La domination miiitaire améri caine se paye au prix fort En 2001, les Etats-Unis ont consacré autant d'argent à leurs armées que l'ensemble des 20 autres plus grandes puissances militaires mondiales. Singapour Turouie Pays-Bas Australie Taiwan Canada tta le du Sud Brésil Allemagne France Arabie soyaume: Saoudite D Chine SOURCE : MSS & DOO ciales (COS), et la Direction du ren gnement stratégiquemajeur, et d'un L'EUROPE DES moyen militaire exceptionnel : les \"FAIBLES\"? seignementmilitaire(DR\I ).La phi modèles numériques de terrain ultra losophie de cette nouvelle organisa précis, dont Hélios permet la concep Pour comprendre la marche tion, telle que l'analyse aujourd'hui tion, sont en effetindispensables aux du monde, les longs discours Jacques Lanxade, reposait sur la né cessité d'apporter des remèdes aux nouveaux armements. Le second sont souvent utiles. Ancien défauts lespluscriants relevés dansles volet de la réforme des armées sera in diplomate et chercheur au sables d'Arabie : \" Chacune des armées Carnegie Endowment for In troduit en février 1996, avec la sup ternational Peace, l'Améri menait son propre jeu sans coopérer, et pression du service militaire, effective cain Robert Kagan se livre le tout fonctionnait sans l'indispen depuis la fin de l'année 2001. Pourla sable unité du commandement opéra première fois depuis plus d'un siècle, dans le dernier numéro de la tionnel. Il convenait de donner au chef les jeunes hommes ne sont plus obli d'état-major des armées la capacité gatoirement appelés sous les dra revue Pollcy RevIew (1) à une d'être leseul chef des opérations mili peaux.C'est une innovationmajeure, brillante analyse des diffé en même temps qu'une vraie révolu rences entre les postures taires, tout en le dotant d'un outil uni tion dont lesconséquences ne sontpas stratégiques des Etats-Unis encore bien mesurées. A tel point et celles de l'Europe. En sub fié de renseignement et d'un véritable que la réussite de la professionnalisa- stance, Ily soutient que si outil de planification. Quant aux tion de l'armée compte parmi l'un l'Amérique peut paraître forces spéciales, elles avaient des principaux enjeux de la loi de brutale aux yeux de l'Europe programmation militaire. Il y en aura - davantage tournée vers la besoin d'être sérieusement contrôlées et d'autres,comme la poursuitede la dif recherche de solutions né mieux intégréesaux opérations. \" ficile construction de la défense eu gociées -, c'est tout simple PROFESSIONNALISER L'ARMÉE ropéenne ou l'achèvement de la re ment que l'on s'accommode EST UN ENJEU MAJEUR structuration de l'outil industriel. d'autant mieux des menacess Cette réforme est en cours de finali- Mais c'est également sur le terrain que l'on a peu de moyens de des opérations à venir que sont atten les combattre... Ainsi, l'AméI sation lorsque le premier satellite es- rique ne paraîtrait \"forte\" dues des nouvelles armes et de nou aux yeux des Européens qu'àI pion français, Hélios1-A (rejointen or- l'aune de leur propre \"faii bite par Hélios 1-B en décembre 19991 veaux moyens, mieux adaptés aux conflits que le début du XXL siècle blesse\". Ces deux entités seI est mis sur orbite par une décision porte potentiellement en germe. I raient aussi incapables de se^ politique du président François Mit- parler que des Martiens et3 terrand. Avec cet atout essentiel, la des Vénusiens...S France se dote d'un outil de rensei- (1) Cet article sera également publié dans ie numéro de rentrée de la revue Commentaires. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 49
DÉCODAGE > DOSSIERLes missiles adoptentleur régime de croisièreAprès la Grande-Bretagne, la France sera ledeuxièmepays européen à équiper sa défense demissiles decroisière. Objectif :fournir aux armées françaises une capacité defrappe dans laprofondeur d'un territoire adverse.En octobre, l'armée de l'air française encore modeste : 250 km entre le et son réacteur, le TRI 60-30 de Mi-fera volersous ses Mirage 2000 D et2000-5, pour la première fois en point de largage par l'avion et l'ex croturbo - qui a d'ailleurs valuà cetteconditions opérationnelles, un nou plosion des sous-munitions sous le dernière un intérêt majeur desservicesveaumissile, l'Apache. Cet engina été d'espionnage américains (voir encaimaginéau début desannées 80 dans béton d'un terrain d'aviation. dré, ci-contre). La grosse différence entre l'Apache et le Scalp-EG résideles bureaux d'études des deux firmes UNE COOPÉRATION EUROPÉENNE dansleur électronique. Gar le second n'emportepasseulementun sv-stème de.Aérospatiale et Matra, aujourd'hui Pour le Scalp naval, qui a fait l'objet suivide terrain, qui compare les inforfondues dans la société EADS, Mais d'ultimes tractations durant l'été afin mations de son altimètre et de son GPSconjointement à l'utilisation au com d'être intégré dans la nouvelle loi de avec celles stockées dans son ordinateurbat de ce nouveau missile, conçu programmation pour une mise enpour attaquerlespistes d'aviation, les œuvre dès 2009sur les premières fré de bord. En effet, non loin de son obingénieurs continueront de travailler gates multimissions de la Marine nasur un autreengin,demier-né de la fa tionale, laportée serabiensupérieure : jectif, le missile compare égalementmille dérivée de l'Apache, le Scalp entre 600 km et 1 000 km, selon la une image desacible,aussi stockée ennaval. Apacheet Scalpnaval, deuxen configuration retenue. Autre diffé mémoire, avec une autre prise dansginsqui se ressemblentpeu, maisqui rence :l'Apache estun gros engin à sec l'infrarouge. Insensible au brouillage,appartiennent à une famille d'arme tionrectangulaire pourlequel laques ce système est précis à un mètre près.ment que l'Europe aura tardé à faire tion des dimensions ne s'estpas sxai-entrerdanssapanoplie :lesmissiles de ment posée. Le Scalp navalde\Ta, lui, Durant l'été, les discussions francroisière. Pour l'Apache, la perfor entrerdanslestubes lance-torpilles des çaisessur le Scalp navalvisaientà dé-mance militaire est intéressante, mais sous-marins, posséderune section c\- lindrique, etsondiamètre ne devra pas ÇA CHANGE QUOI ? dépasser533 mm, celui du tube !Pour le reste, toutestsemblable, ou presque. Avec les missiles de croisière Reprenons.Audébut de la chaîne, le Apache à l'automne, puis Scalp- missile Apache. Alafin de lachaîne, le EG en 2004, et enfin Scalp naval Scalp naval. Et au milieu, le Scalp- en 2009, l'armée française EG (pourEmploi général), quidevrait acquiert (enfin !) des armes lui permettant d'atteindre des cibles être mis en service en 2004. L'industrie situées à plusieurs centaines de kilomètres. Jusqu'à présent, européenne s'est rassemblée autour cette capacité était réservée aux de cet engin pour créer la firme Etats-Unis et, dans une moindre AlBDA, la seule qui soit de taille à ri mesure, à la Grande-Bretagne. valiser avec l'industrie américaine dans les missiles. Le Scalp-EG ne possède plus de l'Apache que sa carrosserie, son système de déploiement desailes.50 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
A Le missile Scalp-EG, dont la trajectoire est égale à 600 km, est suivi de très près par les autorités américaines. EXPORTATIONS SOUS HAUTE SURVEILLANCEA Conçu pour attaquer les pistes d'aviation, le missile Apache a été testé sur des Rafale Les missiles de croisière(photo ci-dessus), mais volera dès le mois d'octobre sous les Mirage 2(X)0 D et 2000-5. Scaip-EG sont suivis avecfinir non seulement sa date d'entrée en profondeur\", qui sise à offrir aux ar ia plus grande attention par mées françaises, et notamment à lasen ice, maiségalementsaportée.En marine qui ne dispose pasde cette ca les autorités américaines.jouantsursa\"charge militaire\", c'est- pacité,la possibilité de tirersesarmes La société Microturbo futà-dire la charge d'explosif qu'il em à distance de sécurité, sans prendreporte,les ingénieurspeuventaccroître d'abord accusée d'avoir Le choix de la portée est crucial : de livré des TRI 60-30, le réac600 à 1000 km selon la configuration teur du Scaip-EG, à ia Chine, qui en aurait eu besoin pour propulser son propre petit missile de croisière, le C-802. Puis le Scalp-EG a de nouveau été pointé du doigt par les Américains, qui soutenaient que ce missile contrevenait aux régies du traité MTCR (Mis sile TechnologyControi Régime), du fait de sa por tée supérieure à 300 kilo mètres. Washington dénon çait ia vente aux Emirats arabes unis du Storm Sha- dow, la version britannique du Scalp-EG, qui a été rebaptisé Black Shaheen pour l'occasion, et qui devait être emporté par des Mirage 2000-9.sa portée dans des proportionssignifi aucun risque militaire ; exactement viresde surfacefrançais, les missiles decatives. Atel point qu'avantlesulhmes comme l'ont faitlesAméricains pendécisions présidentielles, le choix dant la guerre du Golfe, mais aussi croisière seront tirés depuis des lanconsistait à savoir si le missile Scalpnaval devait avoir une portée com contre la Serbie en 1999, contre l'Irak ceursVLS (Vertical Lauch S^-stems) inprise entre 600 et 800 km ou entre600 et 1000 km. Une question qui à plusieursreprises, et contre l'Afgha sérés dans la coque. Dans tous les casn'est pas indifférentedans la nouvelle nistan fin 2001. En Europe, seulslesdoctrine française de \"frappe dans la Britanniques disposent de cet arme de figure, nosmarinsdisposeront, avec ment, après qu'ils ont acheté des To cette arme, d'une allongequi leur fai mahawk aux Etats-Unis. Sur les na sait jusqu'àprésentdéfaut. I 2002 SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 51
DECODAGE > DOSSIERLa communicationmilitaire monteen première ligneParce qu'il n'y a pas d'intervention armée réussie sanseommunieation perfomiante, laFranee va offrir àsesforces spéciales lenee plus ultra enmatière dematérielde transmisssion. Passage enrevue des projets annoncés.Dans la loi de programmation mili fense, le gouvernementa prissoin de américain ; \"Les combattants d'Aftaire,lesforces spéciales françaises se contribuer à ce que soit consen é en ghanistannous disentquecette nouvelle France un pôlecapablede foumirtous radioestexceptionnellement efficace. \"ront bien loties. Elles \ erront notam les éléments nécessaires à une com Depuis quelques années, les forcesment se confirmer une norn elle mo spéciales françaises utilisenten abon munication militaire tactique et stra dance lesmosens informatiquespourdernisation de leurs matériels de tégique de qualité. Cette charge in combeau groupeTliales, qui,au fîldes transmettre sous IP (Internet Protocommunication. Les expériences les col) des flux de données \ olumineux,plus récentes prousent que la qualité années, a acheté nombre de ses concurdescommunications conditionne gran rentseuropéens,au pointde se trous'er dont des images sont indispensablesdement la qualitédesintersentionsde pourla mise au point,parexemple, descesunitésd'élite.Car siellesont pour désonnais en excellente position surle \"dossiers d'objectifs\" qui concernent les cibles destinées à être frappées parmission de se battre (elles sont consi marché mondial. Fort d'une alliance les missiles ou l'ax iation. Un problème demeure néanmoins : dans la plupartdéréescomme l'une desforces lesplus avec l'américain Raytheon, Thaïes descas,cesimagessonttransmises parcompétentes danslapratique du métier fournit aujourd'hui aux forces spédes amies ), elles opèrent en général loin ciales américainesetfrançaises lefin du des satellites commerciaux américains,de la mère patrie et doisent rendrecompte de l'asancement de leur mis fin en matière de communication tac et bien que ces liaisons soient cr\p-sion sans interruption ni délai. tées, l'état-major des amrées (ENL\) dé- tique : le svstème MBITR (Multi Préalablementaux opérations mili Band/IntraTeam Radio), acheté à 8000taires proprement dites, elles dois ent exemplaires parle Pentagone. Trèslé gère (900g, contre 215kgpour le sys-Les données pourraient être transmises sans recourir aux satellites américainsacheminer d'importantes quantités tème qu'elle remplace), la radiod'infonnations aaxdirigeants politiques MBFTR offre des possibilités de onpi-et aux états-majors. Lesopérationsdé tage très puissantes et peut émettre et reces oirdanstouteslesfréquences proclenchées, elles sont tenues de trans tégées par les forces armées. Respon sable des acquisitions de matériels aumettre, à chaud, des renseignements Ussocom (US Spécial Opérationstactiques cruciaux. Pour remplir ce Command), Harm E. Schulte est for\"contrat\", les forces spéciales dispo mel sur les performances de ce s\'s-sent d'équipements de communica tème, au point de l'affirmer au Sénattion de premierplan. Dansla reconfr-gurationde l'appareilindustrielde dé-52 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
EFÂILLANCE FRANÇAISE m AFGHANISTANAHuit mille exemplaires de la radio MBITR L'aveu est inhabituel. Mais ii yont été achetés par le Pentagone qui en a a quelques semaines, le gééquipé les forces spéciales américaines. néral Jean-Patrick Gaviard, chargé du suivi des opéraplore cette dépendance vis-à-vis des tions militaires à l'état-major des armées, à Paris, a révéléEtats-Unis. C'est ici qu'intentent le que les Forces spéciales françaises discrètement déplus ambitieux projet en matière de ployées en Afghanistan avaient connu des difficultéscommunication. Peu d'informations de communication avec lessont disponibles à son sujet,maistout chasseurs et les bombardiersau moinssait-onqu'il vise à permettre de l'US Air Force. Et n'avaientaux forces spéciales de transmettre donc pas pu, dans un premierd'importants flux de données, natu temps, leur \"désigner\" lesrellement compressés et crvptés, par cibles identifiées au soi. Enradio haute fréquence à très longue fait, les radios équipant les soldats français utilisaient unportée, sans avoir recours aux satel système de protection à éva sion de fréquence (la frélites. Une FMC (Fiche de caractéris quence d'émission change en permanence, jusqu'àtiques militaires) est en cours de ré 1 500 fois par seconde, pour éviter toute interception),daction. Confirmée à l'EMA, cette in alors que les radios des avia teurs américains étaient proformation ne l'est pas officiellement A En Afghanistan, les bombardiers améri tégées par cryptage (la com cains ont dû faire face à des problèmes de munication est brouillée et ne peut être comprise que par un interlocuteur utilisant le même système de cryp tage). Aucun problème d'in compatibilité technique n'était en cause, mais il fut avéré que les procédures étaient à revoir, notamment parce que les forces armées américaines étaient peu ha bituées à intervenir sous le commandement de l'Otan. Le problème fut réglé en quelques jours, le temps de mettre en place des relais et de modifier les clés de communication. Mais, si be soin en était, preuve était faite, que la qualité et la co hésion des communications jouent un rôle crucial dans ce type d'intervention. Le COS (Commandement des opérations spéciales) a com pris et retenu la leçon !chez Thaïes. Patience, donc... I liaison avec les forces spéciales françaises. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 53
DÉCODAGE > DOSSIERDes hélicoptèresagiles pour desforces spécialesS'imposer sur lascène des opérations intemationalespasse par la modernisation dumatériel dont disposel'armée. Tigre etEC-725 sont prêts à entrer enaction.Lorsque Parisa étudié les possibilités pour des opérations d'infiltration en amélioration rapidedesa mobilité etded'inteR-ention française en .Afghanis profondeur. Certes, les .Américains sa capacitédeprojection\". Cette solutan, dansle cadrede laguerrecontreleterrorisme lancée après les attentats auraient volontiers véhiculé leurs col tion, dont la mise en œuvre en urdu 11 septembre, la réponse s'imposait :lesforces lesplus \"agiles\" etleplus lègues français, maisParis demeureat genceétaitimpossible, ne pouvait êtrefacilement déployables étaient celles trouvée que dans le cadre de la nou-dépendant du Commandement des taché à l'autonomie d'action de ses \ elle loi de programmation militaire ;opérations spéciales (COS) - notam elle a fait l'objet de discussions in soldats. Inquiet de cette situation, tenses durant l'été. 11 s'agit pour lement les commandos de marine et le l'état-major des armées a fait valoir COS d'acquérirune dizained'hélico qu'il existait une solutionavantl'arri ptères EC-725, ce que la technologie1\" régiment parachutiste d'infanterie vée en service du futur hélicoptère européenne actuelle offre de mieux.de marine de Bayonne.Mais une dif européen NH-90, prévue pour 2011.ficulté est aussitôt apparue : l'armée Cet enginsedishngue au premierrefrançaise ne dispose pas des hélico VERS UNE MONTÉE EN PUISSANCE gard des Cougar et autres Puma quiptères performants permettant de vé sillonnent le ciel depuis plus de trentehiculer de telles unités. Les Cougarca- 11 a trouvé un relais parlementaireef ans. Ilsont,certes, été progressivementcochvTnes ont un rayon d'action li ficace en la personnedu député Jean- modernisés, dotésd'avioniqueperformité à 300 km, nettement insuffisant Michel Boucheron, rapporteur du budgetde la Défense, qui notaiten no mante, mais la nouveauté de l'EC- vembre 2001 que \"la montée en puis sancedu COS passedésormais par une 725estéradente: il dispose d'une tête de rotorà cinq palesd'un typeré\'olu- tionnaire, le Sphériflex, qui sesatisfait d'un entretien minimal, ne dispose d'aucun roulementà bille,ce quiamé liore sa fiabilité et permet de réduire considérablement la consommation < Le Tigre, hélicoptère de combat franco- allemand, devrait être opérationnel en 2004-2005. Les forces spéciales françaises seront les premières à en être équipées.54 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
A Le Sphériflex, tête de rotor à cinq pales de rEC-725 : cette Innovation révolutionnaire distin^e radicalement l'appareil de ses prédécesseurs. < Le rayon d'action (700 km) de !'EC-725 peut encore s'accroître par l'utilisation de la longue perche dont il est doté : elle autorise les ravitaillements en vol.de kérosène. Avec ses deux turbines reils. Si tout se déroule selon ses vœux, armées françaises d'une \Taie capa le COS devrait recevoir rapidementsesTurbomeca Makila 1A4, et pour peu cité d'inten'ention autonome et disqu'il emporte des réservoirs supplé premiers EC-725 en début de promentaires, le rayond'action de cet ap grammation, la livraison du dixième crète, au service d'une politique depareilatteint700km.Voire plus,avec appareil devant intenonir vers 2007.les ravitaillements en \ol autorisés par Eurocopterseditprèsà relever le défi, défense tournée désormais vers les inLa France entend accroître sa capacité terventionsextérieureset la participa tionà desopérations multinationales.d'intervention et son autonomie Dans un tel contexte, l'excellence des forces spéciales françaises estun vérila longue perche qui le flanque- un d'autant que, en attendant, des mo table atout, que le gouxernementdispositif qui n'existe par ailleursque compte bien mettre en avantpour assurdesappareils américains utilisés par dernisations seront lancées sur seoirsa position dansla défenseeuroles forces spéciales, comme le MH- péenne. Car,en lamatière, iln'ya que47E Chinook, le CH-53E Super Stal- quelques Cougardéjàen service, afin deux nationsen Europe disposant de de les doter d'une meilleure autopro- forces de ce type et de ce niveau : lalion, ou le MH-60G Pave Hawk. teetion (blindages additionnels, et Franee et la Grande-Bretagne. I Eurocopter a déjàconçu une perche lance-leurres... ), et d'une liaison radio > FAITS & CHIFFRESde ce tvpe pour des appareils livrés àl'Arabie Saoudite, maisprésentant des avec les appareils de contrôle aérien 700 km : c'est le rayon d'actioncaractéristiques spécifiques. Le seul du nouvel hélicoptère EC-725,hélicoptèreEC-725 en service équipe AWACS de l'OTAN. Côté hélico soit plus du double de celui del'armée de l'air, qui évaluesescapaci son prédécesseur, le Cougar.tésen matièrede sau\'etage de combat ptères,les forces spéciales françaises, 5 pales sur le rotor, au lieu desdes pilotesabattus derrière les lignes qui ne brillaient pas par la qualité de 4 dont disposait le Cougar, pour leursmatériels, devxaient rapidement plus de puissance, plus de souennemies. Cette mission, nommée se satisfaire des dotations qu'elles at plesse, moins de consommation. tendent. Et, en particulier,devenirles 1 perche de ravitaillement enRecherche et sauvetage de combat premières destinataires des premiers vol, pour assurer les missions(Resco) devrait conduire l'armée de hélicoptères de combat franco-alle de pénétration profonde.l'air à acquérir une douzaine d'appa- mands Tigre, qui entreront en service opérationnel en 2004-2005. Le couple Tigre-EC-725 pourraitalorsdoter les 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 55
DECODAGE > DOSSIERDans le transport,l'Europe avanceen ordre disperséLa mise aupoint d'un avion detransport militaireeuropéen est une nécessité, et un enjeu politique.Du projet à laréalisation deFAdOOM, les difficultésn'ont pas manqué et des dLergenees subsistent.Une défense eonvenable ne peut se Parrapportau Transall, sesavantagesconce\ oir qu'indépendante. Cela est ne sediscutent pas. Il pourraemporterégalement vrai dans un domaine qui 32 tonnes (deuxfois plus que son préfait ladifférence entreles petites années décesseur) dans sa soute de 356 m',et lesautres: lalogistique. Aeet égard, dont le diamètrede 4 m permettrade -i\"la Franceet l'Europe sontbien mal lo faire rentrer deshélicoptères NH-90 outies.Depuis la fin desannées 50,elles Tigre, des futurs blindés d'infanterieont laissé les lîtats-Unis et la Russie se VBCI, ou le système de missiles sol-airdoterde mo\'ensde transportaériensà tactiques SAMP/T. Sa vitesse est sulong ra\on d'action, là où le Vieux périeure de 30 % à celle du TransallContinent en est resté au seul pro (780 km/lr), et sa distance franchisgramme commun d'a\ ion de trans sable (4400 km à pleine charge) estport, le C160 Transall,ce qui nous ra proche du double. Il s'agira donc in A Vue d'artiste de rA400M : le projetmène à la fin des années 60 ! Ces appareils ont les\"pattes courtes\", comme contestablementd'un progrès, même d'avion de transport militaire européen porte sur la construction de 196 appareils. sicetappareil ne pourra prétendre auxdisent les aviateurs, et n'emportent performances du C-17Globemaster III défense. Et silesgouvernements franque descharges restreintes. De plus,ils de Boeing, qui franchit une distance çaissuccessifs ont toutfaitpourque ceont été utilisés intensément, et attei comparable avec une charge de projet avance, aucun n'a accepté degnent leurslimites. Résultat ; lorsque 78tonnes. Quantau vieuxC-5 Galax\', prendre le risque d'en devenirle moles Français veulent transporter des il franchit 10 000 km avec 118 tonnes ! teur. D'où les très nombreuses diffi cultés politiques que cet avion ein-Qu'un seul des pays engagés se brvonnaire a connues, au point dedésiste, et le programme sombre! constamment décaler les dates des premières livraisons. Il a été décidétroupes à grande distance, comme ce Avec rA400M, l'Europe ne joue pas que la France recevrait en 2008 lesfut le cas en .Afghanistan, ils doi\ent dans la même catégorie et avanceen deuxpremiers exemplaires desérie, quilouer des avions gros porteurs à des ordredispersé. Le programme prévoit serontassemblés à Séville, en Espagne.sociétés privées msses ou ukrainiennes, la livraison de 73 appareils pour l'Al Si le programme voiteffecti\ ement lece qui, on en comiendra, n'est pas lemagne et de 50 pour la France, sur jour, ce qui n'est pas encore garanti !vraiment l'idéal... La solution s'ap un total de 196. Mais, depuis plus Tout est serré, compté au plus juste.pelle r.\400M : projet européen d'une décennie, le projet d'avion de Qu'une armée européenne fasse fauxd'ai ion de transport doté de quatre transport militaire européen est au bond, et c'estle programmetout entierturbopropulseurs, proposéparAirbus. cœur desdiscussions surl'Europe de la qui sombre. En janvier 2002, les Brisé SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
tanniques a\aienttordu lenez, avant de confirmer leur engagement : Tony Blair pouvaitdifficilement se faire le chantre de l'Europe de la défense et bouder l'un de ses programmes por teurs. En attendant l'arrivée de l'AdOO- M, la Royal .\ir Forcea tout de même oué en 2000 quatre avions C-17 pour une durée de sept ans. LES EXIGENCES DE L'ALLEMAGNE Mais l'iMlemagne connaît elle aussi des états d'âme. L'A400-M est devenu un enjeu politique d'une telle di mension que Gerhard Schrôder a dû mettre, en mars 2002, le couteau sur lagorge des écologistes membres desa coalition gouvernementale : \"Ou vous acceptez, ou jevous jette dehors ! a lancé le chancelier allemand aux Verts, qui refusaientd'entériner le fi nancement de r.Airbus militaire. Les Verts ont compris le message, et se sontalignés, vite fait, bienfait !Les Al lemands ont donc accepté de financer officiellement les 40 premiers appa reils de leur commande, tout en ou vrant la voie à des contentieux inter minables avec leurs partenaires si 'achat des 33appareils suivants n'est pas honoré. Les .Allemands ont en effet assorti leur accord d'un refus de paver des indemnités à leurs parte naires en cas d'absence de com mandes ultérieures; ce que ces der niers ne peuvent accepter, dès lors qu'une défection allemande, même partielle, ferait croître le prix payé par les autres acheteurs. Le pro gramme n'estdonc toujours paslancé officiellement,d'autant plus que les Portugais paraissent désormais prêts de céder aux chants des sirènes amé ricaines, qui leur proposent une ver sion modernisée du vieux C-130 Eler- cules. Le transport militaire euro péen demeure dominé par les contingences politiques... I1®^, ' i .. < Avec 4 m de diamètre et une capacité de 356 my la soute de rA400lVI accueil lera aisément des véhicules d'infanterie. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 57
DECODAGE EN P R• GTillingUne alternativeaux plantestransgéniquesUne nouvelle technique ouvre la voie à une révolution verte. En mêlant hasard et criblage high-tech, le \"tilling\" améliore un caractère chez unvégétal sans créer de plantes transgéniques.Par Marie-Laure MoinetLeconstatestclair: l'Europerefuse les s'obstinent à planterça et là quelquesplantes trangéniques, ces plantes où parcelles d'essai, en espérant qu'unl'on a introduit un gène d'une autre jourlesverrous politiques serontlevés.espèce et qu'on appelle organismesgénétiquement modifiés (OGM). Mais d'ici là, certains s'efforcent deDans un climat d'hostilité, quelquessociétés privées et instituts publics modifier les plantes sans les rendre transgéniques. Grâce à une nouvelle technique qui permet de suppri- —y CHRONOLOGIE génétique inverse caractère connu). qui, à partir de la struc 1998 ; découverte de1930 : naissance de la l'enzyme CEL1, qui ture moléculaire d'un permet de repérer lagénétique, qui identifie position d'une mutation gène, permet d'en induite dans le génome,les caractères hérita- 2000 : Claire déduire la fonctionbles grâce à la possibi McCallum Invente le (alors que la génétiquelité d'induire des muta concept de tilling.tions sous l'effet de cherche à identifier leradiations ou de pro gène correspondantduits chimiques. à une fonction ou un1979 : naissance de la58 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
< Luca Cornai < Arabidopsis(à gauche) et thaliana est laSteven Henikoff plante de réfé(à droite), les rence des généticofondateurs ciens. Cent dede la société ses gènes ont déjà été tillés, etTiliigen, dans ce succès permetla serre où sont d'orienter lecultivées les tilling chez lesplantes desti autres espèces.nées au tilling.
DÉCODAGE >EN PROGRÈS—>• mer ou d'amoindrir une fonction «{Vindésirable: la susceptibilité à un Danssonesprit, ilne faitaucun doute A Un système de plaques à 96 puitsvirus ou au gel, une floraison tropprécoce, par exemple. que l'intérêt de ce nouvel outil pour permet une traçabllité parfaite des piantes, du préièvement des feuilies Cette technique, c'est le \"tilling\". l'avenirde l'agronomieest immense. au gène cible sèquencè.Un nom chantant qui sonne commele participe présent du verbe anglais D'ailleurs, le tilling figure parmi les\"to till\". travailler le sol. Mais le seul 15000propositions soumises à laCom d'environ 6000 de ses 25000 gènes.point commun avecl'agronomie, c'est mission européenne, qui doit définir Chez lesespècescultivées,il n'y a pasquele tilling gratte, scmte, retoumelepatrimoinegénétiquedesplantescul en novembre prochainlespriorités de encored'application tangible - latechtivées. Au sens figuré s'entend, etl'analogie s'arrête là. Car TILLING son sixième Programme cadre pour nique est trop récente. Mais elle estest en fait l'acronyme de TargetingInduced Local Lésion in Genome, soit la recherche et le développement riche de promesses ; Hei Leung expé\"ciblage de mutations locales induitesdans le génome\". Le principe ; faire (PCRD 2003-2006). Pour l'instant, la rimente déjà le tilling du riz à l'IRRImuter des milliers de plantes au hasardet lespasser au cribleen repérant, méthode n'a été expérimentée a\'ec (International Rice Research Insti-au niveaumoléculaire, celle qui pré succès que chez l'arabette des dames tute), aux Philippines. A l'origine dusente \"la\" mutation recherchée. (Arabidopsis thaliana). Car on a sé- concept, une jeune étudiante amériUN ESPOIR IMMENSE POURL'AGRONOMIE quencé toutle génomede cetteplante caine, Claire McCallum. En 2000,\"Chez lesplantes, cetteméthode per modèle et on connaît déjà la fonction avant même d'obtenir son diplôme àmetd'améliorerun caractèresans passer par le géniegénétique\", expliqueavec enthousiasme Abdelhafid Ben-dahmane. Ce jeune chercheur del'Institut national de la rechercheagronomique (Inra) dirige une deséquipes de l'Unité derecherche en gé-nomique végétale(URGV), implantée au Génopole d'Eviv (Essonne).Les étapes du tilling: hasard, traçabilité, multiplication et diagnostic chlves Base mutee Autofecondation Plantes M2 Extraction Plaques de pooling Plante Ml del'ADN ADN ^/Graines Ml Plante Ml Echantillon1Créerdes plantes mutantes au hasard analyseDes milliers de graines sont exposées à une substan ^ ^ éi- A- 4^ 4 Base norma ece mutagène, l'EMS. Les graines mutées (Ml) sont mises n Etablir latraçabilité des plantes analysées (pooling)à germer. Statistiquement, l'une d'entre elles porte une Z, On extrait i'ADN des feuilles de réch'antiiion M2, qui estmutation dans le gène que l'on cible. Les mutations s'ex recueilli dans un puits dont les coordonnées sur une plaque (pooling) sont mémorisées. En cas de détection d'une mutapriment seulement chez certains descendants. Chaque tion dans le gène cible, on pourra remonter à la plante.plante Ml est donc autofécondée. Ses graines M2 sontarchivées, sauf un échantillon mis à germer pour analyse.60 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
> C est du celeriqu'est extraitel'enzyme (CEL1)qui détecte lesmutations < Abdel Bendahmane, Base le pionnier du tilling en France, inspecte un gel Chaque brin de la double qui contient des brins d'ADN à séquencer. hélice d'ADN est une sucl'université de Washington, à Seattle fondé la fortune de la multinationale cession de motifs appelés(Etats-Unis), ellecréaitsaproprestart- bases (symbolisées par lesup, la société Tilligen. A ses côtés, Monsanto (gène de résistance à son lettres A, T, G, C). A chaquequelques \"pointures\" dansle domaine herbicide introduit dans les plantes triplet (AGG, CTA, etc.) cordes biotechnologies: Vie Knauf, qui. cultivées) ; Steven Henikoff, auteur de respond une informationen dix-sept ansd'expérience chez Cal- précise : départ de synthèsegene et Monsanto, a dirigé plusieurs nombreuses innovations dans le do d'une protéine, ajout de telprojets industriels représentant des acide aminé (parmi les maine de la bio-informatique et du vingt disponibles), arrêt.millions de dollars ; Luca Comai, au séquençage desgènes, outils sans les Mutation ponctuelle quelsle tillingn'aurait pu naître. On leteur du brevet,déposé en 1985,qui a voit, les biologistes qui ont parié sur C'est la substitution d'une l'avenir du tilling ne sont pas des no vices ou des rêveurs, et leur engage base par une autre. Sou ment laisse songeur.Serait-on à l'aube vent \"silencieuse\", ou éli minée, la mutation modifie d'une nouvelle révolution verte? l'information génétique ; changement de l'acide LA MÉTHODE ESTTRANSPOSABLE aminé synthétisé, départ AUX MODÈLES ANIMAUX ou arrêt de synthèse... Séquençage Car l'aventure a démarré très vite. C'est une méthode auto Dès la première année (2001 ),le pro jetd'expérimentation sui Arabidopsis matisée qui permet de misen place par StevenHenikoff \"lire\" la séquence des bases qui se succèdent le long du brin d'ADN. mutee Défaut Q Enzyme CELl Gel d'électrophorèse +3 Multiplier le gène surlequel on recherche une mutation 4 Détecter et diagnostiquer la mutation En ajoutant des copies des extrémités du gène cible (amorces) etd'autres éléments (bases, etc.), on favorise la multiplication des deux On introduit une enzyme (CELl) qui a la propriété de couperbrins de ce gène (c'est la PCR). Les brins complémentaires se réappa l'ADN quand il est simple brin. CELl détecte ainsi la mutation àrient. En cas de mutation ponctuelle, un défaut apparaît. l'endroit du défaut. On fait alors migrer les brins sur un gel : les brins entiers, plus lourds, s'arrêtent les premiers et les brins cou pés, plus légers, migrent plus loin. Leur position sur le gel permet de localiser la mutation. On l'identifie ensuite par séquençage. Grâce au pooling, on pourra retrouver la plante qui la possède. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE 8, VIE 61
DECODAGE >EN PROGRÈS—>• au centre Fred Hutchinson de re Deux substitutions dans unecherche sur le cancer, à Seattle, rece protéine, et le virus s'éteintvait un soutien public de 1,2millionde dollars. Comment une plantepeut- MNRQNGGGQRLRSARPTTIHDCALSGDLIelle être l'objet de tous les soins dans MNRQNGGGQRLRSARPTTIHDCALSGDLi:un centre de recherche sur le can GNVDiVKYLL ÂWTGSDKVELEAMNTYGETJcer? HenikofFfournit la réponse: la GNVDIVKYLl^WTGSDKVELEAMNTYQméthode du tilling est transposable Substitution 1 'aux modèles animaux (souris, ver G.elegans... ).Et quelle que soitl'espèce MTPLHLAVWYSITAKEISTVKTLLDH MTPLHLAV LYSITAKEISTVKTLLDHN\"tillée\", les mutations ponctuellesdanscertainsgènescible renseignent Substitution 2/ LQEQRKRSALEQCGKTKAKMELLEDEsur les mécanismes du cancer. lqeqrkrsaleqcgktkakmelledel: Quel est donc le secret de ce pro Ces suites de lettres représentent les acides aminéscédé révoluhonnaire ?Le mariagedu (A = alanine, T = ttiréonine, etc.) constituant une protéine du poihasard et de la technologie... Les vron (elF4E).Toutes les plantes sensibles au virus PVY possèdent ladeux étapes sont indissociables. La même séquence, figurée par les lignes supérieures: la substitution de deuxpremière consiste à créer au hasard acides aminés seulement sur 228 (A par T et W par L- lignes inférieures) suffit à rendre la plante résistante au virus. Ces substitutions sont dues à deux mutationsdes centaines de mutations dans des ponctuelles du gène de la protéine, il s'agit Ici d'une séquence fictive, la publication scientifique de ces travaux étant encore sous presse.milliers de plantes pour avoir unechance de toucher le gène voulu.On qu'on appelle le \"pooling\". Puis, on zyme végétale impliquée dans la ré-obtient ces mutations en appliquant parahonde l'ADN. Elle estcapabledesur les graines une substance chi va à la recherche de la version mutéemique mutagène l'EMS (ethyhné- détecter une seule mutation au sein detlianesulfonate). Rien de nouveau à ce du gène, en utilisant comme hamestade : les mutagènes sont utilisées çon la version normale, connue (voir fragments longs de 1000 paires deen sélection végétale depuis plus de dessin). Entre les deux, la différence bases, ou 1kb (kilobase - un gène detrente ans. Par exemple, les tomates à que l'on cherche est minime: elle plante mesure de 2 à 4 kb). Cette enlongue conservation du commerce ne concerne qu'une seule - ou zymeest,en l'occurrence, extraite dupossèdentdes mutations ponctuelles quelques-unes - desmilliers de pairesdanslesgènesde maturationdu fruit. de bases qui constituent un gène. La céleri, d'où son nom, CELl. Pour\" Comme pour lescoups de soleil, Fef variabilité ponctuelle est le proprefet de FEMS est fonction de la dose et des individus - c'est le \"polymor comprendre commentprocède CELl,du temps d'exposition \", souligne une phisme\" (voirScienced- Vie, n° 989 ilfautsesou\'enir queI'jADN estforméchercheuse de l'Inra. En germant, p. 66, les SNIPS). En général, les de deuxbrinsappariés. Lorsqu'onveutles graines donnent des plantes (gé étudier un gène parmi des milliers, ilnération 1) que l'on autoféconde. différences entre individus sont ano fautd'abord l'amplifier,c'est-à-dire enC'est sur leurs filles, les plantes de la fairede multiplescopies (voir dessin).deuxième génération (M2, voir des dines, mais pas toujours. Par exemple, Lors de cette étape, appelée Polyme-sin),quese réalise lasecondeétapedu des mutations ponctuelles dans le rase Chain Reaction (PCR), les brinstilling, histoire d'être sûr que la mu gène humain BRCAl prédisposent d'ADN des multiples copies se sépatation est bien héréditaire. au cancer du sein... rent et se réapparient successivement. Ace niveau,il s'agitd'aller pêcher la UNE ENZYME POUR INSPECTER Si un brin d'un gène muté se réappaplante qui possèdela mutahon idoine rie avec un brin d'un gène normal, ildans le gène voulu. 11 faut alors dé LES GÈNES existe un petit défaut au niveau de laployer l'arsenal des outils high-tech mutation. C'est là qu'intervientde la biologie moléculaire et de la C'est justement en étudiant le gène CELl : elle coupe l'^ADN à l'endroitbio-informatique. On commence par BRCAl que l'équipe d'Anthony du défaut. Par d'autres techniquesextraire l'ADN de toutes les plantes Yeung, au Fox Chase Cancer Center classiques - migration sur gel d'élec-M2, savamment regroupées selon de Philadelphie (Etats-Unis), a dé trophorèse, séquençage -, les cherune méthode qui assure la traçabilité. couvert, en 1998, la clé qui permet de diagnostiquer une mutation,deuxième cheurs localisent et identifient la mu étape du tilling. Cette clé,c'estune en tation. Enfin, grâceau pooling,ilsre-62 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
UN ENJEU ÉCONOMIQUE MAJEUR Les projets de tilling gelées de printemps ture de la slllque qui détruisent les (gène shatterproof) concernent toutes les fleurs. Or, on peut en est connu et pourrait visager de rendre la être muté par tilling. espèces cultivées : floraison du pois Tout est question de riz, pois, colza, melon, moins précoce par doigté pour parvenir à pomme de terre, to tilling, puisqu'on réduire la fonction du mate, blé, maïs, lu connaît le gène qui gène Indésirable de 5, gouverne sa floraison, 10,20,50%,selon le zerne, rose, etc. Pour et les mutations ponc résultat recherché... le pois et le colza, les tuelles qui en modi Le potentiel d'applica enjeux sont Impor fient la précocité. De tions est énorme : on tants, puisque ce sont même, on pourrait peut améliorer la ré les substituts directs augmenter les rende sistance et le rende du soja. Importé mas ments du colza de 10 sivement d'Amérique. ment du riz, la dlgestl- De plus, la culture du à 20 %, ce qui corres bllité des plantes four pois d'hiver, semé à pond aux pertes de ragères (maïs, pois) l'automne, est Inté graines à la moisson pour les herbivores ou ressante car elle pro dues au fait que les rendre plus persis tège les sols de l'éro gousses (slllques) tants les pétales des roses, des tulipes, et sion. Mais elle est s'ouvrent avant matu autres œillets, renfor compromise par les cer leur parfum, etc. rité. Là aussi, le gène qui gouverne l'ouvertrouvent, parmi toutes les 1 < Les mutations, déjà largement exploiplantes analysées, cellequiporte tées pour les coloris des fleurs, pourla mutation détectée, ce qu'ils raient être recherchées par tilling pourvérifient ensuite en séquençant limiter la chute des pétales, par exemple.son génome. Resteà la débarrasserdes autres mutations indésirablesque l'EMS pourrait avoir provoquées chez elle. Cette sélection,longue et laborieuse, estle lot de toutsemencier. Mais tant qu'une variéténouvelle n'a pas été créée, le tillingreste, de fait, un défide généticiens.LES PETITS RIENS QUI A Sa floraison précoce nuit au poisCHANGENTTOUT d'hiver car elle le rend sensible au gel. Le tilling, en corrigeant ce handiOn peut cependant être sceptique:une simple mutation ponctuelle dans cap, pourrait favoriser ce concurrentun gène peut-elle améliorer un ca national du soja qui, lui, est Importé.ractèredonné? Oui, c'estce que vientde montrer - hors tilling- l'équipe < Les slllques du colza s'ouvrent àde Carole Caranta (Inra d'Avignon), maturité, causant des pertes à la mois son et des repousses sauvages. Uneen collaboration avec l'URGV d'Evr\' mutation dans le géne \"shatterproof\" pourrait retarder leur ouverture.et l'équipe de Christophe Robaglia(université d'^Aix-Marseille II). Elle aétabliquela résistance naturelle d'unecertaineplante- le poiwon - à un certain virus- le virusYde la pomme deterre (PX^O-tient à un petitrien: —>• 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 63
DECODAGE >e;n PROGRÈS deux simples mutations dans le A Linda Enns, de l'équipe de Steven virus, par tilling notamment. Car legène d'une de sesprotéines, la eIF4E. Henikoff, prélève le pollen sur un mutant tilling, comme le génie génétique,Anodin pour la cellule \ égétale. ce intéres,sarrt d'Arabidopsis thaliana pour concerne des \"inventions\" qui touchangement est fatal pour le virus.Voici le secretde cetterégulation gé de futurs croisements. chent au domaine du vivant. Leurniale. Le rôle de la protéine elF4Eesttrès\"basique\":elle déclenche la fa > L'ancêtre de ces colzas nains (au pre brev etabilitéestl'objet de polémiquesbrication des protéineslorsque la ma mier plan) a été obtenu par mutagenèse. passionnées. Reste à sa\ oir commenttrice qui les code (brins d'ARN mes Aujourd'hui, les gènes de croissance le tilling s'inscrira dans ce débat. Ensager) porte une \"coiffe\". Cette coiffe étant identifiés, on peut par tliling, créer attendant, le départ de la course estest une autre protéine à laquelle se lie rapidement des mutants de ce type. lancé. Génoplante a amorcé laelF4E, initiant ainsi le processus de pompe en versant pour ce projettraduction de l'ARN messager. Seuls virusà ARN,les potvvirus, qui repréles ARN messagers de la plante pos sentent plus du tiers des virus de 76400 euros au laboratoire d'Evrv-. \"Asèdent une coiffe quand ils doivent plantes, dont le terrible virus de la sharka desPrunus(pêchers, pruniers, la fin des travaux en cours, tous nos efêtre traduits. Mais l'ARN du virus abricotiers) contre lequel on ne forts porteront sur le tilling\", espère connaît aucune plante naturellementporteégalement, à sonextrémité, une résistante. Dèslors, on peut imaginer Abdelhafid Bendahmane. Car de provoquer la résistance à la sharkamolécule semblable à la coiffe. par tillingchez un arbrefruitier, dont l'autre côtéde l'Atlantique et ailleurs, les chercheurs sont sur le pont. i 11 est donc reconnu par elF4E, tra on sélectionnerait ensuite la descenduit et multiplié. En revanche, quand dance.. . Ce scénario estd'autant pluselF4E est mutée, elle continue de se plausible que les gènes mutés delier à la coiffe desARN messagers de eIF4E semblent être aussi la clé de lala cellule \\"égétale maisne reconnaîtplus la pseudo-coiffede l'ARN viral. résistance d'autres plantes (laitue, toLe virus n'est donc plus traduit ni mate, etc.) vis-à-vis d'autres potyvi-multiplié. 11 n'infecte plus la plante. rus: Lettuce Mosaic Virus (LMV), Tobacco Etch Virus (TEV), TurnipLA COURSE AUX INNOVATIONS Vlosaic Virus (TuMA''), etc.Les chercheurs d'Avignon \ iennent D'ailleurs, l'Inra et Génoplante, ledonc de découvrir le gène respon groupement d'intérêt scientifique constitué de laboratoires publics etsable d'un caractère de résistance du privés qui a financé ces travaux, ont déposé en février dernier un brevetpoivron au virus PXA - caractère surle gène eIF4E, et son exploitationconnu et sélectionné depuis plus de pour créer une plante résistante à untrente ans. Leur trouvaille dépasselargement le cas du poivron. Car levirus PVA'appartientà une famille de ETAPES SUIVANTES De.2aD3À2QQ6- Coordination des projets de dix- sept laboratoires européens si la Commission sélectionne le tilling parmi les priorités de son sixième Programme cadre pour la recherche et le développement. DlIcLà 201Q Constitution de banques de graines d'espèces cultivées comportant des mutations intéressantes, que les semences proviennent de collections (graines sauvages) ou de laboratoires (graines \"tillées\").64 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
COMPLETEZ VOTRE COLLECTION DES HORS SÉRIE DE SCIENCE & VIE ET COMMANDEZ CEUX QUI VOUS MANQUENTTous les trois mois, les hors série de Science & Vie traitent de façon exhaustive un grand sujet de notre temps.Chaque hors série fait le tour complet d'une question d'actualité scientifique. LESCRA.NDES ENIGMB SCIENTIFIQUESN°196 N° 197 N°198 200 201 N\" 202 203 Au temps des Pharaons Les grandes énigmes L Homme Les grandes expéditions Dossier FrancePlanètes ; Une nouvelle scientifiques Les chefs-d'œuvre du scientifiquesconstellation de découvertes génie humain SdPcE 204 La gravrtation 206 raut-ti avoir N° 209 V N''211Le cerveau et le Le dossier du dopage peiR^ de Menace sur l'eau / Commentmouvement manger Thèbes : Pharaons dans la La vie éviter une crise mondiale cité des dieux au tout début N° 20» L'alimentation N° 210 L'embryon ATION 212 N° 213 N®214 Aviation 2001 N° 216 N® 217La mémoire humaine tensteseaetdesmondes dispanjs ; Énergie: les défis à venir L'œil et la vision La drogue et le cerveau tagrande histoire duvivant BON DECOMMANDE â retourner sous pii affranchi avec votre règlement à SCIENCE & VIE - Se.a-Zce VPC • 1. rue du Colonel Pierre Avia 75503 Paris Cedex 15 O u i je commande les numéros suivants de Nom I L II SCIENCE & VIE HORSSÉRIE\": Prénom \_ N° Adresse |_ soit numéros à 5 € franco l'un (étranger : 6 €) IIIIII ^_L [| || •_j OUI, je commande reliures* Code postal Science &Vieau prix de lo € (France), iIIIII 12 € pour l'étranger Ville Il • Je joins mon règlement total de Si vous êtes abonné à Science & Vie, | merci d'indiquer votre numéro | | | | à l'ordre de SCIENCE & VIEpar chèque bancaire ou postal Etranger: mandat international ou chèque compensable à Paris * Délai de livraison 436 semaines, et dans la limite des stocks disponibles. Pourprotégeret consulter facilement vosnuméros, rangez-les dansde superbes reliures. Decouleur bordeaux, marquée SCIENCE &VIE, chaque reliure permet de Conformément â la loi informatlQué et Libertés du c-6/ot/1978. vous disposez d'un droit d'accès classer iz mensuelsjusqu'au N'iois ainsi que les HorsSériede Science&Vie. aux données personnelles vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amené à recevoir des propositions d'autres sociétés ou associations. Si vous ne le souhaitez pas. il vous suffit de nous écrire en nous indiquant vos nom. prénom, adresse et. si possible, votre référence client. Offres valables dans la limite des stocks disponibles jusqu'à fin 2002. SV 1020
DÉCODAGE. PR > . EN Lepor au secours du SGrâce au réseau GSM, le cardiologue peut suivre à distance et en permanence les porteurs de pacemaker ou de défibrillateur. Une expérience inédite vient de livrer des résultats prometteurs.Le téléphone portable, qui sert sou du Pr Jacques Clémenty, à l'hôpital sal (qui perturbe le rvthme carvent à communiquer les petites du Haut-Lévêque, à Bordeaux). diaque). Alorsque le pacemaker dépeines de cœur, pourrait, dans un livre des impulsions de faible intenproche avenir, être employé pour Le but de cette étude d'évaluation sité, qui stimulent le cœur déficientdiagnostiquerde réelles- et graves -pathologies chez les patients por était de suivre, à distance, quelque à la suite d'un infarctus, le défibrilteurs de prothèses cardiaques. La 300 patients, âgés de 30 à 90 ans, lateur, lui, envoie des chocs élecchose est possible, comme vient de le porteurs d'un stimulateur cardiaqueprouver une expérience inédite (\"pacemaker\") ou d'un défibrilla triques lorsque le muscle cardiaquemenée, de janvier à mars demiers, si teur cardiaque implanté, et souffrant se met brusquement à se contracter de manière anarchique ; sous l'effetmultanément aux Etats-Unis, en Al soit de bloc auriculo-ventriculaire des décharges, le cœur retrouve un rythme régulier, ce qui permet d'évilemagneet en France(dansle service (interruption des communications ter la \"mort subite\" (arrêt cardiaque). entre oreillettes et ventricules), soit de dvsfonctionnement sinu-Philos DR-t Ion remplace 2 Le malade est 3 Dès récep'SIQDqqj la prothèse équipé d'un tion, le cen initiale du pa téléphone mobile. tient par un mo tre convertit L'antenne de sa les données dèle muni d'une antenne qui prothèse transmet au format fax communiquera par liaison radio ou e-mail et au médecin les ies données au les répercute paramètres car automatique diaques recueil mobi-le, qui les réémet au centre ment au servi lis au cours d'Erlan-gen, en ce de cardiolo Allemagne, via le de la journée. gie qui a posé réseau GSM. l'implant.66 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
> LE CONTEXTE En France, chaque année, près de 60000 personnes meurent de \"mort subite\". 50 % d'entre elles décéderaient pour n'avoir pas eu accès à un déflbrlllateur automa tique, dont les Samu sont dotés, ou semi-automatique, qu'utilisent les pompiers et dont certains sont Installés dans des lieux publics. La technique la plus couramment appliquée reste donc le massage cardiaque, que peu de gens savent pratiquer. Mais les choses sont en train de changer. A l'initiative de la Croix-Rouge, la télévision diffuse régulièrement des spots publicitaires où, sous la houlette d'AdrIana Karembeu, les téléspec tateurs sont Initiés aux gestes qui sauvent. Cependant, le massage n'est pas toujours très efficace, et rien ne saurait remplacer un choc électrique pour rétablir le rythme d'un cœur qui s'emballe.A Le défjbrillateur implantable (vu ici sur une radio) envoie au cœur des chocs électri informatique, situé au siège de Bioques lorsque celui-ci s'emballe, et rétablit ainsi une fréquence cardiaque normale. tronik à Erlangen, près de Nurem berg, centralisait l'ensemble des Cette expérience était initiée par la toutes les données diagnostiques, données et identifiait l'origine desociété allemande Biotronik, qui a thérapeutiques et techniques (fré l'appel. Une fois converties au for quence cardiaque, rythme desfourni l'ensemble du matériel et les mat fax ou e-mail, ces données oreillettes et des ventricules) némoyens financiers nécessaires à sa étaient alors répercutées au service cessairesau cardiologue étaient en de cardiologie qui avait posé l'imréalisation. On remplaça, au prix registrées et mémorisées en perma plant, grâce au numéro d'appeld'une brève intervention chirurgi nence par la prothèse. Toutes les préalablement stocké en mémoire.cale, la prothèse habituelle des pa vingt-quatre heures, l'antenne les A charge ensuite pour le cardiotients par un modèle muni d'une an transmettait,sousforme numérique, logue de se rendre, en cas de protenne. Puis les patients rentrèrent sers un téléphone mobile relié au blème, auprès du patient pour réglerchez eux. A partir de ce moment. son appareil et adapter son traite réseau GSM, doté d'un boîtier de ré ment pharmaceutique.Livi: tr 4 La feuille Imprimée ception et placé à faible distance UNE MÉTHODE FIABLE À100 % que reçoit le ser du malade. Précisons que les infor vice cardiologi mations auraient également pu être Les premiers résultats cliniques de que comporte transmises sur une ligne télépho cette nouvelle technologie, divul nique ordinaire, par le biais d'un gués lors du XIII'' Congrès interna toutes les don tional Cardiostim, qui s'est déroulé à modem contenant le boîtier de ré Nice en juin dernier, ont dé- —>• nées nécessaires ception. Ou encore par l'internet, à au praticien pour, l'aide d'un boîtier de réception si besoin, chan ger le traitement connecté à un ordinateur. Un centre ou régler l'ap pareil du malade. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 67
DECODAGE >EN PROGRÈSDÉFIBRILLATEURS: LA FRANCE SOUS-ÉQUIPÉEChaque année, en France, un défibrillateur implan vus les aéroports d'Orly et soient autorisés, à condition2000 personnes meurent table, et qui sont victimes de Roissy- Charles-de-faute d'avoir pu recevoir un d'un arrêt cardiaque, doi Gaulle, alors que l'aéroport d'être titulaires d'un dl-défibrillateur implantable. vent d'urgence être pris en de Boston en possède seize charge par les voitures du et que toutes les stations de piôme d'Etat de secouriste.On estime à 50000 le Samu, équipées d'un défi Aux Etats-Unis, tous lesnombre de ceux qui en au brillateur automatisé, ou métro de Munich en sont élèves apprennent à les maraient besoin, mais seuls conduits auprès du défibril lateur semi-automatique équipées\", se lamente le Dr niéré l'école...\" On ne1500 en sont aujourd'hui le plus proche, générale Roland Scharbach, directeurpourvus. Ce sous-équipe ment situé dans un lieu pu s'étonnera donc pas si chezment nous place en queue de la Revue des Samu. Et nous on ne parvient à sauverde peloton des pays euro blic. Leur délai de survie que 4 % des victimes d'unpéens, juste avant la Grèce d'ajouter : \"SI, par miracle on malaise cardiaqueet la Turquie. Les défibriiia- n'est en effet que de dix mi sur la voie publique, alorsteurs impiantabies sont nutes. En générai, le Samu en trouve un dans un Heu qu'aux Etats-Unis on en tireen effet délivrés au compte- arrive trop tard. Quant augouttes, car un appareil re public en France, encore 15 % d'affaire.vient à 23 000 € (environ défibrillateur semi-automa150 000 F). Un pacemaker ne faut-Il être habilité à l'utili kcoûte que 4 500 € (près de tique, il est très rare d'en ser. Or, Ha fallu attendre30 000 F), ce qui permet avoir un sous la main, card'équiper tous les patients 1997 pour que les pompiers.pour lesquels cet appareil la France n'a commencé à Infirmiers, secouristes,est indispensable. Ceux qui kinésithérapeutes yn'ont pas la chance d'avoir s'en doter qu'à partir de 1999. \"Lagare Saint-Lazare, > Installés dans avec 700 000 passagers certains lieux publics, chaque jour, n'en a toujours les défibrillateurs pas, comme en sont dépour semi-automatiques peuvent être utilisés par ies pompiers et ies secouristes.—>• montré que cette forme de sur essais sont programmés dans divers vail de deux cardiologues à temps CHU en France (Rennes, Nanc\',veillance médicale à domicile {home Lyon, Lille, Paris, Marseille, Tours), plein. Or. on manque déjà cruelle et dans six autres pars de l'Unionmonitoring, en anglais) était parfai européenne (.\llemagne, Autriche, ment de spécialistes. Et puis commenttement fiable, comme en témoigne Belgique,Ro\aume-Uni, Italie, Pars-le Pr Clémentv. \"Pour les dix patients porteurs d'un pacemaker que\"L'expérience a transformé la vie des les payer, puisque l'acte de lire lespatients, ils se sentaient en sécurité\" messages n'estpas coté?\" Résoudre la questionéconomique est impératifsi l'on veut développer ce système de j'ai suivis pendant soixante-dix-huit Bas). Cela permettra d'élargir sun-eillance médicale capabled'amé jours, j'ai reçu 720 fax, à raison d'un le champ de l'expérience concer par jour, précise-t-il. S'il en manque nant les pathologies cardiaques. liorer le quotidien des patients appa 60, c'est parce que, certains jours, le patient n'était pas suffisammentprès Les réseaux téléphoniques et l'in- reillés et de saur'er des vies. I de son portable au moment de la ternet courTant la totalitédu globe,le transmission des données, ou bien srstème pourrait s'appliquer à n'im ETAPE SUIVANTE que celui-ci était déchargé. Durant porte quel patient dans le monde. Il l'expérience, la vie des patients fut a cependantses limites, que souligne D'Ici à 2004, le cardiologue transformée. Ils vaquaient normale le Pr Clémentr-: \"Admettonsqu'onre n'aura même plus besoin de se ment à leursoccupations, sans avoirà çoive 450fax par jour,correspondant déplacer. L'aboutissement de se préoccuperde leur cœur, lisse sen à 450 patients implantés, et qu'envi taient tellementen sécurité, que cefut ron 200 d'entre eux présentent des recherches actuellement menées un drame lorsqu'il leur fallut rendre données sollicitant davantage l'at l'appareil, une fois l'essai terminé. \" tention. Comme il faut cinq minutes devrait permettre au médecin de§ Dans les prochains mois, d'autres pour étudier chaque fax, cela prend modifier à distance la program dix-sept heures, cequi représente le tra mation de la pro-thèse, en fonc tion des données qu'il recevra. Il pourra ainsi répondre dans des délais encore plus brefs à l'évolu tion de la pathologie des patients.68 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
^f » La première revue entifique en santé i 441(|î^ • •• environnementale învironnement iisques I ERS analyse sous un angle scientifique les conséquences réelles des pollutions environnementales sur la santé,tponuau.= ^ g 1 ERSest une revue transversale,fes.r.sque® c™ qui couvre toutes les disciplines convergentesentre l'environnement .•-,f.Bd'in\"\"\" et la santé: climatologie, toxicologie, biophysique, épidémiologie, sciences ^u sdl et de l'eau... Consultez rintégralité du lERS est destinée à tous les N°1 sur notre site scientifiques, médecins, chercheurs, responsables de l'Administration,www.lohn-iibbey-eurotext.fr confrontés à une problématique en Santé PubliqueAu sommaire OFFRE SPECIALE UyiCElVIENT : du N°2: 20 % de réduction + l'accès gratuit à la version on-line Effets des champs magnétiques de la revue (vaiabte jusqu'au 31 octobre 2002) de 50, 60 Hz et de 20 à 50 kHz sur • OUI, je désire m'abonner pour un an (6 numéros) TARIFS D'ABONMEMENT le fonctionnement des cardiostimulateurs à Environnement Risques & Santé I» 1 Particuliers implantés • à partir du n'^1 • à partir du n° en cours Institutions L'évolution récente Institution/Entreprise : 96€au lieu de12(΀ 184€aulieu de^€ des émissions de dioxine Nom Prénom France dans l'air Adresse Ville UEet Suisse 112€aulieude>fÔ€ 200€aulieu de^€ Evaluation du risque sanitaire dans l'étude d'Impact Code postal Fax Téléphone des Installations classées E-mail Autres f^vs 120€aulieu de>ÎÔ€ 208€aulieu de^€ pour la protection Votre fonction : Conditions de l'environnement • Les frais de port sont inclus dans les tarifs indiqués. Paiement •Les abonnements à titre individuel Préserver la santé cioivent être effectués au nom propre du destinataire et l'environnement : Ci-joint mon règlement d'un montant de : € et doivent être pavés à l'avance. • Le tarif institutionnel concerne tout abonnement pour une éthique du • parchèqueà l'ordredes Éditions john Libbey Eurotext développement durable souscrit par une administration, une industrie de santé, • par carte bancaire J American Express un laboratoire, une bibltothèque ou une entreprise • Visa • Eurocard/Mastercard Commerc:iale. N= : Bon de commande à retourner aux Date de validité : i Signature : Éditions John Libbey Eurotext 127, avenue de la République m John libbey • je désire recevoir une facture acquittée 92120 Montrouge - France EUROTEXT*^ pour ma déclaration de frais professionnels Tel. 01 46 73 06 60 - Fax. 01 40 84 09 99 e-mail : [email protected]
DÉCODAPE. EN PROGRES > > Il a démontré laconjecture \"le CatalanDéfi arithmétique, laconjecture de Catalan Preda Mihailescu n'est pas un ma sume en la remarque écrite en 1844 par Eugène Catalan, dans une lettre déroute les experts thématicien comme les autres. Il y a adresséeau répétiteur de l'Ecole po lytechnique de Paris: \"Deux trois ans, ce citoyen suisse d'origine nombres entiers consécutifs autres que 8 et 9 ne peuvent être des puisdepuis cent cinquante roumaine travaillait dans une petite sances exactes. \"ans. Il a fallu l'intuition entreprise de Zurich spécialisée dans Pourcomprendre,ilsuffit de jeterungéniale d'un mathé l'analyse desempreintes digitales. Au coup d'œil à la liste des nombres car jourd'hui, il vient de démontrer une rés (4 = 2y9 = y, 16,25,etc.),d'vajou- terlalistedescubes (8 = 2\ 27 = 3^64,maticien semi-profes conjecture arithmétique vieille de etc.), puis tous les nombres qui peusionnel pour parvenir, plus de cent cinquante ans, sur la vent se mettre sous la forme d'une quellelesmeilleurs spécialistes secas puissance,comme 2\ 7\" ou 12*''. Cette kyrielle de puissances est, bien sûr,enfin, à la démontrer! saient les dents. \"A ma connaissance, infinie, maisaussi loin que l'on puisse l'obsen'er, ellene semblepascontenirPar Hervé Poirier c'est la première fois qu'un problème deux enhers consécuhfs, hormis, bien classique est ainsi résolu par un ma sûr, les nombres 8 et 9. \"Autrement dit, traduit leconjecteur franco-belge enter thématicien semi-professionnel\", com mesalgébriques, l'équation x!\"-Y= 1, dans laquelle les inconnues sont en mente, admiratif, Yuri Bilu, de l'uni tières et positives (1), n'admet qu'une>LE CONTEXTE versité de Bordeaux. Al'âgede 47 ans, seule solution.\" A savoir, 3'-2\"'=9-8 = 1.Comme le fameux théorème de cinq ans aprèsavoirpassé son doctorat \"]e crois [que c'est] vrai, bien que je de mathémahques, Preda Mihailescu n'aie pas encoreréussi à le démontrerFermât, récemment démontré par a démontré la conjecture de Catalan I complètement, s'avance-t-il. D'autresle Britannique Andrew Wlles après serontpeut-être plus heureux. \" —ytrois cent cinquante ans de vains ef 8 ET 9, SEULES PUISSANCESforts, la conjecture de Catalan semble EXACTES CONSÉCUTIVESun problème arithmétique a priori Cette conjecture est un de ces petitsanodin. Mais de tels défis ont tou problèmes mathématiques très sim ples à formuler, mais très difficiles àjours fait progresser les mathéma démontrer. Un de ces défis appatiques : c'est parce qu'il était obsédé remment gratuits que les mathémapar la démonstration du théorèmede Fermât qu'Andrew Wlles a trouvé ticiens adorent relever. Elle se réla motivation pour édifier des outilsmathématiques révolutionnaires.70 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
X- ^ r- iK^-1 -^O \"T/^NTïvi \";:; I -y tîi \ / ,u , ^ ^ Cl -^ S J /iAi oo/ \" - \"ik /
DÉCODAGE >EN PRDâRÈS Cinq cents ans auparavant,le ma gP/àthématicien espagnol Le\d ben Gersonavaitdémontré que 8 et 9 sont bien lesseuls entiers consécutils dans la liste despuissances de 2 et de 3.Maisest-ce toujours vrai lorsqu'on rajoute les puissances des autres nombres? Mvstère.,.L'observation des premiers termes decette listene peut, de toute façon, êtreconvaincante : pourquoi n'}\" aurait-ilpas, plus loin dans la liste, deuxnombres consécutifs ?L'ALGÈBRE À LA RESCOUSSELes mathématiciens ne se ménagent mpaspourrelever le défi de Catalan. Sixans aprèsl'énoncé de la conjecbire, le mmFrançais Victor Lebesgue démontre,par exemple, sans trop de difficulté mqu'un carré{autre que 9) ne peutsuisTe inférieur à 10immédiatement une puissance (au milliards puistrementdit,l'équation\- -r'' = 1n'a pas sance 10 milliards Yde solution entière). Mais il faut at puissance 300 environtendre les bavaux de Ko Cbao en 1964 Une taille qu'il n'est mêmepour être sûr qu'un carré ne peut, non paslapeined'essayer d'imaginer...plus,précéder de puissance (l'équation \"En utilisant le meilleur résultat acx\"'-y-= 1 n'a qu'une solution). Et ces tuel, on peut montrer que les expo paru '''«Y,,louablesefforts permettent justed'éli sants m et n sont inférieurs à 10 sou miraculeux, seminerlespuissances de deux... laissant ligneMauriceMignotte, chercheurà souvient-il avec émotoujours une infinité de cas à étudier. l'université de Strasbourg, qui a lar tion. En sortant, je me suis reEn 1976, avancée majeure : Robert gementcontribuéà affiner cescalculs. trouvé trois jours seul à Paris et j'aiTijdeman réussit à rendre cette liste Mais toute vérification directe de la étudié ce miracle. Puis, j'en ai rêvéfinie! Grâce à des arguments analv- conjecture reste hors de portée. dans le train pour Zurich. Est-cemontiques compliqués (des\"minorations A la fin des années 90, devant l'im instinct mathématique ou mon angede formes linéaires de logarithmes passe de ces techniques analytiques, gardien? En tout cas, à mon réveil,de nombres algébriques\"), ce mathé Yann Bugeaud, de l'université de j'avais démontréce que jecherchais!\"maticien hollandais prouve que, s'il Strasbourg et Guillaume Hanrot, à En un songe,Preda Mihailescu faitDes travaux mystérieux qu'il a fallu un pasdécisif. Grâce à saformidable intuition cyclotomique, il démontreréécrire sous une forme académique que, s'il existedes puissances consé cutives autres que 8 et 9, alors leursexistedeux puissances consécutives, Nancy, explorent une autre voie, un exposants sont obligatoirement descelles-ci sont obligatoirement infé chemin purement algébrique qui \"doubles paires de Wieferich\", desrieures à une certaine valeur. La exploite les propriétés de la cvcloto- nombres aux relations tordues (2),conjecture semble à portée de main : mie, un domaine classique (voirJar mais très rares (on n'en connaît queil suffit de vérifier, nombre par gon). Et c'est le déclic. six exemples). Gela réduit doncnombre, qu'il n'v en a pas deux qui se Al'été 1999,Preda Mihailescu-qui considérablement le catalogue àsuivent. Seul problème : la taille de la \ ient de finir son doctorat sur la cy- éplucher. \"Sa démonstration, qui reliste est plus qu'astronomique. Elle clotomie - assiste,à Paris, à une confé pose sur un vieux résultat datant decontient toutes les puissances de la rence de Guillaume Hanrot relatant 1890, est très astucieuse, souligneforme .x\", avec n inférieur à 10'\"', etx ces tra\aux. \"Leurs résultats m'ont Maurice Mignotte, que le chercheur72 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
V Aussi loin qu'on l'obser cherche à l'université de Paderbom, en miner les cas que la cyclotomie ne ve, la liste des puissances peut traiter. Aujourd'hui relueetvali ne semble contenir que ,\llemagne. \"Paderbom m'a offert un dée par une trentaine de spécialistes, cadrecompétent etpaisible, souligne-t- elle sera bientôt publiée dans le Jour deux nombres consécu il, reconnaissant. Pourla première fois, nal de Crelle, une publication em j'ai pu avoir un travailcontinu de re blématique de travaux mathéma tifs : 8 (qui est égal à 2^)et tiques. Pour Maurice Mignotte,\"c'est 9 (égal à 3'). En 1844, cherche. \" Résultat: dès la fin de l'an un grand événement dans le petit le mathématicien franco- née, en s'appuvant surun théorèmecv- monde des arithméticiens. \" clotomique démontré par le Brésilien belge Eugène Catalan con Preda Mihailescupense qu'il rentre jecture que cela est vrai. Francisco Tliaine en 1988, il croit avoir maintenantdansla période la plusfer Aujourd'hui, on en est sûr. démontré la conjecture de Catalan '. tile de son travail. \"Certaines voiessuisse a contacté pour valider sontravail.Il estsurprenant que personne AU CRIBLE DES SPÉCIALISTES s'ouvrent...\", lâche-t-il mystérieusen'y ait songé auparavant. \" ment, sans vouloir en dire plus. Mais Dans un premier temps, les spécia avant de s'attaquer à d'autres défis, il Mais la conjecture n'est pas réso listes du sujetqu'il contactesontscep faut sav ourer la victoire présente: unelue pour autant... Personnene saiten tiques. \"Lestravaux deMihailescu sont conjecture vieille de cent cinquante très difficiles à lire, avec des notations ansestdevenuethéorème. Pourla pluseffet comment déterminer toutes ces très personnelles\", explique Maurice grande gloire dugénie humain, toutle Mignotte. SeulYuri Bilu,quirient de monde peut dorénavant être\"doubles pairesde Wieferich\". Aucun convaincu que 8 et 9 sont les seulesdesSLx exemples connusne permetde s'installer à l'université de Bordeaux, puissances consécutives !\"ABordeaux,prendre en faute l'intuition de Cata aprèsavoirconvaincu Yuri Bilu, je melan, mais impossible de conclure tant accepte de se plonger dans les suisachetéune pipe blanche\", racontequ'on ne connaît pastouteslesautres le néo-mathématicien, dansun grandpaires, en tout cas celles inférieures méandres de son raisonnement. \"Sesaux bornes de Tijdeman. sourire. Le bonheur selon Catalan. ! travaux sont trèsmystérieux,reconnaît- L'intuition de Mihailescu est ce il cependant lui aussi. On ne peut pas (1) lifaut en fait que x, y,n et m soient supérieurs lireplus d'une demi-page par jour... \"pendant en marche. Durant l'année strictement à 1.2000,il démissionne de sonentreprise Le mathématicien bordelais de ci-zurichoise, refuse une lucrative pro (2) Les doubles paires (m, n) de Wieferich sont despositiond'un laboratoire américain et tovenneté israélienne se prend d'ami nombres premiers qui obéissent aux deux relationsaccepte un modeste poste de re tié pour soncollègueroumano-suisse. suivantes ; m \" doit laisser un reste de 1 lorsqu'il est divisé par n-, et n-' doit laisser un reste de 1 Pendant un an, Yuri Bilu relit attenti lorsqu'il est divisé par m-'. vement les différentes versions de la dé > JARGON monstration que lui envoie PredaMi Cyclotomie : issue des hailescu... mais, à chaque fois, il trouve une erreur qui invalide tout le travaux de Cari Friedrich travail. Fatigué, à la fin de l'année Gaussà la fin du XVIII'siè 2001, il lui laisse une demière chance. \"]e lui ai dit que j'arrêtais notrecolla cle, la cyclotomie (lit boration silaprochaine version neconve téralement, en grec, \"divi nait pas,poursuitYuri Bilu. Il mel'a en- vavée presque immédiatement. Unedé sion du cercle\") consiste monstration toujours aussi mystérieuse, en l'étude des \"racines maissans fautegraveapparente. Je l'ai énième de l'unité\". Ces donc invité au moisde févriertrois jours nombres complexes sont à Bordeaux pour qu'il mel'explique en détail.Il m'a peuà peuconvaincu desa situés à intervalle régulier validité. J'aialors commencé à la rédiger sousune forme plusacadémique. \" sur la circonférence du Si la cyclotomie est au cœur du rai \"cercle unité du plan com sonnement victorieux, la démonstra plexe\". Etudié en maîtrise tion de Mihailescu n'est cependant de mathématiques, ce do pastotalementalgébrique : l'approche maine est aujourd'hui très analviiquedéveloppéepar Tijdeman classique... mais impossi ou Mignottereste nécessaire pour éli ble à résumer. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE 8. VIE 73
DECODAGE EN P RATI g UPédago L'école doitréapprendreà apprendreEn pédagogie, les vieilles idées ont la vie dure.Le modèle du cours magistral résiste toujours,malgré l'ennui qu'il distille et une transmission médiocre du savoir. Comment faire percevoir aux jeunes l'utilité et le plaisir d'apprendre? Par Philippe Testard-Vaillant> FAITS & CHIFFRES15 % des élèves qui entrent La vérité ne sort pas toujours de la nelle,maisen ditlongsurl'archaïsme bouche desministres. IIva quelques qui sévit toujours, en France, à laen CE2 sont Illettrés. années, le tout-puissant patron de seule évocationdu mot \"pédagogie\". l'Education nationale (aujourd'hui Un archaïsme d'autant moins justifié17 % seulement de leurs cama en carafe...) saisit la bouteille d'eau que les chiffres sont loin de valoir à qui trônait sur son bureau et s'ex l'Hexagone les félicitations du jurv :rades comprennent clairement clama, devant un parterre de rec un an après la fin du secondaire,les informations contenues dans teurs : \"Voilà le savoir!\" Avisant un 30 % des bacheliers de série S ne saun texte, les deux tiers restant verre, il enchaîna : \"Et ceci est vent pasétablir un lien entre l'ADN,se contentent de les déchiffrer. les maladies génétiques ou leur l'élève\". Ravi d'expliquer à ses ouailles propre hérédité, 60 % ignorent touPlus le niveau d'études augmen savantes ce qu'enseigner, à ses veux, jours les caractéristiques respectiveste, moins les élèves présentent voulait dire, il versa le contenu du ré d'un atome, d'une molécule et d'unede difficultés de lecture et de cipient et, emporté par son geste, as pergea la table. L'anecdote, à ce cellule, 80 % sont incapables de décompréhension : 20,8 % parmi qu'on sache, n'éclaboussa pas la ré crire la trajectoire du Soleil dans leles jeunes ayant quitté le système putation du n° 1 de la rue de Gre ciel, 90 % de repérer les principalesscolaire après ie collège, 11,8 %parmi ceux qui atteignent leniveau CAP ou BEP, 3,5 % parmiceux qui sont parvenus Jusqu'aubac professionnel, et enfin 1,8 %parmi ceux qui sont au moinsen seconde générale.74 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
mSm A Contraintes , ennui : deux mots régulièrement employés par les enfants pour décrire l'école. D'où l'urgence de repenser la transmission du savoir.étoiles et 100 % de dessiner une carte, Bascultiventdesfleurs, du fromage et corps humain?\", la même réponse du poisson \", qu'\" aux Etats-Unis, il ymême approximative, de l'Eu a des conflits entre les races, par erronée (l'existence de deux \"tur aux\",rope (1).Le tableau est à peine moins exemple entre les Noirs et les polinoir dans les petites classes: à 10ans, ciers\" ou que \"dans le Massif cen l'un transportant lesaliments liquides,11'%des écoliers ne saisissentpas le tral, le fromage de brebis le plus ré pandu est lefromage de chèvre \". l'autre les aliments solides) tombe,sens des mots usuels, 25 % ne maî UNE MACHINE GRIPPÉE, quasiment identique, delabouche detrisent pas la conjugaison, 35 % n'ef DU PRIMAIRE À L'UNIVERSITÉ bambins de l'école primaire, de colfectuent pas une soustraction ou une légiens, de lycéens et... d'étudiantsàdivision à une décimale près, 40 % En histoire, les \"ultimatums\" se trans l'université, tous passés, pourtant,peinent à déchiffrer un texte de dix entre les mains de professeurs cheligneset 66 %sèchent quand on leur forment fâcheusement en \"ultimes vronnés,maisdans l'impossibilitéde modifierleur conception initialedesdemande de calculer l'aire d'un carré atomes\" et, en biologie, les \"hor mécanismes de la digestion, malgré lescours avalés. Autant de perlesd'inou d'un rectangle (2). Une rapide mones\" en \"chromosomes\" et autres culture qui prêteraient à rire, commeinspection des notes de cours épaissitle malaise. Où l'on décomne, dans les \"neurones\". Pis : à la question \"Que tout bêtisier, si elles ne donnaient lecahiers de géographie, que \" lesPays- devient une tartine de pain dans le triple sentiment que bon nombre —>• 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 75
DECODAGE > E N P R AT I g U EMême les futurs enseignants sont incapables de dessiner une carte de l'Europe.Demander à des . n(iSc»japprentis professeurs de représenter une cartede l'Europe, même sommaire,réserve d'étranges surprises.Ces dessinsapproximatifsmontrent quel'accumulationde diplômes nesuffit pas à éliminer définitivement certainsstéréotypes,ancrés depuisl'enfance.UNE CONCEPTION —x d'élèves apprennent sans com lagéd'avoir obtenusonbac S en juillet prendre, que la transmission du savoir dernier mais sceptique quant à la vaQUI REMONTE est une machine méchamment grip leur de ces lauriers : \"On apprend pée, et l'école obligatoireune cente par cœur un tas de formules, on faitAU XVIIP SIECLE naire en panne d'imagination. Cela plein de manipulations, on sait ré faittrenteans qu'AndréGiordan, pro soudre des équations, mais on se de Dans son livre Essai sur l'en fesseur de didactique et d'épistémo- mande un peu à quoi vont pouvoir logie des sciences à l'université de tendement tiumain, paru Genève, reproche à l'institution de nous servir toutes ces notions ! \" en 1693, le penseur anglais John Locke (1632-1704) pré mettre la charrue devant les bœufs en L'ENNUI INDUIT L'ABSENTÉISME sentait l'idée - révolution traitant la pédagogie par-dessus la Plus globalement, 27 % des collé jambe : '\"Quels savoirs faut-il ensei giens et 23 % des lycéens déclarent naire pour l'époque - que gner?' a toujours été, et reste, l'inter s'enquiquineren classe (3),preuves'il nos pensées sont le fruit de rogation majeure des ministres de en est qu'une sacrée flemme a rem nos diverses expériences. l'Education européens. Apprendreest placé la flamme sacrée. Un ennui A l'opposé des rationalistes, aux abonnés absents. Sans parler des qui se concrétise aussi par un absen qui ne juraient que par la réactions, ou plutôt de l'absence de téisme florissant, jusque dans les ly raison innée (le monde des cées huppés de centre-ville. .A. en idées de Platon que tout indi réaction, des élus de la nation. A-t-on croire l'Inspection générale, qui s'en vidu rencontrerait avant déjà vu un député, un seul, quel que alarmait dans un récent article du Fi sa naissance), le cerveau soitlepays, interroger sonministre sur cequ'il pensaitdesrecherches sur 'l'ap garo,\"on atteint désormais, assez cou est pour lui une tabula rasa, prendre' ? Pourtant, on ne lance plus une \"pièce sans meubles\". un simpleappareil ménagersans un ramment, des taux de 12 à 15 % d'ab En d'autres termes, notre minimumde réflexion. Or, le budget sents, avec des cas extrêmes jusqu'à mémoire est aussi vide 50 %\" (4) dans certains établisse qu'un tableau noir avant que des recherches sur le domaine, cerveau ments et dans certaines filières, des le maître ne commence son compris, ne représente qu'un pour dix cours. Adoptée par la plupart chiffres inconcevables il v a quinze des pédagogues des xvii\"et milledu budgettotal de la recherche ! ans. Le primaire lui-même, où les xviii' siècles, cette proposi Une misère... \" Qui se paie cash : \"perdus de vue\" se comptaient sur tion s'est généralisée et a les doigts, semble atteint par le phé imposé l'idée que pour ap 80 % des chères têtes blondes se disent nomène. \"Tout cela est tout à fait... prendre, il suffit d'être en si tuation de réception. Le rôle dégoûtées des sciences après la ter normal, s'exclame le Pr Giordan. Les du maître est d'exposer clai rement et progressivement, minale. Témoin, Gaël, 18 ans, sou de montrer avec conviction, éventuellement de répéter.76 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
élèves passent leur tempsà copier une voir-faire n'estpas,et de loin,à la hau \"L'émergence d'un nouveaudizaine de phrases pour aborder une savoir s'accomplit si l'enfantdifficulté grammaticale. En travaux teur de leur savoir, et leur formation saisit ce qu'il peut en faire\"pratiques de physique, des heures de pédagogique n'arrivepasà la cheville ANDRÉ GIORDAN, PROFESSEUR DEmesures sont souvent consacrées à la ré de leur bagage académique. C'est DIDACTIQUE À L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE qu'en la matière,lesidées toutesfaitessolution d'une règle de trois. On met ont la vie dure. Décrocher l'agréga état proche de l'illumination du disune heure pour recopierune carte de tion, comme sele figurentmoult gra ciple zen. Enseignerne s'apprendraitgéographie dont le contenu restera en désde la rued'Ulm, ne confère pasau qu'enexerçant du hautdesachaire, etpartie indécodable. Lesconnaissances tomatiquement le talent de trans nulle partailleurs. Autantde blocagesenseignées sont oubliées au bout de mettre son \"génie\"à sestroupes. Autre qui expliquent que le sacro-saint coursquelquessemaines. Seul comptele ca magistral (ousesdérivés), quiérigelehier 'qui seranote. Exceptionnels sont idée farouchement scellée à la férule professeur en distributeur du sas oir etlesmoments privilégiés où lesindividus maintient l'élèveau rangde récepteurs'approprient directementquelques'vi- des maîtres : la pédagogie ne serait voué au \"remplissage\" (la fameuse qu'une rouede secours palliantl'igno rance, un \"joujou\" utile dans les ma- bouteille du ministre...), continue d'être utilisé dans la très grande ma Les préjugés sont tenaces : jorité des classes. \"Cette méthode est très efficace, proteste Elisabeth, 41ans,la pédagogie serait un don du ciel professeur de français \"à l'ancienne\" dans un collègeparisien. Mais jedois brations' liées à un message. \" En clair, ternelles mais futile dans le secon reconnaître quesesconditions d'emploi lesmoments oià le savoir leur parle,les et sa rentabilitésont de plus en plus li questionne, les motiveet leur apporte daire. Elle ne saurait, par ailleurs, un \"plus\" pour agirsur le monde, faire l'objet d'aucun apprentissage : mitées : lemessage n'est entendu ques'il qu'un professeursoit rasoirou, à l'in estattendu. Pourcela, ilfaut que l'élève Reste à désigner les coupables, à verse, une fine lame capable d'ai et le professeur se posent le même type tout le moins les responsables. Crier guillonnerl'intérêt de saclasse serait de questions, partagent les mêmes ré haro sur le seul corpsenseignantserait un don du ciel, une grâce innée confé férences culturelles, raisonnent de laI trop facile. La plupart des 876000 rée à d'heureux élus au gré des seuls même façon et tendent vers le même3 profs (dont 735 000 dans le public) caprices de la loterie génétique. Bref, but. Dans lesclasses où j'enseigne, le1 sont de bonne composition et font de est pédagogue qui naît pédagogue. décalageentrelepublicet lesavoir —>•i leur mieux pour éviterle pire, armés Dernier préjugé tenace : partager unc parfois d'un simple bout de craie et deS mauvaisesphotocopies ! Las, leur sa- savoir serait une e.xpérience ni com- municable ni formalisable, mais un 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 77
DÉCODAGE > E N P R AT I Q U ELes conceptions pré-établies bloquent l'acquisition d'un nouveau savoirCes dessins, réalisés 'par des élèves de la Enfant de maternelle (5 ans)maternelle à l'université, représententleur conception dufonctionnement dusystème digestif. Malgré les cours sur cesujet dispensés troissemaines auparavant, tous ont dessiné deux \"tuyaux\"(un pour les liquides,l'autre pour les solides). Ils continuentdonc à reproduire unschéma de la digestion qui remonte àl'enfance. La preuvequ'un savoir déjà enplace, mais erroné,occulte des donnéesinédites. Fin d'école primaire (10-11 ans) Coiiège (14 ans) —y est, hélas, de plus en plus impor infantiliseret nous empêcher de bou l'ethnologie, des sciencescognitix es,tant. .. \" Depuislesannées70,lespro ger, sedésole David, 34ans,profd'an de l'intelligence artificielle et des glais dans un lycée du Sud-Est ré sciences de l'éducation. Un épar-fessionnels de l'éducation ont beau puté \"difficile\". Les réformettes (un pillement qui condamne d'avance peu moins de mathspar-ci, une pincée tout espoir de voir un jour émergerouvrir des brèches (de la non-directi- d'arts plastiques par-là...) ne s'atta une \"pédagogie unifiée\", garantie\ité à l'e-learning, en passant parle bé- quent pas à l'essentiel. Un cataplasme zéro défaut et applicable urbi et orbi.haviorisme, la méthode constructi-viste, interculturelle, audiovisuelle, \"Les passions, les désirs jouent undifférenciée, négociée, par objectifs,par petits groupes, par contrats, par rôle capital dans l'acte d'apprendre\"projets, par fiches, etc.), le modèle\"frontal\", hérité de Locke (voir enca sur une jambede bois!Il y a un telcor Tous les expertssont au moins d'ac poratisme et de telles pesanteurs, dans cord sur ce point : la mécanique endré), résiste bec et ongles. Subsé-quemment, toute velléité de chan notre milieu et dans l'administration, œuvre dans la relation unissant un ingement se heurte à de vives résistances. \"Tout est fait pour nous que l'on ne peut rienfaireou presque. dividu(l'élève) et une compétence (le Dèsqu'on lève lepetit doigt, onsefait professeur)s'avère d'une complexité \"Une autre école pour inouïe. Il n'empêche : les recherches nos enfants\", par André accuser de vouloir la baisse du niveau ont beau progresser à cadence d'es Glordan, éd. Delagrave cargot, faute de subsides,et dépasser (2002). Que faut-il appren des professeurs !Il nes'agitpasqu'une péniblement le stade \"protohisto dre, et pourquoi, dans une formation professionnelle remplace rique\", certaines percées, validées in une formation de haut niveau, mais situ, mériteraient d'être d'ores et déjà société en mutation ? qu'elle vienneen plus.\" exploitées pour enrayer l'ennui et l'exclusionque secrète l'école (80000 \"Les Sept Savoirs néces Encore faudrait-il que la chose soit possible.Ce n'est pas insulter les spé élèves, soit environ 10 % d'une classe saires à l'éducation du cialistes de \"l'apprendre\" que d'avan cer... qu'ilsn'avancentguère.Le ha d'âge, la quittent sans diplôme). Im futur\", par Edgar Morin, sard, l'empirisme, la passion, voire possibled'ignorer, par exemple, que éd. du Seuil (2000). Les l'idéologie tiennent un rôle non né la structure de pensée d'un élève n'a principaux repères pour gligeable dans cette discipline à la parvenir à une école Im croisée de la neurobiologie, de la rien à voir avec le fonctionnement mergée dans un monde physiologie, de la biochimie,de la cy complexe. bernétique,de la psychologie sociale, d'une bande magnétique.\"Il ne suf de la sociologie, de l'éthologie, de fit pas de mémoriser pour apprendre, explique le PrGiordan. Le cerveau78 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
\"N Gérard GONFROY PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES DIRECTEURS D'IUFM (Institut universitaire de for mation DES maîtres)Lycée Terminale S Après le bac, 1\" année de faculté Les profs, selon vous, SOURCE : LOES sont-Ils bien formés ?d'un écolier n'est jamais vierge, mais ou à la genèse desmontagnes. En phy Je dirais \"En progrès, maisencombré de conceptions pré-étahlies peuvent mieux faire\". Leur(sur la structure de la matière, la no sique, on entend le passionner avec formation pédagogiquetion de frontière, etc.), de stéréotypes s'est améiiorée depuis iahérités de sa famille, de la culture am 'une facture électrique ou 'les caracbiante. ..Il doit donc intégreren per création des iUFM en 1991.manence de nouvelles informations téristiques desprises desecteur', quanddans une structure de pensée déjà en on ne lui propose pas dedécrire 'lesap Reste que ie savoir ne cir-place qui, ô paradoxe, les rejette ! pareils quiforment des images'.\" Enfin, cuie pius verticalement,L'émergence d'un nouveau savoir ne siapprendre suppose un volontarisme de celui qui sait à celuis'accomplit que si l'enfant saisit ce qui ne sait pas. Les enseiqu'il peut en faire, pari'ientà modifier certain, l'effort n'est pas incompa gnants doivent (re)con-sonarchitecture mentale, quitteà la re tible avecle plaisir,n'en déplaiseaux quérir à chaque instantformulercomplètement, et si ce savoir tenants d'une pédagogie où labeur leur autorité. Et on leurlui apporte un plus dont il peutprendre conscience... Il faut 'faire rime d'abord avec sueur. \"Les senti demande de travailler enavec'pour 'aller contre'.\" Autant d'ingrédients quisupposentde réconcilier ments, les désirs, l'engagement de équipe. Ce qui rend ce méen priorité l'école et la vie. l'imaginaire et lespassions éventuelles tier bien pius complexe.L'EFFORT N'EST PAS jouent un rôlestratégique dans l'acte Le cours magistral n'a-t-INCOMPATIBLE AVEC LE PLAISIR d'apprendre.Seulement, la sphèreaf- II pas \"fait son temps\" ? fectivo-émotionnelle n'est pas suffi Il y a des situations où il\"Le jeune consent d'autant plus faci s'impose, mais ia tendancelement des efforts qu'il en saisit le samment prise en compte, faute de'pourquoi?' et le 'comment?', en modèle explicitant les liens entre le est à l'aide individualiséechaîne le Pr Giordan. Or, l'école l'as cognitifetl'affectif. \" Autantdire quesomme de détails anecdotiques qu'il pour assister l'élève dansn'arrive pas à rattacher à son univers le travail ne manque pas pour réap son appropriation des conquotidien et qui ne correspondenten prendre à apprendre. La route serarien à ses préoccupations. Prenez les longue. L'occasion, chemin faisant, naissances. On demandesciences. A 14-15 ans, on lui demande de relire Sénèque, qui se demandait aussi au professeur de déjà, il y a deux mille ans, dans ses comprendre pourquoi unde s'intéresser aux différentes roches enfant ne comprend pas. Lettres à Lucilius, si l'école \"travaille Cela ne va pas de soi, car pour elle-même ou pour préparer des les maîtres ont été, par dé finition, de bons élèves. individus à la société...\" I Pourquoi si peu de crédits (1) Source :LDES. alloués à la pédagogie? (2) Source : ministère français de l'Education. Les politiques voudraient (3) Source : sondage CSA effectué pour le compte des réponses immédiates de runapel (association des parents de l'enseigne aux problèmes qu'ils se ment privé). posent, alors que nous tra vaillons sur le long terme. (4)Source :/.eF/garodu24juin2002. Et ce domaine est toujours considéré comme moins valide que d'autres, plus \"fondamentaux\". Laissez- nous du temps! 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 79
DÉCODAGE EN P RAT I g U ELa voiture àcomprimetrouve son secondApparu furtivement à las o u f f l efin du siècle dernier, lemoteur à air comprimérefait surface. La produc Quoi de moins polluant que l'air? Sa puissantion de voitures urbaines L'idée de l'utiliser comme carburant ce, modeste - elle ne n'est pas nouvelle (voir encadré dépasse guère 24 ch, soit 18kW(lch = 0,75kW)-, estpourrait commencer dès pages suivantes). Mais aujourd'hui, largement suffisante en ville. Sile printemps prochain! elle pourrait bien déboucher sur la l'autoroute, elle autorise toutefois une vitesse de 110 km/h. Dans ce cas, miseen circulation de petits véhicules la résen'c d'air s'épuiserapidement,liPar Henri-Pierre Penel adaptésaux trajetsurbains. Grâce à la mitant l'autonomie à une demi-heure. ténacité d'un ingénieur motoriste pion Si l'on stabilise la vitesse à 50 km/li, en> CHRONOLOGIE nier en la matière. Aprèsavoirmis au revanche, le véhicule pourra couvrir1992 point plusieurs prototrpes utilisant conjointement de l'essence et de l'air une distance de 300 km. Une autoGuy Nègre conçoit un moteur hy nomie moyenne, jugée parfaitementbride essence-air comprimé. comprimé, Guy Nègre travaille dé acceptablepar lesingénieurs de MOI qui font notamment \aloir que1996 sormais sur une voiture fonctionnant lorsque le véhicule est immobiliséL'essence est abandonnée au seul dans un embouteillage,le moteur ne e.xclusivement à l'air comprimé.profit de l'air comprimé. On s'en doute, lesperformancesdes consomme rien. Le véhicule urbain1998 automobiles en question ont été re idéal ? L'avenirle dira. Ce qui est sûr, c'est que sa mise au point n'a pas étéPremier prototype roulant. sans difficultés.1 9 99 vues à la baisse au profit de l'autono mie. Il est vrai qu'un usage stricte La première fut de répondre à la Un moteur de 25 ch permet de ment urbain ne nécessite pas un mo question : comment \"faire le plein passer le cap des 100 km/h. teur trèspuissant.Ainsi, lesprototypes d'air\", alors qu'il n'existe pas (en- présentés par MDI (la société luxem.2001 Apparition du moteur 4 cylindres.2003.Mise sur le marché prévue d'un bourgeoise à laquelle Guv Nègre avéhicule urbain à air comprimé.Prix envisagé : moins de 10 000€. concédé ses brevets) sont dotés d'un moteur quatre cylindres de 800 cm'.80 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
>Les taxis de vraient être les premiers bénéfi ciaires du moteur à air comprimé. DETENDEUR ET PRESSION Comme tous les gaz, l'air ré pond aux lois de base de la thermodynamique. Lors qu'on comprime de l'air, ou tout autre gaz. Il chauffe. Il suffit de gonfler une roue de vélo pour constater ce phé nomène. Lors de sa décom pression, l'Inverse se pro duit : Il refroidit. Cette varia tion de température est proportionnelle à l'écart entre la pression d'origine et celle d'après détente. Si l'unité officielle de pres A Le moteur quadri-cyiindre de 800 cm' sion est le pascal, soit une développe une puissance de 24 ch, permettant au véhicule d'atteindre la pression de i newton par m', vitesse maximaie de 110 km/h. le bar reste couramment uti lisé. Ilcorrespond à une core) de stations-servicecapables de un réservoir d'une capacité de pression de 1 kg par cm' (soit délivrerde l'air souspression?La ré 300 litres renferme de l'aircomprimé 98100 pascals). C'est égale ponse est astucieuse: c'est un mo à 300bars !Sous une tellepression, un teur électrique auxiliairequi assurele ment la valeur moyenne de fonctionnement en mode compres résen oir traditionnel constitue une \ é- seur du moteur principal. Ainsi, il la pression atmosphérique. ritable bombe en cas de choc. S'il se suffit de connecter la voiture à une La fonction du détendeur est composed'un matériaucapablede se d'abaisser la pression et de prise électrique pour recharger ses fragmenter, comme l'acier par bouteilles d'air comprimé. exemple, les éclats projetés peuvent la rendre constante, il se UN \"PLEIN\" ÉCONOMIQUE être meurtriers. Pour éliminer ce base sur une capsule mano- L'opération ne demande que de risque, \'IDI a travaillé sur une tech métrlque associée à un poin quatre à cinq heures et consomme nique issue de l'aérospatiale. Le ré moins d'une vingtaine de kW/h. Le teau. Ce sont les mouve \"plein\" serait donc particulièrement servoir est constitué d'un enroule Membrane économique puisqu'il reviendrait à ment de fibres composites, qu'un film ments de la mem; moins de 2 euros en heures creuses. en thermoplastique rend étanche. brane de la Autredifficulté: le stockage de l'air Ainsi, en cas de choc, le réservoir ne: comprimé. Logé dans le véhicule, capsule mano- projette pas d'éclats dangereux. .\u pire, il se \"déchire\", laissant l'air métriquequl s'échapper. En outre, ce tvpe de ma commandent tériau accroît la résistance du ré- —v l'ouverture du Pointeau pointeau en fonction de la pression. >Le détendeur haute délivre une pression pression constante. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 81
DÉCODAGE > E N P R AT I g U E > Construites en—>• serv'oir. Une sécurité non négli fibres synthétigeable lorsqu'on sait que l'air com ques, les coques des véhiculesprimé exerce une pressionde 300kg sont relativepar centimètre carré {c'est la pres ment légères. Gain de poids etsion des bouteillesde plongée). aérodynamismeMais, sans conteste, c'est le pro optimisent les performances.blème du refroidissement de l'air aumoment de sa décompression qui aété le plus difficile à résoudre. Lemoteur étant en effet alimenté à lapression constantede 30bars,la température descend à - 40 °C au moment de la décompression de l'air,assurée par un détendeur (voir encadré p. 81). Or, pour exploiter pleinement les possibilités de l'air comprimé, il faut impérativement leréchauffer. Ce réchauffement s'ef < Le châssis, enfectue en deux phases. tubulure d'aluUN BILAN ENERGETIQUE minium, porteTRÈS FAVORABLE les réservoirsC'est un échangeurde chaleur (un ra ïdiateur)qui assure la premièrephase, antidéfiagrants.et le moteur lui-même qui se charge met tout à la fois une remontée rapidede la seconde. Du coup, l'embiel- du pistondansle cylindreet son main Dérivés de l'inlagea dtl être totalement repensé.Au tien au point mort haut pendant près dustrie aéro d'un quart de tour du moteur (voircontraire des moteurs traditionnels, schéma pagede droite).La remontée spatiale, ils sont rapide du piston comprime brutale constitués d'undont les bielles sont constituées d'un ment l'airqui reste dansle cylindre. Il subit une brusque élévation de tem enroulement deélément unique, la bielle de chaque pérature, qui atteindrait 400 °C. L'airpiston est ici un assemblage de trois fibres synthéélémentsarticulés. Levilebrequin est tiques.relié à une bielle intermédiaire. Il se compriméestalors injecté. Laposedu piston au pointmorthaut donne à l'airtrouve ainsi décalé par rapport à l'axe compriméle tempsde se réchauffer etdu cylindre.Cette configurationper- sa pression augmente de nouveau. Le cycle moteur suit immédiatement cette phase de réchauffement et se termine par L'échappement\" de l'air. Selon les promoteurs de ce projet, cette \"irrégularité\" dans la course QUAND LES TRAMWAYS ROULAIENT À Nous sommes en d'un point à un autre. en 1840. Sans suite... 1687. Dans un mé moire de la Société L'Idée sombre dans Il faudra attendre royale de Londres, l'oubli... jusqu'en près de quarante ans Denis Papin, évoque 1838 où deux Ingé pour qu'une nouvelle l'hypothèse que l'air nieurs parisiens, An- génération de tram comprimé pourrait ways reprenne à son permettre de trans draud etTessIé-du- compte ce principe porter de l'énergie de propulsion. A Motay, s'évertuent à l'époque, ce sont des < Premier tram chevaux qui tractent concevoir une voiture bus et tramways. ways à air comprimé dotée d'un moteur à Mais l'entretien, à (Nantes, 1879). Paris, d'un cheptel de air comprimé. Les premiers tours de roues auront lieu dans les rues de Paris82 SCIENCE a VIE > SEPTEMBRE > 2002
Cycle du moteur à air comprimé 1 Lacompression Au début du cycle, lors de sa remon tée rapide, le pis ton porte l'air à 400 °C par com pression. PistonAie poste de conduite est comparabie 2Le palier Embieliageà celui d'une voiture classique. Seuledifférence: un manomètre remplace la Le piston s'arrêteJauge de carburant. au point mort haut pendant un quart de tour. Une soupape laisse entrer l'air comprimé, qui se réchauffe.>Trois minutes suffiront pour remplir le 3Le tempsréservoir de 300 litres. Ce plein assurera moteurune autonomie de 200 à 300 kilomètres. L'air réchauffé redu piston permettrait de doubler le question, ilfautsepenchersurle bilan pousse le piston,rendement du moteur. engendrant la ro Reste la question quifâche :de tels vé tation du vilebrehicules sont-ils effectivement \"zéro quin.pollution\" ?Certainementpas, carpro Viibrequinduire de l'air comprimé nécessite del'énergie, quiprovientforcément d'une énergétique de la voiture à air comsource polluante. Finalement, pourrépondre de façon pragmatique à cette primé. Quel estle rapportentre l'éner giedépenséepour obtenirde l'airsous 4 L'échap pement pression et l'énergie restituée par le L'air est évacué véhicule ?GuyNègreavance le chiffre par l'ouverture de 20 %. Un scoreplus qu'honorable, d'une soupape. Un nouveau cycle comparé aux 13 % d'un diesel ou aux commence. 9,4 % d'une version essence. ILAIR COMPRIMÉplus de 1 500 chevaux seurs. Les perfor proche de celle du Pionnière, la ville de est inaugurée à Cler-engendre des frais moteur à vapeur. Nantes adopte le proimportants. Les socié mances de son tram cédé dès 1879. Paris mont-Ferrand entés de transport ur Mais Mékarski se lui emboîte le pas en 1890, vient inter way seront jugées 1887, puis Vichy-Cru-bain cherchent alors heurte à un problème seten 1895, Aix-les- rompre le bel essor tout à fait honora majeur: il faut abso Bains en 1896, La Ro de l'air comprimé.une solution de rem bles :15km/h, et une lument réchauffer chelle en 1899 et Pour alimenter enplacement à la trac autonomie de près detion hippomobile. 20 km, assurée par l'air qui se refroidit au Saint-Quentin en effet les tramwaysC'est à l'ingénieur sept bonbonnes qui 1901. Mais l'appari en air comprimé, ilLouis Mékarski qu'il contiennent 530 kg moment de la décom tion de tramways àrevient de poursuivre d'air comprimé à traction électrique, fallait construire desles travaux engagés 80 bars. La concep pression. Finalement, dont la première ligne usines. Alors quepar ses prédéces tion du moteur de ce c'est une \"bouillotte\" l'énergie électrique était déjà disponible tramway est très d'eau chaude qui sera placée sur le circuit sur le réseau. de détente... 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 83
DECODAGE \"h. CASSE-TETE FL'insaisissable part du \"psy\" Le cancer, une maladie psychosomatique?Entre médecins et psychologues, l'antagonisme est vif.Certains tentent pourtant une approche globale de la maladie, avec des résultats difficiles à évaluer.>LE CONTEXTE L'étude, publiée en 1989, a\ait fait environ 8 sur 10 cherchent à com grand bruit parmi lescancérologues:Non recensés officiellement par son auteur, le psschiatre américain prendreen quoi lesévénements de leurles institutions médicales, les psy David Spiegel,v démontrait que des vie, lefait qu'ilsont divorcé, perdu unchologues officient dans les hôpitaux père ou un conjoint, a pu être à Foripublics avec un statut femmes atteintes d'un cancer du sein gine de la survenuede leur cancer.\"des plus flous (leur rémunérationétant parfois assurée par des dons métastasé survivaient en movenne Cette vision du cancer comme exet des fonds privés). Ils sont doncsans pouvoir réel face au médecin quinze mois de plus lorsqu'elles par pression d'une souffrancepsychiquechef de service qui, seul, décide ticipaient à une psrchothérapie de sous-jacente est depuis longtemps lede leur ouvrir - ou non - les portes groupe que lorsqu'elles n'en bénéfi credo des psychologues cliniciens.de son unité médicale. Beaucoup ciaient pas. D'autres trasaux, depuis, \"La pathologie estun langage \", insistede cancérologues s'y refusent ob ont apporté de sérieux bémols à cette Jean-Yves Jezequel,psychothérapeutestinément, par méfiance vis-à-vIs de conclusion. Qu'importe. Une vieillethéories psychanalytiques qu'ils ju à Paris. Elle serait la traduction vigent sans fondement. D'autres idée s'en trouvait confortée : le menvolent, au contraire, dans le travail sible, à travers la mise en scène symdu psychologue une approche com tal jouerait un rôle déterminant dansplémentaire, bénéfique pour leur pa rés olution des cancers. Vôire, pour bolique du corps, de conflits profontient. Affaire de conviction, car le certains, dans leur apparition. \"Parmigain réel - en terme de survie - ap les patients qui viennent nous consul dément enfouis dans l'inconscient.porté par un traitement psycho ter, constate la psvchiatre Svhàe Dol-thérapeutique n'a toujours pas été beault, responsable de l'unité de \"Dans le cancer, c'est absolumentscientifiquement établi. pss cho-oncologie de l'Institut Curie, criant, assènele psychologue. On re trouve chez toutes les personnes qui ont une tellepathologiela même pro blématique defond. \" Et qui serait, —>•84 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
DECODAGE—y selon lui, un dysfonctionnementdu désir: de façon inconsciente, lapersonne ne se sentirait pas le droitd'avoir son propre désir, auquel ellesubstitue celui d'un autre. Elle s'interdirait donc d'avoir sa vie propre.\"Les pathologies de cancer sont justementle langagedu corps qui dit cetteproblématique intrapsychique. C'estla cellule qui met en scène la revendication inconsciente de cette personne:'\Ioi. jeveuxvivre, je ne veuxpasmourir Car lepropre de la cellule cancéreuseest justement d'être immortelle\",constate Jean-Yves Jezequel, qui nenie pas la nécessité, par ailleurs, defacteurs environnementauxou génétiquespour que la tumeur apparaisseeffectivement. Mais il insiste sur cequi lui paraîtêtre une évidence:seulslesfacteurs psychologiques, liésà l'histoire indisfduelledu sujet,permettentd'expliquer pourquoi, dansune mêmefamille, vivant dans un même environnement, certains membres développent un cancer et pas les autres. était morte. Dans la mise en scène duD'où l'utilité, pour ees malades,d'en \"Les pathologies de corps qui a suivile rejetde la thérapie,treprendre selon lui un travail d'ana- cancer sont justement tout s'est focalisé sur le bassin et sur lesh se, en complément des traitements le langage du corps, qui mains.Desdégénérescences, desdoumédicaux plus \"classiques\". De s'in dit cette problématique leurs incroyables. Impossibles à guérir.terroger sursapersonnalité, de faire re- Intrapsychique\" C'est commesi le corps disait:'tu ne veux pas voirça, je vais t'obligerà lejaillir, sous forme d'émotion, les Jean-Yves Jezequel, voir'. Ce qui était en cause, bien sûr,conflits ps\'chiques quiseraientà l'ori PSYCHOTHÉRAPEUTE, PARIS. c'étaitla grandeculpabilitépar rapport à son désir: cette petite sœur avaitgine du cancer.Car, à en croirele psy capté l'attention desparents.C'est elle qui avait eu les gestes d'affection, lachologue,le jeu- même douloureux tendresse des parents. Elle était donc jalouse.Elle voulait la mortde sa petite- en vaudrait la chandelle. ticulier, son mari. Mais quand on ap sœur. Or, elle est morte effectivement. Le sentiment de culpabilité étaitMÉDECIN DU CORPS ET SONDEUR profondit, on voit bien où ça s'enra énorme. Il y a eu un refoulement inDE L'ÂME NE S'ENTENDENT PAS cine: généralement dans un Œdipe conscient important, qui s'est mis en non résolu ou dans la transgression de scène, un jour, de cette façon-là. \"Il en veut pour preuve cette malade cet Œdipe\", analyse Jean-Yves Jeze Face à de tels discours, les médecins \"classiques\" sont pour la plupart scepqu'il a suivie en 1994 et avec qui il quel, qui se souvientégalement d'un tiques, pour ne pas dire plus. Lecontinue de faire le point régulière casplus troublant: celui de cettedame Pr DavidKhayat, chef du semce d'on- cologie médicale de La Pitié-Salpê-ment.Trèsréticenteau départ,malgré qui suit une longue analyse, remonte trière,avouene pasêtre hostileà touteplusieurs récidives de son cancer, elle trèsloin dansson enfance, puis qui seavait fini par se laisser convaincre. braque et renonce à poursuivre,alorsAprèsquelques moisde psy chothéra qu'elle allait mieux. \"Cette personnepie, lesrécidives avaientdisparu. Pour avait une petitesœur qui, à l'âge de 2quoi ? \"Parce que son inconscientlui a ans, s'était brûlé le bassin en tombantmis devantles yeux cequ'ilfallaitqu'elle dans une cuvette d'eau bouillante. Ellevoie: qu'elle vivaitsous la dépendance s'était brûlécomplètementle bassin, ettotaledel'autre.L'autre,c'était,en par- lesmainsjusqu'auxpoignets. Et elleen86 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
moinegénétique de la cellule et l'in BEAUCOUP capacitéde cette cellule à réparerces D'ETUDES, PEU mutations ou à s'autodétruire. \"Apar DE CERTiTUDES tir de là, constate le médecin, on voit bien qu'il est impossible que des phé Peut-on isoler des facteurs nomènes d'ordre psychologique puis sent avoirun impactsur l'organisation psychologiques qui favori des bases ducode génétique. L'initiation seraient l'apparition d'un cancer? Un grand nombre d'études ont poursuivi cet dela cancérisation, cette première étape objectif, avec des résultats d'accumulation de mutations, est un encore très contrastés. Ainsi, phénomène nécessairement biochi l'hypothèse selon laquelle mique. \" Façon courtoise de renv'oyer une dépression favoriserait les psychologues jusqu'au-boutistes l'apparition d'un cancer n'est toujours pas démon dans les cordes. En revanche, le can trée. Sur dix études menées cérologue concèdeque leschoses sont entre 1973 et 1997, trois moins clairespour ce qui concerne la seulement relèvent une telle phase de multiplicationde la cellule influence. Même confusion mutée : alors que chez certaines per en ce qui concerne l'expres sonnes elle prolifère en cancer, chez sion de ses affects négatifs : alors qu'une étude révèle, d'autres elle reste en sommeil de en 1989, que les patientes exprimant davantage leur longuesannées,pour éventuellement anxiété, leurs craintes et se multiplierplus tard. \"Qu'est-cequi va conditionner ces relations entre l'hôte leurs sentiments dépressifs et la tumeur, s'interroge DavidîQravat. ont une survie sans récidive On nesait pas.On peut imaginer qu'il plus longue que les autres, puisse y avoir un impact de facteurs ce résultat n'est pas confir d'ordre ps)'chologique qui pourraient mé par une autre enquête, intervenir au travers de phénomènes de sécrétion desubstances biochimiques, or réalisée en 1999. L'Isolement ganiques, par l'effet des émotions ou en revanche-qu'il soit réel ou perçu - aurait bien sur le cancer une Influence défavo dedysfonctionnements dessystèmes de rable ; tandis que le soutien régulation de l'humeur. \" Peut-être. émotionnel apporté par la famille, le conjoint ou les Mais encore faut-il le démontrer. collègues de travail jouerait au contraire un rôle protec Car, à l'heure actuelle, aucune étude teur. On s'en doutait un peu, statistique n'a pu établir qu'on courait encore fallalt-ll le prouver. plus de risquede développerun can cer après un événement traumatisant - par exemple la perte du conjoint.\"L'initiation de ia cancé- Le cliché, pourtant, est tenace. \"Est-risation est un phénomène ceque cette réalité n'existe pas, ou est- patient qui va peut-être mourir?biochimique\" cequ'elle n'est pasdémontrable ?On ne Amoins quece ne soitle malade quise David khayat, chef du service D'ONCOLOGIE MÉDICALE À L'HÔPITAL DE LA peut pas répondre, reconnaît Da\ id confie plus facilement ?\" On sait que Pitié-Salpétrière, Paris. Khayat. Néanmoins, beaucoup de les souvenirs sont plus nets chez lesthéorie qui sortiraitdessentiersbattus, cancérologues, moi y compris, ont gens qui sesententmourir\", soulignemais il tient à rappeler qu'en l'état actuel de la science, l'élément clé du quand même l'impression qu'il existe Da\'id Khasat. Bref,il n'\' aurait paseudysfonctionnement à l'origine d'uncancer - quel qu'il soit- restel'accu une grande fréquence de phénomènes plusd'éi énementstraumatisants dansmulation de mutations dans le patri très douloureux psychologiquement la \ ie de ces malades que dans celle dans les toutes dernières années qui de toute autre personne, mais on y précèdentl'apparition d'un cancer. \" attacherait rétrospectivement plus Simple conséquence d'une plus d'importance.Avec, parfois, desexcès grande écoute du médecin face à un cocasses : \" On voit des malades al- —>• 2002 SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 87
DÉCODAGE > CASSE-TÊTE—>• colo-tabagiques au dernier degré de logique, de langage: médecins étaient, pour la plupart,desgensgenqui vous disent: 'Je sais que j'ai eu un du corps et sondeurs de l'âme ne tils, coopératifs, apaisants, patients,cancerdela gorge parcequemafemme parviennentpasà secomprendre.Une n'exprimant jamais d'agressivité vis-à-m'a quitté ily a quatre ans' raconte nouvelleapproche émergedepuisles \ isd'autmi. S'afîîrmantpeu en société,David Khayat, mi-amusé,mi-agacé. années 1990 en France, qui nous lespatients de type G seraient volontiers vient, à l'origine, des pavs anglo-saxons, stoïques, avec souvent descroyances re De tels raccourcis ont malheureuse et qui pourrait réconcilier ces deux ligieuses. \"Us présentent une façade univers : la psychologie de la santé. agréable et gentille au prix d'un terment contribué à discréditer les psv- rible effort sur eux-mêmes, poursuit lachologues auprès de nombreux chefde UN PROFIL DE PERSONNALITÉ psychologue. Ils sont très dépressifs,senice. Les thèses psvchanahhques mais ils ne le montrent jamais. Usutilidu stx'le \"grosseur = grossesse\", expli Son objectif? Isoler, à trasers des sentun mécanisme quiestlasuppressionquant toute tumeur comme un désir étudesstatistiques rigoureuses, lesfaccontrarié d'enfant, ont choqué toute teurs psychologiques ou sociaux qui des émotions, refusant de reconnaître etunegénération decancérologues. Cer pourraient jouer un rôle dans l'appa d'identifier les affects négatifs. \"tains jurent depuis des années qu'unpsychologue ne mettra jamais lespieds rition des maladies, accélérer ou ra Depuis une dizaine d'années, pourdansleurserxice. Quantauxguerres in tant, les progrès les plus notablestestinesentre lesdifférentes chapelles, lentir leur és olution. L'idée est d'étu de cette discipline ne proviennentlacaniennes ou freudiennes, elles ont pas de l'analyse de la personnalitéfinide convaincreces médecinsqu'ils dier, de façon très pragmatique, un profonde de l'individu, mais plutôt nombre importantd'indi\'iduset d'ob de safaçon de réagirfaceà un événen'avaient décidément rien à attendre serverlesquels vont tomber malades. ment traumatisant, comme peut l'être Ou, s'ils sont déjà malades, commentde \" théoriciens totalementséparés du l'annonce d'un cancer.monde médical, qui finissent leurs ils vont évoluer. On analyse alors lesétudes sansjamaisavoirvu un patient Quels sont les comportements les différents paramètres qui les regrou mieuxadaptés, en terme de guérison? Autrereproche, souventformulé : les pent ou, au contraire, les différen La psychologie de la santés'estempapsychologues refuseraient de s'inté cient. Notamment leur personnalité. rée de cette question. Et même si lesgrer dans le cadre médical, préféranttravailler uniquement sur ce que dit le C'est ce typed'approchequia pennis études réalisées sont encore contrapatient, sur son ressenti, en totale déconnexion a\'ec le travail de l'équipe à des chercheurs de la faculté de mé dictoires, ellespermettent néanmoinsmédicale. Divergence de méthodes. decine de Londres d'isoler, dès 1979, d'esquisser quelques pistes. En parti culier, le sentiment de contrôle que JIUAIJJIJJIIUI un profil psychologique appelé au peut éprouverle maladesur sa vie en jourd'hui type G, qui prédisposerait général - etsapathologie en particulier Deux ouvrages décrivent au cancer. \"A force d'observer des pa - semble jouer un rôle primordial. les derniers acquis en psy- tientscancéreux, ilsont trouvé queceux- .Alors que certains malades attribuent ctiologlede la santé tout ce qui leur arris'e à desfacteurs in- ci avaient des choses en commun \", ex et traitent des facteurs plique Marilou Bruchon-Schweitzer, psychosociaux pouvant In professeur de psy chologiede la santéà fluencer l'apparition et l'université Bordeaux2.Leurspatients l'évolution des cancers. Personnalité et mala dies (stress, coping et ajustement), sous la direction de Marllou Bru- chon-Schweitzer et Bruno Quintard. Editions Dunod, 2001. Psychoiogie de ia santé. Modèles, concepts et méthodes, par Marllou Bruchon-Schweltzer. Edi tions Dunod, 2002.88 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
IL FAUT SORTIR DU CLIVAGE SOMATIQUE-PSYCHIQUEModestie et pragma vaillaient de manière tique-psychique. Si clus dans le dossier tions et apprennenttisme :1a stratégie l'objectifest de réussir médical. Exit, aussi, des techniques trèsqu'a appliquée Sylvie très indépendante, à améliorer la prise simples de résolutionDolbeault, respon en charge globale du ies longues psychana des problèmes.sable de l'unité de nous avons, au patient, le psychique lyses, remplacées parpsycho-oncologie de ne doit plus être Favorise-t-on leurl'institut Curie, pour contraire, choisi une des entretiens indivi survie? En l'absencese faire accepter des approche très médica- un domaine réservé. iiséeet appliquée au duels plus cadrés, des de certitude scientidifférents chefs de terrain. Notre activité On ne peut pas fonc doit être transparente séances de relaxa fique, Sylvie Dolbeaultservices de l'établisse pourles soignants tionner comme des s'est assignée unement tient en ces deux qui nous utilisent\", ex tion et de gestion de mission qu'elle estime plique la psychiatre, psy dans un cabinet l'anxiété, ou des thé plus pertinente :mots. \"Ehpsycho- qui qualifie son choix privé. \" Conséquence : rapies de groupe inspi aider simplement leoncologie, beaucoup toute intervention de rées de techniques patient à mieux vivrede psychologues tra de \"militant\", \"//faut son équipe fait l'objet anglo-saxonnes, dans d'un rapport écrit, in lesquelles les patients sa maladie. sortir du clivage soma- partagent leurs émoternes (mon style de vie, mes efforts, survie du malade. \" On voit une multi jectifvolontairementmodeste: adapmes compétences, etc.) d'autres invoqueront systématiquement desagents tudede patientsqui ont étédebonspe ter le comportement du patient pourexternes (lamalchance,la génétique, titssoldats, considérés comme desgensDieu, despersonnages supposés puis courageux, héroïques par leurentourage qu'ilvive samaladie le mieux possible.sants,etc.)\"La plupart desétudesmon etpar eux-mêmes, etquis'effondrent littrent qu'un contrôle interne estprotec téralement à la fin du traitement\", De telsprogrammes trouventauprèsteur et favorise une évolutionfavorable constate Sylvie Dolbeault, de l'unitédede la maladie, constate Marilou Bru- psycho-oncologie de l'InstitutCurie. des différents chefs de service unechon-Schweitzer. Lesgensqui ont uncontrôle externe, par contre, ont une Méfions-nous, donc, des idées trop oreille plus bienveillante que la psytrès faible adhésion thérapeutique. Us simples. Les psychologues françaisconsidèrent tellementqueleurmaladie préfèrent, en général, respecter lesmé chanalyse d'antan. Mais dans lesdépenddu hasard qu'ils ne croientpas canismes de défense psychologiqueen l'efficacitédu traitement. \" que le malade a mis lui-même en quelquesservices qui en bénéficient, place. \"Ilya des patientsquifonctionRESPECTER LES MÉCANISMES l'articulation entre soins somatiques nent très bien avec le déni de la maladieDE DÉFENSEPSYCHOLOGIQUE et psychologiques a encoredu malà se ou l'occultation, la mise à distance penCes personnes-là tomberont donc dant plusieurs mois. Et c'estcomme ça faire. \"Il y a encore beaucoup de soiplus facilement dans ce que les psy qu'ils sont protégés de la submersionchologues de la santé appellent l'im- dans la dépression \", remarque Sslvie gnantsqui,lorsqu'ils n'yarrivent passurpuissance-désespoir : \"Il est inutile Dolbeault,quin'intervientque lorsquequejemebattepuisque, detoute façon, cesmécanismesne sontplusopérants, le plan somatique, envoient le patientje vais mourir.\" Une attitude qui, on ou pouraidercespatients à résoudre less'en doute, n'est guère favorable à la problèmes que pose la maladie elle- chez le psy en disant: 'Il va se désurvie. Aux Etats-Unis, les psycho même, que ce soitdansleur \ie familoguesprivilégient donc sanssurprise liale, leurvie de eouple, ou leurviepro brouiller, moi jen'yarrive pas'.Et lepsyle comportement inverse: celui du fessionnelle. Très pragmatiques, les\"patient-soldat\" combatif, affrontant techniques qu'elle utilise ont un ob- serait legourou, lemagicien quiva réussa maladie avec une volonté de fer et \"Beaucoup de malades sir tout ce que les autres n'ont pas su sont très dépressifs, maisl'envie d'en découdre jusqu'au bout. ils ne le montrent jamais\" faire\", déplore parfois Sylvie Dolbeault.Question de culture. Car aucuneétude, en fait, n'a jusqu'à présent dé Marilou Bruchon-Schweitzer, Tour à tour charlatan ou manitou toutmontré de façon rigoureuse qu'une professeur de psychologie de la santé àtelleattitude prolongeait réellement la puissant, le psy a décidément du mal l'université Bordeaux 2 à trouversa véritableplace. I 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 89
DECODAGE. CAS S E-TETEToumaï Un crâne de 7 millions m d'années, exhumé au * ♦'si Tchad, soulève la tempête. Appartient-il au plusancien représentant de ia^ lignée humaine jamais trouvé ou à un grand' singe? L'ambiguïté decertains de ses caractères,morphologiques divise les paléontologues.Psr NaSSGra Zaïd' dbuinaï est âgé de 7 millions d'an plus à l'est. Abel avait, à l'époque, bouseidé le monde des paléonto nées et appartient à une nonvclie es logues en les forçant à admettre que pèce de la branche des hominidés, l'australopithèque \ i\ait à l'ouest affirme le Pr Brunet, de l'université du Riff, il va 3 millions d'années. Le de Poitiers, qui eo-signe avec une Tchad serait-il,à présent, le vrai ber quarantaine de scientifiques les ré ceau de Thiunanitc? sultats de ses recherches. Cette dé .Michel Bruiiet en a l'intuition en couverte sans précédent est d'au tant plus impressionnante qu'elle a 1976.Alorsqu'il tra\ aille en Asie,sur g lieu six aus à peine après celle les traces du Ramapithèque (un| d'Abel, un australopithèque de temps considéré, à tort, comme Tan-B 3,3 millions d'années mis au jour sur eêtre des australopithèques), en Af-1 ghanistau et au Pakistan, le pa- y ï le même territoire à 200 kilomètres90 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
..w m f 4- > «a*-, i «••y.%#4,4 • '• Lucy!»' ^•%; m*SS*p»*- 3,2 millions d'années * ' 'é%y-d I découverte en 1974 tCHADIACe fossile, trouvé en Tournai Orrorin2001 par l'équipe dupaléontologue français 7 million'^ d'années 6 millions d'années découvert e!T2uul découvert en 2000Michel Brunet, a étébaptisé Tournai par les Abel AFRIQUETchadiens (\"espoir de DU SUD ^vie\", en langue goran). 3,3 millions d'années L'enfant de laung découvert en 1995 2,5 millions d'années découvert en 1924 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 91
DECODAGE > CASSE-TETEUn Siècle a-r —>• léontologue va convaincre son dienne,a été choisi pour sespotentielsdécouve collègue américain David Pilbeam, fossilifères. Plus de 300 sites à vertébrésDepuis plus d'un siècle, une collec de l'université de Harward, de la né fossiles y ont été repérés et 10000 onttion de fossiles n'a cessé d'enrichir cessité d'aller chercher à l'ouest. \" Ce déjà été mis au jour. Pour trouver les fossiles, il ne suffitpasde se baisser, ill'arbre généalogique de l'homme. n'était pas à la mode, maison pouvait faut avoir l'œil exercé, bien sûr, maisEt en une dizaine d'années, notre espérer trouver desancêtresde grandsancêtre a vieilli de plusieurs millions singes\", raconte Michel Brunet, et surtout alîronter les éléments et fouiller même si l'aventure semble pour led'années... moins hasardeuse, voire périlleuse, les sédiments avec méthodologie etAustralopithecus africanus, sur les deux paléontologues relèvent le défi. \"Le butétaitaussides'éloigner denommé l'enfant de Taung, (de 3,5 la valléedu Riftpour êtresûr de ne pasà 2,5 MA), découvert en 1924 par tomber sur un hominidé égaré\",Raymond Dart. s'amuse Michel Brunet. Aujourd'hui,Australopithèque afarensis (Lucy, le pari semble gagné, mais cette déde 4,1 à 2,9 MA) découvert par Yves couverte exceptionnelle risque deCoppens en 1974, en Ethiopie. provoquerun véritable séisme.Homo habllls (2,33 MA) exhumé en1994 en Ethiopie par une équipe is Toumaï a été trouvé dans le désert duraélienne et américaine. Djourab, à plus de 800 kilomètres au nord de N'Djaména, la capitale duAustralopithecus anamensis Tchad. Pour l'atteindre, les scienti(4,1 MA),trouvé en 1995 au Kenya fiques ont roulé pendant quatre jourspar Meave Leakey. sur une piste interminable. Le secAustralopithecus barhel ghazali teur de Toros-Menalla, découvert en(3,5 à 3 MA) exhumé en 1995 au 1997par l'équipe de Michel Brunet,Tchad par Michel Brunet.Orrorin tugenensis (6 MA), décou directeur de la mission franco tcha-vert en 2000 au Kenya par BrigitteSenut et Martin Pickford.Kenyanthropus platyops (3,5 MA),mis au jour en 2001 au Kenya parMeave Leakey. Kenyanthropus Australopitl^ecusafarèhSîs l'If Aiustralopithecus bahrengnazali Arbipithecus ramidus ramidus Ardipittiecus ramidus kadabba Toumai Australopithecus Sahetanthropus anamensis tchadensis I millionsmillions _ A millions millions rd'annéesd années d'années » d'années92 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
< Mackaye Hassane Taïsso, Michel Bru- rieure, une incisivesupérieure et une net et Ahounta DJimdoumalbaye (dé molaire supérieure). couvreur de ToumaO admirent leur impressionnante collection de fossiles. Avant de diwilguer ses conclusions change à chaque instant. C'est entre dans la revue Nature, Michel Brunet les dunes qu'apparaissent certains ni décide de parcourir, pendant l'année veaux sédimentaires et fossilifères. qui suit la décoiu'erte de Tournai, des \"Le vent,qui est habituellement notre milliers de kilomètres avec des mou pire ennemi, devient alors, raconte Michel Brunet, notre meilleur ami, lages de ses ossements pour les com car il décapecesniveaux. \" parer à d'autres fossiles et recueillir l'avis des chercheurs les plus recon- Si Toumaï est un hominidé, tout le débat sur nos origines est relancé -^5 Aprèsplusieurs années de prospec nusde la planète. Un parcours du com tion, le 19 juillet 2001, sur le TM 266 battant entre le Kenya, l'Ethiopie,patience. Pour dégager des surfaces (secteur deToros-Menalla n° 266), le l'Mrique du Sud, les Etats-Unis, laet collecter des indices, le balai et le Suisse et la France qui lui permettamissontsouventde précieuxoutils. \"meilleur chasseur de fossiles\" de la d'identifier les fossiles comme ceuxAu Tchad, entre oetobre et début mars, mission, Ahounta Djimdoumalbave, de l'université de N'Djaména, ex d'une espèce d'hominidé, le plus anlesventsdominantsnord nord-est, qui hume un crâne fossile quasi com cien représentantconnu de la lignéesoufflent jusqu'à 100 km/h, provo plet. Avec les autres membres de humaine :Sahelanthropustchadensis,quent de violentes tempêtesde sable. l'équipe, dans un espace d'environ baptisé par les autorités tchadiennesLes dunes avancent et le paysage 500 mètres, il découvre ensuite deux Toumaï, \"espoir de vie\" en langue fragments de mâchoire inférieure et goran. L'absence de niveaux volca trois dents isolées (une canine infé- niques dansleeontexte géologique —ypfatyops Homo habififs Australopithecusgarhi Paranthropus robustus Homo neanderthalebsis Homo erectusAustraloiDithecusafricanus Homo sapiens > millions millions million Aujourd'hui >d'années d'années d années 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 93
DECODAGE > CASSE-TÊTE> Sur le site où fut découvert le crâne de Tournai,les chercheurs ont également mis au jour troisdents et deux fragmentsde mâchoire inférieure. r> Sur ces de la décou\'ertene permettant pas de datation absolue par la mesure dedeux photos, argon, on a donc déterminé son âgeon constate que ia par la biochronologie (étude de la faune associée, voir encadré).boîte crânienne Lesscientifiques ont tranché :lesdiftrès aiiongée,rapproche Toumaï férents caractères relevés sur Toumaï nedu grand singe.Mais, de face, ii permettent pas deleconfondre avec un chimpanzé ou un gorille. Et ce quiressemble à un lesfrappe surtoutdanssonapparence, c'est un mélange troublant de caracaustralopithèque, tères de la face, apparemment pluscomme Lucy (entre évoluéeque chez certainshominidés4 et 3 MA). récentstelsque Lucy. Bien que son crâne soit plus allongé que celui d'un austra lopithèque, sa face, haute, re- lahvement étroiteet peu pro gnathe dans sa partie infé rieure,le rapprocherait des hominidés. Ses arcades sourcilières proéminentes correspondraient à un ca ractère sexuel masculin d'ho- minidé. L'avancement du trouSCIENCE & V SEPTEMBRE 2002
A En 1995, Michel Brunei avait déjà provoqué ia surprise en découvrant COMMENT ,la mâchoire d'Abel, un australopithèque vieux de 3,3 millions d'années, ON A TROUVEau Tchad à 200 km du site où a été exhumé Toumaï. SON AGE occipital, rorifice à la base du crâne l'arrière ilévoque un chimpanzé avec le Patrick Vignaud, maître de par lequel passe la moelle épinière, quelilpartagela capacitécérébrale (de évoque davantage les pré-humains l'ordre de350cm').\" Uneambiguïté de conférence à l'université de que les grandssinges. Dernier carac caractères quiinterpelle Brigitte Senut Poitiers, coordinateur de tère important pour les pèresde Tou l'étude de ia faune et de l'en maï, sa canine supérieure est toute pe du Muséum d'histoire naturelle, co-dé- vironnement, a récolté avec tite et montre des traitsd'usure par la couvTeuse au Kenya, en 2000, d'Orro- pointe et non pas par les côtés, un rin, un hominidé de 6 millions d'an ses collègues, environ 10000 fossiles qui ont permis de autre caractère humain. Une dé nées. D'autantquelabipédie supposée dater Toumaï et de préciser de Toumaï ne peut être encore prou monstration apparemment imparable. son environnement. Cette Si le matérielfossile appartientbien à vée : \"Aucun reste osseux des membres la branche des hominidés, c'est toute faune comparée à des ani l'histoiredesorigines de l'homme qui n'a été exhuméet cesimplefait doit in citer à une plus grande prudence\". maux similaires trouvés dans s'en trouve bouleversée. L'ambiguïtépourraitreposer surle di- d'autres sites africains, dont morphismesexuel (caractères qui dis- AUCUN ÉLÉMENT NE PERMET hnguentlesmâles et lesfemelles d'une l'âge est parfaitement con ENCORE DE PROUVER SA BIPÉDIE même espèce). \"Pour étudier ces pé nu, notamment au Kenya, est riodes très anciennes, correspondant au datée à plus de 6 millionsI \"Vu de face, il estétonnamment mo- Miocène (entre - 23 et - 5 millions d'années, une faune richeI demepoursonâge,quasiment compa- d'années), nous sommes constamment et diversifiée qui comprendI rable à un australopithèque de 1,7mil- confrontés à ce problème de dimor- 42 espèces d'animaux aqua8 lion d'années, note le paléontologue phisme sexuel \",souligne Brigitte Senut. tiques comme le poisson, le Car on comparedesfossiles humains à crocodile ou la tortue, mais^ américain Bernard Wood de l'univer- desfossiles de grandssinges et il est —y également des hippopo tames, des éléphants, des giS sité George Washington, mais vu de rafes, des singes et une série de rongeurs. Toumaï devait vivre entre lac et désert, dans un environnement péri lacustre. Sans doute aux abords du lac Tchad qui oc cupait encore, il y a environ 5 000 ans une superficie de 400000 km', alors qu'aujour d'hui, il n'occupe plus que 5000 km'. 2002 > SEPTEMBRE > SCIENCE & VIE 95
DÉCODAGE > CASSE-TÊTE—>• parfois difficile de distinguer descaractères dont certains peuvent à lafois appartenir à un hominidé mâlecommeà un grandsinge femelle. Et cepourraitêtre le caschez Toumai.CERTAINS CARACTÈRES SONTCEUX D'UNE FEMELLE GORILLELes caractères avancés parMichelBru-net correspondent davantage, selonelle, à ceux d'un grand singe et particulièrementune femelle gorille. Or, cecasn'a pasété évoqué lors de l'étude,oùil fut uniquement question de mâle.Pour la paléontologue, la petite canine de Toumaï que l'on retrouvesystématiquement chez les femelles de A Michel Brunet face à la presse. Comme l'avait prévu Dan Lieberman, de l'université d'Harward, l'un de ceux qui soutiennent sa thèse, la découvertegrandsinge ne prou\'epasque c'estun de Toumaï a fait l'effet d'une \"bombe nucléaire\" dans le monde scientifique.hominidé. Le scanner de la mandibule montre un décalage trèsfort des taire ne ressemble pasdu toutà ce que chimpanzés. Cesnouveaux fossiles remracines desprémolaires, qui estpropre l'on trouvechez lesaustralopithèques. plissent un vide scientifique inestimableauxgrands singes, maisque l'on a éga 11 estune réponse mécanique aux pro et feront progresser nos connaissanceslement trouvé sur Orrorin. \" Chez Or- blèmes d'alimentation et de force, dus dans ce domaine\". Car, si pourrorin, nous l'avons interprété comme à des contraintes dans la face lors de la l'homme, un certain nombre de fosun caractère primairehéritédesgrands mastication. Ce n'est donc pas un ca siles trouvés en Afrique sont venussinges\", précise-t-elle. Quant à son ractère demâle, mais simplement celui compléter l'arbre généalogique, quisexe, làaussi, Brigitte Senutreste scep d'une bête costaude. L'arrière du crâne aujourd'hui remonte à 6 millionsd'antique. Pour elle, le bourrelet sub-orbi- présente de fortes crêtes que l'on re nées avec Orrorin, pour le singe,la li trouve également chez les femelles gnéeestencore inconnue surplusieurs gorilles, tout comme l'emplacement millions d'années. D'où l'intérêt scien du trou occipital qui n'est, selon elle, tifique d'une telle découverte... pasaussi avancé qu'on le dit. Le risque Et dans ce contexte, si Toumaï est d'erreur estgrand, d'où la nécessitéde un hominidé, comme l'affirme Mi\"Aux origines de i'huma- penser en priorité aux grands singes. chel Brunet, il fait figure de perturnité, de i'apparition de \" Trop souvent, desêtres ont étéentière- bateur d'autant plus qu'il a été dé-ia vie à i'homme moder \"Si c'est un grand singe, la découverte est encore plus exceptionnelle\"ne\", d'Yves Coppens etPascal Picq, Fayard, 2001.\"Les Origines dei'homme\", de Pascal ment reconstitués et adoptésseulement couvert au Tchad, à l'ouest du Rift.PIcq, (nouvelle édition), à partirdequelques fragments comme ceéditions Tallandier, 2002. fut le cas du Ramapithèque et du Ke- Ce dernierpoint estsans aucun douteA la lumière des décou nyapithèque, quifurentreclassés dansla un des plus passionnants puisquevertes les plus récentes, toute la lignée des hominidés africes ouvrages retracent lignée desgrandssinges aprèsavoirété cainsn'a été révéléeque dansl'Est del'histoire de l'homme considérés pendant de nombreuses an r,Afrique, excepté Abel. Si Toumaï nées commedes pré-humains. Si Tou constitue une seconde exception, est-depuis plus de 50 mil maïestun grandsinge, la découverte est il encore possible de croire que le encore plus exceptionnelle, insisteBrilions d'années berceau de l'humanité avait une fron-http://www.univ-poitiers.fr/actu/unes/toumai_2002.htm gitteSenut,caron neconnaîtriensur la tière si étanche entre l'Ouest et l'Est? iPour tout savoir sur la lignée des grandssinges africains, par De quoi lancer un nouveau débatgdécouverte de Toumaï. ticulièrement celle des gorilles et des sur l'évolution de l'homme... I ui96 SCIENCE & VIE > SEPTEMBRE > 2002
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