théra • Photo: N. Bouchut INVENTING HEALTH BEYOND BORDERS* PIONEERING DIAGNOSTICS Avec plus de 10 000 collaborateurs et une présence dans plus de 150 pays, bioMérieux offre des solutions de diagnostic qui améliorent la santé des patients et assurent la sécurité des consommateurs. www.biomerieux.com * Faire progresser la santé au-delà des frontières Pionnier du diagnostic
Comprendre CHRONIQUESChangement DE FOCALEL’élection d’Emmanuel Macron et la constitu- Guillaume Alberto Deux visions du monde tion d’un large rassemblement au sein de son Directeur commercial Ainsi, on voit pour la première fois s’affronter deux premier gouvernement suscitent encore des visions du monde qui ne sont pas issues du clivage questions, mais soulèvent aussi en Europe banque privée traditionnel droite/gauche, mais bien d’une nouvelle une vague d’optimisme. Presque oublié le CIC-Lyonnaise de Banque fracture liée aux conséquences de la mondialisation et Brexit ! Le couple franco-allemand, en panne sous de la fin d’un monde bipolaire (Guerre froide). François Hollande, mais condition essentielle pour la Pour les marchés financiers et l’économie mondiale de réussite de l’Europe, devrait retrouver son rôle central manière plus générale, cette nouvelle ligne de partage, dans la construction européenne. Les marchés ont entre ce que l’on appellera schématiquement les mon- d’ailleurs parfaitement intégré cette nouvelle donne : dialistes d’un côté et les nationalistes de l’autre, n’est l’euro est au plus haut depuis plusieurs mois contre le pas sans risque, et ouvre la voie à de nouveaux anta- dollar, et la prime de risque sur la France a considéra- gonismes. Depuis plusieurs années les entreprises ont blement diminué (spread avec l’Allemagne). entamé une course effrénée vers le développement inter- Après le psychodrame anglais l’an dernier, cette résur- national, la conquête de nouveaux marchés. Cette fréné- rection de l’Europe arrive à un moment où les États- sie de croissance s’est accompagnée d’un mouvement Unis sont en difficultés avec un président contesté et général de dérégulation, de financiarisation avec son cor- imprévisible, et où l’Asie semble également déstabili- tège de crise, de krach, de laissés-pour-compte, mais sée par une Corée du Nord qui semble vouloir jouer la aussi d’opportunités et d’innovations majeures. Les élec- politique du pire. L’Europe serait-elle devenue un havre tions américaine et française, le référendum anglais… de paix, de stabilité et de croissance équilibrée ? montrent à quel point tous ces changements sont à Rien n’est gagné, mais le retour progressif de la l’œuvre et modèlent petit à petit un monde nouveau. confiance pourrait bien constituer un terreau favorable L’avenir n’est sûrement pas aussi manichéen et trou- et permettre, enfin, de dégager l’horizon aussi bien vera certainement son équilibre dans un développe- économique que politique. ment plus harmonieux et contrôlé. « Quand la sagesse Néanmoins, les différentes consultations électorales et la vertu parlent, elles calment toutes les passions », en Europe ont aussi mis en lumière de nouvelles ten- disait Fénelon. Souhaitons que ces qualités animent dances et de nouveaux découpages. nos gouvernants.JUILLET-AOÛT 2017 La boucle est bouclée © DR Dans le même temps, l’Europe vit à l’heure des transhumances estivales sous desNeymar ! La mini-planète franco-espagnole s’est enflammée pour ce voyage vagues de chaleur successives propices aux incendies mutilant les paysages quand ils transfrontalier qui, durant trop de jours a éclipsé et obscurci toute autre ne sont pas meurtriers, avant de retrouver les chemins du réveil après un assoupisse- nouvelle. Toutes les chaînes, télé ou radio, à toute heure, ouvraient sur ce ment propre à l’oubli… hormis François Hollande. titre. Extraordinaire escalade de compétitions en même temps qu’irres- L’Allemagne mûrit ses élections sous les coups de boutoir d’Erdogan, l’Angleterre pect des auditeurs soucieux d’en savoir plus sur les vrais problèmes du travaille à alléger le Brexit et la France se prépare à entrer dans le vif. Les sujets ont été moment. Comme si le transfert le plus cher (jusqu’au prochain) devait être le phare travaillés, auscultés, préparés dans le silence et le secret des cabinets. Les premières qui illumine le monde. La presse écrite n’était pas en reste, à l’exclusion, remarquable feuilles présentées aux « partenaires sociaux » dans une version encore provisoire en et remarquée, du quotidien La Croix, plus soucieux d’une autre hiérarchie des valeurs. vue de la prochaine mise sur rails d’un convoi d’ordonnances appelé à faire rouler le train de quelques nouvelles politiques sur fond de restrictions budgétaires annoncées Pendant ce temps, la démocratie sombrait au Venezuela, et, déjà, de controverses orchestrées. les États-Unis nous offraient, quasi quotidiennement, À Barcelone, les remblas étaient fauchées par une nouvelle folie meurtrière réveillant, une nouvelle scène d’un triste spectacle commencé dans sa brutalité aveugle, la réalité dorénavant empoisonnée d’un quotidien sur le en janvier avec, en vedette de one-man-show, un qui-vive. La guerre n’est pas davantage terminée en Syrie et en Irak, le choléra s’en- président à la fois tonitruant et danseur spécia- gouffre au Yémen et le thermomètre de la Planète poursuit son inexorable et périlleuse liste du pas de deux ou en arrière, promenant ascension. sa crinière de Charlottesville en Corée du Nord, Heureusement, Big Ben s’est tue pour quatre ans et la Diana Mania s’est réveillée à sans omettre au passage, dans les coulisses, l’heure où… Kylian Mbappé va voyager de Monaco à Paris, et Mbelé de Dortmund à de régler la valse des conseillers… entre deux Barcelone. La boucle est bouclée. L’addition aussi ! parcours de golf. De quoi rire et pleurer à la fois, s’agissant, tout de même, de la première N°137 Octobre 2017 puissance mondiale. Jusqu’à quand ? Jean Lafay 102 Acteurs de l’économie - La Tribune
TRIBUNE ComprendreUN TIERS DES Si répondre à une telle question n’est pas si simple, c’est que le motCRÉATEURS est terriblement équivoque. Alors que parler d’ouvriers, d’employésD’ENTREPRISE ou de cadres renvoie immédiatement à des mondes professionnels ouSONT D’ANCIENS sociaux identifiés, parler d’entrepreneurs renvoie, selon les contextes,CHÔMEURS DONT tantôt à la figure du fondateur de start-up, tantôt à celle du travail-PRÈS DE LA leur indépendant, à celle du patron, ou à celle du travailleur pauvreMOITIÉ N’ONT ubérisé ! Tout cela nous renvoie à un ensemble d’individus hétérogènes,PAS LE BAC qui, dans un contexte de remise en cause du modèle salarial, sont vus comme autonomes, capables d’innover et de surmonter l’incertitude de l’activité économique. En général, l’entrepreneur est pensé comme l’op- posé du travailleur salarié au sens classique. Et à l’intérieur même des entreprises et des organisations, le travail salarié peut parfois être organisé comme du travail entrepreneurial ! Mais alors, sait-on au moins combien sont-ils ? Il n’est pas plus simple de répondre à cette question… On peut dire que les indépendants représentent 10 % de la population active et que la moitié d’entre eux environ sont des patrons d’industrie et du commerce. Mais sont-ils vraiment tous entrepreneurs ? Peut-on alors assimiler les entrepreneurs aux innovateurs créateurs d’entreprises des nouvelles technologies ? Ce serait oublier que plus du tiers des créateurs d’entreprise sont d’anciens chômeurs dont près de la moitié n’ont pas le bac… Et le choix de l’indépendance professionnelle, dans la réalité quotidienne du monde du travail, ne signifie pas toujours celui d’une émancipation : la figure de l’entrepreneur dissimule souvent celle, moins flatteuse, de l’auto-emploi ! De ce point de vue, l’auto-en- trepreneuriat est moins un statut d’entrepreneur qu’un cadre permettant le cumul d’activités (à la fois salarié et indépendant), rendant ainsi possibles des combinaisons variées d’auto-emploi, d’externalisation et de sous-traitance.DE QUOI ENTREPRENEUREST-IL LE NOM ?Pierre-Paul Zalio UN ENTREPRENEUR DE SOI © Agnès VignesPrésident de l’ENSParis-Saclay Dès les premières années du XXe siècle aux États-Unis et depuis la fin desAuteur du Dictionnaire années 1970 en Europe, des politiques ont porté un lien explicite entresociologique de des politiques économiques recherchant la croissance par la créationl’entrepreneuriat, d’entreprises (ou par des réformes des marchés du travail) et l’idée dePresses de Sciences-po développement de l’entrepreneuriat. Cette idée est liée à une conception morale qui associe la réalisation de quelque chose (un produit, le déve-N°137 Octobre 2017 loppement d’une entreprise) à la réalisation de soi. Dans une perspective critique, cette représentation peut être considérée comme trompeuse, parce qu’elle promeut l’autonomie des individus pour mieux dissimuler les ruses d’un capitalisme retravaillé par les préceptes du néo-manage- ment : chaque salarié peut devenir un entrepreneur de soi. Cette figure entrepreneuriale du travail peut aussi être regardée positivement comme l’expression d’une autonomie possible dans des situations modelées par l’incertitude, marquées par l’autonomie, la flexibilité fonctionnelle, la pluriactivité fréquente, mais aussi l’inégalité des chances de réus- sites et des niveaux de rémunérations. L’entrepreneur serait-il alors cet optimiste qui accepte que l’incertitude soit à la fois une condition de l’innovation, une épreuve personnelle (du fait de la très grande iné- galité des chances de succès), mais in fine la condition heureuse de sa réalisation de soi ? Ou serait-il le nom donné à des travailleurs indé- pendants contraints d’accepter des conditions de travail toujours plus précaires ? L’entrepreneur c’est Janus ! À chacun sa face… Acteurs de l’économie - La Tribune 103
ÊTRE LA BANQUE DE LA MONTAGNE POUR VOUS ÊTRE UTILELa Caisse d’Epargne Rhône Alpes, banque des acteurs économiques de la montagne, accompagne lescollectivités locales, les offices de tourisme, les sociétés de remontées mécaniques, les promoteursimmobiliers, les associations, les professionnels du secteur,...Avec 70 % de parts de marché sur les 60 principaux domaines skiables de son territoire, son agence«Montagne» traduit sa volonté de bien comprendre les problématiques spécifiques de l’écosystèmealpin. Elle propose un interlocuteur de référence face aux décideurs des stations et une expertise avecdes offres produits dédiées.Photo de Pralognan-la-Vanoise - © Gilles LansardCaisse d’Epargne Rhône Alpes -116 cours Lafayette - 69003 Lyon - 384 006 029 RCS
PUBLI-REPORTAGE © Fabrice Santalucia / Yam photo Avec 9 milliards d’euros de chi re d’a aires, le tourisme en montagne est un sujet sérieux en France. Et particulière- ment en Auvergne-Rhône-Alpes qui compte de nombreux domaines skiables sur son territoire. Mais le secteur est en plein bouleversement, lié au réchau ement climatique et aux attentes nouvelles des consommateurs… Dans ce contexte, les acteurs privés comme publics doivent investir et innover pour donner vie à la montagne de demain.MONTAGNELE FUTUR EST DÉJÀ EN ROUTE 105
PUBLI-REPORTAGE nouvelles conditions climatiques est UN MODÈLE SAISONS aujourd’hui l’enjeu numéro un pour Les stations investissent donc massive-Quand il s’agit de montagne, les professionnels de la montagne. Le ment pour déjouer le climat et continuer Auvergne-Rhône-Alpes réchauffement est une réalité et les à offrir de la poudreuse à leur clientèle. peut se vanter d’être au… domaines skiables les plus bas en alti- Elles vont aussi plus loin en diversifiant sommet ! 170 stations tude ne sont plus enneigés tout l’hiver. leur offre. En effet, quand les flocons sont réparties en région. La solution est trouvée depuis quelques ne sont pas au rendez-vous, les vacan- Les Alpes sont l’un des plus grands années déjà : la neige de culture. « C’est ciers apprécient de pouvoir s’essayer à domaines skiables du monde. Les sta- indispensable, il faut apporter aux d’autres pratiques, comme le VTT, ou tions comme Courchevel, Chamonix, stations une alternative afin qu’elles se prélasser dans un centre aquatique Val-Thorens, Val-d’Isère ou Tignes puissent garantir la neige à date qui fera le bonheur de toute la famille. bénéficient d’une renommée mon- fixe. C’est une question centrale pour « La clientèle des stations est exigeante. diale et attirent les skieurs du monde toute l’économie de la montagne. Des Elle a le choix entre de nombreuses sta- entier. Le savoir-faire acquis depuis des départements entiers en dépendent », tions, dans le monde entier. Elle veut décennies en matière de business et explique Roland Didier, directeur un niveau de service élevé et des loisirs d’infrastructures s’exporte et les pays général du groupe MND, spécialiste diversifiés. D’autant que le nombre de émergents font appel aux professionnels de l’aménagement de la montagne. La skieurs stagne. Et les jeunes sont moins français pour aménager leurs territoires neige de culture doit aussi se concilier nombreux qu’il y a 20 ans à pratiquer de montagne. avec une faible consommation énergé- le ski », rappelle Michel Rouault, direc- tique et la préservation de l’eau. Une teur du marché entreprises à la Caisse DES SOLUTIONS FACE équation complexe. « Nous investis- d’Epargne Rhône Alpes. Les acteurs AU RÉCHAUFFEMENT sons pour proposer des innovations qui ont bien saisi cette problématique et Malgré ses nombreux atouts, le secteur permettent de produire de la neige de s’équipent pour faire vivre aux clients est en pleine remise en question. Les culture en consommant peu d’énergie. des expériences toujours plus surpre- défis sont de taille. À commencer par L’autre défi technologique consiste à nantes et des sensations fortes. Luge sur la question du réchauffement clima- produire de la neige même si les tempé- rails, VTT, accrobranche, via ferrata, tique. Depuis trois ans, la saison hiver- ratures extérieures sont positives. Nous tyrolienne, parcours enfants… mais aussi nale peine à démarrer en décembre. La sommes aujourd’ hui en mesure de le centre aquatique. Aucun risque de s’en- neige n’est pas au rendez-vous lorsque faire », détaille le dirigeant du groupe nuyer en altitude. Les Arcs et La Plagne les vacances de noël commencent et MND. ont ainsi installé d’impressionnantes les vacanciers doivent parfois laisser tyroliennes. Courchevel a inauguré en les skis dans les casiers. S’adapter aux 2016 son Aquamotion, un équipement qui a représenté 63 millions d’euros © DR d’investissement. « Nous proposons aux stations des produits structurants, à sensations fortes. Nous travaillons en ce moment sur une luge sur rails à deux places afin que les vacanciers partagent le plus possible les émotions », souligne Roland Didier, du groupe MND, qui imagine, conçoit et installe des loisirs outdoor à sensations. Avec ce type d’infrastructures, les sta- tions développent également le tourisme estival. En effet, les professionnels de la montagne cherchent à attirer une clientèle plus large et à faire vivre le territoire toute l’année. Les domaines sont aussi très agréables l’été et sont déjà appréciés des familles et des ama- teurs de marche et de randonnées. Les acteurs veulent à présent élargir la cible, comme le font les concurrents étran- gers. « Le modèle européen est très, voire trop, tourné vers l’ hiver. Les pays,106
PUBLI-REPORTAGEcomme la Chine, qui se lancent dans « Il est indispensable, © DRl’aménagement de la montagne pensent d’apporter aux stations unetout de suite à une activité 4 saisons. © DRC’est la clé pour demain ! », assure alternative afin qu’ellesRoland Didier. puissent garantir la neigeCOMPRENDRE LES SPÉCIFICITÉS à date fixe. C’est uneCette stratégie de diversification de question centrale pour toutel’offre est indispensable pour les acteurs l’économie de la montagne »de la montagne. Mais elle représentedes montants très importants. « C’est la Roland Didierparticularité des stations. Ce ne sont pas DG du groupe MNDdes collectivités comme les autres. L’élua un rôle proche de celui d’un chef d’en- MND, UNE OFFRE MULTIPLE POUR COUVRIRtreprise. Il doit veiller à l’attractivité de TOUS LES BESOINS DE LA MONTAGNEsa station tout en répondant aux besoinsde sa population permanente. En haute Une tyrolienne en montagne, une luge sur rails, un télésiège ou un système desaison, leur population est multipliée déclenchement d’avalanche... Ces équipements sont la spécialité d’un groupepar 10 et elles doivent dimensionner savoyard qui rayonne aujourd’hui dans le monde entier : le groupe MND. Créétoutes les infrastructures en fonction. en 2000, il était initialement spécialisé dans la sécurité en montagne. En 2011,Cela représente des sommes très impor- la société a su prendre un virage stratégique en anticipant les mutations dutantes », explique Françoise Mabboux, secteur. « Nous avons décidé de proposer une o re plus globale d’aménage-directrice de l’agence secteur public ment de la montagne. C’est un point important dans notre stratégie pour nous2 Savoie et Ain au sein de la Caisse di érencier des autres acteurs qui n’ont qu’une seule activité. Notre savoir-faired’Epargne Rhône Alpes. La banque et notre travail à l’export nous donnent une belle visibilité », explique Rolandrégionale est ainsi le premier partenaire Didier, DG du groupe MND. L’activité repose aujourd’hui sur 4 piliers : le métierprivé des collectivités locales en mon- historique du groupe : la sécurité des domaines skiables, les remontées méca-tagne. Elle finance les acteurs privés, niques, la production de neige de culture et les loisirs à sensation.publics ou mixtes, participe aux opé- Les acteurs privés, publics ou mixtes français et internationaux font ainsi appelrations d’envergure, met à disposition à MND pour un produit ou un service spécifique. Ou les contactent pour amé-ses différents pôles d’expertises et noue nager entièrement un milieu encore inexploité. C’est le cas en Chine, où MNDdes partenariats au service des déci- travaille sur la création de la station de Snowland.deurs des stations. La Caisse d’Epargne La France demeure un marché primordial, porté par les nombreuses innova-Rhône Alpes permet chaque année à tions. Ainsi, MND vient d’installer nouveau télésiège débrayable à La Plagne,200 jeunes de découvrir les joies dela qui consomme très peu d’énergie.glisse lors de stages de neige.Les stations ont donc besoin d’êtreaccompagnées au quotidien, tant surle plan financier que technologique.Leurs problématiques sont spécifiques,tout comme son territoire, difficile àaménager. « Nous sommes partenairesdepuis plusieurs années de l’Associationdes élus de la montagne. Cela nous per-met de comprendre leur quotidien, leursbesoins, leurs priorités. Et de les intégrerdans nos stratégies », souligne CyrilLuneau, directeur des relations avecles collectivités locales chez Orange.L’opérateur a ainsi compris la nécessitéd’assurer une couverture 3G et 4G desstations, aussi bien dans les habitations,le cœur des villages mais aussi sur lespistes. La couverture numérique de l’in-tégralité des départements de montagne 107
PUBLI-REPORTAGEest au cœur des préoccupations. Un fonction », explique Frédéric Lacombe, “ Nous investissonsvaste plan, baptisé « Orange Territoires en charge des solutions digitales au sein massivement etConnectés » a été lancé. Objectif : cou- de la Caisse d’Epargne Rhône Alpes. participons ainsivrir 90 à 92 % des territoires en 4G Pour épauler les acteurs de la montagne au développement(voir encadré). « Les usagers ont des sur ces questions pointues, la banque économique des stationsattentes importantes. Il n’est pas nor- régionale s’appuie sur son incubateur, le et des vallées ”mal pour eux de ne pas avoir de réseau B612 et les nombreuses start-up prêtessur les pistes, ni de fibre en station. à phosphorer pour imaginer la solutionOrange est l’opérateur qui joue un rôle qui permette de regrouper et récupérerde locomotive sur ces questions. Nous des données sur l’ensemble des visiteursinvestissons massivement et participons des stations. Un vaste projet.ainsi au développement économique des Du côté d’Orange, la data est aussistations et des vallées », ajoute Valérie une préoccupation. L’opérateur a lancéThérond, directrice Orange Centre-Est. un service baptisé « Flux Vision Mon- tagne » qui propose aux décideursL’AVENIR PAR LA DATA locaux de s’abonner à un service dePour satisfaire les clients et leur propo- datas composé à partir des habitudesser des activités adaptées à leur profil, de déplacement des clients Orange.une chose est sûre : il faut mieux les « Tout est anonyme. On peut ainsi avoirconnaître. D’où viennent-ils ? Combien des informations sur la façon dont nosde temps passent-ils en montagne ? abonnés, usagers de la montagne, seLa data est au cœur de l’avenir de la comportent en station. Où vont-ils ?montagne. « C’est compliqué dans un Combien de temps restent-ils ? Quellesdomaine skiable de bien connaître les sont leurs régions de prédilection ? Lesskieurs. Ils sont souvent connus d’un des stations peuvent mieux comprendreacteurs : hôtelier, restaurateur, opéra- les habitudes de consommation deteur de remontées mécaniques… Mais leur clientèle », explique Cyril Luneau,ces données ne sont pas mises en com- directeur des relations avec les collec-mun et on manque de flux continus. tivités locales au sein d’Orange. UneOr, la donnée devient capitale pour les dizaine de stations a souscrit à cetteacteurs publics afin de mieux orienter offre. L’avenir des sommets se joue doncleur offre globale et se structurer en sur la donnée. ORANGE INVESTIT POUR CONNECTER © Laurent Cerino TOUS LES TERRITOIRES © Mourad-Mokrani « Avant de parler d’innovation ou de nouveau service, il faut s’assurer que tous les territoires sont connectés. » Le constat de Cyril Luneau, directeur des rela- tions avec les collectivités locales chez Orange est sans appel : tous les dépar- tements français ne sont pas égaux en matière de couverture numérique. Et la montagne en fait partie. L’opérateur a donc investi massivement pour contrer les di cultés géographiques et géologiques et garantir aux acteurs des sommets les mêmes conditions qu’au cœur des métropoles. « On a pris nos responsabilités et on a lancé Orange Territoires Connectés, un plan national qui accélère notre déploiement et améliore la connectivité de tous les sec- teurs, sur la partie fixe et mobile », ajoute Valérie Thérond, directrice Orange Centre-Est. Orange peut s’appuyer sur son fonctionnement et ses liens étroits avec les collectivités pour comprendre au mieux leurs attentes. Et imaginer des partenariats afin de réduire les coûts d’installation. Son savoir-faire en matière d’intervention en montagne est aussi un atout de poids. Pour être toujours plus performant dans l’installation et la maintenance, Orange innove. Les drones sont ainsi utilisés pour vérifier, en prévention, l’état du matériel et éviter tout risque de panne.108
RUBRIQUE DE NOM Comprendre Aménager l montagn e Franc e à ’internationa , VALORISER LE SAVOIR-FAIRE LOCAL150 350EMPLOIS CRÉÉS EN 5 ANS COLLABORATEURS ANNECY © ISTOCK - CRÉDITS STANDRET-09/2017 C.A. R&D 76,2M€ 5,5M€ +15% PAR ANDE CROISSANCE15M€INVESTISDANS NOS SITES 3000 CLIENTS DANS 49 PAYS INDUSTRIELS FRANÇAIS /////////////////////////////////////////////////////////////////« One partner, many solutions »MND Group, premier acteur industriel français de son secteur, est coté enbourse à Euronext Paris depuis octobre 2013. Le groupe déploie des savoir-fairecomplémentaires dans l’aménagement de la montagne, aux quatre coins de la planète.Remontées mécaniques et transport urbain par câble, système d’enneigement, sécu-risation des pistes, loisirs outdoor : MND Group est créateur d’emploi local dans dessecteurs où l’expertise française est mondialement reconnue.N°137 Octobre 2017 Acteurs de l’économie - La Tribune 109 One partner, many solutions
PUBLI-REPORTAGELA CAISSE D’EPARGNE RHÔNE ALPESFÉDÈRE LES EXPERTISES AUTOURDU COMITÉ MONTAGNEClairement identifiée comme la banque de la montagne, la Caisse d’Epargne Rhône Alpes vaplus loin et lance son Comité Montagne, qui réunit un pool d’experts au service des décideurs.Explications à deux voix avec Michel Rouault, directeur du marché Entreprises et Laurent Micol,directeur de l’agence Montagne. © DR Pourquoi lancez-vous le Comité Enfin, La Caisse d’Epargne Rhône Alpes Montagne ? est partenaire de nombreuses associationsMichel Rouault, directeur du marché Entreprises© DR Michel Rouault : Les enjeux et les et institutionnels dans le cadre de sonLaurent Micol, directeur de l’agence Montagne défis sont considérables pour les sta- programme Montagne Nouvelle Défini- tions. Leurs problématiques sont com- tion. En synthèse, nous avons acquis des plexes et de nature très diverse. Elles connaissances, des compétences et une font face à la concurrence internatio- approche globale précieuse pour le déve- nale des stations italiennes, suisses et loppement des stations. autrichiennes. D’autres offres touris- tiques souvent bon marché sont une Comment ce Comité se concrétise-t-il ? alternative à la pratique du ski en hiver. Laurent Micol : En tant que direc- Attirer une clientèle plus jeune afin de teur de l’Agence Montagne, je suis le soutenir et de développer la pratique point d’entrée pour tous les décideurs du ski est également un enjeu impor- de cet écosystème où tous les acteurs tant pour les stations. La problématique économiques sont interdépendants. Ces « des lits chauds, lits froids », reste d’ac- décideurs sont souvent les élus, admi- tualité dans la mesure où le vieillisse- nistrateurs de sociétés de remontées ment du parc aboutit à un parc de lits mécaniques, membres d’associations et touristiques en décroissance. Enfin, le également entrepreneurs ou commer- réchauffement climatique impactera çants à titre privé. J’anime ce comité, l’avenir des stations qui investissent de qui va se réunir au moins quatre fois manière soutenue dans la neige artifi- par an, et qui sera composé de toutes cielle et l’aménagement des pistes. Au les directions de marché et de métiers. cœur de tous ces sujets, les acteurs éco- Nous aurons aussi bien une réflexion sur nomiques des stations qu’ils soient de les lits froids grâce à notre pôle immo- nature privée ou publique ont besoin bilier que sur le digital dans le cadre du d’être soutenus, épaulés. parcours skieurs. Laurent Micol : La Caisse d’Epargne Quelles sont les prochaines échéances ? Rhône Alpes a un positionnement histo- Michel Rouault : Le premier comité rique autour des stations. Nous sommes le est fixé début octobre. Cette réunion premier banquier des communes supports va nous permettre d’apporter des solu- de stations avec 400 millions d’euros tions concrètes à chaque acteur de la d’encours de crédit. Auprès des socié- filière montagne. Nous allons ainsi tra- tés de remontées mécaniques, des four- vailler dans le cadre d’une approche nisseurs et industriels de la montagne, globale au niveau de chaque station. nos encours se situent à 100 M€. Nous Cette démarche, nous l’avons expéri- sommes également au capital de ces socié- menté avec Valloire, l’Alpe d’Huez et tés de remontées mécaniques et avons souhaitons l’étendre dans les mois qui investi au capital de sociétés foncières. viennent.110
RUBRIQUE DE NOM Comprendre Pro ter d’une connexionà la hauteur de sa qualité de vie + 1 million de foyers ruraux avec un débit internet amélioré d’ici un an Programme OrangeTerritoires ConnectésEn France métropolitaine, selon les zones déployées, avec offre et équipements compatibles. Plus d’informations sur reseaux.orange.fr Crédit photo : Getty Images.N°137 Octobre 2017 Acteurs de l’économie - La Tribune 111
CULTURE
RUBRIQUE DE NOM RespirerL’ART DÉLICATDE LA GESTIONFortement touchés par les baisses des dotations de l’État aux collectivités, les structures etfestivals culturels font face à un double défi : continuer à porter sur scène la diversité artistiqueavec moins de ressources publiques, mais aussi professionnaliser leurs méthodes de gestionfinancière et RH pour garantir leur pérennité. Une dimension méconnue, pourtant essentielleet inéluctable, mais délicate encore à appliquer pour certains établissements. Ce qui les conduits,parfois, à de graves di cultés.DOSSIER, MARIE LYAN Acteurs de l’économie - La Tribune 113 © StockSnapN°137 Octobre 2017
Respirer CULTURE, L’ART DÉLICAT DE LA GESTIONGérer et Les ressources publiques, qui repré- « Le but n’est pasprévoir malgré sentent la principale source de finan- de condamnerdes ressources cement de la culture, constituent une le financement publicpubliques en opportunité, mais aussi un handicap pour de la culture, maisdiminution. ces établissements. « S’il existait aupara- de dire que celui-ciDiversifier vant une forme de bienveillance au sujet des est incontournable et doitson modèle subventions, elle n’est plus, dans un contexte s’accompagner d’une pluséconomique de contraintes budgétaires, avec une baisse grande rigueur de gestion »avec l’essor des dotations de l’État de 11 milliards d’eu-des ressources ros à destination des collectivités locales », épongé grâce au concours de la commu-privées. Mais remarque Michel Albouy, professeur de nauté d’agglomération qui lui a accordéaussi améliorer finance à Grenoble École de Management. une avance remboursable jusqu’en 2018.les méthodes Le directeur de la maison de la culture de Les Musiciens du Louvre en savent égale-de gestion Grenoble MC2, Jean-Paul Angot, n’avait ment quelque chose : l’orchestre de Marcfinancière et RH. pas hésité à dénoncer « un plan social artis- Minkowski, sous statut associatif, a vu la tique » en 2016, face à la coupe de 106 000 contribution de 430 000 euros jusqu’iciEn l’espace de quelques années – et euros des contributions de la Ville (sur versée par la ville de Grenoble entière-davantage à l’avenir –, les acteurs du un budget global de 12 millions d’euros). ment coupée en 2014. Avec une consé-monde culturel ont dû faire face au « Avoir une dépendance aux recettes propres quence directe : « Les deux tiers de notrechangement de paradigme dans lequel est un talon d’Achille, car on enlève de l’argent budget (2,4 millions en 2017) proviennentleur secteur est engagé face aux baisses servant à produire des spectacles et à générer de la vente de spectacles aux salles, car Lesgénérales des dotations et aux modifica- des recettes. Avec une enveloppe de 100 000 Musiciens du Louvre sont un ensemble d’in-tions de comportement des spectateurs, euros, on a un effet multiplicateur de deux. » termittents, rappelle Stéphène Jourdain,entre autres. Une situation qui conduit Si la MC2 n’avait pas attendu ce contexte secrétaire générale de l’association. Laà son lot d’incertitudes et demande une pour diversifier ses revenus, avec 53 % subvention de la Ville servait à financer lesadaptation rapide, mais non sans diffi- des ressources provenant des contribu- concerts ambitieux proposés aux Grenobloisculté pour certaines (petites) structures, tions publiques, contre 77 % en moyenne à un tarif très abordable ne permettant pascomme l’a pointé, dans l’une de ses syn- pour l’ensemble des scènes nationales, elle de couvrir leur coût, les actions gratuitesthèses, la chambre régionale des comptes observe un effet cascade : « La baisse des dans les quartiers, hôpitaux, écoles et leAuvergne-Rhône-Alpes qui a passé au subventions de la Ville a entraîné celle de la salaire des quelques musiciens permanents. »peigne fin les comptes d’une dizaine de Région. » Confrontés à cette disette budgétaire, lesstructures régionales culturelles (festi- Et ce n’est pas le seul exemple : pour le acteurs culturels n’ont eu d’autre choixvals, maisons de la culture et théâtres), festival Berlioz, près des deux tiers du que de revoir leur stratégie (lire encadré).sur la période 2008-2014. « Ce sont des budget de fonctionnement (1,9 million La MC2, qui emploie 57 salariés perma-organismes qui ne relevaient pas du contrôle d’euros) sont apportés par des organismes nents, a par exemple dû se résoudre àobligatoire. Le but n’était pas de condamner le publics, dont la moitié pour le départe- « acheter des spectacles moins chers », mêmefinancement public de la culture, mais de dire ment de l’Isère, à travers l’Agence iséroise si l’écart reste difficile à compenser. « Laque celui-ci est incontournable et doit s’ac- de diffusion artistique (AIDA) qui béné- coupe est intervenue alors que la structurecompagner d’une plus grande rigueur de ges- ficie d’un statut d’établissement public avait déjà engagé son budget annuel. Cartion », affirme la présidente de la chambre, de coopération culturelle (EPCC). Son pour développer des spectacles, nous sommesCatherine de Kersauson (depuis mutée à directeur, Bruno Messina, soutient : « Les obligés de travailler à N+1 voire N+2. » Etla Cour des comptes, à Paris). œuvres de Berlioz peuvent être interprétées Jean-Paul Angot rappelle que « la baisse par 200 musiciens professionnels, pour une des contributions publiques entraîne des dif-114 Acteurs de l’économie - La Tribune jauge de 1 000 places. Si nous devions finan- ficultés qui rendent l’autogestion de l’outil cer uniquement cela avec la billetterie, le coût plus complexe ». des places serait inaccessible. » Aux Musiciens du Louvre, l’arrêt de la subvention versée par la Ville a provo- VERS UNE ÉVOLUTION DE L’OFFRE qué une redistribution des cartes. « Nous Au festival Jazz à Vienne, organisé sous avons dû annuler une série de concerts défi- forme d’un Établissement public à carac- citaires, bien que remplis, et ajuster notre tère industriel et commercial (Epic) structure avec des temps partiels et des accolé à la communauté d’agglomération départs. Il est plus difficile de proposer des depuis 2011, les contributions publiques programmes ambitieux sans rentabilité éco- représentent seulement 20 % du bud- nomique », déclare Stéphène Jourdain. get de cinq millions d’euros. « Mais elles sont vitales, car ce sont les premiers euros. N°137 Octobre 2017 Sans elles, le festival – qui accueille chaque année 200 000 festivaliers en l’espace de 15 jours – n’existerait pas », assure son direc- teur, Samuel Riblier. Celui-ci rappelle qu’en 2015, la baisse de la billetterie avait entraîné un déficit de 300 000 euros
L'AMOUR ET LES FORÊTS © Svend Andersen TARKOVSKI, LE CORPS DU POÈTE © Jean-Louis Fernandez RABBIT HOLE © Simon Gosselin ÇA VA ? © Philip Ducap ARTURO BRACHETTI © Paolo Ranzani LIEUES SOUS LES MERS © Brigitte Enguérand CULTURE, L’ART DÉLICAT DE LA GESTION Respirer PROGRAMMATION SEPT. — DÉC. 2017 GRANDE SALLE CÉLESTINE GRANDE SALLE 13 SEPT. — 8 OCT. 2017 23 — 24 OCT. 2017 21 — 25 NOV. 2017 CRÉATION INTERNATIONAL IRAK / BELGIQUE INTERNATIONAL SUISSE RABBIT HOLE BODY REVOLUTION LA VIE QUE & WAITING JE T’AI DONNÉE UNIVERS PARALLÈLES MOKHALLAD RASEM LUIGI PIRANDELLO / JEAN LIERMIERDAVID LINDSAY-ABAIRE / CLAUDIA STAVISKY GRANDE SALLE GRANDE SALLE CÉLESTINE 24 — 25 OCT. 2017 28 NOV. — 1er DÉC. 2017 3 — 14 OCT. 2017 INTERNATIONAL COLOMBIE L’AMOUR ET CRÉATION LES FORÊTS BEC-DE-LIÈVRE DANS LA PEAU ÉRIC REINHARDT / LAURENT BAZIN DU MONSTRE VENGEANCE OU PARDON GRANDE SALLE DÈS LUCIE DEPAUW, STÉPHANIE MARCHAIS / FABIO RUBIANO 7 ANS CÉCILE AUXIRE-MARMOUGET, 5 — 9 DÉC. 2017 CHRISTIAN TAPONARD CÉLESTINE 20 000 GRANDE SALLE 27 — 28 OCT. 2017 LIEUES SOUS 11 — 15 OCT. 2017 INTERNATIONAL KAZAKHSTAN LES MERS JULES VERNE / TARKOVSKI, NORD-EST CHRISTIAN HECQ, VALÉRIE LESORTLE CORPS DU POÈTE TORSTEN BUCHSTEINER / GALINA PYANOVA, GRANDE SALLE DÈS JULIEN GAILLARD, ANTOINE DE BAECQUE, ARTiSCHOCK THEATER 7 ANS ANDREÏ TARKOVSKI / SIMON DELÉTANG 14 — 31 DÉC. 2017 GRANDE SALLE AU RADIANT - BELLEVUE INTERNATIONAL ITALIE 28 — 29 OCT. 2017 16 — 18 OCT. 2017 ARTURO INTERNATIONAL BOLIVIE BRACHETTI ÇA VA ? LA MISSION CÉLESTINE DÈSJEAN-CLAUDE GRUMBERG / DANIEL BENOIN 12 ANS SOUVENIR D’UNE RÉVOLUTION 15 — 22 DÉC. 2017 GRANDE SALLE HEINER MÜLLER / MATTHIAS LANGHOFF INTERNATIONAL GÉORGIE 19 — 21 OCT. 2017 GRANDE SALLE RAMONA INTERNATIONAL LITUANIE 10 — 12 NOV. 2017 REZO GABRIADZE MARTYR REPRISE CÉLESTINE DÈS MARIUS VON MAYENBURG 12 ANS OSKARAS KORŠUNOVAS TABLEAU D’UNE 23 — 29 DÉC. 2017 EXÉCUTION CÉLESTINE INTERNATIONAL GÉORGIE HOWARD BARKER / CLAUDIA STAVISKY 19 — 22 OCT. 2017 LE DIAMANT GRANDE SALLE DU MARÉCHAL CRÉATION INTERNATIONAL RUSSIE 16 — 18 NOV. 2017 DE FANTIE JE N’AI REZO GABRIADZE PAS ENCORE INTERNATIONAL ARGENTINE COMMENCÉ EVA PERÓN & À VIVRE L’HOMOSEXUEL TATIANA FROLOVA / THÉÂTRE KnAM OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRIMER COPI / MARCIAL DI FONZO BO 04 72 77 40 00 — THEATREDESCELESTINS.COMJE N'AI PAS ENCORE COMMENCÉ À VIVREN°137 Octobre 2017 © Alexey Blazhin LE DIAMANT DU MARÉCHAL DE FANTIE © DR TABLEAU D'UNE EXÉCUTION © Simon Gosselin (photo de répétition) LA VIE QUE JE T'AI DONNÉE © Mario del Curto BEC-DE-LIÈVRE © Andrés Gomez MARTYR © Dmitrij Matvejev Acteurs de l’économie - La Tribune 115
Respirer CULTURE, L’ART DÉLICAT DE LA GESTION © DR GESTION ET PROGRAMMATION : LA COHABITATION QUEL FINANCEMENT DEMAIN ? Si elle ne conteste pas l’importance du finan- La baisse des subventions publiques favorisera-t-elle l’émergence de nouveaux modèles de cement public pour la culture, la synthèse financement ? « Ce sont surtout les plus gros festivals qui parviennent à se diversifier comme de la chambre régionale des comptes épingle Jazz à Vienne, les Nuits de Fourvière ou le festival de La Chaise-Dieu », constate Catherine aussi des pratiques moins connues, mais de Kersauson, présidente de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes (elle non des moindres, de gestion des acteurs a depuis rejoint la Cour des comptes à Paris), qui recommande plutôt de trouver une forme culturels, qu’elle estime devoir être améliorer d’« équilibre ». Les Musiciens du Louvre ont ainsi mis sur pied un club de mécènes d’une pour optimiser au mieux les ressources dis- dizaine d’entreprises, mais ces ressources se développent uniquement grâce à un cercle ponibles. « Dans le cas des EPCC, nous avons vertueux, la présence du public rassurant le privé. « Ce n’est pas parce que le public disparaît recommandé une dissociation entre la fonction que le privé va compenser », met en garde sa secrétaire générale, Stéphène Jourdain. La d’administrateur et la fonction de comptable, MC2 de Grenoble, qui a lancé dès 2004 son club d’entreprises, parvient à générer 160 000 ce qui assurerait une plus grande rigueur dans euros par ce biais « mais ne peut pas remplacer le financement public », soutient Jean-Paul les dépenses publiques », affirme Catherine de Angot, son directeur. « Il n’existe pas de recette unique, mais plusieurs possibilités, comme Kersauson. La chambre a appelé à ce que le offrir des produits dérivés, s’ouvrir à de nouvelles sources de financements privés, mieux conseil d’administration des structures joue faire tourner les spectacles, économiser sur certains postes… Il faut inventer de nouveaux pleinement son rôle au sein du processus modèles », souligne Françoise Benhamou, économiste et professeure à l’université Paris de décision, et à un plus grand respect des XIII. Au-delà de la vente de produits de merchandising ou de restauration, l’apport de fonds procédures liées à la commande publique, peut provenir d’un profond virage de la stratégie du modèle économique, comme le souligne à travers des règles de publicité et mise en Cédric Bolliet d’Algoé consulting. Il évoque différentes solutions, tel le crowdfunding, mais concurrence. « Il existe un mélange de mécon- aussi l’émergence de nouveaux modèles juridiques comme les fonds de dotation, issus de la naissance et de choses faites dans l’urgence, loi sur la modernisation économique, qui constituent de nouveaux outils de financement au lorsqu’on réserve des chambres d’hôtel pour les service de la philanthropie et du mécénat. « L’association peut ainsi être un bon véhicule pour artistes au coup par coup, au lieu de passer un s’intégrer dans la gouvernance d’entreprise, comme c’est le cas au Sucre à Lyon, géré par le marché, note-t-elle. Il faut que les organisations collectif Culture Next (une émanation du collectif Arty Farty qui compte lui-même une vingtaine mettent en place un guide des procédures, sinon de salariés, NDLR), ou soutenir des start-up », estime-t-il. cela peut finalement coûter plus cher et fragiliser La gratuité en question les contrats existants. » Pour l’économiste Michel Albouy, l’une des pistes pourrait se trouver également dans le « Les organisateurs sont en prise directe avec contrôle voire la réduction de la part de la gratuité qui pèse dans les comptes des structures des logiques à la fois de création et de diffu- culturelles. « Cependant, dès qu’il s’agit de faire payer un peu plus un service culturel, à sion, mais aussi avec les aléas météorologiques, l’exception du cinéma, on se retrouve face à un esprit du gratuit bien ancré. » Catherine de les problèmes logistiques, les arrêts maladie ou Kersauson estime que la gratuité devrait être surtout « bien encadrée » et « ne pas représenter la perte d’une tête d’affiche. Il faut être agile une part trop importante des activités d’un festival ». et prévoir des plans B », note Cédric Bolliet, « Le défi de ces manifestations est de créer demain de nouveaux objets culturels, des événe- chez Algoé consulting. ments, de travailler le marketing, voire d’aller vers de la coproduction pour fidéliser », estime Si ces éléments peuvent toucher de plein Cédric Bolliet. Le festival Berlioz fait ainsi le pari de fidéliser les spectateurs qui profitent de fouet la gestion d’un festival, Françoise Ben- son offre gratuite (122 manifestations gratuites sur 155 gérées par l’AIDA) pour les inciter hamou, économiste et professeure à l’uni- à revenir lors des événements payants, alors qu’a été mené, en parallèle, un travail sur la versité Paris XIII, estime cependant que la réduction du nombre d’invitations gratuites. flexibilité est plus grande. « Il existe diffé- rentes manières d’intégrer les contraintes bud-116 Acteurs de l’économie - La Tribune gétaires. On peut choisir des contenus adaptés au fait que l’on ait moins d’argent durant une année, avec des orchestres moins importants, moins de spectacles originaux, ou monter un spectacle qui tournera sur plusieurs lieux pour être rentabilisé. » Effectuer une analyse des dépenses à venir, comme au sein du secteur privé, pourrait amener davantage de marges de manœuvre. C’est grâce à ce type de démarche prévi- sionnelle que l’AIDA a décidé de mener un investissement de 1,5 million d’euros pour la construction d’une structure per- manente, qui servira à accueillir le festival Berlioz et à d’autres événements à l’année. « Il s’agit d’un investissement à court terme, assuré par le conseil départemental, mais qui nous permet de réaliser des économies à moyen et long terme, ainsi que de réduire cer- tains risques, lors du montage et démontage », estime le directeur, Bruno Messina. N°137 Octobre 2017
CULTURE, L’ART DÉLICAT DE LA GESTION RespirerL’ÉCONOMIQUE, économique et les restrictions budgétaires « Le besoin des acteurs des collectivités financeurs conduisent à culturels se dirigeLOIN DE L’ARTISTIQUE ? une plus grande vigilance. « Les subven- désormais vers desCeci est révélateur d’une autre tendance, tions ne doivent pas couvrir uniquement les compétences accruesque soulève Michel Albouy : « Les acteurs salaires administratifs. Nous avons connu en gestion des risques »culturels ont davantage de mal à établir des une période de vaches grasses où certainesbudgets et à séparer le fonctionnement de associations employaient ainsi plusieurs sala- certaines fonctions à des professionnels. »l’investissement pour réaliser une program- riés », soulève Patrick Curtaud, vice-pré- Après un développement du recours àmation financière. Leur démarche n’est sident chargé de la culture au département des professionnels du marketing, de lapas vraiment conduite par une ligne comp- de l’Isère. Des pratiques RH que confirme gestion RH et financière, « le besoin destable. » L’idée selon laquelle les asso- le rapport de la chambre régionale des acteurs culturels se dirige désormais vers desciations gaspilleraient des ressources comptes qui pointe « des augmentations compétences accrues en gestion des risques »,fait « plutôt partie des lieux communs que de salaires régulières au sein de certaines avance Cédric Bolliet.de la réalité », tempère Cédric Bolliet. structures », ou encore « un recours aux Ces efforts de saine gestion font cepen-Stéphène Jourdain rappelle ainsi qu’être à intermittents de manière récurrente pour dant émerger une autre difficulté : cellel’équilibre et non déficitaire n’a pas servi la durée nécessaire à ce qu’ils fassent valoir de ne pas mélanger logique budgétaire etson association, qui s’est vu couper sa leurs droits au régime d’assurance chômage ». logique artistique, en se saisissant notam-subvention de la ville de Grenoble. D’au- Cependant, la situation évolue douce- ment des questions de gouvernance. « Letant plus que le secteur culturel repose en ment , à en croire Françoise Benhamou. secteur culturel a la chance de faire collaborerpartie sur du bénévolat et du salariat sai- « On observe de plus en plus de créations de un certain nombre d’acteurs, entrepreneurs,sonnier. Avec une conséquence directe : sociétés de conseil qui proposent des services contrôleurs de gestion, directeurs artistiques...« Il s’agit de créations d’emplois assez pré- spécialisés à des compagnies de danse ou de Cela crée de la richesse, mais il faut aussicaires, qui rendent difficile la mise en place théâtre, ce qui peut permettre aux petites avoir un bon leadership pour avancer dans unde processus rationalisés », explique Fran- associations de mutualiser et d’externaliser projet commun », estime Cédric Bolliet.çoise Benhamou. De plus, le contexteLe secteur culturel repose en partie sur du bénévolat et du salariat Porter sur scène la diversité artistique avec des ressources publiquessaisonnier. « Il s’agit de créations d’emplois assez précaires, qui rendent en baisse, et professionnaliser leurs méthodes de gestion financière etdi cile la mise en place de processus rationalisés », explique Françoise RH pour garantir leur pérennité, tel est le défi des structures et festivalsBenhamou, économiste. culturels. © Stefan Meyer © David Ignaszewski-KoboyN°137 Octobre 2017 Acteurs de l’économie - La Tribune 117
Respirer JACQUES TRUPHÉMUS© Laurent Cerino / Acteurs de l’économie Jacques Truphémus lors de la grande rétrospective Le peintre lyonnais Jacques que la Région Rhône-Alpes, alors présidée Truphémus est décédé par Jean-Jack Queyranne, lui consacra en 2012. le 8 septembre, dans sa quatre-vingt quinzième année. ÉTERNEL Une existence toute entière consacrée à peindre, et à JACQUES peindre ce qui valut à Acteurs TRUPHÉMUS de l’économie de construire avec lui et pas à pas une PORTRAIT, DENIS LAFAY relation singulière : une émotion intérieure et 118 Acteurs de l’économie - La Tribune silencieuse, lumineuse et vraie, qui « nourrissait » l’humanité de chaque amateur désireux de l’accueillir. Au chagrin de sa disparition, aux manques que son absence provoquera chez ses amis, s’imposent toutefois une création immortelle, une peinture éternelle. C’est là l’essentiel. C’était d’ailleurs son essentiel. N°137 Octobre 2017
JACQUES TRUPHÉMUS Respirer La porte de l’atelier. 1989.Pastel sur toile. Dans les « gris » des représentations du midi, dans la « fragilité » des instants, dans l’évanescence, le voile diaphane, l’éclat brûlant, la « grave lumière » des toiles de l’atelier lyonnais ou des plages choisies parmi les plus mystérieuses, Jean-Jacques Lerrant repéra très tôt une « grande mélancolie ». Verdure en Cévennes. 2010. Huile sur toile. « Plus que d’harmonie dans les couleurs qu’il conjugue, j’aimerais parler de leur amitié, de la reconnaissance amicale de chacune par chaque autre, de leur entraide dans la préservation de la plénitude dans l’être au monde. » Yves Bonnefoy Son ultime vœu était consumériste, marchand, immédiat, LIBRE « tout lui » : une céré- narcissique, vaniteux, artificiel de notre Ainsi était Jacques Truphémus. Il n’était monie « dans la plus époque, il était impérieux que le peintre pas peintre ; il était peinture. Et s’il était stricte intimité » selon s’efface pour que soit révélé l’important, peinture, c’est qu’il était humanité. Une la formule consacrée, l’essentiel : la peinture. L’éblouissante seule et même humanité d’homme et c’est-à-dire dans la cérémonie que son fidèle galeriste Claude de peintre, une seule et même âme, de préservation de sa Bernard lui avait consacrée à la Maison de laquelle se répandaient et vers laquelle légendaire discrétion, la Légion d’honneur en décembre 2016 convergeaient une singulière « matière » dans la sanctuarisa- au soir d’un vernissage fut le théâtre de artistique, technique, intellectuelle, émo- tion de la plus inté- ce qu’il était intrinsèquement : paisible- tionnelle. Singulière parce qu’elle poursui- rieure des intériorités. Une inhumation ment assis, observant, disponible, affable, vait une obsession : la vérité, c’est-à-dire cohérente – l’adjectif aura particulière- dans le coin d’un des majestueux salons la sincérité, l’authenticité, l’humilité. Et ment bien interprété la juxtaposition de pendant que les centaines de convives le dans cette obsession s’étaient révélées, sa peinture et de sa pensée, de sa pein- célébraient, il était tout à la fois présent et avec le temps, simplement une beauté, une ture et de ses convictions, de sa peinture absent, là et ailleurs, dans la jubilation et exactitude, une lumière, des couleurs, un et de sa conscience – avec sa foi d’artiste : la retenue, immensément heureux de cette silence, un achèvement, in fine une force seule la peinture comptait et devait comp- reconnaissance et parfaitement imper- spirituelle qui invitaient l’amateur à se ter, seule la peinture disait et émouvait, méable aux émotions éphémères, inten- mettre en dialogue avec lui-même. Invi- seule la peinture était nécessaire. Aucune sément fier de cette mise en lumière mais taient ? Pardon, invitent. Et c’est bien ce anecdote ne devait la polluer, et il savait déjà entièrement dans son atelier lyonnais déplacement des temps, cette éradica- combien dans le cirque médiatique, qu’il retrouvait dès le lendemain. tion du passé au profit du présent, qui N°137 Octobre 2017 Acteurs de l’économie - La Tribune 119
Respirer JACQUES TRUPHÉMUSfondaient l’impressionnante sérénité de BONHEUR « Nous passâmesJacques. Oui, avec patience, sans aucune Jacques va manquer à Claude Bernard, une journée au Prado.précipitation, se soumettant docilement à Paul Gauzit, Jacques et Brigitte Gairard, On se concentrace qui ne doit pas être domestiqué – en Pierre Pointet, à Thierry Laurens, Jean sur une dizaine depremier lieu le temps –, demeurant dans Clair, François Montmaneix ou Sylvie tableaux. L’écouterl’accueil, gourmand, de chaque peinture et Ramond, à Jean-Paul et Fabienne vous embarquer dansde chaque écriture des autres qui enrichis- Lacombe, Sylvie Carlier, Pierre-Marc les 4 m2 d’une toile desaient sa formidable érudition et surtout sa Campigli ou Laurent Colin, à Florence Velasquez et s’arrêterdouble humanité, symbiotique, d’Homme Bonnier, Paul Dini, Charles Juliet, Alain et sur les détails d’uneet de créateur, il avait acquis la conviction, Chantal Mérieux, à chacun des amateurs main, d’un pli, d’uneou plus précisément il savait enfin qu’il ou collectionneurs dans l’intimité fami- ride, bouleverse votre« était » de la famille des peintres dont liale, amicale, artistique, émotionnelle regard. Il contemplel’Œuvre est éternelle. Eternelle parce que desquels il avait pris place, il occupait une la peinture sansdans le mystère, heureusement inacces- place souvent bien plus grande qu’il ne égocentrisme,sible et impénétrable, de leur création s’est pouvait l’imaginer. Mais pour les mêmes simplement avecformé un accomplissement plus essentiel raisons que lui-même « dépassa » la tris- tendresse et l’espoirqu’eux-mêmes, a grandi une immanence tesse que provoquèrent les disparitions d’être bouleverséqui transcende les codes, brise les cor- des auteurs et critiques d’art Jean-Jacques et de connaîtreridors, s’impose aux pièges de l’éphémère, Lerrant, Louis Calaferte, Yves Bonnefoy l’instant, prodigieux,des modes et du futile. L’éternité de son ou Jean Leymarie auxquelles la puissance de la rencontre ».Œuvre signifie qu’à la mort de Jacques de leur écriture survécut, chacun de ceuxsuccède l’immortalité de sa création ; voilà ce qui aiment Jacques peut se consoler non Jacques Gairardqui pour lui était l’important, et c’est d’ail- seulement dans la mémoire de ce queleurs ce qui permet désormais de dominer l’Homme lui « apporta », mais aussi, par Yves Bonnefoy), puis Jacques Tru-la peine que sa disparition instille chez présentement et ultérieurement, dans phémus en famille (préface de Jean Clair),ceux qui l’aimaient, qui partageaient son la perpétuité de l’Œuvre que le Peintre une investigation artistique, émotion-repas au café Bellecour, qui le recevaient initia dès son adolescence grenobloise. nelle, historique, intellectuelle d’undans l’intimité d’un dialogue toujours Ainsi Jacques l’aurait souhaité : le bon- choix d’oeuvres des XIXe et XXe sièclesmerveilleux. Chez ceux aussi qui eurent heur que peuvent révéler Aimée devant la des musées des beaux-arts de Lyon et dele bonheur de « regarder » David, Picasso, porte vitrée, Intérieur aux volets clos, Divan Grenoble auxquelles il « devait » beau-Matisse, Corot, Vuillard, Manet, Daumier, rose sur fond vert, La terrasse à Cauvalat ou coup, en premier lieu d’avoir participé àBonnard ou Vallotton « avec lui », c’est-à- Le repos est plus essentiel que le chagrin construire son « âme de peintre. » Les pré-dire en parvenant, même furtivement et d’une disparition d’Homme – à laquelle faces et introductions, les observations,avec modestie, à plonger leurs yeux dans d’ailleurs il était sereinement préparé. Et explications ou confessions recueilliesles yeux de Jacques pour « saisir » les tré- c’est alors que de la plus simple et la plus auprès de Jacques ou de ses proches,sors de La Folle, de Misia, de l’Intérieur aux imprenable des manières, l’éternité de constituent un précieux éclairage sur ceaubergines, du Cadavre, ou de la Femme l’Œuvre assurera l’éternité de l’Homme. qu’« étaient » l’Homme et le Peintre, surau corsage bleu. Une création immortelle Il y a une quinzaine d’années, Acteurs de ce qu’« est », pour toujours, cette peinturequi « doit » en premier lieu à la liberté l’économie consacrait son premier docu- pacificatrice et altruiste, cette peintureque Jacques avait atteinte, et qu’incarnent ment à Jacques, un dialogue entre lui et de l’âme et du cœur, cette peinture quinotamment l’occupation des blancs, la flui- l’amateur Jacques Gairard, publié dans célèbre la beauté, l’espérance. La vie. Petitdité des traits, la composition des sujets Communions d’esthètes. Deux autres livres florilège de ces évocations qui, mises encaractéristiques de ses dernières œuvres. suivront : une monographie (préfacée perspective de quelques œuvres et toutes maintenues dans le temps présent, font, Fleurs et fruits devant le miroir. ensemble, joie dans l’âme de ceux qui 2016. Huile sur toile. aiment Jacques et de ceux qui aiment la Il est libre. Formidablement libre. peinture de Jacques. « Il est désormais en état de Photos tableaux : grâce. Comme le fut Monet au Remerciements Galerie Claude Bernard XXème siècle », observe Jacques Gairard. « Il n’a plus besoin de tout N°137 Octobre 2017 dire, ni même de finir », com- plète Jean-Jacques Lerrant. En témoignent les bouquets de fleurs en suspension, le traitement éthéré du sujet. Ou encore, détaille Paul Gauzit, l’emploi de couleurs qui « jamais ne crient ».120 Acteurs de l’économie - La Tribune
JACQUES TRUPHÉMUS Respirer « Sa peinture évoque la capacité du regard, sensuelle et intellectuelle, d’habiter le monde, ou plutôt ce pouvoir de rendre le monde habitable, c’est-à-dire saisissable, humable, goûtable, à travers l’emploi de quelques couleurs, dont la limitation sera propre à traduire une infinité de qualités sensibles, voire organoleptiques. » Jean Clair Porte ouverte sur intérieur bleu nappe violet rouge petit bouquet Porte-fenêtrede roses. 1999. Huile sur toile. ouverte sur le jardin« Le violet qui envahit ses ateliers, dans la mesure où il est la dernière Cévennes). 2007.couleur perçue avant que les ondes ne deviennent imperceptibles, Huile sur toile.symbolise le saut du visible vers l’invisible, du matériel vers l’immatériel, « Du Vigan,voire le spirituel entre le rose et le jaune des choses quotidiennes, des il rapporte unefleurs, des châssis, des éto es, il est aussi la présence du monde sous hallucination deson apparente dépossession. » Jean Clair la couleur. »Le repos - harmonie vert et rose. 1995. Huile sur toile. Sylvie RamondPendant cinquante ans, son épouse et complice Aimée lui fera profiter« d’un œil, d’une sensibilité, d’une intuition, d’un jugement » communs Les rideaux blancsaux « meilleurs amateurs », lui ouvrant les portes du refuge cévenol du de la verrièreVigan où il s’impose une discipline monacale, une ascèse au service de l’atelier. 2016.tout entier de sa religion : la peinture. Huile sur toile. « J’ignore s’il estN°137 Octobre 2017 agnostique ou bien croyant, religieux ou mécréant. Le fait est qu’arrivé au terme de sa vie, il dresse dans ces intérieurs une présence que je ne peux nommer autrement que celle d’une sacralité des choses. » Jean Clair Acteurs de l’économie - La Tribune 121
Respirer JACQUES TRUPHÉMUSPEINTRE DE L’HUMANITÉL’humanité de Jacques Truphé- mus est – l’honorer convoque « Il peint la vraie vie parce qu’il aime la vraie essayer de pénétrer dans cette intimité, d’être l’emploi du temps présent – vie », résume Paul Gauzit. Il est le conser- sur le pinceau ou dans le tube de peinture ? », celle de « l’ami lumineux et qui vateur en chef d’un patrimoine terrestre renchérit François Montmaneix. Une illumine ». Celle d’une cha- sous l’écorce duquel il extrait l’essence leçon, alors que l’obscène tyrannie de leur, d’une générosité, d’un d’une spiritualité, d’une intemporalité vis- la transparence et de la connaissance a humour inaltérables. Celle céralement hostiles aux modes. Son art, contaminé chaque anfractuosité de chaque d’un compagnon monarque souligne son ami François Montmaneix, conscience. dans son archipel, « monstrueusement est un « inépuisable battement de cœur vivant habité par la peinture » admire Paul Gau- du monde », une « bouleversante réponse au « Votre travail zit. C’est celle de l’indulgent incapable dur désir de durer », une source que rien, est dans la vérité. » de condamner, celle du « bon » que rien absolument rien, ne peut menacer de tarir. ne corrode, celle du « tendre » que le Le conservateur Pierre- cynisme, l’infidélité, la déloyauté, l’oppor- SOLITUDE André Farcy, au seuil de la tunisme, la duplicité ont épargné, celle de Son humanité, Jacques ne l’a pas exercée Seconde guerre mondiale l’humble et du pudique, celle de l’affable seulement dans la disposition à l’autre, muet sur les interstices les plus intimes de il l’a bâtie d’abord dans la solitude. Une LEÇON sa personne et les plus mystérieux de sa solitude introspective, distincte de la Sa création est humaniste. Cette propriété, peinture. misanthropie, de l’autarcie, de la fuite, on la repère d’abord dans le « regard » Son humanité est celle de l’acrobate simplement adoptée pour que l’émotion de l’homme. Un regard qui voit et aussi jouant de la dérision, de la malice, et des quitte la cage. Une solitude qui fait l’éloge entend, « jusqu’aux silences », ce qui l’en- pirouettes élusives propices à sa protection. du silence. Et de la respiration. La célé- vironne, mais aussi ce qui est en l’autre. C’est celle du « flâneur » sincèrement heu- bration du temps, long, lent, ce temps qui Ici, l’autre n’est ni peintre ni peinture ; reux de se promener dans les rues de Lyon, n’est jamais vain et offre, s’il le souhaite et simplement il est une présence au monde. de s’attabler à la terrasse d’un café, de lorsqu’il le décide. Son apprivoisement du Un monde que le nonagénaire contemple répondre aux sollicitations de l’admirateur. temps, sa sujétion au temps, Jacques les dans son indivisibilité, un monde à l’écri- La rue tranquille. Ses huiles, pastels et a employés à atteindre la contemplation. ture duquel participe chaque objet, qu’il dessins appellent chacun à entrer dans « Il se consacre presque autant à regarder qu’à soit fauteuil, canapé, vase, ou lampe. Ainsi son intériorité, dans son propre silence. Ils peindre ses tableaux », corroborait Jean- considéré, l’autre peut exalter la création placent l’amateur en confiance avec lui- Jacques Lerrant. Le geste est économe, soi- du peintre. Et la dissuader, comme ce fut même, l’encouragent à se rendre au fond de gneux, juste, dicté par une intériorité, une le cas au retour de l’Allemagne nazie, de lui-même sans appréhension, sans peur. concentration, une méditation que rien ne la tentation du désespoir et de la destruc- peut irriter. Au Vigan, dans la pénombre tion. Mais aussi la détourner de l’avilisse- rafraîchissante du soir, il demeure allongé, ment et de l’abêtissement propres à une de longues heures, sur la terrasse. A ne création contemporaine fourvoyée dans la rien faire. Ou plutôt à faire. Beaucoup. paresse et la vulgarité, la complaisance et Immensément. Tout, dans l’expression l’usurpation. de son « faire », est une formidable déso- Désormais le tableau commande, la créa- béissance aux dogmes de la quantité et du tion n’est plus souffrance, elle n’est que chiffre, aux nervis de la marchandisation, plaisir. Et l’œuvre est donc incroyablement du matérialisme, et de l’accumulation sans « moderne. » Rien ne morcelle sa création fin, à l’inanité et à la vacuité, aux compro- ni sa personne, toutes deux ont évolué sans missions et abdications de toutes sortes. rupture, sans fracture, elles ont progressé Jacques – qui n’a jamais triché – « fait » de concert et confluent harmonieusement. selon des exigences que les doctrinaires Tout dans la vie et dans la création de de l’immédiateté sont incapables de soup- Jacques est cohérence et continuité, et cette çonner, auxquelles les séides du gaspillage, création est elle-même leçon de vie, leçon du mensonge, du maquillage, ne peuvent d’exemplarité. Elle témoigne que le fonde- qu’être sourds. Il est un résistant. Il est un ment de l’humanisme est l’engagement de rempart au dépérissement d’une société l’être dans son entièreté la plus intègre, la moderne consumée par son besoin de plus exigeante, la plus désintéressée. Son maîtriser et d’expliciter, de remplir et de œuvre est miséricorde. Elle donne sens comprendre, de faire mieux et davantage. et paix à l’existence, elle convoie l’âme. Ainsi son appréciation du « mystère de la La sienne, bien sûr. Celle d’Aimée. Celle création » résonne implacablement : « Le de chaque sujet traité. Et la nôtre. Merci, bonheur d’une émotion ressentie est bien plus Jacques, de votre œuvre d’Homme et de essentielle que la connaissance des processus Peintre. DL qui l’ont amenée ». « De quel droit pourrait-on122 Acteurs de l’économie - La Tribune N°137 Octobre 2017
Le temps respecte ce qui est construit avec passionURBAN GARDEN _ Lyon Gerland Valode & Pistre SOHO LE 107 _ Lyon Part-Dieu21 ECULLY PARC _ Ecully SUD Archigroup COURS DU MIDI _ Lyon Perrache EKLAA _ Lyon Gerland AFAA SUD SADENA _ VilleurbannePARIS – LYON - GENÈVE FINANCEMENT - MANAGEMENT DE PROJETS - CORPORATE REAL ESTATETél. : 04 72 74 69 69sogelym-dixence.fr
Pour assurer votRrAeeGtcrRooInuCsvAeeizllerla protection auLS’EOLMEVMAEGTEDEsocialedu monde Hall 1 - Allée Dagricole Stand 119AGRICA est plus Image : © Thinkstockque complémentaire SUIVEZ L’ACTUALITÉ DU GROUPE AGRICA www.groupagrica.com Abonnez-vous à la e-newsletter mensuelle www.facebook.com/GroupeAgrica twitter.com/groupe_agrica youtube.com/user/GroupeAGRICARETRAITE - PRÉVOYANCE - SANTÉ - ÉPARGNE www.groupagrica.com
Search
Read the Text Version
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8
- 9
- 10
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- 16
- 17
- 18
- 19
- 20
- 21
- 22
- 23
- 24
- 25
- 26
- 27
- 28
- 29
- 30
- 31
- 32
- 33
- 34
- 35
- 36
- 37
- 38
- 39
- 40
- 41
- 42
- 43
- 44
- 45
- 46
- 47
- 48
- 49
- 50
- 51
- 52
- 53
- 54
- 55
- 56
- 57
- 58
- 59
- 60
- 61
- 62
- 63
- 64
- 65
- 66
- 67
- 68
- 69
- 70
- 71
- 72
- 73
- 74
- 75
- 76
- 77
- 78
- 79
- 80
- 81
- 82
- 83
- 84
- 85
- 86
- 87
- 88
- 89
- 90
- 91
- 92
- 93
- 94
- 95
- 96
- 97
- 98
- 99
- 100
- 101
- 102
- 103
- 104
- 105
- 106
- 107
- 108
- 109
- 110
- 111
- 112
- 113
- 114
- 115
- 116
- 117
- 118
- 119
- 120
- 121
- 122
- 123
- 124