Magazine générations N°116 octobre 2019

generations-plus.ch MIGRATION Où observer les oiseaux : nos conseils RETRAITE Un médecin dit au revoir à ses patients DEUIL Quand internet casse les codes RENÉ PRÊTRE, CHIRURGIEN CARDIAQUE PÉDIATRIQUE « Ils m’écrivent qu’ils vont bien et me remercient. C’est fou » Octobre 2019 00116 N° 116 - Fr. 6.90 9 771663 252006

Loin des flux touristiques, Suite pont supérieur (20 m2), avec balcon privé des découvertes authentiques avec le RV Thurgau Exotic 1bbbb Restaurant Pont soleil Mesdames, Messieurs, Mandalay–Nwe Nyein–Bagan–Yangon Dates de voyage 2019–2020 Remise Qu’y a-t-il de plus beau que de contempler depuis sa propre Suite ou du confortable Pont Soleil le mer- 17 jours à partir de CHF 5290 05.11.–21.11.19 300 (6) 12.01.–28.01.20 300 (6) veilleux paysage qui passe et qui s’offre à vous ? Le long de l’Irrawady vous découvrirez un pays fa- (Remise de CHF 500 déduite, selon les disponibilités la saison) 03.12.–19.12.19 300 09.02.–25.02.20 500 scinant avec ses pagodes aux toits couverts de feuil- les d’or et ses marchés colorés, où les rencontres (6) Navire presque complet sont riches avec les habitants d’une extrême gentil- lesse. Dans le programme d’excursions vous trouve- Dates de voyage saison 2020/21 sur demande rez entre-autres des tours de villes de Mandalay, Bagan et Yangon et des temps forts en abondance, RV Thurgau Exotic 1bbbb Nos prestations comme la visite du plus long pont en teck du monde Le RV Thurgau Exotic 1 a été construit en 2009 en • Croisière en pension complète à bord (le U-Bein), ou l’ancienne capitale royale Ava. Un Birmanie sous la régie et l’expertise de l’armateur flu- • Vols de/à Genève avec Thai Airways en programme enrichissant puisque vous visiterez des vial Suisse Thurgau Travel. Son intérieur est richement villages et des petites manufactures locales qui décoré en bois précieux et rappelle le passé colonial de classe économique vous permettront de découvrir l’artisanat birman. la Birmanie. Le petit nombre de passagers (20) garantit • Taxes aériennes (possibilité de voyager en classe L’intimité de notre navire (seulement 20 passagers), une atmosphère détendue et intime. Les cabines indivi- construit sur place, ainsi que la gentillesse de notre duelles de 12 m2 et toutes les suites sont aménagées de supérieure contre supplément) personnel de bord birman sont notre plus grande douches/WC, coffre-fort et régulateur de climatisation. • Excursions fierté. Ceux-ci contribuent à vous montrer une Les suites de 20 m2 sur le pont principal disposent de • Transferts et taxes portuaires autre facette de la culture du pays, mais aussi de portes coulissantes qui s’ouvrent sur la promenade ex- • Guide local parlant français l’hospitalité. térieure. Les suites (20 m2) du pont supérieur et la front Nous vous proposons ici de découvrir une destina- suite (24 m2) disposent d’un balcon privé. Le restaurant Non inclus tion unique, dans le calme, la découverte et l’émer- offre un choix varié de plats, de la cuisine internationale Trajet jusqu’à l’aéroport de Genève et retour, assuran- veillement. Satisfaction garantie. aux mets asiatiques les plus fins. Un bar panoramique ces, boissons, pourboires (recommandation $ 8–10 par couvert se trouve sur le pont soleil et invite à déguster personne et par jour), visa à CHF 80.–, sous réserve de Hans Kaufmann, Pionier des croisières fluviales de bons cocktails et à passer des soirées en bonne com- suppléments carburant, frais de dossier pagnie. Bateau non-fumeur (autorisation de fumer sur le pont soleil). Prix p.p. en CHF (avant déduction de la remise) Cabine individuelle pont principal complet Suite pont principal 5790 Suite pont supérieur milieu, avec balcon privé 6190 Suite pont supérieur avant, avec balcon privé 6390 Front-Suite pont supérieur, avec balcon privé 6990 Chindwin Supplément classe affaire sur demande IN Nwe Nyein Sagaing Mingun Mandalay Amarapura Bagan MM LA Sale Magwe TH Gewässer Minhla Thayet Myo Pyay Myan Aung Shwe Daung Irrawaddy Flüsse Danupyu Rangun Bagan Pagode Shwedagon, Yangon VN Grenzen Toutes les excursions incluses | Sous réserve de modifications du programme Rue de l’Hôpital 4 KH Réservez maiCnZ tenant 2000 Neuchâtel Téléphone 03M2e7ln5i5k 99 99 neuchatel@cruisecenter.ch www.cruisecenter.ch Tour opérateur Bug

OCTOBRE 2019 ÉDITO Wollodja Jentsch, Couverture: Lukas Maeder IMPRESSUM Droits de l’enfant : Editeur les seniors «Générations» société coopérative, s’engagent sans but lucratif Directeur de la publication I l y a 30 ans, des Etats ont pris un engagement historique vis-à-vis des enfants et rédacteur en chef du monde entier. Ce jour-là, l’immense majorité des pays du globe — sans les Blaise Willa Etats-Unis — ont décidé qu’il fallait protéger l’enfant et ses droits, dont ceux, Rédaction essentiels, de grandir en bonne santé et en sécurité, de développer son potentiel, Jean-Marc Rapaz, chef d’édition d’être écouté et pris au sérieux. Ce fut la Convention de l’ONU relative aux droits Nicolas Verdan, journaliste de l’enfant. La Suisse signa en 1997. Collaborateurs Véronique Châtel, Depuis, de grands progrès ont été réalisés, mais d’immenses pas doivent être Marco Danesi, Jean-François Duval, encore franchis : la guerre et les crises humanitaires restent un enfer pour les Véronique Emmenegger, Isabelle Guisan, mineurs, contraints au travail, à la migration, à la déscolarisation et, parfois, à Nicole Métral, Carole Pirker, Rosette Poletti, Frédéric Rein, la pire des exploitations. Rien n’est donc gagné. Romy Siegrist, Yseult Théraulaz, Marlyse Tschui et Jean-Bernard Vuillème « Il fut une époque, pas si lointaine, Community manager où les gosses, sans être les enfants rois Karine Lamon qu’on fustige, n’étaient ni écoutés Marketing ni entendus » Lionel Rouge, resp. Isabelle Bosson (resp. events) Depuis 13 ans, Gisèle, 78 ans, ancienne professeure de français, divor- Mélanie Akrimi cée et sans enfant, se rend un après-midi par semaine à la Crèche du Clos-de- Secrétariat Bulle à Lausanne pour participer à la vie de l’institution, au côté des petits, les Mercé Dionis, resp. 4 à 5 ans. Daniela, 69 ans, a elle décidé de rejoindre un collège de Neuchâtel et Nicole Boscardin donne, une matinée par semaine, un appui à des groupes d’élèves qui peinent en Marie-Claude Lin français et en maths, et qui parfois, issus de l’immigration, n’ont pas la chance Eva Chappuis, apprentie d’avoir des grands-parents. Xavier, 58 ans, pédiatre, est devenu bénévole à Terre Administration et rédaction des hommes pour combattre la mortalité infantile des nouveau-nés, en ensei- Rue des Fontenailles 16 gnant, sur place, les gestes de premier secours. Adrienne, enfin, 79 ans, a voulu 1007 Lausanne venir en aide aux familles et aux enfants de détenus qui viennent voir leur proche Tél. 021 321 14 21 - Fax 021 321 14 20 incarcéré à la prison de La Croisée, non loin de Chavornay (VD). Secrétariat ouvert de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h Tous, de près ou de loin, ont vu les droits des enfants évoluer, en ont sans doute Abonnements aussi profité: il fut une époque, pas si lointaine, où les gosses, sans être les 11 numéros par an 68 francs enfants rois qu’on fustige, n’étaient ni écoutés ni entendus. Forts de leur enga- Etranger: prix sur demande gement et de leur expérience, ces seniors ont, tous, décidé de se battre pour les abo@generations-plus.ch enfants d’aujourd’hui, et donc pour le monde de demain. L’anniversaire de la Tél. 021 321 14 21 Convention relative aux droits de l’enfant, le 20 novembre prochain, sera donc Régie publicitaire aussi un peu le leur. On rêverait que ce soit celui de tous. Suisse romande : Société coopérative Générations Blaise Willa, Département publicité directeur de publication Nathalie Soubrier Rue des Fontenailles 16, 1007 Lausanne et rédacteur en chef Tél. 021 321 14 21 - Fax 021 321 14 20 publicite@generations-plus.ch Suisse alémanique : MHD SA Mme Dominique Breschan Ch. du Bugnon 1, CP 32 1803 Chardonne Tél. + 41 79 818 27 55 dominique.breschan@mhdsa.ch Réalisation graphique enzed, Nicolas Zentner Jonas Pahud, directeur artistique Correction Maude Busset Lithographie Jacqueline Rausis Impression Vogt-Schild Druck AG Audience 111 000 lecteurs (MACH Basic 2019-1) (Tirage contrôlé : 32 162) www.generations-plus.ch Nous joindre : contact@generations-plus.ch www.generations-plus.ch 3



OCTOBRE 2019 32 SOMMAIRE 22 12 Que sont-ils devenus ? Chiot sourd 44 Proches aidants Droits des enfants EN COUVERTURE generations-plus.ch 29 AUX PORTES 44 PROCHES AIDANTS DU PÉNITENCIER 18 RENÉ PRÊTRE MIGRATION A la suite d’un accident, Nicole nOleoùssoocboissneesareuvixelsr: Pour venir en aide aux proches von Kaenel a écrit un livre Le chef du Service de des détenus, des bénévoles, dont touchant. Aujourd'hui, elle donne Un RETRAITE de nombreux aînés, accueillent des conférences. smeaséudpreaectviienonidrtisàt et soutiennent des visiteurs sou- vent désemparés devant chaque 46 SEXO Quand DEUIL établissement pénitentiaire de cinastesernleest Suisse romande. Reportage. Polyamoureux, c’est quoi ? codes DROIT & ARGENT chirurgie cardiaque e«REtINlÉmsPRmÊeTREr’,éCeHcmIRrUiReGvIrEeNcnCiAteRDnqIAQutU.E’iCPlÉDs’IeAvTsRoItQUnfEotub»ien 49 DEUIL du CHUV opère les cœurs d’enfants 9 771663 252006 00116 NO°c1t1o6b-reFr2. 061.990 Petit à petit, internet a cham- boulé les codes. Au point que les depuis vingt-neuf ans. En réseaux sociaux annoncent par- Suisse et au Mozambique. fois un décès avant la famille. Sarah Carp, Guillaume Perret et Alain Germond L’ACTU 32 CHIOT SOURD 52 ARGENT 12 DROITS DES ENFANTS Marion et sa petite-fille Charlotte Travailler après la retraite pour La Convention des droits de l’en- ont adopté Ducky, il y a huit ans, avoir un revenu décent ? fant va fêter ses 30 ans. Le bilan sans savoir qu’il n’entendait rien. est positif, mais le combat pour 54 PRO SENECTUTE la faire appliquer continue. De SANTÉ & BIEN-ÊTRE nombreux seniors s’engagent. 35 ÉMOTION Dans quels domaines les seniors se sentent discriminés. 22 QUE SONT-ILS DEVENUS ? Lorsque le médecin de famille part à la retraite, ses patients se 56 SUCCESSION Le populaire Jean Studer n’est retrouvent orphelins. pas vraiment tombé dans l’oubli, Accepter ou répudier un depuis son départ du Conseil 38 CANAL LOMBAIRE ÉTROIT héritage. d’Etat neuchâtelois, en 2012. Quand marcher devient une 24 LE DÉBAT torture. Faut-il interdire l’e-cigarette ? 40 ESPÉRANCE DE VIE 26 LE DÉFI Elle ne cesse de progresser dans le monde. Notre carte. Un Suisse fabrique le fromage grec solidaire sur l’île de Tilos. www.generations-plus.ch 5

SOMMAIRE OCTOBRE 2019 60 65 Malwares 82 78 Reine du crime La bio Les oiseaux MULTIMÉDIA 76 TV-DVD LES RENDEZ-VOUS 60 MALWARES Fais gaffe à la caméra ! 08 La chronique Comment lutter contre ces virus 77 NUITHONIE d’Isabelle Guisan envahissants. Notables ou comédiens ? 09 La Suisse en bref 10 Le courrier LOISIRS & MAISON 78 REINE DU CRIME des lecteurs 65 LES OISEAUX La Neuchâteloise Bernadette Richard s’essaie enfin au polar. 21 Le monde en bref A cette époque de migration, Epatant ! 34 Les Fantaisies générations vous aide à devenir un ornithologue amateur en vous 82 LA BIO de Jean-François Duval indiquant les meilleurs points d’observation et bien d’autres Emile Zola et ses femmes. 42 La santé en bref conseils. 48 A cœur ouvert LES VOYAGES par Rosette Poletti 70 VIVE LES MATHS ! 85 OUZBÉKISTAN DR, BIRDS OF PAKISTATN et cyano66 62 Sur le web Stella Baruk : la mathémati- Samarkand, Boukhara et Khiva 64 Métamorphoses cienne amoureuse des mots. ramènent le voyageur au temps de la Route de la Soie. par Véronique Emmenegger 72 PHILOSOPHIE 86 LES ANDES 68 Shopping Dans son dernier ouvrage, Pas- 80 Panorama culturel cal Bruckner s’interroge sur la La plus longue chaîne de mon- 83 Les coups de cœur maturité et décide de remercier tagnes du monde déploie des la vie. paysages à couper le souffle ! du libraire 73 RECETTE 88 MADAGASCAR 84 Nous, les femmes Ragoût de veau à la Corse. Les lémuriens risquent d’être par Nicole Métral délogés de leur paradis. 74 EXPLO DU MONDE 90 Le Club www.generations-plus.ch 91 Les bons plans Dans le sillage des Vikings. 92 Les jeux 103 Les petites annonces 6 106 Et après : Jean Ziegler

CROISIÈRE 100 % FRANCOPHONE Le Danube bleu en musique Sur les pas de Mozart, Schubert et Strauss VOTRE ITINÉRAIRE DU 20 JUIN AU 1ER JUILLET 2020 Naviguez sur cette veine bleue qui inspira tant d’artistes, au rythme des concerts de Philippe Bernold, Frank Braley, Gaspard Dehaene, Augustin Dumay, Sophie L.-Wallez et des quatuors Agate et Mona. Vous assisterez aux conférences d’Olivier Bellamy et bénéficierez d’un accompagnement francophone. J1 I Genève - Vienne - Linz (Autriche) J8 I Donji Milanovac (Serbie) - Les Portes de Fer Vous serez accueilli à l’aéroport de Genève avant Vous passerez les célèbres Portes de Fer et de vous envoler pour Vaitetennnder.aLl’eapMrèSsL-m’Euidroi,pveo. us admirerez « Les Chaudières » où l’eau, serrée atteindrez Linz, où vous entre les murs abrupts, semble bouillonner. Cette journée sera l’occasion d’un concert à bord et d’une J2 I Melk - Vienne (Autriche) conférence. à partir de Navigant en direction de Vienne, vous ferez escale J9 I Roussé (Bulgarie) à Melk et sa célèbre abbaye. En soirée, vous aurez La ville surprend par son caractère multiethnique. CHF 4 990 .-/pers. l’occasion d’assister à un concert au Musikverein, C’est l’un des plus grands ports de Bulgarie et donné par l’Orchestre Mozart de Vienne (en option). l’architecture de ses bâtiments mélange les apports CHF 4 690 .-/pers. des cultures bulgares et roumaines (visite guidée J3 I Vienne (Autriche) - Bratislava (Slovaquie) en option). au départ de Genève Après une matinée dans la capitale autrichienne, J10 I Roussé (Bulgarie) - Giurgiu - Oltenita vous arriverez à Bratislava, qui renferme des trésors (Roumanie) pour toute réservation avant le d’architecture médiévale et d’Art nouveau (visite guidée Vous aurez l’occasion d’effectuer une journée de 31 octobre avec le code REVE en option).Le soir,un concert sera donné au salon. visite guidée à Bucarest (en option). Le soir, vous assisterez à un moment musical au salon. .................................... J4 I Budapest (Hongrie) J11 I Tulcéa (Roumanie) Vou découvrirez Budapest, « Perle du Danube », Durant cette matinée de navigation, vous assisterez Nos prix comprennent : avec ses rives classées au patrimoine mondial de au concert de l’au revoir, avant d’arriver à Tulcéa, Votre cabine dans la catégorie choisie • La croisière en l’Unesco. Nous vous proposons la visite de la ville aux portes du delta du Danube, où vous aurez la pension complète du dîner du 1er jour au petit déjeuner et des ses monuments, dont le musée de Franz possibilité d’effectuer une promenade en bateau du jour 12 • Les boissons : eau, vin, bière, jus de fruits à Liszt et l’Opéra (en option). (en option). discrétion et un café servis lors des repas à bord ainsi que J12 I Tulcéa - Constanta (Roumanie) - Genève les boissons au bar (sauf champagne et carte des vins) • J5 I Kalocsa - Mohacs (Hongrie) Après un petit déjeuner buffet à bord, vous serez Le cocktail de bienvenue • Les conférences et les concerts Connue pour son musée du Paprika, Kalocsa est transféré vers l’aéroport de Tulcéa ou de Constanta, à bord • Une soirée de gala • L’acheminement de Genève une ville chargée d’histoire. Nous vous proposons d’où vous vous envolerez pour Paris puis Genève. à Vienne sur vol régulier en classe économique, et de (en option) une matinée bucolique dans une ferme Constanta à Paris sur vols spéciaux, puis lignes régulières traditionnelle de La Puszta, où des cavaliers vous GENÈVE de Paris à Genève • L’assurance assistance/rapatriement éblouiront de leurs prouesses techniques. Concerts • Les taxes aériennes et portuaires • Les transferts de et conférence vous seront proposés dans l’après- l’aéroport au port le jour 1 et du port à l’aéroport le dernier midi et en soirée. jour. Nos prix ne comprennent pas : J6 I Novi Sad - Belgrade (Serbie) GENÈVE Les boissons figurant sur la carte des vins, le champagne Vous serez charmé par Novi Sad et son architecture au bar • Les boissons prises lors des excursions ou austro-hongroise du XIXe siècle. Le soir, dans RÉP. SLOVAQUE des transferts • Les assurances annulation/bagages/ l’ambiance festive d’une guinguette, vous pourrez assister à un spectacle folklorique serbe riche en VIENNE traditions locales (en option). J7 I Belgrade - Donji Milanovac (Serbie) AUTRICHE BUDAPEST Une visite de Belgrade vous sera proposée (en option). Intermèdes musicaux et conférences HONGRIE ponctueront votre après-midi de navigation. ROUMANIE TULCÉA PORTES DE FER MS L’Europe BELGRADE Danube MER rapatriement • Les dépenses personnelles • Les BULGARIE NOIRE pourboires • L’acheminement entre votre domicile et SERBIE l’aéroport de Genève • Les excursions et les concerts prévus au cours des excursions et inclus dans celles-ci • Le concert ..a.u.M.u.si.kv.e.re.in.d.e.V.ie.n.n.e.................... Demandez la brochure au 022 909 28 00 du lundi au vendredi de 9 h à 18 h, par mail à contact@croisieres-exception.ch ou rendez-vous sur www.croisieres-exception.ch/brochures (code MUSGE). Notre agence : ES VOYAGES+VACANCES SA 17 Grand-Rue - 1204 Genève Cette croisière est organisée par Croisières d’exception / Licence n° IM075150063 - Les invités seront présents sauf cas de force majeure - Programme garanti à partir de 40 inscrits. *Prix par personne en cabine pont principal occupation double,incluant les volsA/R,les transferts,la pension complète,les boissons (sélection),les conférences et les concerts,les taxes aériennes et portuaires,pourboires au personnel de bord. Création graphique : OceanoGrafik.com Crédits photos : © Adobestock, © Croisieurope, © Croisières d’exception.

Explorez la Patagonie OCTOBRE 2019 et ses grands espaces On le scrute, le soupèse et le soigne. Car il nous préoccupe, ce corps qui prend de l’âge, et En petit groupe et avec guide francophone nous nous en occupons. Toujours en forme et avec les formes d’usage, Isabelle Guisan CHILI & ARGENTINE CHILI & ARGENTINE s’en inquiète et s’en amuse. BALADE EN PATAGONIE DES TOURS DU PAINE L’accent du pays [17 jours] AU FITZ ROY [14 jours] A h, redécouvrir l’Emmental, pas le fro- D’Ushuaïa au Perito Moreno Découvrez deux joyaux mage à trous, la région pentue où les en passant par le parc Torres naturels de Patagonie, le parc collines sont si soigneusement tondues del Paine et le Fitz Roy, vous national Torres del Paine et — ou broutées — qu’on dirait un grand jar- vous baladerez au cœur de celui des Glaciers, lors de din. Béer d’admiration devant les larges toits paysages époustouflants et à balades à pied et de navigations des fermes tout en bois et les jardins si fleuris la rencontre d’une faune variée. au plus proche des icebergs. que … mais pas besoin faire un dessin, cette beauté helvétique n’a rien d’étonnant ici, au Le : un hébergement Le : la découverte de deux cœur du canton de Berne. confortable, en hôtel ou capitales, Santiago et Buenos bungalow, tout au long Aires. J’ai donc cheminé, l’autre jour, sur un sen- du circuit. tier pentu où abondaient myrtilles, framboises Prix : dès CHF 6’090.- et surtout des familles entières d’amanites Prix : dès CHF 8’060.- dressées autour de vieux troncs avec, ici et là, Prochains départs : de magnifiques bolets pas encore repérés. Pour Prochains départs : 1er décembre 2019, 12 janvier, les quatre copains suisses allemands avec qui je 10 et 24 janvier, 7 février 9 février et 8 mars 2020 marchais, le déclic, la ruée sur l’appareil photo et 6 mars 2020 et le couteau. Prix indicatif par personne, sur la base d’une chambre double et au départ de Genève. Ce jour-là, le niveau sonore des voix qui paraît tout naturel outre-Sarine m’a paru une Départ garanti fois de plus assourdissant, et cela alors que mon ouïe n’est plus au top. J’ai ralenti en Renseignements : me demandant, à l’arrière des conversations, Petit-Chêne 28 | 1003 Lausanne pourquoi ce breites bärndütsch me semblait si 021 566 74 91 | infos@tirawa.ch envahissant. To8us nos voyages sur www.tirawa.ch J’ai aimé vivre en Suisse allemande, y ai ren- contré des gens merveilleux, les fermes croi- sées ce jour-là étaient magnifiques, les fleurs sublimes et tout et tout. Pour illustrer combien j’aime la Suisse allemande, quand à la fin de notre randonnée, un de mes copains marcheurs a commandé au bistrot la double Wurstsalat qu’il avait fantasmée pendant toute la descente, je n’ai pas bronché. La montagne de cervelas qui couvrait son assiette m’a paru tout à fait diges- tible, puisqu’elle n’interférait pas avec mon café glacé. Non, la seule chose qui me chicane de plus en plus avec l’âge, c’est le niveau sonore. Par exemple, cette femme agréable au sourire char- mant qui dialoguait volontiers en marchant. Les voyelles enflaient et les consonnes rico- chaient sur l’alpe et sur moi qui me raidissais contre l’envahissement de mon silence. A la gare, j’ai pris conscience que j’avais perdu mon billet de train et n’avais pas assez d’argent pour en acheter un autre. La même Bernoise a volé à mon secours. Oubliée mon obsession sonore, assise à côté d’elle dans le train, je n’ai plus perçu que sa générosité.

OCTOBRE 2019 L’ AC T U LA SUISSE EN BREF Deli Notre mascotte ne sera pas guide d’aveugle Démographie La Suisse franchit une nouvelle barre Vous souvenez-vous de Deli ? Pour rappel, ce jeune labrador avait commencé une formation de chien guide d’aveugle La douce Helvétie a passé le cap des 8,5 millions d’habitants en à la Fondation de Brenles (VD) et générations l'avait suivi 2018, soit une croissance de 0,7 %. Cela dit, la progression a été la durant une année. Placé dans une famille de parrainage, il plus faible de ces dix dernières années. Tous les cantons, sauf le a réussi les examens médicaux de rigueur, avant d’échouer, Tessin et Neuchâtel, ont vu leur population augmenter. Schwytz et cet été, au test d’évaluation. « Le travail en ville ne lui conve- Fribourg affichent la plus forte croissance (+1,2 %). Zoug, Zurich, nait pas trop, note Christine Baroni-Pretsch, directrice de la Argovie (+1,1 %), Thurgovie (+1 %), Genève (+0,9 %), de même que fondation. Il a montré son malaise en se bloquant en laisse Schaffhouse, Vaud et Lucerne (+0,8 %) ont également enregistré et au harnais. » Réformé, comme cinq de ses onze frères une croissance supérieure à la moyenne nationale. et sœurs, Deli a été placé dans une famille qui habite à la campagne, où il coule des jours heureux. Le dessin de Micaël Ecolo Delémont se met au vert Assurances Le libre choix des médecins maintenu A Delémont, on veut sensibiliser la population à la présence de la nature en ville. En clair, l’agglomération Pas de bol pour les assureurs, tant mieux pour les assurés ! Après le envisage, dès l’an prochain, de lancer un projet qui se Conseil des Etats, le National a aussi rendu son verdict. Et un verdict prolongera jusqu’en 2024. Des fleurs, des arbustes et sans appel, par 135 voix contre 41. Pas question donc d’accorder des arbres fruitiers seront plantés, des jardins potagers plus de pouvoir aux caisses maladie et de les laisser choisir les seront créés, alors qu’on favorisera aussi la pousse de médecins dont elles remboursent les prestations. Autrement dit, le l’herbe pour attirer insectes et autres petits animaux. libre-choix du médecin devrait continuer à être garanti. Pourquoi Certains ronds-points des neuf communes de l’agglo- cette décision : simplement parce que « la population y est oppo- mération seront également recouverts de végétation. sée », a rappelé la socialiste saint-galloise Barbara Gysi. Sympa, non ? www.generations-plus.ch 9

LE COURRIER OCTOBRE 2019 VOUS AVEZ LA PAROLE A propos de Caravane FM, cette émission qui (nous) fait du bien g114 « OUBLIER CE QUI NE VA PAS » Je tiens à vous remercier vivement pour votre dossier sur Caravane FM, émission à laquelle je suis sensible, et présentée par des animateurs qui sont mon coup de cœur men- suel. J’apprécie également les divers sujets traités dans générations qui font oublier, pour un moment, tout ce qui ne va pas : cannes, douleurs, manque d’équilibre, etc. (je parle pour moi !). Continuez, vous êtes formidables ! Renée Comte, Genolier (VD) A propos de Faut-il mettre des clochettes aux cous des chats ? g113 Quelle est votre chanson préférée ? PAS DE ÇA POUR UN FÉLIN ! Au XXe siècle, encore si proche, Joe Dassin chantait : « L’Amé- Un chat est un chat. Qui dit chat, dit aussi félin. Or, le chat est, comme on le sait, un rique … je la veux et je l’aurai … » Que chanter aujourd’hui ? tout petit félin plus ou moins apprivoisé, plus ou moins domestiqué, car ayant gardé, L’Amérique, la Chine, l’Inde ou Mars ? pour la plupart, leur caractère inné d’indépendance. Il est petit cependant, sa mor-  Marianne Vodoz, Epalinges (VD) phologie est exactement la même que celle des grands félins : lions, tigres, pumas, guépards. En ce qui concerne les oiseaux, il capture le plus souvent des jeunes tombés du nid, des blessés et/ou abandonnés, des faibles. Nous avons un ou des chats depuis 40 ans et avons pu constater qu’il y a des chasseurs et des non-chasseurs ! Nous en avons même eu un qui ne savait pas que faire devant une souris dans le poulailler ! Nous avons aussi pu sauver et remettre en liberté et en sécurité des oiseaux et des lézards que notre félin actuel nous apporte en « offrande » ! Pour clore, que dirions- nous, Européens, si l’on se mettait à mettre une clochette aux lions, aux tigres, aux léopards, afin qu’ils n’attaquent point une légère gazelle ou un élégant impala ?  Antoinette Panchaud, Premier (VD) A propos du Club lecteurs UNE JOURNÉE INOUBLIABLE Grâce au Club lecteurs de générations, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre au spectacle de la Fête des Vignerons à Vevey pour la première et certainement la der- nière fois de ma vie. Merci infiniment pour cette magnifique et inoubliable journée.  Helen Bifrare, Estavayer-le-Lac (FR) JE ME RÉJOUIS Un très grand merci pour les deux billets que vous m’avez offerts. Je me réjouis d’aller admirer Ombres, à la fondation de l'Hermitage.  Eliane Hampaï, Genève COMBLÉES générations et Payot Libraire ont le plaisir d’offrir à Votre envoi de deux entrées pour Before time again (fondation Opale) m’a rem- Renée Comte plie de plaisir, puisque j’y suis allée avec ma nièce. Nous avons été comblées, l’expo- sition est magnifique, les œuvres très bien exposées dans un cadre imposant. Ayant un bon cadeau d’une valeur de 30 fr. à faire valoir vu les dessins aborigènes dans les grottes de Kakadu en 1990, j’ai un peu regretté la dans toutes les librairies Payot et tous les magasins rareté des photos de ces lieux, mais Bérangère Primat veut soutenir l’art aborigène Nature & Découvertes de Suisse, pour son courrier des années 1970. Elle a réussi. Elle est bien soutenue par un personnel compétent, actif et bienveillant, sans oublier une bénévole, Marie-Louise qui est venue nous paru dans notre numéro. glisser à l’oreille des renseignements utiles.  Marcelle Scheurer-Stoessel, Lausanne Ecrivez-nous à générations, Courrier des lecteurs, DR BELLE DÉCOUVERTE rue des Fontenailles 16, 1007 Lausanne Merci ! Nous avons déjà profité des deux billets reçus pour le Jardin alpin de Cham- ou courrier@generations-plus.ch pex. Belle découverte par une splendide journée.  Christine et Jean-Michel Malherbe, La Chaux-de-Fonds. (NE) POUR Faut-il interdireUn ven OCTOBRE 2019CONTRE LA QUESTION DU MOIS (lire page 24) dép«nepLinrc’eodo-patcianinggceaee»rldeaettlea l’e-cigarmlpeeealsv«asstaFacpptaigloguieterasaecrgrgeci?rtermaoteeviisrnenete’queqlus»untee POUDR LLeVEEOsUBTROREVENMIHELEEPGSUASRR,-aDNDOEEnTLNRÀiOEmLSAECéACTÎsONIONÉNFS,LITcomt md’ienetnerIdnidctei,olnessjoouufrfsledseulra lceigvaarpeotttaegéel.eActurxo-nEitqautes-sUenmisb, lmenatiscaoimlleputérss.auDsEsMi ANDEZ LA BROCHURE LEGS2j4sebudugeuufrnasfdnéoiresarstNeisie.aunnltsleecvadtleAtqNrudtecledrséeutlraaoocersaopdap«ipctemf’nsrbmesqpidgeirvn.uopcsgq.énsauuaeupeLpomtaLaastcqgudeastb’acrolremArroaadàaufuaeitlegscenàEaclOrivfvbUicerneiehonrte-cbnucrnetiedtlaltteiunirêncgteualédtaieicmLlgi-iétcdaséifettacqiue,oicmtalLeénetse,enaasoeupcareepserddnbl,pmp,ptuesstLi’leuoreruiSsreueaeepiecracogdme«àansi,uosfpsnxnSuoos-olminrseusiloetUmasuvtctgrpéineemcsdataiiaPltdI.roan:inSiiadsaasnrooocRpeDeigsisnneoSrnbnuliSteodussrÉaisiclpsugrRE’aattdSa’neetOtean2iitéentroodaRsetiErIereoctsXr.tigDX0ete-nAoseritbTlde-lgiolueotriYceeEIolatei,péd1conNlsVsteldRaeanNtnstida4erd3AigiEtqnncatOgsris,TsmrintggUc0,pReeeeenegnt,eunaMraitsdDleDesébass,ue0MirnesrbaepeniEneeOArgelnésmra9,ocse.dbjNael.iptlnleLIedesdKleS»se5odemeadrdAeDJtl,nmeuetaAErCtrcéUpuainittI%r-i’eLat,EEsctcaijiltiteeeviiIadaidrneV/GLrUeepvqasrlainnit»rIO,oioIarallNipteroCsusUeieuddeplalnLurdeXJdép,êvlsmEueeaElsnnUcnaYeurrdribfAe,.ietcaeu-eqsPSprPréeuNvsreeneledeUsncusolvrUUdiuRliCciLsoriemrêusslegastoLeeIÉdaeciodtiSLovoItaM’urs:tsoSnEsvdnnSsu:eeealeuuunre)NmpIeveOsqmnEDles.i(tslrtesenqpdne.’eurvsufNnNvVl’uEn-aneLiê’uedfNInoeuAdersnieeirCle?enesi’muDlesIenTamasesmteeRrseltlEe-osslehsDlt.erELnfsets-nc-otuapécueonweeiEfocaRteiaDfccds’airjrmrtiagitsiesancfwbve,lhosiuecouoégiéeeuuaacrdpveuaulaéfswapnepaanxnédutilrxréehipnscttinetsrieraeem.a’rscseusupeio.aeeegmeenvectutameiuos(nednrnr-iéttevsnsmLeiusritdntcocatentnêeto.etoa,Prn’lceraionitdamslo.ginougidSoTsurcleuipenn,dunn’en’rsnaaInîteauepdrnerrepdtaéltietsa?ecgnraobge-israesn,o1spveiehaevqicplls)est2dsJsneedlstecirUieientnuaeaseds-ttcneofècnoeersceg.aUfgéteexguepa-n’1rimsemlrelepelLe8earEoasovpepseesnéerrasp,-lglsatsaronr.tpltlar?psucotioeaepqsnutciiaqiepdLllfxbsabruc-Iuoous;suaaacneiofa’dlet,nnvssEiueseuttitabateEerap.e..teiatenmlgcreEnldnneaaqtneiLPerrcheuntnéesde-iêcteeeodpsasSitc.m.reeetOsnriv-unarfiauispoee..sé-aofriuvocnraniriuttiotrepvCso,renlcrsépcaeruuoseaLaocuieesl.ab’lefoelrqdnterlpfeepsaqpaléi,pa.acaLuSciuldasaa-rEuiuap’ve’mgriuleOvce.tegiqér«rUgaesltaéeeLenplaricipueanreasnesecpeprnev,osgèdurluta,-pinsesltéolCopafissuscmeuaeosulrpal«bmuvetpot,oiemliulnatnsclaqirsoseeggevmafpluteuirgtsoieagsuonnraalorsatrrgdercàeteodtnueef?iureienddoôgaelptomtne?deu’dsslcddvrioamtreeeieieetos-nitr9erme,ieusi’sdltlriidsm9é0rtattpànteseomsmrtutomceatt5eep0’,raoene»eqouoeenierqe%ogieer0unqtvêuvsndm«tnneuparpnnapnmetusueiiervdsntnderieeobes’rbsaartitssaeéeee»leé’eaueeaténitobn.lripsnmsgurqcgenpeicrmranesotdfdaotoèensni.iesputrnepinesist’snirppen.aavtlàsgaiqrtCalttannàea.l.oeperrciteegunraMpp’stesieélercuIaenéretIteavsileqeltmsoormsleréalfpaatsea»ourdy-eirdtusaciNlltt.cpafm2drnieeeuq,sutcuieao-ararfI0anoe,nsgeCPutfsoserumipxtenputarnaf%grailuooisOalntndmlcuiglcvnEèlruéoiiueaedigeLetdeearssjetsetdnftAodetoeaàrtmtaeaanôcpmpt’lStmitdeicavuetocviuetnsveelooasesnenéethoriboVaoae.teusu-nctnNsduepssEisnnorU.q.ne3oÉSptrraL’feteRcpJRsu0ctthianuépntLOuEorerh?uADevlaeqléAu0errLavuiscipsiernadvnNéAiusêsDsmDoxue0teiui-eep.lNeaésFEtc,5UvereruesdrnuÉnuSeleoii0irupeéGtarLpals-snrAearlItntmlae0XtvrR-xarDaqesacelunOondSesDrusc’geeqAcaUEadridcvIecgoCVr.eeulnPaviAeivute’-nTplEetRtsNeieafIidasOiYqenllRslrsc,tuuetNOoldseutSosdeSsSslM-ueEnieinuseCo-e(unAs-GUltRNsn,uiecRÉaD-nseTEtivAeDAsiIae)nR’dsleÉecET.eNUsG?DÉoE-SmaMuJeCmIsCeoRu,heanitaeyraenMctelavpodgdrcecieepearlusnD’lorirlllpndpepieaaauSnapssecnr«nraadtlrobaedteseianiLtieitrpstrlattnt’rnieuat«etssliostfeonoeédetscnvteésaaRugapaisspsse.iééc,meiéoqurdDérejtenrluteottlhrDeiaanEosa’suaassopteeulxrEuqtMxe,.pPéltsueqgvbépusles’néelerauèesqca,eodlusrlrLtrssSe,esfioovbdasoisuclonesloeeadtp,alseelsuemunelésti’eppsmlire.eeuaoitlerlnqacoardecSadrro.,rnmprpdmélseoe.ibuhlntéeieoséocineacseéerscrSlllieeatAeeelverigptenohpnotpuuedrofliecnasduciotgseeo.amausihrpsenuésiuodi,t’sûfmelvttnaoainTsdditsbtendérnelesreterrneenuatsreecèri.rseeasècdsppnnsudaetierarnEettsmvlsleaeoneér–eaulaioetflrrepeceVtrvduaauuiservnsrupauscéèrréeesegoéorileetrvésitiCrurtpaocrptrctmreseihderséréeasdheovoivâguiaodppsnsodlisgnel,iaeeee,ptnuruiteeaeecamptnnieeatcétrtEsrsavnsreesnsricrnyncepes»cuoeltlpauonptodepebetrtoisdeo.tnnineueiénpomslrsopltrorosoudiilult,sitotsieifeéomluoerospmnreiearfiiuâ»nnnacdsdésuefstérnonsgibc.qettst.eodqreenrsssosséiadéerdeuàvtn«vasCuezausotegnàdeienioeeiltbfinfunStecterhpcsetesseatstéjbadalihxoloos,siaerextieisnldlrngépesltimiéucbspni’scouvsteeirgodttaéeamtehrradhorieenearaficetasnéuecnnndvierenèubtgtrandjidsvctgetdeoorfmtdpdlptisaieiheoviscnuueeeiiuqseôerqtroaesnoaisromnniudssslouesqnpsellodteDygeaaeCeesustdinemuêlamao.nedeeaairsétrvpesmaTsedadnetnnisEnnecMpiezceâltPoémlnseefMoreiugclneerhiQDotraliuctstelpnenmuoeeauatmeP:frouéSuesnsitepvcsirelcu0lfunsesee.eeuec.ltruiasaeTmseeepere2eecstlurnrrmopustcssnethzseâl2-ldrtoéqecoisaepeetaJptetlebpLepclaYqsdeuruciRnlonluen7rCsersouadddhàkeoolu,sheeafrêsetjIoasd3eeuisoéeeeéCéueinsGlatrtsstpualclgzRlsvnq,u0du8ee’rtitreciepaautevpbeeuiuru.euooérrotEné…zrateteossdirnev3eeuepbimasoelup-nutnpndurC’ra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snc.’felisttsla’urnmeéds.esP U B L I R E P O R TA G E Faut-il interdire l’e-cigarette ? DR GEN1219 Adresse Ville Prénom 1AC2Cv0drMoeoÀ2umniaxGrpur-ieietreReétonoo-dgJièunueorvgatrelGenemarienP(rmCoraaIdeàitCxi,oR:lr1en)e9gasspl edotendslaaobnlse NPA 10 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

Agir ici et là-bas, pour le respect des droits de l’enfant 2019 marque les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. © Chris74 - fotolia.com / © BFG images / Graphisme : CHGR-Cabinet Graphique C’est une année importante pour Terre des Hommes Suisse qui s’est donné pour mission, depuis près de 60 ans, de construire un monde solidaire dans lequel les enfants et les jeunes ont leurs droits respectés. Dans cette optique, Terre des Hommes Suisse met en oeuvre un En 2018, nos projets ont permis à près de 331 285 bénéficiaires programme d’éducation à la solidarité en Suisse ainsi qu’un directs dont 187 585 enfants et jeunes de voir leurs droits programme de défense des droits de l’enfant à l’international. respectés. Nous travaillons main dans la main avec 62 organisations partenaires, issues de la société civile, dans 10 pays : en Asie, Grâce à nos donateurs et donatrices, nous continuons, jour après Afrique, Amérique Latine et en Suisse. jour, de faire tout notre possible pour permettre à ces enfants et à Ensemble, nous agissons au quotidien afin de permettre aux ces jeunes d’avoir accès à une éducation et de devenir les enfants d’avoir : acteurs de changement de leur vie, de leur communauté et ainsi de participer à un monde plus juste. Le droit à une éducation de qualité et adaptée à leur contexte. Vous aussi, rejoignez-nous et engagez-vous pour le respect des droits de l’enfant, ici et là-bas. Le droit d’être protégés de toute forme de violence. Découvrez nos programmes et l’ensemble de notre action sur www.terredeshommessuisse.ch Le droit de participer pleinement aux facebook.com/terredeshommes.suisse décisions qui les concernent. instagram.com/terredeshommessuisse Suivez notre actualité durant le mois de novembre afin de célébrer avec nous les 30 ans de la Convention des droits de l’enfant. Ch. du Pré-Picot 3 (anciennement Ch. Frank-Thomas 31) Terre des Hommes Suisse 1223 Cologny-Genève, Suisse est certifiée par le label ZEWO depuis 1988. Ce label Tél +41 (0)22 737 36 36 de qualité distingue des œuvres de bienfaisances dignes de confiance.

DOSSIER OCTOBRE 2019 Fajer, 5 ans, dans l'école de Teabat al Reah, en Iraq. Sa scolarisation a été rendue possible par les programmes de l'UNICEF sur le terrain. 12 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 DOSSIER S’engager pour les droits des enfants en Suisse et dans le monde La Convention des droits de l’enfant va fêter ses 30 ans. Le bilan est positif, mais le combat pour la faire appliquer continue. De nombreux seniors s’y engagent. UNI199908 – Anmar Anmar @UNICEF et Isabelle Favre L’idée que l’enfant n’est pas un lective et d’inciter les Etats à agir pour d’alphabétisation. « On est passé d’un adulte miniature, qu’il est vul- la protection et la garantie des droits taux de 40 à 50 % à un taux proche de nérable, car en développement, des enfants, l’Organisation des Na- l’alphabétisation universelle », se ré- et qu’il a donc besoin de droits spéci- tions Unies (ONU) a déclaré 1979 « An- jouit-il. fiques est récente. A l’échelle de l’huma- née internationale de l’enfant ». Mais nité s’entend. Il a fallu attendre le XIXe il faudra encore dix ans, pour que l’Or- Deuxième amélioration notable : siècle et l’embrigadement de masse des ganisation des Nations Unies adopte l’accès à la santé. « Grâce à l’accès aux enfants dans le travail industriel pour y la Convention relative aux droits de soins tout au long de l’enfance et de arriver. Parce qu’ils sont petits, souples l’adolescence et à l’accès aux médica- et corvéables à merci, les enfants étaient « Plus de 100 millions ments, le taux de mortalité infantile a recherchés pour tirer en rampant les d’enfants travaillent diminué spectaculairement. » Le troi- berlines dans les boyaux des mines de sième progrès concerne l’exploitation charbon, nettoyer les parties les moins et sont exploités » des enfants. « Son éradication n’est accessibles des machines ou encore rat- pas facile à réaliser, notamment dans tacher les fils brisés derrière les métiers JEAN ZERMATTEN, EXPERT les entreprises agricoles souvent fami- à tisser. En France vers 1840, 12 % des ou- EN DROITS DE L’ENFANT liales et les services à la personne. Plus vriers de l’industrie étaient des enfants. de 100 millions d’enfants travaillent L’impact de leurs mauvaises conditions l’enfant. Le 20 novembre prochain, on et sont exploités. » Le combat pour les de travail ont ému des écrivains, Charles fêtera ses trente ans. droits des enfants n’est donc pas termi- Dickens, Victor Hugo, Emile Zola. Leurs né. D’autant moins que les acquis ne romans permis que les adultes réalisent DES CONQUÊTES INDÉNIABLES le sont pas pour l’éternité. Les périodes l'injustice. Progressivement, différents Quel bilan après trois décennies de conflit sont propices à leur sup- textes juridiques sont apparus pour pression. « C’est là le problème le plus réglementer le travail des enfants et d’existence de cette convention ? Plutôt urgent, affirme Claudio Rini, directeur rendre obligatoire leur scolarisation. En positif, selon Jean Zermatten, ancien des opérations sur le terrain à Terre des 1924, la Société des Nations a adopté un juge des mineurs et expert en droits de hommes — aide à l’enfance. Les conflits texte qui reconnaissait, pour la première l’enfant (il a été président du Comité et les crises humanitaires accentuent fois, des droits spécifiques aux enfants des droits de l’enfant à l’ONU). Parmi la mise en place de systèmes d’exploi- (soit tout être humain âgé de moins de les principales améliorations : le taux tation des enfants. On estime que le 18 ans) et qui précisait les responsabi- travail des enfants dans les pays tou- lités des adultes : c’était la Déclaration chés par les conflits armés est 77 % plus de Genève. Mais l’absence de texte juri- élevé qu’ailleurs. » En outre, près de diquement contraignant rendait cette 4 millions d’enfants réfugiés ne sont mesure internationale inefficace. pas scolarisés. (Source : Joining Forces.) En 1978, la Pologne a donc proposé ET EN SUISSE ? l’idée d’une Convention relative aux A en croire certains grands-parents, droits de l’enfant qui soit juridiquement contraignante pour tous les pays. Afin les droits des enfants suisses se porte- de favoriser une prise de conscience col- raient bien. Leurs conditions de vie n’ont rien à voir avec les leurs au >>> www.generations-plus.ch 13

DOSSIER OCTOBRE 2019 même âge. Eux, par exemple, devaient Il est hélas difficile d’empêcher les enfants de se faire exploiter obéir aux adultes. A leur père à la mai- dans les entreprises familiales. son, à l’instituteur à l’école, au curé ou au pasteur, à leur entraîneur sportif s’ils l’Italie et cinq ans après l’Allemagne, appliqué. « Les enfants handicapés ont faisaient du sport. A table, ils devaient ses voisins), son application n’est pas du mal à trouver leur place dans l’école se taire. Leur avis n’était jamais à l’ordre effective. Le terme « sans distinction » suisse, idem pour les enfants migrants du jour. Leur destinée dépendait entière- dans l’expression « droits pour tous clandestins », relève Jean Zermatten. ment des adultes qui s’occupaient d’eux. les enfants sans distinction » n’est pas Concernant les enfants migrants, Clau- « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas eu la même enfance qu’il ne faut pas vouloir le meilleur pour les enfants d’aujourd’hui », affirme Jean Zermatten qui, à 71 ans, se souvient qu’il a lui aussi dû laisser par- ler son père à table ! « Nous ne devons pas oublier que les jeunes générations vont nous survivre et que leur développement tant physique, mental qu’intellectuel dans de bonnes conditions est crucial pour l’avenir du monde. Les aînés ont donc toute légitimité à s’engager pour la défense de leurs droits. » Si la Confédération helvétique a rati- fié la Convention des droits de l’enfant depuis vingt-deux ans (tout de même sept ans après la France, six ans après XAVIER DROIT D’ÊTRE SOIGNÉ ONRUBIA « Je m’engage pour que des millions de nouveau-nés ne meurent plus, 58 ANS faute de soignants bien formés » Xavier Onrubia, 58 ans, pédiatre à Châtel-Saint-Denis soignants concernés par le péri- et le néonatal à utiliser DR, Karine Lamon et ©Tdh/Sajana Shrestha et bénévole pour Terre des hommes. et à coordonner des gestes de premier secours. D’abord testé au Mali, ce programme, dont le pilote a été financé « Je suis devenu bénévole à Terre des hommes pour combattre la mortalité infantile des nouveau- par Terre des hommes, puis couronné par le Prix Balzan nés. Quand on analyse les statistiques sur la en 2018, se déploie aussi au Bengladesh et mortalité infantile, on s’aperçoit, en effet, bientôt dans d’autres pays d’Afrique et d’Asie. que, chaque année, deux millions et demi Car nos évaluations ont prouvé son effica- d’enfants meurent dans les premiers mois cité. La formation a permis d’augmenter de vie. Quant au nombre des enfants le nombre de soignants capables de réa- mort-nés, il est tout aussi important. Au nimer un nouveau-né, passant de 9,5 % à cours de mes nombreux voyages huma- 76 % aujourd’hui. Sans parler de la prise nitaires en tant que pédiatre, j’ai pu en charge de l’hémorragie postpartum, observer que les professionnels de santé cause de milliers de décès chez les mères. exerçant dans des pays à ressources limitées Elle était maîtrisée par 25 % des soignants ne bénéficiaient pas de formation continue qui avant la formation, elle l’est aujourd’hui par leur permette de maintenir leurs compétences. Nos 100 %. S’engager pour les enfants d’ailleurs est évaluations ont révélé que seulement 9,5 % des soignants étaient qualifiés pour réanimer un nourrisson à la nais- une évidence pour moi. Fils de migrants catalans s’étant sance ou pour faire les gestes qui sauvent, parfois des établis en Suisse, je ne peux rester insensible à l’injustice gestes très simples. J’ai donc eu l’idée de développer un d’être né quelque part où les enfants n’ont pas accès aux dispositif de formation individualisée et décentralisée. soins élémentaires, car les gouvernements ne consacrent Le principe est que les formateurs se rendent dans les pas assez de moyens à la santé. Je suis heureux d’exercer centres de santé et, pendant deux heures, apprennent aux mon métier de pédiatre en Suisse, mais je suis content de pouvoir participer à rétablir les inégalités de chances de survie pour les enfants du monde. » 14 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 DOSSIER dio Rini s’insurge contre le fait que la voix ne compte pas sur la place ci- été du jamais-vu. Pour autant le droit Confédération autorise leur détention vique. de vote fixé à 18 ans n’a pas été remis administrative, qu’ils soient seuls ou en question. accompagnés de leurs parents. « Or, Le récent mouvement de manifes- cette détention les met dans une situa- tations des jeunes pour le climat en Bref, la Suisse peut mieux faire. Pour tion de stress considérable. La privation encourager les initiatives vertueuses en de liberté les coupe brutalement d’un « La détention faveur des droits des enfants, l’Unicef environnement familier, de leurs ca- administrative des a créé le label « Commune amie des marades d’école et de jeux, et leur enfants migrants enfants » qui s’obtient après avoir fait dénie le droit à mener une vie leur dénie le droit réaliser un bilan sur le degré d’adap- d’enfant. » tation des structures communales aux à mener une vie mineurs de zéro à dix-huit ans. En Autre faiblesse dans le res- d’enfant » Suisse romande, Genève, Lausanne et pect des droits de l’enfant en Sion sont les seules communes à l’avoir Suisse : la Confédération n’a tou- CLAUDIO RINI, DIRECTEUR DES obtenu. jours pas interdit le châtiment cor- OPÉRATIONS SUR LE TERRAIN À TERRE porel ou la méthode éducative maltrai- LES SENIORS S’ENGAGENT tante. Sans doute pour ne pas se mettre DES HOMMES-AIDE À L’ENFANCE Heureusement, le bien-être des en- à dos ces 20 % de parents qui n’apparen- teraient pas une gifle à une violence Suisse a pourtant révélé combien la fants suisses ne dépend pas que de la réelle ! Résultat, un enfant âgé de moins jeune génération souhaitait participer voie institutionnelle. De nombreuses de 2 ans et demi sur cinq en Suisse subi- activement au processus politique. Les initiatives, associatives et privées, se rait des punitions corporelles. (Source : écoliers défilant dans les rues en scan- déploient pour que leur développement Terre des hommes.) dant : « L’océan s’élève, nous aussi » a se déroule dans les meilleures condi- tions possibles. Initiatives qui par- Enfin, si les enfants ont droit au viennent à se concrétiser grâce à l’en- chapitre dans leur cercle privé, leur gagement bénévole de seniors. >>> GISÈLE DROIT À LA LIBERTÉ D’EXPRESSION MARGUERAT « La crèche recherchait des seniors bénévoles » 78 ANS Gisèle Marguerat, 78 ans, bénévole à la Crèche du mots. Quand c’est fini, je lis leur histoire aux autres enfants, Clos de Bulle à Lausanne. tandis qu’ils présentent leurs dessins. Cette activité leur plaît beaucoup. Car ce qu’ils font avec moi est spécifique : « Un jour en me promenant dans le quartier de Lausanne où je dessiner sans consigne, raconter ce qui leur passe par la tête, vis, je suis passée devant la Crèche du Clos de Bulle et j’ai vu des enfants rassemblés en cercle. Cela m’a sans censure. Parfois, ils évoquent des choses qui les intriguée. Mais que faisaient-ils ? Pour essayer tracassent : des disputes avec leurs parents ou de lever ce mystère, j’y suis repassée plusieurs des chicaneries avec leur petite sœur. Je me fois. C’est ainsi que j’ai remarqué une petite souviens d’une fillette qui m’a parlé du décès annonce : la crèche recherchait des seniors de sa grand-mère. Elle s’était précipitée vers bénévoles. Je me suis aussitôt portée can- moi en me disant : « Gisèle, aujourd’hui, j’ai didate. Ancienne professeur de français, divor- une histoire triste. » Et elle m’a raconté tout cée et sans enfants, revenue à Lausanne où ce qu’elle avait observé, dans les moindres je suis née après avoir enseigné vingt-deux ans détails. Y compris sa grand-mère dans le aux USA, je suis à l’affût de nouvelles expériences. cercueil. A la fin du trimestre, je fabrique un livre Or, je n’avais encore jamais travaillé auprès de jeunes avec leur histoire et leurs dessins. Ils le ramènent enfants. J’ai donc rempli un long questionnaire d’aptitudes. Et j’ai été choisie pour intégrer le Programme d’ouverture chez eux et ils sont fiers. Ce qui me plaît aussi dans à la participation des aînés aux institutions pour l’enfance cette action, c’est qu’elle participe à développer un esprit (Popaie). Cela fait maintenant treize ans que j’interviens un de quartier. Les enfants qui fréquentent la crèche résident à après-midi par semaine auprès des plus grands de la crèche, proximité, comme moi. Ainsi, il m’arrive de les croiser dans la les 4 à 5 ans. A chaque fois, je m’occupe de deux enfants, rue. Je les vois alors avec leurs parents ou leur frère ou sœur. que j’emmène dans un espace protégé du bruit pour les Ils sont toujours heureux de me découvrir dans le paysage. faire dessiner librement et inventer une histoire à partir de L’environnement urbain leur apparaît plus familier. Et, bien leurs dessins. Mon travail est de retranscrire fidèlement leurs sûr, je sais maintenant pourquoi les enfants se mettent en cercle : c’est une manière de se retrouver, le matin, et de refor- mer le groupe. » www.generations-plus.ch 15

DOSSIER OCTOBRE 2019 DANIELA DROIT D’ÊTRE ENTOURÉ MOSSENTA « J’offre une figure grand-parentale pour les enfants issus de 69 ANS l’immigration » Daniela Mossenta, 69 ans, bénévole dans un collège rédigé et même pris en charge la comptabilité, je Guillaume Perret de Neuchâtel par le biais du dispositif Win 3 déve- me sens à l’aise pour soutenir les enfants en fran- loppé par Pro Senectute Arc jurassien. çais et en maths. Mais mon rôle ne s’arrête pas là. Mon parcours de vie — j’ai notamment perdu un fils « Moi qui suis née en Italie et suis arrivée en Suisse d’une leucémie — me rend sensible au langage non à 4 ans et demi, je sais ce que représente un par- verbal. J’attire les confidences de certains enfants. cours d’intégration dans une culture qui n’est pas Je me souviens d’une jeune fille dont j’avais perçu la la vôtre. Voilà pourquoi j’ai été sensible à la pro- tristesse et qui avait demandé à me parler en privé. position de Pro Senectute d’intégrer le dispositif Elle m’a raconté une chose monumentale. M’ayant Win 3. L’école d’aujourd’hui réunit de plus en plus autorisée à en parler à l’enseignant, on a pu l’aider. d’enfants issus de l’immigration qui maîtrisent Pour certains enfants, ceux dont les grands-parents mal la langue du pays d’accueil, en l’occurrence vivent dans un autre pays, j’offre une figure grand- le français, et ne possèdent pas tous les codes. Les parentale. Comme nous avons du temps — une enseignants doivent donc faire face à des classes année scolaire —, ils apprennent avec moi à nouer très hétérogènes. Ce qui est compliqué vu la densité des relations avec des personnes plus âgées que du programme scolaire. Mon rôle de senior béné- leurs parents. Quand il m’arrive de les croiser en vole est de leur apporter un appui. Une matinée par ville, ils traversent la rue pour venir me saluer. Même semaine, je prends en charge les élèves par groupe les grands garçons ! de six, en dehors de la classe, pour travailler avec Certains enfants ont tellement d’entraves dans leur eux de manière plus individualisée, en prenant le vie, qu’ils ont du mal à être disponibles pour l’ap- temps, mais en suivant les consignes de l’enseignant. prentissage. Alors, j’ai l’impression d’être utile quand Ancienne secrétaire de direction, ayant beaucoup je les vois reprendre confiance en eux et progresser. » 16 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 DOSSIER Ainsi, la Crèche du Clos de Bulle à La Convention internationale des Lausanne, qui a mis en place, en 2006, droits de l’enfant dans le texte le Programme d’ouverture à la partici- pation des aînés aux institutions pour Le 20 novembre 1989, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté à l’enfance (Popaie). « La présence ponc- l’unanimité une Convention relative aux droits de l’enfant. tuelle de retraités bénévoles que nous Soit 54 articles qui énoncent les droits civils, économiques, sociaux et appelons les « Popaies », apporte un culturels de l’enfant, notamment : le droit d’avoir un nom, une nationalité, vrai plus aux enfants. Ils bénéficient une identité; le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une ali- d’un espace privilégié où ils peuvent mentation suffisante et équilibrée ; le droit d’aller à l’école ; le droit d’être exister singulièrement », explique la protégé de la violence, de la maltraitance et de toutes formes d’abus et directrice Fabienne Pellegrini. Ainsi, d’exploitation; le droit d’être protégé contre toutes formes de discrimi- de même, le dispositif Win 3 de Pro nation; le droit de ne pas faire la guerre, ni la subir ; le droit d’avoir un Senectute Arc jurassien. « Des retrai- refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes ; le droit tés bénévoles interviennent dans une de jouer et d’avoir des loisirs; le droit à la liberté d’information, d’expres- vingtaine de classes dans les cantons sion et de participation; le droit d’avoir une famille, d’être entouré et de Neuchâtel et du Jura pour soute- aimé, entre autres. nir les apprentissages et offrir aux La Convention internationale des droits de l’enfant engage les pays qui enfants élevés, sans la présence de la ratifient à défendre et à garantir les droits de tous les enfants sans grands-parents dans leur environne- distinction. (Les Etats-Unis sont, aujourd’hui, le seul pays à ne pas l’avoir ment, un lien intergénérationnel », signée.) explique Lucas Gigon, responsable du Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, composé d’experts programme. indépendants, contrôle sa mise en œuvree en examinant les rapports que les Etats publient régulièrement dès lors qu’ils ont ratifié le traité. Rendez-vous dans trente ans pour faire un nouveau bilan ... Ou peut-être avant !  VÉRONIQUE CHÂTEL www.generations-plus.ch 17

INTERVIEW OCTOBRE 2019 « Je ne sais pas si se faire opérer est un droit. C’est un privilège » René Prêtre opère les cœurs d’enfants depuis vingt-neuf ans. En Suisse, bien sûr, mais aussi au Mozambique et au Cambodge où il mène des missions bénévoles, deux fois par ans avec sa fondation. Rencontre. Professeur à l’Université de Lau- venue me remercier pour l’opération de mon goût pour les challenges. De mon DR sanne, chef du Service de chirur- son fils. Il est âgé de 4 mois, il va bien côté, j’ai mis les moyens pour réussir, en gie cardiaque du CHUV et éminent et la cicatrice est belle. Le sourire d’une passant par New York, Londres et Paris. spécialiste de chirurgie cardiaque pédia- mère, cela fait plaisir. Mais je ne revois Mon « drive » n’a jamais été financier : trique, René Prêtre a créé la Fondation Le pas toujours les parents après l’opéra- d’ailleurs les enfants n’ont pas d’assu- Petit Cœur en 2006 et se rend deux fois tion. rance privée. Je peux faire l’opération la par an au Mozambique et au Cambodge plus difficile de la semaine, mon salaire pour opérer des enfants bénévolement. Cela vous manque ? sera là à la fin du mois, égal au mois pré- Passionné par son métier, chaleureux, cédent. affable, le Jurassien le jure : jamais il Cela manque à eux. C’est pourquoi ne s’est senti guidé par une « mission au nous leur donnons un rendez-vous, un Vous avez le sentiment d’avoir secours des défavorisés ». Reste que de mois après l’opération. Ce jour-là, je appris sur les enfants ? nombreux enfants, chaque année, sont ne sors même pas mon stéthoscope : en vie grâce à ses interventions. ils sont généralement contents et me Par la force des choses, j’ai réappris remercient, simplement, qui, avec du sur leur physiologie, mais je reste un Opérer les enfants, René Prêtre, vin, qui, du chocolat. Ils ne sont plus spécialiste d’organe. Je regarde le cœur, c’était une vocation ? dans une phase aiguë d’angoisse, c’est je m’assure qu’il ait une bonne force, une plus serein. bonne tonicité, que le sang passe du bleu Vous savez, je suis arrivé à la pédia- au rouge et, une fois que tout est sous trie par fascination pour le cœur, pour Vous opérez depuis combien contrôle, je suis content. Je découvre le challenge technique et intellectuel d’années ? souvent l’enfant et son visage le lende- lié à cet organe, en particulier chez les main, aux soins intensifs. Si j’opère des enfants, qui exige une stratégie encore Cela fait vingt-neuf ans que j’opère enfants plus âgés, ils viennent alors avec plus fine. Je ne suis jamais venu comme des cœurs. Cette année, j’ai un peu ré- leurs parents, Mais je n’aime pas tou- un missionnaire au secours des défavori- duit : 190 au CHUV, sachant que j’opère jours cela … sés. Ce n’est que, avec le temps, que j’ai aussi à Genève et à Zurich, en plus de ma compris les enjeux émotionnels et les Fondation Le Petit Cœur qui agit au Mo- Pourquoi ? angoisses que représentaient pareilles zambique et au Cambodge. Un temps, je interventions pour les parents … Avant, montais jusqu’à 350 opérations … A 5 ou 6 ans, les enfants comprennent tout était abstrait. Le chirurgien aime et, moi, je dois aussi parler des risques bien l’exploit, comme les grands spor- Vous recroisez des jeunes, plus avec le terrible mot : « mort ». Bien sûr, tifs. C’est tout, et j’en étais là. tard ? nous, nous pouvons relativiser un risque à 0,5 %, mais pas un enfant : ce risque, ce Vous ne refusez pas les Depuis toujours, je reçois des lettres mot le terrifie. Alors, je tourne autour du compliments, tout de même … de mamans qui m’écrivent une an- pot, je parle d’un risque de ne pas sur- née après l’opération. Elles me disent vivre pour ne pas employer l’autre mot, Ils font plaisir, c’est vrai. Mais, au- qu’elles viennent de fêter le deuxième trop lourd pour eux. delà de moi, cela montre surtout que anniversaire de leur enfant et qu’il va la médecine réussit à faire des choses bien. Et, depuis peu, je reçois une deu- Avez-vous le sentiment de vous extraordinaires ! Si on devait retrouver xième vague de lettres de jeunes que j’ai battre pour les droits de l’enfant ? notre civilisation dans 2000 ans après opérés tout petits et qui, maintenant, un raz-de-marée, on dira quand même savent un peu qui je suis. Ils sont ado- Je ne sais pas si se faire opérer est qu’on faisait des choses incroyables ! Al- lescents, disent ne se souvenir de rien, un droit. C’est un privilège. Dans nos ler chercher un cœur à 1000 kilomètres racontent qu’ils vont bien et me remer- sociétés avancées, ce privilège, de fait, en avion pour le transplanter chez un cient. C’est fou. devient un droit, d’autant plus pour un gamin, c’est tout de même un truc de enfant. On en a les moyens et on doit dingue, non ? Aujourd’hui, une mère est Une belle reconnaissance ! les donner. Dans le tiers-monde, les en- fants n’ont pas ce privilège et beaucoup Surtout de mes qualités techniques : mes patrons avaient vu mon potentiel et 18 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 INTERVIEW René Prêtre au chevet de l'un des enfants opérés, sourire aux lèvres. meurent. Par nos missions, on rectifie j’ai accepté, mais pour rester libre, j’ai La fondation soutient quatre mis- un tout petit peu les choses. créé une fondation. sions et moi, j’en fait deux. Je reste, à chaque fois, sur place une dizaine C’est pourquoi vous avez créé une Comment se passent les de jours. On arrive le dimanche vers fondation ? opérations sur place, au 16 heures, on prend une douche et on Mozambique ? se retrouve à l’hôpital. On évalue alors Je vais de nouveau casser le roman- chaque cas avec une échocardiographie tisme que les gens me prêtent … Mais Nous soignons des enfants qui au- et je fais des dessins de chaque anatomie j’ai horreur du paternalisme, du côté raient vivoté toute leur vie. Nous avons pour me souvenir. Dès le lendemain, à charitable que le mot « mission » sous- aussi formé du monde et indirectement 8 heures, on démarre les opérations se- tend. Il y a soixante ans, les enfants créé des postes de travail ! Il existe un lon le planning, et on arrête au dernier mouraient aussi chez nous, comme risque que tout soit balayé à la faveur moment. Autant dire que je n’ai jamais chez eux aujourd’hui. Ils ont ce retard d’un changement politique. Mais on ne vraiment visité les temples d’Angkor … à combler. Notre rôle est de les aider fait jamais rien si on s’arrête à ces consi- à le faire rapidement. Quand on m’a dérations. Au Cambodge, où Beat Rich- La notion des droits de l’enfant est demandé de venir opérer sur place, j’ai ner m’avait demandé de venir, nous ve- différente là-bas ? d’abord dit non: je ne voyais pas le bien- nons d’inaugurer un deuxième centre, à fondé de ces gestes dans un pays où la Phnom Penh. Le droit est le même. Le privilège, moitié des enfants n’est pas scolarisée, où la corruption règne. Pour moi, c’était Combien de fois partez-vous par c’est que, chez nous, c’est une obliga- mettre la charrue avant les bœufs. Puis, an ? tion, alors que, chez eux, c’est plus fa- cultatif … >>> www.generations-plus.ch 19

INTERVIEW OCTOBRE 2019 Parlons de vous, enfant. Vous travailliez dur, dans votre Jura natal ? C’était dur, mais c’était comme ça. On travaillait tous, mes six frères et sœurs et moi-même. Mes parents avaient du mal à joindre les deux bouts, mais la solidarité familiale était très forte. Cela dit, on était heureux. Ce n’était pas non plus de l’esclavagisme, nous n’étions ni exploité ni en souffrance. Tout le village de Boncourt vivait René Prêtre le reconnaît. Il est depuis toujours fasciné par la perfor- ainsi ? mance. C’est avec le temps qu’il a compris les enjeux émotionnels Le village était à l’aise — la famille la chance de le voir à Genève avec ses gens avec si peu d’espoir : je ne suis même DR et Victor R. Caivano/Keystone Burrus y vivait, employait les gens — parents, où je me rends pour opérer. On pas sûr qu’on leur rendait vraiment ser- et nous étions plutôt une exception. Je se rencontre aussi en famille : l’autre vice. Dans le tiers-monde, on doit décider me souviens d’un crève-cœur absolu: jour, nous avons tous été voir ma mère, ce que l’on fait en regard des moyens dis- l’interdiction, pour mon frère et moi, qui est âgée de 90 ans. Elle est encore ponibles, et c’est une logique de guerre qui de rejoindre l’équipe de football junior, à la maison et va bien. On a fait une est appliquée. On ne va pas perdre notre qui jouait le samedi, alors que nous temps, ni notre énergie sur des patholo- travaillions. Tous les gamins y étaient, « Il y a 60 ans, gies trop lourdes, alors que de nombreux sauf nous. Et j’en suis encore persuadé les enfants enfants moins atteints pourraient être aujourd’hui : nous étions les meilleurs ! sauvés. ll serait essentiel de définir les J’en ai pleuré, croyez-moi. mouraient ici contours de nos actions et les règles « à chez nous, froid ». On arriverait ainsi à garder une Comment avez-vous vécu l’arrivée certaine justice. L’injustice arriverait si on de vos deux filles ? comme chez eux prenait en charge des cas hors de ce cadre. aujourd’hui » Un grand changement, surtout avec C’est une solution pour la Suisse ? la première : tout à coup, le monde RENÉ PRÊTRE, CHIRURGIEN qu’on s’était construit avec ses ambi- Chez nous, je ne connais qu’un sec- tions change, et les priorités ne sont photo des quatre générations, comme teur avec des limites imposées claires : plus les mêmes. Aujourd’hui, l’une un trèfle à quatre feuilles. on ne transplante plus après 65 ans en enseigne et l’autre est dans la commu- raison de nos ressources limitées. Et nication. C’est drôle, personne dans la Un mot, encore, sur des coûts personne ne remet cela en cause ! On famille large ne s’est lancé dans la de la santé : craignez-vous le devrait élargir ce principe si on voulait médecine … rationnement des soins ? arrêter d’étrangler la classe moyenne : d’ailleurs, les gens ne seront bientôt plus Vous avez réussi à être Cela sera nécessaire. Je n’en ai pas les d’accord de devoir travailler autant pour présent pour elles ? leviers, mais une chose est sûre: on ne la seule santé. En même temps, notre pourra plus donner tout à tout le monde société est schizophrène : on ferme un Je l’ai été, j’aurais pu l’être comme on le fait aujourd’hui. J’ai vu des petit hôpital et tout le monde proteste ; plus. Mais j’ai eu de la chance, la opérations héroïques réalisées chez des les primes augmentent et tout le monde vie s’est faite sans trop de fêlures ni de râle … Faudra-t-il attendre une vraie crise grosses crises … Si un enfant tombe dans pour prendre ces décisions ? La Suisse est l’addiction, par exemple, ce qui peut ar- riche, cela peut donc hélas encore durer. river dans les meilleures familles, cela doit être terrible …  PROPOS RECUEILLIS PAR BLAISE WILLA Quel regard ont-elles sur votre travail ? Elles sont contentes et fières, je crois. Et vous voici grand-père ! Oui, c’est tout frais, mais quel beau cadeau ! Vous avez un petit qui est le vôtre sans l’être, plus besoin de se lever au milieu de la nuit … Bref, vous l’avez pour les bons côtés ! Heureusement, j’ai 20 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 L’ AC T U LE MONDE EN BREF Argent Des termites mangent ses économies Solidarité Une octogénaire égarée recueillie par des SDF Pauvre grand-mère, au sens propre comme au figuré. A Djakarta, une On peut manquer de tout et avoir du cœur. A Toulouse, Blanche, une brave dame avait caché ses économies octogénaire atteinte d’alzheimer s’est volatilisée de l’hôpital et n’est réapparue dans un sac en papier et un autre en que le lendemain. Où a-t-elle passé la nuit ? Elle dit qu’elle a dormi dehors avec plastique. Mal lui en a pris. Des termites des gens dans un endroit où elle a eu envie de faire le ménage. Sans doute des se sont attaqués aux liasses de billets SDF, qui lui ont donné des vêtements propres. Elle a en effet été retrouvée en du cabas en cellulose, les réduisant en soutien-gorge, le sien, et en short blanc « de foot » avec « un collant coupé en miettes. Le dommage est estimé par sa shorty en guise de culotte ». Mais elle avait toujours ses bijoux sur elle. petite-fille à un mois de salaire, soit près de 300 francs. Alimentation Et 558 000 Ecolo Des plages maintenant les chipo- propres en ordre latas au cannabis DOLLARS, LE PRIX ATTEINT AUX ENCHÈRES, C’est en regardant une émission de L’idée vient d’un boucher marseillais, d’ailleurs L’AN DERNIER, PAR UNE télévision que Pat Smith, une grand- dépassé par son succès. Cet artiste est en constante BOUTEILLE DE ROMANÉE- mère anglaise, a eu la révélation. rupture de stock avec son nouveau produit phare : Choquée par la pollution plastique, elle les chipolatas à la fleur de cannabis ! Bon, pas de CONTI DE 1945. a décidé de retrousser ses manches. panique, lesdites saucisses ne font pas planer, elles Depuis 2018, elle passe ainsi son temps se contentent d’apaiser, grâce à l’effet du CBD, l’une à la plage, une différente presque des composantes du cannabis aujourd’hui admise chaque semaine. Mais pas question par les autorités. Bien que ses créations coûtent plus de s’y prélasser. Armée de tout son cher avec cet apport, les clients de tous âges en petit matériel, cette septuagénaire raffolent, et notre boucher veut maintenant étendre nettoie de fond en comble ces surfaces sa gamme. ensablées. Aidée par ses petits-enfants et quelques habitants, elle a ainsi déjà nettoyé 52 plages. Chapeau ! Cruelle compa- raison Alors que l’Amazonie brûle et que le monde entier s’inquiète, à l’exception du pré- sident brésilien, cette photo illustre parfai- tement les ravages causés par le feu dans le poumon de la planète. A gauche de la route, la désolation tout simplement. Et elle apparaît d’autant plus sinistre lorsque le regard tombe sur la forêt luxuriante à droite. Terrible ! www.generations-plus.ch 21

Q U E S O N T- I LS D E V E N U S ? OCTOBRE 2019 Jean Studer ne s’est pas laissé griser Le populaire Jean Studer n’est pas tombé dans l’oubli, depuis son départ du Conseil d’Etat neuchâtelois, en 2012. Il a été président du Conseil de la Banque nationale suisse (BNS) et, maintenant, de la Banque cantonale neuchâteloise. Avril 2019. Nous sommes atta- cié par une entreprise de construction de tout soupçon, de Jean Ziegler, ce qu’il blés au Cardoche, une brasse- dans les années 1970, époque de plein ne dément nullement en 2019. Voilà rie populaire au cœur de Neu- emploi où le chômage était très stig- qui ne cadre pas d’évidence avec le châtel. Jean Studer jure que les ors du matisant. président du Conseil de la Banque pouvoir ne l’ont jamais étourdi. « Je nationale suisse qu’il est devenu n’ai aucun regret. J’ai préservé ma li- DE ZIEGLER À LA BNS « parce qu’il fallait quelqu’un de plu- berté en tant qu’avocat et en tant que La moustache, qu’il arborait en- tôt romand, plutôt socialiste et plu- homme. Ma carrière politique a été tôt à la tête d’un Département des marquée par les heureux hasards de core au Conseil des Etats, a disparu finances » où, soit dit en passant, ses la vie démocratique suisse. » Etre ou lors de lointaines vacances italiennes, compétences ont été saluées sur tous pas la bonne personne au bon moment comme la bouffarde jetée « dans un les bords politiques. Aux yeux de Jean pour la bonne place. Ce n’était pas le carton au galetas » en février 1992. Studer, la BNS est une institution pu- cas pour le Conseil fédéral en 2002. blique indispensable et très crédible, D’abord, au contraire de Micheline « Je ne suis pas un dont l’action profite à tout le pays. Il Calmy-Rey, ce jeune sénateur, encore grand-père, je suis un a quitté cette haute fonction (un 40- sans expérience d’un exécutif, n’était 50 %) de contrôle et d’accompagne- pas une femme. Mais il s’est souvent père grand » ment à la fin d’avril, après douze ans trouvé où il le fallait quand il le fallait. de présence, dont sept de présidence. Quant à la renommée médiatique, il JEAN STUDER, PRÉSIDENT DE LA BCN dit avec modestie : « Il suffit d’un peu La banque appelle la banque. En de lucidité pour savoir que la visibilité Le cheveu s’est raréfié. L’homme, juillet, Jean Studer est devenu pré- médiatique a peu à voir avec mes qua- bien sûr toujours aussi grand, a pris sident de la Banque Cantonale Neu- lités, tout à voir avec mes fonctions. » quelques kilos et quelques rides, mais châteloise. Un mandat dans « une il n’a rien perdu de sa personnalité banque d’intérêt public, insiste-t-il, Flash-back : je le revois trente-six charismatique et chaleureuse. Résu- qui redistribue ses bénéfices à l’Etat ». ans plus tôt, en avril 1983, déjà au mant sa carrière, qui a connu un coup Pour éviter tout conflit d’intérêt, la Cardoche, grand, mince, moustache d’accélérateur imprévu en 1999, lors BCN étant un pourvoyeur de subsides en bataille et pipe à la main. Nous de son accession au Conseil des Etats à diverses associations culturelles, il sommes dans des rôles identiques. aux dépens du libéral Jean Cavadini, va renoncer à ses mandats présiden- Jean Studer est alors le jeune secré- il semble n’avoir rien à craindre du tiels neuchâtelois : le NIFF, Festival du taire du Parti socialiste neuchâtelois. jeune homme qu’il était. Il affirmait film fantastique, le Printemps cultu- Il maîtrise bien son discours, se révèle alors avoir adhéré au Parti socialiste rel de Neuchâtel, Neuchâtel-Berlin. chaleureux et non dénué d’humour, après la lecture de Une Suisse au-dessus Il restera à la présidence de la Ciné- de quoi paraître à son avantage dans mathèque suisse et de Latitude 21, la la défunte tlm (Tribune de Lausanne — Le Fédération des ONG neuchâteloises Matin). A cette époque, perçaient déjà engagées dans la coopération au déve- un animal politique ambitieux, une loppement. vive intelligence et s’affirmait un sens de la relation humaine passant par le LE RÊVE DU PAIN ET DU BOUDIN besoin de toucher et de partager son Jean Studer concède avoir eu « un grand rire. Ce jeune homme pressé avait décidé, encore adolescent, d’être peu de temps pour moi » après avoir avocat, et indépendant, choix stimulé quitté le Gouvernement neuchâtelois par la déconvenue de son père licen- en 2012, sept ans après son entrée en fonction et trois ans après sa brillante 22 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 Q U E S O N T- I LS D E V E N U S ? Adieu moustache et pipe (photo de gauche en 1983), Jean Studer reste néanmoins toujours aussi actif et sa bonne humeur ne l’a pas quitté, comme ici au Cardoche à Neuchâtel. Alain Germond réélection de 2009 (64 % des voix). Il paraît peut-être ridicule aux yeux de rine Blatter, cousine du célèbre Sepp, cède alors à des envies que ne lui per- quelqu’un qui en fait souvent, mais, l’ex-président de la FIFA, n’est pas mettaient pas ses lourdes charges. Des quand tu as rêvé de faire du boudin et passé inaperçu. Comme la naissance envies qui ne ressemblent pas à celles qu’arrive ce moment ! » On le trouve de leur fille Louise, qui a eu 10 ans en de Monsieur Tout-le-monde. Son aussi officiant dans différentes cui- mars dernier. Après deux filles avec rêve, dirait-on, serait plutôt de deve- sines ou cantines. Chez lui, bien sûr, sa première compagne, aujourd’hui nir Monsieur-Tout-le monde. En tout il ne dédaigne pas de mettre la main à adultes, le sexagénaire va chercher cas, il « adore le pain », aime mettre la la pâte en cuisine. aujourd’hui sa « Choupette » à la sortie main à la pâte, et le voilà embarqué de l’école. Des parents ont tendance à incognito dans un stage de boulanger, On garde la vie privée pour la bonne le prendre pour le grand-père, mais il puis de pâtissier avec, bien sûr, les bouche, après le carré d’agneau en dément fermement : « Je ne suis pas horaires qui vont avec ... Figurez-vous croûte et l’entrecôte parisienne. Jean un grand-père, je suis un père grand ! » aussi un Jean Studer passant « un jour Studer s’est toujours refusé à la mettre Et ce sera l’ultime éclat de rire de Jean entier à faire du boudin » à Porren- en scène. « Elle ne regarde que moi », Studer. truy, pendant la Saint Martin : « Cela dit-il carrément. Quand même, son mariage, en 2008, avec Marie-Cathe-  JEAN-BERNARD VUILLÈME www.generations-plus.ch 23

POUR CONTRE OCTOBRE 2019 Faut-il interdire l’e-cigarette ? Un vent d’interdiction souffle sur le vapotage. Aux-Etats-Unis, mais ailleurs aussi comme en Inde, les jours de la cigarette électronique semblent comptés. « L’e-cigarette « Faire croire que propage la la cigarette n’est dépendance de la nicotine » pas plus grave que DR RAINER M. KAELIN, ANCIEN VICE- le vapotage est un PRÉSIDENT DE LA LIGUE PULMONAIRE SUISSE ET VAUDOISE, VICE-PRÉSIDENT DE message criminel » OXYROMANDIE/OXYSUISSE JEAN-FÉLIX SAVARY, SECRÉTAIRE GÉ- NÉRAL DU GROUPE ROMAND D’ÉTUDES DES ADDICTIONS (GREA) Le « vapotage » a le souffle coupé, ces temps-ci. Les Le « vapotage » a le souffle coupé aux Etats-Unis. interdictions de la cigarette électronique pleuvent. Un mouvement qui pourrait contaminer la Suisse ? La Suisse prend-elle le même chemin ? Cela m’étonnerait. Il faut savoir que les villes et les La loi sur les produits du tabac (LPTab) n’est pas déci- Etats qui interdisent le vapotage sont sous l’influence de dée, mais elle interdira la vente aux moins de 18 ans, et en l’industrie du tabac. C’est fou d’observer la vitesse avec restreindra la publicité. La question est urgente aux Etats- laquelle elle s’est emparée rapidement de la question en Unis, à cause des jeunes devenus dépendants de la nicotine. faisant pression pour interdire cette concurrence qui lui a En cause: l’e-cigarette JUUL (NDLR, une entreprise américaine qui fait subir d’importantes pertes de marché. fabrique des cigarettes électroniques). L’e-cigarette ne sera probable- ment pas interdite, mais soumise aux mêmes règles que le L’e-cigarette ne présente-t-elle pas un danger tabac pour protéger la jeunesse. pour vous ? La cigarette électronique est-elle un vrai danger? L’« e-cigarette » est un terme plutôt utilisé par l’indus- trie. On met tout et n’importe quoi dans ce terme. Nous, Oui, un danger individuel : l’inhalation d’un aérosol de on parle plutôt de « vapotage ». Près de 3000 études ont particules fines X ne peut pas être inoffensive. Il est possible été réalisées sur la question. Il y a aujourd’hui un consen- que cette exposition serait moins nocive au long cours que sus large pour dire que les risques sont inférieurs avec le fumer des cigarettes, mais personne ne peut le chiffrer. La vapotage, en comparaison à la cigarette. Les 500 cas de « nocivité moindre de 95 % » ne repose sur aucune science; maladie pulmonaire enregistrés aux Etats-Unis, avec plu- c’est de la promotion, basée sur une estimation de 12 experts sieurs décès, sont tous apparemment liés aux produits tabacologues, en 2013, bien avant que n’apparaisse JUUL ou de coupage, parfois même frelatés, mis pour vapotage de la vague de plus de 400 malades pulmonaires graves. Elle cannabis. représente aussi un danger public : l’e-cigarette propage la dépendance de la nicotine. Car les vendeurs d’e-cigarettes et En pourcentage ? les cigarettiers sont obligés de recruter des jeunes. Sans cela, leur marché, basé sur la nicotine, va s’assécher. On a pu parler de 95 % de risques en moins. On ne sait pas avec précision de combien. Mais une chose est cer- Ne risque-t-on pas de se priver d’un efficace outil de taine. Cela arrive à diminuer significativement le risque sevrage à la cigarette traditionnelle ? sanitaire. Sur le fond, on est d’accord, il faut arrêter de fumer. Non. Avec l’e-cigarette, les personnes restent dépen- dantes de la nicotine et risquent de récidiver. De surcroît, les Interdire le vapotage reviendrait donc à se priver résultats positifs le sont dans le cadre des rares études, avec d’un efficace outil de sevrage à la cigarette ? un accompagnement. Sans cela, les fumeurs utilisent l’e-ci- garette pour fumer moins, sans arrêter et sans diminution En Suisse, les fumeurs représentent 20 % de la popula- du risque. L’arrêt du tabagisme d’individus motivés n’a pas besoin de publicité pour l’e-cigarette, le conseil professionnel tion. Pour ces personnes-là, qui ne veulent ou ne peuvent suffit. Alors que la promotion de JUUL prouve la création de jeunes addicts à la nicotine. pas arrêter, le vapotage est une bonne alternative. La ci- garette provoque plus de 9000 décès par année en Suisse et faire croire que la cigarette n’est pas plus grave que le vapotage est un message criminel.  NICOLAS VERDAN DR 24 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

P U B L I R E P O R TA G E Des EMS animés POUR LE BONHEUR DE NOS AÎNÉS Passer les dernières saisons de sa vie dans une se rend vite compte que tout un chacun a ses résidence pour personnes âgées ne doit pas rimer souvenirs et ses astuces en lien avec le monde de avec morosité. Eldora propose un riche programme la cuisine », note Jennifer Bouhon, diététicienne axé sur le goût pour égayer le quotidien des seniors. chez Eldora. De concert avec les directions des établissements Retrouver le plaisir et les équipes sur site, Eldora a fait de son riche Les personnes âgées en institution n’ayant programme d’animations un motif de réjouissance aujourd’hui plus l’occasion de cuisiner, les au quotidien. Très présent dans le secteur de la équipes de cuisine d’Eldora, soutenues par santé, le restaurateur de collectivités en a même les équipes d’animation des résidences, ont fait une priorité en créant un poste spécifique de souhaité donner la possibilité aux aînés de « Responsable des animations ». Ce gastronome retrouver le plaisir de faire à manger et de toujours en éveil est réputé pour son imagination pâtisser par le biais d’ateliers gourmands. intarissable. Son catalogue mis à jour chaque Toques, tabliers, ustensiles de cuisine … tout année propose une large palette de thématiques est prêt pour les accueillir et les motiver. dans laquelle chefs de cuisine et équipes internes des établissements peuvent puiser à leur guise. Quel plus beau bonheur que la cueillette des « L’idée est de conserver ce lien vital avec le fraises ponctuée par la réalisation d’une succu- passé, relève Stéphane Vohl, responsable du pôle lente confiture ? Les aînés en redemandent et se Santé d’Eldora. Au travers des différents thèmes pressent à l’atelier de préparation et décoration proposés, les résidents retrouvent des habitudes des cupcakes ou pour façonner de belles roses en par le geste, l’odeur, le toucher ». pâte feuilletée … Les résidents retrouvent le plaisir Dans les EMS, la cuisine fait partie intégrante de de toucher, sentir et déguster des aliments. Les l’institution. Le chef mène avec brio sa brigade langues se délient et l’on remonte le temps. pour ravir les papilles des résidents, fins experts Découvrez de nombreuses animations effectuées culinaires. De fait, nombreuses et nombreux sont en EMS sur Youtube / EldoraTV. celles et ceux qui ont cuisiné et parcouru des livres de recettes tout au long de leur vie pour concocter des petits plats ou réaliser des pâtisseries. « Si l’on prend le temps de papoter avec les résidents, on VOTRE LEGS, NOTRE ACTION, LEUR VIE PAR-DELÀ LE CONFLIT Penser au CICR dans votre testament est très facile et c’est l’une des plus belles façons pour vous d’aider les victimes de conflits armés. Demandez dès à présent notre brochure legs. Pour en savoir plus, veuillez vous adresser à : Marie-Jo Girod, responsable du programme legs et dons. Tél: 022 730 33 76 E-mail: mgirodblanc@icrc.org Cette fillette de 8 ans, qui n’a connu que ✂ la violence de la guerre, vit avec sa famille dans un camp de déplacés en Syrie, GEN1219 soutenu par le CICR. DEMANDEZ LA BROCHURE LEGS – Complétez et renvoyez cette carte-réponse dès aujourd’hui au CICR, en ayant la garantie qu’elle sera traitée en toute confidentialité. Je souhaite recevoir la brochure. À retourner à : Marie-Jo Girod, responsable Mme M du programme legs et dons Comité international de la Nom Prénom Croix-Rouge (CICR) Avenue de la Paix 19 Adresse 1202 Genève NPA Ville

DÉFI OCTOBRE 2019 Un Suisse fabrique le fromage grec solidaire Touché par l’hospitalité des habitants de l’île grecque de Tilos, qui accueillent des réfugiés, le Genevois Jacques Petitpierre a fondé une association qui a permis la création d’une fromagerie réunissant les insulaires et des Syriens. L’île de Tilos, Jacques Petitpierre, qui raconte son premier contact avec les globe-trotters : « J’ai fait l’Afrique, 72 ans, la connaissait en tant les migrants sauvés sur le rivage : j’ai fait l’Afghanistan … Non, en réa- que touriste. Cet amoureux de la « C’était Michalis qui parlait. » lité, on n’a rien fait d’autre que d’y Grèce l’avait visitée en 2006. Il avait su mettre les pieds. » apprécier la beauté sauvage de ce bout Sous le coup de l’émotion, Jacques de terre au large des côtes turques : Petitpierre décide d’agir : « Je suis UN FILM POUR RACONTER L’ÎLE 64 kilomètres carrés, 500 habitants. convaincu de l’hospitalité indéfec- Mais comment transformer un Lui et sa femme ont toujours conservé tible des Grecs, malgré la précarité. à l’esprit le bel accueil que leur avait L’accueil des migrants, tel qu’il est élan de solidarité en action concrète ? réservé le boulanger Michalis. pratiqué par la population tiliote, « Je voulais un rendu à cette Grèce qui participe à changer une image ré- nous a tant donné. » A l’époque, la Or, voici que, un jour d’octobre ductrice de la Grèce souvent décrite Grèce est toujours en proie à la crise 2017, Tilos se rappelle à leur souvenir sous l’angle du pays redevable d’une économique et sociale, due autant à dans un contexte dramatique : « La dette abyssale envers l’Europe de l’incurie de ses dirigeants, au début Matinale de la RTS a diffusé un reportage Bruxelles. » des années 2000, qu’à la cure d’aus- relatant le travail extraordinaire d’ac- térité imposée à la population par les cueil et d’intégration des migrants Après quarante ans de voyages en créanciers internationaux. Jacques mené par cette petite Municipalité Grèce, ce photographe décide ainsi Petitpierre commence par ce qu’il du Dodécanèse. » Un témoignage, de changer de rôle : « De touriste sait mieux faire : l’image. « J’ai tour- en particulier, retient l’attention consommateur, je suis devenu ac- né à Tilos un documentaire vidéo en des Petitpierre. Celui d’un habitant teur.» Sa manière à lui d’en finir avec mars 2018. » Pour ce faire, le Genevois une formule qu’utilisent trop souvent Jacques Petitpierre, humanitaire grécophile. Corinne Cuendet et DR 26 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 DÉFI La Fromagerie de Tilos dans ses locaux flambant neufs. Jacques Petitpierre et les chèvres allaitantes. s’offre les services d’un journaliste suite de la réponse émue et favorable dernières nouvelles, l’agence onu- basé à Athènes, à même de l’aider à du public, l’Association Meinier-Tilos sienne a permis l’installation de trois surmonter les obstacles de la langue a vu le jour pour appuyer concrète- familles de demandeurs d’asile dans et de toute l’organisation. Tilos, l’île ment notre aide. » Lorsqu’il reprend des logements mis à disposition par la humaniste est un film bien conçu, riche contact avec Maria Kamma-Aliferi, Municipalité de Tilos. Ces familles se- en informations, faisant la part belle Jacques Petitpierre lui annonce qu’il ront intégrées dans la communauté. aux regards croisés des insulaires et dispose d’une grande partie des fonds Les adultes bénéficieront de cours de des réfugiés. On y découvre que la gé- nécessaires à lancer le projet. Or, grec, tout en ayant accès à des emplois nérosité des habitants de Tilos envers entre-temps, l’Agence des Nations dans le cadre de la coopérative agricole les Syriens se heurte à des obstacles Unies pour les réfugiés (HCR) a pris et fromagère. Les portes de l’école de administratifs et politiques. Une la décision de transférer des réfugiés l’île sont ouvertes à leurs enfants. femme de tempérament s’applique dans l’arrière-pays. Pour la maire de à les surmonter : Maria Kamma-Ali- Tilos, le Centre d’accueil créé il y a Jacques Petitpierre est allé au bout feri, la maire de Tilos. Visionnaire, quelques années plus tôt est en péril. de son rêve. Le fromage de Irinna est elle cherche à restaurer le secteur pri- Maria Kamma-Aliferi est décidée à se déjà demandé par les tavernes de Ti- maire sur son île qui, faute de main- battre pour faire revenir celles et ceux los. Des Syriens ont retrouvé le sou- d’œuvre, avait tourné le dos à l’agri- qui avaient trouvé un havre sur son rire en mer Egée. « J’ai réalisé un beau culture pour miser sur le tourisme. île. Car, dit-elle, sans les migrants, défi: concrétiser, en peu de temps, un Pour elle, l’île aurait tout à gagner la coopérative n’a pas de sens. projet remettant l’humain à sa juste à créer une coopérative agricole réu- place. Et ce, grâce à tant de nom- nissant les compétences se trouvant UNE CHAÎNE DE COMPÉTENCES breuses bonnes volontés. » sur l’île et les réfugiés. Les efforts Jacques Petitpierre ne se décourage de Maria Kamma-Aliferi indiquent  NICOLAS VERDAN une première direction à prendre : la pas. Il fait la rencontre d’Alain Mor- réalisation d’une fromagerie artisa- let, un Belge qui dirige une entreprise Pour en savoir plus, suivez le projet sur le site nale et bio permettant de donner du fabriquant du matériel laitier dans le www.meinier-tilos.com travail aux habitants de Tilos et aux nord de la Grèce. Cet entrepreneur a réfugiés vivant sur l’île. lui aussi le cœur sur la main. Il met ET VOUS ? du matériel à disposition et se rend UNE COMMUNE GENEVOISE SOLIDAIRE à son tour sur l’île. Au printemps Peut-être avez-vous profité Et c’est là qu’entre en jeu Meinier, de 2019, lorsqu’il débarque sur l’île, de votre retraite pour vous lancer Jacques Petitpierre découvre les ins- un village de la campagne genevoise. tallations montées et garnies de bal- un défi ? Jacques Petitpierre vit dans cette com- lons pour la fête de l’inauguration. mune agricole, réputée pour son ou- Morlet et son équipe avaient passé Si vous souhaitez qu’on en parle, verture au monde. Avec pour devises : par là. Le 19 mars dernier, la Froma- contactez-nous par écrit à « Meinier Energie commune » et « Bien gerie Irinna de Tilos a été inaugurée. defis@generations-plus.ch, vivre ensemble ». En mai 2018, Jacques Le projet s’inscrit désormais dans ce ou générations, rue des Petitpierre organise ainsi au village projet plus ambitieux de coopérative une soirée « Solidarité Grèce ». La pro- voulu par Maria Kamma-Aliferi. Et, Fontenailles 16, 1007 Lausanne. jection du documentaire provoque un de ce côté-ci, le ciel se dégage, le formidable élan de solidarité parmi HCR ayant enfin pris conscience de les 250 personnes présentes : « A la la valeur de l’expérience tiliote. Aux www.generations-plus.ch 27

Pour Emma, OCTOBRE 2019 la reine des glaces. Parmi nos 300 sortes de glace, il y a forcément celle qu’il vous faut! 28 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 PRISONS Aux portes du pénitencier ! Pour aider les proches des détenus, la Fondation REPR bénéficie des services d’une soixantaine de bénévoles dont de nombreux retraités. Devant chaque établissement romand, ils soutiennent des visiteurs souvent désemparés. Reportage. Anaïs, 89 ans, va régulièrement de la prison, cela m’a fait de l’effet. garçon formidable et travailleur. Il est en rendre visite à son petit-fils, La première fois, en sortant, j’en étais cabane depuis des mois. » Anaïs, qui dé- détenu en préventive pour vente malade. C’est très triste, car mon petit- sire conserver l’anonymat, vit à la cam- de stupéfiants. « Découvrir le monde fils a fait des bêtises, oui, mais c’est un pagne, loin de la prison. Pour se >>> Créer du lien Ancien gendarme, Patrick Duhoux connaissait déjà Bénévole franco-suisse vivant bien le monde carcéral. à Annemasse, Patrick Duhoux, Yves Leresche 64 ans, assure régulièrement une permanence à la Prison de Champ-Dollon (GE). Le monde de la prison lui est familier. « A la retraite, j’ai souhaité avoir une activité bénévole en rapport avec le monde carcéral. En tant que ancien gendarme, j’ai fait des arrestations et conduit des prévenus en prison. Alors que je connaissais les délits dont ils étaient coupables, je manifes- tais toujours du respect à leur égard. » Patrick Duhoux a aussi connu l’autre côté de la prison, à la suite d’un épisode familial tragique : « Mon beau-frère a fait deux ans et demi de prison. J’ac- compagnais ma sœur et j’ai vécu avec elle le circuit douloureux de l’attente avant la visite, du parloir et des souffrances qu’engendre la prison pour les proches. » Il souligne l’importance que revêt l’accueil des familles : « En tant que bénévoles, nous leur offrons un sas de décompression entre le monde extérieur et celui de la prison. Ici, parfois, des personnes s’installent sur le banc, elles ne parlent pas et sont visiblement stressées. La prison suscite des sentiments de honte. Alors, nous tentons d’établir un lien. Il ne nous appartient pas de juger. » www.generations-plus.ch 29

PRISONS OCTOBRE 2019 « Quand les détenus déplacer, elle a la chance de bénéficier four Prison », l’association a essaimé voient régulièrement d’un service de navette assuré par des dans toute la Suisse romande. Elle est bénévoles composés de nombreux retrai- devenue une fondation, REPR (Relais leurs proches, cela tés : « Sinon, chaque trajet en taxi me Enfants Parents Romands), qui vit de apaise les tensions » coûterait 40 francs. Certains bénévoles dons et de subventions. Le voiturage est viennent de loin. Ce sont des gens for- l’une des prestations assurées, car cer- ALAIN BROCCARD, DIRECTEUR DE LA CROISÉE midables. Leur gentillesse fait chaud au taines prisons ne sont pas accessibles cœur. » La grand-maman insiste : « Leur avec les transports publics. Mais le rôle travail, c’est vraiment un service d’uti- principal des bénévoles est d’informer lité publique ! » les familles, avant et après l’heure de la visite en prison. Chaque équipe de deux DES LIEUX D’ACCUEIL bénévoles dispose d’une caravane instal- Depuis sa naissance à Genève, il lée devant l’établissement pénitentiaire ou, comme à Genève, d’un mobil home. y a vingt ans, sous le nom de « Carre- A 79 ans, Adrienne Varga a le cœur sur la main. A droite, en compagnie de Loraine Kehrer-Mauron, juriste et responsable de l’équipe de bénévoles. Le cœur sur la main Arrivée d’Epalinges à Orbe avec sa voiture, Adrienne nous pose. » Adrienne a tenté de convaincre des amis Varga, 79 ans, se met aussitôt au volant du bus de la fon- de devenir bénévoles, mais certains ont répondu que, si dation pour véhiculer les familles de détenus de la gare les détenus étaient en prison, c’est qu’ils l’avaient bien de Chavornay à la prison de La Croisée (VD). Puis, sur mérité. « Quand on voit comment ces familles galèrent, place, c’est dans la caravane de REPR qu’elle accueille cela permet de relativiser beaucoup de choses. Avec les visiteurs. Elle raconte : « Un jour, une femme est venue mon mari, nous avons eu une vie confortable, et nous avec ses deux enfants pour voir son mari en prison. Elle trouvons normal de donner un peu de notre temps. Nous leur a dit : « C’est ici que papa travaille. » Nous ne fai- avons longtemps accompagné des aveugles pour des sons jamais de remarques, nous ne posons pas de ques- randonnées ou du ski de fond. Et nous nous occupons tions. Nous nous contentons de répondre à celles qu’on toujours des Cartons du cœur. »  30 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 PRISONS « Ce sont des lieux d’accueil et Il faut aussi s’occuper des enfants des détenus lors des visites. Fabienne d’échanges, explique Viviane Schekter, (à gauche) et Claudia, deux bénévoles, le font avec plaisir et bienveillance. directrice de REPR. Les proches de déte- nus qui viennent pour la première fois neutres qui ne sont pas impliquées dans Pour cette raison, il est important que se sentent souvent angoissés quand ils le processus judiciaire, même si les col- s’apprêtent à découvrir le monde de la laborateurs de la prison renseignent vo- les proches de détenus soient acceptés prison. Les bénévoles leur expliquent lontiers les visiteurs. » comment se déroule une visite: par sans jugement, par des bénévoles qui exemple les contrôles à l’entrée, l’obliga- UNE APPROCHE BIENVEILLANTE tion de déposer paquets, sac et téléphone Le groupe de bénévoles se compose sont de simples citoyens comme eux. portable avant de se rendre au parloir. Souvent, c’est en ressortant que les visi- en majorité de jeunes retraités soucieux C’est une manière de dire : « La société teurs ont quantité de questions à poser. » d’aider autrui, d’étudiants intéressés par vous soutient et vous accueille. Le mot Les proches, notamment les mères « Les proches des de famille, font face à toutes sortes de détenus se sentent « bénévole » fait tomber les barrières. » difficultés. Quelles démarches adminis- souvent angoissés tratives accomplir ? Faut-il parler de la la première fois » Les bénévoles travaillent entre deux et situation à son entourage ? Quelle expli- cation donner aux enfants ? Comment VIVIANE SCHEKTER, DIRETRICE REPR quatre jours par mois, assurant des per- payer les factures ? le monde pénal et carcéral, mais aussi de manences devant onze prisons de Suisse « Ceux qui se trouvent dans une situa- personnes actives professionnellement tion difficile, précise Viviane Schekter, et prêtes à donner un peu de leur temps romande. Il en faudrait davantage pour peuvent nous appeler au numéro gratuit libre pour ces familles qui osent rare- de la fondation en vue d’un entretien ment demander de l’aide. « Dans notre que l’accueil des familles puisse se faire, avec un professionnel : juristes, psycho- société, remarque Loraine Kehrer-Mau- logues, assistants sociaux ou interve- ron, juriste et responsable de l’équipe chaque jour de visite. Dans certaines pri- nants socioéducatifs sont à disposition de bénévoles, il n’est pas acceptable de pour les aider dans l’un de nos bureaux dire qu’un de ses proches est en prison. sons, les visites sont autorisées tous les à Lausanne, à Genève ou à Fribourg. » jours, mais la permanence ne peut être PRÉSERVER LE LIEN FAMILIAL Les enfants peuvent assister à la assurée que deux jours par semaine. Des visite en prison, mais la conversation chauffeurs bénévoles supplémentaires au parloir est souvent mobilisée par les parents. C’est pourquoi REPR a instauré sont également recherchés pour trans- des « ateliers créatifs » qui permettent aux enfants, une fois par mois, de passer du porter les familles entre les gares et des temps seul avec leur parent détenu. Ces ateliers facilitent aussi les échanges prisons isolées. « Devenir bénévole ne entre enfants qui se trouvent dans la même situation. nécessite pas de connaissances particu- « Quand les personnes dé- lières, explique Loraine Kehrer-Mauron. tenues peuvent voir réguliè- rement leurs proches, déclare Nous leur fournissons informations et Alain Broccard, directeur de la pri- Yves Leresche, Brigitte Besson et DR son de La Croisée à Orbe, cela apaise formation. Ce que nous leur deman- les tensions. Pour elles, le maintien du lien familial est également important, dons, c’est de l’intérêt pour ces familles en vue de leur réinsertion. Le travail des bénévoles y contribue, que ce soit en de détenus, de la bienveillance et une assurant le transport des visiteurs ou en leur communiquant des informations. qualité d’écoute. »* MARLYSE TSCHUI Pour les familles, il est plus facile de se confier à des bénévoles qu’aux employés *Les personnes souhaitant devenir bénévoles de la prison. Pour ceux qui se trouvent en peuvent s’adresser à la Fondation REPR, rue du détention, il est rassurant de savoir que Tunnel 1, 1005 Lausanne. Tél 021 791 02 72. leur famille peut obtenir des renseigne- info@repr.ch. www.repr.ch ments pratiques de la part de personnes www.generations-plus.ch 31

ANIMAUX OCTOBRE 2019 Ducky, un chien sourd qui s’entend à merveille avec ses deux maîtresses Marion Matthey et sa petite-fille Charlotte ont adopté pour le faire venir, on fait logique- ce berger australien, il y a huit ans, sans savoir qu’il ment un geste de la main qui va dans n’entendait rien. Un handicap qu’elles ont appris à notre direction, alors que le doigt en surmonter ensemble. l’air signifie « attention », lâchent- Apeine a-t-on sonné à la porte elles en chœur, avouant que cet ani- de cette imposante demeure les miaulements des chats le lais- mal a encore un peu plus soudé les qui borde le Zoo du Bois du saient indifférent. » Une impression liens qui existaient entre elles. Et, confirmée par un diagnostic vétéri- quand il fait nuit et qu’il est dans le jardin, on lui signifie qu’il faut Petit-Château, à La Chaux-de-Fonds naire. « Peut-être perçoit-il certaines rentrer en utilisant la lumière de la lampe de poche. Nous avons bien es- (NE), que Ducky et Marion Matthey, vibrations, car ses oreilles bougent sayé un collier vibreur, mais cela n’a pas fonctionné. » Elles doivent toute- 75 ans, viennent nous accueillir. Ce parfois », supposent-elles. fois prendre des précautions particu- lières en promenade. « Quand on est beau berger australien paraît ravi de près d’une route, on ne peut pas le lâ- cher, car il n’entend pas les voitures. notre visite. Cela tombe bien, car « JE VAIS LE ZIGOUILLER » En revanche, à la campagne, cela ne pose aucun problème. Il faut toute- c’est pour lui que nous avons fait le Elles décident alors de recontac- fois accepter de lui faire confiance quand il part, puisqu’on ne peut pas déplacement. Ce canidé de 8 ans n’est ter la personne qui leur a vendu ce le rappeler. Cela dit, il semble avoir développé un flair encore plus puis- pas tout à fait comme les autres: il chiot d’à peine trois mois pour lui sant que ses congénères. » est sourd de naissance. Mais certai- faire part de son handicap. « Il nous Une infirmité qui n’empêche pas Ducky de faire des compétitions d’agi- nement pas muet, à entendre les a dit de le lui rapporter, qu’il allait lity. « C’est assez pénalisant dans les concours, car les maîtres parlent aboiements qu’il lâche quand des le « zigouiller » et nous en donner un beaucoup aux chiens, note Charlotte. Comme dans la vie, on essaie de com- voitures passent à proximité de son autre en échange, poursuit l’alerte penser par les contacts visuels, mais, s’il est lancé sur un faux obstacle, je grand jardin. septuagénaire. Sa réponse m’a cho- ne peux pas le rappeler. Au tout dé- but, il est même parti une fois saluer Ducky est en effet un rescapé de la quée, d’autant que nous y étions déjà les juges ! » Connu comme le loup blanc dans le championnat suisse, vie. Flashback. Il y a huit ans, Char- très attachées. » Et sa petite-fille, as- Ducky fait désormais partie des cadors de sa catégorie (catégorie 1, chez les lotte, aujourd’hui âgée de 22 ans, sistante en médecine vétérinaire, de larges, pour les connaisseurs). parvient à convaincre Marion, sa poursuivre : « Ce n’était pas un éle- UN HEUREUX MÉNAGE À TROIS Comment interagit-il avec ses grand-maman, d’adopter un chien si veur reconnu, et il a fait l’erreur de congénères ? « Quand il était petit, elle passe son année scolaire. Ce sera faire se reproduire deux bergers aus- il avait des problèmes de domi- nance, car il n’entendait pas les chose faite. L’adolescente d’alors a traliens qui avaient la même couleur, avertissements sonores des autres, une connaissance qui a fait se repro- ce qui peut conduire à des tares. En duire sa chienne berger australien. l’occurrence, Ducky est sourd et son «Je voulais absolument cette race, pelage est en grande partie blanc, ce car elle a de bonnes aptitudes en qui ne fait pas partie des standards de agility (NDLR, sport canin, dans lequel le sa race. » Autre singularité: l’un de chien évolue sur un parcours d’obstacles sous ses yeux, d’un bleu délavé troublant, la conduite de son maître), activité que est cerclé de noir, alors que le contour je souhaitais pratiquer », se souvient de l’autre est totalement blanc. la jeune femme. Ducky résidera dans l’appartement de Marion, en dessous UN LANGAGE DES SIGNES VERSION de celui que Charlotte partage avec CANINE ses parents et son frère, allergique Marion et Charlotte décident aux chiens. Mais rapidement, le duo donc de garder Ducky et de gérer son se rend compte qu’il ne réagit pas handicap. Grâce aux conseils d’une à l’environnement sonore qui l’en- éducatrice qui a eu un chien sourd, toure. « On l’appelait, mais il ne ve- elles mettent au point un langage des nait pas, se souviennent-elles. Même signes version canine! «Par exemple, 32 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 Grâce à l’amour de Marion et de Charlotte, Ducky a échappé à la mort. Le trio a appris à surmonter le handicap. Mieux, le berger australien est devenu un cador des compétitions d’agility. répondent-elles, alors que Ducky, ja- t-il le jour où Charlotte quittera le nid gion et il restera chez ma grand-mère mais bien loin, réclame des caresses. familial ? « Cela me fait un peu peur, Cela pouvait dégénérer en bagarres. car j’en aurai l’ennui, prévient Ma- la journée, pendant que je travaille », Mais aujourd’hui, il semble être en rion. J’ai pris l’habitude qu’il vienne mesure de décrypter les humeurs de sur mes genoux, le soir. » « Même si la rassure Charlotte. Une bonne chose ses semblables, et cela se passe tou- je dois déménager, ce sera dans la ré- jours très bien. » pour Ducky, qui a définitivement deux Ducky est en effet décrit comme maîtresses, qu’il semble aimer autant très sociable, incroyablement affec- tueux, limite pot de colle, peut-être l’une que l’autre.  FRÉDÉRIC REIN pour pallier sa surdité en maintenant Alain Germond le contact visuel, et un poil douillet. LES CHIENS SOURDS « Il a été mon cobaye durant mes trois SONT-ILS NOMBREUX ? ans de CFC, quand je devais m’exercer à mettre un cathéter, par exemple, On entend rarement parler de chiens sourds. Est-ce répandu ? « C’est courant mais il n’a jamais apprécié, lâche auprès des individus âgés, répond le vétérinaire neuchâtelois Alain von Allmen. la demoiselle. Même lui couper les Comme chez l’humain, on assiste à un vieillissement de l’oreille interne, qui ongles paraît être un supplice. » Il est intervient généralement deux ou trois ans avant la mort de l’animal. » aussi gourmand, et n’a pas hésité, un En revanche, c’est assez rare chez les jeunes chiens … « Peut-être 4 à 5 %, dans jour, à avaler une pastille pour ma- la mesure où les éleveurs les euthanasient souvent, estime le spécialiste. Ce chine à laver et, il y a deux ans, les handicap résulte d’un gène récessif qui refait surface. Plus on croise des races, pommes de pin en chocolat du sapin et plus la probabilité est faible d’avoir un chien sourd. On sait, par exemple, de Noël, obligeant l’assistante vétéri- que ce facteur héréditaire est davantage présent chez les chiens de pure race naire à le faire vomir. aux yeux bleus. » Adopterait-il un chien sourd ? « A choix, je le déconseille, car cela implique des dangers indirects plus grands, puisqu’on ne peut pas rappe- Toujours est-il que ce ménage à ler son compagnon à quatre pattes s’il file sur la route, ce qui peut provoquer trois coule des jours très heureux. de graves accidents », prévient Alain von Allmen. Cela dit, la surdité n’est pas « On partage peu ou prou le temps toujours facile à diagnostiquer chez un chiot qui n’obéit pas encore aux ordres qu’on lui consacre et les divers frais et n’entend que ce qu’il veut bien entendre ! » qu’il peut générer. » Que se passera- www.generations-plus.ch 33

CHRONIQUE OCTOBRE 2019 Merci la chance ! Les Fantaisies la main d’un autre pêcheur me soulever par le dos de de Jean-François Duval ma chemise, et me remonter à la surface. A 7 ans, j’échappais au Styx ! J e comprends très bien les parents et grands-pa- rents terrifiés par la perspective que leurs enfants La deuxième fois, ma famille occupait une mai- ou petits-enfants, à cet âge inconscient, soient son qui fut nuitamment envahie par une fuite de emportés par la mort. C’était une chose quasi nor- gaz. Mon père sentit la chose en se levant pour aller male dans les temps anciens, on se devait de l’envi- faire pipi, nous étions sauvés ! Mieux, plus formidable sager. Aujourd’hui, on s’y refuse absolument. La vie encore : nous avons passé le reste de la nuit à l’hôtel quotidienne est devenue si sûre. Quand même, la pendant que les pompiers œuvraient ! Enfin, intrigué crainte affleure parfois, elle garde sa raison d’être. en 1957 par les aventures spatiales de la chienne Laika, Sait-on jamais ? Est-ce qu’on ne se met pas, parfois, je plaçai de la poudre noire sous un tube à cigare dont en danger de mort ? Si j’y songe, je m’aperçois que j’avais fait une fusée, et le tout m’éclata au visage au moi-même — et en cela je ne crois pas différer de lieu de filer vers les cieux. Je savais que j’avais les yeux vous, chers lecteurs — j’ai eu, dans ma jeunesse, grands ouverts, mais je ne voyais plus rien, le monde l’occasion de perdre la vie au moins trois fois. était devenu tout noir, j’étais aveugle. Grâce au ciel, la vue m’est revenue au bout de vingt longues minutes. La première fois, c’était dans les années 50 : un pêcheur, ayant ramené une sardine au bout de sa Tous ces « accidents » potentiellement mortels ou ligne, m’en fit cadeau et je jugeai bon de m’en aller la handicapants sont survenus dans mon enfance. Alors nettoyer dans le Rhône, car je voulais que ses écailles, oui, on est vraiment vulnérable à cet âge ; deux d’entre salies par du gravillon, brillent du plus bel argent. eux étaient carrément ma faute ! Elle a glissé de mes doigts, je me suis penché pour la rattraper, et j’ai coulé droit dans les profondeurs du Je suis sûr que des histoires pareilles vous sont fleuve. Jusqu’à ce que, tout à coup, ô miracle ! je sente aussi arrivées. (Réfléchissez ! souvenez-vous !) Mais nonante-neuf fois sur cent, on en réchappe ! Tout de même, la vie nous fait des fleurs, vous ne trouvez pas ? CLUB Pro Senectute Vaud Bienvenue au Club ! Vos avantages exclusifs membres : • L’envoi par poste de notre magazine du Club Ouvert à toutes et à tous, notre Club de membres vous permet de profiter pleinement de votre retraite, de partager de bons moments entre amis, de membres. de vous tenir informés des sujets qui vous préoccupent et de profiter • Des activités sportives, culturelles et de loisirs d’offres exclusives auprès de nos partenaires. à prix réduit. Cotisation annuelle • Un carnet de bons «un pour deux ». CHF 35.- pour une personne • Des tarifs avantageux auprès de nos partenaires. CHF 40.- pour un couple Informations et inscriptions sur vd.prosenectute.ch ou par téléphone au 021 646 17 21

OCTOBRE 2019 CANAL LOMBAIRE 38 MÉDECIN Quand marcher devient une torture. Un généraliste s’en va : l’émouvant témoignage du Dr Pilet LONGÉVITÉ 40 Comment l’espérance de vie augmente dans le monde. PROCHES-AIDANTS 44 Un livre remarquable de Nicole von Kaenel. SEXO 46 Une de mes nièces est devenue polyamoureuse. C’est grave ? Lorsque le médecin de famille part à la retraite, ses patients se retrouvent orphelins. Un sentiment de perte partagé aussi par le praticien qui a tout intérêt à anticiper la remise de son cabinet. Témoignage. Yves Leresche E n 2002, le Dʳ François Pilet, mé- Le métier a changé, note le Dr Pilet. Aujourd’hui, peu de jeunes médecins decin généraliste à Vouvry (VS) imaginent s’installer hors des grands centres urbains. prenait une année sabbatique au Québec. Avant qu’il n’ait eu le temps de lui annoncer son départ, Adèle, l’une de ses patientes, âgée de 94 ans, lui fit alors part d’un rêve terrible dans lequel son docteur l’abandonnait. Elle ajouta qu’elle ne survivrait pas à un tel abandon. A son retour, le Dʳ Fran- çois Pilet s’empressa de la rassurer : « Vous voyez, vous n’êtes pas morte ! » La réponse de la nonagénaire le laissa pantois : « Non, mais j’ai téléphoné régulièrement à votre cabinet, en de- hors des heures, pour entendre votre voix sur le répondeur. » Cette histoire illustre la relation si particulière unissant un médecin généraliste et ses patients. A l’heure de prendre sa retraite, en juin der- nier, après quarante ans de présence dans cette commune du Chablais va- laisan, le Dʳ François Pilet a repensé à Adèle : « Elle n’a heureusement pas vécu jusqu’à 111 ans, auquel cas elle aurait dû recevoir ma lettre, envoyée, le 3 janvier dernier, à mes patients, intitulée « Jubilation. » Un extrait de cette missive, émou- vante et riche en enseignements, est paru, en juillet dernier, dans La Revue médicale suisse : « Comme vous le savez peut-être, la langue espagnole utilise le mot magnifique de « jubilaciòn » pour désigner ce que nous appelons tristement la retraite (qui signi- >>> www.generations-plus.ch 35

MÉDECINS OCTOBRE 2019 fiait, à l’origine, le fait de se retirer du est un artisanat et devrait s’ensei- mais, car ils sont en bonne santé. » Yves Leresche et alvarez champ de bataille lorsqu’on sentait la gner comme telle. Selon les principes Remplacé par une jeune femme tout défaite arriver). En mettant un terme du compagnonnage, on apprend à tra- à fait capable, le Dʳ Pilet n’avait bien à mon activité professionnelle, le 30 vers la pratique du métier. » entendu aucune raison de se faire des juin prochain, je ne vais donc pas reproches. Cette expérience lui a tou- faire un mouvement de recul, mais Suivant l’exemple paternel, le Dʳ tefois permis d’apprendre à se sentir un pas en avant vers la jubilation. Pilet a enseigné à au moins 25 volées moins redevable. Non pas un ouf ! de soulagement, d’étudiants, tout en accompagnant mais une vraie joie : joie d’être arrivé également dans son cabinet 25 jeunes DÉLICATE REMISE DU CABINET jusque-là et d’avoir pu vivre un par- médecins en formation postgraduées. Pour « s’autoriser » à partir, l’âge cours professionnel si passionnant, « Mon métier est un métier de la rela- fait de milliers d’heures de rencontres tion, du lien, a-t-il dit dans son dis- venu, le Dʳ Pilet a aussi entamé une en tête-à-tête, de partage et d’émo- cours d’adieu, en soulignant l’im- réflexion sur la remise de son cabinet tions intenses. » portance de la relation, « davantage en tant que tel : « Aujourd’hui, rares thérapeutique que toutes les tech- sont les jeunes médecins qui sont UN LIEN QUI VA DANS LES DEUX SENS niques ». Et de citer Michael Balint, prêts à s’installer dans une commune Dans sa lettre, si le Dʳ Pilet cé- psychiatre anglais qui disait déjà dans hors des grands centres urbains. Plus personne ne travaille à 100 % et la ten- lèbre le bonheur à venir, avec plus de «J’ai toujours dance est au travail en équipe. » temps pour « savourer encore mieux considéré que la la vie de couple, de famille, les médecine générale Fort de ce constat, le médecin gé- rencontres entre amis », il ex- est un artisanat » néraliste a contribué à la mise en place prime également sa « recon- de la Maison de la santé du Haut-Lac naissance » envers celles et DR FRANÇOIS PILET (MSHL), un lieu de soins de santé pri- ceux qui furent ses patients : maires, ouvert en 2017 dans un esprit « Je vous redis ici un immense les années soixante : « Le médicament interdisciplinaire. « J’ai trouvé des merci pour tant de fidélité, de que le médecin utilise le plus, c’est gens motivés à venir travailler à Vou- loyauté, de patience, de générosité lui-même … et c’est celui qu’il connaît vry, sur la rive gauche du Rhône où les et, surtout, de confiance, cadeau si le plus mal ! » médecins gagnent 20% de moins que précieux. » Avec cette profession de foi du côté vaudois. » Les autorités com- qui devrait figurer dans les manuels LA NÉCESSITÉ D’ANTICIPER munales ont su voir tout l’intérêt de de médecine : « Votre confiance m’a Dès lors, le Dʳ Pilet ne pouvait se la MSHL, conçue en partenariat entre permis de devenir, petit à petit, le équipe médicale et autorités locales. A médecin de famille que vous avez fait permettre de fermer son cabinet du taille humaine, favorisant une méde- de moi. Je vous dois beaucoup et ne jour au lendemain, laissant ses pa- cine de proximité, elle a été plébisci- l’oublierai jamais. » tients à leur sort. Avec un sens aigu tée par les citoyennes et les citoyens. de l’anticipation, le médecin géné- Elle a aujourd’hui atteint sa « vitesse En rendant de la sorte aux patients raliste s’est longuement préparé à ce de croisière », à la grande satisfaction ce qu’il estime leur revenir, le Dʳ Fran- moment. La première étape, ce fut du Dʳ Pilet qui y conserve des activités çois Pilet est inspiré par des valeurs précisément son année sabbatique : de supervision. transmises au sein de sa famille dans « Cela m’a servi d’entraînement et ce le Pays-d’Enhaut. Né en 1951, fils, fut difficile. Certains de mes patients Enfin, histoire de s’en aller l’âme petit-fils, arrière-petit fils de forge- m’ont reproché de les avoir abandon- tranquille et le cœur léger, il s’est ron, artisans de génération en géné- nés. Avant cet exercice, je me sentais appliqué à trouver un médecin géné- ration, ce médecin n’a jamais oublié redevable tout le temps. J’étais, par raliste pour chacun de ses patients ses racines. Au point d’endosser une exemple, mal à l’aise de travailler au chroniques. Quitte, le cas échéant, certaine « culpabilité d’avoir été celui jardin un jour de semaine. » à faire lui-même les présentations. qui a rompu la chaîne, qui a trahi la « Parfois, il s’agissait simplement de loyauté familiale à l’artisanat de nos A l’époque, l’une de ses filles lui dire bonjour. » ancêtres. » rapporte même que des copains du village s’inquiètent de son absence. Le soin mis par le médecin à pré- LA VALEUR DE LA TRANSMISSION Or, ceux-ci n’avaient jamais mis les parer son départ n’est toutefois pas la Durant son enfance et son ado- pieds au cabinet : le médecin géné- règle. Trop de médecins généralistes raliste existe dans la tête des gens, se retrouvent en difficulté, à l’heure lescence, François Pilet a vu son père même chez ceux qui ne viennent ja- de la retraite : peine à trouver un suc- enseigner et transmettre son art à de cesseur, impossibilité de revendre nombreux apprentis. Un modèle qui le cabinet et ses installations. Dans aura guidé sa carrière à plus d’un titre un contexte où les jeunes médecins et qui a contribué à la réussite de son optent majoritairement pour une départ à la retraite : « J’ai toujours spécialisation, la relève ne va plus considéré que la médecine générale de soi et mieux vaut y réfléchir et l’assurer bien avant l’heure fatidique 36 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 MÉDECINS du départ. « Je connais des confrères la porte close de leur cabinet. « C’est seuls créateurs de civilisation, selon qui n’ont pas imaginé un seul ins- une forme de violence ! » estime le lui, entre les nobles qui ne fichaient tant qu’ils ne trouveraient pas un Dʳ Pilet. Dans le Chablais valaisan, pas grand-chose et des esclaves qui jeune confrère ou une consœur pour grâce à ses bons soins, pas de risque devaient se contenter d’exécuter. » remettre leur cabinet. » de croiser des patients en déshérence. Parmi les artisans, soucieux du bien Plus que jamais, le médecin de Vouvry commun, le poète grec citait les po- Parfois, dans la panique et sous peut méditer en paix l’ode de Homère tiers, les forgerons … et les médecins. le coup de la déception, des méde- à Héphaïstos, qui lui parle tant : « Il cins généralistes s’en vont sans autre faisait la louange de ces artisans,  NICOLAS VERDAN avis qu’une affichette, un matin, sur Assez de médecins en Suisse, mais trop peu de généralistes La Fédération des médecins suisses (FMH) compte tif et 40 % à se dire intéressés. 37 252 médecins enregistrés en 2018. Avec une popula- Sur les 1100 membres que compte l’association, environ tion en Suisse d’environ 8,5 millions d’habitants, cela 350 sont déjà installés dans un cabinet médical, les équivaut à un médecin pour 250 habitants, ce qui est autres étant encore étudiants ou médecins assistants. amplement suffisant selon des études de l’OCDE pré- Environ la moitié des membres ont participé à l’en- conisant qu’un médecin pour 1500 habitants suffirait. quête qui révèle que les jeunes médecins choisissent En revanche, parmi les médecins inscrits, 60 % sont majoritairement (plus de 70 %) des cabinets regrou- des spécialistes (donc un pour 400 habitants) et 40 % pant de deux à cinq médecins. Seuls 10 % des jeunes sont des généralistes (un pour 600 habitants). Et c’est médecins optent encore pour un cabinet individuel, un là que le bât blesse : la répartition devrait être exacte- modèle « en voie de disparition ». Il ressort encore de ment inversée. cette enquête que les jeunes praticiens travaillent gé- La relève chez les médecins généralistes serait tou- néralement à temps partiel et se répartissent de façon tefois en amélioration, même si l’objectif n’est pas homogène entre les agglomérations, les zones périur- encore atteint, selon une enquête de l’Association des baines et rurales. Plus de 40 % d’entre eux reprennent jeunes médecins (JHaS) de premier recours suisses un cabinet dans lequel ils ont travaillé en tant que présentée en avril dernier à Berne. En 2008, seuls 10 % médecins assistants, dans le cadre de programmes choisissaient la médecine de famille à la fin de leurs généralement financés par les cantons, à l’exception études ; en 2017, ils étaient 20 % à faire ce choix défini- du Tessin.N.V. www.generations-plus.ch 37

SANTÉ OCTOBRE 2019 Canal lombaire étroit, quand Lorsque le canal situé au centre de la colonne vertébrale se rétrécit, il entraîne une compression Heureusement, cela se soigne et la chirurgie n’est pas toujours nécessaire. Explications. A ssis, couché, tout va pour le il faut tout d’abord vérifier qu’elle n’est A la suite Marie-France Millasson et michaeljung mieux. Mais, dès qu’on se met pas d’origine vasculaire. Si le sang ir- d’une à marcher, la douleur se réveille rigue mal les muscles et les tendons, et entraîne une claudication aussi le patient souffre aussi de douleurs et opération, inesthétique qu’insupportable. Ce cas de fourmillements dans les jambes, fini les de figure est bien souvent la consé- que ce soit en marchant ou en restant quence d’un canal lombaire étroit ap- allongé. Quand l’origine du mal est douleurs pelé aussi « sténose lombaire ». neurogène, comme dans le cas d’une et retour sténose lombaire, le patient n’a en re- à une vie Elle concerne 30 % des patients de vanche aucun symptôme au repos. Et normale. plus de 60 ans, et environ 8 % d’entre en se penchant en avant, dans la posi- eux présentent des symptômes. tion dite « du caddie de supermarché », au patient ainsi que des séances de les douleurs diminuent. Cette posi- physiothérapie, poursuit le Dʳ Lauda- La colonne vertébrale est, comme tion permet une meilleure ouverture to. Cela peut parfois soulager pendant son nom l’indique, constituée de ver- plusieurs années. » L’activité physique tèbres au centre desquelles se trouve « La sténose lombaire ne doit, par ailleurs, pas être négligée. une cavité. C’est dans ce canal que peut rendre chaque Non seulement elle permet de renforcer passent les racines des nerfs. L’âge pas extrêmement la musculature, mais elle aide aussi à avançant, ce canal peut se rétrécir. douloureux» perdre un éventuel surpoids. Car, par- D’une part, l’arthrose peut l’entraver mi les éléments qui compriment encore et, d’autre part, le ligament jaune (pré- DR PIETRO ANIELLO LAUDATO davantage le canal lombaire, il y a le sent entre les lames vertébrales) peut gras excédentaire qui peut se déposer. s’épaissir. En découle une compression du canal, ce qui soulage le patient. A des racines nerveuses avec, pour consé- noter que, en cas de claudication neu- Lorsque le traitement conserva- quence, de fortes douleurs en mar- rogène, le patient ne ressent pas de teur ne suffit plus, la chirurgie peut chant, des fourmillements dans les douleur à vélo. » être proposée. Plusieurs techniques jambes et une sensation de faiblesse. plus ou moins invasives existent, elles Le périmètre de marche se réduit ainsi Malheureusement, rien ne permet cherchent toutes à réduire la com- progressivement. Les personnes qui d’éviter un canal lombaire étroit. Cer- pression neurologique. « On enlève le en souffrent finissent par connaître taines personnes dont le canal est petit par cœur l’emplacement de tous les à l’origine sont toutefois particulière- bancs du quartier. Ils font halte pour ment prédisposées. Par ailleurs, 20 % soulager la douleur, puis repartent de des hommes et des femmes ayant une plus belle sur la distance qu’ils sont sténose lombaire souffrent également en mesure de parcourir. Malheureu- d’un rétrécissement du canal cervical. sement, si aucun traitement n’est en- trepris, cette distance va être de plus INFILTRATIONS OU CHIRURGIE en plus courte. « La sténose lombaire Une fois la pathologie identifiée, il n’entraîne que très rarement de para- lysie des membres inférieurs, explique s’agit de traiter. « On commence par Pietro Aniello Laudato, médecin spé- proposer des infiltrations de cortisone cialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie à Hirslanden, Clinique Bois-Cerf et Clinique La Colline, cepen- dant elle peut rendre chaque pas extrê- mement douloureux, contraignant le patient à l’immobilité. » Avant d’entreprendre un traite- ment, le spécialiste doit s’assurer que c’est bien d’un rétrécissement du ca- nal lombaire dont souffre son patient : « Quand on constate une claudication, 38 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 SANTÉ marcher devient une torture des racines des nerfs. Conséquence : de fortes douleurs en marchant qui disparaissent au repos. ligament jaune et les excroissances crée dans le canal entraînant de nou- jours après l’opération sans aucun pro- osseuses qui compriment les racines veau une compression (ce qui nécessite blème. Les douleurs aux jambes dispa- des nerfs, précise le spécialiste. Neuf une opération en urgence) ; une désta- raissent rapidement après la chirurgie, patients sur dix n’ont plus de douleurs bilisation de la colonne (les vertèbres mais des douleurs dorsales peuvent après l’opération et peuvent reprendre glissent alors les unes sur les autres). toutefois subsister. » une activité physique normale. La Enfin, une perforation de la dure-mère chirurgie donne des très bons résul- est aussi possible. Cette membrane en- Le médecin recommande d’éviter tats chez les patients les plus âgés et toure le cerveau et la moelle épinière. le jardinage et les efforts physiques ceux qui ont des douleurs aux jambes Elle contient le liquide céphalorachi- lourds pendant le mois qui suit l’inter- très prononcées. » dien. « Lors d’une brèche durale, le vention, mais, ensuite, le patient peut liquide s’écoule et empêche la cicatri- reprendre une vie normale et appré- PAS DE JARDINAGE PENDANT UN MOIS ! sation postopératoire, explique Pietro cier encore le plaisir de se balader sans Comme pour toute chirurgie, des Aniello Laudato. Cela entraîne une in- courber l’échine ni boiter. « Un de mes fection qui peut dégénérer en ménin- patients âgé de 95 ans est retourné aux complications spécifiques existent. gite. Ces complications sont toutefois champignons, sans aucune gêne dans Parmi elles, les risques d’infections ; très rares et la plupart des patients les jambes, un mois après son opéra- le risque d’une hémorragie peropéra- opérés quittent la clinique trois à cinq tion », se réjouit Pietro Aniello Lauda- toire ; la possibilité qu’un hématome se to. YSEULT THÉRAULAZ www.generations-plus.ch 39

LONGÉVITÉ OCTOBRE 2019 En Suisse, l'espérance de vie A l’occasion de la Journée internationale de la personne âgée, le 1er octobre, il vaut la peine sont âgées de 60 ans et plus. Et elles seront 2 milliards en 2050 ! En cause, la démographie De fait, l’augmentation de la lon- nées de l’Organisation mondiale de la pauvres subsistent. Alors que la longévité gévité a connu un véritable bond, santé, elle s’établit aujourd’hui à 72 ans moyenne se situe à 84,2 ans au Japon ou depuis la fin de la Seconde Guerre pour les personnes nées en 2016. Reste à 83,2 ans en Suisse, elle stagne à 53 ans mondiale : 24 ans de plus ! Selon les don- que les inégalités entre pays riches et en Sierra Leone. SUISSE Espérance de vie 2016 2000 ÉTATS-UNIS Femmes 85,2 82,6 Espérance de vie 2016 2000 Femmes 81 79,5 Hommes 81,2 76,9 Hommes 76 74,2 Les femmes vivent moins longtemps dans Aux Etats-Unis, l’espérance de vie progresse les cantons de Uri et de Bâle-Ville (84,4 moins vite qu’ailleurs. Beaucoup d’Améri- ans) qu’au soleil du Tessin (86,3 ans). Chez cains mangent mal, bougent peu. Et le taux les hommes, le canton du Jura stagne à de suicide, chez les hommes notamment, est 79,9, alors que, à Genève, on peut espérer particulièrement élevé. atteindre 82,3 ans. EUROPE Espérance de vie 2016 2000 Femmes 80,8 76,7 Hommes 74,2 68,4 DES IMMORTELS OU PRESQUE Depuis le milieu du XXe siècle, la médecine a fait des miracles contre les maladies On les appelle les « zones bleues ». Un universitaire italien, infectieuses, d’abord contre les maladies Gianni Pes, et un démographe belge, Michel Poulain, sont à cardiovasculaires et les cancers, ensuite. l’origine de ce nom qui désigne des régions où les habitants vivent exceptionnellement longtemps, avec beaucoup de cente- AFRIQUE naires. Il s’agit des villages de montagne de la province sarde Espérance de vie 2016 2000 de Nuoro ; de l’île grecque d’Ikari ; de l’île japonaise d’Okinawa ; Femmes 62,7 52,1 de la péninsule de Nicoya, au Costa Rica ; de Loma Linda, en Hommes 59,6 49,6 Californie, communauté d’adventistes du Septième Jour. Ces populations vivent dans des régions ensoleillées et aérées. Les 29 pays dans le monde qui comptent une Elles mangent beaucoup de fruits et de légumes, peu de viande espérance de vie de 80 ans ou plus sont tous et de fromage. Certains consomment beaucoup de poisson. des pays à hauts revenus, alors que les 22 pays L’activité physique au-delà de 80 ans, sans stress, avec des liens avec une espérance de vie de moins de 60 ans familiaux et sociaux étroits fait le reste. se situent tous en Afrique sub-saharienne. Mais, au fil du temps, l’arrivée de fast-foods, notamment au Japon, laminent cependant ces paradis réduisant l’espérance de vie surtout chez les hommes. Quant à la Crète, il faut relati- viser sa réputation de championne de l’espérance de vie, élevée certes, mais pas hors du commun, et de son régime alimentaire. C’est surtout une population montagnarde de la région de Mylo- potamos, au nord de l’île, qui vivrait très vieille en bonne santé. Des recherches récentes attribuent leur longévité à un excellent patrimoine génétique. A l’abri des maladies cardiovasculaires, ces bienheureux consomment par ailleurs beaucoup de viande et de graisses animales à la base du régime crétois. 40 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 LONGÉVITÉ a grimpé à 83,2 ans ! de faire un arrêt sur photo. En 2019, plus de 700 millions de personnes dans le monde et la progression incessante de l’espérance de vie. L’avenir ? Les projections indiquent et il importe, plus que jamais, d’accorder sormais traitées sur un pied d’égalité. Il une forte progression de personnes âgées de l’attention aux besoins spécifiques des conviendra également de faire changer en Asie et en Afrique. A terme, 20 % de la aînés. Et l’organisation de plaider pour les discours négatifs envers les aînés et population mondiale aura plus de 60 ans que toutes les tranches d’âge soient dé- de mettre fin aux stéréotypes à leur égard. MARCO DANESI RUSSIE Espérance de vie 2016 2000 Femmes 77,2 72 Hommes 74,4 58,7 Les femmes vivent 11 ans de plus que les hommes, ce qui constitue le plus grand écart du monde. L’abus d’alcool, de drogues et de tabac fait des ravages. INDE CHINE Espérance de vie 2016 2000 Espérance de vie 2016 2000 Femmes 70,3 53,4 Femmes 77,9 73,7 Hommes 67,4 53,6 Hommes 75 70,7 L’Inde, 18 % de la population de la planète, A Hong Kong, on vit plus longtemps qu’ailleurs suffoque et son espérance de vie en pâtit. en Chine: 87,3 ans pour les femmes et 81,3 ans Les maladies et les décès prématurés dus à pour les hommes. L’ancienne colonie rétrocé- la pollution de l’air frappent plus qu’ailleurs dée à la Chine en 1997 bénéficie toujours de dans le monde. son héritage britannique. www.generations-plus.ch 41

EN BREF OCTOBRE 2019 LA SANTÉ EN BREF 37 % Insomnies Le bon vieux Cancer Du poisson, du poisson et LE POURCENTAGE bain chaud encore du poisson D’AMÉRICAINS Allez, dans la série C’est bon pour la santé. Donc on ne cesse de vous conseiller ici et QUI MANGENT AU des recettes pour un là de manger du poisson. Oui, mais combien ? Portant sur un demi- FAST-FOOD TOUS sommeil apaisé, un million d’Européens, une bon vieux truc. A sa- étude internationale est en LES JOURS. voir prendre un bain mesure de vous répondre chaud, eau entre en ce qui concerne le can- 40 et 42,5 degrés, cer colorectal. Pour faire une heure et demie diminuer de 12 % le risque, avant de se coucher. il faut en mettre chaque Une nouvelle étude semaine trois fois dans son montre que cela assiette. C’est le poisson- facilite effectivement nier qui va être content ! l’endormissement d’environ 10 minutes et améliore la qua- lité de votre nuit. Scorbut Il se rapproche de la Suisse Après les Etats-Unis, c’est au tour de « la peste des marins », cette maladie par une carence en vitamine C. Les populations touchées, chez nous, sont la France. Des médecins niçois ont potentiellement grave était considé- souvent marginalisées : toxicomanie, solitude, pauvreté. observé trois cas de scorbut chez rée comme disparue sous nos lati- leurs patients. Longtemps appelée tudes. Pour rappel, elle est provoquée Lors de pertes de mémoire et de diminution de la concentration 1x par jour Ceci est un médicament autorisé. Lisez la notice d’emballage.

OCTOBRE 2019 Ménopause Des insomnies dues au diabète ? On le sait. Parmi les nombreux effets indésirables de la ménopause, se trouvent les insomnies. Et cela pourrait être pire pour les femmes atteintes de diabète de type 2. C’est ce que révèle une récente étude américaine publiée dans le journal Menopause de la North American Menopause Society. Par ailleurs, rappelons que les femmes ménopau- sées seraient plus exposées au risque de diabète. Hygiène Les mêmes sous- Multitâches Pour limiter les désagréments liés au SCC* vêtements plusieurs jours Les femmes ne et prévenir l’apparition des douleurs, sont pas meil- adoptez les solutions EPITACT® ! Ils ne sont sans doute pas les seuls. leures Reste que presque la moitié des Améri- 43 cains reconnaissent garder leurs sous- La vérité est rétablie. vêtements plus de deux jours d’affilée, Contrairement à ce selon un sondage. Pire, 13 % avouent que dit la croyance aussi conserver les mêmes pendant plus populaire, les femmes d’une semaine ou plus ! L’enquête ne ne manieraient pas l’art dit pas si, pendant ce laps de temps, du « multitasking » (la ils s’adonnent à des activités sportives capacité à réaliser plu- qui favorisent la transpiration et les sieurs tâches en même odeurs corporelles ... Rappelons toutefois temps) mieux que les l’importance de conserver des sous- hommes. Une étude vêtements propres pour éviter qu’ils ne allemande vient de le deviennent des terrains propices au montrer : au niveau développement des micro-organismes polyvalence, c’est l’éga- comme les champignons. lité des sexes. Epanouissement Le bonheur vient en dînant La recette du bonheur à deux ? Simple comme bonjour, selon des scientifiques an- glais. Il suffirait de manger ensemble pour avoir une relation épanouie. Les données de 46 000 couples ont été étudiées et le résultat est effecti- vement sans appel : 67 % des duos partageant leur repas seraient au top du bonheur. L’étude ne dit rien, en revanche, sur la qualité des plats et les talents de cordon- bleu du ou de la cuisinière. Extreme Media et kajakiki Homéopathie Pilules à l’extrait de mur de Berlin ! Non, ce n’est pas le 1er avril. Un laboratoire britannique commercialise bien des pilules à base de mur de Berlin ! Elles seraient conseillées pour prévenir l’asthme, la dépression et des troubles relationnels. A noter que ladite entreprise fournit en gélules la reine Elisabeth et le prince Charles. Comment est fabriqué ce médicament « miracle » ? Tout simplement en diluant des morceaux de mur mélangés à du lactose. Vous êtes scep- tiques ? Nous aussi. www.generations-plus.ch

SANTÉ OCTOBRE 2019 Une vie qui bascule Après un accident qui la laisse handicapée, Nicole von Kaenel abandonne le monde des relations publiques pour l’écriture. Comment rebondir quand le malheur vous frappe ? C’est son histoire. C’est aussi le thème d’une série de conférences qu’elle donnera à la suite de la publication de son livre Aidants aidés, destins croisés. Elle dit : « J’ai mal au dos en per- ment le sol et s’effondre, inanimée. une équipe et à rencontrer quantité manence. Seule la morphine Heureusement présent, son fils Tho- d’artistes, se retrouve coincée dans me soulage quand la douleur mas appelle l’ambulance. Le bilan son appartement de Cugy (VD), dans devient insupportable. » Elle ajoute : est lourd : coma, vertèbres fracturées l’incapacité de faire les gestes les plus « Mais je ne veux pas qu’on me ainsi qu’une paralysie partielle qui la simples. « J’ai eu la chance d’être bien plaigne ! » Que Nicole von Kaenel se prive de mobilité pendant deux ans. entourée par mon compagnon et mon rassure. Ce n’est pas de la pitié qu’on fils. Thomas, qui n’avait que 15 ans à éprouve en entendant son histoire, PAS À PAS l’époque, a appris à cuisiner. Il s’ins- mais un sentiment d’admiration. Il Une vie derrière soi, et une autre tallait à côté de mon lit pour noter est difficile de dire adieu à une belle des recettes et il préparait les repas. » carrière professionnelle et de recom- vie qui s’ouvre, douloureuse, dif- Grâce à la physiothérapie, Nicole mencer de zéro, piégée dans un corps ficile. Solitaire aussi: cette femme von Kaenel retrouve l’usage de ses qui ne peut plus, comme autrefois, d’action habituée à bouger, à gérer jambes. Pas à pas, elle réapprivoise « courir toute la journée ». Alors, elle l’espace. Mais la douleur, elle, per- ne court plus, mais elle marche. «Parfois, il m’arrive siste. « Je me suis rendue au Festival Dans la nature, 10 à 15 kilomètres par encore d’être triste, et en de Bayreuth avec Thomas, qui adore jour, un exercice indispensable pour colère. Je reste fragile » Wagner. Pour tenir le coup, j’ai dû fortifier tous les muscles qui aident à faire le voyage en plusieurs étapes, soutenir sa colonne vertébrale. NICOLE VON KAENEL, AUTEURE et en train, car il m’est impossible de prendre l’avion. Certains jours, LA CHUTE je suis incapable de me lever, confie- En 2013, la carrière de Nicole est t-elle. Parfois, il m’arrive encore d’être triste, en colère. Je reste fragile. » en plein essor. L’agence de relations publiques qu’elle a créée multiplie NOUVEAU DÉPART les mandats, essentiellement dans Mais pour Nicole, 57 ans, pas le domaine culturel. Mais, sur le plan familial, les épreuves se suc- question de baisser les bras. A l’AI à cèdent : « Mon père nous avait caché moins de 50 %, elle effectue des tra- la rechute d’un cancer qui s’était vaux rédactionnels pour améliorer métastasé. Et, quand nous l’avons ses fins de mois et décide de donner appris, il se trouvait déjà en phase une nouvelle orientation à sa vie pro- terminale. Il est décédé peu de temps fessionnelle. Elle s’attelle pendant après. Puis, ma mère a perdu pied, deux ans à la réalisation d’un livre elle a développé la maladie d’Alzhei- émouvant* dans lequel elle donne mer, ce qui a nécessité son place- la parole à des familles confrontées ment en colocation. L’été qui a suivi, à la maladie d’un proche. Bien pla- je suis partie en vacances avec mon cée pour comprendre les difficultés compagnon et mon fils. Je pouvais d’une existence marquée par un han- enfin décompresser, reprendre une dicap, elle les rencontre à de nom- vie normale. Cela n’a pas duré long- breuses reprises, dans les moments temps. Peu après notre retour, ma heureux comme dans la peine. Les vie a basculé. » témoignages mettent en lumière des situations fréquentes, mais qui sont C’est l’accident, l’accident bête. vécues le plus souvent dans la discré- Pressée par le temps pour se rendre tion, au sein du cocon familial. Au- à un rendez-vous à la Radio, Nicole delà du drame se dessinent l’amour, prend une douche en vitesse, glisse la solidarité et l’espoir. Dans sa pré- sur le sol savonneux, heurte violem- 44 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

OCTOBRE 2019 Les photos de Sarah Carp illustrent le livre de Nicole von Kaenel sur l’impact du handicap au sein des familles. Ici, un moment d’intimité entre Vincent et son fils Julien, handicapé moteur cérébral. face, Nicole von Kaenel écrit : « Ce t-il de regretter son activité dans le développer en préparant son livre. livre m’a grandie en me rappelant domaine des relations publiques ? que, sans le lien, on n’est rien. » « Un peu, parfois. Mais, aujourd’hui, Elle ne s’arrêtera pas là et songe déjà elle me paraît futile. La plupart des Celle qui avait autrefois l’habitude artistes ne s’intéressent qu’à leur au prochain. Ce ne sont pas les idées de côtoyer des personnalités célèbres propre personne. Ils parlent d’eux, du milieu artistique est passée du feu s’attendent à ce qu’on les écoute, et qui manquent … MARLYSE TSCHUI des projecteurs au monde de l’intério- ne s’intéressent pas vraiment aux rité, développant sa sensibilité et sa autres. » L’écoute, c’est encore une Aidants aidés, capacité d’empathie. Son regard sur qualité que Nicole a eu l’occasion de destins croisés, la société s’est modifié. Lui arrive- Editions Belles Pages 5 conférences sur le thème « Aidants, aidés » DR et Sarah Carp Lundi 14 octobre 17 h 30, le Péristyle, à Neuchâtel, vernissage de l’exposition, conférence avec Diane Dessouka. 19 h, Association Proches aidants Valais, Châbles, Salle communale, Mercredi 23 octobre conférence et témoignage de Diane Dessouka. 18 h, Hôpitaux universitaires de Genève, Auditoire Jenny, vernissage de l’exposition, discussion autour du thème des proches aidants, Mercredi 30 octobre avec Mauro Poggia, et les témoignages de Sara Dragone et Danya Stasuis. 17 h 30, les CMS de la région lausannoise, place du Petit-Mont 6, Le Mont-sur-Lausanne, conférence avec le témoignage de Anna Gambele. 18 h, Espace Proche, Pépinet 1, Lausanne, conférence et témoignages. Jeudi 31 octobre Mercredi 6 novembre Retrouvez toutes les informations utiles sur www.destinscroises.net www.generations-plus.ch 45

SEXO OCTOBRE 2019 Le polyamour repense nos ma- nières d’être en relation et d’aimer En discutant avec l’une de mes nièces, celle-ci m’a confié être devenue « polyamoureuse ». N’est-ce pas de l’infidélité programmée ? Je ne comprends pas comment on peut accepter cela. MARC, 73 ANS Romy Siegrist souhaitent certaines personnes. Ces valeurs peuvent Psychologue FSP, sexologue — Centre SexopraxiS être génératrices de souffrance, notamment à cause de l’illusion de devoir ou de pouvoir combler l’autre entièrement, mais aussi lors des possibles infidélités. Sur ce dernier point, mieux vaut être polyamoureux que malpoli amoureux, car souvent le mensonge blesse plus que l’acte lui-même … I l est en effet souvent difficile de comprendre des LE TEMPS EST BON, LE CIEL EST BLEU pratiques relationnelles qui sont si peu représen- J’AI DEUX AMIS QUI SONT AUSSI MES AMOUREUX tées dans les médias ou qui le sont de manière stig- Des exemples de couples à trois ou de couples où matisée et stigmatisante (« des accros au sexe fuyant chacun entretient également une autre relation, sont l’engagement ») ou, au contraire, relativement courants. Mais ils idéalisée (« tout le monde est sont loin d’être la norme, et il facilement libre et heureux »), « Simone de Beauvoir et existe une diversité de formes donnant une image erronée de Sarte partageaient un relationnelles, puisque chaque ce qu’elles sont ou peuvent être. personne a ses propres besoins Souvent confondue avec de la et ses limites: comme le bien- polygamie (plusieurs mariages contrat de polyfidélité » être de chacun est au centre des possibles pour l’homme ou la préoccupations des personnes femme), le pluriamour ou la « poly », les consensus sont di- polyamorie est le fait de pouvoir vers et régulièrement rediscu- vivre plusieurs relations senti- tés. Qu’attendons-nous d’une mentales et/ou sexuelles en même temps, avec toutes relation? Quels sont nos besoins Que nous faut-il les personnes au courant et consentantes. Cela se base pour prendre soin de ceux-ci ? Comme la jalousie vien- notamment sur des principes de liberté, d’égalité, drait notamment du fait de se sentir « en manque », d’honnêteté et de respect de l’autre. Ce qui demande il est donc important de se poser ces questions, afin beaucoup de communication et de connaissance de soi ! de pouvoir, en même temps, éprouver de la comper- sion — c’est-à-dire se réjouir du bonheur de l’autre. UN MODÈLE EN EXPANSION Bien entendu, si l’amour est infini, le temps et l’éner- Si l’on peut penser que cette éthique relationnelle gie ne le sont pas: il est donc complexe d’investir de a pris forme dans les mouvements de  révolution nombreuses relations en même temps. Certaines per- sexuelle » post-mai 68, nous pouvons cependant trou- sonnes préfèrent les hiérarchiser, avec une principale ver quelques écrits dès le XIXe siècle, surtout dans les et des secondaires — ce qui est souvent le cas si un milieux philosophiques, marxistes et/ou féministes. couple « traditionnel » devient « poly ». Quoi qu’il en Souvenons-nous, par exemple, de Beauvoir et de soit, la plus grande embûche à vivre heureux dans ces Sartre, qui partageaient un contrat de « polyfidélité ». modes relationnels n’est pas tant ce qu’ils impliquent Il n’empêche que ce modèle d’éthique relationnelle comme discussion, mais bien le jugement social et le gagne en puissance depuis une vingtaine d’années. Et regard des autres …sexopraxis.ch pourquoi ? Parce que le modèle monogame, prôné par notre culture judéo-chrétienne, véhicule entre autres Pour aller plus loin : des valeurs d’amour unique, d’appartenance à l’autre, Le nouveau guide des amours plurielles, Françoise Simpère de possessivité et d’exclusivités sexuelle et sentimen- (2019) tale. Or, cela ne correspond pas à ce que ressentent ou La salope éthique, Dossie Easton & Janet W. Hardy (1997/2013) 46 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h

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CHRONIQUE OCTOBRE 2019 A cœur ouvert la Fête de Pâques, pensait qu’il s’agissait de la fête du lapin ! par Rosette Poletti Tout cela, c’est notre réalité ! Mais on peut la chan- Célébrer la vie ger ! Et retrouver des occasions ainsi que des moyens personnalisés de célébrer la vie et les événements. « Le temps passe trop vite. » « J’arrive à la re- traite et je n’ai rien vu passer ! » Qui n’a pas Chacun peut créer des rituels personnels dans sa prononcé ou entendu de telles phrases ? Oui, journée, instaurer des rituels familiaux à des dates la vie passe vite, et nous sommes tellement occupés ! précises : repas en commun aux dates anniversaires; John Lennon écrivait : « La vie, c’est ce qui vous arrive excursions à un endroit donné en famille, un jour par pendant que vous êtes occupé à faire d’autres projets. » année; réunion de tous les petits-enfants pour une soirée crêpes à la Chandeleur; repas-récit pour remer- Il arrive aussi que, pour certaines personnes, la vie cier les personnes décédées (chacun raconte le meilleur apparaisse monotone, difficile. souvenir) ; célébration de réussites, de retour d’une per- sonne qui a passé du temps à l’étranger, de retour de Les anthropologues qui s’intéressent à ces sujets l’hôpital. Il y a tant de choses à célébrer. Lorsqu’on le expliquent que ce qui nous manque de plus en plus, ce fait, la vie semble plus riche et plus belle. sont les rituels. Trop rigides, ceux qui existaient dans notre société ont été abandonnés peu à peu! Les rituels Ces célébrations peuvent être très simples, le plus du baptême, du passage à l’âge adulte, du mariage, de important, c’est d’être ensemble, de partager (même la retraite, du deuil, ne sont plus ce qu’ils étaient et, un plat de spaghettis!), de prendre conscience que la parfois, supprimés. vie passe et que, l’an prochain, ceux qui sont vivants aujourd’hui pourraient ne pas l’être. Les rituels liés aux différents moments de l’année n’ont plus cours : la Chandeleur, les équinoxes, les fêtes des récoltes, des vendanges, tout cela nous devient étranger ou, alors, surtout « commercial ». Les fêtes religieuses ont perdu leur sens pour beau- coup. Un jeune à qui l’on demandait ce que signifiait DEVENEZ BÉNÉVOLE POUR S’INSCRIRE PARTAGE.CH/ENGAGEMENT 078 692 90 80 22-23 NOVEMBRE 2019 en collaboration avec Espace Entreprise, plus de 100 supermarchés,1000 bénévoles

OCTOBRE 2019 RETRAITE 52 Continuer à travailler DEUIL pour une pension décente ? Quand internet bouleverse notre expérience de la mort PRO SENECTUTE 54 Les domaine où les seniors se sentent discriminés. HÉRITAGE 56 Accepter ou répudier, telle est la question. MALWARES 60 Tour d’horizon des virus les plus répandus. Face à la tragédie engendrée par la disparition d’un proche, les familles doivent maintenant composer avec le numérique. Comment se prémunir contre les réseaux sociaux où certains annoncent notamment un décès avant les parents ? Dans notre société hyperconnec- tée, c’est désormais la guerre. recherche en cybersécurité à l’Uni- l’annonce du décès de son mari, avant Celle de l’attention : « Chacun versité de Lausanne. Et elle a raison. qu’elle n’ait eu le temps de le faire, et Reste que cette course à l’attention sans son consentement (lire encadré) ! se sent habilité à communiquer sur peut faire des dégâts, surtout dans Se faire doubler de la sorte est Denis Kormann tout et n’importe quoi, dans une sorte le domaine très émotionnel du deuil. récent. Jusque-là, pour annoncer le de course sans limites pour être le pre- Sylvie, une mère de famille, l’a vécu à décès d’un proche, le rituel était très mier à poster, à susciter l’attention. » ses dépens. Une de ses connaissance codifié. La famille avait la haute main Solange Ghernaouti est directrice de a posté sur le réseau social Facebook sur la publication du faire-part >>> www.generations-plus.ch 49

DEUIL OCTOBRE 2019 et l’organisation des obsèques, dans venirs. C’est une manière de créer son que vivants, selon une étude de l’Ox- un cérémonial prévu pour faire face rapport au défunt », explique la socio- ford Internet Institute, s’il continue à la violence de la perte et maintenir logue du numérique Hélène Bourde- à croître comme aujourd’hui. « On se une forme de présence chaleureuse de zombifie, résume le spécialiste. Vous la personne décédée. « Avec le numérique, décédez, mais votre empreinte numé- certains ne respectent rique, elle, continue d’exister. » Mais le numérique a fait voler plus les règles y compris en éclats cette mécanique finement Ainsi, le numérique bouscule rodée. Question de génération (on de bienséance » notre expérience du deuil, parce qu’il lit de moins en moins les avis mor- perturbe cette séparation entre les tuaires dans la presse), d’éclatement SOLANGE GHERNAOUTI, CHERCHEUSE morts et les vivants : « Une mère dont géographique des familles, mais le profil de sa fille était resté actif aussi d’évolution des pratiques funé- loie, maître de conférence à l’Univer- sur Facebook n’arrivait pas à faire raires. C’est désormais toujours plus sité Paris 13. son deuil, raconte Stéphane Koch. sur les sites d’hommages on line, les Elle a dû s’approcher du réseau social réseaux sociaux et les messageries ON SE ZOMBIFIE pour supprimer le compte. » En pos- que l’on échange autour de la dispa- En parallèle, Facebook, avec ses 2,41 tant, autrement dit en mettant un rition d’un proche. Principalement commentaire sur le compte d’une sur Facebook, Instagram, Twitter, milliards d’utilisateurs, devient un personne disparue, explique Hélène LinkedIn, mais aussi WhatsApp et gigantesque cimetière digital. C’est le Bourdeloie, les internautes font agir Messenger. plus utilisé pour communiquer un dé- l’identité du défunt qui, du coup, cès, selon Stéphane Koch, et il compte- continue de vivre, numériquement Pour le Genevois Stéphane Koch, ra dans 50 ans plus d’utilisateurs morts et socialement. Pas toujours évident spécialiste des questions numériques, pour les proches. Et qui n’a pas déjà « les gens déposent des mots comme reçu une notification pour l’anniver- on dépose des fleurs sur la tombe». saire d’un ami, alors que celui-ci est Cela, alors qu’on incinère désormais décédé, mais que Facebook n’en a pas 90 % des défunts, les «vraies» tombes, été informé ? La mort fait irruption elles, se font toujours plus rares, sou- dans notre quotidien, sans qu’on y ligne Edmond Pittet, directeur des soit forcément préparé. Pompes Funèbres à Lausanne. Et, «faute de tombe réelle, on se recueille Avec le numérique, constate So- sur la tombe virtuelle d’un proche, où lange Ghernaouti, « certains ne res- l’on dialogue avec l’image et les sou- pectent plus les règles y compris de « Je n’avais plus aucun contrôle sur mon Sans qu'elle le sache, la mort de son mari est diffusée sur Facebook. Stupeur et colère. Sylvie n’oubliera jamais ce jour de juin 2018. A la suite tard, soupire-t-elle, parce qu’il l’avait publié d’un accident vasculaire cérébral, son mari vient de sur une page sportive qui compte 2500 passer une semaine dans le coma. Sept jours vécus abonnés ... » Le mal était fait. entre l’espoir et la peur de le perdre. Et puis, c’est la fin. Dans la cuisine, l’air embaume le Les machines viennent d’être débranchées. café. Attablée à son côté, sa fille Dévastée, cette mère de famille prend son téléphone Elyse, 16 ans et demi, regarde par la portable pour annoncer le décès à ses proches lorsqu’il fenêtre. Et fait soudain volte-face : commence à crépiter. Incrédule, elle file alors sur Face- « On n’a même pas eu le temps de book. Et là, c’est la stupeur : « Il y avait déjà des cen- digérer sa mort que les gens l’ap- taines de vœux de condoléances de la part de gens que prenaient, et même pas de notre je ne connaissais que de loin, ou pas du tout ! C’est as- bouche, lance-t-elle. Comment sez terrifiant, avoue-t-elle, je n’avais plus aucun contrôle quelqu’un ose se faire le porte-pa- sur ma propre intimité et mes propres ressentis. » role d’une chose qui ne le concerne pas. C’est n’importe quoi ! » Trop tard ! A la stupeur, se rajoute la colère. Mais Sylvie se ressaisit, Colère et rancœur identifie l’auteur du post et lui demande de le retirer. Beaucoup ne savaient pas ce qui s’était Une demi-heure s’est écoulée. « Mais c’était déjà trop passé. Et, dans la surenchère, pour se distin- 50 w w w. g e n e r a t i o n s - p l u s . c h