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Published by FasQI, 2017-01-28 14:22:04

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LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONtrouvée facilitée par des organes et des structures genre Acanthostega. Il est considéré comme undéjà présents chez les vertébrés aquatiques. Ainsi chaînon reliant le monde des poissons à celui desen est-il de la respiration pulmonaire. Les ancê vertébrés tétrapodes. Il a une double respiration,tres présumés des vertébrés terrestres se trouvent pulmonaire et branchiale, mais doit cependantpeut-être parmi un groupe singulier de pois passer son temps essentiellement dans l'eau.sons, les dipneustes. Leur originalité est qu'ils D'après les découvertes fossiles, il n'a pas lespossèdent une double respiration, branchiale et côtes suffisamment développées ni les membrespulmonaire. Une particularité qui leur confère assez robustes pour supporter le poids de sonun avantage certain pour survivre sur les terres corps hors de l'eau.émergées. Les paléontologues confirment queles dipneustes existent au Dévonien, une période La conquête durable des continentscharnière de la conquête des continents.A priori, tout paraît éloigner la structure des Plus tard au cours de l'histoire de la vie, lesnageoires des poissons de celles des membres pattes des vertébrés se sont dotées de chevillesdes vertébrés tétrapodes. Plusieurs vertébrés articulées et leur cage thoracique s'est renforcée,font néanmoins de bons candidats pour être les pour leur permettre de s'aventurer plus avant surpremiers à s'être affranchis partiellement ou la terre ferme. Au début il s'agit surtout de setotalement des eaux. Le tiktaalik ou « grand déplacer d'un étang à l'autre en cas de sécheressepoisson des basses eaux » est un poisson osseux locale, de se hasarder à explorer les milieux terde la classe des sarcoptérygiens qui a vécu il y a restres immédiatement voisins des étangs et d'yenviron 375 millions d'années. À côté des attributs primitifs des poissons osseux, les robustes rechercher une nourriture abondante et variée.nageoires pectorales de tiktaalik sont prochesdes membres des tétrapodes, car elles sont rigi- Telle est l'origine des batraciens, dont le plusdifiées par un squelette osseux articulé, ce qui ancien représentant Ichthyostega mène une vielui permet de déplacer son corps dans les lagu amphibie. La robustesse de ses membres anténes. Ces caractéristiques anatomiques en font un rieurs atteste que l'animal se déplace de tempsdes plus anciens parents connus des tétrapodes. à autre sur la terre ferme. Il présente une puisAutre vertébré trouvé dans le Dévonien supé sante cage thoracique qui lui permet d'affronter la pesanteur.rieur, daté d'environ 360 millions d'années : le D'après les fossiles retrouvés et datés du début à la fin du Carbonifère, les amphibiens sont les vertébrés dominants en dehors des milieux - 102-

strictement aquatiques. Aujourd'hui encore, la A RETENIRplus grande partie des amphibiens est restéedépendante de l'eau pour la reproduction et des t Une fois les terres émergées colonisées par les plantesmilieux humides pour la possibilité même de terrestres, liantes de quelques dizaines de centimètres,survivre. Les œufs des amphibiens ne sont pas certains animaux sont sortis de 1eau pour profiter de ceimperméables et doivent être déposés dans unmilieu aqueux ou maintenus humides par diffé nouvel environnement.rents moyens. Par ailleurs, leur développement àl'état larvaire doit se poursuivre dans les nappes • On a la preuve de l'existence, à la fin du Silurien, d'un nombre important de petits arthropodes temestresqui ontd'eau. Les balbutiements de l'installation des suivi de près la conquête des continents par les plantes.vertébrés sur la terre ferme constituent une étape • A l'air libre,de nouveaux organessont progressivementcapitale de l'histoire de la vie, et indirectement apparus, c'est le cas des poumons chez les araignées et les scorpions, et des trachées chez les insectes.de l'histoire de l'homme. Tous les vertébrés • L'arrivée sur la terre ferme de nombreuses espècestétrapodes, créatures terrestres pourvues de d'arthropodes va conditiormer la sortie des eaux d'esquatre membres, ont pour ancêtres communs pèces plus grandes, les premiers vertébrés terrestres, qui s'alimentent justement de petits arthropodes.les batraciens du Dévonien. La succession des • Le tiktaalik esl l'un des plus anciens parents connusétapes qui a conduit des poissons aux batraciens des tétrapodes A anthostega puis Iclithyostega vontdélivre une leçon étonnante. Les innovations progressivement s affranchir du milieu aquatique, bienanatomiques et physiologiques ayant permis aux que leur mode de vie, et notamment la reproduction, soitanimaux de coloniser les terres émergées, les encore nés dépendant de l'eau.poumons ou les pattes, se sont déjà préparéesdans le milieu aquatique. On peut affirmer que • Tousles veitébréstétrapodes,créaturesterrestrespourla nature favorise les organismes qui d'emblée vues de quane membres, ont pour ancêtres communs lespossèdent des organes ou des structures lesprédisposant à adopter un mode de vie nouveau batraciens du Dévonien. =ou à occuper de nouveaux habitats. Très vite àpartir du Carbonifère, un nouveau groupe devertébrés va s'épanouir, les reptiles. - 103 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLa radiation des reptilesLa sortie des eaux, par les végétaux d'abord, puis par les animaux, marqueune étape décisive de l'histoire de la vie sur Terre. L'intégralité de la surface duglobe terrestre, les étendues d'eau tout comme les terres émergées, est coloniséed'organismes vivants, la biosphère.AU fil des temps géologiques, la biosphère Sa rigidité lui est fournie soit par des protéines fibreuses soit par des minéraux. Cet œuf possède s'enrichit d'une diversité étonnante, en outre des membranes amniotiques délimitant aussi bien animale que végétale. Au des sacs remplis de liquides qui protègent l'emCarbonifère (- 360-295 millions d'années), les bryon (amnios) lequel peut ainsi se développer àamphibiens se répandent de plus en plus, y comprisavec des tailles de grande ampleur, semblables, l'abri. Les sacs lui fournissent de la nourriture età première vue, à des crocodiles râblés. Dans lemême temps, les terres émergées se couvrent de stockent ses déchets sous forme d'acide urique.luxuriantes forêts de fougères arborescentes. Les membranes permettent de ne pas polluer l'ensemble de l'œuf, qui constitue le milieu deUapparitioiî de Fœiif l'animal pendant toute la durée de son dévelopLe pas suivant pour les vertébrés est celui de pement embryonnaire. À sa sortie, le nouveau-nél'adaptation complète à la vie terrestre. Il est est une réplique miniature de l'adulte.franchi vers la fin du Carbonifère avec la mise La mise au point de l'œuf cléidoïque n'est au début qu'un des nombreux moyens par lesquelsau point de l'œuf imperméable et autonome, qui les amphibiens essayent de s'affranchir du milieupeut être déposé en milieu terrestre. Les zoolo aquatique. C'est un réel succès pour l'évolutiongues le définissent comme l'œuf cléidoïque. Il des formes de vie terrestre, qui est le point deest protégé de l'évaporation et des chocs par une départ d'une des plus grandes radiations adapcoquille semi-perméable et plus ou moins rigide. tatives, assurément la plus importante, pour - 104

v; <j. '-tt/' f /' .V.' / 'V,*^', 4/t t-:j ' \"j''^-*y ' •/, > •: ' il'''. ^\"s . , IV > '^J-,. ¥' , ,*M \ ! - ' . A - ' ' ' f :.r-.: • ••/ Jttr':- f'/w î.V'^.w ' ' '-1% 1<V5''*''./. f .55' l . y ^f./'\"'ifiâ;' 'i'y';-'4î ''vf/ Les reptiles sont les premiers vertébrés à se libérer définitivement du milieu aquatique nous êtres humains, qui sommes les descendants l'embryon poursuit son développement à l'abri directs de ces premiers animaux pleinement ter d'une coquille. De ces reptiles divergeront plus restres. Avec l'apparition de l'œuf cléidoïque, tard deux autres groupes d'animaux d'apparence c'est l'avènement d'un nouveau groupe d'êtres très différents des reptiles, parce qu'ils n'ont vivants sur Terre, les reptiles. Contrairement quasiment plus d'écaillés, mais des poils ou aux batraciens, qui sont encore tributaires du des plumes, et parce qu'ils sont homéothermes milieu aquatique, les reptiles vont se libérer (à température corporelle constante) et dotés de caractéristiques squelettiques très différentes : définitivement de cette servitude. Les écailles les mammifères et les oiseaux. protègent leur corps de la déshydratation et 105 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLes premiers reptiles les tortues sont presque aussi éloignées de tous les autres reptiles et des oiseaux que les mammiLes premiers reptiles vivent donc au Carbonifère fères. Au cours de l'évolution, certains groupestardif, il y a un peu plus de 300 millions d'années. conservent, sur de très longues périodes, des forIls sont appelés les cotylosaures. Ce sont desanimaux encore malhabiles, dotés de pattes qui mes et des fonctions semblables à celles de leursne les soutiennent pas mais qui leur permettent deramper sur le sol. De ces premiers reptiles déri ancêtres tout en étant désormais très éloignésvent à la période suivante, le Permien, plusieurs d'eux, tandis que d'autres groupes participent àlignées indépendantes qui sont classifiées selon des aventures profondément novatrices.la structure de leur crâne. On distingue dans un Mais la vie va se trouver profondément boupremier temps les anapsides. Les seuls représen leversée par la crise du Permien. Pendant letants de ce groupe à notre époque sont les tortues, Carbonifère, des climats chauds et humides préqui peuvent être soit terrestres, soit marines. Le valent dans les régions tropicales. Ils se trouventdeuxième groupe, les synapsides, qui donnent lieu à l'origine de l'exubérante biodiversité des forêtsaux mammifères. Figurent ensuite les diapsides, houillères. Au cours de la période suivante, auqui donnent lieu à de nombreux autres reptiles Permien, les conditions climatiques se modifientmésozoïques, à tous les reptiles modernes, ainsiqu'aux oiseaux. Enfin les parapsides précèdent considérablement.les plésiosaures et les ichtyosaures et s'éteignent La crise Permiee-Triasà la fin de l'ère secondaire. À l'issue de leur lente dérive, les continents seAprès cette première séparation en quatre branches, une autre intervient environ 20 millions sont rassemblés et soudés en un immense contid'années plus tard. Les diapsides se divisent endeux branches, les lépidosauriens, qui incluent nent, la Pangée. Des climats arides se mettentaujourd'hui tuataras, lézards et serpents, et les en place. Les paysages évoluent en déserts.archosauriens, qui incluent aujourd'hui crocodiles Vers la fin du Permien, pendant une dizaineet oiseaux, ainsi qu'un grand nombre de groupes de millions d'années, la situation se dégradedisparus, les ptérosaures, et les dinosaures. Faitnotable, les crocodiles sont donc plus proches considérablement. Une intense activité volcaparents des oiseaux qu'ils ne sont des lézards, et nique se manifeste en Chine, puis en Sibérie. Des gaz à effet de serre sont rejetés. On estime qu'à la fin du Permien, les teneurs en dioxyde de carbone dans l'atmosphère sont trois fois supérieures à celles de nos jours. Il s'ensuit 106

L'archosaure Postosiichus est un prédateur du début du Trias, proche parent du crocodile. 107

LE LONG CHEMIN DE UEVOLUTIONune élévation globale de la température, qui hécatombe : en mer, entre 85 et 96 % des espècesprovoque le dégel des régions polaires. Des disparaissent à cause du phénomène d'anoxie,quantités considérables de méthane, jusque-là le manque d'oxygène dans le sang. Sur terre, onprisonnières des glaces, sont libérées à leurtour dans l'atmosphère. Le rejet massif des avance les chiffres de 70 à 77 % des familles dedeux gaz contribue à accroître de 6 à 8 degrésla température moyenne de la Terre. vertébrés terrestres comme n'étant plus repréLa généralisation de climats chauds et secs a sentées après la crise, et 63 % de diminutiondes conséquences dramatiques pour la vie à la du nombre des familles d'insectes représentées.fois sur les terres émergées et dans les océans. On estime également à 69 % le pourcentageAu cœur de la Pangée, les climats deviennent des vertébrés terrestres, batraciens et reptilescontrastés, affichant des écarts journaliers de qui s'éteignent à la fin du Permien. La flore setempérature très importants. En raison de la réduit également dans des proportions compa rables, laissant subsister surtout des espècessécheresse et du réchauffement excessif, la de conifères. La destruction de la végétation génère une accumulation de matière organiquevégétation devient clairsemée. Les animaux avec une prolifération de champignons.herbivores dépérissent, et par conséquent, lescarnivores qui s'en nourrissent dépérissent Les premiers pas des dinosaureségalement. Le monde animal est d'autant plus À l'orée de l'ère secondaire, au Trias, il y aaffecté qu'il se trouve confronté à des teneursen oxygène atmosphérique anormalement bas 250 millions d'années, s'amorce la restauration biologique d'une planète ruinée d'un point deses, inférieures aux valeurs actuelles. À la fin vue écologique. Le Trias inférieur est marquédu Permien, il y a un peu plus de 250 millions par une lente et difficile diversification desd'années, la recrudescence de l'activité vol espèces après la catastrophe. Dans les océans,canique vient encore ébranler la vie sur Terre. appauvris en oxygène et avec une salinité anorDes extinctions massives se produisent. C'est la male, le développement de récifs coralliens estplus grande extinction d'espèces vivantes dans freiné. La situation ne redevient normale que plusieurs millions d'années plus tard.l'histoire de l'évolution de la vie sur Terre. S'il Sur les terres émergées, la reconquête des paysages débute par une végétation très peuest difficile de dresser la liste des espèces qui diversifiée, comportant des espèces pionnières.vont disparaître, les scientifiques s'accordent àdire que cette crise correspond à une véritable - 108-

de petite taille. Là encore, la végétation ne À RETENIRrécupère un niveau de diversité proche de celuiqu'elle avait atteint avant la crise que plu I L'apparition du premier œuf permet aux vertébréssieurs millions d'années plus tard. Néanmoins de s'affranchir un peu plus du milieu aquatique. Lesbeaucoup d'espèces animales et végétales dis zoologues le définissent comme l'œuf cléidoïque. Il estparaissent définitivement. Elles sont rempla protégé de l'évaporation et des chocs par une coquillecées par des végétaux et des animaux dont les semi-perméable et plus ou moins rigide.silhouettes annoncent les faunes et les flores I En même temps que l'apparition de l'œuf cléidoï que, émergent de nouveaux groupes d'êtres vivantsmodernes. Il en est ainsi des mollusques et des sur terre, les reptiles.insectes, dont bon nombre de groupes peuplentaujourd'hui la planète. Chez les gros animaux, • De ces premiers reptiles dérivent plusieurs lignéesles vertébrés en particulier, les choses sont indépendantes : les anapsides (dont les tortues), lesdifférentes. Les espèces qui ont survécu tirent aynapsides qui donnent lieu aux mammifères, les diap-profit des environnements laissés vacants par sides, qui donnent lieu à de nombreux autres reptiles,l'extinction de leurs occupants légitimes, pour :et les parapsides.proliférer et se différencier en une pluralitéd'espèces nouvelles, adaptées à la palette de • La crise du Peimien-Trias ébranle la vie sur Terre etmilieux disponibles.Différents groupes d'amphibiens vont se suc des extinctions massives se produisent. C'est la pluscéder tout au long du Trias en se maintenant grande extinction d'espèces vivantes dans l'histoireavec succès. Les reptiles engagent une radia de l'évolution. En mert entre 85 et 96 % des espècestion biologique sans précédent. Parmi eux, les disparaissent. Sur terre, entre 70 à 77 % des famillesarchosaures vont progressivement s'imposer. de vertébrés teirestres ne sont plus représentées aprèsCertains d'entre eux, dont des espèces de petites tailles, évolueront en donnant entre autres la crise.naissance aux ptérosaures et aux dinosaures.Ils investissent la terre ferme par des formes • Les reptiles engagent une radiation biologique. Lesgigantesques, herbivores et carnivores, aussi archosaures vont progressivement s'imposer, cer-bien sur terre que dans les océans ou dans : tains d'entre eux évolueront en donnant naissanceles airs. ;àux dinosaures. - 109 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLe règne des dinosauresLes dinosaures forment un groupe de vertébrés très diversifié qui domine lesécosystèmes pendant 130 millions d'années. Bien que très étudiées, les circonstancesde leur disparition présentent encore plusieurs zones d'ombre. es dinosaures sont généralement connus ne reposent que sur très peu de matériel, si bien pour leurs énormes dimensions. Il y a qu'il est parfois difficile de reconnaître des carac effectivement parmi eux les plus gran tères anatomiques qui puissent les différencierdes espèces d'animaux à avoir peuplé la Terre, avec certitude d'autres dinosaures proches.ainsi que les carnivores les plus meurtriers.Mais toutes les espèces de dinosaures ne sont U origine des dinosaurespas des créatures gigantesques, la majorité estde taille moyenne, sinon modeste. Au cours de Les dinosaures sont apparus au sein du superleur existence, les dinosaures se différencient ordre des reptiles archosauriens, un groupe deen un grand nombre de formes et de fonctions petits reptiles de la fin du Permien et surtout dupossibles et dominent la Terre pendant presquetoute l'ère secondaire, c'est-à-dire pendant plus début du Trias. L'extinction radicale de la fin dude 130 millions d'années. Sur la base du Code Permien, vers - 250 millions d'années, cause la disparition de 90 % des espèces de l'époque, ceinternational de nomenclature zoologique, plus qui a permis à d'autres groupes d'animaux etde 1 220 noms ont été donnés à des genres ayant de plantes de prendre leur essor par radiationsété classés dans le superordre des Dinosauria. évolutives, parmi lesquels les ancêtres des dinoNéanmoins, un grand nombre d'entre eux sont saures, au même titre que d'autres reptiles et lescontestés et sont vus par certains paléontologuescomme des genres douteux ou des synonymes mammifères. Des travaux récents sur les dinod'autres genres. Beaucoup de taxa de dinosaures saures ont permis de préciser les caractéristiques des plus anciens d'entre eux. Il est manifeste que tous les dinosauriens sont issus d'un ancêtre 110

^• \''r\"-£li 'ïî .-•--i-->^ 5v---f-*\"'.'^. ^-,c-fî 11Les dinosaures dominent la Terre pendant 150 millions d'années. On en connaît environ 650 genres.commun, sans doute un petit prédateur bipède. cette époque, les dinosaures ne sont qu'un éléLes plus anciens vrais dinosaures connus datentd'une époque qui va du Carnien (de - 230 à ment mineur de la faune. Àpartirde cettepériode- 225 Ma) jusqu'au début du Trias supérieur. Lesplus beaux spécimens proviennent de la forma ils vont entrer dans une ère de diversification, ettion d'Ischigualasto, en Argentine. Eoraptor et deviennent bien plus abondants au Norien (deHerrerasaurus, les dinosaures d'Ischigualasto, - 225 à - 205 Ma). Toutes les lignées importantessont assez bien connus grâce à des spécimens de dinosaures apparaissent à cette époque. C'estpresque complets. Ils montrent également qu'à à ce moment-là que se développent les groupes de dinosaures herbivores d'Europe centrale, qui croissent en taille et en nombre. Les plus grands III

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONdinosaures de la fin du Trias atteignent cinq à dix conditions environnementales, ils auront plutôtmètres de long. Il est indéniable que les dinosau supplanté les autres reptiles.res exercèrent sur le règne animal une hégémonieexceptionnelle, mais, comme leurs successeurs Un groupe très liétérogèeeles mammifères, peut-être ont-ils dû ce succès Pour occuper toutes les niches écologiques dispoavant tout au hasard. nibles, il est évident que les dinosaures, devenus le groupe dominant parmi les vertébrés terrestres,Il y a deux manières d'expliquer la multiplication doivent se différencier par leur régime alimendes dinosaures au Trias supérieur. Soit ils ont taire, leur taille, et par les milieux occupés. Enbénéficié d'un vide laissé par l'extinction massivedes autres reptiles, soit ils se sont imposés après se basant sur les fossiles retrouvés, il est certainune longue période de concurrence. Pendantlongtemps, les paléontologues ont privilégié l'hy que les dinosauriens sont un groupe de grandspothèse de la concurrence victorieuse. Les ancê animaux, même si leur taille moyenne a varié pendant les périodes du Trias, du Jurassiquetres des dinosaures sont considérés comme des et du Crétacé. Une étude récente sur le poids de 63 genres de dinosaures a donné un résultatanimaux dotés de caractéristiques évoluées sus moyen de 850 kg, comparable à celui d'un grosceptibles de leur conférer des avantages décisifs ours. En comparaison, le poids moyen des mampar rapport aux espèces concurrentes : démarche mifères est de 863 grammes, soit celui d'un grosbipède, sang chaud, voire, selon certains, sang rongeur. Le plus petit des dinosaures est plusfroid. Cela laisse supposer qu'après une longue grand que deux tiers des mammifères actuels.période de compétition avec les autres reptiles, ils La majorité des dinosaures est plus grande quefinissent par s'imposer. Plusieurs indices existent 98 % des mammifères existants. Presque toujoursnéanmoins pour démontrer que les dinosaures ont terrestres, ils arborent un nombre impressionnantprofité d'une extinction massive de leurs concur de disparités corporelles, comme les cornes, lesrents. Un phénomène d'extinction massive à lafin du Carnien, entraîne en effet la disparition écailles et les crêtes.de diverses familles d'archosaures primitifs etde reptiles mammaliens. Contrairement à ce que La distribution géographique des dinosaures estl'on pourrait penser, les dinosaures ne se seraient très vaste et s'étend même dans des zones septendonc pas imposés sur la surface de la Terre en trionales, où les températures sont relativementéradiquant les autres espèces. Plus résistants aux basses. Pour cette raison, certains paléontologues estiment que les dinosaures les plus avancés 112

mmm s i».. «»^. ••Ssi. =/•<L'extinction des dinosaures à cause de la chute d'une météorite fait encore débat chez les experts. •^ii. 113 •<V4 .- w'Î. 1

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONétaient capables d'autoréguler la température recul entraîne des modifications climatiques dede leur corps, tout comme les oiseaux, leurs grande envergure qui provoquent la disparitiondescendants. Le comportement de ces animaux de différents groupes.disparus était certainement plus complexe quecelui de la majorité des reptiles actuels. Ils À la fin du Crétacé et sur une période estiméedéposaient leurs œufs dans des nids, qu'ils surveillaient ensuite comme le font aujourd'hui les à 500 000 années, d'énormes éruptions volcrocodiles. Il paraît presque certain, ainsi que caniques ont lieu dans le Deccan, situé dansle suggèrent de nombreuses traces fossiles, que l'Inde actuelle. Des couches de lave giganbeaucoup d'espèces de dinosaures herbivores tesques (les trapps du Deccan) ont été retrouse regroupaient en troupeaux pour mieux se vées dans cette région. Il peut y avoir jusqu'àdéfendre des prédateurs. 2 400 mètres d'épaisseur de roche volcanique, et la surface actuellement couverte dépasse lesEruptions volcaniques massives 500 000 km2.L'ère secondaire se termine par une crise biologique, la crise du Crétacé, qui survient il y a Les simulations informatiques sur les effets65 millions d'années. Elle entraîne la disparition de ces éruptions indiquent que les quantitésdéfinitive des dinosaures, des reptiles marins et de poussières, de cendres et de gaz carboniquevolants, mais aussi d'espèces marines comme lesammonites et bélemnites. En tout, près de 75 % (CO2) rejetés ont eu un effet climatique trèsdesespèces vivantes s'éteignent. À l'instar de la perturbant pour les écosystèmes. Néanmoins, comme pour toute simulation, il reste d'imporcrise qui décima la biosphère à la fin du Permienelle est imputable à un ensemble de changements tantes incertitudes sur les effets environnemende grande ampleur affectant l'environnementplanétaire. Diverses théories sont proposées pour taux exacts de ce phénomène.rendre compte de cette extinction. La majoritédes paléontologues s'entendent pour dire qu'elle La chute d'une météoriteest d'abord liée à une conjonction de facteurs. Autre argument pour expliquer la disparition desIl semble dans un premier temps que l'époque dinosaures, la collision d'une météorite avec lasoit marquée par un recul massif des océans. Ce Terre. Dans les années 1980, les scientifiques remarquent, dans certaines couches géologiques, une couche d'argile noire de quelques centi mètres d'épaisseur entre les strates du Crétacé et celles du Tertiaire. Cette limite géologi que, bien visible en certains points du globe. - 114 -

présente un taux anormal d'iridium. Celui-ci À RETENIRest rare sur Terre, mais il est plus abondant I Les dinosaures sont les représentants d'un ordredans certaines météorites. On a alors émis la de reptiles qui domine la Terre pendant 150 millions d'années. Les premiers dinosaures sont apparus versthéorie de la chute d'une météorite, sans en - 230 millions d'années et ont disparu il y a 65 milconnaître encore le point d'impact. Quelquesannées plus tard, on découvrit le cratère de lions d'années.Chicxulub, au Mexique. Dans l'intervalle, denombreuses autres traces de cet impact ont été • Sur la base du Code international de nomenclaturedécouvertes, comme des quartz choqués (portant la marque d'un choc énorme). Cependant zoologique, on reconnaît de 630 à 650 genres del'hypothèse que la chute de cette météorite ait dinosaures, rassemblant plusieurs milliers d'espèces.provoqué la disparition des dinosaures semble Une trentaine de nouvelles espèces sont décritesaujourd'hui remise en question. Il apparaîtraitque 300000 ans séparent l'extinction des dino tous les ans.saures de la chute de la météorite gigantesque.La collision de la planète avec une météorite ne I Les dinosaures ne se sont pas imposés sur la surfacesaurait d'ailleurs rendre compte à elle seule de de la Terre en éradiquant les autres espèces. Plusla crise biologique du Crétacé. Son caractère résistants aux conditions environnementales, ils ontcataclysmique implique des extinctions instan supplanté d'autres reptiles.tanées, massives, et synchrones des faunes etdes flores. Cette conclusion est contredite par • Les dinosaures ont foulé la Terre et peuplé lesles archives paléontologiques qui révèlent que océans sous des formes très variées : gigantesquesbon nombre de groupes, tels les ammonites ou sauropodes herbivores, théropodes carnivores, reptilesles reptiles, ont amorcé une phase de déclin volants et marins...au cours du Crétacé, bien longtemps avant lemoment de l'impact. Tout au plus, cet événe • De nombreuses théories et hypothèses sont avanment correspondrait au coup de grâce porté cées pour comprendre l'extinction massive de laà une biosphère largement fragilisée par lesaltérations climatiques du Crétacé. biodiversité à la limite du Crétacé et du Tertiaire : gigantesques éruptions volcaniques, collision d'une comète ou d'un astéroïde (d'environ 10 km de dia mètre), changements climatiques... 115

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONL'évolution des oiseauxL'histoire évolutive des oiseaux et leur origine demeurent complexes. L'hypothèseselon laquelle ils sont issus d'un groupe de dinosaures continue de diviser lesscientifiques. Les oiseaux n'en demeurent pas moins une classe de vertébrésdiversifiée, aux relations de parenté encore méconnues. es dépôts fossiles fournissent peu d'in L'ancêtre archéoptéryx formations sur l'origine des oiseaux. Le Les archéoptéryx forment un genre d'animaux —-Jsquelette d'un oiseau est fragile et friable, disparus et sont considérés comme les oiseaux les plus anciens. Le premier spécimen est découce qui empêche une bonne fossilisation. De plus vert en Allemagne, en 1861. Plus tard, d'autres archéoptéryx sont découverts et on décompteles oiseaux terrestres meurent rarement là où leurs aujourd'hui une bonne douzaine de spécimens, aux plumes plus ou moins présentes. Très tôtrestes auraient pu s'enfouir. Depuis les années les paléontologues voient dans l'archéoptéryx1990, les découvertes d'oiseaux fossiles dans un oiseau primitif. Ces animaux, d'une taillede nombreuses parties du monde sont donc un d'environ soixante centimètres, ont vécu à la finévénement. Leur étude révèle que les oiseaux se du Jurassique, il y a 156 à 150 millions d'ansont diversifiés rapidement à partir du Crétacé, nées. Vers 1935, venu en Europe pour étudier lesen montrant de fortes capacités adaptatives et en archéoptéryx, le paléontologue américain Ostromacquérant des capacités de vol efficaces. Plusieurs démontre que le squelette de l'animal est semblathéories sont développées quant à l'apparition des ble à celui d'un squelette de dinosaure coureur,oiseaux. Certains scientifiques les ont présentés ou théropode. Hormis les proportions des ailes,comme descendants de reptiles du Permien, maisla théorie la plus communément admise fait des très similaires à celles des oiseaux modernes, lesoiseaux les descendants de petits dinosaures...théorie encore largement débattue parmi les squelettes d'archéoptéryx ressemblent en effetpaléontologues du monde entier.- 116-

Les archéoptéryx sont considérés comme les oiseaux les plus anciens datant d'il y a environ 156 millions d'années.de façon étonnante à ceux d'un petit dinosaure l'origine des oiseaux. C'est le point de départ de labipède. Les archéoptéryx possèdent à la fois des théorie « dinosaurienne » qui rapidement connaîtcaractéristiques de dinosauriens archaïques et cel un grand succès chez les paléontologues. La théoles d'oiseaux actuels. Ses ailes, remarquablement rie se répand dans le monde entier et ressuscite dudéveloppées, sont similaires à celles des oiseaux même coup les dinosaures, des animaux que l'onvolants modernes, mais il présente également des croyait disparus depuis 65 millions d'années. Lesmâchoires aux petites dents pointues et une longue études de nombreux paléontologues, notammentqueue osseuse. Cela suppose donc que, malgré celles de Jacques Gauthier, spécialiste des verleur grande taille, les dinosaures peuvent être à tébrés, confirment que de nombreux caractères 117

, LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONclassiquement considérés comme spécifiques aux Mais la théorie de l'ancêtre théropode a été remiseoiseaux sont apparus avant ceux-ci, chez les thé- en cause par plusieurs découvertes et par l'étuderopodes, voire plus tôt encore. Selon cette hypo de la formation des embryons des oiseaux. Onthèse, certains des caractères adaptatifs propres considère en effet que les théropodes ont un ancê tre commun à cinq doigts et qu'ils en ont perduaux dinosaures terrestres sont conservés chez les deux au cours de l'évolution. Il leur reste lesoiseaux. Les clavicules ou fourchettes en forme doigts numéro 1, 2 et 3. Or l'étude du développede U, que l'on trouve autant chez les oiseaux que ment embryonnaire des oiseaux suggère que leurschez certains théropodes, confirmeraient leur lien ailes sont formées à partir des doigts 2, 3 et 4. Lesavec les oiseaux. Chez ces derniers, ce caractère doigts les plus développés des théropodes corresjoue un rôle primordial dans leur aptitude à voler, pondent ainsi au pouce, à l'index et au majeur,alors que chez les dinosaures il a probablement tandis que chez les embryons d'oiseaux, les cinqévolué pour servir de support aux courtes pattes doigts commencent à se former, mais ceux qui seantérieures avec lesquelles ils attrapaient leurs développent pour donner les ailes sont l'index,proies. Les membres postérieurs des premiers le majeur et l'annulaire. Certains paléontologuesthéropodes se transforment également, ils s'al ont donc conclu qu'il est impossible que les aileslongent, le fémur devient plus long que le tibia, des oiseaux se soient développées à partir deset le péroné se réduit. mains des théropodes. Une théorie alternative défend l'idée que lesUhypothèse dmosaorieime remise oiseaux descendent de lézards bipèdes du Trias (- 245 millions d'années), bien avant les dinoen caese saures. Ils auraient acquis des plumes, puis desNaturellement, l'apparition des caractéristiques ailes et enfin découvert le vol en milieu foresdes oiseaux chez leurs prédécesseurs les théropodes s'est faite de manière progressive. Le tier. La sélection sexuelle aurait ici joué un rôleprotoplumage, ou plumage primitif, est déjà primordial. Des expansions cutanées se seraientprésent chez de nombreux théropodes et devait chargées de pigments colorés, et auraient pris deavoir d'autres utilités. Ainsi, déjà visibles chez l'importance pour devenir des plumes. Le pasleurs ancêtres, les plumes ont ensuite permis aux sage à l'aile serait en fait lié à la course bipèdeoiseaux de voler et de développer un mode de vie qui aurait entraîné une réduction des bras avecarboricole grâce à toute une série de caractéris une disparition des doigts, compensée par untiques et d'adaptations. 118-

%% % 0iT • \" \Beaucoup d'espèces d'oiseaux, dont les hiboux, émergent entre - 100 et - 65 millions d'années. 119

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONallongement des plumes de la main. En recouvrant oiseaux se soient développées à partir des mainsles griffes, elles auraient permis leur disparition. des théropodes, chez Limusaurus inextricabilis,Ces animaux seraient passés en milieu forestier, et le pouce est très réduit, tandis que l'index, lec'est dans les forêts tropicales de l'époque qu'ils majeur et l'annulaire sont très développés. Selonseraient devenus des oiseaux. Mais là encore, la le professeur Xu, ce cératosaure pourrait doncthéorie ne fait pas l'unanimité. D'ailleurs une représenter une étape intermédiaire de l'évolutiondécouverte récente fait resurgir la possibilité d'un entre les dinosaures et les premiers oiseaux. Ainsilien de parenté entre les oiseaux et les dinosaures l'hypothèse selon laquelle les oiseaux se sontthéropodes, que l'homme ne souhaite apparem développés à partir des dinosaures théropodes estment pas abandonner. de nouveau valide. Mais cette théorie elle aussiUn débat sans finSelon une étude publiée en 2009 dans la revue est encore loin de faire l'unanimité. Ce débat sansNature, la découverte en Chine d'un dinosaurevieux de 155 millions d'années pourrait expliquer fin sur l'origine dinosaurienne des oiseaux devraitla mystérieuse origine de l'apparition des ailes encore alimenter les discussions scientifiques pendant de nombreuses années.des oiseaux. Avec la découverte de Limusaurus Des Mens de parenté complexesinextricabilis (littéralement saurien ne parvenantpas à s'extraire de la boue), l'équipe du paléon Les relations évolutives entre les groupestologue chinois Xing Xu, de l'Institut de paléon d'oiseaux ont longtemps été difficiles à comtologie des vertébrés et de paléoanthropologie prendre car ces derniers sont apparus de façonde Pékin, redonne du crédit à la théorie selon explosive, presque instantanément, dans unelaquelle certains dinosaures sont les ancêtres des période comprise entre - 100 et - 65 millions d'années. Ainsi, par exemple, les perroquets, lesoiseaux. Limusaurus inextricabilis, un cératosaure pigeons et les hiboux, bien distincts, semblentherbivore, découvert dans la formation jurassique être apparus brusquement, car y a peu ou pasde Shishugou dans le bassin du Junggar, à l'ouest de formes intermédiaires. Il existe aujourd'huide la Chine, fait partie du sous-ordre des théropo près de 10 000 espèces d'oiseaux dont un tiersdes, dinosaures se tenant sur leurs pattes arrière. est connu en Amérique latine. Si l'origine desAlors que certains paléontologues continuent oiseaux fait encore l'objet de controverses, lesde penser qu'il est impossible que les ailes des liens de parenté qui existent entre les différentes espèces ont fait récemment l'objet d'une étude - 120-

génétique approfondie. Cette étude a été menée À RETENIRpendant cinq ans par un groupe international de • Il exLsLc plusieurs théories quant à rappariuon desdix-huit chercheurs. Elle est connue sous le nom oiseaux. La plus coiimiunément admise fait des o e x les descendants de petits dinosaures théropode Onde « Barly Bird Assembling the Tree-of-Life théorie alternative défend l'idée que les oiseaux desResearch Project » et représente la plus vaste cendent de lézards bipèdes du Trias (- 245 millionsanalyse de génomes d'animaux. Des séquences d'années), bien antérieurs donc aux dinosaures.d'ADN situées sur quinze chromosomes de169 espèces d'oiseaux ont été analysées. Les • Les archéoptéryx forment un genre d'animaux dis parus et sont considérés comme les oiseaux les plusrésultats bouleversent les scénarios de l'histoire anciens. D'une taille d'environ soixante centimètres,de l'évolution des oiseaux et éclairent d'un jourtotalement nouveau les liens de parenté entre ces animaux ont vécu à la fin du Jurassique, il y a 156les différentes espèces.L'étude démontre que des oiseaux qui se ressem à ISO rnillions d'années. =blent et ont des comportements similaires n'appartiennent pas forcément à la même famille. • De nombreux caractères, qui sont classiquementAinsi, les flamants, dont le célèbre flamant rose, considérés comme spécifiqlies aux oiseaux, sont déjàont une morphologie qui semble les rapprocher apparus chez les theropodes : protoplumes ou plumes,des cigognes ou des grues. Pourtant, leur plus stracture des os. allongement des membres postérieurs,proche parent est le grèbe, un oiseau aquatique réduction de certains doigts...de petite taille, dont le poids maximum approcheles 1 200 grammes. Les faucons sont très pro I l e dinosaurienne des oiseaux est la théorieches des perroquets, et la famille des falconidés,qui comprend les vautours du Nouveau Monde, la plus communément admise, mais elle a encore deest assez éloignée des aigles ou des buses. Ainsil'homme a encore beaucoup à apprendre de nombreux détracteurs.l'histoire évolutive des oiseaux. I Les liens de parenté entré oiseaux font encore l'objet d etudes, notamment génétiques. Mais on sait d'ores et déjà que des oiseaux qui se ressemblent et qui ont des comportements similaires n'appartiennent pas forcément à la même famille. 121

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLa radiation des mammifèresNés en même temps que les dinosaures, les mammifères sont longtemps restésdiscrets. Après la disparition des premiers, ce groupe d'animaux a évolué eta finalement surmonté les diverses crises et événements au cours des tempsgéologiques. Une preuve de leur grande adaptabilité. epuis les observations de Descartes sur débute au Trias, leur émergence à partir d'une sou la circulation des animaux à sang chaud, che reptilienne est encore mystérieuse. S'est-elle nous savons que nous appartenons à la produite en une fois, en un lieu précis et localisé,gent mammifère. Notre passé commun avec les qui constitue le berceau à partir duquel le groupequelque 4 000 espèces de mammifères peuplant a ensuite rayonné vers d'autres continents ? Cettela planète fait que nous avons un intérêt parti apparition a-t-elle eu lieu simultanément au sein de diverses populations et en de multiples endroits ?culier dans la recherche des ancêtres de cette Questions délicates qui n'ont pas encore trouvé declasse de vertébrés. réponse. Pour se faire, il faudrait que les scienti fiques disposent d'archives fossiles provenant duQoelîe origme poer les monde entier. Mais la petite taille des premiers mammifères complique leur découverte. Aussi,mammifères ? les lieux de dispersion de ces animaux font encorePour revenir au sens étymologique du terme, les l'objet de bien des controverses.mammifères se distinguent anatomiquement par la De même, la reconstitution des relations de parentéprésence de mamelles. Alors que les poissons, les chez les différentes espèces de mammifères quiamphibiens et les reptiles pondent, dans l'eau ou existent ou ont existé se heurte régulièrement àla terre, des œufs qu'ils abandonnent ensuite dans des résultats contradictoires : les liens établis parla plupart des cas, les mammifères accordent à les données fossiles sont démentis par l'approcheleurs petits une assistance prolongée dont l'allaitement est le corollaire. Si l'histoire des mammifères- 122-

»À mi-chemin entre reptileet mammifère, Castorocauda vit sur Terre il y a 160millionsd'années.moléculaire et vice versa. Bien que de nouveaux mammifères sont des animaux de très petite taille.marqueurs génétiques soient régulièrement décou LFn des premiers mammifères connus est le mor-verts et que les banques de données moléculaires ganucodon, petit animal insectivore de la fin dune cessent de s'étoffer, la découverte de nouveaux Trias. Il vit il y a environ 205 millions d'années.fossiles reste à l'heure actuelle le seul moyen pour Il est un peu plus grand que la musaraigne actuellecompléter, tester et élaborer les scénarios phylogé-nétiques. Lorsqu'ils apparaissent, en même temps et mesure une dizaine de centimètres. Ses fossilesque les plus anciens dinosaures au Trias inférieur(à partir de - 230 millions d'années), les premiers ont été retrouvés au Pays de Galles et en Chine, et des animaux semblables morphologiquement ont été retrouvés en Amérique et en Afrique. 123

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLa classe des mammifères connu. Il possède une membrane entre ses memse fait discrète bres, comme celle de l'écureuil volant moderne,Durant l'ère secondaire, du Trias au Crétacé, et est actif principalement pendant la journée. Généralement, les mammifères du Jurassiquel'histoire des mammifères se déroule à l'ombre et du Crétacé se déplacent au sol ou grimpentde la radiation engagée par le monde des grands aux arbres et se nourrissent essentiellementreptiles. Les mammifères restent de petite tailleou de taille assez modeste, variant de celle d'une d'insectes et de produits végétaux. Beaucoupsouris à celle d'un lapin. La plupart devaient vivent probablement dans des terriers, commeêtre nocturnes, car les crânes fossiles retrouvés les lapins actuels.révèlent un développement important des aires Pendant le Crétacé, il y a une divergence entre deux lignées de mammifères, qui perdurent encoresensorielles de l'odorat et de la vision. Des étu de nos jours : les placentaires et les marsupiaux. Les placentaires regroupent aujourd'hui la quasides récentes ont permis de prouver que certains totalité des mammifères peuplant la planète,mammifères s'orientent dans la nuit grâce à depuis les éléphants jusqu'aux souris en pasleurs vibrisses, des moustaches qui leur servent sant par l'homme. Les marsupiaux sont quantà mieux percevoir l'environnement. Malgré une à eux cantonnés pour l'essentiel en Australie,vie discrète imposée par leurs prédateurs dinosaures, les mammifères se développent sous des en Tasmanie et en Nouvelle-Guinée, où ils sontformes variées. Castorocauda, qui vit au milieu représentés entre autres par les kangourous etdu Jurassique il y a 164 millions d'années, est les koalas. Marsupiaux et placentaires prennentlong d'une quarantaine de centimètres pour envi leur essor véritable durant l'ère tertiaire, une foisron 800 grammes, avec des membres adaptés affranchis de la pesante proximité des reptilespour nager et creuser. Il dispose également de mésozoïques. La multitude d'habitats et lieux dedents adaptées pour s'alimenter de poissons. vie que ceux-ci laissent vacants après la crise duFruitafossor, de la dernière période jurassique, Crétacé est alors très largement investie.est présent sur Terre il y a environ 150 mil Des orgaeismes faits pour s^adapterlions d'années. Il est de la taille d'un tamia, etses dents, ses pattes avant et arrière suggèrent Les mammifères doivent leur succès à un ensemqu'il fore les nids d'insectes pour se nourrir. ble de caractéristiques qui les rendent uniques, si on les compare aux autres êtres vivants. LeurVolaticotherium, entre - 140 et - 120 millionsd'années, est le tout premier mammifère planant - 124

Les baleines sont la preuve de la remarquable adaptabilité des mammifères. 125

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONmétabolisme à sang chaud leur permet de vivre animaux de 150 tonnes, est longtemps restée unactivement et de supporter les changements mystère pour les scientifiques. En 1992, sur unclimatiques. De plus, ils produisent du lait et site au Pakistan, les paléontologues découvrirentveillent sur leurs jeunes afin de préserver leur des fossiles uniques d'une créature qui poudescendance. Enfin, ils sont équipés de dentures vait vivre aussi bien sur Terre que dans l'eau :diversifiées adaptées à toutes sortes de nourritu Ambulocetus, « la baleine qui marche ». Ilsres. Leur première épreuve, après que la Terre trouvent alors un chaînon manquant importants'est remise de la grande extinction du Crétacé, dans l'histoire des mammifères. Cet amphibienconsiste globalement à s'adapter à une planète se déplace plus ou moins comme les loutresrecouverte de forêts tropicales. Il y a 50 millions d'aujourd'hui et ses membres avant et arrièred'années, tous les mammifères sont encore de doivent être palmés. Les baleines sont le prepetite taille. Ils ont un peu grandi depuis la dis mier exemple de la tendance au gigantismeparition des dinosaures, mais aucun ne dépassela taille d'un cochon, la forêt les empêche de des mammifères, mais les animaux terrestresgagner en taille. Les oiseaux carnivores géantscomme gastornis, tiennent le sommet de la chaîne ne sont pas en reste. Ils connaissent une fortealimentaire. Ces oiseaux, trop gros pour voler, croissance lorsqu'un changement climatiquesont suréquipés pour la chasse aux mammifè repousse les forêts tropicales il y a environres. Si le monde était resté couvert de forêts 44 millions d'années.tropicales, il est fort possible que ces oiseaux L'âge d'or des mammifèresgéants en aient conservé la domination au détriment des mammifères. Tandis que ces prédateurs Progressivement, l'Antarctique se refroidit puisrégnent sur les terres, certains mammifères se se couvre d'une calotte glaciaire permanente. Ceréfugient dans un milieu fort improbable pour phénomène déclenche une mutation globale dudes quadrupèdes à fourrure, l'eau. Ils se font climat. Les précipitations diminuent, les forêtsalors progressivement très gros jusqu'au plus reculent et de nouveaux habitats apparaissent.imposant : la baleine. Ces changements profitent aux animaux terLes baleines sont la preuve de la remarquable restres. Les oiseaux carnivores perdent versadaptabilité des mammifères. L'évolution, qui cette période leur place au sommet de la chaînea changé des petites créatures arboricoles en alimentaire, et les mammifères conquièrent les espaces ouverts. Sans la protection des forêts, les animaux les plus grands survivent mieux face - 126-

aux prédateurs. C'est le début de l'âge d'or des À RETENIR: ;mammifères, le temps des géants, et nombrede mammifères vont gagner en taille. Le plus • Appaïus en même temps que les plus anciens dinospectaculaire de ces géants est l'entelodon, saures au Trias inférieur (il y a 230 millions d'années),qui possède une mâchoire de taille démesu les premiers mammifères sont des animaux de trèsrée. Ce Carnivore est avant tout un charognard petite taille.opportuniste qui dévore tout ce qu'il trouve. I Pendant tout le Secondaire, jusqu'à la fin du CrétacéDe nombreuses blessures rencontrées sur leurs (il y a 65 millions d'années), ils sont très diversifiés et colonisent différents milieux, aquatique, aérien, arborifossiles prouvent qu'ils se battent entre eux. On cole, souterrain. Peu ont un poids qui dépasse quelquesne sait pas ce qui a provoqué l'extinction de centaines de graftimes.ce mammifère pourtant très bien adapté à sonenvironnement. Leur succèdent d'autres géants, I Au début du Tertiaire,après la crise du Crétacé, deuxmais plus pacifiques comme Paraceratherium, ensembles, les marsupiaux et les placentaires, vont sequi ressemble à un gros rhinocéros et qui est diversifier en de nombreuses lignées. Les mammifèrescertainement le plus grand mammifère terrestre colonisent aussi bien le milieu terrestre que le milieuayant jamais existé.Parallèlement, un groupe végétal nouveau marin. Ils doivent leur succès à un ensemble de caractéapparaît, les graminées, qui sont à l'origine ristiques uniques, dont un métabolisme à sang chaud, quid'une abondante ressource alimentaire. Les leur permet de .supporter les changements climatiques.paysages ouverts, constitués de pelouses et de > A partir de - 55 millions d'années, les mammifèressavanes s'imposent. Il en résulte une radiation connaissent une radiation adaptative. A la faveur d'unde formes et d'adaptations dont le meilleur réchauffement climatique global, la plupart des ordrestémoignage est la diversité actuelle de la grande modenles apparaissent.faune. Les animaux qui se nourrissent de branchages déclinent progressivement pour laisser ; • De nouveaux changements climatiques, 10 millionsla place à de nouvelles espèces : les brouteurs, î d'années plus tard, confortent cette explosion desmais des mammifères plus rapides, plus grands 5 espèces et donnent naissance aux gros herbivores etet plus performants, comme les félidés, dont |e:: aux grandsprédateurs.les qualités contrebalancent l'évolution deleurs proies. - 127 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONL'essor des primatesÀ partir de - 55 millions d'années, plusieurs espèces de mammifères évoluent depuisun ancêtre commun. Les primates puis les premiers hominoïdes vont s'imposer etcoloniser l'Ancien Monde. Parmi eux figurent les grands ancêtres communs auxhommes, aux chimpanzés et aux gorilles.Après la disparition des dinosaures, les environ 120 grammes. Les primates sont connus grands groupes de mammifères se déve avec certitude depuis la transition Paléocène- loppent, en bénéficiant d'un climat trèschaud. De nombreuses espèces différentes appa Éocène il y a environ 55 millions d'années. Àcetteraissent et occupent des milieux variés : l'espaceterrestre, les arbres, les milieux aquatiques. C'est époque, un fort réchauffement climatique permetà ce moment que les mammifères arboricoles, à une toute petite faune tropicale de rejoindre desencore appelés primates, émergent. régions plus septentrionales et de passer d'un côté à l'autre de l'Atlantique par le Nord, où l'océanUne origine encore mystérieuse n'a pas encore complètement séparé les deux continents. C'est dans ce contexte que deux ouOn a retrouvé des fossiles de primates dans plu trois genres de primates apparaissent en Europe etsieurs parties du monde : en Europe, en Amérique en Amérique du Nord, sans doute en provenancedu Nord, en Asie, ou encore en Afrique. Parmi de zones tropicales d'Afrique ou d'Asie. Les plusces protosinges d'Afrique, le plus ancien a été anciens représentants des primates sont de petitebaptisé Altiatlasius. Il a été découvert au Maroc taille, leur poids varie de quelques centaines de grammes à plusieurs kilos. Ils mènent une vieet est daté de - 55 millions d'années. Identifié arboricole, se nourrissant de fruits et de feuilles, voire d'insectes. Leur aspect est proche de celuiuniquement par une douzaine de dents, seul élé les lémurs et des tarsiers actuels. Bien que leurment du squelette qui ait résisté au temps, ce petit origine soit encore sujette à controverse, on amammifère du continent africain devait peser - 128-

Les tarsiers actuels sont vraisemblablement assez proches des premiers primates.souvent conclu à une parenté des primates avec les régime alimentaire à base de feuilles. Les os desinsectivores, un groupe de mammifères déjà bien membres révèlent une évolution de la locomotionreprésenté à l'ère secondaire. A la fin de l'Éocène où la part des sauts devient de plus en plus imporinférieur (- 49 millions d'années), cinq lignées tante, mais sans atteindre le mode exclusivementdifférentes de primates se sont diversifiées, ce qui sauteur de nombre de primates actuels.s'est accompagné d'une augmentation de tailledes individus, de un à sept kilos environ. Dans La « grande coupure »plusieurs de ces lignées, les dents acquièrent descaractères qui traduisent une spécialisation à un Il y a 40 millions d'années, de grands boulever sements climatiques affectent la Terre et toute 129

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONla faune et la flore qu'elle abrite, un événement à une longue queue préhensile. Il est le premierappelé la « grande coupure ». Les grandes régions animal placentaire connu à présenter une denticlimatiques que nous connaissons aujourd'hui tion composée de 32 dents, comme les hommesse mettent alors en place : l'hémisphère nord se modernes. Les caractéristiques anatomiques desrefroidit, alors que les zones tropicales bénéfi grands singes et des hommes se dessinent il y acient de températures plus clémentes. La vie des plus de 30 millions d'années.primates s'en trouve bouleversée. Ces derniersdisparaissent des continents de l'hémisphère nord, Les sîeges gagnent en statureseuls ceux provenant des régions tropicales duglobe, et en particulier d'Afrique, survivent aux L'histoire de l'évolution des singes dans le berchangements de température. ceau de l'Ancien Monde comporte plusieurs zonesC'est à ce moment qu'apparaissent, vers - 35 mil d'ombre. Les fossiles découverts ne couvrent paslions d'années, les premiers singes modernes. toutes les périodes géologiques et on ignore ceInstallés dans les arbres, ils y imposent leur qu'il advint des singes durant plus d'une dizainedomination et évoluent en de multiples espècesqui finissent par occuper plusieurs niches écolo de millions d'années. On retrouve leur trace augiques, du sol au sommet des arbres. Végétariensà tendance omnivore, c'est-à-dire capables de se début du Miocène, vers - 20 millions d'années.nourrir d'insectes, de fruit comme de feuilles, L'évolution a poursuivi son chemin et deux grouils vivent au grand jour, non pas en solitaires pes bien différents se sont formés. Les premiersmais en groupes sociaux. La luxuriance de la ont été classés comme les cercopithécoïdes, ouvégétation favorise la diversification des espè singes à queue. Ils sont quadrupèdes, arboricolesces de singes. Certaines d'entre elles restent ou terrestres et vivent, pour l'immense majoritéde très petite taille, d'autres deviennent plus d'entre eux, dans les forêts. Des cercopithécoïcorpulentes. C'est le cas, notamment, de l'aegyp- des naîtront plusieurs espèces, représentées par exemple en Afrique ou en Asie par les macatopithèque, ou singe d'Égypte. Il possède déjà ques. L'autre groupe constitue les hominoïdes. Ce groupe est florissant et étend nettement sontous les traits anatomiques qui caractériseront influence dans les forêts d'Afrique. C'est parmitous les autres singes à venir. Arboricole, ce les hominoïdes que figurent les grands ancêtressinge tout velu possède un long museau, évolue communs aux hommes, aux chimpanzés, auxà quatre pattes et se retient aux branches grâce bonobos, aux gorilles, aux orangs-outangs et aux gibbons actuels. Une nouvelle fois, ce sont les - 130-

Les scientifiques évaluent l'apparition des premiers chimpanzés entre - 6 et - 8 millions d'années. - 131

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONconditions climatiques qui décideront de l'avenir Cette aptitude a pour conséquence de garder ledes espèces. Les températures moyennes aug corps dans une sorte de position dressée, mêmementent et favorisent l'expansion des singes en si c'est une position suspendue et non en appuiAfrique, en particulier celle des hominoïdes, qui sur les membres postérieurs. En tout cas, c'est unformeront un groupe incroyablement riche. Des changement de posture qui a pour conséquenceplus petits jusqu'aux plus grands, qui dépassent d'introduire des pressions sélectives vers un chanles 50 kg, ces hominoïdes offrent un éventail gement progressif des formes du corps. En pred'espèces et de tailles qui leur permet d'occuper mier lieu, ces grands singes brachiateurs tendenttoutes les niches écologiques de la forêt. à perdre leur queue. Puis leur corps prend uneCar les singes de l'Ancien Monde se différencient allure verticale. Les vertèbres de la queue onten de nombreuses espèces avec une tendance disparu et se replient vers le bas pour constituer lerécurrente à augmenter en taille. Alors que les sacrum, qui contribuera au soutien des entrailles,espèces de petite et moyenne tailles continuentde se déplacer à quatre pattes sur les branches, lesquelles maintenant pèsent sur l'aine. À cedes espèces de grande taille commencent à sesuspendre pour se maintenir, si besoin, en équi stade, l'évolution donne déjà un primate de type anthropoïde, comme les actuels orangs-outanslibre sur les membres inférieurs. Ils sont dotés et gibbons asiatiques, gorilles, chimpanzés etde pouces opposables, mais cela ne signifie pas bonobos africains. À partirdu milieu du Miocène,qu'ils soient bipèdes. Ils ont le buste droit quand vers - 16 millions d'années, les grands singes seils sont assis et ils se dressent sur leurs membres dispersent hors d'Afrique, vers toute la frangepostérieurs pour attraper des objets en hauteur. méridionale de l'Eurasie, alors recouverte deMais ils marchent à quatre pattes, comme tousles mammifères. Les primates de grande taille vastes forêts.ont abandonné le saut de branche en branche en Le déclîîî des hominoïdes Les différentes lignées des hominoïdes qui sefaveur d'un autre système plus prudent : ils se sont disséminées hors d'Afrique connaissent unsuspendent aux branches et avancent en dépla développement important pendant près de dixçant un bras après l'autre. C'est l'embryon de millions d'années. Mais la lignée européennela bipédie. s'éteint vers - 8 millions d'années, et la lignéeLes spécialistes de singes, les primatologues, asiatique connaît un déclin dramatique. La modiappellent ce type de mouvement la brachiation. fication du climat global sur la planète, avec 132-

des périodes de glaciation, entraîne en effet, À RETENIRau nord de l'équateur, un retrait des grandesforêts, principal habitat des hominoïdes. De k Après la disparition des dinosaures, les mammigrands groupes de singes disparaissent alors. fères connaissent une évolution rapide à partir d'utiPLes cercopithécoïdes vont, quant à eux, devenir ancêtre commun. C'est à ce moment que les primatesle groupe le plus diversifié sur la planète. Ils émergent.sont avantagés par leur plus petite taille et leurfaculté à digérer des aliments de moins bonne I De grandsbouleversements climatiques survenus il yqualité nutritive. a 40 mutions d'années affectent la Terre, Les primatesLes hominoïdes des zones tropicales, essen disparaissent des continents de l'hémisphère nord,tiellement en Afrique, sont les seuls à s'ac seuls ceux provenant des régions tropicales du globe survivent aux changements de température.commoder des modifications du climat. De > Vers - 35 hiillions d'années, les premiers singesgrande taille, avec des os et des dents robustes, modernes apparaissent.Grâce à leur capacité d'adaptails s'adaptent à la vie terrestre et semblent peu tion, ils évoluent en de multiples espèces, qui finissentà peu s'affranchir des arbres. Il est délicat de par occuper plusieurs nichesécologiques.Parmi elles,suivre précisément leur histoire évolutive, carce sont étrangement les hominoïdes d'Afrique on trouve les hominoïdes. ancêtres communs aux homqui ont laissé le moins de traces fossiles, entre mes, aux chirnpanze et gorilles.- 14 et - 4 millions d'années, dates de l'émer • Vers - 16 millions d'années, les grands singes segence des australopithèques. C'est pourtant dispersent hors d Afrique. Les différentes lignées desde ce continent originel que les autres lignées hominoïdes connaissent un développement importantsont parties. Une partie cruciale de notre his pendant près de dix millions d'années.toire évolutive nous échappe. On ignore toutde l'histoire évolutive des paninés, ancêtres I Suite à un nouveau changement chmatique, les homides chimpanzés, des bonobos et des gorilles noïdes des zones tropicales sont les seuls à s'accomactuels. Et il en va de même pour la moitiéde notre propre histoire évolutive, celle des moder des modifications du climat. Les hominoïdeshomininés, avant l'émergence du peuple desaustralopithèques. d'Afrique sont les ancêtres probables des hominidés, et donc des hommes. - 133 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONDu primate à l'homme moderneIl faut attendre plusieurs millions d'années à partir des hominoïdes, ancêtres deshommes et des singes, pour que naisse Homo sapiens, celui qui va dépasser tousles autres hommes et s'imposer dans le monde. L'homme moderne apparaît vers- 200 000 ans après un long processus évolutif. ^ histoire évolutive de lalignée humaine manière successive. Entre - 10 et - 6 millions couvre toutes les étapes de l'évolu d'années, il y a séparation de la lignée humaine, les homininés, et de la lignée des chimpanzés, tion de la famille des homininés au les paninés. C'est la séparation la plus récente entre l'homme et l'une des lignées de singes.cours des temps géologiques. Elle ne se limite Selon des études se basant sur la génétique, ellepas à l'étude du genre Homo, mais inclut plus s'est faite il y a moins de 6,3 millions d'années.généralement tous les membres de la famille Mais elle a dû être progressive. Le plus ancien fossile de primate bipède, daté dedes homininés. Cette histoire est encore loind'être résolue. - 7 millions d'années, est découvert au Tchad enDes singes aux premiers hommes 2001. Il s'agit de l'espèce baptisée SahelanthropusL'évolution des singes dans leur berceau de l'An tchadensis, aussi connue sous le nom de toumaï.cien Monde comporte plusieurs zones d'ombre.Les fossiles découverts ne couvrent pas toutes Seul son crâne est retrouvé et étudié. Celui-ciles périodes géologiques, mais on sait que vers- 20 millions d'années, apparaissent les homi présente, pour certains paléoanthropologues,noïdes, ancêtres des grands singes et des hom les caractéristiques d'une station droite, et doncmes. Les différentes séparations entre les lignées d'une marche sur deux jambes. La bipédie estayant mené aux différentes espèces de singes le premier caractère humain à apparaître dansactuels, et au genre Homo, se sont produites de la lignée humaine. Cette apparition serait l'évé nement fondateur ayant permis par la suite les 134

Élâ mkÊLes premiers australopithèques remontent à - 4 millions d'années. Huit espèces sont connues.évolutions qui ont mené aux différentes espèces liens de parenté entre espèces, ce qui compliqued'homininés dont l'homme fait partie.L'évolution depuis notre ancêtre commun le plus la vision de l'arbre de l'évolution de l'homme.récent avec les chimpanzés est relativement biendocumentée grâce aux nombreux fossiles retrou Des espèces que nous pensions être nos ancêtresvés. Depuis les années 1980, les découvertes de il y a encore peu sont brusquement devenuesgisements de fossiles se sont multipliées et, avec nos défunts cousins. Jusqu'à très récemment,elles, le nombre d'espèces ou de sous-espèces du on a pensé que nous étions tous les descengenre Homo. Mais des doutes persistent sur les dants d'australopithèques, une espèce dont on a trouvé beaucoup de fossiles. Les premières traces des australopithèques datent de - 4 millions 135 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONd'années. On connaît aujourd'hui huit espèces vallée de l'Omo, dans le rift éthiopien. Ce sontdifférentes, qui ne sont toutefois pas acceptées des galets aménagés qu'Homo habilis utilise pourpar tous les chercheurs. Parmi ces huit espèces, dépecer les animaux morts. Ces outils de pierreil est impossible de déterminer un ancêtre de fabriqués sont les premières manifestations del'homme. Certains groupes sont proches de nous la pensée réfléchie, et ils améliorent les condipar leurs caractères liés à la locomotion, d'autrespar leurs caractères crâniens et d'autres encore tions de vie et l'alimentation A'Homo habilis.par leur mâchoire.Vers - 3 millions d'années, des changements Sa nourriture est plus riche en protéines, ce quiclimatiques et environnementaux entraînent la conduit à accélérer son évolution, en particulierdisparition des australopithèques et l'émergence l'augmentation de la taille de son cerveau.des premiers hommes, les Homo habilis. Pour certains anthropologues, le mode de vie des Homo habilis est encore trop proche des arbres,Uémergeece de genre Homo et leur silhouette bien différente de celle desLes plus anciens représentants du genre Homo,les Homo habilis et les Homo rudolfensis, appa hommes plus récents, pour les considérer commeraissent en Afrique (Tanzanie, Kenya, vallée de les premiers représentants du genre Homo. Homol'Omo, Afrique du Sud) il y a - 2,7 millions rudolfensis est plus corpulent et possède un grosd'années, alors que des changements climatiques cerveau, des mâchoires plus puissantes. Bienimportants ont lieu : la formation de la calotte qu'il soit peu connu, on pense que sa bipédieglaciaire arctique entraîne une sécheresse en devait être plus évoluée que celle d'Homo habiAfrique, ce qui provoque le recul des forêts. lis, ce qui en fait un bon candidat au premierHomo habilis évolue aux côtés des paranthropes, représentant du genre Homo. Les deux espècesdescendants des lignées d'australopithèques. Il disparaissent vers - 1,3 million d'années.possède une boîte crânienne plus arrondie, uneréduction de l'appareil masticateur et de la face, Les premiers voyageursde petites canines, et une bipédie quasi exclusive.C'est avec Homo habilis, qu'apparaît l'individu Apparaît alors, sur la scène de l'évolution descapable de concevoir et de réaliser l'outil. Les hommes, VHomo ergaster, qui possède desplus anciens outils connus proviennent de la caractéristiques qui le rapprochent beaucoup de l'homme moderne. Sa taille est plus importante, c'est un bipède exclusif, et il possède une boîte crânienne bien arrondie qui domine la face. Sa bonne adaptation à la marche bipède et à la course - 136-

'Les plus anciens représentants du genre Homo apparaissent en Afrique il y a 2,7 millions d'années. - 137

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONlui permet de parcourir de grandes distances installée en Afrique, une autre en Asie, et uneet il va progressivement occuper une partie de troisième en Europe. Les hommes de Neandertall'Asie et de l'Europe, probablement en suivant apparaissent il y a environ 300 000 ans. Ils semses proies au gré des changements climatiques. blent être issus du « métissage » de différenC'est un chasseur averti. De nouveaux outils plus tes formes d'erectus africains ou asiatiques.sophistiqués que ceux A'Homo habilis lui permet Neandertal a un visage différent de celui detent d'adopter un régime alimentaire contenant l'homme moderne. Le crâne apparaît plus bombébeaucoup plus de viande. Les Homo ergaster au niveau du front, le visage est plus large etinstallés en Asie sont probablement à l'origine accentué par un front fuyant et un menton presdes Homo erectus qui ont peuplé ce continent. que absent. Le corps des néandertaliens présenteLe corps et les proportions des membres d'Homo de très fortes adaptations au froid. La charpenteerectus ont beaucoup de similitudes avec ceux osseuse est robuste, les os des membres ont unede l'homme moderne. Ce nouvel homme se tient paroi épaisse et sont légèrement incurvés. Lesdroit, c'est un bipède dont l'allure générale et la hommes de Neandertal utilisent pour la chassedémarche ne sont pas très différentes de l'homme de lourds épieux en bois garnis de pointes en pierre ou bien durcis par le feu à leur extrémité.moderne. Homo erectus est un cueilleur de fruits C'est probablement lui qui adopte les premiers rites funéraires. Neandertal a habité l'Europeet de racines. Il est aussi charognard, mais sa avant de disparaître il y a 28 000 ans environ.principale ressource en viande reste la chasse. Au Lors de leurs voyages au Moyen-Orient, lesfil des millénaires, il améliore ses techniques de néandertaliens rencontrent d'autres hommes,taille des pierres et étend la gamme des outils : les prédécesseurs directs des hommes de Cro-il a réalisé les premiers bifaces et hachereaux. Il Magnon, appelés les proto-Cro-Magnon, oupeut également confectionner des lieux de vie, encore Homo sapiens du Proche-Orient.avec des branchages recouverts d'un revêtementde feuilles et de peaux de bêtes. Homo erectus Uorîgiîîe de Fhomme moderneest le premier homme à avoir domestiqué le feu.Grâce à lui, ses conditions de vie s'améliorent Sapiens et Neandertal ont des cultures assez proencore, il peut cuire les aliments et utiliser le feu ches et de nombreux points communs, comme lapour se protéger du froid ou des prédateurs. chasse et les autres moyens de subsistance. Si onTrois grandes populations d'Homo erectus se a peu d'indices sur la nature de la cohabitationpartagent la Terre il y a 800 000 ans. L'une est - 138-

entre les deux espèces, il n'est pas difficile À RETENIRd'imaginer qu'elles sont entrées en concurrence. Pour autant, rien ne prouve que ce soit > Entre - 10 et - 6 ipillions d'années, il y a séparationla cohabitation avec sapiens qui ait entraîné la de la lignée humaine, les homininés, et de la lignée desdisparition de Neandertai. Une conjonction de chimpanzés, les paninés. C'est la séparation la plusfacteurs a dû influer : un isolement des popula récente entre l'homme et une des lignées de singes.tions, une alimentation irrégulière, une natalitéfaible et une mortalité plus forte, accentuée par > Les premières traces des australopithèques datentdes combats avec sapiens. de - 4 miuions d'années. On en dénombre huit espèLa théorie du Totem monocentriste, encore ces différentes. mais il est impossible de déterminerappelée Ont of Africa, suppose que les Homo laquelle est l'ancêtre de l'homme.sapiens sont nés en Afrique vers - 200 000 ans.C'est aujourd'hui la théorie sur l'origine de I Les plus anciens représentants du genre Homo, lesl'homme moderne qui fait consensus. Ces Homo habilis et les LTomo rudolfensis, apparaissentpopulations ont progressivement remplacé les en Afrique il y a 2,7 millions d'années. Leur succèdedifférentes lignées d'Homo erectus présentes en Homo ergaster qui est le premier homme à s'installerAsie, en Europe et en Afrique. Biologiquement sur d'autres continents. Il est à l'origine des peupleet intellectuellement mieux armées que leursprédécesseurs, elles s'imposent dans des envi ments d H mo erectus en Asie.ronnements très diversifiés et trouvent des solu > Le corps et les proportions des membres d'Homo erectus ont beaucoup de similitudes avec ceux detions aux problèmes qu'elles rencontrent. C'est 1 homme moderne. Trois grandes populations d'Homocette population d'Homo sapiens qui va repartir erectus se partagent la Terre il y a 800 000 ans. L'uneà la conquête de l'Asie et de l'Europe. Lors est installée en Afrique, une autre en Asie, et une troide cette troisième grande migration humaine, sième en Europe.Homo sapiens supplante les populations archaïques restantes, à savoir les descendants d'Homo I L'hypotl e e de l'Out of Africa suppose que le\"erectus et les populations néandertaliennes. Homo sapiens sont nés en Afrique vers - 200 000 ans.Il trouve même les moyens de s'installer sur C'est aujourd'hui la théoiie sur l'origine de l'hommedes territoires encore inexplorés, l'Australie moderne qui fait consensus.et l'Amérique. - 139 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONDe la bactérie à ThommeDepuis rapparition de la première cellule vivante aux formes de vie actuelles,l'évolution a engendré une incroyable diversité. La lecture des fossiles a permisde reconstituer des parties de ce long procédé évolutif qui s'est dessiné au grédes bouleversements climatiques terrestres. 1 y a près de 4 milliards d'années, la chimie À partir de ce moment, de tels organismes sont de la vie se met en place dans les océans. Les premières formes de vie qui apparais complètement indépendants d'une source desent à la suite de l'évolution chimique datent nourriture dans le milieu, ce sont des organismesd'environ 3,6 milliards d'années. Ces premiers autotrophes (qui produisent de la matière organiorganismes procaryotes vivent probablement que) qui peuvent alors coloniser l'ensemble desdans un milieu chaud, près des sources hydro océans. Ce sont aussi les fournisseurs d'énergiethermales. Ils puisent leur énergie dans les pour tous les organismes qui ne font pas de phomolécules du milieu qui les entourent, et par tosynthèse et qui dépendent des autres pour se nourrir, les hétérotrophes. Les cyanobactériesdes réactions de fermentation. sont à l'origine des premiers fossiles en raison leur activité métabolique. Ce sont les stromatoli-L'atmosphère s'enrichit en oxygène tes, les premiers édifices dits bioconstruits. Ces édifices se présentent sous l'aspect de monticules,Certaines bactéries ont ensuite développé des généralement composés d'éléments en forme demoyens de récupérer l'énergie du rayonnement champignons ou de colonnes, ces fossiles sontsolaire, c'est l'apparition de la photosynthèse par datés de 3,4 à 3,5 milliards d'années. Les bacles cyanobactéries. Ces dernières disposent de téries photosynthétiques envahissent toutes lespigments chlorophylliens et mettent en place les eaux peu profondes, là où elles peuvent capterphotosystèmes. Par une succession de réactions, les rayons du soleil.elles sont capables de synthétiser du glucose.- 140-

pEnviron 3,8 milliards d'années séparent les premières bactéries des premiers hommes.La photosynthèse produit néanmoins un déchet nourriture. Alors que l'atmosphère s'enrichit entrès toxique pour les autres organismes : l'oxy oxygène, elle s'appauvrit en dioxyde de carbone.gène. La concentration d'oxygène a graduel Dans l'atmosphère, l'oxygène subit l'action deslement augmenté dans le milieu naturel et la rayonnements ultraviolets et se transforme enplupart des organismes anaérobies ont été déci partie en ozone. Ainsi se forme peu à peu une coumés. D'autres organismes vont parallèlement che d'ozone dont la particularité est de bloquerdévelopper la chaîne respiratoire, qui neutralise une grande partie des rayonnements nocifs dul'oxygène, et ils vont devenir de plus en plus soleil. Les organismes de l'époque sont tous desdépendants des organismes autotrophes pour leur procaryotes (organismes unicellulaires). Certains 141

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONprocaryotes ont perdu leur paroi, grandi et déve certitudes sur l'histoire évolutive des formes deloppé des réseaux membranaires de plus en plusspécialisés. Ils se sont associés, combinés avec vie. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'ild'autres procaryotes par endosymbiose et ont y a environ 600 millions d'années, les formesainsi formé les premières cellules eucaryotes, de vie pluricellulaires ont réellement pris unil y a environ 2,6 milliards d'années. Ces êtres tournant, et se sont développées partout survivants ne sont alors constitués que d'une seulecellule, comme les procaryotes, mais celle-ci la planète. À Ediacara en Australie, on trouveest plus grosse et possède un noyau qui isole des fossiles d'organismes pluricellulaires trèsle matériel héréditaire. diversifiés datant de cette période. Les tissus commencent à être réellement spécialisés, etL^explosîoiî de la vie l'on voit l'apparition de cellules nerveuses et de cellules digestives.Les premiers eucaryotes, les protistes, se réunis Ce type de faune disparaît vraisemblablementsent en colonies et vont progressivement former à la limite Précambrien-Cambrien, c'est-à-direles premiers métazoaires ou organismes pluricel- il y a quelque 542 millions d'années. S'ensuitlulaires. On a longtemps pensé que les premiers la radiation évolutive du Cambrien, égalementvrais organismes pluricellulaires dataient d'envi appelée révolution cambrienne. On trouve dansron 700 millions d'années. Une grande diversité cette période les premiers mollusques et gastérode formes fossiles datant de cette période a été podes, alors que les plus anciens arthropodes, lesretrouvée par l'homme. Mais on sait depuis trilobites n'apparaissent que vers - 530 millionsjuillet 2010, que leur apparition est bien anté d'années. La radiation cambrienne du monde anirieure. La récente découverte d'Abderrazak El mal s'accompagne d'une aptitude nouvelle, celleAlbani, maître de conférence à l'université de d'utiliser les éléments chimiques du milieu extéPoitiers et géologue au laboratoire Hydrasa, rieur pour l'élaboration de squelettes minéralisés,fait remonter l'apparition des organismes plu c'est-à-dire de structures dures de soutien ou dericellulaires à environ 2,1 milliards d'années.Lors de l'annonce de cette découverte, la com protection. C'est la naissance des exosquelettes,munauté scientifique est restée incrédule, car ou squelettes externes, et plus tard des squelettes internes. Vers - 500 millions d'années, tous lescela remet en cause des dizaines d'années de embranchements des animaux actuels sont pré sents, même si les animaux du Cambrien sont cantonnés dans le milieu aquatique. - 142-

L'évolution n'a eu de cesse de créer des formes de vie différentes et adaptées à leurs milieux. 143

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLa sortie des eaex tronc de se surélever, sans perte d'énergie inutile,Les premiers êtres vivants à coloniser les conti au-dessus du sol. Quelques millions d'annéesnents seront des végétaux. Quelques algues et plus tard, les amphibiens se développent autour des zones humides. Ils sont moins dépendantslichens arrivent à survivre à la surface des rochers à l'élément liquide, qui ne devient indispensa ble que pour la reproduction. Les reptiles, quiqui bordent les océans, il y a environ 460 millions arrivent ensuite, s'affranchissent totalement ded'années. La première plante vasculaire connueest appelée Cooksonia. Elle ne possède ni feuilles l'eau. Leurs écailles et surtout l'invention deni fleurs et est essentiellement constituée d'un l'œuf leur permettent d'explorer de nouvelles niches écologiques.faisceau de tiges droites et fourchues à leur sommet. En quelques millions d'années, la flore va À la fin du Permien, les continents se sont rasse complexifier et gagner en hauteur. Les désertsse couvrent d'un tapis végétal où peuvent s'épa semblés en une seule masse continentale, lanouir des arthropodes qui se délectent de cette Pangée. Le centre de cet énorme continent s'estnouvelle végétation. Au Silurien (entre - 435 et rapidement desséché, formant de grandes zones- 410 millions d'années), mille-pattes, acariens désertiques. Les niches écologiques ont doncet arachnides s'aventurent sur les continents. été considérablement réduites. Plus de 80 % desL'arrivée sur la terre ferme de nombreuses espèces espèces marines périssent, une grande partied'arthropodes va conditionner la sortie des eaux des vertébrés terrestres est également décimée.d'espèces plus grandes, les premiers vertébrés La majorité des fougères disparaît pour laisserterrestres, prédateurs des petits arthropodes. Le place aux conifères. Chez les animaux, seulstiktaalik est un des plus anciens parents connus des les homéothermes (ancêtres des mammifères ettétrapodes. Acanthostega puis Ichthyostega vont oiseaux) ne sont pas affectés. Les arthropodesprogressivement s'affranchir du milieu aquatique, géants disparaissent.bien que leur mode de vie, et notamment la reproduction, dépendent encore de l'eau. Au Permien, Des premiers mammifèresIchthyostega, fait le lien entre les poissons et lesamphibiens. Son squelette s'est adapté à la vie à l'homme moderneterrestre, il permet de lutter avec efficacité contre Après cette crise permienne, c'est une époquela pesanteur. Sa surface musculaire est renforcée de grande diversification. Les reptiles se divisentet les articulations de ses membres permettent au notamment en dinosauriens et en reptiles mam- maliens. La Pangée se sépare en deux grands - 144-

continents, la Laurasie et le Gondwana. Les 'fÀ RËÏENÏRthérapsides, issus des reptiles mammaliens,évoluent rapidement en mammifères dès le I Trois théories scientifiques majeures expliquent l'appaTrias. Parmi les dinosauriens, un groupe, les rition de la vie. On pense que celle-ci remonte à environornithoschiens, donne naissance aux oiseaux, 3.5 à 3,8 milliards d'annees.au cours du Crétacé. À la fin du Crétacé, il y a I Suite à la mise en place d une atmosphère riche en oxy gène et de la couche d ozone, les conditions sont réunies65 millions d'années, une catastrophe naturelle pour une nouvelle etape de l'histoire de la vie : l'apparitionprovoquée par une météorite conjuguée avec un du mécanisme de la respiration.fort volcanisme, provoque la disparition brutalede nombreux embranchements, en particulier I L'explosion cambrienne coïncide avec l'apparition dedes dinosaures. Suite à cette crise, les mammi tous les embranchements actuels, même si les animaux dufères, ayant peu évolué depuis leur apparition, Cambrien sont cantonnés dans le milieu aquatique.se diversifient rapidement, avec la formation desmarsupiaux et des placentaires. Marsupiaux et I C'est a la fin du Silurien que l'on a la preuve de l'existenceplacentaires cohabitent mais la séparation de d'un nombre important de petits arthropodes terrestres qui ont suivi de près la conquête des continents par les plantes.l'Australie avec le reste des continents modifie L'arrivée d'arthropodes sur la terre ferme va conditionner la sortie des eaux des premiers vertébrés terrestres.les réseaux écologiques. Les marsupiaux domi I Apparus en même temps que les plus anciens dinosauresnent les autres mammifères en Australie tandis au Trias inférieur, les premiers mammilères sont des animaux de très petite taille. Après la disparition des dinosaures, lesque sur les autres continents ce sont les placen mammifères vont connaître une radiation adaptative.taires qui supplantent les marsupiaux. Le groupedes primates apparaît il y a environ 55 millions • Parmi les mam te e , vont se différencier les primates,d'années. Au Quaternaire, ils donnent naissance qui eux-mêmes donneront naissance à la lignée humaine.à la lignée humaine dans des circonstances quidemeurent encore floues. La bipédie et l'augmentation de la taille du cerveau sont les deuxévolutions majeures. Il y a 2 millions d'années,les Homo habilis fabriquent les premiers outilstaillés. Et il y a seulement 200 000 ans Homosapiens, l'homme moderne, apparaît et développe les sépultures et l'art. - 145

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONLes extinctions d'espècesLa vie sur Terre est jalonnée de crises majeures qui ont entraîné des extinctionsmassives d'espèces. En cause, les caprices de la planète et des modificationsclimatiques significatives. Mais depuis quelques siècles, un autre facteur està l'origine de disparitions massives : l'homme.Tout au long de l'histoire de la vie, les êtres Faunes et flores ont un choix restreint : elles vivants ont un double impératif : se nour rir et se reproduire. La survie d'un être doivent migrer, s'adapter ou mourir. La migrationvivant exige une adéquation de sa morphologie des organismes animaux vivants constitue uneet de sa physiologie à son environnement pour option pour retrouver des territoires où persistentexploiter au mieux les ressources de son habitat. des conditions proches de celles des milieuxLa survie d'une espèce dépend d'un équilibre d'origine. C'est le cas des faunes du Quaternairefragile. Des éléments comme le climat, ou une d'Europe occidentale qui se sont succédé au coursvariation de la nourriture, en quantité ou en qua des âges glaciaires. Les périodes de glaciationlité, peuvent entraîner une rupture de cet équilibreet remettre en cause la survie de l'espèce. ont favorisé l'installation d'une faune issue desMigrer, s'adapter ou mourir hautes latitudes, adaptée au froid : rennes, bisons et mammouths. En revanche, les périodes deSur une histoire évolutive qui se déroule sur des réchauffement ont vu l'arrivée d'espèces vivantcentaines de millions d'années, la planète n'a dans des zones plus méridionales : éléphant,cessé de «jouer » avec les formes de vie qu'elle hippopotame, où encore différents représentantsabrite, au gré des variations climatiques, ou de du genre Homo. S'adapter au nouveau contexte environnementalla modification du niveau des mers. Souvent est une autre réponse des êtres vivants, réponse qui exige une réorganisation des populations.un réajustement biologique est indispensable. C'est notamment ici qu'intervient la sélection - 146-

De nombreuses espèces de poissons sont menacées de disparition à cause de la pêche intensive.naturelle. Au sein d'une communauté se perpé espèces. La dernière issue pour les espèces esttue une variabilité génétique que l'on retrouve l'extinction. Elle touche les animaux et les plantes qui sont incapables de migrer ou de s'adapter auxchez un nombre limité d'individus. En harmonie changements intervenus dans leur environnement. Les migrations, ou l'adaptation, s'effectuent auavec le nouvel environnement, les animaux qui rythme des temps géologiques, mais le relaissont avantagés d'une quelconque manière (cou d'une espèce par une autre implique des duréesleur, corpulence, organes mieux adaptés...) vont de l'ordre du million d'années. Lorsque les faunesprogressivement constituer la variété dominante. et les flores ne parviennent pas à retrouver unUn tel mécanisme rend compte de l'évolutiondes populations et de l'émergence de nouvelles 147

: LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONnouvel état d'équilibre, elles sont massivement Les deux crises les plus importantes à l'échelledécimées. L'histoire de la vie est ainsi jalonnée planétaire sont la crise du Permien et celle dupar de nombreuses crises biologiques durant les Crétacé. La première débute par une grandequelles un nombre considérable d'espèces s'étei sécheresse sur l'unique continent qui existe à cegnent simultanément à la suite de modifications moment, la Pangée. Des climats arides se mettentparticulièrement sévères du contexte planétaire. en place et les paysages évoluent en déserts. VersLa Terre a connu cinq grandes crises d'extinction la fin du Permien, il y a 250 millions d'années,d'espèces, suivies de phases d'expansion. une intense activité volcanique se manifeste. On estime qu'à la fin du Permien, les teneurs enLa vie frappée par des crises dioxyde de carbone dans l'atmosphère sont troisprofondes fois supérieures à celles qui existent de nos jours. L'élévation globale de la température provoqueLa première crise majeure répertoriée est celle de le dégel des régions polaires, et des quantitésla fin de l'Ordovicien, il y a 445 millions d'an considérables de méthane, jusque-là prisonnièresnées. Une forte période de glaciation engendre des glaces, sont libérées dans l'atmosphère. Leune régression marine, soit une baisse du niveau rejet massif des gaz à effet de serre contribue àmarin. Les surfaces épicontinentales sont mises augmenter de 6 à 8 degrés la température moyenneà nue, restreignant ainsi les écosystèmes qui endépendent, et mettant à mal la biodiversité qui de la Terre.l'habite. On estime que cette crise provoque ladisparition de près de 85 % des espèces existantes. Des chaegemeiiits climatiqeesElle affecte aussi bien des organismes vivants sur majeursle fond des océans, comme les brachiopodes, leséchinodermes ou les trilobites, que des formes Cette généralisation de climats chauds et secs apélagiques. Son impact sur l'histoire du monde des conséquences dramatiques pour la vie, à lavivant reste cependant relativement limité, dans la fois sur les terres émergées et dans les océans.mesure où cette crise ne provoque la disparitiontotale d'aucun grand groupe animal. De ce fait, les En raison de la sécheresse et du réchauffementfaunes qui se sont développées après cette crise,au cours du Silurien, ne sont pas fondamentale excessif, la végétation devient clairsemée. Des feux de brousse et de forêt dévastent régulièrement différentes de celles de l'Ordovicien. ment le couvert végétal. Les animaux herbivores dépérissent et par conséquent les carnivores qui s'en nourrissent. Le monde animal est d'autant - 148 -

V •. : k; » « #' vH; î:L'ours polaire est menacé d'extinction à cause du réchauffement climatique et de la fonte des glaces. - 149

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONplus affecté qu'il se trouve confronté à des teneurs d'années, d'accroître le nombre total de famillesen oxygène atmosphérique anormalement basses,inférieures aux valeurs actuelles. C'est la plus que compte la Terre. Ainsi, au final, la perte degrande extinction d'espèces vivantes dans l'his diversité liée à une vaste extinction conduit à unetoire de l'évolution sur Terre. S'il est difficile de régression du vivant, mais seulement pour 10 àdresser la liste des extinctions, les scientifiques 15 millions d'années. Le temps nécessaire à las'accordent à dire que cette crise correspond à une planète pour se réorganiser.véritable hécatombe : en mer, entre 85 et 96 %des espèces ont disparu. Sur terre, on avance les La sixième crise d'extinction est en marchechiffres de 10 àll % des familles de vertébrés Il pourrait en être autrement de la sixième crise massive d'extinction qui est en train de débuter,terrestres comme n'étant plus représentées après comme le confirment en mars 2010 des scienla crise, et 63 % de diminution du nombre des tifiques américains dans la revue Nature. Ilsfamilles d'insectes représentées. La flore se réduit estiment qu'au rythme de destruction actuel,dans des proportions comparables, laissant sub il ne faudrait pas plus de quelques siècles poursister essentiellement des espèces de conifères. que les trois-quarts des espèces disparaissent.Si la crise de la limite Permien-Trias possède le Jusqu'à présent, des catastrophes ou phénomènestitre de crise la plus forte jamais enregistrée, celle naturels ont toujours été la cause des extinctionsdu Crétacé-Tertiaire possède sans conteste celui massives. Cette fois, la menace est directementde crise la plus célèbre. Cette représentation a liée aux activités humaines. La liste est longue :plusieurs causes. Car les origines de cette crise destruction des écosystèmes, surexploitation desdu Crétacé-Tertiaire, qui est aussi la cause dela disparition des dinosaures, font encore débat ressources naturelles, dissémination de microbes(météorite, volcanisme...). Par ailleurs, de nom et virus, introductions accidentelles ou inconsidébreuses autres catégories d'organismes ont été rées d'espèces dans un nouveau milieu, réchauftouchées. On estime que 76 % des espèces mari fement climatique... Pour illustrer ce danger, desnes alors à la surface de la planète se sont éteintes paléobiologistes de l'université de Californie àentre le Crétacé et le Tertiaire. Berkeley ont passé en revue la situation de la bio diversité actuelle, en utilisant notamment commeLors de ces crises d'extinctions massives, la dyna témoin les mammifères, la classe d'animaux lamique de l'évolution a toujours permis de les plus connue à ce jour. Au cours des 500 dernièrescompenser, et après plusieurs dizaines de millions - 150

années, au moins 80 des 5 570 espèces de mam À RETENIRmifères recensées ont disparu. Cela peut paraîtrefaible, mais quand on considère la vitesse à > Une extinction massive est un événement au courslaquelle les choses se produisent habituellementà l'échelle géologique (deux extinctions par duquel une proportion significative des espèces animamillion d'années selon leurs calculs), c'est un les et végétales présentes sur la Terre disparaît.rythme beaucoup plus rapide.Le rythme d'extinction actuel ressemble à s'y I La Terre a connu cinq grandes crises d'extinctionméprendre à celui des crises massives d'extinc d'espèces pendant les temps géologiques. La premièretion du passé. Un constat alarmant, conforté par crise majeure répertoriée est celle de la fin de l'Ordo-la « liste rouge » des espèces menacées, avancée vicien, il y a 445 millions d'années. Les deux crisespar l'Union internationale pour la conservation les plus importantes à l'échelle planétaire sont la crisede la nature (UICN). Si toutes les espèces classées sur cette liste comme « en danger critique du Permien et celle du Crétacé.d'extinction », « en danger » ou « vulnérables »s'éteignent d'ici la fin du xxi° siècle et que les I Lors de ces crises d'extinctions massives, la dynamiextinctions se poursuivent au même rythme, que de l'évolution a toujoiirs permis de les compenser.plus des trois-quarts des espèces de mammifères Elles ont toutes été suivies de phases d'expansion ouauront disparu d'ici 334 ans, et moins de 250 ans périodes de rediversification de la biodiversité.pour les amphibiens. Selon les paléontologuescaliforniens, une rapide prise de conscience I La sixiè massive d'extinction est en marcheest nécessaire pour enrayer cette sixième crised'extinction, qui se déroulerait sur une période du fait de 1 activité humaine. Les scientifiques estimentincroyablement courte. Dans le cas contraire, qu'au rythme de destruction actuel, il ne faudrait pasla reconstitution de la biodiversité ne se fera plus de quelques siècles pour que les trois-quarts despas sur une échelle de temps à taille humaine. espèces disparaissent.Il faudrait alors des millions d'années à la bio • Une rapide prise de conscience est nécessaire pourdiversité pour récupérer. j enrayer cette sixième crise d'extinction, qui sedérou- j lerait surune période incroyablement courte. 151


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