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Atypeek Mag N°2

Published by Atypeek Mag, 2017-04-06 12:08:18

Description: Magazine collaboratif d'Atypeek (Musique - Mode - Design - Tattoo - Cinéma - Geek - Sub Culture - BD...) www.atypeek.fr

Keywords: Sub Culture,Music,Design,Cinema

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ALBUMS Date de sortie : AL’TARBA ©DR Date de sortie : Date de sortie : 03/03/2017 27/02/2017 31/10/2016 Durée : 00:47:25 Durée : 40 min Durée : 42 min Nationalité : Nationalité : FR Nationalité : FR FR Styles : experimental Styles : Jazz / Noise / Electro /Ambiant EXPERIMENTAL / Styles : CREEP HOP HIP-HOP / ELECTRO RAP MONDKOPF JAZZ ROCK ELECTRONICA They fall but you don’t (In Paradisum) Alfie Ryner AL’TARBA Actif depuis plus de dix ans, Paul Régimbeau a WHAT’S WRONG toujours eu une approche ouverte et quelque peuLA NUIT SE lève (I.O.T. RECORDS / Atypeek MUSIC) mutante de la musique électronique, aimant à se (les productions du vendredi/ Atypeek)Quand au premier plan apparaît un type encapu- renouveler et à essayer sans cesse de nouvelleschonné affublé d’une batte et d’un veston aux choses. Le virage est plus grand que jamais avec Du morceau spoken word sombre et déconcertantcouleurs d’Orange Mécanique… Quand ce même ce cinquième album paru le 27 février, de loin son qui ouvre What’s Wrong s’annonce le ton de l’album.type se dirige vers une ville surmontée d’une meilleur. Exit les influences IDM, techno et electro, Caractérisé comme du “Jazz Trash” par le quartetcréature nanardesque…On est en droit de penser, le compositeur en revient à une forme épurée, Toulousain, c’est une musique schizophrénique quedès la pochette d’album, que le propos ne va pas instinctive et minimale dans son utilisation des délivre Alfie Ryner sur ce quatrième opus, un albummanquer d’animation. À plus forte raison si le titre synthétiseurs. Un ambient noir cosmique quand qui captive et qui hante avec son atmosphère oni-de l’opus est La Nuit se Lève et que l’auteur en est il n’est pas franchement inquiétant et funèbre. rique et déstabilisante de film Neo-noir surréaliste.Al’Tarba. La nuit sera-t-elle aussi agitée qu’un soir Les six pièces sonores ont été composées commede purge dans American Nightmare ? un requiem divisé en cinq actes, puis un finale. Dans la lignée de King Crimson et Mahavishnu Tout a commencé la nuit du 13 novembre 2015, Orchestra, le groupe nous livre un cocktail expéri-Il faudra composer avec une menace aux multiples lors des attentats à Paris. Démuni face à l’horreur, mental de sonorités mêlant modernisme et ambi-visages se déclinant sur des strates de beats hip le musicien se met à improviser cette nuit même ance vintage aux couleurs du rock progressif, dehop-electronica aussi mélodiques qu’inquiétants et pour explorer son ressenti, alors que de nouvelles la musique ambiante, du jazz ou encore du métal.intrigants : Welcome to Fear City, chœurs entêtants de machines stagnaient chez lui depuis des mois. DeRipped Eye, scratchs acharnés de Starship Loopers. cette session est né le premier morceau du disque, Avec ses rythmes saccadés et ses tirades extatiquesLa lumière incertaine qui les baigne se situe entre une lente procession spectrale très mélancolique et exaltants de saxophone, l’aptitude technique dul’éclat éteint d’une lucarne lunaire et un appel vain et très chargée en émotions. Tout le reste a été groupe n’est plus à prouver. Ceci dit attention ; sansau soleil. La nuit résonne de toute son explosion gore composé ainsi, dans l’improvisation nocturne et les pour autant être timide sur ses influences, What’s(Now More Fighting), de toute sa tristesse rongeuse expérimentations avec le matériau électronique, Wrong est un album qui réconcilie le signifié avec(On the Prowl) et de tout son espoir sous-jacent : un peu comme un journal intime, une musique le signifiant du vocabulaire Jazz, s’écartant de toute« La nuit, le ridicule devient audace » sur La Nuit brute conditionnée par la lune et le silence. Les démonstration superflue de virtuosité.se Lève. Al’Tarba ne s’embourbe pas dans un format voix sont fantomatiques et éthérées, les synthéscaricatural grindhouse. Plutôt que de se concentrer souvent glacés et climatiques. Chaque titre tourne La place centrale se voit ici accordée au ton et àsur un spectacle de fureur, Il n’hésite pas à revenir autour de motifs mélodiques lancinants, des boucles la narration, portée par un rythme maîtrisé et uneposément aux racines Soul du rap afin d’explorer le enveloppantes qui évoquent des paysages mentaux. mise en scène cinématique. Dissonances, voixmystère de cette Nuit : She’s Endorphin’s. La Nuit Les rythmes ont totalement disparu pour laisser chuchotées déconcertantes, atmosphères ten-se Lève, album cinématographique par essence, place à ces plages hantées par la mort. Le deuil et dues et rebondissements à contretemps viennentlaisse alors en suspens deux questions fécondes l’immensité, soulignés par l’artwork du disque. Une désorienter l’auditeur immergé dans cet étrangequi correspondent respectivement à un préquel et immersion totale dans les sentiments et la beauté. À univers imprévisible.à une suite à l’opus présent : Comment le jour s’estéteint ? Que se passe-t-il après la nuit ? À suivre sur Iécouter très fort. Les titres respirent au rythme des montées etplatine ou sur écran ! ✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53o4 retombées de tension et maintiennent un ter- rible suspense chez l’auditeur, les crescendos I✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53nZ aboutissant sur des explosions extatiques etAL’Tarba ©DR majestueuses comme sur Some Black ou encore MONDKOPF ©DR I am the Mountain. Vous l’aurez compris, What’s Wrong est un album qui maîtrise son discours et son univers qui prend un malin plaisir à nous alièner sans jamais nous perdre. Majestueux et ténébreux, les 7 titres qui composent What’s Wrong dépeignent avec grande dextérité un univers riche et nous offrent une ex- Iperience aussi captivante que déroutante. ✎ Robin Ono http://urlz.fr/53o9 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 51

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 31/07/2016 07/04/2017 23/09/2016 Durée : 00:19:34 Nationalité : DE Durée : 00:40:23 Nationalité : DE Styles : Nationalité : US Styles : MATH Rock Styles : Electronic / Rap / Trip-Hop Industrial / Giraffe Tongue Orchestra Darkwave Broken lines (Party Smasher Inc) Mank DownThred EP (Atypeek Music) TE/DIS Interrogation Gloom Musicalement, le projet fait plus que tenir la route carMal être diffus, mal aise palpable. A se sentir étrange il procure des frissons. Enfin, à condition d’avoir undans son corps et étranger à son propre être. Au (Galakthorrö) penchant assumé pour le rock alternatif estampillésein de Thred, l’EP de Mank Down, le trip hop est nineties parce que ça se situe plus autour de Themoins une envolée légère au cœur d’un monde Le EP Black Swan (2013) puis le premier album Mars Volta vs Alice In Chains que dans le fracassageaérien qu’une déconnexion post-traumatique, trouée Comatic Drift (2014) avaient fait de ce one-man- The Dillinger Escape Plan, le matraquage Mastodonmagistrale dans un électroencéphalogramme plat. band allemand une valeur montante de la scène ou le métal à l’ancienne de Dethlok. Grains deLe duo vocal clair-grave offre aux curieux de son angst pop, bien dominée par le label Galakthorrö. folie, plans aventureux, chants et mélodies ultramonde malade un bain de basses acides survolées Avec une électronique glacée, fantomatique et prenantes, son aux petits oignons, rythmiques enpar une langueur rocailleuse. Les voix développent granuleuse, Te/Dis - abréviation de Tempted Dis- béton, à tous les niveaux, Giraffe Tongue Orchestradans la lenteur leurs déclamations traînantes. Le sident - s’inscrivait, à l’instar de Herz Jühning ou c’est du costaud. Et le charme opère immédiate-tempo de flow est établi dès le début du morceau Distel, dans un héritage cold wave et industriel ment grâce à la présence monstrueuse de Williamet se stabilise, implacable, jusqu’à la fin, figé dans qui aurait retenu les leçons apprises avec les DuVall, on le savait très bon pour s’être intégré àune glace inquiétante aussi froide que la réalité premiers disques de The Klinik ou d’Echo West AiC, on l’a découvert exceptionnel sur scène, ici,relatée. Les performers masqués, témoins impassibles période Signalisti. Le son reste sensiblement le il nous surprend à faire encore d’autres choses,de faits bruts, mâchent des mots qu’ils brassent, même avec ce second long format : douze titres avec “son” ton et pas celui emprunté à un autre,machines de verbes réduits à une information froids et torturés, où le chant grave typé Ian Curtis le contre chant plus lourd apporté par Brent Hindsd’émetteur à récepteur renforcée par le morse des (Joy Division) ou Patrick Leagas (Sixth Comm/Death sur quelques titres donne encore plus de volumeboîtes à rythme. Seul Circuit voit l’intensité de son in June) domine des atmosphères mystérieuses et à l’ensemble, même la venue de Juliette Lewistempo croître avant de retomber dans sa léthargie plombées. Pourtant, il y a chez Te/Dis une dimen- (“Back to the light”) passe presque inaperçue. Lesinitiale, blues de robot neurasthénique en plein sion mélodique, romantique, qui pourrait rendre zicos se font eux aussi plaisir avec des parties solocourt-circuit mental. Au cœur d’Hovercraft et de le projet accessible à des amateurs de synthpop bien inspirées qui se calent parfaitement dans ceStray Dog, des notes de synthé aussi mal rangées un peu moins sinistre. “Two of a Kind” et “Reen- maelstrom d’idées cohérentes. Le “super groupe”que dérangées débarque à l’improviste avec un tel actment Scenario” en sont de bons exemples et sur le papier l’est donc aussi sur disque (et forcé-sens du timing qu’elles semblent avoir accompa- prouvent la capacité du musicien à écrire des ment sur scène). Perfect.gné le morceau tout du long. Une menace plane, chansons simples, efficaces, matinées de doucelouvoie, son envol est lourdeur et est relayée par mélancolie. Ce n’est pas Depeche Mode, mais il y I I✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53ojdes titres comme Hide and Seek, Look Back Twice a quelque chose de définitivement fédérateur dansdans lesquelles ne reste parfois audibles que la ce genre de morceaux. “Image of a Phantom”, avecdimension percussive. Réussite complète pour Mank ses synthés qui ondulent, révèle aussi une facetteDown qui déroule, avec talent, sa capacité à planter plus dansante et directe qu’à l’habituée. Pour lesur chaque track une série d’ambiances sombres reste, le travail rythmique, bien que porté sur lesaussi mystérieuses que fascinantes. sonorités métalliques/industrielles (“Dead Ember”), est assez personnel et contemporain pour ne pas I✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53od faire tomber Te/Dis dans la nostalgie des sonorités eighties. L’électronique peut passer de résonances52 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 brumeuses à des couinements et interférences analogiques beaucoup plus délirantes, tout en ne s’éloignant jamais vraiment de l’esthétique noir et blanc : “Present life seems grey and cold”, il nous est dit sur le titre “Dissection”. Malgré l’aspect monocorde et un peu détaché du chant, les senti- ments sont mis à nu, dévoilant des états souvent dépressifs : “lowest self-esteem”, “emotional outcast”… L’intimité se révèle, noire et troublante comme une procession de spectres. I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53og Mank Down ©DR Giraffe Tongue Orchestra ©DR

ALBUMS Date de sortie : Justice ©DR Date de sortie : 18/11/2016 01/04/2016 Durée : 00:32:22 Durée : 00:54:13 Nationalité : NO/US Nationalité : FR Styles : Alternative / Styles : ELECTRO Experimental / Justice Avantgarde Woman ( Ed Banger Records - Because Music ) Tapis rouge pour le dernier album de Justice : Woman.Kaada/Patton Il y a une dizaine d’années, le duo électro Gaspard Augé- Xavier de Rosany venait restaurer le parquetBacteria Cult (IPECAC RecORDINGS) usé de nos dance-floor affadis par une avalanche d’autotunes douteux. Loin de s’empâter dans desBien qu’il s’agisse du second album et troisième sortie strates robotiques vaseuses, Justice apportait et apporte toujours ce goût unique de la bringuepour le duo rassemblant le compositeur Norvégien dans sa plus sémillante forme comme le souligne le disco-dance de Safe and Sound chargé de slapsJohn Erik Kaada et Mike Patton, l’annonce de la sortie de basse. Le feu de la fête...mais pas que. L’agitation immodérée...mais pas que. L’album s’écoute ausside Bacteria Cult a su susciter sa part d’interrogations. bien dans un style posé-réfléchi (Pleasure) que dans une attitude clubbing-destroy (Heavy Metal).D’ores et déjà, 12 ans séparent cet effort studio de Son électro est un trésor de superpositions sonores prenantes, assemblage de beats catchy qui matchson prédécesseur, constat auquel s’ajoute la part sans crash. Chaque cellule mélodique appelle à l’admiration dans son autonomie autant que dans sonde mystère qui entoure tout projet implicant le interaction avec les autres. Les liens tissés mettent à jour une véritable culture musicale et un amourchanteur Mike Patton, artiste éclectique et lunatique profond de ce qui unit la diversité des pulsations. Randy : fort de son départ punk électronique, deà la carrière accordant très peu de place à la redite. son couplet rock mécanique et de son refrain pop magnifiquement interprété par Morgan Phalen, ceSuccesseur éloigné de l’excellent Romances, Bacteria super tube a tout d’un futur standard du genre. Les uns diront : « trop poppy ? » Les autres opposerontCult se distingue de ce dernier avec des titres plus un : « trop boomy ? » ou encore un : « trop heavy ? » Les reproches contraires sur le « trop » sontconcentrés et un brin moins excentriques, la marque parfois gage de qualité et la ligne zigzagante qu’ils dessinent n’est autre qu’un chemin élégant parde Patton se faisant plus discrète. Le registre du lequel une musique fait fusionner les tendances. Dans ce cas précis, le classieux « s » se moule surchanteur reste ici principalement focalisée sur son la courbe du J de Justice.ton de fausset qui accompagne l’instrumentation I✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53otorchestrale de Kaada, qui revient en force grace ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 53à la participation de l’orchestre symphonique deStavanger. Plus grandiose et cinématique, l’albumn’est d’ailleurs pas sans rappeler le projet Fantômasde Patton. Bacteria Cult se rapproche d’une bandeoriginale d’un film riche en codes et références hé-téroclites rassemblés en un ensemble cohérent; latrompette et la guitare nasillarde et réverbérante surBlack Albino font écho au Western et Ennio Morricone,tandis que le ton envoûtant et féérique de A Burntout Case ou Dispossession touchent au registre duconte. Ensorcelant et un brin étrange mais soutenudans son excentricité, Bacteria Cult est un albumexpérimental mais accessible et facile d’écoute.Les compositions sont linéaires dans leur structurecomme pour une bande originale mais relativement“standards” en terme de format et durée. Moinsprésent, on pourra reprocher le rôle quelque peu JUSTICE © DRsecondaire de Patton sur certains moments, quise montre par la même occasion moins ambitieuxet créatif dans sa performance. Plus soutenu queson prédecesseur, Bacteria Cult reste très agréableà l’écoute, porté par l’ambition des arrangementset des orchestrations des John Kaada, ces dernierséclipsant quelque peu la performance du chanteurde Faith no More. I✎ Robin Ono http://urlz.fr/53oo

ALBUMS Date de sortie : Nationalité : FR Date de sortie : 31/01/2017 Styles : 2016 Durée : 00:09:11 mathcore / Nationalité : Nationalité : experimental / EN FR hardcore Styles : ambient Styles : Electro / EXPERIMENTAL / The Butcher’s Rodeo Simon Fisher Turner Giraffe IMPROVISATION Backstabbers (AT(h)OME) (Editions Mego) Emboe Si The Butcher’s Rodeo avait montré pas mal deAléa - Part 4 EP (Atypeek Music) talent avec son EP Ghosts in the weirdest place, Simon Fisher Turner travaille le son comme on étale ce premier opus dépasse les espoirs qu’on pouvait le pinceau sur une toile, débusquant l’insondableAlea – part 4 : La fin du voyage, quatrième et dernière placer en eux. Production impeccable (peut-il en pour évoquer le merveilleux, jouant avec les pig-étape du périple d’Emboe. Avec “Time to get Erased”, être autrement avec Francis Caste qui a déjà soi- ments pour offrir des œuvres abstraites à la beauté“Somebody in the Clouds” et “Wicked Lovers”, cela gné celui de Zuul FX, Kickback, Hangman’s Chair, parfois glaçante.fera 12 titres au total, tous différents mais finalement Cowards, Mur, Flying Pooh…), artwork réfléchitous unis par la même volonté créatrice d’explorer jusque dans ses déclinaisons (bravo Alex Diaz du Acteur et compositeur stellaire, ayant composé desdes territoires électroniques dévastés par les mèches, Spaniard Studio déjà à l’œuvre pour The Prestige, musiques de films, dont celle pour Nadja, produitles casquettes et les chemises à carreaux, la vodka Merge, Doyle Airence…) et douze compos en béton. par David Lynch, Simon Fisher Turner est un artistered bull et le poppers, les platformboots, les mecs au parcours bien rempli, commençant sa carrièrequi se font appeler Antho, Mat ou Vince. On embarque avec “Setting sails” et un conseil, dans des groupes comme The Gadget avant de ne monte pas trop le son sur cette intro, elle est rejoindre The The, travaillant aux côtés de DerekEn fait, ce que réalise Emboe a une forme d’utilité toute douce mais la suite risque de te déboîter Jarman. Auteur de plusieurs albums sous les nomspublique. Il s’agit de refaire comprendre aux “gens” les tympans. Chant éraillé, sonorités plombées, de Simon Turner ou The King Of Luxembourg, Simon(mettez qui vous voulez dans le sac) qu’il ne suffit oppression des riffs, gradation dans la tension qui Fisher Turner est dans une recherche constante depas de se pointer en soirée avec une clé usb et une débouche sur un temps bien plus serein, en moins climats viscéraux, bousculés par des torrents deveste Versace portée sur un jean élimé pour être de quatre minutes “Little death” dévoile toute la beauté nuageuse.riche à millions. Je voulais dire quoi déjà ? L’Electro, richesse instrumentale du combo et Vincent enc’est comme tout, comme le Rock, comme le Rap, a encore sous la pédale puisqu’il ne dégaine ses Giraffe est un le résultat d’un travail étalé sur 8 ans,l’ordinateur ne confère aucun talent, mais si Emboe premières véritables mélodies accrocheuses que récoltant et accumulant les field recordings pourmixait en réesoi, j’irai. Parce que peu importe le sup- sur “Conundrum”. “Nelson’s folly” porte, lui, bien en offrir un champ de possibilités aux ramifica-port, le style choisi, ce qui compte c’est l’émotion qu’il son nom, le titre est chaotique au possible, ça bas- tions infinies. Œuvre de sound design se voulant ley a à faire passer. Emboe, lui, il est à l’écoute. Peu tonne dans tous les sens, les boulets et les balles reflet d’une certaine réalité déformée ou amplifiée,importe que ce qu’il a à écrire doive passer par des fusent comme à Trafalgar et ce n’est pas le banc Giraffe parcourt le monde, redessine le visible pourplages de bruits abrutissants, des beats, une guitare de sable sur lequel on finit par s’échouer qui nous en offrir une vision enfouie dans les mémoires etou des claviers : il prend l’instrument adéquat. Et sauvera de la sauvagerie ambiante (“Redemption l’imagination. Hypnotique.c’est à ça que l’on peut reconnaître les vrais artistes, cay”). L’espoir d’un peu de répit vient du navirelorsque le fond l’emporte sur la forme, que toutes les de sa Majesté où, là encore, les riffs tourbillonnent I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53oJfacettes de la personnalité s’homogénéisent dans le jusqu’à notre entrée dans l’œil du cyclone, calmeclimax instrumental. C’est pas clair ? Putain, pour moi plat. La machine à riffs se remet en marche avec Simon Fisher Turner ©DRnon plus. J’aime Emboe pour ses capacités constantes “The legacy” jusqu’à l’étouffement auditif, Thede renouvellement. Butcher’s Rodeo maîtrise totalement son sujet. S’il faut un faible tirant d’eau “In the shallows”, il faut“Wicked Lovers” est tellement beau, il mériterait une être bien accroché, car ça secoue, hardcore, rock,voix de déesse, des cordes vocales bonnet E qui te screamo, math, on est lessivé par les influencesbranlette espagnole les tympans parce que le rythme compactées, “Good fuckin’ luck” pour faire le tri,est langoureux, parce que le tempo est chaloupé, on est de nouveau proche de l’épuisement tant leparce que ce titre est incroyablement cool. morceau est intense. Une plage de repos plus tard (“The devil of the wind”), le final nous assommeCe dernier EP conclut superbement une quadrilogieambitieuse mais qui aura tenu toutes ses promesses. I Idéfinitivement.Impossible de savoir ce que fera Emboe au prochain ✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53oEcoup, je le sens capable de tout. De jouer du Grind,de tenter l’expérience Hip-Hop, de produire unechanteuse Pop, c’est ça qui est génial dans la libertéde ton du bonhomme. I I✎ Arno Vice www.xsilence.net http://urlz.fr/53ow54 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 30/11/2013 2017 04 /11/16 Durée : 00:37:08 Nationalité : US Durée : 27 min Nationalité : FR Styles : Nationalité : US Styles : DRONE / Styles : grunge / EXPERIMENTAL / Garage Rock metal METAL Ty Segall Ty Segall (Drag City) Tad Pore God’s Balls (Deluxe Edition) (Sub Pop) Vous vous souvenez de Manipulator ? Oui, forcé-Dorsale (Atypeek Music/Permis De Construire) ment. C’est ce moment où Ty Segall avait décidé 1987, Seattle, une figure de la scène rock locale bosse de s’approprier une bonne partie des derniers qui, dans son coin, il s’appelle Tad Doyle, il est boucherSi Davy Jones Locker bénéficie encore d’une belle jusque-là, étaient parvenus à résister son charme. et son quintal ne passe pas inaperçu. Il apporteaura dans le milieu Indé, et à juste titre d’ailleurs, ses démos au studio Reciprocal où Jack Endino aje trouve le projet solo de David Valli bien plus C’était alors une synthèse parfaite du talent du enregistré le Screaming life de Soundgarden et lefascinant. bonhomme. Une énergie vorace, un sens affûté de Dry as a bone de Green River. Un single composé la mélodie qui tue et une pointe de sensibilité déjà de deux titres, “Ritual device” et “Daisy”, sort chezDans Pore, tout respire le minimalisme industriel : démontrée dans l’étonnamment apaisé Sleeper. Sub Pop, le label local qui a signé les deux groupesla photo, le nom des titres, de l’album, du groupe, Et puis, après être parvenu à concilier les fans de précités et qui, en ce 1er août 1988, sort égalementla musique, tout est caractéristique d’une époque la première heure tout en séduisant de nouveaux un single de Mudhoney. La mayonnaise prend etoù “Métal Industriel” ne signifiait pas d’adopter un adeptes, Ty avait décidé de tout balancer aux or- ils retournent en studio pour enregistrer un premierlook Cyber Punk ridicule pour plaquer trois accords ties. Sur Emotional Mugger, il faisait plus de bruit album qui sort en mars 1989 : God’s balls. Cet albumsur sa guitare en arborant un visage grimaçant que jamais pour la plus grande joie de certains était devenu une rareté quasi introuvable, commederrière un masque à gaz. vieux fidèles mais au grand dam d’autres (dont je les autres disques Sub Pop, ils sont aujourd’hui suis) déplorant que l’excès d’énergie, la volonté réédités. En bonus sur ce premier album cultissime,Ces trucs-là, c’est le décorum moderne qui cache d’en foutre partout eût nui à l’efficacité de ses on a le fameux single et même une version démotrop souvent de la merde en barre, des mecs qui compos. Un an après, Ty Segall revient, flanqué de “Tuna car”. En plat de résistance, on a donckiffent l’esthétique SM et qui doivent apprécier de de son équipe habituelle (Mootheart, Cronin…), et cette première œuvre de Tad avec ce chant gueulése mettre un doigt dans le cul après une soirée délesté de King Tuff présent sur Emotional Mugger. souvent mal tenu, une batterie sur laquelle ontofu – vodka caramel, parce que c’est samedi et Après cette parenthèse désenchantée, le voilà avec frappe fort, des riffs hachés, un son de distorsionqu’on fait les fous. Ceux-là on n’en parle pas telle- la véritable suite de Manipulator. C’est-à-dire du bien crade, bref, une collection de titres pas sexyment ils font pitié. garage tantôt versant punk tantôt versant folk, pour deux sous, carrément poisseux, ni à du punk. mais toujours délicieusement pop. Donc le Ty récite En 1989, le mot à utiliser est celui qui colle à laDans les 90’s, faire du Métal Indus, cela avait un ses gammes. Mais après l’ouverture classique et peau de Green River : grunge. 15 jours après avoirsens, une esthétique sociale de prolo encagé dans efficace (« Break A Guitar », bien fuzzy comme il édité un split single Tad/Pussy Galore, le 15 juin Subl’urbanité délirante. Et que tu t’appelles Godflesh, faut), le menu se révèle bien copieux. « The Only Pop met sur orbite un autre groupe qui sort aussil’influence la plus évidente de Pore, Treponem Pal, One » et ses grattes indomptées qui n’en font qu’à un premier album : Nirvana qui est allé enregistrerProton Burst ou M. Pheral, il était inconcevable de leurs cordes, l’épique « Warm Hands (Freedom Bleach chez Endino… Et tout ce que tu entends surpratiquer ce style pour la hype. Returned) », véritable morceau de bravoure. 10 ce Bleach est déjà sur God’s balls, certes Tad n’a minutes sous le capot. La punkette « Thank You Mr. pas un “About a girl” pour draguer mais pour leC’était sale, répétitif, hypnotique et je crois qu’en K », la folk « Orange Color Queen » qui sonnerait reste, on en est assez proche. Non, le groupe deFrance c’est bien David Valli qui a porté le concept presque comme du Elliott Smith sur son refrain. La Kurt Cobain n’a rien inventé… Pouvoir facilement sejusqu’à son extrême. très pop « Papers », avec même du piano dedans ! procurer ce premier opus de Tad aujourd’hui permet Le père Segall se transforme même en vieux briscard donc de remonter le temps et de se replonger dansSeul avec sa guitare et des machines, Dorsale s’écoute du blues (« Talkin »)… Il y aura toujours matière à une époque et une ambiance particulière, de revivreaujourd’hui avec le même esprit de déshumani- pinailler, à dire que le Ty est ici parfaitement calé le tournant des années 90 avec ces jeunes groupessation qu’en 1992. Ni le style ni le propos n’ont dans ses souliers faisant exactement ce en quoi il qui ont enterré les années 80 et transformerontvieilli pour qui aime l’épuration maximale (un ou excelle (c’est-à-dire à peu près tout, vous l’aurez bientôt le monde musical sans forcément le vouloir.deux riffs par titres), les mids tempos agressifs et compris). Si on veut faire preuve d’un minimum Cette réédition est un petit miracle. Parce que oui,cette approche musicale tellement représentative d’objectivité, on signalera que son domaine de les beuglements de “Behemoth”, les déchirementsdes années 90. prédilection, reste de faire de sacrés bons albums. inaudibles de “Cyanide bath” ou la pseudo-mélodie de “Hollow man” font partie de l’histoire du Rock.Bien sûr Dorsale est un disque répétitif, dénué de I IEt en voici un de plus.mélodie mais son atmosphère est unique (“Radius”) ✎ JL www.exitmusik.fr http://urlz.fr/53pe I I✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53pWet, au final, lorsque ce style est joué ainsi, je croisque c’est l’un de mes favoris : inexorable, dénué ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 55d’âme, ne visant qu’à exprimer froideur et vide. I I✎ Arno Vice www.xsilence.net http://urlz.fr/53oR



ALBUMS Date de sortie : points communs avec ses deux prédécesseurs et 28/02/2017 pourtant tout l’y ramène. Il y a vraiment une logique Date de sortie : lorsqu’on écoute les trois à la suite. L’électro, sur 20/01/2017 Durée : 00:34:48 Artisan, a tout envahi mais n’a pourtant pas effacé Nationalité : Nationalité : FR le reste. La guitare reste angulaire et on retrouve FR Styles : electronic / bien la syntaxe si particulière du groupe. La voix, Styles : french electro / jusque-là pleine de morgue et un brin déshumanisée INDEPENDANT à certains moments, à poil et presque susurrée à ELECTRO / Indie d’autres, a laissé tomber le mégaphone et avance HEMS ARTISAN (Atypeek Music) désormais sans artifices. Stigmate d’un très prolixe Margaret Catcher monologue intérieur, elle balance ses mots taillésSingularity (Pied De Biche /Tandori / Atypeek) On ne saurait trop dire ce que l’on entend. Post-punk au scalpel sur un ton généralement monocorde et singulier ? Électro balbutiante ? New Wave déviante ? désabusé. Le climat général s’est largement apaiséJ’avais découvert ce duo particulier par le biais de Une forme de blues occidental et urbain ? Un peu mais les morceaux n’en restent pas moins étranges.Güz II, avec qui ils avaient fait tournée commune. tout ça et bien plus sans doute. Peu importe, ce Tour à tour résignés (Tu L’Auras) ou plus écorchésBien épaté par ce duo basse/batterie/vocoder, et que l’on sait, c’est qu’Artisan va nous accompagner (Ma Carte À Puce ou Statique), en permanencesurtout très intrigué par la bague magique de Xa- longtemps. Et donc, il y eut Hems. Passé sous les coincés dans un clair-obscur particulièrementvier qui émettait des sons à l’envi, sans que j’en radars de l’époque - 90s’ balbutiantes, mais admin- chiadé, ils parcourent le bitume sans but préciscomprenne le fonctionnement. Il avait bien tenté istrant une belle claque aux quelques oreilles qui mais avec élégance et dessinent un itinéraire urbainde m’expliquer cette magie autour d’une bière au s’y arrêtèrent. Pochette rose bubble gum, une vis abstrait sous un ciel de traîne lourd et poisseux. LaPetit Bain, mais comme ce n’était pas la première ronéotypée en plein milieu. Plus ou moins ce que balade est sombre, les idées rejoignent le moralje vous avoue n’avoir pas tout saisi. D’un côté c’est provoquait le disque. Noise rock déviant qui payait dans les chaussettes et le propos tranche avecpas plus mal, c’est toujours bien de garder un peu certes le tribut obligatoire à son époque mais n’en une musique pour le moins sèche et introvertie.de mystère, comme quand on voit Yasuko Onuki de restait pas moins ultra-personnel. Ça s’appelait Certes, Hems a lissé ses échardes et abandonnéMelt Banana agiter son espèce de dictée magique Idreamtiwasmyowncage et ça s’insinuait dans ses banderilles soniques mais les morceaux, ainsiminiature lors des concerts. Après un premier Ep en l’encéphale à grands coups de tournevis tête plate. mis à nu, résonnent encore d’une trouble et morne2012 (“2 guys 1 CPU”, en référence à ce que vous Plus tard vint Lourd Comme L’Air et déjà, le groupe vibration étonnamment palpitante. La basse s’en vasavez) deux autres en 2015, voilà donc Singularity, était ailleurs. L’électro, déjà présente, s’insérait plus souvent explorer les tréfonds, à l’image des ondesle tant attendu premier album de Margaret Catcher. avant dans l’équation et apportait son souffle malsain. moribondes habillant le très ténu Comme Tombé DuLe ton est donné dès le premier titre, on est comme L’air encore plus irrespirable, oppressant alors même Ciel par exemple, l’ossature synthétique semble ladans un croisement improbable, quelque part entre que les compositions desserraient leurs mailles. plupart du temps à l’agonie mais refuse pourtantune B.O. fantasmée de 2001 l’odyssée de l’espace, La même couleur uniforme en arrière-plan, le rose de capituler et tatapoume/tintinnabule à qui mieuxmais dans l’esprit du Batman de 1966. On visualise cédait devant le gris accablé, la même iconographie mieux (Écarte-Toi en ouverture, La Nuit Noire plusbien une filature peu discrète en batmobile “Emer- ronéotypée si ce n’est que le dessin bleu laissait loin ou encore Ma Carte À Puce), la guitare recouvregency”, une rencontre avec des robots dansant le ici sa place à quelques lettres noires. Mais c’était l’ensemble de sa belle élégance. Elle ne s’énervesmurf sur “New Transe” ou une scène de bagarre cohérent et ce fut la fin. Ça aussi, c’était cohérent. jamais mais construit un réseau sec et hypnotiqueen collants sur “Zouki Zouki”. Avec ses sonorités La trajectoire était bien celle d’une implosion et dans dont il est bien difficile de s’extirper. C’est tout à laparfois proche des jeux vidéos (le bien nommé “Alex une sorte de Big Bang à l’envers, Hems avait fini fois très cérébral et complètement spontané, HemsQuid”), ils se jouent des conventions et assimilent par se recroqueviller en lui-même. Fin de l’histoire, taille à la serpe dans l’écorché et pose ses tripesd’une certaine manière le math rock, le punk & un deux témoignages sonores qui réintègrent encore la sur la table jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’unsecond degré évident, qu’on pourrait ranger dans la platine aujourd’hui et le petit culte personnel tenace squelette dont la force demeure pourtant intacte.case fun-punk tant leur musique peut faire vriller le qui leur est associé. On ne savait pas grand-chosecerveau le plus terre à terre, pour peu qu’il se prête du groupe. Tout au plus qu’il venait de Thionville et Cette fois-ci, c’est le noir qui habille l’arrière-plan.au jeu. Un dernier interlude et ils nous proposent qu’il comptait quatre membres : Alexandre Becker, Une croix rouge s’en détache en même temps queune revisite de “TER”, beaucoup moins énervé que la Pierre Kremer, Vincent Ramseyer et Manuel Tichy. les capitales d’imprimerie. Les pensées sombres et lepremière version disponible sur l’EP du même nom, C’est peut-être bien pour ça qu’on ne savait pas non sang, mis en exergue par une architecture chiche quimais pas moins intéressante. C’est pas simple pour plus que Lourd Comme L’Air eut une suite. Enfin, pour suggère beaucoup. Ainsi, après Lourd Comme L’Air,un groupe tellement visuel de transposer cette folie tout dire, personne ne l’a su et l’histoire d’Artisan Hems était loin d’avoir tout dit et quels que soient sesdouce sur disque. Sur Singularity, on a l’impression est un brin rocambolesque. L’album fut perdu puis habits, il restait également pertinent. On ne sauraitqu’ils le font sans vraiment se poser de questions, retrouvé bien après dans les archives du studio trop remercier Atypeek Music d’avoir exhumé cetteon sent bien les titres créés sur scène mais ils pas- où il avait vu le jour, produit par Yves Baudhuin perle bien noire qui, un paquet d’années plus tard,sent haut la main le passage sur disque, une belle (aka Duke, des industriels belges Noise Gate) qui garde la même pertinence. Très actuel, Artisan s’enoccasion de découvrir ce duo de rock augmenté, y tient d’ailleurs la basse à l’occasion puisqu’à va rejoindre sans discussion possible ses deux aînéshistoire de vous donner envie de les voir en live, et cette époque, Alexandre Becker est déjà ailleurs. sur lesquels le temps ne semble avoir aucune prise.de découvrir les secrets de cette bague magique... La mue s’est poursuivie. Artisan n’a que peu de I IMagnifique. I I✎ X Lok www.xsilence.net http://urlz.fr/53q1 ✎ Leoluce www.indierockmag.com http://urlz.fr/53q4 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 57

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 19/08/2016 06/05/2015 14/10/2016 Durée : 33 min Durée : 33 min Nationalité : NO Nationalité : CA Nationalité : FR Styles : Noise Rock Styles : new rave Styles : RAP / breabeat dubstep / electronic MoE electro Examination of the Eye of a Horse Experimental grime (Conrad Sound) Vitalic Voyager (Universal Music) Loan In Space Time (I.O.T. Records) On sait qu’ils sont Norvégiens, qu’ils sont trois etC’est le synthé buchla qui lance les festivités du qu’ils ne sont pas là pour enfiler des perles. MoE, lenouvel album de Vitalic aka Pascal Arbez-Nicolas. Peu sont les filles à donner dans l’electro hip hop nom du groupe est en fait le nom de la chanteuse« El viaje » c’est une belle introduction que nous qui décoiffe, à l’image de Loan, véritable trublion / bassiste Guro Skumsnes Moe, une véritable pos-offre l’artiste façon générique de série des années de la scène électronique hexagonale. Avec son sédée, démente, envoûtante. Entre rock et metal70. Pas de doute la suite nous intrigue. Aux multi- nouvel opus In Space Time, elle nous convie à une avant-gardiste à tendance noise et expérimental,ples surnoms ; Dima, Hustler Pornstar, Vital Ferox, danse de Saint Guy virevoltante, où les rythmiques ces Osloïtes pourraient être vos pires voisins, dul’artiste dijonais est connu pour nous avoir fait secouent l’échine enrobée de basses percutantes. genre de ceux qui déplacent les meubles à troistranspirer sur « Stamina », « Still » mais surtout Passionnée de danse (voir la vidéo ci-dessous), heures du matin.« You Prefer Cocaine » de son premier EP Poney. Loan puise dans les courants dubstep et grime pourEn guise de petite anecdote, ce nom d’EP n’est élaborer un missile dancefloor cannibal, poussé par Il ne faut pas être cardiaque pour écouter Examina-pas anodin puisqu’il traite de la maltraitance des un carburant stimulant qui donne la furieuse envie tion of the Eye of a Horse, quatrième album de ceponeys dans les fêtes foraines. Ouais plutôt origi- de bouger du cul. Sombre et électronique, In Space power trio scandinave. C’est âpre, strident, velu,nal… Place à ce nouvel opus à la pochette rétro- Time arrache les terminaisons nerveuses pour les malsain, hargneux et décapant. Avec seulement sixfuturiste clairement inspiré des années disco. On torsader autour de lignes synthétiques aiguisées morceaux pour trente-quatre minutes de musique,y retrouve de multiples guests comme Miss Kittin, comme des scalpels, plongeant l’auditeur dans un MoE atteint l’objectif de mettre K.O son auditeurDavid Shaw, Mark Kerr et bien d’autres. Voyager espace-temps résolument tourné vers le futur. À dès la première écoute. Parfois lent, sombre etest tout aussi efficace qu’une boîte de vitamine, écouter de plus près, on discernera certaines so- angoissant à la Jesus Lizard comme sur « Realmmais beaucoup plus naturel. C’est l’heure de danser norités et percussions héritées de voyages tribaux of Refuge », tantôt rapide et apocalyptique à laen apesanteur, de rêver en regardant les galaxies sur des terres ethniques oubliées. Aux côtés du Napalm Death comme sur « Paris », MoE racle leperdues dans l’immensité du cosmos, avec « Hans saxophoniste Guillaume Perret sur Deep Journey, fond des tympans en maîtrisant son chaos sonore.Is Driving » en fond. Après deux ans de boulot, elle envoie le jazz en orbite. Pour ne pas être enl’artiste compose 10 titres quasi excellents. Disco reste, Loan s’est entourée d’une armada de MC’s Très bien ficelées, les compositions sont la résu-cosmique futuriste certes, mais on ne peut pas nier prestigieux, Antipop Consortium, Juice Aleem, Bang ltante d’une véritable écriture mais aussi d’unequ’il frappe toujours aussi fort. « Eternity » en est On !, The Spaceape (disparu malheureusement il y savante recherche stylistique et phonique. Lesun bel exemple, les premières sonorités peuvent a quelques mois), histoire de peaufiner un album saturations sont étudiées pour siffler, saigner etnous faire penser à « Cold Song » de Klaus Nomi. percutant, que l’on aurait imaginé sortir chez Big les expérimentations sur la voix ou sur les bruit-Les hautbois et les clarinettes nous plongent dans Dada. In Space Time embrase tout sur son passage ages et autres larsens apportent à l’ensembleune légère mélancolie, un univers féerique, mais à avec sa production acérée, multipliant les pistes une dose d’hyperagressivité décadente. Tout cela,3’13, quand on a l’impression que la chanson est et les carrefours, tout en gardant précieusement baigné dans une superbe production massive etterminée, c’est le moment de la décharge… suivie en tête la cime à atteindre, affolant les compteurs stridente dirigée par le guitariste Håvard Skaset,de « Nozomi », inspiré grandement de Jean-Michel avec ses beats tentaculaires et ses plages instru- Examination of the Eye of a Horse se pose commeJarre, ce titre ne nous laissera pas de marbre en mentales aux lisières du breakbeat et de l’abstrakt un album extrêmement intense.live, les détenteurs de pacemakers pourront sûre- déstructuré. VITAL !ment survivre. Tout comme avec « Lightspeed », un MoE est une énième découverte renversante.nouveau « Stamina » qui enflamme le dancefloor… I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53q8 Elle chamboule par bien des aspects les notionsPlus apeurant, la voix robotique de Tristan Stans- d’harmonie et de mélodie et assène de grandsburry nous répète en boucle « Sweet cigarette », LOAN ©DR coups de marteau dans le crâne tout en activantcomme si cet oxymore faisait de la nicotine une les cellules nerveuses de l’auditeur. Sur la longueur,douce sucrerie. Enfin on clôture l’ensemble avec l’expérience peut s’avérer compliquée, renversanteune reprise féminine de « Don’t Leave Me Now » voire repoussante, mais après cela, au final, plusavec Brenna MacQuarrie, une manière d’apaiser rien ne sera comme avant.notre esprit après l’avoir enflammé. I I✎ Aleksandr Lézy http://urlz.fr/53qt http://urlz.fr/53qn I I✎ A.B www.exitmusik.fr http://urlz.fr/53q658 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

MIKKI BLANCO ©DR Date de sortie : Date de sortie : 16/09/2016 25/11/2016 Durée : 37 min Durée : 00:34:03 Nationalité : US Nationalité : WORLD Styles : Jazz / NOISE Styles : QUEER / RAP NO WAVE / RAP EXPÉRIMENTAL EXPéRIMENTAL Mykki Blanco Anarchist Republic of Bzzz Mykki (!K7) United Diktaturs of Europe Il est certainement l’un des rappeurs les plus ex- (Bzzz Records / ATYPEEK MUSIC) centriques de sa génération et ne cesse de nous surprendre au fil de ses sorties. Issu de la scène Anarchist Republic of Bzzz, c’est tout un programme ! queer et militant auprès du mouvement LGBT, Michael Confronter les idées, les genres, les principes fon- David Quattlebaum aka Mykki Blanco délivre avec damentaux qui régissent généralement les styles. son premier véritable album, sobrement intitulé Avec ce collectif regroupant personnalités d’horizons Mykki, un opus gorgé d’hymnes à la tolérance, divers, le voyage risque d’être mouvementé et riche emprunt de combat envers la discrimination raciale en émotions. Deux figures emblématiques du jazz et sexuelle. De loin son album le plus accessible, sont à l’honneur : Archie Shepp, l’un des pionniers du Mykki Blanco semble avoir trouvé le juste équilibre free-jazz aux saxophones, et Arto Lindsay, éminent pour apposer définitivement son nom comme un guitariste, initiateur de la no wave avec DNA entre des artistes incontournables de la scène hip-hop. autres. Dans la catégorie rock et associée, Luc Ex de Tout en finesse et en subtilité, l’artiste qui déclarait The Ex à la basse et Timba Harris de Secret Chiefs 3 et l’année dernière vouloir arrêter la musique après Estradapshere au violon. Dans la catégorie hip-hop, avoir annoncé sa séropositivité, revient plus fort que c’est aussi un festival avec les présences étonnantes jamais, avec des titres taillés sur mesure, véritables de Mike Ladd poète adepte du « spoken word », écrins de velour pour sa voix à la fragilité engagée, Juice Aleem, le « freestyler » anglais plus prolifique où se côtoient cordes et beauté suspendue, bass en invité qu’en son nom propre et Rojda Senses, music et hip-hop tribal à l’image des démoniaques une chanteuse orientale turque. Sans compter les My Nene ou For The Counts. Entouré de producteurs joueurs de darbouka, de kanun et de saz électrique tels que Woodkid ou Jeremiah Mecee, Mykki Blanco et l’improvisateur français ErikM aux platines. Tout n’est pourtant pas rentré dans le rang, continu- ce beau monde est réuni sous la houlette de Seb ant de délivrer des tracks à la radicalité furieuse, el Zin, guitariste multi-instrumentiste français du agrémentés de virages plus pop, ouvrant ainsi sa groupe psychédélico-futuriste Ithak. musique au plus grand nombre, sans perdre son âme. Un album à l’éclectisme virevoltant et aux Des formations ou artistes hip-hop comme Jedi Mind textes percutants. Jouissif. Tricks ou Jeru the Damaja ont tenté le métissage des sons abstraits. Des formations plutôt rock comme I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53tH Beastie Boys ou même Rage Against the Machine y ont mélangé le rap et les guitares électriques. Ici, Mykki Blanco © DR c’est une orgie de mélanges, une grosse marmite expérimentale où tout s’intègre et se percute à la fois dans un chaos hyper organisé. « United Diktaturs of Europe » est un album hallucinant et subversif superbement produit qui réussit à réunir les contraires, les opposés, les faire cohabiter de manière totalement jubilatoire et transgressive. En une bonne demi-heure, Anarchist Republic of Bzzz renverse les codes établis et fait s’effondrer les barrières culturelles et musicales dans un capharnaüm prodigieusement dantesque. I I✎ Aleksandr Lézy http://urlz.fr/53qt http://urlz.fr/53tJ ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 59

ALBUMS M.I.A. ©DR Date de sortie : 09/09/2016 Date de sortie : 15/10/2016 Durée : 00:54:22 Nationalité : UK Durée : 28 min Nationalité : FR Styles : Styles : DRONE / electro EXPERIMENTAL M.I.A. AIM (Interscope) GABRIEL HIBERTABDUCTé (Atypeek Music/Tandori Records/Permafrost/ Princesse, boxeuse, princesse en gant de boxe, boxeuse au port royal. M.I.A. frappe et refuse laWho’s brain Records/Econore/Cheap Satanism Records/ révérence, seule sa voix salue, son débit déboîteKdB Records) et sa gouaille dégoise. Pour un poids plume qui envoie du plomb, pas de titres d’album plus ap-Abducté est le troisième album de Gabriel Hibert – un propriés que AIM, « cible ». Un mile qui n’en finitpetit gars de Toulouse – après Peindre Et Ne Rien plus de s’élargir, passant de l’ouverture discrèteFoutre en 2014 et Désenvoûtement en 2014 mais il au cratère massif. Il faut dire que M.I.A. enchaînes’agit surtout de son premier disque à bénéficier 17 morceaux, soit 17 façons de déchirer le cœur ded’une sortie véritable, avec un tirage conséquent et cible. Un album dense mais cohérent. Il s’ancre àen vinyle, s’il vous plaît. La musique de ce garçon la fois dans l’actualité et son histoire personnelle,a toujours été passionnante mais avec Abducté il celle d’une des figures de la Nu Rave, égalementa assurément franchi le cap d’un enregistrement fille de militant politique. La trajectoire complexeréussi : Gabriel Hibert reste un musicien à découvrir des migrants constitue un fil rouge tressé de luttes,absolument en concert, il y est tout seul sur scène de survies et d’espoirs décrits dans Borders, Foreignavec sa batterie, ses dispositifs sonores et sa voix Friend, Visa et Ali Ru Ok ? Le premier morceau citéor, oui j’insiste, ce troisième album est aussi celui fait écho aux aptitudes d’artistes visuelles de MIAqui se laisse écouter avec le plus de plaisir à la à travers son magnifique clip montrant un bateaumaison, allongé par terre sur un vieux tapis rouge, dont chaque être humain est une pièce. Les deuxles bras en croix (abduction ?) et la tête remplie de derniers se caractérisent eux par des inclusionsdéfilements d’images fugaces et cependant per- de musiques du monde mettant en avant unesistantes. Ni math-rock ni post-rock mais résolument maîtrise fine du séquenceur. M.I.A. traite du com-cinématographique, la musique enregistrée pour bat en général et en profite pour tacler les hatersAbducté joue la carte de la concision bien remplie : sur Finally : « I’m someone’s shot of whiskey. Notpas d’introductions qui s’étalent, pas de finaux everyone’s tea ». Certaines tracks comme les deuxqui atterrissent nulle part, pas de rembourrages au versions de Bird Song et Swords méritent d’êtremilieu et pas de parlottes pour ne rien dire mais particulièrement saluées pour leurs intros origina-un foisonnement d’idées qui virevoltent autour de les menées avec le même brio que les bruits dela batterie, pilier central mais tordu d’un dispositif revolver sur son vieux tube Paper Planes. AIM, s’ilunipersonnel qui ne saurait pas fonctionner autre- est peut-être l’ultime album de M.I.A., sera unement. Pas sûr effectivement que les compositions sortie de scène aux allures de victoire sur le ring…d’Abducté tourneraient aussi bien si elles étaientinterprétées par un « vrai » groupe, disons un groupe Ice qui n’empêche pas d’espérer un autre round.de trois personnes. Ce que je veux dire c’est que ✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53tNGabriel Hibert possède cette force de savoir quandil y a des trous à remplir et surtout de savoir com- M.I.A. ©DRment il peut le faire, tout seul ; j’extrapole sûrementen soupçonnant également que s’il ne trouve pascomment procéder d’une façon qui lui conviennetotalement, il en vient à abandonner son idée debase – une absence de prétention non feinte quipeut expliquer le caractère si intense de sa musique.De tous les one man band qui fleurissent depuisces dernières années, Gabriel Hibert est ainsi l’undes plus intéressants, peut-être bien parce qu’il abeaucoup compris de l’importance des rêves. I✎ Hazam http://urlz.fr/53tK60 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 26/12/2016 06/11/2015 27 /01/2017 Durée : 00:51:36 Durée : 00:31:28 Durée : 00:42:11 Nationalité : US Nationalité : FR Nationalité : FR Styles : ROCK / GARAGE Styles : Electro Styles : RAP Run The Jewels RTJ3 (Self Released) Run The Jewels. ©DR LES SOUCOUPES VIOLENTES Le Peuple De L’herbe LES SOUCOUPES VIOLENTES ©DRDans Ta Bouche... (Nineteen Something Rds)El-P et Killer Mike alias Run The Jewels sont de re- Réédition du premier album (la tablette de choco- Stay Tuned (Boneplak/Verycords)tour plus tôt que prévu, avec un troisième album, lat…) du groupe parisien 80’s récemment reformé.RTJ3, offert gratuitement via leur site, en guise de Avec en bonus le premier EP de 84 et le morceau On a d’abord tous pensé que les membres ducadeau de Noël. “Rester Au Lit” extrait d’un single issu des mêmes Peuple De L’herbe étaient des fumeurs de joints sessions que l’album. Le tout est accompagné d’un invétérés. Erreur ! Le Peuple De L’herbe ce sont deUne nouvelle fois, le duo nous offre un concentré livret qui retrace la saga d’un des meilleurs groupes gros alcooliques.de rap rentre dedans à la production aiguisée et garage du pays. (nineteensomething.bigcartel.com)aux beats fats qui donnent la furieuse envie de Des alcooliques qui ont su faire évoluer les moyensbouger du cul, la tête pleine de slogans engagés et I I✎ Dig It! Fanzine http://urlz.fr/52xH http://urlz.fr/53tQ de se/nous torcher la gueule. Alors qu’à leurs débutsde prises de position politiques. ils ne lésinaient pas sur les doses et les mélanges, Date de sortie : les voilà désormais plus mesurés. Tout en sachantEntouré d’une flopée d’invités prestigieux tels que 21 /10/2016 apprécier les bons crus forts en bouche (JC001Danny Brown, BOOTS, Trina, Joi, Tunde Adebimpe, qu’ils ont toujours affectionné, Marc Nammour deKamasi Washington, Run The Jewels s’en donne à Nationalité : FR La Canaille et Oddatee), Le Peuple semble assagi,coeur joie, affolant les compteurs de leurs flows Styles : préférant un bon alcool fort à déguster plutôt qu’untour à tour virevoltants comme le vent ou joueur mélange qui pourrait se révéler indigeste (même siet navigateur, où rondeur des titres et puissance garage-punk à l’époque ils étaient ô combien savoureux !). Avecse donnent la main pour donner naissance à une l’âge on encaisse moins facilement.flopée de tracks aux senteurs de futurs classiques VAGINA TOWNà l’image des entêtants Down ou 2100 entre autres. 11 LOVE SONGS (Kythibong Rds) Aujourd’hui Le Peuple apprécie se faire un bon On les avait découverts chez Kizmiaz Rds, voici les rock’n rhum tranquille, surtout quand les amisElegant et rugueux, moderniste et classique, RTJ3 Nantais désormais chez Kythibong pour un album sont de la partie, même s’ils sont un peu sur lesest la passerelle idéale entre plusieurs courants psyché garage “moderne”, original et chiadé, avec nerfs et revendicatifs (« Abuse »). Ça fait aussi duhip-hop, alliant puissance fédératrice et groove claviers, mêlant garage teigneux, ballades vicieuses, bien de vider son sac.entraînant, titres addictifs taillés dans une roche chœurs féminins, ambiances frénétiques ou plusdure et précieuse qui devraient prendre toute leur tempérées, black groove early 70’s avec saxo (par le Alors évidemment quand on se remémore un soirampleur sur scène. Imparable. one-man-band Tom Bodlin), country brinquebalante comme ce maudit vendredi 13, impossible de ne à la Violent Femmes, clins d’œil furtifs (à “These pas avoir l’alcool triste. Mais même l’esprit un peu I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53tP Boots…” par exemple), passant sans manières d’une embrumé, les mots de Marc Nammour sont justes. atmosphère acoustique à un déluge électrique qui Triste mais beau et touchant (« V13 »). Et c’est vrille les nerfs en trois minutes chrono. Un trip aussi beau d’écouter JC001 embrasser la cause de réfugiés trop souvent vilipendés (« Refugees »). I Icomplet. Bien joué. L’alcool libère la parole dit-on, là c’est juste le ✎ Dig It! Fanzine http://urlz.fr/52xH http://urlz.fr/53tR cœur qui parle. Mais la soirée est longue et si Le Peuple a mis un peu d’eau dans son vin, il sait varier les plaisirs, calmant le jeu avec un soft bien senti (« Lucy Fire ») avant de se faire un petit shot pour faire monter la pression et partir en soirée rock’n rhum (« Only A Few »). Dès lors, les bonshommes ont l’enthousiasme si communicatif qu’il devient inconcevable de ne pas se déhancher à leurs côtés (« Who’s Got It »). Finalement, même sans l’exubérance de sa jeunesse, le souvenir ne sera peut-être pas indélébile comme à l’époque mais c’est toujours aussi bon de passer une soirée en compagnie du Peuple De L’herbe à s’enfiler quelques canons. I I✎ JL www.exitmusik.fr https://youtu.be/AzCJNXO10gY ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 61

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ALBUMS inaugural, on le regrette un peu au départ mais Date de sortie : on se rend vite compte qu’il conserve finalement 21/10/2016 Date de sortie : la même ossature délitée, chamanique et qu’il est 22/10/2016 toujours capable d’emmener loin et haut. Pour le Durée : 00:49:00 reste, c’est du disloqué à tous les étages. Depuis Nationalité : US Durée : 01:01:32 l’entame plombée d’un Réplique aussi charpenté Styles : Metal Nationalité : FR qu’expéditif jusqu’à No Other Grave Than The Sea - qui Styles : Post-Rock / suspend sa course subitement, pile avant d’atteindre KoRn The serenity of suffering rock acid / noise le mur contre lequel il s’était lancé - en passant psychedelic punk / par les plus pesants Bear Rider ou Mevlana, c’est (Roadrunner Records ) un festival de trajectoires azimutées, désorientées STONER comme le vol d’un bourdon sous un verre. L’apex KoRn vient donc de sortir l’album qu’on attend- des morceaux suit des méandres qu’il est bien le ait qu’il sorte en 2016 ! Avec toute la modernité Noyades Go Fast seul à percevoir, donne parfois l’impression de ne technique et la richesse des arrangements pas savoir où aller tout en étant déterminé à y qu’on espère d’un groupe culte et une forme(ATYPEEK MUSIC, S.K. Records, Kandala Records, Rejuvenation, aller tout de même, fonce droit devant, se ravise, d’honnêteté dans des titres directs, rageurs, aus-WV Sorcerer Productions, Jungle Khôl et Degelite) change d’azimut, rétrograde, s’arrête, reprend, se si entraînants que percutants, des titres qu’on divise en mille morceaux puis se reconstitue. Go ne peut qu’apprécier, du premier au dernier.Chaotiques, fuselés mais renfermant aussi de belles Fast peut-être mais sans oublier de parfois ralentir The serenity of suffering, poursuit le même cheminaccalmies, les sept instrumentaux de Go Fast se sa course histoire de laisser un instrument prendre que The paradigm shift mais en s’enfonçant da-déplacent en eau vive. les devants et occuper le spectre quand habituel- vantage dans la nostalgie des années 90’ avec lement il s’en dispute avec les deux autres toute quelques énormes clins d’œil à la marque deOn était instantanément tombé sous le charme de la hauteur. En effet, la plupart du temps, basse, fabrique “KoRn”, comme ce passage de “Rotting inl’éponyme de Noyades l’année dernière. Trois titres guitare et batterie sont agrafées les unes aux autres vain” qui reprend “Twist”. Autre fantôme ressurgiau grain crade et à la trajectoire majoritairement et c’est bien de là que provient une grande partie du passé, la peluche mal en point traînée par lerectiligne, jusqu’au-boutistes dans leur dynamique de la densité de l’ensemble. Et puis, loin d’être gamin de la pochette, c’est bien entendu celle quiet sidérants quant à l’amoncellement de notes sur un long fleuve tranquille, on trouve aussi dans la apparaissait dans Issues…lequel ils étaient bâtis. Une densité bruitiste qui musique de Noyades nombre de chausse-trappes,rappelait le côté forcené d’un Psychic Paramount bifurcations inopinées et développements inattendus Enregistré avec un maître du clair/obscur, à savoirou d’un Aluk Todolo (et donc aussi un peu Laddio qui battent en brèche son aspect de prime abord Nick Raskulinecz (dont le CV enquille un paquet deBolocko) couplé à une grosse vibration psychédélique trop monolithique. Tout cela se montre parfaitement jolis noms depuis 15 ans comme My Ruin, Velvet(non pas qu’elle soit absente des groupes précités bien construit et joliment exécuté mais il faut dire Revolver, Alice in Chains, Danko Jones, Deftones,mais elle était plus centrale chez Noyades) que aussi que ces trois-là n’en sont pas à leur coup Foo Fighters, Mastodon, Stone Sour…), les Californ-l’on retrouve plutôt chez quelques Japonais (Acid d’essai et ont déjà traîné leurs guêtres au sein de iens en ont profité pour alourdir la basse tout enMothers Temple, Mainliner, ce genre) et quelques « chapelles techniquement inconciliables » (pêle- gardant d’autres sonorités très limpides et quelquesAnglais (Earthling Society). Go Fast aujourd’hui mêle MurMur(s), Lady Fitness, Torgnole pour Cyril éléments électro qui se fondent assez bien danssuit exactement le même chemin. Du premier au Meysson, The Socks pour Jessy Ensenat, Sathönay l’ensemble, en tout cas, beaucoup mieux que dansdernier titre (dont trois étaient déjà présents sur pour Vincent Cuny, liste bien sûr non exhaus- un passé récent. Il s’agit ici plus d’un habillagela précédente cassette sous des formes légèrement tive) qu’ils ont pourtant réussi à techniquement subtil épisodique (“Insane”, “Next in line”) quedifférentes), la machine ne s’arrête jamais et ne concilier. Amalgame de noise-rock, de punk, de de lourds sabots comme sur les tubes d’il y aconnait pas de ratés. Droit devant certes mais metal, de drone et j’en passe arrosée de grandes quelques années.pas tout à fait droit quand même. Le maelstrom rasades de psychédélisme et de transe, la mixturede riffs se tord et se distord, la batterie tabasse concoctée par le trio provoque effectivement le Revenu à chant guttural aux hurlements qui ont faitet les ondes de la basse explosent autant qu’elles même effet que ce que promet son nom. Manque sa renommée, Jonathan Davis se lâche égalementaccompagnent. Il en résulte des morceaux une d’air, apnée, asphyxie, remontée à la surface de sur les lignes mélodiques, variant énormément sonnouvelle fois extrêmement denses qui ricochent temps à autre pour inspirer à grandes goulées et chant (jusqu’à rendre anecdotique la présence dedans la boîte crânienne, désolidarisent le temporal de toute façon, quoi qu’il arrive, des papillons Corey Slipknot Taylor sur “A different world”), tousde l’occipital, l’occipital du pariétal et poussent devant les yeux, sous la peau et dans les tripes. les registres gagnent en puissance tant il excelle dansles yeux hors de leur orbite. Autant dire que l’on Finalement, nul n’était besoin d’écrire tout ça. l’exercice. Tu ajoutes un bon paquet de riffs incisifsressent quelque chose, l’ensemble pourrait même Noyades, Go Fast, quelque chose comme des arcs et une batterie qui a retrouvé de la spontanéité etse montrer légèrement épuisant si le trio ne mé- cinétiques multicolores se détachant d’un fond sa force de frappe et le cocktail est parfait.nageait pas quelques enclaves purement solaires noir cosmique ornant la belle pochette (signée Syn-où les riffs maousses se diluent (sans disparaître ckop) : quoi de mieux pour résumer un tel disque ? I I✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53tXle moins du monde) dans l’espace intersidéral. Les Brillant.accents cosmiques et perchés des Lyonnais n’ont ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 63pas disparu avec ce premier long format. Certes, le I I✎ Leoluce www.indierockmag.com http://urlz.fr/53tVgros-grain s’est un peu évaporé au profit d’un sonplus fuselé mais pas les digressions psycho-patraquesqui habitent des morceaux comme Machhapuch-hare, Sidi Abderrahman ou Reflects. Ce dernier ad’ailleurs gagné en muscles depuis l’éponyme

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 03/03/2017 6/05/2016 05/11/2016 Nationalité : FR Nationalité : US Durée : 38 min Styles : noise rock / Nationalité : uk grunge / Indie rock Styles : Styles : Noise Electronique / Prog Noise ROCK Math-Jazz-CoreSPANKED EP Honey LOVE IS HARD (Wharf Cat Rds) BarberosFlanqué de cordes lacérées et de fûts maltraités, Trio de Brooklyn portant un nom trop anodin pour S/T (Offset Records // A Tant Rêver Du Roi // Dream être au net. Honnête, Honey l’est. Anodin, moins. Machine // Et Mon Cul C’est Du Tofu ?)le duo Spanked sort un avant-goût de son album à Dan Wise au chant et à la guitare, Cory Feierman à la basse et Will Schmiechen à la batterie, ces trois-là Trio noise/electronique/prog’ originaire de Liverpool,venir courant 2017 en quatre titres brutaux jouant ont du tempérament. Leur méthode de fabrication Barberos distille avec son nouvel album (éponyme), de miel n’est pas très écolo compatible. Je ne sais un étonnant cocktail de structures poly-rythmiquesla carte de la désorientation. Désorientation, car pas ce qu’ils donnent à bouffer aux abeilles dans le et de math-jazz-core tribal appuyé par des effets coin, j’imagine qu’elles butinent plus souvent aux vocaux lui conférant un côté rétro-futuriste plutôtmême si la guitare est toujours aussi abrupte que tuyaux d’échappement et aux pipes de crack qu’aux malin pendant que son duo de batteurs en met pistils des fleurs ! Si on te susurre “honey” sur ce plein la vue. L’intérêt du projet étant égalementsur leur premier album, Spanked, datant de 2011, ton-là, tire-toi fissa, ils ont l’apiculture contrariée largement visuel (notamment en live), reconnais- dans le quartier ! À moins que tu ne sois friand sons que le groupe anglais a trouvé son segmentcette nouvelle salve porte en elle une urgence qui de tartines de barbelés et de beignets à la crème musical, et a partager la scène avec des formations de marrons, vaudrais mieux te tenir à l’écart du du calibre d’Action Beat, Capillary Action, Kayo Dot,commence dès Merry Go Rounds et son crépitement buffet, Honey est vacciné à l’Amphetamine Reptile Liars ou Melt Banana, excusez du peu. Peu importe comme un Mudhoney avec un alligator dans le slip. que l’artwork et l’esthétique générale de ce nouvelde décibels ascendants qui s’accumulent jusqu’à Et ouais, c’est dur l’amour ! album pique un peu les yeux, Barberos met directe- ment les choses en clair – et accessoirement enl’explosion, à travers les successions de vélocité I I✎ Dig It! Fanzine http://urlz.fr/52xH http://urlz.fr/53tZ orbite psychédélique – en assénant un « The Return Of The Ladius » qui emmène l’auditeur dans despuis de retenue. Il n’y a qu’une guitare et une bat- Date de sortie : sphères à la fois électroniques, pas mal noise/indie 16/04/2016 et surtout bien hallucinées. Tout cela étant habile-terie mais on croirait entendre une légion tant leur ment marqué par une (double donc…) dynamique Nationalité : US rythmique obsédante, cette piste inaugurale marqueson est dense, puissant et massivement investi. La Styles : déjà les esprits par son efficacité expérimentale à laquelle on peut greffer une boucle hypnotique sevoix est plus assurée par rapport aux précédentes Rock ‘N’Roll / prolongeant, et se développant, même sur la piste Rhythm AND Blues suivante « The Ladius ». Un second titre directementproductions, il faut écouter Etherlude qui pousse imbriqué dans le premier, puis le troisième dans le Los Alamos Grind second et invariablement. Le schéma adopté parl’endurance à bout de souffle et de frappe. Certains VA (Numero Group) le groupe se répète jusqu’à aliéner son auditoire. Alors que le groupe multiplie les effets sonores,verront du post-rock dans les samples vocaux de Sur le modèle des Las Vegas Grind de chez Crypt, « Timur » franchi une nouvelle barrière et nous Numero Group remonte ces bonnes bouteilles de pousse dans nos derniers retranchements. Formel-cet Etherlude, d’autres une reviviscence grunge à la cave. Preuve qu’on sait également s’amuser à lement implacable d’un point de vue rythmique Los Alamos et qu’on n’hésite pas à faire don de sa (« Akropolis »), Barberos démoli les murs de latravers la saturation de Walk, morceau que d’autres personne dans des lieux de perdition. Le “Staletto ‘normalité’ et délivre un substrat auditive d’une 135” des Royal Jesters est d’une perversion extrême. fracassante efficacité, en sus d’une rigueur mathé-encore proclameront comme marche de guerre T’es pas arrivé au bout des 2’13” que tu as le slip matique redoutable, quand il se s’abandonne pas à sur la tête. Ils sont fadas d’envoyer comme ça. des pistes ambient et électro un peu absconses («noise. Mais qu’importe les définitions, Spanked On dirait un Tex Avery mis en scène par Tarantino. Hoyl ») voire à quelques digressions ‘avant-noise’ Numero Group recycle aussi une Lou Ragland & the un peu délicate à suivre. Forcément, à toujourss’apprête à asséner une foudroyante rafale pois- Bandmasters. Y’a pas de petit profit. prendre des risques inconsidérés. Exigeant maisseuse et stridente. I✎ John Do http://urlz.fr/53tY I I✎ Dig It! Fanzine http://urlz.fr/52xH http://urlz.fr/53u2 I Iassez jouissif dans son genre. ✎ Aurelio www.scoreav.com http://urlz.fr/53u6 SPANKED ©DR64 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

ALBUMS SCHLAASSS © RA2 Date de sortie : 24/02/2017 Date de sortie : 3/03/2017 Durée : 00:43:57 Nationalité : US Durée : 01:00:26 Styles : Alternatif Nationalité : FR Styles : Rap / Hip-Hop / et Indé ELECTRO / TRAP Xiu Xiu FORGET (Teenage Menopause) SCHLAASSSCASA PLAISANCE (Atypeek MUSIC) Pour un dépressif chronique, Jamie Stewart est en forme ces derniers temps. Rien qu’en 2016 il auraDuo stéphanois irrévérencieux, Schlaasss allie sorti un fantastique album de reprise de la B.O. deCharlie Dirty Duran et Daddy Schwartz qui ensemble Twin Peaks, quelques disques de troll pur pour fairepratiquent un hip-hop au groove électro, dont la enrager ses fans, une collaboration dark-ambientparticularité est de parcourir, au travers du délire avec Lawrence English sous l’alias HEXA et même undes deux acolytes, un panel large. disque spoken-word déprimé. Et cette fois, ils jouent de la synthpop. Mais gare à ceux qui s’attendront àLa dérision est de mise, on y singe le parler “de danser bien innocemment, ce serait mal connaîtrepériphérie” avec dextérité (No drog yourself), le Stewart. Sa pop est tout ce qu’il y a de plus névro-rythme y embarque aisément l’auditeur (Triste sée et angoissée, et les caresses synthétiques sontartiste). Kiki, en ouverture, ouvre l’antre d’un toujours accompagnées de leur pendant noise etunivers barré, déviant et inspiré. Relents dub, industriel, qui secoue des morceaux d’apparencenappage électro, phrasés dingues et cependant romantiques d’autant de saccades cauchemardesques.dignes d’intérêt dans le contenu, la méthode est Et ça commence dès l’ouverture “The Call” qui intègrepersonnelle et ici très porteuse. Noenoeil, Tue la un rappeur trashy pour inonder la compo coldwavetête et nombre d’autres compositions font dans dansante de ses “CLAP CLAP CLAP BITCHES” et sesle loufoque, provoquent des hochements de tête, “WHY CUNT WHY WHY WHY CUNT”. Voilà de quoi enimposent des atmosphères sombres et délirantes. révulser beaucoup ; même si ça a le mérite de me rassurer sur la volonté de Stewart de prendre desAvec un tel rendu, Schlaasss se démarque indénia- risques et tenter de nouvelles choses. Mais heu-blement. L’opposition entre les voix est marquante, reusement le ciel s’éclaircit dès la seconde pistecomplémentaire (Pupute). Derrière une prétendue “Queens of Losers” qui amène à une fusion de stylesattitude désinvolte, la paire issue du Forez donne que Jamie et sa bande maîtrisent bien mieux que lematière à réflexion et suscite l’intérêt. Quelques hip-hop : le rock industriel - enfin en l’occurrencetraits rock surlignent son œuvre, également et à ce qui devient plutôt de la synthpop indus. Et si lade rares endroits teintés de R’n’B (Thug Lilith). démarche principale de FORGET restera ce mariage de dancefloor synthétique glauque, Xiu Xiu nousDe l’étrangeté pensée, voilà ce à quoi s’adonne emmènera visiter des paysages variés. En vrac onSchlaasss. Il le fait de manière ouverte et mu- aura de l’Arcade Fire période Reflektor (“Wondering”,sicalement aboutie, sans jamais surcharger son single de l’album), de l’indus gothique (“Hay Chocodiscours. Nanarchie fait bouillir le dancefloor, Bananas”), du spoken-word (la deuxième moitiégroove sévèrement. de “Faith, Torn Apart”), du néofolk (“Petite”), du synthpunk, j’en passe. Malgré ses agressions, FORGETComme chez Stupeflip ou Sexy Sushi, on prend des contient tout de même sa dose de “tubes” (“Jennychemins de traverse sans s’y perdre, on fait rire GoGo”, “Wondering”, “Get Up”, “Forget”…) et globale-aussi (“Toujours ça qu’les Boches n’auront pas” sur ment tout le cœur de l’album est excellent. DansRequiem), on balance du son en spirale (Ordo ab l’ensemble FORGET est un succès. Xiu Xiu a toujourschao). C’est bon tout ça, ça se consomme sans faim été la thérapie de Jamie Stewart, de son propre aveu.et ça sert, aussi, d’exutoire. On peut faire dans le Pour être si productif ces derniers temps, sans douteplus “sucré” (l’excellent Bisous), ça reste probant. que l’homme doit avoir encore beaucoup de soucisL’aventure prendra fin sur Philippe le dauphin, taillé à régler. Cette pensée est très égoïste et insensibledans un hip-hop leste, et mérite de toute évidence de ma part mais… pourvu que ça dure.sa brouettée d’auditions. I I✎ X Wazoo www.xsilence.net http://urlz.fr/53uc I I✎ Will Dum www.muzzart.fr http://urlz.fr/53u8 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 65



ALBUMS Date de sortie : Adult. © NKuperus Date de sortie : 17/03/2017 23/10/2016 Durée : 01:01:32 Nationalité : Nationalité : UK US Styles : Industrial / Styles : Alternatif et Indé Noise Adult. Detroit House Guests (Mute) Nine Inch NailsIl y a bientôt vingt ans sortait le premier maxi Not the Actual Events (The Null Corporation)d’Adult. À l’époque, le couple Nicola Kuperus etAdam Lee Miller amenait une nouvelle énergie dans La troisième collaboration très réussie est celle avec Annoncé et sitôt sorti à la veille du réveillon,la musique électronique. On ne tarderait pas à les Dorit Chrysler, joueuse de thérémine autrichienne. Trent Reznor et sa bande nous livre ici 5 titresassocier à l’émergence de l’electroclash bien que “Enter the Fray” et “Inexhaustible” proposent une se consacrant pour la plupart à l’humeur et laleur univers soit bien plus riche que cela, mélange electronica mystérieuse, lynchienne, fantomatique, facette contemplative du son de NIN qui n’est pasd’énergie post-punk, de synthpop décalée, d’electro où les voix délirent et s’en donnent à cœur joie. Le sans évoquer The Fragile. Toujours aussi féroce etold school et d’un feeling indéniablement dark. Dès chant part dans divers registres, du spoken word torturé, le vampire Reznor ne montre aucun signele début des années 2000, les musiciens avaient aux envolées éthérées jusqu’aux lamentations opé- de vieillesse dans performance et reste toujoursen tête l’envie d’un projet collaboratif, comme ratiques. Nicola reprend son registre de diva goth aussi méticuleux dans ses arrangements.des résidences où ils inviteraient d’autres artistes et nous rappelle même la Annie Anxiety des débutsà expérimenter avec eux en studio. Il faudra at- sur “Inexhaustible” qui reste un de nos moments Bien qu’on puisse regretter la brièveté de l’EP quitendre 2014 pour que ce projet se concrétise avec favoris de l’album. La voix s’amuse encore sur “Intoune bourse attribuée par la Fondation John S. & the Dream” en compagnie de Lun*na Menoh, du nous laisse sur notre faim, NtAE marque un retourJames L. Knight. Le résultat de ces recherches est râle aux soupirs sexy en passant par le chant deparu ce 17 mars et accentue la facette la plus arty douche un peu imbibé. Le morceau traîne un peu prometteur pour NIN qui revisite les vestiges desdu travail d’Adult. Il ne faut d’ailleurs pas oublier en longueur et continue dans cette lignée Chris &que Nicola et Adam font aussi de la peinture, de Cosey tendance cour de récréation. Dans le genre, paysages futuristes et dystopiques de Year Zerola photographie, de la sculpture, des installations “Uncomfortable Positions” est bien plus convain-ou de la vidéo, touchant à tous les aspects du cant, rappelant des groupes bien barrés de la scène et The Fragile. I✎ Robin Ono http://urlz.fr/53ulchamp créatif. D’emblée, avec le premier titre “P cassette des années 80 comme BeNe GeSseRiT ourts M ss ng” enregistré avec Robert Aiki Aubrey Messy. Le style electro old style réapparaît dans les Date de sortie :Lowe (Lichens), l’électronique se fait mystérieuse, titres en compagnie de Douglas J. McCarthy (Nitzer Janvier 2016reprenant l’héritage post-industriel des années 80, Ebb). “We are a Mirror” et “They’re Just Words” Nationalité :avec une approche nouvelle des percussions. On ramènent Adult. sur les dancefloors qui étaient leur USpense à Chris & Cosey notamment. L’autre morceau lieu de prédilection jusqu’à présent. Ces chansons Styles :en collaboration avec Robert Aiki Aubrey Lowe (“This sont efficaces mais pas renversantes pour autant.Situation”) creusera cette facette plus expérimentale, La collaboration la moins réussie est à l’évidence Contemporary /autour d’une longue plage sonore inquiétante et celle avec Shannon Funchess (Light Asylum). “We Post-Modernterrifiante, pas si éloignée des pionniers Throbbing Chase the Sound” est proche du ratage complet,Gristle, NON ou Cabaret Voltaire, avec une bonne avec son côté EBM lourdingue. “Stop (And Start John Zorndose d’échantillonnage, de boucles hypnotiques et Again)” bénéficie d’une basse post-punk et d’une Madrigals (For Six Female Voices) (Tzadik)de nappes vibrantes assez glaçantes. On comprend dynamique goth assez pêchue, mais pas de quoidu coup aisément pourquoi le groupe a été signé grimper aux rideaux. Cela ajoute juste quelques Compositeur et musicien d’avant-garde aussisur Mute. La connexion n’est que trop évidente. nouvelles couleurs à l’ensemble. Au final, Adult. prolifique et versatile, John Zorn s’attaque ici auL’autre partenariat fascinant est celui avec le leader ouvre pas mal de brèches nouvelles avec cet opus Madrigal, musique vocale polyphonique originairedes Swans, Michael Gira, pour deux plages rituelles, et c’est déjà énorme pour un groupe avec une de la Renaissance. Entièrement Acappella, c’estlancinantes, incantatoires et répétitives (“Breathe carrière aussi fournie. un choeur de 6 chanteuses aux voix angéliquesOn”, “As You Dream”). Le mix est totalement réussi, et crystallines qui se donne en performance surnoir et psychédélique. À première vue, Swans et I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53uj ces 10 titres. Les voix parfaitement accordéesAdult. n’avaient rien en commun, c’est là où on se s’entrelacent et se répliquent et mêlent harmonietrompe car la symbiose marche merveilleusement et lyrisme antique avec contrepoints atonaux etet ouvre des perspectives rafraîchissantes pour touches d’avant-gardisme, empreintes d’un John Zornles deux projets. s’appropriant de la forme musicale avec aisance et grâce. Une belle collection de titres minimalistes et berçants qui récompensera ses auditeurs curieux. I✎ Robin Ono http://urlz.fr/53uo ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 67

Rick Ross, Raphael Saadiq Apple of My Eye (Epic)‘Rather You Than Me’, millésime Date de sortie : 2017 signé Rick Ross 17/03/2017 Durée : 01:03:00 Nationalité : US Styles : RapRather You Than Me de Rick Ro$$ Rick Ross a toujours été vendeur de rêve avec certifié disque d’or, mais ce sera le dernier.ne suscitait guère d’attente particu- son rap ‘deluxe’ bâti sur des fantasmes de Rick Ross fait donc appel à un millionnairelière auprès du public rap, rien de petit gangster qui regarde Scarface tous les pour se renflouer (artistiquement), Sean Combsmoins qu’une galette de plus à son dimanches. On l’a vite compris – et entendu alias Puff Daddy, pour Mastermind. Cette foiscompteur. Sa recette habituelle – qui – depuis ses premiers singles majeurs “Hus- ça manque de bangers. Hood Billionaires neconsiste à faire un parmentier de rap tlin’” et “Push It”, qui samplaient justement manquera pas d’être la cible des critiques faceclinquant de chez clinquant sur une “Scarface (Push It To The Limit)”, issu de la à cette auto-caricature de trop et sans saveur,couche de trap music servie avec le B.O. du film culte. L’ascension du rappeur lancé et plus tard Black Market peinera à convaincregratin du moment – a fini par lasser, chez Def Jam par Jay-Z, en dépit de quelques avec son format de mixtape améliorée, chicet engranger moins de recettes. Le accrocs avec 50 Cent notamment, n’a ensuite mais devenu ringard.départ du boss de Miami de Def Jam été qu’irrésistible jusqu’aux très riches Deeperl’a-t-il contraint de complètement Than Rap (2010) et Teflon Don (2011) qui sont Mais ça, c’était avant. Tandis l’écoute de Ratherrevoir sa copie ? Absolument pas : devenus ses mètres-étalons. Puis, sans trop You Than Me se prolonge délicieusement, once neuvième album est bel et bien de raison apparente, la qualité de ses albums se demande alors comment Rozay a pu revenirune livraison Maybach Music full n’a fait que décliner ou stagner. God Forgives, à un tel niveau de raffinement. Comment ? Laoption, mais qui parvient à retrouver I Don’t était supposé nous emmener plus vraie question est plutôt : grâce à qui ? Antoniole standing de ses grands standards haut sur une montagne de pièces d’or avec ‘L.A.’ Reid. Coïncidence ? Personne n’y croitque sont Deeper Than Rap et Teflon sa guestlist digne d’un gala de charité (Jay-Z, pas. Si vous ne connaissez pas ce nom, sachezDon. Et là, c’est l’épatement. Usher, Pharrell, Dr Dre, Andre 3000…) mais juste que cette éminence de l’industrie du parce qu’il y avait des gobelets en plastique disque est à l’origine de l’émergence et des68 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 pour servir vin et champagne – la faute à des succès des Outkast, TLC, Usher, Ciara… C’est producteurs de second choix –, les gens ont aussi lui qui a officiellement annoncé le retour reculé devant le buffet. L’album sera néanmoins inespéré de A Tribe Called Quest l’an passé. Alors, quel rapport avec Rick Ross ? L.A. Reid a

ALBUMS Top 5 MDUORMCOEMAUEXNTRick Ross © Krista Schlueter, GQ été le dirigeant d’Island Def Jam Music Group Ross se dit choqué et déçu par l’attitude du By SURL, Bigger than hip-hop de 2004 (année où Jay-Z a pris ses fonctions de boss de Cash Money qu’il adulait par le passé, président chez Def Jam) jusque 2011, l’année au point de lui dédier un titre entier, “Idols COMmENT LIRE UN QR CODE ? où est sorti Teflon Don, avant de retourner chez Become Rivals”, sans refrain et très froid – avec Pour lire un QR Code, il suffit de télécharger une applica- Sony pour redévelopper la filiale Epic Records. ce sample déjà utilisé par Jay-Z sur “Where tion de lecture de QR Codes. D’ouvrir l’application et viser Et le choix de Rick Ross de quitter la maison Have You Been”. Et comme l’homme n’est pas le QR Code avec l’appareil photo de son téléphone mobile Def Jam pour Epic a été motivé par cette vo- une petite nature, il n’utilise aucune forme et l’application lance l’écoute de la playlist. lonté de refaire des affaires avec son patron de rimes subliminales : Stunna est clairement historique. “Quand je suis arrivé en 2006, tout la cible. En lisant entre les lyrics très cash, Al’Tarba X Vîrus ce qu’on faisait c’était gagner, on faisait de le rappeur se sent sincèrement trahi par son gros chiffres, raconte le boss de MMG sur XXL idole et revient longuement sur la chute du La Nuit se Lève début 2016, L.A. a toujours compris ma vision millionnaire à la tête étoilée, en se rangeant artistique et créative. À chaque fois j’allais à du côté des artistes qui ont été abandonnés Al’Tarba vient de sortir un nouvel album, La son bureau, on s’asseyait et on discutait de par Birdman, que ce soit DJ Khaled, Turk ou Nuit Se Lève. Sur le track éponyme, il convie différentes approches. On a toujours réussi B.G., voire abusés comme Lil Wayne – même un autre expert en noirceur : Vîrus (notre à se mettre d’accord et on a toujours gagné au sens physique, si on se fie aux rumeurs. interview sur le site SURL). Le résultat est gros. En fin de compte, c’est ce sur quoi j’ai L’intro de Chris Rock semble anecdotique en d’une beauté poisseuse, à écouter au chaud. basé ma décision.” Tout est dit. comparaison de cette attaque. On apprend également grâce à Rather You Than Me que Consequence x Chance Rather You Than Me, Rick Ross a froncé du regard quand il a va Nicki The Rapper x Alex Wiley successeur naturel Minaj débarquer dans la vie de Meek Mill (“I x Chuck Inglish x GLC told Meek, I wouldn’t trust Nicki / Instead of de Teflon Don beefin’ with your dog, you just give ‘em some Spaceship III distance”). Plus Rozay prend de la bouteille (Rozay, Mieux que Trainspotting 2 : la suite de la bouteille… vous l’avez ?), plus ses rimes On ne pourrait pas mieux résumer cet opus suite de “Spaceship” de Kanye West, avec deviennent intéressantes. “I’m Michael que par une métaphore automobile, puisqu’on Consequence, Alex Wiley, GLC, Chance et Chuck Jackson to the rich niggaz”, proclame-t-il sur parle du patron du groupe Maybach Music. Inglish. Moins de drogue, mais plus de vibes. “Santorini Greece”, faudra quand même poser Rather You Than Me, par rapport à Deeper Than la question aux gens qui paient l’ISF. En tout Rap ou Teflon Don, c’est comme passer d’un Tee Greezley X cas, quand il se met franchement à rapper, modèle de Rolls Royce de 2010 à la gamme Lil Yachty il s’ouvre sur des sujets plus personnels et renouvelée, flambant neuve et plus au point même politiques comme sur “Apple of my que jamais. La philosophie est identique, le luxe From The D To The A Eye” (“I’m happy Donald Trump became the surabondant, les dimensions statutaires, des President / because we gotta destroy before petites choses dont on a jamais osé imaginer. Après avoir passé trois ans en taule, Tee we elevate”). “Powers That Be” avec Nas n’a La grande classe, en somme, en plus moderne. Grizzley a la rage. Il a signé chez 300 Enter- en revanche rien de politique (contrairement La préférence de Rick Ross va à une Rolls Royce tainment début 2017 et vient de dévoiler un à ce que l’intitulé peut laisser penser) mais il Wraith ; la trappe s’accorde bien avec le côté nouveau track en featuring avec Lil Yachty, ne s’agit pas moins d’un égotrip de puissant dynamique de cet exceptionnel coupé. “From The D To The A”. chef d’entreprise qui fait bomber le torse. Rick Ross n’hésite pas d’ailleurs à se mettre I I✎ Sagitarius www.surlmag.fr http://urlz.fr/53uq Slim 400 X A$AP Ferg au même niveau que les Puffy et Jay-Z. Bird- man ? Il a raturé son nom de cette short-list. Hol’Upppp Slim 400 est un soldat de la West Coast auteur de quelques sympathiques mixtapes qui ne brille jamais plus que lorsqu’il est bien entouré, comme il l’a prouvé plusieurs fois sur les albums de son complice YG. Sur “Hol’Upppp” il tente d’établir un viaduc tra- versant les States en invitant le représentant d’Harlem A$AP Ferg. Creestal x CONWAY x Hus Kingpin Problemz On dirait bien que Creestal, le prolixe beatmaker marseillais, a décidé d’inviter les rappeurs les plus chauds du moment sur son album à venir Diffrences. Ici encore, Conway et Hus Kingpin nous démontrent de façon grisante toutes les vertus de rapper sous weed la dureté de la vie des ghettos US. http://www.surlmag.fr



ALBUMS Bonne surprise, lorsque j’ai rejoint Vald et sa bande signifie ? Comme pour « Selfie » et « Bonjour », dans leur chambre d’hôtel, personne ne m’a réduite titres de l’album précédent, il ruse le petit coquin ! Date de sortie : à une « Petite Chatte ». On a fumé de l’excellente Les gens vont chantonner ce refrain efficace sans 20/01/2017 weed, on a parlé et rigolé tranquillement entre comprendre la substance des couplets du morceau. « êtres de lumières », ils étaient chouettes, gentils Mais le mantra est là, les nouveaux circuits sont Durée : 01:07:25 et lol. Globalement, ils dégageaient une énergie en marche. Le message va s’insinuer par la magie Nationalité : FR arc-en-ciel maxi bienveillante. Vald m’a demandé de la répétition. Les tracks de cet « Agartha » sont pourquoi je n’enlevais jamais mon bonnet rose toutes composées de ce paradoxe, gnôle de luxe Styles : RAP fluo. Je lui ai répondu que c’était pour une raison dans une canette de 8.6. Fais un ptit effort d’écoute simple et mystérieuse. La même raison qui lui faisait et tu comprendras la leçon. Qui n’est d’ailleurs Vald AGARTHA (Oulala: CAPITOL) garder ses lunettes de soleil alors qu’il faisait nuit. jamais assénée comme telle. Vald reçoit-il des« Vald est un enfant Indigo, c’est tout ce subventions de l’éducation nationale ? Non, tropque j’ai à dire » En 2017 le nouveau Vald est là, sans lunettes de formaté. Ou des extraterrestres ? Non, trop facile.Alors qu’on se le dise (merde j’ai déjà dit deux fois soleil et sans son légendaire sweat Redskins bouclier, Ce qui est sur c’est qu’il aligne sur cet album une« dire » !) je ne vais pas faire une critique intel- il a trouvé la force de se laisser regarder par Satan bonne dizaine de morceaux mégas puissants. Paieligente du nouvel album de Vald. Généralement je et les Francs-maçons. Dans le morceau « LDS » qui tes tubes « Mégadose », « Eurotrap », « Kid Cudi »…trouve ça très ennuyeux : « les chroniques », et je parle de ses Ray Bans justement, il clame : « J ‘me Valentin, le moine d’Aulnay, hurle sa dépressionne comprends pas comment une personne peut suis pas réincarner pour bouillave à Pattaya ». Val- sur des prods commerciales qui feront danser lesdonner son opinion sur de la musique comme si entin est là pour nous délivrer, gros taff. « LOURD » foules sous MD de ses concerts. Il fera du playbackc’était la vérité. Que des gens lisent ça pour se comme il dit en interview quand il faut bien combler et célébrera la vacuité de ce monde en sautantfaire « un avis » me répugne encore plus. Et pis le vide et l’ennui du dévoilement impossible de et en dabbant « Turn up dans le club » avec sonc’est pas mon travail. Mon travail c’est Schlaasss, sa mission. Vald est très certainement un mage comparse AD à ses côtés. Suik’on Blaze AD, superet j’ai d’ailleurs rencontré Vald lors d’un concert ou des temps 2.0. Il s’adresse à la partie magique de rappeur incisif et discret, qu’on devine comme lanous partagions l’affiche dans un festival l’année chacun d’entre nous en revêtant le costume de ses flamme jumelle de Valentin, son ancrage en plusdernière. L’enfer quand tu fais des concerts c’est propres ennemis. Il infiltre le système et encourage d’être son backeur. Et dont le feat sur « Blanc »de rencontrer « en vrai » des artistes que tu aimes tout le monde à le faire. Observons sa méthode résonne comme un pacte adolescent « La Vie debeaucoup, lors d’une date commune par exemple. alchimique subversive : dans le morceau numéro 4 Ma Mère que je vais nous délivrer ». « Blanc » quiSouvent tu te rends compte, qu’à part te demander par exemple « Je t’aime », il met en parallèle l’amour vient bien mettre une Volvo dans le cul à tout ledu speed et te décevoir terriblement par une suite de et l’amitié comme une même énergie, compliquée, monde. Avec la vaseline, Vald fait passer un grospetites actions médiocres, ils sont comme la plupart mais indispensable et précieuse : « Tout niquer seul morceau politique et AD en remet une couche :des gens : des êtres humains nuls à chier. Quand j’en ai jamais rêvé ». Il pose des couplets intimes « J’me torche le cul avec le Point et le Figaro ».tu es de sexe féminin, ils essaient généralement adressés à la femme de sa vie, puis à son meilleur « Blanc comme dieu », vous trouverez votre placede te « bénène » en te faisant comprendre que ta ami. Il pourrait se vautrer dans cette déclaration au paradis, parmi les babtous et les riches lesplace est bien plus avec leur bite dans ta bouche d’amour si touchante, presque du rap conscient minous, ou alors vous ferez autre chose, et je vousà l’hôtel Ibis que sur scène tout à l’heure ou t’as oulala… mais si proche du couronnement il vient le souhaite. Ma préf reste « Totem » ou Valentinvraiment un problème avec ta féminité blablabla… « tout niquer » avec un refrain cucul et pop à la ajoute à son écriture énervée une interprétation limite du ridicule. Pourquoi ??? Qu’est ce que cela brutale à se péter la voix, braillant l’inconfort à porter cette lumière que personne ne voit et que peu Vald ©DR comprennent. Comme tous les sages ils souffrent de « savoir », si jeune et si blond, bichette ! Ouais bébé Vald je sais que tu vas sauver le monde, car faire rimer « Pégaze » et « Pétasse » c’est le truc le plus réellement thug et indispensable à faire aujourd’hui. Comme tu le dis dans ton dernier morceau « Tu retournes en enfer » parce que t’as décidé de t’incarner ici et maintenant. Et que faire péter les barrières de l’autoroute de la chiotte c’est pas toujours « easy », surtout dans le rap. Avant l’apocalypse et le changement de dimension, je veux bien faire un feat avec toi. Mais tu es trop malin pour ça. Et moi je suis trop conne, je viens de faire une chronique musicale. Je pars au donjon Ime faire fouetter pour blasphème. KIKOO ✎ Charlie Dirty Duran http://urlz.fr/53uv ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 71

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : Cakes Da Killa © Alana Yolande 21/10/2016 2016 03/03/2017 Durée : 00:32:19 Durée : 21min Durée : 01:01:01 Nationalité : US Nationalité : US Nationalité : FR Styles : classical Styles : electronic / queer Styles : Rap HIP HOP / RAP / r’n’b Stupeflip ELECTRO Stup Virus (Etic System ) djordjevic Cakes Da Killa Stupeur, Stupéfaction… Stupéfiant retour de Stupe-Hedonism (Ruffians) CompilATION à Paul Narèphe (Linge Records) flip… dans la plus grande indiscrétion ! Un dernierCakes Da Killa et son hip hop plus rythmique que album, Stup Virus, financé grâce à un crowdfundingmélodique, parfois proche, sur Keep it Goin et Been À la sortie d’un bar étiqueté Estaminet, sur la plage sensationnel classé comme un record européen.Dat Did That, du Diddley Beat. Un flow marathonien lors du Samynaire ou sur la scène du festival Off Depuis leurs débuts dans les années 2000, le groupequi ne peut étancher sa palabre. Composition à nu, d’Avignon, j’ai rencontré Djordjevic. Il s’agit d’un aux mille visages, personnages et intrigues alterneréception à cru pour ce debut album dépourvu de mec de Paris qui pense quelque chose sur une vidéo périodes de veille profonde et réveil tumultueux.censure et considéré par son propre auteur comme Youtube de David Guetta préconisant ses précieux Mais à en juger le succès de la levée de fondsune tribune personnelle à l’encontre de tout mu- conseils de production (trouver le kick qui nous entreprise en 2016 pour son tout récent opus, lasellement. Et de toute étiquette puisqu’il refuse plaît le plus au monde et l’utiliser dans toutes ses formation semblait avoir laissé un vide incomblabled’être associé uniquement à une « scène hip hop productions). Un homme se lève pour s’opposer à dans le paysage du hip-hop fusion. Ce hip-hop auLGBT ». Cakes Da Killa est gay et entend jouir de ses dires, il s’agit bien sûr de Djordjevic, qui, en une tempérament de punk, dopé par un bouillonne-la vie en tant que tel mais son album n’appartient seule chanson, ridiculise avec candeur cette star ment de références alliant rock, synth wave (Lonelyqu’à lui et à ceux qui veulent découvrir sa manière de la musique électronique mélodique pour stade Loverz), trip hop (The Solution) et surgissement dede tracer son chemin. A vif, dans le fun, dans la ou amateurs de champagne premier prix vendu au sons bizarroïdes assumés (La seule alternative). Etmultiplication d’expériences sexplicit (Frostin’) que tarif de boîte. Jeune actif fraîchement sorti d’une puis retrouver Stupeflip revient à renouer avec sonrelatent sa verve joyeusement impudique. Cet « école dont nous tairons le nom, ce musicien nous univers de bric-à-brac ordonné selon les « ères duHedonism », titre de l’album, c’est SON hédonisme, livre son probable second album à moins qu’il Stup » et l’organisation secrète du « Crou » dontsa manière intense et trépidante d’être au monde, s’agisse du dixième, impossible de le savoir dans le Stupeflip ne serait qu’une émanation. L’opus estway of life qui requiert d’être suspendu à son New le contexte informel qui l’entoure, soutenu par le scandé par de courtes plages narratives expliquantPhone. Impudeur n’est pas vulgarité si l’on mesure label Linge Records qui accueille cette sortie. Après la propagation du « Stup Virus » ainsi que par desque la joie, dans une société toujours aussi hostile avoir abordé le sujet du graphite, lors d’une courte morceaux minimes d’une minute (Knights of Chaos,aux homosexuels, est une forme de résistance face introduction enregistrée sur la table d’un jardin Fou-fou, Grosse Tête). Forcefield étend le scénarioà l’ignorance crasse. La célébration de la vie se fait autour d’un café, Djordjevic balance des tubes. De catastrophe du « Stup Concept » vers une divaga-dans les clubs qui sont pour lui un home sweet la Dance guillerette et rebondie, le tout entrecoupé tion poétique magnifique. Crou Anthem et 1993home où loge sa liberté et son identité. Up Out My de morceaux acoustiques (piano, voix ou guitare) ravivent, eux, avec une rage teintée d’humour, laFace accueille d’ailleurs, au refrain, une invitée de et chanté avec une justesse approximative. C’est nostalgie des beats nineties du rap français. Surchoix, Peaches, qui a toute sa place dans l’univers pourtant bien de chansons à texte dont il s’agit, 19 titres mêlant jeu de rôles dynamiques et dis-de boîte de nuit bondée qu’est cet album. Et puis d’odes à la banalité qui le feraient passer pour un symétrie constitutive, l’album s’écoute avec plaisirsurgit un îlot de douceur assez isolé au milieu d’une héritier de Tom Novembre ou Anne Laplantine, ou et fluidité mais nécessite plusieurs tours de platineambiance générale de clubbing : Tru Luv, éclat soul un Lizene qui aurait collaboré avec Gala. « Com- pour prendre la mesure de son univers riche et deréalisé en collaboration avec Josh DST, venant ap- pilation à Paul Narèphe » est un assemblage deporter une touche plus sereine à un opus survolté. morceaux dansants et de chansons aux propos Isa poésie énigmatique. inoubliables, avec un ton hésitant et inconfortable. ✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53uy I✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53uw N’allez pas écouter ce disque si vite, car le meilleur moyen de découvrir Djordjevic c’est de foncer le72 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 voir en concert, pour admirer ses performances de guitariste, son lightshow miniature et spectacle d’objets construits sur mesure pour chacune de ces chansons. Attention Spoileur ! À noter : une reprise piano magnifique, intense et exsangue du hit putassier « Call On Me » d’Eric Prydz, et une piste qui traite de la sécheresse de certains gâteaux après ouverture de leur emballage. Lien à rajouter. I✎ Lühje Dallage http://urlz.fr/53ux Cakes Da Killa ©DR Stupeflip ©DR



ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : John Lydon / PIL ©DR 25/10/2016 02/12/2016 Nationalité : AT Durée : 00:33:37 Styles : Nationalité : DE electronic / Styles : expérimental / Electro Avantgarde Rashad Becker Traditional Music of Notional Species Vol. II (PAN) Renaldo & the LoafHurdy Gurding (Klanggalerie) Plus connu pour son travail derrière les consoles d’un studio comme ingénieur du son, pour ses masteringsCe fut le retour inespéré de la fin d’année 2016, tirés au couteau, que pour sa musique, l’allemandpresque trente ans après leur dernier disque en Rashad Becker revient trois ans après son premierdate : The Elbow is Taboo (1987). Créé dans les an- album Traditional Music of Notional Species Vol.I avecnées 70, le duo britannique formé par Brian Poole un deuxième volume qui continue son travail de(Renaldo) et David Janssen (Ted the Loaf) a produit recherche sur le son et les tensions. Alors que l’onune des musiques les plus étranges du monde. pourrait s’attendre d’un ingénieur son, qu’il nousParfois comparé à un singulier mélange entre les sorte un album de techno aux sonorités gonfléesdélires dadaïstico-surréalistes du Residents des à bloc, Rashad Becker lui, s’offre le luxe de jouerdébuts et une folk ethnique d’un autre âge, leur sur les ambiances dilettantes et les constructionsunivers sonore n’a jamais eu de réel équivalent. électro-acoustiques aux résonances surgies d’une tribu perdue. Les outils qu’il utilise sur TraditionalLes voix y sont suraiguës et cartoonesques, les Music of Notional Species Vol. II font appel à unerythmiques dynamiques quand elles ne sont pas familiarité étrange, dérivant sur des eaux instableshystériques. Les instruments traditionnels s’intègrent aux courants profonds, folklore souterrain d’uneà des boucles sur bandes magnétiques et autres urbanité passant à coté de perceptions enfouiesguitares préparées pour créer de bizarres mélopées dans des systèmes microscopiques, que seule unemédiévales. Struvé & Sneff (1979), Songs for Swinging attention particulière permettra de mettre en relief.Larvae (1981) et Arabic Yodelling (1983) ont défini-tivement imposé leur style, qui reste intact sur ce Rashad Becker casse les images pour donner naissancecinquième opus. Rien n’a véritablement changé si à une musique moléculaire aux rythmes singuliers,ce n’est la technologie. Les bidouilles électroniques, distorsion permanente d’effluves spectrales pourbien que plus sophistiquées que par le passé, des montées d’adrénaline inquiétantes. Construitegardent cette touche avant-gardiste, mêlées à un autour de polyrythmies tribales et d’extensionsinstrumentarium et tout un tas d’arrangements oniriques, la musique de Rashad Becker est d’uneproches des musiques celtiques. L’ensemble est intelligence absolue, condensant la musique dansdélirant comme jamais, les mélodies aberrantes, un écrin de matières abrasives, mariant didgeridoosles samples revigorants et l’imagerie absurde et et trompettes enfantines, bruits de percussions in-carnavalesque toujours de mise. définissables et chants imaginaires nés de machines malades rafistolées au scotch. Traditional Music ofVous pouvez aller voir la vidéo du morceau “A Convivial Notional Species Vol. II est une beauté absolue pourOde” sur Internet pour juger par vous-même, un titre celui qui saura en comprendre ses motivations etplus représentatif de la veine médiévale campag- en accepter sa totale liberté. Magistral.narde du disque (les absolument excellents “GurdyHurding” et “Carrot Ballet”). D’autres compositions I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53uIexplorent un aspect plus fanfare (“Henri Rise”), desvalses d’un autre monde (“Pessimistic Song”), une Rashad Becker ©Yusaku Aoki/RBelectro groovy déstructurée et grotesque (“Scentof Turnip”) ou des atmosphères plus énigmatiques(“Asper Dorsalis”), avec une grande présence desvoix, retraitées, découpées et superposées à foison.Jouissif d’un bout à l’autre. I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53uG74 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

ALBUMS Sur le CD3 de « Metal Box », on trouve une ver- Date de sortie : sion géniale de « Death Disco », dont la section 3//06/2016 Date de sortie : rythmique bien Fat est mise en avant. Pour le reste, 28/10/2016 on retiendra un mix alternatif de « Memories », Durée : 00:37:08 Nationalité : plus chaleureux que l’original, une pré-version Nationalité : DK​ UK expérimentale de « Chant » ainsi qu’une blague Styles : Electro sympathique à la fin de « Music for an Oven ». Styles : Punk / BODY SCULPTURES New Wave Les lives sont bruts, davantage choisis pour leur A Body turns to Eden (Posh Isolation) énergie que pour leur qualité sonore qui laisse PIL parfois à désirer, comme en témoigne le live à Composé de musiciens de la scène noise suédo-METAL BOX (UMC / Virgin EMI) Manchester, organisé à l’arrache juste après une ise et danoise, Body Sculptures pourrait être un session du groupe à Granada TV. super groupe. On y retrouve Jonas Rönnberg, ErikUne des pièces maîtresse et pionnière du post-punk, Enocksson, Frederikke Hoffmeier, Ossian Ohlsson“Metal Box” de 1979, ainsi que le moins plébiscité ALBUM (UMC / Virgin EMI) et Loke Rahbek. Pourtant, le style qu’ils ont choisi“Album” de 1986 se voient réédités une nouvelle d’explorer est à l’antithèse de ce à quoi on pour-fois. Encore ? Oui mais cette fois-ci on est plus Place à “Album” de 1986, qui célèbre ainsi ses 30 rait s’attendre : une musique ambient minimale deproche du documentaire que de la réédition à bonus. balais, avec une autre flopée de compact discs, toute beauté, très mélancolique et mystique. AprèsRien de nouveau du côté de la remasterisation qui incluant un live à la Brixton Academy dont le son un premier disque sous format singe + cassettedate déjà (2009) mais mérite d’être redécouverte. terne et beaucoup trop sage provoque une sensa- en 2015, The Base of All Beauty is the Body, lesAprès comparaison avec la version précédente au tion de vide. Le CD le plus intéressant reste ici celui cinq comparses continuent à explorer un universmême volume, celle-ci bénéficie de médiums aigus des démos. Enregistré dans des conditions moins où se mêlent l’électronique et l’acoustique, portéplus équilibrés, moins métalliques et criards (bien ou soignées, ça sonne quand même du tonnerre. par les émotions visuelles. Cette fois-ci, ils se sontpas, à vous de trancher), L’attaque des transitoires On sent que le passage studio avec Bill Laswell a inspirés de la photographie d’un jardin marocain.est légèrement accentuée, et, même avec le gain totalement changé la donne, dans le bon comme Difficile de dire comment cela peut se ressentir dansde volume, la dynamique reste similaire ce qui est dans le mauvais sens. Les morceaux empruntent ces compositions, si ce n’est que cette musiqueun point crucial et louable. un chemin beaucoup plus froid et radical, nourri éveille l’esprit à de nombreuses visions, plutôtLe traitement sonore hétérogène des autres disques d’improvisations et de mantras, d’expériences de enneigées il faut bien dire car cet album se révèleliés à « Metal Box » est loin des canons de notre studio et étonnent par leur éloignement avec les particulièrement glacial. Comme bon nombre deépoque, et tant mieux, avec un son plus mat et productions Killing Jokesques ou « américanisées » leurs comparses, ils ont digéré l’héritage post-toujours cette belle dynamique. C’est naturel et de l’album. L’omniprésence de boites à rythmes industriel pour le mêler à des mélodies synthétiquessans artifices (même si parler d’artifices et un bien donne un tout autre caractère, beaucoup plus accessibles, tout comme Haus Arafna ou Antlersgrand mot pour du PIL). Même si certains mixs ont proche d’un climat cold wave / synthwave. On pense Mulm, dont chaque morceau s’apparenterait à unplus de coffre, rien n’est mieux ou moins bien, il évidemment aux Cure de l’époque, mais aussi à requiem (les orgues sur “The Pyre”, les cloches surs’agit juste de choix, de sensations et de parti pris “Breath of Wind Sows the Seed”). En ce sens, oncomplètement différents. INeon Judgement ou aux plus tardifs Revolting Cocks. pense indéniablement au Coil de la période Astral ✎ Lühje Dallage http://urlz.fr/53uK Disaster/Musick to Play in the Dark ou à l’album de Caroline K., Now Wait for Last Year. Le JohnLe point négatif, c’est que les coffrets de rééditions multi-CD, c’est toujours un peu la même sensa- Carpenter mystérieux des années 70 nous revienttion. Même si c’est bien, riche et soigné, il est rare que ce soit majoritairement inédit. On a alors aussi à l’esprit, en particulier quand des boîtes àl’impression de manger 4 jours de suite, et à tous les repas, son plat préféré, le gratin de courgettes. rythmes vintage viennent se joindre à ce délicieuxCela n’est bien sûr qu’un exemple et aucunement le plat préféré de John Lyndon. mixage, d’autant plus que Body Sculptures aime à reprendre des thèmes musicaux (“Turning Field”,Une succession des mêmes rondelles qui ne veulent pas dire grand-chose, sans visions folichonnes : “Turning Field II Sunflower”). C’est funèbre etCD1 : L’album, CD2 : Du live, CD3 : Des mixes rares, CD4 : Démos et autres : Un systématisme qui devient brumeux. Les voix féminines monotones ajoutentangoissant. Finalement, une des rares rééditions récentes dont je me souviens, et qui sortait (un peu) encore un peu d’angoisse (“Feet Into Soil”, “On thedes sentiers battus, c’est le “Total” de New Order / Joy Division, compilation des morceaux de chacune Flowers Face”), jusqu’à friser la procession funèbre.des deux époques du groupe. Est ce que le résultat est une réussite ? Pas vraiment. Malgré tout, il y Les légères rythmiques technoïdes ne dissipentavait une vision, une prise de risque, avec un seul et même CD regroupant d’excellents mixes alternatifs jamais la froideur élégiaque. On se laisse envahirrares et un mastering d’une qualité sensationnelle. et on glisse dans cet univers de drones vibrants, de grincements ombrageux et de mélopées syn-Les rééditions en coffret ont également tendance à faire naître le sentiment frustrant qu’il nous est thétiques. Le frisson nous prend jusqu’à la fébrilitéoffert qu’une partie émergée de l’iceberg. Pour un groupe comme P.I.L on s’attendrait à quelque chose des larmes. Beau et addictif au plus haut point.de plus conceptuel. À quand une réédition numérique avec les 30 mixes de la même chanson, et lesjams rares ou autres fonds de tiroirs de chez grand-mère ? Bref, quelque chose de vraiment bluffant, I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53uPpassionnant ou drôle, par pitié ! ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 75

Jarring Effects & Post World Industries présentent Nouvel album FILASTINE Drapetomania & NOVA 28 avril (2017) CD / Vinyle / Digital« Filastine sonne moins comme de la musique dumonde mais plutôt comme de la musique d’unautre monde » PitchforkTOURNÉE MONDIALE :22.04 • Sala Apolo • Barcelone (SP)29.04 • Macao • Milan (IT)30.04 • Tunis (TUN) - TBC04.05 • Madrid (ES) - TBC05.05 • Keroxen Festival • Lanzarote (ES)20.05 • Gjirokaster Festival • Gjirokaster (AL)28.05 • Lighting in a Bottle Festival • Bradley, Californie (US)31.05 • Starline Social Club • Oakland, Californie (US)01.06 • Los Angeles, Californie (US)08.06 • Re-Bar • Seattle, Washington (US)09.06 • Watershed PDX • Portland, OR (US)10.06 • Starr Bar • Brooklyon, NY (US)16.06 • Holland Festival • Amsterdam (NL)07.07 • St Petersburg (RU)08.07 • Bol Festival • Moscou (RU)01.08 • Les Orres (FR)

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 16/09/2016 18/03/2016 8/07/2009 Durée : 33 min Durée : 1:08:08 Nationalité : JP Nationalité : US Nationalité : DE Styles : Fusion / Styles : Hardcore Contemporary Jazz / Styles : BO / Rock/Punk Contemporary Jazz / Electronic / Jazz / Rock Touché Amoré SoundtrackStage Four (Epitaph) Mouse On The Keys ERNST REIJSEGER An Anxious Object (Denovali Records)À l’image de son titre, ‘Stage Four’, paru chez Epi-taph et qui fait suite trois ans plus tard à l’excellent Salt & Fire (Winter & Winter) Après la révélation avec l’EP ‘Sezession’ vient le temps‘Is Survived By’ – après deux albums commis via de la confirmation pour le trio Mouse On the Keys etDeathwish Inc. – parle d’un sujet grave en évoquant Avec Ernst Reijseger, le cinéaste Werner Herzog a son premier album forcément très attendu au tour-de manière largement autobiographique le combat retrouvé un univers mélancolique, incantatoire et nant : ‘An Anxious Object’. On admire l’objet, plutôtqu’a mené jusqu’à la fin la mère de Jeremy Bolm (le ample comme celui qu’il avait développé avec Popul classe comme souvent (toujours ?) chez l’hyperactiffrontman et vocaliste du groupe) contre le cancer. Vuh durant sa grande période (Aguirre, Cœur de Denovali Records, on dépose fébrilement le disqueUne thématique assez difficile donc, qui fait le cœur verre, Nosferatu, Cobra Verde, Fitzcarraldo). Il s’agit sur la platine et voici que les premiers accordsd’un album que les Américains ont su rendre à la ici de leur cinquième collaboration ensemble après s’égrènent doucement, le temps d’un « Completefois sobre et particulièrement intense. Entre colère, The White Diamond, The Wild Blue Yonder, Dans l’œil nihilism » à l’élégance gracile, ici déposée commedésespoir, résignation, refus de la fatalité, Touché d’un tueur et La Grotte des rêves perdus. Aucun une ultime dernière respiration avant de se lancerAmoré aborde la maladie de manière frontale, avec synthétiseur chez Ernst Reijseger et un background dans un grand huit jazz fusion de très haute volée.le magnifique « Flowers and You » inaugural et tout autre que celui des planants Allemands. Vio- Les Nippons dévoilent alors « Spectre de mouse » etbouleversant qui ouvre ce nouvel album. Un titre à loncelliste, plus habitué aux musiques improvisées, refont le coup de ‘Sezession’, entre maestria techniquela fois touchant et rageur en forme de grand huit musiques du monde ou musiques de chambre, le effarante et sentiment d’urgence fébrile. Une pluie deémotionnel qui nous fait passer par un peu tous néerlandais combine ici tout son savoir-faire afin notes parcourant les deux pianos qui se répondent,les états et démontre que le groupe, à l’image de de proposer une musique immersive, élégiaque un duel fratricide arbitré par un batteur toujours aussice dont il veut ici témoigner ne se laissera jamais et languissante. L’originalité vient de la diversité survolté. Comme à son habitude, Mouse On The Keysabattre (« New Halloween »). Sans fausse pudeur des interprètes et des combinaisons culturelles impressionne : mélodie entêtante, toucher de claviermais avec cette intégrité qui a toujours été l’une des étonnantes orchestrées par le compositeur. Cordes au dessus de la moyenne et fougue peu commune, lemarques de fabrique de leur musique depuis ‘…To the grinçantes, piano romantique, accordéon taciturne, tout pour un cocktail musical furieusement emballé.Beat of a Dead Horse’ en 2009, les Touché Amoré ne flûtes acrimonieuses se mêlent aux complaintes de On l’a compris : dans leur frénésie instrumentale, lescachent rien et abordent les aspects les plus difficiles Mola Sylla, un chanteur du Sénégal. Les polyphonies, japonais font ici ce qu’il savent faire de mieux. Etde cette lutte acharnée contre la maladie (« Eight avec leurs vibrations gutturales (“Fin Tantos Cassa- plus encore quand il faut enchaîner avec un « SeirenSeconds », « Palm Dreams »). Du choc des premiers tores”), renvoient même à ce superbe documentaire » au groove fiévreux marqué un jazz incandescent,symptômes, de l’acceptation de la maladie, de la peur de Herzog qu’est Les Cloches des profondeurs. Pour esquissé en clair/obscur. Le trio façonne ses ambiancesde ne pas s’en sortir, de l’espoir, de ces moments ceux qui auront vu Salt and Fire, sorti en décembre et ne laisse rien au hasard. Impossible, sa musiqueoù l’on sent au fond de soi le besoin de profiter une dernier et coproduit par Potemkine (toujours dans les est une merveille de précision, d’horlogerie suissedernière fois de ces petits instants de bonheur que bons plans !), la musique y joue un rôle primordial, comme appliquée au free-jazz et directement importéeréserve malgré tout l’existence (« Benediction »), à la fois en décalage avec le récit (sorte de thriller depuis l’Empire du Soleil Levant. Ne redoutant pas lale groupe parle à l’intime et le fait avec une classe écologique chamboulé par le goût de Herzog pour prise de risques, les Mouse on the Keys s’amusentétourdissante (« Posing Holy », « Water Damage »). les farces grotesques et pour une liberté de ton avec l’exercice de style « Dirty realism », avant deAccompagné de ses frères d’armes, Jeremy a voulu anti hollywoodienne au possible) et soulignant revenir à quelque chose de plus classique chez eux,rendre un dernier hommage à sa mère avec cet album une mysticité et un rapport entre l’homme et la mélodique et raffiné avec le très beau « Forgottense terminant sur le très beau « Skyscraper » (avec nature, mis en avant dans la seconde partie qui children » avant le plus rythmé « Unflexible grids ».Julien Rose Baker). Une ultime ode à l’amour filial, se passe dans le désert de sable de Salar d’Uyuni Experimental mais pas trop, inventif juste ce qu’ilémouvante, touchant mais jamais forcée qui conclue en Bolivie. L’ambiance d’ensemble est recueillie, faut, toujours d’une imparable cohérence, le groupejoliment cet album indispensable, autant de par sa magique et parfois même un brin ludique dans sa révoque les clichés de l’expérimental avant-gardistethématique que de sa réalisation imparable. Sans combinaison d’un violoncelle free assez délirant outrancier pour chercher l’originalité efficace, clairementdoute parce que les grands groupes et musiciens et tellurique avec des chants d’élévation appuyés assumée (« Double bind », « Soil », « Ouroboros »).se révèlent dans les moments les plus difficiles de par des percussions tribales (“A una Rosa”). Par Rien à redire, après deux sorties, le groupe s’imposeleur vie. Respect. moments, des touches de musique répétitive comme une exception (à tous les sens du terme)… minimaliste se font sentir (“Foreign Country”) I I✎ Aurelio www.scoreav.com http://urlz.fr/53uM mêlées dans un tout indéniablement cérémonieux I I(Très) Classe. et chimérique. Poétique malgré une dominante ✎ Aurelio www.scoreav.com http://urlz.fr/53uL Imaussade (“Reunion”). ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 77 ✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53v0

ALBUMS Date de sortie : Date de sortie : Date de sortie : 30/09/2015 04/11/2016 03/11/2016 Durée : 1h 11 min Durée : 00:58:30 Nationalité : PL Nationalité : FR Styles : Coldwave / Nationalité : FR Styles : JAZZ / RIO / Styles : INDUS / expérimental / Synth electronic / expérimental math rock Krackhouse Chromb ! 7JKComes Alive (Sordide Sentimental /Atypeek Music) 1000 (Dur et Doux / Atypeek Music) Ride the Solar Tide (Redroom)Retour sur un groupe newyorkais un peu oublié Il y a deux ans sortait le deuxième album de Recentré autour de Matt Howden (Sieben) et Maciekaujourd’hui. Krackhouse fut un projet lancé dans Chromb ! judicieusement nommé II, extraterrestre Frett (Job Karma), le nouvel album de 7JK se présenteles années 80 par Mike Sappol, rejoint ensuite par subjuguant. En misant sur le bon cheval, la prédic- d’emblée comme un trip. Le titre, l’artwork, les voixMurray Reams et Doug Henderson, ce dernier étant tion voulait que ce quartet remette le couvert de samplées, les thèmes et les ambiances hallucinéesdevenu entre-temps bien réputé dans le milieu de haricots verts et c’est avec joie et bonheur qu’avec ne trompent pas, et dès l’introductif “Liftoff forl’art contemporain. C’est lui d’ailleurs qui assure un peu de beurre, nous nous laissons entraîner par 7JK”, le décollage est garanti. Plus psychédélique etle remaster de cette version digitale proposée par 1000 judicieusement nommé… euh non en fait… cosmique que le précédent Anthems Flesh (2012), laAtypeek d’un disque initialement paru chez Sordide mais oui quand même ! musique n’en oublie pas les touches electro-waveSentimental en 1993. Les paroles de Mike Sappol (Chris & Cosey, Clock DVA, Depeche Mode, Johns’y trouvent aussi, révélant un second degré et un Mille fois mieux ? En exagérant légèrement, cet Foxx, Nagamatzu...) mais les amènent vers dessens de l’absurde tout beckettien pour ces amateurs album qui aurait dû s’appeler III en vaut bien le territoires totalement originaux. Véritable odyssée,de dadaïsme sonore. Leur univers peut d’ailleurs double, voire le triple puissance 4. Grâce à une col- parsemée de messages ésotériques, le disque tires’apparenter à celui des Residents, de Renaldo & lecte participative, 1000 est à peu de chose près la sa force de l’alliance parfaitement équilibrée entrethe Loaf ou de DDAA, à la fois free, industriel et somme récoltée. Ce groupe français qui aime tant acoustique et électronique, violons et rythmesludique, relevant presque d’une forme d’art brut jouer avec les chiffres accentue ici son côté math- digitaux, voix réelles et voix échantillonnées. Mé-mêlé de poésies et spoken words. Sur ces sept rock, réduit minutieusement son attache jazz et lodique et atmosphérique, cette aventure spatialepistes sonores, ils avaient aussi bénéficié de l’apport multiplie ses idées dans des structures élargies où regorge de très belles compositions : “The Centred’instrumentistes extérieurs, dont le plus connu est l’insolence n’a d’égale que la maturité de l’écriture. of the Universe” et sa basse cold accrocheuse,sûrement Eugene Chadbourne. Dès “Flowers of Shit” le mélancolique “Barry the Astonishing” et sonse mêlent des collages de bandes magnétiques, un La durée du disque a doublé, l’énergie est à son violon fou comme tiré d’un vieux Tuxedomoon,groove de percussions inversées, une guitare funk summum ; cependant, l’incursion dans 1000 ne se la synthpop sous acide de “Black Hole Entropy”maladive et un violon neurasthénique. Les Fleurs fait pas facilement. Rappelons que les Lyonnais et surtout “Guidance is Internal”, symbiose totaledu mal de Baudelaire y sont retraitées en mode n’ont pas de guitare ce qui fait reposer beaucoup entre l’univers des deux groupes pour toucher àurbain, humoristique et trashy. “These Kids” va de paramètres principalement mélodiques sur le une ethno-pop baroque pour l’ère atomique. Duplus loin encore dans cette musique déstructurée, saxophone, les claviers mais aussi la basse. Le début jusqu’à la fin, on ne touche plus terre, etspasmodique, aux textes scandés. Inclassable et groupe décline les influences stylistiques tout en on peut même se laisser aller à danser commefou, à la limite du psychiatrique, le morceau se gardant unité et énergie, se permet de rajouter par perdu au fin fond d’un nightclub sur une planètebase sur des samples grouillants et rythmiques qui moments du chant humoristique. Parfois absurde inconnue (“Undergrowth”). Ça plane sévère, la voixlui apportent une dimension dansante, bien que et farfelue, la musique de Chromb ! est variée et de Matt est toujours aussi pure et ses couches detotalement déglinguée. Ça tâche, c’est cradingue consistante, même dans les expérimentations les cordes émergent avec grâce des beats addictifs detout en restant toujours dynamique. Sur “Mediter- plus poussées, l’aura de Mr Bungle planant furtive- Maciek. De la bonne défonce.ranean Homesick”, la guitare évoque Snakefinger, ment de-ci de-là.alors que “Rusty Razor Blade” pourrait être la I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53uWBO d’un comics chez les cajuns du bayou et que Chromb ! a encore une fois mis dans le mille,“Pornovista” se rapproche d’une ethnicité aberrante c’est le cas de le dire avec un album léché dans 7JK ©Cécile Hautefeuillecomme celle des Texans d’Ak’chamel. “Virginia”, les moindres détails, même si quelques microavec sa nature obsessionnelle, révèle un climat longueurs effacent le côté immédiat des débuts.plus inquiet dans sa bizarrerie. Vingt minutes de Fruit d’un travail considérable, semble-t-il, produc-délires bien régénérateurs. tion incluse, 1000 suscite l’engouement et force le respect. Le groupe a su faire évoluer sa musique I✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53uQ sans la dénaturer, c’est une réussite. I I✎ Aleksandr Lézy http://urlz.fr/53qt http://urlz.fr/53uT78 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

ALBUMS Ces fauves, aussi sanguinaires et indomptables qu’ils Top 5 dAelbsummesilJlaezuzrs paraissent, font cependant preuve d’une coordination Date de sortie : et de communication dans leur jeu dynamique: le By CITIZEN JAZZ, le mag de Jazz 2001 registre de Takayanagi s’adapte à celui de d’Abe, le duo se synchronise et combinent leurs timbres COMmENT LIRE UN QR CODE ? Durée : 00:29:25 respectifs pour créer une masse indissociable et Pour lire un QR Code, il suffit de télécharger une applica- Nationalité : JP opaque au timbre métallique et infernal. tion de lecture de QR Codes. D’ouvrir l’application et viser Styles : Noise / le QR Code avec l’appareil photo de son téléphone mobile Free Improvisation Gradually Projection, pièce située chronologique- et l’application lance l’écoute de la playlist. ment entre les deux parties de Mass Projection, se Masayuki Takayanagi & Kaoru Abe montre plus tempéré que ce dernier. Les phrases Chromb !Mass Projection & Gradually Projection mélodiques de sax, de clarinette et de Shakuhachi prennent le dessus, soutenus par un Masayuki 1000( Diw ) Takayanagi dissonant mais discret en accompagne- Paru le 4 novembre 2016 ment à la guitare acoustique. ©Dur Et Doux / AtypeekC’est en Juillet 1970, soit 5 ans avant Metal Ma- http://urlz.fr/52pRchine Music, qu’a lieu la session qui aboutira sur Le niveau sonore plus soutenu laisse occasionnelle-ces deux albums préfigurant la noise music telle ment entendre l’ambiance sonore du club qui vient Quatuor IXIqu’on la connait. Nés de la rencontre d’un jeune se mêler à la performance. Progressivement, le jeu & Melanoiasaxophoniste alto et d’un guitariste affranchi du mélodique de Kaoru Abe se déforme et dérape,Jazz, Mass Projection et Gradually Projection sont les cris stridents reviennent ponctuer les phrases REDdeux pièces complémentaires d’une seule et même mélodiques. Les solos reprennent peu à peu le Paru le 14 décembre 2016oeuvre qui a marqué les grands improvisateurs dessus avant de laisser place à un solo disonnant ©BMC Recordsde la scène d’avant-garde (de Derek Bailey à Ray d’harmonica pour clore la pièce. http://urlz.fr/52qrRussel). Animés d’un talent et d’un caractère in-domptable, c’est un Jazz féral d’une violence inouïe A la fois paroxysme du Jazz et précurseurs de la Paul Layque livre le duo sur Mass Projection; le free Jazz Japanoise, vous aurez compris que Mass Projectionde d’Ornette Coleman est ici porté à ébullition, ses et Gradually Projection ne sont pas des albums Alcazar Memorieslimites repoussées jusqu’à ses frontières absolues. facilement abordables. Paru le 17 février 2017 ©Laborie JazzMass Projection nous confronte d’entrée de jeu à Plus de 45 ans après leur sortie, le niveau de http://urlz.fr/52qCune fanfare pandémoniaque, un mur de sonorités débauche sonore atteint par le duo sur Mass Pro-grinçantes et stridentes qui se maintiennent avec jection par le biais d’instruments acoustiques se Jean-Bricepeu de relâchement jusqu’à son extinction. Le montre inégalé. Pièces fondamentales de l’avant- Godetson pachydermique et stridulent des solos de sax garde, la distribution limitée de ces albums fontd’Abe s’entrechoque avec les larcens de guitare d’eux des perles rares qui s’arrachent à prix d’or Lignes de crêtesde Takayanagi comme deux bêtes féroces s’entre- Paru le 20 janvier 2017déchirent sans répit pour leur territoire. Ichez les collectionneurs. ©Clean Feed ✎ Robin Ono http://urlz.fr/53uX http://urlz.fr/52qJ Masayuki Takayanagi ©DR Emmanuel Scarpa Invisible Worlds Paru le 7 novembre 2016 ©Coax Records http://urlz.fr/52qP www.citizenjazz.com



ALBUMS Date de sortie : MIGOS © DR Date de sortie : Date de sortie : 27/01/2017 IMYRMIND © DR17/03/201610/03/2017 Durée : 00:58:26 Durée : 14 mn Durée : 00:53:00 Nationalité : Nationalité : Nationalité : DE US Styles : electronic / Styles : Rap FR expérimental Styles : Alternative Migos Culture Post-Rock / Noise IMYRMIND Uniwersum Luxus (Money $ex Records)(300 Entertainment/Quality Control) L’Effondras Il y a des albums, dont on ne comprend pas Les Flavescences (Noise Parade) pourquoi ils ne sont pas plus mis en avant dansOriginaires d’Atlanta, Quavo, Offset et Takeoff, le trio la presse spécialisée, tant leur potentiel créatif secomposant Migos sont de retour, avec un deuxième Après un premier album en 2014 qui convainc aussi démarque par moult détails, à l’image du premieralbum Culture qui devrait rafler la mise cette année. bien la presse que les oreilles curieuses, le trio de album de IMYRMIND, Uniwersum Luxus. On ressentMême s’ils n’ont jamais vraiment quitté les radars Bourg-en-Bresse ré-émerge au grand réjouissent de sur Uniwersum Luxus une véritable jubilation, undepuis leur premier album Young Rich Nation, la scène post-rock française en ce début d’année. plaisir de tous les instants disséminés sur chaquenous abreuvant régulièrement de mixtapes, Migos L’occasion en question est celle d’une inauguration, titre ou interlude, gorgé d’influences diverses eta définitivement imposé son style avec ses flows à savoir celle du successeur au premier LP. éparses, n’hésitant pas à faire se déhancher la housestylisés, gorgés d’onomatopées aux sens obscurs, et à jazzifier la techno, à déployer des ambiancesvoir surréalistes et de raclu res de gorges. Doté de 4 nouveaux titres numérotés de X à XIII, le smooth au funk poisseux, pour nous faire virevolter groupe reprend les festivités là où il les avait laissés au dessus de nuages baignant nos corps de grâceCherchant avant tout à faire valser les mots, à leur avec son dernier EP avec de grosses compositions céleste. IMYRMIND possède un esprit explorateurdonner des rythmiques particulières, Migos est une instrumentales à mi-chemin entre une atmosphère en forme d’hommage à tout un pan de la musique,formation qui aura profondément marqué toute desert rock à la Earth et une ambiance évoquant au sens très large du terme, alternant les temposune génération de rappeurs, leur manière de faire l’exploration de l’espace. et les couleurs, alliant samples habilement choisisdanser les textes s’imposant de plus en plus chez et production sans effet de style pour un impactles autres, créant une flopée d’émules. Une fois de plus, la formation ne manque pas immédiat. Uniwersum Luxus possède une capacité d’impressionner avec la richesse de leur son créé à nous prendre par les tripes et faire danser notreLa production assurée par leurs collaborateurs de principalement par, faut-il le rappeler, un trio de esprit sur un dancefloor à la sophistication groovelongue date, 808 Mafia, Zaytoven, Metro Boomin deux guitares et une batterie. dentelée, enrobée d’une certaine dose d’humouret Nard & B, continue de faire des merveilles, mé- et de folie douce. Une très belle réussite.langeant cloud rap, psychédélisme rêveur, groove Doté d’une production plus organique et détailléetrap et mélodies imparables, aux volutes parfois qui remet une nouvelle couche de finition sur leur I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53v2complexes, entourés de featurings à faire pâlir a son, le trio orchestre une expérience d’écoute à laconcurrence : Travi$ Scott, Guci Mane, DJ Khaled, 2 fois hypnotique et engageante. Les ambiances se ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 81Chainz. Tous les ingrédients sont réunis pour faire fondent l’un dans l’autre, posées sur des rythmesde Culture une pièce maîtresse de la nouvelle scène de batterie syncopés qui ressaisissent l’attention derap. Un must. l’auditeur. Les compositions évoluent lentement et progressivement, faisant la part belle à la répétition I I✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53uZ pour densifier l’atmosphère et laisser le temps de contempler la matière sonore. Au-delà de la dimension contemplative de Les Flavescences se trouve une musique qui est bel et bien en mouvement, qui prend le temps de planter son décor sans se priver de moments plus dynamiques. Sorte de leitmotiv sur l’album, on regrettera cependant l’usage systématique des longues ouvertures qui introduisent chaque titre, d’autant plus que XII - Phalène, semble faire office de prologue au majestueux final de 25 minutes qui clôt l’album, pourtant largement autosuffisant. Sans révolutionner pour autant la formule du post- rock tel qu’on la connaît, L’Effondras nous livre ici un album engageant quoiqu’un brin monochrome. I✎ Robin Ono http://urlz.fr/53uN



RETROUVEZ TOUT LES GRANDS CLASSIQUES DU FREE JAZZ FUTURA MARGEs ur W W W. f ut u r a m a rg e . ba n dc amp. c om - Di s poni bl e en CD ou DIGITAL

AL’TARBA La nuit se lève« Album kaléidoscopique où de multiples horizonss’agrègent dans un même carcan obscur et radical, « LaNuit Se Lève » donne de la nuance à la scène abstract hex-agonale, quand de nombreux producteurs s’enlisent dansla nostalgie. Le contenu de ce nouveau projet risque dediviser, notamment à cause de la ballade violente danslaquelle il nous emmène, de l’impétuosité des rythm-iques et de la densité du mix. Les références dans les sam-ples et dans les titres sont assez jouissives lorsqu’onen décerne la provenance, mais resteront sans effetsur celles et ceux qui n’ont pas les clefs nécessairespour en trouver l’origine. Une chose est cependant cer-taine : on ne restera pas de marbre une fois ce riche univ-ers dévoilé à nos oreilles, avec un travail sur l’ambianceet les mélodies d’ores et déjà mémorable.» indie music84 ATYPEEK MAG #01 OCT./NOV./DEC. 2016

http://www.iotrecords.org/al-tarba«Plusélectroque WaxTaylor,moins funkqueDoctor L,le Toulou-sain creuseson propresillonet trouveun justeéquilibreentreabstracthiphop etfeaturingsefficaces» TRAX NOUVEL ALBUM 3 mars 2017 © Amás Mészáros

instantanés des copains/Copineswww.instagram.com/atypeek/www.instagram.com/schlaasss/www.instagram.com/dookoom/www.instagram.com/ultrapanda/www.instagram.com/duretdoux/www.antoine44nantes.book.fr ©Antoine Gary - Merci à Angélique86 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017



VIDéoclipS PAR LéA VINCEARTISTE : CHRISTEENE RÉALISATEUR : MATT LAMBERT LIEN CLIP : http://urlz.fr/52qQ et sans crier « GARE » tout le monde fait tomber le pantalon et se retrouve en slip ou justaucorps en latex multicolore à danser furieusement sur la musique endiablée. Joie de vivre et petit culs bien moulés entre le rayon des légumes et des produits laitiers, je n’ai rien à ajouter, je retourne danser. ✎ Léa Vince Galantis - peanut Butter Jelly Rammstein Et oui la culture musicale allemande ne s’importehttp://urlz.fr/52qR pas vraiment en France. Pourtant Louane et Zaz sont Mein Land - http://urlz.fr/52qS très connues en Allemagne, allez savoir pourquoi.Vous savez quoi, je vais jouer carte sur table, plusde mensonges. Je vous dévoile aujourd’hui un petit Si je vous dis musique allemande, vous me répondrez Avant de vous parler du célébrissime groupe deplaisir coupable musical, ne mentez pas, nous en certainement (tristement) Tokyo Hotel, Nena, mais métal j’aimerais préciser que j’écris cet article suravons tous. Certains moins glorieux que d’autres peut-être aussi la chanteuse de 99 Luftsballons, le sol allemand, je suis une chroniqueuse qui prendmais là n’est pas le problème. Galantis – Peanut peut être Nina Hagen, Einstürzende Neubauten, ses rubriques à cœur, voyez-vous.Butter Jelly est une chanson sur laquelle je suis Caspar Brötzmann et enfin Rammstein.tombée par pur hasard sur Youtube et il se trouve Le groupe est donc plutôt connu pour leur musiqueque CETTE CHANSON EST PUREMENT GÉNIALE. Je métal industrielle légèrement provocatrice. Pourm’enflamme peut-être un chouia mais cela n’enlève le clip de ‘Mein Land’ (Mon pays) on plonge dansrien au fait que Peanut Butter Jelly est une chan- l’univers Beach Boys des années 60 et le moins qu’onson « feel-good » ultra-énergique qui me donne puisse dire c’est que ça dépareille avec la musique.toujours une folle envie de danser. Pour résumerle clip, nous nous trouvons dans un supermarché ✎ Léa Vince88 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

VIDéoclipS PAR LéA VINCE Die Antwoord des « phénomènes repris et décliné en masse sur Ça me rend un peu nostalgique d’écouter Boys Internet » par le biais de photo, gif, vidéo, etc. Ce Noize, vous voyez c’est l’un des premiers artistesBanana Brain clip est si drôle visuellement. que j’ai découvert il y a de ça quelques annéeshttp://urlz.fr/52qU lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’univers ✎ Léa Vince électro… oh attendez je raconte encore ma vie,J’aimerais ouvrir cet article par un point prononcia- désolé. Boys Noize, le DJ/producteur allemand a sortition, parce que ce débat a agité plusieurs de mes JUSTICE – FIRE son dernier album « Mayday » en mai dernier. 2019soirées auparavant. Allez c’est gratuit. On proscrit http://urlz.fr/52qW Après J-C, dans ce clip légèrement futuristique, noustout de suite la prononciation à l’anglaise, on se Oyé Oyé Justice est de retour, Vive Justice ! Le groupe suivons les aventures d’un jeune couple arpentantdétend et on répète après moi ; Di ANT-wou-rde. français à la vibe électro la plus fraîche est de retour les rues de Mexico city. Un clip ou l’amour vogue depuis fin 2016 et ça a fait grand bruit. Dans Fire, entre monde réel et virtuel. Ce fut un coup ce cœurRevenons à nos moutons, sachez que j’aime Die titre extrait de l’album Woman, sorti en décembre musical instantané (comme les nouilles asiatiques)Antwoord. Beaucoup. Autant pour leur musique dernier, le groupe se fait plaisir et invite Susan pour ma part, c’est si doux et dynamique à la fois.démente que leur univers perché. Die Antwoord Sarandon ni plus ni moins. Le clip tout entier estsont des aliens de la planète ZEF (le style musical un véritable hommage au film Thelma et Louise, ✎ Léa Vincequ’ils ont eux même crée) venu pour te retourner remplacez juste Thelma (Geena Davis) par le duole cerveau et te faire chanter le meilleur yaourt de français Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Anarchist Republic of Bzzzta vie, perso je n’ai pas fait Afrikaans LV3. Retour vers le passé dans un univers visuel on ne peut « Respect the Eye » plus 80’s. Susan Sarandon, 70 ans tout de même, est http://urlz.fr/52qZLe groupe est de retour depuis septembre dernier tellement badass dans ce clip, conduisant cheveux On part ici sur une expérience musicale totale,avec un nouvel album « Mount Ninji and Da Nice au vent un vieux bolide décapotable et sillonnant autant musicalement que visuellement. L’universTime Kid » dont Banana Brain est extrait. les chaudes routes californiennes. visuel du groupe Anarchist Republic of Bzzz signé Susan Sarandon est plus cool que votre grand-mère par l’artiste Kiki Picasso est étrange, coloré et enNuit de débauche pour ¥olandi et Ninja sous le et sûrement la mienne d’ailleurs. Justice ne nous somme un peu fou. Le clip est vraisemblablementsigne de la banane. Yolandi, cette petite friponne, déçoit que rarement, et ce nouvel extrait ne fait pas constitué de nombreux extraits de publicités, cliprefile une bonne douzaine de somnifères à ses exception, ils nous offrent un bon vieux son électro- musicaux et drama asiatiques.parents, subtilement dissous dans une bonne tisane pop disco toujours autant sucrée et dynamique, ça Un drama est une sorte de soap opéra un peu,du soir, tout ça pour pouvoir faire la bringue en réchauffe mon petit cœur froid d’hiver. voire carrément, kitsch mais version coréenne entoute quiétude. Die Antwoord nous emmène dans majorité. Sous la patte de Kiki Picasso, l’effet renduun bad trip techno déchaîné. Honte à celui qui ne ✎ Léa Vince est très saturé mais étrangement hypnotisant, jebougera pas sa tête de manière frénétique d’avant vous laisse découvrir par vous-même.en arrière en écoutant Banana Brain. Boys noize Musique expérimentale avec une pointe d’univers 2 Live - http://urlz.fr/52qX ‘musique du monde’, les Anarchist Republic of ✎ Jonathan Allirand Encore un artiste allemand, je vous ai dit que Bzzz sont comme le nom de leur groupe, unique. j’aimais bien l’Allemagne ? Bien beau pays malgré The Shoes - Drifted les préjugés. Enfin nous ne sommes pas là pour ✎ Léa Vincehttp://urlz.fr/52qV parler de ma vie. ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 89Donnez au groupe The Shoes un ordinateur portableMac et un accès internet, cela suffira pour qu’ilvous sorte un petit clip bien chaud pour le titreDrifted. OKAY ce clip ne date pas de la dernièrepluie mais les piqûres de rappel ne font jamaisde mal à personne. Drifted est une petite bombemusicale explosive avec un beat battant et netmais mélodieusement accompagné de la doucevoix d’Ambroise Willaume. Je n’arrive pas à medécider sur mon avis concernant cette vidéo, purgénie ou pure flemmardise ? Probablement un peudes deux. Ce clip c’est la foire aux mêmes. Pour lesplus de 40 ans qui ne suivent plus trop l’évolutiond’Internet depuis Windows 95, les mêmes sont

90 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 Le Designet plus encore…

Janv./Fév./Mars 2017 © DR Pierrick Starsky - Journaliste LE CAHIERDU DESIGN Les monstres grotesques de Brice Baleydier  GABE BARTALOS créateur de Arkaïc Skateboards Entretien  IArticle The Daily Board Maxime Lachaud, Journaliste LA GALERIE LE GÉANT VERT ANTOINE, IArticle Kiblind Magazine AMATEUR à NANTES J. Tourette, Journaliste Dans la cuisine DEBlanc comme neige Dav GuedinIMode Le Village des Créateurs IInterview AAARG ! ROVT Design Pierrick Starsky, JournalisteIArticle Le Village des Créateurs ALICE Féray TATTOOISME 3, Carnet de voyage : IArticle Fred Inhvader Mongolie Chris Coppola, Journaliste ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 91

92 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017ENTRETIENARTISTEL esGmAonBstEreBs AgrRotTeAsqLuOesSdeENTRETIEN : Maxime Lachaud avec GABE BARTALOS INFOS : www.atlanticwesteffects.com © DR Quand as-tu eu ta première révélation pour les effets spéciaux ?Rares sont les maquilleurs et les artistes d’effets spéciaux à avoir Gabe Bartalos : Très jeune, je sais que j’ai été affecté par le premier Godzilla.été exposés dans des galeries d’art contemporain. C’est pourtant D’ailleurs, c’est amusant de le regarder aujourd’hui car il était très sombrele cas de Gabe Bartalos, dont les créatures hybrides et surréalistes en termes d’ambiance. Je devais avoir onze ou douze ans. J’imaginaisont pu aussi bien se retrouver dans des films gore de série B que Godzilla s’élever de mon voisinage à Ardsley Road et cela me terrifiait. Jedans les œuvres expérimentales de Matthew Barney. Passionné savais que ce n’était pas réel, même si à l’époque je ne faisais pas encorepar le cinéma d’horreur, Bartalos s’est retrouvé dès l’adolescence la différence entre un costume de créature et un acteur, mais cette émotionà travailler sur des tournages et à rencontrer tous les plus grands que ce film a laissé en moi je l’ai recréée dans mes fantasmes. Ce devaitnoms du genre dans les années 80 : Tom Savini, Tobe Hooper, Stuart être la première fois que je projetais des images dans ma tête. Un peuGordon, Joe Dante ou encore Frank Henenlotter avec qui il continue après, Creature from the Black Lagoon m’a impressionné. J’ai toujours étéà collaborer. Dans les années 1990, il crée Atlantic West Effects, fasciné par ce qu’il y a sous l’eau, et voir un costume aussi bien fait danssa propre compagnie à Los Angeles et enchaîne les commandes. un film aussi bien réalisé, cela atteignait un autre niveau. C’est à partir dePassionné de punk rock, il se lance dans la réalisation de clips dans là que les choses se sont mises en route et très rapidement, à douze oules années 2000 et dirige son premier long métrage en 2004, Écorché treize ans, j’ai commencé à tourner mes propres films, en essayant de faireVif (Skinned Deep), suivi par Saint Bernard, son dernier film dans resurgir ces images. Mon père avait une caméra Super 8, j’ai commencé àlequel il laisse libre cours à son imagination délirante. Ses masques apprendre les rudiments du tournage et du montage et à recréer et raconteret sculptures, à la fois monstrueux et fascinants, portent tous sa mes propres histoires. C’est ainsi que j’ai compris que j’étais intéressé parmarque, et quand il en parle, son regard brille d’enthousiasme, car la création des personnages. L’art de raconter des histoires s’est détournémalgré sa carrure de grand balaise, Bartalos reste aussi passionné vers l’art des effets spéciaux.qu’un enfant qu’on amènerait à sa première fête foraine. Et ton goût pour l’horreur elle-même ? Y a-t-il eu un film qui t’a amené à vouloir provoquer ce genre de sensations chez les autres ? Oui, je l’ai regardé à nouveau il y a quelques années, et ce n’était pas aussi horrible que dans mon souvenir. Il s’appelle The Legend of Boggy Creek. Il y avait quelque chose de brut, qui semblait réel. Ce qui est dingue, c’est qu’après l’avoir vu, je n’arrêtais pas de dessiner la créature. Mais ce n’était pas la créature du film, mon esprit s’était construit quelque chose. C’est marrant car on ne la voit quasiment pas, juste une main, une forme, donc c’est mon imagination qui dessinait le monstre. Il pouvait se trouver dans un ruisseau avec le clair de lune par exemple, et c’est intéressant de voir comme un jeune cerveau peut être fertile.

“les créatures © DR hybrides et surréalistes de Gabe Bartalos ont pu aussibien se retrouver dans des films gore de série B que dans les œuvresexpérimentales de Matthew Barney” Maxime Lachaud ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 93

94 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017© DR À SAVOIRLe triomphe Le premier long de l’imagination métrage de Gabe Bartalos, écorché Vif,C’était déjà une narration que j’avais dans la tête. Je pense aussi que j’avais le a été édité en Francebon âge quand le genre splatter a explosé, entre 1980 et 1983. Tous ces films en 2005 par le biaisétaient fantastiques et je les ai dévorés à l’adolescence. Aujourd’hui des filmssont écrits pour rendre hommage à ce travail de Tom Savini qui était si impres- du magazinesionnant, puis le voir se raffiner avec Rick Baker et Dick Smith, c’était se dire Mad Movies.qu’on pouvait avoir de l’audace et de la théâtralité mais qu’on pouvait aussiensuite porter attention à cet art. C’était très excitant, comme un bouillonnement Cela m’a amené à travailler sur mon premier film, Spookies ou Twisted Souls.artistique. C’était une période foisonnante, et j’avais l’âge pour l’apprécier. Je connaissais les cinéastes mais Arnold a eu une dispute et a quitté le projet. Ma pensée initiale était de partir avec lui mais il m’a dit non, reste avec eux,Quand tu as commencé à travailler sur des films, avais-tu un mentor ? ils t’apprécient. Il m’a donné sa bénédiction et du coup j’ai eu en charge deOui. À une convention de films, j’ai rencontré un artiste d’effets spéciaux, terminer les quelques monstres qu’il fallait construire. Le producteur et lesArnold Gargiulo. Il habitait à deux villes de chez moi et il m’a invité à visiter réalisateurs ont vraiment apprécié que je reste car ils avaient besoin d’aide.son studio. J’ai commencé à y travailler gratuitement, puis je me suis retrouvé C’était la première fois que je vivais sur les lieux du tournage, je créais dessur des tournages et j’ai commencé à être payé. J’étais très jeune. J’avais seize personnages et j’avais la possibilité de les voir sur un écran, ce qui est trèsans et je me retrouvais sur des projets imminents. important. Tu commences à voir à quoi ton travail ressemble sur la toile à laquelle il est destiné. Est-ce que je dois mettre plus de peinture ? Est-ce que je dois en enlever ? Et tu t’ajustes en fonction. Quand tu travailles avec un cinéaste, il faut que tu t’adaptes à sa vision. Pour que cela fonctionne, faut-il que tu aies la même vision que lui ? Oui, c’est double car, sauf dans les cas de mes propres films, Écorché Vif et Saint Bernard, je suis un artiste commercial. Un client loue mes services. C’est du business et je me dois de remettre ce qu’il demande. Mais les clients plus futés viennent me voir car ils aiment mon style, mon énergie, ou ils ont vu quelque chose que j’ai fait qui leur a plu. Et ils arrivent à tirer le mieux de ce qui sort de moi normalement. Pour les films où il y a besoin de créer des choses ultra-réalistes, le défi est de mettre mon style en sourdine et de

“Tom Savini À présent je vis à Los Angeles. Et à ce moment précis, je © DR est sûrement ce qui me trouvais à Houston, Texas, à travailler sur un film qui se © DR a pu arriver de nomme The Lamp ou The Outing. Tom à ce moment-là m’a © DR mieux dans appelé disant qu’ils faisaient Massacre à la tronçonneuse 2 © DR l’histoire et est-ce que je voudrais faire partie de l’équipe. Je lui ai des effets spéciaux” demandé où il était, et il se trouvait à Austin. Je lui réponds que je suis à une heure de route et que j’ai fini dans troisservir le projet, ce qui est aussi très amusant à faire, je jours. Il m’a dit, Ok t’as le job ! Étant fan des Vendredi 13parle des répliques de corps ou de personnages. Quand je et aussi du premier Massacre à la tronçonneuse, c’étaitrencontre un réalisateur, j’aime d’abord leur parler, j’aime intéressant de me retrouver dans cette aventure avec Tomsavoir comment ils s’habillent, comment ils se coupent les comme patron et Tobe à la réalisation.cheveux, quel genre de chaussures ils portent, ils me disentla musique qu’ils aiment, ce qu’ils font pour s’amuser et C’était merveilleux de les voir faire. J’étais dans les envi-c’est à ça que les films doivent ressembler. Ce sont donc rons, ça a été ma chance, je n’ai pas eu à retourner à Losdes choses subliminales que je branche dans ma tête pour Angeles. Ce que j’ai appris, c’est que Tom est un incroyabledire par exemple, là il faut que ce soit plus sombre, je vais superviseur. Très intelligent, il sait bien s’entourer, noustravailler sur une palette de noir et de gris et du bleu nuit. n’étions pas nombreux mais la main au travail et talen-À un autre moment, je me dis que c’est un projet plus tueux. Il savait utiliser nos spécialités et c’est ce qui faitréaliste et terre à terre, du coup je vais travailler sur des que le travail était bien fait. Il arrive à écarter toutes lesverts et des marrons. Les réalisateurs après, se disent, hey choses chiantes, la production et tout ça pour te laisserc’est exactement ce que je cherchais mais c’est mon tact faire ton truc.et ma capacité à comprendre ce qui peut servir le projet. En plus de Frank Henenlotter (Elmer le remue mé-Tu as parlé de Tom Savini, et tu as travaillé avec lui ninges, Frankenhooker…) ou Joe Dante (Gremlins 2)dans les années 80 sur Massacre à la tronçonneuse avec lesquels tu as travaillés, tu as aussi collaboré2. Comment s’est passée cette rencontre ? avec Stuart Gordon pour Aux portes de l’au-delà et Les Poupées. Comment cela s’est passé ?Tom est sûrement ce qui a pu arriver de mieux dans l’histoiredes effets spéciaux. C’est une personnalité tellement forte, Je travaillais dans des studios qui se nommaient MMI Studiospositive, jeune, il se fait aimer par tellement de gens. Ce pour la compagnie qui s’occupait de tous les films Empiren’est pas du tout l’image des hommes en blouse dans leur de Charlie Band. Charlie enchaînait les films comme àlabo. Il était plus comme Rick Baker, jeune et facile d’accès. l’usine. John Buechler, le dirigeant, savait que je supervisaisAyant grandi à New York, Tom est aussi de la côte est et déjà des projets sur la côte est. Il a dit, nous avons unec’était une plus petite communauté. Nous nous connaissions liste de films, celui-ci c’est Les Poupées réalisé par Stuarttous. Quand Tom venait visiter New York, nous passions du Gordon, et tu le fais. Aux portes de l’enfer se préparait autemps ensemble. Il me donnait des conseils. C’était une même moment. Il y avait aussi un film de David Schmoellerbonne période où nous traînions ensemble. qui s’appelle Crawlspace avec Klaus Kinski. Un ami John Vulich a pris en charge celui-là et j’ai pris en charge Les Poupées. J’étais parti en Italie pour exécuter les effets et j’ai eu à faire directement à Gordon. Le boss lui est resté aux États-Unis. Avec Stuart nous nous sommes très bien entendus, on a travaillé intimement. ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 95

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97 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 À SAVOIR La collaboration entre Gabe Bartalos et Frank Henenlotter a commencé avec Elmer le remue-méninges (1987). Bartalos a même co-produit les deux derniers films du cinéaste new- yorkais, Chasing Banksy et un portrait passionnant de l’artiste Mike Diana. PLUS D’INFOS http://urlz.fr/52Zb©DR © DR Il restait sans dormir pendant plusieurs jours et regardait Certains de tes effets spéciaux, ce que son subconscient pouvait créer. Des fois quand tu sont des tours de force, es-tu plus Un an et demi plus tard, on a encore travaillé ensemble, il a as la fièvre et que tu rêves, au pire de la grippe, quand fière de l’exécution de l’un d’eux ? fait une pièce de théâtre qui s’appelait Taste, sur l’histoire tu es à deux doigts de l’hallucination, tu pourrais juste vraie d’un cannibale allemand. Il a coupé un gars, lui a vomir et mourir mais j’ai toujours essayé de me focaliser Un bon exemple se trouve dans Basket arraché le pénis et l’a mangé. Cette pièce était vraiment cool. sur l’aspect créatif pour voir ce que mon cerveau imagine Case 2. Frank Henenlotter est venu me quand je suis dans cet état. Et il n’y a rien de nouveau, car voir, il m’a dit les comités d’évaluation Ton style a pu être rapproché de certains peintres d’autres le faisaient avant. Même Henry Moore, le sculpteur sont incontrôlables mais nous devons de la tradition grotesque, Bosch, Arcimboldo, tires-tu britannique, son travail des débuts dont tout le monde tuer ce reporter et ce doit être dans la aussi de l’inspiration pour tes sculptures et tes effets se souvient est parfait, ses portraits sont si exacts, il a lignée des films précédents avec les spéciaux d’autre chose que du cinéma ? appris le langage de l’illustration si bien, l’a métamorphosé créatures surréalistes. Donc que fait-on ? jusqu’à produire à présent des formes floues. Ces formes Et si nous étirions son visage et que Je ne parlerais pas d’inspiration, mais à présent en vieil- ne fonctionneraient pas s’il n’y avait pas une base pour nous le traitions comme du plastique. lissant, je me penche sur les grands maîtres du monde le faire, et sur un plan anatomique, il a poussé le langage J’ai pris une impression de l’actrice, de l’art. Cela m’excite de voir qu’il y a une ascendance. et l’a tellement abrégé que cela communique. Je suis si j’ai mélangé de l’argile avec de la Bosch pour son sens de la narration, Francis Bacon et la content que David Lynch ait fait Une histoire vraie, il peut cire. J’ai pris plus d’argile et j’ai étiré gravité des choses qui tombent, les illustrations d’André faire un film normal et merveilleux bien qu’il ait choisi un son visage jusqu’au ridicule. Puis j’ai Masson, et toutes ces comparaisons sont très excitantes car langage différent pour communiquer. S’il n’était pas un si ajouté les dents, les gencives. C’était ce sont d’excellents dessinateurs. On s’aperçoit alors qu’il bon cinéaste, les abstractions de son travail ne fonction- techniquement fidèle mais absurde et y a une parenté au fil des siècles. Ils travaillaient sur les neraient pas si bien. C’est un bon exemple, faire un film ridicule. La peau aurait dû se déchirer. mêmes mutations. Au début, ma vision était très insulaire, normal et émotionnel bien qu’il soit plus à l’aise en allant Mais c’était parfait. C’est très bien filmé ce n’était que le cinéma et la pop, mais en regardant plus vers l’abstraction. Quand je fais du design ou que je sculpte, et c’est un moment fort. Comme il est loin dans le passé, je me suis rendu compte qu’il y avait il est important que l’anatomie fasse sens en premier. Tout dit dans cet hommage à Freaks, « à cette confrérie de folie qui avait traversé les siècles. Les doit être au bon endroit et ensuite je commence à bouger présent tu es un freak aussi », cela a surréalistes sont très excitants. Cela m’a rassuré, me dire les choses. Je sais que les gens qui apprécient reconnaissent rendu service au film et j’en suis très que je n’étais pas fou. Parfois tu te sens vraiment aux que cette connaissance de l’anatomie est présente mais fier. Je n’aime pas sentir, quand je marges. Même au sein des gars qui font les effets spéciaux que j’essaie d’aller plus loin. C’est important d’avoir ces suis spectateur, que le film est hors qui sont considérés comme des dingues, tu fais des choses fondements pour pouvoir les dépasser. contrôle, que le cinéaste ne connaît encore plus barrées. Puis quand tu vois et que tu lis de pas ses propres règles. Même dans El l’art classique comme André Masson, là je me suis dit c’est Topo et Santa Sangre de Jodorowsky, exactement ce que je pense. il y a des lois. Ce sont les moments les plus importants où il faut qu’il y ait de la discipline au sein du chaos. ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 97

Tu as donc eu ce parcours hallucinant au contact de narration. Je crois qu’ils ont aussi la responsabilité de ne “L’imaginationnombreux cinéastes, puis dans les années 2000, tu pas devenir dingue. Cela m’a pris des années pour intégrer des réalisateurs estes passé derrière la caméra. Avec quel cinéaste as-tu mon imagination dans le contexte d’un long-métrage où je souvent bien moinsappris le plus pour devenir à ton tour un réalisateur ? pourrais explorer ma folie sans les contraintes d’un studio cinglée que celle et le conservatisme que l’on peut y trouver. des artistes d’effetsC’est intéressant car il y a une part en moi qui dira : vis spéciaux”dans une grotte, ne lis rien, ne t’intéresse à rien pour Y a-t-il beaucoup de monstres que tu as dans la têtesavoir qui tu es. Mais ce n’est pas réaliste et j’aime aussi et que tu n’as jamais réalisés ? dans les films d’horreur, mais leconsommer de l’art, j’aime les films. Donc pour moi ce qui contexte en revanche n’a rien àimporte c’est le filtre par où ça sort. La réponse courte serait Des tonnes. Heureusement quand je dors ça s’arrête, mais voir. C’était tourné en vidéo, dansque j’ai appris de tous. Pour Écorché Vif et Saint Bernard, je ne suis pas en manque ! Parfois une personne se tourne, des lieux excellents, avec une toutemon nouveau film, tu pourrais presque dresser une liste. mais mon esprit voit autre chose. Mon imagination est très petite équipe, les budgets ontIl y a du Frank Henenlotter dedans, la sensibilité de Stuart active et tout m’inspire. J’ai beaucoup de dossiers sur des grandi, sa visibilité aussi, et il estGordon, la bizarrerie de Matthew Barney, il y a du Lepre- écorces d’arbres, des fissures dans le béton, les difformités, devenu de plus en plus célèbre. Dechaun aussi dedans, et même du Jodorowsky et du Lynch, les configurations de nuages, les copeaux de bois sont très plus gros budgets, de plus grossesdans le style laissons le subconscient s’exprimer. Mais j’ai intéressants, en particulier maintenant que je fais des films, équipes. Quand on travaillait surbeaucoup appris sur le tournage du sixième Vendredi 13 tout est une sculpture, les murs, les décors… le dernier Cremaster 3, cela avaitoù ils ont coupé des scènes d’effets spéciaux. Je trouvais atteint une dimension épique, avecça bizarre, dans les films d’horreur on devrait célébrer Et on n’en a pas encore parlé, mais dans les années d’énormes volumes d’effets. Il aimeles effets, donc au résultat il y a eu beaucoup d’argent 90, tu as commencé à travailler avec Matthew Barney ça, ça fait partie de son travail, cede perdu et un travail que tu ne verras jamais. Que faire sur ses fameux films d’avant-garde. Peux-tu revenir fut un voyage de huit ou neuf ansalors ? Je vais rendre les meurtres surréalistes. Quand les sur cette rencontre et ce travail ensemble ? absolument fabuleux. Puis nousgens se cachent les yeux, je trouve ça dommage car ils avons continué à travailler surratent le travail effectué. Donc je voulais faire le contraire, Un ami, Keith Edmier, travaillait aussi dans les effets spé- De Lama Lamina, tourné au Brésilqu’ils se rapprochent de l’écran en disant « Quoi ? ». C’est ciaux dans les années 80 et il a décidé de quitter ce milieu, pendant le carnaval. Ensuite il ale travail que j’aime faire : que les gens aient envie de voir partir à New York et devenir artiste. Il s’est retrouvé là-bas été invité à un défilé de mode àune seconde fois. C’est là que se font les distinctions indi- et avait besoin de travailler. Il a rencontré Matthew Barney Copenhague sponsorisé par Vogueviduelles sur ce que j’aime filmer. J’apprécie qu’on compare qui avait besoin de ce travail avec des prothèses. Keith s’est Magazine, et nous lui avons créémon premier film à Massacre à la tronçonneuse mais c’était retrouvé dans un studio non équipé pour ça, dans le froid un personnage prothétique. Etplus une blague. Il y a des tas de films qui reprennent ce de la côte est en faisant ce qu’il avait décidé de ne plus puis récemment, il a fait l’épiqueformat et pour moi c’est par manque d’imagination. Donc faire, mais dans un endroit plus hostile. Puis il m’a parlé, je River of Fundament, un film deje commence par cette trame narrative, mais si quelqu’un revenais à New York pour les vacances et il savait qu’avec six heures joué dans les opérasest assez gentil pour être venu voir mon film, il va être Matthew on allait bien s’entendre. Il nous a présentés et qui commence à tourner dans lerécompensé parce qu’après je pars dans des directions on a vite commencé à travailler sur Drawing Restraint 7. monde entier, nous avons fait untrès différentes. Comme si c’était un arbre et que je me Il était en centaure et son culturiste aussi. C’était pour personnage vraiment étrange etmettais à apprécier les branches. la biennale du Whitney Museum. Ce fut très bien reçu et dérangeant pour ça. C’est une cela a marqué un tournant dans la trajectoire de Matthew. collaboration qui continue, il aIl y a aussi une folie dans tes films ! Y trouves-tu Il a été assez chic pour m’inviter encore pour son projet une grande imagination et c’est siune liberté que tu n’as jamais vraiment eue avec suivant Cremaster 4 et je ne savais pas encore que cela excitant de voir qu’il est devenules autres metteurs en scène ? allait être le début d’un cycle. Dans les cinq films, quatre si important dans le monde de possèdent des effets de maquillage qu’il m’a demandé de l’art contemporain. Il a réussi enOui, parfois tu trouves qu’ils ne vont pas assez loin, mais faire. C’est amusant de travailler avec lui car il porte les montrant des choses qui n’avaientje comprends aussi qu’ils utilisent l’argent des studios maquillages. C’est son personnage qui dirige le film et ce jamais été vues avant.et que les studios n’aiment pas trop la folie. Il faut dire fut une grande aventure car ses projets ont été diffusésaussi que l’imagination des réalisateurs est souvent bien dans le monde entier. Tous les deux ans, il m’appelait etmoins cinglée que celle des artistes d’effets spéciaux. C’est ce que je fais pour lui n’est pas différent de ce que je faisun fait. Ils sont plus dans le langage du cinéma et de la98 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017

© DR Rien n’était à vendre, c’était juste une célébration. Il La meilleure façon d’explorer y avait eu une exposition de Brian Eno juste avant, et des idées surréalistes. J’en suisAmener les prothèses et effets spéciaux de films hollywoo- comme tu l’as dit, cela ne se fait jamais de montrer des très content car j’ai pu arriver àdiens vers le monde de l’art, c’était très étrange, ça a pris effets spéciaux comme de l’art. Pour moi ça l’a toujours produire ce que je voulais. C’estdu temps mais ça a marché. été mais ce n’était pas quantifié comme tel. Le public était plus ambitieux qu’Écorché vif, tellement enthousiaste. Des fans de cinéma amenaient leur j’avais plus d’argent et j’en ai tiréTu fais partie des rares artistes d’effets spéciaux qui famille, hey regardez je ne suis pas fou, c’est de l’art, il avantage. On a tourné à New Yorkont été exposés dans des galeries. Je ne sais pas s’il peut y avoir une tête coupée mais il y a aussi ce dragon ou City, à Wall Street, ce ne fut pasy en a eu beaucoup d’autres d’ailleurs. Cela s’est regarde comme cette tête est bien faite, ce n’est pas que simple. Des séquences ont étéprésenté souvent ? du caoutchouc. C’était comme donner le pouvoir aux fous. tournées à Paris. Il y a aussi des scènes sous l’eau et des décorsJe l’ai juste fait quelques fois. Je trouve que c’est un Tu as dit que ces derniers temps tu aimais travail- élaborés qui ont pris huit mois àexcellent produit dérivé car entre les projets, je continue ler le bronze. Y a-t-il des matériaux avec lesquels être construits. On s’est concentréà dessiner et à sculpter. Ces derniers temps j’ai pas mal tu te sens bien ? sur les textures, les couleurs, lessculpté le bronze. Ce sont des choses personnelles, je nuances, ce n’est pas un film avecn’ai pas de deadline, pas de directeur artistique, c’est Quand j’ai le temps, je prends normalement de l’argile, je des moments artistiques, c’estjuste mon imagination et certaines sont vraiment farfelues fais une sculpture, je la moule. J’enlève la sculpture et dans une grande toile artistique dansmais elles se suffisent à elles-mêmes en tant qu’œuvres ce moule va le caoutchouc. C’est ce que je peins, que ce laquelle des moments de cinémad’art. En 2014 il y a eu une exposition à Long Beach, c’était soit des prothèses, des masques ou de l’animatronique. Vu se produisent. Le tournage et leune rétrospective très flatteuse, ça commençait par les que j’aime tant la sculpture, on part de l’argile, on moule montage sont terminés. La musiquetravaux de sculptures et certains des réalisateurs (Frank et ensuite on verse du plâtre très dur à l’intérieur. Avec le est faite et le mixage du son s’estHenenlotter, Matthew Barney) nous ont permis de montrer plâtre sous les yeux, je recommence, je prends des outils terminé en janvier. Nous cherchonscertaines des choses que nous avons faites ensemble. Ils dentaires, de l’acier bien dur et je commence à dessiner une distribution et des endroitsétaient tous ravis de collaborer. Avec les autorisations, un les lignes courbes et un nombre de détails. Cela me prend pour faire la première.catalogue superbe a été créé. Et des pièces qui avaient été beaucoup de temps mais on ne peut pas le faire avec de lafaites spécifiquement pour ces films ont été montrées. Nous cire. Même les collègues sculpteurs sont hallucinés, ils ne Il y a eu deux projections, uneétions aussi en train de tourner Saint Bernard donc nous comprennent pas comment je fais. Je leur explique, puis je projection test à San Sebastian etavions apporté certains décors, énormes et sculpturaux, remoule à nouveau, ce qui fait que la sculpture possède ce une autre dans un festival au Brésil.et nous les avons installés dans le musée. Il y avait tout niveau de détails en plus. Il y en a deux que j’ai achevées Les deux projections se sont trèsdepuis Elmer le remue méninges et la série des Basket et qui sont devenues des pièces personnelles. Il y en a bien passées. C’est important deCase quand j’étais tout jeune jusqu’à mon dernier film, d’autres que j’ai pu utiliser dans les films. ressentir le film avec un public. Tuc’était très excitant. captes mieux le temps, les passages Peut-on parler de ton nouveau film ? drôles et la vibration du public et cela peut t’amener à quelques Le nouveau film se nomme Saint Bernard, c’est sur un changements minimaux. Enlever compositeur de musique qui entre dans une spirale de tel plan, bouger les choses, etc. folie. Le compositeur est joué par Jay Dugre qui incarnait Je serai très excité de partager ce Brain dans Écorché vif. C’est un acteur formidable et film dans le monde. cela lui a demandé de se consacrer à un tournage qui a pris deux ans. C’est un vrai pas en avant pour moi. Y a-t-il aussi quelque chose de On a tourné en pellicule, en Super 16 et en 35 mm. La religieux en lien avec le nom construction des décors et les effets de créatures sont de Saint Bernard ? très ambitieux. Le mieux pour décrire le film serait de le comparer à un rêve étrange et dans ce rêve, tout te semble Il y a beaucoup de petits rappels logique, mais quand tu te réveilles, tu ris d’avoir été religieux, certains évidents, d’autres aussi impliqué et les abstractions dans le rêve semblaient moins, il trouve la tête d’un chien, logiques. C’était l’atmosphère que je cherchais dans ce un Saint Bernard, sur un bord de film. Le subconscient et les rêves m’ont toujours fasciné. route, et il en fait un totem religieux. 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© DR Donc là nous avions positionné les caméras, avec tout le Ce sont eux qui m’ont contacté et public qui pète les plombs. Le rendu est dingue. Des amis j’étais si heureux. Ils contactaientIl est dérouté par cette tête de chien géante et il la prend cinéastes me disent, hey attends, comment as-tu pu faire des artistes réalisateurs pour qu’ilspartout avec lui. Il rencontre métaphoriquement des anges des plans si rapprochés de Captain Sensible et des lèvres adaptent chacun une des chansonsgardiens, se retrouve dans des situations dignes de l’Enfer. de Vanian, avais-tu des objectifs zoom comme ceux de la du nouvel album. Ils venaient deC’est un personnage attachant mais on se rend vite compte Nasa ? Mais non, ils m’avaient laissé filmer la balance à signer sur un gros label et j’aique le monde n’est pas si fou. C’est ce qui se passe dans sa quatre heures de l’après-midi, et à minuit nous avons fait dit bien sûr. Et la chanson quetête que l’on voit. Les personnages sont étranges, la réalité tourner les caméras, et nous avons monté le tout. Il y a je voulais n’avait pas été prise.est vraiment déformée. Pour lui ce totem c’est comme un pas mal de passages comme ça où les cinéastes vont se La production était énorme. On achapelet. Autour de lui, on trouve ces métaphores d’anges dire : Quoi ? Ils sont en France ? Il y a de grands sauts dans amené des jets de pluie. Je n’aigardiens qui le protègent. J’ai travaillé avec Warwick Davis le film. On a fait une scène à Los Angeles avec un grand fait que quelques vidéos musicalesde Leprechaun et Écorché vif. Il y joue Othello, le gardien bus détruit et brûlé, et le compositeur saute par-dessus mais j’aime faire ça. J’ai fait aussid’un amas de bois haut de plus de 970 mètres. Il vénère l’objectif et quand il atterrit, nous sommes sur les pavés un documentaire sur un groupele bois et il peut arrêter le temps pour lui donner la pos- et Notre Dame est sur la gauche, et il continue à courir. Là punk The Street Dogs, le chanteursibilité de fuir. Et il y a un mentor musical. Il y a aussi des on se dit, hey qu’est-ce qu’il se passe, on est vraiment en faisait partie de Dropkick Murphys.accusations directes de l’hypocrisie de l’église et d’autres France ? Il y a une séquence à la tour Eiffel. Nous avons Ils sont super et quand ils ont signéréférences qui sont plus subliminales et qui soutiennent un construit un costume en bois et le bois commence à coller sur Epitaph/Hellcat. Ils ont eu uncheminement de foi. Donc ce n’est pas que de la fantaisie et s’incruster à l’acteur. Avec sa position en dessous de budget et m’ont demandé si jelourde et des personnages en prothèses. Il y a ces décors la tour Eiffel, c’est comme une sculpture, il se fond en voulais tourner ce documentaireabstraits très grands. elle. C’est très abstrait et c’est un bûcheron français qui sur eux. C’était comme un privi- le libère. Comme dans un dessin animé, il fait signe de la lège. J’étais avec eux, je voyais laIl y a aussi une scène avec le vieux groupe punk main pour dire au revoir. musique se développer, et je leuranglais les Damned [il porte d’ailleurs un T-shirt ai donné une capsule témoin àdes Stranglers] ! C’est vrai qu’en musique tu as aussi travaillé avec la fin de ce qu’ils avaient fait. La David Byrne… musique c’est toujours du plaisir.Quand les Damned m’ont dit, si tu viens à San Francisco,tu peux filmer tout ce que tu veux, c’était le pied ! J’ai J’aime la musique punk rock. J’ai fait une vidéo pour The ENTRETIEN : Maxime Lachaudfilmé pendant quatre morceaux de la balance et j’ai fait Briggs, ils sont connus aux États-Unis mais je ne sais pasdes plans très rapprochés de tout, et pendant le concert du sur le plan international. Ils sont géniaux.soir, ils m’ont fait une liste en me disant quels morceauxils allaient jouer à quel moment.100 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017


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