BOD FRANCE. BOU 243 « Le clergé comprend beaucoup de taires d'Etat, lesquels, chacun dans personnes au tiers état et beaucoup leur sphère, expédient les affaires, d'étrangers, à qui les services rendus, gardent les papiers , sont les déposi- ou bien la faveur du roi , ont acquis taires des secrets les plus graves. Le des bénéfices ecclésiastiques ; mais la troisième office est celui des prési- noblesse en forme la partie la plus re- dents , des conseillers , des juges , des marquable. Les puînés des grandes avocats , et de tous ceux à qui la jus- maisons, ayant peu de part dans l'hé- tice criminelle et civile est confiée dans le royaume entier. Le quatrième esç ritage paternel , qui est presque tout dévolu aux aînés , embrassent l'état celui 'des trésoriers, des percepteurs $ des receveurs généraux, des receveurs ecclésiastique pour obtenir tout à la fois richesse et crédit. en détail, qui administrent tous les « Sous la dénomination de nobles revenus et toutes les dépenses de la on comprend ceux qui sont exempts de couronne. Il s'ensuit que le peuple tout impôt , et qui doivent seulement possédant tous ces importants offices prêter leur service personnel en cas par lesquels s'acquièrent la réputation de guerre. Parmi eux, il faut compter et la richesse que la dignité de grand ; les princes et les barons. chancelier et toutes les innombrables « Le tiers état comprend les lettrés charges judiciaires se donnant aux qu'on appelle hommes de robe longue; hommes lettrés et aux hommes de robe, les marchands, les artisans, le peuple tout le monde veut envoyer aux études et les paysans. Celui des hommes de quelqu'un de sa famille ; et voilà pour- robe qui est président ou conseiller, quoi le nombre des étudiants est plus ou décoré de quelque fonction sem- grand en France que partout ailleurs. blable, est anobli par sa charge, et Paris à lui seul en renferme plus de on le traite comme un noble pendant quinze mille. Depuis quelque temps toute sa vie. Les marchands , aujour- les princes eux-mêmes envoient leurs d'hui, étant les maîtres de l'argent, enfants à l'étude , notamment les puî- sont choyés et caressés ; mais ils n'ont nés , non pas pour les destiner à ces aucune prééminence ni dignité, car emplois, mais pour les faire entrer toute espèce de trafic est regardée dans l'Église parce qu'à présent on , comme indigne de la noblesse. Ainsi ne donne plus avec autant de facilité ils sont rangés dans le tiers état; ils les sièges épiscopaux à des ignorants. payent leurs impôts tout comme les Plût à Dieu que , pour le bien de la chrétienté on eût pris ce soin -là non nobles et les paysans, dont la , classe est la plus durement traitée, plus tôt. tant par le roi que par 'les privilégiés. « Le gouvernement est entre les L'empereur Maximilien disait du roi mains des nobles et des prélats. de France qu'il était le roi des ânes « Voilà ce que j'avais à dire du nom- parce que son peuple portait en paix bre et du caractère des populations en toutes sortes de poids sans se plaindre. France , et des services que la cou- « Tous les trois états servent à leur ronne retire des trois états. Chacun manière le royaume. Celui du peuple de ces trois états faisant son devoir a dans ses mains quatre offices impor- sans envier les autres , en contribuant tants ; et je ne sais pas si cela lui vient pour sa part au bien du pays , en ai- d'une loi ou d'une ancienne coutume, dant le roi l'un par le conseil , l'autre ou bien de ce que les nobles ne daignent par l'argent, l'autre en lui consacrant pas y toucher. La première charge est sa vie , ils ont rendu la France invin- celle' de grand chancelier, qui entre cible et formidable à tous les peuples dans tous les conseils garde le sceau du monde (*). » , royal, et sans l'assentiment duquel rien ne peut se délibérer, ou rien de (*) Relations des ambassadeurs 'vénitiens. Paris, io-4 , i838. Ces appréciations si cu- décidé ne pourrait se mettre à exécution rieuses et si vraies, faites en i56i par Le second office est celui des secré- , 16. Digitized by Google
214 BOL' L'UNIVERS. La bourgeoisie, à la fin du seizième régence de Marie de Médicis les dé- siècle , a joué , dans les guerres de re- putés du tiers ne représentaient guère ligion , un rôle important ; et son in- Î[tie la bourgeoisie privilégiée opu- tervention , au milieu des violences de , tous les partis , a exercé une grande in- ente ; ils ne venaient aux sessions que pour défendre les intérêts de cent fluence sur les desti nées de notre patrie. mille familles au plus de magistrats, Elle se tint alors à égale distance des d'officiers royaux , de financiers , sé- calvinistes et des catholiques exagérés. parés par leur crédit et leurs richesses En réprouvant également* les uns et de vingt millions d'individus qui ne les autres, elle rendit au pays un émi- formaient point un ordre; en un mot, nent service , car elle contribua puis- qui n'étaient pas même comptés samment à rejeter hors du royaume comme membres de la nation. Les les soldats de l'Espagne et de l'An- intérêts de la bourgeoisie étaient donc gleterre. Nous n'insisterons pas sur bien distincts de ceux des dernières ce point , et il nous suffira de dire classes , des intérêts du vrai peuple ; que ce furent les hommes habiles, ins- cela devenait évident surtout, au mo- truits et prudents de la bourgeoisie, ment des révolutions, pendant la li- ceux que l'on désignait , à cette époque gue ou pendant la fronde , quand il y par le nom de politiques, qui firent la avait lutte entre le parlement et les Satire Ménippée, et placèrent Henri IV halles. Or, les riches bourgeois étant sur le trône. les seuls admis à représenter tout à la Il n'est pas inutile ici de parler en fois et la classe moyenne à laquelle quelques mots d'une classe à part, ils appartenaient, et la classe infé- qui, depuis la fin du quinzième siècle, rieure qui leur était étrangère et par- s'était constituée au sein même de la fois hostile, on voit combien cette bourgeoisie. Nous voulons parler de représentation de l'immense majorité la classe des hommes de robe. Au de la France était irrégulière, incom- quatorzième siècle, dans les premiers plète et vicieuse. Toutefois, il faut le états généraux, les représentants du reconnaître, yil eut des moments où, en haine du clergé et de la noblesse tiers état étaient les notables des vil- Ales. l'assemblée de Tours qui fut qui les accablaient de leurs mépris , , les députés de la bourgeoisie défen- convoquée en 1484, sous le gouver- nement de la dame de Beaujeu, la re- dirent vivement et hardiment la cause du peuple. Ce fut urt député du tiers présentation du troisième ordre fut notablement modifiée par l'apparition état qui après avoir attaqué avec , des gens de robe. Cette classe nou- franchise et énergie les abus dont se velle devint bientôt la partie influente rendaient coupables les nobles et les de la bourgeoisie , et elle domina gens d'église, prononça, aux états de presque exclusivement , dans le tiers 1G14, ces éloquentes paroles : « Le état , à la session de Blois , en 1588. « peuple doit être préservé de l'op- Ce fut elle , comme nous l'avons dit « pression des gens de guerre. Que gui plaça Henri IV sur le trône , et ce « les paroisses exemptes des loge- , fut elle encore qui parut aux états de « ments , contribuent à la dépense de 1014 (*). Remarquons que sous la « celles qui fournissent des logis, sans « différence de la terre du noble , de un Italien nourri dans les secrets de la « l'ecclésiastique ni du bourgeois , politique la plus habile du siècle, se rat- « puisque tous sont vos sujets égale- tachaient trop directement à notre sujet pour que nous pussions les passer sous si- employées aux offices judiciaires. Ces fa- milles, par leurs charges, représentaient lence. 419,630,840 livres en numéraire, somme (*) Voici un fait qui pourra nous donner énorme pour l'époque , et qui était ainsi dé- une idée de l'influence que devait exercer au tournée de l'agriculture , des arts et du com- dix-sepiième siècle la classe des gens de robe : « En 1664, il y avait 45,780 familles merce.» (Forbonnais, Histoire de finança.) )igitized by Google
BOU FRANCE. bou 245 « ment contribuables aux charges du les gens de qualité , cherchoit à les « royaume Outre ce, défendez connoître et à les distinguer; aussi en a-t-on fait le proverbe des trois « les corvées qui chargent le peuple places et des trois statues de Paris : Henri IV avec son peuple sur le Pont- « autant que les tailles , un pauvre Neuf; Louis XIII avec les gens de qualité à la place Royale qui, de son « homme étant contraint de laisser temps, a été le beau quartier, et Louis « ses semailles , d'abandonner son XIV avec les maltôtiers dans la place « août, et d'aller à la corvée pour le des Victoires. Celle de Vendôme, faite longtemps depuis, ne lui a guère donné c gentilhomme. Que tel acte soit dé- meilleure compagnie (*). » « claré roturier et puni avec toute rî- Enfin , la révolution a fait dispa- « gueur , et vous roidissez généreuse- raître l'injurieuse distinction établie « ment contre leurs oppressions ; c'est depuis tant de siècles entre la bour- « le plus sûr moyen de retenir tant geoisie, confondue avec le peuple , et les autres classes de l'État. « de têtes avec une seule téte, etran- De nos jours on recueille sur tous « ger doucement , sous quelque joug les points de la France les documents « commun d'obéissance , cette grande qui doivent servir à donner une his- toire à l'ancienne bourgeoisie fran- « multitude inquiète , désunie et tur- çaise; l'illustre écrivain qui s'est chargé de coordonner et de rédiger « bu lente (*). » cette partie de nos annales disait na- guère, en rendant compte des com- L'histoire de la bourgeoisie fran- mencements de sa vaste entreprise : « Il y a certes un grand mérite d'à- çaise n'offre rien de remarquable propos dans l'intention de recueil- lir et de rassembler en un seul corps pendant le dix-septième et le dix-hui- tous les documents authentiques de tième siècle ; les magistrats , les com- l'histoire de ces familles sans nom merçants, les hommes qui se livraient mais non pas sans gloire , d'où sont sortis les hommes qui firent la révo- aux professions industrielles conti- lution de 1789 et celle de 1830 nuèrent à jouir comme par le passé En effet, de grandes leçons et d'une grande influence , sans parvenir de beaux exemples pour le siècle pré- néanmoins à obtenir par les bons et sent peuvent sortir de la révélation de cette face obscure et trop négligée de loyaux services qu'ils rendaient à six derniers siècles de notre histoire nationale. Il y avait , chez nos ancê- l'État, le rang et les droits du clergé tres de la bourgeoisie, cantonnés dans leurs mille petits centres de liberté et et de la noblesse. Toutefois , dans le cours de ces deux siècles, il est une d'action municipales, des mœurs for- tes, des vertus publiques, un dévoue- Sériode que nous devons signaler, ment naïf et intrépide à la loi com- amais l'ancienne bourgeoisie ne fut mune et à la cause de tous; surtout ils possédaient à un haut degré cette f>lus estimée et plus honorée que sous qualité du vrai citoyen et de l'homme e règne de Louis XIV. Ce roi, qui eut politique qui nous manque peut-être pour principal ministre Colbert , et , plusieurs autres encore, qui par leur aujourd'hui, et qui consiste à savoir net- naissance tenaient à la classe moyenne, tement cequ'on veut, et à nourrir en soi des volontés longues et persévérantes. s'entourait volontiers de bourgeois. (*) Mémoires de Saint-Simon, 1. 1, ch. 7. Il les faisait entrer dans ses conseils, leur donnait les moyens de prendre place dans le système d'administra- tion qu'il avait créé, encourageait leurs professions diverses et les com- blait de prévenances. Cette tendance du monarque n'échappa point aux contemporains; la noblesse surtout voyait avec un sentiment haineux k'alliance de la royauté et de la bour- geoisie, et l'on trouve dans les Mé- moires de Saint-Simon cette phrase pleine de dépit : « Louis XIII aimoit (*) Cimber et Danjou , Archives curieuses de l'histoire de France, a« série, i*vol. Digitized by Google
246 BOC L'UNIVERS. BOU « Dans toute l'étendue de la France histoire que l'on doit mettre en lu- actuelle, pas une ville importante qui mière. Aujourd'hui seulement on peut n'ait eu sa loi propre et sa juridiction rappeler le passé de l'ancienne bour- municipale pas un bourg ou simple geoisie sans prévention et sans haine, ; car il n'y a plus en France ni noblesse, village qui n'ait eu ses chartes de franchise et ses privilèges commu- mni clergé, tiers état, mais une agré- naux et, parmi cette foule de consti- gation d'individus qui , ayant indis- ; tinctement les mêmes devoirs, peuvent tutions d'origine diverse, produit de la lutte ou du bon accord entre les revendiquer les mêmes droits , et qui, seigneurs et les sujets , de l'insurrec- bien qu'isolés en apparence par des 1 tion populaire ou de la médiation intérêts particuliers , tiennent cepen- royale , d'une politique généreuse ou dant par un lien commun à une seule et même famille, la nation; de calculs d'intérêts d'antiques usa- , ges rajeunis ou d'une création neuve Bouhgeois, monnaie. (Voyez Bour- et spontanée (car il y a de tout cela ges (monnaie de). dans l'histoire des communes), quelle Bourgeois (Louise), dite Boursier, infinie j'allais dire quelle admirable accoucheuse de Marie de Médicis, a , publié, outre plusieurs ouvrages esti- variété d'inventions, de moyens de précautions, d'expédients politiques! més sur sa profession , le Récit véri- Si quelque chose peut faire éclater la table de la naissance de messeigneurs puissance de l'esprit français, c'est la et dames les enfants de France, Par- prodigieuse activité de combinaison ris, 1625, m- 12. Ce petit livre con- qui , durant quatre siècles , du dou- tient des anecdotes d'une curieuse zième au seizième, n'a cessé de s'exer- naïveté. cer pour créer, perfectionner , modi- Bouhgeois (Nicolas), maréchal des loçis au 12e dragons. Les troupes fran- fier, réformer partout les gouverne- ments municipaux, passant du simple çaises qui couvraient Maubeuge ayant au complexe , de l'aristocratie à la dé- été repoussées par l'armée autrichienne mocratie, ou marchant en sens con- et forcées de rentrer dans la place, les traire, selon le besoin des circons- représentants du peuple résolurent de tances et le mouvement de l'opinion* faire connaître aux chefs de notre ar- mée la situation de cette ville, qui Voilà quel spectacle digne d'intérêt et de méditation m'ont présenté les bloquée par des forces supérieures, deux mille pièces ou sommaires de pouvait d'un instant à l'autre tomber pièces authentiques dont j'ai déjà pris au pouvoir de l'ennemi. Douze dra- connaissance. J y ai vu la bourgeoisie gons, ayant à leur tête le maréchal française non-seulement ferme et in- des logis Bourgeois , vinrent solliciter telligente dans la gestion de ses affai- l'honneur de s'acquitter de cette mis- res locales, mais , ce que l'on a trop sion qui était des plus périlleuses. Ces oublié depuis, honorée par les chefs de treize braves sortent pendant la nuit, l'État comme un pouvoir politique, traversent le camp ennemi , passent la Sambre à la nage , et se faisant jour appelée en garantie dans les traités conclus avec les puissances étrangères, à travers la cavalerie autrichienne qui complimentée et même flattée par les ne cesse de les poursuivre, ils se di- rois et les régents du royaume (*). » rigent sur Philippeville, où ils entrent On ne saurait méconnaître ce qu'il avant le jour. Sans mettre pied à terre, y a de grand et de patriotique dans Bourgeois fait tirer le canon, pour que cette entreprise commencée et pour- la garnison de Maubeuge soit avertie suivie avec un zèle infatigable. Ce qu'ils ont réussi dans leur entreprise; n'est l'œuvre d'aucun parti , mais ils repartent sur-le-champ pour Givet, comme le dit M. Augustin Thierry, remettent des dépêches au général une /ace obscure et négligée de notre commandant la place, et arrivent au- près du représentant Perrin des (*) Aug. Thierry, Rapport au ministre. Vosges qui réunit à la hâte son corps , Digitized by Google
FRANCE. bou 347 d'armée, vole au secours de Maubeuge, chise qui l'honore, que l'ennui fut et en fait lever le blocus. son seul Apollon. Il mourut à la Ro- Bourgeois (N.), né à la Rochelle, chelle, en juillet 1776, à l'âge de en 1710, a fait de nombreuses recher- soixante-six ans. ches sur des sujets historiques, et s'est Bourgery (J. M.), né à Orléans particulièrement occupé de l'histoire en 1797, entra, en 1811, à l'école de du Poitou. On a de lui : Dissertation médecine de Paris. Reçu élève externe sur l'origine des Poitevins et sur la des hôpitaux en novembre 1815, il ob- position de /'Augustoritum ou Limo- tint, l'année suivante, au concours, le num de Ptolémée; Dissertation sur titre d'élève interne. En 1817 et 1818, le lieu où s'est livrée la bataille dite il obtint les prix de l'école pratique de Poitiers , en 1356, insérée dans le ; Journal de Trévoux (septembre 1743): et, en 1819, la médaille d'or des hô- Apitaux. l'expiration de son internat, Bourgeois place le champ de bataille M. Bourgery fut employé comme mé- entre Maupertuis et Béaumont près decin aux fonderies de cuivre de Ro- , de la route de Poitiers à Châtelleraut, milly-sur-Andille. Mais le pays n'of- contrairement à l'opinion générale, frant aucune ressource pour l'exercice d'après laquelle l'action eut lieu sur la de la médecine, il ajouta à ses fonc- ligne de Poitiers à Limoges, auprès tions celle de chimiste pour les ana- de Beauvoir et de Noaillé ; Relation lyses des métaux , et fonda , dans l'éta- de la prise de Ham bourg par les An- blissement, une fabrique de sulfate de glais; Éloge historique de la Ro- cuivre qui a continué de prospérer. chelle; Fragment sur les premiers Revenu à Paris en 1827, il se fit rece- temps de t histoire du Poitou; No- voir docteur la même année, et soutint, tices biographiques sur les frères pour obtenir ce grade, une thèse inti- Girouard, de Poitiers, sculpteurs; tulée : Quelaues faits sur l'emploi des Recherches historiques sur l'empe- ligatures circulaires des membres. reur Othon IP\\ où ton examine si ce Cette thèse , considérablement ampli- prince a joui du duché d'Aquitaine et du comté de Poitou, en qualité de fiée , parut deux mois plus tard, comme qn mémoire original, dans le Journal propriétaire ou de simple adminis- des progrès. Livré dès lors à la litté- trateur, avec Vabrégé ae sa vie, ou- rature scientifique , M. Bourgery pu- vrage qui répand un grand jour sur blia, en 1828, un Traité de petite chi- une partie de notre histoire; Amster- rurgie, qui a été traduit en anglais et dam (Paris) , 1775 , in-8° : il résulte des en allemand. Il commença, en 1829, recherches de l'auteur que c'est à titre avec M. Jacob, la publication du Traité de gouverneur et non pas comme pro- complet de Vanatomie de lhomme, priétaire que l'empereur Othon IV a renfermant la médecine opératoire; et, administré les deux provinces en ques- en 1834 , VAnatomie élémentaire. Déjà tion ; Éloge historique du chancelier il a été parlé de cet ouvrage important de l'Hôpital; Réflexions sur le champ à l'article Anatomie (voyez ce mot). de bataille entre Clovis etAlaric : selon Qu'il nous suffise de dire* ici que l'ou- • lui, cette bataille, dite de Vouillé, au- vrage de M. Bourgery est un des plus rait été livrée à Ci vaux ou dans les envi- beaux dont se glorifiera notre siècle. Arons; Lettre sur une charte de Clovis. Il tous les faits que pouvaient lui ré- paraît que les manuscrits de Bourgeois véler les connaissances historiques les sont perdus depuis longtemps; c'est Slus approfondies, l'auteur y joint des une perte réelle pour l'histoire. Il fit écouvertes qui lui sont propres; et il en Amérique une longue résidence, ,a eu le talent de ramener l'attention pendant laquelle il composa sur Chris- des anatomistes sur des particularités tophe Colomb un poème en vingt-quatre entrevues par d'anciens auteurs, mais chants. Bourgeois était savant, mais» oubliées, ou même rejetées, par des ob- ne possédait aucun des dons du poète servateurs moins attentifs que lui. ; aussi est-il convenu avec une fran- Boubges, Avaricum, puis Bituri- Digitized by Google
248 BOU L'UNI ERS. BOU ges, ancienne capitale du Berri, au- des mantelets et construire deux tours. jourd'hui chef-lieu du département du Ce fut en vain que les Gaulois opposè- Cher, à 24 myriamètres de Paris. rent la plus vive résistance. En vain Cent trente-neuf ans avant la fonda- détruisirent-ils, à plusieurs reprises, les tion de Rome, six cent quinze ans ouvrages des Romains ; ils ne firent que retarder leur propre ruine ; la tactique et avant notre ère Bourges ou Avari- l'habileté triomphèrent encore une fois , cum était déjà une ville importante. Amhigat, qui y régnait, avait étendu du courage; les soldats de César pé- sa domination sur toute la Gaule; nétrèrent dans la ville, et en massa- c'est de Bourges que partirent alors crèrent tous les habitants, sans dis- sous la conduite de BeMovèse et de tinction d'âge ni de sexe. De plus de Sigovèse , ces deux grandes émigra- quarante mille combattants qui s'y tions de Gaulois, qui allèrent s'établir étaient enfermés, à peine enéchappa-t-il en Italie et dans la forêt Hercinienne. huit cents. (Voyez Ambigat, Bellovèse, Bo- Bourges fut , depuis cette époque hême et Sigovèse.) soumise aux Romains. Sous Auguste, Depuis cette époque jusqu'à la con- elle prit le titre de métropole de l'A- quête de la Gaule par César, nous ne 3uitaine, et fut constamment la rési- trouvons plus dans les historiens ro- ence du préfet de cette province. mains, les seules sources de l'histoire Lors de la division de l'Aquitaine en ancienne de notre patrie, aucun fait trois parties, sous Honorius, elle de- concernant la ville de Bourges. Mais vint la capitale de la première Aqui- à cette dernière époque, Avaricum taine. Les Visiçoths s'en emparèrenten joue de nouveau un grand rôle parmi 475 ; mais après la bataille de Vouillé, les cités de la Gaule. elle se soumit volontairement à CIo- Vercingétorix , vaincu par les Ro- vis. mains à Villodaunum, à Genabum et Bourges, devenue alors la capitale à Noviodunum avait pris le parti de la province, désignée depuis sous le , de brûler toutes les places que leur nom de Berri , suivit les destinées de Sosition ou la faiblesse de leurs forti- cette province. (Voyez les articles cations ne pouvaient préserver d'une Berri et Bourges ) (comtes et vi- attaque. Il craignait que les traftres comtes de). n'y trouvassent un refuge, et qu'elles Cette ville soutint plusieurs sièges né servissent de places d'armes aux remarquables, et fut plusieurs fois Romains. Plus de vingt villes des Bi- prise et reprise. Les habitants du turiges furent ainsi livrées aux flam- Poitou , de rAngoumois et de la Tou- mes dans un même jour, et Pou déli- raine s'en emparèrent en 585, et la bérait sur l'opportunité de faire subir détruisirent en partie. Pépin le Bref s'en rendit maître après un long siège, le même sort à Avaricum lorsque les en 762. Prise et pillée par lès Nor- , Bituriges demandèrent avec instance qu'on ne les forçât point à brûler de mands en 878, elle fut encore assié- . leurs mains l'une des plus belles villes gée , mais en vain par le duc de , de la Gaule, qui, d'ailleurs, située au Bourgogne en 1412. milieu des marais , et entourée pres- C'est à Bourges que Charles VII que de tous côtés par une rivière pro- transporta, au commencement de son fonde, était d'une défense facile. Ver- règne, pendant que les Anglais étaient cingétorix , cédant aux prières des maîtres de la capitale, le siège de son habitants , épargna cette ville , et en gouvernement. Les protestants, com- mandés par le duc de Montgommery, confia la défense à des hommes d'é- lite. César ne tarda pas à se présenter s'emparèrent de cette ville en 1562, et devant la place; il vint asseoir son commirent les plus grands excès, camp dans l'endroit où la rivière et les marais laissaient une étroite avenue. ais quelques mois après, une armée Il y fit élever une terrasse dresser royale vint les y assiéger ; ils furent forcés de se rendre après une résis- Digitized by Google
bou FRANCE. bou 249 . tance de quinze jours , et quelques semble. » Après leur cathédrale , les , jours après la Saint-Barthélémy, les habitants de Bourges montrent aussi catholiques se livrèrent contre eux avec orgueil la maison de Jacques Cœur, oui leur tient lieu maintenant aux plus horribles réactions. La Châ- tre, qui y commandait pour la ligue, d'hôtel de ville et de palais de justice. se soumit, en 1594, à Henri IV, et lui rendit la ville et la Grosse Tour. La Bourges est le siège d'un archevêché d'une cour royale , d'une division mi- ville de Bourges fut encore prise , en litaire et d'unê académie universitaire. 1615, par les protestants, et reprise, Elle possède un collège roval et un l'année suivante par le maréchal de séminaire diocésain; sa bibliothèque , publique, où l'on remarque plusieurs Montigny. Le prince de Condé , en guerre contre le parti de la cour, cher- manuscrits précieux, compte vingt cha inutilement a attirer les habitants mille volumes. Enfin, sa population de Bourges dans son parti. Louis XIV s'élève à dix-neuf mille sept cent trente y fit, la même année, son entrée solen- habitants. nelle, et, sur la demande des habitants, Boubgbs ( comtes et vicomtes de ). ordonna la destruction de la forteresse Comtes de Bourges. dite la Grosse Tour. Sous la domination des rois franks Bourges fut plusieurs fois ravagée le Berri fut gouverné par des comtes par des incendies-, celui de 1487, en- qui finirent par le convertir en fief tre autres, détruisit plus de trois mille maisons, et porta au commerce de héréditaire. Ces comtes, qui étaient cette ville , alors florissant, un coun funeste^ dont il ne s'est jamais relevé dans la mouvance des ducs d'Aquitaine, sont inconnus jusqu'à 1° Chunibert, établi comte de Berri depuis. Les fabricants de draps, dont par Waiffre , duc d'Aquitaine dépos- , le nombre était considérable quittè- sédé ensuite, et fait prisonnier par , rent alors cette ville, et allèrent s'éta- Pcpin le Bref. blir dans d'autres lieux. Lyon fut une 2° Charlemagne lui donna Humbert des villes qui profitèrent le plus du pour successeur. désastre de Bourges. 3° Sture succéda à celui-ci. Il s'est tenu , dans cette ville, sept 4° fVifred, Egfrid ou Acfred, gou- conciles, sans compter l'assemblée au vernait en 828 ; ÏÏ mourut vers 838. clergé, réunie en 1438 , par ordre de 5° Gérard fut dépossédé, en 867, Charles VII, et où fut décrétée la s par Charles le Chauve qui donna le , pragmatique sanction. comté à Egfrid. Cependant Gérard par- L'université de Bourges, fondée par vint à se maintenir contre son compé- Louis XI, en 1463, jouit longtemps titeur, qu'il tua en 868. Charles, pour d'une grande célébrité, qu'elle dut au le punir de sa résistance ravagea le mérite de ses professeurs, et surtout , du plus illustre d'entre eux, le fameux Berri; mais la royauté était alors si faible que le comte de Bourges se main- Cujas. tint dans son fief jusqu'en 872. Le monument le plus remarquable 6° Boson, comte de Provence , rem- de Bourges est sa cathédrale , « que plaça alors Gérard , dont le roi Charles l'on met avec raison, dit un juge lui avait donné les dignités; mais, plus compétent (*), au nombre des plus belles de France, parmi lesquelles tard , il se révolta contre Louis le Bègue, même aucune ne pourrait lui être comparée , si cet immense édifice eût et fut renversé en 878 par été achevé assez rapidement pour 7° Bernard Ier, marquis de Septi- éviter des différences de style qui manie , puis comte de Poitiers, parent de cet Egfrid tué par Gérard. Bernard avait revendiqué sur Boson l'héritage nuisent aujourd'hui à l'effet de l'en- d'Egfrid; et, soutenu par Gotfrid, comte du Maine, et par Gauslin, évéque (*) Noies d'un voyage en Auvergne et de Paris, ses oncles, il s'était emparé dans le Limousin, par M. Mérimée, p. 4. de Bourges. Maître de cette ville , il Digitized by Google
I 250 BOtJ LTJN1 ERS. Bofr en défendit l'entrée à l'archevêque Fro- lippe 1\" sa vicomté pour soixante mille taire s'empara des biens de rëglise sous d'or. Il se distingua pendant la , croisade , fut pris à la bataille de Rama et exigea des habitants un serment de fidélité contraire à celui qu'il devait (27 mai 1102). Remis plus tard en li- lui même au roi. Mais aussitôt il fut berté , il revint en France ; mais, d'a- près les conseils du pape Pascal II , il excommunié par le concile de Troyes, et attaqué, en 879, par une armée'que alla se faire moine à Cluny , où il était Louis le Bègue avait donnée à Boson. profès en 1109. 8° Boson pour la seconde fois. —Bourges (États de). La ville de Maître de Bourges , Boson le fut bien- Bourges a été plusieurs fois le lieu de tôt de tout le pays. Cependant il fit la réunion des états généraux. Philippe paix avec Bernard , et lui donna en fief, le Long y assembla, en 1316, les procu- dans son nouveau royaume de Pro- reurs des principales villes du royaume vence , le comté de Mâcon. Il comptait ; s'en faire ainsi un appui contre les mais M. Beugnot (*) ne compte pas cette assemblée au nombre des états deux rois Louis et Carloman. Mais généraux que , dans * , parce ses lettres ceux-ci assiégèrent Bernard dans Mâ- adressées aux justiciers du royaume, le - con vers la fin de 879; et probable- roi ne parle ni du clergé, ni de la no- ment après s'être rendus maîtres de blesse, dont la présence était néces- , sa personne , ils le firent mettre à mort. saire pour constituer une véritable as- 9* Guillaume er le Pieux , comte semblée d'états généraux. I, On peut en dire autant des états d'Auvergne, devint comte de Bourges en 886. qui y lurent tenus, en 1422, par Char- les VII. Ce prince était alors maître 10° Guillaume II, le Jeune qui lui , d'une trop faible étendue de territoire succéda, fut toujours en guerre avec Raoul , roi de France, qui , à sa mort, pour que les députés des provinces en 927, supprima le comté de Bourges, qui reconnaissaient son autorité pus- donna la propriété de Bourges au vi- sent constituer légalement des états comte de cette ville, et décida qu'à généraux. l'avenir, ce vicomte , le seigneur de Les historiens font mention d'une Bourbon , le prince de Déols , et les troisième assemblée tenue à Bourges autres seigneurs du Berri , relèveraient en 1435, où se trouvèrent le dau-' immédiatement de la couronne. phin, les princes du sang, tous les Vicomtes de Bourges. grands du royaume, et à laquelle les 1° Geoffroi, dit Papabos, fut, ainsi envoyés du concile de Bâle présentèrent que nous l'avons dit, nommé par Raoul Onles canons décrétés par ce concile. . a confondu cette assemblée avec une vicomte héréditaire de Bourges. C'est autre tenue la même année, on ne pendant son gouvernement que les Hongrois ravagèrent le Berri en 935. sait pas précisément dans quelle ville, Ses successeurs furent mais où les trois états consentirent 2° Geoffroi II, dit Bosbebas. au rétablissement des aides que le roi 3° Geoffroi III, le Noble, en 1012. avait supprimées depuis son départ de 4° Geoffroi IV, le Meschin. Paris. ' 5° Etienne , fils de Geoffroi IV, était vicomte de Bourges en 1061 ; il mou- Bourges (monnaies de). Bourges était, dès l'époque gauloise, en pos- rut sans postérité. session d'un atelier monétaire ; on remarque «n effet, dans les cabinets Eudes: Arpin i époux de Mahaut, nièce d'Étienne, lui succéda dans la des curieux , de petites pièces de vicomté de Bourges, avec son beau- bronze représentant d'un côté un san- père, Gilon, seigneur de Sully. Mais glier, avec la légende avarico, et de a la mort de celui-ci , il resta seul maître (*) Chronologie des états généraux , dans de 19 vicomté. En 1101, se disposant l'Annuaire de la Société de l'histoire de France pour 1840 , p. ioo. à partir pour la terre sainte avec le duc d'Aquitaine , il vendit au roi Phi- Digitized by Google
> BOtT FRANCE, BOti Î51 l'autre un cavalier courant à gauche, sous le nom de Burgensis fortis Interrompue pendant la période ro- maine, la fabrique des monnaies dé ou novus, qui jouit d'un grand cré- Bourges fut reprise sous la domination dit jusqu'au règne de Philippe de Va* des Francs ; on connaît, de cette épo- lois. Le type de ces espèces nouvelles que, quatre tiers de sols d'or, qui por- n'était plus le même. La tête avait dis- tent les noms de quatre bfïiciers mo- paru, et, à la place , on avait mis le nétaires différents Agomarus, Anti- mot fortis ou novds, surmonté d'une couronne ou d'une fleur de lis. Le , nom du roi avait passé du côté de la dius, Aulisius, Medo.... avec celui de laville2tefttraasou/teore^as;cestrienà croix, qui, dans le burgensis novus, n'ont rien, du reste, de bien remarqua- avait perdu les fleurons qui ornaient ble. Leur type se compose d'une tête de profil, plus ou moins barbare, et d'une ses branches, tandis qu'elle- les avait Àcroix affectant différentes formes. conservés dans le burgensisfortis. La valeur du burgensis fortis ou double partir de Charlemague, les monnaies bourgeois était égale à celle d'un dou- de Bourges prirent une grande impor- ble parisis, c'est-a dire, qu'elle était à mrgem thaire firent monnayer dans cette ville vus, qui était probablement le même de nombreux deniers que le défaut que le bourgeois sinale ou simple dont , parle l'ordonnance ae 1811, était taillé d'espace nous empêche malheureuse- au même degré de fin et à 378 pièces ment d'analyser , et parmi lesquels nous nous contenterons de citer le de- au marc. Il valait un denier parisis. nier de Charles le Chauve, qui porté Les ordonnances ne parlent pas d'une la légende carlvs imp avg, celui de petite pièce, retrouvée dernièrement, Charles d'Aquitaine, à effigie, et enfin et qui n'était que la moitié du bour- celui de Lothaire, qui conserve comme geois simple, c'est-à-dire, une obole type le monogramme de Charles. Ce Bourgeoise. Malgré le nom de burgen- n'est pas tout encore: du temps de sis, que portait cette monnaie, on ne Raoul,lescomtesdeBourgesfrapperent saurait affirmer que Bourges fût le aussi des espèces portant leur nom : seul lieu où elle fût frappée : il est au celle de Guillaume II avec la légende de contraire probable que. de même que vvlblmo coiisetBiRTViGES, retrou- l'on monnayait en tous lieux des tour- vée dernièrement par M. Adrien de nois et des parisis, on frappait aussi Longpérier, est peut-être le plus an- partout des bourgeois. Quoi qu'il en cien denier baronial que l'on connaisse, soit, en diparaissant tout à fait, cette Quand le Berri eut été réuni au do- monnaie laissa de profonds souvenirs; maine de la couronne, les rois y con- tes gros à la queue et un grand nom- tinuèrent la monnaie locale, dont lé bre d'autres monnaies des derniers type devint alors une tête de face, Capétiens proprement dits, et des pre- barbue et couronnée, autour de la- miers Valois, présentent dans leurs quelle on lisait le nom du roi lvdo- typesde fréquentes imitations de l'em- vicvs rix, et au revers vrb bit vrica, preinte bourgeoise'. d'abord, sous Louis VI, autour d'une Charles VU pendant son séjour à , croix à branches égales puis sous Bourges, y fit fabriquer des espèces , Louis VII et sous les règnes suivants, de tous métaux, qui se reconnaissent autour d'une croix archiépiscopale encore à la lettre B, placée à la lin fleuronnée. . de la légende. Cette ville posséda aussi, A partir du règne de saint Louis, 1» dans les temps modernes, un hôtel des monnaie de Bourges disparut comme monnaies, dont la lettre monétaire toutes les monnaies locales, mais on était Y, et qui fut fermé seulement en vit reparaître, du temps de Philippe —1772. Bourges (de). le Bel, une espèce nouvelle, connue Des médecins de Digitized by Google
I 252 BOU L'UN rERS. BOC ce nom ont été pendant longtemps en l'époque où vivait cet auteur, aux em- bouchures de la Vistule, sur les bords possession de la confiance de la cour. de la Baltique. Chassés de ce pays par les Gépides , vers 245 , ils vinrent s'é- Jean de Boubges , à qui remonte la tablir dans la partie de la Germanie célébrité de cette famille, fut médecin —de Charles VIII et de Louis XII. Il comprise entre l'Elbe, l'Oder et le Danube , à l'est des Alemans, c'est-à- était né à Dreux. Son fils , Louis dire dans les pays appelés aujourd'hui Bohême, Thuringe et Bavière septen- de Bourges, né à Blois en 1482, suc- trionale. C'est de là qu'après quelques {;uerres contre les Romains , pendant cessivement médecin de Louis XII es règnes de Probus (277) et de Maxi- et premier médecin de François er , I contribua , dit-on , à abréger la capti- vité de ce prince , en persuadant à Charles-Quint que son illustre prison- nier n'avait plus longtemps à vivre. mien- Hercule (287), ils se dirigèrent Ainsi, ce serait dans la crainte que la sur la Gaule. mort de François er ne lui permît pas Ce fut en 407 que guidés par leur I , de profiter de ses avantages que le roi Gondicaire, ils passèrent le Rhin, monarque espagnol aurait consenti à décidés à prendre aussi leur part du se relâcher de ses prétentions. Louis de fjillage des Gaules ravagées alors par , Bourges a également rempli les fonc- es ALains, les Suèves et les Vandales. tions de premier médecin de Henri II. Ils se rendirent d'abord maîtres de Il mourut en 1566, à l'âge de soixante- l'Helvétie jusqu'au mont Jura puis , Î[uatorze ans , après avoir ainsi donné en 413, s'emparèrent du pays des Sé- es soins de son art aux trois rois de quanes et des Édues jusqu'à la Loire Louis XII, François er et Aet l'Yonne. la nouvelle de ces hos- —France I Henri II. Simon de Bourges, né à tilités, Constance marcha contre eux ; —Blois, et mort en 1566, fut médecin mais ils demandèrent la permission de de Charles IX. Jean de Bourges s'établir dans les pays qu'ils avaient —devint doven de la Faculté de Paris en envahis, offrant sans doute en échange 1654 ; il mourut en 1661. Son fils leur alliance à l'empire. Constance Jean de Bourges, médecin de l'Hôtel- engagea l'empereur a leur céder ce Dieu, est mort en 1684. territoire, et leur roi Gondicaire fut Bourgogne.— Le nom de Bourgo- reconnu pour ami et allié de l'em- gne s'est appliqué à diverses contrées. pire. Dans la plus grande extension du nom, En 435 , Gondicaire s'ennuyant , la Bourgogne comprenait tout le bassin d'un trop long repos porta le ravage , du Rhône; dans sa plus petite exten- dans la Belgique (*) ; mais il fut défait sion , le nom de Bourgogne a été ap- par AëtiuS , et obligé de demander la pliqué au pavs borné au nord par la paix. L'année suivante, les Burgondes Champagne , \"à l'est par la Franche- furent attaqués par les Huns qui , Comte , au sud par le Beaujolais , et à envahirent leur pays (**). Gondicaire l'ouest par le Bourbonnais et le Niver- fut tué dans une bataille , et vingt nais. mille de ses soldats y périrent avec lui. Après cette victoire, les Huns dé- Le nom de Bourgogne, en latin Burgundia , vient des Burgondes vastèrent le pays pillant les campa- (Burgundl ou Burgundiones) , peuple , germain qui s'établit dans ce pays au gnes et massacrant les habitants. Sui- cinquième siècle. Ce peuple, d origine germanique (voyez Barbares) , paraît vant un poème du septième siècle avoir été une tribu de la nation van- dale (*). Il est mentionné pour la pre- Attila aurait alors commandé les mière fois par Pline , et habitait , à Huns , et , dès cette époque , il aurait ravagé les Gaules jusqu'au Rhône. (*) Cf. Sid. Apoll. Paneg. Avit. 7, v. a33. (**) Sur cette invasion des Huns voyez , (*) Findili, quorum pars Burgundiones, Hist. de Bas-Empire de Lebeau, la note de , Pline, t. IV, c. 14. M. Saint-Martin, t. VI, p. 86. Digitized by Google
FRANCE. BOU 253 Selon d'autres auteurs , le roi des le rôle de maîtres, ils faisaient ce qu'ils voyaient faire aux clients romains de Huns était alors Uptar après la mort leur noble hôte, et se réunissaient de , grand matin pour aller le saluer par duquel les Burgondes se relevèrent et les noms de pere ou d'oncle , titre de taillèrent les Huns en pièces. Ils restè- respect fort usité alors dans l'idiome rent ensuite indépendants jusqu'en des Germains. Ensuite, en nettoyant leurs armes ou en graissant leur lon- 534. Voici la liste chronologique des gue chevelure, ils chantaient à tue- rois de leur nation : tête leurs chansons nationales, et, avec une bonne humeur naïve, demandaient Gondicaire, 407-436. aux Romains comment ils trouvaient Chilpéric, 436-491. cela (*). » Gondebaud, 491-516. Sigismond, 516-523. «C'est à moi, écrivait Sidonius à un Gôndemar, 523-534. «ami vivant en Italie, c'est à moi que Nous -n'entreprendrons point ici «tu demandes un épithalame pour de faire l'histoire des règnes de ces « Dioné de Fescenna, à moi qui vis au princes. Nous avons dit tout ce qu'on « milieu des peuples à la longue che- sait de Gondicaire. Le* lecteur trou- «velure, qui ai à supporter l'idiome « germanique, qui suis contraint d'ap- vera les détails qu'il pourra désirer « plaudir maigre moi aux chants d'un sur les successeurs de ce prince, dans « Bourguignon bien repu, dont la che- les articles spéciaux que nous leur « velure est arrosée d'un beurre rance. avons consacrés. Nous avons dû nous «Veux-tu que je te dise ce qui brise borner ici aux traits généraux de l'his- « ma lyre? Thalie, fugitive devant les toire des Burgondes. Voyons mainte- « instruments barbares méprise les nant quel était le caractère de ces , peuples. Les Burgondes ne formaient pas une «vers de six pieds depuis quelle voit « des patrons qui ont sept pieds de tribu remuante, guerrière. « Cette bon- «hauteur. Heureux tes yeux et tes homie qui est l'un des caractères ac- « oreilles ! heureux , oui heureux ton «nez vers lequel ne s'exhale pas , dix , «fois chaque matin, l'odeur infecte de « l'ail et de l'oignon ! heureux toi que tuels de la race germanique, se montra « ne viennent pas saluer avant l'auro- de bonne heure chez ce peuple. Avant leur établissement à l'ouest du Jura, «re, comme un aïeul ou comme un Sresque tous les Burgondes étaient gens « père nourricier, ces géants si grands e métiers , ouvriers en charpente ou « et si nombreux, que la cuisine d'AI- en menuiserie. Us gagnaient leur vie «ci nous aurait peine à les contenir! à ce travail dans les intervalles de paix, et étaient ainsi étrangers à ce double « Mais ma muse se tait ; elle s'arrête orgueil du guerrier et du propriétaire oisif, qui nourrissait l'insolence des « après avoir badiné en quelques vers autres conquérants barbares. « de onze syllabes : je craindrais qu'on « ne vît ici une satire. » « Impatronisés sur les domaines des propriétaires gaulois, ayant reçu ou Tel est le peuple qui, pendant un pris à titre d'hospitalité les deux tiers siècle, posséda les provinces orien- tales de la Gaule. L'étendue de son des terres et le tiers des esclaves , ce empire était , en 534 , assez considé- qui probablement équivalait à la moi- tié du tout , ils se faisaient scrupule rable (**). de rien usurper au delà. Ils ne regar- A leur arrivée dans les Gaules, les daient point le Romain comme leur colon, comme leur lite, selon l'expres- Burgondes avaient adopté l'arianisme. sion germanique, mais comme leurégal .(*) Thierry, Lettres sur l'histoire de- en droits dans l'enceinte de ce qui lui France, ie édit. , p. 99. restait. Ils éprouvaient même devant (**) Voyez carte 4 de l'Atlas joint aux les riches sénateurs, leurs coproprié- taires, une sorte d'embarras de par- venus. Cantonnés militairement dans ' une grande maison, pouvant y jouer Digitized by Google
254 Et)U L'UNIVERS. BOU Cette croyance leur fut nuisible : ils de Lyon, la Savoie et le Dauphiné; il eurent le sort de tous les peuples avait Lyon pour capitale. ariens, et disparurent prompteraent de la scène historique. Charles, 855-863. Ses fils Louis et Lothaire, 863. Leur pays devint ensuite une pro- Bozon* 879. vince de l'empire des Franks. Louis ïAveugle, 890. Hugues, Raoul, Charles-Constan- Contran, 561. tin, Bérenger, 929. Childebert II, 593. Thierri IL 596, meurt en 613. ROIS DE LA BOURGOGIfE TRANSJURANE. Pendant l'époque où la Bourgogne fut soumise aux rois mérovingiens, Le royaume de Bourgogne transju- elle fit partie du royaume d'Orléans, rane était composé de la Suisse jus- et suivit, en général, les destinées de 2u'à la Reuss , du Valais , du pays de la Neustrie. Pendant la durée de l'em- pire carlovingien, la Bourgogne forma renève, du Chablais et du JBugêy. Il se forma en 888, pendant l'anarchie ! qui suivit la déposition de Charles le Gros; il porta successivement les di- 1 'un des quarante duchés de cet em- vers noms de Bourgogne-Supérieure, pire; ce duché comprenait un certain Gaule- Cisalpine Bourgogne- Jurane nombre de comtés dont voici la liste aussi complète que possible : , Cotnitatus Aptentis. ou Transjurane. Il n'eut que deux Arausicu*. Augustodunensis. rois. Autissiodorenas. Aroltnsts. Rodolphe /er , 888-911. Rodolphe //, 912-933. Avrnticensis. Belnrnsis. ROIS DARLES. Cabilonensis. Cavilonensis. En 933 , Rodolphe II ayant fait la Dirionensis. conquête du royaume de Provence Forojuliensis. GcncvensU. réunit cet État au sien, et fonda ainsi liMfdiwnmii Massiliensis. un nouveau royaume qui prit le nom Maunciensis. Mvernensis. de royaume d'Arles. Ce nouvel État comprenait les pays situés entre la 'Dans le démembrement de l'empire Méditerranée, l'Italie, l'Allemagne et carlovingien, l'ancienne Bourgogne se l'Aquitaine, sauf le comté de Vienne, fractionna en deux parties : le royaume que Constantin s'était réservé, et qui de Bourgogne et le royaume de Pro- était dans la mouvance de la France. vence. Celui-ci est quelquefois appelé Les rois d'Arles furent : royaume de Bourgogne cisiurane, par Rodolphe II, 933-937. opposition au premier, designé sous Conrad le Pacifique, 937-993. le titre de Bourgogne transjurane. Rodolphe III le Fainéant , 993- 1033. ROIS DE PROVENCE, OU BOURGOGNE En 1033 , le royaume d'Arles fut CISJURANE. réuni à l'empire d'Allemagne par Con- rad le Salique, que Rodolphe III avait « nommé son héritier. Conrad et ses suc- Le royaume de Bourgogne cisju- cesseurs n'eurent en réalité que le titre rane , fondé par Lothaire en faveur de roi d'Arles ; tout ce royaume s'était de son fils Charles , en 855 , compre- partagé en une foule de principautés nait la Provence proprement dite, le héréditaires sous la simple mouvance Vivarais , le comté (TUzès , te duché de l'empire. Parmi ces vassaux nous citerons : « L'archevêque de Lyon. — d'Einbran. — de Besançon — de Vienne Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 255 de Bile, A la mort de Charles le Téméraire, — de Bdlai. Louis XI réunit la Bourgogne à la de Genève. France. — de Grenoble. — de Lausanne. Cette province forma depuis un — de Oap. gouvernement militaire, auquel on — de Die. ajouta la Bresse. Ce gouvernement — de Valence. était un pays d'états. Les états s'as- Tous décorés des titres de princes et semblaient à Diion de trois en trois comtes d'empire. ans. Dans la division de la France en Quant aux fiefs , le comté de Bour- départements, la Bourgogne et la Sogne, leDauphiné, la Provence, le Bresse .ont formé les quatre départe- connais, ils lurent réunis à la Fran- ce; la Savoie forma un État libre; la ments de la Côte-d'Or, de l'Yonne, de Suisse , démembrée à l'infini, resta à l'Allemagne. Saône-et-Loire et de l'Ain. Après avoir fait sommairement l'his- Bourgogne ( première maison toire des royaumes de Bourgogne, royale de). Deux branches de la fa- nous revenons à celle de la Bourgogne Proprement dite. Dans le partage de mille capétienne ont possédé tour à empire entre les fils de Louis le Dé- tour la Bourgogne à titre de duché. bonnaire, en 843, la partie de l'ancien royaume de Bourgogne située à l'ouest La première maison de Bourgogne du Rhône et de la Saône, et formant le duché de Bourgogne , fut séparée du eut pour chef Robert le Vieux, reste du royaume de Bourgogne , et resta attachée à la France. Ce duché deuxième fils du roi de France, Ro- fut l'un des fiefs les plus importants du bert Ier. Son frère aîné, qui monta sur royaume, et il fut successivement pos- sédé par plusieurs dynasties. le trône de France sous le nom de IftBMlàftS utwastib DM SUCS Dl Henri er avait porté d'abord le titre I, Ducs de duc de Bourgogne. Robert qui i* Richard le Justicier, 877. , a0 Raoul, gai. 3° Giselberl, 923. était l'objet des préférences de sa 4° Hugues le Noir et Hugues le Grand, o38. 5» Otton, 956. mère Constance , fut poussé par elle Ducs propriétaires. à la révolte contre son frère. Le but Henri le Grand, q65. de cette reine était de placer son fils de prédilection sur le trône, au mé- Êris du droit gui y appelait l'aîné. Lobert réussit à soulever une partie des vassaux turbulents de la cou- ronne, et s*empara de quelques places dont l'activité de son frère ne le laissa pas maître longtemps. Il échoua dans son entreprise, et fut trop heureux de recevoir, en échange de ses préten- tions à la couronne, le duché de Bour- Ducs de la première race* gogne que lui abandonna le roi Henri, 0 Henri II, 101 5. non point à titre d'apanage, mais en 7 8° Robert dit le Vieux, io3i. toute propriété pour sa race, ainsi que 0 9 Hugues er 1075. le font observer les auteurs de XArt 1, io° Eudes er dit Borel, 1078. I, ix° Hugues II , dit le Pacifique, 1102. de vérifier les dates. Robert était ia° Eudes II , n4>. d'un caractère violent et farouche. Il i3° Hugues III, 116a. tua, dans un accès de colère, le sei- ni4° Eudes III, 9 3. gneur de Semur, son beau-père, avec i5° Hugues IV, iai8. t6° Robert II , 1171. oui il s'était pris de querelle au milieu 0 Hugues V, i3o5. d'un repas. Ce crime eut pour consé- 17 quence un pèlerinage à Rome et ia i8° Eudes IV, i3i5. 0 Philippe I e ' de Rouvre, i35o. 19 Ducs de la seconde race. fondation d'un prieuré, sur les por- ao' Philippe II le Hardi, i363. tes duquel il fit sculpter l'histoire de ce meurtre. Ce monument subsistait ai° Jean sans Peur, 1404. 2a0 encore dans le siècle dernier. Philippe III le Ron 1419. , »3° Charles le Téméraire, 1467. Robert le Vieux abandonna le soin Digitized by Google
L'UNIVERS. BoU de la justice et du gouvernement ensuite en Palestine , et y mourut en 1102. Les chroniqueurs lui donnent de son duché à des mains faibles ou infidèles qui laissèrent tous les désor- un caractère violent et brutal , et des dres s'y introduire. Il mourut l'an habitudes de rapacité et de pillage qui 1075. s'exerçaient sur tous ceux qui pas- Hugues /*% petit-fils du précédent, saient 'dans ses États. Il laissa deux fils avait perdu son père en bas âge, dans et deux filles. HHugues une guerre faite au comte de Nevers. le Pacifique, succéda à Son aïeul Robert, voulut disposer de son pere en 1102.11 donna des secours , au roi Louis le Gros contre le roi son héritage en faveur d'un de ses on- cles, mais le jeune duc revendiqua ses d'Angleterre en 1109, et contre les Impériaux qui envahirent la Champa- droits avec tant de noblesse et de fer- meté , selon le récit d'Orderic Vital gne en 1124. Il termina sa carrière en Îue l'assemblée des vassaux réunie à 1142, après un règne de quarante ans, >ijon le reconnut pour suzerain avec dont la tranquillité lui valut le surnom acclamation. Les chroniqueurs vantent de Pacifique. Il avait épousé une fille son amour pour la justice, sa fermeté du vicomte de Turenne; il en eut six redoutable aux vassaux qui troublaient fils, qui se vouèrent presque tous à l'ordre et la paix de son gouvernement. l'Église. Une de ses filles , du nom de Il mérita l'amour de tous les gens de Svbille , épousa Roger II , roi de Si- bien, dit Orderic Vital, et se rendit ter- cile. rible comme la foudre aux méchants UEudes Unt fils de Hugues II. his- qui ne connaissent point de loi. Son torien moderne fait honneur à ce prince zèle religieux le conduisit en Espagne d'une expédition en Portugal qui paraît combattre les infidèles, s'il faut en extrêmement contestable. Les auteurs croire l'opinion de quelques historiens; de YArt de vérifier les dates font re- d'autres révoquent en doute cette ex- marquer que la prise de Lisbonne, qui pédition qui leur semble inconciliable • lui est attribuée l'an 1144, eut lieu en avec les autres événements du règne 1147, et que le prédicateur Arnauld, de Hugues. La mort de sa femme témoin oculaire de l'expédition , ne fait dont il n'avait point eu d'enfants , le aucune mention du duc de Bourgogne. détacha complètement du monde où il Il avait refusé de se reconnaître le avait toujours vécu dans les pratiques vassal de Louis VIII; mais un juge- religieuses les plus ferventes. Il aban- ment sanctionné par Adrien IV l'o- bligea à rendre hommage à ce prince. donna tout pour se retirer au monas- tère de Cluny. Il passa quinze ans Il mourut en 1162, laissant de Marie, dans sa nouvelle condition , devint fille de Thibaut le Grand, comte de aveugle dans les dernières années de Champagne, Hugues, qui lui succéda. sa vie, et mourut en 1093. Hugues III, Ce prince partit vers Eudes surnommé Borel , frère 1171 pour la terre sainte; mais il ne du précédent, lui succéda en 1078. Il put atteindre le but de son voyage ; une tempête l'assaillit, et il fit vœu, s'il donna des secours au roi de France contre ses vassaux les plus turbulents, échappait au naufrage, de bâtir une et se mit en route pour l'Espagne à la église à la Vierge. Il réalisa son vœu; Ute d'une armée grossie d'une multi- et telle est l'originede la Sainte-Chapelle tude de seigneurs. Une nouvelle inva- de Dijon. Hugues III trouva l'occasion sion des populations africaines dans la d'ajouter à son duché des possessions Péninsule avait déterminé cette expé- importantes, en secondant le roi Louis dition. Eudes ne trouva pas l'occasion le Jeune contre le comte de Châlons. de rendre de grands services à la Il obtint en récompense une partie cause de la chrétienté , et revint dans des terres de ce seigneur. Il fit ensuite ses États après avoir passé quelque la guerre au comte de Nevers et au temps à la cour de Léon près de sa seigneur de Vergy, qui lui refusaient , tante, la reine Constance. Il se rendit l'hommage. Il aida le jeune Henri , au * Digitized by Google i
feôtr FRANCE. BôU 257 Court mantel, fils du roi d'Angleterre en 1238, et en revint en 1241 , sans y Henri II , dans la rébellion contre son père. Il accorda, l'an 1187, une charte avoir rien fait d'important. Il s'y de commune à la ville de Dijon. Le rendit de nouveau en 1249, et prit part mauvais succès de sa première cam- à tous les revers du monarque dont pagne en terre sainte ne le détourna il suivait la fortune. Il tomba comme pas' de prendre part à la croisade dont Philippe- Auguste et Richard d'Angle- lui aux mains des infidèles, après le terre furent les chefs. Il s'y com- porta vaillamment, et se signala sur- combat de la Massoure; il fut le com- tout à la prise de Saint-Jean d'Acre. Il commandait l'aile gauche à la ba- {)agnon de sa captivité , et recouvra la taille d'Ascalon; mais, après le départ de Philippe- Auguste, la basse jalousie Uniberté avec lui. traité qu'il fit avec qu'il portait à Richard, auquel cepen- dant il avait été redevable de son salut à l'empereur Baudouin II lui donna le la bataille d'Ascalon, mit le désordre dans l'armée chrétienne, et fit man- royaume de Thessalonique. Il alla vi- uer le but de l'expédition, la reprise siter le tombeau de saint Jacques, et 2 e Jérusalem. Joinville porte de lui ce mourut au retour, en 1272. jugement : « Hugues fut moult bon * chevalier de sa main et chevalereux Robert II était le troisième fils de « mais il ne fut oncques tenu à saige, « ne à Dieu ne au monde. » Ce prince Hugues IV, qui l'institua son succes- mourut en Asie en 1 193 , et laissa deux fils, Eudes et Alexandre. seur, et lui donna l'investiture du du- Eudes III, fils de Hugues III, ché de Bourgogne. Chargé de diverses servit avec zèle Philippe-Auguste dans missions importantes sous Philippe le la plupart de ses expéditions, et fut Hardi et Philippe le Bel, Robert si- l'un des instruments les plus dévoués de la politique suivie par ce prince gnala plusieurs fois son zèle pour la dans le but de dépouiller Jean sans Terre de ses États de France. Ii se défense des droits de la couronne , et croisa contre les Albigeois ; et, comme surpassa en richesses, en puissance et pour prouver que le zèle religieux lui en crédit, tous les princes de sa race avait seul mis les armes à la main il montra un grand désintéressement qui l'avaient précédé. Robert assista, dans cette lutte, et refusa la part qui lui était offerte dans les dé- 1 an 1303, à l'assemblée convoquée par pouilles des excommuniés. Il com- mandait l'aile droite à la bataille de Philippe le Bel, à l'effet de délibérer Bouvines, et faillit y périr. Il avait eu son cheval tué sous lui, et ne s'é- sur les prétentions des papes au gou- tait relevé qu'à grand' peine sous sa lourde armure. Il mourut en 1218 , au vernement temporel des Etats , et y moment où il se préparait à passer en déploya un grand zèle pour la défense Égypte à la tête a'un corps de croisés. du droit dès princes. 11 mourut en Hugues IV succéda à son père en 1305. 1218, sous la tutelle de sa mère, Alix de Vergy, à qui Philippe-Auguste avait VHugues succéda en 1305 à Ro- fait prendre l'engagement de ne point se remarier sans son consentement. bert II, son père, et régna sous la Le jeune duc partit pour la terre sainte tutelle d'Agnès de France, sa mère. Il avait été fiancé à Catherine de Valois en 1302, et allait épouser Jeanne, fille de Philippe V, roi de France, lorsqu'il mourut en 1315. Eudes IV, frère du précédent, lui succéda. Il prit en main , contre Phi- lippe le Long, les intérêts de sa nièce, Jeanne, fille et unique héritière de Louis le Hutin. Mais quand Philippe eut été proclamé roi par l'assemblée des grands, il fit sa paix avec lui, et épousa sa fille aînée. Il vendit à Phi- lippe, prince de Tarente, son titre de roi de Thessalonique, et de prince d'Achaïe et de Morée, et hérita des comtés d'Artois et de Bourgogne, à la mort de la reine Jeanne, sa belle-mère. Eudes servit loyalement Philippede Va- lois, fit la guerre de Flandre, et se si- T. ni. 17* Livraison. (Dict. Eue CL., ETC.) 17 < Digitized by Google
258 BOU L'UNIVERS. BOU gnala à Casse), où il fut blessé. En penser de la bravoure dont il avait fait 1340, il conduisit en Flandre un renr preuve à la bataille de Poitiers. Le fort au roi Philippe, attaqué par les îeune prince avait à peine quinze ans Anglais et les Flamands. Il défendit lorsqu'il se trouva à cette funeste avec cou rage Saint-Omer contre Robert journée. Il y combattit aux côtés de son d'Artois, fit une vigoureuse sortie, et père, à qui il signalait les coups dont chassa l'ennemi, qu'il contraignit de il était menacé. Il alla partager sa cap- s'enfermer dans Cassel. Il mourut à tivité à Londres , où sa fierté et son Sens en 1350, après un règne long et courage ne se démentirent point. On brillant. L'aîné de ses fils, Philippe, rapporte que, voyant dans un repas mourut d'une chute de cheval au siège l'éclianson servir le roi Édouard avant d'Aiguillon, laissant un fils au ber- son père, il lui appliqua un soufflet, ceau, qui succéda à son 3ïeul. l'avertissant ainsi de ne point servir Philippe Ier , comte et duc de Bour- le vassal avant le suzerain, gogne, surnommé de Rouvre, du lieu Tant que vécut son père, Philippe de sa naissance, n'avait que dix-huit gouverna leduché deBou rçogne comme mois lorsqu'il succéda à Jeanne, son lieutenant général; mais a la mort du aïeule, dans les comtés d'Artois et de roi Jean , il prit le titre de duc et celui Bourgogne. Il eut pour tujtrice Jeanne de premier pair de France. Acebrillant de Boulogne, sa mère. Cette princesse apanage vinrent se joindre, en 1384, ayant donné sa main au roi de France, • les comtés de Bourgogne, de Flandre, Jean le Bon , le jeune prince trouva un d'Artois, de Réthel et de ÎNevers, par appui dans le monarque, qui, de son la mort du comte de Flandre, dont il côté / tira de la Bourgogne des secours avait épousé la fille Marguerite. Char- de tout genre dans la guerre contre les Vles ratifia , en 1364 , la donation que Anglais. La Bourgogne secourut la le roi Jean avait faite à son frère du France d'armes et d'argent, et s'ex- duché de Bourgogne, et le duc lui posa par là aux fureurs des Anglais, rendit hommage la même année. Ce- dont elle ne se débarrassa qu'au moyen pendant la guerre se ralluma entre d'une rançon de deux cent mille mou- l'Angleterre et la France, et Philippe tons d'or, et en donnant des otages. fut chargé de s'opposer au duc de Lan- Après le désastre de Poitiers, où le castre qui venait de descendre en Ar- roi tomba aux mains des Anglais, ces tois. Les ordres du roi lui prescrivirent derniers portèrent le ravage dans la une attitude d'observation et de pru- Bourgogne, et brillèrent Châtillon, dence qui s'accordait peu avec l'im- Tonnerre, etc. Le jeune duc, déclaré pétuosité de son caractère. Il s'y rési- majeur à la mort de sa mère, prit en gna toutefois, et passa la campagne, main le gouvernement à l'âge de quinze dit un historien , à solliciter vainement ans. Il tenait d'elle le comté d'Auver- la permission de livrer bataille. Cepen- gne. Il avait épousé depuis trois ans dant il perdit à la fin patience et sere- Marguente, héritière de Louis, comte tira. Charles V, en mourant, appela le de Flandre, et se trouvait ainsi l'un duc de Bourgogne à partager l'autorité des principaux souverains de l'Europe; avec le duc de Berri, son frère, pen- mais il mourut d'une chute, dit-on, un dant la minorité de Charles VI, quoi- an après la déclaration de sa majorité, que la régence eût été attribuée au duc en 1361. En lui finit la première d'Anjou. Philippe eut bientôt mécon- branche royale des ducs de Bourgogne, tenté les courtisans, qui persuadèrent Ce duché fut alors réuni, mais pour cujeune roi de gouverner par lui-même, bien peu de temps, à la couronne. La maladie de Charles VI lui fournit Boijbgoghe (deuxième maison rova- bientôt une occasionde ressaisir le pou* le de). Le roi Jean, à son retour d'An- voir de concert avec le duc de Berri. gleterre, en 1360, donna le duché de Mais le duc d'Orléans, frère du roi, Bourgogne au quatrième de ses lils, parvint à le leur enlever, et la média- Philippe le Hardi, pour le récom- tion de la reine put seule empêcher la Digitized by Google
BOU FRANCE. . BOU 259 guerre civile d'éclater entre les Orléa- gismond, roi de Hongrie, menacé par nais et les Bourguignons. Les conven- les Turcs, avait fait un appel aux prin>- tions stipulées alors furent favorables ces de la chrétienté; l'élite de la cher à Philippe, qui reprit les rênes du valerie française avait répondu avec gouvernement, ce qui alimenta cette enthousiasme à cet appel ; le duc de baine mortelle qui régna entre les Bourgogne, Philippe, demanda pour maisons de Bourgogne et d'Orléans. son fils, connu alors sous le nom de Les États de Philippe, devenus si comte de Nevers, le commandement vastes à la mort du dernier comte de de cette expédition. Les croisés tra- versèrent l'Allemagne, scandalisant les Flandre, dont sa femme était l'héri- peuples par leur faste et leurs débau- tière, s'accrurent encore du comté ches, préludant par des pillages et des de Charolais, qu'il acheta du comte dévastations dont les chrétiens étaient d'Armagnac au prix de soixante mille victimes, aux prouesses qu'ils se pro- mettaient contre les infidèles. Arrivés francs d'or. 1 sur le théâtre de la guerre, ils atta- quèrent, contre l'avis prudent du roi Le duc de Bourgogne visita l'Es- de Hongrie, la puissante forteresse de pagne en 1375. C'était depuis long- Nicopolis, qui était tombée au pou- temps un usage traditionnel des ducs voir des Turcs. Bajazet accourut pour de Bourgogne , de payer leur dette aux la secourir. Les chevaliers français en- idées religieuses par un pèlerinage à gagèrent l'action par un acte de la Saint-Jacques en Gallice. Philippe le plus révoltante barbarie; ils massa- Hardi fut reçu en Castille, et comblé crèrent les prisonniers qu'ils avaient d'honneurs par le roi Henri de Trans- faits, pou$ s'éviter les embarras qu'ils tamarre. Il mourut à Hall en 1404, auraient pu leur causer pendant la âgé de soixante-sept ans , laissant pour bataille. La folle présomption qu'ils successeur Jean sans Peur, son fils opposèrent aux avis de Sigismond sur aîné. Il avait eu de son mariage avec la manière de combattre des Turcs et Marguerite de Flandre cinq fils et sur l'ordre qu'il convenait d'observer, quatre filles, au nombre desquels nous mentionnerons Antoine, comte de Ré- rendit leur valeur inutile. L'impétuo- thel et duc de Brabant, Philippe , comte sité de leur premier choc rompit les de Nevers, qui périrent l'un et l'autre lignes des Ottomans ; mais ils commi- rent l'imprudence de s'abandonner à la à la bataille d'Azincourt. poursuite de l'ennemi, et le désordre Telle était la magnificence et la fas- qui se mit dans leurs rangs donna au sultan une victoire complète. Le tueuse prodigalité de Philippe, que, comte de Nevers et ceux qui échappè- malgré les immenses revenus de ses rent au carnage mirent bas les armes. riches provinces et les moyens violents dont il usait parfois pour les accroître Le sultan se les fit amener et les fit presque tous massacrer. Le comte de il mourut accablé de dettes. On eut Nevers et ceux dont on espérait une peine à faire les frais de ses funé- forte rançon furent seuls épargnés. railles, qui mirent son successeur dans La rançon de Jean de Bourgogne fut la nécessité de recourir à un emprunt. fixée, par le vainqueur, à deux cent Les meubles de son palais furent saisis mille écus d'or. Les historiens du et vendus à l'enchère, et sa veuve se temps rapportent gu'il allait subir le vit réduite à déposer sur le cercueil sort de la plupart de ses compagnons, du défunt sa bourse, ses clefs et sa quand un astrologue lui sauva la vie en ceinture, en signe de renonciation à la disant à Bajazet qu'il lisait dans les communauté des biens. traits du prisonnier qu'il causerait de grands maux aux chrétiens. Peu de Jean sans Peur avait 36 ans lors-' temps après sa délivrance, le comte dé qu'il succéda à son père. Il devait à la Nevers devint duc de Bourgogne, et valeur qu'il avait déployée dans sa première campagne, son surnom, as- sez semblable a ceux des princes de sa maison, qui rappellent, pour ia plupart, des qualités guerrières. Si- 17. Digitized by Google
260 BOU L'UNI' ŒRS. BOC m justifia assez complètement cette dou- nement le duc de Berri essaya de s'in- teuse prédiction. L'anarchie dans Ja- • terposer entre eux comme médiateur. quelle la France était plongée depuis Il crut les avoir réconciliés en les ame- la démence du roi, offrait a la turbu- nant à communier ensemble ; mais trois lente ambition de Jean sans Peur l'occasion de s'immiscer dans ces dé- jours après cet acte solennel , où ils s'étaient juré amitié et fraternité, le sordres avec l'espérance d'en profiter. duc d'Orléans , revenant le soir d'une visite qu'il avait rendue à la reine (voir Il se rendit à Paris, attiré par les en- l'art. Obléans [maison d']), tomba au nemis secrets du duc d'Orléans. Il s'é- milieu d'une troupe d'hommes qui le tait donné le temps de rassembler des massacrèrent. Aucun des assassins n'avait été reconnu, et on ne sut d'a- troupes. Le duc d'Orléans avait pour lui les classes élégantes. Jean sans bord où trouver le coupable. On or- Peur trouva tout prêts pour former sa donna des recherches jusque dans l'hô- faction, les bourgeois qui voyaient tel du duc de Bourgogne , qui, présent avec jalousie le luxe et l'insolence des au conseil quand cette mesure fut hautes classes, le bas peuple et l'uni- prise, changea de couleur et laissa versité où dominait l'esprit démocra- échapper l'aveu de son crime. Deux des tique, et dont l'austérité condamnait princes l'engagèrent à fuir; il s'élança avec amertume les mœurs relâchées a cheval presque seul et gagna les de la cour. États de Flandre. Après son départ, A l'approche de Jean sans Peur, la le conseil prit la résolution de s'enga- ger à reconnaître publiquement sa reine et le duc d'Orléans s'enfuirent faute, et à donner quelque satisfaction de Paris. Le premier soin du duc fut de convoquer les princes , les prélats qui permît à la clémence royale d'in- qui se trouvaient dans la capitale, le tervenir. Mais le duc fit distribuer par recteur et les professeurs de l'université. tous ses États un manifeste où il se Il leur -rendit compte de sa conduite, déclarait en effet l'auteur du meurtre, et protesta de l'intérêt qu'il prenait au mais s'en prenant aux crimes du duc bien de l'État. Il prit pour organe d'Orléans, qui faisaient de lui, disait- Jean de Nielle, qui exposa longue- il, un monstre indiene de vivre et l'a- ment les mesures au moyen desquelles vaient obligé de se défaire de lui. Puis le duc entendait remédier aux calami- il reprit le chemin de Paris avec mille tés publiques. La harangue de l'ora- teur bourguignon fut fort applaudie, hommes d'armes. Il fut reçu par le et la guerre civile devint imminente. peuple avec enthousiasme , fit entou- rer son hôtel de retranchements, et Le duc d'Orléans arma de son côté. demanda) au roi une audience qu'on Les deux adversaires s'attaquèrent n'osa lui refuser. Il s'y rendit, suivi d'une foule immense, et proposa de d'abord par des manifestes injurieux. donner une justification publique de Jean sans Peur s'empara d'Argenteuil et y attendit son ennemi. Mais le frère tout ce qu'il avait fait. Le dauphin du roi ne put réunir assez de troupes. et tous les princes, les docteurs de l'université et une foule immense as- La plupart des princes étaient demeu- sistèrent à cette cérémonie, où le doc- rés a Paris, sous l'influence du duc de teur Jean Petit porta la parole pour le meurtrier, et outragea la mémoire du Bourgogne, qui les avait contraints de duc d'Orléans selon toutes les règles plier. Des conférences s'ouvrirent et amenèrent un arrangement. Les prin- de la dialectique. ces des deux partis s embrassèrent, et le duc de Bourgogne eut une part dans Cette harangue fut écoutée avec un le gouvernement. Mais cet accommo- grand silence et une patience dont l'o- dement n'était pas de nature à durer longtemps. Chacun prétendant attirer rateur fut redevable à la terreur tout le pouvoir à soi, les deux adver- qu'inspirait le duc de Bourgogne. Per- saires vivaient dans un état d'hostilité sonne n'interrompit et n'osa contre- dire, et le duc obtint du roi des let- qui s'aggravait de plus en plus. Vai- Digitized by Google
BOU FRi SCE. BOU 261 très d'abolition. Dès ce moment le deHam', qui résista fortement. Les gouvernement passa presque tout en- deux partis demandèrent secours au tier dans ses mains; il s'empara de l'é- roi d Angleterre , et le duc de Bour- ducation du dauphin , et «lit dans les gogne fut seul écouté (1411). Il re- principaux emplois des hommes qui cula cependant à l'approche du duc fui étaient dévoués; mais les princes, d'Orléans Ses partisans voulurent effrayés de ses progrès et de son des- faire une sortie quand les Armagnacs potisme, s'entendirent secrètement, et s'approchèrent de Paris; mais ils donnè- formèrent une ligue contre lui. Le duc, rent dans une embuscade, et se firent informé à temps , fit entrer des trou- tailler en pièces. Il y eut alors de part pes dans Paris, et força ses ennemis à et d'autre de sanglantes représailles. signer un traité qui fut appelé Paix Mais l'absence du duc compromettait de Bicétre. La principale clause était le succès de sa cause ; sur les instan- ces de son parti , il revint avec une que les princes s'éloigneraient de Pa- ris avec leurs troupes. Le duc de poignée de troupes, débris de sa puis- Bourgogne s'éloigna de son côté, mais sante armée, dont il n'avait pu préve- il continua d'intriguer de loin,et[bientôt nir la désunion. Sa présence calma et les deux partis armèrent de nouveau rassura les esprits. Il fit d'heureuses malgré les défenses réitérés du con- sorties , et reprit bientôt l'avan- seil. Le jeune duc d'Orléans , chef du tage. Il s'empara de la faible vo- parti opposé au duc de Bourgogne , et lonté du roi, le mena à Saint-De- oui travaillait à venger son père , lui nis prendre l'oriflamme, et l'entraîna déclara de nouveau la guerre par un jusqu'au siège de Bourges. Des ma- cartel , signé de lui et de ses trois frè- ladies et les pertes essuyées de part res. Ce cartel commençait de la sorte : et d'autre ralentirent l'ardeur des « Charles, duc d'Orléans et de Valois, combattants, et un arrangement fut « comte de Blois Philippe et Jean accepté. Le traité de Bourges mit fin , à la guerre (1413); mais le duc de « d'Orléans, comtes de Vertus et d'An- « eoulême , à toi Jean qui te dis duc Bourgogne, aussi difficile à contenter « de Bourgogne, pour l'homicide hor- que ses rivaux, fomentait de nouveaux « rible par toi , proditoirement, de troubles dans Paris, où il était resté. « guet-apens , et par tes assassins or- Il essaya de s'emparer du roi. IU'alla « dinaires, commis en la personne de trouver à l'hôtel Saint-Pol et lui pro- « notre très-redouté seigneur et père, posa une partie de chasse au bois de « prince, duc d'Orléans, frère unique Vincennes. Le prince y consentit; mais, averti à temps, il rebroussa « du roi » LeducdeBourgogneavait réussi, par chemin. Le duc de Bourgogne ayant ses menées,à faire nommer un des siens, manqué son coup, s'enfuit en Flan- le comte de Saint-Pol gouverneur de dre. De là, il mit tout en oeuvre pour , Paris. Celui-ci s'appliqua a gagner la po- se justifier; il écrivit au roi des let- pulace, qu'il regardait comme un ins- tres qui avaient pour but de préparer trument propre à l'exécution de ses des- les voies à son retour; mais il reçut seins , et il arma une milice en partie l'ordre de ne point reparaître sous les composée de bouchers. Les deux ar- murs de Paris, sous peine d'être traité mées se mirent en campagne, et rava- en rebelle. Il se remit donc en campagne gèrent la Picardie. Enfin la cour, cé- et entra en Picardie. Soissons, Compiè- dant au parti le plus fort , se prononça gne et Troyes lui ouvrirent leurs por- pour le duc de Bourgogne, et déclara tes ; il se fit livrer Saint-Denis par trahison, puis il envoya un héraut à confisqués tous les biens de ceux qui prendraient fait et cause pour la faction Paris, pour dire qu'il se rendait aux rsée, connue sous le nom de fae- ordres de Paris et du dauphin qu'il , d'Armagnac (Voyez Abmagnac). venait les tirer de la captivité ; mais Jean se mit en campagne avec une ar- on renvoya le héraut sans réponse. Il mée de 60,000 hommes , et fit le siège se présenta un jour à la porte Saint- Digitized by Google
362 BOU L'UN ŒRS. BOU Honoré, et y resta en bataille une royaume; il était déjà maître de la Nor- heure et demie ; mais il ne se fit au- mandie lorsque les deux factions, alar- cun mouvement du coté des assiégés. mées, songèrent à négocier. Leurs chefs se rapprochèrent. Le dauphin et le duc Le comte d'Armagnac leur avait fait se donnèrent rendez-vous près de Me- lun. Jean sans Peur se mit à genoux défense de tirer une seule llèche. Le devant son jeune souverain. Le prince duc de Bourgogne apprit alors qu'une l'embrassa, et dit qu'il oubliait le ordonnance venait d'être rendue, qui passé. lisse promirent de vivre en bonne intelligence , et fixèrent à Montereau le déclarait auteur de tous les troubles le lieu d'une nouvelle entrevue. Mal- du royaume, rebelle et ennemi de gré les craintes et les défiances qui pouvaient subsister de part et d'autre, l'État , et convoquait l'arrière-ban de ils s'y rendirent, et chacun d'eux s'a- France pour marcher au plus tôt con- vança sur le pont, escorté de dix personnes de son choix. Les princes tre lui. Il reprit aussitôt le chemin de étant entrés, on ferma les portes des Ja Flandre. Son apologie du meurtre barrières qu'on avait élevées. Ce qui de Louis d'Orléans fut brûlée de la se passa alors est rapporté diverse- ment par les chroniqueurs des deux main du bourreau, et le peuple, en en- partis. La seule chose certaine, c'est que le duc de Bourgogne fut massa- tendant la réfutation qui fut faite de cré. Le dauphin, suivant l'opinion de cette pièce, en assemblée publique, quelques historiens, était étranger à ce meurtre; mais le projet en était prodigua au prince, dont il avait d'a- conçu depuis longtemps autour de lui bord fait un héros, les épithètes de par d'anciens serviteurs du duc d'Or- traître et d'assassin. Le duc s'appro- léans, gui n'avaient cessé de chercher cha de nouveau de Paris ; mais il s'ar- rêta à Lagny, qu'il abandonna au pil- l'occasion de venger leur maître. Cette représaille terrible du meurtre de Louis lage en se retirant. Le long et inutile d'Orléans frappa de stupeur la popu- .séjour qu'il y fit lui valut, de la part lation, et fut regardée comme l'expia- du peuple de Paris, le sobriquet de Jean tion du crime que le duc de Bourgogne de Lagny qui n'a hâte. Sa fille, veuve avait commis. du jeune dauphin , lui fut renvoyée Jean sans Peur, dont l'ambition dés- ; ordonnée fut pour la France une des causes décisives des calamités de ce mais il réclama vainement sa dot. Ce temps, laissa un souvenir cher à ses su- jets de Flandre et de Bourgogne. Son fut alors qu'il refusa des troupes humeur libérale, son courage et l'ascen- dant de son caractère lui avaient pour repousser les Anglais , avec les- conquis la plus grande popularité. Il quels il traitait en secret. La mort du mourut le 11 septembre 1419. second dauphin qui appelait à la cou- Philippe dit le Bon, fils de Jean , sans Peur, comte de Cbarolais, hé- rita du duché de Bourgogne après le ronne le jeune Charles, comte de Pon- meurtre de son père. Obéissant aux sentiments de haine et de vengeance thieu, dont l'esprit était tout asservi qui l'animaient contre le dauphin, il seconda de tous ses efforts les con- à d'Armagnac, lui ayant alors fait per- quêtes de Henri V et ses prétentions à la couronne de France. Le traité de dre tout espoir de réussir par la voie Troyes qu'il signa, portait que Henri V, après la mort de Charles VI , succède- des négociations, il ne ménagea plus rien, attaqua plusieurs places, s'en em- para, et parvint enfin à enlever la reine qui était à Tours. Mais il échoua dans une attaque sur Paris. Quelques efforts tentés pour arrivera la paix furent sans résultat. Les propositions de Jean sans Peur étaient inacceptables. Enfin la trahison lui ouvrit une des portes de Paris. (Voir Pébinet leClebc.) Il y retrouva sa popularité parmi les basses classes, que le comte d'Arma- gnac s'était aliénées. Il fut reçu en grande pompe. (Voir Cabochiens.) Cependant le roi d'Angleterre, le belliqueux Henri V, voyantle parti qu'il pouvait tirer de ces déchirements inté- rieurs, se porta hardiment au cœur du » Digitized by Google
ICE. nor 3C3 rait à la couronne ; que Charles VI mal accueillis et faillirent être massa- Henri V et Philippe de Bourgogne ne crés par la populace de Londres. L'An- feraient ni paix ni accord avec Charles, gleterre, irritée de sa défection, ne soi-disant dauphin , sinon de commun travailla plus qu'à lui susciter des em- consentement et de concert avec les barras. La guerre s'alluma ; et le duc, trois états des royaumes de France et après plusieurs combats, se mit en d'Angleterre. Il vint, ensuite à Paris marche pour assiéger Calais. Sa flotte en compagnie des deux rois , vêtu de approcha pour seconder l'entreprise \\ deuil et suivi de sa noblesse, puis il mais les Gantois, qui formaient le prin- se rendit à l'hôtel Saint-Pol qu'habi- cipal corps de son armée, se retirèrent, tait le roi de France, et lui demanda fatigués des lenteurs du siège. Après justice de l'assassinat de son père. Le s'être rendu à Bruges pour apaiser roi la lui promit, accueillant ses plain- une de ces séditions où se porta si tes contre le dauphin , son fils, et ceux souvent cette grande commune, il fit , qu'on accusait du meurtre. Puis , le une nouvelle tentative sur Calais et ne duc se mit en campagne et envoya réussit pas mieux. offrir la bataille au dauphin. La Le duc Philippe donna ensuite au Vmort de Henri changea bientôt la roi, en plusieurs occasions, des preu- situation des partis ; le duc de Bour- ves de son retour sincère et d'une fidé- gogne , mécontent des Anglais, ses al- liés, ne tarda pas à reconnaître la faute lité qui l'honore. En effet , quand le où le désir de la vengeance l'avait en- dauphin depuis Louis XI parvint à , , entraîner dans sa révolte contre son traîné. Henri V, en mourant, avait père une partie des plus puissants surtout recommandé de retenir à vassaux de la couronne, le duc Phi- tout prix le duc de Bourgogne ; mais lippe , sollicité de se joindre à lui, resta une insulte quecedernier reçut du duc inébranlable. En vain le dauphin ie fit-il de Glocester, et à laquelle iî répondit supplier de lui envoyer quelques secours par un défi, contribua à rompre cette et de lui accorder refuge dans ses États désastreuse alliance. Le dauphin , de- en cas de besoin : le duc lui fit re- venu roi par la mort de Charles VI, mit pondre qu'il y serait toujours bien tout en œuvre pour ramener à lui leduc, venu , mais qu'il ne ferait rien pour qui se trouvait à peu près l'arbitre du le soutenir contre le roi qu'il inter- ; sort de la France. Knfin . Philippe se viendrait seulement entre eux comme rendit aux avances du roi, qui obtint médiateur, et s'efforcerait de les ré- une réconciliation aux conditions sui- concilier. Il voulut aussi effacer les vantes : « Que le roi dirait ou ferait restes d'animosité qui subsistaient entre les maisons de Bourgogne « dire en son nom par des personnes et d'Orléans. Charles d'Orléans , fait , « notables, au duc de Bourgogne, que « le meurtre du duc Jean, son père, prisonnier à Azincourt, n'avait pas « avait été fait injustement et par mau- recouvré la liberté Philippe le Bon ; « vais conseil; que cette action lui avait paya, deux cent mille écus d'or pour « toujours déplu et lui déplairait tou- sa rançon , et lui fit épouser sa nièce, jours; et que s'il eût su ce dessein, mademoiselle de Clèves. Quand le dau- « et qu'il eût eu l'âge et la connaissance phin se fut réfugié dans ses États, « qu'jl âvait précisément, il s'y fût op- il écrivit à Charles VII pour l'en pré- « posé de tout son pouvoir. Qu'il priait venir, et ne voulut pas accueillir le « le duc de Bourgogne d'oublier cette rebelle avant d'avoir une réponse de « injure et de se réconcilier sincère- son père (1456). Il reçut le prince « ment avec lui. »» Après ce traité y à Lille , et s'efforça de le ramener à daté d'Arras, le duc de Bourgogne fit des sentiments d'obéissance. Cepen- exposer au roi d'Angleterre les raisons dant quelques défiances de la part du qu'il avait eues de s'accommoder avec roi, a qui on avait fait prendre de le roi de France, et l'engagea à suivre l'ombrage contre le duc de Bourgogne, son exemple. Mais ses envoyés fusent amenèrent des préparatifs de guerre,
264 BOU L'UNIVERS. Boc auxquels le duc, tout en protestant lui donnait droit, qu'il marcha sur répondit de son côté. Liège pour y apaiser la révolte que Peu de temps après , la mort du roi , Charles survint Philippe prêta serment Louis XI y avait suscitée. Cette puis- ; sante commune, qui s'était liguée avec de foi et hommage à son successeur, le roi de France, avait fait irruption et l'accompagna lors de son entrée à Paris. La ligue du bien public se forma dans les comtés de Brabant et deNamur. ensuite; le duc de Bourgogne, alarmé Le comte s'y porta avec son impétuosité par des avis secrets qu'on lui fit ordinaire. Incapables de résister seuls, parvenir sur les desseins de Louis XI les Liégeois implorèrent l'interven- a son égard, s'enfuit d'Hesdin où le roi devait se rendre pour l'entretenir. tion du vieux duc , et se soumirent Il mourut à Bruges, après le traité de Conflans , en 1467 ; sa mémoire resta aux dures conditions que le vainqueur chère aux peuples de ses vastes do- maines, dont une administration pa- leur imposa. Mais , le danger écarte ternelle accrut considérablement la et sur la promesse d'un secours de prospérité. Il favorisa surtout le com- merce de la Hollande. Son équité , sa Louis XI, ils reprirent les armes modération, sa clémence, lui donnent après la mort de Philippe le Bon. un caractère à part parmi les princes de sa maison. Il eut pour héritier son Charles les déGt encore, entra dans lils Charles, comte ae Charolais. leur ville par la brèche l'épuisa d'ar- Charles, comte de Charolais, duc , de Bourgogne , surnommé le Témé- raire, fils de Philippe le Bon et d'Isa- gent, en enleva les armes, et la fit belle de Portugal , naquit à Dijon , le 30 novembre 1433. II fit ses premiè- démanteler. Des négociations suivies res armes fort jeune à la bataille de Rapelmonde, et s'y comporta avec cet entre le roi et le duc amenèrent l'en- impétueux courage qui devint plus tard son seul guide. Il voua à Louis trevue de Péronne, où Louis XI agit XI, avec qui ne devait pas sympathi- comme eût pu le faire Charles le Té- ser un homme de cette nature , une méraire. Il se mit à la merci de son haine implacable , qui lui fit prendre ennemi, au moment même où deux les armes contre lui , lors de la ligue du bien public. Il entraîna dans cette envoyés secrets excitaient de nouveau guerre le duc Philippe son père, et en son nom les Liégeois à la révolte. marcha sur Paris à la tête de vingt mille hommes,. Il établit son camp Cette nouvelle parvint au duc et le près Montlhéry, où il rencontra l'ar- mit en fureur. Il s'emporta contre mée royale. Il ne s'épargna pas dans le combat , et y courut de grands dan- Louis , l'accusant de perfidie et de gers. L'honneur de la journée lui resta. Il se porta de là sur Etampes, pour se trahison. Pendant huit jours , le duc joindre aux ducs de Bern et de Bre- flotta incertain sur le sort qu'il ferait tagne ; mais Louis XI , voyant le dan- à son prisonnier. « Ls premier jour, ger grandir, ne songea plus qu'à l'é- dit Commines , ce fut tout effroi et carter quelque prix qu'il dût lui en murmure par la ville. Le second jour, coûter, et il parvint en effet à un ar- rangement dont l'avantage n'était pas ledict duc fut un peu refroidy ; il tint pour lui. Le comte de Charolais s'é- conseil la plupart du jour et partie tait à peine mis en possession des do- de la nuict. Le roy faisoit parler à maines auxquels la paix de Conflans tous ceux qu'il pouvoit penser qui lui pourroient aider , et ne falloit pas à promettre , et ordonna distribuer quinze mille écus d'or ; mais celui qui en eut la charge en retint une partie comme le roy sceut depuis. Le roy craignoit fort ceux qui autrefois l'a- Avoient servi. ce conseil dont j'ai parlé, y eut plusieurs opinions. La f)lupart disoient que la sûreté qu'avoit e roi lui fût gardée, veu qu'il accor- doit assez la paix en la forme qu'elle avoit été couchée par escript. Autres vouloient sa prise rondement, sans cérémonie... Ceste nuit, qui fut la tierce, ledict duc ne se dépouilla onc- ques , seulement se coucha par deux
BOtf FRANCE BOU ' 266 ou trois fois sur son lit, et puis se jeune duc de Lorraine, René, qui osa lui pour menoyt (car telle estoit sa façon déclarer la guerre, le tenant sans doute pour fort compromis par tant d'enne- quand il estoit troublé). Je couchay mis qu'il s'était faits. La France, ceste nuict en sa chambre, et me pourmenay avec lui plusieurs fois. l'Empire , la Lorraine et les Suisses Sur le matin, se trouva en plus grande- étaient en armes contre lui. Il laissa colère que jamais , en usant de mena- échapper l'alliance de l'Angleterre ces , et prêt à exécuter grand chose, entreprit le siège de Nuits , qu'il Toutefois , il se réduisit en sorte, que poussa avec une vigueur qui lui valut si le roi juroit la paix , et vouloit al- le surnom de Terrible puis il se ren- , ier avec lui à Liège, il se contente- dit maître de Nancy et de toute la roit. » Louis XI trop heureux d'é- Lorraine ; après quoi il tourna ses ef- , forts contre les Suisses. Il espérait chapper à ce prix, consentit à marcher contre ses amis. Les deux princes une fois maître de leurs montagnes coururent devant Liège un grand dan- s'ouvrir un débouché dans le Mila- ger cependant Charles prit la ville nais, qu'il convoitait. Il s'avança à la ; téte de seize mille hommes , et campa d'assaut et la livra au pillage. Mais eet accord forcé ne fut pas de près de Lausanne. « Il alla ensuite longue durée. La guerre des deux dit Commines , mettre le siège devant une place appelée Granson...; se ren- roses, qui désolait alors l'Angleterre, fut poirr eux un prétexte de rupture, dirent à lui ceux de dedans à volonté, Le duc de Bourgogne, toujours prompt lesquels il fit tous mourir. Les à l'attaque , commença le premier les Suisses s'étoient assemblés , non hostilités. Cependant le roi était arrivé point en grand nombre ( car de leurs terres ne se tirent point les gens que à son but, de ramener à lui les puis- sants feudataires de la couronne. Une l'on pense , et encore moins lors que trêve d'un an fut conclue ; et le duc, à maintenant ; car depuis ce temps , la , l'expiration de cette trêve, porta le fer et plupart ont laissé le labeur pour se le feu dans la Picardie , s'y empara de faire gens de guerre ; et de leurs al- plusieurs places , dont il fit massacrer liés en avoient peu avec eux ; car ils tous les habitants ( voyez Nesle ) ; estoient contraints se hâter pour se- mais il ne fut pas heureux devant courir la place)... Le duc de Bourgo- Beauvais, où il essuya de grandes gne, contre l'opinion de ceux à qui il pertes (voyez Beauvais). Il se jeta en demandoit , délibéra d'aller au-d - alors sur la Normandie , et poussa vant d'eux à l'entrée des montagnes.» jusqu'à Rouen (1472). Les négocia- Les Suisses laissèrent l'ennemi s'en- gager sur ce champ de bataille dan- tions recommencèrent ensuite. Char- gereux , et fondirent sur lui comme les prit deux ans de repos , puis il ré- un torrent, en faisant une terrible solut de frapper un coup plus décisif : il décharge. La peur fit reculer les pre- s'allia au roi d'Angleterre, Édouard IV, et tous deux préparèrent, mais sans ré- miers rangs, qui rompirent le gros de sultat, une attaque formidable. L'am- l'armée. La déroute fut complète et bition de Charles était de faire ériger en prompte ; il n'y eut pas d'autre com- bat. Le duc, désespéré, fit de vains royaume ses vastes États; et, parmi ses projets grandioses et chimériques, efforts pour rallier ses troupes ; il fut entraîne lui-même et contraint de fuir, était celui de s'emparer de toute la vallée du Rhin depuis Bâle jusqu'à Cette première atteinte portée à , Nimègue. sa réputation militaire grossit la li- Ce projet inquiéta les Suisses , que gue de ses ennemis. Cependant il ne Louis XI avait attirés dans son alliance, renonça pas à prendre une revanche, et leur fit conclure une ligue avec les 11 parvint à mettre sur pied vingt- cinq mille hommes, rentra sur les villes du Rhin. Charles s'attira, par ses desseins imprudents et par sa politique terres des Suisses , et vint assiéger malhabile, un nouvel ennemi dans le Morat. Le duc René de Lorraine, im- Digitized by Google
L'UNIVERS. patient de recouvrer ses États, était à Boitbgogne (Louis , duc de) petit- , la tête de l'armée des alliés. Il eut re- fils de Louis XIV et père de Louis XV, cours à une ruse de guerre pour en- naquit à Versailles le 6 août 1682, et gager le combat avec avantage, et mourut subitement le 18 février 1*712, fondit Sur les Bourguignons à l'im- dans le cours de sa trentième année. proviste. L'attaque fut si brusque et si Il est peu de princes dont l'éduca- vive qu'il passa sur les premiers tion ait été l'objet d'autant de soins : rangs ennemis et pénétra dans le à l'âge de sept ans, Louis XIV lui camp du duc de Bourgogne. La dé- donna pour gouverneur le vertueux route causée par la terreur qu'il y ré- duc de Beauvilliers, et pour précepteur pandit fut presque aussi soudaine qu'à l'immortel Fénelon, auquel tut adjoint Granson. Une, partie de l'armée vain- l'abbé de Fleury, en qualité de sous- cue se noya dans le lac. Le duc de précepteur. Pour lui , Fénelon écrivit Bourgogne ne put sauver ni bagage, ses fables, ses dlalagues et son Télé- ni artillerie , et s'enfuit accompagné maque; pour lui encore, la Fontaine , seulement de quelques cavaliers. Les composa quelques-uns de ses derniers vainqueurs profitèrent de l'état de pé- chefs-d'œuvre. Après lui avoir ensei- nurie où se trouvait leur ennemi gné la religion , la morale , l'histoire pour attaquer la Lorraine ; c'était un et les belles-lettres, on ne négligea témoignage de reconnaissance pour le rien pour l'initier aux mystères de la général à qui ils devaient leur dernière politique. Dans ce but , \"l'archevêque victoire. La place de Nancy tomba en de Cambrai toujours animé du plus , leur pouvoir. Le duc de Bourgogne ardent patriotisme, conçut le plan accourut, et y mit le siège (1477). Il d'une vaste enquête sur l'état de la s'y entêta avec une poignée d'hom- mes que les maladies mettaient pour France, et fit demander à tous les in- tendants du royaume des informations la plupart hors de combat. Les enne- détaillées sur les antiquités de chaque mis prirent l'offensive ; il les attendit province , sur les anciens usages et les de pied ferme avec son incorrigible anciennes formes de gouvernement obstination. Sa faible infanterie ne put des pays réunis à la couronne (*). résister aux Suisses , et s'enfuit. On Après son éloignement des affaires, chercha longtemps, après le combat, Fénelon ne cessa pas d'avoir les yeux ce que le duc était devenu; il n'était fixés sur son élève , auquel, de temps en point au nombre des fuyards, per- temps, il parvint à adresser d'admira- sonne ne l'avait vu tomber dans la ba- bles lettres. Le marquis de Saint-Simon taille ; mais le page d'un seigneur ita- profita de l'intimité que le duc de lien assura qu'il avait été tué, et indiqua Beauvilliers avait aidé à établir entre le lieu où son corps devait être. On lui et le jeune prince, pour l'entretenir l'y trouva en effet, nu , couché sur le souvent de ses plans de réforme. En- ventre , le visage attaché aux glaçons fin, le grand roi, qui avait toujours du marais. Son corps portait trois blessures. Le duc de Lorraine le fit tenu son fils en dehors de toute parti- cipation aux affaires de l'État, initia transporter à Nancy ; on l'exposa sur lui-même son petit-fils aux secrets du un lit de parade, et René, prenant la main du mort , lui dit : « Vo âme gouvernement, et donna aux ministres « ait Dieu, vous nous avez fait moult l'ordre de travailler avec lui. Il était « de maux et de douleurs. » difficile assurément de faire plus pour Ainsi devait périr cet homme vio- l'héritier de la couronne. Aussi, tous les partis plaçaient-ils en lui les plus lent, et aveuglé par l'orgueil , tout belles espérances, lorsqu'il mourut avant l'âge , du même mal qui , six animé des passions du moyen âge , et dont la valeur et l'ambition féodales ne jours auparavant, avait enlevé I'ai- pouvaient mettre un obstacle durable a la formation de la nationalité fran- O Voyez Aug. Thierry, Récits (Us temps çaise. mérovingiens, 1. 1, p. 5o et suivantes. Digitized by Google
Borr FRANCE OC 267 mable princesse Adélaïde de Savoie près et qui lui ont porté le plus d'atta- sa femme, et, vingt jours plus tard, emporta son fils aîné, le duc de Bre- chement : « Ce prince naouit terrible, tagne. Le duc d'Orléans, depuis ré- gent de France, et la duchesse de Ber< « et sa première jeunesse fit trembler : ri , l'un et l'autre de mœurs dissolues, « dur et colère jusqu'aux derniers em- furent accusés par la rumeur publique de la mort de ces trois membres de la « portements et jusque contre les cho- famille royale. Saint-Simon lui-même « ses inanimées; impétueux avec fu- attribue le trépas de la duchesse de Bourgogne à une tabatière empoison- « reur, incapable de souffrir la moindre née, qui lui avait été donnée par un duc dont il a cru devoir taire le nom. « résistance, même des heures et des Mais , si étrange que paraisse encore aujourd'hui ce sinistre événement, si « éléments, sans entrer dans des fou- opportun qu'il ait été pour l'ambitieux duc d'Orléans , de pareils soupçons ne « gues à faire craindre que tout ne se doivent pas être accueillis sans les «rompît dans son corps; opiniâtre à preuves les plus certaines. Ce qu'aurait fait le duc de Bourgo- « l'excès , passionné pour toute espèce « de volupté , et des femmes , et , ce gne, s'il était monté sur le trône, personne ne saurait l'affirmer. Les « qui est rare à la fois, avec un autre uns , et c'est le plus grand nom- , bre, prétendent qu'il aurait réalisé des merveilles ; suivant les autres , il « penchant tout aussi fort. Il n'aimoit n'eût été qu'un fort mauvais prince. Cette diversité d'opinions, choquante « pas moins le vin , la bonne chère, la en apparence , est néanmoins motivée par les changements brusques que « chasse avec fureur, la musique avec son naturel n'a que trop souvent pré- sentés. Né avec un caractère, altier « ravissement, et le jeu encore, où il et des passions d'une violence extrême, il s'amenda peu à peu , et, cédant aux « ne pouvoit supporter d'être vaincu, nobles efforts de son entourage, il devint doux, affable, studieux, plein « et où le danger avec lui étoit ex- de piété , modeste et presque timide* Tel il était , du moins , lorsqu'à dix- « tréme ; enfin , livré à toutes les huit ans il sortit des mains de son il- lustre précepteur. Mais il y eut tou- « passions et transporté de tous les jours une lutte intérieure entre son naturel de prince et la seconde nature « plaisirs ; souvent farouche, naturel* que l'éducation lui avait faite. Tant « lement porté à la cruauté; barbare en que Fénelon ne le quitta pas , la se- conde nature fut la plus forte ; Féne- « railleries et à produire les ridicules lon une fois parti, les passions innées, vainementcombattues par des scrupu- « avec une justesse qui assommoit. De les religieux et par une dévotion mona- cale, cherchèrent à reprendre le dessus « la hauteur des cieux , il ne regardoit et ne réussirent malheureusement que trop.C'est ce dont il est facile de se con- « les hommes que comme des atomes vaincre par le portrait qu'a tracé, dans son style original et plein de verve, « avec qui il n'avoit aucune ressem- le marquis de Saint-Simon , un des personnages qui l'ont approché de plus A« blance , quels qu'ils fussent. peine « messieurs ses frères lui paroisse i 1- 1 « ils intermédiaires entre lui et le « genre humain. L'esprit , la pénétra- « tion brilloient en lui de toutes parts : « jusque dans ses furies , ses réponses « étonnoient. Ses raisonnements ten- « doient toujours au juste et au pro* ' « fond, même dans ses emportements.» Saint-Simon parle des miracles qu'a- vait opérés l'éducation sur le duc de Bourgogne; il dit que grâce aux soins de ses directeurs, puis Dieu aidant, quand le prince eut atteint sa dix-hui- tième année, l'œuvre fut accomplie, et de cet abîme sortit un prince affable, doux, humain, modéré, patient, mo- deste, pénitent, et, autant et quelque- fois au delà de ce que son état pouvait comporter, humble et austère pour soi. Mais la peinture qui précède et qui s'applique évidemment à l'homme fait conforme ce que nous avons déjà dit, et montre combien l'éloignement de l'archevêque de Cambrai avait été fu* Digitized by Google
L'UNIVERS. neste à son royal élève. Il y a plus : in- puait dans les camps plutôt par sa dépendammentde ses mémoires, Saint- piété que par ses conceptions stratégi- Simon a laissé un Discours surmonseU ques. Ayant été forcé un jour d'établir son quartier général dans un couvent gneurle duc de Bourgogne, du 25 mai de religieuses, il en eut de grands 1710, adressé à M. le duc de Beau- scrupules , et écrivit à ce sujet à Féne- villiers, qui Vavait demandé; le prince Ion qui le rassura. C'est ce gui explique avait alors vingt-neuf ans , et, comme comment un de ses menins osa lui toujours, l'écrivain avait de lui l'idée dire : « Monseigneur, je ne sais si vous « aurez le royaume du ciel; mais pour la plus favorable : cependant il résulte «celui delà terre, leprince Eugène et « Malborough s'y prennent mieux que de la lecture de ce discours, que si le «vous. » Ses démêlés avec le duc.de Vendôme contribuèrent autant que sa duc de Bourgogne était bien pénétré dévotion aux revers de nos armées. Il des principes de la religion et de la faut convenir aussi que Louis XIV morale, il avait l'esprit rétréci par avait commis une grande faute en choi- la dévotion; qu'il répétait sans cesse des refrains d'enfant qu'il aimait , à étouffer des mouches dans l'hui- le, à faire fondre de la cire, à rem- dehors trop de mouvements peu dignes une armée avec deux chefs et par con- séquent sans général, de l'âge et du rang. Il aimait avec II est difficile, d'après tout ce qui pré- passion la duchesse de Bourgogne qu'il cède, de s'expliquer l'engouement natio- , nal dont le duc de Bourgogne était l'ob- jet. Cequipeutlefairecomprendre, c'est avait épousée en 1697; mais, pour ce la nature des idées politiques dont il était ou passait pour être le partisan. qui le concernait lui-même , i 1 ne savait Qu'il eût un système bien arrété,ceia est d'autant plus douteux, qu'il paraissait pas contenir les jeunes dames du palais imbu lui-même de principes assez peu homogènes, et qu il avait puisé ses de la duchesse dans les bornes du res- inspirations, pour ainsi dire, à deux sources différentes. Ainsi Fénelons'é- pect qu'elles lui devaient, et dont nulle tait attaché à lui inspirer avant tout l'amour du peuple et le sentiment de gaieté n'excuse qui en sort ni gui l'en- l'égalité; tandis aue le marquis de Saint-Simon, renchérissant encore sur dure. L'arrangement de ses journées les préjugés aristocratiques du comte était tel , que sa vie s'écoulait dans son deBoulainvilliers, réveillait sa morgue cabinet ou parmi une troupe de fem- de grand seigneur, et voulait lui faire prêter les mains à une espèce de jus- mes, chose d'autantplus surprenante, tauration de la féodalité et à une ré- surrection de la caste nobiliaire. Pour dit Saint-Simon, qu'il n'y étoit pas la politique aussi bien que pour le reste, il y avait anarchie dans son porté par ses plaisirs. Voilà, certes, âme. Sa première pensée, en prenant les rênes de l'État, c'eût été de tirer bien des ombres au tableau. La ma- Fénelon de son exil, et de lui donner la haute main dans les affaires publi- nière peu brillante dont le duc de ques. C'est ce qu'il aurait pu faire de plus beau, et cette douce perspective Bourgogne s'acquitta de ses fonctions devait beaucoup plaire à la France, Mais aurait-il longtemps résisté aux de généralissime de l'armée d'Alleraa- gne en 1701 , et de celle de Flandre en 1702, ne donne pas non plus une haute idée de sa capacité militaire. Il est vrai qu'il n'était réellement qu'en second sous les ordres du duc de Vendôme; il faut ajouter pour son excuse qu'il n'a- vait encore appris la guerre que dans les livres, qu'il débuta au moment de nos revers, et qu'il se trouva en pré- sence de terribles rivaux. Près de Ni- mègue, il déploya du courage dans un combat de cavalerie, et eu 1703 on lui fit honneur de la prise de Brisach, que les manœuvres de Villars avaient forcé Ende capituler. réalité, il se distin- Digitized by Google
itou FRi !ÎCE. BOC 269 Séductions du parti de la noblesse? Le terrain de l'ancien hôtel des ducs de vieil homme se réveillant en lui n'au- Bourgogne , dans la rue Mauconseil rait-il pas abandonné l'archevêque de et y firent bâtir un théâtre. Leur nou- Cambrai qui lui-même n'aurait peut- veau privilège , concédé par arrêt du , être jamais pu acquérir cette énergie 17 novembre 1548, leur interdisait pratique avec le secours de laquelle la représentation des mystères sacrés, Richelieu a su régner tout en restant et leur enjoignait de se borner aux ministre? Ce sont là .autant de pro- sujets profanes, licites et honnêtes. blèmes. Ce qui est certain, c'est que Se voyant peu à peu abandonnée par le prince héréditaire prononça quel- le puolic , la confrérie , comme nous quefois de belles paroles et s'occupa l'avons déjà dit à l'article Art dra- d'utiles réformes. « Le pauvre peuple matique (t. er pag. 370), loua, en I, dit-il un jour, doit être quelquefois 1588 , la salle et son privilège à une consulté. » Il se proposait de convo- troupe récemment formée. Une autre quer les états généraux, et même de compagnie en prit possession en 1598, créer des états particuliers pour arriver —et en lut déclarée seule propriétaire à une assiette équitable de l'impôt; ces par arrêt du conseil de 1629. Les différents corps auraient été choisis Erincipaux acteurs de ce théâtre, qui jt l'origine du Théâtre-Français par des électeurs des trois ordres, et auraient été convoqués à des époques étaient , a cette dernière époque , Ro- périodiques. On assure que telle est la bert Guérin , dit Lafleur ou Gros- substance des projets que Louis XIV Guillaume; Hugues Guérin , dit Flé- trouva dans la cassette de son petif- chelle ou Gautier-Garguille; Boni/ace; fils et s'empressa de jeter au feu. Ins- Henri Legrand, dit Belleville ou Tur- truit par les revers du grand roi, et, lupin Deslauriers, dit Bruscambille, ; comme il arrive presque toujours, tous acteurs burlesques ; Pierre Le- tombant d'un excès dans l'autre, il mesier, dit Bellerose, qui fut direc- avait pour la paix une prédilection qui teur de la troupe, et créa les princi- n'aurait pas été sans inconvénient, paux rôles des premières pièces du mais qui plaisait à un peuple épuisé grand Corneille ; Alison qui jouait , par tant de sacrifices et surchargé les servantes et les nourrices , dans d'impôts. un temps où les femmes ne montaient Nous avons essayé de montrer ce pas encore sur la scène Jodelet, qui ; qu'il y avait de bien et de mal dans ce représenta le valet du Menteur ; enfin prince, dont Voltaire a fait un si la Beaupré, la première femme qui pompeux éloge. Ce qui l'honore le parut sur le théâtre, où elle créa, en plus, c'est son attachement profond 1634 , les rôles de soubrette dans la pour l'archevêque de Cambrai, atta- Galerie du palais, de Corneille. Après chement qui ne s'est jamais démenti 1650 , on vit s'élever de nouveaux ; c'est le respect dont il a toujours en- théâtres, qui, pour la comédie, riva- touré la duchesse de Bourgogne, lisèrent avec l'hôtel de Bourgogne : le dont l'aimable douceur n'avait pas peu théâtre du faubourg Saint-Germain , contribué à adoucir l'âpreté de son où débuta Molière , et qu'on nomma caractère; ce sont enfin ses efforts per- YUlustre théâtre, puis successivement sonnels pour triompher de ses pas- les théâtres du Petit-Bourbon et du sions, et les bonnes intentions avec Palais-Royal où la troupe de notre lesquelles il paraît avoir abordé l'étude ? premier comique jouait alternative- de questions politiques. ment avec les Italiens (voyez Théâ- —Bourgogne (théâtre de l'hôtel de). tre). Ce fut cependant toujours à Les confrères de la Passion, asso- l'hôtel de Bourgogne que jouèrent les ciés aux enfants de Sans-Souci , ayant meilleurs acteurs tragiques , et que dû quitter l'hôtel de Flandre que furent représentées les meilleures , François er faisait démolir , achetè- tragédies. Ce fut là que jouèrent Flo- I rent, vers 1548, une grande partie du ridor, Baron père, Brécourt, la £4- Digitized by Google
L'UNIVERS. jart, belle-mère de Molière, et surtout ment de la ville de Tours, où il avait été la célèbre Charnpmeslé. Ce fut là que conduit , le condamna au supplice de la l'on représenta les premières pièces de Corneille depuis le Cid jusqu'à la roue. , Bourgoin (Etienne) , tambour à la 56e demi-brigade de ligne, s'avança Mort de Pompée , et toutes les tragé- dies de Racine, depuis Andromaque témérairement au milieu des Suisses à jusqu'à Phèdre. Tandis que les comé- l'affaire de Villebœuf. Les ennemis vou- diens de Monsieur quittaient, après la mort de Molière, le Palais-Royal pour lurent, en lui appuyant la baïonnette la salle Guénégaud , où la troupe du % Marais était venue se fondre avec eux, l'hôtel de Bourgogne était en proie à sur la gorge, le forcer à crier vive l'anarchie. Ses meilleurs acteurs l'a- Berne. Il ne leur répondit que par des bandonnèrent pour le théâtre de la rue Guénégaud ; et ce fut dans cette cris de vice la republique, répétés dernière saHe que se trouvèrent défi- nitivement réunis, en 1680, tous les jusqu'à ce que l'ennemi lui eût tranché comédiens français. Alors les comé- diens italiens se séparèrent d'eux , et la tête. vinrent habiter seuls l'hôtel de Bour- gogne jusqu'en 1697, époque où le roi Bourgoin (Thérèse) , née à Paris lit fermer ce théâtre , parce qu'on y en 1781, fit ses débuts sur la scène avait désigné, dit-on, maaamede Main- du Théâtre-Français, en 1800. Sans tenon dans une pièce intitulée : la Fausse prude. Après une interruption être dépourvue d'un certain mérite, de dix-neuf ans, une nouvelle troupe mademoiselle Bourgoin s'est acquis italienne s'y établit, et joignit à l'an- du renom, moins par «on talent que cien répertoire , les comédies françai- ses de Marivaux , de Sainte-Foix , de par l'éclat de sa beauté et la facilité de Boissy, etc.; en 1762, on y entendit encore les opéras comiques de Philidor, ses mœurs. de Monsigny, de Grétry, etc., et après la suppression de la comédie italienne, Bourgoing ( François ) , troisième en 1779, les drames de Mercier , des vaudevilles, de petites comédies de général de la compagnie de l'Ora- Florian, des opéras comiques de Mar- sollier, etc. Enfin, en 1783, cette anti- toire, fut un des six premiers prê- que salle fut démolie^ et, à l'endioit tres qui s'associèrent au cardinal de même où l'on avait entendu tant de Bérulle lorsque , dans les premiè- chefs-d'œuvre de poésie et de musi- , que, fut élevée la halle aux cuirs. res années du dix- septième siècle, Bonne oin (Edmond), prieur des ja- cobins de Paris, manifesta un grand ce prélat fonda la congrégation de l'Oratoire, dans le but de rétablir fanatisme pendant les troubles de la la discipline ecclésiastique que les ligue. Il osa, dans ses sermons, pren- guerres civiles avaient beaucoup relâ- dre la défense de son confrère Jacques Clément, le meurtrier de Henri III, chée, comme aussi peut-être pour en- comparer cet assassin à Judith et le proclamer martyr. Ennemi furieux de lever à l'influence ultramontaine ce Henri IV, il excita sans cesse le peuple contre ce prince. Eu 1589, à l'assaut qu'elle avait d'excessif, et rendre le d'un faubourg de Paris, il fut pris les retour des jésuites impossible. Fort armes à la main par les soldats du Béarnais. L'année suivante, le parle- de la protection de Richelieu , le P. Bourgoing consacra tous ses ef- forts à la consolidation de la nouvelle communauté, dont il voulait faire une espèce de corps enseignant pour le clergé français. Ke reculant devant aucun obstacle , ne se laissant décou- rager par aucune tracasserie , il fut, dans cette voie , le digne continuateur du cardinal de Bérulle. Le principal objet de son ambition, c'était de don- ner à la congrégation de l'Oratoire une organisation stable et régulière, A cet effet , il fit un grand nombre de règlements, auxquels on ajustement reproché quelque chose de trop mi- nutieux , mais qui avaient tous en vue le maintien du bon ordre. Bossuet, qui l'estimait beaucoup, prononça Digitized by Google
FRANCE. BOU 271 pour lui sa première oraison funèbre. fut envoyé à Figuières pour négocier Bon». oing (Jean) , avocat général un traité de* paix avec l'Espagne. du bailliage de Nevers , écrivit, au Sans emploi sous le Directoire , mais commencement du dix-septième siècle, rappelé a, .ses fonctions diplomatiques une Histoire de Louis de Gonzague, après le 18 brumaire , et nommé mi* duc de Nevers. nistre plénipotentiaire en Danemark, Bocbgoing (Jean-Fr. , baron de), if se rendit en mars 1800 à Hambourg, appartenant à la même famille que les où pendant cinq mois il fut occupé précédents et que le suivant, fut tour à de négociations très-importantes; il tour militaire et diplomate. Placé à alla ensuite à Copenhague , et remplit Tannée d'après les mêmes fonctions a Técole militaire en 1 760, il s'y fit remar- Stockholm. De retour à Paris, en quer par son intelligence, et, lorsque Pâris Duverney, fondateur de cet éta- 1803, il reçut des reproches très-viis blissement , forma le projet de pro- du premier consul pour avoir pro- duire quelques-uns de ses élèves dans noncé à Stockholm, à son audience la carrière de la diplomatie, il jeta les de réception , un discours qui sem- yeux sur le jeune Bourgoing, et ren- blait annoncer le retour en France du voya étudier le droit à Strasbourg. système monarchique. Bonaparte, qui Après avoir suivi avec assiduité les ne voulait pas encore heurter les leçons du professeur Kugler, il fut idées républicaines, le priva de reçu, en 1764, officier au régiment fonctions, mais finit par lui pardonner, d'Âuvergne, et attaché à la légation et le nomma, en 1807, envoyé extraor» française près la diète de l'Empire. dinaire et ministre plénipotentiaire Pendant I absence du ministre pléni- près du roi de Saxe. Dans ce dernier potentiaire et du secrétaire de léga- pays , il fut atteint d'une maladie tion , il fut chargé, à dix-neuf ans, grave, et mourut le 20 juillet 1811, de la correspondance avec le minis- Il était né à Nevers le 20 novembre tère, et fit preuve d'un talent au-des- 1748. Parmi les ouvrages qu'il com-» sus de son âge ; mais ayant osé faire posa dans ses loisirs , on doit citer des représentations à M. de Choiseul celui qui a pour titre : Tableau de ?ui lui avait adressé un ordre dont VEspagne moderne, et VHistoire de exécution répugnait à son caractère, l'empereur Charlemagne, traduction il faillit perdre le fruit de son rapide libre de l'allemand , du processeur avancement; car, bien que ses repré- Hegewisch , avec un avant-propos, sentations eussent été accueillies, on quelques notes , et un supplément du le renvoya à son régiment. M. de traducteur, 1805, in-8°. Montmorin , ambassadeur en Espa- Ses trois b\\s, Armand- Marc-Joseph, gne, le demanda à M. de Vergennes, en 1777, comme premier secrétaire de Paul et Honoré, ont suivi la carrière militaire et se sont distingués dans les légation ; et lorsque cet ambassa- guerres de l'empire. , deur quitta Madrid, M. de Bourgoing Boubgoing (Noël), conseiller au remplit les fonctions de ministre parlement de Paris, fut, en 1534, le sous le titre de chargé d'affaires, principal rédacteur de la Coutume de jusqu'à l'arrivée du duc de Lavau- Nivernais, qu'il fit imprimer en 1535, guyon, au mois de mai 1785. M. de avec une préface composée par lui. Bourgoing revint alors en France, et fut D'après l'opinion de Guy-Coquille, son nommé ministre plénipotentiaire dans petit-neveu, Noël Bourgoing était d'ex- la basse Saxe, en 1787. Il quitta, en cellent iugement , savoir et prompti- 1792, la résidence de Hambourg pour tude. Il avait, de son temps, la réputa- aller remplir les mêmes fonctions tion d'un homme extrêmement érudit. auprès de la cour d'Espagne, dont il Boubgtheboude bourg de Nor- , calma pendant quelque temps les dis- mandie, à seize kilomètres sud-ouest positions hostiles. Apres le 9 thermi- de Rouen, érigé en baronnie en 1617. dor (juinet 1794), M. de Bourgoing Boubgueil, en latin, Buruoliitm, Digitized by Google
petite ville de l'ancien Anjou , à qua- une foule de renseignements d'un torze kilomètres de Tours, aujourd'hui grand prix. chef- lieu de canton du département Bourguignon-Dumol ard (Claude- d'Indre-et-Loire , possédait, avant la Sébastien), né à Vif, près Grenoble, révolution, une célèbre abbaye d'hom- en 1760, remplit d'abord, dans cette mes de l'ordre de Saint-Benoît, fondée dernière ville, des fonctions adminis- en 990 par Guillaume de Poitiers, qui, tratives et judiciaires. Arrêté, après le la même année , fut défait par Hugues 31 mai, comme chef des fédéralistes Capet, dans une sanglante bataille, du Midi, il fut rendu à la liberté, et vint à Paris, où il changea de nom, près dé cette ville. Bourgueil possède pour échapper à la loi des suspects. un collège communal; sa population est de trois mille cinq cent cinquante Mais il reparut, aussitôt après le 9 thermidor, sur la scène politique. Ce habitants. Boubguet (Louis), savant distin- fut lui qui fut alors chargé d'apposer gué, né à Nîmes le 23 avril 1678, les scellés sur les papiers des deux Ro- s'occupa d'archéologie, d'histoire na- bespierre. Nommé bientôt après secré- Onturelle et de littérature. lui doit la taire du comité de sûreté générale, il devint ensuite secrétaire général du découverte de l'alphabet étrusque, et il fut un des premiers à s'apercevoir ministère de la justice, commissaire du directoire près le tribunal civil de que ce n'était qu'un très-ancien alpha- bet grec. Proscrit, dès sa jeunesse, Paris et la cour de cassation, et en- suite ministre de la police. Remplacé par la révocation de l'édit de Nantes il passa une grande partie de sa vie à dans ce poste par Fouché, quelque voyager, et visita particulièrement l'I- temps avant le 18 brumaire, il fut fait talie, la Suisse, l'Allemagne et la Hol- régisseur de l'enregistrement et des lande. Il fut honoré du choix de l'A- domaines, et plus tard, conseiller à la cadémie de Berlin; celle de Tortone cour de justice criminelle, magistrat l'appela également dans son sein. Une de la haute cour impériale, enfin con- chaire de philosophie et de mathéma- seiller à la cour royale de Paris. Mis tiques fut créée pour lui par le conseil à la retraite, après la seconde restau- de Neufchâtel, ville où il mourut le ration, avec le titre de conseiller ho- 31 décembre 1742, universellement noraire, il se borna au rôle d'avocat regretté. consultant. Il est mort à Paris en avril Bourgueville (Charles de), sieur 1829. On a de lui plusieurs ouvrages, de Bras, naquit à Caen, le 6 mars parmi lesquels nous citerons seule- ment : Trois Mémoires sur l'institu- , tion du jury et les moyens de le per- 150-1 'd'une famille qui occupait de- Suis longtemps un rang distingué fectionner, an x, 1804-1808, 3 part. ans la magistrature. Ayant d'abord embrassé cette carrière , il la quitta in-8°. ensuite pour aller à la cour de Fran- Bourguignons, nom donné, sous er Après avoir rempli quel- le règne de Charles VI , aux partisans çois I . de Jean sans Peur, duc de Bourgo- ques charges importantes , telles aue celle de lieutenant général du bailli de ne par opposition aux partisans du , Caen, en 1568, il s'en défit sur ses uc d'Orléans, que l'on nommait Ar- vieux jours pour se livrer tout entier magnacs (voyez Armagnacs , Bour- , gogne (Jean sans Peur, duc de), Ca* à l'étude. Il mourut en 1593. Il a laissé entre autres ouvrages : Recherches BOCHE , CABOCHIENS , CHAPERONS et antiquités de la Neustrie, et plus —BLANCS, etC.) Bourguignons (loi des). spécialement de la ville et université (Voyez de Caen et lieux circonvoisins les LOIS DES BARBABES.) plus remarquables, Caen, 1588, in-8° Boubguignote espèce de casque et in-4° ; réimprime à Bouen en 1705, , in-4°. Quoique défectueux sous beau- ouvert , assez semblable aux casques romains, et muni seulement sur les coup de rapports, ce livre contient côtés de deux larges plaques carrées Digitized by Googl
BOIT FRANCE. bou appelées oreillettes , et quelquefois bins mais ayant eu l'imprudence de- ; —d une paire de jugulaires qui s'atta- mêler la politique à la religion, elle fut chaient sous le menton. Les bour- contrainte de quitter précipitamment guignotes , dont l'etymologie indique cette ville . et de se réfugier dans le sans doute l'origine, étaient fort em- Holstein , à Noordstrandt , île con- ployées vers le milieu du quinzième quise sur la mer , où elle avait acquis siècle. On en voit de très-belles au une propriété. Là encore , elle éveilla musée d'artillerie de Paris (numéros l'attention des magistrats, qui lui dc- 181 à 190), fendirent de faire usage d'une impri- Bouri, terre et seigneurie du Vexin merie dont elle se servait pour publier français, à cinq kilomètres sud-ouest ses ouvrages, en français, en allemand de Gisors , érigée en marquisat en et en flamand , et qui finirent par la 1686. chasser. Elle fut également expulsée Bourignon ( Antoinette ) , née à de Hambourg et de l'Oost-Frise ; à Lille en 1616, s'imaginait avoir reçu Strasbourg, le peuple la prit pour une du ciel une mission divine. Disgraciée sorcière, et elle tailiit être lapidée, par la nature, mais aussi spirituelle Cette vie errante l'exposa, comme que laide, entraînée par une imagi- on pense, à toutes sortes de dan- nation sans frein , naturellement por- gers. Toutefois elle prétendait avoir tée aux idées mystiques , elle mena la un préservatif contre la violence, vie la plus irréguliere et la plus ex- D'une grande chasteté , elle se van- travagante. Sa difformité ne l'empê- tait d'inspirer cette vertu à ceux qui cha pas d'être recherchée plusieurs l'approchaient. D'après son portrait fois en mariage; mais jamais elle ne on pourrait l'en croire sur parole. Il voulut consentir à se donner un maî- n'en fut rien cependant , et elle eut tre. Quand elle eut atteint sa vingtième plusieurs fois à lutter contre les en- année , ses parents s' étant décidés à treprises les plus audacieuses. Ellemou- Jl'unir à une personne de leur choix , rut, le 30 octobre 1680 , à Franeker , elle se déguisa en homme , et prit la sans que l'âge eût rien fait perdre à fuite , au moment où tout était prêt l'activité de son esprit. Elle disait pour la cérémonie. Alors , grâce a la que la véritable Église avait péri , et Erotection de l'archevêque de Cam- * que Dieu l'avait chargée de lui rendre Unray, elle entra dans le couvent de une vie nouvelle. culte intérieur Saint-Symphorien. Elle y passa son sans aucune cérémonie , tel était Pi- temps à expliquer des idées réforma- déal qu'elle semblait poursuivre. Elle trices à ses compagnes , et allait fuir proscrivait l'aumône, comme une cha- avecquelques-unesdecellesqu'elleavait rité insuffisante , et parce que les converties , si on ne se fût aperçu à pauvres peuvent en faire un mauvais temps de ses projets. Après la mort de usage ; mais elle encourageait les éta- ses parents , devenue maîtresse d'une blissements publics fondés pour leur fortune assez considérable, elle fut soulagement; et, en mourant , elle légua tous ses biens à l'hôpital des nommée directrice de l'hôpital Notre- Sept-Plaies. Parmi ses principaux sec- Dame des Sept-Plaies , à Lille. L'agi- tation de son caractère ne lui permit tateurs, on remarque Noëls, secré- pas de rester longtemps dans ces taire de Jansénius; le P. de Cordt, fonctions paisibles. Chaque jour, en prêtre de l'Oratoire de Malines, qui proie à de no»velles extases et n de l'institua son héritière; et Nicolas Hen- nouvelles visions, elle résolut de quit- ning. Elle écrivit beaucoup ; la collec- tion de ses œuvres s'élève a vingt-deux ter la France , et parcourut la Flan- gros volumes. Poiret, théologien mvs- dre , le Brabant et la Hollande, espé- tique de la communion protestante,' et rant y être mieux comprise. Elle eut partisan déclaré de Descartes , a mis en système les opinions d'Antoinette en effet un moment de vogue à Ams- Bourignon , dans son ouvrage de VÉ- terdam, où elle se lia avec une foule de réformés, d'anabaptistes et de rab- T. m. 18e Livraison. (Dict. encycl., etc.) 18 Digitized by Google
274 BOC L'UNI 1ERS. **V conomie de la nature. La secte des chine. Il était, en 1793, à Saint-Dd- Bourignonistes s'est peu développée mingue, où il fut blessé en défendant ; cependant elle prit un instant quel- la porte de Genton. De retour en ques racines en Écosse. France, il passa à l'armée des côtes de Bourignon (François-Marie) , mé- Cherbourg, puis s'embarqua, en l'an vi, rite d'être cité pour'quelgues ouvra- comme chef de bataillon , dans la ges sur les antiquités nationales, en- brigade étrangère qui fit partie de l'es- tre autres pour ses Recherches topo- cadre que conduisait en Irlande le ca- graphiques sur les an tiquités gauloises pitaine de vaisseau Bompart. Fait pri- et romaines de la Saintonge et ds sonnier à bord du bâtiment qu'il VAngoumoiSj 1789, in-8°. On a éga- montait , il fut échangé, et remplaça, lement de lui des Observations sur en l'an TOI, le général Humbert dans quelques antiquités romaines déter- le commandement supérieur de Lo- rées au Palais-Royal, 1789, in-8°. Le rient. Il prit part, en l'an x, à la tête goût de l'archéologie lui vint d'une de 300 hommes de la marine, à l'expé- façon singulière : des enfants ayant dition de Sajnt-Domingue, et fut nom- découvert en jouant une urne remplie mé, à son retour, en l'an xi, I eute- d'objets précieux quelques-unes des nant-colonel aide de camp du général , Davoust, qui commandait le troisième médailles qu'elle contenait tombèrent dans les mains de Bourignon encore corps de l'armée d'Angleterre. Il se jeune, qui éprouva un vit désir de les distingua dans tous les engagements examiner et de les l'expliquer. Après de la flottille françaisequi eurent lieu ce premier essai , qui fut heureux, il entre Flessingue et Ambleteuse, et se mit à étudier les nombreuses rui- principalement à celle de messidor, nes qui existent à Saintes, sa ville an xiii, sous le cap Grinez. natale. Bientôt il fit dans cette étude Durant l'empire, comme pendant le des progrès extraordinaires pour son consulat et la république, Bourke sou- âge ; mais le manque de fortune ne tint avec un rare courage l'honneur lui permettant pas de se livrer ex- Ades armes françaises. la bataille clusivement à sa vocation naturelle, d'Austerlitz, avec une partie du 15e lé- il embrassa la carrière médicale. ger, il contint l'ennemi, qui voulait Esprit vif et brillant , mais mobile prendre en flanc notre armée, et dé- et un peu superfi< iel , il rechercha joua toutes ses tentatives. Dans là campagne de Prusse, il s'empara d'un aussi les succès littéraires publia , équipage de pont sur la Saale, et porta quelques petites pièces de théâtre . et rédigea , sous le titre de Journal de les postes de cavalerie légère jusqu'à Saintonge, une feuille hebdomadaire, Frevberg. Cette belle action lui mérita à laquelle il sut donner de l'intérêt. le titre de commandant de la Légion Emporté vers les idées nouvelles, Bou- d'honneur. Dans la deuxième campagne rignon épousa avec ardeur la cause de d'Autriche, en 1809, sa rare opiniâ- la révolution. Non content de la dé- treté contribua puissamment à la prise fendre par ses écrits, il voulut en de trois mille Autrichiens qui défen- prêcher de vive voix les principes dans daient une dès portes de la ville de les campagnes; mais il fut maltraité Ratisbonne. Sur le champ de bataille deWagram, où il eut deux chevaux dans un village, et mourut, en 1792, tués sous lui, il fut nommé général de des suites de cette scène violente. Il était né en 1755. On le désigne quel- brigade. L'armée anglaise avant dé- quefois sous le nom de Bourguignon. barqué dans l'île de Walcheren, il se Bourre (Jean-Ramond-Gharles), porta en toute hâte à Anvers et entra, né à Lorient, en 1773, d'une famille à la tête de sa brigade, le 15 novembre irlandaise, qui avait suivi les Stuarts 1809, dans le fort de Batz, et à Flessin- en France, entra, en 1787, dans le ré- gue, le 15 décembre de la même année. De 1810 à 1813, il se signala par des pro- giment de Wels. et fit partie, à l'âge de 14 ans, de l'expédition de Cochin- diges de valeur en Espagne, où il cul-
Hou FRANCE. BOU 275 butai toutes les barides de Mina. Nom- BotJHLBMOirr (Louis de), fut envoyé mé lieutenant général et gouverneur de VVesel, le 7 novembre 1813, il ne à Pise, en 1664, par Louis XIV, pour consentit à rendre cette place aux: obtenir réparation des insultes qui Prussiens que sur l'injonction de avaient été faites au duc de Créqui, Loti ''s XVIU. De même, en 1815, ce lors de son ambassade à Rome. Il né- ne fut qu'en exécution des traités de Paris qu'il remit à l'armée russe la gocia le traité de Pise, dans lequel ville dé Givet, dont Napoléon lui avait confié la défense; il se retira étaient stipulées les excuses qui de- alors avec le peu d'bommes qui lui restaient, dans la citadelle de Charle- vaient être adressées au roi de France. mont, où il se maintint tant que dura Boublette , bourlote ou bourelet, l'invasion étrangère, et qu'il eut ainsi espèce de massue armée de clous la gloire de conserver à la France. En fort en usage dans les guerres du 1822, le général Bourke lit la campa- gne d'Espagne. Ce n'était pas un tac- moyen âge. ticien de premier ordre, mais son im- Boubmokt, Burnonis mons, petitè pétuosité et sa constance le rendaient terrible dans tfn coup de main. Rien ville de l'ancien Bassignv, à quatre ne put refroidir son ardeur, ni l'âge, myriamètresdeChaumont,aujourd'hui ni les blessures, ni la richesse. Il ai- mait la France avec passion et donna, chef-lieu de canton du département comme on Ta vu, de nombreuses preu- de la Haute-Marne. Cette ville, dont ves de son patriotisme. Aussi peut-on la population n'est que de onze cent dire qu'il fut un des meilleurs soldats de cette légion irlandaise, qui en ren- dix-huit habitants possède une bi- fermait de si braves et qui se montra , si fidèle à la France, sa patrie adop- bliothèque de huit mille volumes. tive. Quelques auteurs font remonter l'ori- Boublé (Jacques), né dans le cou- rant du seizième siècle, à Longménil, ginede Bourmontà l'époque gauloise. Boubmont (Louis-Auguste- Victor, diocèse de Beauvais, docteur de Sor- bonne et curé de la paroisse Saint- comte de Graines de), né en 1773, Germain le Vieil, de Paris, s'est fait connaître par la publication d'un grand était officier aux gardes françaises nombre d'ouvrages. Nous nous borne- rons à citer les Regrets sur la mort quand la révolution éclata. Opposé hastive de Charles fX, roi de France^ Paris, 1574, in-8°, livre dans lequel aux idées constitutionnelles, il émi- domine une certaine exaltation catho- gra dès 1789, devint aide de camp lique. On peut adresser le même re- du prince de Condé, avec lequel il pé- proche à son Discours sur la prise de Mende par les hérétiques, en 1563, nétra en Champagne, fit la campagne Paris, 1580, in-8°. C'est à tort que quelques bibliographes ont distingué de 1793, une partie de celle de 1794, et deux auteurs du même nom, l'un s'ap- passa dans la Vendée, où il fut fait pelant Jacques et l'autre Jean; les major général de l'armée commandée deux Bourlé n'en font qu'un, et l'er- reur paraît uniquement provenir de ce par M. de Scépeaux. Hoche étant par- ?[ue le prénom de Bourlé a quelque- venu à pacifier la Vendée , le comte ois été désigné seulement par la lettre initiale J en tête de ses ouvrages. de Bourmont qui avait déjà été une Jacques Bourlé vivait encore en 1 584. , première fois envoyé en Angleterre par les Vendéens, retourna à Londres* d'où il fit tous ses efforts pour rallu- mer la guerre civile. Nommé par le , comte a'Artois, commandant des pro- vinces du Maine, du Perche , etc., il revint en Bretagne dans les premiers mois de 1799, passa dans le Maine, et se mit à la téte des royalistes* avec lesquels il attaqua les \"républi- cains à Saumur, et remporta un succès important qui ne tarda pas à grossir sa troupe. Il pénétra ensuite ans la ville du Mans, où vivra long- temps le souvenir des ravages et des massacres auxquels se livrèrent ces furieux, et dont la responsabilité doit peser sur le chef qui ne fit rien pour 18. Digitized by Google
276 boit /L'UNIVERS. bou les prévenir. Cependant les victoires ficier de la Légion d'honneur et le des troupes républicaines aya'it enlevé aux rebelles tout espoir de succès, le nomma commandant de la 6e division comte de Bourmont abandonna leur cause et fit sa soumission à la répu- militaire à Besançon. Il était encore blique. Il vint s'établir à Paris, où il dans cette ville à l'époque où Napoléon épousa mademoiselle de Bec de Liè- débarqua sur les côtes de la Provence. vre, d'une ancienne famille de Breta- L'ordre lui fut alors donné de se réu- gne. Se montrant alors très-empressé nir au maréchal Ney, et il fut témoin de plaire au premier consul, il réussit, de la défection des troupes. Pendant en courtisan adroit , à lui inspirer de les Cent jours, M. de Bourmont se la confiance et acquit du crédit auprès rendit à Paris, s'insinua de nouveau de lui. Le jour de l'explosion de la machine infernale , il se rendit dans dans les bonnes grâces de l'empe- la loge de Bonaparte et demanda la reur, et obtint le commandement punition des jacobins qu'il accusa de la 6e division du i >rps d'armée, d'être les auteurs de cet attentat. Mais commandé par le général Gérard. Il prit cette dénonciation avait donné des doutes au gouvernement sur la bonne la route de Flandre; et, la veille de la foi du comte de Bourmont; Fouché, ministre de la police , fit surveiller bataille de Waterloo , il passa à l'en- sévèrement sa conduite. Quelque temps nemi. Il figura ensuite dans les pro- après, de nouveaux soupçons s'étant cès du maréchal Ney et du général élevés contre lui , il fut renfermé au Bonnaire, et contribua beaucoup par Temple, transféré ensuite à la cita- ses dépositions à la condamnation du delle de Dijon , et de là à celle de Be- sançon, d'où il réussit à s'évader deux premier. En 1816, il fut nommé com- ans après, et se réfugia en Portugal avec sa famille. Ses biens ne furent mandant de Tune des divisions de la point séquestrés. Rentré en France après la prise de Lisbonne par le gé- garde royale. Lorsqu'en 1823 , l'ar- néral Junot, en 1808, le comte de mée française entra en Espagne , le Bourmont, qui n'avait encore montré comte de Bourmont y commanda la qu'un attachement fort suspect à la division d'infanterie de la garde royale nouvelle cause qu'il avait embrassée, {arut alors s'y dévouer franchement. attachée au corps de réserve. En 182i), il fit partie du ministère Polignac, I fut nomme colonel adjudant-com- avec le portefeuille de la guerre. Ce mandant de l'armée de Naples , d'où fut lui qui, en 1830, commanda l'ex- il passa à l'état-niajor du prince Eu- pédition d'Alger. Il dut à cette cir- gène, avec lequel il fit la campagne constance de n'être pas impliqué dans de Russie. Employé en 1813, dans le 11 e corps, il assista aux batailles qui le procès des ministres après la révo- furent livrées sur les bords de l'Elbe. Xlution de juillet. Charles, ,' après la Nommé général dans le courant d'oc- prise d'Alger, n'avait pas craint de tobre de cette année , il eut , en 1814, le commandement d'une brigade du nommer M. de Bourmont maréchal corps de réserve , avec lequel il se de France; le nouveau gouvernement signala par sa défense de Nogent, où il fut blessé. Sa belle conduite, fut mieux inspiré, en refusant de lui dans cette circonstance, lui valut le reconnaître ce titre, et en lui donnant grade de général de division. Il n'en fut pas moins un des premiers à re- le lieutenant -général Clausel pour remplaçant dans le gouvernement connaître l'autorité du roi Louis XV III, d'Afrique. Depuis lors, M. de Bour- mont essaya de ranimer la guerre de qui le décora du titre de grand of- la Vendée, où il accompagna la du- chesse de Berri dans sa folle entre- prise. Il mit aussi son talent militaire au service de don Miguel en Portu- gal. Ce dernier acte a autorisé le gou- vernement à lui appliquer tout ré- cemment les dispositions du code concernant les Français qui servent en pays étranger sans autorisation : M. de Bourmont a cessé d'être Fran- çais. Telle devait être la fin de l'homme Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 277 qui abandonna la Vendée pour la ré- a publié un grand nombre de romans, Eublique , Napoléon pour les Bour- dont la plupart ont eu du succès à ons , les Bourbons pour Napoléon puis enfin, par une dernière trahison, l'époque où ils ont paru , mais qui la plus infâme de toutes , déserta les sont complètement oubliés mainte* rangs français au moment du combat. Vainement ses (ils , animés de senti- nant. (Voyez Romans.) ments qui les honorent , ont tout fait Botjbnonville, terre et seigneurie pour laver son nom : il est des taches qui ne s'effacent pas. La France ad- du Boulonnais , à douze kilomètres mire leur piété filiale, elle plaint leur E. de Boulogne érigée en duché en malheureuse destinée; mais , tout en , les plaignant, elle ne peut sacrifier l'honneur national à des exigences de 1600. famille, et persiste dans sa triste con- Bodbotte (dom François-Nicolas), viction. D'ailleurs que pourrait son , bénédictin de la congrégation de Saint- indulgence contre la flétrissure histo- Maur, fut un de ceux qui terminèrent rique de l'ordre du jour qui annonce la désertion de leur père ; contre cette 1 Histoire générale au Languedoc, autre flétrissure historique renfermée l dans ce mot de l'empereur à Sainte- Hélène : « Bourmont est une de mes dont le cinquième volume, publié par erreurs. » dom Vaissette, s'arrêtait à l'année 1643. On a en outre de lui : Mé- Bournazel , terre et seigneurie dans le Rouergue , à trente-quatre ki- moire sur la description géographique lomètres nord-est de Montauban , éri- et historique du Languedoc. 1759, gée en marquisat en 1624. in - 4° ; Recueil de lois et autres Boubnon ( Jacques-Louis , comte pièces relatives au droit public et de), né à Metz, quitta le service mi- particulier du Languedoc. Paris, 1765, litaire à l'époque de la révolution , et alla grossir le nombre des émigrés. in-4°; Arrêts et décisions qui établis- Après avoir fait la campagne de 1792, il se rendit en Angleterre, où il s'a- sent la possession de souveraineté et donna exclusivement à son goût pour les sciences naturelles. La minéralo- propriété de Sa Majesté sur le fleuve gie, spécialité dans laquelle il avait déjà acquis quelque renom, fut le prin- le Rhône d'un bord à l'autre. Paris cipal objet de ses études, et il ne tarda pas à être admis djns le sein de la 1765, # Précis analytique du société royale de Londres. Il fut un in-4 ; des savants qui contribuèrent le plus à la formation de la société géologi- procès intenté à la province du Lan- que , dont les travaux ont aidé la science à faire de nouveaux progrès. guedoc par les états de Provence, Revenu à Paris, en 1814, M. de Bournon reprit le chemin de Lon- concernant le Rhône et ses dépen- dres, en 1815, et ce ne fut qu'après la seconde restauration qu'il effectua Domdances. Paris, 1771, in-4°. Bou- son retour définitif en France. Alors rotte était né à Paris en 1710; on ne Louis XVIII le nomma directeur gé- sait pas au juste la date de sa mort. néral de son cabinet de minéralogie. Boubotte, sergent d'artillerie, s'a- Boubnon - Mallabme (comtesse perçut, le 16 avril 1807, au siège de de), membre de l'Académie des Ar- cades de Rome, née à Metz, en 1754, Nice, qu'un obus venait de traverser le parapet et de s'introduire dans le petit magasin à poudre de la batterie où il savait que plusieurs bombes et obus chargés étaient déposes. Sans hésiter, Bourotte pénètre en rampant sur les genoux dans ce réduit, où la mort paraissait inévitable; il saisit l'obus, recule et le fait rouler au mi- lieu de la batterie, où il éclata à l'ins- tant sans blesser personne. La croix de la Légion d'honneur fut accordée à ce brave. Boubbeau. Voyez Exécuteub des —arrêts de justice criminelle. • BouBflÉE. Cette danse , d'un mouvement fort gai, et à deux temps, Aest originaire d'Auvergne. la voir aujourd'hui à Paris, reléguée, avec ses petites allures , dans quelques ca- Digitized by Google
378 L'UMYKRS. MV barets fréquentés par de pauvres Au- tion des colliers et des dossiers des vergnats qui devinerait le rôle bril- selles ; les autres parties de l'équipe- , ment étant du ressort d'autres corpo- lant qu'elle a longtemps joué en rations, telles que celles des selliers, France ? Introduite à la cour par Mar- guerite de Valois, fillede Catherine des lormiers, ou faiseurs de brides de Médicis , qui avait les jambes fort et de mors , des blasonniers et des belles , la bourrée y succéda aux bas- chapuiseurs de selles et d'arçons. Ces ses danses , où Ton marchait au lieu de sauter. Elle fut très à la mode de- corporations si voisines devaient sou- puis Charles IX jusqu'à Louis XI II , et vent empiéter les unes sur les autres ; redevint eu vogue sous la régence. Au- aussi elles étaient souvent en contes- jourd'hui par un effet des vicissitudes tation , et le soin de les maintenir éternelles de la mode, elle est bannie dans leurs attributions respectives do la bonne société, où la basse danse n'était pas le moins pénible de ceux a repris son empire. auxquels devait se livrer la garde de Boubbée (Edme-Bernard), né à Di- la prévôté de Paris. jon en 1652, et mort dans la même Du reste, les statuts de la commu- ville, le 26 mai 1722, était de la con- nauté des bourreliers n'avaient pour objet que d'assurer la bonne qualité Srégation de l'Oratoire. Prédicateur, des objets fabriqués par ces artisans. iéologien, il a, en outre, composé un Ils ne contenaient aucune disposition assez grand nombre d'ouvrages. Quel- remarquable, et qui mérite d'être ci- ques-uns touchent indirectement à I histoire de France, comme les Conr tée. Au moment où les corporations férences ecclésiastiques du diocèse de Langres. 1684, 2 vol. in-12, et VA- furent supprimées , il fallait pour brégé de la, vie du père François de , Ctuny, prêtre de V Oratoire.' 1698, être admis dans celle des bourreliers, avoir fait cinq années d'apprentissage, in-12. deux années de compagnonnage, et présenter un chef-d'œuvre , dont les Bourrelier (Nicolas de Malpas) fils de maîtres seuls étaient exempts. Le brevet coûtait soixante-douze li- né à Dole en 1606, fut conseiller au vres, et la maîtrise neuf cent cinquante parlement de Franche-Comté en 1674, livres. et mourut dans sa ville natale en 1681. Bourrienne (Louis-Antoine Fau- Nous ne le mentionnons ici que parce velet de), né à Sens en 1769, fut à qu'il prononça , en 1632 , 1 Oraison l'école de Brienne le condisciple funèbre de Cleriadus de Vergy, gou- l'ami et le confident de Napoléon. Il —verneur de Franche-Comté. alla ensuite à Leipzig étudier le droit Bourreliers. La corporation et les langues étrangères; puis il visita des bourreliers était une des plus an- la Pologne, et, à son retour en France ciennes de Paris. La chevalerie, et les en 1792, il fut nommé secrétaire de jeux que préférait la noblesse, avaient, légation à Stuttgardt, où il se rendit quelques jours avant le 10 août. La dès les premiers temps du moyen âge , donné naissance a de nombreux guerre qui éclata entre l'Allemagne et. la France le ramena un instant à Pa- métiers , qui s'étaient partagé la fabri- ris; mais il retourna presque aussitôt cation des divers objets qui compo- saient l'équipement du chevalier et le à Leipzig, et s'y maria. Ses intelli- harnachement de sa monture. Ces mé- gences avec un agent de la république tiers, plus nombreux qu'on ne le croi- française excitèrent les soupçons des rait d'abord, parvinrent bientôt à un émigrés, alarmèrent les autorités , et l'électeur de Saxe ordonna l'arresta- assez haut degré de prospérité, puis- que les artisans qui les pratiquaient tion de ces deux personnages. Après trouvaient, en se livrant aux spéciali- tés les plus restreintes, les moyens de soixante-dix jours de captivité, de s'enrichir. Les bourreliers, par exem- Bourrienne fut mis en liberté , mais il mple, «'occupaient que de la fabrica- se vit forcé de quitter immédiatement la Saje et de rentrer en France. Il
BQU FRANCE. mbou avait été inscrit sur la liste des émi- conseiller d'État honoraire. Le 12 grés : quoique n'inspirant que peu de mars 1815, au moment où l'empereur confiance au gouvernement, il parvint sortit de l'île d'Elbe, de Bourrienne fut cependant à se faire rayer. Mais il nommé préfet de police. Son premier resta dans l'oubli jusqu'en 1797, épo- acte fut de signer l'ordre d'arrêter le duc que où des triomphes dont l'histoire d'Otrante (Fouché), qui lui avait rendu n'offre point d'exemple fixaient déjà d'éminents services. Il alla ensuite sur Napoléon l'attention du inonde. avec d'autres transfuges, dont il était Bourrienne se décida alors à écrire à le digne collègue, composer le conseil son ancien condisciple pour lui de- de cette dynastie que l'étranger nous mander l'autorisation de se rendre au- imposait, et contre laquelle la France f>rès de sa personne. Le général de 'armée d'Italie l'invita à venir le join- épuisée faisait ses derniers efforts. dre sur-le-champ à Gratz en Styrie , et dès qu'il fut arrivé, il le fit son se- LouisXVIIl le nomma alors son chargé crétaire intime, l'emmena dans toutes d'affaires à Hambourg; mais il n'eut ses expéditions, l'établit auprès de lui au palais des Tuileries, et le fit nom- pas le temps de remplir cette place. mer conseiller d'État, le 20 juillet Après la seconde restauration, il fut 1801 ; mais cet excès de confiance et de faveur cessa tout à coup. Compro- nommé conseiller d'État, et, peu de mis par la banqueroute de la maison Coulon, de Bourrienne ne put cacher temps après, fut envoyé par le dépar- la part qu'il avait prise aux opérations tement de l'Yonne à la chambre des de cette maison, et Napoléon , irrité députés. Il y vota constamment avec J'éloigna de son cabinet. Il parvint la majorité. Réélu en 1821, il sapa pourtant, aidé de Fouché, à se faire sans ménagement, dans son rapport sur le budget, les institutions libéra- nommer chargé d'affaires de France à Hambourg, avec le titre d'envoyé ex- les, et rien de tout ce qui tient à la gloire de la nation ne fut épargné; traordinaire près le cercle de Basse- Saxe. Il conserva cet emploi jusqu'en aussi reçut-il de l'opposition le sur- 1810, époque où des plaintes nom- breuses engagèrent l'empereur à en- nom d'Omar. Réélu a la chambre sep- tennale, yil vota dans le sens de M. de voyer à Hambourg un homme de con- Villèle, dont il rédigeait, dit-on, cha- fiance pour v examiner la conduite du que année le budget, service qui était chargé d'affaires. Ce commissaire éva- annuellement payé au prix de cent lua à deux millions de fr. les exactions mille francs, Mais bientôt le dérange- commises par de Bourrienne. Napoléon ment de sa fortune devint tel qu'il se montra indulgent, et condamna seulement le coupable à restituer la , moitié de cette somme. Mais cette af- faire avait entraîné des longueurs, et fut forcé de s'enfuir en Belgique pour 1814 était déjà arrivé que Bourrienne échapper à ses créanciers. Il se réfu- n'avait pas encore effectué sa restitu- gia a Fontaine-l'Évéque, près Char- leroy, chez la duches>e de Brancas, et Ation. peine le gouvernement provi- trouva le moyen de s'y créer de nou- velles ressources, en vendant pour soire fut-il institue, qu'il alla offrir ses soixante mille francs, au libraire Lad- services au prince de Talleyrand. Ce- vocat, le droit de publier, sous son lui-ci lui fit donner la direction géné- nom, dix volumes deses mémoires. Ces mémoires, rédigés sur des notes four- rale des postes, et le gouvernement pro- nies par de Bourrienne, par M. de visoire lui accorda la remisedu million Villemarest, contiennent sur Napo- que l'empereur l'avait condamné à res- léon des calomnies qui ont achevé de tituer. Mais à l'arrivée de Louis XVIII, perdre Bourrienne dans l'opinion pu- de Bourrienue fut obligé de céder sa blique. Cet homme était encore en place à M. Ferrand. Il fut alors nommé Belgique à l'époque de la révolution de juillet. La nouvelle de cet événe- ment le chagrina vivement. Son esprit s'égara tout a fait, et l'on fut obligé de le conduire près de Caen,dans une maison destinée au traitement des Digifized by Google
280 BOC L'UNIVERS. aliénés. C'est là qu'il mourut en 1834. sault joignait une indépendance de ca- Boubbd (Edme-Claude), dernier ractère et d'opinions qui nuisit quel- doyen et bibliothécaire de l'ancienne quefois à sa fortune. Dans sa jeunesse, faculté de médecine de Paris, mort en une gazette qu'il rédigeait et qui lui 1823, à quatre-vingt-seize ans, est avait valu d'abord une pension de deux mille francs, fut supprimée à cause de auteur d'un assez grand nombre de la liberté avec laquelle il y attaquait traductions de livres anglais, et de plusieurs personnages de cour et entre autres le confesseur de la reine. Le quelques- ouvrages qui ont eu peu de hardi journaliste n'échappa même à la succès. Nous citerons seulement son Bastille que par la protection du grand Éloge funèbre du docteur Guillotin, Condé. Plus heureux au théâtre, il vit représenter quatre-vingts fois de suite 1814, in-4°. le Mercure galant, pièce dont le fond est très-léçer, mais où l'on trouve ce JBoubsault (Edme), né à Mucit- qui , au défaut de caractères et en l'ab- sence d'un plan et d'une action , peut l'Évêque en Bourgogne , au mois d'oc- faire vivre un ouvrage au théâtre, de la gaieté. Dans les détails, Boursault a tobre 1638 , et mort à Montluçon , le une gaieté si aisée, si naturelle, qu'il s'approche souvent du vrai comique, 1 5 septembre 1 70 1 , est un de ces auteurs et que quelques endroits de son dia- dramatiques qui, au dix-septième siè- logue rappellent le style de Molière. Ce n'est qu'une pièce à tiroirs ; mais cle, eurent de la vogue à défaut de des scènes telles que celle des procu- reurs, et cette autre où un soldat ivre gloire, et dont quelques productions s'irrite des solécismes qu'une irrégu- larité de la langue lui fait commettre, sont encore estimées aujourd'hui. On attestent un génie vif, enjoué, facile. Les mêmes qualités se retrouvent, joue et on applaudit encore le Mercure 3uoique à un degré inférieur, dans les galant, qui est la meilleure comédie eux comédies d'Ésope à la ville et (VÉsope à la cour. La dernière ne fut de Boursault. Lorsqu'il vint à Paris, jouée qu'après la mort de Boursault, et l'on en supprima à la représentation en 1651, il ne savait encore que le pa- quelques vers qui parurent une allu- sion maligne h Louis XIV. A la ville tois de sa province; quelques années et à la cour, Ésope est un homme d'es- après il était devenu un écrivain assez f>rit, un moraliste aimable : mais, à remarquable pour qu'on le chargeât de a ville , il a le tort de débiter des fables composées pour la plupart sur composer un livre destiné à l'éducation des sujets déjà traités par la Fontaine, et, à la cour, le tort bien plus grand du dauphin. Boursault plaisait par les encore d'être ce que ne sont point or- dinairement les bossus ni les sages, qualités du cœur, aussi bien que par c'est-à-dire, amoureux. Témoins de ses succès , les amis de Boursault lui pro- celles de l'esprit; son caractère franc posèrent de le présenter aux suffrages de l'Académie. Il refusa, disant qu'il et ouvert lui fit beaucoup d'amis. 11 n'était point assez instruit : il est vrai fut lié avec la plupart des gens de let- qu'il ne savait ni le latin ni le grec ; mais la manière dont il écrivait le fran- tres ses contemporains, si l'on en ex- çais le rendait digne du fauteuil, et cepte Molière, contre lequel il se crut son refus d'y prétendre est un trait des griefs et qu'il eut l'imprudence d'attaquer dans une satire. Molière prit sa revanche dans V Impromptu de Versailles, et nomma même son ad- versaire dans la scène où il le jouait. Ce qui fait plus d'honneur à Boursault que tout l'esprit qu'il mit dans cette querelle, c'est la manière dont, à une autre époque de sa vie , il se conduisit à l'égard de Boileau. Étant receveur des tailles à Montluçon, il apprit que Boileau qui était vehu à Bourbonne , pour sa santé, se trouvait, par le man- que imprévu d'argent, dans le plus grand embarras. Il accourut aussitôt, quoique Boileau l'eût maltraité dans se satires, et lui offrit sa bourse avec une générosité si franche , qu'il lui (it accepter un prêt de deux cents louis. A une grande vivacité d'esprit, Bour- Digitized by Google
FRANCE BOC Dude modestie qui le fait aimer. reste, dont tous les efforts tendaient à la pa- les seuls titres de Boursault étaient cification de cette contrée. Il y eut, à cette occasion, plusieurs accusations ses comédies. Il ne fit dans la tragédie que des essais malheureux. Marie portées contre lui : il fut surtout dé- Stuart et Germanicus eurent peu de noncé par l'assemblée électorale, dans succès , et on ne se souvient aujour- la séance du 27 novembre 1793, comme d'hui de la dernière de ces deux pièces, ayant acquis, par des moyens illici- qu'à cause de la querelle qu'elle excita tes, une fortune considérai de qui mon- entre Corneille et Racine. Corneille tait, disait-on, à plus d'un million et parlant du Germanicus à l'Académie, demi. Après le 27 juillet 1794, il fut en fit l'éloge, et alla jusqu'à dire qu'il ne envoyé à l'armée du Nord pour calmer manquait à l'ouvrage que le nom de les divisions qui y régnaient; mais, Racine. Le compliment n'était flatteur loin d'y réussir, il s'aliéna tous les es- que pour Boursault, aussi Racine le prits. Plus tard , il demanda qu'on prit-il fort mal, et les 'deux grands poursuivît les assassins de Ferraud, nommes en vinrent à des paroles pi- et engagea les tribunes à défendre la quantes, dont ils gardèrent l'impres- Convention. Peu avant le 13 vendé- sion et qui augmentèrent encore leur miaire an iv, il fut envoyé de nouveau éloigneraient l'un pour l'autre. Le sou- en mission dans le comtat Venaissin, venir du dédain que Racine avait mon- où , suivant Prudhomme , il augmenta tré pour le Germanicus, a sans doute encore sa fortune d'une manière scan- influé sur le jugement que Boursault daleuse. Toutefois, ce fait n'est pas a fait de Britannicus dans la préface prouvé. Après la dissolution de la Con- de son roman A\\4rtémise et Poliante. vention, il établit, dans sa salle de la Il y a bien de la légèreté ou de l'injus- rue Saint-Martin , un théâtre des Va- tice dans la manière dont il parle de riétés étrangères i où l'on ne repré- ce chef-d'œuvre. Malgré ce tort, Bour- sentait que des pièces traduites. Mais sault est un de ces hommes de lettres cette entreprise ne réussit pas. Il eut aimables dont on aime à garder le sou- plus de succès dans celÎ3 des boues et venir et dont on lit avec plaisir quel- des fosses d'aisances de Paris, qui lui ques ouvrages. On a encore de lui , la procura d'impenses bénéfices. Plus Satire des Satires, en un acte; Ne tard, il obtint, avec M. de Chalabre, pas croire ce qu'on voit; des lettres; la ferme des jeux. Retiré ostensible- un recueil de contes , d'épigrammes et ment de cette entreprise, il s'occupa de bons mots. ensuite de la culture des plantes exo- Bours ault-M alhebbe (J.-Franç.), tiques, et son jardin devint un des plus avait été successivement comédien am- beaux de l'Europe. bulant, directeur du théâtre de Mar- —Boubse. La bourse était , au seille, puis de celui de Palerme, où il moyen âge, une partie indispensable avait acquis une fortune assez consi- du costume; elle s'attachait à la cein- dérable, lorsqu'il vint, en 1 7 89 ^ éta- ture , et l'on avait trouvé moyen d'y blir à Paris,' rue Saint-Martin, le déployer un grand luxe. Les bourses des hommes étaient en peau , ornées Théâtre de Molière, qui eut peu de succès. S'étant lié d'amitié avecCollot- de grelots et de clochettes d'argent. d'Herboisqui, comme lui, avait été co- Celles des femmes, d'une étoffe plus médien, BQursault se jeta dans la politi- légère , velours ou cendal , étaient 3ue. Il fut d'abord électeur en 1 792, puis enrichies de broderies d'or et de éputé suppléant du département de la pierres précieuses. « Je donne , est- Seine a la Convention nationale, où il il écrit dans un testament cité par n'entra qu'après la mort de Louis XVI. dom Carpentier (*) ; je donne à Agnès, Envoyé,com me représentant du peuple, femme Pierre Pouchin, une bourse de dans ia Vendée, il y contraria continuel- lement les projets de Bollet, son col- (*) Supplément au Glossaire de du Cattge, au mot JBursa. lègue, ainsi que ceux du général Hoche, Digitized by Google
NU383 L'UNIVERS. BOD velours vermeil , et ung boqrselot clo- pérait. Tel est encore actuellement queté d'argent. * L'usage des bourses l'étal de l'institution des bourses de etajt tellement répandu , que leur fa- collèges. brication suffisait pour faire vivre Bourse , petit sac de taffetas noir, deux nombreuses corporations (voyez où les hommes , au siècle dernier —Boubsiebs). renfermaient leurchevelure. La bourse^ Boubse commune. On appelait se serrait avec des rubans que l'on , aipsi une société que deux ou plusieurs —attachait ensuite par devant. Boubses de commebcb. L'éta- personnes de même profession fai- saient entre elles pour se garantir blissement des bourses de commerce mutuellement de la concurrence , et ne date pas de fort loin en France; les partager les profits. Les secrétaires bourses de Bruges, Amsterdam, Ve- du roi , les commissaires du Châtelet, nise et Londres , florissaient longtemps avant celle de Lyon, la plus ancienne les huissiers du parlement, faisaient que nous ayons possédée. Celle de bourse commune. On peut encore donner ce nom à l'association que Toulouse fut fondée, en 1549, sous forment les jeunes gens appelés par Henri II; une ordonnance de Char- leur âge au service militaire, pour ra- les IX en établit une à Rouen en 1566; cheter ceux d'entre eux que le sort enfin ce fut seulement en 1724 que le désignera. gouvernement autorisa à Paris les Boiibse de collège , somme an- réunions de négociants et de banquiers. nuelle assignée en vertu d'une fonda- Les banquiers se tenaient autrefois tion , ou par le gouvernement , pour l'entretien d'un étudiant dans un col- dans la grande cour du palais, au- dessous de la galerie Dauphine. Ce lège. La plupart de nos établisse- lieu s'appelait la Place du Change, et ments d'instruction publique possé- c'est à son voisinage que le pont connu daient, avant la révolution, un grand sous le nom de Pont-au-uvange doit nombre de bourses. C'était à servir la dénomination qui le distingue encore aujourd'hui. Dans la suite, les ban- ces bourses qu'étaient destinés les grands biens dont la générosité de nos quiers allèrent s'établir dans la rue pères avait doté l'ancienne Université Quincampoix, qui devint bientôt le centre du grand commerce de Paris, et les autres corporations enseignan- tes. Malheureusement , ces corpora- et le lieu où se traitèrent les affaires tions faisant toutes partie du clergé les plus importantes. Mais ce fut sur- leurs biens , confondus avec ceux de tout à l'époque de l'établissement du ce corps, furent avec eux déclarés système de Law que cette rue devint propriétés nationales. Il est vrai que le théâtre des plus grandes réunions de l'Assemblée déclara alors qu'en prin- spéculateurs. cipe , la nation était obligée de pour- Depuis que les guerres ruineuses de voir à l'instruction des citoyens , et Louis XIV avaient forcé de recourir décréta , en conséquence , que désor- au crédit pour couvrir les dépenses mais l'instruction , à tous ses degrés, serait gratuite pour tout le monde. extraordinaires , il s'était forme à Paris Mais, dans la suite, un gouvernement, des agioteurs qui cherchaient à faire fortune, en vendant ou en achetant les guidé par d'autres principes , parvint papiers émis par le gouvernement. au pouvoir. L'État jouissant des biens Quelques-uns de ces hommes, d'une qui avaient appartenu aux anciennes probité douteuse, avaient aussi établi, corporations enseignantes , on ne dans la rue Quincampoix, des comp- pouvait abolir entièrement l'éducation toirs où ils vendaient et achetaient les gratuite-, mais on la restreignit con- effets publics à bureau ouvert. Mais sidérablement, et on l'accorda comme après rétablissement de la Compagnie une récompense ou comme une laveur des Indes et de celle des fermes, l'af- aux enfants des citoyens qui avaient fluence fut telle dans ces bureaux, rendu des services, ou dont on en es- trop étroits pour contenir tous les Digitized by Google
OU FRANCK. OU spéculateurs, que ceux-ci finirent par\" négociants et de spéculateurs. Il les aller se grouper dans la rue même. regardait comme des rassemblements La foule y devint bientôt immense, tumultueux, faisant naître une infi- surtout lorsque Law eut imaginé de nité d'abus, de désordres et de frau- des, et, quelques années auparavant, convertir toute la dette publique en il les avait défendues sous peine de actions de la Compagnie des Indes; prison. Il reconnut alors l'impossibilité d'empêcher entièrement le mal; mais toute la population comptant sur des il songea du moins à l'atténuer, en , affectant à ces réunions un lieu spécial, et en se donnant ainsi le moyen de revenus imaginaires, se porta alors à surveiller les transactions qui s'v opé- raient. C'est alors que fut établi la la rue Quincampoix. Les actions, dont première bourse de Paris, dans une des salles du palais Mazarin, dont la la valeur primitive était de cinq cents artie supérieure était occupée par les livres, furent bientôt portées à dix S ureaux de la Compagnie des Indes. mille livres, et finirent par dépasser le Lorsque après la chute du système de cours de vingt mille livres. La rue où Law et la ruine de la Compagnie des l'on en faisait le commerce fut appelée Indes, le palais Mazarin changea de destination, et reçut la bibliothèque par le public le Mississipi. Elle était royale, la bourse fut transportée dans encombrée par toutes les classes de la l'édifice occupé par le trésor. Pendant la révolution, elle fut transférée dans société confondues ensemble et se re- l'église des Petits-Pères, et de là au Palais-Royal, dans la galerie de Vir- paissant des mêmes illusions. Toutes ginie, où elle se tint Jusqu'en 1826, époque où fut achevé le palais actuel les habitations avaient été changées en de la Bourse, dont la première pierre avait été posée en 1808. bureaux; les locataires avaient cédé Nous avons raconté les turpitudes Îeurs appartements, les marchands dont la rue Quincampoix fut le théâtre pendant la durée de l'espèce de fièvre eurs boutiques; des maisons dont le épidémique causée par le système de Law; nous n'essayerons pas de faire loyer ne s'élevait pas auparavant à huit l'histoire des intrigues de tout genre, et des vols non moins honteux, mais cents livres, rapportaient cinquante et plus adroits, qu'ont vu commettre les Unsoixante mille livres. savetier qui différents lieux consacrés depuis cette époque aux réunions des négociants. avait changé son échoppe en bureau, Nous ne dirons rien de l'agiotage ef- fréné dont le nouveau palais de la en y plaçant des tabourets, une table Bourse est encore actuellement le théâ- et un écritoire, gagnait deux cents li- tre. Jetons un voile sur les honteuses vres par jour. manœuvres de ces hommes avides, qui Les agioteurs s'entendaient comme ne voient dans les dangers de la patrie que des occasions de spéculer et <Je d'adroits fripons; ils spéculaient géné- sVnrichir. Nous voudrions n'avoir à rapporter dans ce dictionnaire que des ralement sur la hausse constante, mais faits dont la nation n'eût pas à rougir. souvent aussi sur les variations qu'ils La plupart des grandes villes com- merciales de la France ont maintenant avaient l'art de produire. Ils se ran- comme Paris, des bourses de com- merce. Les bourses de Lyon, Mar- geaient à la file dans la rue, prêts à agir au premier signal. A peine une sonnette placée dans le bureau d'un nommé Papillon s'était-elle fait enten- dre, qu'ils offraient tous à la fois des actions, vendaient et amenaient une baisse; et à un signal contraire, ils rachetaient au prix le plus bas ce qu'ils avaient vendu très-cher. Les variations étaient si rapides, que, recevant des actions pour aller les vendre, ils avaient le temps de faire des profits énormes en les gardant un jour seule- ment (*). Le gouvernement avait toujours cherche à empêcher ces réunions de (*) Voy. Auguste Chevalier, article Bourse, dans le Dictionnaire de la Con versation. Voy. •uaai tu t. ii , l'article Bauque. Digitized by Google
284 BOU L'UNIVERS BOC seille , le Havre et Bordeaux , sont celles bourses et des braies ou hauts-de- où il se fait le plus d'affaires. chausses en cuir. Les bourses se fai- Boursier (Laurent-François), doc- teur en Sorbonne, naquit eh 1679, à saient principalement en peaux de Ëcouen, diocèse de Paris. Il se fit re- marquer par une grande piété, mais lièvre et de chevreau , ou chevrotin, eut a souffrir de cruelles persécutions pour s'être opposé au formulaire d'A- et les braies en peaux de vache cerf, lexandre VII et à la constitution Uni- , genitus de Clément XI. Il contribua puissamment à soulever la Sorbonne truie, cheval ou mouton. contre cette dernière bulle, fut un des plus fougueux appelants, et écrivit le Les bourses fabriquées par les bour- fameux mémoire des quatre évêques, pour justifier la mesure de l'appel. Ses siers étaient destinées aux hommes protestations contre l'accommodement de 1720 le firent exclure, par lettre les femmes en portaient de plus élé- de cachet, des assemblées de la faculté de théologie ; une autre lettre de ca- gantes, que l'on appelait aumônières chet lui enleva ses appointements en Sorbonne, après qu'il se fut élevé sarrazinoises. C'étaient de petits sacs, contre le concile d'Embrun, tenu dans la ville de ce nom, l'an 1728. Exilé à qu'elles attachaient à leur ceinture, et Girvet en 1735, il revint secrètement à Paris ; mais sa santé s'était altérée, qui contenaient la petite monnaie des- et il mourut le 17 février 1749. Le curé de Saint-Nicolas du Chardonnet tinée aux aumônes. Il v en avait de fut exilé à Senlis pour lui avoir donné plusieurs espèces : la sépulture ecclésiastique. v J'ai les diverses aumoniènt, Boursier avait travaillé très-active- « Et de soie et de cordouan, ment à la réunion de l'Église grecque a que je vendrai encor dan, et de l'Église catholique. En 17 1 7, lors- H Et si en ai de pleine toile (*). n que Pierre le Grand vint visiter, à la Sorbonne, le tombeau du cardinal de Ces aumônières , imitées probable- Richelieu, on profita de l'occasion pour ment du costume oriental, à l'époque lui faire sentir les avantages d'un rapprochement entre les deux cultes. des croisades, étaient brodées et quel- Boursier passa toute une nuit à rédi- ger sur ce sujet un mémoire éloquent quefois richement ornées. Les ou- qui fut goûté du monarque. Le czar promit de s'occuper sérieusement de vrières qui les faisaient formaient cette grande mesure; mais, soit tié- deur de sa part, soit mauvaise volonté une corporation particulière et fort du clergé russe, la négociation éprouva des lenteurs, et le mémoire de Bour* nombreuse, dont les statuts furent sier, d'ailleurs combattu plutôt qu'ap- puyé par le cardinal Dubois, n'aboutit enregistrés, en 1299, parle garde de la a aucun résultat. prévôté de Paris (**). —Boursiers et Braiers. La cor- Ceux de la corporation des bour- poration des boursiers et braiers est une de celles dont les statuts compo- siers furent renouvelés par Philippe sent le registre des métiers d'Étienne de Valois, qui, dans une ordonnance Boileau. La profession de ces artisans de l'année 1342, les qualifia de bour- avait pour objet la fabrication des siers callotiers , bonnetiers , cal- , çonniers, etc. . . Cette ordonnance fut confirmée successivement par Char- les VI , Louis XII , Charles IX et Louis XIV, dont les lettres patentes, datées de l'année 1656, étaient encore en vigueur à l'époque de l'abolition Ades jurandes et des maîtrises. cette époque, on avait ajouté de nombreu- ses attributions à celles que les sta- tuts enregistrés par Etienne Boileau attribuaient à la corporation des boursiers. On reconnaissait en effet à ces artisans le droit de faire et de vendre des parapluies, des parasols, des culottes, des gibecières, des car- touches , des gibernes , et une foule d'autres objets semblables. Il fallait, (*) Dit d'un mercier, cité par M. Dep- ping, Livre desméliers, p. 38a. (**) Voyez le Livre des métiers d'Élienne Boileau, p. 38a, éd. Depping, ibid. Digitized by Google
bou FRANCE. BOU pour être admis dans la communauté, çaise que nomma le cardinal de Riche- avoir fait quatre ans d'apprentissage et cinq ans de compagnonnage. Le lieu. Ayant ensuite pris les ordres, il brevet coûtait soixante-cinq livres, et se distingua surtout dans la contro- verse, et eut la gloire de convertir —la maîtrise six cents. plusieurs des ministres contre les- quels il avait disputé. Dans le nombre Boursiers. C'est le nom donné de ses plus éclatantes conversions, fi* gurent le prince palatin Edouard et le aux élèves entretenus gratuitement comte de Schomberg, depuis maré- dans les établissements publics. Voy. chai de France. La perspective de cette dignité à laquelle le comte de Bourses de collège. Schombergseraitdifricilement parvenu Boursonne, terre et seigneurie s'il fût resté protestant, vint sans dans le Valois, avec titre de vicomté, doute en aide à l'éloquence du P. Bour- à 9 kilomètres sud-est de Crécy. zeïs. Colbert le mit à la tête de l'Aca- demie des inscriptions, et plaça en Bon rv al ats (Paul Poisson de), fils outre, sous sa direction, une autre d'un paysan des environs de Rennes, assemblée, toute composée de théo- après avoir été successivement laquais cnez le fermier général Thévenin, fac- loeiens, et qui tenait ses séances à la teur chez un marchand de bois et huissier dans son village, devint un bibliothèque royale. Né en 1606, des financiers les plus riches de France, Bourzeîs mourut le 2 août 1672. Il La protection de M. de Pontchartrain, chancelier de France, lui fut d'un avait d'abord incliné vers le parti des grand secours; mais il était doué jansénistes; mais il signa, en 1661, le aussi d'une merveilleuse aptitude aux formulaire qui fut approuvé par affaires. C'est seulement en 1687, Alexandre VII. Il a laissé un grand lorsque son protecteur l'eût déjà fait nombre de controverses et vingt et un sermons, dont le dernier est VOralson connaître, qu'il prit le nom de Bourva- funèbre de Louis XIII, lais; jusque-là il s'était appelé Paul Bouscal (Guvon, Guérin de), au- teur dramatique du dix-septième siècle, Poisson. En peu de temps il se fit, par né en Languedoc. On ignore la date son talent dans les opérations fin an- précise de sa naissance et de sa mort, cières, une de ces fortunes qui passent II était conseiller du roi , avocat au conseil, et eut pour clerc Loraz, au- toute croyance. Il fut anobli, et le teur du Jona's. Lui-même a composé un assez grand nombre de pièces, mais frère de Louis XIV ne dédaigna pas qui paraissent n'avoir eu qu'un succès d'aller jouer et manger chez lui. Mais passager. sa prospérité ne tarda pas à éveiller î'envie, et, comme il paraissait avoir Bousmard(A. de), né, en 1747, plus d'adresse que de probité, le tribu- nal érigé en 1716 par le régent reeher- dans le département de la Meuse, était cha sa conduite. Les résultats de l'en- capitaine du génie en 1789. Quoiqu'il Suête amenèrent la saisie de tous ses eût embrassé la cause populaire, au commencement de la révolution , sa iens, malgré les efforts qu'il fit pour conduite ultérieure fit voir qu'il n'était en dissimuler une partie. Cependant, point animé d'une conviction sincère, en 1718, il fut réintégré dans presque Député, par la noblesse de Bar-le-Duc, toutes ses possessions. Son ignorance aux états généraux, il vota pour qu'au attira sur lui une foule d'épigrammes, roi seul appartînt le droit de faire la on lui prêta tous les genres de ridi- paix ou la guerre. Il rentra dans la car- cules, et il faut avouer qu'à part le rière militaire, après la dissolution de maniement des capitaux et l'art de l'assemblée, et il faisait partie de la jouir du fruit de ses bénéfices, il n'a- garnison de Verdun en 1792. Les ar- vait qu'un mérite fort ordinaire. C'é- niées ennemies avaient alors envahi taiten tout point le parfait modèle du notre territoire. Ce fut le moment traitant. Bourzeîs (Amable de), abbé de Saint-Martin de Cores, fut un des pre- miers membres de l'Académie fran- Digitized by Google
386 «OU L'UNIVERS. BOIT qu'il choisit pour se détacher de la blier des brochures journalières d'un? Cause nationale. Il signa la reddition demi-feuille, portant différents titres; de la place passa aux ennemis , se fit mais comme ces brochures rempla- , çaient en quelque sorte le journal sup- naturaliser Prussien, devint major gé- primé, l'auteur, en butte a dessaisies et à des condamnations continuelles, néral au service de Prusse, et fut tué, fut obligé de s'éloigner, et passa en en 1807, d'un éclat d'obus au siège de Espagne. Il s'établit à Madrid, où il Dautzig, en combattant contre les rédigea un journal français intitulé : Français. On a de Bousmard qui avait YÉcho de CEurope, et devint, en , même temps , l'un des collaborateurs du Constitutionnel espagnol. Il passa comme ingénieur des talents incontes- ensuite à Barcelone ou il se fit chérir tables, un Essai général de fortifica- des habitants par sa bienfaisance et tion et d'attaque, ou Défense des pla- son humanité. Il s'y trouvait à I épo- ces, dans lequel ces deux sciences que où la fièvre jaune y exerça tant de sont expliquées et mises, l'une par ravages, et montra, dans'cette af- l'autre, à la portée de tout le monde, freuse circonstance, un héroïsme et 4 vol. in*8\". un dévouement au-dessus de tous les éloges. Bousquet-Deschamps portait Bousmard ou Boussemart ( Ni- partout des secours et des consola- colas de), évêque de Verdun, né, en tions, méprisant tous les dangers et 1512, à Xivry-le-Franc, près de Long- bravant tout ce que ce fléau a d'hor- wy, et, par conséquent, dans le duché rible et de repoussant. 11 accompagnait dé Lorraine , appartenait directement les médecins dans tous les lieux et les à la France par son origine , puisqu'il descendaitd'une famille de l'Anjou, an- aidait à l'ouverture des cadavres. Ses ciennement établie en Lorraine. Char- ressources venant a manquer, il con- les 111, duc de Lorraine, qui avait une tracta des dettes pour alimenter sa bien- grande considération pour lui, le dési- gna, en 1572, pour être un des réforma- faisance. Enfin, sa conduite fut si géné- teurs de la coutume de Saint-Mihiel. reuse que tous les médecins français Quatreans plus tard, l'evêchédeVerdun sollicitèrent la remise des condamna- étantdevenu vacant par suite de la mort tions personnelles prononcés contre lui de Nicolas Psaume, Charles III choisit et la permission de rentrer dans sa pa- Boussemart pour successeur du der- trie. Quoiqu'il fût alors sur le point de nier prélat. Cette nomination occa- contracter un riche mariage, et qu'il fût particulièrement honoré de l'estime du sionna des troubles. Les chanoines, général Riégo , se confiant aux pro- messes du ministère, il rentra en prétextant I atteinte portée à leur droit France; mais, à son arrivée, tout était changé. Les nouveaux ministres ne se d'élection, en référèrent à l'Empire. crurent point obligés par les promesses De son côté, Charles III fit des ins- de leurs prédécesseurs. On réduisit tances auprès du pape pour qu'il con- seulement à une année les trente-cinq firmât son choix. Grâce à l'interven- ans de prison auxquels il avait été con- tion du roi de France, Henri III, les damné. Arrêté et conduit à Agen, il y bulles de ratification arrivèrent enfin subit cette peine, qui ne fut pas mé- de Home, et le nouvel évéque fut sacré diocrement aggravée par les tracasse- le 15 juillet 1576. Il mourut à Verdun, ries de la police. le 10 avril 1584, généralement regretté. Il s'était occupé d'études historiques Boussac le chat t: att . petite ville sur les principales maisons de Lor- du Berri , avec titre de baronnie , au* raine , et un de ses manuscrits a été jourd'hui chef-lieu d'arrondissement consulté avec fruit par dom Calmet. du département de la Creuse, à vingt Bousquet-Deschamps ( Jacques- kilomètres ouest de Montluçon. Quel- ques auteurs lui donnent une origine Lucien), né à Marmande, départe- ment de Lot-et-Garanne , en 1796, fut un des rédacteurs du journal ÏArUtarque^ si peu ménagé par la censure. Lorsque ce journal cessa de ÈMtraître Bousquet conçut l'idée de pu- , Digitized by Google
FRANCE. àdtr isr fort ancienne, et la font remonter jus- les appuyaient ; Boussard accourt au bruit de ce désastre, s'élance sur les 3u'à l'époque romaine. La population Espagnols, les sabre, reprend nos ca- e Boussac est maintenant de huit nons, et enlève l'artillerie de ceux qui emmenaient la nôtre. Enhardi par ces cent soixante-dix-neuf habitants. succès, il ne compta t plus, et attaquait quel que fût le nombre d'ennemis qu'il Bou&sanelle (Louis de), capitaine eût en téte. Cette confiance faillit de cavalerie, membre de l'académie lui devenir funeste; il rencontra Vingt de Béziers, a publié entre autres li- escadrons espagnols en bataille en vres , un Cominentaire sur la cava- avant de Torrente; il n'avait avec lui lerie* Paris, 1758, in-12, ouvrage qui qu'une soixantaine de hussards; il n'hésite pas néanmoins à faire sonner contient une histoire militaire de la la charge; il se précipite sur l'ennemi cavalerie française depuis Clovis jus- avec un abandon sans exemple; mais qu'à 1712. la disproportion était trop considéra- Boussabd (André-Joseph, baron), ble; il est entouré , couvert de coups de sabre, et eût péri si le général Delort né à Binch, en Hainaut, le 13 novem- ne fût accouru pour le dégager. Nommé bre 1758, servit d'abord dans les trou- général de division, mais épuisé, cou- pes autrichiennes\"; mais les troubles vert de cicatrices, il vint a Bagnères de Bigorre pour réparer ses forces, et de la Belgique le rappelèrent dans sa V mourut le 11 août 4813. patrie, où il servit, en qualité de Boussabd (Geoffroi), ne au Mans Acapitaine, jusqu'en 1791. cette en 1439 , professa la théologie avec beaucoup de succès, et devint, en époque, il passa sous nos drapeaux. 1487, recteur de l'université, et chan- Nommé, en 1793, chef d'escadron celier de l'Église de Paris. En 1511, au vingtième de dragons, il passa, avec il fut député par l'université au con- cile de Pise, transféré à Milan. Il ce régiment, à l'armée (l'Italie, et mourut vers 1522, avec Ta réputation se fit remarquer dans diverses ren- d'un des plus savants hommes de son contres. Nommé chef de brigade pour temps. Il a publié quelques ouvrages, dans l'un desquels , intitulé de Conti- ses bons services , il suivit Napoléon nentia sacerdotumj Paris, 1505, in-4°, il examine si le pape peut dispenser les en Égypte , et se signala dans toutes prêtres du célibat, et se prononce pour les rencontres où il en vint aux mains. l'affirmative dans plusieurs cas. En Rentré en France avec le grade de gé- 1497, il avait donne une édition nou- velle et beaucoup plus correcte de néral de brigade, il se distingua de YHistoire ecclésiastique par Ruffih. La préface de son Interpretatio in nouveau pendant la campagne de septem psalmos pœnitentiales attira sur lui quelques persécutions de la Prusse. Mais c'est surtout en Espagne part de l'archevêque de Sens et de l'évéque de Paris. Ces deux pré- qu'il donna des preuves d'une éclatante lats prétendant qu'il avait censuré le grand nombre de bénéfices qu'ils bravoure.Chargé, en 1810, par le géné- possédaient, le traduisirent devant le parlement; mais il se tira avec hon- ral Meunier d'arrêter le général O'Do- neur de ce procès scandaleux. Il existe aussi de lui Un manuscrit en nell qui cherchait à dégager Lérida français : le Régime et gouvernement pour les dames et femmes de chacun qu'assiégeaient nos troupes, il le joi- gnit, l'attaqua avec tant d'impétuo- sité que les colonnes ennemies débor- dées ne purent se mettre en ligne , et s'enfuirent dans le plus affreux désor- dre. Cette belle charge et le succès qu'elle décida valurent au général les éloges de toute l'armée. La tentative que fit Bassecourt sur le camp de Vi- naros fournit une nouvelle occasion de gloire à Boussard ; il fondit sur les assaillants à la téte de quelques esca- drons de cuirassiers , les enfonça et les poursuivit jusqu'à Benicarlos. H ne tut pas moins heureux à la ba- taille de Sagonte; la cavalerie ennemie s'était emparée de nos pièces , et fai- sait main basse sur les colonnes qui Digitized by Google
288 BOU L'UNIVERS. BOC état qui veulent vivre dans le présentant d'une manière allégorique , l'ancienne loi accomplie par rétablis- mande selon Dieu. On remarquera la sèment de la nouvelle. Nommé premier distinction qu'établit lui-même entre les dames et femmes, le ministre d'un sculpteur du roi d'Espagne, il se ren»- dieu mort pour l'égalité. Et cependant, dit dans ce pays, et y resta jusqu'à sa d'après ses démêlés avec l'archevêque mort , arrivée en 1740. On voit à Ma- de Sens et l'évêque de Paris d'après drid de nombreux ouvrages de cet ar- , ses opinions sur le célibat, ce prêtre tiste. Bousseau est l'un des hommes parait avoir été l'ennemi plutôt que le qui ont le plus contribué à répandre partisan des privilèges. Si donc nous en Europe le goût et l'art français, et avons relevé le singulier titre de son auquel revient ainsi une part de Tin- manuscrit français, c'est que ce titre fluence qu'obtinrent nos idées dans le mouvement de la civilisation euro- était dans l'esprit du temps, et qu'il montre quel progrès ont accompli de- péenne au dix-huitième siècle. (Voyez puis les idées religieuses. Sculptube). Boussard (J.-A.), pilote-lamaneur Boussingault (Jeau.-Baptiste-Jo- de Dieppe, mérite, pour son humanité seph-Dieudonné) , fut l'un de ces jeu- et son courage, une mention particu- nés savants qui partirent de France, lière. En 1778, un bâtiment battu par il y a une vingtaine d'années pour la , la tempête, devant la côte de Dieppe, al- Colombie , et qui rendirent de grands lait être englouti sous les flots. Boussard services à ce pays, en même temps qu'à se jette à la mer, et parvient, à travers la science. M. Boussingault a fait à mille dangers et des fatigues inouïes, à Antioquia, département de Cundina- sau ver l'équipage, composé de quinze marca, l'importante découverte d'une hommes; mais au moment où il at- mine de platine qui parait riche, et teint le rivage , ses forces étant épui- dont l'exploitation doit avoir d'im- sées, il s'évanouit. On le rappelle à menses résultats pour le commerce et lui ; tout à coup un cri qu'il a entendu les arts chimiques. M. de Hnmboldt lui apprend qu'un malheureux reste annonça cette découverte à l'Académie encore à sauver; il se précipite de des sciences, dans une des séances de nouveau , et arrache à la mort un in- juillet 1826. On trouve dans les Anna- fortuné matelot qui allait se noyer. Ce les de chimie et de physique un grand beau trait lui mérita l'admiration gé- nombre de mémofres dus à la plume nérale. Le roi Louis XVI le Gt dîner de M. Boussingault, et pleins d'inté- à sa table et lui accorda une pension , rêt. Ce savant fait partie de l'Aeadé- sur sa cassette. Boussard mourut en —mie des sciences depuis l'année 1839. 1795. Boussole. Au dire de quelques Bousseau (Jacques), sculpteur, na- historiens, l'importation delà bous- quit en 1681, à Chavagnes, en Poi- sole en Europe devrait être attribuée tou. Il étudia à l'école de Nicolas au Vénitien Marc Paul , qui aurait rap- porté de la Chine, au treizième siècle, Coustou, et acquit bientôt assez de ré- putation pour être admis à l'Académie ce précieux instrument, connu des de peinture et de sculpture, où il en- Chinois douze cents ans avant notre tra en novembre 1715. Son morceau ère. Suivant d'autres, la découverte de de réception fut Ulysse bandant son la boussole serait due au Napolitain arc. Ses principaux ouvrages sont le Flavio Gioja, qui vivait en 1300. Ces tombeau de M. d'Argenson , à la Ma- deux assertions sont également erro- deleinede Trenel, les statues de saint nées; en effet, il est fait mention de Maurice et de saint Louis dans la çha- la boussole chez deux auteurs fran- pelle de Noailles, à Notre-Dame de çais, antérieurs à Marc Paul et à Fia- Paris, et un bas-relief représentant le vio Gioja. Le premier est un poète du Christ qui donne les clefs à saint Pierre, douzième siècle, Guyot de Provins dans la même église; enfin, le grand qui, dans la Bible portant son nom, autel de la cathédrale de Rouen re- désigne la boussole assez clairement Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 289 pour ne laisser aucun doute sur l'ob- Boussu (Jacques), d'une ancienne jet dont il parle. Le passage de la Bible de Guvot ayant été souvent cité famille du Hainaut, a écrit une Mis- d'une manière inexacte, nous croyons devoir le donner ici tout entier. Après toire de la ville de Mons ancienne et avoir dit que le pape devrait être pour moderne, contenant tout ce qui s'y tous les fidèles , ce que la trémon- est passé de plus curieux depuis son taigne (l'étoile polaire), seule étoile immobile, est pour les navigateurs, origineJusqu'en 1725. Il mourut en le poète ajoute : 1775. vn art font «ni mentir ne puet, Boussuet (François), né à Seurre en Bourgogne, en 1520, pratiqua la médecine avec distinction, et consacra une partie de ses loisirs à l'étude des ttSSmîJSSBl naturelles. Assez mauvais ou ii fers voiontier» se joint poète, il aimait particulièrement a ont, si esgardent le droit point t i , rireen vers latins, même des ouvrages ttt. £*3*v'JfSS!?* Ade médecine. en croire l'abbé Papil- En l'eue la metent sans plus ; Ion , Boussuet et Bossuet ne sont qu*un Et u festu la tient desus. nom désignant la même famille. S'il 1 P° inte toute en est ainsi, le plus grand titre de ^treVeToïie \" '.'.'..Y. gloire de François Boussuet est, sans Quant u mer est obscure et brune contredit . le lien de parenté qui l'u- SStZTrSSSiS- nissait aux ancêtres de l'aigle de Meaux. Puis n'oi»t-il garde d'esgarer, Boutabd ( François ), né a Troyes contre l'estoiie y* la pointe. en Champagne, en 1664, gagna la Le second auteur qui ait parlé de protection de Bossuet par une ode la- la boussole est Jacques de Vitry qui tine qu'il lui adressa. Ce prélat l'ayant , dans le chapitre 89e de son histoire engagé à entrer dans les ordres, lui de Jérusalem, écrite vers Tan 1225, fit avoir l'abbaye de Bois-Groland, et, s'exprime ainsi : peu de temps après , Boutard fut reçu « Une aiguille de fer, après qu'elle de l'Académie des belles-lettres. Il ne « a touché le diamant, se tourne vers laissait guère passer d'événement im- « l'étoile du nord , qui comme l'axe du portant sans le célébrer par une ode, « ciel reste immobile pendant que se et s'intitula poète des Bourbons. Il « meuvent les autres étoiles. D'où composait avec facilité d'assez bons « cette pierre est très-nécessaire à tous vers latins, mais l'amitié de Bossuet « ceux qui naviguent sur mer. » contribua surtout à sa fortune. Ho- Ces deux passages sont très-précis ; race était le modèle qu'il avait choisi ; mais ils ne nous apprennent rien sur il croyait ressembler au poète latin, l'époque ni sur les lieux où fut décou- non - seulement par ses vers, mais verte la propriété de l'aiguille aiman- encore par la taille, les traits du fi- lée. Toutefois, il y a lieu de penser sage et toutes les manières. Ce ridi- que , pendant les croisades , les Euro- péens empruntèrent cette découverte cul'e égayait ses rivaux , et quelquefois aux Arabes qui, peut-être eux-mêmes, Bossuet , son protecteur, en riait lui- l'avaient reçue des Chinois. On sait même. A part un nombre considérable d'odes de tous les genres , on a encore que, jusqu'au huitième siècle , ceux- de lui deux traductions latines de deux ci firent jusque sur les bords de la ouvrages de Bossuet l'une, de la Re- met Rouge un commerce très-actif, , lation sur le quiétisme, l'autre, de Quoi qu'il en soit, la fleur de lis qui, YHistoire des variations. Il mourut chez toutes les nations maritimes, dé- le 9 mars 1729. signe le nord sur le carton où est figu- Boutabic (Franç. de), savant pro- rée la rose des vents , ne permet pas fesseur de droit français à l'université de douter que la boussole n'ait reçu de Toulouse, naquit a Figeacen 1672, des Français de notables perfectionne- et mourut , en 1733 , à Toulouse, où il ments. « avait été capitoul et chef du consis- T. ni. 19e livraison. (Dict. bncyclop, etc.) 19 Digitized by Google
290 BOL L'UNIVERS. BOU toire. Il a laissé un grand nombre 13° Guy de Sentis, dit le Loup, en d'ouvrages de jurisprudence que l'on a 1131 et 1147; longtemps estimés. 14° Guy de Sentis, en 1550; mort Bol ru LD (Michel), jésuite, né à en 1188; Paris en 1607, mort à Pontoise en 16° Guy IV, de Sentis, en 1188 ; 1688, fit, de son temps, quelque bruit mort en 1231 comme prédicateur et comme écrivain. ; 16° Robert de Courtenay, seigneur IJ publia les Conseils de la sagesse, de Champignelles, en 1223; mort en ou Recueil des maximes de Salomon 1239; les plus nécessaires à Vhomme , Paris 1677, io-12, ouvrage qui obtint un 17° Étienne de Sancerre, seigneur de Saint-Brisson , en 1248; grand succès, et fut attribué au surin- 18° Jean de Brienne, dit d'Acre, tendant Fouquet. On a encore de lui : en 1258; mort en 1296; le Théologien dans les conversations 19° Guy de Châtilion, comte de avec les sages et les grands du Saint-Pol, en 1296; mort eu 1317; monde Paris, 1683, in-4°. Ce livre, 20° Henri IV, sire de Sulli depuis y , qui est suivi d'une Histoire de Cimpé- 1317 jusqu'en 1334; ratrice Àdelals , est un recueil de di- 21° Miles VI , sire de Noyers, en verses réponses faites par le P. Cotton 1336, 1346 et 1361; aux objections de quelques incrédules 22° Jean III , de Chàlons, comte de la cour de Henri IV. d'Auxerre, en 1350 et 1361; Boutavajns , terre et seigneurie de 23° Jean II, comte de Sarrebruck, la Franche-Comté, à quinze kilomètres en 1365 et 1381; sud d'Orgelet érigée en marquisat en 24° Enguerrand VU, sire de Coucy, , 1679. en 1384 et 1389; Boutbillebs (grands).—La charge 25° Jacques de Bourbon seigneur , de ces officiers était, à peu peu de chose de Préaux, en 1397 et 1417; près, la même que celle des grands 26° Guitla urne IV, de Melun, comte échansons. Le premier grand bouteil- de Tancarville, en 1402 et 1415; ler de France fut Herbert de Serons, 27° Pierre desEssars, en 1410; dé- qui vivait au commencement du on- capité en 1413; zième siècle. Il eut pour successeurs : 28° IValeran IIL de Luxembourg , comte de Saint-Pol, en 1410, 1411 2° Hugues, qui vivait en 1060, * 3° Et Engenoul, en 1Q65 et 1067. et 1415; C'est en 1067 qu'il est fait, pour la 29° Jean , sire de Croï et de Renti ,• première fois, mention d'un échanson en 1412 ; tué en 1415; de France. Depuis cette époque , les 30° Robert de Bar, comte de Sois- échansons de France exercèrent leur sons, en 1413; tué en 1415; charge concurremment avec les grands 31° Jean II, sire d'Estoateville, en bouteillers. Les successeurs d'Enge- 1415 et 1436; noul furent : 32° Jean de Neufchàtel, seigneur de 4° Renaud, en 1067; Montagu, en 1418 et 1433; 5° Guy, en 1071 et 1074; 33° Jacques de Dinan, seigneur de 6° Hervé de Montmorency, en 1075 Beaumanoir, en 1427 et 1444 et 1079; ; 34° Lowisrr,sired'Estouteville, en 7° Adelard, en 1085; 1443; mort avant 1463; 8° Lancelin, en 1086; 35° Antoine de Châteauneuf, baron 9° Payen d'Orléans , en 1106 et du Lau, en 1484, disgracié en 1468, 1107; et qui vivait encore en 1483. 10° Guy II, de Semis, seigneur de Il paraît que ce fut le dernier grand Chantilly, en 1108 et 1111; bouteiller de France. Depuis lui , on 11° Gilbert de Garlande, en 1114 n'a pas de preuve que cette charge ait et 1126; été exercée par un officier particulier. 12° Louis de Sentis, en 1130; Bouteilueb (Jean), jurisconsulte Digitized by Google
OU FRANCE. BOU 301 du quatorzième siècle. Les seuls dé- ses prédécesseurs, et mit dans tout tails que Ton possède sur la personne de cet auteur sont donnés par son tes- leur jour les principes généraux de tament qui porte la date du 16 sep- tembre 1402. Nous y lisons que Bou- droit qui existaient au sein de la cou- teillier était «conseiller du roy », tume et qui n'y avaient pas encore été c'est-à-dire, membre du parlement de Paris, et qu'il appartenait à une fa- aperçus. Ajoutons que, sous le rap- port historique, son livre a un très- mille noble, car cet acte contient la clause suivante : « Je veux et ordonne grand mérite, car on ne trouve nulle part ailleurs un tableau aussi exact et « que devant part Iacquet mon fils ait « toutes mes armures et xx livres pa- aussi étendu des lois civiles, crimi- « risis pour un cheval , comme à noble « homme doit appartenir. » La vie de nelles et de procédure qui régissaient Bouteillier ne fut probablement mar- la France au milieu du quatorzième quée par aucun événement important; siècle. Il ne faut donc pas s'étonner et , sans le livre de jurisprudence qu'il que la Somme rurale ait conservé de composa, son nom ne serait point 1 autorité auprès des jurisconsultes qui parvenu jusqu'à nous. Cet ouvrage, de nos jours, étudient les antiquités intitulé : La Somme rurale ou le grand du droit français, et dont l'opinion coustumier gênerai de practique civil s'accorde parfaitement avec celle qu'ex- et canonique, est un des monuments primait Charondas le Caron lorsque, les plus curieux de notre ancien droit , U(ou tu r nier. a été réimprimé plusieurs dédiant sa nouvelle édition de la fois (Bruges , 1479 ; Paris , 1603 , 161 1 Somme au président Jeannin , en 1603 1612, 1621), et Charondas le Caron en a donné un commentaire fort détaillé. il disait : « Je vous rends tesmoignage Longtemps avant Bouteillier, le droit coutumier de la Francev, ou de cer- « par ce livre de la Somme rurale, le- taines parties du royaume, avait été «quel je vous offre et dédie, l'aiant l'objet de recherches intéressantes, mais incomplètes. Le Vieux coustu- « revueu et illustré d'annotations pour mier de Normendie, les Etablisse* , ments de saint Louis, le Grand coutu- « Pauctorité qu'il au roit justement ac- mier de Charles VI, témoignent des efforts que les jurisconsultes du moyen «quise, tant pour la doctrine meslée âge ne cessaient de faire pour assu- « qui s'en peut recueillir, que pour les jettir la coutume à des règles positives, « marques de l'antiquité françoise qu'on et la rattacher au droit romain et au droit canonique. Ces tentatives ayant « y peut observer en diverses manières, eu lieu à des époques où les notions de « non-seulement pour les coustumes droit et les méthodes de raisonnement étaient peu avancées et peu répandues, « des pays et principalement de la n'ont obtenu presque aucun succès; et « Gaule Belgique, ains aussi pour les le droit coutumier n'eu restait pas moins, au milieu du quatorzième siè- « anciens droicts et prérogatives de la « couronne de France. » cle, exposé à ces incertitudes, à ces Bouteboûe (Claude), savant anti- nombreuses variations qui , sans doute, étaient dans sa nature, mais dont une quaire, né à Paris, mort dans cette critique prudente et éclairée aurait pu restreindre l'autorité. Doué de con- ville vers 1780, a publié des Hecher* naissances étendues, d'un esprit posi- ches curieuses sur les monnaies de tif, quoique abondant, et d'une logique sévère, Bouteillier reprit l'œuvre de France avec des obsemations , des t preuves et des Jigures de monnaies, t. I er , 1666, in- toi. Ce volume devait être suivi de plusieurs autres, que l'auteur n'eut pas le temps de publier. Bouteville, bourg avec titre de duché, dans l'ancien Gatinais, à vingt kilomètres d'Angouléme, aujourd'hui département de la Charente. Bouteville (François, comte de), gouverneur de Senlis, fils de Louis de Montmorency qui avait été vice-amiral de France sous Henri IV, mourut sur l'échafaud en 1627, victime de sa fu- reur pour les duels. Bien d'autres duellistes célèbres l'avaient précédé, 19. Digitized by Google
* »2 BOC L'UNIVERS. Bob et lui avaient pour ainsi dire donné l'épée à la main. » Sur ces entrefaites l'exemple de l'impunité dans ce genre de crimes; bien d'autres le suivirent l'archiduchesse avant prié Louis XIII encore et l'imitèrent sans subrr le de révoquer l'ordre qui bannissait de même châtiment. Aussi, aux yeux de France le comte de Bouteville, le roi beaucoup de critiques indulgents, ne s'y refusa. En apprenant cette nou- fut-il coupable que d'avoir attiré sur lui l'attention générale dans un mo- velle, Bouteville s écria : « Puisqu'on ment où le sentiment public et le gou- vernement s'étaient élevés avec force m'a refusé une abolition, je me bat- contre l'usage des cartels, et n'eut-il trai dans Paris, et sur la place d'autre tort que d'être né un peu trop tard ou un peu trop tôt. Pour nous qui Royale. » pensons que le devoir de tout homme Quelques jours après, entre deux et oui se respecte est de ne jamais reculer trois heures de l'après-midi, six cham- devant le sacrifice de sa vie quand ce pions dégainaient l'épée à l'endroit sacrilice est véritablement indispen- sable à son honneur, nous ne nous en désigné. C'étaient d'abord le comte de associons pas moins, ou plutôt, précisé- Bouteville et le marquis de Beuvron, ment pour cela , nous nous associons avec d autant plus de force au blâme qui puis le comte des Chapelles et le mar- flétrit l'abus des combats singuliers. quis de Bussy d'Amboise, puis enfin la Au commencement du dix-septième Berthe et Buquet. Ainsi non-seulement siècle, le duel était devenu, chez la noblesse française , quelque chose d'in- le fou avait tenu parole, mais, pour concevable, oui se commettait avec un sang- froid et une légèreté inouïs. plus de scandale, il ne se contentait Ce n'était plus un préjugé chevale- resque auquel on ne cédait qu'avec même pas d'une partie carrée comme autorisation supérieure: c'était une habitude sans conséquence, un passe- cela n'avait que trop souvent lieu alors temps comme un autre, une manière et il avait voulu qu'on arrivât sur le reçue de faire parler de soi, ou plutôt terrain trois contre trois. Il aurait cru c'était moins que cela encore, c'était manquer à son honneur s'il n'eût pas une mode. On sait avec quelle rigueur appelé à la fête des Chapelles, son le cardinal de Richelieu et Louis XIII cousin, son ami, et son compagnon résolurent de détruire ce travers. Le comte de Bouteville, qui, en 1626, d'exil pour lui avoir toujours servi de avait déjà tué le marquis Desportes et le comte de Thorigny, fut l'année sui- second ; la Berthe lui paraissait avoir vante contraint de sortir du royaume et de se réfugier à Bruxelles, pour les mêmes titres à sa considération. s'être battu avec un nouvel adversaire, avec la Frette. Le marquis de Beuvron Quant au marquis de Beuvron, trop parent du comte de Thorigny, l'une des premières victimes de Bouteville, bien élevé, trop bon gentilhomme vint trouver ce dernier à Bruxelles; pour jamais rester en arrière, il ne lui mais la rencontre n'eut pas lieu , grâce à l'intervention de l'archiduchesse, fut pas difficile de se procurer deux gouvernante des Pays-Bas. Cependant l'affaire n'était qu ajournée, car le seconds; il n'eut qu'un mot à dire à marquis de Beuvron avait dit à Boute- ville en l'embrassant : « Je ne serai son écuyer Buquet et à Bussy, il fut jamais content que je ne vous aie vu compris à l'instant. Des lors, toutes les dispositions étant prises, commença une véritable parodie de combat des Horaces et des Curiaces, parodie qui n'eût étéque ridi- cule si elle n'avait eu des conséquen- ces funestes. Nous n'essayerons pas de décrire cette lutte dont les acteurs déployèrent un courage digne d'une meilleure cause qu'il suffise de dire ; qu'après s'être successivement servis de I épee et du poignard sans pouvoir s'atteindre, Bouteville et Beuvron se reconnurent d'égale force, et se dispo- sèrent à aller séparer leurs seconds. II était trop tard, des Chapelles venait de porter un coup mortel à Bussy, qu'ils trouvèrent expirant. Averti de ce qui s'était passé sur la Digitized by Google
Search
Read the Text Version
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8
- 9
- 10
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- 16
- 17
- 18
- 19
- 20
- 21
- 22
- 23
- 24
- 25
- 26
- 27
- 28
- 29
- 30
- 31
- 32
- 33
- 34
- 35
- 36
- 37
- 38
- 39
- 40
- 41
- 42
- 43
- 44
- 45
- 46
- 47
- 48
- 49
- 50
- 51
- 52
- 53
- 54
- 55
- 56
- 57
- 58
- 59
- 60
- 61
- 62
- 63
- 64
- 65
- 66
- 67
- 68
- 69
- 70
- 71
- 72
- 73
- 74
- 75
- 76
- 77
- 78
- 79
- 80
- 81
- 82
- 83
- 84
- 85
- 86
- 87
- 88
- 89
- 90
- 91
- 92
- 93
- 94
- 95
- 96
- 97
- 98
- 99
- 100
- 101
- 102
- 103
- 104
- 105
- 106
- 107
- 108
- 109
- 110
- 111
- 112
- 113
- 114
- 115
- 116
- 117
- 118
- 119
- 120
- 121
- 122
- 123
- 124
- 125
- 126
- 127
- 128
- 129
- 130
- 131
- 132
- 133
- 134
- 135
- 136
- 137
- 138
- 139
- 140
- 141
- 142
- 143
- 144
- 145
- 146
- 147
- 148
- 149
- 150
- 151
- 152
- 153
- 154
- 155
- 156
- 157
- 158
- 159
- 160
- 161
- 162
- 163
- 164
- 165
- 166
- 167
- 168
- 169
- 170
- 171
- 172
- 173
- 174
- 175
- 176
- 177
- 178
- 179
- 180
- 181
- 182
- 183
- 184
- 185
- 186
- 187
- 188
- 189
- 190
- 191
- 192
- 193
- 194
- 195
- 196
- 197
- 198
- 199
- 200
- 201
- 202
- 203
- 204
- 205
- 206
- 207
- 208
- 209
- 210
- 211
- 212
- 213
- 214
- 215
- 216
- 217
- 218
- 219
- 220
- 221
- 222
- 223
- 224
- 225
- 226
- 227
- 228
- 229
- 230
- 231
- 232
- 233
- 234
- 235
- 236
- 237
- 238
- 239
- 240
- 241
- 242
- 243
- 244
- 245
- 246
- 247
- 248
- 249
- 250
- 251
- 252
- 253
- 254
- 255
- 256
- 257
- 258
- 259
- 260
- 261
- 262
- 263
- 264
- 265
- 266
- 267
- 268
- 269
- 270
- 271
- 272
- 273
- 274
- 275
- 276
- 277
- 278
- 279
- 280
- 281
- 282
- 283
- 284
- 285
- 286
- 287
- 288
- 289
- 290
- 291
- 292
- 293
- 294
- 295
- 296
- 297
- 298
- 299
- 300
- 301
- 302
- 303
- 304
- 305
- 306
- 307
- 308
- 309
- 310
- 311
- 312
- 313
- 314
- 315
- 316
- 317
- 318
- 319
- 320
- 321
- 322
- 323
- 324
- 325
- 326
- 327
- 328
- 329
- 330
- 331
- 332
- 333
- 334
- 335
- 336
- 337
- 338
- 339
- 340
- 341
- 342
- 343
- 344
- 345
- 346
- 347
- 348
- 349
- 350
- 351
- 352
- 353
- 354
- 355
- 356
- 357
- 358
- 359
- 360
- 361
- 362
- 363
- 364
- 365
- 366
- 367
- 368
- 369
- 370
- 371
- 372
- 373
- 374
- 375
- 376
- 377
- 378
- 379
- 380
- 381
- 382
- 383
- 384
- 385
- 386
- 387
- 388
- 389
- 390
- 391
- 392
- 393
- 394
- 395
- 396
- 397
- 398
- 399
- 400
- 401
- 402
- 403
- 404
- 405
- 406
- 407
- 408
- 409
- 410
- 411
- 412
- 413
- 414
- 415
- 416
- 417
- 418
- 419
- 420
- 421
- 422
- 423
- 424
- 425
- 426
- 427
- 428
- 429
- 430
- 431
- 432
- 433
- 434
- 435
- 436
- 437
- 438
- 439
- 440
- 441
- 442
- 443
- 444
- 445
- 446
- 447
- 448
- 449
- 450
- 451
- 452
- 453
- 454
- 455
- 456
- 457
- 458
- 459
- 460
- 461
- 462
- 463
- 464
- 465
- 466
- 467
- 468
- 469
- 470
- 471
- 472
- 473
- 474
- 475
- 476
- 477
- 478
- 479
- 480
- 481
- 482
- 483
- 484
- 485
- 486
- 487
- 488
- 489
- 490
- 491
- 492
- 493
- 494
- 495
- 496
- 497
- 498
- 499
- 500
- 501
- 502
- 503
- 504
- 505
- 506
- 507
- 508
- 509
- 510
- 511
- 512
- 513
- 514
- 515
- 516
- 517
- 518
- 519
- 520
- 521
- 522
- 523
- 524
- 525
- 526
- 527
- 528
- 529
- 530
- 531
- 532
- 533
- 534
- 535
- 536
- 537
- 538
- 539
- 540
- 541
- 542
- 543
- 544
- 545
- 546
- 547
- 548
- 549
- 550
- 551
- 552
- 553
- 554
- 555
- 556
- 557
- 558
- 559
- 560
- 561
- 562
- 563
- 564
- 565
- 566
- 567
- 568
- 569
- 570
- 571
- 572
- 573
- 574
- 575
- 576
- 577
- 578
- 579
- 580
- 581
- 582
- 583
- 584
- 585
- 586
- 587
- 588
- 589
- 590
- 591
- 592
- 593
- 594
- 595
- 596
- 597
- 598
- 599
- 600
- 601
- 602
- 603
- 604
- 605
- 606
- 607
- 608
- 609
- 610
- 611
- 612
- 613
- 614
- 615
- 616
- 617
- 618
- 619
- 620
- 621
- 622
- 623
- 624
- 625
- 626
- 627
- 628
- 629
- 630
- 631
- 632
- 633
- 634
- 635
- 636
- 637
- 638
- 639
- 640
- 641
- 642
- 643
- 644
- 645
- 646
- 647
- 648
- 649
- 650
- 651
- 652
- 653
- 654
- 655
- 656
- 657
- 658
- 659
- 660
- 661
- 662
- 663
- 664
- 665
- 666
- 667
- 668
- 669
- 670
- 671
- 672
- 673
- 674
- 675
- 676
- 677
- 678
- 679
- 680
- 681
- 682
- 683
- 684
- 685
- 686
- 687
- 688
- 689
- 690
- 691
- 692
- 693
- 694
- 695
- 696
- 697
- 698
- 699
- 700
- 701
- 702
- 703
- 704
- 705
- 706
- 707
- 708
- 709
- 710
- 711
- 712
- 713
- 714
- 715
- 716
- 717
- 718
- 719
- 720
- 721
- 722
- 1 - 50
- 51 - 100
- 101 - 150
- 151 - 200
- 201 - 250
- 251 - 300
- 301 - 350
- 351 - 400
- 401 - 450
- 451 - 500
- 501 - 550
- 551 - 600
- 601 - 650
- 651 - 700
- 701 - 722
Pages: