de l’un de ces joyaux constituerait la promesse d’un monde plus juste. Namo tassa… L’hommage au Bouddha : namo tassa bhagavato, arahato, sammā-sambuddhassa – « Hommage à lui, le Bhagavā (terme indien associé aux personnages de haut rang), le libéré, celui qui est parfaitement éveillé par ses propres efforts ». 190 www.kalyanamitra.org

Nibbāna (Nirvāna en sanskrit). L'étymologie du terme nibbāna est une composition du préfixe ni, qui signifie « ab- sent », « loin de », « sans » et de la racine vā(ti), « souffler ». Cet ensemble a donc le sens de « souffler (une flamme) », « éteindre (un feu) » ; il est égale- ment utilisé comme un terme médical signifiant la disparition de la fièvre ou de la souffrance. Pour les bouddhistes, le terme permet de désigner la libération issue de l’Eveil, le seul état inconditionné et permanent. Ce but ultime du bouddhisme peut se définir négati- vement : l’extinction du désir, l’extinction de l’aversion, l’extinction de l’égarement, la cessation, le non produit, le non conditionné, la non mort etc. Il peut également se définir positivement : la subtilité, la tranquillité, la sécurité, la constance, la pureté, la déli- vrance etc. Ce qui caractérise le mieux le nibbāna, c’est la libéra- tion du cycle des renaissances* : La cessation du devenir, c’est le nibbāna.71 Nimitta Un élément important de la méditation de concentra- tion est le « signe » : nimitta désigne l’objet de la pratique, ici une boule lumineuse, tel qu’il est perçu directement, avec précision, sans déformation ni ajout conceptuel. On parle de « signe appris » (uggaha- nimitta) lorsque l’objet de la pratique apparaît dans le champ de la conscience aussi bien les yeux fermés 71 Kosambi-sutta (S/SAṂ I/7/8/n°68) 191 www.kalyanamitra.org

que les yeux ouverts. Avec l’approfondissement de la concentration, le signe devient une réplique pure de l’objet, le « signe de contrepartie » (paṭibhāga- nimitta). Octuple connaissance supranormale Résume les acquis de l’arahā : 1) le discernement* ; 2) les « prouesses mentales » (manomaya iddhi) consistant notamment à visiter les autres plans d’existence et à communiquer avec leurs habitants ; 3) la possession de divers pouvoirs paranormaux (iddhi- vidhā) ; 4) la « claire audience » (dibba-sota) per- mettant de sélectionner et entendre les voix des hom- mes ou des devā, proches ou lointaines ; 5) la « connaissance qui sonde autrui » (ceto-pariya- ñāṇa), c'est-à-dire la capacité de savoir à laquelle des seize catégories d’états d’être (liées aux types d’attachement ou d’aversion) appartient un être ; 6) la connaissance de ses propres vies précédentes (pubbe- nivāsānussati-ñāṇa) et la vision des renaissances et des morts des êtres selon la diversité de leur kamma (cutū-papāta-ñāṇa) ; 7) l’« œil divin » (dibba- cakkhu), permettant de voir à une très grande dis- tance ou de voir ce qui échappe généralement à la vision d’un humain, comme la présence des êtres ap- partenant à d’autres plans d’existence ; 8) la connais- sance de la fin des fermentations mentales*. Paccaya Fondation, cause, motif, condition. L’un des ensei- gnements fondamentaux du Bouddha est que tout (sauf le nibbāna) existe en raison de conditions. Ce qui pourrait sembler à une évidence est pourtant riche 192 www.kalyanamitra.org

de conséquences et sous-tend tout le Dhamma : les « trois caractéristiques » (l’absence d’âme, l’impermanence, la souffrance), les « quatre nobles vérités* », la loi du kamma*, la loi de la coproduc- tion conditionnelle… Pāli Le mot pāli signifie d’abord « ligne », « norme », et par extension « texte canonique » (souvent par oppo- sition aux Commentaires) ; à partir du XVIIe siècle ce terme est utilisé pour désigner la langue indienne (la magadhī) dans laquelle le Bouddha enseigna et qui sert depuis à transmettre ses enseignements. Le Tipiṭaka* du Theravāda* est rédigé en pāli. Il s’agit d’une langue orale qui présente de ce fait l’avantage d’être transcrite dans tous les alphabets. Paramattha Il existe deux niveaux de « réalité », de « vérité » : la réalité quotidienne, empirique, la vérité convention- nelle (vohāra-sacca) minée par les illusions ; la réali- té pure, la vérité ultime (paramattha-sacca) située au-delà des illusions et des conventions, la réalité qui finit par apparaître au méditant. Si les Suttā* sont destinés à guider le disciple dans sa vie quotidienne et de ce fait partent de vérité conven- tionnelle, l’Abhidhamma*, lui, ne traite que de la vérité ultime ; il remplace de ce fait la terminologie des Suttā par une terminologie philosophique précise s’accordant avec l’absence d’essence personnelle et la nature toujours changeante de la réalité. 193 www.kalyanamitra.org

Pāramī ou Pāramitā Les 10 « vertus transcendantes » qui doivent être pra- tiquées sur le chemin de la libération : le don (dāna*), la conduite éthique (sīla*) ; le renoncement aux plai- sirs des sens ; la connaissance transcendante (paññā) ; l’effort ; la patience ; la recherche de la vérité (sacca) ; la résolution ; la bienveillance (mettā*) ; l’équanimité (upekkhā*). Parikamma La préparation, la répétition mentale préparatoire à la considération de l’objet de la méditation. Parinibbāna L’atteinte définitive du nibbāna* par un bouddha ou un arahā* au moment de la mort. Paṭhama magga Le début (pathama) du chemin (magga) : un fruit de la méditation profonde. Dans la méditation Dham- makāya, il se traduit par l’apparition d’une sphère brillante et translucide au sein de laquelle la concen- tration doit se poursuivre. Pātimokkha En quelque sorte la table des matières du Vinaya*, fixant le cadre de la confession et de la sanction des fautes ; il fait l’objet d’une récitation régulière. Perfections : cf. Pāramī Pīti La joie spirituelle intense, l’un des fruits et des fac- teurs d’intensification de la méditation, qui doit être dépassé lorsque celle-ci s’approfondit. 194 www.kalyanamitra.org

Plans d’existence Les textes énumèrent 31 destinations possibles de renaissance, réparties en 3 domaines : Il existe, frère, trois modes d’existence (bhavā) : le mode d’existence sensuel (kāma- bhava), le mode d’existence avec forme (rūpa- bhava), le mode d’existence sans forme (arū- pa-bhava).72 Parmi ces 31 plans, 27 sont favorables, peuplés de devā (« divinités »), de brahmā (une catégorie parti- culière de devā), ou d’êtres humains ; 4 sont défavo- rables, peuplés de victimes des enfers, d’animaux, d’esprits faméliques ou de demi-dieux. Seuls 2 de ces plans sont communément visibles à nos yeux, le plan d’existence des humains et celui des animaux. La pra- tique de la méditation permet d’expérimenter les sen- sations caractéristiques de ces modes d’existence ; elle permet d’y faire des séjours ponctuels ; elle per- met enfin, après la mort, d’y renaître. Aucun de ces plans n’est éternel et donc, ultimement, désirable, le but du bouddhiste étant précisément de se libérer du cycle des morts et des renaissances. Le nibbāna*, défini par cette libération, n’est donc pas un « plan d’existence ». Préceptes : cf. Sīla Prouesse mentale : cf. Iddhi-vidhā 72 Sammādiṭṭhi-sutta (S/MAJ I/1/9 n°94) 195 www.kalyanamitra.org

Puñña Action vertueuse favorisant l’élévation de l’esprit vers des états sains et bénéfiques. « Mérite ». Quatre éléments : cf. Dhātū Quatre nobles vérités Les quatre « nobles vérités » (ariya-saccā) exposées dans le premier discours du Bouddha et développées dans tout son enseignement ultérieur constituent en quelque sorte le résumé du Dhamma : Il lui expliqua la doctrine dont l’explication est donnée seulement par les buddhā, c'est-à-dire la souffrance, l’origine de la souffrance, la ces- sation de la souffrance et la voie menant à la cessation de la souffrance.73 Ravissement : cf. Pīti Réalités ultimes : cf. Paramattha Sāmaṇera Littéralement « petit sāmaṇa », novice n’observant que dix préceptes mais vêtu de la même manière que les moines. Samatha ou Samādhi L’une des deux voies de la méditation (bhāvanā*) Le mot samatha provient de la racine sam, « devenir calme ». Le mot samādhi dérive du verbe préfixé sam-ā-dha, signi- fiant « rassembler », « recueillir » et renvoie donc à une unification de l’esprit par la concentration. 73 Sīha-sutta (S/AṄG VIII/2/2/n°12) 196 www.kalyanamitra.org

Sammā arahaṃ Ce manta* signifie « parfaitement libéré ». Sa récitation permet tout à la fois de se concentrer et d’évoquer le souve- nir du Bouddha. Saṃsāra Issu du préfixe saṃ, « avec », « ensemble » et de la racine sār, « couler », le terme évoque l’idée d’un flot, ou d’un flux perpétuel, celui qui emporte les êtres dans une succession de renaissances dont ils ne sont pas maîtres et où les entraîne leur soumission igno- rante à des désirs qu’ils ne contrôlent pas. Saṅgha « Communauté ». La notion renvoie de manière géné- rale à l’ensemble de ceux qui choisissent le Bouddha pour maître et s’efforcent de suivre son enseignement et son chemin, c'est-à-dire ses disciples, hommes et femmes (sāvakā et sāvikā). Le Saṅgha peut égale- ment renvoyer plus précisément à l’ensemble de ceux qui ont pris une forme d’engagement religieux : les sāmaṇerā* (novices) qui observent dix préceptes et les bhikkhū* , pleinement ordonnés, observant la totalité des règles de discipline ; les sāmaṇerī et les bhikkhunī, équivalents féminin des disciples préci- tés ; ceux et celles qui ont choisi de rester dans le monde tout en menant une vie pure, les upāsaka et les upāsikā, fidèles laïcs, hommes et femmes, ayant pris les « trois refuges », s’efforçant d’observer cinq préceptes et occasionnellement huit ou dix préceptes. Seize tâches Les disciples du Bouddha sont répartis en quatre caté- gories, chacune correspondant à un degré 197 www.kalyanamitra.org

d’accomplissement spirituel et mesurable par le nom- bre de renaissances restant à subir : 1) l’être qui est entré dans le courant » (sotāpatti) et ne peut renaître ensuite plus de huit fois ; 2) « celui qui revient une fois » (sakadāgāmī) ; 3) « celui qui ne revient plus » (anāgāmī) 4) l’arahā*. Ces quatre degrés correspon- dent à quatre degrés d’approfondissement de la médi- tation Dhammakāya. A chaque étape, les Quatre nobles vérités* doivent être approfondies. D’où les « seize tâches ». Signe : Cf. Nimitta Sīla L’une des trois faces de la pratique bouddhiste, les deux autres étant le don* et la méditation*. Dans le Canon bouddhiste, le terme renvoie soit aux préceptes* moraux eux-mêmes, soit à l’action conforme aux préceptes moraux, soit aux qualités de caractère résultant de l’observance des préceptes mo- raux. Le nombre de préceptes suivis témoigne de la densité de l’engagement spirituel de chacun. Souffrance : cf. Dukkha Sphère du Dhamma Dans la méditation Dhammakāya, lorsque l’esprit s’apaise et s’établit fermement au centre du corps, apparaît une sphère claire et brillante, la « sphère du Dhamma » ; puis, au centre de celle-ci, une succes- sion de sphères toujours plus lumineuses. Supramondain Le bouddhisme opère une distinction entre le « mon- dain » (lokiya) et le « supra mondain » (lokuttara) : 198 www.kalyanamitra.org

le premier terme s’applique à tous les phénomènes appartenant au monde (loka), à la matière aussi bien qu’aux états subtils de la conscience, au mal autant qu’au bien, à la sensualité la plus grossière aussi bien qu’aux huit premiers niveaux de réalisations méditati- ves (les jhānā matériels et immatériels). Le terme lokuttara s’applique exclusivement à tout ce qui transcende le monde, ce que la tradition décompose en neuf états « supra mondains » : le nibbāna*, les « quatre nobles chemins » y conduisant (le chemin de l’entrée dans le courant, le chemin du retour unique, le chemin du non retour, le chemin de la libération) et les quatre fruits méditatifs correspondants, constituant chacun une forme d’expérimentation de son vivant de la félicité du nibbāna. Suttā : cf. Tipiṭaka Tathāgata Le Bouddha se désignait lui-même le plus souvent comme le Tathāgata, mot prébouddhique et proba- blement non aryen, auquel la tradition attribua a pos- teriori l’étymologie tathā, « ainsi » et gata, « aller » ou agata, « venir », cette interprétation cherchant principalement à souligner l’adéquation entre la réali- té, les enseignements du Bouddha et ses actes. Tevijjā « Les trois sciences » ; « les trois connaissances issues de l’émancipation » : la connaissance par le méditant de ses propres vies précédentes ; la connaissance des renaissances et des morts des êtres selon la diversité de leur kamma* ; la connaissance de l’éradication définitive des fermentations mentales*. 199 www.kalyanamitra.org

Theravāda Voie bouddhiste pratiquée à Ceylan, en Birmanie, en Thaïlande, au Cambodge et au Laos. Signifie littéra- lement « la voie (vāda) des Anciens (therā) ». Les Therā sont dans cette expression l’élite des premiers disciples du Bouddha : selon la tradition, environ cent ans après la mort du Bouddha, un groupe majoritaire se sépara de la communauté originelle des Therā ; cette communauté originelle, ayant survécu à la scis- sion, s’est maintenue jusqu’à nos jours en conservant l’intégralité de ses textes (Tipiṭaka*) ; le courant schismatique se scinda, lui, en une multitude d’écoles dont, pour la plupart, il ne subsiste que peu de traces. Tipiṭaka « Les trois corbeilles », collection des textes boudd- histes divisée en Suttā* (sermons), Vinaya* (disci- pline monastique) et Abhidhamma* (psychologie et philosophie). Tiratana Les « Trois joyaux » : le Bouddha, son enseignement (le Dhamma*) et sa communauté (le Saṅgha*). Tisaraṇa Les « Trois refuges » : les « Trois joyaux » pris comme « refuges » par le bouddhiste. Transfert de mérite Pratique consistant pour un disciple à faire bénéficier de ses mérites* un proche décédé. Triple khandha Les huit aspects de la voie bouddhiste (le « noble oc- tuple chemin ») sont regroupés en trois catégories : la 200 www.kalyanamitra.org

recherche de la sagesse (pañña), la recherche de la vie morale (sīla*) et la recherche de la concentration (samādhi*). Trois joyaux : cf. Tiratana Trois refuges : cf. Tisaraṇa Trois sciences : cf. Tevijjā Upekkhā L’équanimité : l’une des vertus (pāramitā*) devant être cultivées dans la vie quotidienne comme à travers la méditation. Neutralité, absence d’attachement. Vérité Le Dhamma* du Bouddha n’est pas une « doctrine » mais la révélation de la réalité telle qu’elle peut appa- raître à tout méditant une fois l’esprit débarrassé de ses « fermentations mentales* ». Le Dhamma, la ré- alité et la vérité ne font donc qu’un. Vérité absolue : cf. Paramattha Vihāra Au sens large, « monastère », centre religieux asso- ciant lieux de récitation, de méditation, d’étude et de vie. En un sens plus étroit, la partie du monastère où se déroulent les activités proprement religieuses : ri- tuels, récitations, méditation. Vijjā La connaissance, la sagesse. Vinaya Règles de discipline* monastiques, regroupées dans l’une des trois « corbeilles » du Tipiṭaka*. 201 www.kalyanamitra.org