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N° 006 Agefi Bliss

Published by AGEFI, 2016-12-16 04:38:54

Description: Décembre 2016

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N. 002 – mai 2016 CHF 5.–Une publication d’Agefi SA #affinités #Ilaria #icône #années80 #talent



éditorial tout en beautéPendant qu’un puissant sentiment de renouveau s’installe et enrobe la nature, que la lumièredu jour accompagne désormais nos débuts de soirées, une poussée de sève galvanise l’énergied’Agefi bliss qui se confirme dans ce deuxième numéro où il est question de beauté.La belle saison arrive parée de tons ultra-féminins, que vous retrouverez dans l’univers desfilles de The Push Pose, à fleur de peau de la délicate Ilaria ou dans les magnifiques fragrancesphotographiques de Jean-Vincent Simonet.Je ressens toute cette douceur ambiante que la nature nous offre et je n’ai qu’une envie, cellede la partager avec vous. Au fil des pages, elle sera tantôt sensuelle, tantôt pleine d’éclat ettout au long de la balade, l’ensemble restera baigné d’une blissitude effleurée par les premiersrayons printaniers. Caroline SchmidtAgefi bliss 002 3



Caroline Schmidt Rémy Haas Diego Fellay Rédactrice en chef Conseiller de rédaction Directeur artistique [email protected] Responsables de rubriques  Rédaction Maquette & Graphisme  Culture — M’zelle Bibi Pétronie Concorde Diego Fellay Cinéma — Rémy Haas François Guery Marc Bally Mode — Katharina Sand Dimitri Jean Joaillerie — Caroline Schmidt Laurent Conus Photographe sHorlogerie — Mathilde Binetruy Michel Jeannot Beauté — Gäelle Sinnassamy Federico BerardiDesign — Alexis Georgacopoulos Christophe Clivaz d’Arolla Philippe Fragnière Marlène Isabelle Zak Andrea ZacconeAbonnez-vous à Agefi bliss 6 numéros au prix de CHF 30.– [email protected] www.facebook.com/agefiblissmag Service lecteurs — Découvrez le détail de nos offres Agefi SA — Service Lecteurs Rue de Genève 17, Case postale 5031 1002 Lausanne Tél: +41 21 331 41 41 Fax: +41 21 331 41 10 www.agefi.coméditeur publicité France diffusion abonnements Affinity MediaAgefi, société de l’agence Suisse [email protected] Prix au no: CHF 5.– (TVA incl.) Rachel Isozéconomique et financière SA Christian Nicollier www.affinity-media.fr Abonnement — Kiosques Naville [email protected] Rue de Genève [email protected] E-paper également sur l’application iPad 6 éditionsCase postale 5031 Grande-Bretagne (www.agefi.com/app) et sur LeKiosk.fr Suisse: CHF 30.– (TVA2,5% incluse)1003 Lausanne Allemagne Prime Media International Parutions: 6 × par an Europe: CHF 50.– (frais de port inclus)T +41 (0)21 331 41 41 Mercury Publicity [email protected] Impression: Kliemo s.a. Compris dans l’abonnement à L’AgefiF +41 (0)21 331 41 00 (Deutschland) GmbH www.prime-int.co.uk Tirage: 12’800 exemplaires www.agefi.com/abowww.agefi.com [email protected] No ISSN: 2297–7457 www.mercury-publicity.de Italie www.agefi.com/agefibliss Copyright  Administrateur délégué : François Schaller Studio Villa Media Promotion S.r.lDirecteur Général (CEO) : Olivier Bloch Benelux [email protected] Correcteur : Rémy Haas Toute reproduction, même partielle,Directeur adjoint, Développement : Lionel Rouge Mediacontact International www.studiovilla.com des articles et illustrations publiésMarketing et events : Guillaume Tinsel [email protected] est interdite, sauf autorisation écriteResponsable back office : Jessica Maquelin www.mediacontact.net de la rédaction.



sommaire culture 18–19 le rock hallucinogène de Forks 20 le Crazy Horse s’invite à Lausanne 22-23 Elephant Man: la beauté montrée 24–25 qu’en est-il en 2016 de La Lenteur de Milan Kundera? société 28–31 beauté: mon beau miroir #affinités32–33 sites de rencontre : et partenaires particuliers 34-35 ado’tres: Suzanne mode #Ilaria38–41 le phénomène The Push Pose 42–49 : à fleur de peauphotographie Philippe Fragnière joaillerie – horlogerie 52–54 bijouterie Grégoire: décrocher la lune 55–56 Happy Diamonds de Chopard: #icône petite histoire d' une montre #années8057–59 fans des : le revival est à portée de poignet

carte blanche 60–63 à Fiona Kruger: dans l’intimité d’une montrebeauté 66–67 brèves de boudoir 68–69 yoga: du cash sur le tapis 70 la cosmétique du sommeil 71 au pilori: les super-aliments 72 zoom produit: brune melancolia 73 au banc d’essaidesign etc. #talent74–77 le , ça se sent ou les fragrances photographiques de Jean-Vincent Simonet78–80 carnet de voyage 281 quelque chose à se faire pardonner?82 astres et étoiles: cherchez votre signe caché!

LEMAN Caviar Lumineux comme un jour de fête, le Léman Caviar surprend autant qu’il éblouit. Un illochage inspiré des perles de Caviar révèle toute la brillance de la laque ambrée qui recouvre le dernier né de la collec on. Disponible en s lo plume, roller, s lo bille et porte-mine. Caran d’Ache. L’excellence du Swiss Made depuis . BOUTIQUES CARAN D’ACHEGENÈVE – Place du Bourg-de-Four 8 • Rue de la Corraterie 10 ZÜRICH – Löwens asse 19 carandache.com

mine de rien...quelques petits secrets de beauté pillés dans ma salle de bains.  Par Caroline Schmidtle parfum d’été :Bulgari Eau Parfumée au thé bleule corpsSkinceuticals body tightening concentrateBiotherm Super BustSaline de Bex Elixir de BeautéAēsop Déodorant herbacéGlossier Balm Dotcomle visageClarins Baume Beauté EclairCaudalie Eau de raisinNescens Bio-identicallipid-replenishing creamLa Roche-Posay Anthelios XLtentations 10

Le fantasme de la peau nue reste permanent,mais la réalité fait que crèmes miraculeuses, pots gourmands et autres soins précieux jalonnent ma vasque, ma douche et ma baignoire. L’art de prendre soin de soi, malgré moi… bien sûr que non, je l’avoue !Agefi bliss 002 le maquillage Hourglass, ombres à paupières Modernist Yves Saint Laurent, Touche Éclat n. 02 Lancôme, palette Paris en rêve Dr. Hauschka, blush Rouge powder duo Guerlain, poudre révélatrice de lumière Météorites Estée Lauder, anti-cernes Double Wear Waterproof Swiss Smile Glorious Smile Chanel, rouge à lèvres Rouge Coco n. 10 Sisley, mascara So Curl n. 1 Yves Saint Laurent, Eyeliner Babydoll le sac Gucci, sac à dos GG Blooms le vernis Chanel Laque rouge n. 71 les pinceaux Chanel Giorgio Armani 11

ausoni 110 ans d’éléganceCharlie et Oona Chaplin, Ausoni Lausanne Ausoni Place St-François, 1003 Lausanne+41 (0)21 312 94 12, [email protected] Centrale, 1884 Villars-sur-Ollon+41 (0)24 495 22 61, [email protected] www.ausoni.com Olivia Ausoni, 1950En 1906, Eufonio et Giuseppina Ausoni arri­vent dizaines, Freddie Mercury cherchant les dernièresde Toscane à Villars-sur-Ollon pour créer collections Missoni Homme, Audrey Hepburnleur premier commerce. Dans les années 50, venant régulièrement saluer le personnel,la deuxième génération décide de conquérir Michael Jackson s’acheter un pyjama Zimmerli,la plaine en ouvrant sa première boutique Oona Chaplin accompagnée par son marià Lausanne. Cette famille d’entrepreneurs Charlie Chaplin, David Bowie, Grace Kelly,déborde d’idées et, de géneration en généra- Ingrid Bergman, Joséphine Baker, Yves Montand,tion, la lignée familiale propose des lignes Sophia Loren, sans compter toutes les famillesde prêt-à-porter haut de gamme. royales qui ont séjourné dans la région.La qualité irréprochable de son service attire Une tradition fondée sur de solides relationstoute la bonne société lausannoise. Sa réputa- durant 110 ans avec un savoir-faire qui a su setion est sans frontières, puisque les murs perpetuer malgré deux guerres mondiales etde la maison résonnent d’anecdotes invraisem- de nombreuses crises économiques. La familleblables avec les visites de personnalités Ausoni a sa belle histoire familiale dans le sangétonnantes… Les Rolling Stones pieds nus, et ça va continuer.venus acheter des pulls en cachemire par 12

L’art du bronzageTECHNOLOGIE AVANCÉE DE PROTECTION CELLULAIREPRÉSERVE LE CAPITAL JEUNESSEQUEL QUE SOIT L’ENSOLEILLEMENT Distributeur pour la Suisse: Parlux Diffusion SA www.parlux-diffusion.ch

Masha Bakker le sac new-yorkais par excellence  Parfait pour toute femme à la recherche d’un sac chic, léger et terriblement urbain. Une large gamme de sacs nous est proposée, dont la qualité et les finitions en séduiront plus d’une! Disponibles en pop-up store chez Globus du 23 mai au 30 juin. À ne pas manquer. www.mzwallace.com autocollantsd’adulescentsAnya nous enchante depuis plus d’une vingtained’années avec ses cabas en toile, ses pochettespersonnalisée et ses sacs si singuliers.Maintenant, elle nous invite à décorer nos sacset autres accessoires fétiches avec un choixde stickers rigolos qui nous rappellent notreadolescence avec un zeste d’humour.www.anyahindmarch.com plouf ! Nos sachets de thé ne sont plus seuls à prendre un bain grâce à la collection d’Het Paradijs. De la théière à ses 4 tasses différentes, nous plongerons dans l’heure du thé de manière inattendue. Esther Hörchner www.hetparadijs.net 14

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18-19 Musique Forks: le krautrock helvétique 20–21 Sorties le Crazy Horse met Lausanne sens dessus-dessous 22–23 Cinéma Elephant Man: la beauté montrée 24–25 Livre pourquoi (re)lire La Lenteur de Kundera?culture 17

Mehdi Benkler Les forces du mal montent en nous comme des araignées etla musique psychédélique est LA solution pour sauver le monde. culture 18

forks:le krautrockhelvétiqueLe rock hallucinogène version Forks est une substance suisse encore légale et sans danger. Par M’zelle BibiForks est un groupe space-psyché-rock de Vevey Il y a aussi chez Forks, quelques inspirationsformé en octobre 2013 et composé de 4 leaders : cinématographiques. Les vidéoclips: ProfondoValérie Ciriolo / Voix-Guitare-Shythé, Joël Bovy / Rosso, réalisé par Lisa Skory est un clin d’œil auBatterie-Voix, Mehdi Benkler / Guitare et Pacifique film italien, Les Frissons de l’angoisse (ProfondoVuillemin / Basse. rosso) de Dario Argento, sorti en 1975. Et Sunday Sunshine réalisé par Patrick Conus (Vjay desLeur dernier double LP Forks, volume 2 vient de concerts) qui s’est lui, amusé à faire un montagetrouver sa place dans les bacs depuis mars 2016. d’images d’archives kaléidoscopiques d’un filmIl a la particularité d’être gravé en 33 tours et se de propagande anti-cannabis des années 40.lit en 45 tours. Une astuce qui permet de mettre Cultivant les valeurs vintage, les membres duplus de morceaux sur le disque. Leur style est groupe jouent avec des instruments et des am-proche du krautrock (genre ayant émergé à la fin plis exhumés des caves des années septante.des années 60 en Allemagne) qui puise ses sources Le son en est que plus authentique. Ils privilé­gientdans un courant musical à la structure minima- également le vinyle au CD. Pour l’anecdote, leliste et répétitive dont Klaus Schulze, Kraftwerk guitariste Mehdi Benkler, qui est aussi photo-ou Philip Glass sont les dignes représentants. graphe, utilise un appareil Hasselbald de 1966 pour immortaliser des stars de la musique enForks est l’expérience primitive et sauvage d’un backstage. C’est d’ailleurs lui qui a réalisé le visuelrock psychotrope qui est fortement influencé de leur dernier album.par des groupes tels que The Brian JonestownMassacre, Spacemen3 ou encore Black Rebel Ils ne se sont pour autant totalement éloignés deMotorcycle Club (dont il a fait la première partie la technologie actuelle. Autodidactes, ils ont crééà l’usine PTR de Genève en 2015). Aux dires de leur propre label Willow Waves Records et ontMehdi Benkler, les forces du mal montent en financé leurs albums (sans noms) Forks et Forksnous comme des araignées et la musique psyché- volume 2 en trouvant des fonds via le systèmedélique est LA solution pour sauver le monde ! internet crowdfunding. On peut également télé-Nous pourrions être tentés de le croire car, avec charger leurs morceaux via iTunes ou visionnerForks, nous découvrons une transe bien maî- leurs vidéoclips sur YouTube.trisée avec une dimension mystique qui nousemporte vers un monde chamanique qui libère Pour les adeptes de voyages hors norme, oubliezl’âme. Un mélange de contention et de délivrance les space cake, les champis ou les amphétamines…à travers des passages soniques imprégnés de riffs Venez plutôt voir Forks en live !stoner et seventies autour d’une base rythmique, Trip garanti, sans effets secondaires, et qui ned’explosions de guitares acides et de jeux de voix sera, on l’espère, jamais pénalisé !masculins et féminins. À suivre sur leur site web: www.forksmusic.chAgefi bliss 002 19

Sorties Blues Rules Crissier Festival 7e édition — vendredi 20Nuit magique à Genève et samedi 21 mai 2016 Samedi 21 mai 2016, de 18 h à minuitMIR — Cette année sous le thème de la magie Cela fait maintenant 7 ans que Thomas Lécuyernoire ou blanche le Musée international de la et Vincent Delsupexhe prêchent la parole bleueRéforme propose une visite originale, légère sur dans les collines du canton de Vaud, avec vue surla forme et sérieuse sur le fond où seront exposés le Lac Léman, dans lequel se jettent pour l’occa-des objets ensorcelés de leurs collections. Les sion les eaux chargées d’histoire et de musiquemédiateurs et médiatrices se feront prestidigita- du fleuve Mississippi. Le temps de deux soirées,teurs et leurs présentations prendront des allures les jardins du Château de Crissier, aux portesde tours de magie pour le plaisir du jeu et de la de Lausanne, accueillent 16 groupes venus duflânerie. monde entier, une centaine de bénévoles et 1200La Compagnie de la Sourde Oreille animera des festivaliers venus célébrer l’ouverture de la saisonvisites mimées et décalées des collections, tan- des open-airs ainsi que le blues traditionnel ettôt en archéologie, tantôt dans les beaux-arts. éternellement renaissant. Prêcher le blues, voiciInvités lors de l'afterwork consacré au Voyage le pari et la ligne éditoriale de ce festival familialen Italie en octobre dernier, Laura Gambarini et et bon vivant. Prêcher à la fois cette musique enNicolas Rocher nous feront revivre leur création explorant ses racines et ses ramifications actuelles,directement inspirée par la statue colossale de mais également en montrant une façon de laRamsès II et La lutte suisse d'Auguste Baud-Bovy. vivre sur le modèle des pique-niques des collines du nord du Mississippi où se réunissent voisins,MAH — Le Musée d’art et d’histoire accueillera familles et amis pour passer un bon moment.quant à lui, le groupe The Street Lemon et sonunivers magique. Vous assisterez à un concert de www.blues-rules.combrico-swing doté d’un zeste d'esprit cajun et sau-poudré d’un soupçon de vieille chanson acidulée.www.musee-reforme.chhttp://institutions.ville-geneve.ch/fr/mah/ La Fête de la Naturedu 20 au 22 mai dans toute la Suisse romandeDepuis sa création en 2011, la Fête de la Nature gramme axé sur la nature sauvage et locale, chacunn’a cessé d’étendre sa réputation, séduisant de profite de cette occasion unique pour redécouvrirplus en plus d’adeptes, et devenant ainsi l’événe- la nature de proximité en compagnie de spécia-ment nature printanier de référence dans toute la listes aussi passionnés que passionnants. Suisse romande. Pendant trois jours, des activitésgratuites sont offertes aux petits comme aux Le programme 2016 est disponible sur le site internet grands à deux pas de chez eux. Grâce à ce pro- www.fetedelanature.ch.culture 20

Lausanne “sans” dessus-dessous avec le Crazy Horse Par M’zelle BibiLe plus glamour des cabarets parisiens rend riser son cabaret à travers le monde. Alain Bernar-hommage à son créateur Alain Bernardin avec din adorait les femmes. Ses creations, graphiquesForever Crazy, un “Best Of” de ses tableaux lé- et conceptuelles, les ont sublimées et donnèrentgendaires. au strip-tease ses lettres de noblesse.Né le 9 janvier 1916 à Dijon, Alain Bernardin Cette année, c’est le Crazy Horse qui lui rendnous a quittés à l’âge de 77 ans. Il créa en 1951, hommage et charmera les spectateurs de la sallele Crazy Horse Saloon qui dès 1960 deviendra le du Métropole de Lausanne, le temps de 5 showsCrazy Horse. Avant-gardiste et observant les chan- sensationnels, du 17 au 19 juin 2016. Le public auragements qui se produisirent lors de ces années le choix entre deux representations distinctescharnières, il va progressivement passer de la dan- par jour, à savoir des places standards ou V.I.P.seuse solo à une formation. Chaque numéro sera Au programme, des classiques, tels que le numéroconçu comme un mini-spectacle avec sa chorégra- intitulé God Save Our Bareskin, qui fut choré-phie, son décor et ses lumières. Le mythe Crazy graphié par un lieutenant de l’armée britanniqueHorse se développe avec ses faux cils, ses talons Alain Bernardin adorait les femmes.Ses creations les ont sublimées en donnant au strip-tease ses lettres de noblesse.aiguilles vertigineux, ses cache-tétons, ses rouges et qui ouvre tous les spectacles du Crazy Horseà lèvres carmin et ses perruques caractéristiques depuis 1989. Mais également, de nouvelles créa-à la frange au carré. Il décida aussi de donner un tions signées par le chorégraphe français Philippenom de scène à chaque danseuse. Nombre d’entre Decouflé qui apporte quelques nouveautés avecelles gagnèrent en ce lieu une certaine notoriété. ses projections vidéos. Il est reconnu, entre autres,En particulier, les solistes comme Lova Moor pour avoir collaboré avec le Cirque du Soleil,(qu’il épousa), Polly Underground ou encore Rosa David Bowie ou Sophie Hunger.Fumetto, pour ne citer qu’elles. Du chic, du glam et de la sensualité pour nous mettre sens dessus-dessous.En 1977, il réalisa le film Crazy Horse de Paris,dans lequel, il joua son propre rôle, entouré de cer- Billetterie: www.livemusic.chtaines de ses égéries. Ce film lui permit de popula-Agefi bliss 002 21

la beauté montrée : tératologie d’un film Elephant Man USA 1980. Réalisation: David Lynch. Scénario: Christopher de Vore, Eric Bergren, David Lynch, d’après The Elephant Man and otherReminiscences de Sir Frederick Treves et The Elephant Man, a study in human dignity de Ashley Montagu. Interprétation: John Hurt, AnthonyHopkins, John Gielgud, Anne Bancroft, Freddie Jones, Wendy Hiller.Qu’est-ce qu’un monstre? Quel regard le crée? Que reste-t-il, 36 ans après, d’Elephant Man, de l’élégie douloureuse de David Lynch et du cri inoubliable de John Merrick: “Je ne suis pas un animal. Je suis un être humain”? Par Rémy HaasC’est par ce deuxième film, inspiré d’une histoire chèrent d’avoir cédé aux sirènes d’Hollywood envraie, sorti en 1980 que David Lynch gagne ses réalisant un film académique — tous les élémentsgalons de cinéaste à part entière. Mais le splendide purement « lynchéens » y sont pourtant intégrés,classicisme apparent d’Elephant Man n’est qu’un condensés. Plus encore, ce film est un véritableleurre. Après le très expérimental et confidentiel coup de génie: Lynch y révèle une autre facetteEraserhead (1977), film-expérience à la radicalité de lui-même, son goût du mélodrame, sans pouraussi étrange que dérangeante, ce linéaire drame autant renier ce qui fait son originalité.victorien représente un étonnant changementd’échelle en passant à un film au budget assez oeuvre totaleconfortable, plus « hollywoodien », plus grand pu-blic, et finalement mondialement célèbre. Si lors le monstre comme catalyseurde sa sortie, le cinéaste resta évasif quant à sa ré- De Twin Peaks (la série et le film) à Inland Empire,férence la plus évidente, la descendance avec le le monstre protéiforme est souvent le messagerchef-d’œuvre Freaks de Tod Browning (1932) est onirique d’une vérité cryptée, et tient dans laplus que flagrante. Et si les deux films sont sem- filmographie du réalisateur une place centrale.blables dans leur propos, une nuance les sépare. David Lynch est aussi bien un créateur de films-Chez Tod Browning, les monstres sont des hu- monstres qu’un cinéaste pro-monstres. Et demains comme les autres alors que chez Lynch, les nous rappeler, au passage, ce que le terme veuthumains sont des monstres comme les autres. dire. L’étymologie la plus évidente de « monstre » est le verbe latin monstrare (montrer). Certes.Considéré par les fans de Lynch comme undévoiement voire une trahison — ils lui repro-culture 22

Mais initialement, « monstre » vient exacte- atmosphère, étrangeté) est, à bien y regarder,ment de monstrum: signe divin à déchiffrer. très présente. C’est sur des images halluci-L’homme-éléphant, tel un signe qui circule parmi nées que s’ouvre le film où l’on voit la mère deles humains, nous sert à savoir d’où l’on vient, John Merrick lentement piétinée, — ensemencéequi nous sommes. Il nous révèle. Et Lynch dif- peut-être ? — par des éléphants auxquels il de-fère au maximum le moment où le visage de John vra son surnom. Ce prologue est immédiatementMerrick sera montré — il faudra attendre près reconnaissable comme lynchéen. De même,d’une demi-heure. Le spectateur, comme celui de l’épil­ogue, et, au milieu, les scènes oniriques, lala foire voit sa pulsion scopique, son voyeurisme bande son (mêlant l’organique et le mécanique),maintes fois reportés. La première apparition de la représentation théâtrale du Chat Botté —John Merrick, terrorisé, fait qu’à l’effroi initiale- féerie peuplée de métamorphoses —, le climatment attendu du spectateur se substitue un autre de la révolution industrielle avec ses usines,type de sidération, mais celui-ci, empathique. ses fumées blanches, ses brumes, son charbon,Dès lors, le monstre est un semblable, puisqu’il son électricité, attestent du fait qu’on se trouvea peur. Cependant, la promesse d’une humani- bien dans l’univers de « l’artiste total ». Ajoutons lesation, d’une intégration du monstre est cassée, grotesque, les visions fantasmagoriques et surtouttrahie par l’horreur du monde (et du scenario). les scènes de foire ou de brutalité à peine suppor-Comme toujours chez Lynch, un paradis possible tables qui ont valu à Elephant Man d’être un peuest comme « empêché ». hâtivement estampillé « film d’horreur ». le masque social le théâtreRéflexion sur la monstruosité autant que sur la noto-riété, thématiques qui n’auront de cesse de travailler « Le théâtre, c’est l’amour », lui lance l’actriceson cinéma, Lynch porte ici comme dans ses autres lors de leur première rencontre. Lieu du faux,films un regard sombre et halluciné sur la réalité comble de l’artifice et de l’illusion par excellencehumaine inquiétante qui se dissimule derrière mais qui cristallise le réel, le théâtre tient dans lela lisse mise en scène sociale. Si le propriétaire de cinéma de Lynch une place essentielle: celui auxJohn Merrick, Bytes, lui inflige les pires sévices rideaux bleus de Blue Velvet, le club Silencio detandis que le petit peuple, d’une infernale barbarie, Mulholland Drive, celui de la mini-série Rabbitsse délecte de la misère du monstre, douceur et com- et, plus affirmé encore, le théâtre aux rideauxpassion arriveront avec l’intervention du Dr Treves. rouges occupé par la nain de Twin Peaks… CeMais très vite, ce dernier doute de sa propre bonté n’est donc pas le fait du hasard si l’acmé du film aenvers l’homme-éléphant, ayant conscience de le lieu dans un théâtre qui voit John Merrick consa-maintenir dans une forme d’exhibition obscène cré. Il y accède à son rêve, se voit autorisé le droiten livrant son corps à la science. Plus encore, c’est au regard en devenant à son tour spectateur. Maisl’élite londonienne — bourgeoisie et pouvoir mo- ça n’est que du spectacle. Cette épiphanie n’estnarchique — qui prendra le relais en l’admettant qu’un mirage, car l’homme-éléphant, exhibé,en son sein. Pourtant, en le glorifiant, ce qu’elle adoubé par le public qui en fait sa « vedette », estcélèbre, triomphante, c’est elle-même, c’est sa tolé­ reconduit à sa monstruosité. Paradoxalementrance, son esprit charitable, en un mot, son théâtre vécu par lui comme un aboutissement triomphalofficiel. Le monstre aura pleinement révélé sa de son humanisation, ce moment unique dontvanité, sa capacité à feindre et son narcissisme. il sait qu’il ne pourra être réitéré l’amènera à mettre méticuleusement en scène sa propre mort. la splendeur plastique Final d’un extrême pessimisme en même tempsDire qu’Elephant Man serait le film le moins qu’instant de pure beauté — que même l’Adagiolynchéen de l’œuvre du cinéaste est une grossière pour cordes de Samuel Barber (scie musicale donterreur de jugement. Certes, le noir et blanc — mais le cinéma s’est emparé ad nauseam) parvient àLynch l’avait déjà utilisé dans Eraserhead —, tout magnifier — où, dans une solitude apaisée, le répiten magnifiques contrastes, métallique, ajouté est autorisé et la mémoire, convoquée. Le magni­au cinémascope confère au film une dimen­sion fique épilogue fait ressurgir sa mère proférant lesclassique. Pourtant, la « Lynch touch » (ambiance, mots suivants: « Jamais rien ne mourra. » Et le film d’accéder à l’éternité. l’histoireLibrement adapté de la vie de Joseph (qui deviendra « John »dans le film) Merrick (1862-1890), ce film raconte l’histoiredans le Londres de 1884, d’un homme présentant d’atroceset monstrueuses difformités. Exhibé et maltraité dansune foire, il sera hébergé et protégé par le docteur Trevesdans l’hôpital de Londres. Très vite introduit dans la hautesociété par l’entremise de la bienveillante Mrs . Kendal, stardu théâtre londonien, il accède alors — illusoirement ? —au statut d’être humain. Tour à tour monstre de foire,curiosité médicale et sorte de « must » touristique de lahaute société anglaise, victorienne et puritaine, il n’aurade cesse de passer d’une exhibition à une autre.Agefi bliss 002 23

pourquoi (re)lire la lenteur de Milan Kundera? Pour (re)découvrir la nouvelle Point de lendemain (1777) de Vivant Denon. Par Pétronie ConcordeDatant de 1995, premier ouvrage écrit en fran- Ensuite, la réflexion se développe à partir de laçais — ce qui lui confère à la fois un caractère métaphore du « danseur ». La deuxième intrigue,distinctif et inaugural —, La Lenteur marque une satirique, raconte les mésaventures d’entomolo-rupture dans la production de Kundera. « Fable » gistes réunis en congrès dans ce même lieu, deuxpour les uns, « pamphlet contre le monde occi- siècles plus tard. Le « danseur », gesticulant, y estdental », pour d’autres. « l’exhibitionniste de la vie publique », voulant séduire « la grande foule des invisibles » pour l’argument « faire rayonner son moi ». Kundera dénonce laBref, simple dans sa présentation, ce roman surenchère médiatique à laquelle il se livre. Enfin,contraste avec l’ampleur et l’élaboration des fiction et réalité sont associées, les deux sièclesformats auxquels Kundera nous avait habitués dialoguent par un jeu de miroirs et de contre-(exceptés Risibles amours ou bien encore le points complexes. Le château devenu aubergeLivre du rire et de l’oubli). Il est plus précisé- illustre la mutation de la société: de lieu privé,ment proche de la nouvelle dans sa concentration ; intime, symbole du libertinage et de l’hédonismeintrigues, personnages et « voix » s’entremêlant à au XVIIIe siècle, il s’est transformé en un lieul’intérieur d’un espace à la fois unique et pluriel: ouvert, relais pour congressistes pressés et ridi-le château-relais. cules qui ne connaîtront pas le bonheur.Narration construite comme une flânerie, c’est unéloge de la lenteur et une satire de l’hypervitesse la lenteur en 2016moderne, à partir de trois intrigues imbriquées, Seul bémol, le développement exponentiel dessituées dans ce château: deux contemporaines et nouvelles technologies a, depuis 1995, considé-l’autre, au XVIIIe siècle. Roman contrapuntique rablement métamorphosé le « danseur » et paroù d’un côté, le passé, donc la lenteur sont traités là-même, « affaibli » le sujet de La Lenteur. Cesur la forme d’un idéal, de l’autre, le présent, la pathétique pantin médiatique, qu’il soit hommevitesse, sur le mode parodique ; de l’âge du secret, politique, intellectuel, artiste, « people » (cettede l’absence de témoins à celui de la quête insa- dernière catégorie les incluant presque tous)tiable de regards, de la divulgation, de l’étalage, est passé des caméras TV d’alors aux réseauxdont le « danseur », caricature du personnage mé- sociaux (de Facebook à Twitter en passant pardiatique est l’incarnation. Instagram) qui ont largement amplifié sa danse. Mais ces mêmes réseaux ont aussi cette capaci- le thème té, en retour, à le démasquer promptement. QuoiPour Kundera, la lenteur est art de vivre, une qu’il en soit, l’hypervitesse, érigée aujourd’hui enphilosophie associée à oisiveté, sensualité, hé- valeur suprême, pour tout dire, « hystérisée », adonisme — dont il ressuscite le sens initial — et de beaux jours devant elle. Et si ce roman a parmémoire. À l’inverse, la vitesse a pour corollaire certains côtés un peu vieilli, dépassé ironique-efficacité, plaisir rapide, oubli. « Il y a un lien secret ment par cette même vitesse (qui est précisémententre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse son propos — mais Kundera s’y connaît en iro-et l’oubli.» Pour parvenir à cette conclusion, nie de l’Histoire), la voluptueuse et sophistiquéela réflexion a pris des chemins détournés. Tout lenteur du conte Point de Lendemain n’a, quantd’abord, elle s’appuie sur Point de lendemain à elle, pas pris une ride.(1777) de Vivant Denon, conte déjà évoquédans L’art du roman (1986) comme « l’une desplus belles proses françaises ». Le récit décrit latechnique amoureuse mise au point par Mme de T.pour détourner l’attention de son mari surl’identité de son amant. Kundera valorise alorstoutes les stratégies du roman libertin: le détourdes mots (langage codé cachant l’identité del’auteur, procédé de la lettre, prétextes pour re-nouer une conversation...), le détour des actions(art de la mise en scène, lenteur mise au service dela sensualité).culture 24

Quand j’ai évoqué la nuit de Madame de T., j’ai rappelé l’équation bien connue d’un des premiers chapitres du manuel de la mathématique existentielle: le degré de la vitesse est directementproportionnel à l’intensité de l’oubli. De cette équation on peut déduire divers corollaires, par exemple celui-ci: notre époque s’adonne au démon de la vitesse et c’est pour cette raison qu’elle s’oublie si facilement elle-même. Or, je préfère inverser cette affirmation et dire: notre époque est obsédée par l’oubli et c’est afin de combler ce désir qu’elle s’adonne au démon de la vitesse; elle accélère le pas parce qu’elle veut nous faire comprendre qu’elle ne souhaite plus qu’on se souvienne d’elle; qu’elle se sent lasse d’elle-même; écoeurée d’elle-même; qu’elle veut souffler la petite flamme tremblante de la mémoire.Agefi bliss 002 La Lenteur de Milan Kundera, éd. Gallimard, 1995, 154 pp. 25



photographie Federico Berardi 28–31 beauté bel et bien 32–33 sites de rencontre les #affinités électives 2.0 34-35 ado’tres Suzanne société 27

bel Amours Célèbres, 1961 et bien Par François Guerysociété 28

Il y a des instituts pour devenir ce que les animaux félins comme Delon et Bardot ont été sans effort, apparent du moins.Il y a nos valeurs, et la beauté y occupe une place spéciale, inscrite dans les mœurs, cultivée, pratiquée.Ce n’est pas cependant cette valeur-là qui est la plus louée, et la bonté lui passe devant. La bonté esthumanitaire, éthique, solidaire, égalitaire, sourcilleuse sur les droits de tous, sans discrimination.La beauté est discriminante, tous ne l’ont pas, elle distingue, elle isole, elle met en vedette. Nos deuxvaleurs maîtresses sont découplées, ne se parlent pas, s’ignorent, se tournent le dos.La beauté rayonne comme un diamant solitaire, glaciale souvent, pas exactement attirante. Dans leurdernier film, les frères Coen montrent une vedette hollywoodienne, jouant les sirènes dans un BusbyBerkeley étincelant: portant une queue de poisson, elle rit, fait des œillades, au-dessus d’un nénu-phar de naïades qui évoluent sous son plongeoir. Dès que la caméra cesse de tourner, elle prend unton grinçant de mégère et arrache son «cul de poisson» qu’elle lance au visage du décorateur. «Vousavez vos gaz ?», lui demande-t-on avec humeur. La beauté de Scarlett Johansson recouvre sa sècheméchanceté, ses intestins gonflés, le dehors de rêve cache le dedans sordide.Dans le fabuleux Freaks, Tod Browning faisait des deux personnages humains normaux et pleins deprestance des ordures, tandis que les monstres ont un cœur d’or.La beauté est du corps, et encore, pas de n’importe lequel. On la dit «animale», on y voit des fauves,des bêtes musculeuses au pelage de bronze, comme Alain Delon dans La piscine ou Les félins,Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme, dans Les bijoutiers du clair de lune. Les belles bêtes nepeuvent être des bêtes de somme ou de consommation, ce seraient des «grosses vaches», des «truies»obscènes, des bœufs: ce sont des bêtes sauvages élégantes et racées, fines, vigoureuses, élevées enplein air. Diaboliquement Vôtre, 1967Animale, la beauté dépend des soins du corps, hygiène, diététique, gymnastique, sobriété, santé.Il y a des instituts pour devenir ce que les animaux félins comme Delon et Bardot ont été sans effort,apparent du moins, avec une jeunesse insolente qui passerait avec leur éclat. On veut avoir une jeunebeauté de confection, et ce n’est pas seulement pour plaire ou séduire mais par respect de soi et desautres, par devoir. L’actrice Ludivine Sagnier admet qu’elle surveille sa ligne et ses courbes «par res-pect de son public» lorsqu’elle a un rôle dénudé. Noblesse oblige, «les apparences sont au nombre denos devoirs» (Rousseau). Des points décisifs appellent un exercice (workout): les capitons, les plis, lesreliefs comme la peau d’orange. La culotte de cheval est abhorrée. Avoir du ventre est une honte, lapoitrine a une place en haut du buste, avec autant d’horizontalité que possible, et les cheveux mêmessont de la partie, tant le régime de vie les change.Agefi bliss 002 29

On ouvre des instituts pour qu’on puisse se soigner. Natation, vélos d’appartement, haltères, danserythmique, feront fondre les surplus et surcharges pondérales, remodèlent et sculptent les anatomies,et l’échec de ces exercices mène dans des cabinets de chirurgie esthétique où on retaille le costumetrop humain des perdants.La beauté ne serait que cet entretien mécanique, sans âme? Il y a encore un siècle et demi, Dostoïevskichérissait un personnage à la belle âme, une sorte de Christ moderne, son Idiot. Stavroguine, le hérosmaléfique des Démons, a été dans un premier projet une incarnation de la beauté de l’âme, du cœur,du corps, rayonnant de séduction. Hegel dans sa Phénoménologie de l’esprit, ricane de mépris envers«la belle âme», parce qu’elle est inefficace, mais il admet qu’il y en ait. La génération qu’il critique,avant les révolutions ratées de 1848, cultive sa beauté comme bonté, associe les deux, les unit.Le cynisme viendra après.Le culte du corps comme forme de beauté sans bonté est-il un retour à une forme de paganisme àl’antique? Sont-ce là les «dieux grecs» de retour? Comme on a « tué Dieu », ainsi que le proclameNietzsche, est-ce le signe d’un retour à un avant du christianisme?Les Grecs ont divinisé les beaux corps, puisqu’ils sculptaient leurs propres dieux, leur Olympe, enprenant modèle sur leurs athlètes qui, à leur tour, se voulaient « olympiques »: champions de jeux deforce et d’adresse, excellents de corps et d’esprit.Les dieux grecs ont l’apparence des plus beaux mortels, et en jouent, si bien que la statue grecqueest aussi bien un hymne à la beauté des hommes et des femmes qu’aux divinités imaginées à leursemblance.Mais s’il y a bien un culte de la beauté, elle est pour eux globale, c’est un tout: on parle de «bellesactions», par exemple celles qui sont courageuses, et «beau» signifie «vertueux», même si leurs vertusne sont pas les nôtres. Mon beau miroir Autant dire que l’actuel culte du corps sain n’est pas un retour à ce «paganisme» bienheureux danstoute son ampleur. Nous cultivons la beauté parce qu’elle signifie quelque chose de désirable et devalorisé: elle respire la santé, la réussite, le désir, l’appartenance à l’élite. Mais si les signes qu’elleenvoie sont trompeurs, s’il n’y a rien derrière la façade flatteuse, elle demeure tout de même unevaleur, et des artifices sont là pour combler le vide, artifices qui s’achètent, sont dans le commerce,ou sont disponibles dans les myriades de conseils et recommandations diffusés par les media.L’addiction contemporaine à la beauté a sans doute un caractère moralement neutre, aux côtés denotre humanisme caritatif, et sans lien visible avec lui.Sauf si...Dans le sentiment humaniste de sympathie envers la nature bafouée, les animaux menacés, les mi-lieux corrompus, il y a une révolte sourde contre un enlaidissement du monde, donc, un mouvementdu cœur nostalgique: le monde a été plus beau. Il en résulte un désaccord profond entre chacun denous et «le monde», même s’il semble indéniable que chacun y est pour quelque chose, par le genrede vie dispendieux auquel il est attaché, et qui repose sur une exploitation destructrice des ressourcesnaturelles, puisqu’on n’utilise plus les esclaves pour rester libre et jouir du monde.Ce désaccord réclame une compensation, un adoucissement, pour demeurer supportable. Dans leculte du beau corps, le nôtre, dans nos sophistications esthétiques, il y a un geste pour préserver aumoins, dans l’universel enlaidissement, une sphère qui est en notre pouvoir: moi, au moins, je seraibelle, je serai beau! Dans le miroir, on tient la preuve que «le monde est beau», celui qui est de monfait, par mes efforts, et que je contrôle! Miroir, mon beau miroir...société 30

Agefi bliss 002 St-Tropez, août 1968 — J.-P. Bonnotte31

les #affinités électives 2.0 Par Dimitri JeanDans les années 90, Macy Gray chantait Sexual Revolution, un hymne à l’expression sexuelledébridée, étrange et sans tabou. Cette révolution a pris un nouveau tournant ! Plus besoin de criersous tous les toits que vous vous insérez tout ce qui vous passe sous la main, mettre tout le mondemal à l’aise et pire, vous prendre une veste monumentale en vous ouvrant à un inconnu : internetrassemble vos partenaires très particuliers…Votre vie, c’est votre petit lapin et vous ? Quiconque Voilà un court florilège de ce qu’internet a decherche à vous plaire devra lui plaire avant de meilleur. Et c’est bien là que réside la beauté de lapouvoir aller plus loin? datemypet.com deviendra chose. Je m’explique. Dans un monde où être fas-votre site de rencontre favori. Les roux vous font ciné par les gros orteils ou les visages de poupéeschavirer? Sentir ce grain de peau pâle qui brûle de porcelaine est majoritairement vu commeà la lueur de la lune et cette aura mystérieuse déviant et inquiétant, internet propose un espacede ces ancêtres démoniaques vous transporte où l’offre et la demande se rencontrent sans qui-plus qu’une veste en cuir? Vous avez probable- proquo ni malaise, humiliation ou jugement. Pasment déjà un compte sur redheadpassions.com. de rejet, personne n’est dégénéré, psychopathe ouOu enfin, vous vous trouvez moche et vous vous pervers, juste des adultes consentants qui saventrésignez à une vie de célibataire parce que vous ce qu’ils veulent. Pour ceux que ça dérange,ne trouverez jamais grâce aux yeux de qui que ils ne le sauront jamais parce que la seule façonce soit: rencontre-moche.com. de les croiser sera de taper «Rencontre Sugar Daddy», «Tchat Cul-de-Jatte» ou «Mille et Une Caves» sur leur moteur de recherche.société 32

Pourtant, même dans les similitudes poussées à l’extrême, les différences existent, une altérité persiste. être soi, entre soi? À moins d’être trisomique vous-même. Dans ceQuand on parle de fétichisme, c’est facile de cas, il vous faudrait jongler avec votre tuteur, fairecomprendre pourquoi on ne se mélange pas. Les en sorte que votre santé vous le permette, prendrefascinations, obsessions sont comme les goûts et des précautions et tout ça, seulement si vous êtesles couleurs. Parois même, une question de to- autonome. C’est là que l’intelligence d’internetlérance à la douleur. Mais c’est tout aussi facile est criante : trisomeet.com ! Ils se rencontrent,de comprendre pourquoi des personnes peuvent ils s’amusent et personne n’a son mot à dire.se retrouver sur mektoube.fr, site de rencontre Le seul prérequis : savoir se servir d’internet. Etpour musulmans, sur rencontresansgluten.com c’est comme ça pour le reste des handicaps. C’estou gauche-rencontre.com. le cas aussi pour le troisième âge. C’est fou ce qu’ils peuvent rentabiliser leur hanche en plastique! Qui se ressemble, s’assemble. On ne trouve sou-vent le bonheur que si l’on est sûr de pouvoir vers un monde plus grand, plus perversdiscuter sans subir de contestations, qu’elles donc plus sainsoient d’ordre politique, culturel ou culinaire. Si dans votre entourage, personne ne partageIl en va de même pour une libido sans tabou, votre passion pour les légumes phalliques, inter-chacun rassuré par son entre-soi et ce, quel que net agrandira exponentiellement les frontièressoit le nombre des « convives ». Ce besoin de de votre potager, vous permettant de trouverrepères communs pose la question de l’ouver- une communauté entière de passionnés de cour-ture à l’autre. Aimer une personne, c’est aussi gettes. À l’abri des regards, derrière votre écran,s’intéresser à elle pour ses différences, l’enrichis- détachée des conventions sociales, vous pouvezsement qu’elle nous apporte. (Pourtant, on ne vous autoriser tout et n’importe quoi. Nourrirconseillera pas à des personnes hétérosexuelles votre obsession pour les nains, essayer de nou- Si dans votre entourage, personne ne partage votre passion pour les légumes phalliques, internet agrandira exponentiellement les frontières de votre potager.d’aller faire des rencontres dans des bars gays veaux sports, séduire un homme deux fois votrejuste pour « élargir leur horizon ») Et trouver une aîné ou devenir cette cougar que vous réprimezcomplémentarité paraît tellement éloigné lors- depuis si longtemps.qu’on aborde ces degrés de spécificité. Pourtant,même dans les similitudes poussées à l’extrême, Les personnes que vous rencontrez ne savent pasles différences existent, une altérité persiste : des qui vous êtes, pas encore, vous ne les connais-personnes qui ont les mêmes goûts, la même sez pas non plus, à première vue. Si jamais l’uneculture seront encore très différentes. d’entre elles vous reconnaissait, ce serait parce qu’elle cherche la même chose que vous. Vous des besoins très spécifiques n’avez plus besoin de cacher ce qui vous plaît,Vous vous êtes déjà demandée quelle serait votre plus besoin de tourner autour du pot, vous pas-réaction si un homme trisomique venait vous sez au prochain si celui-ci n’est pas à votre goût.aborder ? Vous auriez peut-être un sourire amusé, Vous en séduisez quinze à la fois, il y en aura bienun rejet violent mais dans tous les cas, vous repous- trois dans le lot pour vous apporter ce dont vousseriez ses avances. Entre les regards insistants avez besoin. Au final, on est tous le monstre d’undes personnes extérieures aux sous-entendus autre, donc pourquoi ne pas être le plus heureuxdéplacés, vos propres interrogations… vous auriez d’entre eux ?tellement de raisons de dire « non ».Agefi bliss 002 33

ado’tres Par Laurent Conus Suzanne Nos gamins ne s’en laissent pas compter. Pas plus que ceux que nous étions, sans doute. Alors, tous pareillement autistiques à force d’être hyper-connectés, les ados d’aujourd’hui ? A d’autres !société 34

Aujourd’hui, je vais rencontrer Suzanne, 15 ans et déjà deux courts métrages à son actif. Ce mercredi après-midi, elle le passe chez son père.Ce dernier m’a demandé de ne pas venir trop tôt afin qu’ils puissent pleinement profiter de ces quelques heures à deux.À peine la porte s’ouvre, la stupeur me gagne. Sur professionnels avaient de l’aide. Aujourd’hui, jele visage de Suzanne, le rouge et le brun de deux réagirais sûrement différemment. Je n’ai pour au-hématomes essaient de rivaliser avec le bleu vif de tant pas de regrets.ses yeux. Je reste d’abord figé sur le pas de porte, — Un film qui t’a inspiré ?puis j’essaie un bonjour rassurant. Suzanne me — Oui! Super 8 de J.J. Abrams, et j’aime beau-lance un large sourire en guise de réponse et de coup les films de Steven Spielberg.bouée de sauvetage. Il me faut la dévisager pour — J’imagine que tu vas t’inscrire à nouveau cettecomprendre qu’il s’agit en fait d’un maquillage. année?J’entre enfin et nous nous asseyons à une table — Pas sûr... ça va dépendre du thème et surtoutronde dans le salon. de ma disponibilité. — Je pensais que tu allais embrasser une carrière— Félicitation pour ton travail! dans le cinéma, soutenue par ton papa, je vous sens très complices, tu confirmes ?Ravie, elle me parle de sa passion pour les effets — Oui, nous partageons peinture, cuisine etde maquillage, née le soir d’Halloween, l’année même jeux vidéo.dernière. Je l’interromps en lui disant que je sou- — Tes centres d’intérêt sont variés…haite commencer par parler de ses réalisations — À l’école, je pratique la calligraphie, le théâtrede courts métrages. et les arts plastiques. — Variés, en effet. Revenons aux effets de maquil-— C’est en 2013, j’ai 12 ans, je réalise un premier lage testés ce fameux soir d’Halloween.court-métrage pour le festival du film documen-taire Vision du réel qui a lieu chaque année à Cette simple phrase illumineNyon, section jeunes. Le sujet cette année-là, encore davantagec’est les insectes. J’ai voulu faire connaître leLucane cerf-volant, un coléoptère bien présent et les yeux de Suzanne.protégé, vivant dans un petit bois près de chezmoi. J’ai aimé apprendre, créer, partager. — J’aimerais en faire mon métier, je me ren-L’année suivante je m’inscris à nouveau. Le thème seigne déjà sur les écoles de maquillage profes-est « La paix dans le viseur ». Avec l’aide de mon sionnel à Paris.papa et d’un de ses amis, je me lance à fond dans — Comment te définissent tes amis ?ce projet. Le film sera en noir et blanc et muet. En — Mes copines me trouvent fantasque et appré-référence à Charlie Chaplin que j’aime beaucoup. cient mon caractère indépendant. Je ne cherche pas à être tendance.— Je ne suis pas spécialement fan des coléop- — Aimerais-tu ajouter quelque chose à cette in-tères… mais alors de Chaplin oui, carrément! Je terview ?trouve même que ses films vieillissent très bien — Je rêve d’aller à New York pour le fun et auet que… Japon pour la cuisine. Ah!  Il faut aussi parler— Oui! Donc, avec mon papa, on élabore une d’emy Ltr, une youtubeuse qui fait des tutos gé-histoire de soldats ennemis qui sympathisent. niaux sur le maquillage professionnel. ZombiesLe tournage se fait dans la neige et moi, suis en et autres créatures prennent rapidement formebaskets, souvenir douloureux. Le film est présenté de manière amusante.à Genève lors d’un concours Réflex en collabo-ration avec le festival Vision du réel. Il remporte Avant de me dire au revoir, Suzanne file dans lale premier prix dans la catégorie 12-15 ans. Ce cuisine et me lance d’une petite voix chantante :succès n’a pas été simple à gérer pour moi. J’aimême refusé qu’il soit présenté dans le cadre du — Vous voulez des bonbons…festival lui-même. pour la route ?— Comment expliques-tu ta réaction ?— Ben je m’suis dit que sans l’aide de mon pèreje n’aurais jamais eu cette récompense, que fina-lement, c’était pas vraiment mon film... Plus tard,mon papa m’a expliqué que même les réalisateursAgefi bliss 002 35



photographie Federico Berardi 38–41 rencontre le phénomène The Push Pose 42–49 série #Ilaria : à fleur de peau mode 37

le phénomène The Push Pose Zoom sur les portraits transformateurs et tactiles du duo new-yorkais Emma Fletcher et Tamara Schlesinger. Chloe and Ivy Blackshire Par Katharina SandDans un coin, l’actrice blonde Michelle Williams est couchée en position fœtale dans une boulede verre. Suspendue au plafond, Heidi Bivens, la stylist chouchou des stars et des clients commeC­ harlotte­ Gainsbourg, Vogue et David Lynch, fait des pirouettes. Jemima Kirke, la plus belle des girlsde la série Girls, s’étale sur du velours en tenant un ballon rose à la main. C’est un peu comme uneversion contemporaine du Studio 54, sauf que cet époustouflant florilège d’It Girls du moment estréuni dans la pâle lumière d’après-midi d’une chambre à Brooklyn, transformée en atelier. C’est icique le duo créatif The Push Pose fabrique ses portraits.Comme pour les fameux clichés de Warhol, ce n’est pas juste le processus qui compte, mais le faitd’être « l’élue » pour devenir l’une des muses d’Emma Fletcher et de Tamara Schlesinger. « Souvent lesgens nous demandent de les «pousser», mais nous ne travaillons qu’avec des filles qui nous fascinent,des personnalités qui ont de la profondeur », raconte la photographe Tamara Schlesinger. Être bellene suffit pas — leurs vedettes sont des artistes, qu’elles soient actrices, musiciennes, écrivaines…et parfois elles sont tout à la fois. Comme India Salvor Menuez. La série de portraits de cette jeunefemme rousse par le peintre John Currin aurait attiré l’attention de Leonardo DiCaprio, tout commecelle de Pharrell Williams qui l’a choisie pour la pochette de son album Girl. Mais elle est bien plusqu’une muse: peintre et sculpteur depuis l’âge de 16 ans, elle dirige son propre collectif d’artistes.India écrit des films, elle dessine aussi leurs costumes, quand elle n’y figure pas comme actrice. Unefemme qui semble particulièrement prédestinée à faire exploser le cadre et la surface lisse d’unephoto traditionnelle.mode 38

Jessica Joffe C’est un peu comme une version contemporainedu Studio 54, sauf que cet époustouflant florilèged’It Girls du moment est réuni dans la pâle lumière d’après-midi d’une chambre à Brooklyn, transformée en atelier.Agefi bliss 002 39

India Salvor Menuez Michelle Williams Pour le portrait qui communique toute la force fragile de l’actrice Michelle Williams, elles ont fait appel au “pouvoir des poumons” d’un souffleur de verre. Hailey Beaton Gates Jemina Kirkemode 40

À l’inverse des clichés qui « aplatissent » les sujets, Emma Fletcher et Tamara Schlesinger jouentjustement avec toutes leurs dimensions. D’abord photographiés dans une mise en scène créée surmesure, les portraits sont soigneuse-ment plissés, tissés, peints, parfois transformés en origami, tou-jours en fonction de chaque personnalité. La multi-talenteuse India est transformée par des multiplescouches de collages marbrées. Le portrait de Jennifer Pastore, rédactrice photo du Wall Street Journalet consultante pour la maison d’édition Rizzoli, est le seul à avoir été créé tout en noir, imprimé surdu voile: « notre fantôme aristocrate! », rit Tamara. Quant à la silhouette de Hayley Benton Gates, elleest plissée comme un éventail: « Nous avions d’abord décidé de la photographier une fraise autour ducou — ce qui nous a finalement conduit à demander à notre amie Azusa Sumikawa qui fait du patro-nage, de plier le portrait en 3D ». Hailey est un mannequin qui écrit aussi pour le journal littéraireréputé The Paris Review, a conçu le script du film Ricki et Flash et vient de traverser le Congo et lePakistan pour des films documentaires sur la mode. Tamara et Emma la décrivent à l’unisson comme« une force suprême ». Une force qui lui permet aussi d’assumer un col plissé d’Arlequin comme si elleenfilait des Converse. Leurs muses sont des femmes qui se laissent prendre au jeu.Emma et Tamara doivent un peu leur complicité à leurs enfants. La rencontre des deux femmes fines,brunes et pâles s’était faite grâce au jeune fils d’Emma, Fletcher, et à la fille de Tamara, Tallulah,devenus camarades dans la cour de recréation. À l’époque, Emma Fletcher était la créatrice de lamarque new-yorkaise Tocca. Tamara, diplômée en histoire de l’art et ancienne assistante de la fa-meuse photographe Pamela Hanson, travaillait en freelance pour des magazines. Un jour, Tara prit sacaméra au défilé d’Emma, et grâce à ses photos backstage, elles découvrirent leurs affinités visuelles.Leur premier projet commun était les lookbooks de Tocca. « Ses photos captivent exactement monesprit » explique Emma. « Ses vêtements étaient les premiers pour lesquels j’ai économisé », se rap-pelle ­Tamara. Leur admiration laisse deviner que chacune est aussi la muse de l’autre. Jennifer PastoreEnsemble, elles font surgir une dimension inédite de chacune des jeunes femmes qu’elles immorta-lisent. Et en même temps, ces dernières les poussent à développer chaque fois une nouvelle technique.« Ce sont les portraits d’abord découpés et puis tissés qui prennent le plus de temps », explique Emmaen fouillant dans le kaléidoscope d’œuvres en couleurs douces empilées sur la cheminée de leur ate-lier. Pour le portrait qui communique toute la force fragile de l’actrice Michelle Williams, elles ont faitappel au « pouvoir des poumons » d’un souffleur de verre. « Nous ne savons jamais par avance com-ment nous allons procéder, souvent nous nous surprenons nous-mêmes, parfois nous réfléchissonslongtemps. Elle conclut: The Push Pose, c’est juste un nom, comme Rolls Royce, ça sonne bien. Maisêtre poussé, c’est aussi accéder à une nouvelle réalité, une magie transformatrice. Nous avons toutesbesoin d’être poussées pour être libérées. »www.thepushpose.comAgefi bliss 002 41

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