POUILLES AUTOUR DE L’ESCALIER menant à l’étage noble, la végétation est typique du sud de l'Italie. RÉALISATION ET STYLISME Francesca Santambrogio PHOTOS Simon Watson TEXTE Laura Leonelli Rauextosuorurces Après de nombreuses déambulations dans le monde, le photographe de mode Giampaolo Sgura, désireux de revivre dans un lieu chargé d’histoire, a entraîné son compagnon dans la région qui l’a vu naître. 127
LE JARDIN DE LA FERME, en terrasses, où grandissent des arbres séculaires, pins maritimes, oliviers et autres plantes méditerranéennes. T u sais quoi ? Je rentre. » DANS LE SALON, Quand Giampaolo Sgura s’est entendu prononcer ces mots, un canapé et des il vivait à Miami, dans une très fauteuils d’Antonio belle villa face à la mer – avec Citterio (Flexform). plage, palmiers et bougainvilliers La table basse est certes, mais il lui manquait une création le reste. Et le reste pour de Giampaolo Sgura ce photographe de mode et son tandis que les vases compagnon, le styliste jaunes proviennent Miguel Arnau, cela voulait dire la mer oui, mais la d’un marché d’Ostuni. Méditerranée, des arbres oui, mais des oliviers, une maison oui, mais chargée d’au moins cinq siècles En l’occurrence la splendide Masseria Garzia, d’histoire. C’est dans cette histoire, faite d'amour construite au xvie siècle, sous domination espagnole, pour la terre et ses fruits que, depuis de nombreuses à quelques kilomètres d’Ostuni. Plus de 1 300 mètres générations, s’ancre la vie des membres de la famille carrés de suites, salons, cuisines – à l’intérieur comme Sgura, producteurs d’huile d’olive, originaire à l’extérieur – un immense jardin, une cour, de Fasano. « Tu sais quoi ? Je rentre à la maison, je rentre une piscine et un nombre infini d’hectares, entre dans les Pouilles. » Et là-bas, maison signifie masseria. oliveraies et pâturages. Et dire que de ce monde, de ce silence, de cette nature, Giampaolo avait voulu s’échapper, « tout habillé de Versace, direction Milan. Et maintenant nous sommes là », s’amuse Miguel. Installé dans le nord de l’Italie pour étudier l’architecture, Giampaolo rêve de mode. À l’« école de la simplicité » d’Aldo Rossi et de Giorgio Grassi, il mêle d’autres influences : Jean Nouvel, Peter Handke, Wim Wenders, et tous les numéros de Vogue et Uomo Vogue. En passant de l’école polytechnique à une école berlinoise plus expérimentale, l’appareil photo devient l’un de ses outils favoris. « À mon retour à Milan, j’avais un petit portfolio. Des amis de Glamour le voient : → 128
« Miguel et moi nous sommes réservé le plaisir de meubler chaque pièce. » —— Le photographe Giampaolo Sgura DANS LA CUISINE, des éléments conçus sur mesure alternent avec des meubles traditionnels trouvés sur les marchés. L’évier en pierre est d’origine. DANS LA SALLE À MANGER, la table et les chaises sont de Piet Hein Eek. Au mur, une œuvre de François Malingrey. 130
premières collaborations, essais avec des modèles, quelques était déjà habitable, nous nous sommes installés et avons MIGUEL ARNAU shootings. Et puis l’impensable se produit : Vogue m’appelle, vendu l’appartement de New York. À peine le temps de ET GIAMPAOLO SGURA et tout change », se souvient Giampaolo Sgura. charger les meubles dans un conteneur que le Covid-19 s’est À commencer par son adresse : New York. En homme abattu sur le monde », résument à l’unisson Giampaolo posent avec leurs d’image, il choisit un appartement au 23 Wall Street, et Miguel. Plus de voyage, pas de travail : restait donc teckels, Achille le légendaire siège de JP. Morgan, inauguré en 1914 et Ulisse. Au mur, et sujet en 1915 d’une des plus célèbres photographies à se concentrer sur ce nouveau projet de vie. une collection de Paul Strand, emblématique du début du modernisme « Les architectes de Flore & Venezia nous ont aidés à diviser de photographies américain.Le rythme de travail est intense et les l’espace, tandis que Miguel et moi nous sommes réservé signées, entre autres, saisons n’existent plus : les hivers, il les passe à Cuba le plaisir de meubler chaque pièce », poursuit Giampaolo. par Helmut Newton, ou en Floride pour photographier la mode que Ensemble, ils ont choisi des matériaux originaux et Horst P. Horst, Bruce le commun des mortels porte en été. Mais après avoir Weber, Maripol de récupération : du tuf à la chianca des Pouilles, et Inez & Vinnodh. déménagé stratégiquement à Miami, Giampaolo et Miguel se retrouvent, côte à côte, et se disent : pierre calcaire utilisée pour les sols depuis l’Antiquité, « peut-être pas ». Une fois réalisé le rêve américain, s’agit-il de lui tourner le dos ? Retour au pays. en passant par les riggiole, carreaux de faïence La recherche est rapide. « Nous avons vu une propriété, et en repartant, nous nous sommes retrouvés devant typiques du sud de l’Italie. Et, comme par magie, ce qui devint en un coup d’œil la maison. Le premier étage la masseria s’est révélée : les entrepôts d’outils et de graines sont devenus des chambres, les écuries des salles de bains, la porcherie une piscine et dans la chaleur de l’été, hôtes et invités s’abritent, tranquilles, au creux des niches voûtées.
DANS LE SALON OUTDOOR, face à l’immense oliveraie qui entoure toute la propriété, la pergola a été réalisée avec les pousses des oliviers que l’on trouve à la base des troncs, entrelacées par un artisan des Pouilles.
LA SALLE DE BAINS a été créée dans l’ancienne étable. À l’origine, l’évier était un abreuvoir destiné aux animaux. DANS LA CHAMBRE VERTE, le lit est drapé d’un couvre-lit rose antique qui appartenait à la grand-mère de Giampaolo. Pour ne pas se disputer Giampaolo et Miguel se sont D’autres encore sont des créations de designers, concentrés sur des espaces différents. « Miguel des tables de Piet Hein Eek aux fauteuils s’est occupé de la chambre verte, où le couvre-lit rose était d’Antonio Citterio pour Flexform. Quand vient celui de ma grand-mère Angela. Je suis occupé le moment de sortir, Achille et Ulysse, les teckels de la salle à manger, et j’ai imaginé la chambre de l'église », de Giampaolo et Miguel, se retrouvent dans le jardin où un confessionnal construit sur mesure relie au milieu des massifs de lavande, des bougainvilliers, la chambre à coucher à la salle de bains. Libre association des pins centenaires et des oliviers. L’espace, du sacré et du profane. C’est à cette même liberté agrémenté d’une cuisine d’été et de nombreuses tables que l’on doit la richesse des meubles et objets comme dans un restaurant, invite à savourer les qui occupent la masseria. Beaucoup proviennent moments ensemble, avec les amis ou la famille Sgura, de marchés aux puces, des lits du début du xxe siècle, qui vit à quelques kilomètres de là. Ulysse et Achille à la collection de tamis anciens en passant ont été rejoints par Eco, Olivetta, Telma, Blanca, Bimba par des madones, des bénitiers, des fauteuils vintage. et Bea, six chiens errants désormais adoptés par D’autres sont des souvenirs de New York : le néon le couple. Un petit tour à vélo et les maîtres de maison It Was All A Dream, bien sûr, mais aussi la collection sont à la mer, où les chiens courent sur la plage, de photographies, signées Inez & Vinnodh, où les vaguelettes dansent avec le coucher de soleil Horst P. Horst, Maripol, Helmut Newton, naissant. « Tu sais quoi ?, soupire d’aise le bienheureux et Bruce Weber. photographe de mode. Je suis content d’être rentré. » 134
La masseria allie matériaux originaux et de récupération, comme la pierre calcaire des Pouilles.
IBIZA Unparadis insulaire Murs blanchis à la chaux et bribes d’architecture organique rythment cette villa posée sur un rocher à Ibiza. Revue par l’architecte Amaro Sánchez de Moya, elle incarne l’idéal azuréen de la perle des Baléares. PHOTOS Ricardo Labougle VUE SUR LA CRIQUE TEXTE Fanny Guénon des Mesnards depuis la maison, 136 entre cactus, figuiers de Barbarie et pins.
SUR LA TERRASSE, le bleu des volets contraste avec les niches immaculées et les matériaux naturels comme la pierre et la brique. Le jardin méditerranéen est l’œuvre du paysagiste Alfonso Pérez- Ventana. 137
UNE BANQUETTE SUR-MESURE habillée de tissus (Rubelli, Nobilis, Braquenié et Kravert) cohabite avec une table du designer Brynjar Sigurdarson, un vase de Jaime Hayón et un dessin de l’artiste François Boisrond dans la salle à manger.
SOUS LES ARCHES L’ENSEMBLE DU MOBILIER IMMACULÉES, un coin DE LA CUISINE, en chêne, de repos extérieur. a été réalisé par La table a été fabriquée le menuisier catalan à Ibiza à partir de bois Jordi Llorens d’après de genévrier récupéré, un dessin d’Amaro les coussins et la Sánchez de Moya. banquette, avec des tissus Gaston y Daniela. C’est à la manière d’une proue de bateau que cette demeure à flanc de falaise épouse la mer Méditerranée, une crique émeraude en ligne de mire. Dans l’une des parties les plus sauvages et préservées de l’île, l’architecte et décorateur Amaro Sánchez de Moya a remanié une maison des années 1970, jouant la carte des matières naturelles et des teintes immaculées. « J’essaie, pour chaque projet,de capter l’essence de la villa et de ressentir son histoire », confie-t-il. Sans toucher à la structure de la bâtisse, il définit un langage adapté à l’espace, crée des niches murales et fait dialoguer les matériaux nobles.À l’instar du bois local, il choisit le chêne et sa patine naturellement dorée pour l’ensemble de la menuiserie, le mobilier étant entièrement dessiné sur mesure, de la tête de lit aux assises en passant par les encadrements des portes, que le designer adoucit de manière à transformer la maison en cocon... « Avec les niches, les portes courbées et les cercles, j’ai dû inventer un dictionnaire chromatique et matériel tout en contrastes, en motifs et en couleurs », poursuit-il, reconnaissant les caractéristiques douces du décor – en témoignent la salle de bains rose pâle et le mobilier mimant l’arabesque. Marbre blanc et bois dans la cuisine, association du bouclé de lin et du coton… Amaro Sánchez de Moya joue avec les textures en choisissant des matériaux à la fois précieux et rustiques. « Au sol, nous avons fait couper des dalles de travertin dans le sens inverse pour éviter les lignes parallèles et donner l’impression que c’est une pierre calcaire. »Avec son jardin méditerranéen orchestré par le paysagiste Alfonso Pérez-Ventana, ses murs enduits à la chaux, ses pierres apparentes et sa salle de bains extérieure dont la baignoire est posée entre les fleurs, la propriété incarne les idéaux d’Ibiza – une oasis libre et minérale, émancipée des codes. La touche finale du décor consiste en un accrochage bien pensé. Férus d’art contemporain, les propriétaires détiennent une collection d’œuvres mises en scène par l’architecte jusque dans le garage, où les tableaux donnent le ton… L'élégance et le sens du détail allant jusqu'à l'identité olfactive pensée spécialement par le parfumeur Blaise Mautin pour la maison. 139
DANS LE SALON, devant un ensemble de niches murales dessinées par Amaro Sánchez de Moya, un canapé en laine bouclée cohabite avec une table d’appoint en liège du designer Jasper Morrison et un tapis en fibres naturelles.
« J’essaie, pour chaque projet, de capter l’essence de la villa, et de ressentir son histoire. » ——L’architecte Amaro Sánchez de Moya 141
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LES TONALITÉS ROSES s’invitent dans une salle de bains ornée d’azulejos en terre cuite faits main à Valence. DANS UNE CHAMBRE, un tableau de l’artiste Dorian Büchi trône au-dessus du lit, dont la tête de lit arrondie en tissu (Designers Guild) tutoie des coussins et un plaid (Christopher Farr). Le tapis a été confectionné avec des fibres naturelles végétales. DANS UN COIN SAUVAGE D’IBIZA, la demeure est entourée d’un jardin méditerranéen fait de myrtes, de roses et de bougainvilliers par le paysagiste Alfonso Pérez-Ventana. 143
LISBONNE L’empreinte d’un maître PHOTOS Francisco Nogueira TEXTE Catarina Loureiro
À Lisbonne, le lauréat brésilien du Pritzker Prize Paulo Mendes da Rocha a rénové la Casa Quelhas, l’unique projet de maison particulière qu’il a mené en dehors de son pays. DANS LE SALON, autour d’une table basse de Giuseppe Scapinelli, le canapé est signé Paulo Alves ; les fauteuils Carlos Motta et José Zanine Caldas. Au fond, devant un tableau de João Louro, côté salle à manger, des chaises de Vittorio Nobili entourent une table de Jorge Zalszupin. À droite, devant l’îlot de cuisine, des chaises de Paulo Alves.
Un dicton portugais Il lui a suffi d’un appel pour le convaincre. Le maître l’affirme : « Quem nunca viu allait construire pour la première fois une maison Lisboa, não viu coisa boa ». particulière hors du Brésil. L’édifice de quatre étages Autrement dit, qui n’a pas – avec l’entrée et le garage en rez-de-chaussée, vu Lisbonne n’a rien vu donnant directement sur la rue – a été entièrement de ce qui est beau. C’est déconstruit ; Paulo Mendes da Rocha n’en a gardé précisement ce qu’a pensé que la façade recouverte d’azulejos verts, si typiques ce couple venu chercher du Lisbonne des années 1930. Vue de l’extérieur, la lumière de la capitale l’habitation ne se distingue pas des autres maisons portugaise après quelques du quartier. La surprise se trouve à l’arrière, années à Londres, et qui possède également un domaine où une structure en béton blanc permet de renforcer viticole, Ermo Wines, dans la région de l’Alentejo. la façade principale, la seule qu’il a conservée Ils voulaient trouver la maison parfaite, pas seulement du bâtiment originel, avec une piscine offrant la plus pour leur famille, mais aussi pour abriter la collection belle vue de Lisbonne, où la ville, le fleuve et l’Atlantique d’art et de mobilier brésiliens qu’ils ont accumulée semblent ne faire qu’un. comme un trésor des années durant, avec des pièces de Sergio Rodrigues, Joaquim Tenreiro ou Jorge Zalszupin Une configuration originale achetées dans des galeries, aux enchères, ou grâce « Paulo Mendes da Rocha tenait à valoriser les vues et à leur ami, le collectionneur et galeriste Eduardo Leme, la lumière, ce blanc si caractéristique de la ville qui change propriétaire de la Galerie Leme, à São Paulo. au fil de la journée », expliquent les propriétaires. C’est Inês Lobo, architecte spécialisée dans Si la maison s’organise dans la partie arrière, l’intérieur la réhabilitation de bâtiments et d’espaces publics, est également conçu de manière inhabituelle. qui a déniché leur bonheur. À l’origine, la Casa Quelhas Les premier et deuxième étages abritent les pièces était une bâtisse abandonnée du quartier huppé privées, les chambres des parents et de leurs trois enfants, de Lapa, doté d’une vue plongeante sur les toits tandis que le troisième est réservé à la cuisine et de Lisbonne, le Tage et la mer. À la rénovation la salle à manger, en vis-à-vis de la superbe piscine d’envergure nécessaire de cette maison, il manquait une en terrasse. On retrouve le salon au quatrième, pièce fondamentale du puzzle qui allait admirablement sorte d’origami en béton dans lequel la famille conserve combler cet espace : l’architecte Paulo Mendes da Rocha nombre de ses trésors, et où trône, sur la cheminée, qui, pour la plus grande joie des propriétaires, la sculpture de Miguel Ângelo Rocha. Les propriétaires acceptait de participer à l’aventure. se chargent de la curation des œuvres présentes, aidés Le lauréat du Pritzker Prize 2006 a démarré sa carrière de leur ami, le peintre João Louro, avec des créations dans les années 1950 comme membre de l’Avant-garde de Louro lui-même et d’artistes contemporains comme paulista et s’est rapidement fait connaître par Héctor Zamora, Gabriel Acevedo Velarde, Luiz Braga, des œuvres majeures, tel le musée national des Carrosses les frères Campana, Carlos Motta ou Zanine Caldas, de Lisbonne ou la Casa Gerassi dans sa ville natale. et des architectes Finn Juhl et Bodil Kjaer, en plus des L’esthétique engagée et poétique de ses espaces de vie luminaires de Mario Nanni et Davide Groppi et de cohabitation l’a consacré comme l’un pour Viabizzuno. La Casa Quelhas se fait ainsi le reflet des architectes les plus audacieux du xxe siècle. de plusieurs existences : celles des artistes dont Sa prolifique carrière a suscité l’admiration de toute les œuvres sont exposées, celle de la famille qui a fait une génération d’architectes de tout âge et de son nid là où le Tage se jette dans l’océan, celle toute tendance. Le galeriste Eduardo Leme, grand fan de l’architecte Inês Lobo qui a assisté le maître, et enfin, de l’architecte, s’est chargé de jouer l’intermédiaire. celle de Paulo Mendes da Rocha, disparu en 2021. 146
Les teintes claires mettent en valeur la vue et la lumière caractéristiques de Lisbonne. FACE À LA BAIE VITRÉE donnant sur la ville et l’estuaire du Tage, des fauteuils lounge signés Carlos Motta.
DANS CE SALON où trônent des fauteuils présidentiels et une table Pétalas de Jorge Zalszupin, la sculpture murale est l’œuvre de Miguel Ângelo Rocha. À droite, une toile de João Louro. Lampadaire (Viabizzuno).
Lina Bo Bardi, ADAGP 2022 FACE À L’ÎLOT DE CUISINE, LE BUFFET est de Hans J. Wegner et le fauteuil d’une autre icône des tabourets du designer brésilien brésilienne, Lina Bo Bardi. Jader Almeida. 149
XXXXXXXXXXXX CET ESPACE LUDIQUE est consacré LA LUMIÈRE ET LA BLANCHEUR de la ville aux enfants, avec une table se reflètent dans les intérieurs et des chaises aux couleurs vives de la Casa Quelhas jusque dans (Marcenaria Baraúna). la cage d’escalier. Ici et là, des meubles de l’architecte Paulo Mendes da Rocha et d’autres designers brésiliens ponctuent les lieux. 150
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