Darwin

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONQuel futur pour révolution ?L'apparence des organismes vivants, végétaux comme animaux, a beaucoup évoluéau cours des temps géologiques. Des adaptations sont apparues de façon aléatoireavec les mutations des gènes et sous la pression de l'environnement. Quel visagedonnera l'évolution aux futurs êtres vivants ?Aujourd'hui, il est surtoutquestion des espèce nouvellement apparue ? Des analyses phy- espèces qui disparaissent, mais est-il logénétiques, en établissant la nature primitive ou raisonnable d'imaginer que de nouvel dérivée des caractères de l'espèce, apporteront lales espèces puissent apparaître ? La permanence réponse à cette question. Dans le cas de l'homme,d'un certain taux de mutations, spontanées ou les scientifiques affirment qu'il continuera d'évoprovoquées par des mutagènes « naturels », joue luer dans les prochains millénaires.certainement un rôle important dans le maintiende la diversité intraspécifique : ce mécanisme Les évolutions û^Homo sapiensaméliorerait les espèces actuelles et assurerait leurpérennité. Par ailleurs, il existe d'autres sources Si aucun d'entre eux ne peut aujourd'hui affirmerde variabilité, comme le transfert de gènes d'un comment notre espèce va évoluer, presque tousorganisme à un autre par des virus ou des plasmi- les scientifiques s'accordent sur le fait qu'elledes. Malgré l'énorme quantité de connaissances va continuer d'évoluer. Toute espèce naît, évoaccumulées par les naturalistes, les espèces vivant lue, se diversifie et disparaît, l'espèce humaineactuellement sont loin d'être toutes répertoriées, n'échappera pas à la règle. Si physiquement nouset de nombreuses régions restent pratiquement avons peu évolué, lorsqu'on compare des squeinexplorées. Aussi, lorsqu'on rapportera l'exis lettes modernes et à ceux de Cro-Magnon, notretence d'une nouvelle espèce, s'agira-t-il de la génome et celui de notre ancêtre présentent desdécouverte d'une espèce préexistante ou d'une différences manifestes. Non seulement Homo sapiens a fait quelques remaniements génétiques - 152

Sî'.'^wî'•Nt»\" 1 «-JïT^ ::^ç:j»^--La durée de vie d'une espèce est estimée à I ou 2 millions d'années. L'homme est donc voué à disparaître.importants depuis que notre espèce a émergé, développement de notre cerveau. Notre squemais le taux d'évolution du génome humain n'acessé d'augmenter. Selon une étude américaine, lette et notre musculature se sont affinés. Notrel'être humain a subi cent fois plus de mutationsgénétiques dans les derniers 10 000 ans que depuis crâne est plus large et plus court que celui dela séparation de la branche humaine de celles des nos ancêtres. Dans le futur, le développement duautres grands singes, il y a six millions d'années crâne avec un cerveau de plus en plus volumineux devrait se poursuivre, mais dans des proportionsenviron. L'essentiel de notre évolution a consisté limitées. La taille de notre cerveau est en effeten un redressement du corps, qui a favorisé le très dépendante de notre stature et donc les deux doivent évoluer de manière conjointe. Ensuite la - 153 -

LE LONG CHEMIN DE L'EVOLUTIONtaille du cerveau est contrainte par la capacité Pour Henry de Lumley, préhistorien qui a dirigédu bébé à passer par le bassin de sa mère lors de de nombreux chantiers de fouilles archéologiques et pour le Muséum national d'histoire naturelle,l'accouchement. nos membres antérieurs, ne servant plus aux tâches de locomotion, seront peut-être amenésLe futur visage de FHomme à se raccourcir. En revanche nos pouces vont s'allonger, et permettront d'avoir des gestes plusConcernant l'anatomie du cerveau en lui-même, précis. Il est fort probable que notre mâchoire etnul ne sait si notre espèce connaîtra un hyper nos dents se modifient également, en devenant plus petites.développement cérébral. Le cortex qui sert à laréflexion représente environ 15 % du cerveau. Uîîe évoliitîoîî « cachée »Le reste sert à la perception et au fonctionne L'évolution génétique de l'homme est soumise àment global du cerveau. Toute l'évolution va des contraintes, mais dépend également de troisdans le sens d'une organisation de plus en plus conditions qui doivent êtres réunies : les mutationscomplexe du cerveau, et l'intelligence fait partie génétiques, la sélection naturelle des mutations quide ce processus. L'émergence de la conscience apportent un avantage à son propriétaire, et l'isohumaine en cours depuis 2,5 millions d'années lement géographique d'une population permettantn'est peut-être pas terminée. aux caractères de se reproduire rapidement. Si lesL'homme a vu sa taille augmenter sensiblement mutations génétiques sont toujours présentes, lalors des derniers siècles. Cette évolution s'expli sélection naturelle est souvent contrecarrée par lesque plus par une adaptation, grâce à une nourriture avancées techniques et médicales, et l'isolementplus riche, que par une évolution génétique. Elle géographique n'existe plus que pour quelques tribuspeut se poursuivre, mais dans certaines limites. ou populations spécifiques. L'homme est devenu leD'un point de vue mécanique et osseux notre maître de son évolution, car il peut modifier toustaille est limitée par des contraintes de locomo les facteurs de son environnement. Les procréationstion et de structure. Une trop grande taille estcontre-productive et ce caractère n'apporte aucun médicalement assistées et les nouvelles molécuavantage. Une hauteur moyenne de 1,85 mètresemble être le maximum non handicapant. On les pharmaceutiques modifient le processus de lapeut néanmoins penser que sous l'effet de la sélection naturelle. Mais l'homme ne pourra jamaisbipédie, nos membres postérieurs vont devenirplus droits, plus solides. s'affranchir totalement de son milieu naturel. - 154-

âlJ.m .v-œ' ^\"•^tSêSSSL-. *ife .-tJ • >• •*. ,0 f-v v<%^- 4 -\"«j<jppi»,î^s=i»j*Dans 100 millions d'années, la Terre sera une planète étouffante, où l'homme aura disparu. - 155

LE LONG CHEMIN DEUEVOLUTIONLe processus de mutations et de sélection naturelle Un monde sans l'Hommeest toujours fonctionnel, même s'il n'est pas perceptible. Sans que l'on s'en rende compte, certai À quoi ressembleront les animaux qui peuplenes mutations affectent les hommes et améliorent ront la Terre dans plusieurs millions d'années ? Difficile de se prononcer. Mais dans la mesureleur survie, ou lui donnent un véritable avantagepour sa reproduction. où l'évolution est une continuité de structure, deUne étude a permis de mettre en lumière une mutation génétique appelée « delta 32 » qui procure plan d'organisation, les morphologies ne vont pasà son porteur une meilleure résistance au virus changer énormément. On peut imaginer que lesdu VIH, responsable du sida. Cette mutation seretrouve chez 13 % des Européens et est extrê animaux du futur ressembleront à des animauxmement rare en Afrique. Les chercheurs prédisentdonc que la mutation delta 32 va certainement qui ont déjà existé. Ce sont les animaux adaptésdevenir beaucoup plus fréquente dans les popula à leurs milieux et qui trouveront beaucoup detions très infectées par le VIH comme l'Afrique, proies qui se développeront le plus. En outre,particulièrement s'il n'y a pas d'avancée significa la durée de vie d'une espèce est estimée entre 1 et 2 millions d'années. L'homme ne sera pastive dans le traitement du sida. Ainsi des mutations capable de s'adapter à de nouvelles conditions de vie. Tous les changements climatiques globaux,continuent de se produire chez l'homme sans qu'on la disparition des ressources, l'augmentation desne le soupçonne. Mais nous sommes beaucoup populations feront qu'il y aura un krach des poputrop nombreux pour que quelques manipulationsisolées aient un réel impact sur notre évolution. lations humaines.Les mutations génétiques peuvent être diluéessans vraiment se développer. Il y a 2000 ans, la Car comme l'évolution s'est souvent décidée aupopulation mondiale était d'environ 250 millionsd'hommes. Le chiffre de sept milliards d'hommes gré des fluctuations climatiques, les conditions desur Terre au xxi®siècle illustre bien l'augmenta vie vont beaucoup évoluer dans les millions d'antion exponentielle du nombre d'hommes depuisle début de notre ère. Il est presque impossible de nées à venir. Dans 5 millions d'années, la Terreprévoir l'émergence d'une nouvelle espèce dans connaîtra une longue période glaciaire. Les êtresles conditions actuelles. humains auront disparu et l'eau douce du monde sera enfermée dans les glaces énormes qui attein dront Paris, pour l'hémisphère nord, et Buenos Aires, pour l'hémisphère sud. Aux abords de la glace, les animaux se seront adaptés aux hivers froids, à l'instar de félins à grosses fourrures. Dans les tropiques, la forêt aura pratiquement disparu. - 156

remplacée par la savane sèche. Dans 100 millions À RETENIRd'années, après un réchauffement progressif, laglace aura fondu. Les volcans auront craché des • Chez l'homme, le développement du crâne avec ungaz à effet de serre et la Terre se sera muée en une cerveau de plus en plus volumineux va se poursuivre,planète étouffante, torride, humide. L'atmosphère mais dans des proportions très limitées. Sous l'effetsera riche en dioxyde de carbone et en oxy de la bipédie, nos membres postérieurs vont devenirgène. Les animaux devront s'adapter à la chaleur plus droits, plus solides.humide. Les insectes auront connu une crois • Les mutations génétiques sont toujours présentessance énorme et retrouveront les tailles qu'ils chez l'homme, mais elles sont de moins en moins sélecavaient au Carbonifère : des insectes volants, tionnées par l'environnement, grâce aux innovationsparfois de plusieurs mètres d'envergure. Les techniques et médicales. Plusieurs études montrentplus grosses créatures ayant jamais existé sur la que l'homme commue d'évoluer de façon « cachée »,Terre pourraient apparaître. Mais le phénomène et évoluera toujours dans le temps.de réchauffement va s'emballer, avec d'énormeséruptions volcaniques. La plupart de la vie sera 1 La durée de vie d'une espèce est estimée à 1 ouanéantie, laissant un monde stérile et vide. Dans 2 millions d'années. L'homme tel qu'on le connaît200 millions d'années, après l'extinction de aujourd'hui est donc amené à disparaître.masse, quelques formes de vie auront survécu. I Dans 100 millions d'années, l'homme aura disparu etElles auront évolué en créatures très différentes les animaux auront considérablement changé, gagnantde celles que nous connaissons aujourd'hui, vraisemblablement en taille. Les insectes retrouverontdes créatures au-delà de notre imagination. La les tailles qu'ils avaient au Carbonifère : des insecteslente dérive des continents dans le monde entier volants de plusieurs mètres d'envergure.aura finalement amené les masses en un seul • Il est difficilede prévoircomment auront évolué lessuper-continent, la Pangée 2, et la surface du formes de vie dans 200 millions d'années. L'homme nemonde sera recouverte d'un immense océan. peut pas prévoir l'aspect des futurs animaux temestres et aquatiques.Quelle nouvelle vie va évoluer dans cet océan ?L'homme n'a pas la réponse. 157

CONCLUSION Les leçons de l'évolutionLe monde qui nous entoure découle d'un long pour s'alimenter et se reproduire. Les océans,procédé évolutif. L'histoire de la vie sur Terre les continents, puis les airs sont progressivementdébute il y a 4,5 milliards d'années avec la for et durablement colonisés par les êtres vivants.mation de la planète. La vie apparaît lorsque les Pour autant, loin d'être une progression linéaire,conditions permettent de donner naissance à des l'histoire de la vie est à plusieurs reprises boumolécules organiques capables de réplication. La leversée par des crises biologiques majeures quipremière manifestation de la vie est d'abord celle annoncent l'extinction d'un très grand nombred'un monde microbien, apparu il y a environ 3,8 d'espèces. Fort heureusement, elles laissent place à des périodes de renaissance où la vie reprendmilliards d'années. Pendant les trois milliards ses droits et donne naissance à de nouveaux orga nismes toujours plus complexes. L'être humain,d'années qui suivent, le microbe reste le prin comme tous les organismes vivants qu'il côtoiecipal acteur vivant à façonner la Terre, grâce aujourd'hui, est le résultat d'un très long procesnotamment à la photosynthèse des bactéries, sus de sélection naturelle et de lutte pour la survie.qui va progressivement enrichir notre planète en L'explication qui fait consensus pour rendreoxygène, et permettre l'explosion des formes de compte de l'étonnante diversité des formes vivan tes qui se sont succédé, en dérivant les unes desvie. L'association de communautés microbiennes autres, invoque le rôle joué par la sélection natu relle. L'environnement planétaire se modifie enpermet par la suite l'émergence de ces cellules permanence, et induit un réajustement constantà noyau, qui vont se différencier en tissus et en des communautés vivantes aux nouvelles règlesorganes. Ce processus va déboucher sur l'expan de vie. Plusieurs scientifiques ont formulé desion explosive des animaux et des végétaux. Les nombreuses critiques à l'égard du darwinisme.dates d'apparition d'organismes plus élaborés, lespremiers eucaryotes, puis les premiers pluricel- Pourtant, tous considèrent la théorie de la séleclulaires, ne reposent encore sur aucune certitude. tion naturelle comme le noyau de la théorie deDepuis l'ère primaire, il y a 540 millions d'an l'évolution et elle est maintenant admise parnées, toute l'histoire de la biodiversité se résume l'univers scientifique au grand complet malgréà des innovations dictées par la tendance qu'a lavie à explorer et conquérir de nouveaux espaces - 158 -

quelques réticences dans certains milieux reli L'étude de l'évolution en appelle aussi à l'humigieux plus radicaux. Le xx® siècle aura apporté lité chez l'homme. Si nos capacités d'adaptationbeaucoup à ce que Darwin ne pouvait pas encore témoignent de la complexité de notre être biolodécouvrir, les mécanismes internes à chaque gique, nous ne sommes pas le but de l'évolution.organisme vivant, qui permettent l'évolution. L'évolution ne va nulle part, elle est sans but.Les découvertes des gènes, puis de la molécule Ce n'est pas une puissance suprême qui choisitd'ADN, de sa capacité à intégrer des change de manière consciente les espèces qui doivent exister et celles qui doivent disparaître. Il s'agitments dans sa structure et à les transmettre de plutôt de la conséquence d'une série d'événe ments biologiques, qui s'organisent autour dufaçon héréditaire, marquent un tournant. La phénomène de sélection naturelle et de luttevariabilité des génomes a conduit au cours de pour la survie qui affectent tout être vivant, sansl'évolution à l'apparition de nouvelles espèces. exception. L'évolution ne fait que favoriser lesAu fil des générations et chez toutes les espèces, êtres les mieux adaptés à leur milieu. En raisonl'accumulation de mutations et de duplications de ses activités, l'homme fragilise pourtant beaude gènes fait apparaître de nouveaux gènes au coup l'environnement et la biosphère, et seraitsein d'une population. Il faut garder à l'esprit à l'origine de la sixième crise d'extinction desque ces phénomènes ont eu pour se produire un espèces. Notre activité va-t-elle profondémenttemps extrêmement long, sur un très grand nom modifier la vie sur Terre et briser ce processusbre d'individus. La propagation de ces innova évolutif ? L'homme doit garder en mémoire qu'iltions génétiques au cours du temps est la base de n'est qu'une espèce parmi d'autres, et que luil'évolution des espèces. Nul doute que l'étude de aussi sera amené à disparaître. On peut difficil'évolution de ces génomes, qui appelle plusieurs lement prévoir ce qu'il en sera après nous, biendisciplines comme la biologie moléculaire, la qu'on puisse imaginer l'apparition d'espècesgénétique, la génomique et la bio-informatique, ayant une structure biologique de plus en pluspermettra dans un futur proche de répondre à complexe.certaines énigmes évolutives, et de dater l'apparition de certaines espèces, l'homme en tête.- 159-

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EDITIONS!^ 60, rue Vitruve, 75020 Paris Imprimé en France par Mame Imprimeurs © Éditions ES! - Dépôtlégal: mal2011 - Achevéd'imprimer : mai2011 ISBN : 978-2-35355-701-1 - A/® Sofédis : S464957 Tous droits réservés pour tous pays.« Toute représentationou reproduction, intégraleou partielle, faite sans le consentement de l'auteur, ou de ses ayants droit, ou ayants cause, est iilicite »(article L122-4 du code de lapropriétéintellectueile). Cette représentationou reproduction,par quelqueprocédé que ce soit, constitueraitune contrefaçonsanctionnée par l'articleL.335-2du code de lapropriété intellectuelle. Le code de lapropriété intellectuelle n'autorise, aux termes de l'articleL.122-5, queles copies ou les reproductions strictementréservées à l'usage privédu copiste et non destinées à une utilisation collective, d'une part, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration.

Rémi Pin l!L'évolution De Darwin aux dernières découvertes . L'idée d'une évolution des êtres vivants n'a cessé d'interroger l'homme. Le débat est complexe et fait intervenir sciences, philosophie et religion.Depuis les travaux des naturalistes Lamarck et Darwin, les premiers à avoir façonné la conception de l'évolution, les progrès dans notre compréhension de l'histoire de la vie sont considérables. Les scientifiques ont percé certains mécanismes biologiques qui permettent l'évolution du vivant depuis plus de trois milliardsd'années. Notre histoire se mêle à celle des primates, des mammifères, des reptiles, et des premières formes de vie : les bactéries. Une épopée évolutive qui appelle l'homme à redéfinir son rôle et sa place sur la planète. N° Sofédis : S464957 ISBN: 978-2-35355-701-1 7,90 € TTCCouvwlure : © Konradbok - © Lezper- Fofolia.com- Lenivitz Production 9 782353 557011 EDITIONS [Hl LSCMOl-FSCMOl