IÎOM FRANCE. BOM rent d'autres noms. Plus tard, au et rouges, semées de fleurs de lis d'or. quinzième siècle, le nom de Bombar- La hampe, peinte en rouge, était sur- dier servit à désigner les soldats montée d'une douillt fleurdelisée. d'artillerie chargés , dans l'attaque et L'uniforme était le même que celui dans la défense des places, de la ma- du régiment Royal - Artillerie : habit nœuvre des mortiers et des bombes. bleu de roi ; doublure parements , Depuis Tannée 1671 , date de la fon- culotte et bas rouges; manches en dation de ce corps , jusqu'en 1683, il bottes, poches en travers ; boutons de n'y eut en France que deux compa- cuivre doré; chapeau bordé d'or faux; gnies de bombardiers , désignées par cocarde noire. les noms de leurs capitaines, f'igny Le régiment des bombardiers, qui et Camelin ; elles étaient de cent avait rendu d'importants services à vingt à deux cents hommes chacune, l'artillerie, fut définitivement incor- selon l'exigence des besoins. Mais l'u- poré dans cette arme par une ordon- tilité de cette arme s'étant bientôt Anance du 5 février 1720. cette fait sentir, on comprit la nécessité de époque disparurent les désignations lui donner une plus grande impor- particulières établies pour les compa- tance numérique. En conséquence, gnies; ainsi, il n'y eut plus de compa- une ordonnance du mois de septembre gnies de canonniérs , de mineurs , de 1684 prescrivit la formation d'un ré- sapeurs, de forgerons et de charpen- giment de bombardiers uniquement tiers. Un mélange de toutes ces spé- , cialités entra dans la composition des destiné au service du mortier, qui venait de recevoir de notables per- nouvelles compagnies auxquelles on , fectionnements. Ce régiment fut com- ajouta un nombre proportionné de posé de douze compagnies, et l'on bombardiers. pourvut à son organisation au moyen De 1776 à 1790, le corps royal des deux compagnies qui existaient à d'artillerie comptait 28 compagnies de cette époque, et de deux compagnies bombardiers, formant un total de 2,100 hommes, officiers compris. tirées de chacun des régiments des Fusiliers du roi , de Navarre , de Chaque compagnie était composée Champagne, de Piémont et de la de 4 officiers , savoir : 1 capitaine , Marine. Ce corps porté à quatorze 1 lieutenant en er un lieutenant en , 1, compagnies, en 1686, avait alors un 2 e , 1 lieutenant en 3 e ; de 71 sous- effectif de douze cent quatre hommes, officiers et soldats, dont 1 sergent-ma- Î compris quatre-vingt-huit officiers. jor, 4 sergents, 1 fourrier, 4 appointés, 1 fut réuni, en 1693 , à celui des fusi- 4 artificiers, 4 bombardiersde première liers du roi, spécialement chargé, à classe, 16 de deuxième, 32 apprentis son origine, de la garde et du service et 1 tambour. La dénomination des bombardiers de l'artillerie en campagne et dans les places de guerre, et qui venait de fut abolie par le décret de l'Assem- prendre le titre de régiment Royal- blée nationale, du 15 décembre 1791, Artillerie. qui réorganisa l'artillerie. Le régiment Royal - Bombardiers L'artillerie de marine avait eu au*>i jouit alors des mêmes privilèges que son ses compagnies de bombardiers. Aux aîné. (Voy. Artillerie, régiment cent compagnies franches créées le Royal-Artillerie.) Le roi en était colo- 10 décembre\" 1690, on avait ajouté, peu nel; le grand maître de l'artillerie, de temps après, 3 compagnies degrena- lieutenant-colonel. Ce dernier prenait diers, auxquelles on avait donne le aussi le titre de capitaine général des nom de Bombardiers. La première bombardiers. était composée de 3 officiers et de 41 hommes ; les deux dernières, de Le drapeau de ce régiment était en 3 officiers aussi, et de 30 soldats seu- taffetas blanc , carré , et il portait au lement. Ces compagnies d'élite , sup- milieu un écusson aux armes de primées en 1762, furent incorporées France ; les cravates étaient blanches
94 BOBI L'UNIVERS. BÔM dans l'armée de terre. Elles portaient dites Comminges , du nom de leur l'habit rouge, à parements et à dou- inventeur : elles pesaient cinq cents blure bleus. livres, et étaient lancées par un mortier Bombe.— La bombe est une sphère de dix-huit pouces de calibre; mais creuse en fonte de fer. Elle est percée le service en était si difficile et si lent, d'un trou, nommé œil , par lequel 011 et le tir si incertain qu'on en a , introduit la charge de poudre , et qui abandonné l'usage. En 1793 , les est destiné à recevoir une fusée rem- Français enveloppèrent la contres- plie d'une composition assez lente carpe du pont de Casse! par un sys- pour donner le temps à la bombe tème de fougasses (voyez Fougasse) d'arriver à son but avant d'éclater. faites avec les comminges qu'ils trou- Elle est garnie de deux anses , placées vèrent dans Màyence. de chaque côté de Fœil , et dans les- Les écrivains militaires ne sont pas quelles passe un anneau de fer forgé d'accord sur l'époque où l'on employa pour en faciliter la manoeuvre lors- les bombes pour la première fois. Les qu'on la place dans le mortier. L'in- uns disent que ce fut en 1588, contre térieur de la bombe n'est pas parfai- la ville de Wechtendonk, en Gueldre; tement sphérique, elle a un culot à la d'autres que c'est en 1435, à Naples, {>artie opposée à l'œil ; ce culot , dont sous Charles VIII. Quelques histo- 'épaisseur est d'environ cinquante- riens prétendent qu'on en a connu neuf millimètres, tandis que les parois l'usage au siège de Mézières, en 1521. n'en ont que trente-six , est destiné à Enfin Gay de Vernon et le général l'empêcher, dans sa chute, de tomber Cotty disent que la bombe fut em- sur la fusée; il lui donne une grande ployée pour la première fois par les force de résistance et augmente sa Turcs au siège ûe Rhodes, en 1522. force de percussion. Quoi qu'il en soit de toutes ces opi- Les bombes peuvent être tirées à nions différentes, il est certain que le ricochet comme les boulets ; elles s'en- maréchal de la Force fit usage de ces foncent dans les masses de terre et y font explosion en lançant les débris et projectiles au siège de la Mothe , en 1634, et tout porte à croire que ce fut leurs éclats de toutes parts ; elles met- la première fois qu'on s'en servit en tent le feu aux maisons, enfoncent les France, bien que les bombes y fussent voûtes et les bâtiments qui ne sont connues depuis longtemps. Ceux qui pas à l'épreuve, tourmentent sans font remonter l'invention des bombes cesse les défenseurs dans les terre- à 1588 seulement, nous paraissent pleins des ouvrages, et une de leurs être dans l'erreur, car, bien certaine- principales propriétés est de donner ment lorsque Gay de Vernon , dans , des feux courbes au moyen desquels son Cours d art militaire, et le général elles sont projetées dans des lieux où Cotty, dans son Dictionnaire d'artil- ne peuvent le plus souvent arriver les lerie , la portaient à 1522, ils ne boulets. fixaient pas arbitrairement cette date, En France, les bombes sont de huit et s'étaient assurés de l'exactitude de et de dix pouces de diamètre (217 et leur assertion. Nous pensons donc que 271 millimètres). La bombe de huit c]est là l'époque véritable de l'inven- pouces pèse de vingt et un à vingt- tion des bombes. deux kilogrammes, celle de dix pouces Aubert de la Chenaye parle d'une bombe extraordinaire qui fut fondue Eèse de quarante -huit à cinquante en France, vers l'année 1688, et qui ilogrammes. On s'est aussi servi de bombes de douze pouces pesant de était destinée à une expédition qu'on , soixante et onze à soixante-quinze ki- avait projetée contre Alger. Elle con- logrammes; mais les mortiers pour ce tenait sept à huit milliers de pou- calibre ayant été supprimés, on n'en dre et avait la forme d'un œuf. On ne fait plus usage. s'en servit pas, et elle resta pendant On employait autrefois des bombes longtemps a l'arsenal de la marine de Digitized by Google
Boat FRANCE. ROM 95 Toulon. Nous ne savons si elle s'y de Berri, et sacré évéque d'Amiens trouve encore. le 3 octobre 1819, fonctions qu'il Bombelles (Henri-François comte n'exerça que deux ans, au bout des- quels il mourut. Il avait publié, en de), né le 29 février 1681, entra, en 1799, un ouvrage fort médiocre, inti- 1696, dans le corps des gardes de la marine, et fît, en cette qualité, plu- tulé : La France avant et après la sieurs campagnes. Mais , en 1701 , il quitta la marine pour passer dans le —révolution. régiment de Vendôme. Il se distingua Bommel (conquête de l'île de). à la bataille de Friedlingen , au siège Après avoir pris Nimègue, en 1794, d'Augsbourg, et plus encore à Oude- l'armée française était dans le plus ab- narde et à la bataille de Malplaquet. solu dénûment. Pendant sept mois, Nommé ensuite colonel du régiment les soldats, sans bas, sans chaussure, avaient continuellement marché dans de Boufllers , il fît , avec ce régiment, la boue, dans les marécages; on les la campagne de Hongrie contre les voyait avec des lambeaux de vêtements sur le sol glacé qu'Hs avaient conquis, Turcs, et se trouva au siège et à la et dont ils étaient les maîtres les plus bataille de Belgrade, en 1717. En Aindigents. peine ces troupes avaient- 1727, il fut nommé gouverneur de Louis-Philippe d'Orléans (petit-flls du elles pris une place, que les fournis- régent), brigadier des armées du roi, et ensuite maréchal de camp, et se seurs frappaient d'une réquisition distingua dans l'armée du maréchal de toutes les étoffes, tous les draps, tout le linge, et enlevaient aux mili- Coigny. Nommé ensuite commandant taires les ressources qu'ils auraient pu y trouver pour se garantir des rigueurs du iort de Bitche , il fut élevé , en 1744, au grade de lieutenant général, de l'automne dans un climat humide et mourut le 29 juillet 1766, regretté et froid; quelquefois même on les du peuple et des soldats. Les habi- voyait manquer de pain; mais l'en- thousiasme de la victoire étouffait tants ae Bitche ont fuijt élever à sa toutes les plaintes. Leurs généraux, sensibles à leurs maux, demandaient mémoire un monument qui se voit quelques instants pour les reposer de encore dans cette ville. On a du tant de fatigues; mais les hommes qui comte de Bombelles : 1° Mémoires gouvernaient alors la France en avaient pour le service journalier de l'infan- écidé autrement. Ils méditaient une terie, publiés en 1719; 2° Traite des expédition sur l'île de Bommel, utile évolutions militaires, 1754 ; ces ou- sans doute, mais que le défaut de bar- vrages ont eu du succès à l'époque où ques pour traverser le Wahal , et l'im- ils ont paru, mais ils sont peu recher- possibilité d'y traîner de l'artillerie, rendaient impraticable. Le détache- chés aujourd'hui. ment chargé ae cette attaque avait en- Bombelles (Marc-Marie, marquis core à craindre de se trouver séparé de l'armée par le débordement des de), né le 8 octobre 1744, à Bitche rivières ou par les glaçons qu'elles (Moselle), était, avant la révolution, pouvaient charrier dans 'cette saison colonel des hussards de Bercheny. avancée. Le général Moreau prédit des malheurs, tandis que le général Daën- Nommé, en 1775, chevalier-comman- dels, Hollandais, promettait des suc- cès. Les commissaires du gouverne- deur de Saint-Lazare, il fut envoyé, ment voulurent tenter l'entreprise; il quelque temps après, à Lisbonne, et fallut obéir. Daëndels avait rassemblé quelques barques à Nimègue et vers ensuite à Venise en qualité d'ambassa- Crèvecœur. Le 12 décembre 1794, deur. Il venait d'être élevé au grade quatre compagnies passèrent le Wa- de maréchal de camp, lorsqu'il émigra hal, prirent un major hanovrien, en- en 1789; il fit partie de l'armée de Condé depuis 1791 jusqu'au licencie- ment de ce corps , et embrassa à cette époque l'état ecclésiastique. De retour en France après la seconde restaura- tion, il fut nommé, le 15 mars 1816, premier aumônier de la duchesse
96 BON L'UNIVERS. BON clouèrent quelques canons, mais elles distingués d'entre les généraux que vit furent obligées de se rembarquer promptement devant des forces trop naître la révolution, naquit à Romans, supérieures. L'attaque du fort Saint- André fut encore plus malheureuse. en Dauphiné, le 25 octobre 1758. Il La mitraille fit périr un grand nombre de Français. Daëndels s'aperçut, mais s'enrôla fort jeune dans le régiment de trop tard, de son erreur; 'il avoua l'impossibilité de cette entreprise ; mais Bourbon-infanterie, et fit une partie son projet avait privé l'armée de plu- sieurs nraves. Moreau ordonna la de la guerre d'Amérique. Il était de retraite; et le débordement des eaux retour en France, lorsqu'en 1792, un força l'armée à prendre quelques jours de repos; elle rentra enfin en quartier bataillon de volontaires nationaux le choisit pour son chef. Bon conduisit d'hiver ; son repos ne fut pas de lon- gue durée. aussitôt ce corps sur les frontières Quelques jours après, un froid ex- d'Espagne, à l'armée que commandait traordinaire se fit sentir; la Meuse se cela, et la glace fut assez forte dans Dugommier. Il y* obtint bientôt le beaucoup d'endroits pour offrir un passage a l'armée. Le général Sauviac, grade de chef de \"brigade, et fut em- de l'arme du génie, un thermomètre à la main, observait les progrès du froid; Sloyé en cette qualité au blocus de il affirma que s'il augmentait, ou se ellegarde. Il y donna des preuves soutenait au même degré, rien n'était d'un grand courage, et fut nommé gé- plus facile que la conquête de la Hol- néral de brigade. L'année suivante , il lande, au moment où elle était privée passa en Italie, sous les ordres d'Au- de ses barrières naturelles, les marais, gereau , et contribua à toutes les vic- les canaux, les rivières. L'occasion était trop belle. Pichegru la saisit. Les toires qui marquèrent les débuts de ordres furent donnés pour passer le Wahal. Les généraux Daëndels etOsten Bonaparte. Apres la paix de Campo- passèrent la Meuse sur la glace le 28 décembre, et marchèrent sur l'île de Formio , le général Bon fut chargé du commandement de la huitième division Bommel. Un froid extraordinaire en- militaire, dont Marseille était le chef- gourdissait la nature ; les Français seuls conservaient leur vivacité. Sans ca- lieu. Il arriva dans cette contrée au nons, ils attaquèrent des batteries, et les emportèrent à la baïonnette. Les moment où la réaction thermidorienne Hollandais, frappés de terreur par une attaque qu'ils étaient loin de présumer, y était le plus active , et fit cesser ces opposèrent peu de résistance. La gar- désordres par sa fermeté et par les nison du fort Saint-André ne se dé- fendit pas. Ainsi la conquête de Hle de proclamations énergiques qu'il adressa Bommel , du fort Saint-André, de seize aux habitants. Il parvint aussi à réta- cents prisonniers, d'une grande quan- tité de canons et de bouches à feu qui blir l'ordre à Avignon. Il fut alors , nommé général de division , et accom- eût coûté beaucoup de peines, de tra- pagna en tègypte son ancien général en vaux, de temps et d'argent dans un temps ordinaire, n'employa qu'une chef. Il se distingua devant Alexandrie, journée. Les troupes employées à cette détermina la prise du Caire par l'atta- expédition restèrent dans le Bommel et gardèrent la ligne du Wahal. que d'un poste important, et contribua Bon (Louis-André), l'un des plus au triomphe inespéré du Mont-Thabor, en tournant l'ennemi, attaqué de front par Kléber. Il se distingua également a la prise d'El-Arich, enleva Gaza, força Jaffa , et alla périr devant les murs de Saint-Jean d'Acre. Il se trouvait, le 10 mai 1799, à la tête de ses grenadiers, au pied de la brèche, dans le dernier assaut livré au corps de la place, lors- qu'il reçut une blessure mortelle qui I enleva à sa division. Le général Bon avait toutes les qualités qui font les grands généraux , et la mort seule l'a empêche d'arriver aux plus hauts grades militaires. Quatorze ans après la prise de Saint-Jean d'Acre l'empereur, vi- , sitant l'École militaire de Saint-Ger- main , demanda le nom de l'un des Digitized by Google
FRANCE. élèves qu'il passait en revue. C'était le lau, émigra en 1791, et se rendit à fils du généralBon. «Où est votre mère? l'armée de Condé qu'il quitta bientôt « dit Napoléon.— Elle est à Paris, à un , « quatrième étage , où elle meurt de « laim , » répondit le jeune homme. Ce après , pour se retirer avec sa famille à Heidelberg , où il composa sa Théo- rie du pouvoir politique et religieux. long et involontaire oubli fut réparé à Cet ouvrage publié a Constance , en , l'instant même ; la veuve du général Bon reçut une dotation , et le fils fut 1796, et envoyé en France, fut saisi par ordre du Directoire, et peu d'exem- créé baron de l'empire avec une autre plaires échappèrent à cette mesure. dotation. Pour soutenir le courage de son parti, Bon de Saint-Hilaibe (François- l'auteur y prophétisait , avec la clarté Xavier), premier président de la cham- des oracles sibyllins, le retour des bre des comptes de Montpellier, mem- Bourbons, retour dont cependant H bre de l'Académie des inscriptions et avait soin de ne pas spécifier l'épo- belles-lettres , et de la Société royale que. Rentré en France au moment du de Londres naquit à Montpellier, en couronnement de Napoléon , M. de , 1678 , et mourut à Narbonne en 1761. Bonald ne retrouva qu'une modeste Jurisprudence, belles-lettres, beaux- partie des biens qu'il avait cru devoir arts, le président Bon embrassa toutes abandonner. Forcé pour soutenir sa , ces branches diverses des connaissan- nombreuse famille, de mettre à profit ces humaines. On a de lui , dans les ses connaissances, il devint, en 1806, recueils des différentes sociétés sa- un des rédacteurs du Mercure avec vantes auxquelles il appartenait , des MM. de Chateaubriand et Fiévée. La mémoires sur tous ces sujets. Mais il Législation primitive, celui de ses ou- en est un qui fit beaucoup de bruit, et vrages qui restera le plus longtemps qui lui acquit une réputation plus avait paru quelques années auparavant. qu'européenne; c'est celui qui a pour Sollicité, en 1808, par M. de Fontanes, titre : Dissertations sur raraignée , qui était son ami , il se laissa donner et où il enseigne le moyen de Lier la une place de conseiller titulaire de soie de cet insecte. L'impératrice, cette même université contre laquelle femme de Charles VI après avoir lu il avait souvent dirigé les traits de son , cet ouvrage , fit demander à l'auteur esprit, et, dans les salons de l'empe- une paire de gants de soie d'araignée, reur, il attendit patiemment , avec ses que Bon se hâta de lui envoyer. Son douze mille francs de rente, l'accom- ouvrage fut traduit dans toutes les plissement de sa prophétie sur le re- langues de l'Europe , et même en chi- tour des Bourbons. Il s'était retiré nois par le P. Parennin, qui le présen- dans sa famille lorsque Louis Bona- , ta à l'empereur de la Chine. Ce prince parte , roi de Hollande, lui proposa de le lut, dit-on, avec intérêt, le fit lire vouloir bien se charger de l'éducation à ses enfants, et y prit une très-haute de son fils. Le courrier dépêché à Rho- idée de l'industrie des Français. Tou- dez pour porter cette importante mis- tefois , la postérité\" n'a pas confirmé sive trouva M. de Bonald dans des dis- le jugement des contemporains sur positions peu favorables. La place fut l'utilité de la découverte du président refusée,et un abbédeRome,l'abbéPara- Bon. Déjà même, en 1710, Réaumur disi , le remplaça auprès du jeune prince. l avait apprécié à sa juste valeur dans Au mois de juin 1814 , le roi le nomma son mémoire sur la soie des araignées, membre du conseil d'instruction pu- inséré dans le recueil de l'Académie blique, et lui accorda, sur sa demande, des sciences. la croix de Saint-Louis. Én 1815, élu Bonac, terre et seigneurie du comté député par le département de l'Avey- de Foix , à trois lieues sud-ouest de ron, il vint siéger à la chambre in- Pamiers, érigée en marquisat en 1683. trouvable, où il vota constamment avec Bon al i) ( Louis-Gabriel-Ambroise, la majorité. Il exprima le désir que les vicomte de), né au Monna près Mil- biens non vendus, qui avaient été con- , m.T. e Livraison. (Dict. encyce., etc.) 7 Digitized by Google
L'UNIVERS. cédés à l'ancien clergé , fussent donnés ceau. Rientôt après, Kléber le fit son au clergé* actuel. Réélu en 1816, il chef d'état-major, et il se distingua s'opposa au projet de loi sur les élec- dans plusieurs occasions , notamment au sieçe de Mayence (octobre 1795), tions, réclama l'abolition du divorce. Accusé , en 1796, d'avoir favorisé les A la présentation du budget, il de- manda la suppression de beaucoup de approvisionnements de la garnison au- places, et parla contre l'aliénation des trichienne d'Ehrenbreitstein que les , forêts. Dans la session de 1817, lors- Français tenaient bloquée , il parvint qu'on proposa de renvoyer les Suisses, à se disculper, mais il -cessa d'être em- on le vit opposer la plus vive résis- ployé pendant deux ans. Cependant, en tance à cette mesure nationale et cons- 1798, il suivit à Rome le général titutionnelle. Les Suisses étaient, selon Championnet qui le choisit pour son , lui , meilleurs Français que les Fran- chef d'état-major. Nommé alors gé- çais eux-mêmes. II 'demanda un jury néral de brigade , il se distingua dans la rapide invasion du royaume spécial pour réprimer les abus de la presse et l'établissement de la censure de INaples; mais accusé de nouveau pour les journaux , quoiqu'il eût décla- d'avoir pris part aux abus qui causè- ré, en 1816, qu'elle était incompatible rent la disgrâce du général en chef, il avec l'esprit des gouvernements repré- fut arrêté et ne dut sa liberté qu'à la sentatifs. Compris dans la réorganisa- révolution qui renversa une partie des tion de l'Institut, il vint remplacer, directeurs. Ce fut à cette époque qu'il à l'Académie française, un des hommes apublia, sous le titre de Coup œil ra- qu'on n'aurait pas dû en exiler. Réélu pide sur les opérations de la campagne député, en 1820 et 1823, il fut, à la Fde iXaplesjusq u'à Centrée des ranea is fin de cette année, nommé pair de dans celle ville, un ouvrage dont le France. Depuis l'année 1822, il était but principal était sa justification , ministre d'Etat. M. de Ronald , tou- mais qui offre cependant quelques ren- jours opposé à la liberté de la presse, seignements utiles pour l'histoire. Il fut président de la commission de cen- était encore en Italie en 1800, et il eut quelque part au triomphe de Ma- sure. Son refus de serment, en 1830, renzo. Le général Ronamy fit partie lui fit perdre son titre de pair. De- puis, il n'a plus reparu sur la scène de 1 expédition de Russie, en 1812, et politique. Il se retira au Monna où il s'y distingua dans plusieurs occasions; vient de mourir, le 23 novembre 1840. mais ce fut surtout à la bataille de la Après les ouvrages de M. de Ronald que Moskowa qu'il s'illustra par l'un des nous avons cités , on peut encore men- plus beaux faits d'armes de cette tionner, au nombre de ceux qui ont eu le guerre. Ayant reçu l'ordre d'attaquer, plus de succès , ses Recherches philo- au centre de l'armée russe , la terrible sophiques sur les premiers objets des redoute où quarante pièces de canon connaissances morales, 2 vol. in-8°, vomissaient incessamment la mort , il 1818 et 1826. Les œuvres de M. de se met à la tête du 30* régiment , es- Ronald ont été publiées en 12 vol. suie de nombreuses décharges de mi- in-8», Paris, 1817-1826. traille , perd la moitié de sa troupe, et devient avec le reste maître du re- Ronamy ( Charles -Auguste -Jean- Raptiste-Louis-Joseph) naquit à Fon- doutable retranchement; mais attaqué tenay-le-Comte , en 1764. Il s'enrôla, aussitôt par d'innombrables niasses en 1791, dans le er bataillon des vo- d'infanterie, il voulut encore résister, 1 lontaires de la Vendée; fut nommé, vil tomber à ses côtés le dernier de ses en 1792 , sous-lieutenant de cavalerie, soldats , fut lui-même percé de vingt et fit en cette qualité les campagnes de coups de baïonnette, et laissé pour Champagne et de Belgique, sous Du- mort sur le champ de bataille. Il tomba mounez. Après la défection de ce gé- au pouvoir des Russes , qui le gardè- rent vingt-deux mois prisonnier. Il re- néral, il passa en Vendée, d'où il re- vint, en 1794, avec le général Mar- vint en France en 1814. Après le re- % Digitized by Google
« BON FRA CE. BOflT 99 tour de Bonaparte, il fut nommé député Nicolas V ou de Paul V était une Bo- au champ de mai ; et lorsque l'armée naparte. C'est un membre de cette fa- française se retira derrière la Loire, il fut chargé d'y conduire tous les dépôts mille qui rédigea le traité par lequel et magasins, qu'il réussit ainsi à con- serve! pour la France. Resté sans fonc- Livourne fut échangée contre Sarzana. tions après le licenciement, il rentra Un autre, Nicolas Buonaparte, publia dans la vie privée , et mourut en sep- en 1592 une comédie intéressante in- tembre 1830. titulée la Veuve, et dont le manuscrit et un exemplaire imprimé se trouvent Bon am y (François) , recteur de l'uni- à la bibliothèque royale. Enfin un versité de Nantes, membre associé de autre encore, Jacques Buonaparte , est l'Académie des sciences, naquit à auteur d'une histoire fort remarquable Nantes en 1710 , et y mourut en 1786. Outre plusieurs travaux estimables, de la prise et du sac de Rome par le publiés dans l'ancien journal de méde- cine, on a de lui un ouvrage intitulé : connétable de Bourbon, imprimée en Florae nannetensis prodromvs, 2 vol. italien, à Cologne, en 1756, in-4% in-12, 1782 et 1785. C'est le premier traduite en français par le prince Napo- léon Louis , mefils a de l'ex-roi de Hol- travail qui ait été publié sur les plantes lande, et réimprimée en 1830. de cette partie de ta Bretagne. Bonamy, était en correspondance avec Antoine Cette famille eut beaucoup à souffrir et Bernard de Jussieu, Réaumur et des révolutions qui agitèrent l'Italie Duhamel du Monceau. aux quinzième et seizième siècles. Exilés Bonamy (Pierre-Nicolas), bibliothé- de Florence, ses membres se dispersè- rent dans différente* villes de la Tos- caire et historiographe de la ville de cane; l'un d'eux se retira à Sarzana, Paris naquit à Louvres en Parisis, en puis de là en Corse, où il s'établit. C'est de lui que descendait Charles , Bonaparte, le père de Napoléon. 1694. Il fut reçu, en 1727, à l'Acadé- Charles Bonaparte, après avoir étu- mie des inscriptions et belles - lettres dié à Rome dans sa première jeunesse, et inséra , dans le recueil de cette so- ciété savante, un grand nombre de était allé ensuite à I université de Pise mémoires fort savants sur les antiqui- Aapprendre la science des lois. son tés de Paris et sur l'histoire ancienne retour, il fut nommé assesseur à- la ju- de la Gaule. Il mourut à Paris le 8 juillet 1770. Depuis 1749, il était chargé ridiction d'Ajaccio, et y épousa, en de la rédaction du journal de Verdun. 1767, Laetitia Ramolino. Compagnon Il avait rassemblé de nombreux maté- d'armes de Paoli, il voulut le suivre riaux pour composer une histoire de dans son exil , après la conquête de son l'hôtel de ville. pays par les généraux de Louis XV. —Bonapabte (maison des). Le nom Mais l'archidiacre Lucien Bonaparte, de cette famille s'écrivait indifférem- son oncle, personnage très-vénéré, qui ment Buonaparte ou Bonaparte. C'est exerçait beaucoup d'empire sur toutes Napoléon qui en a fixé l'orthographe, en signant invariablement Bonaparte, les personnes qui l'entouraient, l'em- depuis sa nomination au grade de gé- pêcha de quitter la Corse. Il fut nommé néral en chef de l'armée d'Italie. Les Bonaparte jouent un rôle dis- en 1779 président d'une députation envoyée à Paris par la noblesse de la tingué dans les annales de l'Italie. Corse. Les deux généraux qui com- mandaient alors dans cette île vivaient A Trévise et à Florence, ils furent dans une grande mésintelligence; leurs longtemps puissants; dans cette der- démêlés avaient fait naître deux partis nière ville, de vieux palais portent en- qui témoignaient aussi l'un pour l'autre core leurs écussons. L'un des portraits une grande aversion. Charles Bona- de la galerie des Médicis représente parte, interrogé par la cour, eut occa- une demoiselle Bonaparte mariée à un sion de rendre justice à M. de Marbeuf membre de cette famille. La mère de dont le caractère humain et populaire, et le gouvernement deux et modéré, contrastaient fortement avec la con- 7. Digitized by Google
100 BON LUIS /ERS. BON duite dure et hautaine de l'autre gé- appliquée, de nos jours, aux partisans peu nombreux des descendants du néral , M. de Narbonne-Pelet. Celui-ci grand homme. fut rappelé. M. de Marbeuf se montra Bonabdi (Jean-Baptiste) , né à Aix reconnaissant de ce service, et ce fut à la fin du dix-septième siècle , mort à Paris en 1756, bibliothécaire du car- peut-être au crédit de ce puissant pro- dinal de Noailles. Il a laissé en ma- tecteur que Charles Bonaparte dut nuscrits, 1° Histoire des écrivains de l'admission de deux de ses entants dans la faculté de théologie de Paris ; 2° Bi- bliothèque des écrivains de Florence ; les écoles du gouvernement. Atteint 3° Dictionnaire des écrivains ano~ nymes et pseudonymes. depuis longtemps d'un squirre à l'es- BONAVENTUBE DE SAINT-AMABLE tomac , il fît à Paris un second voyage (le P.), carme déchaussé de la pro- pour consulter les habiles médecins vince d'Aquitaine, se livra, vers la que renfermait alors cette capitale. Il fin du dix-septième siècle, à de pé- nibles recherches sur l'histoire du Li- éprouva d'abord une apparence de gué- mousin. Son ouvrage est intitulé : fie de saint Martial, ou Défense de r apos- rison; mais à son retour à Montpellier, tolat de saint Martial et autres, contre dont on lui avait recommandé le cli- les critiques de ce temps, 3 vol. in-fol. mat , il succomba à une seconde atta- On sait que les Limousins regardent Martial comme leur premier evéque. que. Il n'était âgé que de trente ans. Dans son premier volume, qui parut De son mariage avec Laetitia Ramolino à Clermont . en 1676 , le P. Bonaven- ture donne Y Histoire de saint Martial étaient nés cinq fils et trois filles, sa- et des autres saints du Umousin. Les 2 e et 3e volumes furent imprimés à voir : Joseph en 1767, Napoléon en Limoges en 1683 et 1685. Ce dernier 1760, Marie-Anne- Élisa en 1773 ou est celui qui offre le plus d'intérêt; il 1774, Lucien en 1775, Louis en 1778, contient , outre une Introduction con- Marie-Pauline en 1781, Marie-Annon- cernant tétat des\\Gaules et du Limou- sin depuis Jules -César jusqu'aux £ jade-Caroline en 1782, et Jérôme , en 1784. temps modernes, YHistoire du Li- «Charles Bonaparte, esprit vif et mousin, les Annales de la ville de Limoges, et de nombreuses notices sur distingué parmi ses compatriotes, s'é- les Antiquités de la province. tait fait autour de lui une réputation Bonaventube (le P.), capucin de de poète auxiliaire de Paoli dans la Sisteron , a publié une Histoire de la ville et principauté d'Orange, Avi- guerre de l'indépendance; il épancha gnon, 1741, in-4°. sa verve patriotique dans quelques Boncenne (Pierre), né à Poitiers chants nationaux et guerriers qui se en 1774, a d'abord exercé les fonctions répandirent dans les pièves et dans les de professeur suppléant à la faculté de montagnes; il hasarda, dit-on, des droit, et d'avocat à la cour royale de poésies d'un autre genre, d'une allure cette ville. En 1813, il fut nommé assez fringante, et sentant son dix- conseiller de préfecture de la Vienne huitième siècle. La causticité qui assai- et , au mois de mai suivant , élu dé- sonne ces badinages compromet un peu puté du même département à la cham- le descendant des Guelfes, et aurait bre des représentants. Il y défendit bien pu faire perdre au poète quelques avec zèle l'institution du jury , la li- , berté de la presse et la liberté indivi- siècles auparavant, le surnom reli- duelle, et prit part à la discussion du gieux de Buonaparte (bon parti [*)). » projet de déclaration des droits et des BoNAPABTE.Voy. Caroline, Elisa, Jébome, Joseph, Laetitia, Lucien, —Napoléon, Pauline. C'est le nom Bonapabtistes. que, sous la restauration, les roya- listes donnaient aux partisans de Na- poléon , qu'ils désignaient, avec une in- tention injurieuse, par son nom de Bonaparte. Cette dénomination est (*) Àmédée Renée, Les Bonaparte litté- rateurs, extrait de la Revue de Paris , livrai- «m du ii octobre 1840. Digitized by Google
BOX FRANCE. BON 101 devoirs, présenté le 5 juillet par Ga- nières paroles de Bonchamp gravées rât. Au mois d'août, le collège d'arron- , dissement de Poitiers nomma M. Bon- sur le piédestal de sa statue, suffisaient cenne candidat à la chambre des députés. pour lui mériter le pardon de la patrie. En 1 822 , il obtint au concours la diaire de procédure civile à la faculté de droit L'histoire de Bonchamp a été publiée de Poitiers , et fut chargé de la défense par MM. Chauveau et P. Dussieux, du colonel Alix dans le procès de Ber- Paris, 1817, in-8°. ton. On lui doit un Mémoire estimé sur la navigation du Clain, etc., in-8°, Bone Hippone, ville maritime de et un savant traité sur la Théorie de , la procédure civile. Il est mort à Poi- l'Algérie , dans la province de Cons- tiers en 1839. tantine, à l'ouest d'une baie terminée Bonchamp ( Charles - Melchior -Ar- par le cap de la Garde et le cap Rosa , < tus de), né dans la province d'Anjou, et dans laquelle se jette la Seybouse. % en 1759, servit avec distinction dans L'acquisition de cette ville par la : la guerre d'Amérique. Il était capitaine France remonte à 1830. Vers la fin de au régiment d'Aquitaine lorsque la ré- volution, qu'il désapprouvait, lui fit iuillet de cette année, le maréchal de îourmont s'était occupé d'étendre nos Juitter cette place. Il se retira alors relations jusqu'aux provinces de Cons- ans un château situé près de Saint- Florent ; c'est là que les insurgés de la tantine et d Oran. « Il avait reçu (*) Vendée vinrent le chercher pour le placer à leur tête. Général prudent et une communication du gouvernement, nabile , il battit quelquefois les troupes 3ui lui faisait connaître que le projet républicaines, et fut souvent accusé e céder à la Porte Ottomane Alger par ses collègues d'indécision et de tié- deur. Il est permis de croire que Bon- et l'intérieur de la régence, et de gar- champ, quoique royaliste, désap- prouvait intérieurement cette guerre der seulement le littoral ,' depuis T'A- sacrilège, et que c'est à la haine que ratch jusqu'à Tabarka, était celui auquel lui portaient ses collègues qu'il faut attribuer une partie des revers qu'il le cabinet paraissait devoir s'arrêter. éprouva. Blessé à mort devant Chollet, Comme l'occupation de Bone entrait Bonchamp honora sa dernière heure Kar un acte admirable de générosité : dans l'exécution de ce projet, elle fut ré- îs Vendéens, furieux de leur défaite, solue. » voulaient tuer cinq mille prisonniers Le corps d'expédition de Bone, com- républicains. Averti par leurs clameurs, posé d'une brigade , d'une batterie de le général royaliste se fait porter au milieu d'eux', en disant d'une voix campagne et d'une compagnie de sa- mourante: Grâce aux prisonniers, peurs, s'embarqua, le 25 juillet, sur Bonchamp le veut, Bonchamp l'or- une escadre commandée par le contre- donne; et les républicains furent sau- amiral Rosamel. Le corps d'armée était vés. Bonchamp est du petit nombre sous les ordres du général Damrémont des généraux vendéens qui furent cons- tamment entourés de l'estime de leurs qui, dans le cours de la campagne, ennemis. Aussi un artiste, dont la religion politique est précisément avait donné des preuves de talent et opposée à l'opinion pour laquelle Bon- champ se fit tuer, n'a pas cru profa- de bravoure. L'escadre arriva devant ner son ciseau patriotique, en l'em- ployant à reproduire les traits de ce Bone le 2 août. Elle avait été devancée par un bâtiment qui portait M. de Rim- chef de rebelles. Il a cru que les der- oert, ancien agent des possessions françaises en Afrique. Celui-ci avait conservé des intelligences dans la ville; il persuada aux habitants d'y recevoir les Français. Le débarquement s'effec- tua sans obstacle , et Damrémont s'oc- cupa aussitôt de mettre la ville en état de se défendre contre les Arabes, dont l'attitude était fort menaçante. En ef- fet , du 6 au 1 1 août , nos lignes furent attaquées avec une fureur incroyable. Cependant Bone était à nous , lorsque la brigade Damrémont reçut l'ordre de (*) Pélissier, Ann. algcr., 1. 1, p. io3. Digitized by Google
102 BOJT L'UN /ERS. BON revenir à la hâte à Alger. Le maréchal en Afrique, lorsque trente hommes Bourmont venait d'apprendre les évé- nements de juillet . et voulait concen- ont suffi pour donner à la France une ville aussi importante que Bone ? trer toutes ses forces à Alger. Malgré le départ des Français . les Ibrahim essaya en vain de reprendre Bone au mois de septembre. Il avait habitants de Bone, gagnés par la justice, la modération et l'habileté de l'admi- réuni, pour accomplir sa tentative, nistration du général , restèrent tidèies douze à quinze cents Arabes. Mais le à la France. Les tribus du voisinage général d'Uzer envoya contre lui douze attaquèrent souvent Bone pour se ven- ger de ses habitants alliés des chré- cents hommes du 55e , qui, secondés tiens. Toujours elles furent repoussées. Cependant, dans l'été de 1831, les Bo- par l'intrépide Youssouf, battirent l'en- nois, vivement pressés, demandèrent nemi, le dispersèrent , et nous assu- rèrent ainsi la possession de Bone. des secours au général Berthezène. Ne Bopîet (Guillaume), quarante et croyant pas pouvoir prendre sur lui unième évêque de Baveux , né dans le d'envoyer des troupes françaises , le diocèse du Mans , et élevé dans celui de gouverneur rassembla cent vingt-trois Baveux , était au rang des dignitaires zouaves, commandés par le capitaine de l'église de cette ville , lorsque Clé- Bigot , et l'expédition partit sous la di- rection du commandant Houder, aide ment V le plaça sur le siège épiscopal de camp du général Guilleminot ; elle en 1306. Il fût un des commissaires arriva à Bonè le 14 septembre. Mais, nommés par le pape pour instruire le par suite des mauvaises dispositions procès des templiers. Il fonda en 1309 du commandant, un ancien bey de le collège de Bayeux dans l'univer- Constantine, Ibrahim, put ourdir une sité de Paris , pour des boursiers de conspiration. Les Arabes de la plaine son diocèse et de celui du Mans. Il furent introduits dans la citadelle, for- mourut à Angers vers l'an 1312. cèrent les portes de la ville, massa- Bon et. ou Boni, en latin Bonitus crèrent Bigot et quarante zouaves , et { Saint ), évêque de Clermont en Au- tuèrent Houder. Bone était ainsi re- vergne , né Vers l'an 623 d'une des tombée au pouvoir des Arabes, lors- que le commandant Duvivier y arriva plus riches familles de cette province, avec deux cent cinquante zouaves que le général Berthezène envoyait au se- fut successivement échanson et réfé- cours de la garnison. Il voulait prendre rendaire à la cour de Sigebert, roi la Casbah , mafs les commandants des d'Austrasie, et de ses successeurs Da- bâtiments ne voulurent pas lui donner gobert II et Thierry III. Ce dernier les hommes de leurs équipages. Duvi- prince le nomma, en 680, gouver- vier se contenta donc de reprendre les prisonniers et de revenir à Alger, où neur de la province de Marseille. Bo- net occupa cette place pendant neuf il rentra le 11 octobre. ans, au bout desquels saint A vit, son Ce fut encore un coup de main qui remit Bone en notre pouvoir. Le ca- frère, évêque de Clermont, étant au pitaine d'artillerie d'Armandy et Yous- lit de mort, le demanda à Thierry pour souf , alors capitaine des chasseurs al- son successeur, et l'obtint. Bonet gou- gériens^ y entrèrent le 25 mars 1832, verna pendant dix ans l'église de Cler- avec trente hommes de la marine , ar- mont, et y donna l'exemple de toutes més de douze fusils. Cent Turcs s'é- les vertus. Mais des scrupules lui îaient réunis à eux. Avec cette faible étant venus au sujet de la légalité de troupe d'Armandy se maintint dans son élection , pour mettre sa conscien- ce en sûreté, il consulta saint Théau, , qui vivait alors en ermite à Solignac et sur l'avis qu'il lui donna il se démit la Casbah jusqu'à l'arrivée des ren- de son siège , distribua son bien aux forts. Que penser des ministres qui pauvres, et se retira à l'abbaye* de depuis dix ans, n'ont pas fait davantage Manlieu , où il vécut quatre ans dans les pratiques d'une austère pénitence. Il mourut à Lyon en 710, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Digitized by Google
BON FRANCE. BON 103 Bonfbebe t Jacques ) , en latin siégea dans la plaine, vota dans le Bonfrerius, savant jésuite, né à Di- procès de Louis XVI pour la réclusion nan -sur- Meuse, en 1573, professa longtemps la philosophie, la théologie perpétuelle prit plusieurs fois la pa- et 1 hébreu à Douai , mourut à Tour- , nny en 1643, et laissa des commen- role sur les lois civiles parla contre , taires fort estimés sur les différentes le divorce, contre la loi qui fixait à parties de l'Écriture sainte. vingt et un ans l'âge de la majorité Bongars ( Jacques ) , conseiller et maître d'hôtel de Henri IV, un des éru- et après la session , se retira dans , dits les plus célèbres du seizième siè- cle, naquit à Orléans en 1546. Il fut son département , où il reprit son an- pendant près de trente ans résident ou ambassadeur de Henri IV dans les cienne profession d'avocat. cours d'Allemagne , et conduisit avec succès les négociations les plus impor- Bonifacio, chef-lieu de canton du tantes. Il mourut à Paris le 29 juillet département de la Corse , fondé en 830 1612. Bongars avait acquis une grande par un seigneur pisan nommé Boniface, partie des manuscrits de la bibliothèque tomba en 1195 au pouvoir des Génois de l'abbaye de Fleury , ou Saint-Be- noît sur Loire, dispersée lorsdu pillage et fut leur premier établissement dans de cette abbaye par les calvinistes. II en recueillit également un certain nom- l'île. Cette ville a donné son nom au dé- bre de ceux qui avaient appartenu à la cathédrale de Strasbourg , et les troitqui sépare la Corsede la Sardaigne. restes de la bibliothèque de Cujas, sous lequel il avait étudie le droit à Bour- Bonjoub (François-Joseph) na- ges. Cette collection se trouve main- tenant à Berne, avec douze volumes quit à la Grange de Combes , près de in-folio de recherches manuscrites et Salins, en 1754. Après avoir étudié et de pièces curieuses et inédites rassem- blées également par Bongars pendant pratiqué la médecine, il se sentit en- ses voyages en Allemagne. traîne vers l'étude des sciences natu- Les ouvrages qui ont valu à ce sa- vant la célébrité méritée dont il jouit relles, et surtout vers la chimie, qu'il sont les suivants : 1° Gesta Dei per FrancoSy sive orientalium expédition approfondit dans le laboratoire de num et regni Francorum Hierosoly- Berthollet, dont il devint, en 1784, le mi tant scriptores varii cosetanei , in préparateur. Pendant la révolution , il unum editif Hanau, 161 1, deux tomes fut un de ceux qui montrèrent que la en un volume in-folio; 2° Jacobi Bon- culture des sciences fortifie le coura- garsii epistolx : ce recueil de lettres, d'un style pur, correct, élégant, na- ge, et il en donna des preuves au siège turel, et presque digne du siècle d'Au- guste, a eu cinq éditions ; 3° Collectio de Valenciennes, où il servit comme Hungaricarum rerum scriptorum canonnier et*comme pharmacien. Plus y tard il fut nommé élève de l'école nor- Francfort, 1600, in-folio; 4° enfin male, et en même temps professeur une édition de Justin, avec un savant commentaire. adjoint à l'école centrale des travaux Bon g u yod ( Marc-François ) , né publics. Il devint en 1795 membre du dans le Jura, était administrateur de conseil d'agriculture et des arts , et ce département lorsqu'il fut nommé en 1797, commissaire du gouvernement député à la Convention nationale : il près des salines de la*leurthe. Il mou- rut à Dieuze le 24 février 1811. On a de lui une traduction des Affinités chimiques de Bergmann. Paris, 1788, io-8°. Bonjoub (Casimir), né à Clermont en Argonne (Meuse) le 15 mars 1796, commença et acheva ses études au col- lège de Reims, dans l'espace de quatre années. Il embrassa ensuite la car- Arière de l'enseignement. seize ans il était maître d'études au lycée de Bru- ges; à dix-huit, il fut admis à l'école normale; enfin, trois ans après, il fut nommé professeur suppléant de rhé- torique au lycée Louis-le-Grand. En 1815, la violence des réactions politi- ques lé força d'abandonner l'instruction Digitized by Google
104 BON L'UNIVERS. BON pubiique.il crut trouver un asile dans ris , qu'il résistait encore aux Hollan- dais qui investissaient Condé. C'est la carrière de l'administration ; mais une seconde destitution l'atteignitdans alors que le colonel Gordon, Hollan- les bureaux du trésor. Ce fut le 4 juil- dais de naissance, mais naturalisé Fran- let 1821 qu'il fit représenter, au Théâ- çais , pénétra dans la place , avec des tre-Français , la Mère Rivale , comé- proclamations et des lettres signées par die de mœurs, en trois actes et en deux traîtres, Bourmont et Clouet. Les vers. Cet ouvrage dénotait déjà une habitants exaspérés et excités encore, , étude assez approfondie du cœur hu- dit-on, par le lieutenant Miéton,aide de main, et donnait des espérances que camp du général, firent feu sur Gordon, d'autres pièces plus importantes sont et le tuèrent. Cet événement parut aux . venues réaliser depuis. Parmi ces piè- réacteurs une occasion favorable pour • ces nous devons surtout citer FÊdu- Punir un patriote de sa résistance à S cation y ou les Deux Cousines, et le étranger. Le général Bonnaire et son 7 Mari à bonnes fortintes. M. Casimir V Bonjour est aujourd'hui l'un des con- aide de camp furent traduits devant un conseil de guerre. Le lieutenant fut [ servateurs de la bibliothèque Sainte- condamné a mort, et fusillé le 30 juin Geneviève. 1816; quant au général, quoiqu'on ne ' Bonjoub (Guillaume ) , augustin, fuit le convaincre d'avoir participé à a mort de Gordon, il fut condamné à né à Toulouse en 1670, fut appelé à la déportation et dégrade sur la place Home en 1695 par le cardinal de No* Vendôme, en présence de la colonne ris, et honoré de l'estime du pape Clé- dont les bas-reliefs représentaient aux ment XI , qui lui confia plusieurs yeux de ses exécuteurs quelques-uns fonctions importantes. Le pape ayant de ses glorieux faits d'armes. Le brave chargé une commission de la réforme du calendrier grégorien, le P. Bon- général Bonnaire ne put résister au jour fournit de savants mémoires à chagrin que lui causa cette humilia- cette commission. Il mourut en 1714 tion ; il mourut deux mois après dans à la Chine , où son zèle pour la pro- ' pagation de la religion chrétienne l'a- la prison de l'Abbaye. Bonn al (François de), né en 1734 vait conduit. Il était profondément au château de Bonnal, dans l'Agenois, versé dans les langues orientales , et embrassa de bonne heure l'état ecclé- surtout dans la langue copte. On a de siastique, et assista en 1758, comme —lui : des Dissertations sur l'Écriture député du deuxième ordre, à l'assem- sainte , sur les monuments coptes blée générale du clergé. Nommé en de la bibliothèque du f 'atican , etc. 1758 évêque de Clermont , il fut élu, ; Calendarium romanum, cum gemino en 1789, député du bailliage de cette epactarum dispositu, ad novilunia ville aux états généraux, dominé pré- civilia invenienda, Rome, 1701, in- sident du comité ecclésiastique, il pro- folio. testa, le 14 décembre, contre la sup- Bonnaire ( Jean-Gérard ) , né à pression du clergé régulier; lors de la Propet, département de l'Aisne, en discussion du 14 avril 1790, sur les 1771, doit être compté au nombre des dîmes et les biens du clergé, il s'éleva de nouveau contre le vœu de la ma- plus intéressantes victimes des réac- tions légitimistes et antinationales de jorité, et demanda que la religion ca- 1815. Entré comme simple soldat dans tholique fût proclamée religion natio- la carrière militaire , il avait conquis nale. Le er janvier, il se joignit à 1 tous ses grades par des actions d'éclat, Boisgelin pour demander la convoca- et était parvenu à celui de général de tion d'un concile gallican, demande brigade, lorsqu'il fût nommé en 1815 qu'il renouvela encore en 1791. Som- mé , à cette époque , de prononcer le commandant de la place de Condé. serment exigé par la constitution civile Après les désastres de Waterloo, il refusa d'ouvrir les portes aux ennemis, du clergé, il s'y refusa, en protestant et ceux-ci étaient déjà maîtres de Pa- de nouveau contre cette constitution.
BOX FRANCE. bon 105 Après avoir été l'on des signataires de erand prix, Bonnard alla continuer ses études en Italie. Il s'y livra à des la protestation du 12 septembre 1791, il se distingua parmi les opposants par recherches fort importantes sur les le zèle avec lequel il encouragea les aqueducs de l'ancienne Rome, et par- résistances du clergé. Cette conduite vint à retrouver six de cès aqueducs, ayant été signalée à l'Assemblée par que l'on ne connaissait pas avant lui. Biauzat, de Bonnal fut forcé de se ré- De retour en France, en 1789 , il fut fugier en Hollande. Il y fut surpris par chargé de seconder son maître, archi- nos armées victorieuses, en 1795, ar- tecte des Tuileries , dans la restaura- rêté et déporté à Altona. Il mourut à tion de ce château, depuis longtemps Munich en 1800. inhabité. Attaché aux opinions roya- Bonnard (Ennemond) naquit en listes, il émigra. en 1792, et se rendit 1756 , à Saint-Symphorien, en Dau- en Angleterre, d'où il ne revint que phiné. Il entra, en 1774, comme sim- sous l'empire. Il succéda alors à Ber- ple soldat dans le régiment d'artillerie nard dans la place d'architecte du d' Auxonne ; fit la guerre d'Amérique,' ministère de3 affaires étrangères, et sous Rochambeau ; fut , à son retour fut chargé d'élever le palais queVon vou • en Europe envoyé à Naples , où il lait construire sur le quai d 'Orsay, pou r , servit en qualité d'instructeur , et re- ce ministère. Mais on se ravisa ; le projet fut mis au concours : puis les vint en France seulement en 1793. plans de Bonnard furent repris , et Nommé alors lieutenant, puis capi- soumis enfin à la critique des membres taine adjudant-major, et enfin chef de du conseil des bâtiments, tous hom- bataillon , dans le 2e régiment d'ar- tillerie, il fut chargé de diriger un mes fort habiles. « Aussi, dit M. Qua- parc à l'armée du Nord. Élevé ensuite tremère, chacun, dans les meilleures au grade de général de brigade, il vues du monde, trouva un défaut au commanda l'artillerie aux sièges de projet, et y prescrivit son changement. II est douteux qu'on puisse imaginer Charleroi, du Quesnoy, de Valencien- nes, et prit une grande part aux vic- un moyen plus sûr d'arriver à ne rien toires de Fleurus et de Duren, et à la faire. M. Bonnard se rappela fort à f>rise de Maëstricht. Ce dernier exploit propos ce tableau du peintre grec, ui valut le grade de général de divi- exécuté d'après les critiques et sur les sion. Plus tard , le général Bonnard avis de la multitude qui, après , n'en fut chargé du commandement de dif- voulut plus. Il imagina de recueillir férentes contrées sur le Rhin , et du ainsi chaeune des corrections deman- duché de Luxembourg. Il commandait dées, et il en fit un projet nouveau dans la Belgique, en 1798, lors des qui les renfermait toutes. On croirait révoltes de la Campine, et sa sagesse qu'étant devenu l'œuvre de tous les et sa fermeté contribuèrent beaucoup juges, ce projet aurait eu le suffrage à les réprimer. Nommé, sous le gou- de chacun. Il n'en fut rien. L'ouvrage vernement impérial , commandant de de chacun fut rejeté par tous. Cela la 22 e division militaire , il fût mis à devait être , car ce n'était plus l'ou- la retraite par la restauration, et conti- vrage de personne. » On en revint nuade résidera Tours, chef-lieu de son donc au premier projet de Bonnard. commandement. Il mourut en 1819. Les travaux furent d'abord menés Bonnabd (Jacques- Charles) , né à avec assez d'activité; le bâtiment était Paris, le 30 janvier 1765, étudia l'ar- même élevé jusqu'à la hauteur du pre- chitecture à l'école de Renard. « Dans mier étage lorsque le manque de , cette sévère école, dit M. Quatre- fonds suspendit les travaux. Pendant mère; on enseignait, dans toute leur une vingtaine d'années ce monument pureté, les doctrines de cette anti- resta inachevé, et ce n'est qu'après la quité classique où vont toujours se loi de finance pour l'achèvement des rajeunir le goût et les inventions des monuments de Paris , qu'on en reprit la construction. C'est seulement en modernes. » Après avoir obtenu le Digitized by Google
jo« L'UNIVERS. BOX 1838 qu'il a été terminé , sans qu'on pied à pied. Lorsque l'armée fut arri- lui eût assigné une destination. Ainsi, il s'est trouvé une administration et des vée dans la position de G iessen, il reçut architectes qui ont fait disposer l'inté- rieur d'un édifice sans avoir fait décider l'ordre de soutenir la division Gre- d'avance à quel usage il serait consa- cré! Pourquoi s'étonner après cela du nier, et exécuta plusieurs charges vi- misérable état des arts à notre époque? goureuses contre la cavalerie autri- On peut le dire : jamais on n a tant chienne. Mais là se termina sa carrière: taillé, gratté et cimenté de pierres que depuis 1830 , et jamais l'architec- blessé grièvement d'une balle à la ture n'a été plus maltraitée. Bonnard est mort en 1818. cuisse, il subit une douloureuse ampu- Bonn aterre (l'abbé P. J.) , né vers tation, et mourut peu de jours après. Bonnaud (Jean -Baptiste), savant 1752, dans le département de l'Avey- ron, a publié dans YEncyclopédie mé- bénédictin de la congrégation de Saint- thodique de 1788 et 1792 le Tableau encyclopédique et méthodique des trois Maur, naquit à Marseille, en 1684 , et règnes de la nature, qu'il accompagna mourut à Paris, en 1758. Il travailla de bonnes figures. Ce travail, qui est le complément de celui que Daubenton à la continuation de YHistoire du dio- cèse de Rouen , commencée par dom avait fait, dans le même dictionnaire, Duplessis, qui n'en avait publié que pour les quadrupèdes et les poissons, l'introduction, sous le titre de Des- est très-méthodique, et peut être en- core consulté avec fruit, malgré les cription géographique et historique progrès immenses que les sciences na- turelles ont faits depuis. L'abbé Bon- de la haute Normandie Paris, 1740, naterrequilta Paris au commencement , de la révolution, et se retira dans son pays natal. Il mourut à Saint-Genies 2 vol. in -4°. Les travaux de dom en 1804. On lui doit encore une No- Bonnaud n'ont pas été publiés. tice sur te sauvage de VAceyron , an Bonnay (le marquis de) était lieu- ix, in-8°; une Flore de l'Aveyron, et tenant des gardes au corps lorsqu'il des mémoires sur l'agriculture et l'his- fut nommé député suppléant delà no- toire naturelle. blesse du Nivernais aux états géné- Bonnaud (Jacques - Philippe), né vers le milieu du dix-huitième siècle, raux, en remplacement du duc de s'enrôla fort jeune dans les dragons du Dauphiné. Il était officier au commen- Damas. Le 13 avril 1789, il fut élu cement de la révolution. Mais alors une première fois président de l'As- son avancement fut rapide. Il était gé- néral de brigade en 1793, et fut em- semblée nationale, et chercha à y mé- ployé en cette qualité à l'armée du nager tous les partis. Réélu président, Nord. Nommé bientôt général de di- le 5 juillet 1790, il défendit les minis- vision, il concourut puissamment sous tres, accusés d'avoir autorisé le pas- Pichegru à la conquête de la Hollande. Il passa ensuite à l'armée de l'Ouest, sage des troupes autrichiennes sur le sous les ordres de Hoche; mais il re- vint bientôt à l'armée de Sambre-et- territoire français , et prit ensuite la Meuse, dont il commanda la cavalerie de réserve. Il fit , sous Jourdap , la défense du député Faucigny, qui, dans campagne de 1796, en Bavière. Chargé de couvrir la retraite, après la défaite son royalisme fougueux, avait proposé de Wurtzbourg , il défendit le terrain d'exterminer le côté gauche de l'Assem- blée; enfin il chercha à disculper les gardes du corps, accusés d'avoir pro- voqué les malheurs des journées des 5 et 6 octobre 1789. Porté pour la troisième fois à la présidence , en dé- cembre 1790, il refusa. Lorsque le roi fut arrêté à Varennes , le marquis de Bonnay fut accusé d'avoir eu con- naissance de cette fuite , mais il par- vint à se justifier. Après la session, il émigra en Angleterre. Rentré en France avec les étrangers, en 1814, il fut envoyé par Louis XVIII en qua- lité de plénipotentiaire à Copenhague. Il fut ensuite accréditéà Berlin, mais sa mauvaise santé le força bientôt à re- venir à Paris. Admis à la pairie le Digitized by Google
BON FRANCE. BON 107 17 aoât 1815, il parla , en 1816 , des à la liberté. Après avoir été chargé par entraves apportées par la chambre des le Directoire de différentes missions députés, dite introuvable, à la marche secrètes, à Copenhague, à Berlin et dans du gouvernement. Depuis cette épo- lerestede l'Allemagne, il resta sans em que, il vécut dans la retraite et mourut ploi sous l'empire : Napoléon le regar- en 1825. dait avec raison comme un intrigant. Bonneau (Jean -Yves -Alexandre), Nomméenl810, par le général Macdo- né à Montpellier, en 1739, consul de nald, directeur général de la police en France en Pologne , s'est rendu célè- Catalogne , il perdit cette place lorsque bre par son opposition héroïque au Macdonald quitta cette province, démembrement de ce malheureux pays. Sous la restauration , il sollicita vai- Cette opposition lui valut la haine de nement un emploi du gouvernement Catherine II qui le fit arrêter à Var- en faisant valoirJes intrigues contre- , sovie, et ordonna qu'on le jetât dans révolutionnaires qu'il avait tant niées une prison où il languit jusqu'à l'avé- dans d'autres temps. Il n'obtint rien , nement de Paul er Cette longue dé- et se résigna à se faire industriel. Les I. tention causa la mort de la femme de succès qu'il obtint dans cette nouvelle Bonneau et celle de sa fille , nouveau carrière durent lui faire oublier ses re- malheur auquel il ne résista pas , et vers en politique. Il mourut à Versail- qui le conduisit au tombeau en 1805. . les en 1823. Il était à peine de retour dans sa Bonnecobse (Balthazar de), né à patrie. Marseille, auteur de la Montre a\"a~ Bonne - Carbèbe ( Guillaume de ) meur, dédiée au duc de Vivonne. Il fit cet ouvrage à Seide en Syrie, où il naquit à Muret, en Languedoc, le 13 février 1754. Chargé, en 1783, d'une avait été nommé consul (le France, mission aux Indes orientales, il y sé- Boileau ayant fait figurer la Montre iourna jusqu'en 1786. Quand la révo- d'amour dans la bataille du premier lution éclata, il parut en adopter chau- chant du Lutrin, Bonnecorse composa dément les principes, se lia avec une parodie de ce poëme, appelée le Mirabeau, et fut même successivement Lutrigot. Aussi Boileau le mit-il à président et secrétaire du club des Ja- côté de Pradon dans une épigramme cobins; mais il en fut exclu en 1791, à qui commence ainsi : cause de ses relations avec la cour. venez, r-radon et Bonnecone, Grands écrivain» de même fore*, Avant Cette époque, il avait été envoyé c,c - comme chargé d'affaires auprès du prince-évêque de Liège, qui ne voulut Cet auteur mourut à Marseille en pas le reconnaître. Lié avec Du mou- 1706. riez, celui-ci fit créer pour Bonne-Car- rère la place de directeur général du Bonnefoi (Ennemond), plus connu sous son nom latin Enimundux lio- déoartement politique. C'est en cette nejidius, jurisconsulte protestant, né qualité qu'en 1792 Bonne-Carrère con- à Chabeuil, le 20 octobre 1536, fut dut des traités d'indemnité avec les un des plus savants professeurs de princes de Salm-Salm et de Lœwens- l'université de Valence : Cujas , sojî neim-Wertheim. Le 10 août, sur la collègue, a rendu témoignage de sa demande de Brissot, l'Assemblée légis- science. Échappé avec peine au mas- lative décréta que les scellés seraient sacre delà Saint-Barthélemi, Bonnefoi apposés sur ses papiers, et que sa no- se retira à Genève , où on lui donna mination de ministre aux Etats-Unis une chaire de droit et des lettres de serait révoquée. Arrêté en 1793, à cause bourgeoisie; il y mourut en 1574. de ses relations avec Dumouriez , il L'année précédente, il avait publié un demanda vainement à être entendu à la barre de la Convention ; il allait être «avant ouvrage, sous le titre de : Juris traduit devant le tribunal révolution- orientais librl III , imperatoriœ constitutiones , sanctiones pontifi- naire, lorsque le 9 thermidor le rendit ci&, etc. » Digitized by Google
108 BOX L'UNIVERS. bon Bonnefons dom Élie-Benoît), sa- 11 y fit, sous le prince Eugène, les campagnes de 1813 et 1814, et donna v des preuves de talent et de valeur dans plusieurs affaires, notamment à celles vant bénédictin de la congrégation de de Calderoet de Villa-Franca en 1814. Il contribua puissamment au succès Saint-Maur, né à Mauriac, en 1622, de la bataille du Mincio, le 8 février mort à Saint-Vandrille, en 1702, avait 1814. Au moment de l'abdication de composé une Histoire civile et ecclé- siastique de la ville de Corbie, 2 gros Napoléon, il était proposé pour le vol. in -fol., et les fies des saints re- grade de général de division. Il com- ligieux de Vabbaye de Fontenelle, ou manda, pendant les cent jours, une brigade de cavalerie sous les ordres du de Saint-Vandrille , 3 vol. in-4\"; ces général Grouchy, et écrivit de Dinan, deux ouvrages sont restés manus- le surlendemain de la bataille de Wa- crits. terloo, au gouverneur de Givet, une Bonnefons (Jean), né à Clermont, lettre qui fut transmise au ministre de en Auvergne, en 1554, étudia le droit la guerre, et lue ensuite le 22 à la chambre des pai rs et des représentants sous Cujas, à l'université de Bourges, Depuis la seconde restauration, le puis alla se fixer à Paris , où il exerça, baron Bonnemain a été employé, soit avec assez de distinction , la profes- comme maréchal de camp, sait comme sion d'avocat. Son talent pour la poé- inspecteur de cavalerie, enfin comme sie latine lui fit des amis et des pro- inspecteur général de gendarmerie. tecteurs , entre autres Achille de Bonnesoeur ( Siméon - Jacques- Harlay, qui lui procura la charge de Henri), né à Coutances, exerçait dans lieutenant général du bailliage de Bar' cette ville la profession d'avocat lors- sur-Seine. Ses poésies érotiques ont que la révolution, dont il adopta les été publiées sous le titre de Pancharis. principes , l'appela à différentes fonc- Éloquent et habile versificateur, il n'a tions publiques. En 1792, il fut nommé pas cependant mérité les grands éloges député du département de la Manche que lui ont donnés ses contemporains, à la Convention nationale. Il y siégea qui le comparaient à Catulle dont il parmi les montagnards et vota la mort avait adopté le mètre. La Monnoye de Louis XVI. Devenu membre du lui a rendu toute justice sans en Conseil des Anciens après la session parler d'une manière aussi avanta- conventionnelle , il s'y livra à l'étude geuse. des matières de finances; vota, en 1796, pour l'exclusion de Job Aymé(*), Bonnemain (Pierre, baron) entra et appuva la proposition d'envoyer aux au service comme sous-lieutenant de départements un discours du président du Conseil pour l'anniversaire de la dragons. Il fit, en qualité d'aide de mort de Louis XVI. Sorti du Conseil camp du général Tillv, plusieurs cam- en 1797, il fut nommé commissaire pagnes aux arméesde Sambre-et- Meuse, du Directoire dans le déparlement de fut successivement chef d'escadron, la Manche. Après le 18 brumaire, il obtint la présidence du tribunal de major, et enfin colonel de chasseurs a Mortain , et remplit cette place jus- cheval en 1806. 11 fit en cette qualité les campagnes de Prusse et de Polo- Aqu'en 1815. cette époque, il fut en- gne, en 1806 et 1807, se distingua à voyé de nouveau à la chambre des re- présentants; mais, en 1816, il fut Schleitz, à Lubeck, à Iéna et à Tré- banni de France par la loi dite d'-am- vitz, où il reçut une blessure. Appelé nistie , s'embarqua pour l'Angleterre, en Espagne en 1808 , il se fit remarquer fut détenu pendant longtemps a Ports- à Truxillo et à Médelin; lors de l'éva- cuation de Talavcra par les Français, il parvint à dégager un bataillon d'in- fanterie qu'enveloppait une cavalerie nombreuse. Le 26 du même mois, à la bataille de Talavera, il chassa les in- surgés des montagnes de Ronda , et les battit Tannée suivante à Algésiras. En 1811 , il fut élevé au grade de général (*) Voyez ce mot. » de brigade, et passa en 1813 en Italie. Digitized by Google
BON *RANCE. BON 100 mouth , et envoyé en surveillance à rent leur exemple, et le bonnet rouge Anvers. Il a obtenu, en 1818, la per- devint le signe distinctif des opinions révolutionnaires les plus avancées. —mission de rentrer dans sa patrie. Bonnet. L'auteur du Diction- Sous la restauration , les royalistes naire des origines fait remonter à donnaient avec une intention inju- Tannée 1449 l'époque où s'intro- duisit en France l'usage de porter rieuse le nom de bonnets rouges aux des bonnets et des chapeaux. Ce fut, hommes qui avaient pris part à la ré- dît-il , à l'entrée de Charles VII à volution, et à ceux qui se distinguaient Rouen que l'on commença à en voir. —par leurs opinions libérales. Auparavant on se servait de chaperons Bonnet vebt. La peine du bon- ou de capuchons. Il est cependant net vert pour les cessionnaires et les question de chapeaux et de bonnets banqueroutiers nous vient d'Italie. C'est à la fin du seizième siècle qu'elle dans le Livre des métiers, d'Etienne s'introduisit en France. Elle tomba en désuétude au commencement' du Boileau, qui date, comme on sait, du dix-huitième. Boileau y fait allusion milieu du treizième siècle. Quoi qu'il par ces vers de sa satire première : en soit, les bonnets étaient de laine Sans attendre qu'ici la justice ennemie L'enferme en un cachot le reste de sa vîe ou de coton , et ils prenaient le nom Ou que d'un bonnet vert le salutaire affront Flétrisse les lauriers qui lui courrent le front. de mortiers lorsqu'ils étaient en ve- lours. Ceux-ci étaient galonnés, tandis Cette peine , suivant Pasquier, était que les autres n'avaient pour orne- symbolique, et signifiait que ceux qui ments que deux espèces de cornes en étaient frappés s'étaient ruinés par fort courtes. Le roi, les princes et les Duleurs folies. reste , cette marque chevaliers avaient seuls le droit de d'infamie avait, pour ceux qui s'y sou- porter le mortier. Le bonnet était la coiffure du clergé, des gradués et du peuple. mettaient, l'avantage d'empêcher l'exé- cution des décrets de prise de corps. Les marchands drapiers restèrent en possession du droit exclusif de fa- Les banqueroutiers et les cessionnai- res ne pouvaient être arrêtés que briquer et de vendre les mortiers, chaperons et bonnets, jusqu'au com- —lorsqu'ils étaient trouvés sans leur mencement du seizième siècle, épo- bonnet. Le bonnet vert est aujour- d'hui la coiffure des condamnés aux que de l'établissement de la corpora- tion des bonnetiers -chaussiers. Les travaux forcés à -perpétuité. bonnetiers au tricot furent réunis à Bonnet de Tbeyches , député du cette corporation, en 1672. Voyez tiers état de la sénéchaussée du Puy les articles Chapeuebs et Ciiàus- en Velay, aux états généraux, fut envoyé, en 1792, par le département —siebs. L'amnistie ac- de la Haute-Loire, à la Convention nationale. Il se plaça sur les bancs des Bonnet bouge. girondins, vota la mort de Louis XVI, et fut mis hors la loi au 31 mai. Mais cordée après l'acceptation de la cons- il parvint à s'échapper de Paris , erra titution de 1790 avait accordé la li- pendant dix-huit mois , et rentra à la berté aux quarante Suisses du régi- ment de Châteauroux, condamnés aux galères à la suite des événements de Nancy. Ces soldats, après avoir été Convention après le 9 thermidor. Il l'objet du plus vif intérêt pendant leur ïut alors envoyé en mission dans le voyage, arrivèrent à Paris , coiffés du département de la Loire. Après la bonnet rouge qu'on leur avait donné session, il resta qteique temps sans emploi, et devint ensuite administra- au bagne. Les jacobins se rappelèrent teur de la comptabilité de l'Opéra de alors que ce bonnet était en Grèce et Paris. à Rome l'emblème de l'affranchisse- Bonnet (Joseph-Balthasar), exer- ment et aussitôt ils adoptèrent pour coiffure le bonnet phrygien. Bientôt çait à Limoux la profession d'avocat, lorsqu'il fut nommé député aux étatt un grand nombre de citoyens suivi-
110 BON L'UNIVERS. BON généraux par la sénéchaussée de cette sous Charles VII se fît l'homme des An- ville. Envoyé ensuite à la Convention glais , et défendit pour eux Paris, avec Sar le département de P Aube, il siégea, }ean de Luxembourg et l'ire- Adam ; parmi mon- ans cette assemblée les Antoine de Bonneval, qui fut con- , tagnards, vota la mort de Louis XVI, seiller et chambellan des rois Louis XI, et fut ensuite envoyé en mission dans Charles VIII et Louis XII, et remplit les départements de l'Eure, du Calva- plusieurs fonctions importantes ; Ger- main de Bonneval qui, accompagna dos et des Pyrénées-Orientales. Rap- pelé à Paris,\" le 3 novembre 1794, il Charles VIII en Italie, et fut l'un des fut un des commissaires chargés sept gentilshommes qui, vëtuset armés d'examiner la conduite de Carrier. comme ce prince, se tinrent constam- Appelé ensuite au Conseil des Cinq- ment auprès de lui à la bataille de Cents, il en sortit en 1797, et fut Fornoue. Il fut tué à la bataille de nommé par le Directoire commissaire Pavie. Son frère Jean fut fait pri- central dans le département de l'Aube. sonnier à cette bataille, et fut chargé II entra, en 1798, au Conseil des An- ensuite, conjointement avec le comte ciens, et y combattit énergiquement la de Tende, de défendre la province de résolution qui n'accordait d'indemnités Marseille, lorsque Charles-Quint vint, qu'aux députés des assemblées où il en 1536 , assiéger cette ville. Il con- tribua puissamment à la retraite des n'y avait pas eu de scission. Depuis ce Impériaux. Comme toutes les vieil- moment, Bonnet n'a plus reparu sur la scène politique. les maisons féodales, la maison de Bonnet (Pierre), médecin de la du- Bonneval perdit de son importance chesse de Bourgogne , naquit à Paris, à partir du dix-septième siècle , et en 1638, et mourut à Versailles, le l'on n'a guère à citer , depuis cette 19 décembre 1708. Il était neveu de époque, que Henri II de Bonneval, l'abbé Bourdelot, qui s'était beaucoup qui soutint la révolte du prince de occupé de l'histoire des arts en géné- Condé , et se distingua dans cette ral , et de la musique en particulier. réaction féodale; puis César Phœbus Pierre Bonnet, héritier de la biblio- de Bonneval , brave officier, et qui se thèque de son oncle, continua ses re- signala à presque toutes les batailles cherches, mais ne put les publier. Ce du règne de Louis XIV, comme mes- fut son frère, Jacques Bonnet, qui, tre de camp du régiment royal des héritier à son tour des travaux de ses cuirassiers , et enfin Claude- Alexan- parents, les livra au public, sous le titre dre de Bonneval , qui , à cause de son d'Histoire de la musique et de ses aventureuse carrière, nous a paru mé- efjets , depuis son origine jusqu'à riter un article spécial. présent, Paris, 1515, in-12. Cette his- Bonneval ( Claude - Alexandre , toire de la musique est la première comte de), né dans le Limousin , en 2ui ait paru en France; aussi eut-elle 1675, obtint, à l'âge de douze ans, par 'abord beaucoup de succès. Mais de- la protection du maréchal de Tour- puis, elle a été complètement éclipsée ville, dont il était parent , une place par celle de Blainville, et surtout par de garde-marine ; l'année suivante , il le savant ouvrage de Kalkbrenner. fut nommé enseigne de vaisseau , et il Jacques Bonnet mourut en 1724, âgé justifia cet avancement si rapide , en de quatre-vingts ans. signalant son courage aux combats Bonne val (maison de), ancienne de Dieppe, de la Ilogue et de Cadix. maison du Limousin qui remonte à Mais quelque temps après, une affaire Giraud lie Bonneval lequel vivait en d'honneur le força de quitter la ma- , rine. Il acheta, en 1698, un comman- 1055. Parmi les membres de cette fa- mille, nous citerons Jean III, qui de- dement dans le régiment des gardes, vint vassal du roi d'Angleterre par le et y demeura jusqu'en 1701. A cette traite de Bretigny. mais qui , en 1373, époque, il obtint le régiment de La- se soumit à Charles V; Bernard, qui bour-infanterie, et, la guerre ayant Digitized by Google
BON FRANCE. BON lli éclaté, il fut envoyé en Italie , sous les l'exiler. Cependant il reparut à Cons- ordres du maréchal de Çatinat. Ce gé- tantinople en 1739 , et se distingua néral, ainsi que ses successeurs, Ville- de nouveau dans la guerre contre roi et Vendôme, le comptèrent au l'Autriche. : Il mourut, en 1747, au nombre de leurs meilleurs officiers. Mais, en 1704, une nouvelle affaire moment où il pensait, dit-on , à quit- d'honneur lui attira l'animadversion ter la religion de Mahomet et à revenir du ministre Chamillard; il demanda en France. Sur son tombeau, qui existe encore à Péra, dans la cour du un congé au duc de Vendôme, l'obtint, téké des derviches tourneurs, on lit employa deux ans à voyager en Italie, une inscription turque , dont voici la traduction : « Dieu est éternel! que et enfui passa, en 1706, au service de l'Autriche. Le prince Eugène, qui « Dieu grand et glorieux pour les avait pu apprécier sa valeur lorsqu'il « vrais croyants donne paix au défunt « Achmet-Pacha , chef «des bomba r- , « diers, l'an de l'hégire 1160. » Le fils du comte de Bonneval, Soliman-Aga, Pavait eu pour adversaire dans les kii succéda dans la charge de tapidji- rangs français, lui fit obtenir le grade de général major. C'est en cette qua- bachi. lité qu'il combattit ses compatriotes et déploya de nouveau une brillante Si le comte de Bonneval n'avait valeur à l'attaque des lignes de Turin, point, en portant les armes contre sa à Alexandrie, a Tortone, en Provence et en Dauphiné. Envoyé en Flandre, patrie , terni l'éclat des qualités bril- en 1710 , il y fit les campagnes de lantes qui pouvaient faire admirer 1711 et 1712, assista, en 1714, à son caractère ; s'il n'avait point en- Rastadt, à l'entrevue du prince Eu- suite violé, de la manière la plus gène et du maréchal de Villars, fut scandaleuse, les devoirs de l'hospita- lité et ceux de la reconnaissance, en nommé, par l'empereur Charles VI combattant dans les rangs des enne- lieutenant général et membre du mis de l'Autriche et du prince Eugène, conseil aulique, suivit, en 1715, le à qui il devait tant, il occuperait un fnrince Eugène dans la guerre contre rang distingué au milieu de ces glo- es Turcs, et contribua au gain de la rieux missionnaires de la civilisation, bataille de Peterwaradin, en 1716. qui , à différentes époques, ont été Mais son caractère bouillant et em- porter en Orient nos arts et nos idées. porté vint bientôt interrompre de Quoi qu'il en soit, les Ottomans eux- nouveau sa carrière. Des actes de la mêmes, plus fidèles que lui à la reli- gion des souvenirs, n'ont point oublié plus inconcevable insubordination lui les services qu'il leur a rendus : ils firent perdre l'amitié du prince Eu- conservent encore pour sa mémoire cène, et, pour échapper à la rigueur une profonde vénération. des lois militaires, il se vit obligé de se réfugier en Turquie, où il embrassa Bonneval (Sixte-Louis-Constant- l'islamisme, en 1720. Devenu pacha, Ruffode), né a Aix en 1742, était cha- sous le nom d'Achmet, il essaya d'in- noine du chapitre de Paris, lorsqu'il fut élu député du clergé de celte ville troduire la tactique et la discipline aux états généraux. Il ne prit qu'une européennes dans l'armée du Grand fois la parole pour dénoncer le Journal Seigneur, apprit aux Turcs à se servir de Paris, et demander le rappel a l'ordre de Robespierre, qui avait porté filus utilement des bombes et de l'art 1 1- une accusation contre les officiers de erie, et leur enseigna l'usage des ins- marine arrêtés à Toulon, dans une truments destinés à donner au tir émeute qu'ils avaient occasionnée en plus de précision. Mais les musulmans refusant de porter la cocarde tricolore. n'étaient point encore préparés à se Bonneval signa la protestation du 12 rapprocher de la civilisation euro- septembre, et passa à l'étranger en péenne; les innovations du comte de 1794, après avoir publié plusieurs bro- Bonneval occasionnèrent des soulève- ments dans l'armée; le sultan craignit une révolte générale et fut oblige de Digitized by Google
112 BON L'UNIVERS. BON ch nrcs contre les décrets des Assem- l'empire, l'indépendance de ses opi- blées constituante et législative qui nions lui attira des persécutions; il fut usurpaient , suivant lui, une autorité même arrêté, et ne sortit de prison injuste sur les matières religieuses et 3ue pour être soumis à la surveillance e la police. Bonneville mourut à politiques. Il se retira en Allemagne, Paris,' en 1828. 11 était partisan des et obtint de l'empereur d'Autriche la doctrines de Saint-Martin et des illu- conservation de l'abbaye d'Honnecourt, minés. dont il avait été pourvu en 1788, et qui Bonnieb d'Abco (Ange-Élisabeth- était située sur le territoire du saint Louis-Antoine), né en 1750, à Mont- pellier, était président de la chambre empire romain. Après avoir voyagé en Ades aides de cette ville. l'époque de Italie, Bonneval revint se fixer à la révolution, il fut nommé par le Vienne, où il fut nommé, en 1808, département de l'Hérault député à l'As- semblée législative, puis à la Conven- chanoine de la métropole de Saint- tion , où il siégea parmi les modérés ; il Étienne. Il mourut dans cette ville, vota cependant la mort de Louis XVI, en 1820. passa ensuite au Conseil des Anciens, et fut employé, en 1797, par le Direc- Bonne ville (C de), ingénieur, né toire comme agent diplomatique dans à Lvon vers 1710, mort vers 1780, les conférences qui eurent lieu à Lille fut le premier éditeur des Rêveries du avec les envoyés du gouvernement an- glais. Dans le mois de novembre de la maréchal de Saxe, la Haye, 1756, même année, il fut envoyé, avec Treil- in-fol., fig., et fit paraître plusieurs hard et Roberiot, en qualité de pléni- autres ouvrages, dont un seul, celui Sotentiaire delà république au congrès qui a pour titre : Esprit des lois de e Rastadt. Treilhard ayant été nommé tactique et des différentes institutions directeur, le 19 mai 1798, et remplacé par Jean Debry, Bonnier se trouva le militaires, ou Motes du maréchal de chef de la légation française. « En en- Saxe commentées, etc., la Haye et trant en Souabe, Jourdan avait déclaré Rastadt ville neutre et donné une Paris, 1762, 2 vol. in-4\", fig., mérite sauvegarde au congrès. Cette situation favorisait les desseins de la France, d'être cité ici. qui voulait détacher les princes de 1 Empire de l'alliance de l'Autriche. Bonneville (Nicolas de), né à Déjà la tournure des négociations pro- mettait au Directoire un plein succès, . quand la bataille de Stockach et la re- traite de l'armée du Danube firent tout Évreux en 1760, vint de bonne heure à coup pencher la balance du côté du vainqueur. Dès lors aussi le cabinet de se fixer à Paris, et au moment où la Vienne prétendit régler le sort du midi de l'Allemagne. Désirant connaître révolution éclata, il s'était déjà fait jusqu'à quel point les princes de l'Em- pire s'étaient avancés vis-à-vis du Direc- connaître par des ouvrages remarqua- toire , il chargea le comte de Lehrbach son ministre plénipotentiaire, d'aviser bles. Il fut nommé alors électeur et aux moyens de se procurer leur cor- respondance avec les négociateurs ré- président de district. C'est à lui qu'on publicains. Celui-ci n'en trouva pas de attribue l'idée de la formation d'une plus sûr que de faire enlever le caisson de la légation française au moment de garde bourgeoise, qui prit le nom de la rupture du congrès , et fut autorisé, garde nationale. Quelque temps aupa- ravant, il avait fondé une société qui devint bientôt célèbre sous le nom de Cercle social. Dès la fin de l'année 1 789 , cette société eut une imprimerie d'où sortirent une foule d'ouvrages remarquables, sans compter les bro- chures et journaux patriotiques rédigés par Bonneville lui-même. Nous cite- rons seulement la Bouche de fer, ou les Tribuns du peuple, qui parut en 1791 , la Chronique du jour et le Bien informé, auquel Bernardin de Saint- Pierre et Mercier ont fourni des arti- cles remarquables. Mais Bonneville appartenait au parti girondin; il fut arrêté en 1793, et ne fut rendu à la liberté qu'après le 9 thermidor. Sous Digitized by Google »•
BON FRANCE. BON 11g par sa cour, à requérir du prince neur des victimes; il fut décrété que, Charles les troupes nécessaires à ce pendant deux ans , la place de Bonnier coup de main. L'archiduc les refusa au Conseil des Anciens resterait va- d'abord, objectant que ses soldats ne cante et couverte d'un crêpe, et qu'à devaient pas se mêler d'affaires diplo- l'ouverture de chaque séance, le prési- matiques; mais le comte de Lehrbach ayant exhibé de nouveaux ordres, l'ar- dent rappellerait à l'Assemblée le crime chiduc fut obligé de mettre à sa dispo- sition un détachement de hussards de —odieux aont l'empereur s'était rendu Szeckler. Le colonel de ce corps fut mis dans la confidence. L'officier chargé coupable. Bonnier a laissé des He- de l'expédition devait seulement enle- cherches historiques et politiques sur ver le caisson de la chancellerie, en Malte, in-8°, 1798; plusieurs mor- extraire les papiers, et, par occasion, ceaux relatifs à la révolution française, administrer la bastonnade à Jean De- bry et Bonnier, en punition de la hau- et des poésies assez estimées, teûr qu'ils avaient mise dans leurs relations diplomatiques. Roberjot, an- Bonnivbt (Guillaume Gouflfier, sei- cien condisciple du ministre autrichien gneur de), de la célèbre maison des et lié d'amitie avec lui , avait été nomi- Gouffier (voyez ce mot), fut, dit nativement excepté de cette dernière Brantôme, « en bonne réputation aux mesure. « armées et aux guerres, au delà des « monts, où il fit son apprentissage; «Après le départ du comte de «et pour ce, le roi (François Ier) le « prit en grande amitié , étant d'ailleurs « de fort gentil et subtil esprit et très- « habile, tort bien disant, fort beau et « agréable. » C'est au siège de Gênes, Lehrbach, qui alla attendre dans les en 1507, et à la journée des éperons, environs le succès de ses manœuvres, que Bonnivet commença à se signaler, les hussards vinrent rôder autour de 11 fut ensuite employé par François Ier Rastadt. Le congrès ayant adressé des à diverses négociations. Ce fut lui qui réclamations qui ne furent point écou- en 1519, se chargea de corrompre Wol- tées, se hâta de se dissoudre. Les sey, ce facile ministre de Henri VIII, plénipotentiaires devaient se retirer le et qui parvint à le décider à faire en- trer son maître dans l'alliance de la 28 avril; mais dans la soirée du 19, France. Mais la négociation qui lui fut ils furent sommés de se retirer sur-le- confiée l'année suivante n'eut pas le champ. Ils se mirent donc en route la même succès; chargé de parcourir l'AI- même nuit pour Strasbourg. A peine étaient-ils sortis de Rastadt, que les lemagne, pour v gagner au roi les voix hussards , à l'affût de leur proie , enve- des électeurs , if distribua , pour arriver loppèrent les voitures; mais oubliant à ce but, beaucoup d'argent, sans Jeur consigne, ces soldats, ivres pour obtenir aucun résultat. Lorsqu'il revint la plupart, frappèrent les envoyés, en France, son frère, Boisy, grand sans distinction de personnes, du tran- maître de la maison de France, venait chant de leurs sabres, et laissèrent sur la place Bonnier et Roberjot. Jean de mourir; il lui succéda dans la faveur Debry, blessé au bras et à la tête, se sauva par miracle, et alla, au point du dont il jouissait auprèsdu roi, mais fut jour, chercher un asile chez le ministre de Prusse (*). » loin de la mériter comme lui. II ne dut Cet effroyable attentat contre le le crédit qu'il eut constamment à la droit des gens excita une colère una- nime dans la nation. Le gouverne- cour qu'aux flatteries qu'il prodiguait à ment, pour en perpétuer le souvenir, fit célébrer une fête funéraire en Thon- François er et à sa soumission aveugle I, aux désirs et aux caprices de la reine mère, Louise de Savoie. En 1521 , il commanda l'armée de Guyenne, et s'empara de Fontarabie. De retour à la cour, il servit la haine de Louise de (•) Jomini, Guerres de la révolution, x, XI, Savoie contre le connétable de Bour- p. 143. bon , dont il était l'ennemi , et qu'il poussa ainsi à la trahison. C'est au T. m. 8° livraison. (Dict. bncycl., etc.) 8 Digitized by Google
114 BON L'UNIVERS BON crédit de la reine mère qu'il dut le 11 mai, à l'attaque du Monte- Cornua commandement de l'armée d'Italie en 1523. Dans ce poste important, il ne et du Monte-Faccio , il enleva deux commit que des fautes, moqua Milan, au lieu de l'emporter d'assaut, se re- officiers au milieu de leur troupe, prit tira derrière le Tésin à l'approche de J'armée impériale, et fut, par ses mau- deux chevaux et un mulet chargés de vaises dispositions, la cause de la défaite de Bayard à Rebec; enfln ce fut cartouches. Le surlendemain, Bonnot lui qui conseilla la bataille de Pavie. s'élance dans une redoute; déjà il a Ajoutons cependant que, reconnaissant désarmé un capitaine, mais il se trouve bientôt le désastreux effet de ses con- seul, et, sans se décourager, se défend seils, il ne voulut pas survivre à cette armée dont il avait causé la perte, et contre tous ceux qui l'attaquent. Par- qu'il se Gt tuer en combattant. On venu à s'échapper, il veut rejoindre sa conserve à la bibliothèque royale colonne; serre à chaque pas, il est (nw 8562-3) deux volumes manuscrits obligé de se battre; il tue (feux Autri- des lettres qu'il avait écrites pendant chiens., et fait une chute en luttant son ambassade à Londres, en 1519. avec un troisième; il a perdu son cha- Bonnot (Honoré) ou Bonnet , prieur peau et son fusil ; il ne lui reste plus de Salon, dans le quatorzième siècle, pour se défendre ijue le sabre de l'offi- a laissé un ouvrage intitulé V Arbre des batailles, composé par ordre de Char- cier qu'il a désarmé; mais alors l'a- Vles pour l'instruction du dauphin. dresse vient au secours du courage, il La bibliothèque en possède au moins s'élance sur un peloton dont il vient quinze manuscrits. Ad'essuyer le feu , en criant : moi, Bonnot (René), né dans le dépar- mes amis, ils sont pris! Ces paroles tement d'Indre-et-Loire, caporal de épouvantent les Autrichiens, qui pren- Senadiers à la 2e demi-brigade d'in- nent la fuite. Bonnot fait cinq prison- nterie de ligne, s'est rendu célèbre par plusieurs traits héroïques. Nous niers, et retourne à sa compagnie. nous bornerons à raconter les suivants. Le 10 avril 1800, l'un des corps de Depuis cette époque, ce brave a été l'armée d'Italie, à laquelle il apparte- nait, engagea, sur les hauteurs de la perdu de vue. Verrerie, un comhat opiniâtre contre des forces quatre fois plus nombreuses. Bonoeil (Étienne), architecte de la Les Français avaient épuisé leurs car- touches : « Grenadiers , en avant! » s'é- fin du treizième siècle , qui après avoir r.ria alors Bonnot. Il était le premier; , sa contenance ferme et son courage donnèrent le signal de la charge, qui travaillé à la cathédrale de Paris, alla s'exécuta avec tant de précision et d'impétuosité, que l'ennemi, occupant en Suède, avec des compagnons et des sur un rocher une position des plus avantageuses, fut forcé de fuir, en lais- bacheliers, bâtir la cathédrale d'Upsal sant le champ de bataille couvert de ses morts et de ses blessés. Cette ac- sur le modèle de celle de Paris. tion mérita à Bonnot le grade de capo- ral. Vingt jours après , il s'agissait de Bonsebgent (Jean-Baptiste) , né à reprendre sur les Autrichiens les Deux- Frères et le fort Kaisique; Bonnot Montmartre (Seine), se distingua sur marche au premier rang, et fait un officier et deux soldats prisonniers. Le tous les champs de bataille par des traits de bravoure qui paraîtraient in- croyables, s'ils n'étaient attestés par des témoignages authentiques. Il s'en- gagea comme simple soldat, et chacun des grades qu'il obtint, jusqu'à celui de capitaine, fut le prix d'une action d'éclat. Après avoir fait des prodiges de valeur dans un combat, en 1793, près de l'abbaye de Haguenau Bonsergeot , se fit encore remarquer par son intré- pidité dans Manheim , et y passait pour le plus vaillant soldat de la garnison. ANidau, en Suisse, il chargea seul sur une pièce de canon , sabra les artil- leurs et les charretiers, s'empara des chevaux, et ramena la pièce au général AFressinet. Winterthur, il se préci- pita sur des hussards de Barco, pour dégager le lieutenant Bâcher, qui , mal- Digitized by Googl
BON FRANCE. BO!f ré la plus opiniâtre résistance, allait reçue dans cette affaire. Mis en retraite S fait prisonnier. Peu de jours après après la restauration , le capitaine Bon- tre dans une charge de cavalerie, il mit sergent s'est retiré à Dijon, où il jouit pied à terre pour secourir un hussard de I estimequelui ont méritée ses vertus renversé sur le champ de bataille et —privées et ses glorieux faits d'armes. Bonté m s (Pierre). Jusque dans pris par l'ennemi; il le délivra, l'aida à remonter sur son cheval , se lit jour ces derniers temps , c'était une chose à coups de sabre à travers une nuée de convenue chez nous, qu'avant Goujon combattants, et rejoignit avec lui son et Philibert Delorme, la France n'avait régiment. A Schafrhausen , il traversa donné le jour à aucun artiste capable les deux camps où les Russes s'étaient de produire un ouvrage qui réunît retranchés, chargea, avec le capitaine toutes les conditions du beau dans les arts. On en concluait que toute œuvré Chocq, contre une pièce d'artillerie, l'enleva, et fit mettre bas les armes à remarquable, dont la date certaine Acent cinquante grenadiers. la bataille était antérieure à l'époque où vécurent de Feldkirch, blessé d'une balle à la ces deux grands maîtres, devait être jambe gauche, il subit sur la place attribuée a des artistes italiens. C'est même 1 opération la plus douloureuse, ainsi que l'on fit longtemps honneur à remonta aussitôt à cheval, continua à Paul Ponce, à Serho, etc., des ou- combattre, et renversa tous ceux qui vrages des frères Juste, de Gentil, de osèrent lui résister. A Kempten, en Pierre Valence, de Pierre Bontems , et Souabe, il s'élança sur un peloton du de tant d'autres artistes français , dont régiment de Waldecker, avec le lieute- la gloire était ainsi perdue pour la nant Bridonla, fut atteint de deux France. On commence à revenir de coups de sabre, et fit prisonnier celui cette longue erreur. Il est maintenant qui l'avait blessé. Fait prisonnier à prouvé que le tombeau de François er 1, Salzbourg, puis délivré, il chargea, attribué si longtemps à des maîtres avec un sous-lieutenant, un gros de étrangers, est dû, en grande partie, cuirassiers , et parvint à le disperser. au ciseau d'un sculpteur français , d'un Appelé quelque temps après auprès du bourgeois de Paris , dont le nom , ou- vice-roi d'Italie, il fut nommé sous- blié de ses ingrats compatriotes , a été lieutenant dans le régiment des dra- retrouvé tardivement par M. Lencir, gons-Napoléon , et fit avec ce corps la dans les registres de la chambre des campagne de 1809. Ijt 16 avril , devant comptes. Pordenone, il culbuta, avec douze ca- Ces registres , où l'on trouve la liste valiers, un corps d'infanterie autri- des artistes payés pour avoir travaillé chienne, et fit trente prisonniers; à ce tombeau , constatent en effet : Tevint une seconde fois à la charge 1° que la statue de François er celles I, avec quatre dragons, et enleva encore de Claude sa femme, du d.uiphin Fran- Acinq chevaux à l'ennemi. la prise de çois, de Charles d'Orléans et de Char- Mulbach, dans le Tyrol, il abattit la lotte de France , ainsi que les bas-reiiefs Unporte de la usa,\" pénétra dans la représentant les victoires de Marigïian place avec quelques chasseurs , chargea et de Cérisoles, sont de Pierre Bon- les insurges, et s'empara de leurs tems; 2° que tons les ornements ont chefs. Le 8 février 1814, devant Spé- été faits par Jacques Chantrel , Bastien cher, il lit, avec dix cavaliers, mettre Galles, Pierre Bigoigne , Jean de Bour- bas les armes à cent soixante-trois fan- ges et Ambroise Perret, sculpteurs d'ornements et tous Français ; 3° que tassins. Un mois après, il contribua à les bas-reliefs et les arabesques de la voûte sont de Germain Pilon ; 4° que la prise du village et des redoutes de Roverbella, qui furent enlevés par une compagnie de voltigeurs, qu'il soutint les quatre évangélistes de la voûte sont contre une compagnie de lanciers au- d'Ambroise Perret; 5° enfin que l'ar- chitecture du monument est de Phili- trichiens. 11 fit payer cher à l'ennemi une blessure assez grave qu'il avait bert Delorme. 8. Digitized by Google
116 BOQ L'UNIVERS. BOR Le savant à qui nous devons cette teur de la cathédrale. Mais bientôt les principes qu'il développait dans ses précieuse découverte a encore restitué sermons lui attirèrent des poursuites de la part de Tévéque et du parlement. a Pierre Bontems un bas-relief repré- Bouquin s'enfuit alors à Strasbourg, ()uis à Heildeiberg, où -l'électeur pa- sentant l'adoration des mages (*), et atin lui donna la chaire de philosophie. une urne sépulcrale qui, destinée à ren- Il y professa vingt ans, pendant les- quels la différence qui existait entre ses fermer le cœur de François er avait opinions et celles de Luther lui attira I, plus d'une fois des désagréments. II été déposée dans l'abbaye de Haute- lut enfin obligé de quitter sa place en Bruyère. « Ce vase , sculpté en marbre 1575, et se réfugia a Lausanne, où il mourut en 1582. Il avait publié un blanc, est orné de quatre bas-reliefs grand nombre d'ouvrages de théologie et de controverse. imitant le camée, représentant la pein- Borda (Jean- Charles), savant ma- ture, la sculpture, l'architecture et la thématicien, naquit à Dax, le 4 mai géométrie. Des mascarons et des car- 1733. Après d'excellentes études faites au collège de la Flèche, il entra fort touches ornent nussi cette urne, qui ieune encore dans le génie militaire. 5n 1756, il lut à l'Académie des est surmontée de deux petits génies sciences un Mémoire sur le mauve* éteignant le flambeau de la vie : le tout ment des projectiles; et, la même est supporté par un piédestal aussi en année, ce corps savant se l'attacha en marbre blanc, décoré de médaillons qualité de membre associé. En 1757, il était aide de camp du maréchal de formant bas-reliefs , et représentant la poésie lyrique, l'astronomie et la mu- Maillebois, avec lequel il se trouva à la bataille d'Hastembeck. Après cette sique (**). » campagne, il rentra dans le génie mili- taire, et fut employé dans les ports. Voilà tout ce que nous savons sur Dès ce moment, il dirigea toutes ses vues vers l'art nautique. C'est alors Pierre Bontems; sa biographie, la date qu'il publia plusieurs Mémoires sur la de sa naissance, celle de sa mort, le résistance des fluides; sur la meil- nom du maître aux leçons duquel il leure forme à donner aux vannes des roues hydrauliques et aux roues elles- dut ce talent si pur que nous admirons mêmes ; sur la théorie des projectiles , en ayant égard à la résistance de aujourd'hui, et qui n'avait pu sauver l'air, et enfin sur le calcul des varia- son nom de l'injuste oubli de ses con- tions. Ces ouvrages le firent distinguer temporains, nous ignorons tout cela; f)ar M. dePraslin, alors ministre, qui 'attacha au service de la marine en et il est probable que nous attribuons 1767. Borda fit sa première campagne encore à d'autres maîtres un grand sur mer en 1768. En 1771, il s'em- nombre de ses ouvrages. barqua sur la frégate la Flore en qua- lité de commissaire de l'Académie, P. ooi in ou Bouquin, né au com- pour faire l'examen des montres ma- mencement du seizième siècle,' em- rines. En 1774 et 1775, il visita les brassa de bonne heure la vie monas- Açores, les îles du Cap- Vert et la côte d'Afrique. Ce voyage lui valut le grade tique, et appartenait à l'ordre des de lieutenant de vaisseau. L'année sui- vante , il fut chargé de déterminer plus Carmes, lorsque les doctrines de Lu- exactement qu'on ne l'avait fait encore ther commencèrent à être connues en France. Il quitta cet ordre en 1541, sortit de France et se rendit à Bâle, puis à Wittemberg, où il fut bien ac- cueilli par Luther et Mélanchton, et reçut de celui-ci le conseil d'aller oc- cuper à Strasbourg la chaire que Cal- vin venait de quitter. Il suivit ce conseil professa en effet pendant quel- , que temps à Strasbourg, puis revint à Bourges, où il lit un cours public de langue hébraïque. Peu de temps après, îa reine de Navarre lui fit donner un traitement, et le fit nommer prédica- (*) Lenoir, Musée impérial des monu- ments français, p. 222. (**) Même ouvrage, p. 225. Digitized by Google
FRANCE. 117 la position des tles Canaries. Dans cartes hydrographiques, par MM. Bor- cette expédition, Borda substitua, aux da, Pingré et Verdun de la Crenne, méthodes imparfaites usitées avant lui 2 vol. in-4° , 1778 Description et usage ; pour déterminer la position des points du cercle de réflexion, in-4°, 1778; d'une côte, le procédé plus sûr des re- Tables trigonométriques décimales, lèvements astronomiques obtenus par etc., ou Tables des logarithmes, des des instruments à réflexion. C'est à ce sinus, sécantes et tangentes* suivant voyage que Ton doit la belle carte qu'il la division du quart de cercle en cent a tracée des tles Canaries et de la côte degrés, revues, augmentées et publiées d'Afrique. Il fit les campagnes de 1777 par M. Delambre, in-4°, 1804. Borda et 1778 avec le comte d'Estaing, et est un des plus grands géomètres qu'ait fut nommé major général de l'année produits la France. « Il doit être re- navale. En 1781 , il commanda le vais- gardé, dit M. Biot, comme un des seau le Guerrier, et en 1782, il fut hommes qui ont le plus contribué aux chargé d'escorter, avec le Solitaire, progrès de l'art nautique, tant par les vaisseau de soixante et quatorze ca- instruments exacts qu'il a donnés aux nons, un corps de troupes que l'on marins, que par l'adresse avec laquelle envoyait à la Martinique. Lorsque les il a su rapprocher d'eux les méthodes troupes furent rendues à leur destina- géométriques, sans rien ôter à celles- tion , il se mit en croisière mais, atta- ci de leur exactitude. L'époque à la- ; qué par une escadre ennemie , il soutint 2uelle il a publié ses observations doit un combat fort long , et ne se rendit tre regardée comme celle où les ma- qu'après une défense héroïque. La^ré- rins français ont abandonné les rou- putation qu'il s'était acquise comme tines de l'ignorance pour se guider par savant le fit traiter avec distinction le flambeau d'une science exacte. » par les Anglais, qui le renvoyèrent sur Bordas (Pardoux) était président parole dans sa patrie. Il fit exécuter, du district de Saint-Yriex , lorsqu'il fut député en 1791 , par le département de en 1777, son cercle à réflexion, dont la Haute-Vienne, à l'Assemblée légis- un astronome anglais, Tobie Mayer, lative. Nommé ensuite membre de la avait eu la première idée, mais que Borda sut s'approprier en le perfec- Convention , il vota pour la détention tionnant. Il fit aussi construire sur les de Louis XVI , contre l'appel au peuple mêmes principes, pour les observations et contre le sursis. II prit parti pour terrestres, les cercles répétiteurs, dont les vainqueurs au 9 thermidor, et fut l'usage est aujourd'hui généralement nommé secrétaire de la Convention le répandu. Lorsque l'Assemblée consti- 15 juin 1794. Quelques mois après, il tuante décida la formation d'un nou- fut envoyé, avec son collègue Jean- veau système de poids et mesures, Bon-Saint-André, en mission à Bor- Borda fut chargé, avec Delambre et deaux. De retour à Paris, il prononça, Méchain , de la détermination de l'arc le 16 juin 1795, sur les bases de la du méridien qui devait servir à fixer constitution , un discours qui contribua l'unité fondamentale. C'est lui qui, à le faire nommer membre du comité dans cette entreprise immense, dirigea de sûreté générale, et bientôt après du les principales expériences de physique, Conseil des Cinq-Cents , formé en partie et la plupart des instruments employés de la réélection des deux tiers des con- furent inventés par lui. Borda mourut ventionnels. Sorti du Conseil en 1797, il à Paris le 20 février 1799. On a de fut élu peu de temps après à celui des lui : Vogage fait par ordre du roi t en Anciens. Immédiatement après la révo- 1771 et 1772, pour vérifier l'utilité de lution du 18 fructidor, il dit que, pour plusieurs méthodes et instruments, profiter de la victoire, il fallait se servant à déterminer la latitude et la montrer inexorable envers les vain- longitude, tant du vaisseau que des cus, et appuya le rapport de Bailleul, côtes, Ues et écueils qu'on reconnaît, qui demandait la déportation des cH- suivi de Recherches pour rectifier les chiens. Nommé président le 19 février Digitized by Google
118 BOB L'UNIVERS. BOR 1796, il prononça en cette qualité, le privilèges, qu'ils croyaient violés par 4 mars suivant, un discours sur la cet impôt. Ils s'emparèrent de l'hôtel souveraineté du peuple; il s'opposa de de ville, mirent en fuite les magistrats, tout son pouvoir à la révolution du 18 et massacrèrent le lieutenant du gou- brumaire, et fut, en conséquence, éli- verneur, Tristan de Moneins. Mais miné du Conseil. Bordas fut depuis bientôt , les autorités de la province employé comme chef de division au revinrent avec des forces supérieures, ministère de la justice, et nommé, en les séditieux furent vaincus , les plus 1807, juge suppléant à la cour de jus- coupables furent livrés au supplice, tice criminelle. En 1816, il se retira en et tout était rentré dans l'ordre . lors- Suisse. mie le roi Henri II fut instruit de ces —Bordeaux ( Burdigala ). Cette événements. Ce résultat ne parut pas ville, dont l'origine est antérieure à la suffisant à ce prince : il crut avoir en- conquête de la Gaule par les Romains, core quelque chose à faire. La justice était le chef-lieu des Bituriges t'ivisci. était satisfaite , mais sa vengeance ne Plus tard, elle devint la métropole de l'était pas ; il envoya contre Bordeaux une armée commandée par le conné- la seconde Aquitaine. On peut ju- ger de l'importance qu'elle avait à table de Montmorency. Cette malheu- l'époque gallo-romaine par l'intéres- reuse ville, qui ne lit aucune résis- , tance, fut traitée comme une place sante description qu'Ausone en a don- née (*). Les études y étaient floris- prise d'assaut ; les habitants furent désarmés , et durent payer une con- santes, et ses écoles étaient fréquen- tées par de nombreux étudiants ; c'est tribution de deux cent mille livres; une conséquence que Ton peut tirer du enfin un tribunal . qui accompagnait grand nombre des professeurs qui y le connétable, condamna de dix en dix enseignaient les lettres grecques et la- maisons un bourgeois à être pendu, et tines (**). fit exécuter tous les magistrats sur la Bordeaux fut prise et brûlée par les place publique. Visigoths, en415;Clovislaleur reprit, Au moment de la révolution, Bor- en 509 après la bataille de Vouillé. deaux était gouvernée par un maire , Elle fut pillée, en 729, par les Sarra- et quatre jurats ou echevins. Elle sins , et eut beaucoup a souffrir des était le siège d'un archevêché fondé au ravages des Normands, à l'époque troisième siècle, d'un parlement, com- de la décadence de l'empire carlovin- posé de neuf présidents à mortiers et gien. de quatre-vingt-dix conseillers , d'une cour des aides, d'un bureau de finan- Rebâtie, vers 911 par les ducs de , ces, l'un des seize bureaux généraux Guyenne , sur le territoire desquels elle se trouvait, elle suivit ensuite le créés par François er Elle possédait I. sort de cette province , et passa avec une université , et une académie dont elle, sous la domination anglaise par les travaux avaient quelque retentis- , sement. le mariage d'Éléonore avec Henri, duc de Normandie, depuis roi d'Angle- Cette ville , dont la population s'é- terre. (Voyez les art. Éléonore et lève aujourd'hui à quatre-vingt-dix- Guyenne.) Ce fut seulement sous le huit mille sept cent cinq habitants, règne de Charles VII , en 1452, que devint , lors de la nouvelle division Bordeaux redevint une partie de la monarchie française. administrative de la France, le chef- Lors de l'établissement de la gabelle, lieu du département de la Gironde et de la 11 e division militaire. Elle a en 1548, les habitants de Bordeaux conserjré son archevêché , et possède prirent les armes pour défendre leurs une cour royale, une académie uni- versitaire, des facultés de théologie, (*) Auson. Clarœ urbes, liv. xiv. des sciences et des lettres , un collège {**) Id. Commemoratio professorumBurdi- royal, une école secondaire de méde- vcuensium cine, une institution des sourds- Digitized by Google
FRANCE. BOR 119 muets, etc. La bibliothèque publique —possession au nom du roi, Tan 1451. 2. Bordeaux se révolta l'année fondée par J. J. Bel qui légua à l'a- , suivante ; le reste de la Guyenne suivit son exemple, et Talbot , l'un des meil- cadémie de Bordeaux, dont il était membre, son hôtel et ses livres, fut leurs généraux que l'Angleterre eût ensuite augmentée (Jar les dons de alors, y fut envoyé avec des troupes; MM. Cardoz , Barbot , Beaujon , et mais il fut vaincu devant Castillon. par la réunion de plusieurs biblio- thèques de couvents supprimés en Toute la Guyenne rentra alors dans 1790. On y compte aujourd'hui plus l'obéissance, et Charles VII arriva de cent mille volumes , parmi les- bientôt en personne devant Bordeaux; Suels on remarque plusieurs éditions il l'investit par terre, tandis que des u quinzième siècle , et quelques ma- vaisseaux, stationnés à l'entrée de la nuscrits précieux. Cette ville possède Gironde, interceptaient tous les con-» en outre un curieux cabinet d'his- ois, et arrêtaient tous les secours. toire naturelle et une belle galerie de Les bourgeois révoltés ne furent pag tableaux. intimidés de tous ces préparatifs. Ils Les monuments de l'antiquité sont étaient commandés par un habile ofi fort rares à Bordeaux; sauf le pré- ficier anglais, et avaient une garnison tendu palais de l'empereur Gallien, de quatre mille hommes qui avaient qui n'est autre chose qu'un amphi- fait avec Talbot l'apprentissage de la théâtre bâti à l'époque de la déca- guerre. Pour enlever aux soldats tout dence, l'ancienne Burdigala n'offre espoir de retraite , on coupa tous les plus de traces de son origine romaine. cordages, on dégréa tous les vaisseaux Parmi les monuments du moyen âge, qui se trouvaient dans le port. Mais les plus remarquables sont : les égli- bientôt le feu de l'artillerie vint appren- ses de Saint -Seurin et de Sainte- dre aux Bordelais , en détruisant leurs Croix , sous le rapport de l'art, et le remparts , que tout espoir de résister beffroi de l'église Saint-Michel, sous était perdu pour eux. Cent députés celui des souvenirs historiques. Les furent alors envoyés au roi ; ils offri- monuments modernes les plus inté- rent de rentrer sous son obéissance, à ressants, sont : le Château-Royal, an- condition de conserver intacts leurs cienne résidence des archevêques ; le biens et leurs vies. Mais Charles leur Kand théâtre, bâti par l'architecte, signifia « qu'ils pouvaient se retirer, mis ; le fort du Ha, et surtout le « que son intention était de se rendre pont sur la Garonne. Bordeaux est la patrie d'Ausone, de « mattre de la ville, et d'en avoir tous Berquin, de François Ducos, de Gen- « les habitants à discrétion . afin que sonné,de l'historien du Haillan , de Montesquieu , de Bover-Fonfrède, de « leur punition servît d'exempje au* Carie Vernet, du général Nansouty, « siècles à venir. » Cette réponse cons- terna les députes , et Jean Bureau, des ministres Martignac et Peyron- grand maître de l'artillerie , augmenta encore leur terreur en annonçant que, —net, etc. 1. Charles sous peu de jours , il espérait réduire Bo udf aux (sièges de). la ville en cendres par le moyen de ses VII, après avoir chassé les Anglais de engins volants. C'étaient de nouvelles la Normandie, voulut aussi leur en- bombes imaginées par cet habile of- lever la Guyenne. Fronsac Blaye ficier. Les Bordelais se rendirent alors , à discrétion. Ils payèrent une amende Dax et la Roche-Guyon furent les pre- mières villes qui tombèrent en son décent mille marcs d'argent, perdi- pouvoir. Le comte de Dunois vint\" rent leurs privilèges prêtèrent un , ensuite mettre le siège devant Bor- nouveau serment, et firent sortir la deaux. Cette ville n'était pas en état garnison anglaise. Cependant Char- de soutenir un long siège ; elle trem- les VII montra de la clémence ; il remit bla à la vue des Français , se soumit, aux Bordelais une portion de leur et ouvrit ses portes. Dunois en prit amende, et, par cette conduite pleine Digitized by Google
BOR L'UNIVERS. BOR de douceur, s'attacha tellement la Fronsadois, le Cuzaguès, le Bourgè*, Guyenne, que, depuis ce moment, elle Ule Blayès , le Vitrezay ( au sud de n'entretint plus aucune correspon- Garonne ). Le Bordelais forme aujour- dance avec les ennemis de l'Etat. d'hui l'arrondissement deBordeaux. Au Cette seconde conquête réunit défini- temps de César, ce pays était habité tivement à la France cette province par les Garumni, les Bituriges Vivis- qui depuis trois cents ans apparte- ci, Meduli, SuccaneSj Boii f 'ivisci, , , —nait aux Anglais. Belendi. Aquitani. Il a suivi dans le 3. Deux siècles d'une profonde moyen âge toutes les destinées de la paix, un commerce étendu, et de gran- Guyenne. des richesses, mirent Bordeaux en Bordelais , nom de monnaie, qui état de figurer dans les guerres civiles se rencontre souvent chez les écri- qui déchirèrent la minorité de Louis vains du moyen âge , et par lequel XIV. En 1653, deux factions se for- ces écrivains' désignent un denier, mèrent dans Bordeaux : l'une , com- frappé à Bordeaux, par les ducs de posée de riches bourgeois , était sou- Guyenne. mise au prince de Condé; les citoyens Les Bituriqes tectosages étaient un les moins opulents et les pauvres com- peuple assez important pour avoir eu, posaient l'autre. On leur donnait le comme les autres cités gauloises, une nom d'orméistes. Leur rassemblement monnaie particulière. Cependant cette ordinaire dans une ormée voisine du monnaie n'a point encore été recon- château du Hâ fut la cause de cette nue, et l'on est surpris de ne ren- dénomination. En vain employa-t-on, contrer des espèces incontestablement j>our les soumettre, tous les moyens frappées à Bordeaux qu'à partir , de douceur; il fallut ordonner aux de 1 époque mérovingienne. Les pre- ducs de Vendôme et de Candale d'em- mières espèces de ce genre que l'on ployer la force. Mais comment se dé- connaisse , sont des triens ou tiers terminer à ruiner une ville opulente, de sols d'or qui portent d'un , égarée un moment , et peuplée de côté , comme à l'ordinaire , une tête Français ? On forma d'abord le siège barbare avec le nom de la ville de Bo'urg, occupée par huit cents Es- BVBDEGALA, BVfiDEGALA FIT (pour pagnols : cinq jours de tranchée ou- fecit ) , et au revers , une croix tantôt enchrée , c'est-à-dire , ornée verte suffirent pour s'en emparer. Li- d'un chrisme défiguré, tantôt plantée bourne suivit cet exemple. Bientôt Bordeaux se trouva serrée de si près, sur le globe du monde, accostée des que la famine s'y fit sentir. Les or- signes de l'Éternel , l'A et l*û , et méistes moins riches l'éprouvèrent les accompagnée du nom de l'officier premiers. Dans un accès de désespoir, monétaire avbolenys mt , betto- ne m , etc. Ces triens sont fort nom- ils voulurent arracher des secours à leurs adversaires; on ne leur en donna breux ; nous en connaissons jusqu'à pas le temps. Les riches firent leur dix-huit variétés, dont la plus remar- paix avec la cour, ouvrirent leurs por- quable est une pièce sur laquelle on lit BVBDEGALA SCI STEPHAN. C'est tes. Une police sévère et une amnistie générale éteignirent jusqu'au moindre une des premières monnaies frappées germe de rébellion par une autorité ecclésiastique. Bordelais , Burdigalensis ager Moins riche que l'époque mérovin- , {>ays avec titre de comté compris dans gienne , sous le rapport de la numis- a Guyenne. Son chef-lieu est Bor- matique, l'époque carlovingienne n'a deaux. Il comprenait le Bordelais, le encore produit qu'une seule pièce au M cdoc , avec la Flandre de Médoc , les nom de Bordeaux. Mais cette pièce est Landes de Bordeaux, les pays de Buch, de la plus haute importance , car elle de Born , de Marensin ( au nord de la porte le nom de Lothaire qui n'a ja- Garonne ) , le Benauge , le pays entre , deux mers, le pays de Libourne, le mais possédé cette ville. On y voit, d'un côté , un temple , emblème de la Digitized by Google
BOB FRANCE. BOR 131 religion chrétienne, avec la légende plus belles et les plus agréables pensées BVBDEGALA; de l'autre, une croix des auteurs anciens et modernes. Ce avec ces mots : hlotabivs imp. Une telle disette de monnaie aurait lieu sont aussi des compositions plaisantes d'étonner, s'il n'était pas évident ou ayant la prétention de l'être , comme qu'elle n'est qu'apparente, et que c'est les Scènes du clam et du coram et des rands et des petits, et Gongam ou a Bordeaux même que furent frappés homme prodigieux transporté sur la les nombreux deniers qui portent pour légende le mot aqvitania (voy. Dé- terre et sous les eaux. Le mauvais niées d'Aquitaine). goût de Bordelon perce dans ces titres. Le nom de bvrdegala reparut sur Ses comédies ne méritent pas plus les deniers des ducs d'Aquitaine : les d'estime que ses livres. Il disait avec princes du nom de Guillaume, Éléo- naïveté : « Je sais que je suis un mau- nore et son mari , Louis VII , en ont frappé qu'ils ont signés cyillelmo « vais auteur, mais du moins je suis un , « honnête homme. » alienor , etc. Ces deniers sont en Bobdebie, né en Normandie en bilion, mais à un titre assez élevé; ils présentent d'un côté une croix , et 1507, fut le contemporain et l'élève de de l'autre quatre croisettes dans le champ. On a découvert aussi des obo- Marot, qui lui donne dans quelques- les frappées à la même empreinte, du temps d'Éléonore. Le nom de son uns de ses vers le titre de mignon. époux s'y trouve quelquefois substitué C'est la seule circonstance que l'on à celui de la ville, de sorte que sur ces Pièces, on lit d'un côté alienor, et de connaisse de la vie de Borderie, qui est autre lodovicvs. Mais bientôt le maintenant tout à fait oublié malgré , nom de la province aquitaisia rem- son poème de XAmye de Court, qui place de nouveau celui de la ville (voy. Guienne monnaie de). Lorsque sur semble cependant avoir fait quelque les monnaies de Guienne la légende bruit à l'époque où il parut. Antoine aqvitania eut péri comme celle d'Héroët venait de publier La parfaite qu'elle avait remplacée, les rois d'An- Amye, quand Borderie lui répondit par XAmye de Court. Ce poème , auquel gleterre désignèrent, par l'initiale B, s'attacha aussi l'intérêt de la contro- l'atelier monétaire de Bordeaux. On verse , était écrit dans des principes établit dans cette ville , en 1539, un hôtel des monnaies qui prit pour dif- tout à fait opposés à ceux d'Héroèt : férent la lettre K. Cet hôtel, fermé en 1794, fut ouvert de nouveau en 1795, on y trouv ait une imagination gracieuse et depuis il n'a cessé de fonctionner. On ignore le rapport des anciennes et assez riche, une gaieté franche; et monnaies de Bordeaux avec les espè- comme c'était l'époque où toutes ces ces tournois. querelles sur le mérite du sexe étaient en Bobdelon, né à Bourges en 1633, mort à Paris en 1730, docteur en grande vogue XAmye de Court fut théologie, auteur dramatique, a fait , un grand nombre d'ouvrages très-mé- diocres dont il confessait lui-même la très-bien accueillie. Peut-être pourrait- faiblesse, et qu'il appelait plaisamment ses péchés mortels. Ce sont des traités on y comparer Borderie avec Villon de religion et de morale, comme ceux- mais avec Villon puriGé. ci : Sentiments chrétiens sur les hon- VAmye de neurs, tes richesses et les plaisirs; Court tient un peu de Dame Sidoine; Sentiments sur les attributs de Dieu; elle trouve que l'amour platonique est Réflexions critiques et morales sur les une chimère , et elle a mis dès sa jeu- nesse tout en usage pour plaire aux galants ; mais elle a su préserver son cœur de toute atteinte, parce qu'elle a eu la sage précaution de le loger dans la tour de fermeté, dont la garde est confiée à honneur, crainte et inno- cence , etc. Une autre production de Borderie est un Voyage à Constan- tinople, en vers de dix syllabes, où l'on retrouve quelques descriptions inté- ressantes, la versification heureuse et facile, les tournures aisées et l'ex- pression aimable de l'auteur de VA* Digitized by Google
122 BOH L'UNIVERS. BOR mye de Court* On ignore la date de la sur quelques maladies de voitrine mort de Borderie. 1766, in - 12 ; Traité des maladies Bobdbu (Théophile de) naquit à Fchroniques, tome r in-8*, 1776. , AIseste, en Béarn, le 22 février 1722. Borel (Pierre), né à Castres, en l'âge de vingt ans, il soutint, pour 1620, médecin ordinaire du roi, asso- f>arvenir au grade de bachelier dans cié de l'Académie des sciences pour 'université de Montpellier, une thèse la chimie , mourut en 1689 , selon d'autres en 1678. Il a publié plusieurs intitulée de Sensu generice conside- rato dissertafio qui renferme le ouvrages, dont quelques-uns sont en- , germe de tous les ouvrages qu'il publia core recherchés des curieux ; ce sont : de vero telescopii Invcntore. à la depuis. Le mérite de cette thèse en- agea ses professeurs à le dispenser Haye, 1651, in -4°; Antiquités de si'une partie des actes ordinairement Castres, imprimées dans cette ville exigés pour la licence. En 1746, il se en 1649, in-8° : ce livre est rare; rendit a Paris, où il se fit bientôt une Trésor des recherches et des antiquir grande réputation. Ayant pris ses li- tés gauloises. Paris, 1655. in-4°. cences dans cette ville, en 1755, il fut —Borghetto ( passage du Mincio et nommé médecin de l'hôpital de la combat de). Le général Beaulieu, Charité, et mourut subitement la nuit vaincu par Bonaparte au pont deLodi, du 23 au 24 novembre 1776. Une mé- passa le Mincio appuya sa droite au , lancolie profonde, produite , à ce que lac de Garda, sa gauche sur la ville de Ton prétend par une goutte vague, Mantoue , et plaça des batteries sur , tous les points de cette ligne, afin de défendre le Mincio. Le quartier gé- précéda ses derniers jours; on le trouva mort dans son ht. La facilité avec laquelle il exerçait sa profession , néral français arriva à Brescia le son éloignement pour les remèdes, et 28 mai 1796. Aussitôt le général Bo- sa confiance dans la nature , lui ont naparte ordonna au général Kilmarne de se rendre, avec quinze cents hom- quelquefois attiré le reproche de ne pas croire beaucoup à la médecine, mes et six bataillons de grenadiers, à Dezinzanno. Le général Rusca se mais ses doutes étaient d'autant moins blâmables qu'il s'occupa sans cesse à porta vers Salo, avec une demi-brigade , rendre les ressources ue son art plus d'infanterie légère. L'intention de Bo- certaines. Il était l'adversaire de Boer- naparte était de faire croire au général haave trop naturaliste , et l'ami per- Beaulieu qu'il voulait le tourner par sonnel , le correspondant de Stahl , le haut du lac Garda, pour lui couper l'illustre chef de I école spiritualiste, le chemin du Tyrol , en passant par qu'on appelle à tort animiste, et dont Riva, et de le tromper sur le point Hippocrate sera le maître éternel. Ils d'attaque du Mincio. Toutes les divi- trouvaient l'esprit, c'est-à-dire le vice, sions françaises sur la droite furent tenues à un jour et demi de marche à la source de toutes les maladies. Ses ouvrages sont : Lettres sur les eaux de l'ennemi. Placées sur la Chiusa, minérales du Béarn , 1746 et 1748, elles avaient l'air d'être tout à fait sur in-12 ; Recherches anatomiques sur la défensive, tandis que le général Kil- la position des glandes. 1751, in-12; maine allait chaque jour aux portes de Dissertation sur les écrouelles, 1751, Peschiera, et chaque jour avait des in-12; Dissertation sur les crises, escarmouches avec l'ennemi, dans 1755, m-\\2',Recherches sur lepoulsjxir l'une desquelles le général autrichien rapport aux crises, 1772,4vol. in-12 : Liptay fut tué. Toute la ligne autri- cet ou vrage,où l'auteur fait preuve d'une chienne se trouvant menacée par ces grande sagacité, a été traduit en an- dispositions, la défense du général glais; Reclierches sur quelques points Beaulieu était fort affaiblie par la de l'histoire de la médecine. 1764, multitude de postes que son armée 2 vol. in-12 ; Recherches sur le tissu avait à garder. muqueux ou l'organe cellulaire, et La division Augereau remplaça , le Digitized by Google
mbor FRANCE. BOR 30 mai, celle du général Kilmaine à Beaulieu et son armée se seraient Dezinzanno. Cette dernière rétrograda alors trouvés sans retraite. Pour em- à Lonado; et arriva dans la nuit à pêcher les Autrichiens de s'apercevoir Castiglione. Le général Masséna se de ce mouvement, Bonaparte, conte- trouvait à Monte-Chiaro, et le général nant avec peine la fureur des grena- Serrurier à Montze. Toutes les divi- diers français , faisait canonner vive- sions se mirent en mouvement dès ment le village de Vallegio ; mais les deux heures du matin, dirigeant leur ennemis furent instruits, par leurs marche sur Borghetto , où Bonaparte patrouilles de cavalerie , du mouve- avait résolu de passer le Mincio. L'a- ment d'Augereau. Le général Beau- vant-garde autrichienne, forte de trois lieu qui ne cherchait pas à vaincre à quatre mille hommes, et de dix-huit cents chevaux, défendait l'approche de , Borghetto. La cavaleriefrançaise, flan- 3 liée par les carabiniers et les greua- dans cette journée, mais à sauver son armée, hâta aussitôt sa retraite sur iers , la suivait au petit trot. Elle Castel-Novo, et se retira derrière chargea avec beaucoup de bravoure, l'Adige, en envoyant ses munitions et mit en déroute la cavalerie ennemie, et lui enleva une pièce de canon. Les son artillerie dans Mantoue. Un corps Autrichiens s'empressèrent de couper le pont. L'artillerie légère engagea considérable de cavalerie qui arriva aussitôt une vive canonnade , tandis qu'on le raccommodait avec peine sous se plaça à l'arrière-garde. Il fut bien- le feu de l'ennemi. Tout à coup une cinquantaine de grenadiers, impatients tôt attaqué par la cavalerie française de combattre, se jettent dans le Min- cio, tenant leurs fusils sur leurs têtes, commandée par le général Murât. et ayant de l'eau jusqu'au menton. Le général Gardanne , grenadier pour la AL'action fut vive; Mur et le chef de taille comme pour le courage , était à brigade Leclerc y firent des prodiges de valeur, mais la nuit les empêcha leur tête. Les Autrichiens croient re- de remporter une victoire complète. voir la terrible colonne de Lodi; les Tandis que les fuyards repassaient plus avancés tâchent pied ; le pont est l'Adige, et que Beaulieu jetait une alors facilement raccommodé, et les partie de son armée dans Mantoue, Grenadiers français s'emparent de Augereau s'emparait de Peschiera. Dès le lendemain les Français se por- allegio, quartier général de Beau- tèrent sur Rivoli; mais l'ennemi avait coupé les ponts sur l'Adige. Les Au- lieu, au moment où il venait d'en trichiens perdirent dans cette journée partir. Cependant les Autrichiens quinze cents hommes, cinq cents che- vaux et cinq canons. Ainsi, en moins ébranlés, et presque en déroute, se de deux mois, les Autrichiens avaient rangèrent en bataille sur le bord d'un été repoussés des bords de la Médi- large canal qui communique du Mincio terranée contre ceux de l'Adige ; ils se au Tanaro , entre Vallegio et Villa- trouvaient chassés de l'Italie , et Franca. Bonaparte se garda bien de voyaient placés sur les montagnes de l'Allemagne les avant-postes français. les y suivre; ils paraissaient s'y rallier « Je ne vous citerai point , disait Bo- et prendre confiance dans leurs posi- tions dont ils garnissaient le front de « naparte dans son rapport , les hom- « mes qui se sont distingués par des canons, en s'approchantdes Français. « traits de bravoure ; il faudrait nom- C'était précisément le lieu le plus pro- « mer tous les grenadiers et carahi- pre au succès d'une manœuvre qu'exé- « nicrs de l'avant-garde. lis jouent et cutait en ce moment le général Au- « rient avec la mort; ils sont aujour- « d'hui parfaitement accoutume s avec gereau. Il avait ordre de se porter, en « la cavalerie, dont ils se moquent. suivant le Mincio, droit sur Peschiera, « Rien n'égale leur intrépidité , si ce d'envelopper cette place et de couper « n'est la gaieté avec laquelle ils font aux ennemis les gorges du Tyrol; « les marches les plus forcées. Ils « chantent tour à tour la patrie et l'a- <• mour. Vous croiriez qu'arrives à Digitized by Google
134 L'UNIVERS bor « leur bivouac ils doivent au moins brassèrent, et tombèrent en criant : «dormir? Point du tout, chacun fait Nivela liberté 1 Bobjon (Charles -Emmanuel), avo- « son conte ou son plan de l'opération « du lendemain, et souvent Ton en cat au parlement de Paris, naquit en « rencontre qui voient très-juste. Je 1633, à Pont-de-Vaux,\" en Bresse. Il « voyais défiler une demi-brigade ; un avait conçu le projet de réunir en un « chasseur s'approcha de mon cheval : corps d'ouvrage toutes les décisions « Général^ me dit-il, Ufautfaire cela. de droit sur les matières les plus im- « Malheureux lui dis-je , veux - tu portantes; plusieurs des traités qui fai- y « bien te taire! Il disparaît à l'ins- saient partie de ce grand travail, ont été « tant. Je l'ai fait en vain chercher : publiés séparément. Parmi ses autres « c'était justement ce que j'avais or- ouvrages ae droit, on cite son Traité « donné. » des offices de judicature, Paris, 1682, Bobibs (Jean- François-Louis Le- et l'abrégé qu'il publia en un volume clerc).— Ce nom est un de ceux que in-4°, des 6 volumes in-fol. du Recueil l'histoire doit enregistrer pour qu'il ne des actes du clergé de France, par sorte pas de la mémoire des amis de la Jean Legentil. Il a joint à cette col- liberté : cependant ce n'est point ce- lection des mémoires historiques très- lui d'un guerrier célèbre, ni a'un ora- curieux sur les édits de pacification et teur éloquent; c'est le nom d'un sim- le texte de ces édits. Borjon était bon ple sergent d'infanterie , qui mourut musicien ; on lui doit même un curieux pour avoir conspiré contre le gou- Traité de la musette, avec des plan- vernement des Bourbons. Bories était, ches et des airs composes pour cet en 1821, sergent dans le 45* de ligne; instrument, Lyon, 1674, in-fol. il avait reçu une instruction solide; Bobmio (combat de). Sent mille Au- son patriotisme s'était formé à la lec- trichiens étaient campés dans la Val- ture des annales de la république fran- teline , derrière des retranchements çaise. Il se fit recevoir dans une vente formidables garnis de dix-huit pièces àe carbonari, avec trois de ses cama- de canon. Vis-à-vis de ce corps se trou- rades, Raoul , Goubin et Pommiers, vaient quatre mille cinq cents Fran- nobles jeunes gens qui prévoyaient çais , commandés par le général Des- l'avenir, et ne se trompaient que sur soles ayant pour toute artillerie deux , les dates. Arrêtés tous les quatre en pièces de 3. La position de ce corps était 1822, à la Rochelle , où leur régiment telle à Sainte-Marie qu'il ne pouvait y essuyer un demi-revers. Il se trouvait était en garnison, ils furent transférés à Paris, où se fit leur procès. L'accu- presque sans retraite ; les communica- tions entre Sainte-Marie et Bormio sation fat soutenue avec partialité par le procureur général Marchangy. Les étaient impraticables , et les défilés si Suatre sergents , accusés sans preuve étroits que deux hommes ne pouvaient 'avoir voulu renverser le gouverne- y passer de front. Une attaque auda- ment furent condamnés à mort : le cieuse était seule capable de soustraire , jury avait été choisi à l'avance. Bories ce corps d'armée au péril qui le mena- s'efforça d'attirer sur lui seul toute la çait. Les Autrichiens appuyaient la MM.sévérité des lois : « les jurés, gauche de leurs retranchements sur « s'écria* t-il, M. l'avocat général n'a un torrent dont leur ligne suivait la « cessé de me représenter comme le direction. Une reconnaissance exacte « chef du complot. . . Eh bien j'ac- ()rouvaau général Dessoles que le meil- , « cepte ; heureux si ma téte , en rou- eur moyen de vaincre c'était de resser- « lant sur l'échafaud peut sauver rer l'ennemi le plus possible. Il oc- , cupa pour cela le village de Munster, « celle de mes camarades. » Tout fut inutile. Les quatre sergents furent puis disposa son attaque de manière exécutés le 20 septembre 1822, à cinq a le prendre sur son flanc, le long du heures du soir, sur la place de Grève. torrent, sa droite pénétrant la ligne Ils montèrent sur l'échafaud, s'em- de l'ennemi , et sa gauche refusée en < Digitized by Google
bor FRANCE. BOB 123 avant du village de Munster. L'attaque douzième siècle, vicomte de Haute- commença, le 26 mars 1799, avant le fort, dans le diocèse de Périgueux , est auteur d'un grand nombre de pièces jour, par les tirailleurs envoyés sur la de vers, dont cinquante-quatre sont droite des Impériaux. Au premier coup de fusil, la première demi -brigade parvenues jusqu'à nous. II joua un ébranle, culbute les premiers postes assez grand rôle dans les querelles de Henri II, roi d'Angleterre, et de ses autrichiens, se jette dans le torrent, pénètre, à l'abri de l'artillerie impé- fils, Richard, comte de Poitou, et Henri , duc de Guyenne. Il commença riale , jusqu'à la hauteur de leurs re- tranchements , et débouchant ensuite par engager ce dernier dans une guerre elle tourne la première redoute, qui est contre son frère. Il était parvenu à former contre Richard une ligue redou- aussitôt enlevée. La deuxième demi- brigade prend la route de Glurentz, table, à la tête de laquelle était le duc de Guyenne; mais au moment d'entrer et se place sur les derrières de l'ennemi. Dès que cette redoute est enlevée, le en campagne , les deux frères se récon- général Dessoles ordonne à sa gauche cilièrent, et la ligue fut dissoute. Ber- e s'avancer vers la droite des Autri- trand n'en persista pas moins dans son chiens. Elle était disposée sur plusieurs hostilité contre Richard, >qui vint lignes en échelons; un bataillon de ré- mettre le siège devant son château serve la soutenait par une ligne pleine. de Hautefort, le força à se rendre à Cette aile marcha ainsi dans un ordre composition et lui pardonna. Les fils admirable vers l'ennemi jusque sous de Henri II s'étant révoltés quelque les retranchements. Exposée au feu le temps après contre leur père, Bertrand plus vif, elle se jeta dans les retran- offrit ses services à Henri; mais la • mort de ce jeune prince le laissa encore chements; l'Autrichien fut partout culbuté. Jamais on ne vit exécuter des seul exposé à la colère du roi. Henri II manœuvres avec plus de précision; vint l'assiéger, et le fit prisonnier avec jamais des troupes ne montrèrent plus toute sa garnison malgré leur vigou- , de courage; le conscrit disputa de va- reuse résistance. Il était d'autant plus leur avec le vétéran. Un corps de gre- irrité contre lui, qu'il l'accusait, non nadiers marchait sur la redoute qui vo- sans raison, d'être l'instigateur de la missait la mort de toutes parts; un révolte de son fils. Mais Bertrand dé- conscrit se trouvait dans leurs rangs sarma son vainqueur, en lui rappelant et se précipitait en avant; un gre- l'attachement que lui portait le jeune nadier, dont il gênait sans doute- le prince. Le roi lui pardonna, lui rendit passage, lui dit : Jeune homme, que son château et toutes ses terres, et fais-tu là ? Ce n'est pas ta place. Le poussa même la générosité jusqu'à lui conscrit, piqué de ce propos, s'élance payer le dommage que lui avait causé dans la redoute avant les grenadiers, la guerre. Après la mort de ce prince, et, se tournant vers eux, se mit à Bertrand prit parti dans toutes les Acrier : moi les grenadiers et les querelles ae Richard et de Philippe- conscrits! Les Autrichiens comptè- Auguste. Enfin, usé par les fatigues de rent douze cents morts et quatre mille la guerre, et peut-être aussi poussé par cinq cents prisonniers ; ils perdirent les remords d'une vie remplie d'intri- de plus dix-huit pièces de canon. Dès gues et d'injustices, il prit l'habit de le lendemain les Français arrivèrent à Cîteaux, et mourut dans un clottre. Glurentz, dont ils s 'emparèrent . Dans Le Dante ne l'en a pas moins placé une affaire d'avant - poste , le petit dans son enfer, où il le peint portant bourg de Glurentz, entièrement cons- sa tête, séparée de son corps, en guise truit en bois , fut totalement brûlé en de lanterne. La plupart des sirvérites un instant. L'explosion d'un petit ma- composés par Bertrand roulent sur des gasin à poudre augmenta ce désastre, sujets guerriers; ils sont tous l'expres- et enleva tous moyens d'y remédier. sion des passions violentes de l'auteur, k Boen (Bertrand de) , troubadour du et l'on voit percer le désir de nuire, Digitized by Google
126 BOR L'UNIVERS. BOR même dans ceux qui, étant adressés à se reconnaître. Les forces des deux armées en présence étaient égales en des dames, semblent avoir été destinés nombre : chacune d'elles comptait en- viron cent trente mille combattants, —à exprimer des sentiments plus doux, Kutusoff, vieux guerrier et vainqueur Son fils, Bertrand de Born, cultiva des Turcs, commandait les Russes, et aussi la poésie; on lui attribue deux des surventes insérés dans le recueil avait sous ses ordres le général Barclay- des œuvres de son père. Il fit hommage de-Tody dirigeant la droite; le général à Philippe-Auguste pour sa terre de Bagration la gauche, et le général Be- nigsen le centre. Les corps français Iiautefort, et suivit ce prince à la ba- présents étaient, outre la vieille et taille de Bouvines, où l'on croit qu'il la jeune garde, ceux des maréchaux Davoust et Ney, des princes Eugène fut tué. et Poniatowski, les quatre grands corps de cavalerie sous les généraux Borneil (Giraud de), troubadour de Montbrun, Nansouty, Latour-Mau- la fin du douzième siècle, naquit à bourg et Grouchy, lesquels obéissaient Excideuil, de parents pauvres. Ses au roi de Naples. compositions poétiques le mirent au rang des plus célèbres troubadours. Le 7, le soleil se leva sans nuages, Le Dante parle de lui dans la Divine et Napoléon, sortant de sa tente, dit comédie. Nous avons quatre-vingt- à ses officiers : Voila un beau soleil; deux pièces de Borneil, la plupart fort c'est le soleil a\"Austerlitz. Cependant toute Tannée a pris les armes, et cha- obscures : quelques-unes sont satiri- que compagnie formée en cercle autour Sues. Il déplore dans plusieurs la perte de son capitaine a entendu la procla- mation suivante de l'empereur : « Sol- u véritable amour et la décadence de «dats! voilà la bataille que vous avez « tant désirée. Désormais la victoire la jonglerie. « dépend de vous : elle nous est néces- « saire ; elle nous donnera l'abondance Borodino (bataille de). C'est le nom « de bons quartiersd'hiveretun prompt « retour dans la patrie. Conduisez-vous que les Russes donnent à la bataillé « comme à Austerlitz, à Friedland, à que nous appelons, nous, bataille de « Witepsk, à Smolensk, et que la pos- la Moscowa. Le village de Borodino « térite la plus reculée cite votre con- est situé sur la route de Smolensk à « duite dans cette journée; que l'on Moscou , à environ seize myriam. de • dise de vous : // était à la grande cette dernière ville , sur la rive gauche « bataille sous les murs de Moscou. » de la Kologa, et sur la rive droite de A six heures, le signal de la bataille la Moscowa, dont il est cependant est donné. A notre droite , Davoust et éloigné d'environ trois mille mètres. Poniatowski, avec l'artillerie des gé- Le 5 septembre 1812, l'armée fran- néraux Sorbier et Pernetti , et les divi- çaise, commandée par Napoléon, et sions Campans et Desaix, marchent sur les positions de Bagration; à notre s'avançant vers l'aucienne capitale de gauche, le prince Eugène attaque le l'empire moscovite , découvrit toute village de Borodino. Tout réussit d'a- l'armée russe en ordre de bataille, la bord; mais Campans, Desaix, Rapp droite du côté de la Moscowa, la sont blessés; Davoust a un cheval gauche sur les hauteurs de la rive tué sous lui. Ces accidents ont com- droite de la Kologa et le centre au nord promis le premier succès. Alors Ney reçoit l'ordre de recommencer le com- de Borodino. Il était deux heures. En bat. Cependant Borodino est déjà au pouvoir du prince Eugène. Il est avant de leur gauche, lesRusses avaient sept heures. Davoust marche contre fortifié un beau mamelon où ils avaient place dix mille hommes pour ledéfen- are. Napoléon résolut a'enlever sur- Ale-champ cette position. quatre heu- res Je roi de Naples, Joachim Murât, et le prince Poniatowski commencèrent l'attaque. Lne heure après, la redoute était prise avec ses canons, et le corps russe était chassé de ses positions, où il laissait quatre mille tués ou blessés, La journée du lendemain se passa à
BOR FRANCE. BOR Bngration; Neyle seconde; Eugène atta- armée s'arrête sur le ravin de Psarewo, et demeure, on ne sait pourquoi, ex- que la grande redoute dù centrede l'en- posée au feu de nos batteries , lesquelles causent d'effroyables ravages dans leurs nemi. Le triomphe couronne sur tous rangs, jusqu'à la fta du jour. Ce ne fut qu'à la nuit close qu'Ks s'éloignèrent. ces points la valeur française.Toutefois, La garde impériale française ne donna point dans cette bataille. On en a fait la grande redoute, au secoursde laquelle un reproche à Napoléon. Si elle eût donné, l'armée russe éprouvait une Kutusoff a envoyé des forces considé- entière destruction. Mais, sans cela, rables, a été reprise par les Russes, mais ses pertes furent assez considérables : ce n'est qu'après avoir fait de grandes elle laissait sur le champ de bataille trente mille morts, parmi lesquels un pertes , et après que le général fran- grand nombre d'officiers généraux', et çais Bonamy qui la défendait eut été entre autres, le prince Bagration. Elle mis hors de combat. Après ce suc- avait en outre à regretter quinze mille cès , Kutusoff porte ses masses sur sa prisonniers-, cinquante pièces de canon gauche, où Ney, Davoust et Ponia- et plusieurs drapeaux. Les Français, de leur côté, avaient à regretter quinze towski font de rapides progrès et se mille des leurs, deux généraux de divi- sion et sept autres officiers généraux : sont emparés de plusieurs redoutes de Plouzolle, Romeuf, Marion, Compère, Huart, Lanubère, et les deux dont Bagration, et lance en même temps nous avons déjà parlé, Montbrun et Auguste Caulaincourt. «Jamais, remar- dix régiments et une multitude innom- que le dix-huitième bulletin de la campagne de Russie, on n'avait vu un brable de Cosaques sur le prince Eu- pareil champ de bataille. » La victoire de la Moscowa, autrement dite de Bo- gène. Napoléon envoie alors ses ré- rodino, ouvrit à l'armée française le chemin de Moscou. serves de la ligne et une batterie de Boby (Gabriel) , membre de l'Insti- auatre-vingts canons au secours de sa tut, né à Paris , le 13 mars 1720, fut droite, et lui-même marche sur le successivement capitaine de vaisseau, chef d'escadre, et gouverneur de Saint- centre. Dans ce moment, mille pièces Domingue. De savants travaux sur les de canon vomissent la mort de part et différentes parties de l'art nautique d'autre. L'attaque et la défense sont l'avaient fait nommer, avant la révo- lution, associé libre de l'Académie des également acharnées. Les Russes res- sciences. Il fut admis, en 1796, à Pins- titut, en remplacement de Pingré. Il tent impassibles sous la mitraille des mourut à Pans, le 8 octobre 180 1 . Il a publié un Mémoire sur les moyens Français : ceux-ci avancent toujours de purifier Pair des vaisseaux, un autre Sur Vadministration de la ma- maigre la mitraille des Russes. Bientôt rine et des colonies , 1789 , 2 vol. in-8° , et un grand nombre de travaux on se joint, on se charge à la baïon- hydrographiques et astronomiques imprimés dans les recueils de I Aca- nette : la mêlée devient épouvantable. démie des sciences et de l'Institut. La victoire est encore indécise. Mais Boby de Saint-Vincent ( J. B. M. G.), naturaliste, géographe et mi- enfin Ney et Davoust sont parvenus à litaire distingué , est né à Agen , en ouvrir un espace pour la cavalerie; alors Murât s'élance avec sa cavalerie sur l'ennemi pénètre par les brèches , que la mitraille de nos canons a faites dans les masses serrées des Russes et les escadrons de leurs cuirassiers , cul- bute tout et entre dans la grande re- doute de gauche. Aussitôt il tourne contre les Russes les pièces de canon qui se trouvent dans la redoute. Bientôt le prince Eugène s'empare de nouveau de la grande redoute de droite où venait de pénétrer Caulaincourt, qui, un instant après, fut frappé d'un boulet et tomba mort. Déjà, a la redoute de gauche, Montbrun , à la tête de ses cuirassiers, avait eu le même sort. Dès ce moment, la bataille est gagnée. Néanmoins, pen- dant que la cavalerie de Grouchy presse la retraite d'une partie de l'armée russe, une autre partie de cette même Digitized by Google
138 BOR L'UNIVERS. BOR 1780. De bonne heure il montra les France, depuis dix mois, lorsque pa- plus heureuses dispositions pour l'é- rurent ses Essais sur les îles Fortu- tude des sciences naturelles. Dès l'âge de quinze ans il avait attiré sur lui nées et l'antique Atlantide , 1 vol. l'attention des savants , en adressant in-4°, Paris, 1803. La relation de son à la société d'histoire naturelle de Bordeaux deux mémoires fort remar- Voyage dans les iles a\" Afrique, 3 vol. quables, en effet , sur le Byssus et les conserves, et sur le défrichement des in-8°, avec un fort bel atlas grand Lan de s. Il fit partie, en 1800, en qua- lité de naturaliste, de l'expédition du in-4° de plus de cinquante cartes et capitaine Baudin. On sait que, pour planches, Paris, 1804, suivit à quel- des raisons relatives à la conduite du ques mois de distance. Cet ouvrage capitaine, la discorde se mit dans son état-major, et que près de la moitié mérita à M. Bory de Saint-Vincent le des officiers et des savants qui étaient titre de correspondant de l'Institut. à bord l'abandonna à l'île de France. La guerre s'étant rallumée, il fut em- M. Bory de Saint-Vincent fut du nom- ployé en qualité de capitaine à l'état- bre de ceux qui se retirèrent, sa santé ne, lui permettant pas alors d'aller major particulier du maréchal Davoust; plus loin. Après son rétablissement, il fut employé à l'état-major de la il servit près de ce général jusqu'à colonie par le gouverneur Magallon de la Morlière, et obtint de ce chef toutes la fin de la campagne d'Austerhtz, les facilités possibles pour visiter les tles du voisinage. L'île de la Réunion, et passa avec avancement au 5* régi- aujourd'hui Bourbon, fixa surtout son attention; il la parcourut dans tous ment de dragons au commencement les sens et en dressa la plus belle carte topographique qui eût jamais été gra- de la campagne d'Iéna. Il ne quitta ce vée. En revenant en France, M. Bory corps, en 1808, après la paix de Til- de Saint-Vincent toucha à diverses îles d'Afrique, et notamment à Sainte- sitt, que pour être attaché a l'état-major Hélène, dont il parvint à faire une particulier du maréchal Ney, qui , se excellente carte, malgré les difficultés qu'il eut à essuyer de la part des au- rendant en Espagne , désirait avoir torités pour parcourir l'île. Outre ce ré- près de lui un officier de cavalerie ca- sultat important, l'auteur rapporta de l'île un papillon magnifique, qui , mal- pable en même temps d'être chargé gré sa grande taille et la richesse de ses couleurs, avait échappé aux voya- de toutes sortes de reconnaissances. geurs et n'ornait alors aucune collec- tion. M. Bory de Saint-Vincent le fit Ce fut le chef d'état-major Jominî connaître vingt ans après environ dans les Annales générales des sciences qui désigna M. Bory de Saint-Vincent physiques, et Napoléon, lorsqu'il était au vainqueur d'Elchingen. Bientôt prisonnier des Anglais , a nommé après, il fut promu au grade de major, Prométhêe ce beau papillon, « du et resta auprès du maréchal Soïilt, « nom, dit-il, de ce grand mortel qui, « ayant dérobé un rayon du soleil pour sous les ordres duquel il fit la campa- « répandre la lumière parmi les nom- « mes , fut attaché sur un rocher par gne que termina la bataille de Tou- « les dieux jaloux. * M. Bory de Saint- Vincent était à peine de retour en louse. Les événements de la çuerre ayant placé M. Bory de Saint-Vincent à la tête des troupes qui formaient la garnison d'Agen , il se trouva par , cette circonstance , commander sa propre patrie pendant une quinzaine de jours. Rappelé peu de temps après à Paris, lorsque le maréchal Soult fut nommé ministre de la guerre, M. Bory de Saint-Vincent fut 1 un des huit co- lonels d'état-major employés au dépôt de la guerre, dont il fut exclu de fait par l'ordonnance du 24 juillet 1815. La paix , en rendant des loisirs à M. Bory de Saint-Vincent, lui permit de se vouer avec un nouveau zele aux sciences et à la littérature; il s'occupa de la rédaction du Nain jaune ; sa participation aux articles de cette feuille périodique lui fit de nombreux ennemis. Occupé de ses fonctions au Digitized by Google
FRANCE. 139 dépôt de la guerre, il n'alla point au- ficatifs et ses pétitions qu'on peut devant de Napoléon triomphant; mais considérer comme des ouvrages; une il fut appelé par le département de partie des Annales générales des sciences physiques , où la préface Lot-et-Garonne à la chambre des rc- très-savante est de lui seul ; plusieurs Mémoires dans les Nouvelles Annales présentants qui l'envoya en députa- de Eyriès et Malte-Brun, ou dans , celles de MM. Audouin et Brongniart; tion auprès de l'armée. Dans le cours près de la moitié des articles dont se de cette mission, il harangua plusieurs composent les dix premiers volumes du Dictionnaire classique d'histoire divisions oui occupaient les hauteurs naturelle, dont il fut le directeur ou rédacteur principal ; tous les articles de Belleviïle et de la Y illotte, et sut d'histoire naturelle de l'Encyclopédie exciter en elles un grand enthousias- de M. Courtin: un Traité del homme; me. Aussi fut-il porté sur les listes une Histoire des animaux microsco- piques; un Essai sur la matière; de proscrit) tion du 24 juillet 1815, et eniiu deux ouvrages sur l'Espagne, banni par la loi d'amnistie. Traqué par intitulas, l'un Guide du voyageur, 1 vol. in-8°; l'autre Résume de la toutes les polices de l'Kurope, il avait géographie physique , historique et politique de la Péninsule, 1 vol. in-18 été obligé pour rester libre, de se de 500 pages, avec cartes. , Bos-Jeân, terre et seigneurie de cacher sous une multitude de degui- Bourgogne , à vingt-deux kilomètres est de Châlons, érigée en comté en 1634. sements. C'est alors que, forcé de Bosc (Louis-AugUste-Guillaumc), chercher une retraite dans les carriè- naturaliste, uis d'un médecin du roi, né à Paris le 9 janvier 1759, mort le rcs des environs de Maestricht, il 1 1 juillet 1828, eut de bonne heure du goût pour l'histoire naturelle. Atta- composa l'histoire des vastes cryptes ché, de 1784 à 1788, à l'intendance que renferme la montagne. Cette* lus- des postes, dont il était secrétaire, il toirc, qu'il publia en 1823, in-8°, avec ne se livra que par intervalles et dans cartes et planches , a pour titre : ses moments de loisir à sa science de foyage souterrain. Cependant on se prédilection; cependant ses premiers travaux consignés danS le Journal de lassa de persécuter M. Bory de Saint- , Vincent; il fut honorablemcntaccueilli physique, lui méritèrent d'honorables par les savants de Berlin , demeura sull rages. La protection du ministre pendant quelque temps dans la maison Roland l'avait élevé au rang d'admi- de Carnot à Magdebourg et à Aix-la- nistrateur général des postes; mais la révolution du 31 mai 1793 lui enleva Chapelle, et se fixa enfin à Bruxelles, sa place et son protecteur. Par un généreux dévouement, il accompagna où , s'associant à deux savants du jusqu'au pied de l'échafaud madame pays, il publia , de concert avec eux , R(oland, femme de Pex-ministre, con- les Annales générales des sciences damnée à mort à cause de ses relations physiques, 8 vol. in 8°, avec une mul- avec les girondins. Il se réfugia ensuite dans la forêt de Montmorency, et y titude de planches. Il s'occupait alors vécut trois ans occupé exclusivement beaucoup de lithographie, et ne fut , pas étranger aux grands progrès que d'histoire naturelle. C'est là qu'il pré- lit ce bel art dans les Pays-Bas. Ren- para la première publication des nié- tré en France, en 1820 , M. Bory de moires que madame Roland lui avait Saint-Vincent fut chargé, en 1829, du conUés. En 1796, le directeur Lare- commandement de l'expédition scien- tilique de Morée. Depuis 1830 , il est chef du bureau historique au dépôt de la guerre et a été promu au grade de maréchal de camp. Outre les ouvra- ges dont nous avons parlé, on a encore de lui d i vers Mémoires sur plusieurs su- jets d'histoire naturelle, insérés dans le Recueil de Capelle et JiUers depuis y 1 795 jusqu'à 1 798 ; quelques Mémoires imprimes dans les Annales du Mu- séum et dans l'ancien Journal des rouages de Malte-Brun; plusieurs écrits politiques; ses Mémoires justi- T. m. 9# Livraison. (Dict. encycl., etc.) 9 Digitized by Google
130 BOS L'UNI VERS. BOS veiHère-Lepaux le fit envoyer en qua- qu'en 1400, époque où le chancelier de lité de consul aux États-ljnis d'Amé- Corbie fut rétabli. Nicolas du Bosc rique; s'il ne fut pas admis à remplir mourut à Paris, le 19 septembre 1408. cette fonction diplomatique, il s'oc- Bosc d'Antic (Paul), médecin, né cupa du moins, pendant son séjour en 1726, mort en 1784, étudia la phy- dans le nouveau monde, du soin de sique avec l'abbé Nollet, l'histoire na- former de nouvelles collections d'his- turelle avec Réaumur, et fut désigné toire naturelle. Nommé à son retour en 1755, par l'Académie des sciences, administrateur des hospices civils de la dont il était correspondant, pour réta- - ville de Paris, il perdit cette place à la blir la manufacture de glaces de Saint- révolution du 18 brumaire. Il se livra Gobin. Il composa sur l'art de la dès lors entièrement à l'étude. Succes- verrerie plusieurs mémoires qui con- sivement nommé inspecteur des pépi- tribuèrent aux perfectionnements que nières de Versailles, membre de la cet art a reçus en France. société d'agriculture de Paris, de la Boschet ( le P. Antoine ) , jésuite, société d'encouragement et de l'Insti- est connu par une vive et spirituelle tut, il lit dans ces sociétés un nombre critique des ouvrages de Baillet, qui considérable de rapports , et donna une avait eu le double tort de parler tres- foule d'articles à des journaux ou re- favorablement de Port-Royal et peu cueils scientifiques. Il a laissé : Nouveau favorablement de quelques-uns des dictionnaire d'histoire naturelle (avec bons Pères. Ses Réflexions sur les ju- d'autres naturalistes et physiciens), gements des sarants et ses Réflexions 24 vol. in-8°; réimprimé en 30 vol. d'un académicien sur la vie de Des- in-8°; Histoire naturelle des coquilles, cartes eurent beaucoup de succès, ce des vers et des crustacés (faisant suite dernier opuscule surtout, qui fut long- au Buffon de Deter ville), 1802, 10 temps attribué au P. Letellier, l'un vol. in-8°; Dictionnaire d'agriculture des meilleurs écrivains de la société. (avec d'autres membres de l'Institut) Le P. Boschet mourut a la Flèche, en 1803-9, 15 vol. in-8°; Annales d'agri- 1703, à l'âge de soixante-cinq ans. culture (les 20 derniers vol.); Diction- ; Boschleabd, terre et seigneurie naire d'agriculture et d'économie ru- de Normandie, à seize kilomètres rale, de YEncyclopédie méthodique nord de Rouen; érigée en barounie en (les 3 derniers vol.), 1812-13, in-4°. 1607. Bosc avait succédé en 1825 au cé- Bosco (combat de). L'aile droite lèbre Jean Thouin, comme professeur de l'armée d'Italie continuait de com- de culture au Jardin des Plantes. battre avec courage, malgré des re- Bosc (L.-C.-P.), savant ecclésiasti- vers multipliés. Chargé de défendre que, né dans le Rouergue, vers 1740, Gênes, le général Saint-Cyr attaqua est auteur d'un ouvrage estimé, pu- les Autrichiens, le 24 octobre 1799, blié en 1793, en trois volumes in-8°, sur Bosco , Bezzaluzzo et Pasturama. sous le titre de Mémoire pour servir Il commandait quatre mille hommes à Vhistoire du Rouergue. On ignore d'infanterie, mais il manquait entière- la date de sa mort. ment de cavalerie et d'artillerie. La Bosc (Nicolas du), chancelier de position de l'ennemi était excellente; France, était originaire de la Norman- il comptait cinq mille hommes , dont die. Il fut nommé, en 1374, évéque de douze cents cavaliers ; il possédait en Bayeux, et assista en cette qualité à la outre sept piècesdecanon. Malgré leurs translation du corps de saint Louis, désavantages les Français s'avancent translation qui eut lieu en 1392, en à la baïonnette; les Autrichiens sont présence de Charles VI. Il fut nommé mis en déroute; on leur fait mille pri- président de la chambre des comptes sonniers. Tous les corps de cette ar- de Paris au mois de février 1397, et mée montrèrent un courage héroïque. fait chancelier au mois de novembre Pour récompenser leur valeur, en la suivant. Il exerça ces fonctions jus- personne de leur chef, le gouverne- Digitized by Google
ÈOS FRAI CE. teos 131 >• • • tr> »« ** ment donna au général Saint-Cyr un et distingué de ceux-ci par une énorme sabre magnifique, en l'invitant de le perruque , se tenant roide sur un cheval porter aux jours de bataille. ni se cabre , le tout posé sur un pié- Bosio (François-Joseph), sculpteur, 11 estal , où deux bas-reliefs historiques, est né à Monaco en 1769. Il se livra dans le style du temps, représentent de bonne heure à la sculpture, et vint deux faits de l'histoire du grand roi, à Paris étudier cet art à Pécole de est-ce bien là un monument, ou bien Pajou puis, après avoir suivi pendant n'est-ce pas une caricature? Peut-on ; imaginer quelque chose de plus malheu- reuxquecettecombinaisondeperruque, auelque temps la carrière des armes, retourna en Italie, dont il visita les principales villes, étudiant l'art an- d'empereur romain, et de bas-reliefs tique et Part italien, et produisant du dix-septième siècle? Nous ne sau- de nombreux ouvrages. Il revint à rions trop nous élever contre ce sys- Paris en 1808, et s'y fixa. Le sculpteur tème bâtard, contre cette maladroite Bartolini , qu'il avait connu à Flo- imitation de l'antique; et si nous éle- rence, le présenta à Denon qui lui fit vons la voix à propos de cette sta- tue, c'est que Al. Bosio, l'auteur des , d'abord peu d'accueil , mais qui devint son protecteur, lorsque M. Bosio lui bas -reliefs de la colonne, est plus eut montré le modèle des vingt bas- coupable que ne le serait un autre reliefs qu'il avait faits pour la colonne d'avoir commis une pareille erreur. Àde la place Vendôme. A la même épo- quoi donc attribuer cette aber- que M. Bosio exposa son Amour lan- ration dans cet artiste, comme dans Açant des traite. Il fit ensuite le buste tant d'autres? l'absentfc d'études de Joséphine, et devintdès lors le sculp- historiques et philosophiques; à l'ab- teur favori de la cour. On a en effet sence de convictions politiques et de lui quarante bustes des principaux souvent même de sentiments patrioti- personnages de la cour de l'empereur. ques. Quand le conventionnel David, En 1810, parut son groupe de l'A- exilé à Bruxelles , refusait de pein- mour séduisant l'Innocence, qui fut dre Wellington, en lui disant à trois suivi d'Aristée, et de Y Hercule terras- reprises différentes : « Je ne peins que sant Achetons. l'histoire; » quand un autre David re- Sous la restauration, M. Bosio fut fusait, quoique pressé par la misère, chargé de différents ouvrages; citons, d'élever à Londres un monument qui XIVentre autres , le 1jouis de la place aurait fait sa fortune, mais qui eût été ' des Victoires, le quadrige de l'arc de injurieux pour la France; quand tant triomphe du Carrousel , les statues du d'autres artistes mettent leur talent au duc d'Enghien, de Montyon, de Hen- service d'une idée, à laquelle ils se ri IV enfant. vouent tout entiers, on ne remarque Lesœuvresde M. Bosio sont bien plus pas ces variations dans leur style, et nombreuses encore . mais nous avons on ne les voit pas reproduire tour à cité les plus importahtes.Pour nous , le tour l'histoire des guerres de Napoléon beau temps de M. Bosio , c'est l'empire ; les hommes de l'empire, Louis XIV, son chef-d'œuvre, ce sont ses bas- les hommes de la restauration, les reliefs de la colonne. Certes, la plus martyrs de la révolution Blûcher, la , noble application qu'il ait pu taire nièce de Wellington, puis les hommes de son talent, c'était de reproduire, ou les femmes de 1830. Leur vie est dans toute leur vérité , sur le bronze une ; chez eux, le lendemain n'est jamais ennemi . trophée de nos victoires une négation de la veille. L'on n'est les immortelles actions de la cam- vraiment artiste qu'à la condition d'a- pagne d'Austerlitz. Mais à côté de voir une opinion et de lui vouer sa vie. cette manière d'entendre l'art dans ses Bosquet (François de), l'un des applications à l'histoire nationale, que plus savants prélats de l'église de dire de la statue de Louis XIV ? Ce roi France, naquit à Narbonne en 1605. de France, vêtu en empereur romain, Il avait d'abord embrassé la carrière 9.
132 L'UNIVERS. BOS judiciaire, et avait été successivement ladie lente, il prévit sa mort plusieurs juge royal à Narbonne, procureur gé- années avant qu'elle arrivât , et n'en néral du parlement de Rouen, inten- conserva pas moins tout le calme de dant de Guyenne, et ensuite de Lan- son esprit. Il fit lui-même préparer sa guedoc, et il venait d'être nommé tombe au cimetière du P. Laehaise, et conseiller d'État, lorsqu'en 1650, il se alla l'essayer avec un sang-froid ex- démit de toutes ses places pour accepter traordinaire. Il inturut en novembre l'évécbé de Lodève. L'évéché de Mont- 1816. Les pauvres *nt conservé la mé- pellier étant ensuite venu à vaquer, moire de ce médecin bienfaisant qui , il y fut nommé, et en prit posses- sion en 1G57. Dans ses fonctions épis- les aidait à la fris de ses ordonnances et de sa bourse. I^es principaux ou- copales, Bosquet donna constamment vrages de Bosquillon sont : Traduc- l'exemple de toutes les vertus chré- tion des Aphorismes et Prognostics tien ne s , et mourut vivement regret- dllippocrate, Paris, 1784, 2 volumes té, le 24 juin 1676, après avoir ad- in-18, réimprimés en 1814 ; Traduc- tion des Eléments de Médecine prati- ministré son diocèse pendant près de vingt ans. 11 était âge de soixante et que de Cullen, in-8° , Paris, 1785; Traduction du Traité théorique et onze ans. On a de ce savant prélat un assez grand nombre d'ouvrages, parmi pratique des ulcères, par Benjamin lesquels nous citerons : Michaèlis Bell, Paris, 1788-1803, in-8°, etc. Pselli synopsis tegum gr. cum. lat. Toutes ces traductions sont enrichies 7 de notes nombreuses. ; versione efinotis. Pans, 1632, in-8°; Pontijicum romanorum, qui e Gallia Bosse ( la. ) , seigneurie dans le orlundi in ea sederunt, historia ab Vexin français , à douze kilomètres anno 1305, ad annum 1394, cum sud-ouest de Beauvais, érigée en ba- notis, Paris, 1632, iu-8°. Baluze a ronnie l'an 15ÎMJ. donné une édition plus correcte de cet Bosse (Abraham), graveur à Peau- ouvrage. Ecclesiœ gallicanx historia- forte , né à Tours en 1611 , vint étu- rum liber primus, Paris, 1633, w ; dier son art à Paris, fut reçu en 1651 in-8 à l'Académie de peinture , et nommé Spécimen iconis historicx cardinalis Mazarini, Paris, 1660, in-4°. professeur de perspective. Il a publié Bosquillon ( Edouard -François- un grand nombre d'ouvrages parmi Marie), médecin et helléniste, na'quit , lesquels nous citerons seulement les à Montdidier le 30 mars 1744. Il ap- plus importants. Ce sont : le Moyen * prit de son père les éléments des lan- universel de pratiquer la perspective gues anciennes, et, à l'âge de onze sur les tableaux et surjaces irrêgu~ ans, il fut envoyé à Paris, chez les Hères, Paris, 1653, 2 volumes in-8° ; Traité de la manière de dessiner les jésuites pour y continuer le cours de , ses études. Il étudia ensuite la méde- ordres d'architecture Paris, 1684, , cine, et fut reçu, à vingt-six ans, doc- in-folio ; et un Traité des diverses teur-régent de la faculté. En 1774, il manières de graver en taille-douce fut nommé professeur de langue et de , Paris, 1646 et 1701, in-8°. Cochin Gis philosophie grecques au collège de a publié en 1758 une 3e édition de cet France, et devint successivement cen- ouvrage , où l'auteur entre dans de seur royal , médecin de l'Hôtel-Dieu grands détails sur la pratique manuelle de Paris, et membre d'u? grand nom- bre de sociétés savantes. Bosquillon que, p. 3i8. La collection de livres amassée a rendu, comme traducteur, de véri- par Bosquillon a été évaluée à plus de tables services aux sciences. Il était trente mille volumes. Kilo renfermait tous grand bibliophile, et possédait la bi- les écrits des médecins les plus célèbres, bliothèque la plus riche qu'un méde- grecs, latins, arabes, français, italiens, an- cin ait jamais rassemblée , si l'on en glais. Le catalogue de cette bibliothèque * excepte Falconet(*). Atteint d'une ma- qui a été publié forme un vol. 10-8* de , (*) Voyes ce mot et l'article BitMOTaà- 400 pagei. Digitized by Google
BOS FRANCE. 139 de son art, ce qu'on n'avait point fait rAmérique septentrionale, Amster- encore avant lui. On doit citer, par- dam, 1777, in-8°. mi les gravures qui sont dues au burin Bossu (René le), né en 1631 , cha- d'Abraham Bosse, le Recueil d'estam- noine régulier de Sainte-Geneviève, pes pour servir à l'histoire des plan- tes, exécuté par ordre de Louis XIV sous-priéur de l'abbaye de Saint-Jean (3119 planches en 3 volumes in-folio), d'après les peintures originales de Ro- de Chartres , a fait un traité du poème bert. Bosse, dont ie caractère ne pouvait fe plier aux exigences de Lebrun , fut épique , où il n'omet aucune des rè- exclu de l'Académie par suite de sa gles , ni aucune des ressources du genre. Mais il n'y a rien de plus inu- mésintelligence avec cet artiste, alors tile que ces ouvrages où l'on enseigne tout-puissant. Il se retira à Tours, où il mourut en 1678. minutieusement au poète tout ce qu'il Bossb (Simon) donna des preuves lui est nécessaire ou possible de faire, de la plus rare intrépidité à la bataille et qui font de l'art un'liei» commun. d' Aréole , le 15 novembre 179G. Il était alors lieutenant à la 51 e demi-brigade; D'ailleurs , le P. le Bossu n'a pas un il fut un des premiers officiers qui gout très-sûr; il veut que le poème sous le feu de l'ennemi, traversèrent épique ait toujours un but moral , ce à la nage le canal près de son embou- qui est un principe louable assuré- chure dans l'Adige. Pendant la cam- pagne de 1813 , il commanda ie 85e ré- ment, mais non pas incontestable; et giment en qualité de chef de bataillon. Lors de la capitulation de Dresde, il il prétend tirer ce principe d'Homère, parvint à sauver l'aigle du régiment, la conserva pendant la captivité du ?ui a voulu , selon lui , montrer dans corps eu Hongrie , et la rapporta en Iliade les inconvénients de la dis- France en 1814. Cet ofûcierest mort major de la légion de Tarn-et-Garonne. corde. Le plus souvent , il ne voit Homère qu'a travers Aristote ou la Bossu (N.) , chef de bataillon à la poétique moderne ; et il en résulte que 38* demi-brigade. Au moisd'août 1799, les règles qu'il appuie sur le poète ne cet officier, alors sous-lieutenant, ren- sont pas toujours évidentes. Il loue contra une colonne ennemie qui s'avan- çait dans le pays des Grisons entre Va- Homère d'avoir compris la durée de sora et le Pont-du-Diable ; sans hési- ter, il chargea, la baïonnette en avant, l'Iliade en vingt-sept jours, et il in- à la \\êle de ses grenadiers , culbuta vite tout poète épique qui aura à ra- tout ce qui lui opposait de la résis- conter comme lui des batailles , à se tance, et fit 1200 prisonniers, dont 26 officiers. renfermer dans des dimensions sem- Bossu (N.) , capitaine de la marine blables ; et sa raison , c'est qu'Aris- française, né à Baigneux-les- Juifs, au tote a dit que ce qui est violent ne peut commencement du dix-huitième siècle, est un des premiers voyageurs qui durer. Ce traité n'a eu de la réputa- aient bien fait connaître la Louisiane tion que parce que la critique n'était et les peuples qui l'habitaient. Il pas encore formée du temps de le fit , par ordre du gouvernement, trois voyages dans ce pays. L'histoire des Bossu. On a encore de cet auteur un découvertes qu'il y a faites se trouve dans deux ouvrages qu'il a publiés, et parallèle de la philosophie de Descartes qui ont pour titre : Nouveaux voya- —et d'Aristote. ges aux Indes occidentales y etc., Pa- Bossuet ( Jacques - Bénigne ). ris, 1708 , et Nouveaux voyages dant L'homme qui devait être, au dix-sep- tième siècle, la lumière de Pfcçlise, par sa science, ses vertus, son zele, et la gloire des lettres , par la grandeur de son génie et de son éloquence, naquit à Dijon, dans la nuit du 27 au 28 sep- tembre de l'année 1627. Dès son en- fance , il fit augurer beaucoup de lui par la promptitude singulièrement heureuse de son intelligence , par la gravité de son esprit, et par son ar- Adent amour de l'étude et du savoir. une raison prématurée , il joignait une Avive chaleur d'imagination. treize Digitized by Google
134 nos L'UNIVERS. Ros nnSj ayant ouvert une Bible dans la assemblée. On sait quels applaudisse' bibliothèque de son père, il se pas- sionna pour cette lecture avec un feu, ments accueillirent ce sermon pro- nvec des transports et des ravisse- noncé à onze heures du soir dans un ments qui étonnaient et charmaient salon , et quelle pointe fit Balzac pour tous ceux qui en étaient témoins ; sa célébrer un mérite si précoce. Plus Vocation se révélait, au plaisir que lui faisaient éprouver ces pieuses leçons, tard , Bossuet eut regardé comme une ces images hardies , ce vigoureux lan- vanité rénréhensible cet emploi mon- gage dé l'Écriture. Les jésuites de Di- jon, chez lesquels il avait été placé, dain de la parole sainte. Mais alors eussent voulu s'attacher un tel disci- quoique d'une humeur déjà grave et ple. Dès l'âge de huit ans , Bossuet sévère , il partageait entre les lettres avait été voué par sa famille au mi- et la religion son zèle et son enthou- nistère ecclésiastique ; et , n'étant en- siasme ; et il est certain qu'à cette époque il alla plusieurs fois au théâ- core qu'en seconde, il avait été nommé tre où l'on représentait les chefs-d'œu- vre de Corneille , pour y étudier les à un canonicat de la cathédrale de règles de la déclamation oratoire. Met*. Mais son père, ambitieux potlr lui | ne répondit pas au désir de ses Déjà le jeune ecclésiastique s'était at- maîtres ; et peut-être est-il heureux tiré, par ses hautes qualités, la faveur ou que Bossuet ne soit point entré dans l'amitié de personnages éminents dans cette compagnie , où le talent était le l'Université , le clergé et la noblesse. bienvenu , mais où il abdiquait son L'origine de sa liaison avec le grand originalité , et s'effaçait en quelaue Condé mérite d'être rapportée. Il sou- sorte pour travailler à l'intérêt général tenait en Sorbonne sa thèse de bache- dans un esprit de corps trop exclusif. lier devant la faculté de théologie, Après avoir achevé sa rhétorique chez lorsque le vainqueur de Rocroy et de les jésuites, Bossuet fut conduit à Fribourg vint s'asseoir parmi ses au- Paris , et vint faire sa philosophie diteurs. Bossuet introduisit dans son dans ce célèbre collège de Navarre, dont une reine du quatorzième siècle discours les éloges les plus flatteurs avait été la fondatrice. Il en fut bientôt pour le prince avec tant de naturel le premier élève. Dans les exercices in- et de mesure, puis, revenant à son su- térieurs de cette maison, il se montrait déjà orateur. Interrogé devant tout le jet , et comme excité par la présence collège réuni sur des questions de théo- logie et de philosophie , il improvisait d'un tel juge, il soutint ses preuves, sur-le-champ un discours avec une so- et combattit celles de ses adversaires lidité de jugement et un éclat de parole avec tant de précision , de lumière et qui remplissaient d'étonnement et d'or- de chaleur, que Condé, ravi, lui voua gueil les supérieurs de cet établisse- dès cet instant une estime et une ami- ment, et surtout l'homme vertueux qui tié qui ne lirent que s'accroître dans en était le chef , Nicolas Cornet. Envoyé la suite, et qu'il lui conserva jusqu'à un jour comme représentant du col- la mort. lège de Navarre à une espèce d'é- preuve publique, où l'Université fai- En 1652, la thèse de licence fut sait montre de ses meilleurs élèves, il fut si ferme et si brillant, que la pour Bossuet l'occasion d'un autre nouvelle de son succès parvint jusqu'à triomphe; cependant i! ne fut pas reçu l'hôtel de Rambouillet, cette réunion le premier : ce fut M. de Rancé qui si curieuse et si avide de tout ce qui obtint cet honneur. Quelques mois était esprit, savoir, éloquence. Il fallut après, Bossuet reçut la prêtrise, et par- que Nicolas Cornet envoyât le jeune tit pour Metz, où on venait de l'élever orateur à cette ingénieuse et frivole au rang d'archidiacre. Six années qu'il passa dans cette ville furent activement employées, soit à remplir les fonctions qui lui avaient été confiées, soit à com- pléter, par de fortes études, ses connais- sances en théologie, soit à convertir ou à réfuter les protestants qui étaient en assez grand nombre dans cette
BOS FRANCE. bos 135 province. Plusieurs abjurations mon- gir et de faire agir la reine, pour que trèrent quel empire il savait prendre sur les âmes. Le ministre des réfor- les plaignants fussent renvoyés à la més de Metz ayant publié un caté- chisme où il entreprenait de démon- juridiction qui leur offrait le moins de trer que les fidèles ne pouvaient espérer leur salut dans l'Église romaine , Bos- chances favorables. Il faut avouer que suet lui répliqua d'une manière qui frappa également d'admiration réfor- cette manœuvre, qui eut un plein suc- més et catholiques. On trouve déjà cès, était d'un homme plus dévoué à la dans la Réfutation du catéchisme de Paul Ferri ces grands traits d'élo- cause de la religion que scrupuleux sur quence qui sont si simples , et dont la beauté tient surtout à la force de la les moyens de la servir. pensée et à l'élévation du sentiment. « Votre nouveauté, dit-il à s_es adver- En 1 658, Bossuet fit un voyage à Paris, saires, s'égalera-t-elle à cette antiquité pour y traiter quelques affaires qui inté- vénérable, à cette constance de tant de siècles, à cette majesté de l'Église? ressaient le chapitre de Metz. Il prêcha AQui êtes-vous , et d'où venez-vous ? dans plusieurs églises pendant son sé- qui avez-vous succédé ? Où était l'É- jour, et avec tant de succès, que la reine glise de Dieu, lorsque vous êtes parus mère voulut l'entendre. Toute la cour tout d'un coup dans le monde ? Cher- chez les antiquités , lisez les histo- fut étonnée et séduite par le langage riens et les saints docteurs, etc. » Ace de cet homme qui lui découvrait avec langage , on reconnut un homme fait tant de grandeur le néant des plaisirs ftour renouveler au dix-septième siècle es prodiges que l'éloquence chrétienne et de la puissance, et l'humiliait si avait opérés dans les premiers temps éloquemment. Ici commence dans la de l'Église. Dans les chaires de Metz où il montait souvent , Bossuet ne vie de Bossuet une nouvelle période Sortait pas moins d'autorité et d'ar- pendant laquelle prédicateur de la eur. Une mission que la reine mère, , de concert avec saint Vincent de Paul, cour à Paris, sans oublier les fonctions fit prêcher dans cette ville pour la con- version des protestants , l'eut pour qu'il conservait à Metz , il se partage principal chef, et fut redevable de ses succès à l'activité de son zèle et à la entre ces deux villes , et, dans l'une et puissance de sa parole. l'autre, travaille sans relâche à la con- Déjà aussi se montre en Bossuet cet version des protestants , dont il rêve espritd'intolérancequi le fit quelquefois sortir des bornes de son ministère. Le la réunion générale à l'Église romaine. lieutenant général de Metz ayant com- mencé des poursuites contre un pro- Il passa dans ces occupations diverses testant soupçonné d'avoir fait violence à la consciencé d'une domestique au onze années jusqu'à sa nomination à lit de mort, tous les coreligionnaires , de l'accusé prirent sa défense, et se mirent en devoir de porter plainte à l'évêché de Condom , arrivée en 1669. la cour et d'évoquer l'affaire au con- seil. Bossuet craignit de les voir réus- La plupart des sermons que nous sir par cette voie , et il s'empressa de la leur fermer, en prévenant saint avons de lui ont été prononcés dans Vincent de Paul , et en le priant d'a- cet intervalle. Quoiqu'il les préparât rapidement, et les improvisât en quel- que sorte la plume a la main, on y trouve des beautés d'autant plus di- gnes d'admiration, qu'aucun prédica- teur avant lui n'avait connu le vérita- ble caractère de l'éloquence chrétienne. Chaque discours , écrit avec une sim- plicité fière et animée , est semé de traits sublimes qui égalent les passa- ges les plus vantés des oraisons funè- bres. Quelquefois on y rencontre des pensées et des mouvements, et même des phrases entières , qu'on avait admirées et relues depuis long- temps dans les oraisons funèbres sans savoir que c'étaient des emprunts faits par Bossuet à lui-même. C'est ainsi qu'on lit dans un sermon sur la mort ce magnifique et terrible déve- loppement de la pensée de Tertullien, si souvent remarqué dans l'oraison fu- Digitized by Google
136 BOS L'UNIVERS. nèbre de Madame : «Notre chair change moments les plus brillants fut FAvent de; 16G1 pendant lequel Louis XIV bientôt de nature ; notre corps prend , un autre nom ; même celui de cadavre, vint pour la première fois entendre dit Tertullien , ne lui reste pas long- temps, etc. » Ce qui nefrappe pas moins Bossuet. Il fut si vivement frappé, qu'il voulut lui donner une ma roue dans ces sermons que la fréquente su- particulière d'admiration et d'intérêt : blimité du langage, c'est a,1 connais- il fit écrire à son père pour le félici- ter d'avoir un teljils. sance du cœur humain que Bossuet y déploie, c'est la profondeur et la déli- Dans les intervalles de ses prédica- catesse avec laquelle il analyse et peint tions , Bossuet revenait à la composi- les passions qu'il voudrait anéantir. tion d'un ouvrage qu'il avait entrepris On ne s'explique pas comment la Harpe pour éclaircir la controverse avec les a pu dire que Bossuet était mé- protestants , et préparer une fusion Adiocre dans la prédication-. Il fallait entre les deux Églises. cette fin , il qu'il eut bien peu lu ce qu'il osait ju- exposait dans toute leur simplicité les ger. Il est inutile de réfuter cette principes fondamentaux du catholicis- étrange opinion, dont on a fait justice. me compris dans les canons du con- U, Du reste, il est vrai que, comme tous Exposition de la cile de Trente. les ouvrages improvisés, ces sermons doctrine .catholique parut un chef- ont des parties ou la simplicité et la faci- d'œuvre de clarté, de précision et de lité sont portées au pointd'affaiblir l'in- logique. Ce fut un véritable coup térêt. Il faut avouer aussi que parfois porté à la réforme. Les ministres la vivacité des mouvements y est trop protestants, embarrassés pour répon- heurtée. Ce sont des ébauches d'un dre , prétendirent que Bossuet , dans génie puissant qui tantôt se borne au le désir de ménager une conciliation , 'langage familier d'une conversation s'était écarté de la tradition véritable. édifiante , et tantôt s'élançant avec Bossuet n'avait accordé que ce que , une fougue et un désordre sublimes l'Église sacrifiait sans peine, et ne re- prodigue les grandes pensées et les gardait comme indifférentes que les images saisissantes. C'est sans doute questions étrangères au dogme lui- à cause de ces inégalités que Voltaire même, comme celle de la communion a mis Bossuet au-dessous de Bour- sous les deux espèces. Mais comme son daloue dans l'éloquence du sermon. livre resta longtemps manuscrit, le Mais si dans ses discours qu'il médi- mensonge des protestants s'accrédita tait à loisir, Bourdaloueest plus achevé, auprès des gens du monde ; et madame plus serré, plus soutenu, a-t-il jamais de Sévigné parle de V Exposition à sa cette action , cette variété, et ce don si fille, qui avait des prétentions à être rare de créer sans elfort des expres- cartésienne et esprit fort, comme d'un sions marquées au coin du sublime? ouvrage qui lui convient, par sa sim- Au surplus, peu nous importe ici la plicité et ses accommodements. L' Ex- question de la prééminence , tout ce position n'avait d'abord été destinée que nous voulons, c'est qu'on s'ac- qu'à l'instruction d'une seule personne. corde à reconnaître dans les sermons Bossuet avait pris la plume pour ache- de Bossuet, malgré leur irrégularité, ver de dissiper les doutes d'un homme les parties les plus essentielles de l'élo- illustre qui se sentait attiré vers le ca- quence. Nous ne croyons pas aller trop tholicisme, moins par ambition, comme loin en ajoutant que la manière même on l'a dit, que par un de ces mouve- dont ils ontété composés, leur donne un ments religieux qui agitaient si sou- feu et une liberté qui peut-être révè- vent les âmes au dix-septième siècle. lent mieux l'originalité de Bossuet que Turenne était venu trouver Bossuet, la grandeur plus régulière des oraisons et se remettre entre ses mains. Les funèbres. • plus grands personnages se faisaient Dans cette carrière de prédicateur, les disciples respectueux et dociles d'un si glorieusement remplie , un des simple prêtre : on s'inclinait devant la Digitized by Google
FRANCE. 137 puissance du raisonnement , de l'élo- seulement son autorité à l'éclat du gé- quence et de l'enthousiasme. Turenne y céda , et son abjuration, qui fit tant nie, mais au respect qu'inspiraient la de bruit, couvrit Bossuet de gloire aux yeux de l'Église et du monde. pureté dé ses mœurs et sa profonde Vers le même temps , les membres les piété. plus élevés du clergé de Paris lui ren- En parlant ici de la vertu et de la con- dirent un éclatant nommage en l'invo- viction de Bossuet , nous ne craignons quant comme conciliateur dans une pas d'être dupe d'une de ces erreurs querelle qui agitait tous les esprits, et que la séduction exercée par le génie où l'autorité des évéques et du pape ou l'art complaisant des biographes, même venait échouer contre la résis- impose trop souvent à la postérité. Tel tance opiniâtre de quelques religieuses. Bossuet se montre à nous dans ses On refusait à Port-Royal de signer le écrits , tel il fut dans toute sa vie et formulaire qui condamnait les fa- dans toutes ses actions privées ou pu- meuses propositions. Bossuet écrivit aux religieuses pour les inviter à l'obéis- bliques. Ceux qui répètent qu'il vécut sance; et sa lettre, admirablement propre à persuader, porte l'empreinte marié ne savent pas que ce bruit n'a d'une modération qu'il eut rarement dans ses combats avec les sectes infi- d'autre fondement qu'une calomnie in- dèles ou ennemies. Le jansénisme trouva toujours dans Bossuet un ad- sérée dans un libelle par un moine dé- versaire, mais jamais un persécuteur; sans doute, ce qui adoucissait sa ri- froqué, huit ans après la mort de gueur, c'était le respect et l'estime qu'il ne pouvait s'empêcher de ressen- Bossuet. Voltaire même est obligé de tir pour les vertus et les talents des principaux personnages de Port- Royal. reconnaître l'imposture dans la notice Malgré la réunion si puissante de la douceur et de la raison, la lettre de qu'il consacre à Bossuet à la fin du Bossuet ne produisit point l'effet qu'on en avait attendu : l'esprit de secte s'é- Siècle de Louis XIV. Du reste , cette tait emparé des religieuses , et elles ne signèrent que lorsqu'un nouveau pape notice est loin d'être en tout digne de eut introduit, dans le formulaire, un mot nouveau dont le sens équivoque confiance ; si Voltaire se refuse à croire que Bossuet vécut marié , il raconte favorisait la restriction mentale. qu'un contrat de mariage secret fut La querelle dujansénisme ayant paru signé entre Bossuet, encore très-jeune, apaisée, l'Eglise n'eut plus à lutter qu'avec les protestants : Arnauld et ses et mademoiselle Desvieux de Mauléon, disciples portèrent de ce côté toute leur que cet acte ne fut pas suivi de la célé- ardeur. C'est alors qu'on vit cetteWme bration , à cause de l'entrée de Bossuet dans les ordres, et que des reprises ma- société de Port-Royal prier le roi de lui donner Bossuet pour censeur des trimoniales furent faites à Ta mort de ouvrages qu'elle se proposait de publier contre la réforme. Bossuet n'était pas Bossuet. Rien de tout cela ne peut pas- évéque, et quand le premier volume de la Perpétuité de la foi eut été ser pour vrai, comme le démontre de achevé par les solitaires, ce fut son approbation qui en autorisa la lecture. la manière la plus satisfaisante M. de Il était à quarante-deux ans , sans di- gnité et sans titres , le véritable chef Bausset, dans une de ses pièces justi- 4e l'église française. Il ne devait pas ficatives. Cette notice de Voltaire a été faite avec une grande légèreté. Pour- 3uoi après avoir dit que la célébration u mariage n'eut pas lieu , ajoute-t-il que mademoiselle de Mauléon n'abusa jamais du dangereux secret qu'elle avait entre les mains. Ce secret n'avait rien de dangereux, si le contrat n'avait pas eu de suite. Après avoir rendu jus- tice à la pureté des liaisons qui subsis- tèrent entre Bossuet et celle qu'il pré- tend avoir été sa fiancée pourquoi , rapporte-1- il % sans le réfuter, un mot scandaleux où l'on ne peut voir autre chose que la satire d'un commerce illé- gitime et secret avec mademoiselle de Mauléon ? Peut-être y a-t-il au fond beaucoup de perfidie dans cette légè.- Digitized by Google
m nos L'UNIVERS. bos reté. Une ruse souvent employée abdiquer l'indépendance de sa raison, par Voltaire consiste à éveiller d\"es principe éternel d'anarchie; il faut soupçons chez le lecteur sans en ex- s'attacher au dogme religieux , seul primer aucun lui-même. Cette notice élément d'unité parfaite dans le monde équivoque se termine par une de ces moral , comme les libres penseurs l'a- suppositions qu'il est trop facile de vouent sans peine. La religion , le ca- faire, et que Voltaire se permettait tholicisme, voilà ce qui seul pouvait trop souvent. « On a prétendu , dit-il fournir à Bossuet une base et un ni- que ce grand homme avait des senti- veau pour lui-même et pour les autres. ments philosophiques différents de sa Sa foi fut sincère, sa conviction pro- théologie, à peu près comme un savant fonde parce qu'il y avait en lui un , magistrat qui , jugeant selon la lettre amour pour la stabilité que rien n'éga- de la loi , s'élèverait quelquefois en se- lait , si ce n'est son horreur pour la li- cret au-dessus par la force de son gé- berté inquiète et agitée. Qu'on soit nie. » Mais Voltaire cite-t-il un seul donc sans soupçon et sans curiosité fait, une seule parole qui puisse auto- déliante en lisant ces ouvrages , où il riser ce sentiment ? La seule preuve épanche sa foi et dirige et anime celle qu'il apporte à l'appui de sa supposition, des autres. Ne craignons pas d'être c'est cette comparaison par laquelle dupes, comme il arrive souvent, d'un il l'achève. Les esprits indépendants feu d'imagination, d'un prestige d'élo- qui rejettent les dogmes du catholi- quence , d'une hypocrisie de style. Re- cisme comme uneerreur insupportable connaissons, respectons la piété de à la raison développent la pensée de Bossuet , dont personne n'a douté dans , Voltaire, en disant que la foi religieuse son siècle. était une chose impossible à Bossuet Frappés d'une réunion si impo- par là nature même de son génie trop sante de vertus et de talents,' ses amis ferme et trop pénétrant pour se sou- et le public s'étonnaient qu'il n'eût mettre à un tel joug. L'arrêt porté pas encore monté dans l'Église à un contre la religion par ^incrédulité se- rang plus haut. Pour Lui , il avait assez rait légitime, qu'on n'en pourrait rien de la puissance morale qu'il s'était ac- conclure contre la foi de Bossuet : quise , de cette domination qu'il exer- car jamais l'homme n'est à l'abri de çait sur les âmes au nom et pour le l'erreur ; et combien on a vu d'es- oien de la religion. Ces dignités, que firits élevés, de profonds génies mettre recherchaient tant d'ambitions , ne le eur force au service d'une illusion ! tentaient pas : il attendait que les hon- Que d'exemples on en pourrait citer ! Pour ce qui regarde Bossuet , on peut neurs vinssent à lui. En 1669, le roi le nomma à l'évêché de Condom. Ici dire uue la nature de son génie , loin commence dans sa vie une nouvelle de le détourner de la foi religieuse, de- époque illustrée par ses premières orai- vait l'y conduire au contraire, et l'y sons funèbres et par ses travaux pour porter irrésistiblement. Il fut un de l'éducation du dauphin. Il venait d'être ces hommes qui naissent avec un es- appelé à l'épiscopat lorsque la reine , prit clairvoyant et vigoureux, mais d'Angleterre mourut. Depuis long- aussi avec un violent besoin de régu- temps la voix des ministres de l'Eglise larité, d'ordre et d'unité. L'ordre in- s'élevait sur la tombe des grands poilr térieur, l'ordre extérieur, la régula- célébrer leur vie et tirer une leçon de rité dans sa conscience et dans sa vie, leur mort ; mais tous les vices dè l'éru- , et la même régularité dans les autres dition et du faux godt avaient régné qu'en lui-même, voilà ce que voulait dans ce genre, comme dans le reste, impérieusement une nature telle que et la flatterie l'avait trop souvent dé- la sienne; c'était là son penchant sou- tourné de son but le plus digne. Aussi verain et son vœu absolu. Pour le sa- quel ne fut pas Pétonnement et l'admi- tisfaire , il ne pouvait s'adresser à la ration des contemporains de Bossuet philosophie . avec un tel besoin , il faut à l'apparition de ce discours qui ren- Digitized by Google
BOS FRANCE. BOS 139 fermait le plus magnifique éloge et les penchant à voir partout faction de plus fortes leçons qui mêlait à la po- Dieu, c'est dè trancher pour l'ora- ; litesse du siècle et à toutes les conve- teur beaucoup de ces questions dé- nances du tact et du goût , la gravité licates qui sont ordinairement un de l'histoire , la profondeur de la théo- sujet de scrupule ou d'embarras dans logie, l'inspiration et la poésie des la chaire chrétienne. Ainsi Bossuet livres saints ; qui était réglé et hardi peut honorer franchement dans ceux sublime et naturel qui révélait enfin Su'il loue la noblesse du sang , l'éclat ; e la naissance ; car, comme il le dit une éloquence inconnue et inimitable! dans l'oraison funèbre de Marie-Thé- La vie d'une princesse qui avait partagé la puissance et 'les malheurs de Char- rèse , c'est Dieu qui prépare dans son conseil éternel les familles qUi doivent les er et dont l'histoire offrait toutes gouverner les nations. Rien ne le gê- I, nera dans l'éloge des qualités militaires les exb'émités des choses humaines , était un des plus beaux sujets qui put > être fourni à l'éloquence; mais quelque et des victoires d'un grand capitaine: grand que soit son sujet, Bossuet se. car « c'est Dieu seul qui fait les guer- place bientôt au-dessus par la force de* riers et les conquérants, et qui seul les sa piété et de son génie. Après avoir Unfait servir à ses desseins. »> orateur contemplé le spectacle que présentent dont la foi semble plus timide ou plus de si graves événements et des infor- vulgaire, Fléchier, célébrant la gloire tunes si touchantes, il porte plus avant militaire de Turenne s'interroge avec , ses regards, et découvre 1 action de embarras sur la légitimité de la guerre : cette main toute-puissante qui élève il raisonne, moralise, et n'autorise les trônes et qui les abaisse , et donne l'emploi de la force que pour la con- quand il le taut, aux princes et aux servation de l'État: mais cela met -il peuples de terribles leçons. « J'entre- à couvert son héros , et Fléchier peut-il rai , dit-il , avec David dans les puis- croire que l'invasion de la Hollande et sances du Seigneur, et je vous ferai l'incendie du Palatinat étaient Com- voir les merveilles de sa main et de ses mandés par le salut de la France? conseils. » Alors tout s'agrandit , tout Que Bossuet est au-dessus de ces dis- s'élève. L'orateur devient un autre tinctions et de ces douteuses apolo- homme : il est l'interprète enthou- gies ! Que ces difûcultés sont loin de siaste, l'historien inspiré des volontés sa pensée quand il parle de Condé ! , et de la politique de Dieu. C'est Dieu C'est qu'à ses yeux Condé est le héros qui remplit sa pensée , c'est Dieu que choisi du ciel pour protéger le berceau présente son discours. C'est ce grand et pour illustrer le règne de Louis le Dieu, comme il dit, qui donne la reine Grand. Condé a reçu du ciel cette in- à l'Angleterre pour la consolation des domptable valeur, et Dieu a marché catholiques affligés ; c'est lui qui pré- devant lui comme devant Cyrus. C'est cipite l'Angleterre dans les malheurs Dieu qui a fait dans les grands hom- des guerres civiles , et l'asservit à un mes ces rares qualités, comme il afait usurpateur pour la punir de sa révolte le soleil. Le plus beau présent qu'il contre l'autorité de l'Église et l'unité puisse faire, c est la piété; mais la for- de la foi ; c'est lui „ qui frappe la tune, le génie, la gloire, sont aussi reine pour l'éclairer, et lafait malheu- son ouvrage , et tout part de sa puis- reuse pour la faire chrétienne. Voilà sante main. Sans cesse, dans les orai- la source de sublime que la croyance sons funèbres, Bossuet présente les de Bossuet ouvre à son génie. Il est grands génies qui jetaient tant d'éclat certain que , dans cette oraison funèbre sur la France du dix -septième siècle, et dans celles qui suivirent, son élo- et le prince qui les réunissait autour quence doit ses plus hautes inspirations de son trône, comme les ouvrages de a cette foi passionnée et hardie dans prédilection et les agents de la Provi- la Providence. dence. Par là , il les avertit de ne pas Un autre avantage de ce religieux s'attribuer leur gloire , et leur donne Digitized by Google
140 B08 L'UNIVERS. BOS une salutaire leçon : par là aussi , par ne lui permirent pas de refuser; mais ce rapport continuel qu'il établit entre un an après (1671), n'écoutant que sa conscience et indifférent aux intérêts eux et la suprême puissance , il les re- de sa fortune , il se démit de son évé- chc. Ce qui ne fait pas moins d'hon- hausse et les consacre, en quelque neur à Bossuet que ce sacrifice , c'est le soin et le zèle scrupuleux avec le- sorte , à leurs propres yeux et aux yeux quel il se prépara à ses fonctions de ()rccepteur , se remettant à étudier tous de la foule. Il fait de cette monarchie, es objets d'enseignement sur lesquels il ne se croyait pas parfaitement ins- dont la grandeur était la force de la truit. Malgré le penchant (jui , de bonne heure, lui avait fait préférer l'étude France, un pouvoir intermédiaire entre des livres saints, il possédait des con- naissances solides et variées dans les le ciel et la terre, un instrument divin lettres profanes; il écrivait en latin et absolu des décrets éternels. Il fait comme un homme nourri de la lecture de la nation à la tête de laquelle Dieu de Ciecron ; il savait le grec aussi bien que les érudits de son temps. Cepen- place un tel roi et de si rares génies dant il lui sembla qu'il n'avait point un peuple choisi et protégé comme encore toutes les ressources néces- Israël. Il flatte le souverain au nom de saires : il relut un grand nombre d'au- teurs anciens, faisant choix d'avance la religion même : il anime la nation des parties dont l'étude conviendrait à son élève; il repassa l'histoire an- du sentiment de son importance; et cienne et la moderne; il entreprit des travaux sur la grammaire; et l'abbé lui révélant les conseils de Dieu sur Ledieu rapporte qu'il composa une grammaire latine pour faciliter les elle avec l'accent du prophète qui progrès du dauphin. montre aux Hébreux la colonne lumi- Au milieu de ces importantes oc- neuse, il la remplit de confiance en cupations, Bossuet vit se tourner sur lui les regards de l'Académie fran- ses destinées. C'est ainsi que cette foi çaise, où la mort de l'abbé Duchàteiet venait de laisser une place vacante. Il sans bornes dans la Providence , qui y fut appelé par les suffrages de toute fait de Bossuet l'homme le plus reli- la compagnie, et prononça son dis- cours de réception le 8 juin 1671. Dans gieux et le plus éloquent de son siè- cette cérémonie, où triomphait dès cette époque l'éloquence d'apparat, son cle, donne à son génie un caractère langage conserva cette mâle simplicité d'un grand esprit pour lequel l'expres- éminemment national. Que les philo- sion n'est que le vêtement et non la pa- rure de la pensée. Sans tomber dans ces sophes réclament, qu'ils trouvent Bos- compliments consacrés par l'usage et d'ordinaire si vides, il honore les tra- suet bien téméraire de mettre sans vaux de l'Académie , et la remercie de son attention à veiller sur la langue cesse en action la Divinité, et de se dont la pureté et la beauté intéressent la gloire de la France. Mais à ces éloges croire initié à tous ses secrets que il mêle un conseil ; et, avec cette gran- ; deur et cette sûreté de vues que le gé- nie porte toujours dans la critique , il même parmi les catholiques , des es- demande qu'on laisse à la langue et , prits mesurés lui reprochent d'aller trop loin dans l'interprétation d'une Providence qu'il faut croire, mais que l'homme ne peut expliquer toujours, ces réflexions ne se présentent pas quand on lit Bossuet , mais après qu on 1 a lu , et la chaleur de sa conviction et l'impétuosité de sa parole subjuguant la raison, nous entraînent comme elles entraînaient son siècle. Après l'oraison funèbre de la reine d'Angleterre, et celle de la princesse Henriette, qu'il prononça bientôt après, et qui fit verser tant de larmes, Louis XI V,qui cherchait un précepteur pour le dauphin , s'empressa d'appeler Bossuet comme le seul digne de remplir cette tâche si grande de l'éducation d'un roi. Un scrupule qui fait honneur à Bossuet l'arrêta quelque temps : il ne voyait pas de moyen de concilier ses devoirs H'évêque avec ceux du poste où le roi l'élevoit. Les instances de Loujs XIV Digitizéd by Google
BOS FRi NCE. bos 141 aux lettres cette liberté et cette bar- rait pu s'y attendre , et il étonne par \" daesse qui valent mieux que fart , et se ses connaissances en anatomie et en physiologie. Il avait consulté des natu- concilient avec les régies. Comme ralistes et des médecins illustres , et avait recueilli auprès d'eux tous les averti par un goût supérieur de ce renseignements nécessaires; mais, par que l'amour de l'ordre et l'élégance la manière dont il expose ce qu'on lui pouvaient ôter à la littérature contem- a communiqué, il se l'approprie et poraine de vivacité et d'inspiration semble l'avoir découvert. C'est quel- il dit à l'assemblée , avec un ton que chose de merveilleux chez lui que d'autorité qui lui était bien permis : « Vous prendrez çarde qu'une trop , « scrupuleuse régularité, qu'une délica- la facilité et la souplesse avec laquelle « tesse trop molle n'éteignentlefeudes « esprits et n'affaiblissent la vigueur du son génie se prête à tous les sujets « style. » Il se prononce plus loin contre qu'il aborde; il a, dans tous, la même cette critique qui fait la docte et la aisance et la même force, quelque éloi- curieuse par de bizarres raffine' gnés qu'ils soient du cercle ordinaire ments. a Faites paraître, dit -il, une de ses occupations et de ses idées. critique sévère , mais raisonnable. » Ici , on croirait qu'il n'a fait toute sa Ces principes, que quelques hommes vie autre chose qu'étudier la structure avec lui ont seuls compris nu dix-sep- du corps humain, et les secrets rap- ports des organes avec l'intelligence. tième siècle , font de ce discours de En célébrant les exploits de Condé, il réception un ouvrage remarquable qui parlera de campements et de combats n'est pas assez connu. Bossuet le ter- avec l'exactitude et l'enthousiasme mine par un éloge de Louis XIV, où respire le plus sincère enthousiasme, d'un homme de guerre ; et son récit de et par la vive expression des espé- la bataille de Rocroy sera plus vrai • rances qu'il conçoit de son royal élève. que l'histoire. En racontant la vie d'un L'éducation du dauphin allait-être, homme d'État célèbre , de ce Michel le pendant près de dix années, l'objet presque unique des travaux de Bossuet* Tellier qui fut le confident de Mazarin La postérité n'y a rien perdu : elle a et le père de Louvois , il semble un po- trouvé autant de chefs-d'œuvre dans litique nourri dans les conseils et les les écrits que le maître composait pour cabinets , tant le coup d'œil qu'il jette relève. Le premier de ces écrits fut le Traité de la connaissance de Dieu sur les affaires est pénétrant , tant ses et de soi-même. Là , Bossuet étudie la jugements ont de gravité et de finesse. nature morale et physique de l'homme Rien ne lui est étranger, tous les su- jets lui appartiennent, parce qu'il con- ; çoit tout pleinement et fortement , et que toutes ses impressions sont vives: et , par tout ce qu'il y découvre de fa- cultés , de besoins et de rapports , il Après le Traite de la connaissance s'élève peu à peu jusqu'à la connais- de Dieu et de soi-même, Bossuet en- sance de Dieu. Dans ce pian , qu'il dé- treprit de rassembler sous les yeux du veloppe avec son éloquence ordinaire dauphin tous les devoirs attachés à il ne se sert que de sa raison : il n'em- l'exercice de la royauté. Tel est le but prunte aucune preuve 5 la révélation de la Politique sacrée. Pour détermi- et à la théologie : il est philosophe, ner les attributions de la royauté, son mais sa philosophie n'admet rien qui origine, ses droits, Bossuet ne con- ne puisse s'accorder avec le dogme re- sulte ni la raison humaine, ni l'his- ligieux. Dans la partie où il examine les facultés intellectuelles et les pas- toire des différents peuples; il n'entre sions de l'homme , on reconnaît en lui dans aucune discussion , ne trace point un disciple de Descartes et un obser- de théorie ; il cite tous les passages de vateur attentif et profond. Dans celle l'Écriture, où la puissance royale est où il considère le corps humain, il définie , où les devoirs du prince sont entre dans les détails plus qu'où n'au- exposés; et faisant suivre chacun de ces fragments bibliques d'une courte réflexion qui les fait ressortir, il tran- Digitized by Google
M* bos L'UNIVERS. Bos ehc avec une simplicité hautaine les vine. La foi politique de Bossuet est . respectable, parce qu'elle tient étroi- questions les plus épineuses de la po- tement à sa foi religieuse. litique. Il y a peu d'invention , niais il y a beaucoup de majesté dans un tel Pour achever de donner à son élève ouvrage; les livres saints* sans cesse les connaissances qu'il croyait né- invoqués et traduits par Bossuet , com- cessaires pour former un roi , Bos- muniquent à ses propres pensées leur suet éleva ce monument immortel, sublimité naïve , et souvent on ne dis- qui, par sa hauteur, sa hardiesse sa régularité, son harmonie, peut tingue plus les citations d'avec le texte. être compté parmi les prodiges de l'esprit humain. On a tant de fois Au commencement, Bossuet proclame parlé de Y Histoire universelle, tant de voix éloquentes en ont célébré les la puissance absolue et illimitée du beautés incomparables, qu'il serait su- souverain ; à ses yeux , et d'après l'Écri- perflu d'exprimer 5 notre tour notre ture qu'il atteste les sujets ne sont admiration. Mais ce qu'on n'a pas as- sez remarqué peut-être, c'est la diffé- ? rence des caractères que Bossuet pré- sente dans les différentes parties de dans aucun cas dispensés de l'obéis- son ouvrage, dont chacune atteint à la perfection. Le préambule annonce sance : car, ou, comme il arrive sou- trois parties, dont la première doit être une revue rapide des principaux vent, le souverain n'est que l'instru- événements, depuis les premiers temps ment de la volonté divine, ou il agit jusqu'au siècle de Charlemagne ; la se- conde, une étude de la religion dans {>ar lui - même : dans le premier cas son origine, son développement et sa suite; la troisième, une histoire rai- 'obéissance est aussi nécessaire que la sonnée de la puissance et du déclin des soumission à Dieu ; dans le second grands empires. En se conformant à elle ne peut jamais être éludée ni re- ce plan , Bossuet est tour à tour abré- viateur sublime, théologien inspiré, fusée , même lorsque le souverain , in- historien profond ; partout grand écri- vain , sans chercher à l'être. Dans la iidèle aux devoirs que Dieu lui trace, première partie , il fait une chose qui se livre à ses passions et ne règne que paraissait impossible, et que personne pour les satisfaire; car alors ce n'est n'a su faire après lui : il Joint, dans un résumé , à la brièveté la plus sévère pas aux hommes qu'il appartient de le le mouvement, l'éclat et la chaleur de la plus haute éloquence. Dans la se- juger, mais à Dieu seul dont il dépend. conde, développant, par l'interpréta- Donc, selon la parole de l'Ecclésiaste, tion savante et majestueuse des livres personne n'a le droit de lui dire: saints, les conseils de Dieu sur son « Pourquoi faites- vous ainsi? » Voilà Église marquant d'une main infati- le résumé de ce passage important de la Politique sacrée, et il n'est pas , étonnant que la pensée qu'il contient gable et sûre les rapports des événe- ait soulevé bien des réclamations et ments avec les prophéties , rattachant avec une absolue rigueur l'ancienne loi attiré bien des reproches au grand à la nouvelle, il présente la religion, depuis les premiers jours jusqu'au siè- homme. En effet, le sentiment du devoir et la crainte de Dieu sont - ils cle présent, comme un vaste édifice un contre-poids suffisant à ce pouvoir immense, effrayant, dont la royauté dont toutes les parties se tiennent et est investie? Mais on doit avouer qu'en se repondent avec une unité et une beauté parfaite ; et ravi lui-même ù ce soutenant cette doctrine, Bossuet était spectacle , souvent il ne peut contenir conséquent à ses principes, et que, parti de la foi à la Providence, il devait arriver à cette conclusion. Croyant à l'intervention continuelle d'une Providence dans les événements de la terre , il fallait bien qu'il v it dans les puissants de la terre les ministres particuliers de cette Providence; dès lors il devait faire participer les mi- nistres à la majesté sacrée et à l'invio- labilité du maitre : il devait récuser pour les rois tout tribunal humain , et »e leur imposer qu'une juridiction di- Digitized by Google
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