UNE PUBLICATION D’AGEFI SA BEAUTÉ LA CRÈME DE LA CRÈME MUSIQUE TOUT SCHUSS À LA MONTAGNE! MODE LES PÉPITES D’ICI STAR DIANE KRUGER, L’ANGE TÉMÉRAIRE ÉVASION ET SI ON RESTAIT EN SUISSE? MONTRES NOS CHOUCHOUS Suaismse,omoun r Luxe, mode, horlogerie, culture & beauté, nos must-have! NOS SIGNATURES: SOPHIE GUILLON, JULIEN FAVREAU, ALEXIS GEORGACOPOULOS, FRÉDÉRIC MAIRE, HERVÉ LOICHEMOL, BENOÎT VIOLIER, BERNARD PICHON, ROMAIN GOMIS, ÉLIE BERNHEIM & DAVID PÉREZ 136
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ÉDITO Par Lucie Notari, rédactrice en chef L’art de la vanité fronce les sourcils et me questionne © DENIS HAYOUN (une interrogation très suisse, vous Lorsqu’il a fallu plancher sur les thématiques de cette nouvelle allez voir). N’est-cepas un peu chau- année de Profil, l’idée de réaliser une édition «Swiss made» nous vin et narcissique de réaliser une a semblé une évidence. Alors, je vous l’accorde, ce n’est pas une édition consacrée presque exclusi- idée follement novatrice, mais j’ai été totalement séduite. Avez- vement (j’ai dit presque!) à nous? vous déjà remarqué le nombre incalculable de domaines dans Car parmi nos qualités, nous en pos- lesquels nous excellons (sans vantardise aucune)? sédons une grande, non négligeable: Il y a la gastronomie, avec un nombre impressionnant de lieux l’humilité. Rares sont les instants de notés et étoilés, mais également le rayonnement de nos vignobles vantardise pour montrer les mille et d’exception, sans parler de notre excellent chocolat – impossible un atouts que nous cachons de par d’y échapper. Il y a bien évidemment l’horlogerie. La renommée nos montagnes. La Suisse est très de la précision et de la technicité de chacun de nos garde-temps. discrète dit-on souvent (sauf lorsque des évènements écono- La culture aussi, avec des établissements rayonnants par-delà miques sont sur le devant de la scène, mais ça, c’est une autre nos frontières… Et ce n’est pas fini, nous n’avons pas encore cité histoire). Regardez l’Italie: on parle sans cesse de sa gastrono- les arts créatifs: le graphisme, le design ou encore la mode. Ce mie et de son architecture, un véritable musée à ciel ouvert. La dernier secteur, encore timide il y a un peu plus d’une dizaine France avec sa mode, ses tables et ses paysages à couper le souffle. d’années, a pris un envol intéressant et esquisse désormais une Oui, les Suisses sont décidément trop timides (enfin, si on ne silhouette définie d’un style très helvète. Bien évidemment, j’en compte pas Nabilla…) et il est temps de montrer nos talents! Ce oublie (beauté, pharma, banque). Tous ces domaines réunis Profil est fait pour ça. Il réunit des paysages d’exception, des font passer ma page blanche de départ pour un très artistique créateurs de talent et des adresses immanquables. Moi, fière? brouillon d’idées illisibles (NB: penser à m’acheter un stylo local Indéniablement, de pouvoir être le relais de petites pépites pour rédiger mes idées plus proprement). Un si petit pays avec suisses pour nos lecteurs et lectrices. tant d’envies créatives, ça fait rêver. Et puis je pose mon crayon, Hop Suisse! LES TROIS Parcours gourmand au IDNUCMONATGOURNABLES Work in progress, le shooting féminin, l’article qui met en avant les nouveaux prodiges mode au féminin composé féminins des cuisines et des exclusivement de vêtements caves romandes. L’épingleur épinglé, interview décalée réalisée et d’accessoires d’ici. avec l’un des compères de «26 minutes», Vincent Veillon.© RTS/CHRISTIN PHILIPPE p.18 p.46 p.100 © DENIS HAYOUN © LENAKA UNE PUBLICATION D’AGEFI SA BEAUTÉ Mylène de Square Agency est photographiée par Denis Hayoun. Elle est coiffée par Quentin Lafforgue du Bal des Créateurs à Genève pour L’Oréal Paris. Elle est maquillée par Danielle LA CRÈME DE Savino pour L’Oréal Paris avec STUDIO SECRETS, Base lissante resurfaçante Le teint Perfect Match N2, vanille Le Blush 165 Rose bonne mine, Lumimagique-Stylo touche de lumière LA CRÈME No 3 et Le sourcil avec crayon Color riche le sourcil No 303 Brow Artist Plumper light/medium. Sur les yeux, elle porte Color Riche l’ombre pure Nude 206, Color riche smoky 302, Super MUSIQUE Liner Perfect Slim, Mascara Volume Million Lashes So Couture. Sur les lèvres Rouge Extraordinaire 601 Nude Ballet. Mylène porte Bague Phoenix, the scarlet constellation en laiton TOUT SCHUSS À plaqué or pâle, Baies d’Erelle, Fr. 149.-. Bague articulée Phoenix, the scarlet constellation en laiton plaqué or pâle, Baies d’Erelle, Fr. 219.-. Boucles d’oreilles en labradorite, Lylan, LA MONTAGNE! Fr. 135.-. Robe If I die today, please call me tomorrow en cuir, faite en franges multicouleurs découpées et teintes à la main, de Magdalena Brozda/HEAD MODE LES PÉPITES D’ICI STAR DIANE KRUGER, L’ANGE TÉMÉRAIRE ÉVASION ET SI ON RESTAIT EN SUISSE? MONTRES NOS CHOUCHOUS Suaismse,omoun r Luxe, mode, horlogerie, culture & beauté, nos must-have! NOS SIGNATURES: SOPHIE GUILLON, JULIEN FAVREAU, ALEXIS GEORGACOPOULOS, FRÉDÉRIC MAIRE, HERVÉ LOICHEMOL, BENOÎT VIOLIER, BERNARD PICHON, ROMAIN GOMIS, ÉLIE BERNHEIM & DAVID PÉREZ 136 3 Profil 136
SOMMAIRE p.28 L’allure CULTURE signée Kruger© JAEGER-LECOULTRE L’agenda culturel, p.26 • Billet: le coup de projo de Frédéric Maire, p.27 • L’allure signée Kruger, p.28 • Ces héros qu’on abat, p.30 • Billet: les petits pas de danse de Julien Favreau, p.31 •Spectacles,expos,etc...,p.32•Billet:leleverderideaud’HervéLoichemol,p.33•Musique,çaswingueenaltitude,p.34•Billet:parolesdemélomanedeRomain Gomis, p.35 • Littérature, de sang-froid, p.36 • Le cercle littéraire des amateurs de beaux recueils, p.38 • L’art et l’architecture vaudois selon Nicolas Delaroche, p.39 • Les trois vies de Nathalie Herschdorfer, p.42 INTRO Edito, p.3 • Courrier des lecteurs, p.6 • Fashion contributors, p.8 • Accessoires mais indispensables, p.10 • Masterpiece, p.12 • Le cliché, p.14 Héritage, p.16 • Places to be, p.17 • L’épingleur épinglé, p.18 SOCIÉTÉ Génération Y, conso, boulot, perso, p.20 • Job, vers quels secteurs s’orienter en 2015?, p.22 • Blog buzzeur, p.24 MODE Falling in love, p.44 • Billet: les envies mode de David Pérez, p.45 • Shooting: Work in Progress, p.46 • Walter Steiger, le chausseur sachant chausser, p.56 Profil 136 4
DESIGNp.88 © PATRICE SCHREYER Jorge Cañete ou l’espace poétiqueArchi Design, p.84 • Billet: les coups de cœur design d’Alexis Georgacopoulos, p.85 • Vitrine: Swiss Design , p.86 • Jorge Cañete ou l’espace poétique, p.88MONTRES - BIJOUX Tendances brillantes, p.60 • Billet: Flairs horlogers d’Elie Bernheim, p.61 • Vitrine, le bonheur est dans le bijou, p.62 Scintillement ultime, p.64 • Shooting: Bubble watches, p.66 • Vitrine: revival, p.76BEAUTÉ Beauté en rafale, p.78 • Billet: les carnets de beauté de Sophie Guillon, p.79 • La crème de la crème, p.80 L’eyeliner ou l’art du trait, p.82ART DE VIVRE Billet: Le nez de Thibaut Panas, p.95 • Pierre Keller, entre vins et promotions, p.96 • La recette de Benoît Violier, p.98 Parcours gourmand au féminin, p.100 • Une Suisse à dormir debout, p.102 • Gstaad, le charme de la montagne, p.104 Insta style, p.107 • Adresses, p.112 5 Profil 136
DECSÉOLNCUEORCRIUVTRSEEI!EZURRS, …Et gagnez... Un stylo-plume « Ambition OpArt Black Sand » de chez Faber-Castell d’une valeur de Fr. 85.-Cher Profil,Quelle fin d’année! Malgré une météo clémente, tu nous as donné envie de faire du cocooning à la maison en lisant ce beau numéro du moisde décembre. Les shootings sont somptueux ! Une belle réussite. Tu nous as propulsés à vitesse grand V vers les fêtes de fin d’année. Mercipour tes idées shopping ;-). Grâce à toi nous avons voyagé à travers la mode, en découvrant notamment les secrets d’un grand couturier. Tunous as aussi fait découvrir les nouveaux trends du marché de l’art et bien plus… Nous sommes impatients de lire tes nouvelles parutions !Michelle Saydan, Lausanne Modèle Ambition OpArt Black Sand d’une valeur de Fr. 85.- de la marque Faber-Castell © FABER-CASTELLQue de chemin parcouru depuis 1761 et la création de la mythique firme Faber-Castell. La marque nous propose, avec son nouveaustylo-plume «Ambition OpArt Black Sand, un hommage à l’art optique, ce mouvement des années 1960 qui exploite la fragilité del’œil à travers des illusions ou des jeux optiques. Avec cette teinte sable qui lui donne une élégance particulière et sa plume en acierinoxydable, cette création est le parfait allié pour vous inspirer lors de vos écrits!Le mois prochain, écrivez-nous à [email protected] pour remporter une montre signée de la marque Boss Watches, d’une valeur de Fr. 465.- Nos coups de cœur, vos envies & des concours, suivez Profil sur Facebook: www.facebook.com/profilmagÉDITEUR AGEFI SA DIRECTION CEO OLIVIER BLOCH, [email protected] RÉDACTRICE EN CHEF LUCIE NOTARI, [email protected] JOURNALISTE DANNY BAUMANN, [email protected] ADMINISTRATIONAGEFI SA, RUE DE GENÈVE 17, CASE POSTALE 5031, 1003 LAUSANNE, TÉL. 021 331 41 41, WWW.AGEFI.COM RÉDACTEURS EXCLUSIFS SOPHIE GUILLON, JULIEN FAVREAU, ALEXIS GEORGACOPOULOS, FRÉDÉRIC MAIRE,HERVÉ LOICHEMOL, BENOÎT VIOLIER, BERNARD PICHON, ROMAIN GOMIS, ÉLIE BERNHEIM, DAVID PÉREZ CONTRIBUTEURS SYLVIE ULMANN, JULIE DE LOS RIOS, NICOLETTE DE JONCAIRE, ARNAUD COGNE, EDITH JEAN,STÉPHANIE BOULOT, RÉMY HAAS, MYLÈNE-SQUARE MODELS AGENCY, RODOLPH DE MARCO, BERNARD PICHON, JORGE S.B. GUERREIRO, HENRY ARNAUD, JEANNE DUBUIS, SOPHIE FAVRE - «DES LIVRES ET VOUS», NICOLASBRUNNER - «BATIPLUS», ALEXANDER FRIEDMAN - «WATCHONISTA», ALEXANDRE LEVEAU, ELIANE BOOM, VERONICA DALL’ ANTONIA, LENAKA PHOTOGRAPHY, GAËLLE SINNASSAMY, CHANTAL-ANNE JACOT, JULIETTE VERGNAUD,DENIS HAYOUN GRAPHISME BENJAMIN PICHONNAZ, WWW.LAPROD.TV STAGIAIRE GRAPHISME TIAGO LAMEIRO, WWW.LAPROD.TV CONTRÔLE GRAPHISME SIGRID VAN HOVE, [email protected] SECRÉTAIRE DERÉDACTION BERNARD MONNET, [email protected] RESPONSABLE MARKETING KHADIJA HEMMA, [email protected] FINANCES CAROLE BOMMOTTET, [email protected], PATRICIA CHEVALLEY,[email protected] ABONNEMENTS JESSICA MAQUELIN, RUE DE GENÈVE 17, CASE POSTALE 5031, 1002 LAUSANNE, [email protected], SUISSE FR. 29 .-, ÉTRANGER 29 €, ( FRAIS DE PORT INCLUS + TVA 2,5 %INCL. ) PUBLICITÉ SUISSE NATHALIE DI RITO, [email protected] AGEFI SA TÉL. 021 331 41 24 PUBLICITÉ ITALIE STUDIO VILLA MEDIA PROMOTION S.R.L., [email protected], VIA LUCA COMERIO 1, I-20145MILANO, ITALIE, TEL +39 (0)2 311 662 PUBLICITÉ FRANCE AFFINITY MEDIA, [email protected], 53 RUE DE MAUBEUGE, F-75009 PARIS, FRANCE, TEL. +33 (0)1 53 05 94 04 PUBLICITÉ BENELUX MEDIACONTACTINTERNATIONAL, [email protected], AVENUE BRUGMANN 157, B-1190 BRUXELLES, BELGIUM, TEL. +32 (0)2 343 43 71 PUBLICITÉ GRANDE-BRETAGNE PRIME MEDIA INTERNATIONAL, [email protected],31, OLD COMPTON STREET, GB-LONDON, W1D 5JT, TEL: +44 207 2872904 IMPRESSION KLIEMO PRINTING, WWW.KLIEMO.BE PARUTIONS 7 X PAR AN DIFFUSION NAVILLE SA ET VALORA AG. PRIX : FR. 4.80 . ( TVA 2,5 % INCL. ).MAGAZINE ADRESSÉ EN PARTIE AUX ADHÉRENTS DU MAMCO À GENÈVE, DU THÉÂTRE VIDY ET DU MUSÉE DE L’ELYSÉE À LAUSANNE, DU MUSEE DE L’ART BRUT A LAUSANNE COPYRIGHT ©. LA RÉDACTION DÉCLINE TOUTERESPONSABILITÉ POUR LES MANUSCRITS ET PHOTOS QUI LUI SONT ENVOYÉS DIRECTEMENT. LES TEXTES DES JOURNALISTES HORS DE LA RÉDACTION NE PEUVENT ENGAGER LA RESPONSABILITÉ DU MAGAZINE. TOUTEREPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DES ARTICLES ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS EST INTERDITE, SAUF AUTORISATION ÉCRITE DE LA RÉDACTION. ISSN 1661-2248INTRO 6Profil 136
drink responsibly – www.moet.com INTRO7 Profil 136
FCAOSNHTIROINBUTORS Ils nous ont séduits par l’esthétique et la précision de leurs pièces, voici le portrait des créateurs de notre shooting mode.Par Danny Baumann© DENIS HAYOUN Chaussures en cuir de veau Navyboot, Maxi strap sandales noires et blanches. Pochette modèle enveloppe en python bleu avec un paon en néphrite, Maria-Xuan. Veste en faux cuir blanc, Berenik. Bracelets rigides martelés/pressés or rose et argent, Lylan / Tressé, Argent, Martelé or rose. Chapeau en laine, Prism. Combi pantalon en coton, Harald Chyoung. Blazer rose en coton et polyester, Laboratoire. Laboratoire Navyboot Berenik Depuis l’ an 2000, Maryll et Patricia, les deux fondatrices de la griffe La marque suisse de chaussures et accessoires, fondée en 1991 à Zurich, Le label Suisse Berenik, fondé en 2012 à Zurich, met en avant des pièces lausannoise, imaginent, saison après saison, des vêtements pour elle et s’est inspirée à ses débuts d’une botte faite pour les marins américains fortes qui semblent tout droit sorties d’un musée. La créatrice, Veronica lui. Des collection sportwear, faciles à porter avec toujours le détail qui en permission. Depuis, la marque s’est diversifiée, des hauts talons aux Brusa, aime mélanger la mode, l’art et le graphisme et s’inspirer de fait la différence. Depuis peu, elles proposent des pièces dans le même mocassins en passant par des chaussures raffinées, tant pour hommes choses qui sortent de la routine. esprit pour les petits. que pour femmes. La griffe, qui compte aujourd’hui 39 boutiques dans toute la Suisse, a été rachetée en 2008 par Gaydoul Group. Sôlà Baies d’Erelle Crée en 2011, Sôlà est une marque suisse de chaussures imaginées Erelle, créatrice de la marque, vient d’ouvrir sa nouvelle boutique à la rue Prism par le duo romand Florian Joye et Djamel Merzkani. La griffe, dont les de l’Ancienne-Douane, à Lausanne. En 2009, après avoir rencontré un vif Fondée en 2006, Prism n’a cessé d’évoluer dans la mode urbaine. Elle se chaussures sont fabriquées au Portugal, propose des réinterprétations succès auprès de ses proches, cette autodidacte se lance dans l’aventure veut à la fois marque de vêtements et laboratoire d’idées. Le label permet de pièces intemporelles comme le mocassin ou la chaussure bâton. Le en créant sa propre griffe. Son style rock se distingue rapidement dans le à de jeunes talents prometteurs de s’exprimer à travers une collection en truc en plus? Certaines pièces comportent des empiècements interchan- paysage de la création suisse de bijoux. collaboration avec Fabien Baudin, fondateur et directeur artistique. geables, histoire de donner un nouveau look à ses chaussures. Laure Paschoud Collection 66 Magdalena Brozda Elle fête cette année les cinq ans d’existence de sa marque. Sa Collection 66 est née des mains talentueuses de la styliste suisse Grâce un travail complètement artisanal, la créatrice, fraîchement conscience mode éco-responsable est le mot d’ordre des collections de Agnès Boudry. Depuis l’an 2000, la créatrice s’inspire des mouvements diplômée d’un master, joue sur les frontières dressées entre la mode et Laure Paschoud, à Lausanne. Ses vêtements, aux couleurs douces, se artistiques et sociaux du 20e siècle tels que l’élégance des années 1940 l’art sans pour autant perdre le côté portable du vêtement. L’étudiante distinguent par un style pratique et facile à porter. D’ailleurs, sa marque ou le psychédélisme des années 1970 pour créer ses pièces. Alors qu’elle de la HEAD, finaliste du concours H&M Design Award, prône un style à de fabrique est la multiplicité de combinaisons possibles pour chaque s’exporte désormais dans le monde, sa boutique-atelier, véritable cabinet la fois nostalgique, intriguant et poétique. pièce, qui peuvent se porter de mille et une façons. Histoire de réinventer de curiosités, est toujours installée en plein coeur de Lausanne. sa garde-robe au quotidien. Aleksandra Wisniewska Viva Frida Sa carrière débute en 2001, une fois son diplôme de l’Ecole supérieure Harald Chyoung La marque rétro de la créatrice Barbara Waldesbühl, créée en 2010, a fait des arts et techniques de la mode de Paris (ESMOD) en poche. Début Se sont les différentes origines du duo suisso-chinois Harald et Chyoung son succès grâce à sa ligne Viva Frida Vintage. Elle propose un concept- 2005, la créatrice crée son propre label sous le nom d’Aleksandra Péclat qui apportent ce style si délicat et particulier à leur griffe. La dé- store exposant des vêtements, accessoires et objets déco au style épuré, Wisniewska Collection. Les pièces de la styliste expriment parfaitement licatesse des imprimés et la finesse des coupes donnent aux collections urbain et décalé. On y trouve également des objets et accessoires conçus la féminité, la confiance et l’élégance de la femme d’aujourd’hui, avec une patte à la fois poétique et féminine. par de jeunes créateurs. une petite touche d’extravagance. Maria-Xuan Aéthérée Laure Granval La designer suisso-vietnamienne Maria-Xuan, qui a créé sa marque en Fondée en 2006 et lauréate en 2014 du prix Mini Design Award, la Pour imaginer ses collections, la créatrice – qui a déjà deux lignes à son 2009 à Genève, mais qui travaille de façon autodidacte depuis 2004, marque saint-galloise met en avant des pièces mêlant fonctionnalité et actif, la première sur le thème de l’ennui à la folie et la deuxième, en 2014, s’inspire de son background multiculturel pour créer le style et le design élégance. La créatrice, Ly-Ling Vilaysane, insiste tout particulièrement sur le thème de l’utopie – s’inspire de concept intellectuel. L’actuelle étu- de ses pièces. Ses créations mettent en avant un savoir-faire vietnamien sur la qualité du matériel utilisé, qui provient la plupart du temps de diante de la HEAD à Genève met en avant un style féminin qui se définit traditionnel dans un style élégant-urbain et combinent à merveille la Suisse. par une logique presque géométrique mais avec douceur et sensualité. matière de la corne avec celles de l’or, de l’argent ou encore du bronze. Van Bery Lylan Aziza Zina Van Bery, qui vient d’ouvrir une nouvelle boutique à Zurich, voit le La marque, qui vient d’ouvrir une boutique à Lausanne, est le fruit de La marque promeut, depuis 2009, le classicisme et l’élégance dans jour en 2010 sous l’impulsion de Berivan Meyer. Les collections sont la passion de sa créatrice Lan. Cette Suissesse d’origine vietnamienne chacune de ses créations. Les stylistes Morena Gonzalez et Moritz Stoll intemporelles et s’inspirent de l’univers rétro des années 1920 aux et chinoise cultive l’amour de la minutie et du perfectionnisme. Les réinterprètent perpétuellement le look BCBG habituel en y incorporant années 1960, qui font la part belle aux imprimés. Une petite touche de bijoux qu’elle crée depuis 2012 sont d’un naturel poétique et intemporel. leurs propres visions de la modernité. modernité et beaucoup de talent apportent à chaque pièce le «truc» qui Chaque pièce est unique et montée par ses soins. fait la différence. Muriel Laurent Figurin Depuis maintenant 14 ans, Muriel Laurent travaille dans la fabrication Depuis novembre 2014, la nouvelle boutique en ligne figurin.ch vous et la création de bijoux. La créatrice s’inspire des formes organiques du emmène à la découverte de divers bijoux et accessoires. Sous l’impulsion monde végétal et de l’infiniment petit, qui sont pour elle une manière d’Alicia et Delfina, la marque propose des bijoux d’ici et d’ailleurs dans de parler de la magie du vivant. Elle s’intéresse beaucoup au corps, à un univers contemporain et inventif de créateurs indépendants. tout ce qui touche à l’intime. Ses pièces sont notamment représentées par figurin.ch. INTRO 8 Profil 136
EXPERT OF LIGHT : Et que la lumière soit !Comme un architecte perce les parois pour laisser entrer le jour, Valmont joue avec la lumièrede la peau et dévoile EXPERT OF LIGHT. Illuminer le teint, clarifier la peau, et préserver laluminosité naturelle, telle est la vocation de cette nouvelle gamme formulée dans la plus puretradition de la cosmétique de prestige. Sa lumière originelle retrouvée, le visage irradie debeauté et d’harmonie, le teint s’éclaire d’une nouvelle jeunesse.
MACACISESINSDOIISRPEESNSABLES Parmi la myriade d’objets et d’accessoires disponibles dans les échoppes les plus branchées, notre rédactionPar Danny Baumann et Lucie Notari a sélectionné ses must-have, made in Switzerland.La fête des crayons © DRLa maison de haute écriture Caran d’Ache, qui metrégulièrement sur le devant de la scène des artistes derenom pour des collaborations, est cette année la starparmi les stars, puisque la marque souffle aujourd’huises 100 bougies. A cette occasion, ses produitsbest-sellers s’offrent des écrins «collector» minima-listes et très chics. Avis donc à tous les amoureux duTechnograph, du Prismalo et de l’Ecridor: pièces decollection en vue!Coffret Caran d’Ache anniversaire, de Fr. 22.- à 135.-© DR HYMNE À LA FEMME Prenez une maison de légende, de l’audace ainsi que beaucoup de talent et ça donne... la nouvelle fragrance signée Bulgari: Aqua Divina. Véritable ode à la féminité, ce parfum rend hommage à Vénus, à la beauté de la femme d’hier et d’aujourd’hui. Un défi relevé par le parfumeur star Alberto Morillas, qui propose une fragrance de caractère, véritable bouquet olfactif. Ses notes mêlent la bergamote à l’accent salin, le gingembre rose, le magnolia, le coing gorgé de soleil, l’ambre nu et la cire d’abeille. Une senteur qui inspire le soleil et un flacon qui semble s’être laissé déposer sur le sable par le courant… Une perle imaginée par le bureau suisse Atelier Oï. Un écrin poétique, élégant, digne des plus belles déesses. Bulgari, Aqua Divina, Flacon de 25 ml à 100 ml, dès Fr. 64.-, en parfumerie.© LA PRAIRIE BMEIARUOIMR,IRMOOINR… …Comment faire pour rester la plus belle? Le nouveau Booster Anti-Age Intervention Rapide de La Prairie promet la jeunesse éternelle à qui le veut, grâce à son nouveau traitement agissant en profondeur. Des extraits de plancton pour lisser la surface de la peau, un complexe botanique pour l’éclaircir et des extraits de vigne pour la tonifier… Tout un programme proposé en un seul produit. La Prairie – Booster Anti-Age Intervention Rapide, 50 ml, Fr. 347.- www.laprairieswitzerland.ch © DRINTRO 10Profil 136
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Elles nous donnent envie de chauffer la carte de crédit. Coupes impeccables, matières travaillées, style MASTER avant-gardiste et incontournables de la saison… Petit florilège des pièces et accessoires d’ici PIECE sur lesquels on craque (sans hésitation). Par Lucie Notari TOP EN JERSEY ET JUPE EN COTON Little Black Dress collection Agassi, prix Fr. 850.- LUNETTES DE SOLEIL Mykita Shop, Zurich SAC GRIESBACH Collection Elena en cuir. Se porte en bandoulière ou en pochette, Fr. 680.- ENSEMBLE AKRIS Veste et pantalon en broderie de Saint-Gall, effet «peinture cassée». Veste Fr. 4160.-, pantalon Fr. 2075.- FOULARD FABRIC FRONTLINE Collection Mirror Mirror en soie Twill, Fr. 390.- BOUCLES D’OREILLES ALEXANDRA DARIER Collection Spark en or blanc 18 carats et diamants, prix Fr. 2900.-© DR COLLIER RITA & ZIA Sautoir dent de crocodile en argent INTRO sur perles de serpentines, prix Fr. 499.-, collier dents de crocodile plaqué or sur perles Profil 136 de pyrite Fr. 310.- 12
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Par Jeanne Dubuis Coulisses de spectacles, mises en scène photographiques… Profil vous dévoile, dans chacune de ses éditions, les inspirations des artistes et ce qui se cache derrière leurs créations.«Dubaï, c’est une ville très particulière, extrêmement fascinante mais qui interpelle aussi sur le quotidien, la place des gens dans cette évolution si rapide. Le Dubaï ancien était très modeste et maintenant on se retrouve dans une espèce de mégapole très impressionnante, avec des projets urbanistiques complètement libres, dans la mesure où l’on partait sans modèle à suivre. Comment cela s’organise, comment cela fonctionne? Je n’ai pas de réponse, mais beaucoup de questions!» explique Martin Becka, photographe d’origine tchèque à l’honneur au Musée suisse de l’appareil photographique de Vevey jusqu’au 21 septembre. Avec son exposition «Dubai Transmutations», celui qui vit et travaille en banlieue parisienne montre une ville qui semble d’un autre temps, beaucoup plus ancien, malgré des clichés de tours, d’autoroutes et de grandes avenues pris en 2008. Les rues semblent traversées par des fantômes, désertées comme en temps de guerre. Seuls les éléments figés demeurent. Le visiteur se retrouve plongé dans une sorte de faille temporelle; le rythme frénétique de Dubaï y est suspendu et son ultra-modernité questionnée. Le paradoxe entre les prises de vue d’une ville futuriste et l’aspect archéologique des images est créé grâce à l’utilisation d’un procédé des débuts de la photogra- phie, le négatif sur papier ciré, avec l’usage de chambres de voyage jusqu’à de grands formats (40x50 cm). Cela nécessite un temps de pose très long (presque 30 minutes parfois), ce qui explique l’absence de vie humaine sur les photos. «En le regardant travailler, on est complètement dans l’empirique d’un bout à l’autre de l’opération et c’est cela qui est fascinant!» nous confie Pascale Bonnard Yersin, co-directrice du Musée suisse de l’appareil photographique. Sans distraction possible, les photographies de Martin Becka nous confrontent à la modernité, dans sa radicalité, de la ville des Emirats arabes unis. Sur la photographie «Dubaï Emirates Hills 1 Area» (ci-contre), il s’agit d’une zone limi- trophe entre deux espaces en construction de la ville, qui a bien grandi depuis. «Les palmiers n’étaient évidemment pas là à la base mais ils ont été pris dans des palmeraies et replantés à cet endroit-là. Les espaces verts et les parterres de fleurs sont très nombreux à Dubaï, ils sont arrosés 24 heures sur 24. Une pelouse verte dans un pays comme celui-ci, c’est un signe de richesse majeure. Et ce qui est sûr, c’est que l’irrigation de cette végétation demande beaucoup d’énergie», commente Martin Becka.Une rencontre sur les rives du lac LémanSi l’exposition a lieu, c’est grâce à la rencontre entre le photographe et le coupleà la tête du Musée suisse de l’appareil photographique formé par Pascale et Jean-Marc Bonnard Yersin. C’était lors du Festival Images de Vevey en 2012. PascaleBonnard Yersin se souvient: «Les choses se sont faites tout simplement. Il aapprécié notre musée. De notre côté, on cherche toujours des expositions quiont un lien avec le thème de notre institution et là, ça colle parfaitement. Avecsa méthode de travail mise au point par Gustave Le Gray au XIXe siècle, c’est trèsintéressant pour nous. On aime énormément le mélange entre cette méthodeancestrale et la modernité des villes qu’il photographie.» Autrefois reporter,Martin Becka a eu soudain envie de faire autre chose, autrement. Il est ainsirevenu sur une technique apprise lors de ses études: «En tant que reporter,c’est très dur d’avoir du recul, tout se passe très vite. Mon travail aujourd’hui,c’est un contrepied au métier de reporter. Je réfléchis beaucoup à la notion dutemps, la façon dont on le perçoit. Avec des poses très longues, je propose unesorte d’aller-retour dans le temps.»L’exposition a été présentée à Dubaï. Il paraît que le soir du vernissage, plusieurs Dubaï Emirates Hills 1 Areavisiteurs ont demandé à Martin Becka s’il s’était déjà rendu à Dubaï… A croireque ce «retour vers le futur» est vraiment dépaysant!INTRO 14Profil 136
LE CLICHÉ © MBECKA INTRO 15 Profil 136
HÉRITAGE Réédition de produits mythiques, histoire incontournables, saga d’hier et d’aujourd’hui, retour sur les trends qui font l’actualité. Par Danny Baumann Le livre est indémodable, car il nous permet encore de nous évader et de nous approprier une part de rêve. Les manufactures horlogères l’ont bien compris et n’hésitent pas à laisser une trace de leur histoire à travers des ouvrages mêlant audace et authenticité. La preuve par trois avec deux anniversaires: Zenith qui fête ses 150 ans et Piaget ses 140 bougies. La troisième manufacture est celle de Vacheron Constantin, qui consacre un recueil à ses nouveaux mouvements chronographes. Quelle est l’importance de publier ces beaux livres? Marco Borraccino, responsable de la nouvelle chaire de design horloger qui ouvrira en septembre à la HEAD, nous répond. Profil: Pourquoi les ma- Raconter des histoires, Finalement, pour © PIAGET nufactures portent-elles est-ce essentiel pour faire s’imposer dans autant d’importance rêver? l’horlogerie, faut-il Vacheron Constantin, Calibres 3200 & 3300, à l’héritage? Oui, car c’est un achat obligatoirement un passé? éditions Assouline, disponible à la FNAC/Payot, Marco Borraccino: Par émotionnel. On n’achète Non, je ne pense pas. Par Fr. 89.80 (sous réserve). Zenith, L’histoire d’une souci d’identité. Elles ont pas une montre de forte contre, l’exploit technique manufacture horlogère étoilée, éditions Albin besoin de prouver leur hé- valeur parce qu’on en a be- peut faire la différence. Michel, disponible chez Payot, Fr. 163.50. Pia- ritage et cela fait partie de soin, mais pour le prestige, C’est le cas par exemple get, Horlogers et joailliers depuis 1874, éditions leur patrimoine. Le client pour rentrer dans un club de la marque HYT, la pre- de la Martinière, disponible chez Payot, Fr. 98.- doit se reconnaître dans exclusif, le rêve justement. mière à créer une montre les valeurs véhiculées par affichant l’heure grâce un la marque et l’héritage fluide liquide, ce n’est pas permet de transmettre le passé qui pousse l’ache- celles-ci. teur mais bien sa spécifici- té technique.© VACHERON CONSTANTIN PAR DENIS HAYOUN. © ZENITH INTRO 16 Profil 136
PTOLABCEES Timothy Oulton Rue du Rhône 42Par Danny Baumann 1204 Genève© TIMOTHY OULTON DCHÉJEEZUTNIEMROTHY Quelle est votre objet fétiche? Si je ne devais en choisir qu’un, je dirais la collection de La marque qu’on attendait depuis longtemps, coffres «Globetrekker Collection». Timothy Oulton, a posé ses malles à la rue du Rhône pour notre plus grand plaisir. Rencontre Comment voyez-vous le futur pour Timothy Oulton? avec le directeur artistique, Timothy Oulton himself. Nous allons continuer à ouvrir des boutiques dans les meil- leures villes du monde et à réinterpréter les moments les Profil: Où trouvez-vous vos idées, souvent inspirées plus époustouflants du passé! du passé? Timothy Oulton: Nous ne suivons pas vraiment les trends. Nous aimons créer nos propres tendances. Mon meilleur moyen pour dénicher des idées est de parcourir les marchés aux puces. 7 For All Mankind Nouveau souffle Rue du Rhône 7 1204 Genève Le quartier lausannois sous-gare accueille une boutique d’un nouveau genre. En exposant leurs divers travaux, la galerie d’art Mobilab est la nouvelle rampe de lancement pour de jeunes artistes et designers. Le concept propose aux amateurs de renouer avec la culture de la pièce unique en investissant à des prix plutôt raisonnables. Surprenant et rafraîchissant…© 7 FOR ALL MANKIND100% Denim Mobilab © MOBILAB Rue du Simplon 35Désormais, impossible de ne pas trouver jean 1006 Lausannepour ses gambettes, puisque 7 For All Mankindvient d’ouvrir son premier flagship store 17à Genève sur près de 90 m2. INTRO Profil 136
LÉ’PÉIPNIGNLGÉLEUR Vincent Veillon, le clown blanc à chemise blanche, la moitié des deux Vincent du «120 secondes» et du «26 minutes» sur la RTS, s’est prêté à l’interview décalée. Toujours àPar Stéphanie Boulot 200 à l’heure, entre deux trains, nous l’avons attrapé sur son mobile pour tester si son répondant était aussi réactif sans scénario.Profil: Vincent Veillon, tu arrives encore Et quand tu seras grand, tu penses faire Paris la nuit, avec ses grands lampadaires.à sortir de chez toi sans te faire arrêter un «vrai» métier? Vincent y a joué 13 fois en automne.constamment pour des selfies? Oui, mais le plus tard possible, j’auraisVincent Veillon: On va dire que c’est peur de m’ennuyer avec un vrai métier.relativement fréquent de se faire arrêter (Il réfléchit.) Je ferais bien guide deou reconnaître. Ça arrive partout! montagne parce que j’adore la montagne.(Il s’excuse et sort du wagon pour Ça doit être cool d’emmener des gens surs’isoler.) Mais c’est jamais agressant, ça le Cervin. Le bureau est assez vaste. Jereste viable, les gens sont sympas et ont suis un montagnard des Alpes vaudoises.beaucoup d’amour à donner. Je pense que J’essaie d’y aller le plus souvent possible.ça ne va pas aller en s’améliorant avec la Ou sinon j’aimerais bien faire le job detélé. Ça fait partie du package quand on Tarantino.fait ce genre de métier. On ne va pas seplaindre… C’est un peu des problèmes de Ça existe, des starsriches, en fait. en Suisse?Ça aide pour draguer?Oui nettement! Mais les filles qui Si tu deviens le dictateur de la Suisse,m’abordent pour ces raisons-là ne sont quelles seraient tes premières mesures?pas très intéressantes… Ma première mesure serait… (Il réfléchit à haute voix.) Qu’est-ce qui ne va pas enSi quelqu’un ne te reconnaissait pas et te Suisse et qu’il faudrait absolument chan-demandait ce que tu fais dans la vie, tu ger? Ah oui! J’interdirais les mèches déco-répondrais quoi? lorées. Il faudrait aussi plus de cours deJe répondrais que je ne sais pas ce que je musique à l’école, je trouve que ça seraitveux faire quand je serai grand. Ce n’est bien. Et une dernière mesure pluspas un métier ce que je fais, c’est plutôtune vie. violente: pour la cohésion nationale, j’imposerais des vacances alémaniques aux Romands et vice-versa pour nos com- patriotes suisses allemands, tessinois et romanches. Des vacances en Suisse, c’est idiot comme idée? Si tu devais te réfugier hors de la Suisse, où irais-tu? Los Angeles! C’est une grande ville que j’ai commencé à découvrir et il y a encore du travail. Ce qui est intéressant là-bas c’est que tout est «pas comme à la mai- son». J’y ferais certainement un autre job, peut-être chirurgien esthétique ou jardinier. Si tu devais être une autre star suisse? Ça existe, des stars en Suisse? Sinon, tu portes autre chose que des chemises blanches? Oui, d’autres chemises. Les blanches, j’en ai trois ou quatre, même si certaines per- sonnes pensaient que je portais toujours la même pour «120 secondes». Ils sont drôles, des fois, les gens.© DR Un cliché du tournage à Rovéréaz chez les Chollet pour l’émission «26 minutes»INTRO (RTS Un, le samedi soir).Profil 136 18
S OCIÉTÉ© ISTOCKPHOTO.COM - KNAPE p.20 Génération Y conso, boulot, perso 19 SOCIÉTÉ Profil 136
© SHUTTERSTOCK.COM - THOMASLENNE S’OQRUIEEJLONSTBSE,EVRCEETRNESU2R01S5? Par Arnaud Cogne Horlogerie, banques et pharma: ce qu’il faut attendre des secteurs clés de l’économie suisse après l’annonce choc de la Banque nationale suisse (BNS) en janvier. Entre progression et restructuration.En l’an 2000, la valeur des exportations de puis la grande casse, 2008-2009, et enfin le leurs au bénéfice d’un diplôme de métiermontres suisses se montait à 10,2 milliards redécollage, 2010-13. Le secteur atterrit main- ou d’une formation supérieure s’élève àde francs. En 2013, cette valeur était multi- tenant dans un nouveau contexte concur- 62,9% (61,5% en 2011), soit les deux tiers dupliée par plus de deux, pour atteindre 21,8 rentiel où tous les fabricants ne joueront personnel; il y a 20 ans, on n’en comptaitmilliards de francs. Les dernières années pas dans la même ligue. qu’un tiers. Ces chiffres impressionnantsn’ont pas complètement entamé la forte Le secteur horloger et microtechnique em- ont toutefois été légèrement remis en causecroissance amorcée au début du XXIe siècle. ployait en Suisse près de 56’000 personnes l’an dernier avec le ralentissement des ex-Si l’exercice 2015 s’annonce des plus incer- en 2012, un chiffre jamais égalé depuis plus portations vers la Chine. Il y a eu aussi cetains, l’an dernier a toutefois été plus dif- de 35 ans. Il faut effet remonter jusqu’en coup de semonce en fin d’année: chômageficile, tout le monde en convient. Faut-il 1975, soit au début de la crise horlogère, partiel chez Cartier Fribourg, licenciementsconsidérer l’exercice seulement du point pour retrouver un chiffre supérieur (55’816 chez Tag Heuer, puis enfin l’annonce de lade vue des exportations, qui restent à un employés pour être précis). Depuis le re- BNS en début d’année.niveau record? Faut-il y voir le début d’une censement 2010, le gain en main-d’œuvrerupture après des années de croissance à se chiffre à 7268 personnes (+15%). Le trio de cLreésafetimonmde’senaturetpoprisdeesladeux chiffres? Il est dans tous les cas cer- tête des cantons les plus horlogers en termestain qu’il faut faire preuve de finesse, 2014 d’effectifs se compose de Neuchâtel (15’323), L’économie suisse a enregistré l’an derniers’imposant comme l’exercice le plus nuancé Berne (11’184) et Genève (9358). L’horlogerie un nouveau record: 41’588 entreprises ontque le secteur ait connu depuis quasiment peut toutefois se réjouir de compter sur un été créées, une progression de 1,86% par rap-quinze ans, relevait L’Agefi en début d’an- niveau de qualification du personnel tou- port à 2013. Le seuil des 40’000 entreprisesnée. Il y a eu la phase euphorique, 2000-2007, jours plus élevé: la proportion de travail- créées est ainsi dépassé pour la deuxièmeSOCIÉTÉ 20Profil 136
année consécutive, «J’ai souvent donné un coup de main dans rang mondial en matière de «private mais la progression les PME de mon entourage, j’ai donc une banking», ou gestion de fortune transfron- est plus lente qu’en longue expérience d’administration qui talière pour clients privés. En 2007, elles gé- 2013 (1,86%, contre 3,71% m’est très utile aujourd’hui.» raient près de 27% de toutes les fortunes pri- en 2013), selon un en- Deux parcours différents, mais liés notam- vées investies hors de leurs pays d’origine. quête de Startups.ch. ment par le soutien de Startups.ch. Dans ces Le «private banking» contribue en outre La Suisse romande et deux cas, la plateforme s’est en effet chargée pour plus d’un tiers aux profits des deux la Suisse alémanique de la fondation des sociétés sur le plan ad- grandes banques, UBS et Credit Suisse. Sur enregistrent une pro- ministratif. l’ensemble du territoire, 28’000 personnes gression similaire pLaouprhsaermrealepverêrte travaillent dans le domaine de la gestion (2,02 et 2,08% respecti- vement). de fortune pour les clients étrangers et gé- Au sein de Startups. La Suisse figure parmi les plus grands pro- nèrent des revenus bruts à hauteur d’en- ch, le nombre d’entre- ducteurs de produits pharmaceutiques. En viron 19 milliards de francs, précise l’ASB. prises créées par des 2013, c’était même le secteur qui s’exportait le tlLeroasgniinsssptiooqurutpemçeoatnrnitéims e: femmes a progressé de plus, avec des transactions pour une valeur Aussi surprenant que cela puisse paraître manière constante en totale de 80,9 milliards de francs. Le secteur pour un pays sans accès direct à la mer, la passant de 20% en 2010 a été marqué l’an dernier par une nouvelle Suisse possède une marine marchande, à 26% en 2014. La moi- étape franchie dans le bassin lémanique. constituée d’une vingtaine de bateaux tié des créations est ef- Deux ans après le départ de Merck Serono de transportant toutes sortes de marchan- fectuée par de jeunes son siège de Genève-Sécheron (vécu comme dises, excepté des armes, et opérant sous mamans en recherche un véritable drame local), le climat semble contrat dans le monde entier. Ils sont ex- d’indépendance après diamétralement opposé, s’agissant tant de ploités par cinq sociétés d’armateurs. Mais une grossesse. «Beau- l’entreprise leader que du cluster. moins de 3% des navigateurs sont Suisses: coup de femmes ayant Merck Serono continue d’investir intensé- les Croates et les Philippins constituent un niveau d’éducation ment dans la région. Le groupe a inauguré l’essentiel des équipages. Bâle a été choisi supérieur souhaitent en fin d’année un nouveau site regroupant comme port d’enregistrement de tous les combiner activité pro- la direction des médicaments biosimilaires navires suisses de haute mer. Considéré fessionnelle et mater- à Aubonne. Avec trois sites dans le canton de comme secteur clé du paysage économique nité selon un rythme Vaud, Merck Serono emploie plus de mille par Présence Suisse, près de 4% du produit qui leur convienne. Il personnes, et une centaine devraient être intérieur brut est généré par l’industrie de s’agit aussi d’une né- recrutées à Aubonne l’an prochain. la logistique et des transports maritimes. Ce cessité, puisqu’il de- Du côté de Genève-Sécheron, la mise en segment emploie 130’000 personnes. A l’èrevient plus difficile de retrouver un poste place du Campus Biotech avance rapide- du commerce globalisé, le transport est de-leur permettant d’associer les deux rôles», ment. Le premier groupe de recherche est venu la clé de voûte d’une économie efficace.selon Walter Regli, CEO et successeur de Mi- arrivé il y a à peine plus d’un an. Depuis La Suisse abrite le siège de deux sociétés dechele Blasucci à la tête de Startups.ch. «La lors, un nombre imposant d’entités s’y sont logistique d’envergure mondiale: Panalpinacréation de leur propre entreprise leur per- implantées. Plus de 600 personnes occupent et Kuehne + Nagel.met plus de flexibilité et élargit leur champ le site depuis la fin de l’année. Soit la moitié C’est quoi au juste, le franc fort?des possibles.» déjà de la capacité. On en parle énormément depuisMaryia Zago, créatrice de Me Time Wellness Banque: le pilier historique l’annonce de la Banque natio-à Lausanne, abonde totalement dans ce sens. nale le 15 janvier: le franc suisse est très, trop fort face à l’euro etMaman d’un petit garçon depuis le mois Les banques et les instituts financiers au dollar. Mais pourquoi est-ce pénalisant? En ce sens, les entre-dernier, la jeune femme de 27 ans explique constituent l’un des piliers de l’économie prises suisses sont impactées car fortement tournées vers l’expor-qu’il est plus facile pour elle d’organiser suisse. Le marché suisse des devises et des tation. Petit exemple: une société vend pour 1000 euros de marchan-son temps en étant indépendante qu’au capitaux est l’un des plus importants, et les dises en Allemagne. Elle tablait sur un revenu de 1200 francs. Au-sein d’une entreprise. «C’est une question grands instituts bancaires que sont UBS et jourd’hui, avec la dépréciation de l’euro, ce ne sont plus que 1050d’organisation», précise celle qui a toujours Credit Suisse font figure de leaders mon- francs qui seront encaissés, pour la même vente. A l’échelle des ex-voulu créer sa propre société. Un projet diaux dans leur branche. A fin 2013, les 283 portations globales de la Suisse, c’est une perte très lourde. Lesconséquent démarré pendant sa grossesse, banques présentes en Suisse comptaient entreprises orientées sur le mar- ché local risquent quant à elles del’entreprise ayant été officiellement lan- 105’735 emplois à plein temps. Le secteur pro- subir le contrecoup du franc fort. C’est-à-dire une potentielle pertecée fin août 2014. «J’ai longtemps travaillé pose également 3738 places d’apprentissages de pouvoir d’achat liée aux expor- tations devenues moins rentables.comme esthéticienne dans des centresétablis, mais avec cette frustration dene pas pouvoir proposer les services Beaucoup de femmeset traitements que je souhaitais. Au- souhaitent combinerjourd’hui, je fixe moi-même la cartede soins et je suis beaucoup plus flexible acteivtitmé parotfeesrsniointnéelleen fonction des demandes des clients. Je selon un rythmen’ai plus de barrières.» qui leur convienneAprès 30 ans de carrière dans la finance,Carla Cantarella Giacometti s’est quant àelle reconvertie dans l’achat-vente avecle lancement de Cash Time aux Acaciasà Genève. «Passé un certain âge, il estplus difficile pour un homme de trouver du SEC, ce qui correspond à près de 10% de toustravail. C’est encore pire pour une femme», les postes d’apprentissage SEC en Suisse, re-selon cette grand-maman qui préfère rester lève l’Association suisse des banquiers (ASB).discrète sur son âge. «Tout mon entourage Les grandes banques suisses occupent enne le connaît pas», rigole-t-elle. Lancée en outre plusieurs milliers de collaborateursjuin dernier, son entreprise compte mainte- à l’étranger.nant l’équivalent de 3 emplois à plein temps. Les banques suisses occupent le premier SOCIÉTÉ 21 Profil 136
© ISTOCKPHOTO.COM - KNAPE CGOÉNNSPÉOER,RABSTOOIOUNLOYT, Par Juliette Vergnaud Après la génération X, qui a marqué les années 1960 et 1970, la société a laissé la place à la génération Y. Souvent définie comme connectée, désengagée et impatiente, cette génération fait râler et bouscule les plus vieux mais influence profondément tout le monde qui l’entoure. Qui est-elle? Que veut-elle? Portrait d’une génération digitale. SOCIÉTÉ 22 Profil 136
Why Geek CulturePlusieurs explications à cette dénomination. Déjà, ces jeunes Par essence, les Y (à prononcer en anglais) ont la culture du pour-arrivent après les personnes de la génération X (nées entre 1961 quoi. Plutôt que d’ingurgiter la grande culture, les Y s’attachentet 1980). Et en anglais, Y se prononce «why» (ou pourquoi en fran- aux détails. La culture se picore pour qu’il en ressorte ce quiçais): un questionnement qui leur est cher. Enfin, une raison est utilisable dans l’instant. Eric Briones nous fait remarquerplus imagée: le Y représenterait un fil d’écouteurs que les Y ont que les Y sont caricaturés et perçus comme ayant une cultureconstamment sur les oreilles. Nés entre 1980 et 1995, ils aspirent faible, mais avec un prisme de geek. Ils connaissent mieux lesà des choses bien différentes que leurs aînés et ont pour valeurs détails que les fondamentaux de la culture, ils refont l’histoire.majeures le respect, l’individualisme, l’équilibre entre vie pro- Alice Collette, 28 ans, e-commerciale et Y revendiquée, témoigne:fessionnelle et vie privée. Si celle qui est parfois aussi nommée «Pour moi, même si le geek parfait est celui qui développe desla GenY fait parler d’elle, c’est qu’elle injecte dans la société de sites et joue tout son temps libre aux jeux vidéos, je pense quenouveaux codes pas encore tout à fait compris par tous et prend tout le monde est un peu geek à sa manière.»doucement mais sûrement le pouvoir sur les autres. J’utilise Facebook en permanence, pour prendre des nouvelles de mes amis,comme pour en prendre de Kim KardashianDigital Natives beaucoup les avis des consommateurs sur vée. Je suis prête à faire beaucoup pour © INFOGRAPHIE MELTY les réseaux sociaux avant d’acheter. Pour mon entreprise si elle évalue bien mesMême si, pour les plus vieux de la géné- elle, une marque doit être proche de son propres besoins et si elle me considère.»ration, ils ne sont pas nés avec Internet, client, qui doit pouvoir lui parler même Et si cette génération complexe etles réseaux sociaux prennent une place s’il s’agit d’une marque de luxe. connectée construit le monde d’au-dominante dans leur vie. Facebook, Ins- jourd’hui, elle laisse déjà une petite placetagram, Twitter leur insufflent la culture Donner l’exemple à la génération suivante, la générationde l’instantané et de la flexibilité. Ces «Z» qui, elle, passe à l’ «hyper» (connec-outils sont utilisés en permanence, au Les Y détiennent la jeunesse, une des tée, communicante mais aussi contrô-travail comme dans la vie privée, et les valeurs suprêmes à tous les âges. Les lée). Cliquez pour continuer.strates de leur univers se mélangent et marques séduisent cette générationles distances rétrécissent. Notre Y nous pour ne pas être «déréférencées». Le Y *Les «C» désignent les «connectés»,le confirme: «J’utilise Facebook en per- est alors une clé qui ouvre la porte de qui ont actuellement entre 12 et 25 ans.manence, pour prendre des nouvelles de toutes les générations. Sans le Y, l’effet estmes amis, comme pour en prendre de catastrophique pour les autres, certaines Nos remerciements à Eric Briones,Kim Kardashian par exemple. Et j’aime marques l’ont bien compris. planneur stratégique luxe et co-auteurbien me servir de Pinterest pour trouver de «La génération Y et le luxe», Editions Dunotdes inspirations shopping.» Mes idées, mon jobPour moi La vision du travail des Y pourrait se ré- sumer par cette phrase d’Anne BourhisFouilleurs aguerris, les Y consomment (professeure à HEC Montréal) dans «Lespresque sans limite, mais surtout pas à «C» en tant que travailleurs»*: «Les jeunesn’importe quel prix. Selon Eric Briones, ils sont capables de se mobiliser autour d’unseraient même passés maîtres dans l’art projet, mais ils veulent le faire selon desdu dark marketing. Ils auraient même conditions qu’ils fixent eux-mêmes.»développé des anticorps au marketing. Habitués aux CDD et à une plus grandeLa recherche du prix le plus bas jusqu’au précarité que leurs aînés, ils cherchentprix zéro est une obsession. Et le jeu de la des projets intéressants plus qu’une sta-consommation devient alors une bataille bilité. Evidemment, même s’ils sont ca-qui se gagne contre les marques. pables de montrer une grande flexibilité en termes d’horaires, les jeunes saventAvec moi qu’ils ne resteront pas toute leur vie dans la même entreprise et ne sont pas prêtsEt pour les Y, la consommation est, plus à tout lui donner. Pétris de paradoxes,qu’un simple achat, une façon de se ils ont envie d’être aimés par leur hié-mettre en scène. Ces jeunes sont acteurs rarchie, mais de ne pas trop s’investirde leur consommation au quotidien pour laisser la priorité au temps libre.via leur mobile. Ils commentent leurs Alice, une fois de plus, est catégorique:trouvailles et font apparaître une nou- «Le plus important dans mon job, c’estvelle forme de luxe avec des sites comme le respect! Cela passe notamment par unAirbnb: le luxe serviciel ou luxe du quoti- équilibre entre mon travail et ma vie pri-dien. Alice nous explique qu’elle regarde SOCIÉTÉ 23 Profil 136
LBEUBZLZOEGR Jorge S.B. Guerreiro a lancé en juin 2010 le blog jsbg.me. Devenu petit à petit un véritable webzine*, le site couvre désormais un choix éclectique de sujets allant de la mode à la musique en passant par Par Jorge S.B. Guerreiro les voyages, le design, l’horlogerie ou encore le cinéma. Aux lectrices de Profil, il livre ses états d’ âme. Voici la page du blogueur. *Contraction des mots magazine et blog internet© PHOTO JUERGEN TELLER / CÉLINE Le coup du rien à voir © THE TAKE Vous rêvez de connaître Le coup de cœur la marque des lunettes de Scarlett Johansson dans Non, ce n’ est pas la première fois que des marques le film Lucy ou l’ adresse de mode font appel aux «cheveux gris» pour leurs du restaurant dans lequel visuels de pub. Mais en choisissant Joan Didon pour Leo Di Caprio et Matthew sa campagne printemps-été 2015, la maison Céline McConaughey se tapent frappe fort. Shootée par le photographe allemand la cloche dans «Le Loup Juergen Teller, la romancière américaine, grande de Wall Street»? C’est désormais possible: voici The Take, figure de la contre-culture des années 1970, se pose une application mobile vous permettant non seulement la question égérie-mamie-cool avec ses 80 ans et sa d’ identifier les modèles des vêtements portés dans les mine désabusée. Les jours de Photoshop dans la pub films, mais aussi les accessoires, les voitures et même seraient-ils comptés? les lieux de tournage. En clair, The Take veut devenir à l’ image ce que Shazam est à la musique. La banque de données de The Take grandit à raison de 10 nouveaux films par semaine, auxquels viendront bientôt s’ ajouter séries télé, clips vidéo ou spots publicitaires. Une aubaine pour les marques en mal de placement de produits! www.thetake.com Le coup de gueule L’ appellation non contrôlée «metrosexual» fête ses 20 ans: c’ est en effet en 1994 qu’ un certain Mark Simpson, journaliste britannique de son état, inventa ce néologisme censé définir l’homme moderne, contraction des mots métropolitain et hétérosexuel. Deux décennies plus tard, voici que débarque le «lumbersexual». Là, le «sexual» fait référence au «metrosexual» en question, le lumber renvoyant à lumberjack, soit bûcheron en anglais. En clair, la mode est donc au mâle urbain soignant son apparence en se donnant toutes les peines du monde pour justement n’en avoir pas l’ air (d’ être ni soigné, ni urbain, donc)… pilosité fournie, aspect rugueux et vêtements outdoor complétant la panoplie. La barbe!© DR SOCIÉTÉ 24 Profil 136
CULTURE© ZERMATT UNPLUGGED p.34 Ca swingue en altitude! 25 CULTURE Profil 136
© VISIONS DU RÉELPL’RAÈGSENDDEAC:HÇEAZSVEOPUASSSE © NOS FEMMES Par Danny Baumann 1. 2.© OPÉRA DE LAUSANNE 3. 4. © FRANÇOIS BURLAND1. 2.Salle obscure. La magie s’emparera du cinéma grâce au Une femme, quelle femme? Une soirée plutôt festival Visions du Réel, du 17 au 25 avril prochain, qui promet paisible qui va être chamboulée par un événement des projections hautes en couleur avec près de 130 films des plus improbables. Deux amis, Max et Paul, joués en compétition dans des univers variés, de la découverte, respectivement par Richard Berry et Jean Reno, de l’évasion, bref un vrai voyage culturel. Visions du Réel, vont recevoir la visite impromptue d’un acolyte Festival international de cinéma, proposera environ 130 qui leur annonce qu’il a tué sa propre femme. Entre films en compétitions dans cinq catégories différentes. moments cocasses et séquences émotion, la pièce de L’hôte d’honneur cette année sera Barbet Schroeder, réalisateur talentueux théâtre propose une remise en question de chacun des protagonistes, qui a notamment dirigé Ryan Gosling dans «Calculs meurtriers» ou que se soit sous l’aspect de l’amitié ou de l’amour. L’auteur, Eric Nicolas Cage dans «Kiss of Death», pour ne citer qu’eux. Les films géorgiens Assous, crée pour la première fois un spectacle sans rôle de femme. seront également à l’honneur. Un parti pris décidé par l’organisation Absente de la scène mais très présente dans l’intrigue, la gent féminine du festival, qui désirait faire connaître un terrain encore méconnu. prendra malgré tout une grande place tout au long de la soirée. Un Visions du Réel – Festival international de cinéma, Nyon, du 17 au 25 avril 2015. duo masculin qui finalement fascine et fonctionne à merveille. www.visionsdureel.ch Nos femmes – Théâtre du Léman à Genève, le 31 mars et le 1er avril à 203. 4.h30Prix:deFr.45.-à130.-.www.theatreduleman.com Quand Tancredi rencontre Aménaïde. 2015 démarre en Nouveau QG. Le centre d’art contemporain Quar- beauté pour l’Opéra de Lausanne avec Tancredi. La toute tier Général vient d’ouvrir ses portes dans l’écrin nouvelle production qui se déroule en deux actes proposera historique et patrimonial des Anciens Abattoirs de aux spectateurs une immersion dans l’univers de Gioacchi- la ville de La Chaux-de-Fonds. Son but? Promouvoir no Rossini. Vous découvrirez le sort promis à Tancredi, in- les jeunes artistes qui reflètent l’esprit créatif régio- justement banni, qui est de retour à Syracuse après avoir nal, suisse et international par le biais d’expositions passé des années à Byzance. Aménaïde, qui en est follement innovantes de l’art contemporain. Le premier événe- amoureuse, lui expédie un message l’invitant à revenir. Petit bémol: sa main ment, Atomik Magik Circus, réalisé par François Burland, Romain a été promise à Orbazzano par son père Argirio afin de sceller leurs querelles Mader et Nadja Kilchhofer, emmène le visiteur à la rencontre de la et unir leurs forces contre le Sarrasin Solamir. Dans les rôles principaux, nous période post-guerre froide par des constructions monumentales: un retrouvons Anna Bonitatibus dans la peau de Tancredi et Jessica Pratt dans sous-marin – long de 18 mètres –, des fusées ou encore des tanks. celui d’Aménaïde. Centre d’art contemporain - Quartier Général, Les Anciens Tancredi – Opéra de Lausanne les 20, 22, 25, 27 et 29 mars Abattoirs, rue du Commerce 122, 2300 La Chaux-de-Fonds. Prix: de Fr. 25.- à 170.-. Distribution: Tancredi: Anna Bonitatibus, Aménaïde: Exposition Atomik Magik Circus, jusqu’au 30 avril 2015. www.q-g.ch Jessica Pratt, Argirio: Yijie Shi, Orbazzano: Daniel Golossov, Isaura: Camille Merckx. Roggiero: Mashal Arman. www.opera-lausanne.ch CULTURE 26 Profil 136
Billet PMLFRERAÉOCIDROJÉOEURDPICEDE Journaliste, réalisateur, Frédéric Maire collabore dès 1986 sur une fausse piste. Non, le film ne parle pas d’immigration, de avec plusieurs festivals. Après avoir été directeur du Festival réfugiés ou de clandestins. Quoique. Car la même problématique de Locarno de 2005 à 2009, il occupe désormais le poste de que celles des réfugiés s’applique au fond aux deux personnages directeur de la Cinémathèque suisse. clé de cette histoire, Matias, 7 ans, et sa mère, Laura. Le père, Fabian, est un homme violent. Il bat volontiers la mère pour unS électionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, oui ou pour un non. Mais Laura peine à se résoudre à accuser son Refugiado est le quatrième film du réalisateur mari en justice. Alors un jour, le jour de trop, la mère décide de argentin Diego Lerman, né à Buenos Aires le 24 mars fuir, prenant avec elle son fils. Commence alors un long périple 1976, jour du coup d’Etat militaire en Argentine. Son – similaire à celui d’un réfugié – de foyers en cachettes, à la premier long métrage, Tan de repente, avait fait recherche d’un lieu où vivre en paix, sans la peur de l’autre, sensation au Festival de Locarno en 2002. Membre celui qui viendra, encore une fois, la taper. émérite – et désormais confirmé – de la «nouvelle vague» Inspiré par différents faits réels et nourri d’un intense travail argentine, Diego Lerman est un auteur rare mais sans doute de recherche et de rencontres, Refugiado n’est pas l’énième film l’un des plus intéressants de sa génération. Il surgit toujours là sur la douloureuse question de la violence conjugale. Certes, il où on ne l’attend pas forcément, et raconte son pays, ses gens, dénonce cette tragique situation et met particulièrement en avec un regard détourné – ce qui ne le rend que plus juste. cause une société (argentine, dans le cas précis) patriarcale où D’ailleurs, avec un titre comme le sien (Refugiado veut dire l’Etat, et en particulier la police, rechigne à interférer dans le réfugié), ce film nous lance forcément – et volontairement – domaine de la famille, du couple. Mais au delà de la probléma- tique de la violence faite aux femmes, Diego Lerman évoque également un lointain souvenir de son enfance, quand il avait dû fuir avec ses parents à l’écart de la capitale pour se réfugier dans la région d’El Tigre – tout comme Laura et son fils dans le film. Ses parents étaient recherchés par la dictature, et il avait dû tout abandonner du jour au lendemain, sa maison, ses jouets… Ce souvenir douloureux a aidé le cinéaste à construire le personnage de Matias, cet enfant qui ne comprend pas ce qui se passe et qui, dans son innocence, ne peut intégrer l’idée d’un mal et d’un bien. Nourri de ses multiples lectures, sans pathos, mais avec une tension sourde qui s’étire tout au long du film, Refugiado s’avère ainsi être un film particulièrement passionnant.© FILMCOOPI «REFUGIADO» de Diego Lerman, sort le 11 mars en Suisse romande 27 CULTURE Profil 136
© JAEGER-LECOULTRE SIGNL’ÉAELLKURRUEGER Par Lucie NotariSes yeux d’un bleu acier et son teint de porcelaine «Les garçons et Guillaume, à table!» Diane n’a pas peur de sortir nous emportent dans l’univers des actrices hit- des sentiers battus, quitte à «entailler» quelque peu son image chcockiennes. Diane Kruger est la digne héritière glamour. En 2015, son emploi du temps ne désemplit pas avec de Grace Kelly et de ses consœurs. On pourrait ima- «Close Protection» et «Fathers and Daughters». Dans ce dernier, giner la belle cantonnée à des rôles de jolie poupée, elle partage l’affiche avec Jane Fonda. Exigeante dans ses choix comme souvent les «casteurs» hollywoodiens l’exi- de carrière mais aussi côté collaborations publicitaires, puisque gent, et pourtant il n’en est rien. L’actrice allemande, ancienne la comédienne sait intelligemment sélectionner ses partenaires. danseuse et mannequin, a su laisser son empreinte dans le Image de la maison Chanel, elle est également une ambassadrice paysage cinématographique international avec des rôles d’en- choisie sur mesure par la prestigieuse marque horlogère suisse vergure. Hélène, dont la beauté déclencha une guerre dans le Jaeger-LeCoultre. L’actrice est une grande collectionneuse de film «Troie», Marie-Antoinette dans le remarqué «Les adieux à montres – et de montres Jaeger-LeCoultre, de surcroît! – depuis la reine», ou encore une infirmière un brin psychorigide dans son adolescence. Rencontre avec une femme dont l’exigence n’a d’égale que la beauté.CULTURE 28Profil 136
Profil: Vous êtes passée du tournage de films Vous êtes ambassadrice de la manufacture le luxe doit être simple et minimal, jamaisà celui d’une série. Qu’est-ce qui change en horlogère Jaeger-LeCoultre depuis main- “show off”. Ma mère, ma grand-mère, maistermes de rythme entre ces deux types de tenant 7 ans, comment voyez-vous votre aussi mes expériences en tant que manne-production? Avez-vous une préférence relation? quin, ainsi que les personnes que je côtoieentre les deux? J’avoue que c’est une fierté et un plaisir de dans la mode m’ont appris ces valeurs.Diane Kruger: J’ai envie de vous répondre les travailler avec cette marque. Nous évoluonsdeux, car la méthode de travail de chacun ensemble année après année et nous nous Imaginez: vous arrêtez le cinéma définiti-est radicalement différente. La série exige connaissons très bien! Ils sont comme une vement. Styliste pourrait être un plan B?une concentration constante ainsi qu’une deuxième famille pour moi. C’est intrigant, Pas particulièrement. Si je n’avais pas étégrande recherche des détails de la vie du car ils savent instantanément quel modèle mannequin ou actrice, je serais volontierspersonnage et de l’histoire racontée. Chaque va être un coup de cœur pour moi, et devenue organisatrice de soirées ou, le rêve,geste et mimique a une signification. Cette pourquoi. Cette marque inspire réellement reporter voyage!facette est beaucoup plus étoffée que dans l’esthétique, l’élégance et la qualité.un film. En général, je suis épuisée à la fin de Comment faites-vous pour vous ressourcerchaque journée de tournage! Mais c’est très D’ailleurs, je crois que vous avez particuliè- entres deux tournages?stimulant et j’avoue que tourner dans une rement aimé la montre Rendez-vous… Lorsque j’ai du temps libre, j’aime restersérie a été une expérience merveilleuse! Que En effet! Ce qui est étonnant, car je ne porte active! Je fais beaucoup de ski, de natationse soit au cinéma ou à la télévision, je donne normalement pas de montres rondes. J’aime mais aussi de randonnées. Ça m’apporte untoujours 100% de moi-même. Certains sont sa féminité et sa facilité d’adaptabilité. L’or équilibre dans mon quotidien.de plus gros challenges que d’autres mais rose me va bien et je la porte sans problèmeje m’engage à chaque fois de la même ma- le jour comme le soir! Pour terminer, que désireriez-vous trans-nière. Mais vous ne me verrez jamais moi- mettre à nos lectrices?même, Diane Kruger. Ce serait difficile de Vous avez un flair pour la mode, toujours Il y a énormément de raisons de célébrertoute façon et franchement, je préfère jouer à la pointe, souvent muse et adulée par la féminité… Rien ne devrait jamais êtrequelqu’un d’autre! les marques, comment décririez-vous frivole lorsqu’il s’agit d’une femme. Nous votre style? devrions toutes nous donner le droitAncienne danseuse – nous vous avons dé- Je pense que mon style est très éclectique d’être intelligentes, indépendantes, drôles,couverte dans «Troie», la superproduction et change au gré de mes envies. Je ne m’im- fortes, chaleureuses, instruites, et de pou-réalisée avec Brad Pitt – pourquoi vous êtes- pose pas vraiment de règles. J’essaie toujours voir enseigner ces différentes facettes devous tournée vers le cinéma? d’adapter ma tenue selon l’endroit où je me nous à nos enfants afin qu’ils puissent seJ’ai toujours aimé raconter des histoires et rends et la réaction que j’ai envie d’obtenir rendre compte des possibilités infinies quitransmettre des émotions à travers la danse, de mes interlocuteurs. Je crois aussi beau- s’ouvrent à eux! Alors, n’ayez surtout pasdevenir actrice était une suite logique pour coup en une certaine élégance. Pour moi, peur d’affirmer vos opinions!moi. Découvrir le monde par le biais d’unpersonnage, vivre des vies différentes, ça mefascine. J’ai étudié durant deux ans l’art dra-matique dans une école et c’était probable-ment les deux meilleures années de ma vie…Cette expérience m’a remplie d’émotions.Nous étions en permanence dans des étatsd’excitation et de stimulation avec les autresacteurs, nous partagions cette passion en-semble, ce sont de merveilleux souvenirs. Pour moi, le luxe doit être simpleet minimal, jamais show offLe cinéma, c’est être en permanence dans © JAEGER-LECOULTREle rôle de quelqu’un… Qui êtes-vous, DianeKruger? Comment vous décririez-vous?Je pense que je suis une personne solitaireet introvertie. Mais j’aime m’amuser et traî-ner avec des amis. Lorsque je connais bienune personne, je peux être très différenteet partante pour faire la fête! Je peux aussiêtre très aventurière lorsque je m’ouvre auxautres! 29 CULTURE Profil 136
QCEUS’OHNÉRAOBAST «La mort du héros fascine les téléspectateurs d’une série depuis toujours, mais cela ne fait que peu de temps que les chaînes de télévision acceptent cette idée.» Gale Ann Hurd, productrice de «Walking Dead», résume bien la nouvellePar Henry Arnaud tendance à Hollywood.Si les zombies de «Walking list» sans Simon Baker, «The Good Wife» En 2015, la tendance sera plus que jamais à Dead» ou le monde fantas- sans Julianna Margulies ou «Docteur la mort du héros. De nombreux rebondis- tique et guerrier de «Game House» sans Hugh Laurie... impossible! sements attendent les fans de «Walking of Thrones» sont des genres Pour contourner cela, les scénaristes Dead» ou «Game of Thrones» mais on faciles pour tuer des héros, utilisent la meilleure seconde option: prévoit aussi un ultime épisode «choc» il n’en est pas de même lors- assassiner un rôle secondaire. Les fans pour «Mentalist», par exemple. Est-ce qu’on aborde des feuilletons plus tradi- de «Good Wife» ont été choqués lorsque que le héros Patrick Jane va mourir? tionnels comme «NCIS», «Castle» ou en- Will Garner (joué par Josh Charles) a été Rien de moins sûr, car les producteurs core «Bones», mais la vague de meurtres tué à bout portant dans un tribunal de pourraient utiliser le même subterfuge n’épargne plus aucune production sur le Chicago au début de la saison 5. En l’es- qu’il y a quelques semaine pour la fin petit écran américain. pace de quelques minutes, la nouvelle a de la série «White Collar» (FBI: Duo très enflammé le web et «Good Wife» est de- spécial). Neal, le personnage incarné par «Il y a de multiples avantages à tuer le venu le sujet numéro un sur Twitter et Matt Bomer, est tué dans les 15 premières héros d’un feuilleton et un seul incon- Facebook. La semaine suivante, le feuil- minutes du dernier épisode par son ri- vénient. L’avantage principal est que l’on leton battait des records d’audience en val Keller... Mais la dernière image de la peut facilement dégager un comédien Amérique du Nord sur la chaîne CBS. série montre Neal dans une rue de Paris trop difficile sur le tournage ou trop C’est ce que l’on appelle un «win-win» à devant la tour Eiffel. Mort ou disparu, gourmand, qui demande une augmenta- Hollywood. L’acteur Josh Charles arrivait la question reste posée, ce qui peut tou- tion», avoue Gale Ann Hurd, célèbre aussi à la fin de ses quatre années de contrat jours permettre de réaliser un téléfilm pour avoir produit de nombreux films et avait fait part de son désir de ne pas le dans quelques mois si les fans réclament comme «Hulk», «Terminator» ou encore renouveler. Plutôt que d’entrer dans une un retour, car dans le monde de la télé «Aliens». «Mais l’inconvénient est que la négociation financière qui aurait doublé d’Hollywood, tout peut s’arranger avec disparition du personnage central peut le salaire de l’artiste, les producteurs ont quelques millions de dollars, même faire aussi faire chuter l’audimat et entraîner opté pour une sortie choquante. revivre un héros décédé. l’arrêt d’une série.» Imaginez «Menta- © AMCCULTURE 30Profil 136
Billet DPLFAEAEVSSJRUPDEELEATIEDUITNASNSE Julien Favreau est né des chaussons de danse lacés aux pieds.© BÉJART BALLET LAUSANNE intime, drôle et pointu du roi, de la reine, des fausses copines, Après avoir étudié la danse classique et contemporaine © GTG/GREGORYBATARDONdes rats et des noix. sous la direction de Colette Milner, il part rejoindre l’école- L’histoire n’a plus rien à voir avec Clara et la fée Dragée mais on atelier Rudra Béjart à Lausanne, puis entre au Béjart Ballet y retrouve Drosselmeier et son histoire de noix dure à casser. Lausanne. Récompensé de nombreux prix prestigieux, il Un monde différent où être différent n’est pas facile. Jeroen danse aux quatre coins de la planète. Aujourd’hui, au travers Verbruggen nous dit: «Accepter son identité, la crise d’identité, de ses mots, il partage ses découvertes. avoir plusieurs identités, être perdu, se retrouver… toutes ces démarches sont comme lorsqu’on mange une noix, il faut enC asse-Noisette, ou quand l’inévitable divertissement briser la coque avant de trouver ce qu’on cherche.» sucré laisse place à une réelle réflexion sur l’iden- Le rideau se ferme. Je sors du théâtre avec cette saveur plus tité. En ce début d’année, je ne pouvais pas écrire ce acidulée qu’édulcorée et dans la tête, déjà des interrogations billet d’humeur sans faire un retour sur la confi- sur ce qui va vraiment rester de cette représentation. Sur la serie obligée de Noël à laquelle nous avons droit route qui me ramène à Lausanne, alors que les costumes et les chaque année. Je veux bien évidemment parler du décors inondent encore mes pensées, les ombres mouvantes ballet «Casse-Noisette», qui accompagne depuis notre enfance sur le bitume me rappellent les danseurs de la compagnie et le toutes nos fêtes de fin d’année et auquel nous avons pu assister brouillard, il y a encore quelques instants si difficile à percer, au Grand Théâtre de Genève en novembre dernier. disparaît peu à peu tel le souvenir de ce voyage dans le rêve Le ballet du Grand Théâtre nous présentait la création du jeune merveilleux de «Casse-Noisette». Belge Jeroen Verbruggen accompagné par l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Philippe Béran. «CASSE-NOISETTE» J’avais cru comprendre en discutant avec des amis danseurs de au Grand Théâtre de Genève la compagnie genevoise que cette création serait surprenante, inattendue et amusante. Me voici donc bien installé dans mon fauteuil au parterre, impatient de découvrir cette nouvelle inter- prétation du conte d’Hoffmann qui me ferait peut-être oublier le ballet classique de Rudolph Noureev, le kitsch de Marius Petipa, le cirque de Jean-Christophe Maillot ou la version autobiogra- phique de mon maître, Maurice Béjart. La surprise vient dès les premières minutes. Tout d’abord lorsque l’on se rend compte que le chorégraphe a volontaire- ment découpé, mélangé et interchangé les différents morceaux de la partition originale de Tchaïkovski. Très vite, la sensation d’assister à une représentation en mode «shuffle» disparaît et je me laisse emporter par la musicalité de la chorégraphie des solos et des pas de deux sur ces airs entêtants. J’ai tout de même un peu plus de mal à rester concentré pendant les scènes et danses d’ensemble qui deviennent répétitives, lancinantes et moins précises. Mais cela vient-il vraiment de la danse? Depuis le début du spectacle, je n’ai pas fait un seul battement de cils, tellement la scénographie et les costumes sont impres- sionnants. L’inattendue ambiance fantastico-baroque enfumée me plonge dans ce conte initiatique où le merveilleux et la terreur se cô- toient. Les jeux de miroirs très bien maîtrisés donnent un effet de masse et de grandeur qui me transporte dans un tourbillon de sentiments enivrants. J’ai soudainement envie de me glisser dans les costumes de la maison de couture parisienne «On aura tout vu». Les matières délicieuses, les formes et coupes originales offrant des silhouettes à la limite du réel, tout paraît tellement confortable, attire et plonge le spectateur que je suis dans le jeu CULTURE 31 Profil 136
ESETPXCEP.CO..TSA,CLES,Par Jeanne DubuisL’art scénique contemporaindans tous ses états!Du 18 au 29 mars, le Théâtre de Vidy et de l’Arsenic rêvent de © BARBARABRAUN MUTPHOTOtransformer Lausanne en capitale des arts de la scène avecProgramme Commun, un événement autour du théâtre, de la Vidy & Arsenic,danse, de la musique et de la performance. Les deux structures Les coups de cœurporteuses de la manifestation ont invité d’autres entités de Vincent et Sandrineculturelles lausannoises: le Théâtre la Grange de Dorigny, lefestival de danse Les Printemps de Sévelin, Les Docks et l’ECAL. • La création de JonathanUne centaine d’artistes suisses et d’ailleurs seront présents pour Capdevielle, un habitué16 spectacles et au total 50 représentations. Parmi les invités: de l’Arsenic.Romeo Castellucci, Angélica Liddell ou Jonathan Capdevielle • Schick, Gremaud et Pavillon à Vidy.pour les metteurs en scène internationaux. Des Suisses: le trio Suivi par l’Arsenic, c’est à Vidy queSchick, Gremaud et Pavillon, le bientôt directeur du Théâtre Le le trio est programmé en mars. UnePoche à Genève Mathieu Bertholet. Cindy van Acker ou Trajal belle reconnaissance pour eux, selonHarrell côté danse, Rodolphe Burger et Olivier Cadiot pour le Sandrine Kuster.volet musical. • Angelica Liddell sera la grande dame de ce Programme Commun,Des artistes libres selon Vincent Baudriller. Elle seraet engagés présente avec une création et un spectacle.L’objectif pour Vincent Baudriller et Sandrine Kuster, respectivement • Thom Luz, l’artiste qui monte endirecteur de Vidy et directrice de l’Arsenic, c’est de rassembler dans Suisse alémanique, n’est jamaisune dynamique festivalière le public lausannois et des alentours, les venu à Lausanne avec des spectaclescurieux venus de l’étranger, les professionnels et journalistes, pour qui la de théâtre.programmation a été conçue de manière condensée. Alors qu’une tranchedu public de Vidy semble parfois encore secouée par la nouvelle ligne –programmation contemporaine présentée par Vincent Baudriller – leProgramme Commun saura-t-il susciter l’intérêt escompté? «J’invite desartistes qui créent aujourd’hui avec intégrité, engagement et liberté. Nousavons des nouveaux spectateurs, des fidèles curieux, d’autres déstabilisés.Le travail est d’essayer de les accompagner. Le Programme Commun vaaussi participer à cela. On aimerait que les gens circulent d’un lieu à l’autre»,répond le directeur de Vidy. Du côté de l’Arsenic, on se réjouit de cettedynamique entre les différents espaces culturels. «Chacun a effectué saprogrammation selon les caractéristiques de son lieu, avec comme moteurl’envie de proposer des formes pluridisciplinaires, d’inviter des artistes dotésd’une singularité forte. Cela a vraiment été un échange sur ce qui nous porte.On a essayé de se challenger», explique Sandrine Kuster. «A faire, c’était unpeu une utopie. Il faut tout mettre ensemble, nos idées, la communication,la billeterie… Mais c’est grande joie de voir que c’est possible!», conclutVincent Baudriller. A l’image du programme de réforme intitulé Programmecommun et signé par des partis de gauche français en 1972, les six entitésculturelles s’unissent avec l’espoir de secouer un peu les vieilles habitudes.CULTURE 32Profil 136
Billet LDLDOE’EHILRCEEIHRDVEVEEMÉRAOULDirecteur général de la Comédie de Genève, Hervé Loichemol Studio Casanova se cache au fond d’une impasse. Le hangarest né en Algérie. Il fait ses études au Théâtre National de planté là n’abrite pas un magasin d’électricité ou un entrepôtStrasbourg. Metteur en scène, on le retrouve au Festival de matelas, c’est un théâtre.d’Avignon avec Hamlet-Machine de Heiner Müller ou encore Derrière une billetterie minuscule on aperçoit un ou deux bu-L’Ecole des femmes de Molière. Aujourd’hui, pour Profil, il reaux. Le bar est digne d’une maison de quartier. Le hall, triste ànous parle de scènes de vie ou des planches mourir, affiche des peintures naïves en l’honneur du sous-com-qui le marquent. mandant Marcos. C’est donc là – un là incertain, un peu zone, un peu rien – qu’onDirection Ivry. aboutit un samedi de désœuvrement, et qu’on découvre un bout Métro, ligne 7 jusqu’au terminus, station Mairie du théâtre à venir. Il faut parfois aller au bout du monde pour d’Ivry, sortie place de la République. Vous voilà trouver sa vie – le bout du monde n’est parfois pas loin, mais on sur l’Espace Robespierre. Laissez la rue Marat à ne le voit pas toujours. droite, la rue Voltaire au centre, l’avenue Corna- Ce reste de ceinture rouge, là où pendant 40 ans une génération vin à gauche – rien à voir avec la gare de Genève, d’exception a creusé le sillon de la démocratisation culturellel’homme était député communiste. Engagez-vous sur l’avenue sur fond de service public, abrite encore ce qui se fait de plusGeorges Gosnat, député communiste lui aussi. Croisez la rue inventif en matière théâtrale. Le fantôme d’Antoine Vitez estJean-Jacques Rousseau, la rue Gabriel Péri – communiste fusillé bien vivant.par les nazis. Persévérez rue Spinoza, vous voilà sur l’avenue En ce samedi ensoleillé, on pouvait voir au Studio CasanovaDanielle Casanova, communiste morte à Auschwitz. d’Ivry Mi muñequita et Ouz, deux pièces de Gabriel Calderón, laVous apercevez le parc Maurice Thorez, dirigeant communiste trentaine. L’enfant terrible du théâtre uruguayen va droit auqu’on ne présente pas, mais ne le traversez surtout pas, vous but, cogne, taille, déboise, mais n’oublie rien: Rabelais, Feydeau,seriez perdu. Continuez tout droit jusqu’au croisement de la rue Levin et Müller défilent devant nous. Culot, irrévérence,Francisco Ferrer, libre penseur catalan fusillé en 1909. allégresse de l’écriture, bouffonnerie, paillardise, rythme,La promenade n’est pas longue mais elle le paraît. L’architecture plaisir du jeu, joie des spectateurs, joie des comédiens. Il fautdes années 70 est un chaos de gestes ratés, mais, à ce qu’on dit, tous les citer: Andrés Alegría, Carlos Briones, Pablo Dubott,on y vit bien. Ne vous impatientez pas, vous y êtes presque: le Ignacia Goycoolea, Carolina Alarcón, Angélica Martinez, Véronique Ataly, Anthony Audoux, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine, Louise Lemoine Torrès, Ana Karina Lombardi, Lara Suyeux. Elisabeth Chailloux et Adel Hakim pilotent le Théâtre des Quartiers d’Ivry. Ce samedi-là, grâce à eux, le monde était neuf.© STEFAN MÜLLER © STEFAN MÜLLER Au studio Casanova d’Ivry «Mi muñequita» et «Ouz» CULTURE 33 Profil 136
ÇENA ASWLTIINTGUUDEE! La saison de ski est rythmée par les festivals d’hiver, de plus en plus nombreux, organisés chaque année Par Jeanne Dubuis sur les pistes ou en station. Tour d’horizon, tout schuss, des différentes manifestations à ne pas manquer entre mars et avril.© ZERMATT UNPLUGGED Charlie Winston, le 17 avril au Zermatt Unplugged. On commence au rythme des sonorités électroniques avec le Worldwide Festival, qui s’installe pour la troisième année à Leysin du 23 au 29 mars. Créé en France en 2006 par l’influent DJ Gilles Peterson, le Worldwide Festival a pour objectif de se déplacer où le vent le mène. Pour son édition dans la station vaudoise, Gilles Peterson sera évidemment à l’affiche, mais aussi le roi de la house Julio Bashmore, le duo français Kuage (ndlr: le coup de cœur de la rédaction), le maître du reggae, de la dub et drum’n’bass David Rodigan, sans oublier celui qui nous vient des Alpes suisses, Cédric Streuli, alias Buvette. En avril, ne te découvre pas d’un fil, nous dit le proverbe. Et c’est bien vrai. On garde sa doudoune et on se déplace à Crans-Montana pour le Caprices Festival, du 9 au 12. Après quelques remaniements au niveau du lieu et de la programmation, la 12e édition se déroulera entre le village et les pistes, avec un accent mis sur les musiques électroniques et urbaines. La chanteuse soul Ayo, le rappeur de nos contrées Stress ou encore les quatre DJs français de C2C et leur célèbre titre «Happy» ouvriront les festivités. Ils seront suivis d’une multitude de DJs; parmi eux les habitués des lieux Ricardo Villalobos, Luciano et Sven Väth. Le Zermatt Unplugged profite des dernières neiges de printemps, du 14 au 18 avril, pour terminer la saison en beauté. Une multitude d’artistes se retrouvent au pied du Cervin: Charlie Winston, Travis, Starsailor, James Blunt, Anastacia, Gabrielle, Patricia Kaas, Cats on Tree ou encore Kill it Kid. A ne pas manquer! CULTURE 34 Profil 136
Billet PRMAOÉRLMOOALMIENASNGDEOEMDEIS Romain Gomis plonge en 1998 dans l’univers du Paléo destination des artistes émergents. Nous avons rapidement Festival de Nyon, en tant que spectateur. Il intégrera le convenu de quelques critères de sélection. Tout d’abord, on ne festival en 2006 pour ne plus le quitter. Après y avoir gravi les programmerait que des artistes qu’on aurait préalablement échelons, il met désormais sa passion au service des autres en vus en live. Qu’ils passent à la radio ou vendent des millions de devenant programmateur de la scène suisse. Aujourd’hui, il disques serait le cadet de nos soucis; si l’artiste ne dépose pas un nous parle de sa vision de la scène artistique suisse. minimum ses tripes sur le plancher de la scène qu’il foule, il ne sera point choisi. Aujourd’hui nous sommes trois programma-C e n’est plus un secret. En plus d’être un terreau teurs à arpenter les clubs et festivals, de Genève à Zurich, afin fertile pour la plantation de banques, montres de découvrir sur scène les artistes du cru. de luxe, frometons de caractère et onctueux chocolat, la Confédération helvétique consacre Deuxième commandement: la compatibilité des styles mu- désormais une partie de son potager à la culture sicaux. Ceux-ci doivent s’imbriquer dans les quatre grandes familles qui constituent la ligne artistique de Paléo: pop/rock, des – pardonnez-moi ce terme absurde, mais musiques urbaines, chanson et musiques du monde. Cela couvre une tonne de couleurs musicales, du rock à guitares à l’abstract il n’en existe point d’autre – «musiques actuelles». C’est le cas hip-hop, de l’afro-pop psyché à la drum’n’bass mais explique également pourquoi on trouve plus rarement du speed metal depuis toujours, sans doute. Mais à l’aube du troisième millé- ou de la house made in Ibiza sur les petites scènes du Festival. naire, la déroute de l’industrie musicale, l’avènement du web, Troisième commandement: savoir faire des concessions. Lors- qu’on programme pour un festival généraliste, on doit savoir la possibilité d’enregistrer des morceaux à bas prix, ainsi que la reconnaître l’authenticité et le mérite d’un artiste, même si son univers musical nous débecte. Parallèlement, on doit égale- reconnaissance croissante des médias, institutions et festivals ment pouvoir assumer sa propre subjectivité, ne pas avoir peur de faire des choix fidèles à son éthique musicale. Pourquoi ce ont changé la donne. Désormais, un nombre incalculable de groupe plutôt que celui-là? Parce qu’on le préfère, pardi! jeunes pousses qui seraient restées dans l’ombre il y a vingt ans Enfin, il y a l’humain. Car, on ne le rappellera jamais assez, la fonctionnalité première de la musique, c’est la transmission peuvent faire parler d’elles. d’émotions par des êtres humains pour des êtres humains. Et contrairement aux têtes d’affiche souvent «protégées» par une Quand on m’a confié, avec un collègue, la mission sacrée et un horde d’agents, de managers et de maisons de disques, les ar- brin patriotique de programmer les artistes suisses à Paléo, le tistes suisses se laissent approcher. Nous pouvons les côtoyer, message était limpide: il fallait refléter la diversité de cet éco- parler de musique, refaire le monde jusqu’au petit matin à coups système sur la plaine de l’Asse. C’était en 2009, deuxième année de whisky, remettant la passion là où elle doit être: au départ et du «Détour», nouvelle scène érigée à l’intérieur du Festival à à la fin de chaque chose.© PABLO NOUVELLE PALÉO2014 ANNE COLLIARD CULTURE 35 Profil 136
«DE SANG-FROID» Par Rémy Haas Traitant d’un fait divers américain largement relayé par les médias en 2013, Blood Will Out, sous-titré dans sa version originale The True Story of a Murder, a Mystery and a Masquerade donne immédiatement le ton du livre: il y sera question de meurtre, de mystère et de masques. Mais avec ceci de particulier que le récit en question, aussi brillant que provocant, est autobiographique.© BEOWULF SHEEHAN L’auteur C’est que l’écrivain, aussi réputé comme journaliste, nous captive autant qu’il nous sidère par cette histoire vraie, à De Joyce Carol Oates à Edmund White en passant par James ce point inimaginable et démente qu’elle semble surpasser Ellroy, les critiques dithyrambiques ont fusé lors de la paru- toute fiction. tion en anglais de ce huitième ouvrage – deux ont déjà fait l’objet d’adaptations cinématographiques – de Walter Kirn.Crime et envoûtement de 15 ans; période entrecoupée d’interrup- aveugle en ce personnage qui est, on tions parfois longues, et où la fascination l’apprend très vite, un menteur en série doublé d’un criminel, sans doute le plusNew York, été 1998: Le narrateur, suite à initiale du narrateur pour Clark finira par prodigieux mystificateur de ces dernières décennies.d’étranges échanges de mails, va sillon- se muer en mépris et détestation. San Marino - Californie, mars 2013: le pro-ner une partie des USA pour livrer une Mais en attendant, de restaurants pour cès du fameux Clark Rockefeller s’ouvre. Il s’agit en fait d’un ressortissant allemandchienne estropiée à celui qui semble la millionnaires en clubs très privés de la jet d’origine modeste dénommé Christian Gerhartstreiter, inculpé d’un meurtre quidésirer farou- Sans doute le plus set, d’appar- remonte à 1985. Ce procès, décrit avec unechement: un prodigieux mystificateur tements en minutie et une drôlerie aussi féroce queprétendu Clark demeures grand-guignolesque, fera ressurgir chezRockefeller; per- le narrateur des souvenirs qui à sa lueur déla-sonnage pour le de ces dernières décennies brées,moins baroque, les ren-extravagant,haut en couleur, en un mot: séduisant. dez-vous se succèdent, les échangesDès lors naît une amitié qui durera près abondent. Et perdurera une confianceCULTURE 36Profil 136
prendront un sens évidemment inédit. convoquées (entre autres Assurance sur la pas de la moindre imposture – et encore moins d’avoir commis un meurtre? EnMais surtout, entre horreur et anecdotes Mort, La Corde, l’Inconnu du Nord Express, quoi le narrateur, affranchi un temps de son propre jugement et, pour tout dire, depiquantes, les audiences révèleront un Vertigo, Plein soleil, mais aussi Crime et sa propre intelligence, s’est-il reconnu en Clark au point de lui accorder sans hési-monstre inconsistant dont c’est peut-être Châtiment comme autant d’inspirations tation sa confiance; dans quelle mesure n’œuvre-t-on pas soi-même à se laisserl’absence de substance même qui lui a possibles pour le(s) meurtre(s) à venir), abuser? Si ce thriller psychologique pas- sionne dès la première page, c’est sanspermis de s’inventer tant de masques: c’est surtout au Talentueux Monsieur nul doute parce qu’il interroge tout type de relation en ce qu’elle peut être fondéeGerhartstreiter aura accompli le tour de Ripley de P. Highsmith que l’on songe, qui, parfois sur le déni et/ou l’aveuglement, sujette à l’emprise et à la manipulation.force d’endosser pas moins de six identi- comme Clark, érige crimes et usurpations Une phrase de Walter Kirn décrivant le mystificateur résume peut-être le mieuxtés! L’imposture paraît si immense qu’on d’identité en art. Ajoutons à cela des cette amitié aussi trouble que complémen- taire: «Il ne vivait pas de son écriture, ilse demande comment elle a pu tenir si velléités d’écrire avortées ou suspendues écrivait sa vie.»longtemps. Des réponses, partiellement – la rencontre planifiée avec l’écrivain Encore peu connu en Europe, Walter Kirn, romancier mais également jour-satisfaisantes, seront données par tous les Walter Kirn n’était donc pas anodine. naliste, nous livre avec son dernier opus un éblouissant récit autobiographique àtémoins du procès au cours duquel l’im- Aussi s’empare-t-il de héros romanesques l’allure d’histoire vraie criminelle dont la verve stylistique, la limpidité et la sim-posteur se montrera totalement dépour- de telle sorte qu’il devient pour lui-même plicité apparentes rendent parfaitement compte de ce que cette affaire recèle devu d’affect, comme un héros de fiction tension mais aussi de prosaïsme. Par ail- leurs, il n’est pas sans rappeler le très fa-absent. Dans quelle mesure («il avait tué pour meux roman In Cold Blood (1965) initiantEt le narrateur la littérature, pour le genre «non-fiction novel» et auquel le titre original Blood Will Out fait inévi-ne «lira» correc- n’œuvre-t-on y prendre sa place, tablement penser. Le journaliste réputétement sa relation pas soi-même pour y survivre»). pour ses chroniques littéraires ne se dé-avec celui qu’il pré- C’est que cette part pas, à l’instar de Truman Capote, de son style journalistique – vif, concis, aunommera jusqu’à à se laisser abuser? dernière, bien ton souvent drôle, corrosif – pour nousla fin «Clark» qu’à plus encore laisser entrevoir la psyché d’un monstre. Mêlant avec maestria confessions, faitsla faveur de ce qui que la réalité, divers et spéculations culturelles, récit aussi impitoyable qu’étrange, Mauvaisconstitue le noyau est pour Clark le sang ne saurait mentir est une œuvre brillante et irrésistible dont il y a fort àdu récit, à savoir précisément le déroule- ferment à partir duquel les identités parier qu’elle sera adaptée à l’écran.ment de ce procès jalonné de flashbacks. successives vont s’élaborer; de la mêmeLes projets du Rockefeller de pacotille y manière il s’appropriera – souvent avecseront rétrospectivement mis au jour, ses une pathétique maladresse et un intérêtfausses identités révélées, son meurtre prononcé pour la culture populaire – lesavéré. Et le narrateur de revenir sur sa goûts et passions des autres prélevés icipropre psychologie à chaque nouvelle ou là. A partir de ces éléments clonés,révélation car à cette histoire-là s’en tout devient pour lui un hypothétiquegreffe une autre, celle qui lui appartient « i n c u b a t e u r a u x p e r s o n n a l i t é sen propre: sa vie familiale tumultueuse expérimentales à venir». Et dès lors qu’unefaite de déboires conjugaux, de déménage- identité s’avère menacée ou obsolète,ments, et sa vie professionnelle, tout aussi Clark fait montre d’une capacité effarantemouvementée. Mais surtout, par-delà ses à se réinventer, à se reprogrammer tel unpropres souvenirs avec Clark, ce sont des logiciel pour en endosser une nouvelle.faits datant d’avant leur rencontre et re-montant au début des années 1980 qui sont (Ré)écrire l’histoiredévoilés; par là-même, c’est l’«americandream» – Eden rêvé par Clark et sur le- A l’issue du procès, que sait le narrateur dequel il a su bâtir un empire imaginaire et ce Gatsby de foire qu’il ne savait déjà? Lanévrotique – dont il semble être le mons- vérité. Mais comme il l’écrit: «la vérité n’esttrueux produit ou symptôme qu’examine pas nécessairement littérale ni factuelle;le narrateur non sans ironie. l’imprévisible nature humaine est un fait en soi.» Dès lors, Walter Kirn évoque la né-Le livre pose la question de la fascination cessité impérieuse qu’il ressent à «écriretrouble pour un personnage dont on sait sur cette affaire, pour mettre des mots surpeu sinon l’ambition psychotique à la- cette vampirisation», ce qui donne lieu àquelle vraisemblablement seule l’Amé- une saisissante et vertigineuse mise enrique pouvait répondre comme lieu de abyme. S’il écrira sur cette histoire donttous les possibles en termes d’ascension ce «cannibale des âmes» l’aura totalementsociale fulgurante offerte aux immigrants. évincé, c’est pour exorciser une relationEn effet, comme de multiples parenthèses dont il n’a pas été l’auteur mais rien deà la description du procès et qui en consti- moins qu’un instrument, un pathétiquetuent la toile de fond essentielle, c’est aus- fantôme, objet des divagations d’un fou,si un portrait des USA qui couvre trois englouti dans les rêves de l’autre – ici rêvesdécennies qui nous est donné à voir: des de puissance – pour, in fine, restaurerplus grand procès à la crise financière en sa place de sujet afin de ne pas sombrerpassant par les attentats du 11 septembre, dans la folie.l’explosion des nouvelles technologies – Mais outre la dissection d’une psychopa-dont le protagoniste s’empare avec une thologie, le livre de Walter Kirn pose uneextrême habileté –, les mandats présiden- question cruciale: pourquoi et commenttiels successifs, les plus grands procès, la un journaliste, de surcroît expert en art etmondialisation, etc. fiction, s’est-il laissé si candidement char- mer, subjuguer et surtout duper sans pro- © CÉDRIC SCANDELLAS i d e n o m b r e u s e s r é f é r e n c e s céder immédiatement aux investigationsessentiellement cinématographiques sont les plus élémentaires, ne le soupçonnant «Mauvais sang ne saurait mentir» (traduit de l’anglais par Eric Chédaille). CULTURE Editions Bourgois. 272 pages, Fr. 34.70 Profil 136 37
«DDLEEESBCEAEAMRUACXTLEERUELRCITSUTEÉIRLASI»RE © DRPar Sophie et AmélieC’est une petite caverne d’Ali Baba, composée de bouquinssur l’évasion, la littérature, les polars, qui se cache au sein duCentre commercial de la Praille, à Genève. La librairie Deslivres et vous est tenue par les passionnés Claire, Philippe,Amélie et Sophie. Pour ce numéro, voici un grand cruhelvétique, sélectionné avec soin.HARMONIE DES SAVEURS«Dupont et Byrne: bienvenue! L’Auberge du Lion d’Or»Jean-Luc Ingold, Editions FavreC’est sur les hauteurs de Cologny, dans un environnement exceptionnel, que lesdeux célèbres chefs Gilles Dupont et Thomas Byrne, de la non moins prestigieuseAuberge du Lion d’Or, nous ont concocté un recueil de leurs plus belles recettes.La générosité, la créativité, l’harmonie des saveurs sont une courte descriptionde leur savoir-faire. La passion qui les anime nous offre, au travers de ce livre,une cure de plaisir pour les yeux et les papilles. Les photos y sont somptueuses.Une seule question subsiste: aurons-nous autant de joie à nous prendre pourde grands chefs qu’ à déguster leurs plats? Pour ma part, c’est les petits légumescroquants et toutes les saveurs qui s’en dégagent qui me font craquer! Allez, je melance, et vous? – Sophie QUÊTE INITIATIQUE «Et si l’ailleurs était nulle part» Bernadette Richard, Editions L’Age d’Homme Ce roman est un magnifique conte sur le chemin de la vie, la découverte de soi, la nature et des liens bien trop souvent oubliés entre les êtres. Bernadette Richard, auteure de romans, pièces de théâtre etnouvelles, femme sensible proche des animaux et de la nature, nous guide àtravers Zichka le Rebelle dans un voyage aux confins de lui-même où mon-tagnes, déserts et océans lui amènent une découverte de soi et des autres, où,justement, «l’ailleurs est peut-être nulle part». Nous voguons avec lui durantcette quête en nous laissant submerger par l’émotion de ces différentes étapesde vie. Ce roman-conte fait du bien, fait rêver, fait vibrer, fait respirer. J’aivraiment énormément aimé. – Amélie
© NICOLAS DELAROCHE Prolifics Bâtiment administratif César-Roux 37 à Lausanne Architectes des transformations : bureau d’architecte Galletti&Matter Artiste : Sophie Bouvier Ausländer L’ANRICTVOAELTUADLS’OADRISECLSHAEIRTLEOOCCNTHUERE Par Danny Baumann Le pourcent culturel, projet initié par l’Etat de Vaud il y a 40 ans et visant à promouvoir l’art, se retrace en images au travers du regard du photographe romand Nicolas Delaroche. Son objectif a sillonné le canton de Vaud durant de long mois afin de capturer, sous leur meilleur jour, ces œuvres d’art faisant désormais partie de l’ADN de chaque ville. Rencontre… CULTURE 39 Profil 136
Profil: Comment a débuté le projet du d’essayer de faire découvrir tous ces lieux logue entre le sujet et moi opère. Je suislivre «Vaud. Art et Architecture»? d’une façon nouvelle. De surprendre les un photographe de la composition, ceNicolas Delaroche: Nous avons été man- gens qui auraient déjà vu ces œuvres. Le qui sous-entend que j’essaie de fairedaté, il y a un an et demi, par Mme Wa- texte, lui, vient contrebalancer cela par entrer un jeu géométrique – des lignesridel – cheffe du SERAC* – et M. Ventu- des faits. Le parti pris pour ce projet est et des formes claires – dans chacune dera – architecte cantonal mes prises de vue (il nousau SIPaL* – qui désiraient montre la photo de couver-mettre en avant, au travers La géométrie dans une photo ture du livre). La géométried’un recueil, ce projet. Sur dans une photo est pri-le fond c’est le travail de est primordiale pour moi mordiale pour moi. Pourdeux auteurs, Nadja Mail- ce qui est de mon univers,lard pour le texte et moi- la première grande sériemême pour la photogra- photographique que j’aiephie. Il y a d’abord eu un faite – Nicolas Faure, pro-énorme travail de recherche, où on se de ne jamais être dans la documentation fesseur à l’ECAL, m’a suivi dans ce pro-sent un peu comme un archéologue à la mais toujours dans l’interprétation afin jet – traitait des coulisses des musées, j’aidécouverte d’œuvres, puis un travail de que chaque personne puisse interpréter parcouru la Suisse entière pour prendresélection, ce qui a déjà pris huit ou neuf ces œuvres à sa façon. des prises de vue sur les parties non vi-mois. La photographie, elle, a duré envi- sibles de ces lieux mythiques, ce qui a dé-ron six mois. Le public découvre votre travail à tra- bouché sur l’interrogation de la place de vers cet ouvrage, quel genre de photo- l’art aujourd’hui. C’est pourquoi ce projetQuelle a été votre démarche pour ce pro- graphe êtes-vous? Quel genre d’univers m’a beaucoup plu, car je reste exactementjet? Et pourquoi avoir dit oui? aimez-vous travailler? dans le même contexte.C’est un projet dont j’avais rêvé personnel- Très bonne question! (Il marque unelement et, lorsqu’on est venu me le pro- pause.) Je dirais que je suis quelqu’un deposer, je ne pouvais évidemment pas le solitaire dans la prise de vue, je rentrerefuser. Ma contribution personnelle est dans un cycle méditatif afin qu’un dia-De la polyclinique à la grotte, images grand formatHaute Ecole de santé Vaud à LausanneArchitectes des transformations : bureau d’architecte Galletti&MatterArtiste : La photographe Renate BuserCULTURE 40Profil 136
Ligne de lumièreTribunal cantonal de LausanneArchitectes : bureau d’architecte Musy&Vallottonet son collaborateur Ivan KolecekArtistes : Jean-Paul Michel et Pierre ChevalleyVous vous êtes beaucoup déplacé, qu’est- et l’état d’esprit dans lequel j’étais le jour Pour terminer, où va-t-on vous retrouverce qui vous a marqué dans tous ces lieux? de la prise de vue. En prenant en compte prochainement?Les gymnases et les prisons m’ont beau- tout ceci, je dirais: l’HEIG à Yverdon de A l’exposition Plattform 15, qui sélec-coup touché. Les premiers, car on y sent Maurice Ruche, le gymnase de Morges de tionne les meilleurs travaux des diplômésune certaine force de la jeunesse, se sont Daniel Schlaepfer et le Tribunal cantonal d’art en Suisse, à Zurich jusqu’au 21 marsdes endroits très vivants. Je trouve égale- à Lausanne de Jean-Paul Michel et Pierre 2015. J’y présenterai un travail photogra-ment que les bâtiments, en termes d’ar- Chevalley. Ces trois œuvres s’intègrent phique sur céramique.chitecture et d’œuvres, sont très réussis. magnifiquement bien à l’architecture duJ’avais envie de retourner au gymnase bâtiment, il y a une sorte de collaboration *SERAC: Service des affaires culturellesaprès mes séries de photos. (Rires.) Les entre les deux, comme on dirait en *SIPal: Service immeubles, patrimoine et logistiqueprisons, car on est comme privilégié de anglais il y a un «perfect match».pouvoir y entrer. Paradoxalement, mis «Vaud. Art et Architecture»à part le personnel et les visiteurs, il est Qu’est-ce qui vous touche dans l’architec-évidemment impossible d’en passer les ture, donc dans ce projet? Editions Favre, Fr. 45.-portes. J’aime ces lieux où je peux trans- J’aime quand ça joue avec nos sens, quandmettre des instants et des images rares on peut vivre une expérience particulière.aux lecteurs. Je suis très sensible à la lumière, donc for- cement sensible à l’architecture qui joueSur les centaines de clichés que vous avec celle-ci. Les sensations d’espace sontavez pris, gardez-vous des moments également importantes. Tous les lieuxmarquants? que j’ai pu visiter offraient ces différentsDans les coups de cœur des lieux que j’ai jeux indispensables à une photo réussie.visités, il y a une combinaison de plusieurs Je suis une personne du ressenti.éléments: l’œuvre, le bâtiment, la lumière CULTURE 41 Profil 136
HLVNEIAEESTRSHSTDCAREHLOIDIESORFER Directrice du Musée des Beaux-Arts de la ville du Locle depuis un an, elle n’a pas pour autant renoncé à ses activités dePar Nicolette de Joncaire curatrice indépendante et d’historienne de l’art, spécialiste de la photographie. Résultat? Nathalie Herschdorfer mène trois vies de front.1.Le Musée des 2.Un tourbillon d’activités 3.Globe-trotter de l’art Conférences, festivals, Deux fois par mois, parfoisBeaux-Arts du Locle écriture:Nathalie davantage,Nathalie Herschdorfer n’a renoncé Herschdorfer s’envole. Vers Au-delà des tâches adminis- à aucune de ses autres Paris, Londres, Amsterdam, tratives menées en collabo- activités. Elle continue Madrid, Vienne, Miami ou, ration étroite avec sa petite d’assurer le positionnement plus prosaïquement, elle équipe, Nathalie Herschdor- du Festival Alt. +1000 à Rossinière, qu’elle sillonne la Suisse. Pour faire rayonner le fer est commissaire des expo- a longtemps dirigé. Mais elle est aussi musée du Locle, pour être présente aux sitions du musée. «J’ai eu de marraine de Circulations, le festival expositions qu’elle a organisées, pourla chance, dans le sens où je suis arrivée de la jeune photographie européenne promouvoir la photographie émergentesur un terrain vierge. La programmation qui vient de fermer ses portes à Paris. et la place de toutes ces images qui flottentdu musée était inexistante. Tout était à Sans compter qu’elle est commissaire sur l’internet. Et aussi pour soutenirfaire», nous explique-t-elle. Expositions de Coming into Fashion, un siècle de les écoles d’art: l’ECAL de Lausanne (oùponctuelles, concerts, art vivant: la pro- photographie, à Londres et à Palm elle enseigne dans le cadre du coursgrammation du Locle est le fruit de son Beach, ainsi que de Papier Glacé au théorique Photographie contemporaine,imagination et de sa volonté mais aus- Palais Galliera à Paris, une exposition expositions et publications), maissi d’innombrables échanges avec des autour de la photo de mode chez Condé également la HEAD de Genève, qu’elleinterlocuteurs intérieurs ou extérieurs Nast pour laquelle elle a sélectionné une a invitée à exposer au Locle. Les hôtesau musée. Rarement limité à une seule centaine d’images parmi les quelques du Locle seront cette année le Royalforme, souvent à cheval entre plusieurs, millions de disponibles. Et sans oublier College of Art de Londres et l’école d’artsle calendrier se pose à la croisée des sup- non plus une autre exposition à Riga appliqués de La Chaux-de-Fonds.ports: arts et livres, dialogue entre art et sur l’architecture suisse. Ce n’est paspoésie, performance. Une affaire où elle tout. Nathalie Herschdorfer boucledonne de sa personne pour accueillir le deux titres en 2015, un dictionnaire de lapublic, comme ce brunch du 28 décembre photographie et un livre sur l’architectureprécédé d’une visite de l’exposition qu’elle suisse contemporaine à travers lacommentait elle-même. S’y ajoutent en- photo. Un troisième ouvrage sur lescore le rayonnement du musée et son rôle émotions, en collaboration avec le Centredans le paysage suisse, qui impliquent interfacultaire en sciences affectives derendez-vous et réunions avec les artistes l’Université de Genève, est prévu pour 2017.et les galeries ainsi qu’avec les autres mu-sées et établissements culturels.© ECAL PHOTOGRAPHY GALERIE © DR L’exposition réalisée parCULTURE Nathalie Herschdorfer, «Coming into fashion, unProfil 136 siècle de photographie», à Londres. 42
MODEp.56 MODE Walter Steiger Le chausseur sachant chausser… Profil 136 43
IFNALLLOINVGE… Par Lucie Notari L’été n’a pas encore pointé le bout de ses rayons et pourtant, on a envie d’adopter sans plus tarder le look Bally imaginé par Pablo Coppola, nouveau direc- teur artistique de la maison. Mais, avouons-le, la silhouette est plutôt intemporelle et s’accommode aux saisons avec élégance, sans provo- quer de crise cardiaque aux fashion victims les plus chevronnées. On aime, que dis-je, on adore son allure longiligne, à la fois fluide, raffinée et délicieusement rétro. Pour le coup, passage obligé par les années 1960 avec cette silhouette véritablement «easy to wear» adaptée à chaque morphologie. Audacieux mélange côté couleurs avec ce mariage vert forêt-mandarine et blanc qui donne du caractère à la tenue. «Nous avons désiré une approche fraîche, à la fois détendue et espiègle. L’idée était de prendre exemple sur des femmes au look stylé mais pas compliqué», ex- plique le créateur. Un vêtement chic qui, rien qu’en l’enfilant, nous donne du style? Moi j’ai envie de dire oui, on adopte illico.© BALLY MODE BALLY collection printemps-été, trench Profil 136 en viscose Fr. 2595.-, robe en soie Fr. 1695.-, ceinture en cuir Fr. 295.-, sac en python Fr. 2595.-, mocassins en cuir Fr. 550.-, www.bally.com 44
Billet LMDEAOSVDEIDENDPVÉIEERSEZ Responsable des départements non food* du grand magasin ses créations au rez-de-chaussée de notre magasin. Avec la Globus de Genève, David Pérez cherche toujours à valoriser HEAD à proximité, l’ECAL pas très loin non plus, des créatifs, les talents venus de nos montagnes en proposant aux clientes stylistes et, très vite, d’autres artisans d’accessoires, de bijoux, des pièces inattendues, originales et imaginées en Suisse. Une de montres, de maroquinerie et même de coucous (!) nous jolie plateforme pour les créateurs locaux. Il nous parle de sa ont contactés, ce qui nous a poussés à créer un Espace des vision des tendances Swiss made. créateurs pouvant accueillir jusqu’à cinq marques, pour des promotions d’une semaine au minimum à trois semainesCes dernières années, avec l’arrivée des shops au maximum. Offrir à de jeunes entrepreneurs la possibilité online, la concurrence accrue des grands maga- d’exposer leurs créations dans un magasin de grande fré- sins et le développement constant de la mode, quentation, c’est leur permettre de se faire connaître sans in- j’ai constaté que d’une part les créateurs locaux vestir de grosses sommes d’argent et de toucher une certaine étaient laissés pour compte et que d’autre part clientèle. De l’autre côté, nous proposons à notre clientèle notre clientèle avait un vrai besoin d’identifi- une diversité de nouveautés qu’elle a pris l’habitude de venir cation aux produits locaux. A l’heure où tout est accessible découvrir régulièrement au fil des semaines. Les demandes partout et en tout temps, je cherchais l’exclusivité, le renou- pour ces espaces de vente ponctuelle nous parviennent éga- veau, l’accès à certaines valeurs dont le savoir-faire local. A lement de la part de stylistes qui présentent leurs collections Globus Genève, tout a commencé il y a environ cinq ans, avec durant 2 à 4 mois à la confection dames et récemment, pour une marque de bijoux basée à Rolle (PippaO Créations), à qui la première fois, à la confection messieurs. Pour n’en citer que nous avions proposé un espace pour la vente ponctuelle de quelques-uns, il y a Natalia Solomatine – qui fut la première – Sokhna Cisse, Harald Chyung, Pascale Cornu, Leslie Garoyan de Sing a Song, et très prochainement Sibylle Kuhn et Agnès Baudry. Mon projet pour 2015 est de maintenir la diversité des promotions, de développer les collaborations avec des créateurs à la confection dames et encore plus à la confection messieurs. Avis aux créateurs: je suis ouvert aux créateurs d’arts décora- tifs, d’arts graphiques, et toute performance devant les clients sera la bienvenue! *confection enfants, hommes, dames, lingerie, parfumerie, accessoires, bijoux, chaussures, maison & arts de la table. © GLOBUS MODE 45 Profil 136
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PRWOGOINRREKSS Q uand l’art accueille l’art. A l’occasion de notre shooting mettant en lumière les créations réalisées par de talentueux stylistes suisses, l’ECAL, prestigieuse école d’art et de design, laisse déambuler au sein de ses murs une autre forme de créativité, celle de la mode. Attention, matières en mutation et exercice de style à venir… Photographe: Denis Hayoun – Studio Diode Retouches: Studio Diode Stylisme et réalisation: Lucie Notari Maquillage: Danielle Savino pour L’Oréal Paris Coiffure: Quentin Lafforgue, L’Oréal Paris pour le Bal des Créateurs Mannequin: Mylène, Agence Square Management Nos sincères remerciements à l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne) pour la mise à disposition de ses lieux lors de notre shooting Swiss made ainsi que pour son chaleureux accueil.Manteau Akasha cognac en laine, doublure en soie, Aéthérée, Fr. 1590.-. Boucles d’oreilles en chrysoprase vert/turquoise, Lylan, Fr. 169.-
Veste en faux cuir blanc, Berenik, Fr. 202.-. Pantalon en coton de l’atelier Laure Paschoud, Fr. 248.-Boucles d’oreilles Nusakan, the northern crown longues en nacre grise, laiton et cuivre, Baies d’Erelle, Fr. 109.-MODE
Chemisier vintage rose en soie, Viva Frida, Fr. 89.-. Jupe modèle Justine en jacquard de coton, Van Bery, Fr. 320.-Mocassins en cuir de vachette, Sôlà, Fr. 159.-. Bagues Muriel Laurent pour figurin.ch philnotis en argent 925, Fr. 550.- et Morula en argent 925, Fr. 344.- MODE
Bourse en cuir noir, Berenik Fr. 267.-. Boucles d’oreilles en corne modèle Masaï, Maria-Xuan Fr. 85.-. Jupe grise en laine, Aziza Zina Fr. 296.-.Pull en laine, Aleksandra Wisniewska Fr. 420.-. Mocassins en cuir de vachette, Sôlà Fr. 159.-MODE
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