BIT FRANCE. 493 dénonça les vexations qu'exerçait en ses. Buttafuoco mourut dans l'exil Corse Paoli , l'un de ceux qui avaient provoqué l'accusation de Mirabeau. vers l'année 1800. En 1791 , il parla contre les membres —Butzbach (combat de). Le général du département de la Corse , particu- Jourdan avant fait passer la Lahn, le lièrement contre Salicetti , qui le re- 9 juillet 1796, à son aile gauche, com- mandée parKléber, s'avança dans le présentait partout comme un aristo- comté de Darmstadt, vers la petite ville de Butzbach. L'adjudant général crate | et il fut ensuite accusé lui- Nev, avec l'avant-garde de la division Colaud, se trouva en présence du corps même d'avoir excité la révolte de la du général autrichien Kray, qui parut vouloir engager une action. Des char- municipalité de Bastia. ges brillantes et opiniâtres furentfaites Son opposition aveugle contre la ré- de part et d'autre. Deux fois le village d'Ooermerl , occupé par les Français volution acheva de lui aliéner le cœur fut pris et repris. Enfin Ney demeura de ses compatriotes qui dans beau- maître du champ de bataille après s'être battu jusqu'à neuf heures du soir.Cham- , pionnetde son côté n'avait pas éprouvé moins de difficultés pour vaincre à coup de villes le pendirent en effigie. Camberg , où les Autrichiens avaient couvert la plaine d'une nombreuse ca- INapoléon lui - même , alors simple valerie , et embusqué leur infanterie dans les bois. Toutefois, après un com- lieutenant d'artillerie à Auxonne, écri- bat long et terrible, les Autrichiens vit contre lui une épître virulente. laissèrent le champ de bataille couvert Cette lettre, imprimée à Dole, fut en- de morts et de blessés, et se détermi- voyée par le jeune officier au club nèrent à la retraite. Le général Kléber d'Ajaccio , qui la répandit dans l'île. crut alors devoir les forcer dans leur Buttafuoco n'en fut pas moins un des position de Friedberg et ordonner une signataires des protestations des 12 et attaque générale. De son côté, le gé- 15 septembre 1791 contre les innova- néral Wartensleben, pour obéir à une tions faites par l'Assemblée nationale. dépêche de l'archiduc, reprit aussi l'of- fensive. La victoire fut disputée avec A la fin de la session, il passa à l'é- acharnement; les Français se virent chassés des positions dont ils s'étaient tranger avec tous ceux de son parti. déjà emparés. Cependant nos divisions avant opéré leur jonction, les Autri- Il revint en Corse, en 1794, au moment chiens se trouvèrent entre deux feux où les Anglais venaient d'envahir cette et furent obligés d'effectuer leur retrai- Ile. Il ternit ainsi lui-même ce qu'il te. Les généraux Klein, Richepanse et avait pu faire d'utile à sa patrie sous Ney les poursuivirent chaudement jus- le ministère Choiseul, et autorisa ses qu à la nuit, et Friedberg fut repris de ennemis à douter des sentiments qui vive force. Les Allemands eurent dans l'avaient porté du côté de la France. ces deux journées plus de quinze cents hommes tués ou blessés. Le seul qui ait été invariable chez lui, c'est un éloignement invincible pour Buvette. Ce mot est synonyme de les Génois. Le 21 janvier 1791, à l'oc- buffet et signifiait, dans l'origine, une casion d'une réclamation où la ville taverne où l'on se rafraîchit. Le Palais de Gênes, cherchait à faire valoir avait autrefois saoewe/te, témoin ces ses anciens droits sur la Corse, il de- vers de Racine : manda que l'Assemblée rassurât les EIU eût «lu tWcftVr emporté les serviettes, Corses à cet égard, déclarant qu'ils h UPlut «jqe de reu'.rer an lo S les maint uc.le*. se livreraient plutôt au diable que de rester sous les Génois. En effet quand il se fut brouillé avec la Fran- ce , il préféra l'Angleterre à ces der- niers. Il avait formé une collection com- plète de mémoires relatifs à la Corse collection qui fut dispersée en 1768, lors du pillage de sa maison. C'était lui gui , avec l'autorisation de Paoli avait entretenu avec J.-J. Rousseau une correspondance politique au sujet de la constitution à donner aux Cor- Digitized by Google
BIT Y L'UNIVERS Buyer (Barthélémy), conseiller de Videuille, où l'on remarquait surtout ville à Lyon, sa patrie, y établit, vers un groupe représentant deux enfants 1472, la première imprimerie, en fai- sant venir et en logeant dans sa mai- jouant avec une chèvre. Le fermier son, avec ses presses, un ouvrier nom- général Bordier le fit aussi travailler mé Guillaume Régis ou le Roy. De cet atelier sortit, en 1473, le Compen- au Rincy. Dès la fondation de l'Aca- dium du cardinal Lothaire, imprimé, démie, Buyster en fit partie, en qualité d'après la souscription, à la requête et aux frais de Barthélémy Buyer ; en d'ancien ; puis il s'en retira et n'y rentra 1476, la Légende dorée; en 1477, le que le 2 septembre 1651. Voué tout en- Spéculum vitœ humanse et la traduc- tier à son art, il a exécuté un nombre tion française de cet ouvrage; en 1478, considérable d'ouvrages. Après avoir le livre dé Beaudouyn, comte de Flan- travaillé pour diverses maisons religieu- mdres; 1479, le Miroir historial ; en ses de Paris, il fut employé par Anne 1780, le MandevUle. C'est à tort qu'on d'Autriche, à la construction au Val-de- a présenté Buyer comme lepremierim- pnmeur de Lvon; il ne fit qu encourager Grâce : il y exécuta toute la sculpture d'ornements à l'extérieur du dôme et et soutenir de ses fonds cet arl nais- dans l'intérieur de l'église; les grands sant, comme le firent Faust a Mayen- ce, et les de Maximisa Rome. Le nom travaux avaient été confiés à Anguier. de Buyer cesse de paraître après 1480, L'ouvrage le plus important de Buys- quoique son associé figure encore par- mi les imprimeurs lyonnais en 1488. ter est le mausolée du cardinal de la Buysteb (Philippe de), sculpteur, Rochefoucauld , abbé de Sainte-Gene- viève. Ce tombeau, en marbre noir, né à Bruxelles ou à Anvers, en 1595, étudia les premiers principes de son supporte la statue du cardinal, en mar- art en Flandre, et vint à Paris, en 1635, pour se former et améliorer sa bre blanc. Le prélat est représenté à fortune. On a supposé méchamment genoux et vêtu d'une robe dont la queue gue c'était pour se débarrasser de sa est portée par le génie de la douleur. femme ! Il commença , à son arrivée dans la capitale, par orner de sculp- Buyster travailla aussi à Versailles : il tures, suivant la mode de cette époque, les carrosses des gens de qualité. Mais y fit, en 1665, le Poème satirique et son premier ouvrage capital fut un deux hamadryades; un Neptune, une bas-relief de l'Annonciation au'il Cérès, un Bacchus et un faune, qui fut sculpta au fronton des Jacobins de la son dernier ouvrage. rue Saint-Honoré. Les sculptures dont Son style est celui de l'école fla- il orna le portail de l'église des Feuil- mande, lourd, rendant bien les chairs, lants de la même rue, le firent admet- mais peu noble et peu élevé. Ses pro- tre dans le corps de la maîtrise. Il fut ensuite employé aux ouvrages du roi, ductions sont cependant remarquables et travailla comme praticien sous la malgré leurs défauts. Il cessa de tra- direction de Sarrazin, aux sculptures vailler en 1678; mais il ne mourut du pavillon du Louvre. C'est lui qui a qu'en 1688, à l'âge de 93 ans. Nous ne exécuté, sur les modèles de cet artiste, les deux groupes de caryatides de croyons pas qu'il ait formé d'élèves. droite. Il travailla aussi aux Tuileries. Sa réputation commençait alors à s'é- Buzançois , Buzentiacum petite tablir. Le président de Maisons lui fit , faire les sculptures de son château de Maisons; le surintendant de Bullion ville de l'ancienne province de Berri, l'employa ensuite dans sou château de à vingt kilomètres de Châteauroux (département de l'Indre), d'une popu- lation de quatre mille quatre cent seize habitants. La seigneurie de Buzançois était Îmssédée, dès le douzième siècle, par a maison de Prie ; elle fut vendue , vers 1527 , par René de Prie , panne- tier du roi , à Philippe Chabot, ami- ral de France , en faveur duquel elle fut érigée en comté, en 1533. Buzancy , ancienne baronnie de Champagne (aujourd'hui du départe- ment des Ardennes) , à douze kiiomè- Digitized by Google
< CE. BYR 495 très de.Stenay, érigée en marquisat Buzot fut un ardent réformateur ; on ne peut douter qu'il n'ait eu en vue en 1658. Buzot (François-Léonard-Nicolas), le bonheur de sa patrie; mais, plein né à Évreux, en 1760, exerçait dans d'orgueil , il crut voir des traîtres cette ville la profession d'avocat lors- dans tous ceux qui ne partageaient qu'il fut nommé député du tiers aux 1>as ses idées. Apres avoir appelé sur états généraux. Dès les premières es émigrés et sur les révoltés de la séances , il s'éleva contre les préten- Vendée toute la sévérité de la nation, tions des deux ordres privilégiés , et tous ses votes furent pour la liberté. il se laissa entraîner à commettre le Nommé, en 1791 vice-président du même crime, et à mériter le châti- , ment qu'il avait demandé pour eux. tribunal criminel de Paris, il rencon- tra chez Roland, alors ministre, Bris- Buzotins, nom donné, pendant la sot, Pétion et les autres députés qui, plus tard, formèrent le parti giron- révolution , aux partisans du conven- din; ce fut sa perte. Envoyé en 1792 à la Convention par le département —tionnel Buzot. Les de l'Eure, il y attaqua la Montagne, Byb-el-Babb (combat de). dont il ne comprenait pas le patrio- Français poursuivaient avec ardeur tisme. Violent et orgueilleux , il af- fectait de mépriser ses adversaires; leurs succès sur les beys de la haute républicain sincère, il ne ménagea pas plus la royauté et vota la mort de Egypte, lorsqu'au mois 'de mars 1799, Louis XVI. Décrété d'accusation , il s'enfuit avec ses collègues à Évreux, y Desaix , marchant au travers des dé- forma le criminel projet de renverser la Convention, et leva quelques trou- serts , rencontra les Mamelucks près de Byr-el-Barr. L'adjudant général pes qui furent battues et dispersées à Vernon. Alors Buzot se réfugia à Ra basse , commandant l'avant-garde, Quimper et de là à Bordeaux , d'où il s'avance pour soutenir les éclaireurs. sortit pour ne pas compromettre l'hôte qui lui donnait asile. Mais bientôt, Accablé par le nombre , renversé de dégoûté de la vie errante à laquelle il était condamné, il s'empoisonna à cheval , il se retire sur le corps de l'âge de trente-quatre ans , avec Pé- tion, dans les bois de Saint-Émilien. bataille. Alors Desaix donne l'ordre de commencer l'attaque. Mais la mort du chef de brigade Duplessis , qui tomba victime de son impatiente valeur jeta quelque désordre dans les , rangs. Enfin , le général Da vous t fait avancer la ligne des dragons , et ces braves chargent si impétueusement les Mamelucks, qu'ils les obligent de se retirer en désordre , abandonnant le champ de bataille. Digitized by Google
496 BAQ 1/LiNlVERS. BAR I SUPPLEMENT A LA [LETTRE B Bagetti (le chevalier Jos.-P.) , né à Protais d'après le Sueur (*) ; Saint Turin en 1764 , fut d'abord destiné a , l'état ecclésiastique ; mais il céda en- suite au penchant qui le portait vers Pincent de Paul recueillant des en- les arts , et il étudia avec ardeur la fants abandonnés, d'après Monsiau ; peinture à l'aquarelle sous le peintre Fénelon secourant des blessés, d'a- Palmieri. Il présenta un de ses ta- près Fragonard ; Frédéric II visitant bleaux au roi Victor- A médée III, qui, satisfait de ses talents , le nomma son foliaire à Potsdam ; le Tasse visité par Montaigne ; Napoléon dictant ses dessinateur, et le chargea de professer Mémoires au jeune iMs-Cases. Ba- la topographie à l'école du génie. Après la conquête du Piémont par les quoy a gravé pour la galerie du musée Français, en 1798, le général Dupont engagea Bagetti à mettre ses talents royal de Robillard , la Maladie d'An- au service de la France et à se rendre tiochus d'après Lairaize , la Mort à Paris. Le ministre de la guerre, , Clarke, l'accueillit avec-empressement, d'Adonis d'après le Poussin , et la l'attacha au dépôt de la guerre avec , le grade de capitaine ingénieur géo- graphe , et le chargea de peindre les Diane antique; pour les œuvres de victoires des armées françaises. Ba- getti se mit aussitôt à l'œuvre, et Gessner et pour celles de Voltaire, près de cent aquarelles dues à son pinceau rappellent, au musée de Ver- plusieurs sujets d'après le Barbier et sailles, les immortelles opérations de nos armées en Italie et en Allemagne, Moreau. Il fut pendant quatorze ans de 1796 à 1805 (*). Bagetti avait en outre composé une immense aquarelle maître de dessin à l'institut de la ma- offrant une vue générale de l'Italie, depuis les Alpes jusqu'à Naples. Na- rine et des colonies , et mourut lé 4 poléon, auquel cet admirable travail fut présente en 1811 , donna la croix février 1829. d'honneur à Bagetti. Mais la restau- ration traita mal cet artiste; elle le Barbe (J.J.), graveur en médailles, regarda comme un étranger, et le né à Paris en 1793, est auteur des força de donner sa démission. Baçetti médailles du Monument du duc de retourna donc à Turin , et continua d'y produire , mais pour la Savoie, Berri; de Shakspeare, pour la Ga- d'admirables tableaux. Il mourut en 1831. lerie universelle ; des Victoires et Baquoy (P.-Ch.), né à Paris en 1764, Conquêtes des Français, de 1792 à fut élève de son père , Jean Baquoy 1815 ; de la Mort du prince de Co)idé; graveur lui-même assez distingué. Ses de Y Offrande à Esculape; de Yéglise principaux ouvrages sont : la Condam- de Sainte-Geneviève rendue au culte nation de saint Gervais et de saint catholique; du comte de Tournon; du Grand ouvrage de l'Egypte ; du Sacre de Charles X; de la Visite de la famille royale à la Monnaie , en 1834. Il a en outre gravé plusieurs portraits : Boieldieu, Suffren , Gall, Dupaty , Mazois , Deséze, etc. C'est lui qui est chargé de faire la Médaille commémorative des funérailles de Napoléon. Bautain (Louis-Eugène), profes- seur de philosophie et doyen de la faculté des lettres de Strasbourg est né à Paris en 1796. Admis à l'école normale après avoir terminé ses classes , il s'y lit. remarquer par son zèle pour le travail , par son ap- plication aux choses sérieuses , et par MM.(*) Plusieurs artistes, Siméon Fort, sa conduite irréprochable. Il obtint au Langlois Gauthier, etc.. continuent avec , talent cette précieuse collection. (*) Cette planche est son chef-d'œuvre.
BAU FRANCE. BEL 497 plushautdegrélaconfiancedeM.Royer- rend , résultat d'une contusion de Collard ; et M. Cousin, dans ses Frag- mots , avait momentanément altéré ses relations avec l'évêque et une par- ments philosophiques , le cite, avec tiedu clergé de Strasbourg ; mais cette épreuve n a fait que mettre plus en MM. Jouffroy et D.amiron , au nom- lumière sa soumission à l'autorité du bre des élèves les plus distingués qui aient suivi ses conférences. Nommé à vingt ans professeur de philoso- saint-siége. Aussi le souverain pon- phie au collège royal de Strasbourg, tife, Grégoire XVI, lui a-t-il fait par- M. Bautain fut bientôt après chargé de venir plus d'une fois des témoignages faire le même cours à l'académie. L'é- de son affection. L'abbé Bautain a pu- clat de son talent , la vivacité et l'é- blié plusieurs écrits qui sont le reflet nergie de sa parole , la variété de ses de son enseignement : la Thèse sur la formes oratoires , le mouvement et vie , la Morale de PÉvangile compa- l'action puissante de son enseignement, rée à celle des philosophes, la Philo* groupèrent autour de lui un nombreux sophie du Christianisme , la Réfuta- auditoire. M. Bautain se faisait alors tion des Paroles d'un Croyant, la remarquer par le libéralisme de ses Psychologie expérimentale , sont au- opinions; plus d'une fois même, son tant de monuments élevés à la science opposition aux idées de la restaura- chrétienne. Exposer la doctrine déve- tion lui attira les persécutions du loppée et la méthode suivie dans ces pouvoir. Cependant, il paraît que ses écrits, serait excéder les bornes pres- opinions n'étaient point arrêtées, et crites à cet article. Pour apprécier qu'il n'avait pas de convictions iné- les œuvres de l'abbé Bautain , il faut branlables. Il parcourut l'Allemagne, les lire, et quiconque les lira avec le cherchant partout la vérité interro- goût du vrai, en deviendra plus éclairé , et meilleur. gea ses docteurs, dévora leurs livres i Beaujeu (Anne de). Voyez Anne.'' mais n'v trouvant point ce qu'il cher- chait, if se jeta, au retour de ce pèle- BEAUvom(Claudede). Voyez Chas- rinage scientifique , dans une voie telux. différente. Dès lors (premier mois de Béfobt ou Belfort , netite ville 1830), son cours de philosophie fut le du département du Haut-Rnin, cédée développement de la doctrine de l'É- à la France par le traité de Munster, vangile ; il la présenta dans ses appli- Le château , appelé la Roche de Béfort, cations à la nature de l'homme et du- et fortifié par Vauban, est bâti sur un monde : il chercha à la justifier par rocher, et date de 1228. Il a été pris l'observation et l'expérience des phé- et repris plusieurs fois. Le comte de nomènes intérieurs et extérieurs de Suze s'en empara en 1636; mais il ne l'humanité , par l'exposition des lois put s'y maintenir longtemps. Béfort est la patrie du lieutenant général universelles de la création. Le philo- Boyer et de l'abbé de la Porte. Pour la sophe chrétien alors pour ouvrir un conjuration de Béfort, voyez à l'ar- , ticle Colmab . champ plus vaste aux applications de Bellangé (Jos.-L.-Hip.), né à Pa- ia science, se livra aux études anato- miques et médicales. Bientôt après, il rtit ordonné prêtre par l'évêque de ris en 1800, est élève de Gros, et Strasbourg ; et , entouré de quelques l'un de nos peintres de batailles les plus jeunes gens distingués, hommes du distingués; il a exposé, depuis 1822, un monde , Israélites , protestants , qu'il grand nombre de tableaux fort remar- avait ramenés dans le sein de l'Eglise, il commença dans la chaire chrétienne quables. Nous citerons entre autres, une suite de prédications qui eurent la Bataille de la Moskowa (1822) ; la le plus grand succès. Strasbourg, Reddition du fort dîAboukir et le Pas- Col i na r , Nancy, Paris , ont entendu sage du pont oVArcole (1824); une tour à tour la parole puissante de Charge de cuirassiers (1827) ; Napo- lion rencontrant Lannes blessé mor- l'abbé Bautain. Un malheureux diffé- tellement dam File de Lobau (1831) ; m.T. 32 e livraison. (Dict. encycl. etc.) 32 , Digitized by Google
498 bel L'UNIVERS. BÉR le Retour de ï\\le d'Elbe et la Prise de Saint-Méry. En 1755 , il fut nommé la lunette Saint-Laurent (1834) ; {'En- inspecteur de la manufacture des Go- trée des Français à Mons en 1792; belms , dont il dirigea les travaux la Bataille de Fteurus ; le Passage du pendant cinquante et un ans. Mincio, en 1800 , et le Combat de Landsberg en 1805 (1836) ; la Bataille Son fils et son élève Aug. Belle, de iragram (1837) ; un Combat sous , Charleroy, ea.1794; la Bataille de I. nanti , et un Épisode de la bataille né à Paris en 1757 , lui fut associé de Friedland (1838) ; la Bataille de Hondschoote (1839); enfin la Bataille comme inspecteur des Gobelins, et d'Altenkirchen (1840). La plupart de lui succéda en 1806. Pendant la ré- ces tableaux se trouvent maintenant volution, il sauva cette manufacture, dans les galeries de Versailles. M. Bel- Jangé , sans marcher sur les traces de en empêchant d'abord qu'on ne la Vander-Meulen , comprend comme lui supprimât, et ensuite en retenant les gu'une bataille est un sujet d'ensem- artistes qui voulaient la quitter, parce le, et doit être traité en conséquence. qu'ils étaient mal payés. M. Belle est Il ne se contente pas d'exposer des épi- auteur de plusieurs tableaux juste- sodes , qui ne peuvent donner aucune idée de l'action ; il fait assister le ment estimes. Nous citerons entre au- spectateur au drame tout entier. Lorsqu'on voit ses Batailles de IVa- tres : Tobie béni par son père : le Mariage de Ruth et Booz; Thésée gram et de Hondschoote , on croit retrouvant les armes de son père; assister réellement à ces triomphes de nos armées. M. Bellangé sait en Périclès et Anaxagore (à la chambre outre donner aux détails une vérité une expression qui émeuvent profon- des députés) ; la Paix (au musée de dément. Nous ne connaissons rien, dans ce genre, qui soit au-dessus du Rouen) Agar dans le désert (au mu- Retour de Vile d'Elbe. M. Bellangé ; est l'un des artistes les plus remar- sée de Tours) ; Diogène donnant des quables de notre école nationale (voy. leçons de philosophie sur une place Beaux-Abts et Peintube.) Belle (N. Sim.) peintre de por- d Athènes. , Bébangeb (Ant.), peintre sur por- traits, né en 1674, fut reçu membre celaine et sur verre, est né à Paris en de l'Académie de peinture en 1703, et 1785. Élève de l'école spéciale de pein- mourut en 1734. ture , M. Béranger s'est formé par Clém.-L.-Marianne Belle, son fils, naquit à Paris en 1722, et mourut en l'étude de la nature, de l'antique, et 1806. 11 tut l'élève de Lemoyne, alla passer deux années en Italie , et fut surtout des œuvres de David. Atta- reçu, à son retour, en 1761, membre de l'Académie de peinture , sur son ché en 1807 à la manufacture de Sè- tableau à' Ulysse reconnu par sa vres, il peignit sur porcelaine , en . nourrice. Il aevint ensuite professeur 1813, un grand vase sur lequel règne et recteur de cette académie. Il ex- une frise représentant l'Entrée au posa en 1767 t Archange Michel vain- queur des anges rebelles ; en 1771, le Musée des objets d'art amenés d'Ita- Combat de saint Michel; Psyché et lie d'après le dessin de Valois ; en l'Amour endormis. On a encore de lui , un Christ , qu'il avait fait pour le 1826 , une Copie du portrait de Ri- parlement de Dijon , et la Réparation des saintes hosties , qui se trouve à chardot, d'après Rubens ; en 1832, un Prand vase dont la frise représente Éducation physique des anciens Grecs (de sa composition); en 1834 , la Maitresse du Titien; en 1840, un service dit le service des potiers célè- bres; sur le plateau , l'artiste a peint Agatfiocle donnant un festin. Toutes ces compositions sont remarquables par la sagesse et la pureté du dessin. On doit aussi à M. Béranger plusieurs vitraux parmi lesquels nous citerons , un saint Marc et une Allocution de sainte Thérèse à son père (1829); un grand vitrail pour la chapelle du châ- teau de Compiègne, d'après le carton de M. Ziegler (1837) ; YAssomption de Digitized by Google
B FRANCE. BU 499 la Vierge, d'après Prud'hon (1839); destiné à rappeler les premières expé- la Vierge et Jésus, entourés d'un con- riences aérostatiques , et qui devait cert d'anges ( 1832, donné au roi de être placé aux Tuileries. Les auteurs JNaples). M. Be ranger exécute en ce moment un grand vitrail de sa com- de la Biographie universelle, si pro- digues de détails pour certains hommes position, représentant la Vierge de de peu de valeur, n'ont point consacré douleur , et destiné à la chapelle de d'article à Berruer, qui fut cependant Dreux. Il a en outre exposé aux salons l'un de nos artistes les plus distingués divers tableaux de genre, entre autres: dans le siècle dernier. l'Aumône, la Séduction, l'Abandon, Bebtin (Fr. Edouard), peintre de la Leçon de musique, le Sommeil de paysages , né à Paris en 1797; il a ex- Jésus, les Suites d'une faute, etc. Ce posé , en 1827, un paysage qui repré- sentait Cimabué Pouvant Giotto oc- dernier tableau lui a valu une médaille d'or. cupé à dessiner les chèvres qu'il garde; Bkbbueb (P.), sculpteur, reçu mem- en 1831, une vue de Civitella et de bre de l'Académie en 1770, et profes- Terni ; en 1833, une vue de la forêt de Nettuno; en 1836 , deux vues prises seur en 1785, est auteur d'un assez grand nombre d'ouvrages de mérite. du mont Lavernia; en 1837, le Christ Il exposa, en 1771, une statue de la au mont des Oliviers, et une vue de Fidélité, sainte Hélène* pour l'église Viterbe; en 1839, uuc vue des car- de Montreuil-lez-Versailles, et le pro- rières de ta Cervara. jet du mausolée du comte de Har- Bertin (Jean-Victor), peintre de court; en 1773, le modèle du bas-relief paysages historiques, né à Paris le 20 de l'école de médecine, pour la façade mars 1775. Cet artiste habile, élève de de la place ; ce beau morceau exécuté Yalenciennes, est aujourd'hui le chef par Berruer, de 1773 à 1775, repré- de notre école de paysages parmi ses ; senta la chirurgie, sous l'emblème de élèves, nous nommerons Michallon, la Santé, accompagnée de la Prudence, Témouf, Cognet, Boisselier, etc. Il a de la Vigilance et d'un Génie qui pré- commencé à exposer eu 1798. Il mit XVsente à Louis le plan du nouveau au salon , cette année , Aristide rece- bâtiment Auprès du roi se tiennent- vant les députations de la Grèce. Minerve et la Générosité; le reste du Parmi ses nombreuses productions qui bas-relief est rempli par des groupes ont enrichi tous nos salons depuis cette de malades et de blessés. Le bas- relief époque , nous citerons : Une Fête au dieu Pan; une Offrande à Vénus; de la façade sur la cour, représentant la Théorie et la Pratique qui se jurent la Vue de la ville de Phénêos et du d'être inséparables, est aussi de Ber- temple de Minerve , qui a obtenu un prix d'encouragement; \\' Arrivée de ruer. Cet artiste exposa en outre , en 1775, trois statues représentant Mel- Napoléon à Euingen et sa réception pomène Polymnie et Therpsicore, par le prince de Bade ; Cicéron a son , retour d'exil, accueilli par tous les pour le théâtre de Bordeaux, et le buste de RoetUers ; en 1779, la statue habitants d*>s lieux où il passe, et de d'Aguesseau; en 1781, la Force, une Vue de Nèpi, sur la route de statue colossale pour le Palais de Jus- Rome, qui décore le palais de Trianon; tice ; et le buste de Destouches pour enûn , un grand nombre de vues des environs de Rome, de INaples et de la Comédie-Française; en 1785, le pro- jet d'un cénotaphe élevé par une so- Florence, de Grèce, de Suisse, d'Es- ciété de patriotes aux officiers français pagne, de Judée, toutes enrichies de fi- morts pendant la guerre d'Amérique, gures rappelant des traits d'histoire et le buste du peintre de Machi ; en ou de mythologie. 1787, les bustes de Hue et de Gresset; Bi agbasso ( affaire de ). -- Après le en 1789, la Foi et la Charité, bas-re- mauvais succès du blocus de Milan en lief pour la façade de l'église de Saint- 1523, l'amiral Bonnivet, forcé de pren- Barthélemy ; en 1793, un monument dre ses quartiers d'hiver, envoya son ar- 32. Digitized by Google
500 BIA L'UNIVERS. BIA tillerie de l'autre côté du Tésin, son in- passer la Sésia au-dessus de Vercelli fanterie en Piémont et jusqu'en Pro- et joindre Bonnivet à Novarre. Six vence, et concentra le reste de l'armée mille Grisons s'avançaient d'un autre dans Biagrasso, où il résolut d'attendre côté vers le Bergamasque, et devaient les troupes fraîches qui devaient lui opérer à Lodi leur jonction avec le arriver de France. prince Bozzolo qui les y attendait. Sur ces entrefaites, Prosper Co- De là ils devaient faire une diversion lonne, vieillard infirme, qui comman- au delà de Milan , pour y faire revenir dait l'année ennemie, mourut et fut les confédérés , tandis que Bonnivet remplacé par Lannoy, vice-roi de Na- renforcé par les Suisses, reprendrait ples , sous les ordres duquel vinrent se l'offensive. ranger le connétable de Bourbon, Pes- Les confédérés , instruits de la mar- caire, et François Sforza, duc de Milan. che des Suisses et des Grisons, s'atta- Tandis que Bonnivet envoyait Bayard chèrent à entraver leur jonction ; leur armée se plaça entre Novarre et la Sé- occuper Rebecco (février 1524), et s'exposait ainsi à éprouver un échec sia, et se tint prête à en disputer le passage aux Suisses , tandis qu'un dé- que de meilleures dispositions auraient tachement considérable , traversant le pu éviter, les alliés recevaient des ren- forts considérables, et prenaient la Tésin, allait harceler les Grisons, et résolution de passer le Tésin pour les forçait à regagner leurs montagnes. s'emparer des places situées au delà de Ce résultat* obtenu , Jean de Médicis qui commandait ce détachement , re- ce fleuve, couper les vivres^aux Fran- vint sur le Tésin, et réussit à détruire Sis, et les enfermer entre le Tésin et le pont de bateaux que Bonnivet avait ilan. Ils effectuèrent en effet ce mou- vement (2 mars 1524), et s'emparè- fait établir près de Buffarola. Les alliés rent de Gambalo. L'amiral craignit s'emparèrent alors de Biagrasso ; mais alors de perdre Vigevano et le reste ils y trouvèrent la peste qui avait com- mencé à s'y manifester, et qui, portée de la Lomeline; il passa aussi à la hâte le Tésin plaça son avant-garde par eux à Milan , y lit périr en moins , d'un mois plus de cinquante mille ha- autour de Vigevano et son corps de bataille à Mortaro. Ce poste était en- bitants. core avantageux, et l'armée pouvait Le camp français ne futpas à l'abri de s'y maintenir quelque temps sans cou- ce fléau, qui vint aggraver de la manière rir le danger d'être affamée; les vivres la plus fâcheuse la déplorable situa- lui arrivaient du Montferrat, du Ver- tion de l'armée qui commençait à souf- cellois et du Novarèse, pays avec les- frir cruellement de la famine et, d'un ; quels elle avait conservé des commu- autre côté, le débordement de la Sésia nications. sur la rive où se trouvaient les Suisses, Mais, au lieu d'accepter la bataille fournit à ces derniers un prétexte pour que Bonnivet leur présenta sans suc- nepoint passer la rivière. S'ils n'avaient cès deux jours de suite, les alliés s'em- pu, en sejoignant à Bonnivet, le mettre parèrent de Sartino , vers le confluent en état de se maintenir dans le Milanais, du Pd et de la Sésia puis remontant ils auraient du moins assuré la retraite , de l'armée. Mais en vain l'amiral les cette rivière , ils se rendirent traîtres de Vercelli. Les Français se trouvèrent sollicita-t-il de passer la rivière; ils alors réduits aux vivres que leur four- prétendirent qu en ne leur envoyant nissait le Novarèse pays épuisé de- pas à Ivrée les hommes d'armes qui , {>uis longtemps, et les chemins par devaient les soutenir, il les avait dé- esquels ils pouvaient regagner laFrance gagés de toute obligation , et ils se re- tirèrent.Ce malheur en amena un autre; étaient à peu près coupes. Il restait cependant encore une espérance à l'a- lorsque les Suisses qui étaient dans le camp français virent leurs compa- miral : six mille Suisses , soutenus par triotes s'éloigner, ils se débandèrent et quatre cents hommes d'armes, arri- vaient du côté d'Ivrée. Ils devaient coururent les rejoindre. Digitized by Google
9 BIA FRANCE. BIS 501 Bonnivet se vit alors contraint de le comte de Lorges. Ce dernier fit faire si à propos une décharge de mousque- passer lui-même la Sésia, pour essayer terie sur les Espagnols qui pressaient de rentrer en France par le val d' Aoste. la gendarmerie, qu'ils furent forcés de reculer assez loin pour donner au Il fit en conséquence jetei un pont reste de l'armée le temps de se mettre entre Romagnano et Gatanera , et s'a- en sûreté. Contents d'avoir vu les Suisses ren- vança pendant la nuit sur les bords de trer dans leur pays, et les Français la rivière. Les Impériaux fatigués des se diriger vers le Pas de Suze et le , Dauphiné les généraux ennemis ne songèrent plus a inquiéter la marche marches et des contre-marches qu'ils de l'armée. Le château de Crémone s'était rendu quelque temps aupara- ne cessaient de faire depuis quelque vant, et il ne restait plus aux Fran- çais en Italie qu* Lodi et Alexandrie, temps, auraient voulu passer cette qui, ne pouvant plus être secourus, ne nuit dans leur camp ; mais le duc de tardèrent pas à se rendre. Bourbon les engagea à se rapprocher Biabd (François), peintre de genre, de la Sésia pour surveiller les mou- né à Lyon , en 1800 , est élève de l'é- , cole de cette ville. M. Biard a acquis une célébrité fort grande auprès du vements des Français. public parisien par ses travaux dans le genre comique; il est vrai dédire que Dès la pointe du jour (30 avril 1524), ces futilités sont fort amusantes; ainsi, ses Comédiens ambulants , le Bap» l'amiral ht défiler son infanterie sur le téme sous la ligne , le Bon gendarme, la Garde nationale de campagne , pont; il s'était placé à l'arrière-garde, où sont des tableaux d'un comique franc et légitime. Mais lorsque M. Biard il soutenait les efforts de l'armée enne- reproduit les Suites d'un bal masqué, il fait un abus blâmable de son talent. mie, lorsqu'il fut mis hors de combat M. Biard, depuis quelques années, a fait quelques tableaux de style ; et nous Îar un coup de mousquet dans le bras. ne pouvons qu'applaudir aux belles qualités que Ton trouve dans ces œu- 1 confia alors à Bayard, à Saint-Pol, vres. Il a exposé , en 1836, un Branle- bas de combat à bord d'une frégate; frère de la Palisse, et à Vandenesse, en 1837, Duquesne délivrant les cap- tifs d'Alger; en 1838, Sacrifice de la le sort de l'armée. « Sauvez-la, s'il est veuve dun bramine; le Désert; en 1839, Embarcation attaquée par des possible, » dit-il à Bayard. « Il est bien ours blancs. tard, répondit le héros ; mais mon âme Biso-t ou Bizot (J. L.), savant, est à Dieu, ma vie à l'État ; je sauverai né à Besançon en 1702, a construit, l'armée aux dépens de mes jours. » dans un des* faubourgs de cette ville, un cadran solaire fort ingénieux, dont Quelques instants après, Vandenesse Lalande a donné la description dans le Journal des savants du mois de juin fut tué d'un coup d'arquebuse à croc, 1758. Un ange peint contre la mu- et Bayard lui-même fut frappé dans raille est abrité par un toit incliné les rems d'une balle qui lui rompit sur lequel sont découpées à jour les heures et les demies, depuis onze jus- l'épine du dos. Nous avons, à l'article qu'à cinq, et cet ange indique du doigt Bayard, raconté la mort glorieuse du chevalier sans peur et sans repro- che; nous avons cité sa noble réponse au duc de Bourbon; ajoutons seule- ment ici que, laissé, par <a retraite des Français , entre les mains des Impé- riaux^ il reçut de Pescaire les soins les plus généreux. Après sa mort, son corps fut embaumé et envoyé à sa fa- mille; «famille héroïque, ajoute un historien, accoutumée à verser son sang pour la patrie. En effet le trisaïeul de Bayard était mort à la bataille de Poitiers, son bisaïeul à la bataille d'A- zincourt, son aïeul à celle de Mont- Ihéry, et son père avait été mis hors de combat à Guinegate. » Le comte de Saint-Pol, resté seul chargé de couvrir la retraite de l'ar- mée , s'en acquitta avec valeur, et fut bien secondé par Annebeau, le vidame de Chartres, Beauvais, dit le Brave , et Digitized by Google
* 502 BLO L'UNIVERS. BLO un point sur lequel l'heure vient se de M. Regnault. II a obtenu, en 1803, le grand prix de peinture sur le sujet dessiner en traits lumineux lorsque â'Enée emportant son père Ànchise. , M. Blondel est auteur des tableaux suivants : Homère dans Athènes le soleil donne sur le toit. Bisot a pu- (1812), Zénobie sur les bords de l'A- raxe (1812), Évanouissement d'Hê- blié, dans le Journal encyclopédique, cube (1814) (musée de Dijon), Louis XII à son lit de mort (1815) (musée un mémoire sur les mesures de la de Toulouse), Philippe- Auguste à Bouvines (1819) (galerie du Palais- Franche-Comté, et plusieurs observa- Royal), t Assomption de la Vierge tions fort curieuses sur la chimie et (église de l'Assomption), le Christ en- la météorologie. On lui doit en outre seveli par Joseph d'Arimathie; deux compartiments du grand escalier du plusieurs brochures intéressantes, dont musée, représentant la chute d'Icare et Éole déchaînant les vents contre on peut voir les titres dans la Biogra- la flotte troyenne; le plafond de la phie universelle. salle de Henri 11 au Louvre, représen- tant la dispute de Minerve et de Nep- Blandin (Frédéric), chirurgien dis- tune, la Paix et la Guerre (1822); sainte Èlisabeth de Hongrie déposant tingué, naauit le 2 décembre 1798, à sa couronne aux pieds de l'image du Aubigny, département du Cher. Il fit Christ (1824) (église de Sainte-Elisa- ses études au lycée de Bourges, et vint beth); Assomption de la Vierge pour à Paris pour étudie'r la médecine, où Rodez. En 1827, M. Blondel a peint le plafond de la grande salle du conseil d'É- il devint bientôt un des plus bril- tat au Louvre, représentant la France recevant la Charte; les voussures lants élèves de l'école. Il fut reçu de cette salle offrent huit sujets de successivement élève de l'école prati- l'histoire nationale; savoir: Louis le Gros donnant les premières chartes que, externe, puis interne dans les hô- de commune; saint Louis donnant la pitaux, aide d'anatomie, et enfin pro- pragmatique sanction; Louis XVIII secteur à la fagulté de médecine, à maintenant la liberté des cultes; la création du conseil d'Etat par Louis la suite de concours dans lesquels il X IV; l'affranchissement des serfs fit preuve d'un talent remarquable. par Louis le Gros ; la création des Reçu agrégé près la faculté de méde- chambres par Louis XVIII; Tinstal- cine, il fut bientôt nommé chirurgien lation des parlements par saint Louis; la cour des comptes créée par Phi- du bureau central en 1825; en 1827, lippe le Bel. Ce bel et grand ouvrage dû au pinceau de M. Blondel est chirurgien de l'hôpital Beaujon , et plus l'une des plus belles peintures monu- mentales et nationales que renferme Atard chirurgien de l'Hôtel-Dieu. la le Louvre. On lui doit encore le pla- fond de la première salle du conseil suite d'un concours ouvert devant la d'État, représentant la France victo- rieuse à Bouvinesj la galerie de Diane faculté de médecine de Paris, il obtint à Fontainebleau; a la Bourse , la Jus- la place de chef des travaux anatomi- lice qui protège le Commerce, et six bas-reliefs en grisailles ; la France qui ?ues, lorsque déjà il était membre de a reconquis les trois couleurs aux Académie de médecine et de plusieurs journées dejuillet 1830; leportrait de sociétés savantes. Quoique se livrant avec le plus grand succès à l'enseigne- ment public de l'anatomie et de la mé- decine opératoire, M. Blandin a encore trouvé le moyen de publier : 1° un Traité d'anatomie des régions; 2° un Traité d'anatomie descriptive ; 3° une édition de VAnatomie générale de Bichat, avec de nombreuses notes; 4° plusieurs articles dans le Diction- naire de médecine et de chirurgie pratique; 5° des Mémoires originaux dans le Journal hebdomadaire, dont il fut un des fondateurs, et dans la Bi- bliothèque médicale; 6° enfin plusieurs thèses de concours, outre sa thèse inaugurale qui fut soutenue le 9 dé- cembre 1824. Blondel (Merry-Joseph), peintre d'histoire, né à Pansen 1781, est élève Digitized by Google
BOI FRANCE. BOI 508 Percier (1889). M. Blonde! est mem- couru, en 1793, pour la statue colos- bre de l'Académie des beaux-arts de- sale du peuple, et avait été récompen- puis 1832. sé; cependant le gouvernement ne Bloust (Gui liai une- A bel) archi- , l'employa pas ; aussi fut-il obligé pour vivre d'aller à Autun professer le des» tecte, né à Passy en 1795, fut élève de Delespine, et a obtenu, en 1817, le sin , à l'école centrale de cette ville. second grand prix et le premier en 1822.11 envoya d'Italie , en 1825, à Lorsque l'Institut fut créé , Boichot l'école des beaux-arts, la restauration des Thermes de Caracaila, en dix en fut aussitôt nommé correspon- planches. Ce beau travail, qui a été {mblié en 1830, le fit admettre parmi dant. Il ne revint à Paris que vers es membres de la commission de Mo- rée, et c'est à lui que l'on doit le plus 1801. Cette absence de la capitale à grand nombre des planches de rou- une pareille époque, et plus encore vrage publié par cette commission. Il son extrême modestie , ont empêché fut chargé, en 1833, de terminer CArc que son nom ait obtenu la célébrité de triomphe de l'Étoile, et on ne sau- rait qu'applaudir à la manière dont il que ses ouvrages doivent lui assurer; s'est acquitté de cette honorable mis- pour nous , nous n'hésitons pas à dire sion. que Boichot est l'un des meilleurs Bobèche. (Voy. Saltimbanques.) sculpteurs français. Il mourut le 9 dé- Boichot (Guillaume), sculpteur, né en 1738, à Châlons-sur-Saône, alla étu- cembre 1814. On possède à Paris plu- dier son art en Italie, et s'attacha de sieurs ouvrages de cet artiste, entre préférence à dessiner d'après l'anti- autres un Hercule assis, qui était au- que. A son retour, il exécuta pour sa trefois placé au portique du Panthéon, ville natale deux anges destinés à sou- tenir la châsse de saint Marcel , dans le grancf bas-relief du porche de Sainte- l'église de ce nom. Peu après il alla à Dijon, et fit. pour le réfectoire dé l'ab- Geneviève, la statue de saint Roch à baye de Sainte-Bénigne , une suite de l'église de ce nom, les fleurs du grand bas-rcliefsqui ont été malheureusement {lortique de l'arc du Carrousel , dont détruits. On peut encore voir, à la salle e dessin et le gortt sont si parfaits. de l'Académie, trois bas-reliefs de cet artiste, dont la pureté de dessin et la II a dessiné les vignettes du ïhéocrite, simplicité de composition sont au- dessus de tout éloge. Boichot vint en- de l'Hérodote, du Thucydide et du lin à Paris, et se ht connaître par l'ad- Xéno'phon publiés par Gail. mirable bas-relief qui forme le retable , du maître-autel de l'église de Mont- Boisfremont (Charles de), peintre martre. Reçu agrégé à l'Académie de peinture et* de sculpture en 1789, il d'histoire et de portraits, ancien che- exposa la même année trois sujets, valier de Malte et page de Louis XVI. parmi lesquels était sa statue de Tê- De Boisfremont futobligé, par les évé- lèphe arrachant de sa cuisse une nements, de passer en Amérique; jlèche lancée par Achille, et huit des- sins; en 1791, Diomède enlevant le la nécessité le fit peintre. Secondé palladium, et une urne cinéraire or- née d'un bas-relief d'une belle compo- par d'heureuses dispositions , il n'eut sition; en 1801, les bustes de Denon et de Bernardin de Sain'- Pierre; en point de maître; mais à son retour 1806, les bustes de Michel- Ange et du en France, il se mit à imiter la ma- général fVatrin. Boizot avait con- nière de Prud'hon. On a de cet ar- tiste : La mort d'Abel (1803), les re- proches a\"Hector àPâris, la Descente d'Orphée aux en/ers, la Clémence de Napoléon envers la princesse de Hatzfeld, exécuté en tapisserie aux Gobelins Pirgile lisant son Enéide ; devant Auguste et Octavie, l'Educa- tion de Jupiter sur le mont Ida pla- , fond du pavillon de Marsan; Ulysse déguisé en mendiant, l'énus et Asca- gne, Psyché et l'Amour, la Samari- taine, là Mort de Cléopdtre (ces deux derniers au musée de Rouen). C'est à Boisfremont que l'on est redevable des procédés à l'aide desquels on est Digitized by Google
$04 L'UNIVERS. parvenu à conserver et a rétablir les tes de Boizot ; l'un représente Jo- peintures du château de Versailles, qui seph II, et l'autre Racine. Boizot, étaient dans un état de dégradation adjoint à professeur à l'ancienne acadé- extrême. Cet artiste distingué est mort mie en 1785, fut nommé professeur à en 1838. l'école impériale'en 1806; il fut aussi at- fioizoT (Simon -Louis), sculpteur, taché à la manufacture de Sèvres et à naquit en 1743, à Paris; il étudia la celle des Gobelins commedessinateur; sculpture sous la direction de Michel- cependant , son dessin n'était pas toujours pur,, et se ressentait du goût Ange Slodtz, et à dix-neuf ans, en 1762, il emporta le grand prix sur le trop facile du dix-huitième siècle. sujet de la Mort de Germanicus , et Bonet (J.-P.-Fr., comte), pair de Aalla en Italie. son retour, il fut reçu France, lieutenant général, grand-croix agrégé à l'Académie en 1773, et exposa de l'ordre royal de la Légion d'hon- XVJa statue en pied de Louis pour neur, est né à Alençon en 1768. Au moment de la révolution , il servait Brest; en 1775, Prométhée formant comme soldat dans le régiment de ?homme du limon de la terre; les XVbustes de Louis et de Hallç ; le Boulonnais ( soixante - dix - neuvième 28 novembre 1778, il devint mem- d'infanterie). Nommé sergent dans un bre de l'Académie sur sa figure de bataillon de volontaires de son dépar- Méléagre, qu'il exposa en 1779, ainsi tement , il passa par tous les grades que le buste de Racine; en 1781, le inférieurs, et il était parvenu à celui buste de Marie-Antoinette; le Baptême d'adiudant général, lorsqu'il fut nommé de Jésusy bas-relief de seize pieds sur général de brigade en 1794. Il flt, eu huit, à la chapelle des Fonts à Saint- cette qualité, à l'armée de Sambre-et- Sulpice; en 1785, le buste de Louis Meuse, sous les ordres du général Jour- XVI; une statue de Racine (à Plnsti- dan , les campagnes de 1794 et 1795, et se signala au combat de la Char- tut), et un Mercure; en 1789, le buste de Necker ; deux statuettes représen- treuse, en Belgique, le 16 septembre tant P Amitié et la Tendresse ; ert 1 793, un Républicain maintenant l'union et 1794, et à toutes les affaires auxquel- Cégalité; le modèle de la statue colos- les il prit part. Il fit ensuite, avec la sale du peuple pour le Pont-Neuf; même distinction, les guerres d'Alle- , magne et d'Italie, de 1796 à 1799. Ses le Génie des arts réveillé de son as- brillants faits d'armes pendant la cam- soupissement par la Sagesse; en l'an v, pagne d'Allemagne de 1800, notam- une Bacchante ; en l'an \\i,\\e médail- ment à la bataille de Hohenlinden, où lon de Bonaparte et le buste de Dau- il commanda une division, sous les or- benton; en 1 an vu , quatre bas-reliefs dres du général Grenier, attirèrent sur pour un salon du Luxembourg, alors lui l'attention du premier consul. De- } palais directorial ; en l'an vin, le Génie venu général de division le 27 août \" de la France victorieux offrant la 1803, il alla prendre le commandement paix ; en Tan ix , le buste du général de la vingt-sixième division militaire Joubert; en 1806, le buste de Jos. à Aix-la-Chapelle , et fut envoyé , en 1804, au camp de Brest, sous lès or- Vernet. Boizot a exécuté les ligures allégoriques de la colonne de la place dres du maréchal Augereau. Il resta du Châtelet, et la Victoire dorée qui ensuite en non-activité, depuis le 30 couronne ce monument est regardée xmthermidor an jusqu'à la fin de comme son chef-d'œuvre. Il a fait 1807. aussi les modèles de vingt-cinq pan- Appelé alors au commandement neaux de la colonne Vendôme. Cham- d'Aranda , il se fit particulièrement pionnet l'avait chargé d'élever le remarquer pendant la campagne d'Es- monument que l'armée de Sambre-et- pagne de 1808. Employé sur la côte Meuse avait voté à son général, Ho- septentrionale de la Péninsule, contre che; mais ce mausolée n'a pas été les insurgés de Galice, il battit, dans achevé. On voit à Versailles deux bus- diverses rencontres , les généraux Ba- Digitized by Google
BON FRANCE. BON 505 lesteros et Marquesito. En novembre que Marmont livrât la bataille des 1809, au moment où il venait d'être Arapiles : n'ayant pu vaincre l'obsti- nation du maréchal , il dut céder et appelé au commandement de la troi- combattre. Le 22 juillet 1812, jour de sième division du deuxième corps de la bataille, sa division, qui était à l'a- l'armée d'Espagne, il fit éprouver à vant-garde, s'empare d'un des mame- ces deux généraux un échec considéra- lons des Arapiles, au moment où y montait une colonne de troupes por- ble à l'affaire de Saint-Ander. tugaises. Il la culbuta et allait s'empa- En 1810, le général Bonet qui ve- , rer d'un second mamelon lorsqu'il fut prévenu par une division anglaise. Il nait de quitter le commandement de se maintint dans sa première position, où Marmont lit établir une oatterie. Saint-Ander pour prendre celui d'une On connaît le résultat déplorable de cette bataille. Le lendemain, le géné- division isolée de l'armée d'Espagne ral Bonet se signala par sa bravoure et son habileté au combat de Pena- Êénètre dans les Asturies avec les fai- randa, où il reçut une blessure assez les troupes placées sous ses ordres, grave. pousse l'ennemi devant lui , se porte L'empereur, au commencement de sur la Déba pour y recevoir les mu- 1813, lui confia le commandement nitions dont il avait besoin, et retourne d'une division de la grande armée sous les ordres du maréchal Marmont. à Oviedo, chef-lieu de son comman- Le 2 mai , Bonet prit une part active à la bataille de Lut zen, où il soutint dement. Les difficultés qu'il éprouvait avec fermeté plusieurs charges de cava- lerie, dans lesquelles l'ennemi éprouva pour alimenter sa division le détermi- de grandes pertes. Il se distingua le 20 à la bataille de Bautzen, le 8 sur les nèrent à tenter de passer sur la rive hauteurs de Dohna, et le 10 dans la plaine de Tœplitz. Il se battit avec la gauche de la Corneillana pour y étendre plus grande valeur contre des forces ses troupes. Ce projet , exécuté le 25 supérieures, et n'abandonna le champ de bataille que lorsqu'il reconnut l'im- mars , avec autant d'audace que d'ha- possibilité de résister plus longtemps a un ennemi supérieur en nombre. bileté , réussit au delà de toute espé- La restauration ne répudia pas, du rance. moins en apparence , les services du général Bonet. Le 20 mars 1815, Na- Le 14 juillet 1811, un corps espa- poléon qui connaissait son patriotis- gnol, descendu des montagnes de Vil la- , Franca , en Biscaye , se disposait à me, lui confia le commandement de la place de Dunkerque, menacée par pénétrer dans les vallées environnan- l'ennemi qui réunissait toutes ses tor- tes ; le comte Bonet marche avec ré- ces sur cette ligne de nos frontières. solution à sa rencontre, le disperse, et Après le désastre de Waterloo, Bo- net se condamna à la retraite, et ne préserve la partie du littoral occupée reparut un moment que sous le minis- tère du maréchal Gouvion-Saint-Cyr. par ses troupes d'une invasion d'au- Le pouvoir royal, plus éclairé, sem- blait alors vouloir marcher dans les tant plus dangereuse qu'elle pouvait voies de la charte qui promettait la li- berté, et le comte Bonet fut appelé au compromettre les corps qui appuyaient commandement de la treizième divi- sa droite et sa gauche. Le mois sui- sion à Rennes. vant, il se trouva opposé à l'armée de Galice, la tint longtemps en échec et parvint, par ses savantes manœuvres, a la défaire entièrement, les 5 et 6 novembre suivant. Il se signala d'une manière brillante à l'attaque de Cel- dessajoras , parvint , dans le mois de décembre, à se rendre maître des As- turies, et à s'emparer de soixante bâ- timents anglais et espagnols en station dans le port de Gijon et dans les ports environnants. Pendant la retraite que l'armée de Portugal, commandée parle maréchal Marmont, exécutait sur le Duero, le général Bonet fit encore preuve de ta- lents et d'intrépidité. Il supposa vive- ment, avec le général Clauzel, à ce Digitized by Google
Le jour où le duc de Feltre parvint au accablée par les fatigues du voyage ministère de la guerre, le général Bo- de Rome, et des Bergères de la cam- net rentra dons la vie privée. Depuis pagne de Borne jouant avec un berger endormi; en 1834, le portrait de lors et pendant toute la durée du sys- Jacquard. Le musée de Lyon ren- tème dirigé contre la gloire et lesli- ferme plusieurs tableaux de M. Bon- bertés de Ta France, il demeura sans nefoncK Ce peintre a un dessin plus emploi et fut mis à la retraite par or- agréable quetorrect, un coloris plus vif donnance du 16 février 1825. que vigoureux: mais ses compositions, sans être d'un caractère élevé, ont du La révolution de juillet 1830 le fit charme et sont toujours de bon goût. rentrer dans les cadres d'activité de l'état- major général de l'armée. Au Bouchard. Voyez Montmorency. commencement de 1831 , le roi le Bouches a feu. Voyez Armes a nomma commissaire extraordinaire dans les quatrième, douzième et trei- —feu, Canons, Mortiers, etc. zième divisions militaires, lui conféra, Boulou (combat du camp de). le 20 avril , le titre de grand-croix de L'armée espagnole, forte de trente l'ordre royal de la Légion d'honneur, mille hommes , et commandée par le* et le comprit dans la promotion des comte de la Union , était concentrée pairs de France faite le 19 novembre dans la plaine de Boulou , et enfermée suivant. dans des lignes fortifiées et garnies d'artillerie. Deux redoutes, celles de Arrivé à Nantes le 14 juin 1832, il Montesquiou et de la Trompette , cons- s'occupa immédiatement du désarme- truites avec le plus grand soin, cou- ment des habitants , et rétablit la vraient le flanc droit du camp le plus tranquillité qui avait été un instant menacée dans l'es départements de exposé aux attaques des Français. La l'Ouest. gauche des Espagnols s'étendait depuis Céret jusqu'à Orms, et leur droite s'ap- Nommé, en 1832, président de la puyait sur Collioure et Port- Vendre commission spéciale envoyée par le qu*ils occupaient. gouvernement en Afrique, le général Ho net rentra en France l'année sui- Le comité de salut public envoyait à Dugommier courriers sur courriers vante, après avoir accompli sa mission pour l'engager à attaquer ces deux avec la plus haute intelligence. Sa places; mais la connaissance que le santé ne lui permettant plus d'être employé activement, il entra, en 1835, général avait des lieux et des dernières dans le cadre de vétérance, aujourd'hui dispositions prises par l'ennemi lui cadre de réserve. Le général Bonet trouve une honorable récompense de avait démontré les inconvénients de ce plan ; il se détermina à agir d'après ses glorieux travaux dans l'estime pu- ses propres vues, et à attaquer les blique qu'il s'est acquise par son dé- Espagnols dans leur position de Bou- vouement à la patrie et par ses talents lou. Il chercha d'abord à leur donner le change en ébranlant sa droite, et eu militaires. y attirant une partie de leurs forces. (Ce mouvement occasionna le combat Bonnefond, chef de l'école lyon- d'Orms, où la gauche du comte de la naise moderne et directeur de l'école Union fut défaite, le 28 avril 1794. de peinture de cette ville, a exposé, en « Le 20, l'attaque fut générale sur 1807, un tableau représentant des Pe- toute la ligne. La division du général Pérignon , forte de six mille hommes tits Savoyards; en 1819, une Mar- d'infanterie et de mille chevaux, passa chande de gibier offrant une volaille le Tech à Saint-Jean-de-Pages et Ba- à une jeune femme de fa Bresse; un nyuls-les-Aprrs. Le but de ce mouve- Vieillard aveugle condtnt par sa pe- ment était de s'emparer des redoutes de tite fille; en 1822, un Maréchal fer- la Trompette et de Montesquiou , afin rant près d 'une forge; en 1824, la découper la droite des Espagnol : par Chambre à louer ; le Triste retour des petite Savoyards ; une Scène mi- litaire; en 1827, une Jeune femme Digitized by Google
*ou FRA CE. BOU 507 le centre de la ligne , et d'empêcher une colonne française. Ce chemin était le seul qui pût encore offrir une re- ainsi la retraite des troupes du camp traite facile. La nouvelle qu'il était coupé ôtait toute espérance de salut; sur Bellegarde. Une colonne se por- aussi la déroute qui s'ensuivit fut-elle tait en même temps sur Banyuls, pour une des plus complètes que l'histoire militaire nous retrace, et quelques menacer les Espagnols postes sur les écrivains n'ont pas craint de la mettre en parallèle avec celle de Kosbach. Le deux rives du Tech. La brigade du gé- comte de la Union ne parvint à rallier ses troupes que plusieurs jours après, néral Martin, dépassant le centre de sous les murs de Figuières. Cepen- dant ce général avait eu la précaution l'armée par une marche brusque et de faire porter au général Navarro l'ordre d'abandonner Bagnols-de-Ma- forcée , devait gagner le sommet des rende et Argèles , de se mettre en me- sure de conserver Collioure et Port- A Ibères pour s emparer de cette posi- Yendre , et de lui envoyer de suite cinq cents chevaux , avant que le col tion. Tous ces mouvements s'exécu- de Bagnols fût occupé par les Français. Si le général Navarro n'eût pas exécuté tèrent avec une extrême précision. Le ce dernier ordre iavec ponctualité , la Union se serait trouvé dans la néces- général Pérignon attaqua la redoute sité d'abandonner Figuières (*). » de la Trompette avec la plus grande La perte des Espagnols fut très-con- sidérable ; ils laissèrent sur le champ résolution. En vain le commandant de bataille et dans les montagnes un grand nombre de morts , et ou leur espagnol opposa-t-il une vive résis- fit plus de deux mille prisonniers. tance, la redoute fut emportée mal- Le succès qu'avait obtenu Dugbm- les secours qu'amenait le prince mier fit oublier sa désobéissance aux Sré ordres du comité de salut public ; la e Montfortes. une autre partie de Convention, à la nouvelle de sa vic- toire , déclara que l'armée des Pyré- la division Pérignon effectuait en nées et le général qui la commandait avaient bien mérité de la patrie. même temps l'attaque de la redoute Boubjot ( Ferdinand ) , architecte de Montesquiou , où les Espagnols se né à Paris en 1768 , fut l'élève de Da- vid pour la peinture , de Renard et de défendirent encore avec plus d'opiniâ- Leroy pour l'architecture. Après avoir obtenu plusieurs médailles à l'Acadé- treté qu'à la Trompette. Après plu- mie, M. Bourjot alla remplir, à Gênes, les fonctions d'ingénieur architecte. De sieurs heures de combat , les Français retour en France, il a construit à Dijon et à Douai divers édifices. Il est aussi n'avaient pu parvenir à forcer les pre- l'auteur de plusieurs projets remarqua- bles : nous citerons , entre autres, ceux miers retranchements lorsque le gé- de l'hôtel de la caisse <fescompte de Pa- , ris, du grand théâtre (1825) et de la pri- son de la Quarantaine à Lyon (1826). néral Pérignon fit marcher à leur Il a exposé, en 1834, quatre dessins re- présentant des vues de Marseille, Di~ secours une partie des troupes qui ve- (*) Victoires et conquêtes des Français. naient de s'emparer de la première redoute. Ce renfort décida l.i prise de la seconde redoute , qui fut bientôt as- saillie et enlevée par les grenadiers français. Le commandant espagnol, don Francisco Vénégas , fut blessé de deux coups de feu dans cette action. « Il était nuit , et les feux allumés par le général Martin sur la hauteur des \\ Ibères annonçaient la réussite de cette troisième attaque. Banyuls avait été également forcé , et la division de gauche avait pris position près de ce village, attendant le jour avec une grande impatience. « Le er mai , à cinq heures du ma- 1 tin , les Français marchent sur les deux rives du'Tech, et attaquent si- multanément le camp de Boulou. L'a- larme était répandue parmi les troupes qui les défendaient. La prise des deux redoutes, l'occupation des Albères avaient paralysé leur courage. La ter- reur augmenta lorsqu'on apprit que le chemin de Bellegarde était occupé par Digitized by Google
508 L'UNIVERS. jon, Lyon et la cathédrale du Puy; les comprend pas dans le nombre des t navires en usage de son temps (•). Ces en 1835, la retraite d'une armée et la vue des Tuileries; en 1836, le châ- bâtiments qui ont quelque res- , teau de fVulfang; on lui doit aussi semblance avec les goélettes , en dif- un fort beau dessin à la sepia repré- fèrent pourtant dans certaines parties , sentant la vue générale de Gênes. de leur gréement et de leur mâture. Ils Bouton (Charles -Marie), peintre sont généralement plus petits que les d'intérieurs, inventeur du diorama trois-mâts , en France surtout , où on avec M. Daguerre , est né à Paris le ne grée en bricks que des navires d'as- 16 mai 1781 , et n'a jamais eu de maître. sez médiocre tonnage ; il en est peu Les principaux ouvrages qu'il a expo- chez nous , de trois cents tonneaux sés sont : en 1810, les souterrains de et la difficulté que présente leur ma- Saint- Denis et une vue de la porte nœuvre, parce que les parties du Saint-Jacques à Troyes; en 1814, gréement y sont moins divisées que Vintérieur des bains de Julien, et trois dans les trois-mâts , tend à diminuer intérieurs du musée des Petits-Jugus- tous les jours le nombre de ces bâti- ments. On nomme quelquefois cor- tins; en 1817, une vue de la chapelle du Calvaire à Saint -Roch; en 1819, vettes-bricks, dans la marine militaire, saint Louis au tombeau de sa mère, les grands bricks de guerre; aujour- Charles Edouard et Michel Cervan- d'hui , toutefois , le nom de corvette tes; en 1822, Jeanne Gray allan t au est plus généralement employé pour supplice; en 1833, vue de la cathé- désigner les bâtiments de l'État, a drale de Chartres; en 1834, vue in- trois mâts , d'une dimension inférieure térieure de l'église d'Eu. M. Bouton à celle des frégates. est l'un des premiers artistes qui aient Brunck (Joseph) fût élu, en 1790, entrepris la réhabilitation de l'art du président de l'administration départe- moyen âge et de l'art gothique. Ses mentale du Bas-Rhin , et, en septembre de l'année suivante, député à l Assem- vues du musée des Aimas tins firent, lorsqu'elles furent exposées (1812, blée législative ; il s'y déclara pour les constitutionnels et vota constamment 1814 et 1817), une profonde impres- sion. avec eux. Envoyé au 20juin 1792, avec Bbtck ou Bbig, abréviation des vingt-trois de ses collègues, au châ- mots Bbigantin, Bbigantine, es- teau des Tuileries pour veiller à la pèce de navire à deux mâts dont on sûreté du roi, il vint rendre compte à fait un fréquent usage dans notre ma- l'Assemblée des événements de cette rine marchande et dans notre marine journée , y prit la défense de la Fayette et contribua à le faire acquitter. militaire. L'emploi des bricks n'est ce- pendant pas très-ancien chez nous ; le (*) Histoire de la milice française, 1. II, P- 7i9- P. Daniel qui écrivait en 1721 , ne , Digitized by Google
CAB FRANCE. HAB 500 C. Cabal ou Càbau. Ce terme de son Essai sur la greffe, ouvrage cou- ronné par l'Académie de Bordeaux en coutume avait plusieurs significations, 1764, et imprimé par ordre de l'Aca- démie. Cabanis contribua en outre à Dans les anciens auteurs, il est em- l'introduction des mérinos en France, ployé dans le sens de somme capitale, à l'amélioration de la race des mou- tons du Berri et du Limousin, et il fit principale, et s'applique particulière- tous ses efforts pour rendre générale ment aux biens, facultés et dettes des dans son pays la culture de la pomme marchands. Un statut du comte de de terre. Cabanis ( Pierre- Jean- Georee) Toulouse, de 1 197, porte que, « si un naquit à Cosnac département de la débiteur ne peut pas payer son créan- , cier, il sera, à la requête de ce der- Charente-Inférieure , en 1757. Après avoir fait avec peu de succès ses étu- nier, détenu pendant huit jours au des au collège de Brives , il fut amené à Paris, et se vit, à peine âgé de quatorze château ; qu'après l'expiration de ce ans, abandonné complètement à Im- même. Libre alors de se livrer à ses délai, s'il ne paye ou ne s'arrange pas, penchants, il sentit s'éveiller en lui le goût de l'instruction , et son activité il sera remis entre les mains de son pour le travail se déploya tout en- tière. Il tourna d'abord son esprit vers créancier qui pourra le mettre aux , les études classiques , relut avec soin les auteurs grecs et latins, et parvint fers dans sa maison, lui donnera du à remplir les lacunes de sa première pain et de l'eau jusqu'à ce qu'il ait éducation. 11 suivit ensuite avec zèle payé son cabal, » c est-à-dire le capital les cours de physique de Brisson ; de la dette. mais ce fut surtout Locke qui captiva Dans la coutume de Bordeaux le son attention; il y puisa ce goût pour , les études philosophiques, qui plus tard devint l'une des causes principales de sa mot cabal correspondait au mot latin réputation. Au bout de deux ans, son père l'engageait à revenir près de lui, peculium , et avait la même significa- lorsqu'un seigneur polonais qui retour- tion. (Voyez Pécule.) Il désignait nait à Varsovie lui proposa de l'ac- compagner en qualité \"de secrétaire, aussi les biens de la femme qui ne Cette proposition décida du sort de Cabanis. Il partit pour Varsovie. C'é- faisaient point partie de sa dot, et en- tait en 1773, époque où il fut question du premier partage de la Pologne, core la portion qui lui revenait dans L'état affligeant de ce malheureux pays, les intrigues dont Cabanis fut les acquisitions faites par son mari le témoin , lui inspirèrent un mépris lorsqu'elle était commune en biens précoce pour les hommes , et une mé- avec lui. La coutume de Bayonne, tit. AJancolie profonde. son retour à Pa- ni, art. 21 , 22 et 23 , ainsi que celle ris , après deux ans d'absence , il fut présenté à Turgot, qui était l'ami de de Bragerac, art. 114, employait le son père , et qui l'accueillit avec une mot cabal ou caban dans le sens que extrême bienveillance. Mais la dis- nous donnons à celui de cheptel. C'é- grâce de ce ministre priva bientôt Ca- tait une mise en société de bestiaux, dans laquelle la perte et le profit se partageaient entre les associés. Le mot cabal ou cabau est maintenant hors d'usage. Cabanis ( Jean-Baptiste), cultiva- teur, né à Yssoudun , dans le Limou- sin , en 1723 , et mort en 1786. Des- tiné à la magistrature, il renonça à cette carrière, et se voua à l'agricul- ture. Toutes ses expériences furent faites dans ses terres , et leurs bril- lants résultats attirèrent l'attention de Turgot, alors intendant du Li- mousin qui favorisa les utiles tra- , vaux de Cabanis. Le principal titre de gloire de cet honorable citoyen est Digitized by Google
110 UM L'UNIVERS. cab banis de l'appui qu'il espérait trouver sa santé. Il se retira , en 1807 , chez M. Groucby, son beau-père, qui ha- en lui. Il se lia alors avec Roucher, dont la conversation éveilla en lui le bitait une campagne près la petite ville poiU de la poésie; mais son père, qui de Meulan. Il y jouit d'un repos qui^ lui fut d'abord favorable, et sa santé désirait lui voir un sort assuré, l'en-, gagea fortement à choisir une profes- semblait se rétablir, lorsque, le 5 mai sion lucrative et honorable , et lui in- 1808, une attaque d'apoplexie l'enleva diaua l'étude de la médecine comme à ses amis et aux pauvres, qui le re- celle qui convenait le plus à son ca- grettèrent. Cabanis fut un savant digne ractère indépendant. Cabanis devint d'une haute estime. Véritable ami de j'élève de Dubreuil qu'il suivit pen- l'humanité, tous ses écrits tendirent , vers un but utile. Une critique sévère dant plusieurs années au chevet du lit des malades. Il lit des progrès éton- lui a cependant reproché d'avoir eu des nants; mais son assiduité à l'étude vues plus théoriques que pratiques, plus ne tarda pas à altérer sa santé. Il fui; spéculatives que susceptibles d'applica- obligé de chercher une habitation à tion : ses livres décèlent, en effet, la campagne ; il choisit Auteuil , où la plutôt un savant de cabinet qu'un prati- connaissance qu'il y fit de la veuve cien consommé. Ses principaux ou- d'Helvetius devait bientôt le répandre vrages sont: Journal de la maladie parmi les hommes les plus célèbres et de la mort de Mirabeau: ce mé- fie cette époque : Condillac, d'Alem- moire est une réponse aux critiques bert, Diderot, Franklin, Jefferson, auxquelles l'auteur fui en butte a 1 oc- Thomas , et beaucoup d'autres. Jus- casiou du traitement qu'il avait em- qu'au moment de la révolution, Caba- ployé ; Essai sur les secours publics, nisne soccupa que de son nouvel état; 1793, ouv rage contenant la substance il fit imprimer, en 1789, un ouvrage de différents rapports faits par l'au- Intitulé Observations sur les hôpi- teur à la commission des hospices de taux, Paris, in-8°, qui le fit admettre Paris; Rapport fait au Conseil des au nombre des membres de Tadminis- Cinq-Cents sur l'organisation des tration des hospices de Paris. Ce fut écoles de médecine ( 29 brumaire an alors qu'il se lia avec Mirabeau. Dans vu ) , dans lequel l'enseignement cil- nique est considéré comme la base de les derniers temps de la vie de ce grand orateur, Cabanis lui prodigua, l'instruction médicale Degré de cer- ; comme médecin et comme ami, les plus titude de la médecine Paris, 1797, , tendres consolations et les soins les ln-8°, ibidem, 1802 ; Traité du phtjsi- plus assidus. Après sa mort, il s'efforça gue et du moral (te l homme, Paris, de défendre sa mémoire des attaques 1802 à 1803, in-8\", le plus beau titre dont elle fut l'objet. Pendant ses visi- de Cabanis à l'admiration de la pos- tes chez Franklin, il devint aussi l'ami térité; Coup d'œil sur les révolutions de Condorcet, dont plus tard il épousa et la réforme de la médecine, Paris, la belle-sœur,- mademoiselle Charlotte 1804, in-8°, travail qui contient les Grouchy, sœur du général de ce nom. matériaux d'une bonne histoire de la Il vivait retiré depuis son mariage, médecine depuis son origine connue , quand sa carrière publique commença, jusqu'aux temps modernes; Observa- A l'organisation des écoles centrales, tions sur tes affections caturrhalcs, m,en l'an il fut nommé professeur Paris, 1807, in-8\". On a donné une d'hygiène; en l'an iv, membre de Tins- édition des ouvrages scientifiques de titut, et plus tard professeur de méde- Cabanis en quatre vol. in-8\". Il a de cine clinique à l'école de Paris. Député plus fourni différents morceaux dan» en l'an vi au Conseil des Cinq-Cents, les journaux de l'époque. Ses produc- il y siégea jusqu'au 18 brumaire an tions purement littéraires sont : Mé- vin , et fut ensuite nommé membre langes de littérature allemande, con- du sénat conservateur et commandant tenant sept morceaux, dédiés à M, Hel- de la Légion d'honneur. Des travaux vétius; le Serment d'un médecin, par Immodérés altérèrent insensiblement lequel il fit ses adieux à la poésie; en- Digitized by Gcfogle
CAB FRANCE. CAB 511 fin, une traduction manuscrite d'une lorsqu'en dix ans on peut s'enrichir, sont une pénalité insignifiante, et qui partie de V Iliade. ne saurait effrayer les empoison- neurs. Nous croyons donc devoir flé- Cababet. L'origine de ce mot est trir au nom de la morale et dans difficile à déterminer. «J'estime, dit l'intérêt de l'hygiène publique, cet Ménage, qu'il a esté fait de capare- odieux commerce et l'inconcevable négligence de l'autorité, qui a bien tum, qui l'a esté de xdbnj, qui signifie pu (et elle a eu raison) violer la liberté illimitée du commerce quant aux bou- le lieu où l'on mange , et qui vient de langers et aux bouchers , et n'a point encore adopté de semblables mesures xâTrceiv, qui signifie proprement man- à l'égard des cabaretiers (*). Ne pour- ger à goulée; xàiaj , capa caparis rait-on pas cependant dire aux hommes , , qui nous gouvernent: a Si vous n'avez capara, caparetum, cabaret.» Quoi pas pitié de ce pauvre peuple, qui achève d'user dans les cabarets sa vie épuisée qu'il en soit de cette étymologie , le déjà par le travail et la misère ; si vous n'avez pas pitié deces pauvres gens, que cabaret est un lieu où l'on vend du vin vous semblez traiter comme Tes ilotes en détail. C'est un mauvais lieu, un re- de Sparte, sans doute pour apprendre à paire où l'ivrognerie trouve un ali- vos fils pervertis combien l'ivresse est laide, ayez au moins peur pour votre or, ment sans cesse renaissant , le soleil, pour vous-mêmes , car c'est dans les qu'on y appelle le Bourguigîioh, et la cabarets \"de la Cité , des halles et chimie, à son défaut , se chargeant de même des barrières, que se trament pourvoir les cabarets d'un liquide par- la plupart des vols et des crimes. ticulier qui n'est pas classé dans la no- C'est là que Lacenaire discuta avec menclature chimique, et que les igno- (*) Nous croyons devoir rappeler ici quel- bles consommateurs de ce poison ap- ques-unes des dispositions de l'ancienne lé- pellent le bleu à 6 et à 8. Ce breuvage gislation sur les cabarets. L'art, a 5 de l'ordonnance rendue à Or- délétère est composé d'un mélange léans, en i56o, faisait défense aux cabare- d'eau, d'alcool et de bois de tein- tiers de donner a boire ou à manger chez eux, aux habitants de l'endroit, sous peine ture. Le bleu à 6 renferme plus d'eau d'amende pour ia première fois , et de prison pour la seconde fois. La coutume de Paris et moins d'alcool; le bleu à 8 con- (art. 128) leur déniait toute action pour de- mander en justice le payement de la dépense tient plus d'alcool et quelques aci- faite chez eux par des domiciliés, et cette disposition était devenue en quelque sorte des. Ce breuvage ne tache pas ; il n'est de droit public. Eu effet, un arrêt du par- pas rouge, il n est pas bleu non plus; lement de Dijon, rendu en 171 8, déclara nulles les obligations passées pour dépenses il a une couleur, une odeur, une sa- faites dans les cabarets, et défendit aux veur à lui. C'est lui qui cause ces juges d'y avoir égard. Un arrêt rendu en ivresses effrayantes , ces colères bru- 173a, par le parlement de Besançon, con- tieut à peu près les mêmes dispositions qui tales , et produit ces scènes de meur- , tres qui sont si fréquentes à Paris, furent introduites en 1733 dans le code des dont la population est cependant d'une lois de la Lorraine, par une ordonnance du duc Léopold. Celle législation était encore sobriété remarquable. C'est ce breu- en vigueur au moment de la révolulion; cependant, depuis longtemps, on avait vage qui encombre nos hôpitaux d'un cessé de la faire exécuter rigoureusement. nombre sans cesse croissant de mala- Aujourd'hui, les cabaretiers sont à de «impie* règlements de police. des, qui développe des maladies incon- nues a la médecine, et qu'elle ne peut f;uérir, le malade arrivant toujours à 'hôpital les entrailles corrodées et presque détruites. L'auteur de cet ar- ticle se trouvait un jour de service à l'Hôtel-Dieu lorsqu'on apporta un , malheureux qui se mourait d'affreuses coliques. Hors d'état de parler, le ma- lade ne put que dire qu'il avait bu du bleu. Il mourut quelques instants après. Nous savons que la police veille sur le commerce infâme de ce poison; nous savons bien que de temps à autre quelques-uns des em- poisonneurs patentes sont mis à l'a- mende; mais des amendes de 20 fr., Digitized by Google
512 CAB L'UNIVERS. CAB Avril le procédé du masque de poix pouvait représenter une puissance pour empêcher sa victime de crier; étrangère. Cabarrus mourut à Séville c'est là que l'on dépose les objets vo- en 1810, ministre du roi Joseph. Sa lés, que l'on vient se laver après l'as- fille, célèbre sousla Convention et sous sassinat, que Ton vient boire pour se le Directoire, épousa successivement réconforter, et que l'on trouve la fille de Tallien et le prince de Chimay. (Voy. joie, avec laquelle on partage le butin. » Talli en [madame].) Après cette lugubre, mais véridique Cabassol k ( Philippe de ) , évêque peinture, que penser de ces littérateurs, de Cavaillon , chancelier de Sicile, pa- de ces grands seigneurs de l'époque triarche de Constantinople, cardinal et monarchique, qui allaient légat, naquit en 1 305, à Cavaillon, dans Iecomtat Venaissin. Ce savant et ha- Crayonner de leurs vers les murs d'un cabaret ? bile prélat jouit de la confiance de trois Qu'on ne dise pas, pour leur justifica- papes, et remplit avec sagesse plusieurs missions importantes en Italie et en tion , que le cabaret était le café d'a- Allemagne. Mais son plus beau titre lors ; cette assertion est fausse ; le café de gloire est d'avoir été lié avec Pé- trarque par une étroite et constante et le cabaret n'ont rien de commun ; et amitié. Ce fut Cabassole qui, en 1353, sauva, dans son château de Vaucluse, d'ailleurs le cabaret était autrefois ce la bibliothèque laissée par le poète dans qu'il ps t aujourd'hui : «On y boit du vin sa maison pendant un de ses voyages frelaté, » dit Furetière, et il existe une en Italie. Ce fut à lui que Pétrarque envoya et dédia, en 1366, son Traité loi rapportée par cet auteur, dans la- de la vie solitaire, résumé de leurs entretiens à Vaucluse. Enfin , son il- quelle il est dit que la servante de caba- lustre ami a fait son éloge en quelques ret n'a point d'action contre celui qui mots : « C'était,dit-il, un grand homme en a abusé parce que la loi ne protège « à qui l'on a donné un petit évéché.» , Cabassole mourut à Pérousc en pas des femmes de si bas lieu. Ces 1371. Son corps, transporté en France, fut enterré dans l'église de la Char- faits, et la réprobation de Boileau, sont treuse de Bonpas, où son mausolée en marbre s'est conservé jusqu'en 1791. de nature à maintenir la flétrissure Cabassut (Jean), oratorien, né à jetée sur les débauchés du temps pas- Aix en 1604 ou 1605, mort en 1685, suivit à Rome, en 1660, le cardinal de sé. Que l'on cesse donc , en présence Grimaldi, archevêque d'Aix. Pendant les dix-huit mois qu'il y demeura , il du progrès immense qui s'est opéré s'acquit l'estime des savants de l'Ita- dans les mœurs de la société moderne, lie, et recueillit les matériaux des ou- vrages qu'il pubiia depuis. Les princi- que l'on cesse de calomnier notre paux sont: Notifia conciliorum^ 1685, temps ; mais plutôt que l'on continue in-fol., bon abrégé de la collection des l'œuvre commencée de l'éducation du conciles; Juris canonici theoria et praxis, Lyon, 1675, in-4; Poitiers, peuple, que l'on s'occupe sérieusement 1738, in-fol.; Venise, 1757, in-fol. de lui procurer des aliments salubres, Cabat ( Louis-Nicolas) , peintre de paysages , né à Paris , le 4 décembre et qu'on ne l'expose plus, dans les 1812, étudia d'abord la peinture sur temps où des fléaux terribles viennent porcelaine , puis , entraîne par sa vo- cation, il se livra à l'étude du paysage. décimer la population , à attribuer la Les maîtres flamands furent ses pre- mort qui le frappe aux marchands qui miers modèles. C'est au Louvre, en copiant Ruysdael et Albert Cuip, qui chaque jour lui vendent un poison , dont alors surtout il ressent les funes- tes effets. Cababbus ( François , comte de ) né à Bayonne en 1 752, acquit de bonne heure en Espagne la réputation d'un homme très habile en matière de fi- nances, et, malgré plusieurs disgrâces, jouit d'une grande influence auprès de tous les gouvernements qui se succé- dèrent dans ce pays depuis Charles III. Envoyé auprès du Directoire comme ambassadeur d'Espagne, il ne put s'en faire reconnaître, parce que, lui ré- pondit-on, il était né Français, et ne Digitized by Google
CAB FRANCE. CAB 518 M. Cabat s'est formé, et cela en un partiennent au duc d'Orléans, qui mois. Il a été son propre maître; possède encore le Jardin de Beau- et ses premiers tableaux, peints en jon ( 1834), un des premiers tableaux 1832, sont déjà traités avec une de cet artiste; à Saint-Cloud on voit science remarquable. Depuis, sans de lui une Vue de l'étang de Ville- doute, son talent s'est agrandi, sa d'Acray (1834) , et à Fontainebleau, pensée s'est développée, son exécution la Gorge aux loups (1835). est devenue plus savante, mais ses débuts étaient ceux d'un maître^ En Cabestan ou Cabestaing (Guil- sortant du Louvre, M. Cabat étudia laume de) , troubadour du treizième les environs de Paris , sut y trouver de beaux sites et les reproduire avec siècle, qui fut, suivant la tradition, goût ; ensuite il peignit divers paysa- victime d'une horrible vengeance sem- ges de Normandie. Jusque-là il n'a- vait représenté que des sujets peu blable à celle qui a si tristement illus- tré le nom de Gabrielle de Vergy (*). Cabien, marin, était retiré du ser- vice dans un village de Normandie, où considérables; la belle exécution de il était garde-côte, lorsque les Anglais, en 1761, tentèrent une descente sur ce ses tableaux en faisait le principal point. Cabien , s'en étant aperçu , prit mérite. Un séjour de trois ans en Ita- un tambour, battit la générale,*et fit de lie (1836-1839) changea ses idées. La grands bruits de commandement. L'en- nemi, dupe de ce stratagème, se rem- vue d'une nature plus poétique, l'é- barqua précipitamment. Le roi accorda tude des grands maîtres développé- , rent son talent. Dès lors le Poussin, Claude Lorrain , Guaspre Poussin et à cet intrépide vétéran une pension de le Titien devinrent ses maîtres de trois cents francs et une médaille, prédilection, et M. Cabat, sans les imiter, a su marcher à leur suite, Cabinet de lectube , nom que l'on donne à des établissements de Ses compositions sont toujours éle- création moderne , où l'on trouve, moyennant une faible rétribution, les vées grandes et simples. On n'y , feuilles publiques et les ouvrages trouve pas une recherche perpétuelle de l'effet et l'emploi des moyens ma- nouveaux. Le nombre toujours crois- tériels pour capter l 'attention du spec- sant des cabinets de lecture prouve les tateur ; l'idée seule est chargée de ce progrès que font depuis vingt ans en soin, et une poésie noble et mélanco- France le gout de la lecture et l'inté- lique lui est donnée pour auxiliaire ; rêt que l'on porte aux affaires politi- car toujours, dans les tableaux de M. Cabat, la nature est reproduite non pas ques. Avant la révolution , il y avait servilement , mais poétiquement ; elle bien aussi des loueurs de livres , mais est anoblie, et le peintreessaye de l'idéa- liser autant que possible. La tendance ils ne recevaient pas le public chez eux. de ce paysagiste est pure , et on doit Cabinet des médailles et an- —tiques de la bibliothèque du boi. François er est le premier de nos I le féliciter d'être entré dans la voie rois qui ait entrepris de former une du Poussin qui ne regardait l'imi- collection de médailles antiques. « On , « en voit, dit le P.Molinet (**) , dans tation de la nature que comme un « le garde-meuble de la couronne , qui moyen de rendre ses idées , et non « y ont été mises de son temps. J'y ai pas comme un but. On a reproché à « observé un certain bijou de vermeille M. Cabat un peu de monotonie dans son coloris ; nous ne doutons pas que « doré, fait en manière de livre, à l'ou- si ce reproche est fondé, cet artiste ha- « verture duquel on remarque, de bile n'y remédie en étudiant davantage «chaque côté, une vingtaine de mé- l'actioh de la lumière et ses effets. Les V(*) voyez les tomes II et du Choix des œuvres capitales de M. Cabat sont : la Route de Narni (1838) , le Lac de poésies originales des troubadours, de M. Nemi, le jeune Tobie et le Samari- Raynouard. tain (1840). Les trois premiers ap- (**) Notice sur le cabinet des médailles; Mercure de France, mai 1719. T. m. 33e Livraison. (Dict. encycl. etc.) , Digitized by Google
514 CAB L'UNIVERS. CAB « dailles d'or et du Haut-Empire, qui mont garde de la bibliothèque parti- , « y sont enchâssées , et dont la netteté culière du roi , ou des livres du cabi- « est plus considérable que la rareté. » net du Louvre. Jean de Chaumont Ce prince avait également fait enchâs- exerça cette charge jusqu'en 1664. ser, suivant le même auteur, une cen- Une circonstance vint, à cette épo- taine de médailles d'argent dans un que, enrichir considérablement le ca- service du même métal. On ignore ce binet des médailles. Gaston , duc d'Or- que sont devenus ces objets précieux. léans légua au roi la collection qu'il , Hubert Goltzius, savant numisma- avait formée. Cette collection , et celle tiste flamand , qui parcourut l'Europe qui déjà était placée au Louvre , furent en 1559 et 1560, pour visiter les cabi- transportées, en 1664, dans la rue nets des curieux de médailles, compta Vivienne, dans l'hôtel que Colbert en France deux cents collections, dont avait acheté pour la bibliothèque royale. De Carcavi , déjà bibliothécaire du roi vingt-huit à Paris ; et il cite parmi fut alors chargé du cabinet des an- , les plus curieuses, celles du roi, Henri II, et de la reine, Catherine de Médicis. tiques. Charles IX fut , comme son père et En 1667, de Monceaux, Petis-de- son aïeul , grand amateur d'antiquités. Lacroix , Paul Lucas et Vaillant, furent Il fît réunir au Louvre les objets qui envoyés dans le Levant pour y recher- avaient appartenu à ses prédécesseurs, cher \"des médailles et des manuscrits. mêmeet tous, ceux qu'il avait lui - re- JNointel , ambassadeur à Constantino- cueillis; créa une place de garde par- ple, en envoya aussi un grand nombre; ticulier des médailles et antiques, et et, trois ans après, le roi fit acheter acquit, en 1565, la collection du cé- les pierres gravées qui avaient appar- lèbre Groslier. Mais bientôt les guerres tenu à Rascas de Bagarris. de religion vinrent lui donner (Pautres Louvois, devenu surintendant des soins ; et , après sa mort , son cabinet bâtiments après la mort de Colbert, qui, suivant le P. Louis Jacob (*), fit transférer à Versailles, en 1684, les « passait pour une merveille du monde, médailles et les pierres gravées , et les fit placer dins un cabinet voisin de « par ses raretés et antiquités , » fut presque entièrement dispersé. l'appartement du roi. Rainssant fut Cependant il en subsistait encore quel- chargé de les y classer, et se fit aider par Oudinet, son parent, et par le ques restes à l'avènement de Henri IV; mêmecélèbre Vaillant. Louvois fit , à la ce prince les fit réunir, et conçut le projet d'en former un nouveau cabi- époque, plusieurs acquisitions impor- net qui devait être placé à Fontaine- tantes , entre autres , celles des cabi- , nets du duc de Verneuil, de M. de bleau , où se trouvait alors la biblio- thèque royale. Rascas de Bagarris, Monceaux , et la belle suite des rois de gentilhomme provençal et célèbre col- Syrie, avec laquelle Vaillant composa lecteur d'antiquités, fut chargé de ce son histoire numismatique. soin , et reçut le titre de maître de ca- Quelque temps après , le président binet, médailles et antiques de Sa de Harlay offrit au roi son cabinet Majesté ; mais la mort de Henri IV riche surtout en monnaies des rois de qui arriva peu de temps après , vint empêcher l'exécution de ces projets; France. On en tira deux cents pièces dont Leblanc se servit pour composer Bagarris fut privé de son titre; et, en son Iraité historique des monnaies 161 1 , il repartit pour la Provence , avec de France. sa collection de pierres gravées et de L'abbé Bizot, grand amateur de monnaies. médailles modernes, fut employé à la L'intendance du cabinet resta en- recherche de ce genre de pièces ; fi par- vint à en recueillir une nombreuse suite vacante jusqu'en 1644, époque où elle fut donnée à Jean de Chau- collection dont il dressa le catalogue, O Traité des bibliothèques, p. 47«. conjointement avec le P. Molinet. Cette collection fut ensuite considérabl*- Digitized by Google
MCAR FRANCE. CAB ment augmentée par les ambassadeurs à Paris le 2 septembre 1741 , et elles près les cours étrangères qui avaient furent placées dans le lieu où elles se , trouvent encore aujourd'hui. De Boze reçu l'ordre d'envoyer au roi toutes les médailles que l'on frappait dans les s'occupa immédiatement du soin de pays où ils résidaient. les arranger dans les nouvelles ar- On s'occupa aussi d'augmenter la moires ; mais ce travail était au-dessus collection des pierres gravées. Plu- de ses forces, et le temps que lui lais- sieurs églises envoyèrent celles qui se saient ses nombreuses occupations ne trouvaient dans leurs trésors; l'on pouvait y suffire; il songea bientôt à* acheta celles du président de Harlay, s'adjoindre un collaborateur. Ce fut d'Oursel çt de Thomas Lecointe; et alors qu'il s'associa l'abbé Barthélémy. un professeur de l'université de Bâle, Parmi les principales acquisitions qui Fesch , fit présent au roi de la belle furent faites vers cette époque, nous améthyste gravée par Pamphile, qui devons mentionner les médailles du représente Achille cytharœde (\"). maréchal d'Estrées , de l'abbé de Ro- Rainssant mourut en 1689, et fut thelin , et la riche collection de mé- remplacé par Oudinet, qui mourut en daillons qui , du cabinet de ce dernier, 1712, et eut pour successeur Jean- avait passé dans celui du marquis de François Simon. La mort de celui-ci, Beau veau. arrivée en 1719, fit entrer au cabinet De Boze mourut en 1754, et fut l'un des plus célèbres numismatistes remplacé par Barthélémy. dont la France puisse se glorifier. En De 1755 à 1757, le cabinet fit d'im- acceptant la charge de garde du cabi- portantes acquisitions; citons, entre net des médailles , de Boze fit hom- autres, le magnifique vase en ivoire mage au roi de la belle suite qu'il avait légué au roi par le maréchal de Lœwen- formée pour lui-même, et de plusieurs dal ; la collection de de Cary, qui enri- monuments antiques, qui commen- chit le cabinet de plus de cent vingt cèrent la collection qu'enrichirent médailles impériales en or, et d'un dans la suite celles de Foucault , Mahu- grand nombre de médailles grecques del et Caylus. de villes et de rois ; les trois cents mé- Après la mort de Louis XIV, dailles rapportées d'Italie par l'abbé XVLouis ne partageant pas le godt Barthélémy; la collection de M. de de son aïeul pour les médailles, le sé- Clèves et, enfin , les antiques du ca- . , jour de ces précieux monuments à Ver- binet de Caylus. sailles fut regardé comme inutile, et En .\" Ancjuetil déposa au cabi- 177 1 l'on songea a les transférer à Paris. net des monnaies et des poids orien- La bibliothèque venait d'être installée taux , décrits dans le Zend-Avesta. dans la grande galerie de la banque; L'abbé Barthélémy s'adjoignit, l'an- on y construisit un salon pour les an- née suivante , son neveu Barthélémy , tiques ; et , le 27 mars 1720 , le régent de Courçay. en ordonna le transport. L'inventaire En 1776, eut lieu la plus importante et le récolement furent commencés le acquisition qu'ait faite Barthélémy ; ce fut celle du cabinet Pellerin, le plus 12 novembre 1722, et clos le 10 mars 1723 cependant l'ordonnance du ré- riche de l'Europe, qui contenait trente- ; deux mille pièces, et qui fut payé trois gent fut exécutée seulement dix-neuf ans après ; et elle ne le fut qu'impar- cent mille francs (*). Le cabinet s'en- faitement, puisque les pierres gravées richit encore , la mt me année , d'une restèrent à Versailles jusqu'en 1789. belle coupe d'or trouvée à Rennes (**), Quant aux médailles, elles arrivèrent (*) Pellerin avait publié, sous le titre de (*) C'est l'intaille la plus belle que pos- Recueil de médailles, de peuples , de villes, sède encore aujourd'hui le- cabinet, où elle est classée sous le n° 3o,4. Voyez la Des- de rois, etc., 9 vol. in-4°> 1762-1:78, la cription du cabinet des médailles, par M. du Mersaa, p. 87. description de cette magnifique collection. ' (**) Voyez la Description du cabinet de» médailles, par M. du Mersan p. 46-47, et , Digitized by Google
510 c:ab L'UNIVERS. CAB et d'une suite de cent cinquante mé- Padouans. L'on acheta la même année dailles de Russie. la suite des médailles des rois partîtes, de l'abbé de Campion de Tersan. Les médailles frappées sous les rè- L'homme qui avait le plus contribué gnes de Louis XIV et de Louis XV à l'agrandissement du cabinet, l'abbé Barthélémy, mourut en 1795; et, peu furent déposées au cabinet en 1780. de temps après, l'administration de la M. Dombey, naturaliste, envoyé au bibliothèque reçut une nouvelle orga- nisation (voyez Bibliothèque). Bar- Pérou, en rapporta, en 1786, trois thélémy de Courçay et Millin furent idoles d'or, deux plaques du même nommes conservateurs du cabinet; Cointreau et MM. Mionnet et du Mer- métal, trouvées dans un tombeau, sur san leur furent adjoints comme em- ployés. M. Mionnet commença alors le les yeux d'un Incas, et la tunique classement des médailles des peuples, d'une vierge de Pachakamac. des villes et des rois, d'après le sys- En 1 787, commencèrent les relations tème géographique d'Eckhel. Jusqu'a- du cabinet avec M. Cousinéry, qui en- lors, ces médailles avaient été rangées voya deSalonique, où il était alors par ordre alphabétique. consul de France, soixante et seize La conquête de la Hollande avait eu médailles des premiers temps de l'art lieu au commencement de 1795; le 9 novembre, arrivèrent à la bibliothèque monétaire. nationale de nombreuses caisses de monuments, de curiosités et de mé- En 1788, eut lieu la vente du cabi- dailles : c'était le premier des tributs net de Michel d'Ennery. Barthélémy que l'Europe absolutiste devait payer a la capitale de la civilisation moderne. acheta des médailles pour dix-huit mille L'année suivante, le cabinet acquit francs , et la belle collection des émaux la suite des monnaies des comtes, ba- rons et prélats de France. Cette col- de Petitot. Cette collection qui codta lection avait appartenu successivement , à l'abbé de Boulogne et à M. Heau- mont, et avait servi a Tobiezen Dubis soixante et douze mille francs, et qui pour composer son Traité des mon- fut alors déposée au cabinet des an- naies des barons. La même année, on tiques , a passé depuis au musée du y déposa les matrices des assignats, et Louvre. un échantillon de chaque espèce de Les pierres gravées , intailles et ca- billets. mées , qui étaient restées à Versailles et chez le comte d'AngiviJIers, furent Les monuments qui étaient restés a l'abbaye de Sainte-Geneviève, ceux qui enfin transportées à Paris en 1789, et se trouvaient au dépôt de l'hôtel de Nesle, à la Monnaie, au Garde-Meu- réunies au cabinet des médailles. Le bles, au Muséum d'histoire naturelle, furent transportés au cabinet en 1797. régime intérieur de cet établissement En 1798, les commissaires des arts . éprouva , en 1790, une importante mo- en Italie y envoyèrent une foule de dification. Pour la première fois, on monuments précieux, dont nous cite- rons les plus importants : la couronne y admit le principe de la publicité , et d'or d'Agilufus, roi des Lombards, et il fut ouvert régulièrement au public, celle de Théodelinde, sa femme; le beau camée de Jupiter ^Egiochus de la à des jours fixés. bibliothèque de Saint-Marc à Venise; La loi qui déclarait propriétés na- la fameuse madone de Lorette, etc. tionales les biens ecclésiastiques fit En 1799, le frère du général Ber- entrer au cabinet, en 1791, une foule de richesses; nous citerons, entre au- tres, le calice de l'abbé Suger, de l'ab- baye de Saint-Denis; la belle agate de la Sainte-Chapelle, et surtout la riche collection de médailles et antiques de l'abbaye de Sainte-Geneviève, qui fit entrer dans les collections sept mille médailles romaines, environ dix mille médailles de peuples, villes et rois, un grand nombre de médailles modernes, et une suite curieuse des coins des • les Monuments inédits de Millin , 1 1 , p. 9*5, pl. a4 à %-]. Digitized by Google
CAB FRANCE. CAB 517 thier y déposa des pierres gravées, naître dix mille pièces dont la plupart qui, en 1815, ne furent point reprises par les ennemis, parce que c'était un étaient depuis longtemps insérées dans présent fait par le pape au général, et non le fruit de la conquête. Le cabinet les suites, ils se contentèrent d'un s'enrichit encore, la même année, de échange qui pût balancer la somme la célèbre table isiaque du musée de que l'on reclamait. Les collections de- Turin, du testament d'Epicteta, ci- toyenne de Sparte, du musée de Vé- meurèrent ainsi intactes; mais tout ce rone, et des médailliers du Vatican, qui n'y avait pas été inséré fut rendu contenant plus de dix mille médailles ainsi que les autres objets qu'il était grecques et romaines. Barthélémy de Courçay mourut le facile de reconnaître. 30 octobre 1799, et fut remplacé par Millin mourut en 1818, et fut rem- le célèbre Gosselin. placé par M. Raoul -Rochette. Un événement malheureux pour le Les années suivantes furent signa- cabinet signala l'année 1804; des vo- lées par d'importantes acquisitions leurs y pénétrèrent, et parvinrent à ; s'emparer de l'agate de la Sainte-Cha- pelle, du vase des Ptolémées, de la parmi les objets qu'elles firent entrer couronne d'Agilufus , du calice de l'abbé Suger, de plusieurs vases d'agate dans le cabinet, nous citerons les monu- ments rapportés d'Égypte par M. Cail- liaud , et des médailles espagnoles, cé- dées par M. Durand , en 1821 ; près de six mille médailles de peuples, villes et rois, cédées par M. Cousinéry, en 1824; cinq cents médailles de Sicile, cédées par M. Rollin, et environ huit mille médailles grecques, cédées par M. Édouard de Cadalvène, en 1826; enfin , en 1829, la collection de M. Al- rent arrêtés, et ces objets furent tous lier de Hauteroche. restitués, excepté la couronne d'Agilu- Gosselin mourut en 1830, et ne fut fus qui avait été fondue, le calice de point remplacé; M. Raoul-Rochette resta seul conservateur. En 1831 , un Suger, qui avait été vendu en Angleter- re, le poignard de François I er et le dip- second vol vint dépouiller le cabinet tyque qu'on ne put jamais retrouver. d'une partie de ses richesses les plus , précieuses. Un forçat libéré , nommé Le cabinet reçut la même année cent quatre-vingt deux pièces d'or de la Fossard , y pénétra pendant la nuit, et parvint à s'emparer de la suite des première race des rois de France que , l'on avait trouvées dans' les ruines de médailles impériales, en or, et d'une l'ancien palais de justice de Bordeaux. grande partie des médailles modernes On y déposa en 1807 le sacro catino du même, métal. Arrêté peu de temps de Gênes, et en 1808, les médailles du après, ainsi que son frère, chez lequel cabinet de Berlin (trois mille cinq cents il avait déposé les objets qu'il avait vo- pièces romaines en grand et moyen lés , il les restitua ; mais les plus pré- bronze, et trois mille cinq cent trente- cieux, les médailles impériales, au nom- quatre bracteates). bre de deux mille , avaient été fondues Quoique le traité de Tolentino eût On rétablit, en 1832, la seconde garanti à la France la possession des plaee de conservateur , et cette place objets d'arts qui avaient été le fruit de fut donnée à M. Letronne(*). Depuis, le ses conquêtes, et qu'elle avait préférés cabinet s'est enrichi par de nombreuses à quelques millions, qu'on n'eût pu et importantes acquisitions ; nous ci- ensuite lui réciamer, à peine les étran- terons , entre autres, les médailles ap- gers furent-ils maîtres de Paris, qu'ils portées par MM. de Cadalvène, de firent entendre des réclamations. Ce- Gayengos, Durand et Rollin; la col- pendant, nous devons le dire, les (•) M. Letronne, nommé en 1840 garde commissaires montrèrent des égards général des archives du royaume , a été rem- Clacc au cabinet de* médailles , par M. Char- pour le cabinet des médailles; dans :s Lenormant. l'impossibilité où Ton était de recon- i Digitized by Google
I 618 CAB L'UNIVERS. CAB lection entière du général Guilieminot, faction des cabochiens ou bouchers estimée dix-huit mille francs; une par- se forma sous le règne désastreux de tie de celle du musée Hedervar, esti- Charles VI. Depuis que ce prince mée plus de trente mille francs; les avait perdu la raison, le duc de Bour- médailles de la Bactriane, rapportées gogne et le duc d'Orléans se dispu- de l'Inde par le général Allard ; la col- taient le pouvoir. Ce dernier, appuyé lection de M. Brondstedt; les magni- sur le parti des Armagnacs, avait pris fiques vases en argent, découverts à en main les intérêts de la noblesse. Berthouville, près Bernay (voyez les Le duc de Bourgogne , au contraire, planches 115, 120 et 127); enfin, une avait affecté de rechercher la popula- partie des antiquités du cabinet Du- rité. Le peuple de Paris lui était dé- rand , et de celles du prince de Ca- voué. Il avait surtout un grand cré- nino. Aujourd'hui, sans parler des dit sur les bouchers qui formaient , monuments, le cabinet contient envi- alors une corporation puissante (*), ron cent cinquante mille médailles en De nombreux valets toujours ar- , or, en argent et en bronze. C'est la més de couteaux, robustes, vaillants, collection la plus complète et la plus habitués à verser le sang , étaient à leurs ordres. Leurs chefs étaient Le- —précieuse qui existe au monde (*). foix, Denis de Chaumont, les Saint- Cabinet noib. Le nom de cet r on, lesThibert, etSimonet Caboche, établissement qui à lui seul est une , flétrissure pour les gouvernements oui a donné son nom à la faction. Ils qui en ont fait usage, désigne le bu- lurent tout -puissants à Paris, après reau secret entretenu dans des temps l'assassinat du duc d'Orléans, en 1407. La demeure royale elle-même ne fut de funeste mémoire à l'intendance gé- nérale des postes , et dont l'infâme pas à l'abri deleurs insultes. Le fameux spécialité consistait à amollir les ca- Jean de Troyes, qui était l'orateur du chets et à violer le secret des corres- parti, envahit un jour , à la tête d'une pondances privées. Les serviteurs de populace furieuse, le palais habité par la monarchie se firent longtemps un le dauphin , et arrêta ses favoris. jeu de ce crime, qu'ils exploitèrent L'alliance de la Sorbonne avec les largement pour perdre de bons ci- bouchers augmenta encore leur inso- toyens, complaire au roi et à ses maî- lence. Ils essayèrent en même temps tresses et grossir le nombre des vic- de se rattacher à la haute bourgeoi- times de la Bastille. Cette inquisition sie, qui avait régné un instant pendant de la police ne tomba qu avec la la captivité du roi Jean , mais qui royauté, et l'on eût dû croire qu'elle avait été décimée au commencement n'avait pas survécu aux honteux abus du règne de Charles VI. A l'exemple dont la révolution nous a débarrassés. des compagnons d'Étienne Marcel, ils Malheureusement il n'est que trop adoptèrent le chaperon blanc, sym- prouvé qu'il faut compter le cabinet bole de la liberté chez les Gantais noir au nombre des attentats commis et que les ducs de Bourgogne, de Guyenne et de Berri consentirent aussi par l'empire et la restauration contre la liberté des citoyens. Nous nous plai- à porter. Mais les bouchers n'étaient sons à croire que cette scandaleuse pas les dignes successeurs de ces pre- institution sera laissée désormais aux miers martyrs de la liberté française. monarchies absolues. Ils se déshonorèrent par leurs cruau- —Caboche et Cabochiens. La tés. L'ancien prévôt de Paris, Pierre des Essarts, la Rivière, du Mesnil, et (*)Nous avons puisé les faits dont se d'autres magistrats encore dont ils compose cet article dans la préface du cata- redoutaient le talent et le courage, logue de la bibliothèque royale , dans YEssai périrent par leurs ordres. Ils se ren- historique sur cet établissement par le , O Voy.,t.m,p. i5oetsuiv., l'articleque Prince, et surtout dans Y Histoire du cabinet nous avons consacré à cette corporation. des médailles, par M. du Mersan. Digitized by Google
CÂB FRANCE. CAB 519 dirent plus odieux encore par l'em- —Cabotage. On appelle ainsi la prunt forcé qu'ils levèrent sur les navigatipn qui se fait le long des cô- tes, pour aller d'un port à un autre, bourgeois de Paris , car on reconnut dans le même pays. Le mot cabotage bientôt à leur luxe extravagant que paraît venir de cabo, qui veut dire leurs intentions n'avaient pas été ex- cap en espagnol , étymologie d'autant plus naturelle que les navires cabo- clusivement patriotiques. Le duc de teurs ont besoin de doubler un graud nombre de caps pour arriver à leur des- Bourgogne lui-même se dégoûta de tination ; les caps jouant un grand rôle dans ce genre de navigation , lui ont ses alliés, qui avaient cessé de le res- naturellement donné leur nom. pecter. Enfin, la bourgeoisie, poussée Bien différent de la navigation in- a bout, prit les armes et força le térieure qui s'effectue sur les rivières dauphin de sortir de sa honteuse' apa- ou sur les fleuves, et de la grande navi- gation qui a les mers du monde entier thie pour secouer le joug des houchers. pour théâtre, le cabotage n'en rend pas moins au commerce des services Ceux-ci , retranchés sur la place de d'une très-grande importance. C'est l'hôtelde ville , n'osèrent pas résister un voyage de circumnavigation que à la bourgeoisie, et la domination des des milliers de navires de toutes les grandeurs opèrent sans relâche au- cabochiens parut anéantie (1413). tour de nos provinces maritimes, pour distribuer à chaque port la part qui Mais ils reparurent après la conspi- lui revient dans le mouvement géné- ral du commerce. Il produit en outre ration de Périnet Leclerc , en 1418, d'excellents marins, toujours aux pri- et trempèrent dans les massacres qui ses avec la mer, toujours infatigables pour lutter contre les vents, les ensanglantèrent la capitale. Jean sans écueils et les dangers de tout genre; aussi les caboteurs offrent-ils à la ma- Peur fut réduit à donner une poignée rine militaire une pépinière abondante de main au bourreau Capeluche qui où elle recrute son personnel de ma- , telots. La marine marchande n'eu fournit de meilleurs que pour les ma- se signalait à la téte des massacreurs. nœuvres hautes. Il ne fallut rien moins que la domi- A l'époque de son projet de des- nation des Anglais pour mettre fin à cente en Angleterre, Napoléon a em- ployé avec beaucoup de succès un ces épouvantables désordres. Quant à genre de tactique , emprunté pour ainsi dire au cabotage , et qui a dé- l'histoire de Simonet Caboehe, elle ne joué toutes les tentatives de la flotte peut pas être séparée de celle de son anglaise , même commandée par Nel- son. Une multitude de petites em- parti. On ignore comment il a fini. barcations , sortant de toutes les em- Cabot (Vinc), jurisconsulte du bouchures des rivières de la France et de la Hollande , et longeant les cô- seizième siècle, professa le droit avec tes, vinrent, en dépit des efforts de l'ennemi, se joindre a la flottille de Bou- distinction à Paris, à Orléans et à logne, qui lutta avec une rare audace contre les plus gros vaisseaux. Dans Toulouse , sa ville natale. Il mourut tous les engagements , les marins ca- dans les premières années du dix- boteurs montrèrent autant d'expé- septième siècle. Il avait composé plu- rience que de courage. On trouve aif- sieurs ouvrages, dont le plus remar- quable est intitulé : les Politiques de Vincent Cabot publiées par Léo- , nard Campistron, Toulouse, 1630, in-8°. Ce n'est que le premier volume d'un ouvrage projeté par Cabot, et qui devait avoir vingt-huit livres. Léonard Campistron mit en ordre ce qui était fait, c'est-à-dire, seulement six livres , et les dédia au cardinal de Richelieu. Il les avait trouvés assez beaux pour les présenter aux minis- tres, au parlement et à l'université de Paris, en 1624, et il dit qu'on s'ac- corda généralement à reconnaître que Cabot y avait mis « plus de secrets de cette science ( la 1 qu'on politique ), n'en trouvoit dans tous les autres li- vres qui en avoient traité jusqu'alors. » Digitized by Google
520 CAB L'UNI HERS. CAB ficilement aussi des hommes plus dé- exécute ses opérations en allant d'un port de l'Océan dans un port de la Mé- terminés, lorsqu'il s'agit d'armer des diterranée, et réciproquement, mais corsaires pour courir sus à la marine marchande de l'ennemi. en côtoyant toujours le rivage. Le nombre des navires qui font le La Convention, qui avait si bien le sentiment de tout ce qui est sérieuse- cabotage en France est tres-considé- ment utile, s'est occupée du cabotage rable. Pour bien déterminer l'impor- avec un intérêt tout particulier. L'acte tance de ce genre de commerce, il de navigation décrété par elle, le 21 sufGra de dire que sur un chiffre moyen septembre 1793, sur le rapport du comité de salut public , interdisait le de quatre-vingt mille navires qui pren- nent annuellement part au mouvement cabotage français h tout navire étran- de la navigation, soixante-quatre mille ger, et ne le permettait qu'aux navires nationaux, dont les officiers et les font le cabotage; c'est la proportion trois quarts de l'équipage devaient des quatre cinquièmes. En Angleterre, être Français. La faculté d'accorder le cabotage occupe quatre fois plus de aux bâtiments neutres l'autorisation de faire le cabotage était réservée au navires que chez nous. Pendant l'année gouvernement. Cette exclusion des 1832, le cabotage anglais a employé dix millions de tonneaux, tandis que étrangers , contraire à nos principes le nôtre n'en a employé que deux mil- habituels de sociabilité , était néces- lions cinq cent mille; nous avons donc saire au rétablissement de notre puis- sance maritime : on pouvait d'ailleurs encore de grands progrès à faire. De y voir une mesure de représailles, 1820 à 1830, notre commerce de ca- puisque l'Angleterre avait défendu le cabotage de ses côtes aux autres na- botage avait presque doublé : il a con* tinué à s'accroître jusqu'en 1833; mais, tions dès le'règne d'Elisabeth, et peut- à partir de cette époque, il a Qéchi. Avant la révolution de 1789, Nantes et être auparavant. Bordeaux étaient deux points très-fré- quentés par les caboteurs. Aujour- Le 7 avril 1814, le comte d'Artois, d'hui , ils vont de préférence à Marseille alors lieutenant général, abolit quel- et au Havre, qui reçoivent plus de ques formalités imposées au cabotage français, mais conserva aux navires marchandises, et qui sont aussi les nationaux le privilège de ce genre de deux premiers ports pour la grande navigation, qui est demeuré soumis, pour les dispositions principales , aux navigation. règlements énoncés dans l'acte de na- Il serait à craindre, pour quelque vigation de 1793. Le 6 septembre 1817, temps du moins, que le perfectionne- un arrêté ministériel du duc de Ri- ment des voies de communication et chelieu accorda aux navires espagnols l'établissement des canaux et des che- la faculté de participer au cabotage mins de fer ne fissent perdre de son sur les côtes de France. importance au cabotage, qui est une si précieuse ressource pour la ma- La configuration particulière de la rine militaire. Heureusement l'exemple France, dont les côtes méditerra- de l'Angleterre est là pour montrer néennes sont séparées des côtes qu'elle que le remède est à côté du mal ; la multiplication des canaux et des che- possède sur l'Océan par la péninsule mins de fer paraît y avoir augmenté espagnole, a donné naissance à deux plutôt que diminué les opérations du espèces de cabotage : le grand et le cabotage. Le long détour que nécessite le prolongement de la péninsule espa- petit. On désigne sous le nom de petit gnole n'est pas non plus sans de graves cabotage le commerce que fait un bâ- inconvénients; et voilà pourquoi main- tenant, pour éviter les retards, Bayonne timent qui transporte des marchan- expédie directement à Dunkerque par dises d'un port de l'Océan dans un la voie de terre, et Marseille au Havre. autre port de l'Océan , ou d'un port de la Méditerranée dans un autre port de Du reste ce détour forcé a aussi ses la Méditerranée. Le grand cabotage Digitized by Google
CAD 1 CAC 621 YKÂ ÏCE. avantages; il nous donne pour ainsi toire par l'horrible massacre que dire pied sur les côtes de l'Espagne, à qui nous accordons le droit de récipro- François er fit faire de ses habitants cité. Mais sans renoncer aux avantages I de cet échange, il ne serait pas très-difti- cile de rapprocher les deux mers, en en 1545. 'Nous avons déjà dit, dans les améliorant le canal du Languedoc, et Annales, que le 18 novembre 1540, en réalisant enfin ce que Louis XIV le parlement d'Aix avait prononcé avait si grandement projeté. Cabrera, nom d'un îlot désert qui contre les Vaudois un arrêt en vertu fait partie des îles Baléares, et qui est duquel les hommes appartenant à cette devenu célèbre dans nos annales mili- taires. Après la capitulation de Baylen secte devaient être brûlés, les femmes nos malheureux soldats, retenus pri- sonniers au mépris des traités, furent vendues et leurs maisons démolies. jetés sur ce sol aride. Tandis que, chez nous, les prisonniers espagnols, logés Comme cet arrêt avait été rendu par dunsMes casernes et recevant la ration des soldats, trouvaient encore à uti- défaut, on en suspendit l'exécution. liser leur temps, et pouvaient, par Mais après la paix de Grépy, Fran- leur travail, quand ils voulaient tra- vailler, se procurer une sorte d'ai- Vçois r résolut de détruire l'hérésie sance, entassés par milliers à Cabréra, dans son royaume. Accablé de ce mal manquant de tout, de vivres, d'eau et de vêtements, nos infortunés compa- « Qui n'epargnoit ne couronne ne crosse (*),» triotes moururent presque tous. L'u- nique source de l'île fournissait à et qui le retenait malade et en danger de mort(**), sollicité d'ailleurs par le chaque homme un demi-verre d'eau cardinal de Tournon, qui lui remon- trait que Dieu seul pouvait le sauver, par jour, et l'on était obligé d'attendre et qu'il ne pouvait mieux lui prouver a la file pendant plusieurs heures pour sa piété que par sa sévérité envers les obtenir cette faible ration ; une once de viande de mulet, par semaine et pour hérétiques, il se décida à ordonner la chaque homme, avec deux onces de destruction des Vaudois. En consé- pain ou quelques fèves de marais, quence, il envoya, le 1 er janvier 1545, étaient les seuls aliments que l'Espa- au parlement de Provence, l'ordre de gne envoyât aux prisonniers : encore mettre à exécution l'arrêt rendu contre les convois empêchés par la mer, tar- ces malheureux , en lui recommandant « de faire en sorte que le pays de Pro- , « vence fût entièrement dépeuplé et « nettoyé de tels séducteurs. » Ces or- daient-ils quelquefois pendant plu- dres furent rigoureusement exécutés, sieurs semaines. Le nombre de ces malheureux, sans cesse renouvelé par le 18 avril suivant, par le baron d'Op- ies nouveaux prisonniers que le sort pède. (Voy. les Annales, 1. 1*% p. 28(J, des armes faisait tomber entre les et Vaudois.) mrins des ennemis, et cependant di- minuant sans cesse, était réduit à Cabriolet. Voyez Voitures. quelques centaines, lorsqu'en 1814, Cabbol (Barth.), chirurgien, né à après six ans d'une captivité inouïe Gaillac (Languedoc), dans le seizième dans l'histoire militaire, ces nobles siècle, fut chargé, par Henri IV, de victimes d'une infâme trahison purent professer l'anatomie à l'école de Mont- pellier. On a de lui un Alphabet ana- enfin revoir le sol de la patrie. (Voyez tomiquc, imprimé en dernier lieu à Pontons.) Lyon, en 1624, in-4°. Cet ouvrage a eu une grande vogue jusqu'à la fin du Cabri kres, ancienne seigneurie du dix-septième siècle. comtat Venaissin (aujourd'hui dépar- tement de l'Hérault), à douze kilomè- —Cacabellos (combat de). Le gé- tres de Cavaillon, célèbre dans l'his- néral sir John Moore était à Toro, le 21 décembre 1808, avec une armée an- glaise de trente-cinq mille combat- (*) Jean Lemaire poëte du seizième siè- , cle. Il est question de ce mal qui a tué cinq rois, Charles VIII, François Ier, Henri II, Charles IX et Louis XV. (**)Paradin, l. iv, p. Digitized by Google
L'UNIVERS. tants, ei se disposait à pousser sur en France en 1803 , il mourut à dis- Madrid, lorsqu'il apprit que cette ca- son en 1805. pitale était. tombée au pouvoir des Cacault (Jean-Baptiste) , né à Sur- Français; il sut en même temps que le ?fère, département de la Charente-In- maréchal Soult d'une part, l'empereur érieure,en 1769, s'engagea, en 1783, en personne de l'autre, arrivaient sur lui à marches forcées. Dès lors, il ne comme simple soldat. Il passa par tous songea plus qu'à battre eh retraite. les grades inférieurs, lut promu au Pressé par les deux divisions fran- çaises, il se retira par Bena vente et grade de général de brigade à la ba- Astorga sur la Galice. Les Anglais, taille de \\Vagram, et mourut à Tor- dans leur précipitation , abandonnaient gau, par suite de deux amputations, leurs malades, coupaient les jarrets au moment où il venait d'être fait gé- des chevaux qui ne pouvaient suivre, et détruisaient la plus grande partie de —néral de division. leurs bagages et de leurs munitions. Cachemire On donne en France le nom de cachemire au duvet de la Au prix de ces sacrifices, sir John chèvre du Thibet, qui sert à fabriquer Moore espérait ne pas être atteint pnr ces châles somptueux que le commerce le maréchal Soult, à qui l'empereur tire de l'Inde, et que, par extension, avait laissé le soin de la poursuite. nous appelons aussi des cachemires. Mais le 3 janvier 1809, les Français joignirent l'arrière-garde anglaise au Quoique ces riches produits de l'in- dénié de Cacabellos , entre le village de dustrie asiatique aient été signalés ce nom et celui de Pierros. Le corps depuis longtemps à l'Europe, notam- ennemi était d'à peu près six mille ment par ['Histoire philosophique de hommes. Quoiqu'il occupât une posi- Raynal , ce n'est que depuis l'expédition tion d'un accès fort difficile, Soult rie française en Egypte qu'ils ont fait balança point à attaquer, et culbuta les irruption chez nous, et sont devenus Anglais, qui perdirent trois cents des un objet d'engouement à cause de leur leurs tint tues que prisonniers. Qua- finesse, de leur légèreté, de la bizar- rante-huit heures après ce combat, sir rerie de leurs dessins et surtout de John Moore, toujours fuyant, était leur prix excessif. Cette dernière cause de faveur auprès des classes opulentes arrivé à Lugo en Galice,* à plus de en nuisant aux cachemires auprès des vingt-cinq lieues de Cacabellos. fortunes de second et troisième ordre qui les convoitaient sans pouvoir y at- Cacault (François), ancien ambas- teindre, stimula les fabricants fran- sadeur et membre du sénat, naqmt à çais, qui cherchèrent à les remplacer Nantes en 1742. Nommé, en 1785, par des productions d'un prix moins secrétaire d'ambassade à Naples , il élevé. On employa, dans les imitations fut rappelé en 1791 , et envoyé im- que l'on en fit, \"le coton , la soie et la médiatement à Rome, comme chargé laine, seules matières que l'on eût d'abord à sa disposition, et on fit des d'affaires du gouvernement français., ouvrages riches de finesse, de dessin en remplacement de Basseville, qui et de couleur, mais peu moelleux, et venait d y être assassiné. (Voyez Bas- hors d'état de soutenir la comparaison seville.) II ne put parvenir à sa des- avec ceux qui avaient servi de modèles. tination, et s'arrêta à Florence, où il Mais un fabricant ayant imaginé d'em- parvint à détacher le grand-duc de la ployer le duvet des chèvres deKirghiz, coalition. Il résidait à Gênes à l'époque oui nous vient de Russie par la foire du traité de Tolentino, qu'il signa avec de Nijni-Novgorod, et qui, jusque-là, le général Bonaparte. Rappelé en France en 1798, il fut élu député au n'avait servi qu'à la chapellerie, obtint Conseil des Cinq-Cents; fit ensuite un succès complet, et le cachemire partie du nouveau Corps législatif après français fut inventé. le 18 brumaire, et fut nommé, en 1800, ambassadeur à Rome. Rappelé Envisagés comme moyen de séduc- tion auprès des femmes les cachemi- res furent une fois frappés publique- Digitized by Google
I CAC TRA ÏCK. CAD 523 ment d'anathème par M. de Broë, miner rigoureusement la différence substitut du procureur du roi ; mais qui existe entre le cachet et les autres viette incartade d'un magistrat, qui sor- espèces de sceaux , uous croyons que le cachet était un sceau non authentique tait mal à propos de ia dignité de son ministère, valut à son auteur, de la et n'ayant que peu de valeur en jus- tice. Le lecteur trouvera sur ce sujet part de Béranger, un coup d'aiguillon plus de détails aux articles Sceaux qui dut longtemps le faire souffrir. et CONTBB-SCEAUX. Cachet (Christophe), médecin or- Cachin (Joseph-Marie-François), dinaire du duc de Lorraine, naquit à Neufchâteau en Lorraine, le 26 no- inspecteur général des ponts et chaus- sées, né, en 1757, à Castres, mort à vembre 1572, et mourut à Nancy en 1624. Ce fut un des premiers commen- Paris en 1825, a dirigé pendant vingt tateurs d'Hippocrate. On a de lui, ans les travaux de la digue de Cher- entre autres ouvrages: 1° Controver- bourg. Il a publié quelques ouvrages parmi lesquels nous citerons son Mé- siae theoricae practicœ in primant aphorismorum Hippocratis seclio- moire sur la digue de Cherbourg, nem, Toul, 1612, in-12; 2° f rai et comparée au breakwater ou jetée de assuré préservatif de petite vérole et Plymouthy 1820, in 4*, destiné à réfu- rougeole divisé entrais livres, Toul, ter certains auteurs anglais qui avaient y vanté outre mesure la digue de Ply- 1617, in-8°- mouth , en dépréciant celle de Cher- Cachet (lettres de). Voyez Let- bourg. tres. Cadastre.— Selon le Dictionnaire de VAcadémie y le cadastre est un re- —Cachet. M. de Wailly, dans ses gistre public dans lequel la quantité et Éléments de paléographie, donne {>our origine aux cachets l'usage où 'on était, au quinzième siècle, d'em- fa qualité des biens-fonds sont mar- quées en détail. En administration, on ployer le contre-scel à la place du sceau, lorsqu'on voulait authentiquer des ac- appelle ainsi la levée du plan d'un ter- tes peu importants. Nous ne pouvons ritoire, par nature, quantité et qualité adopter cette opinion; nous croyons,- de biens-fonds, pour servir de base à au contraire, que les contre-sceaux et la répartition de la contribution fon- les cachets étaient choses tout à fait cière. distinctes. Les cachets étaient sans A l'article Cens on verra que, dans doute des sceaux privés; nous serions le temps de la domination romaine , le même tenté de regarder comme de comte des largesses avait pour la ré- , véritables cachets les pierres gravées partition de la capitation et des impôts romaines qui nous sont parvenues en- assis sur les propriétés, un tableau châssées dans des anneaux ; et les fa- général des biens-ionds de chaque pro- meux actes de Pépin et de Charlema- vince de l'empire. Après l'invasion, ne, rendus valables par l'empreinte celui de la Gaule servit aux rois vi- une téte de Jupiter-Sérapis ou de sigoths bourguignons , francs , etc. , Bacchus, ne nous semblent attestés (qui s'étaient substitués aux droits des que par des sceaux privés ou cachets. empereurs), pour connaître les terres Le cachet aurait donc eu pour origine domaniales et bénéficiâtes que leur at- le petit sceau. Il faut convenir pourtant tribuait la conquête comme propriétés que ce petit sceau était quelquefois publiques, pour connaître les terres pri- employé comme contre-scel. Ainsi, au vées , en faire le partage entre eux et les anciens possesseurs , et enfin pour revers du grand sceau de Jean , duc de percevoir sur ceux-ci , dans la propor- Bretagne (1275), nous trouvons un sceau secret portant la légende sui- tion des biensqui leur étaient laissés, les tributs qu'ils étaient accoutumés de vante : SI • DVCIS . BRIT • AD. LITTE- payer au trésor impérial. Cet ordre de choses se maintint sous les rois de la bas.clav... (Sigillum ducis Britan- ni& ad li Itéras clausas). En résumé, sans chercher à déter- première race, qui prirent le soin de Digitized by Google
524 CAD L'UNIVERS. CAD faire établir ou reviser le cadastre des 1359; celui du Languedoc portait le nom de Compoix; celui de l'Agénois provinces dont le partage de la suc- cession de leurs pères avait fait des fut exécuté d'après un règlement du 17 royaumes. En 590, Childebert, roi novembre 1604; l'arpentage général d'Âustrasie, donna commission à Flo- des terres du ( ndomois eut lieu en rentins , maire de son palais , et à Ro- vertu d'une déclaration du roi , de fé- mulf'us, un de ses comtes, de réformer vrier 1666. La généralité de Montau- celui de ces états, qui , dressé sous le ban avait aussi un cadastre qui fut re- règne de son père Sigobert , était de- visé par suite d'un arrêt du conseil venu défectueux. A peu près dans le du 13 février 1664. Ce n'est pas que, même temps, Chilperic , qui régnait pendant ce long espace de temps, l'idée à Soissons, fit faire, pour la rectifi- d'un recensement général et d'une ap- cation du cadastre de son royau- préciation de tous les biens-fonds du me, un recensement si onéreux au royaume ne fût venue à personne. peuple, que plusieurs possesseurs aban- Charles VII l'avait eue, et en avait donnèrent leurs biens et leurs cités ordonné l'application le 26 juin 1461 ; mois cette idée était restée à peu pour se soustraire à des impôts qu'ils prévoyaient devoir être écrasants. Sur près en projet et n'avait reçu d'exé- ces entrefaites, la mort ayant frappé cution qu'en Provence. Un arpen- les enfants de Chilpéric, ce prince, qui tage détaillé ou parcellaire de tou- • regardace malheur comme une punition tes les propriétés foncières formait du ciel brûla, à la prière de sa femme la base du grand projet qu'avait conçu , Frédégonde, les nouveaux recense- Colbert de rendre la taille réelle pàr ments, et laissa le cadastre dans l'état toute la France , et que la mort l'em- où il se trouvait précédemment. Plus pêcha d'exécuter. Enfin par déclara- , tard, la négligence que Ton apporta à tion du 21 novembre 1763, rendue sous constater, surins cadastres, les accrois- \\ XVle ministère de Bcrtin , Louis or- sements, mutations et changements de donna que, pour exclure tout arbitraire nature des propriétés, y jeta de la con- et toute inégalité dans la répartition fusion. Ensuite, les dons excessifs, faits des impositions, il fût procédé à la au clergé, deterrestoujours affranchies confection d'un cadastre général em- brassant tous les biens-fonds, même d'impôts joints à l'affaiblissement , ceux du domaine, du clergé, des princes. graduel du pouvoir royal, affaiblisse- Ce projet, comme beaucoup de ceux que l'on faisait alors, n'eut pas de suite. ment à la faveur duquel tout le monde On sait que lorsque les trois ordres trouva le moyen , ou de se soustraire furent appelés à nommer des députés aux impositions publiques , ou de les confisquer à son profit, rendirent les ' cadastres inutiles, et il n'en fut plus aux états généraux de 1789, ils furent question. Alors, les seigneurs, pour autorisés à dresser des cahiers, conte- la levée des redevances auxquelles Hs nant l'exposé des griefs dont ils dési- avaient assujetti les terres cédées par raient le redressement, et des amélio- eux à des vassaux , tenanciers ou co- rations qu'ils croyaient possibles et lons, firent faire des descriptions par- nécessaires. Soixante-treize assemblées ticulières de leurs domaines, et ces électorales de la noblesse et cinquante- descriptions furent appelées terriers. huit du tiers état, en tout cent trente Quand la taille fut devenue une im- et une, demandèrent la confection d'un position permanente, on éprouva le cadastre général. L'Assemblée natio- besoin de la répartir avec égalité , et nale crut devoir faire droit à une ma- plusieurs provinces firent dresser le nifestation aussi imposante; et, le er 1 cadastre de leurs propriétés foncières. décembre 1790, elle décréta le prin- La Guyenne, la Bourgogne, l'Alsace, cipe. Par la loi du 21 août 1791, les la Flandre, le Quercy, l'Artois et la administrations de département, sur Bretagne eurent les leurs; celui de l'avis des conseils municipaux des com- Dauphiné , appelé Péréquaire, date de munes et des administrations de dis- Digitized by Google
CAD FRAINCE. CAD G25 trict, furent autorisées à ordonner la gea , le 26 décembre 1800 , un conseil- 1er d'État de l'administration du ca- levée du plan du territoire et l'évalua- tion du revenu d'une commune, lors- dastre, et dix-huit mois plus tard, quand il examina à fond cette immense que cette demande serait faite par le conseil municipal, même avant qu'il entreprise, il en fut presque effrayé fût formé aucune demande en réduc- lui qui , plus tard , ne devait s'étonner tion d'impôt ; et , par une autre loi du Unde rien. « cadastre général, disait- 16 septembre de la même année, l'As- « il, est uneopération monstrueuse qui semblée nationale régla le mode par « coûtera plus de trente millions et exi- lequel on lèverait le plan topographique « géra au moins vingt ans. La mensu- d'une commune. • ration et l'évaluation ne sont pas les «Lorsqu'il sera procédé, est-il dit «plus difficiles , c'est la connaissance « des rapports des divers départements dans cette loi, à la levée du territoire d'une commune, l'ingénieur chargé de « entreeux.» Cequi est rigoureusement l'opération fera d'abord un plan des vrai. masses qui présentera la circonscrip- Le 30 juin 1802, il ordonna la for- , tion de la commune et sa division en mation d'une commission de sept sections , et formera ensuite les plans membres pris dans les diverses par- de détail qui composeront le purcel- ties du territoire français pour s'oc- laire de la commune. » ^'Assemblée , cuper de répartir la contribution fon-~ constituante se sépara après avoir ré- cière avec la plus grande égalité. Cette commission ne vit pas de meilleur glé, le 20 août 1791 , les dépenses du moyen d'arriver à ce Dut que la Conti- nuation du cadastre. Mais, effrayée de bureau du cadastre et voté des fonds la nécessité où l'on était, en suivant pour y pourvoir. L'Assemblée législative respecta ce qu'avait fait sa devancière , mais n'y le plan décrété par l'Assemblée consti- a jouta rien pendant un an qu'elle exis- tuante, de mesurer et d'évaluer la tota- ta. La Convention vota, le 21 mars litédes parcelles de terrain dont se com- 1793, la confection d'un cadastre gé- pose le sol de la France, elle proposa néral prescrivit des mesures pour at- d'abord de fixer invariablement et con- , tradictoirementles limites des commu- teindre ce but, et organisa le service, nés sur lesquelles il y avait contesta- Le 3 novembre de la même année, elle tion; ensuite, d'arpenter par section et nature de culture au moins deux et au plaça le bureau du cadastre sous la plus huit communes par chaque sous- surveillance du comité des subsistances et approvisionnements ; le 27 janvier préfecture; de former, sur une échelle 1794, elle ordonna l'impression d'un uniforme, une carte figurative et géo- rapport sur la confection d'un grand- métrique des communes arpentées, et livre des propriétés territoriales; et le 22 octobre 1795, le directeur du ca- enlin , d'en évaluer les produits impo- sables. Quant aux communes qui ne dastre et les diverses administrations se seraient point soumises à l'arpen- qui avaient besoin d'un géographe, fu- rent autorisés à le demander, chaque tage, il devrait en être dressé, d'après année, au ministère de l'intérieur. Sous les matrices ou états de sections, un ces trois assemblées par des raisons dépouillement présentant les conte- , nances ainsi que les revenus alors im- quc tout le monde connaît, la cadas- tration de la France n'avait pas mar- posés, et l'évaluation nouvelle devait ché avec une grande célérité : cepen- être faite par comparaison avec les communes arpentées et évaluées. Tout dant, elle était déjà assez avancée le cela fut adopté par arrêté du 2 novem- 22 novembre 1798,\" pour que le Direc- toire exécutif autorisât les contrôleurs bre 1802. et répartiteurs de l'impôt à se servir Cette manière de procéder qui li- , des résultats déjà obtenus pour distin- vrait tout aux hypothèses et aux sup- guer chaque article de propriété. positions , fut tort mal accueillie par Digitized by Google
526 CAD L'UN fERS. CAD L'arpentage des communes fut mal crites dans chaque département, et fait, et n'eut même pas lieu dans quel- devaient marcher par cantons puis ques départements. Alors , le eouver- , nement, cédant à la clameur générale, ordonna, par arrêté du 19 octobre successivement par arrondissements. 1804 que toutes les communes de Chaque année , le préfet arrêtait l'état , des communes qui devaient être ca- France seraient évaluées et mesurées dastrées , et le soumettait au conseil par sections et nature de culture. Par ce nouveau mode , on arrivait jusqu'à général avec celui des dépenses. Le une répartition équitable de l'impôt entre les communes; mais la réparti- budget des travaux à exécuter était tion entre les contribuables restait à soumis au ministre des finances qui le rendait exécutoire. Le travail d'exé- la merci des répartiteurs, toujours dis- posés, malgré leur équité, à surchar- cution était divisé en quatre séries ; 1° Îçer les autres , pour s'épargner eux et celle de la délimitation des communes, eurs amis. Sur de nouvelles réclama- tions, le gouvernement se décida à de la division du territoire en sections, sacrifier quinze mille plans de masses, cinq ans de travaux et plusieurs mil- de la mensuration des parcelles, de la lions de dépense, pour en revenir, en levée des plans, etc.; 2° l'expertise, 1808 , au système de l'Assemblée cons- qui comprenait la répartition des ter- tituante, a l'arpentage par parcelles. rains en cinq classes pour les terres En conséquence de cette détermina- tion , on organisa une section de géo- labourables; en quatre classes pour mètres et d'arpenteurs dans chaque les prairies ^et en trois pour les vi- département; on classa les travaux, on établit l'ordre dans lequel ils se succé- gnobles , en raison de leur degré de deraient les uns aux autres; on insti- fertilité ; 3\" la répartition individuelle, tua, pour les surveiller, des inspecteurs généraux , à chacun desquels on confia qui avait pour objet de faire, à chaque dix à douze départements; on prit en- fin toutes les précautions imaginables parcelle l'application des évaluations; pour que tous les détails de cette im- , mense opératiou fussent aussi exacts que possible, et l'on marcha dans la 4° enfin , les mutations , dont le tra- nouvelle voie que l'on venait d'ouvrir. vail avait pour but de constater les Napoléon prit alors une haute idée changements de propriétés, les subdi- du cadastre. A Sainte-Hélène, il disait visions par suite de partage, les dé- qu'il eût pu être considéré, à lui seul, naturations par cause de changement comme la véritable constitution de l'empire , c'est-à-dire , comme la ga- de culture. Celle-ci est la plus impor- rantie des propriétés de chacun, car, tante, car elle doit survivre à toutes une fois établi , et la législature ayant les autres et être toujours subsistante; fixé l'impôt, chacun iaisait aussitôt son propre compte , et n'avait plus à sans elle, tout ce que l'on a fait, à craindre l'arbitraire de l'autorité ou celui des répartiteurs , ce qui est un force de temps et d'argent , ne serait point essentiel et le moyen le plus sûr pour forcer à la soumission. plus dans dix ans qu'un véritable chaos. Nous croyons convenable de donner En 1808 quand le gouvernement une idée sommaire de la manière dont , il a été procédé depuis à la confection impérial ordonna la reprise du ca- du cadastre. Les opérations qui avaient pour but d'y arriver ont été circons- dastre sur de nouvelles bases, il assi- gna un fonds de 3,000.000 fr. pour faire face aux dépenses. De 1809 à 1814 inclusivement, on couvrit ces dé- penses par une addition d'un trentième a la contribution foncière. En 1815, les centimes spéciaux ayant été con- fondus, les trois centimes un tiers af- fectés au cadastre furent compris dans cette réunion, et le trésor dut fournir pour les dépenses une somme dont nous ne connaissons pas le chiffre. En 1816, il fournit 1,500,000 fr. ; en 1817, 3,000,000. Nous ignorons les allocations des quatre années suivan- Ates. partir du er janvier 1823, où 1 les opérations cadastrales furent cir- conscrites dans chaque département, Digitized by Google
CAD FRANCE. CAD 527 les conseils généraux, autorisés par tianisme recommandent de rendre avec décence et vénération à la terre la dé- la loi du 31 juillet 1821 , durent voter annuellement, pour les frais du ca- ouille mortelle de ceux qui ont cessé dastre, des impositions dont le mon- 'exister icUbas; quoiqu'un concile tenu sous le règne de Charles le tant ne pouvait excéder trois centi- Chauve ait dit : « Si les proches et les « héritiers veulent d'eux-mêmes offrir mes par franc du principal de la con- « guelaue chose à l'Église pour tenir tribution foncière , et purent même « lieu d'aumône delà part du défunt, a nous ne défendons pas de l'accepter; s'imposer extraordinairement pour « mais nous défendons absolument « de l'exiger et de le demander, de peur hâter la fin des travaux. Comme tous « qu'on n'accuse l'Église de vénalité « ou qu'elle ne paraisse se féliciter les départements ne possèdent pas les « de la mort des hommes, si cette « mort lui est utile , » pendant long- mêmes ressources, il fut fait, sur les temps l'avidité sacerdotale refusa l'in- fonds généraux, un fonds commun humation aux cadavres de x ceux qui étaient décédés sans faire, par testa- pour venir au secours des départe- ment, de donations à l'Église. Pour se débarrasser des restes d'un père ou ments nécessiteux en proportion des d'un mari qu'il n'était pas permis de déposer soi-même dans un lieu non fonds votés par leurs conseils géné- consacré, il fallait qu'un fils, une épouse encore tout en larmes, ressuscitant raux. Ce fonds commun fut d'un mil- fictivement le défunt, et agissant en lion. Le 18 mai 1828, plusieurs lois leur nom , fissent une libéralité bien autorisèrent les départements des Ar- plus proportionnée à la cupidité des dftnnes, de la Charente, de la Drôme, du Puy-de-Dôme , des Deux-Sèvres, à firêtres qu'à la valeur de l'héritage qu'il user de la dernière faculté que leur aissait. Ce n'était qu'à ce prix qu'un mort obtenait la permission de dormir accordait la loi de juillet 1821 , et à auprès des siens. Cette coutume indé- cente, frappée inutilement de répro- ajouter deux centimes à ceux qu'ils votaient annuellement. Pour donner bation par plusieurs conciles, n'a cédé qu'incomplètement au progrès des lu- encore plus d'activité aux travaux du mières et à la clameur générale; car cadastre, une loi du 2 août 1829 per- les prières à dire sur le cercueil d'un décédé sont encore de nos jours le su- mit aux conseils généraux de s'impo- jet du marchandage le plus scanda- ser extraordinairement, à partir du leux. er janvier 1830, de cinq centimes, en Au moyen âge , ^t jusqu'à la fin 1 du dix-huitième siècle , le trépas n'af- addition aux trois qu'ils votaient tous franchissait point un homme des pour- les ans. Plusieurs départements ayant suites de la justice , et ne mettait pas profité de cette autorisation , on put fin au procès intenté contre lui pour enfin parvenir au terme de cette co- obtenir la réparation d'un crime ou d'un délit qu'il avait commis, soit en- lossale entreprise. vers les autres , en commettant un En résume, le cadastre a coûté plus vol ou un meurtre, soit envers lui- même, en se donnant volontairement de trente ans et près de 150,000,000. la mort. Dans ce cas et autres sem- blables, on procédait contre le cadavre Il y a loin de là aux vingt ans et aux 30,000,000 auxquels l'avait évalué le d'un accuse, si ce cadavre existait en- core, sinon, contre sa mémoire, si ces premier consul Bonaparte. Cadavbe. A l'article Sépulture, nous ferons connaître jusqu'à quel point on a porté, à toutes les époques, en France le respect que l'on doit au dernier asile de ceux qui ne sont plus, et de quelle protection on a environné les cendres des morts. Nous nous bornerons ici à dire que celui qui avait dépouillé ou outragé un cadavre était exclu, parla loi salique, du commerce des hommes, jusqu'à ce que les pa- rents du défunt, apaisés par une répa- ration suffisante , eussent demandé eux-mêmes qu'il fût réintégré dans ses droits. Quoique les préceptes du chris- Digitized by Google
t 528 CAD L'UNIVERS. CAD restes avaient disparu. Alors le juge ni à Paris ni dans les grandes villes nommait à l'un ou à l'autre un cura- et tend à cesser partout. teur à qui on faisait prêter serment, Cadéac (Pierre), compositeur fran- çais du seizième siècle. On a de lui et toute la procédure se dirigeait con- tre lui jusqu'au jugement définitif. Ce un recueil de motets intitulé Moteta' curateur pouvait, quand il yavait eu quatuor quinque et sexvocum, lib. i, y condamnation interjeter appel de la Paris, 1555, in-4°. Dans la collection , sentence oui la prononçait ; il pouvait des messes de Cardane, on trouve aussi même y être contraint'par un des pa- une messe à quatre voix de cet au- rents du défunt; mais il fallait que, teur. dans ce cas , ce parent fît les avances Cadenas. Le cadenas qui, selon l'au- de la procédure. Le cadavre condamné teur de Vile des Hermaphrodites, n'a par jugement était traîné sur la claie perdu que sous le règne de Henri III a travers les rues de la ville, nuis jeté le nom de nef qu'il avait porté jusque- à la voirie. C'est à ce supplice infa- là , était dans l'origine un meuble de forme bizarre représentant un navire, mant, auquel était jointe la confisca- tion des biens que Louis XIV, par et destiné, selon duCange,à contenir , une ordonnance enregistrée au parle- les vases qui servaient à noire. Cepen- ment le 24 mai 1686, condamne ceux dant d'après les citations que fait ce , des protestants qui, s'étant convertis savânt, on, est disposé à croire que la à la communion romaine, refuseraient, nefëiml un de ces vases mêmes, ou tout à leur dernière heure, les sacrements au moins un vase propre à contenir du vin. En effet, il reproduit un passage de l'Église, et seraient morts en décla- du Roman de Garin, où il est dit : rant qu'ils rentraient dans leur pre- mière croyance. Ces procédures et ces Tressant la table, s'est à Garin saillis Que la nef d'or lui voit des point tolir, condamnations, qui n'avaient pour ré- Li vins espand sor le peliçon gris. sultat qu'une horrible profanation, ont Il reproduit un autre passage du même été sagement abolies par la législation ouvrage, s'exprimant ainsi : nouvelle. Aujourd'hui , toutes pour- suites correctionnelles ou criminelles, Devant Garin tint Mauroisin l.i nef Toute fu pleine de vin et de claré. même commencées, sont éteintes par le décès du prévenu ou de l'accusé, et Enfin, il cite un vers d'une chronique un défunt n'est responsable que devant manuscrite de Bertrand du Guesclîn, l'opinion publique et devant Dieu de cè où la nef est mise sur la même ligne qu'il a fait ou dit pendant le cours de sa que les vases qui servaient à boire • vie. Les seules procédures auxquelles donne lieu , soit une mort subite, soit Ilanaps couppes et nez de fin or reluisant. , l'invention d'un cadavre, sont une en- Tout cela semblerait justifier notre uête et des informations tendant à opinion. Quoi qu'il en soit, ce meuble est a écouvrir si la mort a été volontaire d'origine fort ancienne. On en remar- ou a été la suite d'un attentat , et ce quait un parmi les présents que le roi n'est que dans ce dernier cas que la Robert lit à l'empereur Henri, lors de l'entrevue qu'il eut avec lui sur les justice procède, non pour flétrir un bords de la Meuse. Dans la suite des temps, la nef reçut une autre destina- nomme qui n'est plus, et dépouiller ses tion : elle servit , comme au seizième héritiers légitimes, mais pour décou- siècle le cadenas, à serrer les ustensiles vrir et punir son meurtrier. L'Église de table. Comme sa forme ne permet- seule, persévérant dans ses anciennes tait guère de la placer d'une manière maximes , refuse les honneurs funè- convenable , on la faisait supporter par des sirènes, des lions, ou on lui don- bres, ainsi que les prières publiques, nait tout simplement des pieds. Ordi- nairement on y joignait quelque orne- aux restes d'un suicidé , et les fait in- humer dans un lieu distinct, à côté de ceux des hérétiques. Cependant il faut reconnaître que cette espèce de flétris- sure imprimée à un cadavre n'a lieu
» CAD FRANCE. CAD 539 .ment particulier. Dans un inventaire rie de Cadenet fut érigée en vicoraté qu'. fut dressé en 1379, des joyaux , en 1225, en faveur de l'un des ancé- bijoux, pièces d'argenterie, etc. que très de Pierre de Cadenet, grand , néchal de Provence en 1341. La po- Vle roi Charles possédait dans ses hô- tels et châteaux, on trouve : 1° vingt pulation de cette ville est aujourd'hui nefs en argent doré dont le poids n'est de deux mille cinq cent quatre-vingt- Êas déterminé, et qui étaient proba- quinze habitants. lement des vases à noire ou à mettre Cadenet (Antoinette de), dame de le vin, à moins qu'elles ne fussent ré- Lambesc, fit parler d'elle au treizième servées pour les convives des banquets siècle , par ses chansons et ses rela- tions avec les troubadours les plus royaux; 2° en argent doré encore, la grande nêf du roi Jean , ayant à ses célèbres. deux bouts un château et tout autour Cadenet, troubadour du treizième des tournelles, pesant soixante -dix siècle naquit dans le château de Ca- , marcs; 3° en or, une grande nef por- denet , sur la Durance. Un amour tée sur six lions, émail lée de France, malheureux le décida à entrer dans et portant à chacun de ses bouts un l'ordre des Templiers, et il fut tué , ange, pesant cinquante -trois marcs vers 1280, dans la Palestine, en com- quatre onces ; 4° en or aussi , une au- battant les Sarrasins. Il nous reste de tre nef portée par quatre lions, du poids de vingt-neuf marcs une once; 5° en lui un traité contre les galiadours , c'est-à-dire les médisants , et vingt- or pareillement, une grande nef don- quatre chansons bachiques et éroti- née par la ville de Paris, pesant cent ques. Les manuscrits de la bibliothè- vingt-cinq marcs; enfin , toujours en 3ue royale contiennent plusieurs pièces or, une petite nef, ayant à chacun de e ce troubadour. ses bouts un serpent, et pesant trente Cadebousse , petite ville de l'an- et un marcs : tout cela donne , sans cien comtat Venaissin , à quatre kilo- compter les vingt premières nefs dont mètres d'Orange. le poids n'est pas indiqué, soixante- La terre et seigneurie de Caderousse dix marcs d'argent doré et deux cent était divisée en trois parties, l'une trente-huit marcs cinq onces d'or, em- desquelles fut érigée en duché en 1663, ployés dans cette espèce de meuble. en faveur de la maison d '. (na zune. Quand la nef eut pris le nom de ca- Les deux autres parties appartenaient denas, on lui donna la forme d'une as- à la chambre apostolique et à la mai- siette carrée, retroussée sur les bords, son de Fortia d'Urban. élevée de deux doigts, servant à serrer On croit que la ville de Caderousse la cuiller, la fourchette, le couteau, est située sur l'emplacement de l'an- et pourvue d'un couvercle, où l'on cienne Findalidi ou Fabius Maximus mettait du sel , du poivre et du sucre. remporta une grande victoire sur les Dans les derniers temps, le cadenas Arvernes , dont cent cinquante mille était une espèce de coffret en or ou en furent noyés dans le Rhône. Cade- vermeil destiné au même usage, et rousse fait aujourd'hui partie du dé- réservé au roi et aux très-grands sei- partement de Vaucluse, et sa popula- gneurs. On l'apportait en cérémonie tion est de trois mille cent soixante- et on le plaçait sous leur main quand neuf habitants. C'est la patrie du ils avaient pris place à table. Il est à compositeur Berbiguier. présumer que c est la crainte des em- Cadet (Madame) , peintre en émail poisonnements qui a donné l'idée de fort distinguée , obtint , en 1787 , le brevet de peintre de la reine, et justi- serrer ainsi sous clef les objets servant à boire et à manger, ainsi que les subs- fia ce litre par d'excellents ouvrages. tances dont on pouvait abuser. Elle mourut en 1801. Cadet -de -Metz (Jean-Marcel), Cadenet, petite ville de l'ancienne Provence, département de Vaucluse, minéralogiste, né à Metz en 1751, était à seize kilomètres d'Aix. La seigneu- subdélégué général et inspecteur des T. m. 34- Livraison. (Dict. encycl., etc.) Digitized by Google
680 CAD L'UNIVERS. CAD mines en Corse , au commencement M. Emile Salverte sur ce savant esti- de la révolution. Il a publié sur cette mable. île plusieurs ouvrages intéressants Cadet-Gassicourt (Louis-Claude), entre autres : 1° Les jaspes et autres pharmacien, né à Paris en 1731 , fut pierres précieuses de ta Corse; 2° successivement apothicaire - major à Mémoire sur les bois de Corse, in 12, l'hôtel des Invalides, apothicaire en 1792 ; 3° Corse ; restauration de cette chef des armées d'Allemagne , et en- Me, in-4°, 1824. On lui doit encore suite de celle de Portugal. Reçu mem- quelques mémoires sur différents su- bre du collège de pharmacie de Paris jets d'administration. en 1759, il fut admis en 1766 à l'Aca- Cadet-de-Vaux (Antoine-Alexis) démie des sciences. Les mémoires de , ces académies , et d'autres journaux frère de Louis -Claude Cadet -Gas- sicourt, naquit à Paris en 1743. Il se scientifiques , contiennent de lui de livra entièrement à l'étude de l'éco- nombreux mémoires sur la chimie. Il a rédigé les articles Bile et Borax nomie rurale et domestique, et rendit dans vEncyclopédie. Nommé direc- les plus grands services par ses nom- breux travaux philanthropiques. C'est teur des travaux chimiques de la ma- à lui qu'est due, entre autres bien- nufacture de Sèvres, il n'accepta cette faits, la suppression du cimetière des place qu'en refusant le traitement qui Innocents, à Paris, le perfectionne- y était attaché, et en demandant qu'il fût donné à un savant estimable et ment de la panification , la création des comices agricoles, l'application de pauvre dont il désirait faire son ad- la gélatine des os à l'économie alimen- joint. Il mourut en 1799. On a de lui: Analyse chimique des eaux minéra- taire , etc. , etc. Il est mort dans une honorable pauvreté en 1828. les de Pansu, Paris, 1755, in-8°; Mé- Cadet-Gassicoubt (Charl.-Louis), moire sur la terre foliée de tartre , Paris, 1764, in -8° ; Catalogue des re- fils de Louis- Claude, naquit à Pa- mèdes de Cadet, apothicaire, Paris, ris en 1769. Il exerçait, lorsque son père mourut , la profession d'avocat 1765, in-8°, ouvrage quia servi de qu'il abandonna alors pour se faire base au Formulaire magistral publié recevoir pharmacien. Il était , au 13 par son fils ; Observations en réponse à Beaumé sur la préparation de Vé- vendémiaire an iv président de la , section du Mont-Blanc, qui marcha ther, sur le mercure, sur le précipité v contre la Convention. Condamné à per se, et sur la réduction des chaux mort pour ce fait , son jugement fut métalliques , Paris , 1775 in-4°; Ex- , annule peu de temps après par le jury périences et observations chimiques du tribunal criminel de la Seine. En sur le diamant : ses collaborateurs 1809, comme pharmacien de la maison pour cet intéressant travail furent les impériale, il suivit Napoléon en Au- célèbres Macquer , Darcet et Lavoi- triche et resta près de lui durant toute sier. la campagne. Neuf ans plus tard , en (».\\ de tes , ancien peuple gaulois -, mentionné par César, et dont on croit 1818, il fit paraître sur cette campa- gne des mémoires intitulés : Voyage reconnaître le territoire dans le dio- en Autriche, en Moravie et en Ba- cèse de Baveux. Avière, 1 vol. in-8°, 1818. la création —Cadets\" Cette qualification n'é- de l'Académie de médecine de Paris, tait pas autrefois appliquée partout de la il fut nommé secrétaire de la section même manière. Suivant quelques coutu- de pharmacie. Il a beaucoup contri- mes, le cadet était le dernier né des en- bue à la formation du conseil de salu- fants mâles , natu minor, junior, et brité, institution si utile sous le rap- ceux qui se trouvaient entre lui et le port de l'hygiène publique. Il mourut premier étaient les mainés. Dans d'au- a Paris, en 1821. On a de lui un grand tres , le cadet était le second. Avec le temps , les choses se régularisèrent nombre d'ouvrages dont on neut voir et d un nom commun on appela cadets la liste dans une notice publiée par Digitized by Google
FRANCE. CAD 531 tous ceux qui étaient taires ; de là vient que la plupart des évêques, des abbés, des chevaliers du après l'aine. Temple, de Saint-Jean de JérusaJem, Il paraît démontré que , sous les de Malte, furent des cadets de grandes deux premières races de nos rois, tous maisons; de là, au dix-huitième siècle, cette nuée d'abbés musqués et dame- les enfants du même père avaient une rets , espèce amphibie dînant de l'au- part égale dans sa succession, féodale tel et soupant du théâtre , courant 1rs ou roturière. Ce fut sous les Capétiens bénéfices et les ruelles , s'attelant au ?ue , pour consolider les maisons que char d'une femme sans pudeur , deve- oh venait de fonder, et en maintenir nant pour elle un meuble de boudoir, la splendeur , on imagina de concen- un joujou destiné à occuper les deux trer la -plus grande partie des biens ou trois jours qui séparaient une in- sur une seule tête , et cette tête se trigue finie d'une intrigue ébauchée, trouva naturellement celle de l'aîné des fils, qui, plus avancé en âge, était et se prêtant aux plus vils comme aux plus que ses frères en état de défen- dre les domaines de sa famille. plus pénibles services. Nous ne répéterons pas ici ce qui a Louis XIV, pour remédier autant été dit pfus haut au mot AÎnessb (droit que possible à ce désordre scandaleux, d') ; nous ajouterons seulement que, et assurer une existence à une faible par cette nouvelle et déplorable cou- partie de ceux que les usages du royaume tume, qui acquit rapidement toute la condamnaient à mourir de faim , s'ils force d'une loi , les cadets furent dé- ne voulaient pas se déshonorer , créa Souilles de la portion de l'héritage de eu 1682 plusieurs compagnies de ca- îur père qui consistait en posses- dets gentilshommes, auxquels il fit don- sions féodales, et livrés, pour leur ner l' éducation nécessaire à des hom- subsistance , à la merci 6e leur aîné : une foule de monuments le prou- mes de guerre (voyez Cadets [corps vent. Nous ne citerons ici que l'assise de Geoffroi , comte de Bretagne , de des]). Tan 1185 , où il est dit formellement: Majores natu integrum dominium L'Assemblée constituante ayant, ob tin eant , et juniorïbus , pro posse suo , provideant de necessariis ut par la loi du 16 mars 1790, aboli le honeste viverent. Mais comme l'in- droit d'aînesse par rapport aux fiefs justice qu'il y avait à dépouiller ainsi et, pour les autres biens, par l'art. e* les cadets était trop criante pour I qu'elle n'émût point les entrailles de quelques pères moins orgueilleux et de la loi du 8 avril 1791, les cadets ob- moins dénaturés que les autres , on chercha à y remédier tant bien que tinrent dans la succession de leur père mal , et on institua les tenures en pa- vage et en frérage (voyez ces mots). une part égale à celle de leur aîne, et Malgré cette modification apportée à la les institutions créées en leur faveur coutume, le sort des cadets de maisons nobles fut beaucoup plus malheureux devinrent sans objet. Quant à celle des que celui des cadets des bourgeois de Paris, qui recueillaient dans la succes- cadets gentilshommes , elle se trouva sion de leur père une part égale à celle naturellement abolie par l'article de de leur frère ainé. Il fallut donc leur créer des privilèges, leur accorder des la déclaration des droits qui établis- sait que tous les Français étaient, sans préférences, et fonder des institutions distinction de naissance et de rang admissibles à tous les emplois civils pour eux. Les cadets furent, dès leur naissance, destinés à l'Église, ou pla- et militaires. cés dans les ordres religieux et mili- Cadets (corps des). Louis XIV, voulant former une pépinière d'offi- ciers instruits, créa, en 1682, plusieurs compagnies de cadets-gentilshommes, qui devaient recevoir, aux frais de rfttat, une éducation militaire com- plète. Des professeurs de mathémati- 3ues, de dessin, de langue allemande, 'escrime et de danse , étaient atta- chés à chaque compagnie. Mais bien- tôt Louis XIV se vit forcé à faire des 34. Digitized by Google
532 CAD L'UNIVERS. économies ; on aboHt alors l'admission en chambrée sous les ordres gratuite dans les compagnies de ca- d'un officier choisi par le colonel. dets, et les candidats furent obligés de Avant d'être nommés sous-lieutenants, payer une pension annuelle de cin- les cadets devaient passer par tous les quante écus, et d'aller prendre leurs grades inférieurs. Les colonels ré- lettres à la cour. Ces conditions tou- glaient le temps qu'ils devaient passer tes fiscales empêchèrent beaucoup de dans chacun de ces grades , suivant gentilshommes sans fortune de se leur aptitude, leur instruction et leur présenter, et modiflèrent l'institution conduite. Le plus ordinairement on Erimitive. Il suffit alors qu'un jeune leur faisait monter trois gardes de omme fût assez riche pour remplir soldat, trois de caporal et trois de ser- les conditions imposées, et qu'il ap- gent, après quoi on les nommait sous- partint à une bonne famille vivant lieutenants à la suite. Quand une sous- noblement (c'est-à-dire, du produit de lieutenance devenait vacante, le colo- ses revenus), pour qu'il lût admis. En nel pouvait y nommer celui des cadets 1692, après une existence de dix an- qui lui en paraissait le plus digne. Son nées , les compagnies de cadets furent choix tombait sans doute toujours sur entièrement supprimées. le plus méritant , comme c'est encore Par ordonnance du 12 décemhre la coutume de nos jours, où le choix XV1726, Louis rétablit six compa- n'est jamais que la récompense du gnies de cadets qui furent placées dans vrai mérite , et non le prix de l'in- trigue et de la faveur. Les cadets les citadelles de Cambrai , Metz , Strasbourg Perpignan , Bayonne et recevaient , sur les fonds de l'école , Caen. Ces compagnies furent, en 1729, militaire, une solde de douze sous par réduites à deux , qu'on réunit plus tard jour. Ceux qui sortaient de cette école en une seule, laquelle fut licenciée en étaient habilfés et équipés aux frais de 1733. Une ordonnance de Louis XVI, l'établissement; ils s'entretenaient en- en date du 25 mars 1776, créa un suite au moyen de la pension de deux emploi de cadet -gentilhomme dans cents francs que le roi accordait aux chacune des compagnies de tous les anciens élèves, jusqu'à ce qu'ils fussent corps d'infanterie, a l'exception du ré- parvenus à un grade dont le traitement giment du roi. Cette ordonnance spé- fût de douze cents livres. Les autres cifiait qu'on ne pouvait recevoir un cadets s'habillaient à leurs frais. officier sans qu'il eût passé préalable- Il y avait aussi des cadets d'artil- ment par le grade de cadet. Les pages lerie, pris parmi les jeunes gens de du roi, de la reine ou des fils de France, famille. On les plaçait dans les écoles étaient seuls exempts de cette règle affectées à cette arme, où ils rece- et avaient le droit d'entrer d'emblée vaient l'instruction nécessaire pour comme officiers dans les régiments. devenir ensuite officiers. Les cadets devaient être âgés de Depuis la révolution, cette institu- 3uinze à vingtans, nés nobles ou fils tion a entièrement disparu en France, 'un officier ayant le grade de colonel, où la forme du gouvernement ne peut lieutenant-colonel, major, ou d'un ca- comporter de pareilles exceptions mais ; Ïiitaine chevalier de Saint- Louis. Ils quelques puissances du Nord, telles que àisaient le service de soldat et en por- F Autriche, la Bavière, la Prusse et la taient l'uniforme; seulement le cha- Russie, l'ont conservée. Les écoles de peau , les boutons , les chemises , les cadets de Berlin, de Potsdam, de Culm, souliers, le fusil , l'épée, le ceinturon de Stolpe , fournissent des sujets fort et la giberne étaient du même modèle capables à l'école militaire , où ils com- plètent leur éducation. La Russie en- que ceux des officiers, et ils avaient en outre, pour marque distinctive, une tretient à grands frais plusieurs écoles épaulette en or ou en argent, suivant de cadets a Saint-Pétersbourg, à Mos- la couleur du bouton. Ils étaient d'ail- cou et à Kief ; en sortant de ces éta- leurs exempts des corvées , et étaient blissements les cadets sont nommés , Digitized by Google
CAD FRANCE. CJkB 533 dans les divers régi- Cadillac , ville de l'ancienne ments de l'armée. Guyenne , chef-lieu du comté de Be- nauges , à quarante-quatre kilomètres C adets de la choix. Voyez Ca- de Bordeaux, possédait autrefois une misards. collégiale et un magnitique château, Cadibon a (combat de). Au dernier bâti par le duc d'Épernorw Cette ville, siège de Gènes, les généraux Masséna et Soult , à la tète d'un petit nombre qui fait aujourd'hui partie du dépar- tie soldats nus et manquant de pain , défendirent, avec une valeur et une tement de la Gironde, possède une po- habileté admirables, tous les postes qui pulationde mille cinq cents habitants, environnaient cette ville, la seule que nous eussions encore en Italie. Vingt Cadix (insurrection de). Le mou- mille Impériaux, aux ordres du géné- ral Mêlas, s'avancèrent contre trois vement insurrectionnel qui avait éclaté mille Français, qui occupaient les en- virons de Savone. Cette petite division, à Madrid contre le corps d'occupation commandée par le général Gardanne, français (8 mai 1809), se répéta dans arrêta, par des prodiges de valeur, les la plupart des grandes villes de la Pé- Autrichiens depuis le point du jour jusqu'à dix heures du matin. Mais en- ninsule. Le peuple de Cadix, excité par fin, accablé par le nombre, Gardanne se replia sur Cadibona. Les A ut ri- les intrigues anglaises et par des pré- chiens le forcèrent encore à abandon- ner cette position. La retraite se faisait dications fanatiques, se souleva (28 et même avec quelque désordre , lorsque 29 mai) contre le général Solano, ca- le général Soult accourt avec quelques pitaine général de l'Andalousie et gou- bataillons, et ramène nos troupes au combat. Cependant elles paraissaient verneur de la ville; il l'attaqua dans près de céder, quand Soult saisit un drapeau , s'élance au plus fort de la sa maison , se saisit de sa personne mëlée, et combat lui-même avec la vi- , gueur d'un simple grenadier. Electri- sés par cet acte de dévouement, nos et fégorgea avec une cruauté impitoya- soldats se précipitent sur ses traces, hle. Le général Tudela, investi par les et repoussent l'ennemi. Soult se forti- fie à Montemore; mais bientôt sa rc- furieux du commandement général, traite de Gênes est coupée, et le fort de Savone, qu'il était venu secourir, va ordonna à l'artillerie des remparts et manquer de vivres et de troupes. Dans des forts de faire feu contre cinq vais- cette position critique, Soult manœu- vre pour amuser les ennemis. Cepen- seaux et une frégate qui étaient mouil- dant on l'attaque avec des forces si lés sur la rade. Ces bâtiments qui ne considérables qu'il se replie précipi- , tamment sur Savone. Les Autrichiens pouvaient s'éloigner à cause d'une es- le suivent de si près qu'ils y entrent avec lui. Ils en sont cependant chas- cadre anglaise qui croisait devant Ca- sés. Soult ravitaille la place , l'évacué dix, se rendirent aux Espagnols, qui à trois heures du matin , et se porte sur les hauteurs d'Albissola , dont il les livrèrent à l'amiral anglais, chasse les Autrichiens, terminant ainsi ' Cadix (siège de). Au commence- trois affaires très-sanglantes , soute- ment de l'année 18t0, les Français nues à coups de baïonnettes, de pier- res et de crosses de fusil. (5 et 6 avril étaient à peu près maîtres de toute 1 800.) l'Andalousie; Cadix seule, où la junte insurrectionnelle s'était retirée, et avait réuni toutes ses forces, résis- tait. Chargé par le maréchal Soult de réduire cette place, le duc de Bcllune en commença le siège le 6 février, L'île de Léon, sur laquelle on saitque Cadix est bâtie, a la forme d'un trian- gle presque régulier, dont deux côtés sont baignés par l'Océan : de ces deux côtés-là, l'île, et, par conséquent, Ca- dix , étaieut protégées par les flottes espagnole et anglaise; le troisième côté de l'île n'est séparé de la terre que par un étroit canal , sur lequel existait un ancien pont long de sept cents pas; mais ce pont, la junte Ta- vait tout d'abord- fait détruire. Située à l'extrémité du triangle , c'est-à-dire Digitized by Google
L'UNIVERS. au* point le plus éloigné du continent, néraux espagnols , d'accord avec les Cadix ne pouvait donc être attaquée que du rivage, et à énorme distance; Anglais conçurent même un projet enfin , dans cette direction même, elle , ne présentait aux attaques de l'ennemi qu'une ligne de fortifications puissan- hardi dont la réussite devait amener tes dont les deux extrémités s'appuient non-seulement la levée du siège, mais à la mer. Indépendamment de quinze la délivrance de l'Andalousie. Leur mille Espagnols qui occupaient Cadix dessein était de mettre à profit l'éloigné- et les forts de l'île, un corps auxiliaire ment du maréchal Soult, qui se diri- de sept mille Anglais était venu de geait sur le Portugal pour porter se- Portugal et de Gibraltar pour défen- cours à Masséna , et d'aller prendre toutes les lignes des Français à revers, dre la place et ses approches. . tandis qu'elles seraient a'ttaquées de front par la garnison , et que les vais- On voit, par les détails qui précèdent, seaux et les chaloupes canonnières menaceraient tous les points de débar- combien était difficile l'entreprise des quement. Les Espagnols ne négligè- Français. Tout ce qu'ils purent fut de rent rien de ce qui pouvait contribuer au succès de leur entreprise; néan- bloquer Cadix du coté de la terre. En moins , le duc de Bellune, qui n'avait alors sous ses ordres que les seules mars, la tranchée s'ouvrit sur plusieurs troupes de siège parvint à faire points le long des côtes; le mois sui- vant , malgré le feu des forts et des , flottes, les travaux de siège continuè- rent. En dépit des sorties vigoureu- échouer ce vaste plah. Les débris du ses faites par les assiégés , d'abord corps expéditionnaire, qui avait qu/tté l'île de Léon le 20 février, y rentrèrent les petits forts qui garnissent la baie, le 5 mars, après avoir essuyé le matin puis la vaste forteresse de Matagorda, tombèrent au pouvoir des troupes même à Chiclana une sanglante dé- françaises. Matagorda est située vis- à-vis* de Cadix; de ce point plus rap- faite. Depuis lors, nul incident remar- Kroehé, le duc de Bel lu ne entreprit de quable ne signala la continuation dti ombarder la ville, malgré la distanee blocus, qui se prolongea jusqu'en août Aqui l'en séparait encore. cet effet, 1812. A cette époque, les succès de on fit couler à Séville des mortiers Wellington obligèrent les Français a d'invention nouvelle , qui pouvaient abandonner un siège qu'ils avaient lancer des bombes à plus de dix-neuf poursuivi avec tant de persévérance, cents toises , et on les établit en bat- teries sur le point appelé Troeadero. et à quitter l'Andalousie. Le 15 décembre, les premières bombes furent lancées : elles atteignirent le Le 3 octobre 1823, les Français s'emparèrent de Cadix après un 'in- centre de la ville; mais comme les vestissement de courte durée, et ren- dirent à la liberté le roj Ferdinand maisons étaient presque entièrement VII , que les cortès y retenaient pri- bâties en pierre, il n'en résulta aucun sonnier. incendie, et le dommage fut insigni- fiant. Les Français durent donner une Cadobb (duc de). Voyez Champa- GNY. autre direction à leurs efforts; et, Cadobet (Gabriel), sergent au 00* dès janvier 1811 , ils s'occupèrent de de liçne, né à Selles (Marne). Le la construction et de l'armement d'une deuxième jour complémentaire an vu, flottille destinée à tenter une attaque à l'affaire de Manhein , il rallia à son contre l'île de Léon. D'autre part, l'assemblée des cortès, réunie à Ca- peloton une troupe de fuyards, et sou- dix , était loin de se laisser abattre. tint le feu de l'ennemi tant qu'il eut des cartouches. Pendant sa retraite, Plusieurs fois les assiégés , dans des qu'il effectua dans le plus grand ordre, sorties, essayèrent de repousser les as- il reçut une blessure dont il mourut. siégeants , et parvinrent à détruire CADOT(N.),chefd'escadronau ^'ré- une partie de leurs travaux. Les gé- giment de dragons, né à la Ferté-Milon ( Aisne ) , entré au service en 1783, reçut tous ses grades sur le champ de Digitized by Google
CAD FRANCE. CAD 535 bataille. Pendant la campagne de Prus- pédition. Il le fit arrêter et ne le laissé vivre que par pitié. Cependant ce fé- se , en octobre 1807, il chargea, à la roce partisan, qui accusait ses collè- gues de trahison, céda aux propositions téte de vingt-cinq dragons d'élite , la du général Hoche en 1796, et consen- cavalerie ennemie, fit prisonniers qua- tit a licencier ses bandes , et même à tre-vingts cuirassiers prussiens et qua- les désarmer. Mais, en 1797, une nou- torze officiers. Après les avoir rame- vel le conspiration ayant échoué, Cadou- dal essaya de ranimer l'insurrection, et nés au généra) Becker, il continua sa il y réussit enl 799.Battu dans toutes les rencontres , il traita enfin avec le gé- charge, et prit encore deux officiers néral Brune, et jura la paix. Il partit alors pour Londres, où le comte d'Ar- de hussards avec dix de leurs soldats tois le décora du cordon rouge et le et cinquante chevaux. nomma lieutenant général du royaume CADOT(N.)s'est fait connaître comme de France.Cadoudal,pour lui témoigner sa reconnaissance, débarqua en Breta- le plagiaire le plus hardi peut-être dont gne, où il tenta encore de recommen- cer la lutte, et fit fusiller un beau-frère il soit fait mention dans l'histoire lit- de Bourmont qui avait traité avec les agents républicains. Mais, repoussés de téraire. Le P. Janvier, chanoine régu- tous côtés, Cadoudal et ses troupes fu- rent encore forcés d'abandonner leurs lier de Saint-Symphorien d'Autun, avait projets. L'explosion de la machine in- fernale dans la rue Saint-Nicaise aver- publie un Poème sur la conversation, tit le gouvernement que George, re- nonçant aux combats de haies et de Autun, 1742. Cet ouvrage, imitation fosses, recourait à l'assassinat : toutes ses démarches furent alors épiées, et d'un oëme latin du P. Tarillon, était lorsqu'il partit d'Angleterre , le 19 août, il fut suivi depuis son débarque- | ment jusqu'à Paris. Son plan était d'après ses aveux mêmes, d'attaquer le passé complètement inaperçu, lorsque premier consul au milieu de sa garde, et de le tuer , pendant que d'autres Cadot, le croyant entièrement oublié, conjurés devaient essaver d'enlever la place de Paris. Cadoudal, après avoir s'avisa, quinze ans après, d'y changer pris toutes ses mesures , allait effec- tuer son dessein, lorsqu'il fut arrêté, une vingtaine de vers , et de le repro- le 9 mars , dans la rue Saint-Hyacin- duire sous son nom avec ce titre : VArt the ; il conduisait le cabriolet qui le portait à un dernier rendez-vous. Sa de converser, poëme, Paris, 1757, résistance fut désespérée : il tua l'a- gent qui était monté sur le marche- in-8°. Cadot mourut la même année, pied , blessa celui qui tenait les rênes et ce ne fut que dans un article de la de son cheval, et se sauva dans une rue voisine, où un citoyen, le saisissant Décade (n° du 11 avril 1807) que son au corps , le retint jusqu'à l'arrivée plagiat fut dévoilé. On peut consulter des autres agents. Condamné à mort a ce sujet les notes du poëme de la il refusa de se pourvoir en cassation , et fut exécuté le 25 juin. Cadoudal Conversation par J. Delille. était, ainsi que l'a dit Napoléon, une béteféroce, ignorante et douée de cou- Cadoudal (George) naquit, en rage, mais sans aucune autre qualité. 1769, dans le département du Morbi- han, où son père était meunier. Il sortait du collège de Vannes lorsque l'insurrection vendéenne éclata. Il était Erêt à se réunir aux insurgés du Mor- ihan; mais ce département n'ayant pas agi avec assez de vigueur au gré des royalistes, il alla rejoindre l'armée vendéenne, qui faisait alors le siège de Granville. Actif et entreprenant, il enrôla des paysans et des matelots fa- tigués de la paix; mais, surpris parles républicains, il fut jeté dans les pri- sons de Brest, d'où il s'échappa déguisé en marin. Il fut alors nommé par les chefs royalistes commandant de son*' canton. La paix de 1795 ne l'empêcha pas de concerter avec les Anglais le débarquement qui s'effectua à Quibe- ron. Envieux de toute autorité supé- rieure à la sienne, il essaya de rejeter sur un autre chef de chouans nommé Puysaie la responsabilité de cette ex-
CAR L'UNIVERS. CAE Les royalistes en ont fait un martyr et de l'Orne; d'une académie universi- de la foi monarchique, et Louis XVIII taire, d'une division militaire (la 14*). anoblit sa famille en 1814. Cette ville , dont la population est de Cadouin , Caduinum , bourg de 39,140 habitants possède en outre , l'ancien Périgord, à vingt-quatre kil. des tribunaux de première instance de Sarlat , possédait une fameuse ab- et de commerce, une chambre et une baye d'hommes de l'ordre de Citeaux, bourse de commerce , un conseil de fondée en 1114 par l'évêque de Péri- prud'hommes , des vice - consulats étrangers, une académie des sciences, gueux. belles-lettres et arts ; des facultés des Cadran solaibe (voyez Gnomo- sciences et des lettres, un collège royal, wique). une école d'hydrographie , une insti- Cad ho y (Pierre) était en 1797 ad- ministrateur du département des Lan- tution de sourds et muets, une biblio- des lorsqu'il fut élu député à la Con- thèque publique de vingt-cinq mille , volumes , et un jardin de botanique vention. Il y fit partie de la faction de la Gironde, se récusa d'abord dans le où l'on compte plus de trois mille es- procès de Louis XVI, puis vota la dé- pèces, indigènes et exotiques. tention et le sursis , après avoir tou- Caen n'est pas une ville fort an- tefois rejeté le sursis. Charge en 1793 cienne , et cependant on ne peut fixer d'une mission dans le Midi , il fut ac- avec certitude l'époque de sa fonda- cusé d'y avoir organisé une réaction tion. On croit qu elle a remplacé une sanguinaire contre les matevons (voy. cité dont les débris se retrouvent au ce mot). Dénoncé pour cette conduite, village de Vieux , et que les Romains avaient décorée de nombreux édifices il s'attacha alors au parti ciichien , et parvint ainsi à l'impunité jusqu'au 18 et qu'ils nommaient Civitas Viducas- fructidor , où il fut compris sur les sium. C'était la capitale du pays ; elle listes de déportation. Rentré en France fu t entièrement détruite par les Saxons après le 18 brumaire , il mourut en dans les invasions du troisième et du 1813, à l'âge de soixante ans. sixième siècle. Plus tard , la nouvelle Cadry (Jean Baptiste), théologien, ville se forma des débris de l'ancienne, né en 1680 , à Tretz , diocèse d'Aix et occupa d'abord remplacement du , château actuel. Son premier nom fut Cathem ou Catham (en saxon , de- mort près de Paris en 1756. On a de meure de guerre). En 912, lors de la cession de la Neustrie aux Normands lui, entre autres ouvrages , une Rela- tion de ce qui se passa dans rassem- blée générale de la congrégation des par Charles le Simple , Caen était déjà Lazaristes , en 1724, au sujet de la une cité grande et importante. Sous bulie Unigenitus. Cadurci peuple gaulois, dont Di- les ducs normands, et surtout sous , Guillaume le Conquérant, son accrois- vona, aujourd'hui Cahors, était la ca- pitale, et dont le territoire était borné sement fut rapide. Ce dernier prince, au nord par celui des Lemovices; au et Mathilde son épouse, contribuèrent sud par les Folcœ-Tectosages et les à l'embellir. Ils y élevèrent les deux f)lus beaux édifices de la ville , l'ab- Lactorates^ h l'est, par les Arverni, >ayedeSaint-Étienne , dite l'Abbaye- aux-Hommes , et celle de la Trinité les Rhutetù et les Èleutheri ; et à l'ouest par les NUiobriges et les Pe- trocorii. Ce sont à peu près les an- dite l'Abbaye-aux-Dames. Guillaume ciennes limites du diocèse de Cahors. commença la construction du château; Les Cadurci furent compris, après la Henri r d'Angleterre le termina conquête romaine , dans la deuxième I' ; Louis XII et François Ier le réparè- Aquitaine. rent et^ l'agrandirent. Caen était de- Caen , Cadomus , chef-lieu du dé- venu la'capitale de la basse Norman- partement du Calvados, d'une cour die, honneur qui attira plus d'une fois ïoyale , à laquelle ressortissent les dé- sur elle, les malheurs de la guerre. En partements au Calvados, de la Manche 1346, Edouard III d'Angleterre l'as- Digitized by Google
CAF. FRANCK. CAF siégea ; les habitants, commandés par l'honneur de l'immaculée conception Raoul , comte d'Eu , et par Jean de de la Vierge. » Étienne Duval avait fondé cette institution en 1527, par Melun, firent une sortie et furent bat- une donation de vingt livres de rente ; tus. Ils rendirent la ville par capitula- mais cette somme ayant paru trop mo- dique, les intentions du fondateur tion ; mais quand les Anglais y furent restèrent longtemps sans résultat. Ce entrés , le combat commença dans les fut seulement un siècle après, en 1624, rues. Édouard , furieux , livra la ville qu'une nouvelle donation de cent li- au pillage , massacra une partie de la vres de rente permit d'ouvrir un con- cours, et de faire 'les frais des récom- population, et enleva un butin im- penses qui devaient être accordées aux mense. En 1417 , les Anglais prirent vainqueurs. Cette institution subsista jusqu'à la révolution. Malherbe, Sar. Caen une seconde fois, et s'y maintin- razin, Bois-Robert, Tanneguv-l.efe- vre, Ségrais, Huet, évéeme d'Avran- rent jusqu'en 1459, époque où le brave ches , Malfilâtre , le général Decaen , Dunois leur enleva cette ville d'assaut, —etc., sont nés à Caen. et força à capituler le duc de Sommer- Caen (monnaie). D'après un acte set, qui s'était retiré dans le château de l'an 1158, rapporté par le Blanc, on aurait battu monnaie à Caen pen- avec quatre mille Anglais. dant le douzième siècle; mais aucune des espèces émises à cette époque n'a C'est dans cette ville que les Giron- encore été retrouvée. L'atelier moné- taire que les rois de France avaient dins proscrits par la Convention na- , établi à Saint- J ,ô fut transporté dans cette ville en 1693, et y fonctionna tionale , se retirèrent après le 2 juin jusqu'en 1772. La lettre monétaire et organisèrent la révolte contre le gouvernement. Cest aussi de cette était la même que celle de Saint-Lë : ville que Charlotte Corday partit, à —c'était le C. Café. Marseille est la première la même époque, pour aller assassi- ville de France où s'introduisit l'usage de cette boisson ; ce fut au milieu du ner Marat. dix-septième siècle. Le voyageur The- venot l'apporta ensuite à Paris . vers ! . - monuments les plus remarqua- 1660 ; et quand il donnait à dîner, il ne manquait jamais d'en régaler ses bles de Caen sont la cathédrale, dont hôtes. Mais ce fut surtout l'ambassa- deur ottoman , Soliman-Aga , qui îe Quelques parties ont été construites mit à la mode à Paris, en 1669. Apres Son départ, on s'essaya à pren- ans le onzième siècle : on y voit le dre l'infusion dont il avait fait tombeau de Guillaume le Conquérant; usage ; on imita même ses caba- le grand bâtiment de l'Abbaye-aux- rets vernis, ses serviettes à franges et ses tasses de porcelaine. Bien Hommes, commencé en 1704, achevé des çens crurent d'abord que , le en 1726, et occupé maintenant par le premier moment passé, le gout du café s'éteindrait. Madame de Sévigné collège royal; l'église de la Trinité, le prédit ; mais des boutiques pour le fondée , vers 1066 par la reine Ma- vendre tout préparé ayant été ouvertes , au public, en 1672, son oracle en eut le démenti. Cependant elle céda de bonne thilde, femme de Guillaume le Con- grâce à l'entraînement général , et se quérant , dont les cendres y sont dé- rangea du côté des consommateurs. posées : enfin , l'église Saint-Pierre l'un des monuments les plus curieux 3ue l'on connaisse de l'architecture u quatorzième siècle. Avant la révolution , Caen était la capitale de la basse Normandie ; c'était le chef-lieu d'une généralité, d'une in- tendance et d'une élection. Les pro- fesseurs de l'université célébraient chaque année une fête assez singu- lière , à laquelle on donnait le nom de Palinod ou Puy. « Tous les ans , dit d'Kxpillv (*), le 8 décembre, on lisait en public , dans l'une des salles de l'université , des pièces de poésie en (•) Dictionnaire historique des Gaules el de la France. Digitized by Google
538 CAF L'UNIVERS. Toutefois lorsqu'on eut imaginé de fournir matière à un commerce avec , mêler le café avec du lait, on la voit l'étranger. Cependant l'accroissement encore, sous l'influence de son an- prodigieux qu'a pris la consommation tienne prévention, recommander , en du café, la perte de Saint-Domingue 1680, à sa fille d' qui, en 1789, en fournissait annuelle- tempérer le danger qu'offrait l'infu- men soixante à quatre-vingts millions sion toute pure. Dix ans après , elle de livres ; enfin , la défaveur où est lui écrivait de sa terre des Rochers , tombée cette culture à la Martinique en Bretagne : « Nous avons ici de bon et à la Guadeloupe , qui ensemble en « lait et de bonnes vaches. Nous som- expédiaient seize à dix-sept millions « mes en fantaisie fle faire bien écré- de livres, sont cause que la France est * mer de ce bon lait, et de le mêler aujourd'hui tribut m re de l'étranger « avec du sucre et du bon café. Ma pour une très-grande partie des cafés « chère enfant , c'est une très-jolie dont elle a besoin ; chose fâcheuse « jchose, et dont je recevrai une grande sans doute , mais à laquelle il n'y a « consolation ce carême. » —guère de remède. Dans les premiers temps , tout le Cafés publics. Ce fut trois ans après l'ambassade de Soliman -Aga café qui se consommait en France ar- rivait du Levant à Marseille en très- que s'ouvrit à Paris le premier café petite quantité; aussi était-il fort cher. public. Cet établissement fut formé, t Le P. Labat (Voyage aux Antilles) *enl672,à la foire Saint-Germain, dit que la livre se vendit alors jusqu'à par un Arménien nommé Pascal, guarante écus. De fortes importations Après la foire, cet homme transporta firent rapidement baisser ce prix, et sa boutique dans la rue de Bussy. trois ans après, la tasse de café tout D'autres Levantins suivirent cet exem- fait ne se vendait que deux sous. Mais, pie, et il y eut même de ces étrangers comme il était à craindre que la con- qui, au lieu d'attendre le consomma- sommation, croissant en Europe, n'a- teur à leur comptoir, allèrent le cher- menât bientôt un renchérissement, on cher dans les rues. Ceints d'une ser- chercha si l'on ne pourrait pas se pro- viette blanche, portant devant eux un curer ailleurs qu'en Orient cette pré- éventaire en fer-blanc, où se trou- cieuse dénrée. Les Hollandais furent vaient tous les ustensiles nécessaires les premiers en Europe qui essayèrent à la confection du café; tenant, de la de cultiver le café dans leurs colonies, main droite, un petit réchaud avec la d'où ils envoyèrent de jeunes plants à cafetière, et de la gauche une fontaine Amsterdam, en 1690. En 1713, pleine d'eau, ils parcouraient la ville, M. Ressons , lieutenant général d'ar- annonçant à grands cris leur m ar- tillerie, en donna au jardin du roi un chandi'se. Mais quoiqu'ils ne vendis- , pîed venu de Hollande. Enfin, en 1720, sent leur café que deux sous la tasse, un autre pied, élevé dans les serres de ce qui, pour une nouveauté , était un ce jardin, fut transporté aux Antilles prix fort modique, ils ne réussirent par le capitaine Decheux, qui, pendant point, parce que le café quoique fort , la traversée , où l'on souffrit de la recherché des personnes de bonne soif, partagea chaque jour avec le jeune compagnie , n'était pas encore entré cafeyer sa faible ration d'eau. De ce dans les goûts des bourgeois et du pied sont venus tous ceux qu'on cul- peuple. tiva ensuite à Cayenne, à la Martini- Les cafetiers en boutique ne réussi- que, à la Guadeloupe, à St-Domingue, rent pas davantage ; mais ce fut leur et dans les îles adjacentes. On de- faute, car ils n'avaient que de vraies manda aussi du café à l'Afrique, et tavernes où l'on fumait et où l'on bu- l'île de France, l'île Bourbon, ainsi vait de la bière, deux choses alors de que les côtes maritimes, en produis!- mauvais ton. Deux garçons, employés rent une quantité assez grande pour par les Arméniens, Grégoire et Pro- faire face aux besoins de la France et cope, instruits par leur exemple, éta- Digitized by Google
CAF FRANCE. CAF blirent des cafés plus convenables d uns une sorte de réputation , née de la force des joueurs qui s'y réunissaient la rue des Fossés Saint-Germain des habituellement. Cependant, les cafés étaient à peu près délaissés, ou fré- Prés, vis-à-vis in Comédie Française. quentés au plus par les désœuvrés et par les gens qui n'étaient admis nulle Procope surtout sut comprendre les part, lorsque la révolution éclata. besoins de son siècle. Il embellit avec Comme les cafetiers s'empressèrent soin son local ; on n'y fuma point, on alors de se procurer les feuilles quo- tidiennes et les nombreuses brochu- n'y but point de bière, mais, avec du res que l'on publiait à cette occasion, on revint chez eux pour les lire. Ces café , on y trouva du chocolat , des lectures donnèrent lieu , entre des ha- glaces, des liqueurs; on put y faire la bitués, à des discussions qui trans- conversation, y lire le Journal de Pa- formaient les cafés en autant de clubs ris, la Gazette de France. Aussi ob- politiques d'où partirent quelquefois tint-il un grand succès. Vers la (in du des motions très-hardies et quelquefois siècle s'ouvrirent le café du bas du des mouvements de haute impor- pont Saint-Michel, fréquenté par les tance. Pour son influence comme lieu de réunion , le café Foi , au Palais- militaires et les recruteurs , et celui Royal, tiendra sa place dans l'histoire des dix dernières années du dix-hui- du quai de l'École aujourd'hui le tième siècle. Sous l'empire et son ré- , gime sévère , le goût des cafés se sou- tint, et on continua de les fréquenter, café Manouri, où se réunissaient mais sans y parler politique, car cela eût été alors assez périlleux. Quelques alors les beaux esprits. chansonniers essayèrent alors de res- susciter, au café de Momus, les réu- Procope , sans s'en douter opéra nions littéraires d'autrefois , mais ils , échouèrent. Aujourd'hui les cafés, à toute une révolution dans les mœurs Paris du moins , n'ont plus guère de physionomie littéraire ni politique. de notre nation. Il arracha les hom- Les estaminets , les cabinets de lec- mes de la meilleure société de ces ture, les clubs, les casino et le nom- cabarets , où ils allaient par goût et bre toujours croissant des salons, ont puissamment contribué à leur enlever par ton s'enivrer noblement. Les sa- ce double caractère. vants, les artistes, les gens de lettres, Capfarelli do Falga (Louis-Ma- les beaux esprits ayant un centre de rie-Joseph-Maximilien), général de di- , vision du génie,associé de l'Institut, na- quit en 1756, dans la Haute-Garonne, réunion, purent se voir, se connaître d'une famille noble, italienne d'ori- Sine. Resté de bonne heure à la tête et se lier. Plusieurs de ces établisse- 'une famille dont il était le protec- ments sont cités dans les anecdotes teur naturel, il renonça, en faveur de ses neuf frères, au bénéfice de la cou- littéraires du dix-huitième siècle , et tume, qui lui accordait la moitié de la fortune patrimoniale. Officier du entre autres celui de Procope, où l'on génie à l'armée du Rhin , il fut desti- tué pour avoir refusé de reconnaître montre la place qu'avait adoptée J. J. les décrets de l'Assemblée législative qui prononçaient la déchéance de Rousseau, et dont Lamotte, Piron et Louis XVI; cependant il ne quitta pas Voltaire devinrent les habitués. C'est dans un café tenu par une femme ap- pelée du Laurent, que s'assemblaient Saurin. Danchet, Boindin, J. B. Rous- seau. C'est même de la que partirent ces couplets qui furent cause de la disgrâce du célèbre lyrique. Alors les femmes n'osaient entrer dans les ca- fés, mais, selon l'auteur du Diction- naire de commerce qui écrivait en , 1741, les plus qualifiées d'entre elles faisaient souvent arrêter leurs caros- ses devant ces établissements, et de- mandaient du café qu'on leur passait par la portière , dans des soucoupes d'argent. Bientôt les cafetiers imaginèrent d'introduire chez eux des jeux propres h y appeler et à y retenir le public. Ainsi, le Café de la régence, ouvert dès 1718, acquit, pour ses échecs, Digitized by Google
540 CAF L'UNIVERS. CA1 la France et fut arrêté en 1793. Après la bataille de Marengo , et fut envoyé une détention de quatorze mois, il fut à Rome , en 1804 , vers Pie VII, lors- employé au comité militaire, puis en- qu'il fallut engager le souverain pon- voyé à l'armée du Rhin , où il se dis- tife à venir sacrer à Paris l'empereur tingua par son habileté et par son cou- des Français. Le comte Caffarelli s'é- rage. Atteint , près de Marceau , d'un tant habilement acquitté de cette mis- boulet à la jambe gauche , il .souffrit sion , fut nommé général de division l'amputation , et Popération était à et gouverneur des Tuileries. Il obtint, peine achevée qu'il rédigea et envoya le 8 février 1806, en récompense de sa au général en chef des conseils sur les belle conduite à Austerlitz , le grand moyens de contenir l'ennemi. Ayant cordon de l'ordre de la Légion d'hon- suivi l'expédition d'Égypte avec le titre neur. Le mois suivant, l'empereur de commandant du génie, il contri- l'appela au ministère de la guerre du bua à la prise d'Alexandrie et à tous royaume d'Italie , qu'il garda jusqu'en les exploits de nos braves pendant 1810. Il fut ensuite employé en Éspa- cette belle campagne. Au siège de ene, y fit échouer une tentative de dé- Saint-Jean d'Acre, il visitait les tran- barqûement faite par les Anglais à Lu- chées quand il eut le coude fracassé redo ; battit les généraux Mina, Men- , par une balle; en revenant au camp, dizabal , Rénovâtes et le Marquesito, on le vit, malgré sa douleur, s'arrêter s'empara de Bilbao, et contribua à faire devant un mûrier pour dire : « Voilà lever le siège de Burgos, où les Anglais a de quoi faire de bonnes plates-for- avaient infructueusement sacrifie plus « mes; c'est la quatrième lois que je de trois mille hommes. Ramené en « le dis. » On fut encore forcé de lui France par les événements de 18 i l , il couper le bras ; mais il mourut le 27 accompagna jusqu'à Vienne l'impéra- avril 1799, des suites de l'amputation, trice Marie-Louise et le jeune roi de L'ordre du jour s'exprimait ainsi, le lendemain de sa mort : «Il emporte Rome que l'empereur ne devait plus , revoir. Au mois de janvier 1815, il « au tombeau les regrets universels; avait à peine reçu le commandement « l'armée perd un de ses braves chefs, de la 13e division militaire, que Napo- « l'Egypte un de ses législateurs, la léon débarquait à Cannes. Chargé, vers « France un de ses meilleurs citoyens, la lin des cent jours , du commande- nt les sciences un homme qui y rem- ment de la r' division militaire, puis plissait un rôle célèbre. » Les sol* envoyé à Metz, il suivit l'armée fran- dats l'avaient surnommé le général çaisederrière la Loire, et fut licencié, Jambe de bois, etdisaient de lui en riant quHl pouvait être tranquille, qu'il comme tous ses compagnons d'ar- mes. Il a été nommé pair de France avait un pied en France. en 1831. Plusieurs frères du général Caffa- . Ch.-A., baron de Caffarelli, néen relli ont dignement soutenu la gloire 1758, était chanoine de Toul quand la de son nom. révolution éclata. Il abandonna, sous le Auguste, comte Caffarelli, né consulat, les fonctions ecclésiastiques, en 1766, au château du Falga, avait et fut successivement préfet de l'Ar- pris, dès sa première jeunesse, du ser- dèche, du Calvados et de l'Aube. En vice dans les troupes sardes; mais, 1814, Napoléon le destitua pour n'être en 1791 , il revint sous les drapeaux pas rentré à ïroyesavec l'armée fran- çaise. Il est mort au Falga en 1826. de la France à l'époque même où près- L.-M.-J. Caffarelli , néen 1760, que toute la noblesse militaire les abandonnait. Il lit partie de l'armée de servit dans la marine, et fit honorable- ment la guerre de l'indépendance amé- ARoussillon, où il se distingua. son ricaine. Entré dans l'armée de terre, retour de l'expédition d'Égypte, Na- poléon le choisit pour son aide de puis conseiller d'État après le 18 bru- camp. Il devint général de brigade à maire , et préfet maritime à Brest en Ta suite de la campagne d'Italie et de 1800, il fut , en 1814 chargé d'une , Digitized by Google
CAF FR JSCE. CAF 541 mission dans le Midi , et fut créé pair Paris en 1724 , fut élève de J. B. Le- moyne, et obtint, en 1748, le grand pendant les cent jours. J.-B.-M. Caffabelli , né en 1763, prix de sculpture sur le sujet d 1 Abra- fut nommé, en 1802, évéque de Saint- ham qui renvoie sa servante Agar. Brieux , et mourut dans cette ville en Reçu à l'Académie en 1759, il fut 1815. nommé professeur en 1773. Nous cite- Caffé (Pierre) , né à San mur vers rons parmi ses ouvrages une sainte 1778, ancien chirurgien-major des ar- mées, fut impliqué dans la malheureuse Trinité exécutée à l'église de Saint- tentative du général Berton, et traduit Louis des Français à Rome; une Pes- avec lui devant la cour d'assises de Poitiers. Condamné à la peine capi- tai? qui entretient le feu sacré (1757); tale, et apprenant le rejet de son pour- l'Innocence; lavestate 7 arpeia (17 €7). Deux ans après, il exposa un groupe voi, Caffe s'ouvrit l'artère crurale, et en marbre représentant le Pacte de l'infortuné Berton monta seul sur l'é- chofaud, le 5 novembre 1822. famille. Il nous paraît curieux de dé- crire ce monument, appelé à consacrer Caffiaux (Dom Ph. Jos.), béné- le souvenir d'un événement de notre dictin de la congrégation de Saint- Maur, naquit à Valenciennes en 1712, histoire, à une époque où l'art était et mourut subitement à l'abbaye de peu employé à ce noble usage. Nous Saint-Germain des Prés, en 1777. On a de lui : Trésor généalogique, ou transcrivons la description qu'en donne Extrait des titres anciens qui concer- le livret de l'exposition de 1769: Le nent les maisons etfamilles de France, Paris, 1777, in-4° : le deuxième vo- génie de la France inspire au roi le lume n'a pas paru; Essai sur l'histoire dessein d'unir par un lien solide les de la musique, resté manuscrit, et qui se trouve à la bibliothèque royale différentes branches de la maison de où il fait partie du fonds de Corbie, Bourbon, et lui présente le Pacte de n° 16: c'est un excellent ouvrage. On lui attribue Défense du beau sexe, famille. Le roi exprime par son geste Amsterdam, 1753, in-12, quatre par- qu'il adopte une entreprise si intéres- ties. CafGaux était historiographe de Unsante et si glorieuse. autre génie Picardie. est assis aux pieds du monarque, te- Caffiebi (Philippe), sculpteur, né à nant d'une main une corne d'abon- Rome en 1634. Ce fut Mazarin qui le dance et de l'autre l'olive et le laurier, fit venir en France en 1660. Coibort pour montrer que l'aJUance de ces lui confia des travaux importants pour augustes princes va procurer aux diffé- les maisons royales. Plus tard , il fut rentes nations soumises à leur empire- nommé sculpteur, ingénieur et dessi- les fruits de la paix et de la concorde. » nateur des vaisseaux du roi, et ins- pecteur de la marine à Dunkerque. Il Ce groupe fut commandé par le duo mourut en 1716. de Clioiseul. En 1771, Caffieri fit une Naiade et la statue de VAir pour la De ses quatre fils, deux furent sculp- teurs comme leur père : François- façade de l'hôtel des Monnaies, du côté Charles, nommé, en 1695, sculpteur de la rue Guénégaud. En 1773, il ex- des vaisseaux du roi à Brest; et Jac- posa un groupe représentant (Amitié ques, né à Paris en 1678, mort en surprise par VAmour. Il fit ensuite 1755. Ce dernier, sculpteur et fondeur, travailla beaucoup pour les maisons pour les Invalides les statues de sainte royales, et laissa plusieurs bustes en Sylvie, de sainte Alype et de saint bronze, entre autres celui du baron de Bezenval. Satyre. Il exécuta , en 1 779 , une statue Jean-Jacques y fils de Jacques, né à de Pierre Corneille; en 1785, celle de Thomas Corneille, et en 1787, celle de Molière. L'âge ne ralentissait pas son activité. Il exposa, en 1791, plusieurs morceaux, parmi lesquels une Léda poursuivie par Jupiter, une Naiade et Slusieurs bustes. Les ouvrages de Caf- eri sont lâchement dessinés, mais expressifs; son Molière observe bien ces ridicules qu'il doit traduire avec Digitized by Google
CAG L'UNIVERS. tant de vérité sur la scène. Mais ce par le gouvernement républicain de qui a rendu Caffieri célèbre, c'est sa faire une descente dans la Sardaigne, belle collection des bustes des hommes paraît devant Cagliari, capitale de célèbres de son temps. Ces bustes, qui sont d'une ressemblance parfaite, se cette île, avec vingt-deux bâtiments de trouvent, pour la plupart, dans les foyers des théâtres de Paris, à la bi- guerre. La ville est sommée de se bliothèque Sainte-Geneviève (*) et à rendre; mais le parlementaire ayant Versailles. Cet habile sculpteur est mort été renversé d'un coup de fusil, Tru- à Paris, le 21 juin 1792. Caustique, misanthrope et jaloux, il ne mettait guet , furieux , ordonna , le 27, de com- jamais que des lèves noires dans les mencer le bombardement. Les Sardes Scrutins, à l'Académie. Lorsqu'on n'en trouvait qu'une seule, on la nommait résistent vigoureusement, et nous font en plaisantant la part de Caffieri. On éprouver de grandes pertes. Cependant peut citer Foucou et Petitot parmi les Truguet veut tenter la descente', mais élèves qu'il a formés. le désordre se met dans ses troupes —Cages de fer. Plusieurs de nos composées de nouvelles recrues, et rois ont mis en usage l'infâme traite- Truguet retourne à Toulon. Il y prend ment infligé par Alexandre à Anaxi- d'autres troupes et d'autres vaisseaux, mène, par Timour-Leng à Bajazet et par les Anglais à Jeanne d'Arc. Louis et, dès le 3 février, il reparaît devant XI plus qu'aucun autre se vengea de Cagliari. Nouvelle tentative de des- ses ennemis par cet odieux raffinement cente , nouvel échec. Trois jours après de cruauté qui ravalait l'homme au-des- une horrible tempête vient assaillir la sous de la béte. La Balue coucha, comme Unflotte. vaisseau de quatre-vingts on le sait, quatorze ans à Loches dans une de ces cages « couvertes de pattes canons sombre sous voiles; d'autres « de fer par le dehors et par le dedans, « avec terribles fermures de quelque bâtiments échouent et sont pris. Enfin « huit pieds de large, de la hauteur l'amiral est forcé d'abandonner une « d'un homme et un pied plus(**). » entreprise trop légèrement conçue. Il Comines lui-même, qui les a si bien décrites, en tâta sous le successeur de lève l'ancre le 21 janvier, et fait voile Louis XI, et y fut laissé huit mois. —vers Toulon. La célébrité qu'ob- Louis XII ayant fait prisonnier Cagliostbo. Louis Sforza, duc de Milan, l'enferma aussi dans une cage de fer, où ce duc tint chez nous ce mystérieux étranger, mourut après dix ans d'un supplice célébrité qu'il dut en grande partie à Acontinu (***). l'abbaye du mont Saint- son implication dans l'affaire du col- Michel, il y eut toujours, dit-on, une lier, lui assigne naturellement une cage de fer destinée aux prisonniers place dans notre recueil. Ce fut le 19 d'Etat. septembre 1780 qu'il fit sa première —Cagliabi (attaque de). Au mois de apparition en France, et c'est à Stras- janvier 1793 , l'amiral Truguet, chargé bourg que commence pour nous son (*) Les galeries de cette bibliothèque ren- histoire. La Borde, dans ses Lettres ferment les modèles de onze de ces bustes. sur lu Suisse, nous a conservé le sou- (**) Mémoires de Ph. de Connues, Iiv. II, venir de l'étonnante sensation produite chap. ia. par cet homme sur des populations (?**) On a néanmoins coniesté l'authenticité «Onentières. ne savait, dit-il, qui il de ce fait et prétendu que sa prison n'était qu'une chambre ténébreuse où il dut rester était, d'où il était, où il allait; » mais longtemps sans livres , sans papier, ni encre. Voyez Carranti, Ludovici Sfortiœ captmtas. tout le pays retentissait du bruit de ses cures merveilleuses et de ses nom- breuses largesses. Cet empirique grand seigneur, qui se parait du titre de comte et donnait d'un ton d'oracle des prescriptions médicales, ne captivait pas seulement la multitude avec le pompeux étalage de grandes phrases et de grands sentiments, il parvenait encore à en imposer à des hommes placés dans une sphère ordinairement a l'abri de ces sortes de fascinations. Digitized by Google
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