Comment sauver les abeilles

REGARDS SCIENCE & GASTRONOMIE Jean-Michel ThirietLa vanille a un goût... de veloursLa sensation veloutée en bouche est due à plusieursmolécules dérivées de la principale molécule odorante, la vanilline.Hervé THISD epuisdessiècles,onfermente posés amers dans la carotte, le vin rouge, le autres molécules inconnues ont été révélées. les gousses de diverses fromage, de molécules astringentes dans espèces de vanille (Vanilla le thé noir, le chocolat, le whisky ou les épi- La découverte de nouvelles molécules planifolia, Vanilla tahitensis, nards, de modulateurs du goût dans le bouillonVanilla pompona) pour leur donner un goût de bœuf ou dans les haricots. À Munich, Bernd est essentielle, parce qu’elle a permis desremarquable que les gousses vertes n’ont SchwarzetThomasHofmannviennentd’uti-pas. On sait que l’odeur caractéristique et la liser cette méthode pour explorer la vanille. comparaisons des structures chimiques etcouleur brune apparaissent durant la fer-mentation, et l’on pense que des réactions Une dizaine de volontaires sains ont par- des corrélations avec les facteurs de dilu-chimiques et enzymatiques variées engen- ticipé à l’étude, après avoir appris à recon-drent les molécules odorantes à partir des naître et à décrire leurs sensations gustatives, tions mesurés. La concentration minimale àprécurseurs sans odeur de la gousse verte. à partir de solutions aqueuses de référence,Parmi les quelque 180 constituants volatils contenant du chlorure de sodium (salé), du laquelle ces nouveaux composés sont actifsidentifiés, la vanilline est le plus important. lactose (le sucre du lait, doux), de l’acide lac- tique (acidulé), du monoglutamate de sodium estcompriseentre250et1 000micromoles Cependant, l’intérêt de la vanille ne (à la saveur caractéristique), du sulfate deréside pas seulement dans son odeur. À côté magnésium (au goût métallique), de la par litre, mais la glycosylation semble avoirdes molécules odorantes, des composés caféine (amère), de la salicine (une autrephénoliques, des acides aminés et quelques amertume), de l’acide tannique (astringent), une influence sur leur activité. Par exemple,composés mal connus contribuent à la sen- de la quercétine (un composé phénoliquesation particulière de la vanille en bouche. présent dans l’écorce du bois). des molécules où la vanilline est chimique-Ainsi, la divanilline, récemment découvertedans les gousses fermentées, augmente Lors de l’étude, des extraits aqueux de ment associée à des sucres diminuent lel’impression crémeuse, grasse, couvrante, vanilles de Madagascar ou de Guinée, fer-des produits laitiers où elle est ajoutée en mentées dans des conditions contrôlées, seuil d'un facteur dix, et quand la vanillineconcentrations de l’ordre de 5 à 50 par- avaient été dilués en série, et des solutionsties par million. D’autres composés du de plus en plus concentrées étaient pré- est associée à des sucres, mais aussi à desmême type contribuent-ils à la sensation sentées aux dégustateurs. On déterminaitde velours en bouche des produits conte- le « facteur de dilution gustatif », c’est-à-dire composés phénoliques, le seuil est réduit denant de la vanille ? la concentration à partir de laquelle une sen- sation apparaît, soit pour les saveurs clas- 25 à 1,5 micromole par litre. À noter que ces Pour identifier des composés non vola- siques, soit pour la sensation de velours.tils, les chimistes effectuent des analyses Parallèlement, les échantillons étaient frac- composés, à l’exception de l’américanine A,chimiques de fractions de plus en plus diluées tionnés par chromatographie en phase liquidequ’ils couplent à des analyses sensorielles. sous haute pression, et analysés par spec- sont formés lors de la fermentation.Cette méthode des dilutions a déjà conduit trométrie de masse, résonance magnétiqueà la découverte d’un composé très amer, le nucléaire, spectroscopie UV-visible. La moralité culinaire ? Ne cherchons1H, 4H-quinolizinium-7-olate, en 2001, puis,plus récemment, à la découverte de com- Les analyses ont finalement montré que pas à obtenir l’inimitable sensation enposés rafraîchissants dans le malt, de com- la vanilline et l’américanine A donnent bien la sensation de velours en bouche, mais sept bouche de la vanille avec seulement des compositions ou des extraits odorants, extraits de gousses ou bien synthétiques : il manquera toujours les nouvelles molé- cules découvertes, non volatiles, mais solubles dans l’eau ! Les composés secon- daires sont principaux. ■ Hervé THIS dirige l’Équipe INRA de gastronomie moléculaire au Laboratoire de chimie d’AgroParisTech. Il est aussi directeur scientifique de la Fondation Science & Culture Alimentaire (Acad. des sciences). fr Retrouvez les articles de Hervé This sur www.pourlascience.fr© Pour la Science - n° 379 - Mai 2009 [99Science & gastronomie

REGARDS Moteur Poulie de traction Ordinateur Régulateur de commande de vitesse SAVOIR TECHNIQUEDes ascenseurs plus compactsLes machineries des ascenseurs tractés et leurs systèmesde commande sont de plus en plus discrets.François SAVATIERA ujourd’hui,80pourcentdesascenseurstractésins- Rail de guidage tallésenFrancen’ontplusde« salledesmachines», Coulisseau servant constate la Fédération des ascenseurs. Pour le délé- à guider la cabine. gué de l’organisation des fabricants d’ascenseurs,Jean-Luc Detavernier, cette évolution résulte de l’envolée des Des capteurs Systèmeprix du mètre carré habitable : la machinerie des ascenseurs doit communiquent de parachutedésormais être aussi compacte que possible. la position de la cabine à l’ordinateur Câble Dans un tel système, un moteur situé en haut de la gaine –l’es- de commande.pace où monte et descend la cabine – fait tourner une poulie de trac- Les câbles électriquestion creusée de gorges où passent des câbles soutenant d’un côté et de communicationla cabine et de l’autre un contrepoids pesant environ 1,5 fois le poids sont placés dansmaximal de la cabine chargée. Dans les systèmes anciens, le une gaine qui coulisse.moteur électrique était couplé à la poulie de traction, par plusieursengrenages, transmission qui, avec l’armoire de commande, occu- Un contrepoids aidepait un espace important. « Les constructeurs sont parvenus à à élever la cabineloger la machinerie au-dessus de la gaine ou contre un mur, ce qu’ils quand elle monteont pu faire grâce à la baisse du prix de l’informatique répartie et de et à la ralentir quandl’électronique de puissance», explique J.-L Detavernier. elle descend. Ainsi, les convertisseurs de fréquences, dont le prix a nota- Un amortisseurblement baissé, ont permis l’utilisation de moteurs électriques hydraulique absorbedirectement couplés à la poulie de traction avec une précision bien le choc en cas desupérieure à celle qu’offraient les dispositifs à engrenages. Pour défaillance de tous lesréduire encore le volume occupé par le moteur et la poulie, deux systèmes de sécurité.constructeurs – Otis et Schindler – ont remplacé les câbles clas-siques par des courroies plates en brins d’acier entourés de poly- ➔ ASCENSEUR TRACTÉuréthane flexibles, ce qui a réduit le diamètre de la poulie de tractionà moins de dix centimètres. à engrenages pour immeubles de plus de quatre étages. La course du moteur est régulée avec précision par un algo-rithme rapide. Implanté dans la carte mère du système de com-mande, un régulateur à boucle fermée adapte les commandesqu’il transmet en fonction des mesures enregistrées par divers cap-teurs (de position, de vitesse, etc.). Les informations transmisespar ces capteurs, par le clavier de commande de la cabine ou encorepar des microprocesseurs placés dans la gaine ou sur la cabine sonten réseau. L’efficacité, la miniaturisation et la baisse des coûts descomposants mécaniques, de l’électronique et des systèmesinformatiques permettent aujourd’hui la construction d’une « machi-nerie » d’ascenseur qui tient dans un petit réduit ménagé dans lebâti de la gaine au dernier étage. Selon J.-L. Detavernier : « Il est sidiscret que les utilisateurs ne le remarquent même pas ! » ■100] Savoir technique © Pour la Science - n° 379 - Mai 2009

Regards Ressort Crochets ➔ L’ASCENSEUR HYDRAULIQUE ➔ LA POULIE du régulateur de vitesse est mue par un câble attaché fonctionne sur un principe tout à fait différent de celui des ascenseurs à la cabine. Si cette dernière descend trop vite, la force centrifuge finit à engrenages. par vaincre la force de rappel d’un ressort qui, normalement, empêche Une pompe injecte un fluide contenu deux crochets massifs de s’écarter et de se loger dans une mâchoire dans un réservoir dans des pistons fixe, ce qui arrête brutalement la cabine. cylindriques qui soulèvent la cabine. Quand une valve s’ouvre, le liquide retourne dans le réservoir, et la cabine redescend. On installe ce type d’ascenseurs dans tous les immeubles de moins de quatre étages. En France, ils sont réservés aujourd’hui aux seuls monte-charge, alors qu’ils restent très utilisés dans les immeubles italiens. Levier Valve Fluide Piston creux Réservoir Pompe Ressort Amortisseur ➔ LE SYSTÈME DE PARACHUTE Actionnés par un levier relié au régulateur de vitesse, des crampons se referment sur les rails de guidage dès que la cabine va trop vite. Vers les ascenseurs jumeauxGeorge Retseck DANS LES TOURS, l’espace occupé par les faire monter et descendre indépendam- ont dû envisager tous les dysfonction- gaines d’ascenseurs est précieux. Pour ment deux cabines, placées l’une au-des- nements possibles et assurer notamment le réduire, les constructeurs commen- sus de l’autre. Les passagers indiquent que les deux cabines restent toujours à cent à associer deux cabines dans une l’étage qu’ils veulent atteindre sur un cla- une distance suffisante l’une de l’autre même gaine. Une première version d’un vier, puis le système de contrôle assigne pour que les parachutes aient le temps tel dispositif utilise deux cabines soli- des séries de destinations aux cabines. de fonctionner. Bien entendu, l’installa- daires. Le constructeur allemand Thys- Le trafic est ainsi géré de façon optimale, tion du système TWIN n’est envisageable senKrupp a même mis au point le premier ce qui réduit les temps d’attente aux dans une tour que si au moins une gaine système à deux cabines indépendantes ascenseurs pendant les heures de pointe. reste disponible pour desservir – de façon dans la même gaine ! Le système TWIN Afin de satisfaire les critères de sécu- plus classique – toute la colonne avec utilise deux systèmes de traction pour rité, les ingénieurs de ThyssenKrupp une seule cabine ! © Pour la Science - n° 379 - Mai 2009 Savoir technique [101

À LIRE➜ PLANÉTOLOGIE À l’heure du renouveau de sur l’histoire, l’évolution, l’orga- plication récente des cas d’espèces l’exploration de la Lune, avec plu- nisation des diverses sociétés de invasives mal contrôlées montre Lune sieurs sondes en orbite (japo- fourmis et les mécanismes très l’importance très concrète de la naise, chinoise, indienne et très complexes apparus au cours de myrmécologie, c’est-à-dire de Olivier de Goursac bientôt américaine) et, comme l’évolution qui ont donné à ces l’étude des fourmis. Tallandier, 2009 annoncé par plusieurs agences insectes des vies eusociales aussi (224 pages, 29,90 euros). spatiales, une présence humaine élaborées. Ce faisant, il ridiculise Cet ouvrage pourrait faire de nouveau possible d’ici 2020 implicitement les hypothèses utilement partie des bibliothèquesC et ouvrage s’inscrit dans la sur notre satellite, cet ouvrage créationnistes simplistes, selon des entomologistes amateurs et lignée de « Pleine Lune » contribue à rappeler la fabuleuse lesquelles la complexité des socié- professionnels, mais aussi de tous de Michael Light et aventure qu’ont vécue, il y a tés de fourmis résulterait de l’ac- ceux qu’intéresse la nature. IlAndrew Chaikin, paru en 1999 maintenant 40 ans, les pionniers tion intelligente d’un créateur. devrait susciter aussi des voca-aux Éditions de la Martinière. de cette exploration. tions de myrmécologues qui,Même volonté chez l’auteur de Dans un texte d’une telle espérons-le, auront à l’avenir lesprivilégier les images, souvent en Qui sait si la splendeur des qualité, la présence de quelques moyens d’étudier les ouvrières.pleine page, pour favoriser l’im- images n’éveillera pas chez des petits lapsus paléontologiques En cette période de recul desmersion dans la « magnifique astronautes en herbe le secret désir m’a surpris : non, la fin du Cré- moyens accordés par la sociétédésolation» des paysages lunaires. de tenter un jour leur chance… tacé ne remonte pas à 100, mais aux sciences naturalistes, ces four-Les photos sont en effet d’une telle à 65 millions d’années et coïncide mis travailleuses sont bien lesbeauté qu’elles n’appellent pas ➜ Stéphane Le Mouélic. avec le début du Paléocène. seules actrices de la myrmécolo-nécessairement de commentaires. Laboratoire de planétologie gie à trouver du travail ! et géodynamique de Nantes Non, les plus vieux termites Certes, la NASA a fourni un connus ne remontent pas à .➜ André. Nel.réel effort de communication ➜ ENTOMOLOGIE 200 millions d’années, c’est-à-dire MNHN, Parisen direction du grand public en au début du Jurassique, mais plu-publiant sur son site Internet l’en- Le monde tôt à 135 millions d’années, à la ➜ SCIENCE ET SOCIÉTÉsemble des photographies prises extraordinaire fin du Jurassique. Ils semblent être Éthique animalelors des missions Apollo, ainsi des fourmis donc à peu près contemporainsque des panoramas récemment des premières fourmis, mais aussi Jean-Baptistereconstruits à partir de ces pho- Luc Passera des premières guêpes sociales. Jeangène Vilmertos brutes, comme l’ont d’ailleurs Fayard, 2008 PUF, 2008été certaines images superbes de (235 pages, 30 euros). Les plantes à fleurs ne sont (320 pages, 26 euros).ce livre. De même, Google, par le pas non plus apparues 30 000 ansbiais de son offre cartographique U n ouvrage passionnant après les fourmis. En fait, elles Ce livre prépare le lecteur àGoogle Moon, offre maintenant la écrit par un spécialiste des semblent être très anciennes (du s’orienter dans les problé-possibilité d’explorer de façon fourmis, qui est aussi une Trias peut-être), mais ne se sont matiques de l’éthique ani-conviviale une partie conséquente sorte de « bilan » au moment où vraiment diversifiées qu’il y a male. L’auteur ne poursuit pasde ces archives iconographiques. il prend sa retraite. L’exposé en 100 millions d’années environ, l’objectif de rester neutre, maisIl est notamment possible de est très clair, ce qui rend la lecture en même temps que les termites, son approche respecte l’argu-refaire soi-même une partie du aisée pour tous. Les illustrations les fourmis et les autres insectes mentation rationnelle. Il retracetrajet effectué par les astronautes sont non seulement judicieuse- sociaux. Un cas de coévolution ?lors de chacune des missions ment choisies, très pédagogiques, la question est encore largementApollo. Reste que le plaisir ressenti mais aussi très belles pour la plu- débattue…devant un écran n’est pas le même part. Tous les aspects de la vie desque celui que procure la sensua- fourmis sont abordés selon un Ces imperfections n’enlèventlité d’un livre ! plan logique : définition d’une que très peu à la grande qualité fourmi, naissance et constitution d’un ouvrage où l’auteur montre des sociétés de fourmis, les aussi les limites des connais- grands types de fourmis, préda- sances actuelles et les futures trices, « agricultrices », grani- pistes des recherches : entre vores, esclavagistes, … autres, l’exploration des capaci- tés de mémoire, de reconnais- L’auteur fait le point sur les sance individuelle des fourmis, connaissances les plus récentes mais aussi l’intérêt économique de l’étude de ces insectes au tra- vers de leur impact sur notre vie et sur les écosystèmes. La multi-102] À lire © Pour la Science - n° 379 - Mai 2009

À lirel’historique de notre rapport à Le siècle des Lumières recon- Brèvesapparaît alors nécessaire d’abor-l’animal et de sa place dans les naît la souffrance animale et s’op- der la question éthique de façonsociétés humaines, pour ensuite pose à la perception kantienne qui pluridisciplinaire, d’aspirer à une HYDROLOGIE FRÉQUENTIELLEaborder les problématiques n’attribue pas de conscience àactuelles dans les faits (animaux l’animal et le considère seulement justice globale et de libérer Paul Meylan, Anne-Catherinevictimes d’abus). comme un moyen à utiliser. l’homme pour libérer les animaux. Favre et André Musy Dès l’Antiquité, la question Le débat contemporain surdu statut des animaux est posée les droits des animaux et la res- .➜ Fanélie Wanert. Presses polytechniqueset les philosophes reconnaissent ponsabilité morale des hommes Centre de primatologie et universitaires romandes, 2008une différence de degré ou de à leur égard débute dans les de l’Université Louis Pasteur, (184 pages, 39,5 euros).nature entre les espèces animales années 1970 dans le monde anglo-et l’homme. Certains prônent déjà phone. L’antispécisme s’y oppose Strasbourg L e réchauffement climatique déclen-le végétarisme suivant différentes au spécisme (parti pris pour les cherait dans certaines régions plusconvictions (réincarnation, luxe intérêts d’une espèce en particu- de tempêtes et de pluies ? Alors, pourexcessif de l’alimentation carnée, lier) et à l’anthropocentrisme, etcompassion pour les animaux). reste la base des discours plus comprendre le phénomène, lisez ce livre ou moins extrêmes de nombreux Le christianisme, omnipré- défenseurs de la cause animale. ➜ ASTRONOMIE de cours. Il vous apprendra tous lessent au fil des siècles, maintient concepts et toutes les méthodes néces-l’homme au cœur de la créa- L’éthique se définit par l’éva-tion comme un être parfait à luation d’une conduite (envers Observer avec saires pour maîtriser, par l’analyse sta-l’image de Dieu, et définit l’ani- les animaux par exemple) comme une lunette tistique, la planification d’ouvrages demal comme un être imparfait mis étant bonne ou mauvaise. Néan- et un télescope gestion des eaux de ruissellement. moins les approches varient. Leà notre disposition, mais que déontologisme confère de façon Guillaume Blanchard LES CINQ FORMESnous devons traiter sans cruauté intransigeante une valeur morale Delachaux et Niestlé, 2009 D’INTELLIGENCEni vanité. L’animal était consi- intrinsèque à tout acte quel que (128 pages, 14,50 euros).déré à une époque comme res- soit le contexte. De façon plusponsable de ses actes et soumis nuancée, le conséquentialisme L a collection de manuels Howard Gardnerà la justice humaine. considère que la valeur d’un acte d’observation astrono- Odile Jacob, 2009 dépend de sa conséquence. mique de l’éditeur Dela- (208 pages, 27 euros). La Renaissance et Léonard chaux et Niestlé s’enrichitde Vinci ouvrent des perspec- Ainsi, selon la position des rapidement. Trois ouvrages (celui L’auteur, psychologue renommé, défi-tives plus favorables après la utilitaristes, l’utilisation des ani- cité ci-dessus, Observer la Lune et nit cinq types d’esprit à cultiverparenthèse médiévale en dénon- maux pourrait être acceptable si le Soleil par Philippe Henarejos et pour affronter l’avenir. L’esprit disciplinéçant les maltraitances et en pro- l’on en retire un bienfait avéré, Observer les étoiles et les planètes du est nécessaire pour que chacun maîtrisemouvant un humanisme général alors que les abolitionnistes même auteur) méritent d’être au moins un savoir-faire ; l’esprit syn-(vis-à-vis de l’esclavagisme, des condamnent toute exploitation signalés, car ils constituent un thétique est à l’évidence essentiel pouraliénés, des animaux, etc.). animale. Le welfarisme se déve- ensemble cohérent à la disposi- affronter la mondialisation des échanges loppe alors pour améliorer le bien- tion de tout débutant. d’information ; sans esprit respectueux, être des animaux quand nous ne la vie sociale serait impossible, et sans pouvons nous passer d’eux. Dans son ouvrage, G. Blan- esprit éthique, elle n’aurait aucun sens. chard livre le secret de la contem- Et surtout, l’indomptable esprit créatif La part philosophique de l’ou- plation des astres. Les techniques est vital pour trouver des solutions que vrage est en fait une réaction à des présentées sont le moyen de com- nous n’avions pas anticipées. situations réelles de mauvais trai- prendre votre instrument pour tements que l’auteur dénonce observer le ciel comme vous ne LA MALÉDICTION DU CLOPORTE dans différents domaines : sacri- l’avez jamais vu. Pour commen- fice religieux et abattage rituel, cer, il décrit minutieusement le Christine Coustau et Olivier Hertel, chasse de loisirs, élevage indus- fonctionnement et les dysfonc- Tallandier, 2008 (186 pages, 18 euros). triel, expérimentation animale, tionnements d’un système animaux de compagnie, animaux optique. Sa description des aber- «E t autres histoires de para- de sport… On trouve à l’origine rations optiques est particulière- sites », indique le sous- de ces situations la recherche du ment limpide. Il précise ensuite titre. Les auteurs savent les profit, souvent associée à la pau- pièce par pièce le maniement de raconter, ces histoires, et l’on passe vreté et la misère humaines. Il la lunette ou du télescope. En plaisamment des vices des cou- opticien spécialisé dans la cous aux guêpes pharmaciennes conception et la fabrication d’op- en passant par les vers manipulateurs tique astronomique à l’ESO, l’Ob- et autres salmonelles piqueuses. servatoire européen austral, il© Pour la Science - n° 379 - Mai 2009 À lire [103

À lireBrèves CULTURE MATHS porte un regard très pointu sur apprend à observer en toute sécu- le sujet tout en rendant son savoir rité. Ce petit livre, dense, précis Gilles Cohen accessible à tous. et agréable à lire offre en outre Seuil, 2008 de belles illustrations. (250 pages, 20 euros). Il guide le lecteur dans le choix et l’achat d’un instrument, le Du même auteur, le troisième O pposer les cultures scien- réglage optique et mécanique, ouvrage présente une initiation tifique et humaniste est l’entretien, lui prodigue quelques intéressante à l’observation desune sottise. Ce livre réagit contre cela, conseils pour une utilisation opti- étoiles et des planètes, alliancenon pas sur le mode de la récrimination, male, et lui indique les meilleurs a priori curieuse, mais qui s’ex-mais en montrant quelques-uns des liens lieux d’observation. Ce livre vous plique par une technique d’obser-multiples que la littérature, la musique, suivra utilement dans votre vie vation commune. Il offre unles beaux-arts, entretiennent avec les d’observateur. À la portée de tous. ouvrage didactique qui aide à sai-mathématiques. sir les détails de la surface de Mars Pour sa part, l’ouvrage de ou de Jupiter.DE L'ORIGINE Ph. Henarejos consacré à la LuneDES MATHÉMATIQUES et au Soleil traite d’astres dont la Il présente d’abord les condi- proximité rend l’observation par- tions d’une bonne observation.Clémence Gandillot ticulièrement intéressante. En tant Chaque planète du SystèmeMeMo, 2008, qu’unique satellite de la Terre, la solaire est abordée tour à tour(80 pages, 15 euros). Lune nous est familière, et elle après une présentation claire de est facile à observer. Quant au son mouvement apparent et duM algré son titre austère, un charmant Soleil plus lointain, il nous paraît moyen de la repérer et de l’obser- petit livre, original et plein de fan- proche tant son impact sur la Terre ver dans les meilleures conditions.taisie. Il s’agit en fait d’une bande dessi- est omniprésent. C’est pourquoi Il assiste le lecteur dans l’obser-née : des sketchs au graphisme linéaire l’observation de ces deux astres vation des ceintures d’astéroïdesminimaliste montrent les symboles mathé- devait être abordée dans un même et lui indique les périodes les plusmatiques subissant toutes sortes de trans- ouvrage, malgré leurs dissem- propices à l’observation des étoilesformations amusantes et évocatrices. Il blances. L’auteur propose une ini- filantes et des comètes. L’auteur sene s'agit pas de vulgariser les mathéma- tiation à l’observation de la Lune focalise ensuite sur les étoiles detiques, mais de jouer avec les rêves et à travers ses différentes phases la voûte céleste, notamment lesles idées qui leur donnent naissance dans grâce à des cartes et des conseils binaires et les étoiles variables.l'esprit de l'homme – et de l'enfant. pour se repérer. Un point de départ pour l’ap-LE CUISINIER DE GENGIS KAHN À condition bien sûr de se prenti observateur.ET AUTRES ÉNIGMES protéger, le Soleil offre lui aussi un spectacle étonnant et chan- .➜ Christophe Pichon.Paul Wagner et Pierre Antilogus geant que Ph. Henarejos nous Le Castor Astral, 2008 IAP, Paris (96 pages, 12 euros). Q ui aime les énigmes ? Celles-ci sont présentées par des textes plaisants et joli- ment mises en images par un illustrateur. Les solutions sont à la fin du livre. Quantau cuisinier de Gengis Khan, il brûledes mèches pour ne pas brûler un yack.Énigmatique ? Oui, alors lisez et vousen saurez davantage. Retrouvez votre magazine fr et des informations complémentaires sur www.pourlascience.frImprimé en France – Maury Imprimeur S.A. Malesherbes – Dépôt légal 5636 – MAI 2009 – N° d’édition 077379-01 – Commission paritaire n° 0907K82079 du 19-09-02 – Distribution : NMPP – ISSN 0 153-4092 – N° d’imprimeur I01/146 030 – Directeur de la publication et Gérant : Marie-Claude Brossollet.